Extrait du Catalogue de l'exposition 'du Nil à Alexandrie ... · des Antiquités du Delta-Ouest ;...

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Première de couverture :Grande citerne el-Gharaba« Nil en crue aux pyramides », É. Béchard, L’Égypte et la Nubie : grand album monumental, historique architectural, 1887, pl. L.

Deuxième de couverture :Petite citerne el-Gharaba

Troisième de couverture :Citerne alexandrine, London grafic, 1882.

Quatrième de couverture :Citerne alexandrine, dans Norden, Voyage d’Égypte et de Nubie, Paris, 1795, t. I, pl. X.

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H i s t o i r e s d ’ E a u x

Du Nil à Alexandrie

Harp o c ra te s P u bli s

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C e n t r e d ’ É t u d e s A l e x a n d r i n e s

Al exandr i e - Ég yp te

Centre National de laRecherche Scientifique

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LaténiumParc et musée d’archéologie de Neuchâtel Espace Paul VougaCH - 2068 Hauterive

Tél. : 032 889 69 17Fax : 032 889 62 86

E-mail : [email protected]

Ouvert tous les jours sauf le lundi,de 10h à 17h

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H i s t o i r e s d ’ E a u x

Exposition au Laténiumdu 23 octobre 2009

au 30 mai 2010

Du Nil à Alexandrie

Sous la direction d'Isabelle HairyCentre d'Études Alexandrines - CNRS

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Exposition conçue par le Centre d'Études Alexandrines

et réalisée conjointement avec Le Laténium

Réalisation de l’exposition

CommissaiRes généRaux

Jean-Yves Empereur (CEAlex, CNRS)Denis Ramseyer (Laténium)

CommissaiRe sCientifique

Isabelle Hairy (CEAlex, CNRS)

diReCtion du latenium

Marc-Antoine Kaeser

équipe de ConCeption

Burçak Madran (Tetrazon), muséographe ; Isabelle Hairy (CEAlex, CNRS) ; assistants : Jacques Roethlisberger (Laténium), Özgür Çimen (Tetrazon)

iConogRaphie

Oueded Sénoune (CEAlex)

gRaphisme

Isabelle Hairy, Amélie Lamarche (Amélie L.), Burçak Madran, Jacques Roethlisberger

maquettistes : des CiteRnes et des maChines de l’eau

Michel Coqueret (CEAlex), Ali Sayed Ali (CEAlex), Sheriff El Sayed (CEAlex)

RédaCtion des textes et des CaRtels

Isabelle Hairy, Laurent Borel (CEAlex, CNRS), Philippe Fleury (Université de Caen), Kathrin Machinek (CEAlex), Géraldine Nater (Laténium), Marie-Christine Petitpa (CEAlex) Oueded Sennoune (CEAlex), Patrice Pomey

mode de Citation pRéConisé

Du Nil à Alexandrie, histoires d’eauxCatalogue d’exposition, dir. Isabelle Hairy

© éditions haRpoCRates

Alexandrie (Égypte), 2009.ISBN : 977-5845-24-6Dar el Kotob : 17105 - 2009

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Réalisation du Catalogue

textes

Mena el-Assal (Université d’Alexandrie), Ismaël Awad, Laurent Borel, Sylvie Boulud (Université de Nantes), Francis Choël (CEAlex, CNRS), Delphine Dixneuf (IFAO), Jean-Yves Empereur, Philippe Fleury, Clément Flaux (CEREGE, CNRS), Hélène Fragaki (CEAlex), Thomas Faucher (CEAlex), Thierry Gonon (CEAlex, Oamed), Anne-Marie Guimier-Sorbets (MRG), Yves Guyard (CEAlex), Guillaume Hairy (Archeodunum), Isabelle Hairy, Marie Jacquemin (CEAlex), Kathrin Machinek (CEAlex), Chystelle March (IFPO), Christophe Morange (CEREGE, CNRS), Géraldine Nater (Laténium), Marie-Dominique Nenna (MOM), Marie-Christine Petitpa (CEAlex), Valérie Pichot, Patrice Pomey, Patricia Rifa Abu Nil (CEAlex, Ministère de l’éducation), Cécile Shaalan (CEAlex, CNRS), Oueded Sennoune, Hélène Silhouette (INRAP), Aude Simony (CEAlex), Magdy Torab (Université d’Alexandrie), Agnès Tricoche (MRG),

pRemièRe de CouveRtuRe

Isabelle Hairy, Jacques Roethlisberger

iConogRaphie

Oueded Sennoune

ConCeption, édition et suivi d’impRession

Isabelle Hairy

impRession

Nader Galal

(CEAlex, CNRS), Jean-Yves Empereur, Valérie Pichot (CEAlex, CNRS), Ismël Awad (CEAlex)

éClaiRage

Géza Vadas (Laténium)

montage

Burçak Madran, Pierre-Yves Muriset (Laténium), Corinne Ramseyer (Laténium), Cédric Giroud (Laténium)

ConseRvation- RestauRation

Christian Cevey (Laténium), Géraldine Voumard (Laténium)

films et multimédias

Raymond Collet (CEAlex), UCBN, équipe « Plan de Rome », Hugues Fontaine, Isabelle Hairy, Burçak Madran, Orçun Madran (Tetrazon)

pRoduCtion

Difo Digital Printing Istanbul

mediation CultuRelle et animations

Daniel Dall’Agnolo (Laténium), Virginie Weinmann (Laténium), Samira Zoubiri (Laténium)

pRomotion

Jean-Yves Empereur, Marie-Dominique Nenna (CEAlex), Danielle Guiraudios (CEAlex), Burçak Madran, Isabelle Hairy, Oueded Sennoune

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Exposition conçue par le Centre d'Études Alexandrines

et réalisée conjointement avec Le Laténium

la diReCtion du laténium et le CentRe d’études alexandRines RemeRCient pouR le pRêt des ColleCtions :

- Le Musée d’Art et d’Histoire de Genève,- L’Antikenmuseum de Bâle,- Le Musée d’Ethnographie de Neuchâtel,- Le Musée Bible+Orient de Fribourg,- Le Musée Romain d’Avenches,- La Fondation Gandur pour l’Art, Suisse- Jean-François Bouvier,- Jean-Claude Golvin,- Jean-Yves Empereur,- Isabelle Hairy.

pouR le pRêt d’illustRations, de CliChés, pouR leuR aide et leuR soutien dans le CadRe de la Réalisation de l’exposition :

Chedlia Annabi, Conservatrice du Musée national de Carthage ; Olimpia Caligiuri, MEN Neuchâtel ; CEAlex : Mahiteb Awad, Raymond Collet, Ashraf Hussein, Soliman Issa, André Pelle, Gaël Pollin ; Jean-Luc Chappaz, MAH Genève ; CNRS-CEREGE UMR 6635, Université de Provence ; Conseil Suprême des Antiquités Égyptiennes (CSA) : Ahmed Abd el-Fatah, Conseiller auprès du CSA, Mohamed Abd el-Aziz, ancien Directeur des Antiquités Islamiques du Delta-Ouest, Camélia Georges, ancienne Directrice Générale de l’inventaire à Alexandrie, Émilie Nessim, Directrice générale des Missions étrangères à Alexandrie, Saber Selim, Directeur des Antiquités du Delta-Ouest ; Gilles Eboli, Directeur

de la BMVR de Marseille ; Brigitte Gratien, Directeur de recherches, UMR 8164 CNRS ; Marc-Olivier Gonseth, MEN Neuchâtel ; Jean Guinand, Neuchâtel ; Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO) : Laure Pantalacci (Directrice Générale), Georges Castel (Architecte), Nadine Cherpion (Directrice des Archives), Vanessa Desclaux Conservateur), Gonzague Halflants, Névine Kamal (Adjoints au service des Archives), Alain Lecler (Photographe), Michel Wuttmann (Archéologue, Responsable du laboratoire de restauration) ; Othmar Keel, Bible+Orient Fribourg ; Pierre Lanapats, Sous-directeur de l’Archéologie et de la recherche en sciences sociales, MAE ; Justine Moeckli, Genève ; Franck Monnier, Ingénieur en radiocommunications ; Bernard Morel, Professeur à l’Université de Provence ; Myriam Morel-Deledalle, Responsable du département du patrimoine à l’Université francophone de Senghor à Alexandrie ; Roberto Papis, MAH Genève ; Anne de Pury-Gysel, Musée d’Avenches ; Bettina Schmitz, Conservateur au Roemer und Pelizaeus-Museum, Hildesheim ; Mervat Seif el-Din, Directrice Générale du Musée gréco-romain à AlexandrieThomas Staubli, Bible+Orient Fribourg ; Christophe Thiers, Directeur de la Mission française de Karnak (CFEETK) ; François Tonic, Toutankhamon Magazine ; Michel Vauzelle, Président de la région PACA ; André Wiese, AM Bâle.

