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L’aLtermondiaLismeForums sociaux, résistances et nouvelle culture politique

sous la direction dePierre Beaudet, raphaël Canet

et marie-Josée massicotte

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Coordination de la production : anne-Lise Gautier, Valérie Lefebvre-Faucher, marion Van staeyen

typographie et mise en pages : Yolande martelPhoto de couverture : raphaël Canet

tous droits de reproduction et d’adaptation réservés. toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou téléchargement, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

© Les Éditions Écosociété, 2010Les Éditions ÉCosoCiÉtÉC.P. 32053, comptoir saint-andrémontréal (Québec), H2L 4Y5

dépôt légal : 3e trimestre 2010isBn 978-2-923165-67-7

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Vedette principale au titre :

L’altermondialisme : forums sociaux, résistances et nouvelle culture politique

Comprend des réf. bibliogr.

isBn 978-2-923165-67-7

1. antimondialisation. 2. mondialisation. i. Beaudet, Pierre, 1950- . ii. Canet, raphaël, 1974- . iii. massicotte, marie-Josée, 1971- .

JZ1318.a474 2010 303.48’2 C2010-941520-53

nous remercions le Conseil des arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication. nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PadiÉ) pour nos activités d’édition.nous remercions le gouvernement du Québec de son soutien par l’entremise du Programme de crédits d’impôt pour l’édition de livres (gestion sodeC), et la sodeC pour son soutien financier.

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Table des matières

Introductiondu néolibéralisme à l’altermondialisme (raphaël Canet) . . . . . . . . . . 8

première partieL’altermondialisme : naissance d’une autre vision du monde

L’émergence d’une nouvelle culture politique

1. Confronter la mondialisation néolibérale (marie-Josée massicotte) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

2. Forums sociaux mondiaux : origines, chemin parcouru, perspectives (Francisco (Chico) Whitaker Ferreira) . . . . . . . . . . 44

3. Le Forum social mondial et le renouvellement de la gauche mondiale (Boaventura de sousa santos) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

4. Forums sociaux et démocratie participative (Caroline Patsias) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

Mondialisation des Forums sociaux et luttes régionales

5. Le chávisme, un altermondialisme ? (thomas Chiasson-LeBel) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

6. Les trois Forums sociaux des amériques (dorval Brunelle) . . . 111

7. Les altermondialismes africains : les contraintes d’un espace de mobilisations international… et inégal (marie-emmanuelle Pommerolle). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129

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8. L’altermondialisme au pluriel en asie du sud et de l’est : multiplicités, complexités et tensions d’une mouvance citoyenne polymorphe (dominique Caouette) . . . . . . . . . . . . . 144

9. nature et évolution du Forum social européen (donatella della Porta) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

10. Le premier Forum social des États-Unis (UssF) mis en contexte (Jeffrey s. Juris, Jackie smith et le Collectif de recherche sur le Forum social) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182

11. Les dynamiques de l’altermondialisme au Québec (raphaël Canet, Janet Conway et Pascale dufour) . . . . . . . . . 201

deuxième partieL’altermondialisme en marche

Militer en réseaux

12. altermondialisme et internet (Éric George) . . . . . . . . . . . . . . . 223

13. Campement intercontinental de la jeunesse : changer le politique par la pratique (Jacques-andré dubois et Gabrielle Gérin) . . . . . . . . . . . . . . . 237

14 . Le mouvement syndical et l’altermondialisme, une recomposition des alternatives politiques (nathalie Guay et Jacques Létourneau) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254

Revendications et enjeux

15. attac et l’altermondialisme (Pierre Khalfa et Gustave massiah) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271

16. Féministes et altermondialistes ! L’exemple de la marche mondiale des femmes (nancy Burrows et michèle spieler) . . . 283

17. Luttes contre l’impérialisme et la militarisation du monde (Helga serrano) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 299

18. La renaissance politique des peuples autochtones des amériques (denise mendez) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 317

19. Les écolo-alters : justices environnementales, jeunesse et altermondialisme (Josée madéia Charlebois) . . . . . . . . . . . . 332

20. La bataille de l’eau (sylvie Paquerot) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 349

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21. La Vía Campesina et la souveraineté alimentaire (annette aurélie desmarais) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 366

