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Evolution des modèles d'élevage de porcs en Europe, entre performance technico-économique et acceptabilité sociale C. Roguet 1 , B. Duflot 1 , E. Delanoue 2,3 , M. Rieu 4 1 IFIP-Institut du porc, Pôle Economie, 35651 Le Rheu, France 2 Université Rennes 2, UMR 6590 ESO, Campus Villejean, 35043 Rennes, France 3 Institut du l’Elevage, 149 rue de Bercy, 75 595 Paris cedex 12, France 4 IFIP-Institut du porc, Pôle Economie, 34 boulevard de la Gare, Toulouse Papier préparé pour le colloque de la Société Française d’Économie Rurale « Structures d’exploitation et exercice de l’activité agricole : Continuités, changements ou ruptures? » 12-13 février 2015 Rennes, France

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Evolution des modèles d'élevage de porcs en Europe, entre performance technico-économique et acceptabilité sociale

C. Roguet1, B. Duflot1, E. Delanoue2,3, M. Rieu4

1 IFIP-Institut du porc, Pôle Economie, 35651 Le Rheu, France

2 Université Rennes 2, UMR 6590 ESO, Campus Villejean, 35043 Rennes, France

3 Institut du l’Elevage, 149 rue de Bercy, 75 595 Paris cedex 12, France

4 IFIP-Institut du porc, Pôle Economie, 34 boulevard de la Gare, Toulouse

Papier préparé pour le colloque de la Société Française d’Économie Rurale

« Structures d’exploitation et exercice de l’activité agricole : Continuités, changements ou ruptures? »

12-13 février 2015

Rennes, France

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Résumé

L’évolution de la production porcine depuis 2000 est caractérisée par une concentration structurelle, très forte dans certains pays. Elle se traduit par une progression rapide des performances techniques du fait de la disparition des élevages les moins efficaces, de la spécialisation des exploitations, de la modernisation des bâtiments et de l’amélioration consécutive des conditions de travail du personnel et de vie des animaux. Alors que l'intensification de l’élevage de porcs s’est accentuée ces dernières années, des entretiens menés auprès d’associations environnementales et de protection animale mettent en lumière une remise en cause totale de ce modèle intensif. Il lui est reproché de multiples effets négatifs, sur l’environnement, le bien-être animal, la sécurité sanitaire, les conditions de travail des éleveurs et l’emploi. L’arbitrage entre les mécanismes économiques de marché et les demandes sociétales relève des politiques publiques. Les citoyens et les consommateurs ont aussi une responsabilité dans les évolutions.

Mots clés : porc, élevages, performance, acceptabilité sociale, Union européenne

Version du 30/01/2015

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Introduction

Les élevages de porcs européens ont connu des évolutions structurelles importantes au cours du temps (Rieu et Roguet, 2012). La production porcine se fait dans un nombre toujours plus réduit d’élevages dont la taille est toujours plus grande alors que la productivité du travail augmente et que le recours au salariat se développe. De plus, dans quasiment tous les pays, la production porcine se concentre dans des « bassins », où les densités animales peuvent atteindre des niveaux très élevés : ouest de la France, nord-ouest de l’Allemagne, sud-est des Pays-Bas (Roguet et al., 2015).

Cette concentration structurelle et spatiale est source de gains de productivité, d’économies d’échelle et d’agglomération à tous les niveaux de la filière porcine, et de nombreux avantages permis par la proximité géographique des acteurs (Fujita et Thisse, 2002; Larue et Latruffe, 2009; Gaigné et al., 2011; Larue et al., 2011). Le marché du porc, libéral et très concurrentiel, conduit les acteurs de la filière à exploiter au maximum ces avantages.

Mais la concentration géographique est aussi source d’impacts négatifs sur l’environnement et la concentration structurelle se traduit par une intensification1 toujours plus forte de l’élevage de porcs. Ces évolutions se heurtent à une contestation voire une opposition de plus en plus forte de la part de la société dont la sensibilité à la qualité de l’environnement et aux conditions de vie des animaux elle aussi évolue.

Cet article s’intéresse au rôle dans l’évolution des exploitations porcines de ce rapport de force entre les déterminants économiques et sociologiques. L’étude porte sur la France et sur le nord de l’Europe (Allemagne, Pays-Bas, Danemark), premier bassin de production porcine de l’Union européenne (UE). Elle repose sur l’analyse des données de structures issues des enquêtes sur les structures et recensements agricoles, centralisées par Eurostat, et de performances techniques et économiques enregistrées dans les dispositifs de référence nationaux et comparées au sein du réseau international d’experts Interpig auquel participe l’IFIP. L’acceptabilité sociale des élevages de porcs et de leurs évolutions est étudiée au travers de l’analyse des controverses sur l’élevage réalisée en 2013 et 2014 par Delanoue et Roguet en France (2015) et par Roguet et Rieu dans le nord de l'Europe, notamment en Allemagne (2014).

La première partie de l'article décrit l’évolution structurelle des élevages de porcs. La deuxième étudie le lien entre caractéristiques structurelles des élevages et niveau de performance technique. La troisième présente les remises en cause auxquelles est confrontée la production porcine.

1. Concentration structurelle des élevages de porcs dans l’Union européenne

1.1. La concentration structurelle s’observe partout, mais à des rythmes différentes

L’évolution de la production et des exploitations porcines est caractérisée par une concentration structurelle qui peut être très forte dans certains pays. La taille moyenne des élevages augmente ainsi que la part de cheptel détenu par les plus grands d’entre eux. Ainsi, dans l’UE-15, le nombre d’élevages de truies est passé de 240 000 à 110 000 (-54%) entre 2000 et 2010 et le cheptel reproducteur de 12,7 à 11,3 millions de truies (-11%). La taille moyenne d’élevage a doublé. De plus, en 2010, près de la moitié (48%) du cheptel reproducteur de l’UE-15 est concentrée dans 5% des élevages, détenant plus de 500 truies (1 100 en moyenne) ; en 2000, ils étaient 2% à avoir plus de 500 truies et détenaient 25% du cheptel reproducteur (920 truies en moyenne).

