f15314423 Sociologie Du Conflit

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Anna GadesSociologie du conflit et de la négociation Janvier 2003 OBJECTIFS Développer les aspects centraux de la théorie du conflit comme cadre de travail pour une analyse et une résolution des conflits. Fournir des outils pratiques et conceptuels pour la gestion et la résolution de conflits. Examiner les différents modèles et techniques de négociation, mettant l’accent sur l’étude de la négociation basée sur les intérêts, laquelle produit des résultats efficients, justes et bénéfiques pour les parties en négociation. PLAN DU COURS Ce séminaire requiert quatre interventions de 4 heures, dont 2 X 4 heures pour la partie relative à la sociologie du conflit, et 2 X 4 heures pour la partie négociation. I / THEORIE DU CONFLIT Vers une définition opérationnelle du conflit. Des théories du conflit. Surgissement d’un conflit. Sources d’un conflit. Etude de cas : la guerre des Roses. II/ LES CONFLITS, ANALYSE ET TRANSFORMATION. Les éléments du conflit. Stratégies, tactiques et conflit. 1

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Anna Gades Sociologie du conflit et de la négociation Janvier 2003

OBJECTIFS

Développer les aspects centraux de la théorie du conflit comme cadre de travail pour une analyse et une résolution des conflits.

Fournir des outils pratiques et conceptuels pour la gestion et la résolution de conflits.

Examiner les différents modèles et techniques de négociation, mettant l’accent sur l’étude de la négociation basée sur les intérêts, laquelle produit des résultats efficients, justes et bénéfiques pour les parties en négociation.

PLAN DU COURS

Ce séminaire requiert quatre interventions de 4 heures, dont 2 X 4 heures pour la partie relative à la sociologie du conflit, et 2 X 4 heures pour la partie négociation.

I / THEORIE DU CONFLITVers une définition opérationnelle du conflit.Des théories du conflit.Surgissement d’un conflit.Sources d’un conflit.Etude de cas : la guerre des Roses.

II/ LES CONFLITS, ANALYSE ET TRANSFORMATION.Les éléments du conflit.Stratégies, tactiques et conflit.Les formes de solution de conflit.Modèle d’analyse de conflit.Etude de cas : conflit au Sahara Occidental.

III/ THEORIE DE LA NEGOCIATIONPour une définition de la négociation.Moyens alternatifs de résolution de conflits.Le dilemme du prisonnier.Négociation, médiation, réconciliation, arbitrage, résolution.Etude de cas : la crise des missiles à Cuba.

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IV/ COMMUNICATION ET CONFLITAxiomes de la communication.Ecoute active.Modèles de négociations et de résolutions de conflit basé sur les intérêts des parties.Etude de cas : la prise d’otages de l’ambassade du Japon.

METHODOLOGIE

Exposé des théories du conflit et de la négociation.

Analyse de conflit à partir d’études de cas : 1. Projection du film « la guerre des Rose » : analyse d’un processus d’escalade de la violence.2. Analyse du conflit du Sahara Occidental : analyse de la nature du conflit, acteurs partis au conflit, les positions et intérêts, les instances de médiation, recherche d’une résolution du conflit.

Exposé des théories de la négociation.

Analyse d’un processus de négociation à partir de deux études de cas : 1. La crise des missiles à Cuba.2. La crise des otages dans l’ambassade du Japon.

Ateliers interactifs : le dilemme du prisonnier, la théorie du jeu.

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PRESENTATION

Le conflit n’est pas un thème étranger aux Sciences Sociales ; Son étude est une des plus récurrentes, pour faire partie de la scène quotidienne de la société. De la posture qui voit en le conflit la résultante générée par le Système social jusqu’à celle qui lui octroie la responsabilité du changement social, le conflit apparaît comme un élément central des études sociales. La théorie du conflit est le résultat de ces diligentes analyses. Une série de mécanismes sociaux ont émergé afin de tenter répondre à la complexité du conflit. La négociation constitue l’un de ces mécanismes.

La théorie de la négociation aborde d’une manière méthodologique et à partir d’une perspective interdisciplinaire les communément dénommés « conflits d’intérêts », cherchant à structurer des instruments d’analyse qui permettent la rencontre de solutions plus rapides, plus efficaces et qui évitent un résultat préjudiciable aux parties en conflit.