22. Commerce équitable et altermondialisme : d’autres mondes ? (Geoffrey Pleyers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 385

troisième partieL’altermondialisme : chemins vers un autre monde

23. L’altermondialisme : présent et futurs (José Corrêa Leite) . . . . 407

24. L’altermondialisme face et au-delà de l’État (diane Lamoureux) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 427

25. au-delà de la crise (Walden Bello) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 442

26. mille Forums (Pierre Beaudet) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 451

ConclusionUne nouvelle culture politique (Pierre Beaudet, raphaël Canet et marie-Josée massicotte) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 463

Quelques mots sur les auteur(e)s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 471

Quelques titres essentiels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 476

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Introduction

Du néolibéralisme à l’altermondialisme

raphaël Canet

« Nous vivons actuellement la transition depuis notre système-monde présent, l’économie-monde capitaliste, pour aller vers un autre système-monde ou pluralité de systèmes-monde autres. Nous ne savons pas encore si ce sera pour le meilleur ou pour le pire. […] Ce que nous savons en revanche, c’est que cette période de transition sera très difficile à vivre pour ceux qui devront la traverser. Elle sera difficile pour les puissants de ce monde ; elle le sera également pour les gens ordinaires. »

i. Wallerstein

À chacun sa manière de concevoir le monde…nous partageons tous la même planète et pourtant nous ne partageons pas la même réalité. Bien que la production mondiale de richesse ne cesse de croître, la pauvreté et l’inégalité perdurent. alors que 40 % de la population mondiale, soit 2,5 milliards d’êtres humains, vit avec moins de 2 $ par jour1, le magazine Forbes dénombrait fièrement en 2010 plus de 1 000 milliardaires à travers la planète (dont 40 % pro-viennent des États-Unis)2. en 2009, plus d’un milliard de personnes a souffert de la faim dans le monde3, pourtant, plus de 50 % de la nour-

1. Programme des nations-Unies pour le développement (PnUd), Rapport mondial sur le développement humain, 2005, http://hdr.undp.org/

2. the World’s Billionaires, Forbes, 10 mars 2010, http://www.forbes.com/3. organisation des nations-Unies pour l’agriculture et l’alimentation (Fao), La faim

face à la crise, rome, Fao – Perspective économique et sociale, septembre 2009. http://www.fao.org/economic/

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riture produite aujourd’hui sur la planète est perdue, gaspillée ou jetée4. Par ailleurs, depuis les années 1990, pendant que le commerce s’intègre au niveau mondial, les guerres se poursuivent (irak, afghanistan, Palestine…), les génocides ressurgissent (rwanda, Yougoslavie, darfour) et les pressions sur l’équilibre environnemental augmentent. sous les effets conjugués de l’urbanisation, de la surexploitation des ressources naturelles, de la pollution et des changements climatiques, le taux d’extinction des espèces animales et végétales est désormais 1 000 fois plus élevé que le taux historique connu jusqu’à ce jour5.

nous pourrions multiplier les chiffres et les faits à l’envi afin de révéler tous les paradoxes et les dangers de notre monde globalisé. Là n’est pas notre propos. d’ailleurs, cela fait bien des années que des institutions internationales, des organisations non gouvernementales, des associations locales et des chercheurs de tous horizons documen-tent, quantifient, mesurent, analysent les multiples aspects de notre monde inégalitaire, injuste et destructeur6. nous cherchons plutôt dans cet ouvrage à savoir comment réconcilier ces réalités disparates, anta-goniques. Comment reconstruire un monde qui nous soit commun.

