Expos E Rue30 Nov

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Présentation du texte 3 : Le départ dans la rue de R. Lucchini L’enfant et la rue : remarques générales Le départ dans la rue est un processus qui peut être plus ou moins long. Pourtant les causes de départ évoquées dans la plupart des récits d’enfants sont le comportement violent de la mère ou du beau-père et le départ est souvent décrit comme relié à un événement unique et d’une séparation soudaine. Les médias mettent également l’accent sur cette vision du départ soudain de l’enfant dans la rue et on aussi tendance à assimiler la présence d’enfants dans la rue avec la pauvreté. Cette vision des choses n’est pas fausse mais incomplète car elle ne prend pas en compte deux éléments 1. le rôle que l’enfant joue dans son départ du foyer familial 2. l’attrait que la rue exerce sur l’enfant Le passage de la maison à la rue est donc dû à plusieurs facteurs qui sont liés et qui forment un système. Les différents facteurs qui favorisent le passage de la maison à la rue a) les contraintes familiales b) la mobilité spatiale (beaucoup de mobilité du à la précarité de l’emploi, la spéculation immobilière, la mise en ménage de la mère avec un autre homme) c) les caractéristiques de l’espace urbain (distance entre le domicile familiale et l’endroit ou l’enfant passe la journée, transports…) d) les contraintes de la rue (dangers, possibilités objectives de survie, présence d’autres enfants dans la rue) e) les initiatives de l’enfant et le bilan qu’il dresse de son expérience dans la rue. Il est essentiel de prendre en compte et connaître ces cinq facteurs pour savoir qui est l’enfant en situation de rue et de comprendre ce qu’il a poussé à partir dans la rue.

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Présentation du texte 3 : Le départ dans la rue de R. Lucchini L’enfant et la rue : remarques générales Le départ dans la rue est un processus qui peut être plus ou moins long. Pourtant les causes de départ évoquées dans la plupart des récits d’enfants sont le comportement violent de la mère ou du beau-père et le départ est souvent décrit comme relié à un événement unique et d’une séparation soudaine. Les médias mettent également l’accent sur cette vision du départ soudain de l’enfant dans la rue et on aussi tendance à assimiler la présence d’enfants dans la rue avec la pauvreté. Cette vision des choses n’est pas fausse mais incomplète car elle ne prend pas en compte deux éléments

1. le rôle que l’enfant joue dans son départ du foyer familial 2. l’attrait que la rue exerce sur l’enfant

Le passage de la maison à la rue est donc dû à plusieurs facteurs qui sont liés et qui forment un système. Les différents facteurs qui favorisent le passage de la maison à la rue

a) les contraintes familiales b) la mobilité spatiale (beaucoup de mobilité du à la précarité de l’emploi, la spéculation

immobilière, la mise en ménage de la mère avec un autre homme)

c) les caractéristiques de l’espace urbain (distance entre le domicile familiale et l’endroit ou l’enfant passe la journée, transports…)

d) les contraintes de la rue (dangers, possibilités objectives de survie, présence d’autres enfants

dans la rue)

e) les initiatives de l’enfant et le bilan qu’il dresse de son expérience dans la rue. Il est essentiel de prendre en compte et connaître ces cinq facteurs pour savoir qui est l’enfant en situation de rue et de comprendre ce qu’il a poussé à partir dans la rue.

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Le rapport à la rue Comme on l’a déjà vu l’image de la rue et le rapport que l’enfant entretient avec la rue ne sont pas partout les mêmes. (Chine/Rio) Ils varient selon trois éléments :

