EVASION DU 30 MARS 2017 LE LOUVRE-LENS LE...
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EVASION DU 30 MARS 2017 LE LOUVRE-LENS
LE VAISSEAU FANTOME à l’opéra de Lille
Jeudi 30 mars 2017 à midi, par un temps radieux, un bus emmène une cinquantaine
d'adhérents du MACT pour une évasion muséale et musicale.
1ère étape : Le Louvre-Lens où nous sommes accueillis par Gunilla Lapointe, attachée de
conservation et conférencière bien connue du MACT. Elle nous conduit dans la Galerie du
Temps à la découverte des 54 nouvelles œuvres exposées depuis décembre 2016 en
remplacement d'autres qui ont regagné le Louvre puisque la rotation des œuvres est un
principe fondateur du musée.
Gunilla Lapointe explique la conception de la Galerie du Temps. La façon d'organiser
les connaissances a radicalement changé depuis le XVIIème siècle : plus de départements, de
salles spécialisées, de compartimentations, de saucissonnage des époques, des techniques et
des courants artistiques. Désormais, les époques, les origines, les disciplines et les œuvres
dialoguent, se répondent, sont mises en correspondance. La Galerie du Temps permet
d'embrasser par ordre chronologique, de l'Antiquité jusqu'à la première moitié du XIXème
siècle, des pièces maîtresses du parcours artistique de l'Humanité sans obstacles, sans
cloisons, d'aller de l'une à l'autre, de revenir sur ses pas, chacun à son rythme et selon ses
envies et intérêts.
C'est ainsi que Gunilla Lapointe s'est attardée sur un fragment de mosaïque d'un décor
de fontaine représentant des enfants ailés jouant avec des dauphins et provenant d'Utique en
Tunisie mis en regard avec un groupe de marbre, Vénus et l'Amour, debout sur un monstre
marin et un vase à décor de masques, l'ensemble pouvant orner l'atrium d'une villa romaine
entre 80 et 300 après J.C. De cette façon, l'œuvre devient aussi un document sociologique
révélateur d'un mode de vie.
Le contraste est saisissant également entre le cénotaphe en marbre du cœur du
cardinal Pierre de Bérulle dû à Jacques Sarazin et le tableau de Charles Le Brun représentant
Sainte Marie-Madeleine renonçant aux vanités du monde. Les deux œuvres sont exactement
contemporaines et datées de 1653-1657.
Enfin, nous avons été initiés au mystère du Philosophe en méditation, huile sur bois
datée de 1632, œuvre du jeune Rembrandt, âgé de 26 ans.
Après cette heure bien employée, un
autre guide nous emmène vers les salles
d'exposition temporaire, pour essayer de
percer « Le Mystère Le Nain » : "Les frères Le
Nain sont trois, Antoine, l'aîné, Louis, son
cadet et Mathieu, le plus jeune. Originaires de
Laon, ils sont formés par un artiste très
probablement nordique mais dont l'identité
n'est pas connue. Ils s'installent à Paris en 1629
dans l'enclos privilégié de l'abbaye Saint-
Germain-des-Prés. Leurs compositions les plus
fameuses montrent des paysans représentés
avec une grande puissance d'émotion et une
complète originalité. Elles montrent les plus
humbles avec une vérité humaine et une
dignité sans précédent. Les frères Le Nain ont
créé un genre nouveau en appliquant à la représentation du peuple les règles du portrait de
groupe fondées sur l'absence de narration et la profondeur psychologique... Depuis plus d'un
siècle, les historiens de l'Art se sont efforcés de reconstituer les personnalités artistiques de
chacun des trois frères, contribuant à éclaircir une part du mystère Le Nain."
Les trois frères signaient Le Nain sans indiquer leur prénom et en omettant bien
souvent la date. La question est donc : Qui a fait quoi ? Se pose alors le problème des
attributions et des collaborations. Œuvres individuelles ? Œuvres à plusieurs mains ?
L'exposition aborde aussi un autre chapitre "Autour des Le Nain"
"Le succès que les frères Le Nain ont rencontré au XVIIème siècle et, en particulier, avec leurs
scènes paysannes, est attesté par le nombre important de leurs suiveurs et imitateurs. Les
œuvres de ces derniers sont très longtemps passées pour des Le Nain authentiques. Le travail
des historiens de l'Art, depuis un siècle, a permis de mieux cerner les personnalités artistiques
de ces suiveurs et de retrancher leurs tableaux du catalogue des frères Le Nain. Certains sont
identifiés, d'autres demeurent anonymes et portent des noms de convention attribués par les
historiens de l'Art."
Famille de paysans-Louis Le Nain, vers 1642
2ème étape : Nous reprenons la route vers Lille où le dîner sera pris à La Chicorée,
établissement bien connu de la place Rihour. En attendant l'heure de s'y rendre, nous flânons
dans les rues environnantes toujours si animées ou prenons un verre à une terrasse
ensoleillée.
19h30 : Rendez-vous à l'Opéra pour assister à la représentation du Vaisseau Fantôme (créé à
Dresde en 1843) de Richard Wagner (1813-1883). Nous avons été préparés au spectacle, selon
les principes du MACT, par une conférence
sur Wagner et son œuvre donnée le mardi
28 mars par M. Marc Lajouanique,
professeur au Conservatoire de Boulogne-
sur-mer.
Une foule nombreuse attend déjà
sur le parvis. Enfin, nous pénétrons dans la
magnifique salle que nous avons le temps
d'admirer. L'Orchestre National de Lille,
sous la direction d'Eivind Gullberg Jensen, s'installe dans la fosse et la magie commence.
Il existe des liens particuliers entre Le Vaisseau Fantôme et l'Opéra de Lille. C'est là qu'a
eu lieu, en janvier 1893, la création française du
Vaisseau Fantôme et quand, en 1898, l'Opéra ferme
ses portes pour cinq années de travaux de
rénovation, le dernier spectacle présenté est
justement Le Vaisseau Fantôme.
La mise en scène de Max Ollé est à la fois
pleine de trouvailles et respectueuse du livret. Il se
dit soucieux d'apporter "un regard actuel entre
légende et réalisme. Il me semble important de
souligner à quel point le monde contemporain est
éloigné du système de croyances, profondément
romantique, avec lequel Wagner a conçu cette
pièce... Au moment d'aborder le travail de création
de la mise en scène du Vaisseau Fantôme, nous avons dû, avec le scénographe et le costumier,
répondre mille fois aux questions suivantes : une telle histoire pourrait-elle arriver de nos jours
? Où ? Avec quels individus ? Peut-on encore croire à cette émanation des enfers ? Dans quel
endroit un père est-il capable de vendre sa fille pour de l’argent ? Dans quel endroit la vie a si
peu de valeur que la mort, en comparaison, n'est pas forcément un mauvais choix ? C'est au
cours de la recherche de réponses possibles qu'est apparu le port de Chittagong, un des
endroits les plus pollués du monde, connu sous le nom de l'Enfer sur Terre, en raison du
formidable cimetière marin où de grands navires marchands sont démolis dans des endroits
pratiquement désertiques, face à l'immensité de l'horizon.
C'est ainsi, avec l'intention de préserver les valeurs originelles, qu'a pris forme notre relecture
de la légende recréée par Wagner."
Merci à celles et ceux qui ont organisé cette journée et nous ont permis de nous réjouir les
yeux, les oreilles et l'âme.
Texte : Nicolle FROISSART
Photos : Jacques FROISSART
Les passages en italique proviennent des brochures mises à la disposition du public par le
Louvre-Lens et l'Opéra de Lille.