EVA PERON & L’HOMOSEXUEL - Théâtre de la Manufacture · nous échapperait pour toujours »...

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EVA PERON & L’HOMOSEXUEL (OU LA DIFFICULTÉ DE S’EXPRMER) COPI / MARCIAL DI FONZO BO 7 > 9 NOV GRANDE SALLE CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL NANCY LORRAINE DIRECTION MICHEL DIDYM 10 RUE BARON LOUIS - BP 63349 54014 NANCY CEDEX WWW.THEATRE-MANUFACTURE.FR 03 83 37 12 99 CONTACT RELATIONS PUBLIQUES EMILIE ROSSIGNOL ET LARA BOULANGER [email protected] [email protected]

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EVA PERON & L’HOMOSEXUEL (OU LA DIFFICULTÉ DE S’EXPRMER)

COPI / MARCIAL DI FONZO BO

7 > 9 NOV GRANDE SALLE

CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL NANCY LORRAINE

DIRECTION MICHEL DIDYM10 RUE BARON LOUIS - BP 63349

54014 NANCY CEDEXWWW.THEATRE-MANUFACTURE.FR

03 83 37 12 99

CONTACT RELATIONS PUBLIQUES EMILIE ROSSIGNOL ET LARA [email protected] [email protected]

Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture 2

7 > 9 NOV GRANDE SALLE

2h30 avec entracte à partir de 16 ans

Spectacle en espagnol surtitré en français

De CopiMise en scène Marcial Di Fonzo Bo

Avec Carlos Defeo Rodolfo De Souza

Gustavo Liza Hernán Franco Rosario Varela

Marcial Di Fonzo Bo Juan Gil Navarro

Costumes Renata SchussheimDécor Oria Puppo

Lumières Bruno MarsolMusique Étienne BonhommePerruques Cécile Kretschmar

Production Théâtre National Cervantes

Buenos Aires Comédie de Caen

Centre Dramatique National de Normandie

Avec le soutien de l’Institut Français et de l’ONDA

Spectacle créé du 6 juillet au 9 septembre 2017

au Teatro Cervantes - Teatro nacional argentino de Buenos Aires

Eva Perón a un cancer et sa fin est proche. Elle ne veut rien savoir et trépigne, éructe, insulte l’infirmière et sa mère. C’est grinçant et fascinant.L’identité nationale, il s’en moque, Copi. S’il quitte une dictature très accueillante pour les Nazis - celle de Perón, en Argentine - ce n’est pas pour faire dans le folklore sud-américain. Ce qui l’intéresse, c’est l’universel de l’amour, la liberté. La vodka et le strass, aussi.

À la création, au Théâtre de l’Épée de bois, des fascistes français cagoulés et armés de barres de fer détruisent le décor d’Eva Perón. Ça le fait bien rire, Copi, ces démonstrations de virilité théâtrales. Finalement, avec des trous, le décor lui plaît davantage ! L’humour, toujours l’humour ! « Sinistre, inepte, indécent, odieux, écœurant et malhonnête », dit d’Eva Perón le critique Maurice Rapin dans Le Figaro du 7 mars 1970. Copi, évidemment, en rit ! Il aime aussi les grands espaces et la sombre Sibérie où hurlent des loups dans un vent glacé de folie qui décoiffe la famille de L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer, c’est un peu Tchekhov sous LSD. Exubérance, délire, et un tendre soupçon de mélancolie composent ce cocktail.

Marcial Di Fonzo Bo habite Copi en familier ; il lui donne tout son sens, sa démesure. Prendre la fantaisie au sérieux, lui donner forme avec doigté est ce qui fait le plus rire. Disons-le tout net : Copi est grand et Di Fonzo Bo est son prophète.

