Evaluation finale du programme PROGRES...2.2.3. Objectifs immédiats du programme 17 2.2.4. Groupes...
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Programme de Gestion Equitable des Ressources Naturelles et de Renforcement de la Société Civile
RAPPORT D’EVALUATION
Evaluation finale du programme PROGRES
Bernard Bonnet IRAM
Oussouby Touré
Mai 2010
Version définitive
CARE Niger - CARE Danemark
• iram Paris (siège social)
49, rue de la Glacière 75013 Paris France
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3
Sommaire
SOMMAIRE 3
1. INTRODUCTION 11
1.1. Objectif de l’évaluation 11
1.2. Présentation de l'équipe de la mission 11
1.3. Méthodologie de l'évaluation 12
1.4. Les données de base 13
1.5. Personnes/institutions rencontrées et remerciements 14
1.6. Organisation du rapport 15
2. ANALYSE DE LA PERTINENCE 17
2.1. Introduction 17
2.2. Stratégie du PROGRES 17
2.2.1. But, Objectif global ou Objectif de développement du programme 17
2.2.2. Objectif spécifique du programme 17
2.2.3. Objectifs immédiats du programme 17
2.2.4. Groupes cibles définis 18
2.2.5. Stratégie et axes transversaux 20
2.3. Analyse de la pertinence de la conception du PROGRES 22
2.3.1. Pertinence au regard de la problématique de la région de Diffa 22
2.3.2. Pertinence du point de vue des stratégies nationales 26
2.3.3. Pertinence au regard des stratégies de CARE-Niger et CARE-Danemark 27
2.3.4. Pertinence des orientations en matière de partenariat avec les OSC 27
2.3.5. Pertinence des actions prévues avec la stratégie de PROGRES 29
3. ANALYSE DES REALISATIONS ET EFFICACITE DU PROGRES 33
3.1. La mise en œuvre du PROGRES 33
3.1.1. Les interventions mises en œuvre dans le cadre du PROGRES 33
3.1.2. Le dispositif d’intervention du PROGRES à Diffa 35
3.2. Indicateurs de résultats : nuancés et difficiles à interpréter 36
3.2.1. OI1 Sécurisation des économies des ménages ruraux 36
3.2.2. OI2 Prévention des conflits et gestion plus équitable des ressources naturelles 37
3.2.3. OI 3 Renforcement des capacités des OCB et des OSC à assumer leurs rôles, droits et responsabilités au sein d’une société civile avec voix 38
3.3. Acquis, difficultés et ajustements de la mise en œuvre 39
3.3.1. Principaux points forts rencontrés dans la mise en œuvre 39
3.3.2. Difficultés rencontrées 40
3.3.3. Principaux recentrages opérés 41
3.3.4. Coordination du PROGRES CCDP 41
3.3.5. Dispositif et limites du suivi-évaluation 42
3.3.6. Mise en œuvre et qualité du partenariat développé 44
3.3.7. Démarche et stratégie de plaidoyer mise en œuvre 46
4. COUTS ET EFFICIENCE DU PROGRES CARE DIFFA 49
4.1. Les coûts de la mise en œuvre du PROGRES 49
4.2. Une efficience difficile à apprécier sans suivi analytique 50
5. ANALYSE EFFETS ET IMPACTS 51
5.1. Méthode 51
5.1.1. Contraintes 51
5.1.2. Trame d’analyse retenue 52
5.2. Consolidation des économies des ménages vulnérables en milieu
rural 52
5.2.1. Introduction 52
5.2.2. Redistribution sociale du cheptel 53
5.2.3. Groupements de gestion des approvisionnements 56
5.2.4. Banques d’aliments de bétail 58
5.2.5. Leçons à retenir 59
5.3. Gestion locale concertée et équitable des ressources naturelles au
bénéfice des ménages les plus vulnérables 59
5.3.1. Introduction 59
5.3.2. Formations articulées autour des outils ARED 60
5.3.3. Concertations pour l’implantation et la gestion des puits pastoraux 63
5.3.4. Groupements de Gestion Concertée des Ressources Naturelles 65
5.3.5. Leçons à retenir 66
5.4. Amélioration de la gouvernance générale au niveau des communes et
des communautés de base 67
5.4.1. Introduction 67
5.4.2. Formations sur la décentralisation 68
5
5.4.3. Concours de bonne gouvernance 69
5.4.4. Ecoles communautaires 70
5.4.5. Délivrance des actes d’état civil 72
5.4.6. Renforcement des OSC 72
5.4.7. Leçons à retenir 73
5.5. Analyse de la prise en compte des groupes cibles 74
5.5.1. Introduction 74
5.5.2. Ménages pastoraux et agro–pastoraux appartenant aux groupes cibles 74
5.5.3. Femmes agricultrices et éleveuses 75
5.5.4. Jeunes hommes 75
5.5.5. Groupes en situation de risque de marginalisation 76
5.6. Impacts institutionnels 77
5.6.1. Introduction 77
5.6.2. Au niveau national 77
5.6.3. Au niveau régional 78
5.6.4. Leçons tirées 78
6. RECOMMANDATIONS UTILES A LA FORMULATION D’UNE PHASE SUIVANTE 79
6.1. Prendre en compte la situation pastorale 2009-2010 79
6.1.1. Appuyer la prévention des conflits dans les zones de concentration exceptionnelle des éleveurs 79
6.1.2. Préparer une intervention d’urgence pour les familles et les troupeaux. 80
6.1.3. Prévoir des opérations de reconstitution du cheptel sur la base des critères de qualité identifiés par les expériences 80
6.2. Recommandations concernant la formulation d’une prochaine phase 80
6.2.1. Recentrer la conception générale sur les objectifs immédiats 80
6.2.2. Sortir du cadre et privilégier une démarche d’innovation et de capitalisation 81
6.2.3. Continuer à intégrer des fonds additionnels 82
6.2.4. Placer les logiques de mobilité au cœur de la conception des interventions 82
6.2.5. Renforcer l’appui à l’élaboration concertée de systèmes de gestion équitable des ressources et de prévention des conflits 82
6.2.6. Renforcer la société civile et les droits des citoyens par l’appui aux mouvements féminins et la scolarisation des enfants 83
6.2.7. Améliorer la gouvernance communale dans la gestion des ressources naturelles 85
6.2.8. Développer une approche plus ciblée et pragmatique du plaidoyer et de la politique de dialogue 85
7. ANNEXES 87
7.1. Extraits des termes de références de la mission 87
7.1.1. Objectifs et résultats attendus de l’évaluation finale 87
7.1.2. Thématiques et autres questions clés à traiter 90
7.1.3. Méthodologie 92
7.1.4. Durée de la Consultation et Calendrier de Travail 92
7.2. Calendrier de la mission et personnes rencontrées 94
7.3. Bibliographie consultée par la mission 96
7.3.1. Etudes de base et problématique de la Région de Diffa 96
7.3.2. Composante coordination CCDP 97
7.3.3. Projet puits de la paix 97
7.3.4. Projet GRN et paix 97
7.3.5. Projet RECAP/D 98
7.3.6. Projet SEMPA 98
7.3.7. Projet JP-CP 98
7.4. Typologie des conflits par zone agro-écologiques au Niger 99
7.4.1. Zone de bordure du lac Tchad 99
7.4.2. Zone pastorale 100
7.4.3. Zone agricole et agro-pastorale 101
7.4.4. Dimensions transfrontalières/sous-régionales des conflits 102
7.4.5. Synthèse analyse théorique du conflit potentiel en zone pastorale de Diffa entre certains groupes de pasteurs Mohamid et d’autres groupes de pasteurs non Mohamid / Analyse PIB - PROGRES 103
7.5. Organigramme 104
7.6. Cadre logique du PROGRES 105
7.7. Situation des indicateurs de suivi du PROGRES 107
7
Liste des abréviations
ABD Approche Basée sur le Droit
ACD Assistant Country Director
AD Association de Développement
ADDR Appui Danois au Développement Rural
AGR Activités Génératrices de Revenus
AOP Plan Annuel d’Opération
ARED Associates in Research and Education for Development
AREN Association pour la Redynamisation de l’Elevage au Niger
ARN Agriculture et Ressources Naturelles
AT Assistant Technique
ASAPI Appui à la Sécurité Alimentaire par la Petite Irrigation
BA/PHNS Bureau d'Appui au Programme Hydraulique Niger Suisse
BAD Banque Africaine de Développement
BC Banque Céréalière
CAP
CEC Caisse d’Epargne et de Crédit
CARE Cooperative Assistance and Relief Everywhere
CCA Cellule Crises Alimentaires
CCDP Cellule de Coordination et de Développement du Programme
CCC Communication pour un Changement de Comportement
CARE DK CARE Danmark
COD Children of the Desert / Enfants du désert (écoles communautaires)
COFO Commission Foncière
CONGAFEN Confédération des ONG et Associations Féminines du Niger
CRCS Cadres Régionaux de Concertation et de Synergie
DED Volontaires allemands du Développement
DSRP Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
FSIL Fonds de Soutien aux Initiatives Locales
GAP Groupement des Aides Privées
GRN Gestion des Ressources Naturelles
GGRN Groupement de Gestion des Ressources Naturelles
GGA Groupement de Gestion des Approvisionnements
GTZ Coopération Technique Allemande de Développement
HH Household (ménage)
HHLS Household Livelihood Security / SCVM
IDH Indice de Développement Humain
IIED Institut International pour l'Environnement et le Développement
IOV Indicateur Objectivement Vérifiable
ISAN Initiatives Sécurité Alimentaires
ISDH Indicateur Sexo-spécifique du Développement Humain
LLI Local Level Institutions
MSC Major Significant Changes
MMD Programme de micro-finance
NOJ Nouvelles Opportunités pour les Jeunes
OCB Organisations Communautaires de Base
OISC Organisations Intermédiaires de la Société Civile
ONG Organisation Non Gouvernementale
OSC Organisation de la Société Civile
OSP Organisations Socio Professionnelles
PAC Programme d’Actions Communautaires
PADL Programme d’Appui au Développement Local
PASEL Projet d’appui au Secteur de l’Élevage
PCLCP Programme Cadre de Lutte Contre la Pauvreté
PDLM Programme d’appui au Développement Local de Maradi
PIB Produit Intérieur Brut
PPTE Pays Pauvres Très Endettés
PNEDD le Plan National de l’Environnement pour un Développement Durable
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PROGRES Programme de Gestion Equitable des Ressources Naturelles et de Renforcement de la Société Civile
PSP Plan Stratégique Pluri Annuel
RECAL Composante de Renforcement des Capacités Locales
RECAP-D Renforcement des Capacités pour Réussir la Décentralisation
RENSE Réseau Nigérien pour le Suivi et l’Evaluation
ROASSEN Réseau des OND et Associations du Secteur de la Santé au Niger
ROSEN Réseau des ONG du Secteur de l’Education au Niger
RN Ressources Naturelles
RSC Redistribution Sociale du Cheptel
SAP Système d’Alerte Précoce
SCAP Système Communautaire d’Alerte Précoce
SCVM Sécurité ou sécurisation des Conditions de Vie des Ménages
SDR Stratégie de Développement Rural
SIG Système Information Géographique
SNV Volontaires Néerlandais de Développement
SRP Stratégie de Réduction de la Pauvreté
SSO Sous-système de Suivi Opérationnel
STA Service Technique de l’Administration
UE Union Européenne
UNC Union Nationale des Coopératives
UNCC Union Nigérienne du Crédit et de Coopération
UNICEF Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
9
USN Union des Scolaires Nigériens
USTN Union des Syndicats des Travailleurs du Niger
VAM Vulnerability Assessment Mapping
11
1. Introduction
1.1. Objectif de l’évaluation
L’objectif principal de la présente évaluation finale était de capitaliser les acquis en complétant le bilan
et en affinant l’analyse des données qualitatives et quantitatives de terrain. Les termes de référence
spécifiaient qu’il s’agissait de bien examiner les effets et impacts (finaux ou partiels) qui ont pu être
produits par le programme. Cette analyse des effets et impacts devait se focaliser un groupe
représentatif de communautés pauvres et vulnérables dans lesquelles des actions soutenues et
continues de PROGRES ont été réalisées depuis 2005. Les termes de référence précisaient aussi que
ce type de communautés se concentre essentiellement dans les zones actuelles de certains des projets
et composantes du programme à Diffa et Maradi. Au terme de l’évaluation, toutes les
recommandations nécessaires devaient être faites de manière à optimiser la qualité de la formulation
d’une deuxième phase de programme.
Il importe de rappeler enfin que cette évaluation est intervenue à la suite d’une évaluation à mi-
parcours de PROGRES en 2007, qui a plus particulièrement examiné quatre grands thèmes :
l’approche programme, le montage institutionnel du programme, les thèmes transversaux et le
partenariat. Des évaluations à mi-parcours et finales ont également été conduites pour certaines
composantes et projets s’inscrivant dans le cadre de PROGRES.
1.2. Présentation de l'équipe de la mission
Conformément aux termes de référence figurant en annexe 1, la présente mission a été chargée de
l'évaluation finale de la phase pilote de 32 mois (mai 2000-décembre 2002) du Projet de sécurisation
des conditions de vie des ménages pastoraux de Diffa, sur financement CARE-Danemark. Elle est
composée de deux personnes : Bernard Bonnet, géographe-pastoraliste IRAM et Oussouby Touré,
consultant sociologue pastoraliste.
12
1.3. Méthodologie de l'évaluation
La méthode adoptée du début jusqu'à la fin de la mission a reposé de façon délibérée sur une
concertation continue entre les deux membres de la mission concernant la manière de traiter la
demande figurant dans les TDR, la préparation des divers entretiens, l'élaboration du plan et du
contenu du rapport, la préparation des restitutions à CARE Diffa et à CARE Niamey. Quelques
entretiens avec les représentants des Organisations de la Société Civile ont été menés en parallèle sur
le terrain et à Diffa.
La mission a également attaché une importante particulière aux conclusions et recommandations des
évaluations précédentes et du rapport de la revue annuelle 2009 du programme (Maradi 7 au 10
décembre 2009). Elle a tenu à les confronter avec la réalité actuelle. Il est à noter aussi que les
tournées de terrain ont bénéficié de la présence des membres du programme. Ceux-ci, tout en sachant
rester en retrait lors des entretiens avec les pasteurs, ont éclairé utilement l'équipe de la mission,
l'introduisant chaque fois et sachant la guider sur un terrain dépourvu souvent de toute piste.
La principale contrainte a été l'interprétariat dans certaines des langues du milieu, surtout quand il
s'agissait de questions complexes.
Le calendrier de la mission a été le suivant :
• 3 jours à Niamey pour la présentation à CARE et les entretiens institutionnels avec les
associations et les ministères concernés et l’exploitation de la documentation ;
• 1 jour de vols Niamey-Diffa, aller et retour ;
• 2 jours à Diffa de travail avec l’équipe du PROGRES, afin de saisir les différentes
réalisations et démarches développées dans les différentes composantes et débattre des
premiers enseignements et hypothèses et impacts observés ;
• 2 journées de contacts avec la préfecture, les services techniques, les organisations locales
d'appui (partenaires du programme).
• 5 jours de visites dans la zone d’intervention du programme avec de nombreux
entretiens: le Sous-préfet de Maïne-Soroa, le maire de Ngourti, un campement Arabe
Ouled Slimane à Kolki, un campement Toubou Sassai, un campement peul Weltouma,
un campement fulbé à Nouroua, un chef de Canton à Nguelbeyli, un conseil municipal et
un groupe de jeunes à Nguelbeyli, un campement peul gestionnaire d’un puits de la paix
Adamri, un conseil communal à Goudoumaria, un groupe de jeunes femmes à Djajéri,
une OSC à Maïné Soroa, un conseil communal à Chetimari. La préoccupation a été de
prendre en compte la diversité socio-ethnique (Fulbe, Toubou, Arabe et Kanouri),
spatiale et genre ce qui a conduit à compléter les entretiens au retour des visites de
terrain, par des rencontres à Diffa avec des leaders des communautés Arabe Mohamid et
Wodaabe ;
13
• 3 journées à Diffa : séance de travail avec l’équipe au retour du terrain, élaboration d’une
première synthèse entre les consultants, élaboration du plan du rapport, réunions de
travail avec l'équipe du projet, préparation et restitution au projet.
• 3 jours à Niamey : préparation du rapport et partage des tâches de rédaction, préparation
et restitution interne à CARE, puis restitution aux partenaires ;
Itinéraire de la mission dans la région de Diffa
1.4. Les données de base
La mission a bénéficié de quatre principales sources d'information :
• La documentation particulièrement abondante et riche produite par l'équipe du
programme dont l’essentiel avait été transmis en version électronique par CARE
Danemark. Elle a l'avantage, entre autres, de présenter les aspects quantitatifs qui
manquent aux entretiens menés en milieu pastoral. La list ; complète des documents
exploités par la mission figure en annexe 2.
14
• Les entretiens avec les différents types de pasteurs (hommes, femmes et jeunes),
généralement menés avec des collectifs. à partir d'une grille semi-directrice préparée
préalablement par l'équipe de la mission. Les préoccupations et les apports sont
essentiellement d'ordre qualitatif et axés sur les effets et changement perçus, en lien ou
non avec l’intervention de PROGRES ;
• Les entretiens et les éclairages complémentaires fournis par les membres du programme
ou encore les partenaires du projet pour l'appui au monde pastoral ;
• Les observations et les échanges réalisés par les deux membres de la mission.
On regrettera qu’un outil d’analyse et de compréhension n’ait pas été plus disponible pour la mission.
Il s’agit des cartes qui auraient permis de comprendre plus rapidement et globalement la diversité et la
répartition spatiale des différents systèmes de production et la mobilité et aussi des actions conduites
dans le cadre de PROGRES.
1.5. Personnes/institutions rencontrées et remerciements
Les nombreuses personnes ou institutions rencontrées par la mission figurent en annexe 3, avec
chaque fois l'indication de la date et du lieu. La mission tient à remercier très sincèrement tous ceux et
celles qu'elle a rencontrés tout au long de son déroulement :
• Les autorités administratives, préfets, élus communaux et services techniques de Diffa,
N'Guigmi, Ngourti, Goudoumaria, Maïne-Soroa et Chetimari ;
• Les responsables de CARE à Niamey et Maradi. Une mention spéciale est adressée à
M.M. Djimraou Aboubacar, Peter Wright et Ali Salé, respectivement coordinateur
CARE du programme PROGRES, conseil technique CARE PROGRES, et coordinateur
régional CARE Diffa. Malgré la charge de travail qui pesait sur eux, il ont fait montre
d'une totale disponibilité à l'égard de la mission ;
• Les représentants des ONG et des organisations locales d'appui, partenaires du
programme à Diffa comme à Niamey ;
• Les communautés d'agro-pasteurs et de pasteurs rencontrées sur le terrain (hommes,
femmes, jeunes).
• M. Steve Anderson, socio-anthropologue ayant réalisé plusieurs travaux pour le projet n’a
pu être rencontré et la liaison téléphonique avec lui n’a pas été suffisante pour avoir un
entretien au téléphone.
Que chacun soit chaleureusement remercié.
15
1.6. Organisation du rapport
Le rapport est construit en reprenant de manière logique les principaux critères classiques de
l’évaluation. Après avoir rappelé le cadre logique du programme et avoir discuté de la pertinence de sa
conception au regard de la problématique mise en évidence lors de sa formulation, on se penchera sur
les principaux critères de performance (efficacité et efficience). Un troisième chapitre concentre ses
observations et analyse sur ce qui faisait le cœur de l’objectif de cette évaluation : les impacts des
actions menées dans le cadre du PROGRES.
16
17
2. Analyse de la pertinence
2.1. Introduction
En premier lieu on rappellera ici ce qui caractérise la stratégie d’intervention du PROGRES. L’analyse de la pertinence du PROGRES s’intéressera ensuite à la conception de ce programme, de quelle manière elle s’est faite et comment elle a intégré d’une part la problématique centrale des groupes cibles, mais aussi les stratégies nationales, celle de CARE au Niger, le partenariat avec les OSC, la contribution théorique des actions envisagées à la résolution des problématiques identifiées.
2.2. Stratégie du PROGRES
On rappellera ici rapidement les principaux éléments de la stratégie du PROGRES tels qu’ils sont
définis dans le document de programme 2005-2010.
2.2.1. But, Objectif global ou Objectif de développement du programme
Il s’agit de « contribuer à réduire la pauvreté au Niger à travers une amélioration des conditions de vie des ménages vulnérables et une gestion concertée et plus équitable des ressources naturelles. »
2.2.2. Objectif spécifique du programme
Il est libellé de la manière suivante : « De 2005 à 2010 les droits et responsabilités des ménages vulnérables sont pris en compte dans une gestion plus équitable des ressources naturelles soutenue par des organisations dynamiques de la société civile.»
2.2.3. Objectifs immédiats du programme
Ils sont au nombre de trois :
1 : Les économies des ménages ruraux vulnérables de la zone d’intervention du PROGRES sont renforcées en partenariat avec les OSC et autres acteurs.
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2 : Une gestion locale concertée et négociée des ressources naturelles bénéficiant aux ménages les plus vulnérables et appuyée en partenariat avec les OSC (et autres acteurs impliqués dans la décentralisation) y compris à travers le plaidoyer.
3 : Les capacités des OCB et OSC à assumer leurs rôles, droits et responsabilités au sein d’une société civile avec voix sont renforcées.
2.2.4. Groupes cibles définis
Le document de programme définit trois grands types de groupes cibles, les bénéficiaires directs, les
bénéficiaires secondaires et tertiaires.
Les bénéficiaires premiers du PROGRES sont les ménages ruraux vulnérables et très
vulnérables, dont les systèmes de vie dépendent majoritairement des ressources naturelles
pour l’agriculture ou l’élevage. L’ensemble des ménages ruraux vulnérables représente entre 60 et 70%
de la population vivant dans les zones d’intervention (agricole, agropastorale ou pastorale). Le
programme devait concentrer ses efforts dans deux régions classées parmi les plus pauvres du Niger à
destination des ménages constitués de femmes et d’hommes, de jeunes et d’enfants issus des divers
groupes ethniques (sédentaires, transhumants, nomades).
Le nombre de ces bénéficiaires devait évoluer avec le développement du programme au fil des
années. Il était estimé évoluer de 12.500 (début 2005) et 15.000 ménages soit 75.000 à 90.000
personnes. Au moins 50% de ces ménages devaient appartenir aux catégories considérées comme les
plus vulnérables. Dans ces zones d’intervention, le programme devait mettre un accent particulier sur
les groupes et catégories suivantes :
� Les ménages ruraux très vulnérables accompagnés dans la sécurisation de leurs droits
d’accès et de contrôle des ressources naturelles, toutes ethnies confondues;
� les femmes agricultrices et/ou éleveuses faisant partie des ménages vulnérables - parfois
chefs de ménage de droit ou de fait – qui sont les plus menacées en termes d’iniquité d’accès
aux ressources, à l’information et à la connaissance de leurs droits d’accès à des activités
alternatives génératrices de revenus; d’accès à l’éducation et à la formation; d’accès à la santé;
d’accès aux organisations formelles et à la représentation citoyenne. L’iniquité dont sont victimes
les femmes nigériennes, rurales en particulier, était soulignée comme cause profonde de la
pauvreté qui affecte directement plus de 50% des ressources humaines du pays et indirectement
l’ensemble du Niger compte tenu du rôle et des responsabilités en matière de reproduction
sociale: éducation, comportements, santé… Les femmes devaient représenter 50% des
bénéficiaires adultes du programme ;
� Les groupes d’agropasteurs ou de pasteurs extrêmement pauvres et/ou marginalisés du fait
de leur mode de vie ou d’exploitation de l’espace: agropasteurs Fulbe, nomades ou grands
transhumants dans l’est nigérien comme les Arabes Mohamid, Peuls Wodaabe, Toubous,
19
habitants Touaregs des hameaux sans statut foncier clair en périphérie de villages sédentaires en
région de Maradi.
� Les jeunes (15-25 ans) filles et garçons, qui se trouvaient de plus en plus exclus des modes
traditionnels d’accès aux ressources naturelles ou aux biens et qui avaient peu d’alternatives à la
migration et sont exposés au mariage précoce, aux emplois précaires en milieu urbain, à la
délinquance, aux tentations des groupes extrémistes ou des rébellions armées.
Les bénéficiaires secondaires. Il s’agissait des résidents permanents ou temporaires des zones
d’intervention du projet et de leurs réseaux sociaux locaux formalisés ou non. Leur nombre était
estimé à celui des habitants des communes de la zone d’intervention, soit environ 100.000 pour Diffa
et 200.000 pour Maradi.
Les bénéficiaires tertiaires. Les organisations de la société civile constituent également une cible
particulière du programme: OCB, ONG Associations, groupements. Une trentaine d’OSC étaient
identifiée pour l’appui à l’auto–évaluation et au développement organisationnel. Une part significative
et croissante du budget des composantes devait être directement gérée par les partenaires clés du
programme.
Des organisations à caractère mixte, composées de représentants de la société civile et de l’Etat ou de
ses démembrements devaient également être soutenues par le programme, dans le cadre du
renforcement global de la société civile. Il s’agissait pour l’essentiel des COFO, et en particulier de
leurs démembrements: COFOB (COFO de base mises en place au niveau des communautés) et des
nouvelles COFOCOM (COFO communales) qui devaient se mettre en place dans le cadre du
processus de décentralisation et des SAP (en relation avec les SCAP).
Enfin, les conseils communaux, les services techniques d’appui devaient également constituer des
bénéficiaires et collaborateurs du programme.
Les zones d’intervention du PROGRES comprennent la zone agricole de Maradi, les zones agro-pastorales et pastorales de Dakoro (Nord Maradi) et de Diffa.
20
Carte source évaluation à mi-parcours
2.2.5. Stratégie et axes transversaux
Conçue dans une perspective de 6 ans allant de 2005 à 2010, cette première phase du PROGRES
s’inscrivait dans le moyen terme afin de se donner les moyens de « répondre de manière efficace et durable à
des problèmes aussi complexes que ceux liés à la pauvreté rurale et aux inégalités sociales au Niger ». Le programme
se donnait également l’opportunité de consolider les résultats déjà enregistrés par les anciens projets
et programmes de CARE Danemark et CARE Niger, en valorisant les expériences dans le domaine
de la lutte contre la pauvreté et contre les inégalités, notamment en milieu rural: non équité dans les
relations de genre, exclusion et marginalisation sociales, non-exercice de droits d’accès aux ressources
naturelles, inadéquation des services de base, faiblesse de la bonne gouvernance…
Les principes de programmation intégrés à la conception étaient les suivants:
� Adresser les causes profondes de la pauvreté par un renforcement des capacités à travers
l’utilisation de l’approche basée sur les droits ;
� Travailler en partenariat avec la Société civile ;
� Rechercher l’équité sociale en matière de genre, de diversité ethnique ou d’autres
caractéristiques potentiellement sources de discrimination ;
� Développer une dynamique d’innovation/changement, à travers la recherche-action,
l’approche holistique et l’apprentissage continu ;
� Agir sur la bonne gouvernance et les politiques à travers des actions de plaidoyer ;
� Assurer plus de qualité, d’efficience et de durabilité.
Trois grandes directions stratégiques étaient mises en avant pour l’intervention de CARE
Danemark au Niger dans le cadre du PROGRES :
21
� Direction stratégique 1: Promouvoir une gestion équitable des ressources naturelles
fondée sur le dialogue et le respect des droits des acteurs, en particulier les plus vulnérables et
les groupes marginalisés ;
� Direction stratégique 2: Renforcer la société civile notamment en milieu rural non
seulement en vue d’améliorer le niveau de représentation des groupes les plus défavorisés
mais aussi, de les aider à se faire entendre et comprendre par les élus locaux, les acteurs
étatiques et non étatiques impliqués dans la décentralisation et la gestion de l’aide au
développement ;
� Direction stratégique 3: Assurer la livraison de services efficaces et plus équitables, en
relation avec les partenaires, pour sécuriser davantage les économies et les systèmes de vie
des plus vulnérables et des marginalisés.
On notera aussi que la conception soulignait un champ d’innovation particulier dans une démarche
qui devait s’inscrire dans l’apprentissage continu à travers la capitalisation et le partage des
leçons apprises dans les autres projets depuis plusieurs années. Cet apprentissage continu devait se
faire au sein et entre les composantes du programme, puis au sein de la mission de CARE Niger. Il
devait concerner plus particulièrement :
� La prévention et la négociation des conflits, notamment ceux liés aux ressources naturelles ;
� L’inclusion des groupes marginalisés, à travers une analyse de la vulnérabilité des ménages affinée en fonction du genre, de la diversité ethnique et des pratiques pastorales et agropastorales ;
� Le développement et le partage d’expertises du monde pastoral, à travers la recherche action associant tant des experts locaux qu’internationaux ;
� La connaissance et la reconnaissance des droits des femmes, des éleveurs et des plus démunis comme facteur crucial de sécurisation durable des ménages.
Une approche programme devant apporter plus d’efficience et de durabilité. Le PROGRES
devait s’inscrire dans une durée de 6 ans pour permettre de mesurer les progrès accomplis dans les
changements attendus. Les diverses composantes du programme devaient contribuer toutes à
l’objectif du programme et à ses objectifs immédiats, tout en proposant une spécificité propre dans le
choix des changements visés, afin d’optimiser l’efficience de l’action menée à différentes échelles de
temps et d’espace. Le partage continu des expériences et des leçons apprises devait être assuré par la
composante de coordination et de développement du programme. En travaillant avec les acteurs
institutionnels et en visant au renforcement des capacités des partenaires, CARE cherchait ainsi à
assurer la durabilité des changements amorcés, en mettant en œuvre les huit grands principes
suivants:
� s’adresser aux causes profondes de la pauvreté sur la base d’une analyse participative
des situations de vulnérabilité, intégrant la dimension des droits, pour comprendre le rôle des
dynamiques de pouvoir et des inégalités dans l’enracinement de la pauvreté ;
22
� favoriser un accès équitable et pacifique à des ressources naturelles viables,
respectant les complémentarités des systèmes de production et de vie ;
� assurer une part croissante qualitative et quantitative, donnée au partenariat, avec
la disparition progressive du recours au personnel de terrain et le transfert de compétences
aux partenaires ;
� veiller à une plus grande flexibilité dans le partage des ressources humaines - y
compris en matière de partenariat - et des ressources physiques entre les composantes,
contribuant à plus d’efficacité et d’efficience ;
� appuyer le développement organisationnel tant au niveau des communautés de base
(OCBs) qu’à celui des organisations locales partenaires, ONGs et associations
socioprofessionnelles, avec conduite d’audits organisationnels et signatures de notifications
d’accord pour la durée des composantes ;
� associer aux efforts de changement les systèmes locaux traditionnels, les élus et
les partenaires qui favorisent la bonne gouvernance et sont facteurs d’influence pour un
développement équitable (femmes, groupes marginalisés, jeunes..) ;
� partager et diffuser les approches et les bonnes pratiques, en particulier en termes de
SCVM et de prévention des conflits, à travers un réseau de partenaires et contribuer à la
réflexion nationale sur les politiques à réformer, notamment en matière de gestion des
ressources naturelles ;
� garder l’esprit d’innovation et de recherche-action, pour accompagner les dynamiques
de changement au cours de la durée du programme.
Enfin on notera que le PROGRES devait intégrer quatre grands thèmes transversaux : l’approche
basée sur les droits, la lutte contre le VIH-SIDA, la prise en compte du genre et de la diversité, la
prévention et gestion non violente des conflits.
2.3. Analyse de la pertinence de la conception du PROGRES
2.3.1. Pertinence au regard de la problématique de la région de Diffa
a. Les problèmes qui sont à l’origine de la conception du programme
Le document programme mettait en évidence de manière générale la pauvreté du pays en
soulignant le taux de croissance démographique élevé, l’importance de l’insécurité alimentaire
chronique, la dépendance à une agriculture fortement aléatoire, une certaine stabilité politique
retrouvée depuis le début des années 2000.