Durant ce séminaire nous aborderons la solution de conflits en prenant en compte les éléments sociaux, culturels et psychologiques pour la compréhension et l’utilisation des techniques de négociation.

OBJECTIFS

Développer les aspects centraux de la théorie du conflit comme cadre de travail pour l’analyse et la gestion de conflits.

Fournir des outils pratiques et conceptuels pour la gestion et la résolution de conflits.

Examiner les différents modèles et techniques de négociation, mettant l’accent sur l’étude de la négociation basée sur les intérêts, laquelle produit des résultats efficients, justes et bénéfiques pour les parties en négociation.

METHODOLOGIE

Le présent séminaire requiert la participation active de l’ensemble des étudiants ainsi que la lecture des ouvrages recommandés.

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Introduction :

Au cours de ce séminaire, nous aborderons les différents aspects de la négociation.

La négociation c’est : DialoguerRésoudre un conflitGagner du temps…

Conflit : Vision traditionnelle de désharmonie, de destruction jusqu’en 1956, quand l’étude de Coser fait émerger un nouveau paradigme, celui de l’utilité des conflits et des violences.

A partir de ce moment, il est accepté que le conflit remplit plusieurs fonctions, au même titre que la violence.

Une résolution adéquate d’un conflit peut générer un certain nombre de bénéfices. (+ économique, + démocratique, + dans l’unité).

EX : la guerre des Malouines : exacerbation du sentiment nationaliste : la guerre fut utilisée comme moyen pour résoudre une crise interne, mais les dirigeants argentins n’avaient pas prévu l’envoi d’une flotte par le Gouvernement britannique de Thatcher, soutenu par les Etats-Unis.

Comment, deux personnes qui se trouvent en situation d’impossibilité de communiquer, peuvent cependant coopérer et négocier ?

EX : 2 personnes perdues dans un parc d’attraction.

Apports à la résolution de conflits : Chefs d’entreprise : analyse et théorie de la gestion optimale d’une entreprise.Psychologues : analyse expérimentales des comportements et des conduites (attitudes).Relations Internationales : analyse géopolitique.

EX   : Vietnam qui gagne la guerre contre la France, la Russie et les USA.

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L’ETUDE DES CONFLITS

Trois grands courants se sont penchés sur les conflits sociaux, parmi lesquels deux représentent l’approche subjectiviste : l’école biologique et la psycho-sociologique et la troisième se voulant objective et représentée par l’école structuraliste.

1. L’école biologique   :

Lorenz : se basant sur l’observation des comportements animaux, affirme que le conflit est un phénomène naturel et instinctif, il est donc inévitable. La paix dans cette perspective n’est autre que le résultat des instincts réprimés, canalisés, contrôlés.

Laborit affirme pour sa part que l’agressivité est le résultat de l’apprentissage, donc d’ordre cognitif.

Fromm affirme que la destruction est la conséquence d’une frustration.

2. L’école psycho-sociologique   :

La base du conflit est l’individu, ou plutôt la conséquence de sa mauvaise perception de la réalité, des lacunes de communication et d’entendement mutuel et de la frustration qui y est liée. Cette approche privilégie l’influence de l’entourage sur l’attitude de chaque individu.

a. la théorie de la frustration : postule que la frustration est à la base de toute agressivité. Elle inclut également le facteur « modernité » comme source de frustration (voir répartition inéquitable des richesses).

b. la théorie des perceptions, des communications et des images (mauvaise information, distorsion de la réalité, manipulation, stéréotypes). Modèles de persuasion : psycho dynamique (message efficace altère le psychisme) et socio culturel (conduite appropriée, interprétations suggérées). Le niveau de manipulation est conditionné par le niveau de réflexion critique et organisée. (construction d’images qui génèrent une certaine perception de l’ennemi). S’inscrit également dans cette perspective la théorie de la distorsion cognitive de Festinger.

c. la théorie des jeux  met en avant l’avantage de coordonner ses expectatives, elle met en opposition les intérêts individuels et collectifs.

d. la théorie de la négociation transpose au niveau international la théorie des jeux. La stratégie ne se réfère plus à l’application de la force, mais à l’exploitation de forces potentielles.

e. les techniques de simulation quant à elles tentent de comprendre les mécanismes et les résultats d’un phénomène social complexe.

