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LE MOUVEMENTMASCULINISTE AU QUÉBEC

L’antiféminisme démasqué

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Sous la direction de MÉLISSA BLAIS et FRANCIS DUPUIS-DÉRI

LE MOUVEMENTMASCULINISTE AU QUÉBEC

L’antiféminisme démasqué

les éditions du remue-ménage

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Couverture : Tutti FruttiInfographie : Claude BergeronRévision : Rachel Bédard, Élise Bergeron et Thomas Déri

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationalesdu Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Vedette principale au titre :Le mouvement masculiniste au Québec : l’antiféminisme démasquéComprend des réf. bibliogr.ISBN 978-2-89091-271-71. Mouvement masculiniste - Québec (Province). 2. Antiféminisme - Québec

(Province). I. Blais, Mélissa, 1978- . II. Dupuis-Déri, Francis, 1966- .HQ1090.7.C2M68 2008 305.3209714 C2008-940605-2

© Les Éditions du remue-ménageDépôt légal : deuxième trimestre 2008Bibliothèque et Archives CanadaBibliothèque et Archives nationales du Québec

Les Éditions du remue-ménage110, rue Sainte-Thérèse, bureau 501Montréal (Québec) H2Y 1E6Tél. : 514 876-0097/Téléc. : 514 876-7951info@editions-remuemenage.qc.cawww.editions-remuemenage.qc.ca

Distribution en librairie (Québec et Canada) : Diffusion DimediaEn Belgique : SDL CaravelleEn Europe (sauf la Belgique) : La Librairie du Québec à Paris/DNMAilleurs à l’étranger : Exportlivre

Les Éditions du remue-ménage bénéficient du soutien de la Société de développement desentreprises culturelles du Québec (SODEC) pour leur programme d’édition. Nous remer-cions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise duProgramme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activitésd’édition.

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Table des matières

Avertissement ............................................................................................. 9

IntroductionQu’est-ce que le masculinisme ?............................................................... 11

Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri

« Liberté, fraternité, masculinité » : les discoursmasculinistes contemporains du Québec et la perceptiondes femmes dans la France révolutionnaire........................................... 33

Ève-Marie Lampron

Un terreau antiféministe ........................................................................... 55Diane Lamoureux

Marc Lépine : héros ou martyr ? Le masculinisme etla tuerie de l’École polytechnique............................................................ 73

Mélissa Blais

Le discours masculiniste sur les violences faitesaux femmes : une entreprise de banalisation de ladomination masculine............................................................................... 93

Louise Brossard

Cyberviolence : le discours masculiniste sur les femmes ..................... 111Mathieu Jobin

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L’homophobie sournoise dans l’idéal masculindes masculinistes........................................................................................ 127

Janik Bastien Charlebois

Le chant des vautours : de la récupération du suicidedes hommes par les antiféministes.......................................................... 145

Francis Dupuis-Déri

L’influence du masculinisme auprès de l’État : le débatautour de la réforme du Conseil du statut de la femme....................... 179

Karine Foucault

L’activisme juridique, le divorce et la garde des enfants :backlash sur les gains essentiels du mouvement féministe ................... 195

Josianne Lavoie

Lorsque des actions masculinistes ciblent des féministes .................... 211Émilie St-Pierre

Le mouvement des femmes du Québec face à la montéede l’antiféminisme : affirmation et renouveau ....................................... 227

Marie-Ève Surprenant

ConclusionLe masculinisme comme mécanique de contrôle des femmes ............ 239

Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri

Annexe — Suggestions de lectures pour poursuivre la réflexion ....... 253

Notes biographiques.................................................................................. 255

Remerciements ........................................................................................... 259