23
De manière plus spécifique, la situation des ressources naturelles était soulignée comme inquiétante:
les mécanismes et systèmes endogènes de régulation de l’accès aux ressources naturelles apparaissant
de plus en plus déréglés. Ils tendaient à être remplacés par « des relations basées sur un rapport de force
économique qui exclut et marginalise progressivement les groupes les plus vulnérables (notamment les femmes, les jeunes
hommes chefs de ménage et les éleveurs mobiles)». Le caractère déséquilibré et imprévisible des ressources
naturelles, face aux besoins croissants de la population était également largement explicité en
particulier en lien avec les chocs des sécheresses de 68-74 et 80-85.
Cette tendance générale constituait une grande menace pour le patrimoine naturel du pays et
alimentait une dynamique de paupérisation d’une population déjà pauvre qui se trouvait ainsi amenée
à développer des stratégies et comportements souvent préjudiciables à une gestion durable des
ressources naturelles. Les engagements et les moyens étaient considérés comme insuffisants pour
gérer les pressions et les déséquilibres, la législation sur les ressources naturelles apparaissant encore
ambiguë et parfois contradictoire.
La société civile du Niger apparaissait en phase d’émergence. La forte dynamique organisationnelle ne
masquait pas le fait que beaucoup de ces ONG ou associations, surtout en milieu urbain, étaient
encore faibles ou opportunistes, rencontrant «des difficultés à jouer un rôle de contre pouvoir efficace». Ceci est
encore plus vrai en milieu rural. Le capital humain était considéré comme pauvre, en particulier chez
les femmes, et le capital social faible parce que trop peu diversifié et miné par le clientélisme et la
corruption. La décentralisation qui venait de se concrétiser avec « la mise en place des communes devrait
dynamiser le développement de la société civile et l’exercice de contre pouvoirs par de nouveaux acteurs locaux, posant de
ce fait de nouveaux enjeux et défis ».
Face à de tels enjeux, les concepteurs du programme entendaient s’attaquer à trois causes profondes
de la pauvreté rurale au Niger :
� l’iniquité dans l’accès et le contrôle des ressources naturelles pénalisant des ménages ruraux
pauvres qui dépendent de ces ressources;
� le soutien insuffisant du gouvernement pour améliorer les conditions de vie des ménages les
plus vulnérables, ruraux en particulier ;
� une société civile émergente et peu organisée.
Les grandes options stratégiques développées dans la conception de PROGRES concernaient
l’introduction de changements à trois principaux niveaux :
� Une gestion locale des ressources naturelles plus équitable, fondée sur la concertation et la
négociation;
� Une représentation effective des plus défavorisés au sein de la société civile rurale et
pastorale faisant entendre leur voix auprès des élus locaux et des acteurs impliqués dans la
24
décentralisation et l’aide au développement, et pouvant aller au niveau national dans une
démarche de plaidoyer touchant le cadre législatif;
� Des services plus efficaces rendus aux ménages ruraux les plus vulnérables ou aux plus
marginalisés (services sociaux et techniques, étatiques ou non), qui seront en mesure de
sécuriser durablement leurs économies et leurs systèmes de vie.
Ces changements devaient être atteints à travers une approche holistique basée sur les droits, la
sécurisation des conditions de vie des ménages ruraux et pastoraux avec un focus sur la pauvreté
rurale dans deux zones particulièrement sensibles : le centre et l’est du Niger. L’approche en question
devait également intégrer la prévention des conflits liés aux ressources naturelles, un engagement
spécifique en faveur de la justice sociale pour les plus vulnérables (femmes, jeunes, groupes exclus), le
renforcement de la société civile et du partenariat, ainsi que l’approche programme et la
complémentarité avec les autres interventions.
b. Les observations de la mission sur la problématique en question
Le regard porté par la mission plus spécifiquement sur la problématique de la région de Diffa près de
six ans après la conception du PROGRES est le suivant et se recoupe en cinq grands points :
Une région fortement pastorale. La région de Diffa se caractérise par de grands espaces de faible
densité allant de la lisière du Sahara jusqu’à la frontière du Nigeria au Sud. En dehors de l’axe Gouré –
Goudoumaria – Maïné Soroa – Diffa – Nguigmi, la région rencontre de gros problèmes de transport
et de déplacements des véhicules sur des pistes de sable profond. Cette région offre aussi une grande
diversité de ressources pastorales en matière d’hydraulique (puisards, puits traditionnels, puits publics,
vallée de la Komadougou, Lac Tchad), mais aussi du point de vue de la végétation. Les écosystèmes
pastoraux oscillent des végétations présahariennes jusqu’aux cuvettes oasiennes plus boisées de
Goudoumaria, en traversant des aires de pâturages différenciées en fonction des sols et de la
pluviosité. Cette variabilité est particulièrement manifeste au terme de l’hivernage dernier qui a induit
une sécheresse très grave dans toute la bande Sud, les pâturages se concentrant principalement de part
et d’autre de la Dilia. Ces ressources en pâturages sont communes ou partagées de fait au vu des
variations fortes qui obligent les éleveurs à déplacer leur troupeau en fonction des pâturages
disponibles. Cette saison sèche en est un exemple qui s’annonce douloureux, obligeant les éleveurs à
fuir très tôt vers le Nigeria, ou à remonter aux abords de la Dilia, devant pour cela négocier des
accords avec les groupes autochtones exerçant la maîtrise foncière sur les points d’eau et les pâturages
de ces espaces vitaux pour tous cette année.
Des sociétés pastorales diversifiées : enjeux de paix sociale pour limiter la marginalisation et les
conflits. Plusieurs sociétés pastorales mettent en valeur ces espaces et se partagent ces ressources
pastorales suivant des modalités négociées d’accès à l’eau et au pâturage héritées de l’histoire :
Systèmes agro-pastoraux fulbé de la bande Sud à faible mobilité mais susceptibles de bouger
beaucoup plus lors des mauvaises années comme cette année, systèmes pastoraux pivotant autour de
leur terroir d’ancrage centrés sur une ou deux cuvettes, systèmes toubou à grande mobilité liés à
25
l’élevage des camelins, système arabe Ouled Slimane ayant fortement évolué de l’élevage des bovins
en 1984 au profit des camelins plus résistants à la sécheresse et articulé aux caravanes de
commercialisation entre Dirkou sur l’autre rive du Ténéré et le Nigeria pour l’achat des céréales,
Systèmes arabes Mohamid relativement spécialisés avec de gros troupeaux de camelins, systèmes
mobiles à faible ancrage foncier des groupes Wodaabé exploitant les espaces interstitiels entre des
groupes exerçant un contrôle foncier sur les puits et les pâturages… Ces différentes sociétés
pastorales ont acquis des savoirs-faires conséquents en matière d’évaluation et de connaissance des
ressources pastorales, de gestion des troupeaux, organisation sociale intra et intercommunautaire.
Chacune de ces sociétés dispose d’un capital social très important dans le développement des alliances
et la solidarité face aux crises ou aux conflits liés au bétail. Mais la région a été aussi régulièrement
émaillée de confrontations conflictuelles1 dans un passé récent qui ont motivé la conception du
PROGRES, en particulier du projet Puits de la Paix. Chaque fois que les tensions sur les ressources
en eau et le pâturage deviennent trop fortes notamment lors des sécheresses les conflits latents ont
tendances à se relancer.
Des institutions publiques faiblement représentées et dotées de peu de moyens : une
décentralisation en demi-teinte. On doit relever la faiblesse des interventions de l’Etat dans ces zones
pastorales notamment dans le domaine de l’appui à l’élevage qui a connu à la fin des années 80, la
clôture des grands projets d’élevage. L’autorité et la présence de l’Etat ont connu une baisse
d’intensité dès 1991 avec la conférence nationale et avec la rébellion, introduisant beaucoup
d’insécurité dans la région. Les conséquences des événements de la vie politique au niveau national
ont également contribué à affaiblir la présence et l’image de l’Etat. A partir du début des années 2000,
de nombreux acteurs se sont engagés pour préparer puis soutenir le processus de communalisation,
puis de renforcement des communes installées par les élections communales de juillet 2004. Le
renouvellement des conseils communaux tel qu’il s’est déroulé en décembre 2009 a cependant suscité
beaucoup moins d’enthousiasme. La participation citoyenne aux élections a été limitée, l’opposition
ayant décidé de boycotter les élections. La chefferie coutumière semble aussi renforcée dans ces deux
dernières années, ce qui induit une certaine incertitude en ce qui concerne l’importance réellement
accordée aux communes. Par ailleurs sur les cinq années du premier exercice des communes, l’Etat
n’a pas joué le jeu de la décentralisation des ressources financières. Ceci fait, particulièrement dans des
régions aussi peu denses que celle de Diffa, que les communes sont dénuées de moyens financiers
pour exercer leurs compétences.
Une dynamique d’émergence des organisations de la société civile principalement des ONG
qui prend de l’ampleur depuis la fin des années 1980. Dans la région de Diffa, ces organisations,
baptisées OSC dans les documents du PROGRES, recouvrent une grande diversité d’institutions
autant dans leurs objectifs, que leur nature et leurs capacités propres. On distingue de multiples
petites organisations locales constituées sous l’impulsion de quelques leaders, mais ne disposant pas
de moyens pour développer des activités et devenir de vraies institutions. Ce sont aussi quelques
1 On trouvera en annexe deux documents d’analyse des conflits dans la région de Diffa.
26
organisations plus fédératrices, mieux organisées, plus actives, portant en particulier au débat national
des questions liées aux droits des citoyens (ANDDH, Timidria) ou des questions spécifiques au
développement pastoral (AREN par exemple).
Une forte imbrication économique de l’espace régional avec l’espace économique supra-
régional. Sur Diffa, l’unité monétaire utilisée par les citoyens n’est plus le franc CFA ici, mais la naïra.
Les principaux flux économiques sont transfrontaliers et convergent vers le Nigeria pour la vente du
bétail et l’achat des céréales et de nombreux produits manufacturés. Un facteur nouveau qui peut très
fortement influer sur le développement économique de la région est le démarrage de l’exploitation
pétrolière au Nord de la région, autour d’Agadem. Les premiers effets perçus sont limités au transport
des matériaux et équipements des sites pétroliers et du pipeline en cours de construction, mais ils
pourraient s’étendre au démarrage de l’exploitation proprement dit.
En conclusion, au vu de cette analyse des grands traits du contexte de la région de Diffa, il demeure
pertinent de s’intéresser à la gestion équitable et durable des ressources naturelles et au renforcement
des capacités de la société civile. La préoccupation d’amélioration de la gestion équitable et durable
des ressources naturelles demeure cruciale dans ces conditions écologiques particulières dominées par
des milieux en déséquilibre et particulièrement exposés aux risques climatiques. Le contexte socio-
politique de ce début d’année 2010 avec les incertitudes sur le processus de décentralisation au
moment du renouvellement des conseils communaux constituent aussi des éléments du contexte qui
justifient une action de renforcement de la société civile et de la gouvernance locale.
Par conséquent les thèmes clefs du PROGRES demeurent d’une grande actualité, autant en ce qui
concerne les orientations pour la gestion équitable et durable des ressources naturelles et la
prévention des conflits, la sécurisation des conditions de vie des ménages pastoraux et la mobilité des
élevages indispensable à la viabilité de l’économie fortement pastorale de la région.
2.3.2. Pertinence du point de vue des stratégies nationales
La conception du PROGRES est rappelée dans l’évaluation à mi-parcours en insistant sur sa
pertinence avec les principales stratégies nationales, stratégie de réduction de la pauvreté, stratégie de
développement rural, décentralisation et réforme foncière. Ces quatre champs d’expression concrète
de la politique nationale étaient effectivement mis en lumière dans le document de programme en
2004.
A cette période les stratégies nationales étaient bien axées sur la décentralisation et la gestion
concertée des ressources naturelles. Les communes apparaissaient comme des acteurs clefs pour ce
type d’objectifs. Les textes de la décentralisation leur octroyaient un mandat spécifique dans la gestion
de l’espace ainsi que la maîtrise d’ouvrage des puits publics, dont les puits pastoraux. Ces nouvelles
institutions étaient confrontées à des enjeux importants pour exercer leurs mandats et
responsabilités : ressources financières insuffisantes, territoire mal défini, apprentissage de leur rôle,
faible capacité de maîtrise d’ouvrage, capacité de suivi de la mise en œuvre de leur plan de
27
développement… La communalisation était bien analysée comme porteuse de risques pour les
groupes vulnérables. Les hypothèses mentionnées dans le cadre logique du PROGRES supposaient
en particulier que la communalisation n’aggraverait pas ma mauvaise gouvernance locale (dont la
taxation des transhumants).
La SDR était encore au stade de sa conception, mais l’ajustement des dispositifs de sa mise en œuvre
étaient encore largement à préciser, ce qui explique sans doute que l’approche programme développée
dans la conception de PROGRES n’y fasse pas référence.
Il était donc pertinent de prévoir à travers les objectifs un renforcement des jeunes institutions issues
de la décentralisation pour les aider à mieux exercer leurs responsabilités en matière de contrôle de la
gestion équitable des ressources naturelles. On peut cependant noter que les communes ne
constituaient pas le groupe cible central de l’intervention, elles apparaissent plutôt en acteur tertiaire,
après les ménages vulnérables et les organisations de la société civile.
2.3.3. Pertinence au regard des stratégies de CARE-Niger et CARE-Danemark
La stratégie de PROGRES au moment de son élaboration est apparue cohérente avec la stratégie de
CARE Danemark et de CARE Niger, et plus largement aussi avec la stratégie de soutien des ONG et
de la Société Civile définie par DANIDA.
L’argumentaire du document programme fait largement état du ciblage habituel des programmes de
CARE International et de CARE Danemark au Niger principalement axé sur les ménages ruraux les
plus vulnérables vivant dans un contexte de précarité et d’insécurité, afin d’accroître et de diversifier
leurs activités de production, aussi bien agro-sylvo-pastorales que para ou extra agricoles.
L’amélioration des conditions de vie de ces cibles n’est jugée possible qu’à travers l’amélioration de la
bonne gouvernance et l’émergence d’une société civile suffisamment représentative des plus pauvres.
Il est également mentionné que CARE Danmark s’efforce d’aborder la pauvreté rurale au Niger à travers toutes ses dimensions et dans toutes ses manifestations, consolidant ainsi « la mise en place d’une approche programme fondée sur une démarche résolument trans-sectorielle, tout en développant une expertise spécifique en matière de prévention et de gestion des conflits, ainsi qu’en matière de pauvreté pastorale ».
On doit enfin aussi noter que la stratégie s’inscrit pleinement dans les orientations du Programme
2005-2009 de CARE International au Niger dont le but affiché est de « créer, en partenariat avec les acteurs
de la société civile, les conditions préalables pour un développement équitable et durable, axé sur la promotion de la
bonne gouvernance et la protection des ressources des ménages ».
2.3.4. Pertinence des orientations en matière de partenariat avec les OSC
Le document de programme dressait un diagnostic précis de la situation des organisations de la
société civile du Niger. Il concluait qu’il était encore difficile de parler d’une véritable société civile
rurale au Niger, encore moins dans les zones pastorales reculées. Les analyses faites se recoupaient
28
largement avec les observations faites précédemment dans notre lecture plus spécifique de la
problématique de la région de Diffa.
Le risque mis en évidence dans la conception de PROGRES était que la mise en œuvre de la politique
de décentralisation augmente certains enjeux autour du contrôle de l’information fournissant le
pouvoir. Les détenteurs d’information risquaient d’être favorisés par rapport aux autres, ce qui
renforcerait les disparités entre le milieu urbain et rural, entre les hommes et les femmes, entre les
sédentaires et les pasteurs mobiles, etc. Les OSC étaient ainsi considérées comme devant jouer un
rôle déterminant, ceci impliquait donc de renforcer leurs capacités à rendre des services de qualité aux
OCB ou à leurs membres.
Un travail intensif d'information et de formation était jugé nécessaire afin créer une dynamique de
développement institutionnel impliquant les acteurs ruraux – individus et institutions - capables de
prendre des décisions informées qui leur permettent d’améliorer durablement leurs conditions de vie,
en pleine connaissance de leurs droits et responsabilités. De tels arguments devaient donc mettre au
cœur de l’approche ces OSC dont il s’agirait de renforcer l’organisation et l’engagement dans l’action
et/ou de susciter la création là où elles seraient justifiées par rapport à l’objectif du PROGRES. Il
était donc pertinent que les OSC transparaissent explicitement dans la stratégie aux trois niveaux
d’objectifs immédiats.
Une approche plus précise de partenariat était aussi développée dans le document programme fondée
en grande partie sur celle de CARE Danemark, définissant le partenariat comme « des relations de travail
de long terme et mutuellement bénéfiques entre CARE et d'autres organisations sur la base de visions et de valeurs
communes, de respect mutuel, de risques et bénéfices partagés et qui visent à mettre fin à la pauvreté rurale et à préserver
le capital de ressources naturelles ». Quatre types de relations ont été retenus : partenariat avec contrôle
commun et appropriation, alliance et influence partagée, co-exécution ouverte sur une mise en œuvre
commune, sous-contractualisation axée sur le partage d’information et prestation de service.
Dans le prolongement de cette typologie des lignes directrices ont été développée par CARE
Danemark pour la gestion financière de la mise en œuvre de ces différents partenariats. Au-delà de
ces mesures prudentielles en matière de gestion, la conception de l’approche mettait en évidence
parmi les OSC, deux types qui pouvaient commander à une stratégie d’appui bien différenciée au vu
de la nature de ces organisations :
� Les OSC (OLS) Organisation de livraison de services s’orientant sur la vente de services
spécialisés, à travers la sous-traitance et la gestion de projet. Leur mission est de renforcer les capacités et
d’améliorer les compétences du monde rural. Ceci peut supposer que les membres sont principalement des
techniciens et des professionnels qui peuvent appuyer la mission de l’organisation selon les besoins ;
� Les OSC (OVC) Organisation à vocation communautaire s’orientant davantage sur une
vision à long terme du développement socio-économique de leurs membres et/ou de leur population cible. Les
membres s’impliquent activement. Cette implication qui se traduit parfois par du bénévolat nécessite un
engagement moral et social des membres dans le processus. A l’intérieur de cette mission, l’OSC peut
également faire de la sous-traitance et de la gestion de projets mais ce ne sont pas ses actions prioritaires.
29
Les éléments ensuite énumérés dans la stratégie de partenariat ne faisaient ensuite pas de grande
différence dans l’accompagnement de ces deux grands types d’organisations, ce qui pouvait constituer
un risque ensuite dans le développement de l’approche2.
A l’inverse, ne pas distinguer deux stratégies d’accompagnement pouvait signifier aussi qu’il existait de
grands recoupements dans la réalité de ces deux formes d’OSC. D’autre part, on peut aussi souligner
que les critères amont de gestion financière des partenariats pouvaient tendre à exclure les OVC, qui
de par nature, disposeraient de moins de ressources financières et d’expérience en matière de gestion
et de mise en œuvre de projets locaux. De ce point de vue la mission estime que la stratégie aurait dû
être mieux dissociée dans la conception. Ceci explique peut-être les évolutions du partenariat qui ont
conduit PROGRES à limiter ses partenariats à destination du premier type d’OSC, sans dégager une
véritable vision d’appui au second type d’OSC.
2.3.5. Pertinence des actions prévues avec la stratégie de PROGRES
On vise ici à analyser la pertinence des actions envisagées dans leur contribution à la stratégie
PROGRES. Ce point est assez conséquent à analyser au vu de la diversité des projets mis en œuvre et
des actions promues par ces derniers.
On proposera une lecture systématique des contributions théoriques des différentes actions
proposées par chaque projet à l’atteinte des objectifs immédiats du programme. L’analyse de la
contribution effective de ces actions à ces objectifs immédiats sera abordée quant à elle dans le
chapitre 4 portant sur l’analyse des effets et impacts.
Projet RECAP-D 2005-2010, groupes cibles élus et OSC, organisations de base et intermédiaires OS1 renforcement des
économies des ménages ruraux pauvres
OS2 gestion locale concertée et négociée des ress nat bénéficiant aux ménages + vulnérables
OS3 renforcement des capacités des OCB et ONG à assumer rôles, droits et responsabilités
Formations pastoralisme et décentralisation ARED
Formations leadership Caravane décentralisation Cadre de concertation ong Etat civil Formations en GRN Formations des élus Suivi évaluation participatif Concours b. gouvernance
2 Ce qui est en contradiction avec la définition de la société civile proposée dans ce même document programme « un ensemble diversifié d’acteurs individuels ou institutionnels, formels ou informels, traditionnels ou non, qui s’engagent à promouvoir et à protéger
durablement au niveau national, un environnement humain et politique favorable à la naissance et l’ancrage dans la société, de réflexes de prise en
compte des droits humains dans l’application quotidienne des termes du contrat social ».
30
Projet SEMPA 2004-2007, ménages vulnérables en zones pastorales
OS1 renforcement des économies des ménages
ruraux pauvres
OS2 gestion locale concertée et négociée des ress nat bénéficiant aux ménages + vulnérables
OS3 renforcement des capacités des OCB et ONG à assumer rôles, droits et responsabilités
Reconstitution du cheptel dans ses différentes formes
Groupements de Gestion des Approvisionnements
Santé animale
Projet RSA 2004-2006, 2008-2009, femmes vulnérables en milieu pastoral OS1 renforcement des
économies des ménages ruraux pauvres
OS2 gestion locale concertée et négociée des ress nat bénéficiant aux ménages + vulnérables
OS3 renforcement des capacités des OCB et ONG à assumer rôles, droits et responsabilités
Reconstitution sociale avec les ânesses
Projet PAERD (financement UE), 2007-2009, ménages vulnérables OS1 renforcement des
économies des ménages ruraux pauvres
OS2 gestion locale concertée et négociée des ress. Nat. bénéficiant aux ménages + vulnérables
OS3 renforcement des capacités des OCB et ONG à assumer rôles, droits et responsabilités
Auxiliaires paravétérinaires Surveillance épidémiologique Fonds de santé animale Banque aliment du bétail Plans de sécurisation des pâturages
SCAP-RU Alphabétisation Formation OSC à la carte Appui groupements féminins et AGR
Projet GRN-PAIX 2005-2007, communautés de base OS1 renforcement des
économies des ménages ruraux pauvres
OS2 gestion locale concertée et négociée des ress nat bénéficiant aux ménages + vulnérables
OS3 renforcement des capacités des OCB et ONG à assumer rôles, droits et responsabilités
Formation module AREN Formation enjeux décentralisation
Débats informés COFOB Fixation de dunes Réhabilitation des puits pastoraux
Formations GGRN Aménagement pare–feux Formation des leaders aux techniques de négociation
Sensibilisation promotion prévention conflits
Caravanes animation paix Organisation de fora
31
Projet JPCP, 2009-2013, groupes de jeunes hommes et femmes 20-30 ans OS1 renforcement des
économies des ménages ruraux pauvres
OS2 gestion locale concertée et négociée des ress nat bénéficiant aux ménages + vulnérables
OS3 renforcement des capacités des OCB et ONG à assumer rôles, droits et responsabilités
Appui groupes solidaires Micro-projets collectifs Banques d’intrants Ouverture compte et subvention gestion
Formation AGR Formation leadership des jeunes Caravane d’animation Communication CC droits et devoirs
Activités culturelles
Projet PdP, 2006-2011, familles d’éleveurs pauvres et acteurs clefs chefs groupements, OSC, STD, COFO
OS1 renforcement des économies des ménages ruraux
pauvres
OS2 gestion locale concertée et négociée des ress nat bénéficiant aux ménages + vulnérables
OS3 renforcement des capacités des OCB et ONG à assumer rôles, droits et responsabilités
Processus implantation de point d’eau pastoral
Processus débat législation et hydraulique pastorale
Capitalisation
Projet REPPAD, 2008-2011, familles d’éleveurs pauvres et acteurs clefs chefs groupements, OSC, STD, COFO
OS1 renforcement des économies des ménages ruraux
pauvres
OS2 gestion locale concertée et négociée des ress nat bénéficiant aux ménages + vulnérables
OS3 renforcement des capacités des OCB et ONG à assumer rôles, droits et responsabilités
Réhabilitation de points d’eau pastoraux
CES-DRS Formation COFOs gouvernance de l’eau
Conventions locales gestion des puits
Formation de puisatiers
Au terme de cette revue de la contribution potentielle des actions prévues dans les projets intégrés au PROGRES se dégagent plusieurs remarques générales du point de vue de la pertinence des actions prévues :
� Dans l’ensemble les activités couvrent bien d’un point de vue théorique les trois champs des trois objectifs immédiats du PROGRES,
� Une très grande diversité d’activités qui se retrouvent parfois dans différents projets comme aménagements de points d’eau pastoraux, formations ARED…
� Au vu de cette diversité on est amené à se poser la question de la continuité entre les actions d’un projet à l’autre, c’est ce que l’approche programme devrait permettre.
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Chetimari
Foulatari
Mainé Soroa
Goudoumaria
N'Guel Beli
Bosso
Gueskerou
Diffa
Toumour
N'Guigmi
Kabelewa
N'Gourti
REREWA
NGORIANI
KAWAROU
MBEYINGA FOULATARI
NGUEL BEYLI NGUEL DJADJAYE CHIOUTOL NGUEL KORI
NGUEL FADA
MAIDELARAM I ISSARI PEUL
TIGGOUDOU J. SOFO KOURFIA
EREDINGA
BABOULWA LAYA
NOUROUA
DOUDOUA
WELTOUMA MANZO
KARIA
KOURNAHI
YAGA
KABIBOUL
N'GORBALI SAIDINARI
DJARIPHO
KINDJANDI
TROUNA
SASSEY
LEKENI
BELAKHARDE KOLKI DJORGOUL
GANIE
MELEK LAHARITT
DABAZANE N
Legend Canton de N'Guigmi Canton de Goudoumaria Canton de Mainé Soroa Canton de Komadougou Canton de Chétimari Canton de Bosso Zone pastorale Limites Cantons de Diffa
ù Chefs lieu de communes Route goudronnée Pistes Komadougou
! Sites d'intervention
Echelle (Km) 100 80 60 40 20 0
REGION DE ZONE D'INTERVENTION PROGRES -
33
3. Analyse des réalisations et efficacité du PROGRES
3.1. La mise en œuvre du PROGRES
3.1.1. Les interventions mises en œuvre dans le cadre du PROGRES
a. 14 initiatives principales menées dans le cadre de PROGRES
Au total ce sont 14 initiatives significatives qui ont été menées dans le cadre du programme depuis
son démarrage en 2005.
Six initiatives sont achevées : GRN et PCP, SEMPA, PARDESA, COD1, REPPAD/GWI, RSA1&2.
7 sont en cours d’exécution JPCP, RECAP, DEOD, PARDESA/BC, PDP, avec 2 qui se sont
terminées fin 2009 APCAN, PAERD. Une initiative est au stade de démarrage PGIRE/GWI.
On énoncera ici brièvement les différents projets qui ont participé à PROGRES :
SEMPA (Sécurisation des Economies des Ménages Pastoraux) intervient au niveau des ménages et a
pour objectif de réhabiliter et sécuriser les économies de 2.500 ménages pastoraux dans la région de
Diffa en tenant compte de la diversité et du genre.
GRN/Paix (Gestion des Ressources Naturelles/Promotion d’une culture de la Paix) intervient à
l’échelle communautaire et couvre 80 sites au nord de Diffa. La composante vise à créer des capacités
locales pour prendre en charge la gestion concertée des ressources naturelles, et l’appui aux initiatives
locales de paix. (achevé en 2007)
RECAP-D (Renforcement des Capacités pour la Décentralisation 2005-2010) intervient au niveau
des acteurs et organes de la décentralisation et appuie les acteurs clefs de la société civile dans une
34
mise en œuvre réussie de la décentralisation à Diffa dans 7 communes (dont 6 en zone pastorale)
pour la création d’une gouvernance locale.
COD (Children of the desert - Ecoles Communautaires) qui a pour but de sécuriser des conditions de
vie des ménages dans le département de Maradi en améliorant l’accès à une éducation de qualité. Cela
sera atteint en renforçant les compétences dans les domaines de la lecture, de l’écriture, du calcul, de
la grammaire et du langage de 1.800 enfants dans 12 écoles primaires communautaires dans 20
communautés du département de Maradi.
PARDESA (Partenariat pour la Décentralisation et la Sécurité Alimentaire Durable) a pour objectif
de développer des capacités institutionnelles des acteurs locaux de 4 communes à Dakoro (4500
ménages sur 80 communautés), afin de faire face aux insécurités alimentaires dans le nouveau
contexte de décentralisation.
PARDESA/BC Gestion communale et communautaire des stocks alimentaires, banques de céréales,
sécurité alimentaire et décentralisation à Dakoro, 2009-2010.
APCAN (Appui au Dispositif National de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires au
Niger- 2006-2009) vise à réduire la pauvreté et la vulnérabilité des ménages et à renforcer les
mécanismes de prévention et suivi des crises alimentaires, à travers un système d’alerte précoce dans
les régions de Tillabéry, Maradi et Zinder.
Puits de la Paix (PDP, 2006-2011) qui a pour objectif de sécuriser un accès équitable et durable à
l'eau pour les pasteurs de la région de Diffa, en particulier pour les communautés pauvres et
marginalisées qui y vivent.
PAERD (Santé animale communautaire en zone pastorale, économie des ménages pastoraux (2007-
2009) vise à réduire la pauvreté et la vulnérabilité des éleveurs dans la zone nord, à travers le
renforcement des capacités de 2.500 ménages des 50 communautés et des organisations de la société
civile pour développer des mécanismes locaux de prévention et de gestion des risques sanitaires et des
fluctuations interannuelles des pâturages dans les départements de Diffa, Maine Soroa et de Nguigmi.
JPCP, Jeunesse, Ressources naturelles et conflits en zone Pastorale, 2009-2013.
DEOD, Ecoles communautaires, diversité à l’école, éducation des filles, 2009-2011.
CCDP constitue la Cellule de coordination et de développement du Programme, elle vise à assurer
l’assemblage et la cohérence de cette grande diversité d’interventions.
b. Les interventions dans la région de Diffa
Plus spécifiquement à la fin de l'année 2009, le portefeuille de CARE Niger à Diffa était constitué des
5 projets et composantes tous ancrés dans PROGRES: PDP, PAERD, RECAP-D, REPPAD, JPCP.
Le diagramme suivant fait bien ressortir en quoi PROGRES constitue un cadre d’intervention intégrant une douzaine d’initiatives dans différents domaines.
35
3.1.2. Le dispositif d’intervention du PROGRES à Diffa
La mise en œuvre du PROGRES sur Diffa réunissait un effectif de 47 personnes en décembre 2009,
intégrant des personnels de CARE Niger et des OSC partenaires de CARE Niger basés à Diffa. Ils se
répartissaient de la manière suivante :
-personnels du programme PROGRES sous contrat avec CARE
� coordinateur régional, chefs de projets et composantes et assistants techniques spécifiquement affectés au programme PROGRES à Diffa (12 personnes) ;
� chef unité nationale de SE et assistants techniques transversaux nationaux au programme PROGRES basés à Diffa (CUSE, AT/GED, AT/PRC, AT/DOI) (4 personnes) ;
� 9 chauffeurs ;
-personnels sous contrat avec les OSC et mis à la disposition de PROGRES par les OSC
� communicateurs, animateurs, animateurs/formateurs et superviseurs de terrain 15 ;
-personnels d'appui administratif et financier sous contrat avec CARE
� personnels d'appui au service de l'ensemble de CARE Diffa 3 ;
� personnels d'appui au service prioritaire des projets et composantes PROGRES Diffa 4.