Pour changer le monde, il faut commencer par changer notre vision du monde. Car notre réalité contemporaine, à l’aube d’un nouveau millénaire, est faite de luttes idéologiques qui s’exacerbent pour répondre aux questions existentielles fondamentales : dans quel monde vivons-nous aujourd’hui ? Quel monde voulons-nous pour demain ?

rappelons-nous, l’année 1989 devait incarner la « fin de l’Histoire7 ». symbolisant la victoire de la démocratie libérale sur le socialisme, la chute du mur de Berlin semblait ouvrir la voie à une « mondialisation heureuse8 ». Les fractures est/ouest et nord/sud allaient se résorber

4. Programme des nations-Unies pour l’environnement (PnUe), The Environmental Food Crises : The Environment’s Role in Averting Future Food Crises, nairobi, février 2009, www.unep.org/

5. Convention sur la diversité biologique, Perspectives mondiales de la biodiversité, mai 2010, http://gbo3.cbd.int/

6. en ordre dispersé, voir notamment : Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation, Une mondialisation juste : créer des opportunités pour tous, Genève, oit, 2004 ; oXFam, « Promesses non tenues. Qu’est-il arrivé au dévelop-pement dans le cycle de doha de l’omC ? », Document d’information OXFAM, no 131, 16 juillet 2009, www.oxfamfrance.org/ ; Groupe d’experts intergouverne-mental sur l’évolution du climat (GieC), Changements climatiques 2007, Quatrième rapport du GieC, Genève, 2007, www.ipcc.ch/ ; Joseph stiglitz, Un autre monde, Contre le fanatisme du marché, Paris, Fayard, 2006 ; Pierre de senarclens, Critique de la mondialisation, Paris, Presses de science Po, 2003 ; Hervé Kempf, Comment les riches détruisent la planète, Paris, seuil, 2007.

7. Francis Fukuyama, La fin de l’Histoire ou le dernier homme, Paris, Flammarion, 1992.

8. alain minc, La mondialisation heureuse, Paris, Plon, 1997.

introduction

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grâce à l’élargissement progressif du marché mondial suite à l’applica-tion des sacro-saints principes néolibéraux par tous les pays du monde. La planète enfin réunifiée sous le dogme de la Théologie universelle capitaliste, cette narration dominante du monde que condamne riccardo Petrella9, permettrait l’essor serein, et à l’échelle globale, d’une société libérale de marché, peuplée de milliards de consomma-teurs dépolitisés.

L’illusion ne fut que de courte durée. très vite le caractère inique de cette vision néolibérale du monde et la volonté politique de l’imposer de force comme une pensée unique furent largement dénoncés. Ce qui se donnait à voir, c’était plutôt « l’horreur économique10 » et la « grande désillusion11 ». La fin de la guerre froide et la mondialisation néolibérale n’ont pas débouché sur l’avènement d’un marché global pacificateur, mais plutôt sur un nouveau cycle de luttes à l’échelle planétaire. Les sociétés civiles n’ont pas tardé à réagir devant cette nouvelle réalité qui était bien différente des discours néolibéraux les plus enjoués. Le visage du citoyen est soudain réapparu derrière le masque du consommateur, et l’espoir du changement avec lui. nous y reviendrons, mais avant, il est fondamental de comprendre comment nous en sommes arrivés là.

Archéologie du néolibéralismeLa vision néolibérale du monde et de la société n’est pas nouvelle. elle émerge durant la seconde Guerre mondiale en réaction aux politiques économiques keynésiennes qui se dessinaient afin de contrôler les effets dévastateurs du marché libre. depuis le colloque Lippman (1938) et la première réunion de la société du mont-Pèlerin en suisse (1947), les partisans du libéralisme à outrance se sont organisés pour fustiger l’État interventionniste qui s’affirmait. Celui-ci apparaissait pourtant comme un outil de développement collectif mettant en place toute une série de politiques (aide sociale, assurance-chômage, législation du travail) visant à garantir une plus grande justice sociale et à lutter contre les inégalités, sources de conflits, le tout en prenant soin de sti-muler la croissance économique. À leurs yeux, toute intervention de l’État dans le champ de l’économie ne pouvait conduire qu’à des dys-fonctionnements, pire, au totalitarisme12. Le marché fonctionnerait

9. riccardo Petrella, Pour une nouvelle narration du monde, montréal, Écosociété, 2007.

10. Viviane Forrester, L’horreur économique, Paris, Fayard, 1996.11. Joseph stieglitz, La grande désillusion, Paris, Fayard, 2002. 12. Friedrich a. Hayek, Droit, législation et liberté : une nouvelle formulation des

principes libéraux de justice et d’économie politique, Paris, PUF, coll. « Quadrige », 2007.

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comme un ordre spontané qu’il convient de laisser s’autoréguler seul, grâce à la fameuse « main invisible ».