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2. Du Nil à Alexandrie

h 110. AlexAndrie, un cordon entre deux mers

une lecture géomorphologique Clément Flaux, Christophe Morhange,

Magdy Torab, Mena el-Assal

h 130. le nil à AlexAndrie

nAissAnce d’une cApitAle

Isabelle Hairy

h 136. le cAnAl d’AlexAndrie : lA course Au nil Isabelle Hairy et Oueded Sennoune

h 158. lA mAréotide

histoires en eAux troubles Valérie Pichot

h 190. lAc mAriout l’eAu dAns tous ses étAts cArtogrAphiques

Ismaël Awad

0. Avant-propos

h 16. l’eAu d’AlexAndrie. l’Alchimie du h2oAu centre d’études AlexAndrines

Jean-Yves Empereur

h 36. AlexAndrie, lA conquête de l’eAu

Isabelle Hairy

1. Le Nil et l'Égypte

h 44. l’eAu dAns l’égypte phArAonique Marie-Christine Petitpa

h 70. le nil : histoire d’eAu, d’AnimAux et de divinités

Géraldine Nater

h 84. pèlerinAge à Kôm ombo, à lA recherche du dieu-crocodile sobeK

Agnès Tricoche

h 94. nilomètres égyptiens, outils de lA mesure du nil

Isabelle Hairy

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4. L’archéologie au service de l’Eau

h 286. chAntier FouAd : les jeux de l’eAu Au hAsArd des découvertes hydrAuliques

Francis Choël et Marie Jacquemin

h 310. un chAntier dAns lA ville : l’eAu du lux

Guillaume Hairy

h 330. chAntier du lux : une citerne peut cAcher un temple

Marie-Christine Petitpa

h 340. chAntier el-ghArAbA : de lA citerne Au débis de boisson

Yves Guyard, Guillaume Hairy et Isabelle Hairy

h 360. le cricKet-ground : Approvisionnement en eAu d’un quArtier gréco-romAin d’AlexAndrie

Hélène Silhouette

h 374. de l’eAu à boire : les mAisons du diAnA

Patricia Rifa Abu Nil

h 388. terrA sAntA de l’eAu pour les puits et les citernes

Sylvie Bouludavec encadré de Thomas Faucher

h 404. puisAge de l’eAu : une sAKieh à terrA sAntA

Thierry Gonon avec encadré de Delphine Dixneuf

3. Alexandrie étanche sa soif

h 208. l’eAu AlexAndrine

des hyponomes Aux citernes Isabelle Hairy

avec encadré de Aude Simony

h 236. AlexAndrie : l’eAu Au Fil des cArtes Cécile Shaalan

h 274. l’eAu à AlexAndrie croyAnces et mises en scènes

Hélène Fragaki

Sommaire

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5. Les citernes alexandrines

h 420. citerne el-nAbih, un dispositiF remArquAble de l’hydrAulique AlexAndrine

Chystelle March et Laurent Borel

h 444. le projet el-nAbih

conservAtion d’un symbole du pAtrimoine hydrAulique AlexAndrin

Laurent Borel et Chystelle March

h 458. lA citerne ibn el bAttoutA dAns le quArtier de Kom el nAdourA

Kathrin Machinek

6. Les usages de l’Eau

h 474. quAlité de l’eAu et mAlAdies hydriques

Isabelle Hairyavec encadré de Cécile Shaalan

h 490. l’eAu et l’hygiène dAns l’Alexndrie Antique Marie-Dominique Nenna

h 502. les voyAgeurs et le cAnAl : Au bord de l’eAu

Oueded Sennoune

7. Les Eaux et la navigation

h 514. sur les eAux d’AlexAndrie

des nAvires, des bAteAux Patrice Pomey

h 536. les tAnKwAs (pApyrellAs) du lAc tAnA

Jean-Yves Empereur

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8. L'Eau et les techniques

h 550. les mAchines de l’eAu, en égypte et à AlexAndrie

Isabelle Hairyavec encadré de Marie-Dominique Nenna

h 572. orgues hydrAuliques Philippe Fleury

h 586. l’eAu dAns les FortiFicAtions Kathrin Machinek

9. L'Eau du Nil et l'imaginaire

h 608. l’eAu dAns les croyAnces et les prAtiques FunérAires de l’égypte gréco-romAine

Marie-Dominique Nenna

h 644. scènes nilotiques : expression de l’AbondAnce et vision de l’Autre

Anne-Marie Guimier-Sorbets

h 664. l’eAu et ses merveilles

Oueded Sennoune

10. Au service du lecteur

h 674… repères chronologiques

h 678… les lAgides : généAlogie en imAge

h 680… glossAire

h 690… bibliogrAphie

h 710… crédits

h 714… présentAtion des Auteurs

Sommaire

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L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines

Les citernes monumentales

Presque vingt ans plus tard, il est temps de faire un bilan, n’est-il pas ? On peut dire sans vantardise aucune que le paysage a profondément chan-

gé. Grâce au soutien constant du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), notre équipe s’est peu à peu étoffée au cours des années et nous avons pu organiser une quête commune, distribuer

les tâches, fixer les objectifs, collecter les informa-tions. Archéologues, architectes, topographes, géo-morphologues, archéomètres, historiens, se sont mis au travail. Ce sont ces résultats inédits qui sont présentés ici.

La localisation des 4 citernes venant s’ajouter à celle d’el-Nabih était due aux témoignages d’Alexandrins

Dans une série de conférences dès 1990 et une étude sur les antiquités d’Alexandrie publiée en 1992, j’attirais l’attention sur l’importance du patrimoine architectural oublié que représentaient les magnifiques citernes souterraines de la ville. Je signalais nos premiers succès : que l’on venait d’en ajouter 5 à la

seule que l’on connaissait alors, celle d’el-Nabih. On était loin du compte des Savants de l’Expédition d’Égypte qui en avaient recensé plus de 400 deux siècles auparavant et que dire de Mahmoud el-Falaki qui parle de 800 citernes en 1865… Je lançais l’idée d’une véritable chasse aux citernes (.1).

La citerne el-Gharaba

J e a n - Y v e sE m p e r e u r

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L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines

qui allaient se réfugier dans ces abris antiaériens durant la Seconde Guerre mondiale. Nous croyions avoir tari cette source et piétinions à ce chiffre, lorsque la directrice du Musée gréco-romain d’Alexandrie, Madame Dorreya Saïd, nous mit sur la piste d’archi-ves du Service des eaux qui contenaient des plans, coupes et croquis de situation de 144 citernes. D’un coup, le corpus devenait si riche qu’il n’était plus question de chercher à l’augmenter encore – même si nous étions encore loin des chiffres avancés plus haut –, mais de se contenter de cette abondance subite pour l’exploiter le mieux possible. Les es-sais de localisation par la cartographie permettaient des identifications sur le terrain, parfois suivies de visites de citernes dont le bon état de conservation surprenait (1).

Relevés et maquettesNous décidâmes de passer à un examen plus poussé de quelques citernes, passant par un relevé détaillé de ces monuments complexes. Au fil des années, ces relevés ont évolué : dessin traditionnel, avec le crayon, la gomme, le mètre et la planchette, la patience et la précision d’une méthode géométrique mise au point à Alexandrie au IIIe siècle av. J.-C. par un certain Euclide, hôte illustre du Mouseion et de la Bibliothèque (2). Récemment, le CNRS a équipé no-tre équipe d’un appareil de haute technologie, un scanner 3D qui per-met de balayer automatiquement d’innombrables rayons lasers les parois, les colonnes, les chapiteaux et de rendre avec une précision dia-bolique le monument dans ses trois dimensions (3).

Une tout autre manière d’appréhen-der la volumétrie des citernes fut d’en entreprendre des maquettes. Michel Coqueret se mit à la tâche et, à l’aide des dessins sur ordina-teur, il sculpta patiemment dans le plâtre les chapiteaux, les fûts, les bases des colonnes, les arcs et les murs, de 3 citernes à l’échelle 1 : 20 (4 et 5 a-c). Il a ainsi réalisé des

q 1. Une des premières visites de la citerne el-GharabaIsabelle Hairy et Yves Guyard, architectes-archéologues.

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u 2. Dessin d’un chapiteau de la citerne el-Nabih par Magalie Cabarrou, architecte.

....1. « De tout ce qui reste d’antiques vestiges à Alexandrie, les plus extraordinaires, sans doute, consistent dans l’ensemble de ces citernes. C’est une chose vraiment admirable que le nombre, la capacité et la magnificence de ces réservoirs : ce sont de superbes portiques élevés les uns sur les autres et aussi élégamment dessinés que solidement bâtis. Quelle immensité de travaux en excavations, constructions et revêtements ne supposent-ils pas ! Ici, l’industrie des Grecs, provoquée par la première de toutes les nécessités pour la fondation d’une ville privée d’eau, a égalé les efforts gigantesques des anciens Égyptiens en travaux de patience, et les a empreints de son goût pur et de l’élégance qui lui était naturelle. Elle est parvenue à former une seconde Alexandrie souterraine, aussi vaste que la première ; et ce qui en subsiste aujourd’hui est certainement l’une des plus grandes et des plus belles antiquités de l’Égypte. »

Description de l’Égypte, Antiquités, vol. 2, chap. XXVI p. 86.