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Avertissement

Des féministes ayant écrit sur le mouvement « masculiniste » au cours desdernières années ont été la cible de poursuites judiciaires. Il semble qu’il yait là une stratégie d’intimidation. Nous nous attendons malheureu-sement à de pareilles attaques. Pour éviter les équivoques et, si possible,de perdre notre temps dans des procédures judiciaires pénibles, nous pré-cisons d’entrée de jeu que cet ouvrage traite d’un mouvement politiqueréel, conscient de lui-même, que nous appelons « masculinisme », mêmesi certains de ses participants préfèrent s’identifier par d’autres étiquettes.Tous les éléments de ce mouvement n’ont pas en partage des idées iden-tiques et ne sont pas tous responsables des actions que mènent leurs alliéset camarades de lutte. Dans tous les cas, il n’en reste pas moins que noussommes en présence d’un vaste mouvement social, fonctionnant en réseauet composé de plusieurs acteurs individuels et collectifs et qui, même s’ilsagissent souvent de manière autonome, partagent néanmoins un cadred’analyse général, poursuivent des objectifs sensiblement similaires etont des intérêts communs, intérêts qui rejoignent souvent ceux de tous leshommes.

Quand, dans cet ouvrage, nous analysons le mouvement masculi-niste et discutons de tels faits, gestes et paroles attribués au mouvement entant que mouvement, il est évident que certains de ces éléments peuventne pas y être explicitement associés ni en être responsables. De la mêmemanière, toutes les féministes ne peuvent être tenues responsables dechaque fait, geste et parole du mouvement féministe. Cela n’empêche pasqu’il est possible de parler du mouvement féministe comme d’un en-semble (la même chose est vraie pour tous les mouvements sociaux :mouvement étudiant, pacifiste, écologiste, nationaliste, etc.).

Dans la mesure du possible et lorsque nécessaire, les groupes ou indi-vidus du mouvement masculiniste seront identifiés le plus précisémentpossible pour éviter les amalgames abusifs, ou au contraire seront traités

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de manière anonyme pour éviter de provoquer d’éventuelles poursuitesjudiciaires. Nous déplorons d’ailleurs le recours aux tribunaux contre lesauteures qui produisent des textes d’analyse sur le mouvement masculi-niste, car cette approche mine les débats publics et nuit à leur intelligibilité.

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Introduction

Qu’est-ce que le masculinisme?

Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri

Aujourd’hui au Québec, on retrouve en majorité ou parfois uniquementdes hommes à la direction de l’État et des grandes villes, des entreprisespubliques et privées, des institutions universitaires et religieuses, etmême des organisations criminelles comme la mafia et les gangs de rue.Les hommes sont en général plus riches que les femmes, occupent desemplois plus prestigieux et disposent de plus de temps libre. À l’inverse,on retrouve en majorité des femmes dans les emplois mal rémunérés etelles consacrent encore plus de temps que les hommes aux tâches (nonsalariées) domestiques et parentales. Les femmes ont en général moinsd’argent que les hommes. Elles sont la cible de la violence la plus brutaleentre les sexes, soit dans leurs relations intimes, soit dans l’industrie de lapornographie et de la prostitution.

Malgré le discours largement répandu de « l’égalité-déjà-là1 », et celuiplus agressif du « féminisme-qui-est-allé-trop-loin », force est de constaterque le patriarcat — soit la domination, l’oppression et l’exploitation de laclasse des femmes par la classe des hommes — est encore bien vivant,même s’il est vrai que les féministes ont réussi des avancées importantes,au prix de longues luttes.

Depuis quelques années, l’idée que les hommes vont mal et qu’ilsvivent une crise d’identité gagne des adeptes. Cette prétendue crise de lamasculinité aurait une cause : les femmes, et surtout les féministes, qui

1. Christine Delphy, « Retrouver l’élan du féminisme », Le Monde diplomatique, mai 2004,p. 24-25.

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domineraient la société québécoise d’aujourd’hui, alors que les hommes,déchus, seraient relégués dans des rôles méprisables. Les chaînes detélévision diffusent des documentaires et des émissions spéciales à cesujet. Des lettres paraissent dans les journaux. Un conseiller municipalpropose l’adoption par la Ville de Montréal d’une « Journée de l’homme ».Des activistes déguisés en superhéros grimpent sur des ponts pour ydéployer des banderoles frappées du slogan « Papa t’aime ! ». Des parti-sans de la « cause des hommes » engagent des poursuites judiciaires contredes professeures, des militantes et des journalistes féministes. Des sitesInternet qui dénoncent le féminisme et appellent les hommes à se mobi-liser se multiplient.

