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EXTÉRIEURS

A VENISE

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EXTÉRIEURSA VENISE

FRÉDÉRIC O'BRADY

Préface d'Orson Welles

GALLIMARD

roman

3» édition

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Il a été tiré de cet ouvrage quarante-trois exemplaires

sur vélin pur fil des Papeteries Navarre, dont quarantenumérotés de 1 à XL, et trois, hors commerce, mar-

qués de A à C.

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous les pays, y compris la Russie.

Copyright by Librairie Gallimard, 1950.

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à ANDRÉ GILLOIS

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Les personnes et situations décrites dans ce livresont entièrement imaginaires. En cas d'improbablesanalogies il ne peut s'agir que de coïncidences.

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Une des lois les plus sûres du théâtre est qu'onne peut pas tirer une farce de ce qui est déjà unef arce en soi. C'est peut-être pour cela qu'il arrivesi rarement d'être drôles à ceux qui prétendent

traiter sur le mode humoristique des choses ducinéma.

Le sujet même, en sa forme originale, naturelle,à l'état pur, est une comédie tellement pres-

tigieuse que les petites plaisanteries et pointesqu'on lui décoche rebondissent sur cette cible sansétincelle et sans écho.

J'ai pas mal d'expérience directe de cette tâche

délicate qui consiste à être plus drôle en parlantdu monde cinématographique qu'il ne l'est au

fond; et mon admiration, chaleureuse certes, estun peu penaude en saluant la réussite du franc

divertissement que mon ami Frédéric O'Brady aréalisé dans ce livre.

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EXTÉRIEURS A VENISE

Lorsque j'ai rencontré l'auteur pour la premièrefois, ses mains étaient pleines de marionnettes.

C'étaient de bonnes poupées, conçues d'une façonplus sommaire que je n'en avais jamais vu; et,entre les doigts experts d'O'Brady, désespérémentpoignantes et expressives comme seules des pou-

pées peuvent l'être.A cette histoire amusante il a apporté beaucoup

de son vieux métier de marionnettiste et il a doué

les figures invraisemblables de ce monde du filmd'une éloquence particulière qui leur donne l'au-thentique vertu des personnages de la vraieComédie.

ORSON WELLES.

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Le train de minuit arrivait à Venise. Darski

s'appuya contre la colonne en face de la voie 3 etferma les yeux devant les lumières de la loco-motive. Le haut-parleur disait quelque chosed'infiniment tragique avec une chute enmodeplagal sur les mots « Binari numéro tre.»

Une femme en passant posa une question rapideà Darski. Scusi, non capisco, répondit-il, trèsfatigué. Son profil de rabbin rasé trompaitsouvent les Vénitiens. Cela l'amusait. Sémite,Phénicien, Fenice, Fenise, Venise, qui sait. Venise,Shylock. Il Ghetto Vecchio. Races mêlées, bas-sin méditerranéen, les Maures en Sicile, Venise,port commercial, une sorte de Hansa du Midi, àl'époque pré-casanovienne, pré-barcarole, all thistrash, et ça continue avec le cinéma français, lesravages del cinema francese. Croisades. Feuxcroisés. All this trash. D'où est-ce déjà ce mottrash, se demanda Darski,' comme association

GUY ?

I

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d'idées, en tirant la poignée « Venise ». Je ver-rai ça plus tard, je suis trop fatigué, trop fatiguévraiment. Le groupe électrogène de la Scalera,la note de frais de Viglione, la lettre à dicterpour la maison à Paris. Pour la couleur locale, ahauthenticités de pellicule, ce fond de Palazzi en-soleillés, pour avoir ce fond sur pellicule, qued'argent, jusqu'à cette belle soirée d'hiver quandla queue se, formera enfin devant le Marignan.Chmontzès, le mot yiddish se superposa avechumour sur trash, et je suis là pour ça, rien quepour ça, les notes de frais de Viglione, le régis-seur italien bilingue interprète avec son méga-phone sur le pont de Canonica, per cortesia, si-gnori, signore, circolare, per javore, pendantqu'on tourne les transparences avec le pont desSoupirs, Viglione a ses frais, ses responsabilités demégaphone, ses frais de circolare, de gondole, decanal, de bacchanale, see Venice and die. Je suislà pour ça. Et le groupe électrogène.