SCVM Diffa 2005 P R O G R E S 2010
GRN/Paix Diffa RN et conflits z past
SEMPA / Diffa économie ménages past
RECAP/D Diffa décentralisation z past
REPADD JCPC Diffa P-GIRE 2005 - 2011 hydraulique pastorale
Puits de la Paix Diffa hydraulique pastorale UE
PAERD/ Diffa santé anle éco mén past
JPCP/ Diffa 2009-13 jeun conflits z past
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
COD Maradi COD II Maradi 2008 - 2011 écoles communautaires
PARDESA / Dakoro sécu altaire décentra°
APCAN/ Maradi Tillabéry Zinder prévent° crises SAP UE
36
3.2. Indicateurs de résultats : nuancés et difficiles à interpréter
Les données mises à disposition de la mission par le service de suivi-évaluation3 du PROGRES
proposent une lecture globale des indicateurs définis pour le suivi du cadre logique. Ces indicateurs
cumulent les données d’enquêtes collectées suivant différentes fréquences d’enquête. Ils concernent
sans distinction les différentes régions d’intervention Diffa et Maradi, sans qu’il soit possible de
dissocier pour tenir compte de contextes agro-écologiques, économiques et sociaux pourtant bien
différents.
Nous reprenons ci-dessous la situation présentée en janvier lors de la mission d’évaluation, pour
chacun des trois objectifs immédiats du PROGRES en remarquant que globalement la progression de
ces indicateurs dégagerait une évolution assez nuancée suivant les indicateurs. Il est de fait difficile
d’en déduire une appréciation de l’efficacité globale du PROGRES dans l’atteinte de ses trois résultats
(objectifs immédiats).
3.2.1. OI1 Sécurisation des économies des ménages ruraux
Indicateur 6 : « % des ménages ayant un accès aux céréales garanti toute l’année »: les mesures de
2005 (0%) avaient été dramatiques à cause de la sévère crise alimentaire qui a frappé l’ensemble du
Niger. Les ménages n’avaient évidemment pas eu un accès aux céréales garanti toute l’année. L’année
2006 avait été beaucoup moins critique sur le plan alimentaire, la mesure 2006 (59,60%) excédant le
repère (40%). En 2007 : on arrive à 54,30% des ménages ayant un accès aux céréales garanti toute
l’année (repère prévu pour 2007 : 50%). Ces deux derniers pourcentages, assez proches reflètent deux
campagnes agro-pastorales 2005 et 2006 assez satisfaisantes. Les valeurs mesurées de l’indicateur ont
été de 34,1% (repère 55%) en 2008 et 73,3 %(repère 60%) en 2009 et traduisent respectivement la
mauvaise campagne 2007 et la campagne 2008 jugée satisfaisante.
Indicateur 7 : « % des ménages très vulnérables couvrant leurs besoins alimentaires et de santé sans
décapitaliser » : Là également, en raison de la crise 2005, tous les ménages très vulnérables avaient dû
décapitaliser pour couvrir leurs besoins alimentaires et de santé.
Les valeurs mesurées de cet indicateur sont par la suite passés de 50% (repère 30%) en 2006 à
66,66% (repère : 45%) en 2007, puis à 55,6% en 2008 (repère 55% ) et 57 % en 2009 (repère 65%).
Il reste que les ménages ruraux restent très vulnérables aux crises alimentaires aiguës, et que la
situation d’insécurité alimentaire prend un caractère de plus en plus structurel. Il apparaît un lien
étroit entre les capacités des ménages à couvrir les besoins alimentaires et les résultats des campagnes
agro pastorales. Les effets des efforts du programme pourraient être ressentis au niveau des capacités
des ménages à prévenir et à gérer les crises.
3 On accèdera à la situation globale établie en janvier 2010 par PROGRES en annexe.
37
Des projets comme APCAN, SEMPA, PAERD et PARDESA aident à mieux déterminer à la fois les
causes profondes de cette vulnérabilité et de la malnutrition chronique et les réponses à leur apporter.
Indicateur 8 : % des ménages membres d’OCB à caractère économique : Il n’a été prévu que deux
mesures pour cet indicateur. Une en 2007 et une autre en 2010. Au vu de la valeur de référence qui
est de 25 %, les résultats des mesures de 2007 (59 % (repère 45%)) montrent une évolution positive.
Indicateur 9 : % des ménages ayant augmenté leur capital bétail : Là également il n’a été prévu que
deux mesures . Une en 2007 et une autre en 2010. La valeur prise par l’indicateur en 2007 qui est de
20,9%, montre qu’il y a bien d’effort à faire au regard du repère pour la même année qui est de 50%.
Indicateur 10 :% des ménages qui ont adopté de bonnes pratiques en Santé/VIH/SIDA : Là aussi, il
n’a été prévu que deux mesures. Une en 2007 et une autre en 2010.
Toutefois, il a été conduit trois mesures et les résultats montrent une évolution significative des
proportions des ménages adoptant de bonnes pratiques en Santé/VIH/SIDA. En effet, la valeur
mesurée de l’indicateur a passé de 37% en 2005 à 46% 2007 (repère 60%) pour atteindre 69,85% en
2008.
3.2.2. OI2 Prévention des conflits et gestion plus équitable des ressources naturelles
Indicateur 11 : « Diminution du % des conflits violents liés à la GRN en zone d’intervention du
programme ». Les efforts du programme se sont traduits par une diminution sensible des % des
conflits violents liés à la GRN. La valeur de l’indicateur est passée de 56 % en 2005 à 22% en 2007
(repère 20%) et à 23,66 % en 2008. Il faut noter que dans la zone du programme, 69% des conflits
sont liés à la GRN.
Indicateur 12 : « % des COFOs prenant en compte les droits des groupes marginalisés au niveau des
communes » : Il n’a été prévu que deux mesures pour cet indicateur. Une en 2007 et une autre en
2010. Il apparaît pour la mesure effectuée en 2007 que toutes les COFOs mises en place au niveau
des communes prennent en compte dans leurs principes les droits des groupes marginalisés.
Cependant, il faut signaler qu’aucune de ces communes n’a posé d’acte concret dans ce domaine !
Indicateur 13 : « Nombre de thèmes GRN discutés au sein des conseils locaux sous l’influence des
OSC » : Il n’a été prévu que deux mesures pour cet indicateur aussi. Une en 2007 et une autre en
2010. Les mesures de 2007 montrent qu’aucun thème lié à la GRN n’a été discuté au sein des conseils
communaux, bien que des membres des OSC participaient aux réunions.
Ces résultats sont mitigés et montrent qu’il reste beaucoup à faire pour une gestion réellement
concertée et plus équitable des ressources naturelles, et pour être efficace en matière de prévention
des conflits.
38
3.2.3. OI 3 Renforcement des capacités des OCB et des OSC à assumer leurs rôles,
droits et responsabilités au sein d’une société civile avec voix
Indicateur 14 : « % de femmes ayant un leadership reconnu au sein des OCB et OSC » : Pour cet
indicateur aussi, il n’a été prévu que deux mesures. Une en 2007 et une autre en 2010. Les mesures de
2007 indiquent un pourcentage de 10%, en deçà du repère prévu pour 2007 : 15%. Sur les 1267
femmes membres des OCB mises en place entre 2005 et 2007 et des OSC partenaires, seules 129 ont
un leadership reconnu au sein de ces structures.
Indicateur 15 : Le pourcentage d’OCB assurant une gestion efficiente des fonds qui leur sont
alloués : Pour cet indicateur aussi, il n’a été prévu que deux mesures. Une en 2007 et une autre en
2010. Les mesures de 2007 indiquent une valeur de 56% pour une valeur ciblée de 40%.
Indicateur 16 : Le % des OSC ayant atteint les stades de partenariat conformément à leur plan de
développement organisationnel : Pour cet indicateur aussi, il n’a été prévu que deux mesures. Une en
2007 et une autre en 2010. Les mesures de 2007 indiquent une valeur de 43% pour une valeur repère
de 50%. En 2007, seules 3 des OSC partenaires (sur 7) ont atteint le niveau 3. Un plan d’action a été
conçu après les résultats de l’auto-évaluation des OSC partenaires de PROGRES (2006-2007) pour
renforcer davantage les capacités des OSC les plus faibles.
Indicateur 17 : % des OCB & OSC faisant partie d’un réseau actif au niveau local /
régional/national : Pour cet indicateur aussi, il n’a été prévu que deux mesures. Une en 2007 et une
autre en 2010. Les mesures de 2007 indiquent une valeur de 57% (repère 2007 45% et valeur de
référence 10% en 2005)
Indicateur 18 : Nombre de cas où les OCB/OSC ont joué un rôle d’influence & leadership dans la
gestion du processus de décision au niveau communal : Comme tous les indicateurs de cet objectif, il
n’a été prévu que deux mesures. Une en 2007 et une autre en 2010. Les mesures de 2007 montrent
que les OCB et OSC n’ont joué qu’une seule fois un rôle d’influence et de leadership dans la gestion
du processus de décision au niveau communal (repère 2007 : 6). C’est un résultat décevant.
Indicateur 19 : % d’organisations partenaires engagées dans un processus de plaidoyer en faveur des
femmes et des plus vulnérables : Pour cet indicateur aussi, il n’a été prévu que deux mesures. Une en
2007 et une autre en 2010. Les mesures de 2007 indiquent que 100% des OSC déclarent être engagées
dans un processus de plaidoyer en faveur des femmes et des plus vulnérables (repère 2007 : 20%). La
réalité est probablement bien en deçà !
Indicateur 20 : % de lettrés hommes et femmes dans la zone d’intervention du programme : Pour
cet indicateur aussi, il n’a été prévu que deux mesures. Une en 2007 et une autre en 2010. Les
mesures de 2007 indiquent que le pourcentage de lettrés hommes et femmes a atteint 18% au lieu des
20% escomptés en 2007 : 21% des hommes savent lire et écrire contre 14% chez les femmes.
39
3.3. Acquis, difficultés et ajustements de la mise en œuvre
3.3.1. Principaux points forts rencontrés dans la mise en œuvre
La mission d’évaluation a relevé plusieurs points forts de l’intervention du PROGRES.
Une intervention jugée courageuse car elle touche directement les populations nécessiteuses
des zones très enclavées. Plusieurs acteurs tant au niveau régional que sur le terrain soulignent un
acquis très important de l’intervention de PROGRES et de CARE en général, c’est :
Des actions clefs ont été souvent mentionnées comme facteur d’efficacité au regard des
problèmes rencontrés par les ménages vulnérables. Les actions jugées les plus efficaces
potentiellement pour la sécurisation des groupes vulnérables en zone pastorale sont ainsi: la
reconstitution du cheptel, la prévention des conflits, l’approvisionnement des campements, la
réalisation d’ouvrages d’hydraulique pastorale, les formations… Ce sont là des actions dont l’efficacité
a priori est soulignée â de nombreuses reprises dans les discussions ave c les bénéficiaires.
Une flexibilité qui est souvent mentionnée comme un atout et une capacité d’adaptation à un
environnement en déséquilibre. Cette flexibilité a permis de mobiliser des fonds additionnels lors
de la crise de 2005. Elle est aussi entrée en jeu lors de l’organisation rapide et efficace de fora
stratégiques à la descente précoce des troupeaux dans des zones potentielles de conflits comme sur
les berges de la Komadougou.
Des groupes cibles diversifiés et complémentaires pour travailler de manière efficace sur
l’objectif immédiat 2 d’amélioration de la gouvernance et de la gestion équitable des ressources
naturelles. Le fait d’associer les communes et les autorités locales aux formations et aux débats sur ce
thème a été un facteur d’efficacité noté par les élus en particulier.
Un investissement important dans la formation des personnes, c’est ici aussi un des points forts
de ce programme qui a multiplié les échanges, les fora, les caravanes de sensibilisation, les formations
au module ARED.
Des innovations méthodologiques plus ou moins abouties ont aussi été développées ou
multipliées par le PROGRES, on citera de ce point de vue :
� Les actions de RSA (reconstitution sociale avec les ânesses), même si elles avaient été
expérimentées déjà au cours des projets précédents), les modules de formation ARED, la
démarche de suivi-évaluation participatif développée dans certaines communes appuyées ;
40
� On peut aussi mentionner l’idée du concours de bonne gouvernance, permettant des
échanges d’expérience et une certaine émulation entre les conseils communaux. ;
� Le concept d’appui à l’élaboration d’accords sociaux de concertation pour l’implantation
des puits pastoraux, est aussi un élément novateur dans la démarche tentée par PdP.
3.3.2. Difficultés rencontrées
Elles ont d’abord été liées à la diversité des projets et des actions qui présentait un risque de
relative dispersion thématique des résultats. Ce point est souligné dans plusieurs évaluations, il est
repris par l’équipe du PAERD dans la présentation de son bilan. On peut considérer qu’une telle
diversité d’actions à conduire de front conduit à une approche extensive et non à un travail de
véritable recherche action nécessitant compréhension fine des problèmes et des stratégies, élaboration
concertée de mesures adaptées et suivi-évaluation des effets de leur mise en œuvre avec les concernés.
Les limites du faire-faire avec certaines OSC aux capacités faibles ont été également largement
éprouvées et ont pu conduire à des prestations de mauvaise qualité, que certains acteurs rencontrés
qualifient «d’ONG kabu-kabu ».
Le PROGRES a aussi traversé une crise du partenariat suite à des problèmes de gestion rencontrés
par certaines OSC. Ceci a conduit en 2007 à revoir les accords passés avec les organisations. Ce
recentrage du partenariat s’est opéré en passant de 10 OSC partenaires à 5 OSC retenues. Ces
réaménagements des partenariats ont pris un temps incontournable, mais dommageable à la bonne
mise en œuvre des actions.
La mise en œuvre de certaines activités a aussi été confrontée à une insuffisance de moyens
et de qualité de suivi de certaines actions. Ceci a été souligné par un des partenaires
responsabilisés dans la mise en œuvre et le suivi du warrantage pour la reconstitution du cheptel. Il est
apparu que les moyens prévus pour le suivi de l’opération en question étaient sous-estimés.
La mobilisation des personnels des projets pour répondre aux actions d’urgence engagées
pour subvenir à la crise alimentaire de 2004 a également été soulignée comme une contrainte à la mise
en œuvre des actions initialement programmées dans certains projets au cours de l’année 2005.
Du point de vue des performances en terme d’innovation on a pu constater un manque de
coordination et de continuité dans certaines actions, faute d’une véritable analyse et capitalisation
des expériences. Le cas de la superposition des groupes de jeunes femmes appuyées dans le cadre de
JCPC et des anciens groupes MMD par exemple est révélateur d’un fonctionnement par projet que
l’approche programme devait améliorer. De même, alors que des modalités très diverses de la
reconstitution du cheptel ont été mises en œuvre, l’impression demeure que ces modalités ont été
juxtaposées sans véritablement en tirer les enseignements concrets qui auraient été particulièrement
utiles cette année pour répondre à la crise rencontrée par les pasteurs. Ceci est à mettre en relation
avec l’analyse faite plus haut d’un suivi-évaluation principalement centré sur des indicateurs
41
globaux et agglomérés et qui a eu du mal à sortir du carcan du suivi des indicateurs du cadre
logique.
Enfon les discussions avec les équipes des projets ont également noté quelques difficultés dans le
fonctionnement interne au niveau des achats et paiements qui ont pu freiner l’efficacité de la
mise en œuvre de certaines actions ou prestations jugées cruciales par les responsables de projets.
3.3.3. Principaux recentrages opérés
Au cours de la mise en œuvre du PROGRES au vu de certaines de ces difficultés rencontrées,
plusieurs ajustements et recentrages ont été opérés :
� Mise en place de la coordination régionale Diffa en mars 2008 ;
� Recentrage du partenariat suite à l’atelier de Zinder ;
� Travaux sur la stratégie de plaidoyer ;
� Développement de synergies entre composantes ;
� Contributions aux débats nationaux sur le foncier pastoral ;
� Intégration de l’observation des MSC dans le suivi-évaluation.
Bien que cette évaluation ne soit pas centrée sur l’efficacité de la mise en œuvre, mais principalement
sur les impacts des actions menées nous approfondirons ici quelques-uns des faisceaux de difficultés
rencontrées et des ajustements apportés pour améliorer l’efficacité du programme.
3.3.4. Coordination du PROGRES CCDP
L’objectif général de la CCDP était de faciliter la mise en œuvre et l’atteinte des objectifs du
programme, en assurant d’une part que les diverses composantes œuvrent en complémentarité,
cohérence et synergie dans la participation à la réduction de la pauvreté rurale au Niger, et d’autre part
en concrétisant la prise en compte des droits et responsabilités des ménages ruraux vulnérables.
L’objectif plus spécifique de la CCDP était de faciliter la réalisation harmonieuse du programme
PROGRES :
1. mettre en œuvre une coordination qui développe la synergie entre les divers projets et
composantes du programme ;
2. concevoir, mettre en œuvre et partager un processus adapté et continu d'apprentissage, de
capitalisation et de suivi-évaluation entre le programme, le reste de CARE, les OSC partenaires
et au-delà ;
42
3. mettre en place des mécanismes et des moyens permettant d’assurer la gestion, l’administration et
le développement continu et soutenu du programme.
On notera que ce dispositif a été mis en place et a permis de faciliter la coordination entre les deux
équipes régionales de Maradi et Diffa. La mission n’ayant pas analysé la situation sur Maradi, il est
difficile d’apprécier plus en profondeur l’efficacité de ce travail de coordination entre les régions. Une
restructuration du programme PROGRES a été entamée en 2006 suite à l’évaluation à mi-parcours
mettant en évidence en particulier la nécessité de renforcer la coordination régionale sur Diffa. Ceci
s’est traduit par l’ouverture d’un poste de coordonateur régional pour la région de Diffa début 2008.
Pour ce qui est de l’objectif 2, de capitalisation et de suivi-évaluation du programme, il apparaît que
de nombreuses rencontres ont été organisées et ont bien permis des échanges entre les équipes et les
partenaires, mais d’une manière générale peu d’éléments de connaissance des problématiques
d’intervention de PROGRES ont été véritablement capitalisées dans cette phase. Ceci rejoint les
observations faites déjà par les évaluations à propos du système de suivi-évaluation mis en place.
3.3.5. Dispositif et limites du suivi-évaluation
Le dispositif de suivi-évaluation a fait l’objet de plusieurs observations de l’évaluation à mi-parcours
GRN-PCP. Il est géré par un chef d’unité suivi-évaluation basé à Diffa ; qui est chargé de suivre les
performances des composantes et travaille en relation avec les chargés de suivi-évaluation qui suivent
les performances des autres composantes/projets basés à Maradi et Dakoro. Les données de Maradi,
Diffa et Dakoro sont ainsi centralisées et agglomérées dans le cadre du suivi des changements et de
manière à alimenter les données de suivi des différents indicateurs du cadre logique du PROGRES.
Des forces indéniables de ce système de suivi évaluation étaient mentionnées : référentiel bien
déterminé, outils adéquats pour apprécier les performances spécifiques des composantes (tableau de
suivi des performances, suivi des indicateurs de résultats) et pour mesurer aussi les changements produits par le programme (20 IOV d’effets, mode opératoire et outils de suivi des indicateurs
d’effets) ; réflexions en cours pour intégrer le suivi des hypothèses.
Des outils ont également été produits pour le suivi des performances des OSC partenaires
(partnermeter, partnership matrix, partners financial assessment tool). Ces outils introduits par CARE
Danemark permettent de suivre de quelle manière les partenaires ont évolué relativement à plusieurs
domaines techniques, organisationnels et financiers.
Une des grandes critiques de l’évaluation en question était que malgré la richesse des informations
qu’il pouvait générer, ce dispositif de suivi-évaluation n’est pas valorisé comme il se devait par les
principaux acteurs. Les responsables des composantes l’interrogent à l’occasion des rapports
périodiques (trimestriels, annuels et semestriels) ; les assistants techniques et les partenaires
fournissent des informations permettant de le nourrir (rapports de suivis des activités). Il n’est
cependant pas courant que tous ces acteurs fassent des requêtes en dehors des cadres de rapportage,
43
afin de demander la production d’informations synthétiques qui questionnent la stratégie et les
activités. Un simple « zoom » effectué par exemple sur l’activité RSC ou GGCRN pourrait donner
l’opportunité de réflexions approfondies ou de questionnements appropriés quant aux véritables
effets engendrés, l’ancrage social, le potentiel de durabilité, etc.
En ce qui concerne le suivi des performances des OSC, il est dommage que les principales concernées
ne soient ni informées ni associées au processus ; les tableaux sont intégrés dans les rapports
d’exécution, ils ne sont ni partagés ni discutés. Pourtant, ces tableaux de suivi peuvent fournir
l’opportunité aux composantes et aux OSC de mener des échanges intéressants sur l’évolution de
leurs performances : cela aussi fait partie du renforcement des capacités.
La mission mi-parcours du PROGRES mentionnait également « Le montage actuel permet un échange important d’informations et de connaissances entre les acteurs-clés du programme (Equipes de terrain ou du niveau central, l’UE, CARE Danemark, CARE Niger et Danida) et favorise effectivement l’apprentissage des partenaires. Cependant le programme est loin d’une dynamique de capitalisation et de diffusion des leçons apprises. Il est recommandé de renforcer les capacités de l’Unité de S&E afin d’améliorer cette capitalisation et cette diffusion des acquis et afin d’assurer que le coordinateur et le chargé de programme seront plus présents sur le terrain ».
Des ajustements ont été introduits pour tenter de prendre en compte ces insuffisances, avec
notamment la mise en place des fiches de Most Efficient Changes explicitant rapidement des
exemples de changements induits par les réalisations. Au demeurant, ces éléments ne permettent pas
d’aller très loin et s’apparentent plus à des témoignages de satisfaction effective des bénéficiaires, qu’à
une analyse plus approfondie des facteurs du changement induit dans le système de production des
ménages considérés. Il ne débouche pas non plus sur une réflexion sur la stratégie à ajuster ou
renforcer pour telle ou telle action d’accompagnement.
L’exemple le plus manifeste dans ce sens, est celui des expériences comme le Warrantage des
animaux pour améliorer les conditions de valorisation du bétail par les éleveurs qui constituait.une
expérimentation mais qui ne semble pas avoir été suivie et analysée jusqu’au bout pour valider ou
invalider ce qui pouvait constituer une innovation, puis l’améliorer et la diffuser.
La mission a également noté qu’il est difficile au système de fournir les données désagglomérées des
indicateurs pour, comme elle aurait souhaité le faire, analyser les évolutions sur la région, de Diffa.
Ceci réduit de beaucoup l’intérêt de l’outil, puisque les problématiques et les contextes sont variables
entre Maradi et Diffa.
On regrettera également que le suivi évaluation n’ait pas aménagé des espaces plus intenses réservés à
l’auto-évaluation approfondie par les bénéficiaires des actions innovatrices appuyées par CARE sur
des thématiques centrales comme la reconstitution du cheptel, l’approvisionnement des campements
et la réduction des conflits. Ce type de rencontres aurait en même temps facilité l’analyse des
expériences appuyées par PROGRES et aussi enrichi les travaux de la mission d’évaluation.
44
3.3.6. Mise en œuvre et qualité du partenariat développé
Ce point a également été analysé par la mission d’évaluation à mi-parcours de PROGRES. Elle
soulignait que la stratégie de partenariat était un élément clé de la stratégie du Programme
PROGRES, considérée comme très pertinente pour atteindre les objectifs du PROGRES en termes
de durabilité (renforcement de capacités de compréhension et de maîtrise des partenaires), d’équité et
de prise en compte des groupes les plus vulnérables.
La stratégie était également jugée cohérente avec l’approche de CARE Danemark qui considère le
partenariat comme « des relations de travail de long terme et mutuellement bénéfiques entre CARE et
d’autres organisations sur la base de visions et de valeurs communes, de respect mutuel, de risques et
bénéfices partagés et qui visent à mettre fin à la pauvreté rurale et à préserver le capital de ressources
naturelles ».
Dans sa mise en œuvre, cette approche du partenariat a présenté un certain nombre de forces et aussi
de difficultés qu’il importe de relever pour en apprécier l’efficacité.
La stratégie de partenariat a contribué à l’intégration de certaines innovations comme les
écoles communautaires, dans le cadre de RECAP-D avec la constitution du capital bétail pour assurer
l’autonomie et la pérennité de l’établissement, sont des innovations importantes qui sont prises en
charge par les OSC partenaires et qui n’étaient vraiment prévues initialement. Il en est de même de la
prise en charge des enfants d’anciens esclaves par Timidria dans le cadre de PARDESA.
Plusieurs diagnostics des forces et faiblesses des OSC ont été menés, utiles à l’accompagnement
et au renforcement des capacités techniques, institutionnelles et organisationnelles de ces
organisations. Une étude des capacités des OSC partenaires a été menée par le bureau d’étude
SOCAÏR en 2004 pour identifier les OSC partenaires. Dans ce cadre, des propositions ont été
esquissées préfigurant en quelque sorte un plan de développement organisationnel par OSC.
45
Un accompagnement à l’auto-évaluation des OSC a été engagé en 2007 et a mis en évidence
que les OSC étaient peu spécialisées, couvrant tous les secteurs susceptibles d’intéresser les
partenaires au développement souvent raison d’être de leur existence. Leur vie communautaire était
jugée limitée avec un pouvoir centralisé et dirigée par une personne à l’origine de leur fondation.
Cette analyse a montré que les capacités des OSC demeuraient encore limitées en général, le
partenariat ne répondant pas totalement à certaines attentes notamment dans le domaine de l’appui
institutionnel.
Un recentrage de l’appui sur les OSC répondant aux critères de fiabilité économique. Une
lettre de mise en demeure a été envoyée pour le remboursement des montants irrégulièrement
dépensés mis en évidence par l’audit d’investigation commandité par CARE et conduit par le cabinet
Fiduciaire Conseil et Audit du 29 Décembre au 1er Janvier 2008. Ceci a abouti à la réduction des
partenaires passant ainsi sur Diffa de 10 à 5 en 2009.
Au vu de ces constants, le programme a introduit un appui institutionnel plus conséquent
aux OSC dans le développement de leur stratégie, la gestion de budget et les procédures
administratives et l’inscription dans les contrats de financement de la rétrocession de certains
matériels ou équipements.
Au final l’analyse de la mission d’évaluation est donc que la stratégie définie par le programme en
matière de renforcement de la société civile était porteuse d’innovations, notamment au profit d’un
renforcement des capacités des acteurs locaux, des organisations de la société civile et également en
terme de durabilité des actions. Elle devait permettre un apprentissage mutuel, elle devait
accompagner une évolution vers plus de transparence dans la gestion de ces organisations, favoriser
aussi une gouvernance et une redevabilité vis à vis des membres de ces organisations et d’une manière
générale, renforcer la capacité d’animation et de développement des ressources humaines des OSC.
Néanmoins cette approche souvent traduite par « faire-faire » a rencontré certaines difficultés rendant
son évaluation relativement critique.
Le programme a été confronté à de sérieux problèmes de gestion de certaines OSC qui travaillaient
sur d’autres projets que le PROGRES. Ceci a conduit à déclencher la procédure de CAP qui a conduit
à réduire fortement le champ des partenaires accompagnés de manière à garantir une meilleure
gestion des fonds.
Comme l’a souligné l’évaluation à mi-parcours de RECAP-D, la mise en œuvre de la stratégie a pu
créer plus de distance entre les équipes de CARE et les bénéficiaires, la relation se faisant directement
entre l’OSC et les bénéficiaires. Cette difficulté est encore plus importante quand on est engagé dans
des approches de type recherche-développement comme puits de la paix, où le travail de diagnostic
des sites est fait par un intermédiaire qui consigne ses éléments dans son rapport. De ce fait, la
compréhension et la capitalisation sont évidemment bien différents de ce que l’on peut attendre d’un
travail en direct par l’équipe, en particulier dans la connaissance fine des réalités et des logiques locales
des différents groupes concernés.
46
On a également observé une certaine distanciation entre les agents mobilisés au titre des composantes
de PROGRES et leur structures, ce qui a conduit à Diffa à repositionner ces agents dans les locaux de
ces ONG. Ceci aurait ainsi permis d’éviter que le partenariat ne se réduise à un simple portage
administratif des agents mobilisés par les OSC.
3.3.7. Démarche et stratégie de plaidoyer mise en œuvre
Cet axe d’intervention figurait comme un des axes transversaux définis dans le document programme.
Sa mise en œuvre s’est montrée ambitieuse et de nombreuses actions menées dans les différents
projets y font référence.
Certaines actions de préparation au plaidoyer ont été menées dès 2005 à travers en particulier, les
formations basées sur les modules ARED sur le pastoralisme & la décentralisation avec l’organisation
de fora sur la gestion alternative de conflit lié à la GRN.
De nombreuses actions ont été entreprises dans le cadre des interventions de CDK au Niger et
peuvent se revendiquer du plaidoyer : formations ARED, participation aux débats du Code Pastoral,
négociation avec les conseils communaux, soutien aux initiatives de paix. Mais ces actions sont restées
très dispersées et apparaissent plus relever des activités naturelles des projets en question que d’une
véritable stratégie de plaidoyer bien définie.
Au plan de l’ajustement de la stratégie générale, un travail spécifique a été conduit en juin 2008
pour évaluer et affiner la stratégie de plaidoyer à CARE Niger à la lumière de l’atelier régional de
CARE à Bamako. L’objectif de cet atelier était de « créer un nouveau cadre d’échanges francs et durables, au
sein de CARE Niger, basé sur une vision claire et partagée des questions du plaidoyer dans le but de maximiser les
impacts au niveau des communautés »4.
Ces travaux ont débouché sur une analyse critique de l’approche du plaidoyer mise en œuvre.
Plusieurs éléments de faiblesses sont mis en évidence dans le compte rendu de cet atelier, mentionnés
par les agents de CARE : insuffisance d’engagement politique comme au début des années 2000,
insuffisance d’allocations des ressources/capacités internes et externes, absence d’analyse approfondie
pour identifier les problématiques qui peuvent être consensuelles au niveau de la mission.
Une insuffisance était aussi soulignée dans la coordination des actions de plaidoyer et la faiblesse dans
l’orientation du personnel sur la responsabilité du coordinateur de pôle DIRC. D’autre part était
pointé un certain ralentissement de la volonté politique de CARE Niger imputable à plusieurs
facteurs : caractère conservateur de CARE, peur de frustrer les gouvernements en place, peur d’être
expulsé, culture organisationnelle de CARE axée sur la collaboration avec les Etats, dépendance
financière de CARE (on dépend des bailleurs institutionnels).
4 Point sur l’évolution du travail de plaidoyer à CARE Niger à la lumière de l’atelier régional de CARE à Bamako, Maradi du 26 au 27 Juin 2008, Mr HAMIDOU Mahamane Lawali AT/ RC Ner074 Dakoro, Mme DJIMRAOU Aissatou Abdoulaye AT Genre/L Programme MMD Niamey, 11 p
47
En définitive on considèrera que le programme a fourni des contributions nombreuses au plaidoyer.
Cependant l’action sur le terrain auprès des plus démunis des zones pastorales qui faisait la force du
programme, aurait dû renforcer les connaissances des réalités sociales, économiques et politiques.
Ceci était indispensable pour fonder une démarche de plaidoyer solide et argumentée. Faute d’être
approfondies et capitalisées ces actions n’ont pu véritablement nourrir le processus de formulation
d’un plaidoyer qui dépasse les intentions générales pour déboucher sur la politique de dialogue qui
était attendue dans la conception de PROGRES.
48
49
4. Coûts et efficience du PROGRES Care Diffa
4.1. Les coûts de la mise en œuvre du PROGRES
Annuellement CARE Danemark, à travers le Frame Work Agreement (FWA) ou fonds flexible,
alloue un budget de 85 millions de DDK soit 450 millions de F CFA au programme PROGRES de
CARE à Diffa. A la fin de chaque année ce budget serait dépensé à hauteur de 95% au moins avec
des pics de 98% pour certaines composantes.
