Évaluation de la sécurité des médicaments (principes ... · moins une grosse cellule en culture...
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Études non-cliniques (non-clinical studies) en vue du développement
de nouvelles molécules Évaluation de la sécurité des
médicaments
(principes actifs, excipients)
Introduction
• Evaluation de la sécurité = objectif principal du développement non clinique des médicaments
• Les études non cliniques précédent ou accompagnent le développement clinique
• Il n'est pas possible d'attendre l'ensemble des résultats des études toxicologiques avant d'administrer la molécule pour la première fois à l'homme (phase I)
Découverte Identification et Optimisation des
Leads (20 molécules, X années)
2009 2019
Développement théorique
Phase I Phase II Phase III Études cliniques
Études non-cliniques (animales)
Préclinique
Études animales long terme
Déclaration (AFSSAPS, CPP) IND (FDA)
AMM NDA
IND : investigational new drug application NDA : new drug application
Quand doit-on réaliser les études non-cliniques ?
• Recommandations : Cf ICH M3(R2) (décembre 2009) et ICH S9 (mai 2010)
• Objectifs – Assurer la sécurité des volontaires sains ou des patients
participant aux essais cliniques – Evaluation du rapport bénéfice/risque lors de l’analyse du
dossier d’AMM
• Etudes à réaliser avant phase I (pré-requis toxicologiques = études précliniques)
• Etudes à réaliser avant phase II ou III • Etudes à réaliser au cours de la phase III
Contexte général des études non-cliniques
• Les études non cliniques ont un impact sur le développement clinique
• Problème des faits nouveaux de toxicologie
• Ces études ne sont pas réalisées uniquement dans un but réglementaire
• Stratégie de développement non clinique
Aspects réglementaires
• Directives européennes
– 75/318/EEC
– 91/507 EEC
– 2001/83/CE
– 2009/120/CE
• Notes for guidance (EMA)
• Guidances for industry (FDA)
Guidelines ICH (International Conference on Harmonisation)
• Buts
– Harmoniser
– Réduire les différences entre les exigences des différentes agences réglementaires (Europe, USA, Japon)
• Organisation prenant en compte
– Les objectifs des différentes agences
– L’avis des représentants de l’industrie
Réglementation applicable aux essais pharmaco-toxicologiques
• Il est nécessaire de recueillir des informations scientifiques indiscutables – compétence des expérimentateurs – qualité des protocoles
• Nécessité d’une reconnaissance mutuelle d’un pays à un autre – Directives européennes – Directives F.D.A. – Réglementation japonaise – Autres (Taiwan, Corée du Sud…)
• Bonnes pratiques de laboratoire – Arrêté du 20 janvier 1986 (BPL dans le
domaine de la toxicologie expérimentale)
• Expérimentation animale – Décret 87-848 du 19 octobre 1987 relatif aux
expériences pratiquées sur les animaux – Arrêté interministériel du 19 avril 1988 fixant
les conditions d’attribution de l’autorisation de pratiquer des expériences sur les animaux
Bonnes pratiques de laboratoire en toxicologie
• Historique – fraudes découverts par la FDA (années 60)
– premier document relatif aux GLP (1978-FDA)
– instruction du 31/5/1983 (France)
• Que définissent les règles de BPL – L’organisation du laboratoire et les responsabilités
– Le programme d’assurance de qualité (audit interne)
– Les niveaux de qualité des installations, des appareils, des réactifs
– Les conditions de stockage, réception et utilisation des produits à étudier
– La codification des procédures opératoires
– Les conditions d’exécution de études (protocoles, conduite des études)
– Le mode de rédaction du rapport
– Les modalités d’archivage
...
• Animaleries agrées – Structures de la firme
– Sous-traitants spécialisés
• Les pharmaciens inspecteurs de la santé ont pour mission d’effectuer des inspections dans des conditions définies
• Evaluation de la sécurité – Médicaments
– Cosmétiques
– Produits phytosanitaires, …
• 7° amendement de la directive cosmétique impose des dates butoirs pour tests sur ingrédients de cosmétiques – 11 mars 2009 (sauf études en doses répétées,
toxicocinétique et toxicité pour la reproduction)
– 11 mars 2013 (toutes études)
LA MOITIÉ DES FRANÇAIS SONT HOSTILES À L'EXPÉRIMENTATION ANIMALE
• Un français sur deux admet que les animaux soient utilisés dans la recherche contre le sida
• 57 % dans la lutte contre le cancer
• 38 % et 33 % dans le domaine de la recherche de médicaments contre la douleur et l'anxiété.