Les néolibéraux ne représentaient à l’origine qu’un contre-courant marginal, presque groupusculaire. ils n’étaient guère plus d’une tren-taine en 1947 lors de la fondation de la société du mont-Pèlerin (smP), sorte de club de réflexion d’économistes néolibéraux. mais ils avaient des réseaux suffisamment puissants pour diffuser leur idéologie. La plupart enseignaient l’économie dans les plus prestigieuses universités américaines et européennes. Quatre des fondateurs de la smP (Friedrich Hayek, milton Friedman, George stigler et maurice allais) se sont vus par la suite décerner le prix nobel d’économie dans les années 1970 et 1980.

Les think tanks néolibéraux et leurs relais universitaires allaient donc se charger de porter la bonne parole à travers le monde. on les retrouve à l’origine de la création du Forum économique mondial de davos en 1971. ils sont aussi, par la voix des Chicago Boys (anciens étudiants de milton Friedman à l’Université de Chicago), les conseillers économiques du général Pinochet dans le Chili post-1973. Patiemment, ils diffuseront leur idéologie néolibérale, poursuivant minutieusement le travail de dénigrement du providentialisme et de l’interventionnisme étatique pour finalement en venir à marquer des points au tournant des années 1980. après une période d’incubation dans le laboratoire chilien, les élections de margaret thatcher en Grande-Bretagne (1979) et de ronald reagan aux États-Unis (1980) vont symboliser le triomphe du néolibéralisme dans le monde occidental. There is no alternative comme se plaisait à le marteler la « dame de Fer ». Cette utopie radicale est devenue, en l’espace de 40 ans, une idéologie dominante, hégémonique.

There is no alternative. Que ce soit à cause de la crise des années 1970, de la mondialisation des années 1990, ou encore des récentes crises financières (2008) et de la dette souveraine (2010), ce discours est toujours le même : nous n’avons pas d’autre choix que d’avaler la pilule néolibérale, couper dans les dépenses et les services publics, condamner l’État-providence pour s’en remettre corps et âme au tout-marché. C’est cela l’approche stratégique de la « pensée unique » : un modèle qui s’impose comme une évidence, un peu comme un phéno-mène naturel. il nous fait oublier qu’il est le fruit d’un pouvoir idéolo-gique qui s’est construit patiemment et méthodiquement depuis des dizaines d’années, saisissant toutes les occasions de l’histoire pour avancer un peu plus chaque fois.

il n’y a rien de naturel dans le néolibéralisme, rien de naturel dans la conception et les orientations de la mondialisation que ce courant politique véhicule. Le tout est pensé et mis en place par des êtres

introduction

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humains, résulte d’une volonté politique exprimée dans plusieurs pays par certains gouvernements, en somme il n’est qu’un choix intéressé fait par quelques-uns et imposé à tous. et dans ce travail d’imposition tranquille de la société néolibérale à tous les niveaux, les 40 Forums économiques mondiaux qui se sont tenus en suisse depuis 1971, de même que les centaines de Forums économiques régionaux qui se sont déroulés depuis aux quatre coins du monde, ont joué bien plus qu’un rôle de façade.

La mondialisation néolibéraleLa mondialisation néolibérale résulte de l’imposition à l’échelle globale d’un même modèle économique structuré autour des principes énoncés dans le Consensus de Washington13 et qui peuvent se résumer en trois mots : libéralisation, privatisation, déréglementation. toutes ces politi-ques convergent vers le même résultat : transformer la capacité régula-trice des instances politiques, notamment l’État, à l’égard de l’activité économique de manière à laisser libre cours aux lois d’un marché « autorégulé », tout en protégeant farouchement les « droits de pro-priété ». Ce modèle vise, à terme, l’intégration de l’ensemble des écono-mies du monde en un vaste marché libéralisé de biens et de services.