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3. Le courant structuraliste   :

Selon ce courant, la naissance des conflits est à chercher dans la structure sociale.

a. l’école réaliste dit que l’agressivité de la nature humaine dans la lutte pour le pouvoir est un phénomène universel et correspond à la recherche d’un équilibre des forces en présence.

b. selon l’analyse marxiste, le conflit surgit de la constitution sociale d’une société et de son mode de production (basé sur des relations de dominations).

c. l’école de Franckfort, l’école systémique, etc…

CONFLIT :

Une situation dans laquelle au minimum deux personnes pensent avoir des objectifs mutuellement incompatibles.

PLURALITE PERCEPTION RESULTATS FUTURS

INCOMPATIBILITE

Un conflit n’existe qu’à partir du moment où les deux parties perçoivent être en conflit.

QUELQUES AFFIRMATIONS A PROPOS DU CONFLIT

Il est inévitable

C’est un phénomène social omniprésent

Il implique la pluralité d’acteurs

Il est nécessaire à l’humanité

Un des effets contre-productif du conflit est la violence.

Les effets d’un conflit sont directement liés à la gestion de celui-ci.

Importance de distinguer le terme de conflit de ceux de violence et de guerre.

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SURGISSEMENT D’UN CONFLIT

IGNOREE PARTIEL TRANSACTION

OFFENSE REJET

RELEVEE TOTAL CONFLIT

SOLUTION

SOURCES D’UN CONFLIT

FAITS MANQUE DE BIENS NECESSITES

VALEURS RELATION STRUCTURAL

Faits : un même fait perçu de différentes manières : peut être résolu par un tiers.

Manque de biens : désaccord quant à une répartition de biens : compensation.

Nécessités : se réfère à des nécessités basiques, essentielles, telles que définies par les acteurs eux-mêmes.

Valeurs : difficile à résoudre.

Relation : malentendu, lié à la manière dont les parties communiquent entre elles : améliorer ou changer le schéma de communication établit.

Structurel : lié à la structure même de la société.

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LES ELEMENTS DU CONFLIT

SITUATION Objectifs incompatibles CONFLICTUELLE (STRUCTURES) Quel est le problème ?

Identifier les acteurs Changement d’acteurs et acteurs

secondaires.Identifier les intérêtsIdentifier la motivation réelle

ATTITUDES COMPORTEMENTSCONFLICTUELLES CONFLICTUELS

Conditions ou éléments psychologiques Actions entreprises par qui vont accompagner ou exacerber le les acteurs au conflitconflit : - émotions, perceptions. (coopération ou coercition)Image de l’ennemi : déshumanisation

Ces trois éléments interagissent mutuellement les uns sur les autres et ne peuvent être considérés séparément.

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STRATEGIES, TACTIQUES ET CONFLITS (Thomas Schelling)

élevé rivaliser résoudre : résolutionsatisfaire les intérêts des deux parties

satisfaire mes transigerintérêts

bas pas d’action accéder

fuite bas satisfaire les intérêts élevéde l’autre

LES FORMES DE SOLUTION DE CONFLITS

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FORMES AVANTAGES INCONVENIENTS

Pouvoir Prise de décision rapide Enclin à la réactionEscalade du conflit

Normes Sont des critères objectifs Sont des critères quiNécessitent une interprétation

Intérêts Satisfont les parties Requiert un travail afinde les identifier et de les articuler.

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SYSTEMES DE RESOLUTION DES CONFLITS

POUVOIRPas de négociation, non-respect des normes, pas de discussion.Prise de décision, bénéfice au plus court terme

NORMES

Basé sur le droit

INTERETS

POUVOIR

NORMES

INTERETS

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LES THEORIES A PROPOS DES CONFLITS

Les bases d’un conflit peuvent être déterminées à partir de

- 1.Les parties en conflit - 2.Le système auquel appartienne chacune des parties- 3.Les relations qu’entretiennent les parties

C’est à dire basé sur la nature humaine, sur les interactions sociales et sur le système social lui-même.