Les dynamiques diffèrent entre les principaux pays producteurs de l’UE (Graphique 1). La concentration structurelle a été la plus forte au Danemark où 70% des élevages ont disparu en 10 ans et la moins forte en France (-40%). En France, le nombre d’élevages de truies2 est passé de

1 L'élevage intensif est une forme d'élevage qui vise à augmenter le rendement de cette activité, principalement en augmentant la densité d'animaux sur l'exploitation et en s'affranchissant du milieu naturel (confinement) 2 Elevages de plus de 20 truies soit 99% du cheptel

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10 000 à 6 200 entre les recensements agricoles de 2000 et 2010 et leur taille moyenne a cru de 140 à 180 truies (+28% en 10 ans). Au Danemark, il est passé de 7 700 à 2 600 élevages de truies entre 2000 et 2010, pour un cheptel quasi inchangé (+3%), et leur taille moyenne a cru de 170 à 520 truies (+200% en 10 ans). Depuis 2010, 27% des élevages danois de truies ont encore disparu en 3 ans ! Ils sont 1 900 en 2013 ; leur taille moyenne a encore augmenté de 20% et atteint 630 truies en 2013. A ce rythme, l’objectif que s’est donné la filière porcine danoise d’une production reposant sur 1 000 élevages de 1 000 truies en moyenne sera atteint d’ici 2020.

Le graphe d’évolution de la taille moyenne des élevages de truies (Graphique 1 b) illustre très clairement le virage pris au début des années 2000 par la production porcine au Danemark, comparativement aux autres pays. La filière porcine danoise s’est éloignée de son modèle historique complet, reposant sur la réalisation, au Danemark, de l’ensemble des phases de production de viande de porc : naissance et engraissement des animaux, abattage et découpe, transformation pour exporter des pièces et des produits finis. A la place, et très rapidement, s’est développé un flux important d’animaux vivants à l’export (porcelets principalement, mais aussi porcs destinés à l’abattage). Le modèle d’élevage est passé de l’exploitation familiale traditionnelle de 50 à 100 truies, associant naissage et engraissement, à l’entreprise de naissage, de 1 000 à 2 000 truies, reposant sur une main-d’œuvre salariée et des capitaux importants. En France, l’évolution structurelle a été plus douce, freinée en particulier par les choix politiques nationaux pour maîtriser les pollutions d’origine agricole. Dans les zones à forte concentration animale, source d’excédents structurels de nitrates, l’Etat français a choisi de figer les structures de production quand d’autres pays, comme le Danemark, ont imposé l’équilibre de la fertilisation.

Graphique 1. Evolution du nombre et de la taille moyenne des élevages de truies

Comparaison des cinq premiers pays producteurs de porcs de l’UE

Champ : tous élevages détenteurs de truies

(a) (b)

Source : Eurostat et sources nationales, traitement IFIP

Dans tous les pays, cette évolution structurelle se caractérise par la disparition des plus petites structures tandis que le poids des plus grandes dans la production s’accroît (Graphique 2). Au Danemark et aux Pays-Bas, le poids dans la production des élevages de moins de 200 truies est aujourd’hui quasiment nul alors qu’ils détiennent encore 45% du cheptel reproducteur en France et 39% en Allemagne. Si la situation allemande apparait globalement comparable à celle de la France, les différences de structures d’élevage sont importantes entre le nord-ouest3 du pays (51% des truies), le sud (25%) et l’est (24%). En 2010, les détenteurs de plus de 500 truies représentent

3 Division de l’Allemagne en trois grandes zones :Nord-ouest (Basse-Saxe, Rhénanie-Du-Nord-Westphalie, Schleswig-Holstein), Sud (Bavière, Bade-Wurtemberg, Hesse, Rhénanie-Palatinat, Sarre) et Est (Saxe, Saxe-Anhalt, Brandebourg, Thuringe, Mecklembourg-Poméranie). Il n’y a pas de porcs dans les trois villes-états, Brême, Berlin et Hambourg.

20

30

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50

60

70

80

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100

00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10

FR : -40%

ES : -53%NL : -54%

DE : -58%

DK : -69%

Nombre d'élevages de truies / à une base 100 en 2000

518

11495

125

380

0

100

200

300

400

500

600

1 985 1 990 1 995 2 000 2 005 2 010

Danemark

Pays-Bas

France

Allemagne

Espagne

Nombre de truies par élevage

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21,6% des élevages et concentrent 87,4% des truies à l’est, 3,6% des élevages et 21,2% des truies dans le nord-ouest, 0,4% des élevages et 5,1% des truies dans le sud.

Le dynamisme des filières porcines du nord de l’Europe a été rendu possible par la conjonction d’un ensemble de déterminants. Tout d’abord, le porc y est considéré comme un secteur économique stratégique dont il faut défendre la compétitivité : il représente 30% de la production agricole finale au Danemark, 13% en Allemagne, 11% aux Pays-Bas contre 5% en France. Ensuite, dans le cadre d’une compétition européenne voire mondiale, les acteurs s’accordent sur la nécessité de tout mettre en œuvre pour produire au coût le plus bas. Sur la base de ces deux principes, la stratégie nord-européenne s’est résumée à deux objectifs : (1) maintenir voire développer la production et (2) la restructurer pour faire face aux challenges économiques et réglementaires. Une sélection très sévère des élevages les plus efficaces s’est opérée au Danemark et aux Pays-Bas, acceptée par la profession et mise en œuvre par les banques et les Pouvoirs Publics. La profession a encouragé le développement d’un modèle d’élevage, de grande taille et très spécialisé, jugé plus performant. Ce choix ne se limite pas à la production porcine. La production laitière a aussi été fortement restructurée au Danemark et aux Pays-Bas et les élevages y ont aujourd’hui une taille moyenne bien supérieure à celle observée en France, avec 134, 75 et 45 vaches par ferme respectivement (Tableau 1).