1. le développement socio-économique 2. la culture 3. les couches sociales Le rapport à la rue dépend avant tout des fonctions remplies par la rue ainsi que par la nature de l’espace construit. Il est également lié à une distinction minimale entre sphère publique et sphère privée (en effet, si il n’y a pas de séparation entre un foyer familial dans une maison et la rue, l’enfant fera déjà l’expérience de la rue avec ses parents) et à la définition de l’espace personnel. Il faut également prendre en compte les espaces communautaires qui ont une logique sociale différente de la sphère publique. Tous ces éléments influencent la construction individuelle et communautaire du « sens of place » que j’ai traduit par l’appartenance, l’attachement à un espace, à un lieu. Le « sens of place » se définit par ses fonctions identitaires et matérielles de l’espace. Les fonctions identitaires qui sont liées aux espaces communs très forts sont renforcées par le degré d’organisation sociale et par la manière dont se développe la solidarité. Au contraire, les fonctions identitaires sont affaiblies quand il n’y a pas de ressources pour organiser l’entraide. Les couches populaires marginalisées ne peuvent pas entretenir des espaces privées. En effet, dans ces classes sociales, la rue fait partie du quotidien, l’habitation est ouverte sur la rue et la rue y pénètre. En général, les enfants en situation de rue ne se trouvent pas dans les rues périphériques où ils habitent mais dans les rues du centre-ville ainsi que dans les rues commerçantes, car c’est là que les enfants y trouvent le plus de ressources. Il n’y a pas une rue mais des rues. Les ruelles, les boulevards, les carrefours, les marchés couverts, les gares, les stations de bus, les chantiers, les terrains vague font tous partie de la rue et chacun de ces espaces à ses propres caractéristiques et fonctions. Les enfants organisent leur quotidien en fonction des ressources matérielles, sociales et symboliques qu’ils trouvent dans la rue. L’image que les enfants se font de la rue est construite selon les expériences vécues dans la rue. Elle évolue donc au cours du temps et fait partie des ressources symboliques. En bref, tous les éléments dont je viens de parler influencent le rapport que l’enfant entretient avec la rue et l’image qu’il s’en fait

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La légitimité de l’enfant dans la rue La définition sociale de l’enfant influence sur la présence ou non d’enfants dans la rue. Dans les pays du Nord, le statut de enfant est devenu un statut à part entière, il n’est plus considéré comme un adulte miniature ou imparfait mais est considéré comme un être à part entière avec des droits spécifiques à son statut. Ainsi, l’urbanisation, la définition de classe moyenne ainsi que l’instauration de l’école obligatoire ont contribué à séparer les enfants de la rue Il y a aussi une séparation de plus en plus marquée entre la famille et la communauté, ce qui provoque également la privatisation de la famille.

La présence prolongée de l’enfant dans la rue perd sa légitimité Quand l’enfant est essentiel dans la survie de la famille (comme c’est le cas dans la plupart des pays du Sud), la notion même d’enfant disparaît et l’enfant est intégré au monde adulte ( pas d’espace réservé pour lui).

La rue devient un espace légitime qu’il peut fréquenter comme c’est le cas dans les bidonvilles où la rue fait partie intégrante de l’espace communautaire et donc du quotidien. Cette légitimité de l’enfant dans la rue est plus ou moins grande selon

- l’age de l’enfant - son activité (jeux, travail, oisiveté) - présence d’un adulte

Eloignement et alternance Rue-Maison Comme on l’a vu le départ dans la rue est progressif et est relié à un apprentissage de la vie dans la rue. Il est relié à une multitude de facteurs dont le plus important est la tension entre l’autonomie que l’enfant revendique (de plus en plus importante au fur et à mesure qu’il fréquente la rue) et le contrôle parental. Lorsque le degré de tension dépasse ce que l’enfant peut supporter, il ne rentre plus à la maison. Dans la plupart des cas, le départ du foyer familial n’est pas définitif, il est plutôt assimilé a une fugue et non pas à une rupture définitive. Il y a souvent des retours périodiques de l’enfant à la maison. Tous ces retours à la maison font partie de la carrière de l’enfant en situation de rue. Fugue : cette notion est caractérisée par l’absence de plan préétabli, elle est également provisoire et n’exclue pas un retour à la maison. Le départ – fugue ne se produisent en général pas avant 10-11ans. Souvent le non-retour fortuit qui s’apparente à la fugue est un facteur dominant dans le déclenchement du départ dans la rue. Chez les enfants en situation de rue, il y a dans la plupart des cas, une intention de retour chez soi, même s’il y a une dialectique puissante entre l’attrait de la rue et la famille.