1. Les parties au conflit   :

Voir théorie de l’évolution de Darwin : territorialitéThéorie de la frustrationThéorie du déplacementThéorie du transfert

2. Le système auquel appartiennent les parties au conflit

des acteurs

Le système social détermine des normes (relations de genre, éducation…)

des valeurs (croyances, idéologies)

La culture : ce qui est « juste » varie d’une culture à l’autre, et la culture a un impact important sur l’issue d’une résolution de conflit.

La disponibilité et la répartition des ressources : peuvent générés des conflits structurels, de valeurs et de nécessités.

EX : invasion des terres pour construire des maisons. Cela répond à une nécessité basique et essentielle. Cependant, s’oppose ici la notion de propriété privée et celle des besoins : la terre à ceux qui la nécessitent.

Distribution du pouvoir : Un pouvoir central, comme c’était le cas en ex-URSS, contrôle la non émergence de conflits. L’horizontalité favorise l’émergence de conflits.

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3. La relation entre les adversaires   : (cf Kriesberg, Louis)

a. Inégalité (ex : apartheid, lutte pour l’égalité des sexes)

b. Différences (ex : de valeurs, de culture, d’ethnie, socio-économique)

c. Intégration (ex : pays sans minorité ethnique : ex : Portugal).

L’interaction sociale commence avec les différences et la perception sélective. (voir stéréotypes). Cette différenciation peut se traduire par une victimisation (discrimination) d’un groupe d’individus donnés, ou encore par une forme de déshumanisation. C’est le cas dans nombreux conflits de nature « ethnique ». Ce processus permet de légitimer le droit de tuer.

EX   : Cas du génocide au Rwanda en 1994.

Les pays d’Amérique Centrale, où il existe une très faible intégration, présentent des risques élevés d’émergence de conflits.

Le cas du Pérou : existence d’une forme de racisme particulière, qui n’est pas du type à opposer les blancs et les noirs, mais plutôt une forme de racisme contre soi-même, honte, manque d’auto-estime.

TYPOLOGIE DES CONFLITS

Les conflits peuvent être classés en fonction de différents critères :

Les acteurs   : - leur nombre : conflit interne(intra personnel), conflit interpersonnel, conflit de

groupe, conflit de masse.- leur âge : conflit de génération- leur nature : terroristes, mutins, rébelles.

Valeurs et croyances   : conflit idéologique, religieux, ethnique, racial.

Espace   : conflit territorial, de frontières, de libération national, d’indépendance.

Amplitude géographique   : conflit local, national, régional, international, mondial.

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Intensité   : conflit de basse intensité, guerre froide, conflit ouvert, conflit latent, conflit total.

Armes utilisées   : conflit armé, nucléaire, conventionnel, bactériologique.

Théâtre d’opération   : guerre terrestre, aérienne, navale, spatiale.

Guerre propre, juste, sale, clinique, chirurgicale.

Droit International   : Troubles internes, CANI, CAI, etc.

LES FORMES DE RESOLUTION DE CONFLITS

Exemple : une fille veut sortir en discothèque et rentrer à 2 heures du matin.

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FORMES PERE / MERE FILLE EFFETS

Pouvoir Refus catégorique Relation affectéeOrdre de rentrer à 12 1 gagnant + 1 perdant

Escalade du conflit

Normes Les garçons jusqu’à Acceptation + >les filles jusqu’à…Jusqu’à 18 ans, slmt Résultat injustejusqu’à minuit.Pas seule.Slmt accompagnée.

Intérêts Sécurité S’amuser Accord satisfaisant.Préserver image Relation s’améliorefamiliale.S’amuser sainement Exige du temps

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ETUDE DE CAS : LA GUERRE DES « ROSES »

Auto-estimeAffectifReconnaissance

FAITS MANQUE DE BIENS NECESSITES

VALEURS RELATION STRUCTURAL

Homme : travaille CommunicationFemme : la famille Image

LA GUERRE DES ROSES

1. Conduite compétitive ou conflit d’intérêts

La vente aux enchères : un gagnant et un perdant pour un bien limité.Ils couchent ensemble : « si on reste ensemble, le jour le plus romantique, sinon, la pire des salopes » (valeurs, question de comportement de genres).

2. Conflit de valeurs   :

Noël : concernant l’éducation des enfants. Visions divergentes, Barbara domine dans ce domaine. Répartition très claire des tâches selon le genre : lui, domaine public, travail, donc domaine économique et social, à Barbara le domaine familial, domestique et privé.