Graphique 2. Evolution de la répartition du cheptel de truies par classe de taille d’élevage

Comparaison des cinq premiers pays producteurs de porcs de l’UE

Source : Eurostat, traitement IFIP

Tableau 1. Evolution du nombre et de la taille des élevages laitiers et porcins : 2010 / 2000

Comparaison entre les pays du nord de l’Europe et la France

Vaches laitières Porcs

Pays

Détenteurs Têtes

(x 1000) Taille moy.

Détenteurs Têtes

(x 1000) Taille moy.

France métro 2010 82 420 3 716 45 22 280 13 818 620

10/00 -35,8% -11,4% +38% -62,6% -7,1% +148%

Allemagne 2010 89 760 4 165 46 60 100 27 571 459

10/00 -41,2% -12,6% +49% -57,5% +5,6% +149%

Pays-Bas 2010 19 810 1 479 75 7 030 12 255 1 743

10/00 -43,5% -10,4% +59% -57,2% -9,7% +111%

Danemark 2010 4 250 568 134 5 070 13 173 2 598

10/00 -61,9% -11,2% +133% -67,2% +13,3% +246%

Total UE 15 2010 409 720 17 639 23,2 312 720 122 216 391

10/00 -43,3% -13,8% +61% -64,2% -0,2% +94%

Source : Eurostat, traitement RMT Economie des filières animales

32

78

26

54

34

63

1531

1019

8 1 6 2

2510

40

16 2312

0

20

40

60

80

100

00 10 00 10 00 10 00 10 00 10

1-99

100-199

200-499

>= 500 truies

Danemark FranceAllemagneEspagnePays-Bas

Truies (%)

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Finalement, comme l'ont analysé Rieu et Roguet (2012), l’évolution des structures d’élevage de porcs en Europe montre différents stades. Les petits ateliers de subsistance ou de commerce de proximité, autrefois très nombreux, ont quasiment disparu dans la partie occidentale de l’Europe. L’élevage de porcs s’est professionnalisé, avec des structures plus grandes, plus intensives et plus performantes, tirant partie d’économies d’échelle. Certaines grandes exploitations sont des poly-spécialistes, chaque atelier étant conduit de manière relativement indépendante. En poussant encore plus loin l’agrandissement et la spécialisation, jusqu’à ne réaliser qu’une seule phase du processus de production, l’activité prend un caractère industriel. Ceci est particulièrement vrai dans le nord de l’Europe. La spécialisation des élevages dans le naissage aux Pays-Bas et au Danemark est la conséquence d’une part, de contraintes environnementales croissantes (Roguet et al., 2010, Roguet et Rieu, 2011, 2012), d’autre part, d’une demande en porcelets en pleine expansion chez le voisin allemand. Entre 2000 et 2013, les exportations de porcelets par le Danemark et les Pays-Bas sont passées de 1,2 à 9,6 millions et de 1,9 à 6,4 millions de têtes respectivement et les importations de l’Allemagne de 1,7 à 10,3 millions de têtes ! Cette décennie a ainsi vu une accélération de l’intensification et de l’industrialisation4 de l’élevage de porcs dans ces pays, des évolutions aujourd’hui fortement critiquées par la société (cf. partie 3).

1.2. Facteurs économiques et politiques de la concentration structurelle des élevages

Cette concentration est influencée par des facteurs internes et externes à l’exploitation. La rationalisation de la conduite d’élevage (conduite en bandes des truies par exemple) et de la structuration des bâtiments, et le développement des technologies (automatisation des tâches, y compris désormais pour la traite des vaches) se traduisent par une productivité du travail accrue, d’autant que l’agrandissement permet d’accéder à des économies d’échelle dans la réalisation de certaines tâches (alimentation, nettoyage, traite…). L’agrandissement des ateliers d’élevage est aussi favorisé par le renforcement de la spécialisation des exploitations liée à la faiblesse des économies de gamme retirées de l’association de différentes productions dans une même exploitation (Perrot et al 2013). Il tient aussi au développement des formes sociétaires (comme en France) et au recours croissant à de la main-d’œuvre salariée (comme au Danemark et au Royaume-Uni, en Espagne ou en Allemagne).

Plusieurs facteurs externes interfèrent sur ce processus : la démographie et les politiques agricoles nationales (droit foncier, politique d’installation, existence et modalité de gestion des droits à produire…) ; les modalités de financement et la facilité d’accès au crédit ; les règles environnementales qui stimulent plus ou moins le processus d’agglomération de l’offre ; le rôle joué par les citoyens (lors des enquêtes publiques) quant à l’extension possible ou non des élevages (Roguet, 2013; Nicourt et Girault; 2004, Bonnaud et Nicourt, 2006) ; l’organisation de la filière et l’encouragement ou non à une restructuration dynamique. Ainsi, dans un marché très concurrentiel, les économistes danois et néerlandais justifient (encouragent) l’agrandissement des élevages pour comprimer les coûts et augmenter le volume produit par unité de capital ou de main-d’œuvre. Les avantages attribués à la taille portent sur le travail (conditions et productivité), les performances zootechniques (spécialisation du travail et des sites, sanitaire), l’adaptation aux exigences des engraisseurs, le pouvoir de négociation pour l’achat des intrants et la vente des porcelets ou porcs charcutiers (Hoste et Puister, 2009; Oster Hansen, 2013).