On partagera, plus de 200 ans plus tard, l’émerveillement de ce Polytechnicien, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées. Pourtant, tout comme ses compagnons, Alexandre Saint-Genis avait été déçu par la découverte de l’illustre Alexandrie, de la modeste bourgade comme de ses ruines désolées. On saisit d’autant mieux l’étendue de cette surprise admirative devant ces constructions souterraines pourtant bâties de bric et de broc, avec des éléments architecturaux réemployés, provenant de monuments plus anciens démantelés, ces citernes qui avaient été aménagées pour être remplies d’eau et donc destinées à ne pas être vues ni à devenir l’objet des considérations esthétiques qu’elles provoquent désormais…

maquettes remarquables par leur précision jusque dans le rendu des couleurs de l’état actuel de trois citernes, en commençant avec el-Nabih et ses trois étages de colonnades (6). Après la maquette de la petite citerne el-Gharaba (7 a-b), il s’attaqua à celle de la citerne Ibn Battouta, de grande taille. Ce bâti-ment a été réutilisé comme abri antiaérien pendant la Seconde Guerre mondiale : les Alexandrins allaient s’y réfugier pour échapper aux bombardements des avions allemands et italiens entre 1940 et 1942. Ce second état fait aussi partie de l’histoire du monu-ment et il n’y avait pas de raison de le gommer pour

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L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines

revenir à la seule phase originelle. Michel Coqueret a trouvé une solution élégante : il a divisé la maquette en deux moitiés (8) : celle de droite restitue l’état ancien, tandis que celle de gauche laisse voir les aménagements de l’abri. On admirera la précision dans le plus infime détail des supports de bancs, des murs de briques, des couleurs et des lumiè-res (9 a-d). Plusieurs citernes d’Alexandrie ont connu ce sort inattendu, provoqué par les vicissitudes de l’Histoire. Certaines, comme celle de Dar Ismaïl ou de el-Nabahna (10 a-b) semblent figées dans leur dernier état, comme si leurs derniers occupants venaient d’en sortir (.2)…

Les fouilles de citernesLes relevés ont porté sur trois citernes. Il fallait aller plus loin et seule la fouille pouvait apporter des éléments d’information supplémentaires sur le mode de construction de ces monuments. Deux citernes furent donc retenues, dans deux quartiers éloignés l’un de l’autre : la grande citerne el-Gharaba (11 a-b), à Kôm el-Nadoura, et celle d’el-Nabih au centre-ville (12 a-c). On lira plus loin les résultats inédits de ces fouilles qui ont concerné l’intérieur de la citerne pour la première et l’extérieur pour les deux. Les renseignements ti-rés des stratigraphies sont variés et concordants. On apprend ainsi que les couvertures étaient composées d’une dalle de blocs de calcaire local de petite taille et que le sommet de la citerne était exhaussé par rapport à la surface environnante du quartier, ce qui em-pêchait le ruissellement des eaux sales à l’intérieur de la cuve. Les fouilles ont également

fourni des indica-tions chronologi-ques sur les phases de construction qui permettent de dresser des typo-logies des citernes, de l’époque romaine jusqu’aux siècles ottomans.

....2. On peut revivre ces scènes d’angoisse dans le roman d’I. Abdel-Méguid, Personne ne dort à Alexandrie (trad. française, 2003) et dans les nouvelles grecques de H. Tzalas, Alexandrea ad Aegyptum (Athènes, 1995, trad. française à paraître prochainement). Les conférences données à partir de 1990 insistaient sur la courtesse de la mémoire des Alexandrins : les citernes avaient été fermées moins d’un siècle auparavant et il n’en restait plus qu’une ouverte à la visite du public. Toutes les autres avaient été abandonnées et étaient sorties des mémoires. Les plus anciens des Alexandrins se rappelèrent alors que, tout enfant, ils allaient se réfugier, pendant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, dans de drôles de souterrains ornés de chapiteaux corinthiens. Bernard de Zogheb nous indiqua ainsi la grande citerne Safwan, à l’angle de la rue Fouad et de la rue des Ptolémées. D’autres suivirent. Il faut aussi souligner le rôle majeur de Mohamed Abdel Aziz, Youssef el-Ghariani et Ahmed Abdel-Fattah, représentant à Alexandrie le Conseil Suprême des Antiquités, dans la redécouverte de ces citernes.

t 3. Relevé au laser 3D de la citerne el-Nabih par Laurent Borel, architecte-archéologue.

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La réhabilitation d’une citerne

Il suffit d’interroger les habitants d’Alexandrie pour voir qu’ils ignorent l’importance de l’exceptionnel patrimoine d’Alexandrie qui subsiste sous leurs pas lorsqu’ils parcourent leur ville. Au-delà d’une fouille, il convenait de partager la redécouverte de ces super-bes bâtiments, avec eux tout d’abord, et aussi avec les visiteurs de la capitale des Ptolémées. Dès 2004, la citerne el-Nabih fut choisie pour cette expérience pilote et l’on trouvera plus loin une description détaillée de cet essai qui, au-delà du relevé et de la fouille, prévoit une consolidation de ce bâtiment dans son état actuel, un parcours avec une descente dans la citerne qui respecte les perspectives, une remontée vers un centre d’interprétation qui rassemble la documentation sur les citernes et l’eau à Alexandrie, un département pédagogique, sans oublier les installations nécessaires à un espace muséo-graphique, telles que librairie ou cafétéria (13). Ce projet global, qui respecte les grands

arbres du jardin Nubar dans lequel il s’inscrit, s’insère dans une concentra-tion de pôles patrimoniaux et culturels qui lui confère un sens supplémentaire ; il servira d’exemple pour la réhabilitation des citernes d’Alexandrie. Il conviendra de réfléchir ensuite à l’utilisation pos-sible des autres citernes susceptibles d’être ainsi réhabilitées. Que l’on songe aux citernes byzantines d’Istanbul : cer-taines sont devenues des espaces mu-séaux, d’autres ont été transformées en élégants restaurants.

Des monographiesUn des buts de nos travaux consiste dans leur publication. D’ici quelques années, nous disposerons de monogra-phies systématiques et détaillées sur chacune des citernes que nous avons étudiées, Ibn Battouta, les deux citer-nes d’el-Gharaba et celle d’el-Nabih. Ces futurs volumes de la collection des Études alexandrines, dont on découvrira

q 6. La maquette de la citerne el-Nabih une fois terminée.

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p 4. Michel Coqueret sculptant un chapiteau pour la maquette de la citerne el-Nabih.

t 5 a-c. Les premières phases de montage de la maquette de la citerne el-Nabiha : les colonnes du rez-de-chaussée b : la mise en place des arc du premier étagec : le « chantier » en cours.

L’eau d’Alexandrie. L’alchimie du H2O au Centre d’Études Alexandrines

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les prémisses ici, serviront de référence pour les autres citernes de la ville et pour les spécialistes de l’architecture romaine, médiévale et ottomane.

Les fouilles de sauvetage urbain à Alexandrie

Le Centre d’Études Alexandrines a mené une ving-taine de fouilles d’urgence à Alexandrie. Elles ont mis au jour des maisons, des rues, des canalisa-tions, des puits, des citernes. Près des grandes ci-ternes monumentales dont il vient d’être question, les chantiers du Cricket, du Diana, de Fouad, du Lux, de Terra Santa, de Qaitbay et de la Nécropolis à Gabbari ont livré des ensembles de citernes publi-ques et privées qui s’inscrivent dans le réseau hy-draulique et la trame urbaine. Les conditions de fouilles sont différentes d’un chantier à l’autre : à Qaitbay, les citernes de la citadelle* sont appa-rues le temps de la fouille et ont été remblayées ; à Terra Santa, les structures ont été laminées au cours de la première moitié du XIXe siècle, pour for-mer un glacis contre la muraille et seules les cana-lisations et les proto-citernes des premiers temps des Ptolémées restaient à fouiller ; à Fouad, dans la propriété gracieusement mise à notre disposi-tion par le Patriarcat grec orthodoxe, les fouilleurs ont eu le loisir de démêler l’écheveau complexe de la stratigraphie des réoccupations, avec des citernes antiques et médiévales. Au Cricket et au Diana, les promoteurs nous avaient déjà privés des couches supérieures et les coulées de béton nous interdi-saient l’accès aux descenderies qui menaient aux citernes creusées dans le rocher naturel ; au Lux, nous avons dû fouiller sous la menace de la pelle des bulldozers qui avaient déjà détruit une partie des citernes et des autres structures…

q 7 a-b. La maquette de la petite citerne el-Gharaba.

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p 8. Maquette de la citerne Ibn Battouta - Michel Coqueret a réalisé la maquette de cette grande citerne en deux parties : l’une (à gauche) copie l’état actuel, avec la transformation du bâtiment en abri antiaérien pendant la Seconde Guerre mondiale, tandis que l’autre restitue le monument dans son état originel.

pu 9 a-d. Maquette de la citerne Ibn Battouta - Différentes vues de la partie gauche suivant l’état de la Seconde Guerre mondiale, avec les colonnes antiques prises dans la maçonnerie des cloisons de briques et les socles de béton des bancs de bois. La précision est telle, notamment dans les couleurs, que l’on croit se trouver non dans la maquette, mais dans le monument lui-même.

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u 10 a-b. Vues de la citerne Nabahna, dans le quartier de Kôm el-DikkaComme Ibn Battouta, elle fut réemployée en abri antiaérien durant la Seconde Guerre mondiale. On distingue l’un des deux escaliers de fer en colimaçon. L’installation électrique est intacte.

p 11 a-c. La grande citerne el-Gharaba en cours de fouille, sous la direction d’Isabelle Hairy et Yves Guyard, architectes-archéologues (2000-2003), puis de Guillaume Hairy, archéologue-Archeodunum (2005).

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Quant à la Nécropolis, le lendemain de la fin de la fouille, les citernes mises au jour ont été définitive-ment noyées dans le béton : seule la documentation reste.