Cette forme de mondialisation qui s’affirme dans les années 1980 et s’impose au tournant des années 1990 incarne donc le triomphe du néolibéralisme. elle se fonde sur une conception exclusivement écono-mique du phénomène de mondialisation, suppose le dépassement des frontières commerciales, l’érosion de la capacité régulatrice des États, l’unification d’un vaste marché mondial livré aux firmes multinatio-nales et l’essor du capitalisme financiarisé. elle véhicule un type de société essentiellement fondé sur les principes de la responsabilité et de la liberté individuelles (à chacun selon ses capacités, tant que cela n’empiète pas sur la liberté des autres), qui valorise la réussite person-nelle, la concurrence et la loi du marché, et débouche nécessairement sur la dissolution des valeurs de solidarité. mais ce qu’il est intéressant de noter, c’est que ce modèle de société néolibérale et d’État minimum ne pouvait être mis en place que par les pouvoirs politiques eux-mêmes.

13. Le Consensus de Washington tire son nom d’un texte de l’économiste John Williamson qui a défini, en 1989, 10 recommandations, notamment en direction de l’amérique latine, afin de développer les pays aux prises avec la crise de la dette. La Banque mondiale et le Fmi ont ensuite décidé de subordonner leurs prêts à l’adop-tion de politiques économiques inspirées de ces thèses. John Williamson (dir.), Latin American Readjustment : How Much Has Happened, Washington d.C., institute for international economics, 1989.

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dans une première phase, à la suite de la crise de la dette du début des années 1980, ce modèle fut imposé par les institutions financières internationales (Banque mondiale et Fonds monétaire international pour ne citer qu’elles) aux pays les plus lourdement endettés du sud. Ceux-ci devaient abdiquer leur souveraineté économique et adopter des plans d’ajustements structurels (privatisation des entreprises publiques, libéralisation et déréglementation des marchés, réduction des dépenses publiques…), en échange de nouveaux prêts pour honorer leur dette.

Les 10 recommandations du Consensus de Washington

1. Discipline budgétaire 2. Réorientation des dépenses publiques 3. Réforme fiscale 4. Libéralisation financière 5. Adoption d’un taux de change unique et compétitif 6. Libéralisation des échanges 7. Élimination des barrières à l’investissement direct étranger8. Privatisation des entreprises publiques9. Dérégulation des marchés 10. Prise en compte des droits de propriété

C’est ensuite à la faveur du bouleversement géopolitique du monde occasionné par la chute de l’Union soviétique (1989-1991) que la mondialisation néolibérale a pu entrer dans sa phase de maturité. tout un mécanisme d’accords commerciaux à géométrie variable (multilaté-ralisme, régionalisme, bilatéralisme) va alors pouvoir se déployer à la surface de la planète afin de concrétiser ce rêve d’un marché mondial où les firmes multinationales pourraient s’adonner à un commerce global sans entraves, où les biens, les services et surtout les capitaux pourraient circuler librement. dans tout ce processus, la signature de l’accord de libre-échange nord-américain (aLÉna) entre les États-Unis, le Canada et le mexique, et le traité de maastricht en europe, en 1992, puis la création de l’organisation mondiale du commerce (omC) en 1995, constituent des dates charnières importantes. Ces institutions fournissent les cadres techniques et juridiques qui vont permettre à la mondialisation néolibérale de se développer, en créant « les conditions propices aux investissements et au développement du marché ». Pour boucler la boucle, aurait dû s’ajouter à cette architecture l’accord multilatéral sur les investissements (ami) qui fut négocié dans le cadre de l’oCde durant la deuxième moitié des années 1990. Cependant, cet accord qui aurait permis aux firmes multinationales de protéger leurs

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investissements de toute réglementation limitant leurs profits attendus fut heureusement bloqué par les ripostes populaires. Parce que cette mondialisation néolibérale ne tarda pas à s’attirer les foudres des mouvements sociaux et générer de vastes mobilisations citoyennes.