Il reconnut le voyageur attendu avec sa barbe

et ses lunettes, un petit bonhomme très fin, trèspâle, très timide dont on disait qu'il aurait étéprofesseur de mathématiques dans un lycée deprovince. Une nouvelle qu'il avait écrite dans^l'ennui d'un dimanche et qu'il avait envoyée àun magazine féminin de Paris lui avait valu une

première offre d'une maison de production. Il

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GUY

avait divorcé deux ans plus tard, mais il avaitgardé sa barbe. Il avait épousé Arlette Mentonaprès le succès de Deux baisers, un coup de feu,mais il avait gardé sa barbe même quand onavait retourné La passion du quincailler enversion américaine à Hollywood. Guy Frollotétait maintenant bien arrivé, imbibé, assimilé,

succombé, il avait une cote sur le marché des

dialogues poignants sur pellicule, il avait toujourssa barbe de Topaze et les lunettes de Topaze, ils'habillait toujours un peu n'importe commentsauf pour les chemises bizarres et certaines vestesde velours que St-Germain-des-Prés lui avait im-posées.

Bonjour Darski.Bonjour monsieur Frollot. Content de vous

voir.

Alors c'est ça Venise ?

C'est ça Venise. Vous connaissez déjà ?Non. C'est vrai, il n'y a pas de taxi ? Une

gondole ?Mon cher, Venise est exactement ce que

vous imaginez. Même un peu plus. Un porteur ?Ce n'est pas la peine. Pas lourd.

Ils descendirent vers le canal en silence. Guyeut un choc devant cet étrange Ponte dei Scalzi.

Les Déchaussés ? Alors, ça commence.Gondoliere, dit Darski.

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Commandi, firent trois rameurs en va-reuse blanche.

Albergo Bonvequetia, dit Darski aprèsréflexion.

Bonvecchiati, firent les gondoliers avecindulgence.

Bonvecchiati. Quanto ?

L'un des rameurs se précisa.Mille. Il tariffo.

Un vieux s'avança pour mettre la valise de

Frollot dans la gondole et pour pousser la bananenoire. Il tendit la main ensuite sans ôter le mégotde sa bouche.

Combien qu'on donne ? Cent lire ?Vous êtes fou ? Dix, fit Darski.

Ecco cinquanta, e basta per bere alla miasalute, dit Frollot.

La gondole glissa au milieu du canal. « Com-binent, vous parlez l'italien ?» murmura Darski.Frollot ne répondit pas. Trois coups de rame etil était envoûté.

Arlette, je n'y penserai pas maintenant. (Ilallait demander à Darski la durée du trajet pourse préparer au choc.) Gâchis, quel gâchis, il fau-drait suivre les habitudes banales comme on croit

aux dogmes sans discussion, uniquement pour serassurer. Venir à Venise en voyage de noces, sefaire photographier au milieu des pigeons place

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GUY

St-Marc, mettre une croix sur la carte postale, cettefenêtre du Danieli, c'est la nôtre, et il fait un tempsmerveilleux. Voilà. C'est gâché. J'étais allé avecArlette à la mairie du XVIe; puis l'hôtel rue dePonthieu en attendant que l'appartement.L'étreinte matinale au son de l'aspirateur. « Direque j'aime ça », avait dit Arlette à genoux sur lelit le matin en me regardant. Voyage de noces,le cocktail pour Tyrone Power au George V lesoir même, la photo de Tyrone avec Arlette, tou-tes dents dehors pour Cinémonde. Arlette,Thérèse Grospiron dans le civil, fille d'un plom-bier des Batignolles, avec ce gros grain de beautéau milieu du dos auquel il ne fallait pas que jepense quand je tenais Arlette non plus qu'à sonvéritable nom Thérèse et Grospiron, sans quoi jedébandais immédiatement oui monsieur c'est

aussi enfantin que ça et si j'y pensais mainte-nant exprès, pourquoi ça ne me fait plus rien ?Avec un voyage de noces à Venise, le sceau clas-sique du mariage bourgeois, et avec un mariagetout à fait bourgeois elle ne m'aurait pas fait ça.