Les résultats inédits qui sont présentés ici par les archéologues du CEAlex illustrent les difficultés du travail du fouilleur. Ils montrent que l’on ne fouille pas dans des conditions normales à Alexandrie, mais, sauf exception comme à Fouad, sous une pression constante des entrepreneurs immobiliers dont on retarde le projet. La lutte entre le promo-teur et l’archéologue est inégale… Et encore parle-t-on ici d’une période révolue, car depuis plusieurs années, les promoteurs se sont arrangés pour que nous ne puissions plus fouiller du tout, alors que le

pu 12 a-c. la fouille de la citerne el-NabihUne ultime campagne est prévue pour cet automne. Ces travaux ont permis de dégager l’extérieur de la cuve, de sa toiture et des murs latéraux, en précisant au passage sa chronologie. a : dégagement de la toiture et carottage dans la partie ouest.b : sondage dans la partie ouest par Laurent Borel, architecte-archéologue et Samuel Desoutter, archéologue-Inrap.c : le relevé pierre à pierre du pavement de la couverture par Chrystelle March, architecte-archéologue.

p 13. Premières esquisses du projet de conservation et de mise en valeur de la citerne el-Nabih, 2004

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mouvement immobilier s’accélère à Alexandrie. Nous assistons à de grands sacrifices dans la « capita-le de la Mémoire », pour reprendre l’expression de Lawrence Durrell. Certes, il n’est pas aisé de trou-ver un équilibre entre le développement d’une ville en plein essor et la sauvegarde, la mise en valeur d’un patrimoine exceptionnel. Cet équilibre n’a toujours pas été trouvé à Alexandrie.

Il y a un point sur lequel je voudrais insister : c’est l’aspect diachronique de nos études. Une des ci-ternes du chantier Fouad, comme on le verra dans l’étude rédigée par ses fouilleurs, a connu une longue histoire : construite au Ier-IIe siècle ap. J.-C., elle fut utilisée jusqu’au XVe siècle, jusqu’au moment où la ville quitte l’espace intra muros pour aller s’installer sur l’isthme. La fouille part de la surface de la cité moderne et nous amène à traverser les restes de la ville de Mohamed Ali, les trois siècles de l’époque ottomane, puis le temps des dynasties islamiques d’époque médiévale ; en 643, nous atteignons les Byzantins, puis les Romains et, tout en bas, les Grecs qui se sont installés sur le rocher naturel. L’on comprendra dès lors comment les archéologues se transforment en historiens, s’intéressant autant à l’architecture et au mobilier ottomans qu’aux oc-cupations gréco-romaines. Qu’ils doivent croiser les sources documentaires, la recherche sur le terrain – les localisations, les relevés, les fouilles –, avec les archives, les publications, les cartes et plans, les gravures, voire les cartes postales anciennes. L’on

p 14. Le trafic des lourds bateaux à voile de transport des marchandises sur le canal Mahmoudieh

p 15. Le premier vapeur sur le canal Mahmoudieh, 1858Le Monde illustré, 1958.

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retrouvera cette documentation variée tout au long de ce volume, dans son étonnante diversité.

La chaîne opératoire de l’eau

Certes, la recherche de citernes reste au centre du jeu, mais ce ne sont que les ré-ceptacles finaux d’une eau qui a déjà une histoire. Il s’agit d’envisager l’ensemble de la chaîne opératoire de l’eau à Alexandrie, son stockage, mais aussi son captage et sa distribution.

Le canal tout d’abord, qui relie le Nil à la ville, dont on suivra tous les change-ments de parcours depuis l’Antiquité jusqu’au Mahmoudieh aménagé dans les années 1819 par Pascal Coste. Jusqu’à la moitié du XIXe siècle, il restera l’artère qui réglera le pouls de la ville : comme le soulignent historiens et voyageurs, la prospérité et le déclin de la cité dé-pendront de l’état du canal (14 et 15). Il faudra attendre la ligne de chemin de fer pour le Caire (en 1856) et l’installation dans les années 1880 de l’eau courante par des conduites forcées (16), pour qu’il perde son importance vitale.

Les fouilles (17), les gravures et les plans nous ont permis de retrouver les canaux de distribution de l’eau sous les maisons antiques, ces canaux-boyaux fonction-nant aussi comme des citernes, par capillarité : un système sophistiqué de gestion de la nappe apparaît peu à peu et on lira ces résultats très nouveaux qui permettent de comprendre la complexité du jeu de l’hydraulique dans l’Alexandrie antique. Ce système allait être mis hors service par le tsunami du 21 juillet 365 ap. J.-C., le « cataclysme universel », comme l’appellent les auteurs qui décrivent ce jeu de plaques tectoniques : la plaque africaine s’encastre sous la plaque européenne et la côte de la Cyrénaïque et d’Alexandrie s’enfonce de plusieurs

p 16. Carte postale des années 1900 montrant un saka* remplissant son outre à une borne publique, les femmes attendant leur tour.

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mètres. Le réseau des canalisations se trouve sous le niveau de la mer et tout le système doit être revu. Les Alexandrins se mettent alors à creuser ces grandes citernes qui accueillent l’eau de la crue du Nil*, les habitants buvant désormais une eau stoc-kée pendant un an. Les instruments de levage de l’eau sont présents dans toute la ville, que ce soit pour mettre l’eau dans les citernes, que ce soit pour l’y puiser (18). On verra l’ingéniosité dont ont fait preuve les Alexandrins pour faire face à cette situa-tion nouvelle et assurer leur approvisionnement en eau. Les fouilles ont aussi livré des données sur la gestion des eaux usées qui repartent sous les rues, comme au Diana, dans de larges caniveaux couverts et soigneusement jointoyés par souci sanitaire et hygiénique.

Il pleut à Alexandrie ! Pendant les mois d’hiver, sur-tout en décembre et janvier, les précipitations ne sont pas négligeables, dépassant une moyenne men-suelle de 50 mm (19). Les premières notations sur les installations de récupération des eaux de pluie apparaissent ici et là, notamment à Gabbari, même s’il s’agit encore d’une analyse nouvelle qui deman-dera à être approfondie et systématisée. Dans les strates antiques de nos fouilles, les tuiles ne sont pas rares et il convient de concevoir la juxtaposi-tion de terrasses et de toits pentus, avec des rigo-les et des conduites qui canalisaient l’eau de pluie vers les réservoirs. Dans quelles proportions, nous l’ignorons. Mais quand on sait que les habitants des Cyclades remplissaient leurs citernes avec la seule eau de pluie, dans un climat qui n’est sans doute pas très étranger à celui d’Alexandrie, on peut ima-giner qu’en s’installant dans leur nouvelle ville, les Grecs ont appliqué les mêmes recettes, les mêmes procédures architecturales, même si à côté, ils

q 17. Un canal de distribution d’eau douce sous les maisons mises au jour sur le terrain de l’ex-Consulat britannique, avec l’archéologue-spéléologue Thierry Gonon. Couvert d’un ciment hydraulique, il distribue l’eau selon une pente sud-nord, vers la mer. Des puits permettent aux habitants de récupérer l’eau depuis les maisons et des places publiques.

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se sont adaptés à leur nouveau milieu égyptien et ont imaginé un système hydraulique recourant à la nappe phréatique et au Nil, répartissant et régulant de manière subtile la consommation en fonction de leurs ressources.

L’on notera au passage la mention de bains. Il peut s’agir de grands établissements publics bâtis par les empereurs romains – dont certains subsistent, comme ceux de Kôm el-Dikka –, d’autres ne sont connus que par les sources écrites – balaneion d’Hadrien, de Licinius, plus tard appelé bain impérial, on pourrait ajouter d’autres exemples. Les fouilles ont aussi mis au jour des installations modestes, des bains privés, comme celui du Majestic, décou-vert en 1992, dont la recension contribue peut-être au dénombrement impressionnant des 4.000 bains que trouvent les Arabes lors de la conquête de la ville en 642. Cette tradition perdure à travers les siècles et une de nos enquêtes dans les Archives nationales du Caire tend à recenser les bains à l’époque otto-mane, en croisant ces informations avec la cartographie, comme on le ver-ra dans l’étude consacrée à l’eau dans les cartes. Au XIXe siècle, cette habi-tude ne s’est pas ralentie (20), même si désormais, elle n’est plus qu’à l’état de souvenir.

L’eau d’Alexandrie, eau du NilAlexandrie a été fondée à une trentai-ne de kilomètres du Nil. Depuis l’ensa-blement de la bouche canopique, à la fin de l’Antiquité, le fleuve se trouve à environ 70 km de la ville. Et pourtant, Alexandrie a bu et boit toujours l’eau

u 18. Reconstitution du chadouf* qui permettait de puiser l’eau de la citerne Ibn Battouta

q 19. La corniche d’Alexandrie sous la pluie par Mahmoud Saïd, 1944.

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....3. « Ces cabaretiers extraordinaires ont des étalages où l’on distingue une foule de vases et de coupes remplis d’une eau plus ou moins recherchée. À Constantinople, l’eau n’arrive que par l’aqueduc de Valens, et ne se conserve que dans des réservoirs dus aux empereurs byzantins, où elle prend souvent un goût désagréable… De sorte qu’en raison de la rareté de cet élément, il s’est établi à Constantinople une école de buveurs d’eau, gourmets véritables, du point de vue de ce liquide.

On vend, dans ces sortes de boutiques, des eaux de divers pays et de différentes années.

L’eau du Nil est la plus estimée, attendu qu’elle est la seule que boive le sultan ; c’est une partie du tribut qu’on lui apporte d’Alexandrie. Elle est réputée comme favorable à la fécondité. L’eau de l’Euphrate, un peu verte, un peu âpre au goût, se recommande aux natures faibles ou relâchées. L’eau du Danube, chargée de sels, plaît aux hommes d’un tempérament énergique. Il y a des eaux de plusieurs années. On apprécie beaucoup l’eau du Nil de 1833, bouchée et cachetée dans des bouteilles que l’on vend très cher… »

Gérard de Nerval, Voyage en Orient, Paris, 1851, p. 213.