4 Le qualificatif « intensif » renvoie à une stratégie d’élevage : maximiser le produit tout en optimisant les intrants. Les performances des animaux sont maximisées par la sélection génétique et la conduite (alimentation, reproduction, santé). Les élever en bâtiments permet de s’affranchir du milieu (risque climatique et sanitaire). Le qualificatif « industriel » renvoie à un procédé de production : segmentation des différentes phases de production (naissage dans un élevage, engraissement dans un autre), automatisation/robotisation…

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2. Effet des évolutions structurelles sur les performances technico-économiques

2.1. Une progression des performances techniques plus rapide au nord de l’Europe

Avec la disparition des élevages les moins efficaces, la spécialisation et l’agrandissement des exploitations, la modernisation des bâtiments et l’amélioration consécutive des conditions de travail du personnel et de vie des animaux, les performances moyennes s’améliorent rapidement (Graphique 3). Entre dix ans, le nombre de porcelets sevrés par truie et par an a augmenté de 5,9 au Danemark (30,0 en 2013), de 5,2 aux Pays-Bas (29,0) et de 6,6 en Allemagne qui atteint la moyenne française (27,2) qui ne progresse elle que de 2,7 sur la période. Ces évolutions différenciées s’expliquent notamment par celles de la taille de portées. Au même niveau que la France en 2003, les éleveurs danois ont fortement progressé sur ce critère pour la distancer largement, avec 13,3 sevrés par portée en moyenne au Danemark en 2013 (+2,6 porcelets en 10 ans) contre 11,5 en France (+0,9 en 10 ans).

Graphique 3. Nombre de porcelets sevrés / truie / an, et par portée, de 2002 à 2013

Progression sur dix ans (2003-2013)

FR DK NL DE +2,7 +5,9 +5,2 +6,6

Progression sur dix ans (2003-2013) FR DK NL DE

+0,9 +2,6 +1,9 +2,4

Source : IFIP d’après Interpig et sources nationales

Les critères de la sélection génétique n’ont pas été les mêmes selon les pays. Les acteurs français de la sélection collective ont répondu aux demandes des éleveurs qui souhaitaient baisser le coût alimentaire en engraissement. Ils demandaient pour cela des portées homogènes, moins de pertes en maternité et un poids plus lourd au sevrage. En 2009, le critère de sélection « nés vifs par portée » a été remplacé par les critères « sevrés de la truie » et « sevrés par la truie » sur la lignée Large White femelle. Ces derniers accordent plus de poids aux qualités maternelles des truies mais sont moins héritables que le critère « nés vifs ». Si la France a perdu du terrain sur la productivité des truies, sa position concurrentielle sur le coût alimentaire en engraissement est meilleure d’après les données d’Interpig (Graphique 4, Duflot, 2013).

Graphique 4. Evolution du coût alimentaire en engraissement de 2002 à 2013

Source : IFIP d’après Interpig et sources nationales

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02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13

Nombre de porcelets sevrés par truie en production et par an

DK : 30,0

NL : 29,0

FR : 27,2DE : 27,1

Année 2013

9,0

9,5

10,0

10,5

11,0

11,5

12,0

12,5

13,0

13,5

14,0

02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13

Nombre de porcelets sevrés par portée

DK : 13,3

NL : 12,2

FR : 11,5DE : 11,6

Année 2013

0,40

0,45

0,50

0,55

0,60

0,65

0,70

0,75

0,80

0,85

02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13

Coût alimentaire en engraissement(en € / kg de croît vif entre 30 et 115 kg)

Moy. sur 5 ans (2009-2013)

DK - NL :0,677

FR : 0,643

DE : 0,694

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La dynamique de restructuration des élevages, plus rapide dans le nord de l’Europe qu’en France, explique une grande partie des écarts de progression technique. En appliquant aux élevages français les mêmes rythmes de concentration que leurs homologues danois ou néerlandais, la simulation de la réaffectation des capacités de production des producteurs les moins performants vers les plus performants montre que l’écart est réduit de 52 % par rapport au Danemark et de 53 % par rapport aux Pays-Bas (Graphique 5).

D’autres facteurs, structurels et humains, expliquent aussi les écarts. La spécialisation des exploitations ou des sites d’élevage en naissage ou en engraissement, fréquente aujourd’hui dans le nord de l’Europe, conduit à accorder une importance plus grande à la productivité numérique des truies - les porcelets étant vendus - et à la vitesse de croissance en engraissement (Graphique 6), son augmentation permettant d’augmenter le nombre de bandes produites et donc la marge brute par place d’engraissement et par an.

Graphique 5. Effet d’une restructuration des élevages français sur la productivité des truies

Les producteurs qui cessent l’activité dans cette simulation sont ceux qui ont la plus faible productivité numérique

Nombre de sevrés par truie en production et par an

Source IFIP d’après données GTTT, Agrovision, VSP

Graphique 6. Evolution de la vitesse de croissance en engraissement de 2002 à 2013

Source : IFIP-Interpig

En France, le modèle d’élevage associant le naissage et l’engraissement, très dominant (85% des truies) nécessite de disposer des places d’engraissement en nombre suffisant pour engraisser les porcelets supplémentaires gagnés par les progrès techniques et génétiques, ou, à défaut de les vendre ou les faire engraisser « à façon » chez un engraisseur. L’engraissement à façon est peu rentable, surtout depuis la flambée des prix d’aliments et l’instauration d’une grille de classement des porcs plus exigeante5. La solution la plus rentable est la construction de places d’engraissement

5 En décembre 2006, dans la zone Uniporc Ouest, le classement des porcs selon le taux de muscle des pièces remplace le classement selon le taux de viande maigre. Ce changement de mode de classement s’accompagne d’une nouvelle grille de paiement qui pénalise plus fortement qu’avant les porcs légers ou les dépôts de gras excessifs.

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03 04 05 06 07 08 09 10 11 12

Danemark

Pays-Bas

FR restruct. DK

FR restruct. NL

France moyenne

700

750

800

850

900

02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13

Gain moyen quotidien entre 30 et 115 kg (g / jour)

DK : 879

NL : 809

FR : 788

DE : 797

Année 2013

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(Gourmelen et Le Moan, 2004). Mais l’obtention d’autorisation est souvent difficile. Les naisseurs-engraisseurs peuvent alors chercher à minimiser leurs coûts et optimiser leur plus value technique, plutôt que d’augmenter leur volume de production.