• Grande majorité d’hostiles aux expérimentations sur les animaux en cosmétologie (79 % des femmes et 81 % des hommes)
Les arguments contre l’expérimentation animale (1)
• Les animaux souffrent – Souvent faux (sauf étude sur douleur)
– La douleur fausse les résultats
• Le nombre d’animaux utilisé est trop élevé – partiellement vrai (2,2 millions/an en France dans
l’industrie)
– nombre en baisse (7 millions en 1980) mais augmentation récente
– cosmétiques < 1 %
Les arguments contre l’expérimentation animale (2)
• Les données obtenues ne sont pas extrapolables à l’homme – Parfois vrai
– Essai sur plusieurs espèces
– Les conventions d’Helsinki et de Tokyo interdisent les essais directs sur l’homme
• Les expérimentations sont redondantes – parfois vrai
Relevance of Animal Testing for Toxicity in Humans
• Retrospective analysis of the pharmaceutical industry: concordance of animal and human toxicities: – Rodent (rat, mouse) + non-rodent (rabbit, dog, monkey):
71% – Non-rodent alone: 63% – Rodent alone: 41% (in 6/10 cases rodent toxicity does not
predict human tox) – Highest concordance : hematological, gastrointestinal, and
cardiovascular toxicities – Lowest concordance : cutaneous toxicity
* Olson et al., Regul toxicol pharmacol, 2000.
Les arguments contre l’expérimentation animale (3)
• Il existe des méthodes alternatives (de substitution, complémentaires)
– Vrai mais méthodes parfois non validées à ce jour (rôle de l’ECVAM)
– Ces méthodes sont de plus en plus utilisés quand cela est possible
• L’homme n’est pas une grosse souris, mais encore moins une grosse cellule en culture
L’expérimentation in vivo demeure une nécessité au moins dans certains cas
• Les techniques in vitro ne sont pas encore suffisamment validées et n’apportent pas toutes les informations
• La multiplicité des mécanismes de régulation et d’interactions entre cellules ou entre organes sont difficiles à reproduire in vitro
Advantages of in vitro tests
• Controlled testing conditions
• Reduction of variability between experiments
• Testing is fast (and cheap)
• Small amount of test material is required
• Human cells and tissues can be used
• Transgenic cells carrying human genes can be used
• Reduction of testing in animals
Limitations of in vitro tests
• General toxic effects cannot be assessed (e.g. weight reduction)
• In vivo dose-responses cannot be obtained (for human risk assessment)
• Interactions between tissues and organs cannot be tested
• Toxicokinetics cannot be evaluated
• Specific organ sensitivity cannot be assessed
• Chronic effects cannot be tested
EXTRAPOLATION DE L'ANIMAL À L'HOMME
• Pose souvent un problème
• Importance des études toxicocinétiques comparées
• Intérêt de l'étude de la variabilité inter-espèce du métabolisme
• Importance d'un choix rationnel des espèces.
Expérimentation animale : CHOIX DES ESPÈCES (généralités)
• Aucune espèce ne peut donner tous les résultats attendus.
• On s'adresse systématiquement à deux espèces au moins, dont une non-rongeur et une rongeur (attitude discutée dans certains cas)
LE RAT
• Espèce la plus utilisée pour les études de toxicologie réglementaire.
• Inconvénient : on ne peut prendre que peu de sang.
• Utilisé pour les études aiguës et chroniques
• Survie normale de souches utilisées en routine : 24 à 30 mois.
• Souches principales de rats utilisés en toxicologie : Sprague-Dawley, Fisher 344, Wistar, Long Evans
LA SOURIS
• Petite taille = inconvénient majeur.
• Avantages : prix peu élevé, facile à loger et à manipuler, peu de produit à distribuer.
• Deuxième espèce de choix (après le rat) pour les études de cancérogénèse expérimentale
• Souches les plus utilisées : CD-1 (Charles River), souche B6C3F pour les études de cancérogenèse.
LE LAPIN
• Lapin blanc Néozélandais.
• Etudes d'irritation de la peau et des yeux (existence de tests alternatifs)
• Très utilisé dans les études de tératogenèse
– sensibilité au Thalidomide
– faible nombre de couches cellulaires du placenta laissant passer les produits dans le foetus et induisant les effets embryo- ou foetotoxiques.
LE CHIEN
• Chien de race Beagle.
• Espèce la plus utilisée comme deuxième espèce non rongeurs pour les études de toxicologie subaiguë et chronique.
• Animal de choix pour les études de Toxicocinétique,
• Etudes d'inhalation
LES PRIMATES
• Les animaux de capture dans leur pays d'origine ne sont plus utilisés
• Elevage : animaux sains, d'âge connu
• Le Marmoset : inconvénient petite taille
• Le Cynomolgus est fréquemment utilisé en toxicologie comme seconde espèce non rongeurs ou parfois dans les études de reproduction.