Comment va le travail ?

Bien en général. Nous avons eu du beautemps. Mon cher vous ne pouvez pas imaginerce que ça représente, ces dix-huit artistes de Paristransportés à Venise. Regardez-moi, je suis ici de-puis trois semaines, je n'ai rien vu encore, ni le

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Musée Correr, ni l'Accademia, ni le Palais desDoges, même pas Colleoni, moi qui le croyais aucentre de la ville. Je suis au bureau toute la jour-

née, et pendant que les acteurs vont au Lido etécoutent la musique place St-Marc moi je m'em-merde avec les questions administratives commepar exemple Mathilde Keller.

Elle est là ?i

Elle a encore cinq ou six plans à tourner.Tout le monde la fuit, d'ailleurs.

Et c'est une question administrative ?Elle ne trouve pas que le défraiement soit

assez. Par principe, parce que l'habilleuse toucheautant.

Darski imitait Mathilde Keller

« Ce n'est pas pour ça, qu'elle touche ses 6.000lire, je m'en fous, mais c'est le principe, le prin-cipe, une artiste comme moi, une grande ve-dette.»

Une grande vedette, murmura Guy endésapprouvant avec une profonde haine. Grandevedette, mon cul.

Exactement. Puis elle s'est servie d'un fer à

repasser électrique dans sa chambre, et elle abrûlé la couverture. Enfin. Prévenir la policetous les jours du nombre d'agents qu'il nous faut,pour arrêter la circulation de temps en temps,ou pour la maintenir naturelle, au contraire; la

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GUY

figuration sur place; la note de frais, et le groupeélectrogène de la Scalera que nous prenons enlocation, et l'appareil du son qui n'arrive pas àpasser la douane et nous tournons toujoursmuet. On synchronisera à Paris. la location des

gondoles et même d'un vaporetto.Un vaporetto ?PMais oui mon cher; avez-vous oublié les

plans 402 à 408 avec le vaporetto ? Vous êtesdrôles, vous autres scénaristes.

Guy sursauta.Ne m'appelez pas scénariste,Darski. Je trouve cela humiliant.»

Pourquoi ?C'est le métier le plus dégueulasse du

monde. On est déjà pourri quand on commenceà le faire et l'on pourrit tout doucement plusfort et plus loin par la suite.

Mais ça rapporte.J'en suis navré, Darski. Je vais d'ailleurs

changer de métier. C'est mon dernier film.Darski fit semblant de ne pas entendre; « C'est

quand même drôle on écrit un scénario àSt-Germain-des-Prés, et, comme conséquence, lespoliciers de Venise sont mobilisés et il faut louerun bateau à vapeur sur le Grand Canal. Directe-ment ou indirectement, des milliers de gens par-

ticipent déjà à cette histoire que vous avez in-ventée au Café de Flore.

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Je ne vais jamais au Flore, dit Guy.Alors au Montana.

Oui, au Montana, répondit Guy, distrait.Thérèse Grospiron ne serait jamais devenue

vedette sans le Montana, centre nerveux de tous

les égouts de St-Germain. Les provinciaux et lesétrangers y allaient jeter un coup d'oeil proba-blement pour « voir les existentialistes », maisn'y trouvaient que les écrivains ratés, inventeursde ces petites histoires violentes, navrantes,

pseudo-érotiques destinées à l'industrie-pieuvre dela pellicule, de ces nouvelles sans souffle sur deuxcolonnes, image et son, conçues en termes de grosplans, travellings et panoramiques. Leurs vête-ments pitoyables et prétentieux s'inspiraient deMurger et de Buffalo Bill et ces vêtements-là,

symboles d'une fausse virilité et d'une grandelassitude d'imagination, inspiraient à leur tourceux des jeunes comédiens sans travail, fraîche-ment sortis du cours de René Simon. Au bar

Montana l'atmosphère était celle d'une modes-tie profonde mais involontaire. Les écrivainsratés qui sautaient allégrement de leurs tabouretspour aller au téléphone discuter leurs affairesavec le Producteur («je marche pour 200.000 »)ou avec la Souris Bouleversante («tu peux meprêter mille francs, dis, petite ? ») croyaientsérieusement avoir créé quelque chose de pas-

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