La forte concentration structurelle de la production au Danemark et aux Pays-Bas s’est aussi accompagnée d’une sélection des meilleurs éleveurs, les seuls à obtenir les financements nécessaires. Les effets structurels, d’une plus grande taille d’élevage, et fonctionnels, des bâtiments plus modernes, se sont trouvés amplifiés par l’effet humain, d’une maîtrise de l’activité globalement plus élevée.

2.2. Effets des économies d’échelle sur la productivité du travail et les résultats économiques

L’analyse des données individuelles des élevages (dont nous n’avons pu disposer que pour la France malgré des tentatives pour accéder à ces données anonymisées dans les autres pays) montre un lien positif, mais peu déterminant (P<0,0001, R²=11 %), entre la taille d’élevage et la productivité des truies (Graphique 7). La dispersion des performances pour une même taille d’élevage est très importante.

Graphique 7. Relation entre la taille d’élevage et la productivité des truies

n = 1 667 élevages naisseurs-engraisseurs, année 2010

Source : IFIP-GTE, élevages naisseurs engraisseurs

Si l’effet de la taille d’élevage sur les performances techniques est significatif mais limité, une plus grande taille permet d’accéder à des économies d’échelle sur la productivité du travail et les résultats économiques.

Graphique 8. Relation entre la taille d’élevage et la productivité du travail

n = 139 élevages de naissage-engraissement intégral (100% des porcs engraissés), année 2009

Source : IFIP d’après Renaud, 2010

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Truies présentes par élevage

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Temps de travail par truie présente (en heures)

Nombre de truies présentes par élevage

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Renaud (2010) a évalué le temps de travail et analysé les facteurs de variation à partir d’enquêtes réalisées auprès de 297 élevages porcins en 2009. Le temps de travail des 139 élevages de naissage-engraissement intégral est de 20,6 ± 6,0 heures par truie présente. Bien qu’elle n’explique que 13% de la variation de ce temps de travail, la taille d’élevage est le premier facteur de variation. Elle est en fait liée à la plupart des facteurs explicatifs des variations de temps de travail : types de sol et d’équipement, degré d’automatisation et de spécialisation, taille des bandes de truies… Ainsi, la taille d’élevage (et des bandes de truies) permet d’accéder à des économies d’échelle sur des tâches comme la surveillance, les soins et l’alimentation des animaux.

Graphique 9. Effet modélisée de la taille d’élevage sur le coût de revient au Danemark

1 DKK = 0,134 EUR

Coût de revient du porcelet (DKK / porcelet)

Taille d’élevage (en truies)

Coût de revient du porc charcutier (DKK / porc)

Taille d’élevage (en places d’engraissement)

Source : Oster Hansen et al., 2011

Dans une étude destinée à définir la taille économiquement optimale d’élevages naisseurs et engraisseurs, Oster Hansen et al. (2011), du centre de recherche danois VSP, ont modélisé les effets de la taille d’élevage sur les coûts de production et le revenu. Afin d’isoler l’effet des économies d’échelle, les performances zootechniques (productivité des truies, pertes, indices de consommation, croissances) ne varient pas avec la taille d’élevage. Certains effets de la taille sur les critères économiques sont favorables, comme sur le prix de vente des animaux et le prix d’achats d’intrants, les coûts de transport, la productivité du travail, le coût de la construction des bâtiments, leur entretien. D’autres sont défavorables comme les coûts environnementaux (coût de gestion des effluents croissant avec la taille d’élevage, installation obligatoire d’un laveur d’air au-delà d’une certaine taille…). Les auteurs ont observé une diminution des coûts de production des porcelets et du porc avec la taille d’élevage, jusqu’à un certain seuil au-delà duquel les économies d’échelle deviennent négligeables (Graphique 9). Ce seuil définit la taille optimale des élevages, environ 4 000 truies pour un naisseur et 10 000 places de porcs à l’engrais pour un engraisseur. Les bénéfices des économies d’échelle peuvent être en partie perdus lorsque la taille plus grande résulte d’une augmentation du nombre de sites (élevages dits multisites). En comparant les résultats modélisés d’un élevage de 8 000 places organisé sur un seul site ou sur quatre sites de 2 000 places, les auteurs évaluent à 0,03 €/kg carcasse le surcoût pour l’élevage en multisite lorsque les sites sont proches. Ce surcoût augmente avec la distance entre sites.

2.3. Au-delà de l’effet de la taille, le facteur humain joue un rôle déterminant

En plus d’une progression plus rapide de leur valeur moyenne, les performances techniques des élevages du nord de l’Europe se caractérisent par une dispersion moins importante avec notamment un niveau moins bas atteint par les élevages les moins performants (Graphique 10). La progression des élevages danois a été telle durant ces dix dernières années qu’aujourd’hui les 50% d’élevages danois ayant une productivité intermédiaire atteignent le même niveau que les 25% meilleurs élevages français ! On peut s’interroger sur la marge de progrès réelle que représente en France cette dispersion importante des performances. Pour apporter des éléments de réponse à cette

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question, l’IFIP a réalisé une étude qui situe le niveau de performance technique des meilleurs élevages français, identifie les facteurs de leur réussite et évalue le bénéfice économique de ce très bon niveau technique.

Graphique 10. Evolution comparée France/Pays-Bas et France/Danemark des performances de groupes d’élevages classés sur la productivité des truies

Source : IFIP d’après GTTT, VSP, Agrovision

Selon cette étude (Roguet et al., 2013), les 20% meilleurs élevages classés sur la marge standardisée6 sont plus grands en moyenne, avec 244 truies contre 142 pour les 20% moins bons. Mais toutes les tailles sont représentées dans ce groupe : 21,6 % ont plus de 300 truies (13,7 % dans la population totale) mais 6,6 % moins de 100 truies (15,7 % dans la population totale), la majorité comptant entre 100 et 200 truies. Une analyse fine des caractéristiques structurelles et fonctionnelles des meilleurs élevages montre qu’elles ne diffèrent pas radicalement de celles des autres élevages.