Le tableau suivant illustre la répartition des fonds depuis 2005 avec le démarrage du PROGRES:
Tableau : Reconstitution des fonds (en millions de FCFA) reçus et dépensés ou en cours
d’exécution par composante du FWA de 2005 à 2010
Budget annuel PN NE 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Total
072 Recap-D 310 120 120 120 130 140 140 770 072 SEMPA 311 120 120 120 - - - 360 072 GRN-PAIX 313 120 120 120 - - - 360 072 CCDP 312 90 90 90 90 110 110 580 072 JEEP 312 - - - 130 - - 130 072 JPCP 312 - - - - 150 150 300 066 COD (Maradi) 43 32 43 RNA Maradi 50 - 50 PARDESA Dakoro 43 - 43 IFETE - 43 43 Total - 450 450 450 350 536 475 2679
Sources : estimations du budget 2005 à 2010 fournies par la coordination régionale de Diffa
On soulignera que le taux d’exécution serait de 95 à 98% chaque année. Les fonds du FWA non
utilisés par CARE seraient retournés à CARE Danmark qui les programme l’année suivante ou sur
une autre initiative de recherche action qui donnera naissance à une composante du FWA l’année
suivante. C’est le cas de JEEP en 2009, de COD en 2009 et 2010, RNA en 2009 et IFETE en 2010.
D’autres financements viennent renforcer le PROGRES par la contribution d’autres bailleurs comme
l’UE (PDP, PAERD, APCAN), la Finlande, la Hollande (PAERD), FS Danida, les fonds privés
américains (REPPAD), les fonds privés danois (RSA 1&é), DFID (ALP-CC).
50
4.2. Une efficience difficile à apprécier sans suivi analytique
C’est là un critère d’évaluation très difficile à apprécier dans le cadre d’un programme tel que
PROGRES, la mission d’évaluation à mi-parcours a rencontré la même difficulté pour approcher ce
critère d’évaluation, portant de fait une analyse très sommaire pour chacun des projets examinés.
Mener à bien un tel exercice demanderait une comptabilité analytique par projet qui permettrait de
rapprocher les coûts des réalisations effectives en les rapprochant du nombre de bénéficiaires, de la
qualité et de la durabilité des réalisations qui sont très diverses. On devrait pouvoir dissocier
également les coûts de mise en œuvre directe liés à la mise en œuvre par CARE de ceux de la mise en
œuvre déléguée aux OSC.
Même si un tel système de suivi paraît complexe et coûteux à mettre en place pour une structure
comme CARE, l’exercice pourrait être réalisé dans le souci de capitaliser l’efficience de quelques types
de réalisations particulièrement stratégiques pour PROGRES. C’est le cas par exemple des opérations
de reconstitution sociale du cheptel pour lesquelles des expériences diverses ont été testées.
L’évaluation de l’efficience des différentes formules (dons individuels d’animaux, groupes solidaires,
warrantage) devrait intégrer les coûts de mise en place et de suivi, en plus des coûts d’investissements
proprement dit. Ce type d’analyse serait cruciale pour la prise de décision et les choix qui
interviennent à chaque situation de crise, comme celle qui s’annonce en région de Diffa.
51
5. Analyse effets et impacts
5.1. Méthode
5.1.1. Contraintes
L’analyse des effets et impacts induits par les interventions menées dans le cadre de PROGRES se
heurte à des difficultés liées à plusieurs facteurs. Le premier a trait au fait que le programme
cherche à promouvoir des changements difficiles à cerner puisqu’ils portent sur l’éveil de
conscience, la modification des attitudes et des pratiques, ainsi que la transformation des relations
sociales5. Le repérage des changements dans ces domaines suppose une immersion dans les communautés concernées ou une présence régulière et suivie permettant d’acquérir une connaissance
fine des situations et des dynamiques souterraines.
Le deuxième facteur concerne la faiblesse des matériaux produits par le système de suivi–
évaluation du PROGRES. A partir des indicateurs qui sont renseignés périodiquement, l’équipe
chargée du suivi–évaluation fournit des données quantitatives revêtant un caractère très synthétique.
Ces données qui sont parfois agglomérées pour les régions de Diffa et Maradi permettent de définir
une tendance générale, mais ne peuvent pas servir de base à l’analyse des diversités entre les sites, les
communautés, les zones agro-écologiques et les régions. On attendait du suivi évaluation qu’il
contribue dans le cadre d’une telle approche programme à une meilleure connaissance notamment de
la problématique centrale qui est celle des conflits d’accès aux ressources naturelles, de la vulnérabilité
des ménages pastoraux et des capacités et dynamiques sociales collectives. Cette contribution à la
compréhension des phénomènes sur lesquels le PROGRES veut agir aurait dû permettre, dans le
cadre d’une approche qui se voulait de recherche-action, de préciser et d’adapter les propositions
faites dans le document de programme.
Malheureusement, les données de base des enquêtes servant au suivi ne sont pas exploitées dans tout
leur contenu, l’enregistrement se limitant au calcul globalisé des indicateurs du cadre logique. Par
exemple sur le suivi des conflits, même si les enquêtes ne sont pas très approfondies, les données
recueillies permettraient de suivre l’évolution des différents types de conflits par site et par région
pouvant contribuer à l’analyse qui devrait être faite des dynamiques et de leur diversité.
5 Il s’y ajoute que certaines composantes de PROGRES n’ont pas une durée d’exécution suffisante pour produire des impacts significatifs.
52
Le troisième facteur est relatif au fait que la similitude des actions menées au niveau d’un
même site par divers intervenants renforce la complexité des dynamiques impulsées sur le
terrain et ne permet pas de délimiter les impacts qui sont attribuables de façon spécifique à
l’intervention de PROGRES.
Face à ces contraintes, l’équipe d’évaluation a choisi de centrer l’analyse des effets et impacts sur des
cas spécifiques rencontrés au cours de la mission, en privilégiant les regards croisés des différents
acteurs sociaux concernés par la mise en œuvre du programme (bénéficiaires au sein des
communautés de base, équipe de PROGRES, STD, OSC partenaires, élus municipaux,
administration territoriale et chefferie traditionnelle).
5.1.2. Trame d’analyse retenue
L’identification des domaines dans lesquels les effets et impact du PROGRES sont les plus
significatifs a été faite en prenant en compte les trois objectifs immédiats mentionnés dans le
document de formulation du programme.
En ce qui concerne chacun de ces objectifs immédiats, la réflexion sur les effets et impacts induits par
les interventions pose trois questions essentielles :
• Quelles sont les actions qui sont déterminantes dans la production des impacts ?
• Quelles sont les conditions de réussite et de durabilité des ces actions ?
• Quels sont les changements les plus significatifs qui sont constatés et mis en exergue par les interlocuteurs ?
5.2. Consolidation des économies des ménages vulnérables en milieu rural
5.2.1. Introduction
La composante « Sécurisation des Economies des Ménages Pastoraux de la région de Diffa
(SEMPA) » a défini deux enjeux majeurs, ainsi que les stratégies permettant d’y répondre. Ces enjeux
portent sur : (i) la réhabilitation du potentiel productif/troupeau ; et (ii) la sécurisation des économies
domestiques. Les résultats requis pour atteindre l’objectif de la composante se structurent autour de
deux axes :
La capacité des hommes et des femmes au sein des ménages pastoraux et agro–pastoraux à
prévenir et à faire face aux crises est améliorée, grâce à la mise en œuvre des activités suivantes :
53
� Appui à la gestion des approvisionnements (GGA) ;
� Appui à la mise en place des systèmes communautaires d’alerte précoce (SCAP) pour la recherche de réponses aux crises climatiques et socio–économiques ;
� Appui à la mobilisation de l’épargne et distribution de crédit pour les femmes, les hommes et les jeunes en milieu pastoral ;
� Warrantage des animaux ;
� Appui à la protection sanitaire et nutritionnelle des ménages ;
� Appui à la diversification des AGR ;
Les pratiques d’élevage sont améliorées dans les ménages, grâce à la réalisation des activités suivantes :
� Redistribution sociale du cheptel (RSC) ;
� Protection sanitaire du cheptel, santé du troupeau et mutualisation de la santé animale ;
� Activités de recherche–action ;
� Redistribution sociale des asins (RSA).
De l’avis des différents interlocuteurs rencontrés par la mission, les domaines dans lesquels les
impacts de la composante sont les plus significatifs concernent :
a) La redistribution sociale du cheptel ;
b) La gestion des approvisionnements ;
c) La gestion des banques d’aliments de bétail.
5.2.2. Redistribution sociale du cheptel
Au niveau des sites visités par la mission, les activités d’appui à la reconstitution du cheptel (RSC et
RSA) sont perçues comme un levier essentiel permettant de relancer l’économie domestique et
surtout d’offrir aux ménages pastoraux qui ont basculé dans la précarité la possibilité de reprendre
l’activité d’élevage. Le bilan quantifié des interventions dans la région de Diffa s’établit comme suit :
• Attribution d’animaux à 1.206 ménages très vulnérables ;
• Distribution de 632 petits ruminants à 316 femmes vulnérables au niveau de 34 sites.
Les activités menées dans le cadre du financement DEC ont permis de distribuer différentes espèces
animales tant aux femmes qu’aux hommes. Ainsi, la composante a placé :
• 1.363 petits ruminants au profit de 353 bénéficiaires (dont 226 femmes) au niveau de 35 sites ;
• 337 vaches au profit de 337 bénéficiaires (dont 53 femmes) au niveau de 19 sites ;
• 100 chamelles au profit de 100 bénéficiaires au niveau de 5 sites ;
• 5.411 asins principalement des ânesses au profit des femmes principalement.
54
L’engouement suscité par l’appui à la reconstitution du cheptel s’explique par les effets
économiques bénéfiques que cette activité engendre, mais aussi par le fait qu’elle s’inscrit dans
un système de relations sociales et de solidarité centré sur la pratique de l’échanges d’animaux déjà en
vigueur au sein des communautés de la région. Les interlocuteurs rencontrés par la mission au niveau
des sites de Weltouma et de Kolki ont mis en exergue l’amélioration de la situation économique des
bénéficiaires qui se traduit par la satisfaction des besoins alimentaires à court terme, grâce à la
production laitière et l’acquisition d’un noyau de reproducteurs permettant à moyen terme d’atteindre
le seuil de la viabilité pastorale.
Dans les communautés de la région, l’acquisition d’animaux engendre des effets importants en
termes de changement de statut social. Compte tenu du symbolisme attaché à l’animal, la
possibilité de reprendre l’activité d’élevage marque un changement de position sociale, tout comme le
passage de l’élevage des petits à celui des gros ruminants. L’appui à la reconstitution du cheptel
favorise la réinsertion des bénéficiaires dans les réseaux sociaux dans la mesure où elle instaure des
liens de solidarité entre les membres du groupe qui gèrent un même lot d’animaux.
En règle générale, les petits ruminants sont l’espèce la plus appréciée et cela pour plusieurs
raisons : (i) cycle de reproduction plus court ; (ii) prolificité et facilité de vente des animaux ; et (iii)
répartition des risques sur un grand plus nombre d’animaux. Certains interlocuteurs estiment
toutefois que la distribution de gros ruminants aurait des effets économiques plus substantiels à court
terme, s’il était possible de trouver sur le marché des femelles déjà en gestation.
La distribution des asins est une initiative fortement appréciée et en même temps
surprenante, compte tenu du statut de cet animal plutôt mal valorisé dans les sociétés pastorales6
de la région. Dans une zone où la mobilité de la famille est essentielle pour suivre les animaux,
l’intérêt que présente cette activité se justifie largement. En effet, elle facilite les déplacements et
améliore les conditions de réalisation des activités domestiques (transport de bois, exhaure et
transport de l’eau, transport des productions au marché et des bagages lors du déménagement du
campement, etc.). La disponibilité des asins permet également de développer des AGR, à travers la
vente de bois ou de paille. Avec les mises bas, les bénéficiaires ont perçu un autre avantage lié à la
possibilité de vendre les ânons. L’augmentation du prix des ânes dans la zone crée les conditions
d’une meilleure valorisation commerciale de cet animal.
A la différence de la distribution des asins, le « warrantage des animaux » semble avoir un
impact plus limité. Cette activité a été menée au niveau des sites de Nouroua et de Karia, avec pour
objectif de réduire la décapitalisation et le bradage des animaux des ménages vulnérables. Il était
prévu que les groupes cibles soient accompagnés par un prestataire de services pendant trois ans,
avant de poursuivre l’activité de « warrantage des animaux » de façon autonome. Après deux
opérations menées en 2006 et 2007, l’activité a été interrompue par l’ONG qui assurait la fonction
6 C’est un peu le dernier des animaux du campement chez les peuls, mais il est plus considéré chez les femmes touareg qui organisent des défilés fantasias avec les ânes.
55
d’opérateur d’exécution. Les résultats du suivi effectué par cette ONG révèlent un niveau des pertes
élevé, atteignant près 20% des animaux « warrantés ». A cela s’ajoute la faiblesse de la marge
bénéficiaire réalisée grâce à la vente des animaux en période favorable (environ 2 000 à 2 500 f cfa par
petit ruminant). En réalité, les données disponibles ne permettent pas de calculer la rentabilité
économique de l’opération dans la mesure où le coût réel des animaux au moment du warrantage
n’est pas indiqué.
Globalement, la redistribution sociale du cheptel est largement appréciée par les populations
qui estiment que la priorité a été donnée aux ménages les plus vulnérables, sur la base d’une
concertation préalable. De leur point de vue, la distribution d’animaux est susceptible d’engendrer des
impacts significatifs sur les conditions de vie des ménages pauvres. Mais, ces effets positifs
potentiels ne peuvent se concrétiser que si l’on respecte de façon stricte certaines conditions
de qualité qui concernent notamment le choix de l’animal. L’achat des animaux par un
prestataire de service oblige le bénéficiaire à accepter des animaux qu’il n’aurait peut-être pas choisi
lui–même si on lui en avait offert la possibilité7. Cette situation peut avoir des conséquences
préjudiciables sur l’entretien des animaux, particulièrement ceux affaiblis par les conditions du
convoyage et qui ont besoin d’une complémentation alimentaire. Pour éviter ces inconvénients, il
conviendrait soit d’instaurer le principe de la participation des représentants des bénéficiaires au choix
des animaux, soit de remettre les fonds nécessaires à l’achat des animaux à chaque bénéficiaire.
Il faut noter que l’appui à la reconstitution du cheptel n’est pas le seul élément qui intervient dans la
revitalisation des économies domestiques. Dans la plupart des cas, son impact se combine aux effets
positifs générés par d’autres activités comme les AGR ou l’exploitation d’animaux reçus dans le cadre
du système traditionnel de prêt (habbanae8). La démarche de redistribution sociale du cheptel s’inspire
d’ailleurs de ce système traditionnel à forte valeur sociale fondée sur l’estime réciproque entre des
individus appartenant à la même communauté ou à des communautés ethniques différentes. Le
«habbanae» instaure un contrat moral qui se perpétue entre les générations. Ce contrat moral se traduit
par le fait que d’une part l’animal remis au bénéficiaire est l’un des meilleurs dans le troupeau du
donateur (jeune femelle en lactation, ayant une production laitière élevée et une bonne fertilité) et,
d’autre part le bénéficiaire prodigue le maximum de soins aux animaux reçus en prêt.
L’un des avantages indiscutables du «habbanae » réside dans le fait qu’il se fonde sur un système de
gestion d’une relation de confiance entre deux individus. A la différence du système traditionnel de
prêt d’animaux, l’expérience menée par le programme recèle des germes de faiblesses liées à l’option
du mode de gestion collectif des animaux. Tout laisse croire que la transmission des animaux d’un
groupe à l’autre risque de s’arrêter, lorsque le système de suivi mis en place ne sera plus fonctionnel.
Cette rupture de la chaîne de solidarité entraînerait des conflits internes et une dégradation des
relations sociales contraire à l’objectif recherché par la composante. Bien que ce cas de figure n’ait pas
7 Selon les témoignages recueillis, les animaux achetés sont de qualité hétérogène et les périodes de mise à disposition ne sont pas toujours appropriées. 8 Dans la société peul, ce terme est très profond, il signifie l’alliance, l’attachement durable entre deux personnes.
56
été observé dans les sites visités par la mission, il convient d’accorder une attention particulière à un
tel risque.
5.2.3. Groupements de gestion des approvisionnements
Les activités des groupements de gestion des approvisionnements (GGA) sont bien appréciées par les
bénéficiaires parce qu’elles répondent à la préoccupation de l’accès aux céréales qui constitue un défi
majeur dans la zone pastorale de Diffa confrontée à un déficit céréalier chronique, à un enclavement
très marqué et à des coûts élevés de transport. Face à ces contraintes, les éleveurs ont développé de
remarquables stratégies d’approvisionnement céréalier efficaces et flexibles qui leur
permettent de combiner la commercialisation du bétail et l’achat de céréales, en choisissant les
périodes où le rapport bétail/céréales est le plus favorable pour eux (caravanes des pasteurs Toubous
descendant vers le Nigeria, caravanes triangulaires organisées par les Arabes Slimanes, etc.). Ces
mécanismes adaptés à la mobilité qui caractérise les systèmes pastoraux de la zone sont performants
et s’appuient sur un savoir-faire prodigieux (évaluation des besoins en eau et en paille pour les
animaux convoyés pendant quatre à six semaines). Le système d’approvisionnement sur les marchés
éloignés coexiste avec des modalités permettant de se procurer des céréales sur place (colportage de
denrées alimentaires par des marchands ambulants)9.
Pour consolider ces différents dispositifs, le programme a mis en place des GGA conçus sous la
forme de structures communautaires de type coopératif destinées à apporter une réponse aux
problèmes de disponibilité et d’accès des ménages aux produits de première nécessité. Les GGA
reposent sur les mêmes principes que les banques de céréales10 et sont censés faciliter la relation des
pasteurs avec les marchés dans le but de rendre les céréales et les aliments de bétail disponibles et
accessibles pour l’ensemble des ménages. Dans le cadre de l’appui à la gestion des
approvisionnements, les principaux résultats obtenus sont les suivants :
• Appui à la création de 20 GGA, mise à disposition de 102 tonnes de céréales et fourniture d’une dotation de 100 tonnes de céréales, à travers le PAM ;
• Cession d’un stock de sécurité de la Cellule Crise Alimentaire (CCA) de 66,8 tonnes de mil et mise à disposition de 136 tonnes de mil et 20 tonnes d’aliments de bétail pour renouveler le stock de sécurité ;
• Fourniture de 24,5 tonnes d’aliments de bétail ;
• Mise en place de stocks tampons constitués de 400 tonnes de mil et 150 tonnes d’aliment de bétail ;
9 Ces systèmes de colportage permettent d’acheter des quantités plus limitées de céréales et de faire le troc des animaux contre des céréales. 10 Les banques de céréales fonctionnent sur le principe d'un différentiel de prix entre la période d'achat (prix faible) et celle de la soudure (prix généralement élevé).
57
• Attribution à 39 GGA de 100 tonnes de céréales et de 20 tonnes d’aliment de bétail, à travers la CCA.
Au niveau des sites visités par la mission, les populations portent une appréciation positive sur
les distributions gratuites de vivres faites par CARE lors de crise de 2005, même si les quantités
allouées étaient considérées comme faibles (environ 50 kg par ménage). Le mécanisme de la vente
des céréales à prix modéré est perçu comme très intéressant par les bénéficiaires qui soulignent
toutefois l’insuffisance des quantités disponibles par rapport aux besoins et les difficultés d’accès que
rencontrent les ménages les plus vulnérables. En ce qui concerne les GGA, les principaux avantages
mentionnés par les interlocuteurs sont liés au fait que : (i) la disponibilité des denrées de première
nécessité sur place dispense les populations de consacrer du temps à la fréquentation des marchés ;
(ii) l’application du principe de la vente des céréales à prix social favorise leur accessibilité pour les
ménages les plus vulnérables (vente au détail avec possibilité de paiement différé).
L’appui à la gestion des approvisionnements suscite des interrogations à cause d’une
difficulté majeure non résolue relative au fait que les GGA ne parviennent à renouveler leurs
stocks que deux ou trois fois seulement, avant que l’opération ne prenne fin. A chaque
renouvellement du stock, les quantités diminuent en raison de l’effritement des fonds consécutif à la
non prise en compte des coûts de fonctionnement (en particulier les frais de transport11). Plusieurs
évaluations de l’expérience des banques de céréales montrent que ces institutions ne sont pas
appropriées pour prendre en charge l'activité de commercialisation des céréales dans un contexte où
le marché privé permet d’obtenir des performances plus importantes12. Ces conclusions s’appliquent également aux GGA dont le fonctionnement est caractérisé par des coûts de transaction élevés
conduisant à une absence de performance de l'activité.
Confrontés à cette contrainte, les bénéficiaires choisissent d’acheter des animaux qu’ils répartissent
entre eux, dès qu’il y a un relâchement du suivi mis en place. Il s’agit là en quelque sorte d’une
opération de redistribution sociale du cheptel et d’un choix en faveur de l’activité d’élevage qui est
mieux maîtrisée par les ménages pastoraux et dont l’impact est plus perceptible. Du point de vue
économique, cette option est avantageuse dans la mesure où elle permet de sauvegarder le reliquat du
fonds mis à la disposition de la communauté. En revanche, sur le plan social, elle comporte des
risques de répartition inéquitable des parts au profit des leaders qui caporalisent les GGA. Cette
situation risque d’entraîner l’éclatement d’un conflit au sein de la communauté aboutissant à un
affaiblissement de la cohésion sociale.
En réalité, les contre-performances des GGA s’expliquent par la mission impossible qu’on
leur assigne et qui consiste à concilier deux exigences contradictoires : d’une part, mettre en
place un système de d’approvisionnement et de gestion collectif des céréales qui soit rentable ; et
11 Pour réduire le coût du transport des céréales, des magasins communautaires ont été construits en vue de disposer de stocks tampon. 12 Le commerce privé est tout à fait performant et efficace dans un contexte difficile caractérisé par les difficultés de transport, les fluctuations constantes de la demande et de l'offre et la multiplicité des intermédiaires.
58
d’autre part, fournir les céréales à des conditions qui soient avantageuses pour les bénéficiaires (vente
à prix social). En plus de l’absence de durabilité, il convient de souligner que l’impact des GGA n’est
pas plus important que celui de la distribution gratuite de céréales, alors même que le fonctionnement
de ces structures implique des coûts de suivi plus élevés.
5.2.4. Banques d’aliments de bétail
La mission n’a pas visité sur le terrain un cas concret de dispositif de banque d’aliments de bétail
(BAB). Cette expérience a fait l’objet de discussions avec les acteurs rencontrés, notamment les
responsables de l’organisation faitière d’éleveurs AREN qui résident à Diffa. Les pratiques d’achat et
de constitution de stocks d’aliments se développent de plus en plus dans la région. Certains éleveurs
propriétaires de grands troupeaux ont compris l’enjeu de la constitution de stocks d’aliments pour
faire face à la pénurie de fourrage.
L’avantage du système des banques d’aliments de bétail réside dans le fait qu’il permet aux éleveurs ne
disposant pas de ressources financières suffisantes pour constituer leurs propres stocks privés
d’accéder à l’aliment de bétail. Du point de vue de leur fonctionnement, les banques d’aliments de
bétail sont confrontées aux même difficultés que les banques de céréales, même si la fluctuation des
prix des aliments de bétail est moins forte que celle des céréales.
Le concept des BAB reproduisait le modèle des banques de céréales dans leurs grandes lignes,
reposant sur la construction d’infrastructures fixes de stockage et la création de comités de gestion
dont l’expérience montre qu’ils sont peu viables à long terme. La mise en œuvre montre qu’une
démarche originale a su prendre un peu de distance et sortir de ce cadre offrant peu de
perspectives innovantes. La démarche développée consiste à aborder la question de la sécurisation
de l’approvisionnement en aliments, non pas à l’échelle des sites pris séparément, mais à l’échelle de
l’ensemble de la région. Cette démarche tient mieux compte de la forte mobilité du bétail dans la
mesure où elle s’appuie sur la mise en place de stocks décentralisés et mobiles. Ces stocks sont
positionnés dans des endroits jugés stratégiques au regard de la configuration de l’année et de
l’ampleur des mouvements des animaux.
Une autre innovation introduite par les BAB se traduit par le fait que le système s’appuie sur une
organisation d’éleveurs (en l’occurrence l’AREN) qui est une structure pérenne capable de : (i)
développer une réflexion sur les besoins des éleveurs en aliments de bétail, en tenant compte des
conditions de déroulement de la saison des pluies ; (ii) entreprendre des négociations avec les sources
d’approvisionnement ; (iii) définir des modalités de mise à disposition conformes au souhait des
éleveurs ; et (iv) animer un réseau d’information ciblant l’ensemble des éleveurs.
Compte tenu de la récurrence des sécheresses, les BAB occuperont une place de plus en plus
importante dans les stratégies d’adaptation des éleveurs aux crises climatiques. La mission estime
nécessaire d’analyser les déterminants de leur fonctionnement optimal, en vue d’opérer les
réajustements nécessaires. Les informations qu’elle a pu recueillir laissent penser que ces dispositifs
59
peuvent s’avérer efficaces, sous certaines conditions : (i) responsabilisation effective des gérants ; (ii)
établissement de mécanismes d’incitation ; et (iii) animation intense au niveau régional. La poursuite
de l’expérience engagée suppose la recherche de financements additionnels en vue de compenser
l’érosion des fonds induite par la non internalisation des coûts de fonctionnement du système.
5.2.5. Leçons à retenir
L’évaluation des expériences de reconstitution du cheptel amène à se poser des questions sur la
pertinence de la formule consistant à procéder à des prêts d’animaux à des groupes en supposant que
le système de solidarité pourra fonctionner de façon continue. On constate que le suivi des animaux
placés s’avère généralement très compliqué, surtout lorsqu’il s’agit de petits ruminants. Par ailleurs, les
rotations s’arrêtent dès que le suivi n’est plus effectif. A l’avenir, il faudrait envisager d’accorder des
subventions aux bénéficiaires pour qu’ils achètent eux-mêmes les animaux et mettre en place un
dispositif de vérification.
En ce qui concerne l’approvisionnement en céréales, l’étendue vaste et l’enclavement de la région de
Diffa rendent les coûts de transport élevés. Dans ces conditions, la poursuite de l’activité d’appui à
l’approvisionnement suppose que CARE s’engage à subventionner indéfiniment le transport ; ce qui
est difficile à concevoir. La solution alternative pourrait résider dans la promotion d’un partenariat
avec les communes, afin qu’elles prennent en charge la construction de magasins de stockage. Ces
infrastructures pourraient être louées aux communautés pour leur permettre d’acheter et de stocker
les céréales durant la période où les prix sont bas, en vue de procéder au transport par caravanes en
fonction des besoins.
5.3. Gestion locale concertée et équitable des ressources naturelles au bénéfice des ménages les plus vulnérables
5.3.1. Introduction
La composante « Gestion des Ressources Naturelles et Promotion de la Culture de la Paix en zone
pastorale de Diffa (GRN–Paix) » a pour objectif spécifique de consolider durablement une
dynamique de paix sociale, à travers la gestion concertée et négociée des ressources naturelles à
plusieurs échelles de temps et d’espace, en s’appuyant sur des leviers complémentaires (gestion des
déséquilibres saisonniers et interannuels, préservation de la mobilité pastorale et soutien aux
processus de négociation pour l’accès aux ressources naturelles). Les résultats escomptés au terme de
l’intervention s’articulent autour de trois axes :
60
Des outils de formation et d’information sont introduits au sein des communautés, afin de
leur permettre de mener des débats informés sur la gestion concertée des ressources, grâce à la mise
en œuvre des activités suivantes :
• Formation de certains agents du PROGRES et de personnes ressources issues des organisations partenaires aux outils du module réalisé dans le cadre du programme « réussir la décentralisation » ;
• Validation à une échelle réduite des outils de formation développés ;
• Démultiplication des outils au sein des communautés et suivi de leur utilisation ;
Les mécanismes pour une gestion concertée des ressources naturelles sont renforcés, grâce à
la réalisation des activités suivantes :
• Consolidation des groupements de gestion concertée des ressources naturelles ;
• Soutien à l’élaboration et à la réalisation de micro-projets communautaires d’aménagement ou de gestion des ressources naturelles ;
• Renforcement des capacités des communautés et de leurs organisations à négocier l’accès à des zones de repli ;
Des initiatives de promotion de la culture de la paix sont appuyées, à travers les activités suivantes :
• Appui aux initiatives communautaires endogènes visant à consolider la culture de la paix dans la région ;
• Poursuite des caravanes de la paix dans la zone d’intervention ;
• Organisations de forums biannuels impliquant des décideurs de haut niveau.
Les enquêtes réalisées par la mission font apparaître que les impacts les plus importants générés par composante se situent à trois niveaux :
• Les formations articulées autour des outils ARED ;
• Les concertations pour l’implantation et la gestion des puits pastoraux ;
• L’appui aux groupements de gestion concertée des ressources naturelles.
5.3.2. Formations articulées autour des outils ARED
Il convient de souligner que les trois composantes de programme apportent un appui à la formation
sur les outils novateurs d’information et de plaidoyer développés par IIED en partenariat avec
ARED. La finalité de la diffusion de ces outils est de favoriser une prise de conscience et de susciter
des réflexions concertées, ainsi que des débats informés sur les enjeux du pastoralisme dans la zone
centrale de région de Diffa et dans les aires périphériques de repli du bétail. Ces activités sont
destinées à améliorer les déplacements des animaux et les conditions d’accès aux ressources naturelles
61
dans les périodes de crise. Les outils ARED reposent sur une approche pédagogique originale qui met
l’accent sur la visualisation et en même temps des éléments de débats très précis sur les logiques
pastorales. Ils ont été conçus de façon à faciliter leur appropriation, y compris par les acteurs
analphabètes.
L’analyse du niveau de production des extrants montre que les formations ont ciblé plusieurs
catégories d’acteurs. Ainsi, on constate que :
� 40 personnes issues du programme, des organisations de la société civile et des communautés
de base ont été formées aux modules ARED et aux techniques de communication ;
� 350 participants (dont 300 provenant des communautés de base) ont pris part aux formations
sur l’ensemble des modules ;
� 186 débats informés ont été tenus par les membres des communautés de base au niveau de
32 sites.
Les outils ARED sont appréciés autant par les éleveurs rencontrés sur le terrain (y compris
dans les sites isolés), que par les élus des conseils municipaux et les services techniques basés
au niveau du chef lieu de région. L’efficacité de ces outils et le caractère novateur de la démarche
pédagogique ont permis aux éleveurs de retenir facilement le contenu de cette formation qui recoupe
dans une large mesure leurs préoccupations essentielles. Interrogés sur ce qu’ils ont retenu de la
formation, les éleveurs mettent en exergue plusieurs éléments importants, notamment : (i) la gestion
de la mobilité comme clef de voûte du fonctionnement des systèmes pastoraux ; (ii) le caractère vital
de la négociation pour l’accès aux ressources naturelles partagées ; (iii) la nécessité de mettre en
pratique les principes de réciprocité dans l’accès aux puits et aux pâturages ; et (iv) la reconnaissance
des effets positifs du pâturage sur la régénération des ressources naturelles.
Les formations dispensées font apparaître un impact fort en termes non seulement de capital
social, mais aussi du point de vue de la réhabilitation des pratiques et du mode de vie des
pasteurs. Le contenu de la formation est perçu par les éleveurs comme une sorte de reconnaissance
par les adeptes de la modernité de la valeur et de la rationalité de leurs techniques et pratiques
d’élevage.
De façon globale, les impacts les plus significatifs générés par les formations dispensées sont
repérables à différents niveaux :
� La déconstruction des images négatives sur le pastoralisme basées sur des stéréotypes
et l’impulsion d’une dynamique de reconstruction d’une image positive axée sur les valeurs et
la culture pastorales ;
� L’acquisition de compétences et capacités incitant les pasteurs à négocier avec
d’autres communautés les conditions d’accès aux ponts d’eau et aux pâturages naturels ;
62
� La modification de la perception des transhumants par les groupes ayant une
emprise territoriale marquée (Fulbe, Kanouri et Toubou) comme prémisse de l’adoption
d’attitudes plus ouvertes face aux éleveurs les plus mobiles (Wodaabe et Arabes Mohamid).
Plusieurs activités complémentaires de plaidoyer (campagnes de sensibilisation et caravanes
d’animation) ont contribué à créer un environnement favorable à la reconnaissance et la prise en
compte effective des atouts et des apports du pastoralisme, comme activité permettant de valoriser de
façon optimale un milieu naturel particulièrement contraignant.