CALENDRIER Mardi 7, Mercredi 8 Novembre à 20h / Jeudi 9 Novembre à 19h

TARIFS Tarif plein 22€ / Tarif réduit 17€ / Tarif jeunes 9€

AUTOUR DU SPECTACLE Rencontre avec Marcial Di Fonzo Bo et l’équipe artistique Jeudi 9 Novembre à l’issue de la représentation (vers 21h30), entrée libre

RÉSERVATIONS au 03 83 37 42 42 du lundi au vendredi de 12h à 19h, le mercredi de 10h à 19h, et le samedi en période de représentation. Locations Magasins Fnac (réduction adhérents), MGEL et Digitick

EVA PERÓN & L’HOMOSEXUEL(OU LA DIFFICULTÉ DE S’EXPRIMER)

COPI / MARCIAL DI FONZO BO

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« Mon père qui avait l’habitude de l’exil le considérait comme une période de la vie où l’homme s’ouvre à la liberté. Mais ma mère et nous, enfants, même si nous comprenions que nous avions échappés à la mort ou à quelque chose qui lui ressemble, savions aussi qu’une vie, celle que nous aurions vécue en Argentine nous échapperait pour toujours » écrit Copi peu de temps avant sa mort, dans Rio de la Plata son seul témoignage autobiographique.

Copi vit dans les années 70 à Paris, fuyant une de ces atroces dictatures installées avec plus au moins de régularité dans presque tous les pays d’Amérique du sud. Fort de son exil, il écrit Eva Perón. Cette farce tragique, violente et rapide, donne une dimension nouvelle à son théâtre et provoque le scandale et la colère des groupes d’extrême droite en Argentine lors de sa création au Théâtre de l’Épée de bois.

S’attaquer aujourd’hui à la démythification d’Eva Perón en Argentine ne peut aller sans dégâts. Démythifier est d’une certaine façon dénuder un mythe, toucher Eva Perón est aussi dangereux que dénuder une vierge. Copi dévoile Eva comme un être despotique et vulgaire, mais en même temps extralucide et avec une incroyable énergie face à la mort. À travers le personnage d’Eva, Copi questionne de manière troublante la cause féminine, le pouvoir, la mort. Il fait d’Evita un rare mélange entre les divas des années 50 et Lady Macbeth, ou Tamora, chez Shakespeare. Un grand hommage, en somme...

Pour rassembler les foules, les projets d’État en Amérique Latine ont toujours été incarnés par une figure forte, masculine et hétérosexuelle – bien sûr. À l’exception d’Eva Perón, qui après une courte carrière d’actrice, arrive au pouvoir en épousant le Général Peron et meurt d’un cancer peu de temps après, âgée de 33 ans.

Il ne s’agit pas de copier l’original. C’est un homme qui interprète Eva dans la mise en scène. Nous sommes devant la question de l’acteur et de la représentation : qu’est-ce que c’est « être » Eva Perón ? De quelle étrange manière Eva Duarte de Perón fut condamnée à jouer le rôle d’Evita ?

Dès le début de la pièce – comme dans un cauchemar – Eva lutte avec la mort. Les personnes qui l’entourent, sa mère, le général Peron et Ibiza la traitent comme si elle était déjà morte. Mais loin de consentir à sa fin, Eva Perón trépigne, vocifère, insulte l’infirmière : non, elle ne va pas mourir.

Suivra L’Homosexuel – ou la difficulté de s’exprimer écrite en 1971 et présentée au Théâtre de la cité internationale dans une mise en scène de Jorge Lavelli avec Copi dans le rôle de Mme Garbo. Le travestissement représente ici la condensation d’un phénomène social latino-américain impressionnant : comment la copie dépasse l’original, de quelle manière elle sublime ses qualités, mais indubitablement aussi ses défauts.

Soirée proposée en deux parties d’environ une heure dix chacune, avec un entracte.

LES PIÈCES

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« Les personnages de Copi sont illimités, car ils ne connaissent d’autre limite que celles du théâtre »

Armando Llamas.

Trente ans après sa mort (1939-1987) le Théâtre National Cervantès de Buenos Aires invite Copi à rejoindre le prestigieux panthéon de la dramaturgie Argentine du XXe siècle avec la création de deux de ses pièces. Cette nouvelle création scellera le retour mérité de ce grand artiste, interdit durant les années de dictature et encore méconnu dans son pays d’origine.

Ce sera aussi l’occasion pour moi de mettre en scène pour la première fois en Argentine des acteurs argentins, et revenir sur l’œuvre de Copi que j’aime tant. Copi est lucide, percutant, drôle, terroriste, chic à chacune de ces répliques.

Sa vision du monde est moderne et libre. Son théâtre est profondément politique, sans morale ni leçons. J’aime l’œuvre de Copi parce qu’elle explose le normatif, les lieux communs, les clichés. Son écriture est une porte ouverte à la liberté.