Validation des méthodes de bioanalyse
• Publication (mai 2001) d’un « guideline » (FDA) bioanalytical validation
• 2011 : guideline européen
• Applicable – Etudes de pharmacocinétique clinique
– Etudes non cliniques
– Toutes techniques (chromatographique, immunologique, microbiologique…)
– Tous milieux biologiques (sang, tissus…)
Sélectivité
• Éviter les interférences avec
– Composés endogènes (hormones…)
– Composés exogènes fréquents (caféine, nicotine…)
– Métabolites
– Impuretés
– Co-médications
• Tests à réaliser pour les concentrations basses (LOQ)
Limite de quantification (LOQ)
• 5 fois le bruit de fond
• Réponse reproductible (CV < 20 %)
• Justesse 20 % de la valeur cible
Justesse et Précision
• Trois niveaux de concentration au moins (B, M, H)
• Justesse 15 % de la valeur cible 20 % à la LOQ
• CV < 15 %, 20 % à la LOQ
– Inter-série
– Intra-série
Contrôles de qualité
• Au moins 3 niveaux en double
• Au moins 4/6 à 15 % de la cible
• Si deux CQ en dehors de ces valeurs il ne doivent pas appartenir au même niveau
Objectifs des études de pharmacocinétique animale
• Décrire les différentes étapes ADME
• Support des études toxicologiques et pharmacodynamiques – Relations concentration effets
• Expliquer les variations inter-espèces – Mise en évidence de l’espèce la plus proche de l’homme
• Prédire certaines interactions médicamenteuses (induction, inhibition enzymatique) : attention aux extrapolations
• Mise en évidence des phénomènes d’accumulation…
• Des données (au moins partielles) de pharmacocinétique animale doivent être disponibles avant les premières administrations chez l’homme
• Il est souhaitable d’obtenir des informations sur le métabolisme le plus rapidement possible
Etudes des processus ADME
• Deux espèces (les mêmes qu’en tox)
• Plusieurs doses (mise en évidence des phénomènes de non linéarité)
• Dose unique vs doses répétées (mise en évidence des phénomènes de non stationnarité)
• Petits animaux : 3-4 animaux poolés/temps
• Estimation des paramètres pharmacocinétiques de base : Cmax, tmax, AUC, t1/2
• Description du métabolisme aussi complète que possible
• L’utilisation de molécules radiomarqués et la collection des urines et des fèces permettent la réalisation de bilan d’excrétion
Distribution
• Tissue distribution studies
• Protein binding and distribution in blood
cells
• Placental transfer studies
Les études de distribution chez l’animal
• En dose unique
• En doses répétées (éventuellement)
• Chez la femelle gravide (éventuellement)
• Utilisation de molécules radiomarquées – 3H, 14C (+++)
– Avantage : facilité de mesure
– Inconvénient : on ne distingue pas toujours produit inchangé et métabolites
• Autoradiographie
Diffusion dans les tissus lymphoïdes
Walker DK, Xenobiotica 2008
Distribution du maraviroc dans les tissus lymphoïdes associés à l’intestin chez le rat
Distribution du maraviroc chez le rat
Walker DK, Xenobiotica 2008
Distribution dans la circulation lymphatique comparable chez le rat et l’homme
Liaison protéique
• Etude in vitro
• Différentes espèces dont l’homme
• Techniques
– dialyse à l’équilibre
– ultrafiltration
Metabolisme (comparison inter-espèces )
• Structures chimiques et quantités des métabolites dans les échantillons biologiques
• Schéma des voies métaboliques
• Métabolisme pré-systémique (effets de premier passage hépatique et intestinal)
• Métabolisme in vitro (rôle des cytochromes P450)
• Induction enzymatique et inhibition
Etudes in vivo
• Animal
• Molécule marquée
• Intérêt des techniques analytiques récentes
– LC/MS, LC/MS/MS
– LC/NMR
Etudes in vitro
• Métabolisme
– Hépatocytes, microsomes, systèmes d’expression hétérologue
– Animaux, humains
– Description
– Inhibition
– Induction
– Mise en évidence des isoformes de cytochromes P450 impliquées
Exemple de la mise en évidence du rôle du CYP3A4 dans le métabolisme de la vinorelbine (drug metab dispos, 2000, 28:
1121-7)
Mise en évidence des phénomènes d’induction enzymatique chez l’animal
• Traitement pendant quelques jours (rat en général)
• Obtention de microsomes hépatiques
• Mesure d’activités enzymatiques représentatives – E.R.O.D. (CYP1A)
– P.R.O.D. (CYP2B)
– …
• Ces études métaboliques doivent idéalement être conduites avant la phase III
• Conséquences sur le « labeling » – Exemple : ce médicament est métabolisé par le
CYP3A4, bien que des études cliniques n’aient pas été conduites, des interactions avec le kétoconazole, l’érythromycine… sont probables