Aussi bien dans les villes qu’en milieu rural, les observateurs soulignent que les formations se
seraient traduites par la diminution du nombre de conflits violents et la consolidation de la
dynamique de paix. Bien qu’il s’agisse d’un domaine difficile à apprécier faute de travaux plus
spécifique au niveau de la région, il existe un faisceau convergent d’indices qui laisse penser que les
sessions de formation ont contribué à la réduction du potentiel de conflit, grâce au renforcement de
la position des groupes les plus vulnérables dans l’accès négocié aux puits pastoraux. Cette tendance
est confirmée par l’évolution de la valeur de l’indicateur relatif à la diminution de la proportion des
conflits violents liés à la GRN13.
Si les formations et les activités connexes de plaidoyer ont créé un courant favorable à la prévention
et à la résolution des conflits, cette dynamique reste toutefois fragile parce que les racines des
conflits restent vivaces. Toute crise entraînant une tension plus grande autour de l’accès aux
ressources naturelles risque de rallumer les conflits latents qui sont entretenus par plusieurs
phénomènes : (i) difficulté à sécuriser une base territoriale (terroirs d’attache) pour de nombreux
groupes de pasteurs ; et (ii) absence d’une maîtrise foncière reconnue sur certains espaces à caractère
stratégique (bas fonds, puits pastoraux et zones de repli en cas de crise). A ces facteurs de conflit
s’ajoutent les difficultés de cohabitation entre certains systèmes d’élevage (camelin et petits
ruminants) et l’absence de changement significatif dans la gouvernance des points d’eau qui a été un
facteur décisif dans le déclenchement du long conflit intercommunautaire que la région a connu.
En marge des actions exécutées dans le cadre du programme, des dynamiques souterraines et
profondes se développent, grâce à l’intervention d’agents passerelles de l’équipe de CARE, de
responsables des organisations de la société civile et de l’administration territoriale. Ces dynamiques
sont favorisées par la mise en réseau des leaders des communautés sous l’égide du préfet de Diffa.
Elles se traduisent par l’établissement d’un mécanisme d’alerte qui permet aux leaders de jouer le rôle
de pompiers dès qu’un risque de conflit est décelé. Cette forme d’intervention dont l’efficacité est
reconnue par tous traduit des changements importants dans les modalités de prise en charge des
13 La valeur de l’indicateur est passée de 56 % en 2005 à 22% en 2007 (repère 20%) et à 23,66 % en 2008.
63
conflits. Le traitement des conflits ne se fait plus au niveau du site uniquement. Il est pris en charge à
l’échelle régionale dans un cadre intercommunautaire et administratif14.
L’intérêt accordé à la question des conflits et les nouvelles dynamiques de prévention impulsées dans
la région auraient renforcé le processus d’intégration de certaines communautés exposées à
l’exclusion. Cela concerne particulièrement les Arabes Mohamid qui semblent, aux dire de certains
leaders rencontrés, avoir progressé leur intégration en ville, à travers leur implication dans les activités
de commerce et la scolarisation de leurs enfants. En milieu rural, par contre, les changement dans ce
sens sont moins perceptibles. On constate surtout une tendance à une fixation plus durable des
éleveurs Mohamid qui s’inscrit dans une stratégie de matérialisation de leur présence dans un terroir
déterminé.
En revanche, la sécurisation foncière du groupe des éleveurs Wodaabe ne semble pas s’être
renforcée au cours des années écoulées. Certains leaders de cette communauté font remarquer
que contrairement à d’autres communautés présentes dans la région, les Wodaabe n’ont pas pu
s’appuyer sur des agents passerelles susceptibles de faciliter leur implication dans les activités du
programme.
5.3.3. Concertations pour l’implantation et la gestion des puits pastoraux
La question de l’accès à l’eau est prise en charge à travers le « Projet de Réhabilitation des Points
d’Eau Pastoraux dans la région de Diffa – REPPAD » et le « Projet de Sécurisation de l’Accès à l’Eau
pour les Pasteurs du Niger Oriental – Puits de la Paix ». Dans le contexte de la région de Diffa, la
variabilité spatio-temporelle des ressources naturelles impose aux éleveurs de déplacer leurs animaux
pour faire face aux déséquilibres saisonniers et interannuels. Compte tenu de la limitation des
ressources en eau disponibles pendant la saison sèche, la mobilité n’est possible que si les éleveurs
parviennent à négocier l’accès à l’eau au niveau des puits existants dans les zones de repli des
animaux.
Traditionnellement, la gouvernance de l’eau s’appuie sur le contrôle de l’accès aux puits par les
résidents qui exercent une emprise foncière sur le territoire, avec possibilité pour les éleveurs de
passage de négocier l’accès sur la base de droits prioritaires et du principe de la réciprocité. Du fait de
la déstabilisation des systèmes traditionnels de gestion des espaces pastoraux et de l’aggravation de
l’insécurité au niveau des puits publics, l’accès à l’eau est devenu un défi majeur. Cette situation recèle
d’autant plus de dangers que certains groupes cherchent à exercer un droit de contrôle privé sur les
points d’eau, dans le but de faire payer l’accès à l’eau. Cette question est au cœur des conflits
découlant de la précarisation des droits et des conditions de vie de certains groupes.
14 Apparemment, le plaidoyer qui a été mené par les médias internationaux lors des événements de 2006 relatifs à la présence des Arabes Mohamid sur le territoire du Niger a rendu cette question plus sensible. Les autorités nationales s’emploient désormais à mieux contrôler les modalités de traitement de la question de l’insertion de ce groupe dans la région.
64
Prenant en compte la place cruciale de l’accès à l’eau dans la problématique de la gouvernance des
ressources naturelles, le Projet PDP a adopté une démarche innovante qui s’appuie sur un processus
de négociations menées à différentes échelles en vue d’obtenir des accords sociaux sur les systèmes de
gestion des puits pastoraux et les modalités de leur mise en œuvre opérationnelle. Ces accords sociaux
conclus au niveau intercommunautaire ont pour finalité de sécuriser la mobilité pastorale, en
garantissant un accès équitable à l’eau. L’autre innovation importante concerne l’implication des
conseils communaux dans la supervision des travaux ; ce qui leur offre l’opportunité d’un
apprentissage de la maîtrise d’ouvrage.
En ce qui concerne les impacts de l’intervention du Projet PDP, il est prématuré de porter une
appréciation dans la mesure où les comités de gestion viennent d’être mis en place sur les quatre
premiers puits réalisés. Les discussions sur le mode de gestion en vigueur au niveau de l’un des puits
PDP visités par la mission et l’examen des documents portant sur les accords sociaux suscitent
quelques questionnements relativement à l’application des principes de gestion équitable censée
caractériser la stratégie d’intervention du Projet. De plus, l’approche adoptée en matière
d’implantation et d’appui à la gestion des puits pastoraux semble poser un certain nombre de
problèmes sur lesquels il importe de s’arrêter.
La démarche consistant à prélever une contribution préalable de 150 000 f cfa par puits
reproduit le schéma classique d’implantation des puits en milieu villageois sédentaire. Or,
l’expérience prouve qu’une telle démarche favorise des pratiques d’appropriation exclusive des puits
et de l’espace qu’ils polarisent par certains propriétaires de grands troupeaux qui imposent le paiement
de l’accès à l’eau. En effet, sous prétexte qu’ils ont payé la contribution, ces acteurs s’autorisent à
instaurer un système de paiement inéquitable de l’eau qui pénalise les autres membres de la
communauté (petits éleveurs astreints à acquitter la même taxe que les riches, résidents des cuvettes
voisines et éleveurs transhumants).
L’instauration du système de paiement de l’accès à l’eau qui est mentionnée dans les accords
sociaux exacerbe les rivalités entre les communes autour du contrôle des puits pastoraux.
Compte tenu du fait que les frontières des communes ne sont pas délimitées, chacune d’elle
revendique un droit de contrôle sur les puits qu’elle considère comme étant implantés sur son
territoire. Ainsi, l’implantation des puits pastoraux devient un facteur de tensions entre les communes
au lieu de constituer un levier de promotion de l’intercommunalité.
Sur un autre plan, on constate que les comités de gestion (COGES) mis en place au niveau
des puits PDP s’inspirent largement des modèles promus en milieu villageois. Or l’expérience
montre que ces structures dont l’émergence répond à un souci de responsabilisation des usagers ne
sont pas viables. Le document de la stratégie nationale d’hydraulique pastorale indique que la
démarche d’implantation des comités de gestion des points d’eau pose de multiples problèmes,
notamment parce que leur composition se limite aux seuls éleveurs résidents. Au niveau de certains
puits, la création d’un COGES a ouvert la voie à un contrôle exclusif du point d’eau par le groupe des
autochtones ou par certains individus localement prééminents. Du fait d’une démarche
65
d’encadrement peu pertinente, certains puits publics ont été accaparés par une minorité qui exclue de
l’accès à une ressource aussi vitale que l’eau d’autres éleveurs.
Dans le cadre de la prochaine phase de PROGRES, les modalités de mise en œuvre de la
démarche d’intervention devraient être réajustées afin que l’intervention puisse avoir un impact
positif en termes d’accès équitable aux ressources pastorales. A cette fin, la négociation de l’accord
social ne doit pas être laissé à l’initiative des seuls acteurs locaux responsables de la gestion des
ressources pastorales au niveau de leurs terroirs d’attache. Compte tenu de l’inégalité du rapport des
forces en présence au niveau local, l’équité dans les conditions d’accès aux puits pastoraux ne pourra
être garantie que si les principes généraux sous–tendant les accords sont préalablement discutés lors
de concertations à l’échelle du département. Pour l’essentiel, ces principes devront être axés sur : (i)
l’exigence de la sécurisation de la mobilité pastorale ; (ii) la définition des niveaux et des modalités de
l’implication des pasteurs transhumants dans la gestion des puits pastoraux ; (iii) la délimitation des
conditions d’exercice de la maîtrise d’ouvrage communale et de l’établissement de conventions de
gérance avec des associations d’usager.
5.3.4. Groupements de Gestion Concertée des Ressources Naturelles
Le renforcement des groupements de gestion concertée des ressources naturelles (GGCRN) s’inscrit
dans une dynamique d’appui à la structuration des pasteurs, afin qu’ils prennent en charge de façon
concertée la gestion des ressources en eau et en pâturage, tout en assurant la prévention des conflits.
Ces structures sont censées constituer un espace de dialogue et de négociations
communautaires et intercommunautaires sur la problématique de la gouvernance des
ressources naturelles. Dans ce cadre, l’un des éléments stratégiques à prendre en compte porte sur
l’appui aux communautés dans le but de favoriser un accès négocié aux zones de repli, aussi bien
celles qui sont proches (lac Tchad par exemple) que celles plus éloignées (Kanem tchadien et Nord
Nigeria). Un autre élément important concerne la collaboration avec les organisations
professionnelles d’éleveurs actives dans l’appui à la transhumance transfrontalière et la sécurisation
des couloirs de passage (en particulier celles situés à proximité de la Komadougou).
Les GGCRN ont également pour mandat de s’impliquer dans la conception et la mise en œuvre
d’initiatives locales dans les domaines de la gestion et de l’aménagement des ressources naturelles. Il
s’agit principalement d’activités d’ouverture de pare-feux, de fixation de dunes ou d’expérimentation
d’ouvrages hydrauliques répondant aux besoins exprimés par les communautés. Il ressort des
rapports annuels d’activités du programme que les principales activités réalisées par les GGCRN ont
porté sur :
� Les concertations périodiques autour de l’accès aux puits pastoraux ;
� La sensibilisation des pasteurs sur la prévention des conflits ;
� La facilitation du séjour des transhumants ;
� La réalisation des parcours.
66
En termes de réalisations, les interventions ont débouché sur : (i) la mise en place de 22 commissions
foncières de base (COFOB) ; (ii) la formation de 12 GGCRN ; et (iii) le renforcement des capacités
de 102 leaders en matière de techniques de négociation. Du point des réalisations physiques, les
principaux résultats des interventions concernent la réhabilitation de 10 puits pastoraux et l’ouverture
de 705 km de pare-feux.
Les résultats de l’atelier sur l’expérience des GGCRN mettent en exergue le fait que cette initiative a
permis d’améliorer la capacité organisationnelle des communautés et de renforcer leur
aptitude à impliquer l’ensemble des acteurs dans la gestion locale des ressources naturelles.
L’établissement de ces cadres de concertation a permis d’engager des négociations autour des règles
d’accès aux ressources pastorales et d’améliorer les relations entre les résidents et les éleveurs
transhumants. Ces acquis ne doivent toutefois pas faire perdre de vue les difficultés auxquelles
l’expérience se heurte et qui concernent notamment : (i) l’incapacité des GGCRN à faire cotiser les
transhumants ; (ii) le refus de certaines communautés à participer aux réunions et à appliquer les
décisions prises par les GGCRN ; et (iii) la démotivation des communautés et le refus de leurs
membres de payer les cotisations.
5.3.5. Leçons à retenir
L’élaboration et l’application de règles d’accès équitable aux ressources pastorales constituent à la fois
le gage de la cohésion sociale et d’une gestion apaisée et durable des ressources naturelles.
L’expérience en cours dans les sites montre que les populations peuvent engager des négociations sur
les modalités d’accès aux ressources et aboutir parfois à des compromis acceptables par tous les
usagers en présence. C’est au moment de l’application des règles édictées que les problèmes se posent.
En effet, certains acteurs cherchent des subterfuges pour contourner les règles ou pour se soustraire
aux contraintes pouvant découler du respect de ces règles. Face à cette difficulté, on pourrait se
demander s’il ne serait pas plus opportun de mettre en place un mécanisme de pilotage comportant
deux leviers : des instances dédiées d’une part à l’établissement et à la clarification des principes et
règles d’accès aux ressources naturelles, et d’autre part des instances chargées de l’application des
règles édictées se situant au niveau d’intervention le plus proche possible des usagers.
67
5.4. Amélioration de la gouvernance générale au niveau des communes et des communautés de base
5.4.1. Introduction
La composante « Renforcement des Capacités pour Réussir la Décentralisation dans la région de
Diffa – RECAP-D » a pour objectif spécifique d’améliorer la gouvernance locale, à travers le
renforcement des capacités des acteurs communaux dans 7 communes de la région de Diffa. Cette
démarche est essentielle en raison du fait que les collectivités locales connaissent un certain nombre
de difficultés dont les plus importantes sont relatives à : (i) la faiblesse des capacités institutionnelles
des communes qui éprouvent des difficultés à assumer les fonctions qui leur sont transférées ; et (ii)
l’insuffisance des ressources financières des collectivités territoriales qui se réduisent pour l’essentiel
aux impôts collectés15.
Trois résultats essentiels sont indispensables à l’atteinte de l’objectif spécifique assigné à la
composante :
• Les acteurs communaux ont renforcé leur connaissance et compréhension des enjeux, processus et mécanismes liés à la décentralisation, grâce à la mise en œuvre des activités suivantes :
� Organisation de cycles complets de formations articulées autour des outils ARED ;
� Organisation de compétitions intercommunales en vue de promouvoir les principes de la bonne gouvernance et leur effet sur la gestion des communes ;
� Organisation de formations et de campagnes de sensibilisation sur l’approche basée sur les droits et les principales thématiques de « mainstreaming » de PROGRES.
• Les capacités de maîtrise d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre des acteurs communaux sont
renforcées, grâce à la réalisation des activités suivantes :
� Organisations de formations et activités de renforcement de capacités sur la conception et la mise en œuvre de micro–projets d’infrastructures socio–économiques de base ;
� Organisation de formations et activités de renforcement de capacités sur la passation des marchés ;
� Appui aux acteurs communaux pour l’identification et la mobilisation de financements additionnels ;
15 Les taxes et impôts transférés aux collectivités sont principalement basés sur la capitation qui est un système peu équitable pour les ménages les plus pauvres et dont le rendement est par ailleurs faible.
68
• Un mécanisme de suivi–évaluation participatif de l’action communale est mis en place et rendu opérationnel, à travers la réalisation des activités suivantes :
� Appui à la mise en place et à l’opérationnalisation des Cadres Communaux de Suivi–Evaluation Participatifs (CCSEP) ;
� Appui à l’élaboration de plans communaux de communication, à la mise en place de Groupes Communautaires d’Ecoute Collective (GCEC) et à la promotion d’un dialogue productif CCSEP–GCEC.
Les interlocuteurs rencontrés par la mission situent les principaux effets et impacts de la composante à cinq niveaux :
� Formations sur la décentralisation ;
� Concours de bonne gouvernance ;
� Ecoles communautaires ;
� Délivrance des actes d’état civil ;
� Renforcement des OSC.
5.4.2. Formations sur la décentralisation
Les appuis de la composante en matière de renforcement des capacités ont ciblé en priorité les
collectivités locales dont les capacités d’intervention sont limitées par un déficit de compréhension et
de maîtrise des leviers qui permettent l’orientation et le pilotage stratégique du développement local.
Dans le cadre des formations sur la décentralisation, les principaux résultats obtenus s’établissent
comme suit :
� 32 acteurs formés dans le domaine de la gestion budgétaire ;
� 45 acteurs des communes formés sur l’intercommunalité ;
� 1 936 personnes sensibilisées à travers les caravanes sur la décentralisation et les sessions
d’animation sur les droits et devoirs des citoyens ;
� 1 manuel de procédure communal élaboré ;
� 1 voyage d’étude sur la coopération décentralisée effectué.
De l’avis des membres des conseils communaux, les formations dont ils bénéficient ont impulsé
des changements importants dans trois domaines clefs qui concernent : (i) l’apprentissage des
processus de maîtrise d’ouvrage ; (ii) la maîtrise des procédures d’élaboration et d’exécution du
budget ; et (iii) l’acquisition de capacités de négociation de financements additionnels.
69
S’il est vrai que ces changements sont importants et contribuent à consolider le processus de
décentralisation, en revanche des questionnements persistent, notamment dans le cadre de la prise
en compte de deux défis majeurs :
� La nécessité de définir une méthodologie inclusive de planification communale, avec une
focalisation sur les mécanismes garantissant la qualité de l’implication des ménages les plus
vulnérables et des communautés en situation de risque de marginalisation ;
� L’adoption de mesures destinées à préserver les acquis en matière de renforcement des
capacités des conseils communaux et à faire face au défi posé par le renouvellement massif de
leurs membres qui pourrait résulter de la proclamation des résultats des dernières élections
locales.
5.4.3. Concours de bonne gouvernance
Le renforcement des capacités sur les principes de la bonne gouvernance est une innovation
appréciée par les conseils communaux et les citoyens. L’intérêt de la démarche réside dans le fait
qu’elle ne se réduit pas à dispenser des formations, sans prendre en compte l’utilisation qui sera faite
des compétences que cette formation permet d’acquérir. Pour inciter les communes à mettre en
pratique les critères de bonne gouvernance, le programme a instauré une compétition entre elles sur la
base de l’évaluation de leurs performances dans l’application des principes de la bonne gouvernance.
Cet exercice est à l’origine de changements positifs qui se traduisent notamment par l’impulsion
d’une gouvernance communale plus ouverte en direction des citoyens et plus transparente. Certains
conseils communaux comme celui de Chétimari par exemple ont mis en place des dispositifs
garantissant l’accès des citoyens à l’information pour ce qui concerne le mandat des communes, le
montant des ressources financières mobilisées dans le cadre du budget et les activités planifiées. Ces
dispositifs sont de nature à favoriser un contrôle citoyen de l’action publique locale, à travers : (i) le
renforcement des capacités des populations à participer au processus décisionnel et à contrôler les
actions engagées en matière de développement local16 ; (ii) la mise en place de mécanismes qui obligent les responsables du conseil communal à rendre compte de leur gestion. Ce contrôle citoyen
est un facteur d’amélioration de l’impact des interventions, grâce à une utilisation plus rationnelle des
ressources mobilisées et une meilleure identification des priorités.
Malgré l’intérêt suscité par ce dispositif novateur et les acquis qu’il a déjà enregistrés, des
interrogations se posent en ce qui concerne les points suivants :
� Les incertitudes liées au déficit de ressources financières sont de nature à limiter l’exercice
des compétences transférées. En l’absence de transfert de ressources à partir du niveau
16 Un processus de mise en place d’organes de contrôle citoyen de l’action publique (OCCAP) est en cours en région de Diffa. Des guides d’information sur le contrôle citoyen de l’action publique ont été élaborés par des ONG au Niger et distribués dans les mairies des communes.
70
central, les communes de la région de Diffa ont des possibilités de génération de ressources
financières d’autant plus réduites qu’elles ne peuvent compter que sur la création de
marchés ;
� La non délimitation territoriale des communes accentue les rivalités autour du contrôle des
puits pastoraux. Cette situation risque de compromettre les perspectives de développement
de l’intercommunalité qui constitue pourtant une forme de coopération vitale pour prendre
en charge les défis communs liés à la gestion équitable des puits pastoraux, à l’implantation et
la gestion des marchés, ainsi qu’à la prise en charge de la mobilité pastorale ;
� Les risques de remise en cause ou de réduction par les partenaires au développement de leurs
appuis au processus de décentralisation, en relation avec le conflit politique autour du
déroulement des élections locales de 2009.
5.4.4. Ecoles communautaires
La logique d’intervention de l’appui aux écoles communautaires est pertinente compte tenu de l’acuité
du défi de la scolarisation en milieu nomade. Dans la région de Diffa, les taux bruts de scolarisation
sont très faibles à cause de la dispersion et de la mobilité constante des populations. A ces difficultés
s’ajoute la question du coût d’opportunité de la scolarisation en milieu nomade. Cette situation de
déficit en matière de scolarisation est préoccupante compte tenu de l’impact à long terme de la
formation des ressources humaines sur le développement économique et social de la région.
Pour faire face à ce défi, le programme a appuyé le développement d’initiatives locales portant sur la
création d’écoles communautaires en milieu nomade. A travers l’intermédiation de PROGES auprès
de l’Inspection d’Académie, des enseignants ont été affectés dans les écoles communautaires. La
démarche de soutien aux écoles communautaires se fonde sur la mobilisation sociale des parents
d’une part et, d’autre part sur l’appui à la mise en place de cantines scolaires par l’allocation de vivres
PAM, en vue d’améliorer la capacité d’apprentissage des enfants des zones à déficit vivier structurel.
Le schéma d’intervention prévoit l’intégration, à terme, des écoles communautaires dans le dispositif
des établissements scolaires mis en place par le Ministère chargé de l’éducation. En somme, l’appui
aux écoles communautaires vise à permettre aux enfants des éleveurs d’accéder à une éducation de
base de qualité gérée au niveau local.
On constate sur le terrain que les écoles communautaires peuvent jouer un rôle moteur dans
les recrutements scolaires en milieu nomade. La stratégie de mobilisation sociale des
communautés est bien amorcée et un élan en faveur de la scolarisation des filles semble se développer
de plus en plus. Le programme a encouragé la création d’un réseau régional d’écoles communautaires
en zone pastorale qui sert de cadre d’échanges sur les mécanismes de gestion de ces établissements,
les stratégies de mobilisation sociale et de recherche de ressources financières, ainsi que les
perspectives de pérennisation.
71
Les contraintes qui entravent le fonctionnement optimale des écoles communautaires se
situent à différents niveaux : (i) les engagements souscrits par les parents d’élèves ne sont pas toujours
respectés dans les sites ; (ii) certains COGES sont faiblement mobilisés pour recouvrer les
cotisations ; (iii) les enseignants manquent de qualification et ne disposent pas de matériel
pédagogique et didactique de qualité ; (iv) le partenariat multi–acteurs autour des écoles
communautaire est faible, voire inexistant.
L’expérience de l’école communautaire de Weltouma constitue un cas de réussite particulièrement
frappant. Les douze élèves candidats présentés au concours du certificat de fin d’études du premier
degré en 2008 ont tous réussi. Cette expérience montre que les écoles communautaires ne peuvent
devenir véritablement viables que si elles bénéficient de l’engagement effectif des parents d’élèves et
de leur disponibilité à s’impliquer dans le fonctionnement de l’établissement. La formation et la
motivation des enseignants constituent également un facteur de réussite. Dans le cas spécifique de
Weltouma, l’enseignant joue un rôle central qui est reconnu par la communauté à laquelle il appartient
lui-même. De par sa culture pastorale, cet enseignant a intégré dans le cursus de formation des
thématiques qui sont relatives au pastoralisme et à la réhabilitation des valeurs des sociétés pastorales.
L’existence d’une cantine constitue un facteur déterminant pour la poursuite de la scolarisation
des enfants, surtout pendant les années de crise au cours desquelles les parents sont obligés
d’emmener les animaux en transhumance dans d’autres zones. Le succès de l’expérience de Weltouma
fait apparaître des défis nouveaux liés au passage des élèves du cycle primaire à l’enseignement
secondaire. Ces défis se posent en termes de conditions à mettre en place pour assurer la prise en
charge des enfants devant poursuivre leur scolarité en ville, mais aussi en termes d’intégration réussie
dans leur nouveau cadre de vie.
De l’avis de certains interlocuteurs rencontrés, la pénétration de l’école en milieu nomade profite
principalement aux familles les plus démunies pour lesquelles la scolarisation constitue un moyen
d’émancipation sociale. Au niveau de ces familles, l’école est un investissement visant à garantir
l’avenir des enfants, en sachant qu’ils n’ont pas de chance de recevoir un nombre significatif
d’animaux en héritage. Sur un plan général, l’école constitue un facteur d’intégration et de promotion
dans la communauté nationale pour certains groupes en situation de risque de marginalisation (cas des
Arabes Mohamid).
Le souci de promouvoir la scolarisation des enfants dans la région de Diffa commande d’engager
une réflexion sur la problématique de l’école en milieu nomade. L’échec de l’expérience des
écoles mobiles qui a été tentée dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest incite à privilégier la mise en
place d’un système d’éducation mieux adapté à la prise en compte des contraintes particulières
auxquelles les enfants des pasteurs sont confrontés. Les caractéristiques d’un tel système pourraient
être les suivantes : (i) un curriculum de type modulaire combinant un noyau central servant de
référence pour la certification et des modules optionnels adaptés aux spécificités des zones nomades ;
et (ii) la flexibilité des rythmes et du calendrier scolaire pour prendre en compte les exigences de la vie
pastorale.
72
5.4.5. Délivrance des actes d’état civil
L’appui à la délivrance des actes d’état civil constitue un axe d’intervention pertinent dans le contexte
spécifique d’une région où les populations sont en majorité analphabètes et ne maîtrisent pas le
fonctionnement de l’administration, en particulier du système judiciaire. De plus, l’éloignement
géographique entre les citoyens et les institutions publiques compétentes, la barrière linguistique, les
contraintes socio–culturelles, ainsi que la lenteur et la complexité des procédures administratives et
judiciaires constituent autant de contraintes supplémentaires.
La mise en place d’un mécanisme décentralisé pour acquérir les pièces d’état civil répond
effectivement aux attentes des familles pastorales ; ce qui explique l’importance de la demande. Au
cours des trois années d’intervention, 420 actes d’état civil, en particulier des actes de naissance, ont
été délivrés aux populations des zones pastorales. Ces acquis expliquent l’intérêt suscité par les
audiences foraines qui dispensent les pasteurs d’entreprendre des démarches longues et coûteuses leur
imposant d’effectuer au moins deux déplacements sur le chef lieu de département.
Par-delà les aspects liés au gain de temps et à la réduction des dépenses à effectuer, il faut rappeler
que la délivrance des pièces d’état est un acte essentiel de reconnaissance du citoyen par la république.
Cette situation explique l’option des Arabes Mohamid qui consacrent des efforts importants à
l’obtention de cartes d’identité nigériennes en vue de faire valoir leurs droits de citoyens. Cette
préoccupation concerne également d’autres communautés d’éleveurs dans la mesure où la carte
d’identité permet de sécuriser les pasteurs lors des déplacements dans les régions voisines ou dans les
pays limitrophes comme le Nigeria et le Tchad. En plus d’être une assurance pour la mobilité
pastorale, les actes d’état civil constituent également un élément indispensable pour sécuriser la
scolarité des enfants. En effet, le dossier de candidature au concours du certificat d’études primaires
doit comporter obligatoirement l’acte de naissance de l’élève.
5.4.6. Renforcement des OSC
Des formes diversifiées de partenariat se sont développées autour de PROGRES tant au niveau
national qu’à l’échelle régionale et locale. La stratégie d’intervention du programme repose sur le
principe du « faire–faire » qui permet de valoriser l’expérience des organisations de la société civile
spécialisées dans l’encadrement de proximité des populations.
Les organisations partenaires sont unanimes à reconnaître les avantages qu’elles ont tirés de leur
collaboration avec le programme. Cette situation leur a permis de réaliser des progrès importants se
traduisant notamment par : (i) l’amélioration de leur fonctionnement (transparence dans les processus
décisionnels, flux d’information au sein des organisations, tenue plus régulière des instances
statutaires, etc.) ; (ii) l’acquisition de compétences nouvelles et la mise en place de systèmes de gestion
73
comptables plus fiables ; (iii) l’apprentissage du processus d’auto–évaluation qui a débouché sur
l’élaboration de plans de développement organisationnel.
Au départ, l’orientation de la stratégie de partenariat semblait vaciller entre deux lignes d’action
différentes : (i) le renforcement des capacités d’intervention technique des OSC dans le but de
garantir l’efficacité du « faire–faire » ; et (ii) la consolidation des capacités institutionnelles des
organisations partenaires, en renforçant leurs aptitudes à développer des visions propres et à se doter
de compétences en matière de planification, de négociation et de lobbying. Par la suite, le programme
a focalisé ses appuis d’une part sur le renforcement des compétences techniques dans le but
d’améliorer la qualité des prestations fournies par les OSC aux communautés et, d’autre part sur
l’amélioration de la gestion budgétaire et une meilleure maîtrise des procédures de rapportage.
Le fonctionnement du partenariat entre le programme et les OSC a été péjoré par la difficulté à
évaluer le coût de l’accompagnement de certaines activités menées sur le terrain. Cette situation s’est
répercutée négativement sur la qualité d’une opération de recherche–action comme le « warrantage
des animaux » par exemple.
La démarche consistant à sous-traiter à des prestataires privés les activités d’animation, en particulier
les diagnostics participatifs et l’accompagnement des communautés ne permet pas aux agents du
programme d’acquérir une connaissance fine des situations, en termes de dynamiques enclenchées et
de défis émergents. Comme déjà mentionné au cours de la revue à mi-parcours, la faiblesse de
contacts fréquents et suivis avec les communautés rend difficile la réalisation d’un travail de
capitalisation des expériences
L’analyse du partenariat montre que son impact sur la trajectoire des OSC de la région reste
globalement limité. Au départ, le programme a développé des relations de collaboration avec une
dizaine d’OSC chargées de l’exécution de différentes activités planifiées par les projets et les
composantes. Suite à l’avènement du CAP, seules deux organisations ont été déclarées éligibles dans
le cadre du partenariat. L’examen du profil de ces structures révèle que le partenariat a profité
principalement aux organisations qui disposaient déjà de capacités fortes et avérées, ainsi que d’une
réelle marge d’autonomie. Eu égard à leurs capacités en matière de conception, de mise en œuvre
d’activités et de négociation, ces OSC sont parvenues à traiter quasiment à armes égales avec le
programme. En revanche, les autres organisations sont restées dans une situation de dépendance à
l’égard du programme, faute de capacités à négocier d’autres partenariats.
5.4.7. Leçons à retenir
L’un des enseignements majeurs à retenir concerne la consolidation des innovations méthodologiques
introduites par le programme à travers différentes initiatives (concours sur la bonne gouvernance,
groupes communautaires d’écoute collective, suivi–évaluation participatif, etc). Pour y parvenir, il est
nécessaire de tenir compte du fait qu’une seule phase de projet n’est pas suffisante pour tester
efficacement des actions innovantes, les mener à terme et en tirer des enseignements utiles. Par
74
conséquent, les initiatives de recherche–action en cours actuellement devraient être reconduites dans
la phase suivante de l’intervention.