La situation est si grave, à en croire le psychologue et sexologue YvonDallaire, que « nulle part il ne reste de territoire qui ne soit pas envahi parles femmes, sauf peut-être la collecte des vidanges2 ». Une telle affirma-tion ne fait pas figure d’exception. Serge Ferrand laisse entendre que« [c]omme territoire masculin, il n’y a plus grand chose. Les femmes ontdes gyms pour femmes seulement, des clubs féministes, et des tas de pro-grammes adaptés à leurs besoins... et on trouve ça normal. Mais, nous, ilnous reste quoi ? Les clubs de danseuses et les urinoirs3 ! » André Gélinasinsiste : « Un des premiers exploits du mouvement féministe a été, sansconteste, la fermeture des tavernes pour la seule raison qu’elles étaientinaccessibles aux femmes. [...] En tuant les tavernes on a tué un symbole,on a émasculé le Québécois4. »

Ces déclarations en apparence farfelues ne sont pas énoncées par desindividus excentriques et isolés. Yvon Dallaire a enseigné à l’Universitédu Québec à Montréal, présidé le congrès Paroles d’hommes à l’Universitéde Montréal, publié plusieurs ouvrages au Québec et en France et il estrégulièrement interviewé dans les médias de masse, dont des magazinesféminins et la chaîne publique de Radio-Canada. Serge Ferrand est undocumentariste dont l’un des films sur la condition masculine a été diffuséà la télévision de Radio-Canada et il est l’auteur de plusieurs livres (publiéspar la maison d’édition d’Yvon Dallaire, Option santé). André Gélinas aété professeur en science politique à l’Université Laval, directeur des étudesà l’École nationale d’administration publique du Québec et directeur derecherche au ministère de la Justice. Il est l’auteur du livre L’équité salariale

2. Yvon Dallaire, Homme et fier de l’être, Québec, Option santé, 2001, p. 29.3. Serge Ferrand, Papa, à quoi sers-tu ? On a tous besoin d’un père, Québec, Option santé,

2003, p. 27. 4. André Gélinas, L’équité salariale et autres dérives et dommages collatéraux du féminisme au

Québec, Montréal, Varia, 2002, p. 138-139.

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et autres dérives et dommages collatéraux du féminisme au Québec et l’un desfondateurs du magazine électronique Homme d’aujourd’hui.

Ces hommes d’influence s’affolent devant certaines transformationsculturelles, politiques, économiques et sociales. Ils oublient toutefoisd’admettre l’évidence, soit que le pouvoir réel se situe dans des lieuxencore contrôlés en grande majorité par des hommes (ministères, conseilsd’administration des grandes compagnies, etc.). Contrairement à larumeur, les ressources publiques et privées pour personnes en difficulténe sont pas destinées qu’aux femmes. Les hommes ont accès, comme lesfemmes, aux divers services publics et privés comme les hôpitaux, lescliniques de santé et les lignes d’aide téléphonique. Les hommes ont engénéral plus aisément accès à des services d’aide privés, comme des psy-chologues, puisqu’ils ont plus d’argent que les femmes et des emplois boni-fiés de meilleurs avantages sociaux. Enfin, il existe des ressources pourhommes seulement, comme des maisons d’hébergement pour toxicomanesou itinérants ou pour pères séparés et des centres pour hommes violents.De plus, des campagnes de prévention et d’aide portent une attention par-ticulière aux besoins des hommes, dont celles sur le suicide (voir le chapitrede Francis Dupuis-Déri). Nos chantres de la cause des hommes oublientégalement de mentionner le très grand nombre d’institutions de socialisa-tion et de solidarité dont disposent les hommes, comme les équipessportives et autres fraternités, ainsi que des organismes tels que le RéseauHommes Québec où les participants peuvent discuter de masculinité etrecevoir de l’information au sujet de leurs droits en situation de divorce.