Ainsi, l’excellence technique n’est pas l’apanage des grandes structures très spécialisées, mais davantage une question d’hommes. En référence aux « styles d’élevage » définis par Commandeur (2005), l’obtention de très bonnes performances techniques est en France le fait d’éleveurs « artisans » ou « entrepreneurs », passionnés par la productivité numérique des truies pour les premiers, par l’optimisation économique de l’exploitation et l’efficacité du travail pour les seconds, et mettant en œuvre au quotidien les mesures techniques et les règles de gestion adaptées. Ces éleveurs sont toujours en quête d’amélioration des performances. L’analyse économique confirme l’obligation d’excellence technique : les 20% meilleurs élevages techniquement ont dégagé un résultat net de 3,6 cts€/kg carcasse en moyenne sur 2008-2012 tandis que le reste de la population parvenait à peine à l’équilibre.

3. Controverses et remises en cause de la production porcine

Dans un contexte d’interpellations croissantes des filières animales par la société sur les modes d’élevage et leurs impacts sur l’environnement, la santé animale et humaine, les conditions de vie des animaux, etc., le GIS Elevages Demain7 a choisi de consacrer un de ses groupes de travail à

6 La marge sur coût alimentaire standardisée synthétise la performance technique globale de l’élevage. Son calcul prend en compte les valeurs individuelles de critères techniques aussi essentiels que le nombre de porcs produits par truie et par an, l’indice de consommation économique, la consommation d’aliment par truie et par an, le poids d’abattage, le pourcentage de porcs dans la gamme et le taux de muscle des pièces. Par contre, les prix d’aliments et de base du porc sont standardisés pour s’affranchir des effets liés à la localisation régionale ou de la politique commerciale de la structure d’adhésion (valeurs retenues : moyenne 2006-2010). 7 Créé en 2010, le Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS) « Elevages Demain » regroupe des organismes de recherche et d’enseignement supérieur, instituts techniques, interprofessions et chambres d’agriculture. Il s’inscrit dans la volonté de l’ensemble des acteurs des filières animales (ruminants, porcs, volailles) de « répondre ensemble aux défis posés à l’élevage afin de proposer de

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Porcelets sevrés par truie en production et par an

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l’étude de l’acceptabilité des élevages par la société en France. Son travail avait pour ambition de (1) recenser et analyser les controverses actuelles sur l’élevage en France, toutes filières animales considérées, (2) évaluer à quel point ces controverses pénètrent la société française et, au delà, saisir la diversité et la robustesse des attentes de la société envers l’élevage pour en prévoir les contraintes, à moyen et long terme, sur le développement et les modalités des activités d’élevage, (3) identifier les mécanismes sociaux des controverses et mobilisations collectives pour aider les acteurs des filières à y prendre part activement en adaptant leur comportement et leur argumentation (Roguet et Delanoue, 2014).

La première phase du travail, le recensement et l’analyse des controverses actuelles sur les élevages en France, a été conduite en 2013 par Delanoue et al. (2014). Trente et un acteurs de différentes arènes sociales ont été rencontrés dont 15 professionnels des filières d’élevage (salariés d’interprofessions, d’instituts techniques et de chambre d’agriculture et éleveurs, pour les productions bovins laitiers et allaitants, porcs, volailles de chair et de ponte, caprins), 9 salariés d’associations (environnementales ou de protection animale), 2 journalistes (presse écrite et documentariste), 3 acteurs de la distribution, un philosophe et un agronome. Lors d’entretiens semi-directifs, individuels ou en groupes de deux ou trois, ils ont été invités à décrire les sujets qu’ils considèrent faire débat sur l’élevage en France et à exprimer leurs points de vue et arguments sur ces sujets.

3.1. L'élevage de porcs est plus particulièrement remis en cause

L’analyse des discours conduit à classer les débats sur l’élevage en France en quatre grands thèmes - impact sur l’environnement, bien-être animal, santé animale et humaine, et organisation de l’élevage – comprenant chacun plusieurs sujets de controverse ou de remise en cause (Tableau 2). La controverse sur la consommation de viande, angle d’attaque généralement pris par les médias pour parler de l’élevage, reprend des points de ces quatre grandes thématiques.

Tableau 2. Thèmes de controverses sur l'élevage en France et points de débats associés

Environnement

Bien-être animal Risque sanitaire Organisation

Emissions de GES

Définition Utilisation d’antibiotiques Système intensif

Pollution des eaux

Conditions de vie Risques d’épizooties et de zoonose

Concentration géographique

Alimentation des animaux (soja, OGM)

Interventions douloureuses sur l’animal

Utilisation de ressources (eau, terres)

Nuisances

(odeurs, bruit)

Source : Delanoue et Roguet, 2015

Parmi les différentes productions animales étudiées (bovins allaitants, bovins laitiers, ovins, caprins, volailles), l’élevage de porcs se révèle particulièrement critiqué (Figure 1). Il est concerné par quasiment tous les sujets de controverses, avec une virulence forte sur certains d’entre eux. Outre les nuisances olfactives, sa concentration géographique et structurelle poussée, résultant de choix politiques historiques, l’expose aujourd'hui à une critique exacerbée sur les impacts environnementaux (pollution des eaux), le risque sanitaire (antibiothérapie), le manque d’autonomie alimentaire (faible lien au sol). De plus, les élevages de porcs (comme de volailles), conduits en bâtiments fermés et détenant un grand nombre d’animaux, sont au cœur des débats sur le modèle d’élevage intensif et le bien-être animal.

nouveaux modèles productifs, économiquement viables, respectueux de l’environnement et socialement acceptables et équitables, en un mot : durables ».