Sur un autre plan, il est à noter que les appuis du programme n’ont pas encore favorisé l’émergence
dans la région d’un mouvement social structuré autour de la prise en charge des préoccupations de
certaines catégories comme les femmes et les jeunes. Si les conditions d’impulsion d’une telle
dynamique étaient créées, elles ouvriraient des perspectives intéressantes et auraient un effet de levier
sur les interventions en matière d’appui au leadership et à l’empowment économique et social des
jeunes et des femmes.
5.5. Analyse de la prise en compte des groupes cibles
5.5.1. Introduction
Compte tenu des déterminants de la pauvreté et de la vulnérabilité dans la région de Diffa, les
interventions du programme ciblent principalement les ménages agro-pastoraux et pastoraux
vulnérables au sein des communautés, les femmes agricultrices ou éleveuses appartenant aux ménages
vulnérables et les jeunes hommes pris individuellement ou au sein de leurs ménages.
5.5.2. Ménages pastoraux et agro–pastoraux appartenant aux groupes cibles
La stratégie de ciblage des ménages pastoraux et agro–pastoraux adoptée par le programme est
largement approuvée par les communautés qui ont été effectivement impliquées dans le processus
d’identification des bénéficiaires de l’appui à la reconstitution du cheptel sur la base de critères de
vulnérabilités préalablement définis de façon concertée. Les bénéficiaires des activités de formation
ont été désignés par les institutions auxquelles ils appartiennent (conseils communaux, OSC, STD,
COGES, etc.).
En ce qui concerne la problématique du ciblage, les questionnements se situent à différents niveaux :
• De quelle manière les démarches de ciblage ont–elles contribué à approfondir les
connaissances sur la vulnérabilité des différents types de ménages au sein des diverses
communautés en présence (impact des crises sur la vulnérabilité, caractéristiques de
l’insécurité foncière en zone agro-pastorale et pastorale, etc.) ?
• Comment pourrait–on améliorer l’implication des ménages les plus vulnérables dans le
processus de planification communale de manière à garantir la prise en compte effective de
leurs préoccupations et de leurs attentes spécifiques ?
75
5.5.3. Femmes agricultrices et éleveuses
Les femmes rurales ont été les grandes bénéficiaires des opérations de reconstitution du cheptel,
notamment par l’attribution des petits ruminants et des asins. Elles ont bénéficié d’autres appuis qui
concernent :
� Des formations sur des thématiques variées (droits et devoirs des citoyens, AGR, santé
animale, alphabétisation) qui ont contribué au renforcement de leurs capacités ;
� La délivrance de pièces d’état civil (1 600 actes spécifiquement pour les femmes sur un total
de près de 8 980 entre 2000 et 2009) ;
� L’accès à l’information et la participation à la vie communautaire, à travers les SCAP–RU
dont les membres comprennent 40 % de femmes ;
� La participation aux activités des laboratoires de suivi de la citoyenneté.
Cette stratégie d’appui aux femmes a permis d’enregistrer des impacts positifs significatifs : (i)
représentation plus importante des femmes au cours des réunions dans les communautés ; (ii) rôle
plus actif joué par les femmes dans la conduite des affaires concernant l’ensemble de la communauté ;
(iii) émergence d’un leadership féminin, à travers la représentation dans les conseils communaux ; (iv)
plus grande implication des femmes dans les processus décisionnels, grâce à leur participation aux
délibérations des instances locales (COGES, SCAP/RU, etc.).
Du point de vue stratégique, le questionnement sur la problématique du ciblage des femmes porte sur
deux aspects :
� La faible capitalisation de l’expérience des groupements d’épargne crédit « MMD » pastoraux qui
sont implantés dans un contexte caractérisé par des défis importants liés notamment à la vaste
étendue du territoire, la faible densité du peuplement et la forte mobilité des populations ;
� L’insuffisance de la réflexion sur les passerelles à construire entre les activités menées par
différentes composantes, mais ciblant les mêmes acteurs comme les femmes par exemple (RSC,
RSA, activités d’alphabétisation, MMD, création de nouveaux groupements féminins, etc.).
5.5.4. Jeunes hommes
Les jeunes hommes sont ciblés de façon spécifique par la composante JPCP qui leur apporte des
appuis diversifiés : (i) création et appui à la formalisation de groupes solidaires ; (ii) alimentation de
comptes bancaires au profit des groupements ; (iii) appui à l’exécution de micro–projets ; (iv)
redistribution de revenus à travers le mécanisme cash for work ; (v) formation sur des thématiques
variées, et (vi) organisation de manifestations culturelles.
Dans la mesure où la composante JPCP est en phase de démarrage, il est prématuré de chercher à
discerner les impacts générés par les interventions. Les premières actions menées ont été focalisées
76
sur des appuis économiques. Pour ce qui concerne les activités destinées à créer un environnement
plus favorable à la reconnaissance des droits humains jeunes, peu d’initiatives sont engagées, alors
qu’il s’agit là d’un levier essentiel pour la prise en compte des préoccupations des jeunes et pour leur
promotion effective sur le plan social et culturel.
La pertinence du critère de ciblage basé exclusivement sur l’âge des bénéficiaires n’est pas avérée dans
la mesure où une telle démarche conduit à un amalgame de situations différentes en termes
d’autonomie et de préoccupations17. Le ciblage devrait prendre en compte certains facteurs plus
pertinents que le critère d’âge comme le profil de pauvreté, le milieu de résidence et l’exposition au
phénomène de la délinquances ou de l’extrémisme.
5.5.5. Groupes en situation de risque de marginalisation
Les systèmes d’occupation de l’espace et d’exploitation des ressources naturelles ont été durablement
perturbés en milieu pastoral. Cette situation affecte plus particulièrement les communautés les plus
mobiles dont les droits fonciers sont précarisés par la monétarisation croissante de l’accès aux puits
pastoraux. L’approche basée sur les droits adoptée par le programme vise à assurer l’empowment des
groupes sociaux les plus vulnérables, en agissant sur les dynamiques de pouvoir et les relations
sociales entre les communautés marginalisées et celles qui détiennent la maîtrise foncière de l’espace
Pour rendre opérationnelle cette option, le programme a mis en place un dispositif d’agents
passerelles qui servent d’intermédiaires entre PROGES et les différentes communautés ethniques, en
vue de permettre à ces dernières de tirer profit des opportunités d’appui. Il est à noter que les
Wodaabe déclarent être laissés en marge d’un tel dispositif.
L’un des défis majeurs à relever réside dans la valorisation optimale du dispositif par son
élargissement à toutes les communautés présentes dans la région. Un autre défi important concerne
l’identification des conditions à remplir pour mettre à profit les contacts avec les leaders des
communautés dans les démarches de négociation des règles d’accès aux ressources et d’élaboration
des accords sociaux.
17 Les centres d’intérêt et les attentes ne sont pas toujours les mêmes selon qu’il s’agit d’un jeune célibataire dépendant, d’un jeune marié non encore autonome ou d’un jeune chef de ménage déjà autonome.
77
5.6. Impacts institutionnels
5.6.1. Introduction
Telles que conçues, les options stratégiques du programme visent à impulser des changements
significatifs et durables en faveur des ménages vulnérables dans trois domaines clefs :
� Promouvoir des systèmes plus équitables de gestion des ressources naturelles au niveau local
fondés sur une concertation et une négociation inclusives et débouchant sur la sécurisation
des droits fonciers des pasteurs d’une part et, d’autre part sur l’amélioration des conditions
d’accès aux ressources naturelles ;
� Mettre en place des mécanismes garantissant une représentation effective des couches
sociales les plus défavorisées au sein de la société civile rurale et pastorale de manière à faire
prendre en compte leurs préoccupations par les collectivités locales et les institutions d’appui
au développement ;
� Instaurer des systèmes garantissant l’accès des ménages ruraux les plus vulnérables à des
services sociaux et techniques plus efficaces à même d’améliorer durablement leurs
conditions de vie.
Ces changements ne pourront devenir effectifs et durables que si les conditions cadres à l’échelle
nationale sont améliorées. C’est cela qui justifie l’importance accordée par le programme au plaidoyer
et au dialogue politique adressant la question cruciale du droit d’accès aux ressources naturelles.
5.6.2. Au niveau national
Le programme s’est impliqué de façon active dans les processus nationaux portant sur la définition
d’une législation spécifique au pastoralisme ainsi que d’une stratégie en matière d’hydraulique
pastorale. Dans ce cadre, un groupe de réflexion sur la problématique de l’hydraulique pastorale a été
mis en place. Ce groupe a développé une réflexion sur les questions liées à la tarification de l’eau et à
l’harmonisation des systèmes de gestion des puits pastoraux. Les enseignements tirés de l’expérience
de PROGES et d’autres programmes similaires ont conduit à la prise en compte de la dimension de
l’animation sociale comme facteur indispensable à l’émergence d’un système de gestion équitable et
durable des puits pastoraux. Désormais, la démarche d’implantation des puits devra intégrer cette
exigence d’animation sociale qui peut avoir un coût parfois aussi important que celui de
l’infrastructure elle–même.
78
En ce qui concerne la loi sur le pastoralisme, le programme a noué une alliance avec les organisations
faîtières d’éleveurs, en vue d’entreprendre un plaidoyer sur certaines questions cruciales comme celles
relatives à la privatisation des pâturages et à l’extension du front de culture.
5.6.3. Au niveau régional
Au niveau régional, le programme s’est impliqué dans la préparation du plan d’action régional de la
SDR qui est en cours de finalisation. D’une certaine manière, il a influé sur ce processus en faisant
prendre en compte certaines priorités qui structurent son intervention, en particulier : (i) la lutte
contre la vulnérabilité et le renforcement de la sécurité alimentaire des ménages ruraux (SEMPA) ; (ii)
l’appui au développement de la société civile, avec un focus sur la dynamisation des organisations de
producteurs (RECAP–D, GRN–P et JPCP). La capitalisation de l’expérience du programme devrait
permettre de mieux filtrer les choix opérés dans le cadre du Plan d’action régional pour éviter qu’il ne
devienne un simple catalogue d’activités hétéroclites n’ayant pas de valeur ajoutée réelle.
5.6.4. Leçons tirées
Compte tenu de la difficulté à rendre pérennes des structures qui ont été créées de toutes pièces
autour des activités lancées par la composante JPCP, le réalisme commande de s’orienter vers
l’optimisation des cadres organisationnels qui existent déjà. Cette valorisation des dynamiques
organisationnelles endogènes doit aller de paire avec le redéploiement des appuis ciblant les jeunes
vers le milieu rural, en particulier la zone pastorale.
Sur un autre plan, l’amélioration de l’impact de cette composante suppose l’établissement de liens
entre son intervention et les activités d’appui aux écoles communautaires. Une telle option permettrait
d’offrir des perspectives valorisantes de travail aux jeunes déjà scolarisés en les recrutant comme
enseignants dans les écoles communautaires avec la possibilité de leur intégration à terme dans la
fonction publique.
79
6. Recommandations utiles à la formulation d’une phase suivante
6.1. Prendre en compte la situation pastorale 2009-2010
La situation pastorale actuelle est très grave. Elle est consécutive à la mauvaise saison pluviale 2009 et
elle impose en premier lieu d’agir en même temps dans la prévention et l’assistance aux ménages déjà
vulnérables et qui risquent d’être très fortement touchés par une telle situation pastorale.
6.1.1. Appuyer la prévention des conflits dans les zones de concentration
exceptionnelle des éleveurs
Alors que les communautés pastorales et leurs troupeaux convergent vers le même espace pastoral
qui dispose de pâturages, une intervention renforcée de prévention des conflits dans les zones de
concentration s’impose en urgence. Il s’agit d’être présent sur les sites cruciaux. C’est d’abord en
particulier aujourd’hui la bande qui entoure la Dilia où le pâturage existe, mais où l’accès à l’eau doit
se négocier entre communautés qui exercent la maîtrise foncière et les transhumants. Des groupes de
pasteurs rencontrés ont assez naturellement engagé des discussions entre autorités fulbé et toubou
pour trouver des accords, mais la présence de PROGRES et de ses partenaires aux côtés des éleveurs
sera d’une grande utilité pour amortir les tensions et favoriser le dialogue vu la concentration
d’éleveurs et le risque d’épuisement de la ressource en pâturage en fin de saison sèche. Le second site
à considérer concernera la descente en fin de saison sèche au moment où les éleveurs vont devoir
quitter cette bande septentrionale pour engager la descente beaucoup plus au sud pour retrouver le
front de pluie en zone agricole. Les éleveurs vont s’exposer à une véritable traversée du désert et sans
appui conséquent en aliment du bétail il y aura beaucoup de pertes et de risques de conflits une fois
rejoint les berges de la Komadougou. Sur chacun de ces espaces de concentration potentiellement
conflictuels le PROGRES devra relancer le dialogue et les échanges sur les accords réciproques
d’accès à l’eau et au pâturage, les principes de négociation et les droits définis par les textes. On
s’intéressera aussi aux tactiques mises en œuvre par les différentes communautés pour faire face à une
année très critique et exceptionnelle de manière à mieux comprendre comment chacun tente de réagir
à ce risque climatique et quels rôles jouent les alliances intercommunautaires dans de telles situations.
80
6.1.2. Préparer une intervention d’urgence pour les familles et les troupeaux.
CARE est déjà engagé dans la préparation d’une aide d’urgence pour faire face à cette situation, mais
le gouvernement mobilise aussi ses services et les autorités locales dans ce sens. PROGRES par sa
présence sur la zone de concentration devrait contribuer en plus des apports logistiques à faciliter le
dialogue entre tous les responsables des communautés pour que les distributions soient les plus
efficaces et ciblées possibles.
6.1.3. Prévoir des opérations de reconstitution du cheptel sur la base des critères de
qualité identifiés par les expériences
Chacun sait qu’au vu de la situation pastorale très mauvaise de l’année, les pertes en bétail seront très
probablement importantes et induiront des naufrages économiques des ménages les plus vulnérables.
PROGRES devra donc dans son action de lutte contre la vulnérabilité relancer ses appuis à la
reconstitution des troupeaux. Pour cela aujourd’hui, le besoin d’une analyse critique et objective des
différentes modalités d’appui à la reconstitution s’impose pleinement. On devra en dégager un mode
opératoire précis qui puisse expliciter la pertinence des différentes options possibles au vu de la
diversité des situations locales, des modalités de choix et d’achat des animaux, des modalités de
financement et de gestion par les bénéficiaires. Les critères d’efficience des différentes options
possibles seront aussi appréciés de manière à retenir rapidement le ou les systèmes d’appui les plus
adaptés à la saison et en prévoir toutes les implications financières pour la mise en place et le suivi.
6.2. Recommandations concernant la formulation d’une prochaine phase
6.2.1. Recentrer la conception générale sur les objectifs immédiats
On s’attachera à limiter au maximum la dispersion thématique au profit de la sécurisation du
foncier pastoral, du soutien économique des groupes vulnérables, de l’appui à la gouvernance des
ressources pastorales. La dispersion thématique des actions et des projets intégrés à PROGRES a
rendu le travail de recherche –action capitalisation difficile. Il semblait beaucoup mieux conduit dans
les années 2001-2004. Il importe donc au vu de la problématique de la région de Diffa, de
l’expérience et des acquis enregistrés, de prévoir un recentrage sur quelques grands thèmes d’activités
prolongeant et consolidant le travail entrepris. Ces trois thèmes sont : (i.) la sécurisation du foncier
pastoral (par des actions d’hydraulique pastorale, l’appui à la négociation et la concertation pour la
sécurisation des espaces et de leur accès), (ii.) la sécurisation des ménages pastoraux (au travers des
appuis en situation de crise et de reconstitution des troupeaux et d’organisation des
approvisionnements), (iii.) l’appui à la gouvernance des ressources naturelles communes avec les
81
communes, les organisations de la société civile et les commissions foncières. Chacun de ces trois
axes qui constituent les objectifs immédiats du PROGRES devrait faire l’objet d’une stratégie
beaucoup plus construite que dans la phase actuelle de manière à articuler de manière plus cohérente
et efficace les actions. Il s’agira de repenser l’approche programme vers plus de convergence dans
la durée sur les objectifs immédiats et éviter les discontinuités liées à des projets de trop courte durée,
mal articulés entre eux. Il s’agira aussi de faciliter une meilleure intégration dans les plans d’Actions
Régionaux de la SDR, en déterminant les programmes d’ancrage nationaux auxquels se rattacherait
chacun de ces objectifs immédiats.
Le dispositif et l’organisation du PROGRES devraient aussi être revus pour créer plus de dynamique
et de masse critique autour de chacun des objectifs immédiats, en préférant des équipes par sous-
programme par OI, plutôt que des équipes projet, trop petites et cloisonnées pour pouvoir
effectivement innover collectivement.
6.2.2. Sortir du cadre et privilégier une démarche d’innovation et de capitalisation
Ce qui a fait la force de CARE et comme l’ont souligné plusieurs des acteurs interrogés, c’est son
ancrage et sa proximité des populations et par conséquent sa capacité à connaître les problématiques
des populations vulnérables, ici les populations pastorales. PROGES doit donc renouer avec la
capacité à comprendre les réalités et à innover que CARE a manifestée lors des premières expériences
dans les zones pastorales entre 2001 et 2004. La juxtaposition d’actions nombreuses, mais qui ne sont
pas véritablement articulées ni questionnées au regard des réalités, en particulier de la complexité et de
l’irrégularité de la vue en zone pastorale ne permet pas d’innover. L’innovation dans ces conditions
exige une profonde connaissance des pratiques des pasteurs, de leur organisation et de leur système
de décision, lequel a traversé les épreuves nombreuses et diverses depuis des générations. Ce savoir-
faire fondamental ne peut pas être écarté de ceux qui conçoivent et mettent en œuvre des actions qui
sont censées appuyer ces organisations pastorales.
La démarche à envisager pour la prochaine phase devra intégrer en particulier trois types de
questionnements fondamentaux :
• La connaissance des pratiques et mécanismes mis en œuvre par les éleveurs au vu des
différentes configurations des crises auxquels ils ont été confrontés. On s’intéressera
notamment au capital social développé par les communautés pour faire face aux différentes
formes de risques,
• L’analyse de la nature des différents risques rencontrés, en approfondissant en quels termes
physiques, économiques et sociaux ces événements ont pu peser sur les trajectoires des
familles,
• La revue précise des expériences jugées innovantes et efficaces des projets et des ONG en
mettant bien en évidence les conditions précises de mise en œuvre, les enseignements tirés,
82
les conditions de réussite estimées, les modalités opérationnelles à prévoir pour mener à bien
ces actions (quand ? où ? avec qui ? avec quels moyens, à quels coûts ?…).
Cette capitalisation dans une optique de véritable recherche-action, devrait déjà se mettre en place
pour des thèmes déjà considérés comme majeurs et pour lesquels CARE a acquis une grande
expérience insuffisamment valorisée. Il s’agit en particulièrement des différentes actions de
reconstitution sociale du cheptel, l’accompagnement d’accords sociaux intercommunautaires, l’appui à
l’approvisionnement en aliment bétail au niveau régional, l’approvisionnement céréalier des
campements.
6.2.3. Continuer à intégrer des fonds additionnels
Ils apparaissent particulièrement utiles pour agir avec flexibilité lors des crises récurrentes que connait
la zone pastorale, ils devraient constituer une composante programmée dans le futur programme pour
pouvoir assurer la réactivité nécessaire en cas de crises dont on prédit l’augmentation de fréquence
avec le changement climatique au Sahel. Ils seront particulièrement utiles pour relancer les échanges
sur les points chauds de frictions intercommunautaires qui peuvent resurgir, intervenir dans les appuis
aux groupes vulnérables pendant les crises et pour une reconstitution rapide au sortir des crises.
6.2.4. Placer les logiques de mobilité au cœur de la conception des interventions
La conception d’actions innovantes pour les zones pastorales doit « sortir du cadre » des concepts
habituels et que l’on voudrait transférer des expériences en milieu sédentaire. L’expérience montre
bien qu’au contraire, il est fondamental de changer d’échelle dans la conception des actions, en
s’appuyant sur les réseaux socio–économiques, la mobilité et la flexibilité. Ceci est fondamental dans
la conception de la plupart des structures de gestion qui ont été promues jusque là et qui buttent sur
ce qui est considéré comme une contrainte, la mobilité. Ceci est valable aussi bien pour les COGES,
les BAB ou les GGA. La comparaison sera particulièrement utile, entre l’approche GGA localisés et
fixes avec celle de l’approvisionnement en aliment du bétail en cours avec AREN à Diffa.
6.2.5. Renforcer l’appui à l’élaboration concertée de systèmes de gestion équitable
des ressources et de prévention des conflits
Les conflits socio-fonciers sont très profondément ancrés dans les relations entre
communautés et groupes sociaux pour l’accès à l’eau. Ils dépendent de facteurs très divers : de
visions très différentes entre communautés, des concurrences dans l’accès aux pâturages en période
de crise, parfois aussi d’incompatibilité entre systèmes d’élevage, la méconnaissance des droits et
parfois aussi, les pratiques non conformes à l’application du droit par les acteurs institutionnels.
L’expérience du PROGRES montre que les données du problème ne peuvent pas être changées par
une seule approche de sensibilisation-formation. Celle-ci permet sans doute de limiter l’embrasement
83
des conflits mais ne change pas durablement les éléments à l’origine du conflit. Ceci montre toute
l’importance qui est à accorder aux démarches qui accompagnent la mise sur pieds de systèmes de
gestion locaux conçus et validés en même temps au niveau local et intercommunal, notamment pour
la gestion des points d’eau et des espaces pastoraux.
Intégration des leaders des transhumants et cohérence départementale et régionale des
principes de gestion. L’expérience du PROGES a montré que le travail d’accompagnement des
accords sociaux au niveau des sites d’implantation d’ouvrages, pour être reconnu véritablement par
les différentes communautés doit faire intervenir l’engagement des leaders transhumants. Cela
suppose une démarche spécifique de contact régulier avec les leaders des différents groupes au niveau
départemental ou régional. L’implication des leaders de la mobilité pastorale est essentielle en
développant des relations de travail et des concertations plus régulières. Ces éléments présentent un
caractère fondamental pour s’assurer une meilleure cohérence des systèmes de gestion promus
comme pour renforcer les dynamiques de prévention des conflits qui se sont instaurées en marge de
l’action du PROGRES. Pour cela le dispositif à prévoir doit disposer de personnes ressources qui
jouent le rôle de passerelles pour chacune des communautés au sein de la structure du programme.
La conception de systèmes de gestion des puits pastoraux innovants, adaptés au contexte
pastoral de la région, ne doit pas s’enfermer à l’échelle des différents sites d’implantation des
puits. Elle doit faciliter les alliances solides entre communautés, ce qui demande un travail d’aller et
retour continu entre deux échelles complémentaires de la gestion des puits pastoraux publics:
• C’est d’abord celle des négociations intercommunautaires et intercommunales définissant des
principes de gestion pastorale spécifiques et assurant le suivi de la gestion par les communes
en lien avec les autorités locales et les leaders des groupes transhumants, elle débouche sur la
mise sur pied d’une stratégie générale consensuelle et des principes de gestion à diffuser
largement,
• Celle aussi celle des négociations entre les usagers au niveau des sites, impliquant les
différents groupes qui existent et utilisent le site, autant ceux qui revendiquent la maîtrise
foncière des sites, que les transhumants reconnus. C’est ce processus à cette échelle, en
reprenant les principes validés au niveau intercommunal qui peut déboucher sur accord social
qui est cohérent avec les principes de gestion des puits pastoraux publics.
6.2.6. Renforcer la société civile et les droits des citoyens par l’appui aux mouvements
féminins et la scolarisation des enfants
Empowerment des femmes et renforcement de la société civile. PROGRES chemine avec les
femmes dans différentes actions et a proposé des modes d’organisation collectifs qui se juxtaposent
parfois ou au contraire se recouvrent avec les organisations de femmes MMD qui ont fait le succès de
l’intervention de CARE au Niger. Il sera donc utile dans le cadre de l’analyse genre prévue dans la
préparation de la phase suivante de clarifier les relations possibles entre ces organisations. D’une
84
manière plus générale, ce travail devrait permettre d’imaginer quels sont les prolongements à
accompagner entre ces organisations MMD et le renforcement des organisations féminines de la
société civile.
Dissocier stratégie et démarche d’accompagnement suivant deux grands types d’acteurs
différents. La stratégie de partenariat à privilégier dans la phase prochaine devrait distinguer très
nettement deux types de structures, la dénomination organisation de la société civile s’étant montrée
trop globale et imprécise au cours de la première phase :
• Les organisations professionnelles dont il s’agit de renforcer les capacités d’intervention
techniques d’appui, de conseil et de défense des droits de leurs membres. C’est le cas par
exemple d’AREN. Avec de telles structures, au vu de leur expérience et leur savoir-faire, on
peut imaginer une véritable cogestion des actions, d’un projet ou même d’un sous-
programme. Le partenariat devrait dans ce cadre intégrer l’élaboration d’une convention de
partenariat sur la durée de la phase.
• Les organisations de la société civile militantes issues de dynamiques sociales spécifiques
et visant à prendre en compte les droits et intérêts des femmes et des jeunes par exemple. A
ce niveau, les organisations en question sont à identifier et devraient être appuyées en tant
que telles dans le renforcement de leur capacité de mobilisation de leur base et dans la mise
en œuvre des actions. Un travail spécifique d’identification de telles structures est à conduire,
en priorité avec les femmes et les jeunes pour identifier sur quoi portent les dynamiques
actuelles d’organisation de ces deux groupes. Le développement d’activités culturelles et
sportives pour les jeunes n’est pas à écarter, il peut peut-être constituer un axe d’organisation
mobilisateur et fédérateur pour les jeunes des différentes communautés.
D’une manière générale on recommandera de limiter le nombre de partenariat pour favoriser une
meilleure intégration entre équipe PROGRES et les organisations partenaires.
Ecoles communautaires et renforcement des droits des enfants de pasteurs. L’accès à l’école
semble mobiliser de plus en plus les éleveurs préoccupés de l’intégration de leur communauté dans la
société nigérienne. Les expériences accompagnées par CARE constituent des expériences à renforcer
dans le sens du renforcement des droits des enfants. Il s’agira de recenser et d’analyser les initiatives
locales qui existent dans ce domaine en faisant ressortir les facteurs de réussite au-delà de la seule
cantine scolaire. L’accompagnement à prévoir au vu de ces analyses devra combiner des articulations
entre écoles communautaires en zone pastorale, cantine scolaire, état civil, appui à la scolarisation en
ville, soutien à la société civile des jeunes pouvant faire émerger les ressources humaines motivées et
reconnues par les communautés pour exercer les fonctions d’enseignants au service de leur
communauté. Il s’agirait là sans doute d’un programme conséquent et à part entière qui mérite peut
être un montage spécifique par rapport au programme PROGRES.
85
6.2.7. Améliorer la gouvernance communale dans la gestion des ressources naturelles
Malgré l’incertitude qui pèse sur le processus de décentralisation en ce début 2010, les communes
constituent un acteur clef de la gouvernance locale, en particulier en matière de gestion des ressources
naturelles en zone pastorale. Ceci suppose donc la poursuite de l’accompagnement engagé au cours
de PROGRES avec un focus sur quatre axes d’accompagnement :
• Poursuite de la formation des acteurs communaux suite au renouvellement des conseils
communaux à l’issue des élections du 27 décembre dernier ;
• Développement des travaux de planification et de suivi-évaluation participatifs ouverts à la
société civile, renforcement de la bonne gouvernance ;
• Poursuite de l’apprentissage de la maîtrise d’ouvrage communale en particulier des points
d’eau pastoraux publics et la gestion foncière ;
• Expérimentation de démarches intercommunales constructives autour des questions
centrales de sécurisation de la mobilité, gestion intercommunale de puits, marchés à bétail…
6.2.8. Développer une approche plus ciblée et pragmatique du plaidoyer et de la
politique de dialogue
PROGRES a abordé le plaidoyer de manière assez générale et la stratégie qu’il a tentée de mettre en
place en cours de phase n’a pas permis d’acquérir une démarche beaucoup plus construite. Sur le
terrain, à Diffa on constate que le plaidoyer et le dialogue politique se sont cependant tissés dans
certains cas, au travers de quelques personnes à l’intérieur de l’équipe, sur des convictions et des
thèmes simples. Les leaders Arabes Mohamid par exemple font directement référence à des
personnes de l’équipe qui auraient facilité le dialogue entre communautés et autorités, de manière
informelle et efficace. D’un autre côté, les jeux des médias internationaux dans leur rôle d’alerte ont
joué aussi un grand rôle pour infléchir le positionnement initial des responsables politiques, en
particulier lors de la dernière crise de 2006.
Dans sa prochaine phase, PROGRES devrait concentrer sa réflexion et son action de plaidoyer sur
quelques thèmes centraux bien circonscrits : droits à la mobilité, changement climatique et
vulnérabilité des sociétés pastorales, application du droit par les acteurs institutionnels. L’approche à
construire devrait se forger d’abord sur une connaissance et une compréhension fine des situations et
des enjeux dans la région, de manière à s’appuyer sur les connaissances acquises pour mieux les
diffuser et espérer influencer les décideurs, régionaux, nationaux et internationaux. On viserait ensuite
les espaces de négociation et de médiatisation les plus pertinents en fonction des thèmes et des enjeux
pour peser beaucoup plus dans les prises de décision. On irait donc à l’inverse d’une communication
de masse qui demeure superficielle et qui expose beaucoup plus l’institution et ses partenaires dans un
contexte politique délicat.
86
87
7. Annexes
7.1. Extraits des termes de références de la mission
…..
7.1.1. Objectifs et résultats attendus de l’évaluation finale
Il y a eu une évaluation à mi-parcours de PROGRES en 2007, qui a notamment examiné quatre
grands thèmes : l’approche programme, le montage institutionnel du programme, les thèmes
transversaux et le partenariat. Il y a eu des évaluations à mi-parcours et finales des composantes et
projets relevant de PROGRES. L’objectif principal de cette évaluation finale sera de capitaliser les
acquis en complétant le bilan et en affinant l’analyse des données qualitatives et quantitatives de
terrain afin de bien examiner les effets et impacts (finaux ou partiels) qui ont pu être produits par le
programme. Cette analyse des effets et impacts se focalisera un groupe représentatif de communautés
pauvres et vulnérables dans lesquelles des actions soutenues et continues de PROGRES ont été
réalisées depuis 2005. Ce type de communautés se concentre essentiellement dans les zones actuelles
de certains des projets et composantes du programme à Diffa et Maradi. Au terme de l’évaluation,
toutes les recommandations nécessaires seront faites de manière à optimiser la qualité de la
formulation d’une deuxième phase de programme.
En relation avec les objectifs et indicateurs inscrits au cadre logique du programme, les objectifs de
l’évaluation seront d’investiguer, d’analyser, capitaliser et documenter:
Les changements ultimes caractéristiques des 6 années de programme : ce sont les changements
majeurs ou impacts positifs liés à l’objectif spécifique de programme et qui ont pu être générés ou
catalysés sur la vie et l’environnement politico-institutionnel et technique des bénéficiaires. Ces
changements devraient résulter des actions du programme qui ont été conduites à travers les
différentes initiatives achevées ou en cours depuis 2005. Ces changements seront particulièrement
recherchés par rapport à la « prise en compte des droits et responsabilités des ménages vulnérables
dans une gestion plus équitable des ressources naturelles soutenue par des organisations dynamiques
de la société civile ». La recherche de ces changements se concentrera sur les individus, les groupes et
les communautés qui ont participé de manière continue à au moins une initiative du programme
depuis 2005. Ce sera aussi l’occasion de regarder ce qui a pu être créé comme conséquences négatives
indésirables en marge des initiatives mises en œuvre.