Nerval séjourne à Istanbul en 1843 et le crû du Nil (à distinguer de la « crue ») qu’il mentionne date de 10 ans. On suivra les promenades de Nerval dans le beau film de Maurice Pialat, La Corne d’Or (1964).

du Nil. Au-delà de la sagacité des ingénieurs grecs pour amener l’eau du fleuve vers la nouvelle fondation et assurer son approvisionnement en eau, il existe une volonté de relier la cité comme par un cordon ombilical au cours d’eau qui a suscité l’éclosion de la civilisation pharaonique et en a été le théâtre. Relier Alexandrie au Nil est aussi justifier la fondation de la nouvelle capitale de l’Égypte. C’est l’eau du Nil qui remplit les canaux de la ville, les puits et les mai-sons. Les Alexandrins sont associés à cette com-munion dans l’eau, partageant cette eau qui faisait l’objet d’un tribut symbolique auprès des dynas-tes qui voulaient imposer leur pouvoir sur le pays : Darius se faisait livrer de l’eau du Nil, tout comme le fera le Sultan d’Istanbul deux millénaires plus tard. Gérard de Nerval l’évoquera dans un passage de son voyage en Orient (.3), découvrant à Istanbul les goûteurs d’eau qui comparent les vertus du Danube, de l’Euphrate et du Nil, avec une préférence sans conteste pour la dernière.

u 20. Dans son Guide-annuaire d’Égypte. L’année 1872-1873, paru au Caire, François-Levernay donne un plan d’Alexandrie et aussi des indications pratiques. Entre les cafés-concerts, les brasseries, les théâtres et les loges maçonniques, il donne une liste des bains publics, européens et des bains arabes, en précisant qu’ils sont nombreux.

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Le papyrus, plante des Nils

Dans plusieurs des études qui suivent sont évoquées les plantes du Nil, le lotus et le nelumbo*, le papy-rus aussi, que les Égyptiens anciens consommaient sous toutes ses formes, la plus élaborée étant ce tressage qui servait de support à l’écriture. Mais cette plante a disparu du Nil ou, si elle subsistait encore dans le lac Mariout, aucune trace n’en a été retrouvée à l’époque moderne et le papyrus qu’on vend aux touristes a été réimplanté il y a quelques décennies à partir de pousses du lac Tchad. Nous sommes donc allés à la recherche du papyrus du Nil, là où il subsiste. On sait qu’il pousse en abon-dance dans les grands lacs africains, réservoirs du Nil – Tanganika, Victora, Albert, etc. –, mais notre choix s’est porté sur le lac Tana. Sur le Nil bleu, les Éthiopiens continuent à fabriquer de frêles embar-cations qui ressemblent comme des sœurs à celles que l’on voit sur les peintures et les mosaïques aux paysages nilotiques. Un essai d’archéologie expéri-mentale nous a poussé à suivre la construction de ces frêles esquifs, en observant les gestes millénai-res de ces artisans (21).

L’eau aujourd’hui

Les journaux égyptiens sont remplis à longueur de pages de nouvelles sur le nouveau partage des eaux du Nil entre les pays riverains, l’érection de barrages en Éthiopie et au Soudan. Une conférence rassem-blant les pays du bassin du Nil, selon l’appellation of-ficielle, vient de se tenir à Alexandrie (lieu symbolique,

p 21. Un pêcheur à bord de son tankwa Esquif de papyrus sur le lac Tana.

u 22. Les chutes du lac Tana sur le Nil bleu, mai 2009Par suite de la construction d’un barrage, les chutes sont réduites à une portion congrue par rapport aux années précédentes.

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près de son embouchure) (22). Ces perspectives du développement de l’irrigation des pays en amont du fleuve, peu réjouissantes pour l’Égypte, s’ajoutent à d’autres désordres. À la suite de la construction des deux barrages d’Assouan et surtout du Haut-Barrage, le débit a été contrôlé, la crue n’est plus qu’un vieux souvenir. En conséquence directe pour Alexandrie, le canal nourricier aux berges accueillan-tes jusque dans la ville il y a un siècle, à tel point que ce lieu de promenade fut appelé Les Champs Élysées (23), n’est plus qu’un cloaque, malgré les efforts mé-ritants des associations écologistes. Une autre conséquence, avec moins de rejet d’eau douce dans la mer : la raréfaction du poisson et des crusta-cés, obligeant les pêcheurs à aller toujours plus loin, jusque vers les côtes libyennes. Pourtant la qualité du poisson alexandrin et le sport de la pêche ont de tout temps contribué à la gloire de la cité (24). Marc Antoine qui s’adonnait à cette occupation qui lui valut les quolibets de Cléopâtre (.4), trouva de dignes successeurs, deux millénaire plus tard (25) !

Malgré la signature par l’Égypte de tous les accords internationaux sur la protection des milieux humides, le lac Mariout est lui aussi sacrifié sur l’autel de l’ur-banisation. Les associations écologiques ont beau faire valoir qu’à l’étranger on crée à grands coûts financiers des lacs artificiels, alors qu’en Égypte on sacrifie ceux qui existent, l’étroite bande qui abritait Alexandrie, entre mer et lac, ne suffit plus et la ville déborde inexorablement vers le sud.

Grâce à une gestion contrôlée de l’eau, l’Égypte conquiert de nouvelles terres, bonifiant des millions d’hectares. La route désertique entre Alexandrie et le Caire ne mérite plus son nom. Alors qu’il y a 30 ans, le ruban d’asphalte était souvent coupé par les

u 24. Page de droite : pêche à la nasse sur une plage d’Alexandrie par Mahmoud Saïd, 1933 (collection particulière, Alexandrie).

p 23. Carte postale des années 1900 représentant les Champs Élysées, sur la rive nord du canal Mahmoudieh

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dunes mouvantes, obligeant les conducteurs à sans cesse serpenter, aujourd’hui, les trois voire quatre voies sont séparées par un terre-plein central d’oli-viers et les champs alentours sont couverts d’ar-bres portant des fruits encore inconnus il y 10 ans à peine. La passion des Ptolémées d’acclimatation des espèces a repris chez les Égyptiens modernes. On ne peut que saluer ces nouvelles conquêtes sur le désert, même s’il convient de trouver un meilleur équilibre dans le sauvetage des monuments mis en danger par ces irrigations nouvelles, comme les er-mitages des Kellia ou le sanctuaire de Saint-Ménas, dont la crypte a dû être récemment comblée à cause du voisinage d’un canal et de la remontée des eaux, sur ce monument classé par l’Unesco au Patrimoine mondial.

Une exposition sur l’eau

On l’aura compris à travers ces quelques lignes, le thème de l’eau s’est révélé fédérateur pour notre équipe du CNRS basée à Alexandrie. Depuis 2004, nous travaillons en commun sur ce projet transver-sal. Isabelle Hairy, architecte-archéologue, consa-cre son doctorat à l’hydraulique alexandrine et lui confier l’harmonisation de cette œuvre commune s’imposait. C’est elle qui a conçu et dirigé l’édition de ce catalogue, elle a suscité les auteurs et les sujets abordés, tout en assurant elle-même la ré-daction de nombreux chapitres. Elle assure aussi le Commissariat scientifique de l’exposition, qu’elle a conçue en collaboration avec la muséologue Burçak Madran.

Encore fallait-il trouver un endroit qui accueille les résultats de nos travaux. Lors d’une intervention au Lycée de Payerne, je fus abordé par Denis Ramseyer,

....4. « Un jour qu’Antoine pêchait à la ligne et était contrarié de ne rien prendre en présence de Cléopâtre, il ordonna à des pêcheurs de plonger sans se faire voir et d’accrocher à son hameçon des poissons qu’ils avaient pris auparavant, et ainsi deux ou trois fois il tira sa ligne avec succès, mais l’Égyptienne ne fut pas dupe. Elle feignit d’admirer et rapporta le fait à ses amis en les priant d’assister à la partie de pêche du lendemain. Ils montèrent en grand nombre dans des barques de pêcheurs, et, lorsqu’Antoine eut lancé sa ligne, elle commanda à l’un de ses gens de prendre les devants pour plonger et attacher à l’hameçon un poisson salé du Pont. Antoine, persuadé qu’il tenait un poisson, ramena sa ligne, et tout le monde, comme on peut croire, éclata de rire : « Grand général, dit Cléopâtre, laisse-nous la ligne à nous qui régnons sur Pharos et Canope : ta pêche à toi, ce sont des villes, des royaumes, des continents ».

La scène, qui se passe en 41-40 av. J.-C., est relatée par Plutarque, Vies parallèles, Antoine, § 29, 5-7, traduction R. Flacelière-E. Cham-bry, CUF, 1977.

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p 25. Le roi Victor Emmanuel III pêchant à la ligne à Aboukir en compagnie de la reine Helena, 1947

Conservateur au Laténium. Il portait l’invitation de Marc-Antoine Kayser, directeur du Laténium, à pré-senter nos travaux lors d’une exposition dans leur musée prestigieux. Qu’ils soient ici remerciés de leur confiance. Cette proposition ne pouvait que nous ré-jouir et nous honorer, vu les liens anciens qui nous lient avec Neuchâtel et son Université, notamment notre ami le Professeur Denis Knoepfler.

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AlexandrieLa conquête de l’Eau I s a b e l l e

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ancienneté de l’irrigation en Égypte in-dique une maîtrise et une connaissance du Nil qui ont longtemps été occultées par une conception de l’hydrologie plus

religieuse que mécaniste. La mythologie de l’eau était « l’âme » de ce peuple. Dans l’explication sacrée du cycle de l’eau, la crue* prenait naissance, pour le territoire de la Haute-Égypte, dans un gouffre si-tué près d’Assouan, tandis que la Basse-Égypte était couverte par les flots montants provenant d’un autre lieu situé un peu en amont du Caire. Ces « maisons de Hâpi* », génie identifié à la crue, fleu-rissaient un peu partout, là où la crue faisait l’ob-jet d’une fête au temps de son retour ; on célébrait ainsi la « venue de Hâpi », l’âme du fleuve.