3. Conflit de relations   :

Anecdote des verres en cristal cause d’une discussion au lit. Premières insultes, détérioration de la relation.

4. Conflit de valeur   :

Barbara veut travailler et gagner son propre argent (auto estime). Cela s’oppose à l’image du rôle de la femme pour lui. Escalade dans la violence verbale, il se met à crier. De même pour la scène du contrat.

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Suit la scène au lit, première scène d’affrontement physique. Rupture presque totale de toute communication verbale entre eux. Oliver demande ce qui se passe, quel est le problème, elle ne répond pas, incompréhension et absence de communication grandissante entre eux-deux.

La scène (sadique) envers le chien : elle est gentille avec son chat, et méchante avec le chien de son mari. (Théorie du déplacement). A travers le chien, qu’elle sait aimé par son mari, elle essaie d’atteindre, de blesser le mari.

Après hospitalisation, elle confesse avoir désiré sa mort : déplacement entre le problème et la personne : Oliver représente la cause de tous ses maux, et donc, aucune autre alternative que de souhaiter se voir débarrassée de lui.

Négociation : demande divorce. Oliver, pour des raisons d’amour propre, image sociale, etc., ne peut accepter. Son refus signe la déclaration de guerre.

Barbara confesse encore ne ressentir plus que des sentiments de violence à son égard. Apparaît pour la première fois toute l’agressivité de Barbara dont l’intention délibérée est de nuire et de faire mal à son mari.

C’est un conflit asymétrique, mal géré, puisqu’on assiste à une dégradation progressive des relations, de la communication et parallèlement, à une escalade de la violence, dont le point culminant est l’annonce de Barbara de son désir de le voir mort. A aucun moment donné, ils ne tentent de se pencher sur les causes du conflit. Ils restent campés sur leurs positions respectifs, ne cherchent pas à identifier leurs intérêts. Le conflit est voué à la violence.

« Tu n’auras jamais cette maison ». « On verra ».

Elle essaie de se faire des alliés, avocat de son mari.

Avocat conseille de vendre maison, et de se partager l’argent de la vente. Refus.

« Non, j’irais jusqu’au bout. »

« Tu y perdras quelque chose. »

« Tous les coups sont permis. »

Confronter ces scènes avec le modèle des 9 phases d’escalade d’un conflit de Glasl.

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ESCALADE ET DESESCALADE (Modèle de Glasl)

NOTE   :

The Glasl’s nine-stage model of conflict escalation may be find at :

http://home.t-online.de/home/Perspectus/Escalationmodel.html

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De nombreux conflits prennent fin lorsque les parties en conflit réalisent qu’elles ne sont en mesure de gagner l’autre.

1. Endurcissement2. Débat et polémique3. Actions (plus de paroles)4. Images et coalitions5. Perte de face6. Stratégies de menace7. Incidents de destruction limitée8. Fragmentation de l’ennemi9. Ensemble dans les abîmes

Escalade : augmentation du niveau de tension durant le développement d’un conflit.Désescalade : réduction du niveau de tension durant le développement d’un conflit.

1. Forte sensation de frustration, irritation. Les positions se cristallisent, se figent. (polarisation). Progressivement, la relation apparaît comme une perte de temps. Cependant, les parties gardent un respect mutuel, sans pour autant que demeure une grande foi dans le fait que le maintien de la relation permette la résolution du conflit.

2. Les parties deviennent plus sensibles à ce qui est dit par l’autre, où l’honneur se transforme en un intérêt accru, en une valeur. Emergence de confrontation verbale. Le discours utilisé est basiquement stratégique. La confiance mutuelle s’effrite, émergence d’un sentiment d’insécurité accompagné d’une sensation de perte de contrôle sur la situation. Dans le cas d’un conflit asymétrique, l’Under dog recherche à se faire des alliés, à s’organiser. La transition vers la phase 3 se caractérise par le commencement d’une série d’actions.

3. Sensation que le blocage est dû à la position de l’autre partie. Formation d’unités groupales. Apparition de problèmes de perception.

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4. Augmentation de la préoccupation pour l’honneur. L’issue du conflit est envisagée sous forme de déroute et de victoire. Emergence de stéréotypes. Apparition de problèmes internes entre les différentes entités groupales. Recherche d’appui auprès des médias publics.