Un autre monde est possible !dès les années 1980, les populations des pays du sud affectés par les ajustements structurels du Fmi et de la Banque mondiale avaient réagi localement contre ces politiques mises en œuvre par leurs propres gouvernements. et la première étincelle des mobilisations populaires contre le néolibéralisme mondialisé est venue du Chiapas, avec l’insur-rection zapatiste lancée le 1er janvier 1994, jour de l’entrée en vigueur de l’aLÉna, par les autochtones de la région la plus pauvre du mexique. très vite, des mobilisations de toutes sortes se sont enchaî-nées, toujours plus massives, colorées et innovantes partout à travers le monde. elles ont pris de multiples formes, celle, classique, de la grève (comme le mouvement social de novembre-décembre 1995 en France ou la grève massive en argentine contre le Fmi en 2000), celle des manifestations de rue contre l’omC (seattle, 1999 ; Cancun, 2003 et Hong Kong, 2005), la Banque mondiale et le Fmi (Prague, 2000), le G8 (Birmingham, 1998 ; Gênes, 2001) ou encore les projets d’intégra-tion régionale (contre l’aPeC à manille en 1996, la ZLÉa à Québec en 2001, l’europe à nice en 2000 puis à Barcelone en 2002). Ces luttes ont aussi mené à des mobilisations transnationales (comme la lutte contre l’ami en 1997-1998 ou les sommets des peuples contre la ZLÉa dans les amériques), des marches massives contre la guerre (10 millions de personnes à travers le monde en février 2003), des pétitions monu-mentales et internationales (24 millions de signatures pour l’annulation de la dette des pays du tiers-monde en 1999), ou encore des actions spontanées du type Reclaim the Streets (10 000 personnes ont envahi la City de Londres en 1999). L’arrogance des élites de ce monde, dont le Forum économique mondial de davos est devenu l’incarnation la plus grossière, semble avoir précipité l’éclosion d’un « nouveau prin-temps des peuples » à l’échelle du monde.

Cette résurgence des luttes sociales s’est accompagnée de la création de nouveaux espaces publics critiques aux quatre coins du globe et à toutes les échelles, afin de permettre à cette vague de contestation mondiale de déboucher sur un processus de transformation sociale. en somme, de passer du stade de l’opposition et de la dénonciation du modèle dominant à celui de la proposition et de la construction de modèles alternatifs. depuis la tenue du premier Forum social mondial,

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à Porto alegre au Brésil en janvier 2001, des centaines de Forums sociaux furent organisés à différents niveaux à travers la planète.

Lieu de convergence d’une très grande diversité de mouvements, organisations et simples citoyen(ne)s qui profitent de ces moments privilégiés pour échanger, se connaître et se reconnaître, renforcer leurs alliances, partager leurs expériences de lutte, favoriser la participation et l’éducation populaire, mais aussi pratiquer des alternatives de consommation et de vie, les Forums sociaux se présentent aujourd’hui comme le creuset d’une nouvelle utopie, le lieu d’éclosion d’une culture politique novatrice visant la construction d’un monde meilleur. C’est en ce sens que nous pouvons définir l’altermondialisme comme l’utopie portée par cette mouvance hétérogène d’acteurs sociaux, souhaitant construire un monde émancipé du néolibéralisme et de l’impérialisme, reposant sur une conception horizontale des rapports de pouvoir et une vision positive de la diversité.

Le programme est ambitieux et, comme tous les projets de transfor-mation sociale, il se heurte au scepticisme. Cela n’est pas propre à l’altermondialisme. Chaque fois que quelques braves se sont lancés « à l’assaut du ciel », il s’en est trouvé des centaines d’autres, contemplatifs, attendant la chute pour justifier leur passivité. et pourtant, en son temps, qui aurait cru à la fin des privilèges et des ordres, à l’abolition de l’esclavage et, plus récemment, au droit de vote des femmes ? or, ils n’étaient pas nombreux les utopistes démocrates au xviiie siècle, les utopistes abolitionnistes au xixe siècle et les utopistes féministes au xxe siècle. Pourtant, le monde a changé. réservons-nous le droit d’être des utopistes altermondialistes au xxie siècle.