Pourtant, dès le VIIIe siècle av. n. è., les Égyptiens avaient fait le lien entre les débordements du fleuve et les pluies soudanaises. C’est sans doute cette ébauche d’explication du cycle des eaux qui est à l’origine d’une des plus belles réussites de la science alexandrine, le calcul de la circonférence terrestre par Ératosthène de Cyrène (275-195), qui fut direc-teur de la Bibliothèque d’Alexandrie durant une qua-rantaine d’années. En effet, les connaissances du cycle de l’eau ne pouvaient être approfondies sans accepter au préalable la sphéricité de la terre. Or, le fonctionnement de l’hydraulique alexandrine montre à quel point la connaissance de l’hydrologie, cette science du cycle de l’eau, a été indispensable à la survie de la cité.

L’eau est au cœur de la vie ; elle a été une des premières conquêtes de la civilisation égyptienne. Dans la vallée du Nil, plus qu’ailleurs, « Faire fleurir le désert » a été l’aspiration de tout un peuple.

« On ne connaît la valeur de l’eau que lorsque le puits est à sec. »

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Alexandrie : la conquête de l’Eau

Depuis sa fondation, de nombreux efforts ont été accomplis pour transformer les condi-tions hydrologiques, tout d’abord naturelles, au cours de l’Antiquité, puis, déjà influen-cées par les efforts ou les négligences des époques précédentes, au cours de la période médiévale.

Quelle qu’ait été la forme de l’exploitation, Alexandrie a toujours vécu grâce à ses eaux souterraines alimentées naturellement par l’apport de l’infiltration. Quand celui-ci n’a plus été suffisant, les Alexandrins ont eu recours à l’alimentation artificielle par l’inter-médiaire du canal creusé quelques décennies après la fondation de la ville. Son objectif : mobiliser les eaux du Nil afin de les utiliser au bénéfice de l’irrigation, de l’alimentation en eau potable pour les habitants et des diverses activités artisanales de la ville.

C’est la régulation de cette interdépendance entre les eaux de surface et les eaux sou-terraines, toutes deux fractions d’un seul volume total d’eau disponible, qui a sans doute été un facteur prépondérant de la bonne santé de cette ville ; tout prélèvement sur les unes s’effectuant au détriment des autres.

La maîtrise sociale de l’eau dépendait certainement des gestionnaires de l’eau qui avaient le plus grand besoin des concepts et des connaissances hydrologiques pour résoudre les problèmes qui leur étaient posés. Dans cette perspective, la tâche de l’hydrologue était de fournir des données sur la répartition dans le temps et dans l’espace des eaux qu’il est possible de mobiliser, à charge des « hydrauliciens » de concevoir les ouvrages tels que canaux, puits, canalisations, et machines élévatrices, pour redistribuer, dans le temps et dans l’espace et suivant les besoins, cette eau attendue.

Le transport, qui a permis de modifier la répartition spatiale de l’eau, puis le stockage, qui a offert la possibilité d’en changer la répartition temporelle, ont été les seuls moyens utilisés dans les différentes stratégies de transformation des conditions hydrologiques d’Alexandrie et de sa région. Trop souvent, malheureusement, ces stratégies ont été élaborées en négligeant leurs effets indirects.

Les aménagements hydrauliques, les transformations de l’espace qui ont été nécessai-res à l’installation et au déploiement de la ville, – défrichement, drainage, urbanisation –, ainsi que certaines pratiques humaines, – les coutumes funéraires et rituelles liées à l’eau durant l’Antiquité, le développement des thermes à l’époque romaine, etc -, ont éga-lement eu des répercussions hydrologiques souvent imprévues, quelquefois lointaines, parfois douloureuses.

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Autant de facteurs qui ont pu être la source de conflits régionaux. De même, il semble que les problèmes d’entretien du canal aient débuté avec la séparation d’Alexandrie et de sa chôra*. Les besoins des riverains sont entrés en conflit au fur et à mesure que régressait le débit de la branche canopique ; l’irrigation des champs s’opposant alors à l’alimentation de la ville.

Dans cette logique, et alors que la gestion du canal dépendait du pouvoir central dont la seule préoccupation était la bonne alimentation en eau de la ville d’Alexandrie, apparaît à l’époque ottomane une nouvelle source de conflits hydriques liée à l’occupation des rives du canal par les Bédouins, minorité ethnique dont la survie ne dépendait d’aucune ins-tance politique. Les Ottomans ont utilisé la force armée pour empêcher les prises d’eau « sauvages » au temps de la crue, la gestion pour de multiples utilisations n’ayant pas été prise en compte.

La qualité de l’eau a également été source de problèmes. Tout porte à croire que le déve-loppement extensif de l’agriculture dès le début de l’époque ptolémaïque a été source de pollution, ayant pour résultat une salinité accrue des ressources en eau.

Les questions de quantité d’eau sont devenues préoccupantes lorsque les fortes varia-tions dans l’offre ont fait suite à une utilisation plus importante en amont ou, à plus long terme, à un changement global – en l’occurrence, la disparition de la branche canopique.Dans un premier temps, la réduction du débit du canal a entraîné une dégradation des eaux de surface et de celles des nappes phréatiques. Il y a eu entrave à la navigation, salinité accrue, et enfin changement de morphologie, avec modification du cours du ca-nal, jusqu’à sa disparition totale. Durant toute cette période, l’eau n’a été que le moyen, la cible ou la victime de conflits armés. Le canal s’est asséché au rythme des guerres et s’est rempli à nouveau avec les périodes de paix.

À Alexandrie, cette transformation finale semble prendre place autour du IXe siècle. S’appuyant sur les ouvrages antiques, – canaux drainants (hyponomes*) et machines élévatrices –, les Toulounides ont su aménager le système existant et le conjuguer avec les progrès des arts mécaniques pour faire naître un nouveau dispositif en adéquation avec les besoins de la ville et son nouveau contexte hydrologique ; le couple « sakieh-ci-terne » était né. Cette modification des structures hydrauliques sera suivie, durant les siècles suivants, par une augmentation constante du nombre de citernes. Or, c’est entre le IXe et le XIIe siècle, des travaux des frères Banû Mûsâ (.1) au compendium d’Al-Juzarî

....1. Les Banû Mûsâ faisaient partie de la Bayt al-Hikma (Maison de la Sagesse), à Bagdad, au IXe siècle.

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(.2, 1), que se formalise, selon M. el Faiz, la recherche des hydrauliciens arabes à l’issue « d’un long processus d’évolution et de maturation des connaissances hydrauliques ». On peut imaginer qu’ils aient mis en pratique une partie de cette science écrite, révélant l’ampleur des applications techniques dont ils étaient capables.

L’utilisation des machines élévatrices traditionnelles, la sakieh* et le chadouf*, en contexte urbain, à Alexandrie, montre l’importance de l’influence du « savoir paysan » qui se répercute jusque dans la gestion de l’eau ; c’est ce que nous explique Evliya Çelebi au XVIIe siècle. Dans la distribution des rôles mis en place par le pouvoir central, les paysans, après avoir irrigué leurs terres, contrôlent l’alimentation en eau de la ville au moment de la crue, à l’aide de leur matériel dont ils maîtrisent la construction, l’entretien et la manipulation. Ils assurent le transfert de l’eau du réseau souterrain vers la surface, puis en remplissent les citernes publiques. En regard d’éventuelles innovations techniques qui restent à découvrir, cette gestion des eaux souterraines constitue la principale nou-veauté d’une hydraulique arabe à Alexandrie.

Au IXe siècle, le gouverneur de la province musulmane du Khurâsân, Ibn Tâhir (828-844) confie à ses experts la rédaction d’un Traité des galeries drainantes et souterrains, le Kitâb al Qinâ. S’en suit une véritable politique de l’eau qui est mise en place dans tout l’empire musulman ; on encourage la mise en valeur agricole avec une nouvelle gestion de l’eau, à commencer par l’Égypte. Au début du IXe siècle, Al-Farghânî, dit Alfraganus (mort en 861), un des plus célèbres astronomes de son temps, reconstruit le nilomètre* d’Égyp-te, fondé en 715 sous le calife omeyyade Souleimân. Issu de cette École Arabe de l’eau, un groupe de spécialistes se voit confier la mise en œuvre de la politique de l’eau initiée par l’État. Ces ingénieurs hydrauliciens sont intégrés à la hiérarchie administrative.

Si on n’a pas encore retrouvé dans les sources littéraires la preuve de leur intervention à Alexandrie, les œuvres anonymes que constituent les nombreuses citernes à étages, construites au cours de l’âge d’or de l’hydraulique arabo-musulmane (IXe-XIIe siècle), sem-blent être la marque d’une œuvre globale et réfléchie qui pourrait s’insérer dans la pensée de l’École Arabe de l’eau. Reste à définir précisément en quoi elles sont un maillon du paradigme qui semble structurer la communauté scientifique des hydrauliciens arabes du Yémen à l’Espagne ? Question qui pourrait être abordée au travers d’une étude com-parative des structures hydrauliques dans tout l’empire musulman.

....2. Le Compendium de la théorie et de la pratique au service des arts mécaniques a été achevé en 1206.