88
Les changements spécifiques contributifs à la réalisation des changements ultimes caractéristiques des
6 années de programme : ce sont les changements intermédiaires ou effets positifs liés aux 3 objectifs
immédiats du programme et qui ont pu être générés ou catalysés sur la vie et l’environnement
politico-institutionnel et technique des bénéficiaires. Ces changements résultent des actions qui ont
été conduites à travers les différentes composantes et projets du programme depuis 2005. Ces
composantes et projets sont déjà achevés ou sont en cours d’exécution. Ces changements
intermédiaires seront particulièrement recherchés par rapport aux 3 domaines dans lesquels ont été
définis les 3 objectifs immédiats de programme, à savoir:
� Le renforcement des économies des ménages ruraux vulnérables de la zone d’intervention de
PROGRES en partenariat avec les OSC et les autres acteurs agissant dans ce domaine
� Le soutien et l’appui (en partenariat avec les OSC et les autres acteurs impliqués dans la
décentralisation) à une gestion locale concertée et négociée des ressources naturelles
susceptibles de bénéficier aux ménages les plus vulnérables. Cet appui pourrait avoir été
apporté y compris à travers des actions de plaidoyer et des stratégies d’influence plus ou
moins explicites
� Le renforcement des capacités des OCB et OSC afin qu’elles assument leurs rôles, leurs
droits et leurs responsabilités au sein d’une société civile de mieux en mieux entendue et
reconnue
La recherche de ces changements intermédiaires se concentrera sur les individus, les groupes et les
communautés qui ont participé de manière continue aux activités d’au moins une composante ou un
projet du programme depuis 2005. Ce sera aussi l’occasion de regarder qualitativement ce qui a pu
être créé comme conséquences négatives indésirables en marge de la mise en oeuvre des grandes
activités des composantes et projets.
Les résultats spécifiques contributifs des projets et composantes (quantités et qualités des extrants,
produits ; effets de l’utilisation des extrants sur les connaissances, les pratiques et les comportements
des bénéficiaires ; effets des processus de production des extrants et de l’utilisation des extrants sur
les droits des bénéficiaires ; effets des processus de production des extrants et de l’utilisation des
extrants sur l’environnement des bénéficiaires) à la réalisation des changements spécifiques liés aux 3
objectifs immédiats de programme durant les 6 années de programme : ce sont les résultats
spécifiques contributifs (SPECIFIC OUTCOMES) des projets et composantes qui ont contribué à la
réalisation des changements intermédiaires liés aux 3 objectifs immédiats du programme. Ces résultats
proviennent de la mise en œuvre des grandes activités des différentes composantes et projets du
programme depuis 2005. Cette analyse sera faite à partir de l’étude des rapports d’évaluation interne
ou externe des composantes et projets avec des visites ciblées de terrain pour compléter les avis
forgés à partir de l’étude des rapports. Les différents projets et composantes sont soit achevés soit en
cours d’exécution. Pour les initiatives achevées, les rapports des évaluations finales seront les
principaux supports de travail que viendront compléter les informations de terrain. Pour les initiatives
89
en cours, les derniers rapports internes d’activité et les rapports des évaluations externes
intermédiaires suffiront, complétés par des visites ciblées de terrain. Ici aussi, les résultats des projets
et composantes seront particulièrement étudiés par rapport aux domaines des objectifs et résultats
définis dans les cadres logiques de ces projets et composantes.
L’étude des résultats des projets et composantes se concentrera sur les individus, les groupes et les
communautés qui ont participé de manière continue aux activités des composantes et projets
concernés à partir de 2005. Ce sera aussi l’occasion, pour chaque projet ou composante, de regarder
qualitativement ce qui a pu être créé comme conséquences négatives indésirables en marge de la mise
en œuvre des grands thèmes, activités, approches et stratégies opérationnelles sur le terrain.
La cohérence des objectifs du niveau supérieur (immédiats, spécifique et de développement) du
programme entre eux et entre eux et les politiques et stratégies nationales de développement
La cohérence d’ensemble des objectifs du niveau supérieur du programme avec les objectifs et les
champs d’opération des projets et composantes
Les difficultés, les avantages et les opportunités programmatiques liées à l’intégration d’initiatives de
sources différentes de financement dans un programme unique par rapport auquel tous les bailleurs
n’ont pas un point d’accord explicite
Les difficultés et les avantages programmatiques liées à la mise en œuvre d’une véritable approche
programme dans une organisation comme CARE Niger en relation avec les grandes thématiques qui
caractérisent la problématique du développement dans un pays comme le Niger : GRN, changements
climatiques, conflits ruraux et autres risques de désastre, sécurité alimentaire et nutritionnelle,
faiblesse du leadership et de l’empowerment des femmes notamment dans l’espace public,
insuffisance de rôle et responsabilité de la société civile dans l’influence des décisions politiques et
stratégiques nationales, faiblesse des capacités institutionnelles de l’Etat et du pays
La gestion de l’apprentissage et de l’innovation au sein du programme
Un inventaire exhaustif des leçons et bonnes pratiques qu’on peut retenir au terme de cette première
phase de programme
Des recommandations les plus détaillées et les plus exhaustives possibles pour optimiser le processus
de formulation d’une deuxième phase de programme qui prend en compte l’ensemble des évaluations
externes antérieures (évaluations des composants et projets, évaluation mi-parcours du programme)
liées au programme ainsi que les grands choix stratégiques du nouveau PSP (Plan Stratégique
Pluriannuel) de CARE Niger, les nouvelles évolutions du contexte politique et socio-économique du
Niger ainsi que les grandes thématiques qui caractérisent la problématique du développement du pays
(voir ci-dessus)
90
7.1.2. Thématiques et autres questions clés à traiter
Le processus de l’évaluation va prendre systématiquement en compte les cinq grandes questions clé
suivantes dans toutes les étapes :
� La relation entre PROGRES et les partenaires (OSC et communes notamment)
� La relation/répartition entre la livraison de biens et de services pour la réduction de la
pauvreté, le plaidoyer et le renforcement des capacités des OSC et des autres acteurs
� L’ancrage institutionnel des processus et résultats entrepris ou produits par les acteurs du
programme
� Comment bien positionner PROGRES comme un acteur clé dans le domaine du
pastoralisme au niveau national et régional
Les critères d’évaluation
En relation avec les éléments apportés au point 4 des présents TDR, l’évaluation s’intéressera aussi
aux cinq critères standards d’évaluation de performance de programme à savoir la Pertinence de
l’intervention, l’Efficacité/Efficience de l’intervention au cours des 6 années de cette phase 1, la
signification de l’intervention en termes d’Impact et de Durabilité des processus et résultats impulsés
ou produits au cours des 6 années de cette phase 1
L’évaluation de pertinence va se focaliser, entre autres, sur:
• L’analyse de pertinence de l’approche du programme PROGRES pour attaquer les causes
profondes de la pauvreté
• La pertinence de choix des partenaires : est-ce que les partenaires sont trop faibles ? Est-ce
qu’il serait mieux indiqué pour le programme de travailler seulement avec des partenaires de
plus grande capacité, ou bien est-il possible de travailler avec des partenaires situés dans
différents niveaux de capacité ? dans quel cas contribue-t-on le mieux à créer et à développer
une société civile avec voix dans un pays comme le Niger ?
• La pertinence de l’approche pour le renforcement de capacités comme par exemple la
méthodologie d’auto évaluation des partenaires
• La pertinence de l’approche selon un double objectif: 1) renforcement des capacités des OSC
et 2) prestation des OSC pour livrer des biens et des services pour la réduction de la
pauvreté; quelle répartition des moyens entre ces deux versants du partenariat avec les OSC,
versants du pilier de la programmation avec les OSC ? lequel des versants tient le mieux
compte de la Stratégie de la Société Civile de DANIDA qui donne la priorité absolue à la
création ou le renforcement explicite des capacités des organisations de la société civile du
niveau intermédiaires comme les associations et les ONG
91
L’examen de l’efficacité (la manière dont les résultats produits répondent aux grandes préoccupations
identifiées) discutera surtout les questions comme :
• Quels sont les résultats explicites ou implicites, directs ou indirects, par rapport au
renforcement des capacités des partenaires OSC ? Quels sont des activités les plus efficaces
par rapport aux renforcements des capacités ?
• Quelle est l’efficacité des formations dites ARED basées sur les deux modules «Pastoralisme
au Sahel», « Pastoralisme et Enjeux de la Décentralisation au Niger » notamment sur la
promotion des droits des pasteurs ? Sur leur empowerment individuel et collectif ? sur les
changements dans les rôles et statuts des femmes en milieu pastoral ? Quels résultats
quantitatifs et qualitatifs peut-on retenir de ces formations ?
L’examen de l’efficience s’intéressera aux moyens et coûts du programme en rapport avec les résultats
et le nombre de bénéficiaires hommes et femmes touchés.
Comme proposé au point 4 des TDR, l’examen des « changements et impacts » au niveau supérieur
du programme s’intéressera à la contribution des composants et projets à l’objectif spécifique de
programme à travers les résultats produits autour des trois objectifs immédiat du programme
PROGRES.
Est-ce que les pasteurs à Diffa se trouvent dans une meilleure position pour négocier l’accès aux
ressources naturelles stratégiques grâce aux formations, sensibilisations et conseils apportés par
PROGRES ? Est-ce que le programme a contribué à réduire la pauvreté de quels groupes ou
catégories de ménages pastoraux ?
Est-ce que le programme a contribué à améliorer la gouvernance générale au niveau local des
communautés et des communes, notamment la gouvernance des ressources naturelles ? le programme
a-t-il contribué à améliorer la capacité des communes à concevoir, financer et mettre en oeuvre des
micros projets pertinents pour les citoyens des communes et pour la région ?
L’examen de la durabilité va évaluer si le programme a créé des conditions favorables pour maintenir
les processus/résultats/changements entamés dans le long terme et quels éléments du système ont
besoin de plus d’appui pendant une deuxième phase de programme. La durabilité sera évaluée par
rapport aux niveaux:
• Economique : La possibilité et les capacités de maintenir les infrastructures et les autres
réalisations du programme après la première phase
• Social : La durabilité des changements sociaux ou prémisses de changements sociaux, comme
les changements dans les relations de genre, les relations de pouvoir à l’intérieur et à
l’extérieur des groupes de pasteurs
92
• Institutionnel : La durabilité de l’ancrage institutionnel des processus, résultats et autres
dynamiques socio-économiques et techniques créées avec les communes, les OSC et les
autres acteurs du programme dans les différentes zones d’intervention
7.1.3. Méthodologie
Il revient aux consultants de proposer une méthodologie la mieux adaptée possible pour eux sur la
base des TDR soumis. Le déroulement de la consultation va nécessiter la participation de l’ensemble
de l’équipe PROGRES, du staff de CARE Niger et des partenaires et collaborateurs du programme
comme les OSC, les communes, les partenaires scientifiques, les autorités administratives et
coutumières, les services techniques, etc. Le directeur adjoint chargé des programmes de CARE Niger
(ACD/P), le coordinateur national du programme PROGRES (CN/PROGRES), le conseiller
technique international (CTI) du programme, le coordinateur régional du programme PROGRES
pour la région de Diffa (CR/PROGRES Diffa) et le chef de l’unité Suivi Evaluation du programme
(CUSE) seront les principales personnes-ressources pour cette évaluation et constitueront les
contacts-clés dans le cadre de ce travail.
Il appartiendra aux évaluateurs d’élaborer une proposition méthodologique et d’expliquer leur
compréhension des objectifs et résultats attendus de ce travail. La trame de la méthodologie sera
proposée par les consultants et affinée et validée au démarrage de l’évaluation. Elle précisera les
modalités de participation des différents acteurs. Le terrain de la consultation sera l’ensemble de la
zone d’intervention du programme : Régions de Maradi, Diffa, Tillabéry, Zinder et Niamey, plus
précisément les départements de Nguigmi, Diffa, Maïné, Tanout, Madarounfa, Guidan Roumji,
Dakoro et Filingué. Certains acteurs du programme résident la communauté urbaine de Niamey
(université, SAP/CCA du DNPGCA, AGRHYMET, membres du comité consultatif, ministère de
tutelle MAT/CD, etc.
L’évaluation sera conduite en respectant les étapes suivantes :
- revue des documents (Voir § : Documents de référence) : Copenhague et Niamey
- proposition de la méthodologie et du programme de travail (briefing)
- travail de collecte et d’analyse
- restitution du rapport (débriefing à Diffa et à Niamey)
- finalisation du rapport et partage
7.1.4. Durée de la Consultation et Calendrier de Travail
La consultation est prévue pour durer 17 jours au Niger ; cela inclut la revue des documents, le
briefing, la collecte et l’analyse des données, la restitution du rapport (débriefing) et la rédaction du
93
rapport final. La/le consultant international disposera de 5 jours de préparation (lecture des
documents et briefing avec CARE Danemark) avant la mission au Niger, et d’un jour après le
terrain pour la révision finale du rapport. La répartition du temps pour les différentes étapes du
travail sera proposée par les consultants. Calendrier de travail provisoire
94
7.2. Calendrier de la mission et personnes rencontrées
date lieu Activités réalisées et personnes rencontrées D 10 Mpl-Ny
Dk-Ny Voyage des consultants arrivée BB dimanche soir 16 h, OT lundi vers 4H du matin
L 11 Niamey Entretiens et prise de contact avec Peter Wright au siège de Care Danemark, M 12 Niamey Entretiens avec Illiassou Adamou, AREN, Mohamadou Abdoulaye LASDEL (décentralisation
en zones pastorales), Mamoudou Hamoudou Directeur Général de l’Environnement et des forêts, Mamalo Abdoulkarim Secrétaire Permanent du Code Rural, Idi Leko, Amidou Illia
M 13 Diffa Entretiens avec Mme Hadjia Zeinabou Inoussa Trésorière Générale BEN ANDDH, Ali Amadou secrétaire à la communication, et M. Moussa Salifou SG BEN ANDDH, Weïla Iguilas président Timidria, Hamissou Garba, SED du ME-LCD.
J 14 Diffa Vol Niamey-Maradi-Zinder-Diffa Visite de courtoisie au Gouvernorat de Diffa, séance de travail avec l’ensemble des équipes, préparation du programme et des visites de terrain rencontres avec les acteurs de Diffa
V 15 Diffa Travaux avec l’équipe sur la mise en œuvre des différentes composantes PROGRES Diffa S 16 Diffa Poursuite des travaux de la veille et réflexion sur les hypothèses d’impacts et les enseignements
tirés par les équipes des composantes. Entretien avec Bilkassoum Laouel président Association Appui pour un Développement Equilibré Entretien avec Mabrouk Ben Adam groupe Arabe Ouled Slimane
D 17 Ngourti Kolki
Nguigmi visite de courtoisie au Préfet Chef de Bataillon Idé Barou N’Gourti entretien avec le maire sortant Beniari Youssef Nuit à Kolki dans un campement Arabes Ouled Slimane
L 18 Kolki Benhardé Sassai Weltouma
Entretien avec un groupe d’éleveurs Arabes Ouled Slimane Djimat Mohamed chef de tribu Djimat, Mohamed Brahim, Ahmed Brahim, Abdouramane Djimat Entretien avec un groupe de douze femmes Sassai, entretien avec un groupe d’éleveurs toubous au Nord de la Dilia, Nuit à Weltouma
M 19 Weltouma Nouroua Nguelbeyli
Entretien avec un groupe de 8 éleveurs peuls à Weltouma : Malam Bouba chef de tribu « Tountouman ko’en » , Malam Inoussa, Larouane Abdou, Kamé Ado, Sassi Kadri, Malam Issaka, Youra Amadou, Mohamadou, Entretien avec un groupe de cinq femmes Entretien avec un éleveur peul à Nouroua Nuit à Nguelbeyli
M 20 Nguelbeyli Adamri Boutti Goudoumaria
Entretien avec le Chef de Canton Fulbé Lamido Moumouni Hamadou Entretien avec le maire de ma commune Ousmane Seydou, le vice maire Seydou Moussa, le secrétaire de la COFOCOM Idi Boukar Entretien avec un groupe de femmes de Nguelbeyli Entretien avec trois jeunes du groupe JP-CP Belo Dimdowo, Idi Malam Zakirou, Amadou Illou, Adamri visite d’un puits de la paix, entretien avec un groupe d’éleveurs résidents Maman Nouhou, Ousmane Malam, El Hadj Gagara membre du comité de gestion Nuit à Goudoumaria
J 21 Goudoumaria Djareri Maîné Soroa Chetimari
Entretien avec un conseiller municipal de la commune Tchouloum Kanta, Mazou Ousmane receveur principal, Kadey Ali chef de poste agricole Entretien à Djareri avec un groupe féminin appuyé par la composante JPCP et un groupe MMD Entretien à Maïné Soroa avec les responsables de l’OSC Initiative et Actions Adam Boukari et Mohamed Ali opération test de Warrantage bétail Entretien avec le conseil communal de Chetimari, madame Makaltou Maina Boukar conseillère, Brahim Lawane Comité technique suivi-évaluation, Madou Lawane conseiller, Madou Kanta président GSC groupe d’écoute collective, Djibrilla Malam Kala maire de la commune, Idi Chetima chargé de la communication, Ari Kaou Lawane Breima président COGES AEP, Abdou Gara conseiller éducation,
V 22 Diffa Rencontre avec services techniques auprès du SGA: El Hadj Abdou Salissou, Mata Kolom Kosso DREIA, Sadikou Moutari DRATDC, Saley Maman AT/PASR, Salissou Rabo
95
Oubandawaki DR J/S, Mani Abdoussalam Trésorier Régional, Président de la Chambre Régionale d’Agriculture, Oumar Adam Directeur Régional Adjoint de l’Hydraulique, point focal Projet puits de la Paix. Entretiens spécifiques à la DRH Lawali Yahouza Directeur Régional, Omar Adam Point focal PdP, à la DREIA Adamou Manou (directeur adjoint). Entretien avec deux OSC : AREN (Issa Bonga secrétaire général de la coordination régionale de l’AREN à Diffa, Seyni Mahamadou superviseur PAERD pour AREN.
S 23 Diffa Séances de travail avec les équipes projet de Progres : PdP, PAERD, RECAP/D, JP-CP du programme, entretien avec un leader Wodaabé Ardo Yérima Tambala de Gadibge Sud avec Amadou Abdou AREN, entretien avec Saley Mamadou AT/ SDR région de Diffa
D 24 Diffa Séance de travail des consultants, entretien avec un groupe de leaders Arabes Mohamid de Diffa avec Amadou Abdou AREN et Bokoro (ANDDH) : El Hadj Zaki Hamdame (gpe Mélékat), Chaib Cheltout, Adam Taher
L 25 Diffa Zinder Séance de travail de restitution et discussions complémentaires Route Diffa - Zinder
M 26 Zinder Niamey Route Zinder - Niamey M 27 Niamey Préparation de la restitution au niveau national J 28 Niamey Restitution au siège de CARE Niger en présence des partenaires institutionnels MEIA, MA,
SPCR, AREN, MATDC, DED… V 29 Niamey Débriefing à Niamey et départ des consultants S 30 Ny-Dk
Ny-Mpl Retour des consultants à Dakar et Montpellier
96
7.3. Bibliographie consultée par la mission
7.3.1. Etudes de base et problématique de la Région de Diffa
L’enjeu de la décentralisation dans le contexte pastoral du Niger, outil de formation et d’animation
dans le cadre du Module sur le pastoralisme de IIED-ARED, IIED, Réussir la Décentralisation,
CARE, ARED, B. Thébaut, 2006, 117 p.
Stratégie ZFD NIGER, Sauter Patrick (DED), Grime Vikki (EIRENE), Bracken Uta (EIRENE),
décembre 2006, 24 p.
Mission d’investigation sur les problèmes des arabes Mohamit dans les départements de Maïné
Soroua, Goudoumaria et N’Guigmi Région de Diffa, du 29 octobre au 5 novembre 2006, Association
Timidria, 2006, 19 p.
Premier bilan des principaux systèmes de production et éléments d’intervention, octobre 1987,
Brigitte Thébaut et Abdoulaye Nomao, Projet de développement de l’élevage dans le Niger Centre
Est, 265 pages.
Réflexion thématique, la problématique des pasteurs Mohamid dans le Niger oriental, Djimraou
Aboubacar, Coordinateur de programme, CARE International au Niger, Octobre 2006
Note de travail CONSENSUAL NEGOCIATION PROCESS (CNP) ou processus de négociation
consensuelle, appliquée synthèse d’une analyse « oignon » théorique faite du conflit potentiel en zone
pastorale de Diffa entre certains groupes de pasteurs Mohamid et d’autres groupes de pasteurs non
Mohamid / Analyse PIB, 2 p.
Point sur l’évolution du travail de plaidoyer à CARE Niger à la lumière de l’atelier régional de CARE
à Bamako, Maradi du 26 au 27 Juin 2008, Mr HAMIDOU Mahamane Lawali AT/ RC Ner074
Dakoro, Mme DJIMRAOU Aissatou Abdoulaye AT Genre/L Programme MMD Niamey, 11 p.
La problématique de l’intégration des pasteurs Mohamid dans la région de Diffa, Novembre 2007,
Programme de Gestion Equitable des Ressources Naturelles et de Renforcement de la Société Civile,
Composante GRN-PCPAIX, 27 p.
Etude de cas de gestion des déséquilibres, Site pastoral de Lékéni, Projet SCVM pastoral Diffa
Ner053, 2002, 16 p.
Etude qualitative de la pauvreté en milieu pastoral toubou daza et arabe mohamid de l’Est du Niger
Préparé par Djimraou Aboubacar, Coordonnateur PN53, avril 2001, 7 p.
97
7.3.2. Composante coordination CCDP
Evaluation à mi-parcours, Programme de Gestion Equitable des Ressources Naturelles et de
Renforcement de la Société Civile au Niger, PROGRES, CARE Danmark-NER –72, mai 2007, Anne
Hojmark Andersen et Maman Sani Arzika, Nordic Consulting Group A/S 65 p.
Auto-évaluation des OSC, réalisée du 15 juin au 17 septembre 2004 dans le cadre de la mise en œuvre
du PROGRES, CARE Danemark, sept 2004, rapport final, SOCAÏR, 54 p.
Rapport de l’atelier de bilan 2009 du partenariat entre CARE et les organisations de la société civile –
OSC, Zinder du 7 au 11 septembre 2009, Sanoussi Ababalé et Tchiroma Ali, 19 p. 2009.
Rapport de la revue annuelle 2009 du programme, Maradi 7-10 décembre 2009, Abdoulaye Mahaman,
Yaolé Kabirou, Mamane Haoua Baraou, Djimraou A., PROGRES, 2009, 17 p.
Document de la composante Cellule de Coordination et Développement du Programme CCDP,
PROGRES 2005-2010, CARE Danemark, CARE International Niger, 13 p
Document de programme PROGRES, 2005-2010, CARE Danemark, CARE International au Niger,
78 p.
7.3.3. Projet puits de la paix
Campement de N’guel Hanagambadjo, Commune Rurale de Goudoumaria Convention Locale pour
le Fonçage et la gestion d’un puits cimenté à Hanagambadjo, 4 p.
Manuel de sélection des sites d’implantation des puits cimentés et d’exercice communal de la maîtrise
d’œuvre et d’ouvrage hydraulique, Projet de sécurisation de l’accès à l’eau pour les pasteurs du Niger
Oriental – Puits de la Paix – Diffa, aout 2009, 35 p.
Conduite du processus concerté de sélection des sites d’implantation des puits pastoraux dans le
cadre du projet PdP, juillet 2007, 33 p.
PROGRES CARE International au Niger, ARVER Niya, Initiatives & Actions, VND Nur, Union
Européenne, Projet de Sécurisation de l’accès à l’Eau pour les Pasteurs du Niger Oriental - Les Puits
de la Paix à Diffa - NER 076, Evaluation à Mi-parcours, Rapport Provisoire, Juin 2009, 60 p.
7.3.4. Projet GRN et paix
Evaluation à mi-parcours de la composante Gestion des Ressources Naturelles et Promotion d’une
Culture de Paix (GRN/PCP) basée à Diffa, Rapport Final, Tankari Oumarou Mahamane Moutari,
Sanda Maman Sani, Décembre 2006, 60 p.
98
Document de la composante Gestion des Ressources Naturelles et promotion de la Culture de la Paix
en zone pastorale de Diffa (GRN-Paix), PROGRES, CARE Dk, Care internationnal, 20 p.
7.3.5. Projet RECAP/D
Document de la nouvelle composante « renforcement des capacités pour réussir ka Décentralisation
dans la région de Diffa » RECAP-D, période de janvier 2008 à décembre 2010, (3 ans), PROGRES,
CARE Danmark, CARE Internationnal au Niger, 18 p.
7.3.6. Projet SEMPA
Document de la composante Sécurisation des Economies des Ménages Pastoraux de la Région de
Diffa (SEMPA), janvier 2005- décembre 2007, PROGRES, CARE Danemark, CARE International
au Niger, 22 p.
Evaluation finale de SEMPA et GRN PCP-PCP, évaluation à mi-parcours de RECAP-D, John
Rowley et Marthe Diarra, janvier 2008, 48 p.
7.3.7. Projet JP-CP
Document de la composante Jeunesse, pastoralisme et promotion de la culture de la paix, JP-PCP,
janvier 2009-décembre 2013, PROGRES, CARE Danemark, CARE International au Niger,
septembre 2008, 33 p.
99
7.4. Typologie des conflits par zone agro-écologiques au Niger
Stratégie ZFD NIGER, Sauter Patrick (DED), Grime Vikki (EIRENE), Bracken Uta (EIRENE),
décembre 2006, 24 p.
Dans l'Est du pays (région Diffa et Lac Tchad) qui fait frontière avec le Tchad et le Nigeria, les
conflits les plus importants sont aujourd’hui :
7.4.1. Zone de bordure du lac Tchad
Conflits entre agriculteurs et entre agriculteurs et éleveurs liés à l’exploitation des espaces dans le lit
du lac Tchad en raison de la fluctuation des eaux. Les terres libérées par les eaux en période de
décrue servent de terres de cultures. Ces terres sont la propriété du chef coutumier qui en dispose à sa
guise. Les exploitants ont un droit d'usage temporaire pour leur mise en valeur, ce qui engendre très
souvent des contestations voire des conflits graves entre exploitants d'une année sur l'autre. La
gestion et le contrôle de l'espace aux abords des points d'eaux de surface constituent également des
enjeux majeurs aussi bien pour les éleveurs que les agriculteurs car cela permet de monnayer l'accès
aux ressources naturelles ;
• Conflits entre pêcheurs dans l'exploitation des eaux du lac Tchad. La pêche est l'une des
activités économiques majeure pour les populations habitants le long de la Komadougou.
C'est pourquoi les canaux reliant deux étendues d'eau sont des lieux faisant l'objet de
convoitise, voire des disputes entre les pêcheurs du fait des potentialités qu'ils permettent ;
• La zone de culture le long de la Komadougou est reconnue pour avoir une problématique
des conflits autour du foncier assez complexe. De nombreuses autorités administratives
(justice, COFO, etc.), coutumières (chef de canton, Lavan, etc.) et religieuses (Alkali, etc.) ont
la possibilité d'octroyer des actes fonciers. En outre, cette région est réputée par la remise en
cause systématique des actes posés quelle que soit l'autorité une fois que celle-ci est mutée ou
remplacée. Cette situation entraîne de nombreux conflits et tensions entre les protagonistes
qui dégénèrent souvent en "bagarre" ou qui obligent certaine personne à émigrer. On
constate également que malgré le manque de terre, certains champs ne sont plus cultivés en
raison de ces conflits. Cette remise en cause systématique des droits créée donc une
insécurité foncière peu propice à une gestion rationnelle des sols avec pour conséquence
l'utilisation de pratiques culturales peu appropriées.
100
7.4.2. Zone pastorale
30% du pays est à vocation pastorale. Les précipitations n'y dépassent pas 250 mm ce qui rend
l’agriculture sous pluie quasi impossible. Cependant elles permettent la croissance de nombreuses
variétés d'herbes et d'arbustes très riches permettant la conduite des troupeaux selon des circuit de
transhumance plus ou moins grand. La mobilité est l'un des rares moyens de gestion rationnel de ces
espaces car elle permet une exploitation rationnelle de la quantité et la qualité des pâturages. Les
conflits sont donc liés à l’accès á l’eau et à la réduction de la mobilité surtout dans la zone
agropastorale et agricole du fait de l'occupation des espaces par les champs. Les conflits et problèmes
qui en résultent sont :
• Conflits liés à l'exploitation des points d'eau. La nature du problème diffère selon les
zones. Dans l'espace pastoral, il y a d'une part, l'appropriation des points d'eau par un
individu ou une communauté empêchant l’accès aux autres pasteurs et d'autre part le non-
respect par les transhumants des règles établies par les pasteurs résidents sur leur terroir
d'attache. Dans la zone agropastorale, les abords des points d'eau pastoraux sont de plus en
plus occupés par des champs et les habitations au point que leur accès devient impossible
pour les troupeaux, alors qu'ils ont été conçus pour les besoins du cheptel.
• Conflits entre les éleveurs liés à l'occupation des espaces pastoraux et à la gestion des
pâturages. La survie des communautés d'éleveurs reste liée à la disponibilité du pâturage et
de l'eau. Les effets pervers de la désertification et le taux très faible des infrastructures
hydrauliques sur l'économie de la région est que les maigres ressources font l'objet de
convoitises et de disputes entre les communautés. En outre le mauvais maillage consécutif au
fonçage abusif et incontrôlé des points d'eau privés, favorise l'exploitation anarchique des
ressources pastorales aux alentours des sites à très forte concentration des animaux ;
• Vol des gros bétails : C'est incontestablement l'une des principales sources des tensions en
zone pastorale. L'étendue de la zone, la tradition de vie en milieu nomade, l'absence
d'administration publique de proximité, la complicité dont jouissent ces voleurs expliquent en
partie la recrudescence d'une telle pratique. Ce qui est remarquable aujourd'hui c'est
l'utilisation des armes pour des actes de vol à grande échelle mais qui n'ont plus rien à voir
avec la rebellions ;
• Faible représentation dans les instances de décision au niveau local : L’élevage mobile
en zone pastoral est basée principalement sur la mobilité. Ces populations ne sont pas en
dehors des évolutions politiques et c'est pourquoi elles recherchent un ancrage territorial afin
d’être mieux impliquées dans les décisions politiques. Ce comportement "sédentaire" est
contradictoire avec leur mode de vie mais c’est leur besoin de trouver une place dans cette
société transformée. La décentralisation soulève des interrogations en ce qui concerne le
respect des intérêts des nomades car la particularité de cette population est que ses
mouvements ne cadrent en aucune manière avec la délimitation territoriale. De fait, on
101
constate un manque de structures au sein des nouvelles communes pour permettre à ces
populations de défendre leurs intérêts le long de leur parcours. C'est incontestablement l'une
des principales sources de tensions en zone pastorale et l'un des challenges à relever pour
permettre à ces nigériens de participer la vie des communes qu'ils traversent.
7.4.3. Zone agricole et agro-pastorale
Les conflits tournent essentiellement autour des ressources naturelles et les transactions foncières.
Ces conflits se retrouvent principalement en zones agricoles et agropastorales sur l'ensemble du Niger
opposant le plus souvent les agriculteurs entre eux. Ils se rapportent aux litiges liés à l'héritage, vente
de terre, aux limites entre deux terrains contigus, à l'absence des preuves lors de la passation des
certaines transactions foncières et à la dispute autours des ressources communes (appropriation des
cuvettes, bas-fonds, etc.). On doit également faire état des tensions à caractère identitaire opposant
généralement certaines communautés (Sonrai/Touareg, Sonrai/Peul, etc.) le plus souvent sur des
questions de légitimité foncière du fait de perceptions contradictoires sur la propriété de la terre. On
retrouve ici les anciennes pratiques traditionnelles (droit de la hache) qui reconnaît la propriété aux
premiers arrivants. Les populations qui sont arrivées après restent toujours considérées comme étant
des nomades même si elles se sont sédentarisées et pratiquent l’agriculture depuis plusieurs décennies.
Les terres sur lesquelles ces populations sont installées, appartiennent à leurs parents et ont été
simplement cédées à titre de prêt et au nom de l’hospitalité. Sur cette base, ils sont en droit de les
retirer à tout moment Cette situation crée des sentiments d’insécurité et d’exclusion chez les
populations dites nomades car elles vivent en permanence dans la crainte de perdre leurs champs à
tout moment où de plus avoir accès à ces espaces.