5. Perte du statut, de la crédibilité.

6. Plus aucune disponibilité à revenir en arrière, des menaces qui génèrent d’autres menaces. Augmentation de la sensation de perte de contrôle, le conflit devient de plus en plus complexe et les parties ressentent un stress énorme.

7. Les sanctions remplacent les menaces. Les objectifs se transforment. Les notions de valeur, de moral et d’éthique perdent de leur importance.

8. L’objectif devient la destruction de la base de pouvoir de l’autre partie afin que celui-ci ne puisse prendre plus aucune décision. Début de la guerre totale.

9. Si je perds, tu perdras avec moi.

LA GESTION, LE REGLEMENT ET LA RESOLUTION DE CONFLIT

Gestion   : Se réfère plus à la limitation, à la mitigation et au fait de contenir un conflit plutôt qu’à l’élimination durable des causes d’un conflit.

Règlement   : Recherche d’accord entre les parties à travers processus de négociation, qui souvent implique des compromis et des concessions. Souvent, des médiateurs (tiers) usent de pression, voire de menaces en vue de contraindre les parties au conflit à accepter une solution de compromis. Un règlement de conflit est souvent la solution la plus rapide face à une situation difficile ou/et violente. C’est une solution temporaire, qui ne permet pas d’adresser les problèmes de fond, et donc qui conduit souvent à l’émergence de nouveaux conflits.

Résolution   : C’est l’approche qui privilégie la recherche mutuelle de solution au conflit. Elle se penche sur les causes profondes, tente de modifier les comportements vers une forme pacifique, les attitudes vers l’abandon de l’hostilité et au niveau structurel, la fin d’injustice sociale.

Transformation   : Concerne la recherche d’une résolution à long terme et en profondeur d’un conflit. C’est donc un processus continu, qui vise le structurel.

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LES PHASES D’UN CONFLIT

PHASE IFormation du conflit

Peace building Prévention

PHASE IV PHASE II Conflit violent

Changement socialPeace making Peace keeping

PHASE IIITransformation du conflit

La formation concerne la période qui précède l’éruption du conflit.

La prévention se réfère et à l’alerte précoce et aux réponses et/ou actions précoces.

Durant la phase violente, le peace keeping consiste aux efforts pour limiter l’usage de la violence. Cela peut inclure la présence d’une force militaire, ou tout autre type de présence de tiers. D’habitude, ce type d’intervention intervient après la signature d’un accord entre les parties au conflit.

Durant la phase de transformation d’un conflit, le peace making est associé aux efforts pour trouver un règlement politique au conflit. Celui-ci peut passer par un processus long terme de reconstruction ou de réformes en vue d’un changement social.

Le peace building est la recherche de régler un conflit avec des moyens pacifiques. Cela peut inclure la mise en œuvre de programmes promouvant l’amélioration de la police et du système judiciaire, une réforme électorale et économique. Le peace building s’inscrit dans la phase post conflictuelle, il peut être politique, structural et social.

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LA THEORIE DES POSITIONS, DES INTERETS ET DES BESOINS

Cette théorie est basée sur l’idée qu’il y a seulement quelques besoins basiques universels. Sur la base de ces besoins, les gens poursuivent certains intérêts et créent des positions, qui ils le pensent, satisferont leurs intérêts et leurs besoins.

Les intérêts sont en général plus facile à réconcilier que les positions, puisqu’il y a d’habitude plusieurs possibilités de positions qui peuvent les satisfaire.

ETUDE DE CAS

Classer ces déclarations selon que vous estimez qu’elles correspondent à des positions, des intérêts ou des besoins.

Israël : « Nous garderons les hauteurs du Golan, nous le nécessitons pour notre sécurité. »

La sécurité est bien sûr un besoin basique. Cependant, le fait qu’Israël ait besoin des hauteurs du Golan pour cela, est un point tout à fait différent. Ils peuvent prendre cette position pour défendre leurs intérêts. Ces intérêts peuvent être en contradiction avec leurs besoins : il est fort probable que si les hauteurs du Golan étaient l’objet de certains aménagements sécuritaires (équipement militaire d’alerte précoce, troupes UN, démilitarisation, absence de troupes syriennes autres que celles constituant leurs sentinelles d’alerte), cela serait plus bénéfique à la sécurité physique des militaires israéliens que la présente occupation de cette zone. La Syrie a même annoncé n’avoir aucun problème avec la présence sur le Golan de la base d’alerte précoce israélienne et continue sa démilitarisation. La technologie militaire actuelle fait que les distances et la nature des terrains, sont des facteurs moins importants en terme de stratégie militaire.