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On peut citer 3 motifs de départ

1. la violence domestique les enfants citent cette violence comme un motif de départ mais elle est souvent l’occasion qu’ils saisissent pour prendre de l’indépendance¨

2. le manque d’espace et la promiscuité domestique

il peut même arriver que les enfants soient expulsés la nuit par le parâtre

3. la séparation des parents (ou la mort d’un parent) C’est un motif de départ important surtout quand :

- la mère quitte le foyer domestique et l’enfant reste avec le parâtre - l’enfant est placé dans une autre famille (tante, grand-mère) - le nouveau compagnon de la mère est violent avec les enfants - les exigences financières de la mère envers l’enfant qui travaille dans la rue augmentent

Pour simplifier, on peut diviser enfants qui fuguent en deux catégories :

1) Enfant ne pouvant plus répondre aux exigences des parents (travail dans la rue) L’enfant fait un bilan entre les avantages que lui apportent la rue et les contraintes domestiques et c’est en fonction de cela qu’il décide de partir. Il y a aussi le cas des enfant qui ne sont pas soumis aux exigences parentales mais qui décident de partir pour s’affirmer en tant que personne, veut s’assumer tout seul.

2) L’enfant qui n’a pas choisi de partir Se présente comme victime de la violence domestique et cherche à susciter la compassion de l’adulte et à obtenir des avantages matériels.

Comme on l’a vu les enfants ne partent que rarement définitivement. Ils gardent pour la plupart des contacts avec plusieurs adultes de leur communauté d’origine. Lucchini distingue deux types de retour : a). la tentative de retour définitif L’enfant a l’intention de quitter définitivement la rue b). le retour de routine L’enfant rentre chez lui pour trois raisons principales :

- pour montrer son indépendance, son succès (rapporte des cadeaux, de l’argent) - pour des raisons affectives (nostalgie de la famille) - pour des raisons utilitaires ( se laver, changer d’habits, se reposer de la rue) - par des obligations (pour rapporter de l’argent)

Ces deux sortes de retour forme une alternance entre la rue et la maison. Quand l’enfant a de moins en moins d’avantage d’être dans la rue, il cherche une alternative à la rue.

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Les personnes de référence L’enfant dans la rue peut rencontrer des adultes auxquels il pourra s’adresser en cas de besoin. De manière générale, ce sont des femmes et sont appelées « tias » (tantes). (Elles leur donnent des vêtements, de la nourriture, un toit). La présence ou non d’une personne de référence est un des facteurs qui influence le retour à la maison de l’enfant (donc plus une relation est stable moins l’enfant aura tendance à retourner à la maison). Mais ces relations sont de courtes durées et l’enfant en est conscient. Face à ses personnes, l’enfant peut adopter deux sortes d’attitudes. Il peut premièrement essayer de clarifier la relation en provocant une crise ( vol) pour tester l’image que la tias a de lui. Il peut deuxièmement, avoir envers elle des exigences affectives qui peuvent s’exprimer par une demande d’adoption par exemple. Pour comprendre l’éloignement progressif et l’alternance entre la rue et la maison, il faut aussi se pencher sur le sens du temps et celui de l’espace qui se mettent en place chez l’enfant qui fait l’apprentissage des rues du centre-ville. L’enfant s’approprie l’espace et le temps. Les journées sont rythmées par des activités nouvelles et il y a un apprentissage de l’autonomie avec l’interaction avec l’espace Les enfants qui décident volontairement de partir intègrent de manière satisfaisante cet espace et ce temps à leur identité L’intégration à un groupe d’enfants en situation de rue favorise le départ de l’enfant dans la rue Dans la dynamique de l’éloignement, il ne faut pas négliger le coté provocateur de certains départs. Cela explique en partie pourquoi, à conditions familiales égales certains enfants partent alors que d’autre restent. Le cas de Colen et de Odair

Colen "l'apprentissage de la vie dans la rue Odair "le cas de la fugue" - Séparation des parents - Soit lire et écrire Rend la mère responsable (Rio) et se

solidarise avec le père (Nordeste). - Multiplie les fugues, ne se stabilise pas dans la

rue, s'oppose aux autres enfants (effet sur l'intégration.