Qu’est-ce que le masculinisme?

Le discours alarmiste sur la situation des hommes relève d’un mouve-ment appelé ici le « masculinisme », qui a su attirer l’attention des médiaset se déployer habilement dans l’espace public. Or ce mouvement resteencore peu étudié et mal connu (voir, en annexe, quelques pistes biblio-graphiques). Le masculinisme est avant tout une forme particulière d’anti-féminisme. Cela dit, il n’y a pas de consensus quant à l’appellation àdonner à ce mouvement des hommes. Certains rejettent l’étiquette de« masculiniste », lui préférant celles d’« hoministe » ou d’« humaniste »5.Le responsable du site Internet Entregars explique ainsi la problématique :

Qu’est-ce que le masculinisme?

5. Voir Jean-Philippe Trottier, Le grand mensonge du féminisme ou Le silence sur la triple castra-tion de l’homme québécois, Montréal, Michel Brûlé, 2007, p. 171 et Yvon Dallaire, op. cit., p. 21.

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Certains hommes disent utiliser « hoministe » parce que « masculi-niste » possède une connotation négative aux yeux de plusieurs,surtout les féministes. Ce sont d’ailleurs les féministes qui se sontappropriées le terme « masculiniste » et se sont dépêchées à y accolerune perception négative. Je crois qu’il est beaucoup plus constructifde réhabiliter le qualificatif « masculiniste » que d’en utiliser un autreet diviser le mouvement, diluer les forces. [...] Le masculinisme doitdevenir l’équivalent — aux yeux de tous et toutes — du féminisme etêtre considéré positivement6.

Comme il semble impossible de trouver une étiquette acceptée partoutes et tous pour désigner ce phénomène, nous retiendrons ici le termegénéral de « masculinisme » pour nommer ce mouvement social. Pourplusieurs, le masculinisme ne constitue pas un véritable mouvementsocial, et ne serait composé que d’un ensemble disparate et non structuréd’individus peu sérieux, plutôt isolés et marginaux, et même psychologi-quement déséquilibrés, à qui il ne faudrait pas accorder trop d’attention.Pourtant, cette mouvance englobe un ensemble d’individus et de groupesqui œuvrent à la fois pour contrer le féminisme et pour promouvoir lesprivilèges et le pouvoir des hommes. Elle s’exprime à plusieurs voix pardes livres, des sites Internet, des textes publiés dans les médias et desmémoires déposés en commission parlementaire, ou lors de colloques etdans des documentaires sur la « condition masculine ». Elle compte aussides intellectuels7 en qui elle se reconnaît, et surtout des militants qui pra-tiquent le lobbying auprès des ministères et des politiciens ou mènent desactions directes symboliques ou de perturbation. Les thèses de ce mouve-ment sont défendues dans les médias, dans des films grand public, maisaussi de plus en plus dans les départements universitaires de psychologie,de travail social et de sexologie. En bref, cette mouvance constitue ce qu’ilest convenu d’appeler un mouvement social, et apparaît en ce senscomme une force politique qui s’oppose au féminisme.

Il existe une grande diversité de mouvements sociaux, dont le mou-vement féministe, étudiant, écologiste et pacifiste. Il y a des mouvementssociaux progressistes et d’autres plutôt conservateurs ou réactionnaires,

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Le mouvement masculiniste au Québec

6. « Un masculinisme français ? » (http ://www.entregars.com/taq070704mascufran-cais.htm).

7. À noter que nous utiliserons uniquement le masculin pour parler des acteurs du mou-vement masculiniste, considérant la forte majorité d’hommes qui le constitue, et ce,même si quelques femmes (Denise Bombardier, par exemple) et groupes de femmes(l’Association des secondes conjointes, par exemple) adoptent le discours masculiniste.