Il existe d’autres intérêts dans l’occupation des sommets du Golan : les colons et les agriculteurs (une quantité importante de la production vinicole israélienne provient du Golan) ont un grand intérêt à demeurer au Golan. D’un point de vue touristique, le Golan présente aussi des intérêts. Mais se retirer du Golan ne constitue pas une menace pour la survie de ces groupes de populations. L’eau est un autre intérêt, puisqu’une grande partie de l’eau qui approvisionne Israël, provient du Golan. Cependant, les ressources en eau, tant en Israël qu’en Palestine, sont suffisantes à répondre aux besoins de tous. Le problème lié à l’eau est plus d’ordre de sa répartition inéquitable (les palestiniens sont exposés à de nombreux risques sanitaires liés à la difficulté de l’accès à l’eau) et une partie importante de cette eau, est utilisée pour l’exportation (fruits et légumes), ce qui en fait un problème plus conflictuel que de raison. Il va sans dire, qu’Israël survivrait également sans les revenus générés par le tourisme dans le Golan.

Donc nous pouvons conclure qu’en effet plusieurs intérêts sont impliqués dans la question du Golan, mais ceux-ci ne sont pas de nature à affecter la survie d’Israël, ni de remettre en cause sa sécurité. Cette déclaration est une position.

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Sud soudanais : « Nous voulons de la nourriture, nous mourons de faim. »

Connaissant la situation au Sud Soudan, cette déclaration peut-être entendue comme l’expression d’un besoin : parmi les 1.5 millions de morts au cours des 3 dernières décennies du conflit au Soudan, nombreux sont ceux étant décédés de famine. Cette déclaration est en quelque sorte une déclaration de fait, non négociable. Si elle est vraie (et elle est) elle constitue un point qui ne peut être ignoré autour une table de négociation qui tente de trouver des accords politiques au conflit. Il est intéressant de savoir que le gouvernement soudanais exporte des légumes pour payer une partie de son armement.

Israël : « Nous ne pourrons aller de l’avant avec le processus de paix, qu’à la condition que les attaques terroristes cessent. »

Les études menées sur les causes du terrorisme mettent en avant que les attaques terroristes n’ont pas tendance à décroître au cours de processus de négociations qui cherchent plus à gagner du temps qu’à affronter les questions des besoins sécuritaires basiques (sécurité physique) des deux parties simultanément. Ainsi, cette déclaration se heurte au besoin sécuritaire essentiel auquel elle se réfère. D’autre part, cette déclaration véhicule des idées invalides : « Les palestiniens sont les seuls à perpétrer de la violence. Notre violence est seulement ‘en réponse à’, et les actions palestiniennes ne sont pas liées aux nôtres. » Cette attitude est symptomatique de parties en conflit (notre camp ne fait que ‘répondre’ et n’est jamais à l’initiative d’action coercitive). Cependant, la sécurité est toujours un facteur concernant l’ensemble des parties au conflit. Chaque camp doit prendre l’initiative d’actions simultanées, et dans les situations où s’expriment deux combats, les parties ne partagent pas toujours la même responsabilité.

Palestiniens : « Nous voulons un Etat palestinien. »

Certains ont répondu qu’il s’agissait de l’expression d’une position. Je ne partage pas cette opinion. Si l’on regarde les 54 dernières années qui se sont écoulées, il me semble fort peu probable que les palestiniens puissent répondre à leurs besoins basiques et essentiels, sous occupation, ou de facto, comme partie de l’état israélien. Je pense qu’un état séparé pour les palestiniens, n’est pas seulement l’expression d’une position et de leurs intérêts, mais bien l’expression également d’un besoin. La sécurité, tant physique, écologique, sociétale, politique et économique, de même que les pré conditions à celle-ci, n’ont pas été attribuées par Israël. Ni depuis 1996, ni depuis les accords d’Oslo. Nombreux de ces besoins auraient pu être couverts sans compromettre aucuns des besoins sécuritaires d’Israël.Mon opinion est donc qu’un état est l’option la plus réaliste pour répondre à l’ensemble de ces besoins basiques et le meilleur garant pour la sécurité des deux parties.