Copi dessinait tout le temps, tous les jours, et quand il ne gribouillait pas la page blanche, il se dessinait sur scène, comme il aimait à le rappeler. C’est sa vie de tous les jours qu’on voit défiler dans les pages du Nouvel Observateur pendant plus de dix ans. Son regard sur le monde, l’actualité. Le trait de La Femme assise est d’une précarité folle : rien de sophistiqué là dedans. À peine trois cheveux, son grand nez, sa chaise. Poulets, putes, arabes, sa fille Marie-Christine, Noémie la poule, pédés, perroquets, escargots, et autres bestioles... La grande « comédie humaine », le monde selon Copi se déroule au fil des pages. Ces personnages sont terriblement actuels. Copi parle comme personne de la solitude dans le monde d’aujourd’hui, et sa vision de l’humanité, sa lucidité sur les rapports humains, est incroyable. C’est le décloisonnement du politiquement correct en général. Un humour aussi dévastateur que la violence.

Il parait que la plupart des étoiles que l’on voit dans le ciel sont mortes. Nous percevons encore leur lumière mais la planète est morte depuis longtemps. Inversement, d’autres sont peut être nées, mais nous ne voyons pas encore leur lumière. Je me suis dit que ma relation avec Copi ressemblait à cette histoire d’étoiles. Lui est mort, on le sait, mais c’est à travers mes spectacles, je crois, que sa lumière continue de nous éclairer.

Au moment ou l’Europe semble vivre un violent retour en arrière concernant la diversité sociale, la tolérance, le vivre ensemble, je lis ses pièces comme une arme discrète contre l’emphase.

Marcial Di Fonzo Bo

UNE ÉTOILE SCINTILLANTE

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Compromis envers qui ? Compromis envers toi ? J’aurais un compromis envers un journal argentin ? Je n’ai aucun compromis envers l’Argentine. Aucun. Je suis citoyen argentin. Je suis parfaitement en règle. Tu me demandes de dire à l’Argentine que j’ai un problème. Mais je n’ai aucun problème avec l’Argentine. Je n’ai pas le moindre putain de problème avec l’Argentine. Je n’ai ni à me bagarrer ni à me réconcilier avec l’Argentine.Je peux écrire sur l’Argentine comme je peux écrire sur la Yougoslavie. La pièce de théâtre que Lavelli vient de faire, qui s’appelle L’Homosexuel se passe en Sibérie et les personnages sont que des Russes. Je vais en Espagne, je joue à Barcelone avec l’accent espagnol et même les Argentins ne voient pas la différence. L’Argentine ne représente pour moi aucun problème. Je n’ai pas de problème argentin, c’est vous qui en avez un. Parce que je n’ai pas été élevé pour être argentin. Je ne suis pas argentin. Ma grande mère était espagnole, mon grand père uruguayen, j’ai un autre grand père de Entre Rios, une arrière grande mère juive, et deux arrières grandes mères indiennes. Ça ne m’intéresse pas d’être argentin. Ça n’intéresse personne d’être argentin.Qu’est-ce que vous allez vous inventer dans la tête avec deux ou trois choses de tango ? Un patrimoine ? C’est quoi ? C’est quoi comme patrimoine ? L’Argentine est un lieu de passage, comme le monde entier, et avant tout un port, parce que toute l’Argentine est à Buenos Aires. Même les provinciaux qui ont la nostalgie du tango, de trottoir de tango, c’est des choses qu’ils s’inventent dans la tête. Ne soyons pas absurdes, l’Argentine c’est le maté ; moi je garde le meilleur de l’Argentine, je garde le théâtre argentin. J’écris dans la tradition de Florencio Sanchez y Gregorio de Laferrère, j’écris en vers, et je sais qui est Luisa Vehil. Et je fais ça, je fais ça ici en France parce que ça fait partie de ma tradition, parce que la liberté d’expression ne me permet pas de le faire en Argentine, et que les moyens ici ne me permettent pas de faire fréquemment de théâtre argentin, mais attention je le fais. J’ai fait du théâtre argentin à La Rochelle, qui est le festival le plus important ici, je l’ai fait exclusivement avec des acteurs argentins. Je porte en moi une grande partie du théâtre argentin, mais attention, entre le théâtre argentin et le patriotisme il y a un abyme infranchissable.Les patriotes argentins sont des militaires. Les artistes sont des nomades qui se retrouvent là-bas par hasard et continuent leur voyage vers n’importe quel coin du monde comme le font les artistes du monde entier ; il n’existe pas d’artiste argentin ou d’artiste japonais.Le seul endroit du monde où l’on me traite d’argentin c’est en Argentine ; nul part ailleurs on me pose la question de la nationalité, parce que ce pays est occupé par les militaires. J’ai fait ce que j’ai pu quand j’étais jeune ; et je sais que maintenant je ne peux rien faire d’autre que mon travail d’artiste n’importe où dans le monde. Si je vais en Italie je suis un artiste italien, si je vais en France je suis français, si je vais à New York je suis un artiste americano-spanish, si je vais en Espagne je suis un artiste espagnol ; c’est la seule chose que je dois revendiquer : ma nationalité d’artiste. Je n’ai pas de nationalité ; la nationalité est inscrite dans le passeport. J’ai un passeport bleu en cuir de vache légitime, que je cire comme les chaussures. Mais ça c’est autre chose.