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comme le mouvement néonazi. En fait, ce n’est pas la légitimité de lacause qui définit un mouvement social, mais ses diverses composantes.Sept composantes sont nécessaires pour qu’il soit possible de parler d’unmouvement social : il doit y avoir (1) des militants ou militantes qui forment(2) des organisations (comités, associations, réseaux, journaux, etc.) et quiaffirment (3) représenter une identité collective (comme les femmes, les étu-diants, les hommes) et (4) défendre une cause commune, qui peut changerau fil du temps. Ces militantes ou militants s’engagent également en poli-tique (5) sur le mode du conflit, s’opposant à des adversaires et adoptant(6) une posture protestataire, voire perturbatrice, (7) en vue d’influer sur lesrapports sociaux, soit pour changer le système social, ou pour le préserver« devant ce qui menace de le dégrader »8. Dans ce dernier cas, le mouve-ment social est réactionnaire, plutôt que progressiste.

Ainsi entendu, le masculinisme est bel et bien un mouvement socialdont les membres partagent des idées et valeurs communes, malgré desvisées tactiques disparates et une certaine hétérogénéité interne qui s’in-carne dans diverses tendances plus ou moins radicales. Le masculinismeest une des formes que prend l’antiféminisme, soit un discours préten-dant que les féministes et les femmes dominent une société dans laquelleles hommes sont efféminés et n’ont plus de rôle significatif à jouer. Lemasculinisme récupère à son profit l’analyse et le mode d’organisationdes féministes pour en renverser le sens : l’analyse des rapports sociauxde sexe cherche maintenant à identifier les hommes comme victimes desfemmes dominantes, la notion de matriarcat remplace celle de patriarcat,et les hommes sont appelés à se joindre à des groupes d’hommes quiressemblent aux groupes de prise de conscience mis sur pied par lesféministes dans les années 1960 et 1970. Comme les féministes, les mas-culinistes proposent aux hommes de (re)développer leur capacité d’ac-tion et leur pouvoir, qu’ils auraient perdus au profit des femmes.

Cela dit, le chercheur québécois Jean-Claude St-Amant, de l’Univer-sité Laval (Québec), explique : « Oui, il y a des discriminations sur la basede la classe sociale où des hommes sont aussi victimes, mais ils ne le sontpas en tant qu’hommes. Donc à partir de concepts détournés de leur sens,les “masculinistes” se sont donné une légitimité, en disant par exemple, ily a du “féminisme”, pourquoi pas du “masculinisme”, il y a une condi-tion féminine, donc il doit y avoir une condition masculine9. » En d’autres

Qu’est-ce que le masculinisme?

8. Lilian Mathieu, Comment lutter ? Sociologie et mouvements sociaux, Paris, Textuel, 2004,p. 17-25 ; Guy Rocher, Introduction à la sociologie générale, Montréal, Hurtubise HMH,1997 (3e éd.), p. 505-512.

9. « “Masculinisme”. Petit historique » (http ://www.arte.tv/fr).

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termes, ce mouvement ne porte pas, comme le féminisme, un projet dejustice et d’égalité. Le mouvement masculiniste a pour objectif général decontrer l’émancipation des femmes. En ce sens, le masculinisme pourraitêtre considéré comme un « contre-mouvement », pour reprendre unenotion propre au champ d’étude des mouvements sociaux en sociologieet en science politique. Cette notion de « contre-mouvement » renvoie àl’idée de « contre-révolution » : chaque fois qu’il y a un vaste mouvementd’émancipation, les anciens maîtres se mobilisent pour contre-attaquer.

Le masculinisme dans l’histoire occidentale

Avant l’apparition du mouvement masculiniste à l’époque contempo-raine, des masculinistes se sont exprimés à plusieurs reprises depuisquelques siècles. Au côté des antiféministes cléricaux, par exemple, desmasculinistes parlent de crise de la masculinité à des moments où desfemmes s’organisent pour bousculer les rôles et les rapports de sexe. Cesmobilisations de femmes surviennent souvent lors de périodes où destransformations dans la sphère politique ou économique modifient lesrapports entre hommes, comme entre les nobles et les bourgeois, ou encoreentre les patrons et les employés. Face à ces transformations sociales, cer-tains cherchent un bouc émissaire : ici ce seront les immigrants, là les Juifs,et encore et toujours les femmes.