- Deux types de départs : fuir (contrainte) - sortir (choix).

- Entre la rue et la maison (nulle part chez lui), parition marginale dans ces deux contextes.

- Eloignement progressif lorsque les parents se remettent à vivre ensemble.

Pas de référence pour intégrer son identité

Travaille dans la rue afin d'amener de l'argent à la maison; explore la ville et rencontre d'autres enfants.

- Son attente est de type identitaire

- Finalement reste dans la ville et entretient des contacts chez lui.

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Le départ dans la rue prend multiples formes, il n'est pas programmé par l'enfant. Ce passage dans la rue est un processus graduel d'éloignement. Or, se fixer sur une rupture brutale et définitive du départ dans la rue limite la compréhension et simplifie le phénomène des enfants dans la rue. Ainsi, vu sous cet angle, l'enfant est le fruit de la désorganisation familiale. L'apprentissage que l'enfant fait dans la rue lui permet d'établir un bilan (rationalité) sur des bases fondées d'éléments ludiques et contraignants entre le pôle de la rue et le pôle de la maison. Les stratégies de survie et le système de l’opportunité L’enfant de la rue est un acteur social qui élabore des choix et des opportunités à son profit. Le but est de mettre en évidence les compétences aussi symboliques que sociales qu’ont ces enfants et qui découlent sur les capacités d’adaptation aux conditions de vie dans la rue et de la manière dont ils l’utilisent. Ainsi, l’exemple de Paolo nous permet de voir comment la compétence verbale est un moyen de défense, il préfère utiliser le défi verbal pour s’affirmer plutôt que d’affronter quelqu’un plus fort que lui. A. Rationalité et stratégie

Les stratégies de survie font appel à la rationalité de l’enfant. Cette rationalité dépend (entre autres) des informations que l’enfant possède et de la capacité à les employer. Les stratégies peuvent être simples (échapper à un danger) ou plus élaborées (concerne la recherche de protection et l’affirmation de soi.

Facteurs qui accèlèrent le passage de l'enfant à la rue Différentes formes d'éloignement

- Présence d'un tuteur - La fugue - L'insertion dans un groupe , dans un

programme d'assistance. - La tentative de fuite

- Distance entre la rue et le domicile familial - Le départ fortuit - Multiplication des occasions de survie - La rupture-expulsion - L'identification avec les enfants de la rue - L'abandon de l'enfant - La consommation d'inhalants - Le retour à la routine - La satisfaction de la vie dans la rue - Le retour de rituels - La tentative de retour définitif - Le retour définitif - L'éloignement définitif

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Lorsqu’il s’agit de protection, les plus jeunes enfants la recherche dans ce qui se passe dans la rue (par ex. la nourriture), en revanche les plus âgés cherchent un projet à long terme afin de quitter la rue. Dans des contextes de négociation on distingue quatre types de stratégies: la coercition, la dissimulation, la persuasion et l’accommodation. Selon la circonstance l’une de ces stratégies peuvent être utilisés, en revanche elles ne s’insèrent pas dans des situations d’urgence (par exemple le vol d’un sac). La rationalité propre est limité par la nature de l’information du décideur, elle est aussi une fonction de la liberté de l’acteur social; étant donné qu’elle est conditionné par la culture, des différences peuvent exister parmi les rationalités propres aux différentes groupes sociaux, ainsi, par exemple dans les bidonvilles placer les enfants dans d’autres familles est une stratégie complexe que pour les classes moyennes est une immoralité dépourvu de rationalité. Du même, les enfants de rue adoptent des rationalités spécifiques conditionnées culturellement et émotionnellement.