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On peut dire que l’hydraulique alexandrine témoigne d’une incontestable maîtrise des techniques et d’une excellente connaissance du contexte hydrogéologique. Le développe-ment du couple « sakieh-citerne » durant la période médiévale atteste d’un haut savoir-faire empirique qui a pu inspirer les théoriciens de l’École Arabe de l’eau.

A-t-il également fourni la matière première à la rédaction des premiers ouvrages tech-niques ?

À l’heure où l’on pense avoir enfin découvert la vraie source du Nil, l’hydraulique reste, dans les pays arabes et plus particulièrement en Égypte, un objet d’intérêt tout par-ticulier pour l’État qui continue de développer, dans la plus pure des traditions pha-raoniques, des projets monumentaux. Lancé début 1997, par le Premier Ministre Kamal Al-Ganzouri, Tochka, aussi connu sous le nom de « Vallée du sud » ou «Nouvelle vallée », est le plus vaste projet de détournement des eaux du Nil depuis la construction, entre 1960 et 1971, du Haut-Barrage d’Assouan. Celui-ci avait donné naissance à l’un des plus vastes lacs artificiels du monde, baptisé Nasser, du nom du président qui initia le projet. Le projet Tochka vise à planifier la mise en culture de 540.000 feddans (environ 3,75 millions d’hectares) de terres agricoles en plein désert occidental, à 280 km au sud-ouest d’Assouan. Mise en route en 2000 pour irriguer ces terres, la station de pompage Moubarak, du nom de l’actuel président égyptien, est la plus grande du Moyen-Orient. Six ans après la mise en eau des premiers canaux, on est loin de l’objectif de départ qui devait être atteint, selon les experts égyptiens, en seulement une dizaine d’années. Le sable du désert n’a vu verdir qu’un peu plus de 10% de la surface agricole envisagée, mais c’est déjà « faire fleurir le désert ».

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t 1. Al-JazariMachine élévatrice de l’eauAl-Jazari, livre de la connaissance des procédés mécaniques, Oxford, Bodleian Library, Ms Greaves 27, fol. 101 recto.

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Francis ChoëlResponsable de travaux archéologiques au CEAlex menés sur les fouilles de la Nécropolis et du Patriarcat Grec Orthodoxe (Chantier de Fouad). Il a travaillé sur divers chantiers de fouilles comme responsable d’opération et chargé d’études au sein de l’Association pour les fouilles archéologiques nationales (Afan) et pour les collectivités locales. Il a occupé la fonction de coordonnateur en archéologie au Centre de Formation du Patrimoine à Dijon. Son intérêt porte principalement sur l’archéologie urbaine du monde méditerrané[email protected] DixneufMembre scientifique à l’Institut français d’archéologie orientale au Caire depuis 2007, elle est spécialisée dans l’étude de la céramique d’époques romaine et byzantine en Égypte. Ses travaux portent sur la reconnaissance des productions céramiques, mais également sur l’analyse des relations commerciales unissant l’Égypte au bassin méditerranéen. Auteur d’une thèse consacrée à l’étude des productions amphoriques égyptiennes, elle participe à plusieurs chantiers archéologiques en Égypte, notamment à Péluse, Alexandrie, Baouit, Coptos et Ain al-Gedida (oasis de Dakhla). [email protected] EmpereurDirecteur du CEAlex (www.cealex.org) qu’il a fondé en 1990, Directeur de Recherche au CNRS, agrégé de lettres classiques et docteur en archéologie, membre puis secrétaire général de l’École française d’Athènes de 1778 à 1990. Il mène des fouilles de sauvetage à Alexandrie, en collaboration avec le Conseil Suprême des Antiquités égyptiennes, en essayant de sauver le patrimoine de la capitale des Ptolémées de la pelle des promoteurs immobiliers. Parmi ses publications, mentionnons Alexandrie redécouverte (Paris, 1998), Le Phare d’Alexandrie. La merveille retrouvée (Paris, 1998), Alexandrie. Hier et demain (Paris, 2001). Il dirige la collection des Études alexandrines à l’Ifao.

Mena el-AssalEtudiante en géomorphologie aux universités d’Alexandrie et d’Aix-Marseille, elle prépare actuellement une thèse de doctorat portant sur l’évolution des rivages maritimes et lacustres d’Alexandrie depuis 5000 ans sous la co-direction de Christophe Morhange et de Magdy Torab. [email protected]ël AwadTopographe au CEAlex, il achève un Magistère à l’Université d’Alexandrie sous la direction de Fathy Abou Radi sur l’étude diachronique de l’utilisation du sol de la région du lac Mariout pendant les cinquante dernières anné[email protected] BorelIngénieur de recherche au CEAlex. Architecte DPLG, diplômé en 1996, il a obtenu, en 1998, un CEAA « Architecture et Archéologie ». De 1998 à 2002, il fut architecte chargé de mission à l’IFAPO (Amman). Après avoir été co-responsable, avec Chrystelle March, il est, depuis 2008, responsable, sous la direction de Jean-Yves Empereur, du projet de conservation et de mise en valeur de la citerne el-Nabih à Alexandrie (projet primé par le Grand Prix d’Archéologie de la Fondation Simone et Cino del Duca en 2007). Il a conduit, de 1999 à 2002, sous la direction de Jean-Pierre Braun, l’étude sur le paysage construit du site d’Iraq al-Amir en Jordanie. [email protected] BouludMaître de conférences en archéologie protohistorique à l’Université de Nantes, elle est spécialiste de l’Âge du Bronze européen. Ses recherches portent sur les productions métalliques, les échanges et la pratique des dépôts en Europe occidentale et [email protected]

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Thomas FaucherPost-doctorant à l’université de Paris-Sorbonne dans le cadre du projet ANR-Nomisma (Usage de la monnaie en Méditerranée orientale). Il a soutenu une thèse en 2006 sur L’atelier monétaire d’Alexandrie à l’époque des Lagides. Il est chargé de l’étude des monnaies de plusieurs sites dont les fouilles du CEAlex (en collaboration avec Olivier Picard), de Taposiris Magna, de l’île Nelson, de Bouto et de Karnak. [email protected]ément FlauxDoctorant en géomorphologie et géoarchéologie (Université d’Aix-Marseille, CEREGE-CNRS), il entreprend actuellement un doctorat, sous la direction de Christophe Morhange et Jean-Yves Empereur, portant sur l’évolution du lac Mariout (nord-ouest du delta du Nil, Égypte) depuis 8000 ans. [email protected] FleuryProfesseur de latin à l’Université de Caen, Directeur du Programme Pluri-Formations (www.unicaen.fr/cireve) et de l’ERSAM (www.unicaen.fr/ersam), Philippe Fleury est à l’origine d’un projet pluridisciplinaire visant à restituer en 3D interactive la Rome antique du IVe siècle (www.unicaen.fr/rome) et les machines et instruments romains. Auteur d’un ouvrage sur la mécanique de Vitruve et traducteur et commentateur du livre 1 de ce même auteur, il est spécialiste de la mécanique romaine en géné[email protected]élène FragakiPost-doctorante à la Maison René-Ginouvès (Nanterre) en Archéologies et Sciences de l’Antiquité. Docteur en archéologie classique, elle participe aux travaux de recherche sur l’architecture et le décor à Alexandrie avec le CEAlex. Monographie sous presse : Images antiques d’Alexandrie, Ier s. av. J.-C.-VIIIe s. apr. J.-C. (Ifao). Elle a publié des articles sur la peinture romaine et a enseigné l’archéologie, l’art grec et l’art romain, comme ATER et chargée de cours aux universités de Paris X-Nanterre et de Marne-la-Vallée. [email protected] Gonon Archéologue à la société Oxford Archéologie Méditerranée, spécialisé en archéologie médiévale et en archéologie souterraine et minière, il travaille depuis de nombreuses années à Alexandrie et dans le désert libyque dans le cadre de la mission de Douch. Sur ce site, il étudie un système de qanâts d’époques perse et

romaine qui a donné lieu à la publication de plusieurs articles, entre autres dans le BIFAO. Il maîtrise bien les techniques de progression et de relevés souterrains, et les spécificités des galeries [email protected] Guimier-SorbetsDirecteur de l’Unité Mixte de Recherche « Archéologies et Sciences de l’Antiquité » (Maison René-Ginouvès, Nanterre), Anne-Marie Guimier-Sorbets est professeur d’archéologie et histoire de l’art grec à l’Université de Paris Ouest-Nanterre-La Défense. Spécialiste du décor architectural durant les époques hellénistique et impériale, elle a publié de nombreuses études sur la mosaïque, la peinture et le stuc de l’Égypte gréco-romaine (particulièrement dans les Études Alexandrines, Ifao), de Grèce et de Chypre. Dans une perspective historique, outre des recherches sur les aspects techniques, iconographiques et architecturaux, elle tente de retracer les mentalités antiques dont ces documents portent le témoignage. [email protected] GuyardArchitecte-archéologue, CEAlex, architecte DPLG et diplômé en Sciences et Structure de la Matière (DEUG), diplômé du CEAA Architecture et Archéologie, DEA d’archéologie à l’Université de Lyon II. Il a rédigé son mémoire sur l’étude architecturale des sources écrites et iconograhiques décrivant le Phare d’Alexandrie. De 1998 à 2004, il a co-dirigé l’étude des citernes d’Alexandrie avec I. Hairy et participé à de nombreux travaux au sein du CEAlex. De 1999 à 2003, il a été architecte de la Mission Archéologique au Balouchistan, Pakistan, dirigée par Roland Besenval, Directeur de Recherche au CNRS, UMR 9993. Yves Guyard nous a quitté en septembre 2003.Guillaume HairyArchéologue, responsable de l’antenne PACA et Languedoc-Roussillon pour la société d’archéologie préventive Archeodunum. Il a participé aux chantiers archéologiques terrestres et subaquatiques du CEAlex pendant sept [email protected] HairyArchitecte-archéologue, CEAlex, CNRS, USR3134, architecte DPLG, diplômée du CEAA Architecture et Archéologie, doctorante en archéologie à l’Université de Lyon II. Durant quatre années, elle a participé aux missions archéologiques de Tanis, Égypte, sous la direction de Ph. Brissaud. Elle a été architecte-archéologue des fouilles de l’Institut Française d’Archéologie