Quelques rares études, dont L’identité masculine en crise au tournant dusiècle, d’Annelise Maugue, ont documenté les précédentes « crises de lamasculinité », qui toutes se doublaient d’un ressac contre les femmes10.Déjà, dans la période turbulente de la Révolution française, des élémentsdu discours masculiniste se manifestent (comme le montre le chapitred’Ève-Marie Lampron). Les femmes sont accusées de se masculiniser etde menacer la distinction entre les sexes et la cohésion de la nation.Pourtant, la Révolution française ne s’accompagne pas d’une émancipa-tion des femmes, loin s’en faut : les républicains qui renversent la monar-chie et s’emparent du pouvoir interdisent aux femmes de voter et d’êtreélues, de porter les armes, de former des clubs et même de s’assembler àplus que cinq sous peine d’emprisonnement.

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10. Annelise Maugue, L’identité masculine en crise au tournant du siècle, 1871-1914, Paris,Payot, 2001 ; voir aussi Élisabeth Badinter, XY. De l’identité masculine, Paris, Odile Jacob,1992, p. 24-41.

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Il convient par ailleurs de souligner qu’au fil de l’histoire européenneet américaine, des bouleversements socio-économiques modifièrent lespourtours des clivages existants dans la classe des hommes et entraînèrent,par la même occasion, plusieurs problèmes. Ceux-ci ne sont pas le propredes soi-disant victoires du féminisme, mais des transformations, parexemple, du système capitaliste. Aux États-Unis, une « crise » de la mascu-linité éclate vers la fin du XIXe siècle, alors que les hommes connaissentune profonde transformation de leur identité économique : près de 90 %des hommes sont des travailleurs indépendants dans les années 1860, soitdes fermiers, des artisans ou des commerçants. À peine une générationplus tard, ils sont moins de 35 % à être indépendants. Parallèlement auprocessus accéléré d’industrialisation, survient une véritable « paniquemorale au sujet de la masculinité », face à une prétendue perte d’impor-tance de la musculature par l’introduction au travail de nouvellesmachines. Pour (re)valoriser la masculinité viriliste, des hommes mettentsur pied des associations pour garçons, comme les scouts. Certains pré-tendent que « l’habileté mécanique » est un attribut masculin, justifiantainsi l’exclusion des femmes des emplois en manufactures11.

L’Europe aussi est traversée par des discours sur la crise de la mascu-linité, en Allemagne et en France en particulier, vers le début du XXe siècle.Des études et des romans y présentent les femmes exerçant les rôles mas-culins traditionnels, alors que les hommes seraient condamnés à préparer« les confitures et les cornichons », voire à donner le sein aux bébés. Cette« crise » de la masculinité se dissipera par l’exaltation de la virilité mascu-line à l’occasion de la boucherie que fut la Première Guerre mondiale etpar la montée du nazisme porteur de l’image hypervirile du héros aryen12.

Le mouvement masculiniste contemporain émerge dans les années1980 en Occident, soit à un moment historique marqué par un ralentisse-ment ou même un recul de plusieurs mouvements progressistes (dont lemouvement syndical et le mouvement souverainiste au Québec), un dur-cissement du marché du travail qui fragilise les conditions matérielles denombreux travailleurs et travailleuses et un retour en force du conserva-tisme (Margaret Thatcher en Grande-Bretagne, Ronald Reagan aux États-Unis, Brian Mulroney au Canada). Ces trois phénomènes vont attiser lemécontentement de plusieurs hommes et pousser certains d’entre eux à

Qu’est-ce que le masculinisme?

11. Matthew Paterson, Automobile Politics. Ecology and Cultural Political Economy, CambridgeUniversity Press, 2007, p. 48 (merci à Martin Blanchard pour cette référence).

12. Annelise Maugue, op. cit. ; Élisabeth Badinter, op. cit. ; Jacques Le Rider, Le cas OttoWeininger. Racines de l’antiféminisme et de l’antisémitisme, Paris, Presses universitaires deFrance, 1982.