Le scepticisme est consubstantiel au changement social. tout comme la peur de l’inconnu, de l’étranger, hante la plupart d’entre nous. nous n’y pouvons pas grand-chose car nous sommes ici dans l’ordre de la croyance, de l’irrationnel. reste l’ignorance qu’il nous faut combattre de toutes nos forces. nous ne pouvons laisser le scepticisme se parer des apparats de la rationalité en s’appuyant sur l’ignorance.

telle est l’ambition de cet ouvrage collectif. il vise une meilleure compréhension de la mouvance altermondialiste, de sa diversité et de ses luttes concrètes, de ses aspirations et de ses propositions, ainsi que des nombreux Forums sociaux où elle se rassemble. il se veut un outil à la fois de réflexion et d’action, destiné aux jeunes étudiant(e)s, aux militant(e)s et aux citoyen(ne)s de tous âges. il regroupe les contribu-tions de nombreux spécialistes du monde entier qui font partie de cette mouvance altermondialiste, à la fois chercheurs/ses et activistes, et qui souhaitent partager leurs savoirs et analyses. il entend aussi donner la parole aux mouvements et faire état de leurs revendications.

introduction

Extrait de la publication

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Cet ouvrage collectif est divisé en trois parties. La première porte sur les logiques de l’altermondialisme et des Forums sociaux. elle tente de saisir toute la portée transformatrice du phénomène, son histoire et les défis politiques qu’il soulève. elle permet aussi de prendre la mesure des dynamiques régionales (europe, asie, afrique, amériques) qui se manifestent grâce à l’extension mondiale de la formule des Forums sociaux. La seconde partie nous plonge dans l’exploration de la « galaxie » altermondialiste. Bien sûr, nous ne prétendons pas ici à l’exhaustivité ; nous souhaitons simplement illustrer la diversité à la fois des stratégies d’action et des formes de mobilisation mises en œuvre par la mouvance altermondialiste, mais aussi ouvrir une fenêtre sur les mouvements en présence et les enjeux abordés. Finalement, une troi-sième partie ouvre sur les perspectives d’avenir de la mouvance alter-mondialiste et des Forums sociaux. esquisses de quelques pistes afin de construire un monde meilleur tout en abordant de front les défis que rencontre la mouvance altermondialiste aujourd’hui.

Un autre monde est possible, oui, mais quel monde ? de quelles alternatives parle-t-on au juste ? sur quel continent ? existe-t-il des exemples concrets de réalisations menées par des luttes spécifiques ? tout cela est-il réellement possible ? Le monde peut-il vraiment être changé ? Comment pouvons-nous agir en commun à partir d’une si grande diversité d’acteurs ? rassurons-nous. Le monde change, et il va continuer de le faire. La mondialisation néolibérale s’est déjà fortement enrayée. Le blocage des négociations multilatérales à l’omC, l’échec des négociations de la ZLÉa dans les amériques, le rejet populaire de la Constitution européenne, le discrédit jeté sur le G8 et son remplace-ment par le G20 sont autant d’éléments qui témoignent de l’impasse dans laquelle se trouve ce modèle. ajoutons à cela les crises systémi-ques, que ce soit la crise financière (2008) ou des dettes souveraines en europe (2010), la crise environnementale, les crises alimentaires et les guerres sans fin qui ne seront gagnées par personne et perdues par tous, et nous nous retrouvons, seulement 20 ans après le délire de la mon-dialisation heureuse et de la fin de l’histoire, dans un monde beaucoup plus instable, dans un monde à reconstruire. nous nous retrouvons face à de multiples alternatives, mais nous voulons croire que celle de l’alter-mondialisme reste la plus porteuse d’espoir pour les peuples du monde.

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Les 12 propositions du Manifeste de Porto Alegre (2005)

1. Annuler la dette publique2. Mettre en place des taxes internationales sur les transactions financières3. Démanteler progressivement toutes les formes de paradis fiscaux4. Faire du droit à l’emploi une priorité5. Lutter contre toute forme de discrimination6. Prendre des mesures urgentes pour mettre fin au saccage de l’environnement7. Promouvoir les formes de commerce équitable8. Garantir le droit à la souveraineté alimentaire9. Interdire toute forme de brevetage des connaissances et du vivant10. Garantir le droit à l’information11. Exiger le démantèlement des bases militaires12. Réformer et démocratiser en profondeur les organisations internationales

Comme le soulignait immanuel Wallerstein au début de ce texte, le processus de transformation actuellement à l’œuvre sera long et nous n’en sommes qu’au début. il faut donc nous armer de patience, mais nous pouvons d’ores et déjà nous satisfaire d’une chose : il ne s’agit pas de réinventer la roue. Pour cela il faut savoir à la fois tirer des leçons des expériences de transformation passées et regarder tout autour de nous. La plupart des solutions alternatives existent déjà, il faut juste que la volonté politique de les appliquer s’affirme. et, malgré la mau-vaise foi et l’immobilisme affichés par les gouvernements actuels des pays logés dans l’hémisphère nord, comme l’ont une fois de plus prouvé les négociations sur les changements climatiques tenues à Copenhague en décembre 2009, nous devrons nécessairement le faire. il est grand temps d’appliquer ce que la société civile a à proposer, pour que nos enfants, eux aussi, aient un avenir.