Les conflits entre agriculteurs et éleveurs existent aussi dans cette zone où se concentrent 80% de la
population nigérienne. Ils trouvent leurs causes soit dans la dévastation des champs de culture par les
animaux, soit dans l’obstruction des couloirs de passage des animaux, des aires de pâturage ou des
accès aux points d’eau par les agriculteurs. Les dégâts champêtres qui déclenchent le plus souvent ces
conflits ne sont en fait que des symptômes d’un mal encore plus profond : la non-délimitation des
terres agricoles par rapport aux zones pastorales ou plutôt le non-respect de celles-ci En effet, les
enquêtes et les observations empiriques permettent de constater la tendance à l’occupation
systématique des aires et enclaves pastorales par des opérateurs agricoles. Ceci est d'autant plus grave
que les deux systèmes de productions (agricole et pastoral) ne sont plus tous les deux adaptés aux
conditions actuelles (climatiques, démographiques, etc.) et qu'ils ne peuvent plus répondre en l'état
aux attentes des populations. En outre au cours des quarante dernières années les politiques
nationales et internationales ont toujours donné la priorité aux agricultures (autosuffisance
alimentaire) créant des rapports de force déséquilibrés avec les éleveurs en rendant ces derniers
"étrangers" dans des zones qu'ils ont naguère colonisées.
102
7.4.4. Dimensions transfrontalières/sous-régionales des conflits
Parler d’élevage en Afrique de l’Ouest c’est parler des troupeaux de petits et grands ruminants
(chèvre, mouton, vache, chameau) qui se déplace à la quête de l’eau, des meilleurs pâturages du
moment ou d’autres éléments indispensables à la production, la santé et la reproduction du troupeau
(terre salée, etc.). Ces déplacements se font parfois sur de petits trajets alors que certains se font tout
au long de l’année sur plusieurs centaines de kilomètres. Souvent les éleveurs d’une région partent à
un moment de l’année, estimant que les pâturages qui restent sont insuffisants pour leurs animaux et
qu’ils peuvent trouver mieux ailleurs, en général au Sud (Bénin, Burkina Faso, Nigeria). Dans la quasi-
totalité des cas, cette mobilité de l’élevage se fait à la quête de pâturage naturel, qui ont poussé sans
aucune intervention humaine. On exploite avec le moins de main d’œuvre possible le pâturage
existant. Cet élevage repose sur un équilibre basé sur 3 composantes : l’animal, l’homme, les
ressources naturelles. Tout au long du cycle de production (que l’on peut regarder à travers une année
ou une vie de producteur) l’éleveur va chercher à adapter la taille et la production de son troupeau en
fonction des besoins alimentaires et sociaux de sa famille, ainsi que des ressources naturelles
disponibles et accessibles. C'est justement cette recherche de l'équilibre entre les 03 composantes par
les pasteurs transhumants qui sont régulièrement marquées par des conflits violents les mettant en
causes. Différents éléments peuvent expliquer la fréquence de ces conflits :
• Cet élevage mobile est un grand consommateur d’espace. Les forêts, les espaces montagneux,
les jachères, les champs, etc. sont tous exploitables pour le pâturage des animaux. Dans le
même temps, les surfaces cultivées sont en forte extension. L’agriculture, du fait de la
croissance démographique et de l’extension des cultures de rente est donc elle aussi de plus
en plus consommatrice d’espace. Les deux systèmes développant traditionnellement des
réciprocités sont donc de plus en plus souvent en concurrence.
• Dans les différents pays de la sous région, les éleveurs autochtones mènent également leurs
troupeaux de la même manière. Dès leur départ d’autres éleveurs venant d’ailleurs (en
général du Nord ou des pays limitrophes) arrivent pour exploiter ces pâturages délaissés
parce qu’ils les considèrent meilleurs que ceux qu’ils ont eux même laissés aux Nord. Se pose
alors le problème de la gestion des réserves fourragères que tel ou tel groupe local à préserver
pour plus tard qui sont exploités par ces autres groupes. En outre le Burkina Faso et le Bénin
sont dans des zones où la pluviométrie est plus abondante qu'au Niger permettant des
cultures de rente (coton, riz, etc.) ayant soit des cycles plus longs que celui des céréales (mil,
sorgho, mais) ou utilisateur des espaces jadis utilisés par les éleveurs (bas-fonds, forêts
naturelles, etc.) augmentant les risques de conflit;
• Par ailleurs, la transhumance entraîne des groupes loin de chez eux sur des itinéraires qui ne
pas toujours les mêmes. Bien qu’ils exploitent ces espaces, ils ne participent généralement pas
aux discussions sur leur gestion et préservation. Les règles et lois nationales/internationales
qui sont alors décidées, souvent à leurs dépends, ne prennent pas en compte leurs
préoccupations alors que l'évolution du climat les contraints de plus en plus à venir sur ces
103
espaces. A partir de ce moment la concurrence s’exacerbe, se transforme rapidement en
conflit et le dialogue entre les acteurs, indispensable pour la recherche de solutions
d’exploitation conjointe et pour la mise en place et le contrôle de règles communes, devient
de plus en plus difficile. L’absence de canaux de communication et les problèmes de langue
ne facilitent pas la gestion de ces conflits.
7.4.5. Synthèse analyse théorique du conflit potentiel en zone pastorale de Diffa entre
certains groupes de pasteurs Mohamid et d’autres groupes de pasteurs non Mohamid
/ Analyse PIB - PROGRES
Parties en conflit et intervenant
en résolution de conflit
Positions intérêts besoins
Groupes de pasteurs Mohamid impliqués dans le conflit
• L’eau et les pâturages appartiennent à Dieu et au gouvernement
• De ce fait l’accès aux ressources doit être libre et ouvert chaque fois qu’on en a besoin
• Puits cimenté = puits public d’accès libre et ouvert à tous ; il en est de même pour l’espace et les pâturages des zones pastorales
• On est libre d’aller et de venir dès l’instant où on se pense en règle avec les pouvoirs publics
• Avoir un minimum de sécurité foncière sur les parcours pastoraux transfrontaliers ; avoir une meilleure sécurité foncière
• Pouvoir sécuriser ses conditions de vie en développant son capital social au sein des communautés autochtones sur les parcours ; Développer son capital et réseau social
• Pouvoir régulièrement avoir la zone pastorale de Diffa dans son parcours de transhumance
• Pouvoir accéder à des aménagements pastoraux régis par des règles consensuelles d’utilisation comprises et acceptées par tous les usagers réels et potentiels
• Eau
• Pâturages
• Liberté dans la mobilité pastorale
• Bien-être des ménages et de la communauté en relation avec l’accès et l’utilisation des différents composants de la sécurité des conditions de vie
Autres groupes de pasteurs non Mohamid impliqués dans le conflit
• On ne peut pas vivre avec les Mohamid
• Les Mohamid doivent s’en aller
• Position de rejet de l’autre basée sur un ensemble de sentiments, stéréotypes, méfiances, suspicions, doutes et perceptions négatives
• Avoir des interlocuteurs avec lesquels on peut tisser des liens sociaux mutuellement avantageux, échanger au plan économique et s’entraider
• Accéder à une meilleure sécurité des conditions de vie
• Disposer et gérer des aménagements pastoraux régis par des règles consensuelles d’utilisation comprises et acceptées par tous les usagers réels et potentiels
• Bien-être des ménages et de la communauté en relation avec l’accès et l’utilisation des différents composants de la sécurité des conditions de vie
• Droits prioritaires sur l’eau et les pâturages en tant que groupes autochtones
• Besoin de considérations, de consultation, de respect de la part des Mohamid
CARE & autres intervenants Projets / programme
• Basée sur la proclamation des principes de programmation
• Portée par la vision, la mission et les valeurs
• Respect de tous les droits humains auxquels le pays a souscrit
• Voir des communautés de pasteurs dans lesquelles chaque individu et groupes d’individus sont reconnu dans leurs droits et assument leurs responsabilités pour le respect des droits des autres
• Des interventions basées sur des processus participatifs de qualité optimum avec des impacts dont s’approprient les bénéficiaires qui les démultiplient et les perpétuent longtemps après les interventions
• La viabilité des structures et institutions porteuses des interventions, ceci à travers le développement organisationnel institutionnel et
• Zone d’intervention sans conflits violents ingérables
• Zone d’intervention avec des mécanismes locaux de prévention et gestion des conflits
• Zones et communautés dans lesquelles l’intervention complète peut se faire avec une chance importante d’aider les bénéficiaires à changer positivement leur vie
104
7.5. Organigramme
Zakari Madougou
ACD Programme CARE Niger / national
Lamine Moustapha REPPAD Nat
Peter Wright Conseiller Technique/international
Appui-conseils, avis et contrôle qualité pour tous les acteurs du programme et sur tous les processus et résultats du programme
Mohamed Ali DIRC/national
Djimraou Aboubacar Coordinateur national PROGRES/national
M. Yacouba TSI/AA Nat Aminou M. A.
Chauffeur Nat
Ali Salé CR/PROGRES Diffa Nat
Goni Malam S. CUSE Nat. Yacouba Djibir
JPCP Nat
MAGARAM RECAP/D Nat
Saidou Mahaman PDP Nat
CP PAERD Nat
Kimba Nourou PARDESA Nat.
Abdoulaye Fouréra DE/OD Nat.
2 ATs
2 ATs
2 chauffeurs 2 chauffeurs
Baoua Issoufou APCAN Nat.
1 AT administration Pour CTI/CP
2 ATs projet
3 chauffeurs 1 Agent administratif
7 ATs: Aissata, Amadou, Kamaé, Idé, Sanoussi, Dachouki, Yaolé
8 chauffeurs
15 communicateurs, superviseurs, animateurs formateurs
Abdoulaye Mahaman Superviseur processus
formulation projet RNA Maradi
ORGANIGRAMME 2009 PROGRES
Tiné A. ATSE
Comité Consultatif
CCDP
USE
UF
DAOUAMI M. Agent saisie
Nat. Responsable EX Actions ACF-E Mayahi & Dakoro : Nutrition et sécurité alimentaire
Staffs EX ACF-E
Sous structures d’appui et de coordination du programme
105
7.6. Cadre logique du PROGRES
Descriptif
IOV Hypothèses
BUT Contribuer à réduire la pauvreté au Niger à travers une amélioration des conditions de vie des ménages vulnérables et une gestion concertée et plus équitable des RN.
Le Gouvernement demeure engagé dans la réduction de la pauvreté et garde le soutien des bailleurs La Situation socio-politique se stabilise au Nigeria, Tchad et Côte d’Ivoire Pas de calamités naturelles majeures au Niger
Objectif du programme De 2005 à 2010 les droits et responsabilités des ménages vulnérables sont pris en compte dans une gestion plus équitable des ressources naturelles soutenue par des organisations dynamiques de la société civile
% des ménages vulnérables faisant de + en + valoir leurs droits & assumant leurs responsabilités dans la gestion des OCB & communes % des ménages vulnérables des groupes minoritaires/marginalisés déclarant que leur droit d’accès aux ressources naturelles est respecté % des OSC partenaires améliorant leur gouvernance et redevabilité vis-à-vis de leur base constituante % des OSC partenaires ayant mis en œuvre au moins 1 projet Gressources naturelles ou renforcement OCB de +50 MFCFA Nombre de politiques Gressources naturelles élaborées ou modifiées avec contribution du programme
Les 3 élections de 2004 confortent le processus démocratique au Niger Les transferts de compétences aux entités décentralisées en matière de Gressources naturelles ne provoquent pas de conflits au niveau local
Objectifs immédiats
OI#1: Les économies des ménages ruraux vulnérables de la zone d’intervention du programme sont renforcées en partenariat avec les OSC et autres acteurs
% des ménages ayant un accès aux céréales garanti toute l’année % des ménages très vulnérables couvrant leurs besoins alimentaires et de santé sans décapitaliser % des ménages membres d’OCB à caractère économique % des ménages ayant augmenté leur capital bétail % des ménages qui ont adopté de bonnes pratiques en Santé/VIH/SIDA
Pas de détérioration profonde et prolongée des termes de l’échange pour HH ruraux du fait de chocs économiques ou climatiques La diversité des intervenants crée des opportunités de financements complémentaires pour les communautés
OI#2: Une gestion locale concertée et équitable des ressources naturelles bénéficiant aux ménages les plus vulnérables est appuyée en partenariat avec les OSC (et autres acteurs impliqués dans la décentralisation) y compris à travers le plaidoyer
Diminution du % des conflits violents liés à la Gressources naturelles en zone d’intervention du programme % des COFOs prenant en compte les droits des groupes marginalisés au niveau des communes Nombre de thèmes Gressources naturelles discutés au sein des conseils locaux sous l’influence des OSC
La communalisation n’aggrave pas la mauvaise gouvernance locale (dont la taxation abusive des transhumants) Le niveau d’armement des communautés ne conduira pas à la généralisation des conflits Le processus d’élaboration des textes complémentaires au Code Rural offre un champ au plaidoyer
106
OI#3: Les capacités des OCB et ONG à assumer leurs rôles, droits et responsabilités au sein d’une société civile avec voix sont renforcées
% de femmes ayant un leadership reconnu au sein des OCB & OSC % d’OCB assurant une gestion efficiente des fonds qui leur sont alloués % des OSC ayant atteint les stades de partenariat conformément à leur plan de développement organisat. % des OCB & OSC faisant partie d’un réseau actif au niveau local / régional/national Nombre de cas où les OCB/OSC ont joué un rôle d’influence & leadership dans la gestion du processus de décision au niveau communal % d’organisations partenaires en gagées dans un processus de plaidoyer en faveur des femmes et des plus vulnérables % de lettrés hommes et femmes dans la zone d’intervention du programme
Les institutions sont soutenues par le gouvernement et ne sont pas affectées par la politique Les politiques de soutien aux services sociaux de base (dont les écoles communautaires) se poursuivent
107
7.7. Situation des indicateurs de suivi du PROGRES
EVOLUTION DES INDICATEURS DE SUIVI ET EVALUATION DU PROGRAMME PROGRES
Situation établie par le suivi évaluation du PROGRES au 22 janvier 2010
Le programme PROGRES est prévu pour une durée de 6 ans (2005-2010). L’Objectif du
programme est ainsi formulé : « De 2005 à 2010 les droits et responsabilités des ménages vulnérables
sont pris en compte dans une gestion plus équitable des ressources naturelles soutenue par des
organisations dynamiques de la société civile ». Cet objectif global devait être atteint à travers trois
objectifs immédiats qui concourent tous à la recherche d’un impact durable sur les conditions de vie
des ménages ruraux vulnérables des régions de Maradi et Diffa. Les objectifs intermédiaires
définis sont les suivants :
OI#1: Les économies des ménages ruraux vulnérables de la zone d’intervention du
PROGRES sont renforcées en partenariat avec les OSC et autres acteurs
OI#2: Une gestion locale concertée et négociée des ressources naturelles bénéficiant aux
ménages les plus vulnérables est appuyée en partenariat avec les OSC (et autres acteurs
impliqués dans la décentralisation) y compris à travers le plaidoyer
OI#3: Les capacités des OCB et ONG à assumer leurs rôles, droits et responsabilités au sein
d’une société civile avec voix sont renforcées.
Les composantes et projets du programme contribuent de manière solidaire à l’atteinte de ces
objectifs. Chaque composante ou projet a ses indicateurs d’effet propres et contribue de manière plus
significative à l’atteinte d’un objectif immédiat du programme et de façon secondaire à l’atteinte des
autres objectifs immédiats.
Pour mieux cerner l’évolution des indicateurs du programme en relation avec les contributions des projets et composantes, l’équipe du programme a défini le cadre et conditions de mesure et fixé de repères pour chaque indicateur.
En fonction de la sensibilité des indicateurs, la fréquence de mesure de chacun d’entre eux a été définie. Si certains indicateurs sont mesurés chaque année, d’autres le sont une année sur deux ou une année sur trois. Sur cette base, un Tableau de Suivi des Indicateurs (TSI) a été établi en 2004 et des mesures sont effectuées chaque année. A l’occasion des revues annuelles les résultats des mesures sont présentés et discutés.
Les résultats des différentes mesures sont consignés dans le tableau qui suit :
108
Tableau de Suivi des Indicateurs (VC = Valeurs ciblées et VM = Valeurs mesurées)
Indicateurs Base line
VC 2005
VM 2005
VC 2006
VM 2006
VC 2007
VM 2007
VC 2008
VM 2008
VC 2009
VM 2009
VC 2010
VM 2010
Niveau: Objectif du programme :De 2005 à 2010 les droits et responsabilités des ménages vulnérables sont pris en compte dans une gestion plus équitable des ressources naturelles soutenue par des organisations dynamiques de la société civile.
1): % des ménages vulnérables faisant de + en + valoir leurs droits & assumant leurs responsabilités dans la gestion des OCB & communes
10% 15% 19% 20% 35% 30% 42% 45% 59,5% 60% 62,6% 75%
2): % des ménages vulnérables des groupes minoritaires/marginalisés déclarant que leur droit d’accès aux ressources naturelles est
respecté
5% _ 77,30
%
10% 29,00
%
_ - 20% 93,2%
- 35%
3) % des OSC partenaires améliorant leur gouvernance et redevabilité vis-à-vis de leur base constituante
10% 15% 33% 20% 35% 30% 75% 45% 47 % 60% 57,14% 75%
4) % des OSC partenaires ayant mis en œuvre au moins 1 projet Gressources naturelles ou renforcement OCB de +50 MFCFA
10% 15% 14% 25% 22% 30% 44% 35% 23, 5% 40% 50% 50%
5) Nombre de politiques Gressources naturelles élaborées ou modifiées avec contribution du programme
0 1 2 3 4
Niveau: Objectifs Immédiats du programme Objectif Immédiat # 1 : Les économies des ménages ruraux vulnérables de la zone d’intervention du PROGRES sont renforcées en partenariat avec les Organisations de la Société Civile (OSC) et autres acteurs
6) % des ménages ayant un accès aux céréales garanti toute l’année
30% 35% 0% 40% 59,6% 50% 54,3% 55% 19,1% 60% 73,3 75%
7) % des ménages très vulnérables couvrant leurs besoins alimentaires et de santé sans décapitaliser
10% 20% 0% 30% 50% 45% 66,7% 55% 55,6% 65% 57% 75%
8) % des ménages membres d’OCB à caractère économique
30% 50% 45% 59% 60%
9) % des ménages ayant augmenté leur capital bétail
-- 13% 50% 20,9% 80%
10) % des ménages qui ont adopté de bonnes pratiques en Santé/VIH/SIDA
0 37% 60% 46% 69,85 75%
Objectif Immédiat #2 : Une gestion locale concertée et négociée des ressources naturelles bénéficiant aux ménages les plus vulnérables est appuyée en partenariat avec les OSC (et autres acteurs impliqués dans la décentralisation) y compris à travers le plaidoyer
11) Diminution du % des conflits violents liés à la Gestion des ressources naturelles en zone d’intervention du programme
40% 56% 20% 22% 23,66 10%
12) % des COFOs prenant en compte les droits des groupes marginalisés au niveau des communes
50% 100% 75% 100% 100%
13) Nombre de thèmes Gestion des ressources naturelles discutés au sein des conseils locaux sous l’influence des OSC
0 3 à 4 0 5
109
Indicateurs Base line
VC 2005
VM 2005
VC 2006
VM 2006
VC 2007
VM 2007
VC 2008
VM 2008
VC 2009
VM 2009
VC 2010
VM2010
Objectif Immédiat # 3 : Les capacités des organisations communautaires de base (OCB) et ONG à assumer leurs rôles, droits et responsabilités au sein d’une société civile avec voix sont renforcées
14) % de femmes ayant un leadership reconnu au sein des OCB & OSC
10% 15% 10% 25%
15) % OCB assurant une gestion efficiente des fonds qui leur sont alloués
25% 40% 56% 60%
16) % des OSC ayant atteint les stades de partenariat conformément à leur plan de développement organisationnel.
10% 50% 43% 75%
17) % des OCB & OSC faisant partie d’un réseau actif au niveau local / régional/national
10% 45% 57% 90%
18) Nombre de cas où les OCB/OSC ont joué un rôle d’influence & leadership dans la gestion du processus de décision au niveau communal
0 6 1 12
19) % d’organisations partenaires engagées dans un processus de plaidoyer en faveur des femmes et des plus vulnérables
0 43% 20% 100% 50%
20) % de lettrés hommes et femmes dans la zone d’intervention du programme
15% 20% 18% 30%
Les résultats ainsi présentés appellent les commentaires suivants :
Au niveau de l’objectif du programme, les avancées suivantes peuvent être relevées :
Indicateur 1 : la proportion de ménages vulnérables faisant de plus en plus valoir leurs droits et
assumant leurs responsabilités dans la gestion des OCB et communes est passée de 19% en 2005 à
42% en 2007 (repère : 30%) puis à 59,5% en 2008 (repère : 45%) et à 62,6% en 2009. C’est une
avancée significative qui traduit tous les efforts du programme pour une meilleure inclusion des
femmes et des plus vulnérables. Les mesures sont effectuées chaque année sur l’ensemble des OCB
mises en place l’année en cours et sur un échantillon de communes d’intervention.
Indicateur 2 : % des ménages vulnérables des groupes minoritaires/marginalisés déclarant que leur
droit d’accès aux ressources naturelles est respecté. Pour cet indicateur il est prévu trois mesures
durant la durée de vie du programme. En 2006, 2008 et 2010. La valeur de l’indicateur est passée de
29,00% en 2006 (repère : 10%) à 93,2% en 2008. Cette évolution à Diffa)
Indicateur 3 : le pourcentage des OSC partenaires ayant amélioré leur gouvernance et leur
redevabilité vis-à-vis de leur base constituante : Pour cet indicateur, il avait été retenu des mesures
annuelles. La mesure est effectuée sur la base des 8 critères de la bonne gouvernance : participation,
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transparence, responsabilité, efficacité et efficience, équité, primauté du droit, réceptivité et
prospection. La valeur de cet indicateur a augmenté de façon significative jusqu’en 2007 (de 33% en
2005 à 35% en 2006 puis à 75% en 2007) et a chuté à 47 % en 2008 et 57,14 % en 2009. Ceci traduit
l’évolution des relations de partenariat développées et gérées par le programme. Justement en 2008 la
mauvaise gouvernance au niveau des OSC s’est traduite par une crise de confiance entre CARE et les
OSCs partenaires, en raison de certaines malversations relevées par les différents audits et
investigations diligentées par CARE. En conséquence, CARE a conduit un processus qui a conduit à
la réduction du nombre de ses partenaires. Les mesures de 2009 ont été effectuées sur le petit
nombre d’OSC retenu.
Indicateur 4 : le pourcentage des OSC partenaires ayant mis en œuvre au moins un projet de
ressources naturelles ou de renforcement des OCB d’un montant de plus de 50 millions FCFA
(77.000 Euros) est passé de 14% en 2005 à 25% en 2006 à 44% (valeur cumulée) en 2007 et à 50%
en 2009 pour une cible de 40%. Les mesures de 2009 ont été faites sur les 14 meilleurs partenaires
retenus pour le programme Il ne s’agit pas ici d’une valeur cumulée. Dans la population initiale des
partenaires, la capacité à mettre en oeuvre des projets de GRN d’un volume financier significatif reste
encore limitée et leurs capacités de gestion financière restent à renforcer.
Indicateur 5 : Nombre de politiques Gestion de Ressources naturelles élaborées ou modifiées avec
contribution du programme : Il est prévu 4 mesures de cet indicateur pendant la durée de vie du
programme. En 2006 avec une cible de 1 politique, 2009 avec une cible cumulée de 2 politiques,
2009 avec une cible cumulée de 3 politiques, et 2010 avec une cible cumulée de 4 politiques. On peut
mettre à l’actif du programme un arrêté pris par la préfet de Maïné Soroa en 2005 relativement au
stockage de la paille et sa forte participation aux réflexions sur la loi pastorale et le régime de l’Eau
dans le Processus du code pastoral
Au niveau de l’objectif 1 : sécurisation des économies des ménages ruraux
Indicateur 6 : « % des ménages ayant un accès aux céréales garanti toute l’année »: les mesures de
2005 (0%) avaient été dramatiques à cause de la sévère crise alimentaire qui a frappé l’ensemble du
Niger. Les ménages n’avaient évidemment pas eu un accès aux céréales garanti toute l’année. L’année
2006 avait été beaucoup moins critique sur le plan alimentaire, la mesure 2006 (59,60%) excédant le
repère (40%). En 2007 : on arrive à 54,30% des ménages ayant un accès aux céréales garanti toute
l’année (repère prévu pour 2007 : 50%). Ces deux derniers pourcentages, assez proche reflètent deux
campagnes agro-pastorale 2005 et 2006 assez satisfaisantes. Les valeurs mesurées de l’indicateur ont
été de 34,1% (repère 55%) en 2008 et 73,3 %(repère 60%) en 2009 et traduisent respectivement la
mauvaise campagne 2007 et la campagne 2008 jugée satisfaisante.
Indicateur 7 : « % des ménages très vulnérables couvrant leurs besoins alimentaires et de santé sans
décapitaliser » : Là également, en raison de la crise 2005, tous les ménages très vulnérables avaient dû
décapitaliser pour couvrir leurs besoins alimentaires et de santé.
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Les valeurs mesurées de cet indicateur ont par la suite passé de 50% (repère 30%) en 2006 à 66,66%
(repère : 45%) en 2007, puis à 55,6% en 2008 (repère 55% ) et 57 % en 2009 (repère 65%)
Il reste que les ménages ruraux restent très vulnérables aux crises alimentaires aiguës, et que la
situation d’insécurité alimentaire prend un caractère de plus en plus structurel. Il apparaît un lien
étroit entre les capacités des ménages à couvrir les besoins alimentaires et les résultats des campagnes
agro pastorales. Les effets des efforts du programmes pourraient être ressentis au niveau des capacités
des ménages à prévenir et à gérer les crises.
Des projets comme APCAN, SEMPA, PAERD et PARDESA aident à mieux déterminer à la fois les
causes profondes de cette vulnérabilité et de la malnutrition chronique et les réponses à leur apporter.
Indicateur 8 : % des ménages membres d’OCB à caractère économique : Il n’a été prévu que deux
mesures pour cet indicateur. Une en 2007 et une autre en 2010. Au vu de la valeur de référence qui
est de 25 %, les résultats des mesures de 2007 (59 % (repère 45%)) montrent une évolution positive.
Indicateur 9 : % des ménages ayant augmenté leur capital bétail : Là également il n’a été prévu que
deux mesures . Une en 2007 et une autre en 2010. La valeur prise par l’indicateur en 2007 qui est de
20,9% , montre qu’il y a bien d’effort à faire au regard du repère pour la même année qui est de 50%.
Indicateur 10 :% des ménages qui ont adopté de bonnes pratiques en Santé/VIH/SIDA : Là aussi, il
n’a été prévu que deux mesures. Une en 2007 et une autre en 2010.
Toute fois, il a été conduit trois mesures et les résultats montrent une évolution significative des
proportions des ménages adoptant de bonnes pratiques en Santé/VIH/SIDA. En effet, la valeur
mesurée de l’indicateur a passé de 37% en 2005 à 46% 2007 (repère 60%) pour atteindre 69,85% en
2008.
Au niveau de l’objectif 2: Prévention des conflits et gestion plus équitable des ressources
naturelles :
Indicateur 11 : « Diminution du % des conflits violents liés à la GRN en zone d’intervention du
programme » Les efforts du programme se sont traduits par une diminution sensible des % des
conflits violents liés à la GRN. La valeur de l’indicateur est passée de 56 % en 2005 à 22% en 2007
(repère 20%) et à 23,66 % en 2008. Il faut noter que dans la zone du programme, 69% des conflits
sont liés à la GRN.
Indicateur 12 : « % des COFOs prenant en compte les droits des groupes marginalisés au niveau des
communes » : Il n’a été prévu que deux mesures pour cet indicateur. Une en 2007 et une autre en
2010. Il apparaît pour la mesure effectuée en 2007 que toutes les COFOs mises en place au niveau
des communes prennent en compte dans leurs principes les droits des groupes marginalisés.
Cependant, il faut signaler qu’ aucune de ces communes n’a posé d’acte concret dans ce domaine !
Indicateur 13 : « Nombre de thèmes GRN discutés au sein des conseils locaux sous l’influence des
OSC » : Il n’a été prévu que deux mesures pour cet indicateur aussi. Une en 2007 et une autre en
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2010. Les mesures de 2007 montrent qu’aucun thème lié à la GRN n’a été discuté au sein des conseils
communaux, bien que des membres des OSC participaient aux réunions.
Ces résultats sont mitigés et montrent qu’il reste beaucoup à faire pour une gestion réellement
concertée et plus équitable des ressources naturelles, et pour être efficace en matière de prévention
des conflits.
Au niveau de l’objectif 3 : Renforcement des capacités des OCB et des OSC à assumer leurs
rôles, droits et responsabilités au sein d’une société civile avec voix :
Indicateur 14 : « % de femmes ayant un leadership reconnu au sein des OCB et OSC » : Pour cet
indicateur aussi, il n’a été prévu que deux mesures. Une en 2007 et une autre en 2010. Les mesures de
2007 indiquent un pourcentage de 10%, en deçà du repère prévu pour 2007 : 15%. Sur les 1267
femmes membres des OCB mises en place entre 2005 et 2007 et des OSC partenaires, seules 129 ont
un leadership reconnu au sein de ces structures.
Indicateur 15 : Le pourcentage d’OCB assurant une gestion efficiente des fonds qui leur sont
alloués : Pour cet indicateur aussi, il n’a été prévu que deux mesures. Une en 2007 et une autre en
2010. Les mesures de 2007 indiquent une valeur de 56% pour une valeur ciblée de 40%.
Indicateur 16 : Le % des OSC ayant atteint les stades de partenariat conformément à leur plan de
développement organisationnel : Pour cet indicateur aussi, il n’a été prévu que deux mesures. Une en
2007 et une autre en 2010. Les mesures de 2007 indiquent une valeur de 43% pour une valeur repère
de 50%. En 2007, seules 3 des OSC partenaires (sur 7) ont atteint le niveau 3. Un plan d’action a été
conçu après les résultats de l’auto-évaluation des OSC partenaires de PROGRES (2006-2007) pour
renforcer davantage les capacités des OSC les plus faibles.
Indicateur 17 : % des OCB & OSC faisant partie d’un réseau actif au niveau local /
régional/national : Pour cet indicateur aussi, il n’a été prévu que deux mesures. Une en 2007 et une
autre en 2010. Les mesures de 2007 indiquent une valeur de 57% (repère 2007 45% et valeur de
référence 10% en 2005)
Indicateur 18 : Nombre de cas où les OCB/OSC ont joué un rôle d’influence & leadership dans la
gestion du processus de décision au niveau communal : Comme tous les indicateurs de cet objectif, il
n’a été prévu que deux mesures. Une en 2007 et une autre en 2010. Les mesures de 2007 montrent
que les OCB et OSC n’ont joué qu’une seule fois un rôle d’influence et de leadership dans la gestion
du processus de décision au niveau communal (repère 2007 : 6). C’est un résultat décevant.
Indicateur 19 : % d’organisations partenaires engagées dans un processus de plaidoyer en faveur des
femmes et des plus vulnérables : Pour cet indicateur aussi, il n’a été prévu que deux mesures. Une en
2007 et une autre en 2010. Les mesures de 2007 indiquent que 100% des OSC déclarent être engagées
dans un processus de plaidoyer en faveur des femmes et des plus vulnérables (repère 2007 :20%). La
réalité est probablement bien en deçà !
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Indicateur 20 : % de lettrés hommes et femmes dans la zone d’intervention du programme : Pour
cet indicateur aussi, il n’a été prévu que deux mesures. Une en 2007 et une autre en 2010. Les
mesures de 2007 indiquent que le pourcentage de lettrés hommes et femmes a atteint 18% au lieu des
20% escomptés en 2007 : 21% des hommes savent lire et écrire contre 14% chez les femmes.