B. Le système de l’opportunité

Pour M. Cusson l’opportunité est une triade constituée par les ressources propres à l’acteur, les occasions d’agir, et ses buts. Il s’agit de la rencontre d’une situation et la capacité de l’exploiter. L’occasion est l’élément brut de l’opportunité, celui-ci est élaboré en fonction des compétences, des buts et de l’appartenance sociale de l’acteur. Plus le système de l’opportunité est élaboré, plus l’acteur est autonome par rapport au milieu social concerné par l’opportunité. Ce système permet à l’enfant de prévoir les événements et de mieux utiliser la rue, de sorte que si l’enfant dispose de ce système la rue est vécue de manière positive (l’enfant se sent en accord avec son milieu, il se sent plus indépendant), en revanche les enfants qui ne la détiennent pas vivent la rue d’une manière négative Les différentes stratégies Le problème majeur que rencontrent les enfants est le passage de la nuit car il faut se trouver un abri contre les intempéries mais surtout contre les agressions. La recherche de protection auprès des policiers est une démarche individuelle qui concerne en général, les plus jeunes du corpus car ces derniers n’ont pas encore trouvé une insertion dans la rue et dans un groupe, ou, les enfants qui se sont faits expulser d’un groupe. Pour les enfants plus âgés (pré pubères et adolescents), la démarche est différente dans le sens où ils font partis d’un réseau.

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Dans les cas de la démarche individuelle, l’enfant devra négocier sa protection avec les policier. La stratégie qu’ils adoptent est souvent celle de la persuasion. Le discours direct permet de réactualiser le passé et dégager le sens de l’événement. Pour Windisch cette forme dialoguée a plusieurs fonctions :

1) C’est une preuve de ce que dit l’enfant. 2) C’est un moyen qui abolit le temps. 3) Cela permet de décrire l’événement sans analyser les faits. 4) C’est une stratégie qui sert à convaincre l’interlocuteur.

Ici, nous pouvons constater que : La rue conditionne les stratégies de survie mais la façon de vivre la rue diffère d’un enfant à l’autre ce qui influence les stratégies utilisées. La rue est ambivalente dans le sens ou elle mélange contraintes et libertés / danger source de survie / violence et complicité. D’autres stratégies :

• La stratégie de camouflage qui est pratiquée par tous les enfants. Cela démontre que ces enfants ne se livrent jamais complètement pour protéger sa sphère personnelle, sécuriser son identité et revendiquer son autonomie.

• La stratégie globale de sécurité qui demande un certain nombre de ressources sociales et

cognitive. Cette stratégie repose sur deux conditions :

1) La loi du silence 2) La visibilité contrôlée de l’enfant dans la rue.

Ces deux conditions sont interdépendantes car dans la rue tout se sait mais rien n’est dit.

• Parmi les stratégies de survie les plus fréquentes on retrouve celles qui permettent à l’enfant de s’octroyer une identité protectrice.

• Les stratégies de survie concernent aussi les relations que les enfants ont tissés avec les adultes qui ont un métier lié à la rue (policiers, marchands, chauffeurs…).

L’emploi de la force ne donne aucun résultat à terme. Ce sont les compétences symboliques qui qualifient la force car l’enfant engage sa personnalité et lui donne une ligne de conduite. Cependant le rythme de la rue ne permet pas toujours d’engager la force symbolique, c’est alors la force physique qui prime (courir vite). C’est à l’enfant de choisir sa stratégie selon le contexte. LES RESSOURCES SYMBOLIQUES

Concernent tout ce qui a trait aux significations et représentations sociales. Permettent la communication donc l’interaction sociale. Sont en relation avec la perception, l’évaluation, le classement de la réalité sociale

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Permettent l’adaptation à l’environnement. Les compétences symboliques donnent à l’enfant de la rue la capacité de se mettre à la place de son interlocuteur pour définir son intention. Elles permettent une plus grande qualité de survie, donc une grande satisfaction de la vie dans la rue. Certains enfants savent créer des situations pour les exploiter. Il s’agit là d’un système d’opportunité très structurés. La carrière d’enfant de la rue commence quand ce dernier arrive au centre ville et c’est l’expérience dans le centre qui va principalement composer l’identité d’enfant de la rue. La carrière de rue et l’identité de l’enfant sont étroitement reliées. La carrière est un système composé par :

1) les modalités du départ de la maison 2) l’évolution de ses références et de ses représentations 3) l’évolution de ses compétences instrumentales et symboliques 4) l’évolution de son insertion sociale dans la rue 5) le rythme et la nature des retours à la maison 6) la sortie de la rue