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sanctuaire de Zeus à Jérash en Jordanie, sous la direction de Jean-François Salles. [email protected] MorhangeProfesseur à l’Université d’Aix-Marseille (département de géographie) et Directeur de Recherche au CEREGE à Aix-en-Provence (CNRS, UMR 6635). Il travaille depuis près de 20 ans sur l’évolution des paysages côtiers en Méditerranée en interaction avec l’occupation humaine. Auteur d’une centaine de publications scientifiques sur les littoraux méditerranéens, il a également publié un ouvrage grand public, Méditerranée, 250 millions d’années d’évolution des paysages, paru en 2007. [email protected]éraldine NaterArchéologue, diplômée de l’université de Neuchâtel en 2007 avec un mémoire de licence portant sur des tombes égyptiennes d’époque gréco-romaine. Elle est collaboratrice scientifique au Laté[email protected] NennaDirecteur de Recherche au CNRS, UMR 5189, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, Lyon. Après avoir passé sept ans à l’École Française d’Athènes, elle est entrée au CNRS en 1994. Spécialiste de l’artisanat du verre et de la faïence, elle a coordonné les fouilles de la nécropole du Pont de Gabbari et du chantier de Terra Santa effectuées par le CEAlex entre 1997 et 2004. Elle co-dirige avec Jean-Yves Empereur la publication de la nécropole de Gabbari : deux volumes sont déjà parus, Nécropolis 1 et 2 et deux autres sont en pré[email protected] PetitpaArchéologue, elle a participé à de nombreux chantiers de fouilles en France et en Égypte, notamment au CEAlex. Elle prépare une thèse d’histoire sur les prêtresses dans l’Égypte ancienne, sous la direction de Laure Pantalacci, à l’Université de Lyon II. Elle est actuellement professeur d’histoire dans le [email protected]érie PichotIngénieur d’études au CEAlex. Archéologue et archéométallurgiste, elle dirige la fouille de la presqu’île de Maréa en bordure du lac Mariout et intervient sur différents sites en Égypte et en Grèce en tant qu’archéologue de terrain ou pour l’étude du mobilier métallique antique. [email protected]

du Proche-Orient à Beyrouth, Liban (1995). Arrivée au CEAlex en 1996, elle s’est vu confier l’étude du système hydraulique alexandrin, responsabilité qu’elle a partagé avec Y. Guyard de 1998 à 2004, année de la disparition de notre collègue. Depuis, elle a repris la direction de l’étude et prépare une monographie sur le sujet. Spécialiste de l’architecture antique, elle dirige depuis 1997 la fouille subaquatique et les études sur le site du Phare d’Alexandrie. Au travers de la restitution graphique des architectures immergées. elle tente d’appréhender les applications pratiques des sciences alexandrines à l’époque gré[email protected] JacqueminArchéologue responsable d’opération à l’Association pour les fouilles archéologiques nationales (Afan), elle s’intéresse à l’archéologie funéraire (étude des sépultures par l’approche anthropologique). Son activité porte également sur les contraintes et les enjeux des réalisations d’inventaires archéologiques (création et gestion de base de données informatique). À Alexandrie, elle a dirigé avec Francis Choël la fouille d’un secteur de la Nécropolis et celle du Patriarcat Grec Orthodoxe (Chantier de Fouad)[email protected] MachinekArchitecte-archéologue au CEAlex, elle fait des recherches sur l’architecture militaire d’Alexandrie depuis l’époque médiévale jusqu’à nos jours. Elle achève une thèse sur le fort Qaitbay à Alexandrie, sous la direction de M. Klinkott à l’Université Technique de Karlsruhe (Allemagne)[email protected] MarchIngénieur de recherche, chargée de mission à l’IFPO (Amman) depuis 2006 où elle a été chercheur associée de 1999 à 2002. Architecte DPLG, diplômée en 1998, elle a obtenu, en 1999, un DPEA « Architecture et Archéologie » avant de soutenir, en 2002, à l’Université de Lyon II, un DEA sur La réutilisation des sanctuaires romains de Jérash-Gerasa à la période byzantine, le temple haut du sanctuaire de Zeus et autres exemples. Elle a travaillé au CEAlex de 2003 à 2006 comme co-responsable, avec Laurent Borel, du projet de conservation et de mise en valeur de la citerne el-Nabih. Elle est aujourd’hui chargée du projet d’étude, de restauration et de mise en valeur du

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Présentation des auteurs

Patrice PomeyDirecteur de Recherche au CNRS. Ancien membre de l’École française de Rome (1971-1974), il a été directeur des Recherches archéologiques sous-marines (Ministère de la Culture, 1984-1991) et directeur du Centre Camille Jullian (Université de Provence, 2000-2008). Spécialiste d’archéologie maritime et navale, d’histoire des techniques et d’archéologie sous-marine, il a dirigé de nombreuses fouilles sous-marines dont celle de l’épave romaine de la Madrague de Giens (1972-1981). Parmi ses nombreuses publications, citons L’épave romaine de la Madrague de Giens, Paris 1978 (en collaboration). Archeologia Subacquea, Milan, 1981 (en collaboration avec P. Gianfrotta). La Navigation dans l’Antiquité (Aix-en-Provence, 1997). Construction navale, maritime et fluviale. Approche archéologique, historique et ethnologique (Archaeonautica 14, 1998, en collaboration avec E. Rieth). L’archéologie navale (Paris, 2005, avec E . Rieth). Il est directeur de la collection [email protected] Rifa - Abou El NilIngénieur d’Études en Archéologie au CEAlex où elle est chargée de la gestion du dépôt de fouille et de l’inventaire de ses collections. Co-responsable d’opération, en 1996-97, lors de la fouille du chantier du Diana, elle en poursuit l’é[email protected] SennouneOccupe actuellement le poste d’iconographe au CEAlex dans le cadre de cette exposition. Elle a obtenu une maîtrise en Histoire de l’art et Archéologie à l’Université d’Aix-Marseille I sur Le portrait peint à Florence au Quattrocento avant de travailler de 1992 à 2001 à l’Afan (Association pour les fouilles archéologiques nationales). Elle a soutenu une thèse en septembre 2008 à l’Université de Lyon II, sous la direction de Jean-Yves Empereur sur Les relations de voyage à Alexandrie du VIe à 1798 avec un corpus d’environ 250 ré[email protected]écile ShaalanIngénieur d’Études, responsable du service de topographie et de cartographie au CEAlex. Diplômée de l’École Supérieure des Géomètres-Topographes en 1997, elle dirige les relevés topographiques sur les fouilles archéologiques. Elle assure le classement, la numérisation des cartes et plans des collections, ainsi que leur diffusion. Par ailleurs, elle a entrepris des recherches sur la cartographie historique d’Alexandrie du

XVe jusqu’au milieu du XXe siècle dans le cadre d’une thèse dirigée par J.-Y. Empereur. [email protected]élène SilhouetteArchéologue formée au sein de l’AFAN, elle a effectué différentes missions en Égypte entre 1996 et 2001. Elle a ainsi été chargée par Jean Yves Empereur, à Alexandrie, de la dernière campagne de fouille du site du Cricket Ground en 1997 et d’une zone de la nécropole de Gabbari en 1998. Elle a ensuite participé aux fouilles du site de Taposiris, en Égypte avec la Maison de l’Orient. Employée par l’INRAP depuis 2000 en tant que responsable d’opération, elle a été co-responsable de la fouille des parkings de Bordeaux en 2002. Elle est actuellement responsable de la base archéologique de Pessac en [email protected] SimonyArchéomaticienne et céramologue, elle a travaillé au CEAlex sur le S.I.G. alexandrin dans le cadre d’un stage de Master Archéomatique (Université François Rabelais de Tours)[email protected] TorabVice-doyen de la faculté de Damanhour, professeur de géomorphologie, il s’intéresse à la dynamique des paysages en relation avec les changements climatiques et l’occupation humaine. Il a fondé et dirige également the Egyptian association of Environmental Changes. Parmi ses publications, citons Principles of Physical Geography (Al Falah Press, Al Ain, UAE, 2003) et Landforms (Al Falah Press, Al Ain, UAE, 2004). [email protected]ès TricocheChercheuse associée dans l’équipe «Archéologie du Monde grec et systèmes d’information» à la Maison René-Ginouvès (Nanterre). Elle a soutenu en 2007 une thèse à l’université de Paris X, sous la direction d’A.-M. Guimier-Sorbets, récemment publiée sous le titre L’eau dans les espaces et les pratiques funéraires d’Alexandrie aux époques grecque et romaine (IVe siècle av. J.-C. – IIIe siècle ap. J.-C.), Archaeopress, BAR International Series 1919, Oxford, 2009. S’intéressant à toutes les formes d’interactions culturelles dans le bassin Méditerranéen antique, elle mène actuellement une recherche sur les graffiti figurés d’Egypte aux époques ptolémaïque et impériale, avec le soutien financier de la Fondation Michela Schiff Giorgini (Lausanne, New York, bourse 2008-2009). [email protected]