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chercher un bouc — ou une brebis — émissaire, les féministes et lesfemmes en général.

L’antiféminisme, comme le racisme, entre donc en résonance avecd’autres dynamiques socio-économiques et politiques, qui exacerbent savirulence. Ainsi, le racisme comme l’antiféminisme sont généralementmoins violents lorsque les hommes hétérosexuels à la peau blanchâtresavent profiter dans diverses sphères de leur vie de reconnaissance, deservices et de biens matériels. Ils cherchent des coupables, par contre,quand l’économie décline et que leur condition socio-économique sedétériore ou n’est pas à la hauteur de ce à quoi ils estiment avoir droit. Onciblera alors les immigrants et les immigrantes, les accusant de « voler » letravail des nationaux, ou encore les femmes, dont les percées dans l’espacepublic priveraient les hommes de la place qui leur serait due.

Le discours antiféministe décliné sur le mode masculiniste sembledonc d’autant plus cohérent et logique qu’il fait écho à des inquiétudesconcrètes et qu’il est au diapason des mouvements conservateurs par-ticulièrement forts et influents à partir des années 1980 en Amérique duNord. Cette cristallisation de la colère et du ressentiment de certainshommes contre un bouc émissaire a des avantages politiques pour lesdominants (voir le chapitre de Diane Lamoureux, sur l’impact de la mon-tée du conservatisme et sur la recherche d’un bouc émissaire). Blâmer lesfemmes permet de détourner la colère de la masse des hommes vers lesfemmes, évitant ainsi qu’ils ne confrontent les patrons ou les idéologueset politiciens néolibéraux qui sont en fait les vrais responsables de ladégradation de la situation.

Le mouvement masculiniste contemporain

Les années 1960 et 1970 au Québec sont marquées par de fortes mobilisa-tions féministes, qui aboutissent à une série de percées sur le front de l’édu-cation et du travail, à une plus grande liberté amoureuse (réforme dudroit au divorce), au contrôle par les femmes de leur corps (contraception,avortement) et à la mise en place de réseaux féministes et féminins,comme la Fédération des femmes du Québec (FFQ) et les centres d’héber-gement pour femmes violentées. Des hommes vont critiquer le féminisme,mais c’est seulement vers les années 1980 que commencent à poindre lespremiers signes du mouvement masculiniste. Certains prennent alors laparole publiquement pour dire que les hommes sont confus et qu’ils n’ontplus de repères à cause de l’influence des féministes.

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En 1984, l’écrivain Georges-Hébert Germain signe dans la revueL’Actualité un article qui dépeint la situation des « hommes après 20 ansde féminisme », auquel répond dans La Vie en rose Hélène Pedneault, quiparle avec cynisme des « femmes après des millénaires de masculi-nisme13 ». Germain citait le psychanalyste Claude Saint-Laurent, qui affir-mait que « le féminisme a créé chez l’homme une profonde insécurité etune fragilité émotionnelle qui le rendent beaucoup plus vulnérable auxmaladies psychosomatiques ». Germain en rajoute, prétendant — lui,l’écrivain publié dans L’Actualité — « que les hommes se sont tus [...] parcequ’ils ont acquis la certitude qu’on ne les écoute pas ».

Plutôt que de constater l’évidence, soit que les hommes sont encoredominants, le discours masculiniste qui émerge alors laisse entendre queles hommes se sont fait flouer par le féminisme, qu’ils doivent se reprendreen main et recomposer leur identité masculine. La féministe RosemaryRadford Ruether note, au sujet d’un mouvement similaire aux États-Unisdans les années 1980, que les problèmes des hommes ne semblent pasrésider dans les salles de réunion où ceux-ci prennent des décisions afinde conserver le pouvoir et les richesses...