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Toutes les associations rencontrées, de protection animale comme environnementales, s’opposent à cet élevage intensif qu'elles définissent comme un mode de production visant à augmenter le rendement (notion de productivisme) par des densités animales élevées, qualifiées par certains de « concentrationnaires », de fortes consommations d’intrants et le confinement des animaux. Elles lui reprochent ses multiples effets négatifs sur l’environnement, le bien-être animal, la sécurité sanitaire, les conditions de travail des éleveurs et l’emploi. Ces résultats confirment ceux de Dockès et al. (2007). Dans une analyse croisée des représentations et attentes des éleveurs et des consommateurs vis-à-vis du bien-être animal dans les filières bovines (viande, lait), ces auteurs constatent qu’« il est plus facile [aux consommateurs] de décrire le mauvais élevage, la maltraitance, ce qu’il faut éviter, plutôt que de définir le bien-être en lui-même, alors que les conditions d’élevage leur sont mal connues ». Le « mauvais élevage » est décrit comme « industriel » (grand nombre d’animaux, en bâtiments, sans accès à l’air libre ni lumière du jour) avec pour seul objectif la maximisation de la production et du profit. Le « bon élevage » est soit un élevage « libertaire », proche de la nature, soit un élevage « soigné », respectueux des normes (logement, soins, hygiène).

Figure 1. Remises en causes des filières d'élevage et enjeux associés

Source : Delanoue et Roguet, 2015

Pour l’avenir, si tous les acteurs rencontrés insistent sur l’intérêt de la France à maintenir des filières d’élevage viables et de haute qualité, leur définition révèle des attentes différenciées. Le spectre s’étend de l’abolition simple de l’élevage intensif au profit de systèmes alternatifs (porcs élevés en plein air ou a minima sur paille), appelée de leurs vœux par certains salariés d’association et journalistes, à la poursuite de l’intensification des productions animales souhaitée par certains acteurs des filières pour répondre à une demande croissante et une concurrence internationale. La majorité des personnes enquêtées propose une voie intermédiaire, avec une production standard qui réponde mieux aux demandes de la société. Ces résultats sont cohérents avec ceux obtenus par Dockès et al. (2011) dans le cadre du projet COSADD8. Les entretiens alors réalisés ont esquissé ce que pourrait être l’élevage durable de demain : une agriculture duale combinant un « élevage productif, écologiquement intensif, tourné vers les marchés de masse et les hauts niveaux de consommation » et un « élevage alternatif et extensif ».

Des entretiens réalisés en 2013 auprès de responsables de groupements de producteurs de porcs montrent que ces derniers semblent percevoir que ce qui est rejeté et démonté « pièce par pièce » par les associations est bien le mode intensif et industriel de production (Roguet et al., 2015a). Mais

8 Le projet COSADD (Critères et Objectifs de Sélection Animale pour un Développement Durable), soutenu par l’ANR et le CASDAR, a identifié et testé des objectifs de sélection animale compatibles avec une perspective de développement durable et cohérents avec les attentes des acteurs concernés. Les enjeux socio-économiques de quatre filières et les modalités de collaboration entre acteurs professionnels et scientifiques ont été étudiés pour proposer des objectifs de sélection innovants répondant mieux aux attentes sociétales.

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ils n’envisagent pas sa remise en cause et le défendent par des arguments techniques et rationnels (« il respecte les normes réglementaires qui offrent un haut niveau de garantie », il permet de « nourrir les gens à grande échelle » et de leur proposer « une viande peu chère, de tous les jours »...). Or les controverses sur l'élevage témoignent surtout de visions différentes de l'élevage, et au-delà de la société ; elles ne se satisfont pas d'explications "rationnelles et techniques". Les responsables rencontrés ressentent un décalage entre la réalité des élevages et la vision qu'exprime la société. L’enjeu que représente le bien-être animal apparait sous-estimé par certains alors qu'il est la plus forte préoccupation des jeunes adultes, selon une enquête réalisée en 2014 (Roguet et al., 2015b).

3.2. Allemagne : des mesures réglementaires aux stratégies de filière

En Allemagne, la production porcine a augmenté de 29% entre 2000 et 2013, principalement dans le nord-ouest du pays. Les élevages sont devenus plus spécialisés (dans l'engraissement à partir de porcelets souvent achetés aux Pays-Bas ou au Danemark) et grands (1 500 places d'engraissement). L'opposition sociétale à ces évolutions est aujourd'hui entendue par les ministres de l'agriculture des principaux Länder agricoles, tous issus du parti politique Die Grünen (Les Verts). Elle s'exprime au travers :

• de manifestations : les principales associations de protection animale et environnementales se sont regroupées au sein d’une organisation parapluie, « Wir haben es satt! Bauernhofe statt Agrarindustrie » (nous en avons assez ! Des fermes, pas d’agroindustrie). Elle soutient des manifestations contre des projets locaux d’élevage ou d’abattoir, et organise chaque année, en marge du salon de l’agriculture de Berlin, une grande manifestation contre l’industrialisation des productions animales en Allemagne (30 000 participants en 2014, 50 000 en 2015 selon les organisateurs).

• des changements politiques : Lors des dernières élections en Basse-Saxe en 2013, les socialistes et les écologistes ont fait de l’agriculture intensive un de leur combat. En 2015, 6 des 16 Länder allemands ont un ministre de l’agriculture issu du parti écologiste.

• des évolutions règlementaires sont votées, responsables pour une part non négligeable de l’arrêt de la croissance des productions animales dans le nord-ouest du pays : droit accordé à des associations reconnues de porter plainte au nom des animaux ; plan d’action « bien-être »; réorientation des aides du deuxième pilier de la PAC pour plus de bien-être animal ; freins à l'agrandissement et obligation de réduire les émissions pour les élevages les plus grands...