Serbes : « Le Kosovo est le berceau de notre civilisation. Il est nôtre. Vous, kosovars Albanais n’êtes pas d’ici, partez ! »

Il est déplorable de noter que le conflit au Kosovo a rendu son accès (Kosovo) aux serbes plus problématique qu’il ne l’aurait été sans l’éruption du conflit. L’accès à certains sites comportant une valeur historique ou religieuse pour les serbes est possible/aurait été

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possible selon moi sans devoir en expulser les albanais et en revendiquer le contrôle et la propriété totale.

« L’occupation du Koweït par l’Irak menace la stabilité de nos économies occidentales ».

Le contrôle du Koweït par l’Irak peut avoir temporairement déstabilisé le marché du pétrole, faisant monter les prix pour une certaine période, mais il est très peu probable que cela aurait représenté une menace pour la stabilité à long terme des économies occidentales. Les ramifications de l’occupation du Koweït par l’Irak s’inscrivent dans la sphère d’intérêts pour lesquels les économies occidentales se sentaient concernées. Il est probable que l’extraction de pétrole brut aurait été augmenté, tant en Russie, qu’en Iran et en Alaska.

LA CARTE D’UN CONFLIT

A. Antécédents1. Carte de la région2. Brève description du pays3. Histoire du conflit

B. Parties au conflit et problèmes1. Qui sont les parties principales ?

Quels sont les sous-groupes qui les constituent et leur poids ?2. Quels sont les points clés du conflit?3. Lesquels sont considérés comme les problèmes les plus urgents ?4. Est-il possible de différencier les positions, des intérêts et des besoins ?5. Quelles relations entre les parties au conflit ?

Existe-t- il des asymétries qualitatives et quantitatives ?6. Quels sont les différences de perceptions des causes et de la nature du

conflit entre les parties ?7. Quels sont les comportements respectifs des parties ?

Le conflit est-il dans une phase ascendante ou descendante ?8. Qui sont les leaders des parties au conflit ?

Au niveau de l’élite (individus), quels sont les objectifs, les politiques, les intérêts, les forces et faiblesses relatives ?

C. Contexte : global, régional, et facteurs au niveau de l’état1. Au niveau de l’état

La nature de l’état est-elle contestée ? L’appareil d’état est-il ouvert, accessible ? Existe-t-il des institutions en mesure de servir de canal pour une gestion du conflit ? Le niveau de développement économique et les politiques économiques sont-ils en

mesure d’avoir un impact positif ?2. Au niveau régional

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Anna Gades Sociologie du conflit et de la négociation Janvier 2003

Dans quelle mesure les relations avec les pays et sociétés voisins affectent-elles le conflit ?

Les parties au conflit ont-elles des alliés au niveau régional ? Quels acteurs régionaux devraient avoir la confiance des parties au conflit ?

3. Au niveau global Y a-t-il des intérêts géopolitique externes au conflit ? Quels sont les facteurs extérieurs qui alimentent le conflit et comment pourrait-on

les modifier ?

LECTURES RECOMMANDÉES

Axelrod, Robert1984 L’évolution de la coopération.

Coser, Lewis.1967 Nouveaux apports à la théorie du conflit social.

Kriesberg, Louis.Constructive Conflicts. (lire le chapitre II « Bases des conflits », pp.30-57)

Mitchell, Christopher R.1981 The structure of International Conflict (lire le chapitre IV « psychological dimensions of conflict, pp. 71-119)

Shelling, Thomas.1970 The Strategy of Conflicts, Harvard University.

Stagner, Ross1992 La nature du conflit humain (lire « La psychologie du conflit humain », pp.69-91)

SITES INTERNET RECOMMANDES

http://www.fewer.org http://www.fsk.ethz.ch

http://www.euconflict.org http://www.usinfo.state.gov

http://www.osce.org/hcnm http://www.conflict.com

http://www.occord.org.za http://www.incore.ulst.ac

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