Non, les problèmes des hommes prennent racine dans leur enfance,dans la famille où l’enfant mâle serait privé d’une figure paternelle etserait dominé par une mère forte. La solution aux problèmes deshommes serait de revivre cette lutte adolescente pour se libérer de lamère et retrouver le père absent. En réclamant une psyché masculineforte, les hommes pourront guérir leur identité masculine blessée.Point n’est besoin d’aucune analyse qui montrerait pourquoi lafamille est structurée de telle sorte que le travail domestique est prin-cipalement à la charge de la mère. Personne ne replace cette structurefamiliale dans le contexte plus large du pouvoir public masculin. Leshommes du mouvement des hommes ne semblent pas être conscientsque ces structures façonnent la famille. Ils se présentent comme lesvictimes tragiques de la domination maternelle14.

Qu’est-ce que le masculinisme?

13. Hélène Pedneault, « Y a-t-il un Georges-Hébert Germain dans la salle ? Ou le syndromedu couillon », dans H. Pedneault, Chroniques délinquantes de La Vie en rose, Montréal,VLB, 1988, p. 47.

14. Rosemary Radford Ruether, « Patriarchy and the Men’s Movement : Part of the problemor part of the solution », dans Kay Leigh Hagan (dir.), Women Respond to the Men’sMovement, San Francisco, Pandora, 1992, p. 16.

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Au Québec, le psychologue Guy Corneau lance en 1989 un livre rece-vant un accueil enthousiaste, Père manquant, fils manqué, dans lequel ilanalyse les problèmes des hommes, dans un face-à-face entre le père et lefils. Le psychologue y dénonce la mère dominatrice et castratrice qui« s’ingénie à briser la masculinité du fils au moyen de gestes et d’argu-ments souvent violents15 ». Comme le souligne avec ironie la féministeitalienne Patrizia Romito, que « les pères se tranquillisent : Corneau ne vapas leur demander de participer, ni de façon égale ni au moins en partie,aux soins quotidiens de l’enfant16 ». Pour Corneau, ce qui importe, c’estque « le fils soit en contact avec l’odeur du père, qu’il entende le son plusgrave de sa voix et qu’il virevolte dans ses bras17 ». L’approche masculi-niste de Guy Corneau agira donc comme une stratégie d’évitement faceau mouvement féministe, qui permet aux hommes à la fois de discréditerles femmes et les féministes identifiées comme la cause de leurs préten-dus malheurs, voire de la perte de leur masculinité, et de faire bloc, entrehommes, pour (re)valoriser cette masculinité perdue (voir le chapitre deJanik Bastien Charlebois).

En France, Dominique Frischer note l’émergence du mouvementmasculiniste dès le début des années 1990, alors que le mouvement fémi-niste est lui-même en crise. Selon Frischer, les médias français « accueillentà bras ouverts ceux qui brandissent l’étendard de la révolte contre la victi-misation des hommes. Un thème [...] où transparaissent des relents depropagande sexiste voire raciste. À propos des hommes traumatisés parun quelconque bouleversement des schémas traditionnels, la presse engénéral, y compris féminine, se fait immédiatement compatissante18 ». Lemagazine Marie-Claire, par exemple, propose un dossier sur le mal-êtredes hommes dès novembre 1994. Un an auparavant, c’est L’Événement dujeudi (7 octobre 1993) qui proposait un dossier intitulé « Le MLH attaque »,paraphrasant le Mouvement de libération des femmes (MLF) pour évoquerun mouvement de libération des hommes (d’où l’acronyme MLH). Si leresponsable du dossier, Jean-François Khan, précise qu’en France « le

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15. Guy Corneau, Père manquant, fils manqué. Que sont les hommes devenus ?, Montréal, éd.de l’Homme, 1989, p. 113 (voir aussi p. 115). À noter qu’il tiendra plus tard des propossympathiques à l’égard du féminisme, tout en continuant à se préoccuper de l’identitémasculine.

16. Patrizia Romito, Un silence de mortes : la violence masculine occultée, Paris, Syllepse, 2006,p. 171.

17. Guy Corneau, op. cit., p. 32.18. Dominique Frischer, La revanche des misogynes. Où en sont les femmes après trente ans de

féminisme ?, Paris, Albin Michel, 1997, p. 65.

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