D’abord ébranlée par la virulence des critiques, la filière porcine allemande s’est ressaisie pour mettre en place une contre-offensive, basée sur deux piliers : i) faire connaître l’élevage moderne et ii) le faire évoluer pour répondre aux demandes sociétales sans entamer sa compétitivité (Roguet et Rieu, 2014). Les acteurs de la filière porcine allemande ont en effet bien perçu les risques encourus (durcissement de la réglementation, baisse de la consommation de viande) à ne pas entendre les demandes de société. Pour améliorer les conditions d’élevage et le faire savoir aux consommateurs, ils ont emprunté deux voies, toutes deux sur une base volontaire. La première consiste à imposer des exigences à la production très fortes et à différencier les produits par un label (exemple : Für Mehr Tierschutz, développé par l'abatteur Vion avec l'association de protection animale Deutscher Tierschutzbund). Mais les surcoûts et les prix plus élevés de ces produits les limitent à une niche de marché. La seconde propose des exigences « à la carte » afin de mobiliser de gros volumes et ne différencie pas les produits. La communication sur les progrès réalisés bénéficie à tous et tous financent les surcoûts (exemple : Initiative Tierwohl qui fédère tous les acteurs de la filière).

3.3. Un effet paradoxal des règlementations sur l’évolution des structures d’élevage

L’arbitrage entre les mécanismes économiques de marché et les demandes sociétales relève des politiques publiques au travers des règlementations et/ou des incitations financières. L’échelle de

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décision est en général européenne afin de limiter les distorsions de concurrence. Certains pays ont cependant fait le choix d’imposer, à leur échelle, des normes obligatoires plus sévères que la règlementation européenne, avec des conséquences majeures pour leur production nationale. Par exemple, le Royaume-Uni a interdit l’utilisation des cages pour les truies gestantes dès 1994, avec effet immédiat pour les installations construites après le 1 octobre 1991 et au plus tard au 1 janvier 1999 pour les autres. La directive européenne imposant cette interdiction n’est parue qu’en 2001, avec interdiction totale des cages de gestation au plus tard le 1 janvier 2013. Si elle n'est pas seule responsable, cette anticipation réglementaire au Royaume-Uni a contribué à l'effondrement du cheptel porcin à partir de 1998 (-36% entre 1998 et 2003, puis -9% entre 2003 et 2013, Graphique 11). Les contraintes et surcoûts induits se sont ajoutés à d'autres facteurs défavorables à la compétitivité de la production anglaise : appréciation importante de la livre dans les années 90 favorisant les importations et pénalisant les exportations, conséquences de l'épidémie d'ESB (interdiction des farines de viande dans l'alimentation animale), faible niveau de consommation de viande (de porc en particulier) par habitant, organisation et performance de la filière (Gourmelen et al., 2000).

Graphique 11. Evolution du cheptel porcin au Royaume-Uni de 1990 à 2013

Source : Eurostat, traitement IFIP

De manière plus générale, les contraintes réglementaires accélèrent la concentration et l’agrandissement des élevages. En effet, les réglementations peuvent engendrer deux types de coûts : des coûts variables ou proportionnels (par exemple le coût de la paille à fournir aux porcs) et/ou des coûts fixes (par exemple le coût du distributeur de paille ou d’un laveur d’air). S’ils ne sont pas compensés par le marché, ces coûts réduisent la marge de l’exploitation. Celle-ci doit alors s’agrandir pour retrouver un niveau de marge lui permettant de couvrir l’intégralité de ses dépenses (prélèvements privés, impôts, investissements et frais financiers). De plus, sur les coûts fixes, les économies d’échelle peuvent être importantes (exemple en Tableau 2). Ces économies vont accélérer la concentration structurelle : les plus petits élevages n’y ayant pas accès et ne pouvant supporter les surcoûts trop élevés cessent leur activité alors que les plus grands cherchent à amortir ces coûts sur un volume plus important. Les professionnels soulignent un paradoxe : répondre aux objectifs des réglementations (protéger l’environnement, améliorer le bien-être animal…) entraîne l’essor des grandes fermes, à l’encontre des idées reçues à propos de leur impact sur l’environnement et la condition animale.

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Cheptel porcin total (en millions de têtes)

Entre 1998 et 2003

-36% en 5 ans

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Tableau 2. Coût de construction par place d’engraissement selon la taille de l’élevage

Données pour l’Allemagne

Taille d’élevage (en places d’engraissement)

Construction

(€ / place)

Laveur d’air

(€/place)

Coût total

(€/place)

1 000 390 50 440

2 000 360 40 400

3 000 330 40 370

Source : Beverborg, 2010, cité par Theuvsen, 2013

Conclusion

L’évolution de la production et des modèles d’élevage de porcs est contrainte par deux forces antagonistes dont le rapport évolue dans le temps : d’un côté un marché libéral et très concurrentiel qui pousse à l’intensification de l’activité, de l’autre le refus par la société de ce modèle intensif qu’elle exprime en autres par des mobilisations contre les projets d’élevage.

La concentration spatiale et structurelle de la production porcine est le résultat de choix politiques historiques. Ils ont donné la priorité à la compétitivité par les coûts et ce faisant, conduit les acteurs à devoir exploiter toutes les sources d’économies. Un scénario s’est imposé : être compétitif ou disparaître…du moins en grande partie (cf. Royaume-Uni).

La compétitivité est une vertu : elle a le pouvoir de générer de l’activité et de l’emploi dans les territoires qui en font preuve. Elle permet aux producteurs de répondre aux attentes des consommateurs en termes de quantité, qualité sanitaire, diversité, prix et origine de leurs produits alimentaires. Le porc est ainsi la première viande consommée en France, avec 31,6 kg par habitant en 2013, devant la volaille (26,1 kg), la viande bovine (23,9 kg) et ovine (3,1 kg).

Du fait des surcoûts générés, encourager par des obligations réglementaires d’autres vertus, comme la protection de l’environnement ou des animaux, doit relever de choix européens à traduire dans une politique agricole et des règlementations communes. Toutefois, la manière d’aborder cet enjeu et la nature des réponses apportées aux interpellations sociétales (règlementation, incitations financières, démarches volontaires) peuvent s’avérer, à moyen et long termes, facteurs de compétitivité. L’initiative de branche engagée par la filière porcine allemande en fait le pari. La compétitivité est aussi question d’anticipation.

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