Lectures pour aller plus loin

Brunelle, dorval, Dérive globale, montréal, Boréal, 2003.Kempf, Hervé, Pour sauver la planète, sortez du capitalisme, Paris, seuil, 2009. Petrella, riccardo, Pour une nouvelle narration du monde, montréal, Écosociété,

2007.toussaint, Éric, Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des ori-

gines jusqu’à aujourd’hui, mons, éditions le Cerisier, 2010. Wallerstein, immanuel, L’utopistique. Les choix politiques du xxie siècle, La tour

d’aigues, éditions de l’aube, 2000.Whitaker, Chico, Changer le monde, [nouveau] mode d’emploi, Paris, éditions de

l’atelier, 2006.

introduction

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Sites Internet

Comité pour l’annulation de la dette du Tiers-monde (CADTM) : www.cadtm.org

Revue Mouvements : www.mouvements.infoCentre de recherche sur la mondialisation : www.mondialisation.caCentre tricontinental (CETRI) : www.cetri.beRéseau Initiatives pour un autre monde (IPAM) : www.reseau-ipam.orgCentre Europe Tiers-monde (CETIM) : www.cetim.ch

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première partie

L’altermondialisme : naissance d’une autre vision du monde

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Depuis le premier Forum Social Mondial dePorto Alegre en janvier 2001, au G20 de Toronto en juin2010 jusqu’au Forum Social Mondial de Dakar de demain, unesociété civile mondiale se réapproprie l’espace politique.

Qualifiée d’altermondialiste, elle affirme qu’un autre monde est possible !Mais de quoi parlons-nous exactement et qui trouvons-nous derrière cettedénomination ? Quels sont les enjeux de ce mouvement, voire de cesmouvements ? Ses défis présents et à venir ?

Véritable bible de l’altermondialisme, cet ouvrage dresse un état des lieuxexhaustif de cette mouvance hétérogène, en abordant ses origines, sesenjeux et ses multiples facettes. Les auteur(e)s, penseurs/ses et figuresaltermondialistes bien connu(e)s, combinent des analyses historico-politiques,régionales, organisationnelles et des mises en perspective des mouvementset de leurs revendications.

Faisant de la globalisation un enjeu des luttes sociales, le Forum socials’affiche comme un nouvel acteur politique, autonome vis-à-vis des partis et des gouvernements. Symbole visible et rassembleur d’un mouvement auxramifications illimitées, il constitue avant tout un pôle d’attraction et dedéveloppement pour nombre d’organisations et d’activistes du mondeentier. Mais s’appuyant sur des convictions inébranlables et une puissanteforce de mobilisation, ses militant(e)s débordent ces temps de rassemblementet mènent des luttes en faveur de l’eau, de la souveraineté alimentaire, ducommerce équitable, du mouvement des femmes, des peuples autochtones et de toutes les minorités, pour leur donner une « voix mondiale ».

Dépassant la simple protestation, contrairement à ce que certain(e)s laissententendre, pour formuler des revendications concrètes et développer denouveaux outils virtuels et pragmatiques, ces citoyen(ne)s « altermondialistes »résistent, proposent, agissent et inventent une nouvelle culture politique.Ils/elles parlent avant tout de solidarité, d’un agir ensemble, premiers paspour imaginer un vivre ensemble.

Pierre Beaudet est enseignant à l’École de développementinternational et de mondialisation de l’Université d’Ottawa etrédacteur de la revue les Nouveaux Cahiers du socialisme (NCS).

Raphaël Canet est professeur à l’École de développementinternational et mondialisation de l’Université d’Ottawa.

Marie-Josée Massicotte est professeure agrégée àl’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa.

ISBN 978-2-923165-67-7

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