Copi parle. Homosexualité et créationParis 1971.

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Dossier d’Accompagnement au Spectacle Bordeaux, octobre 2017

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Les protagonistes : Juan Perón

Il a vingt ans quand il quitte l’école militaire. Quinze ans après, il voyage en Italie et découvre les théories fascistes et nationalistes : il admire Mussolini, Franco et Salazar. En 1943, il contribue au coup d’état du Groupe des Officiers Unis contre le gouvernement de Ramon Castillo (président de l’Argentine affilié au parti démocratique national). Seulement le GOU l’évince pour ses ambitions trop personnelles, et il est emprisonné. Ce qui était imprévu, c’est que ce temps d’emprisonnement a joué en faveur de Perón : il est libéré sous la pression populaire le 17 octobre 1945. Jour qui deviendra celui de la loyauté, principe fondateur du péronisme. Cette même année il se marie avec Eva Perón dite Evita, issue d’un milieu populaire. Un mariage qui joue également pour lui : élu à plus de 56% des voix Perón devient président de l’Argentine en 1946 avec pour adversaires les partis communistes, socialistes et démocrates. Il est le fondateur du Justicialisme, un mouvement populiste soutenu par les masses populaires, les ouvriers, et les nationalistes. Tout en participant activement à l’émancipation du Tiers-Monde et à la mise en place du mouvement des non-alignés, Perón reçoit certains criminels nazis et met en place un proche du fascisme sans jamais s’éloigner du respect de la Constitution. Il sera réélu en 1951 avant de devoir quitter le gouvernement suite au coup d’état de 1955 et s’exiler en Espagne. Il retournera en Argentine en 1973 à la faveur de l’élection du péroniste Hector Cámpora et aidé de l’entreprise Fiat. Suite au massacre d’Ezeiza (rassemblement de la jeunesse péroniste à l’aéroport d’Ezeiza pour célébrer le retour de Perón dont la foule a été fusillée par l’extrême droite péroniste) Cámpora démissionne et Perón revient au gouvernement avec sa troisième femme Isabel en vice-présidente. C’est elle qui prendra sa place à sa mort, l’année suivante.

LES PROTAGONISTES

(Extrait du dossier d’accompagnement du Théâtre National de Bordeaux Aquitaine)

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Dossier d’Accompagnement au Spectacle Bordeaux, octobre 2017

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Eva Perón

Eva Perón née Maria Eva Duarte en 1919 est issue d’un milieu social défavorisé et grandit à Junin (petite ville proche de la capitale). Elle est l’une des filles illégitimes mais reconnues de Juana Ibarguem, une cuisinière, avec Juan Duarte, un riche éleveur. Elle part habiter à Buenos Aires dès ses quinze ans, où elle devient actrice en séries B et à la radio. Son talent est suffisamment reconnu pour qu’elle devienne copropriétaire de la station de radio où elle travaille. C’est lors d’une vente de charité qu’elle rencontre Juan Perón, ils finissent par se marier le 21 octobre 1945. En partie grâce à sa station de radio, « Evita » participe beaucoup à la campagne présidentielle de son mari : elle se lance dans de grands discours à la rhétorique populiste « appelant les pauvres à se relever ». Sans mettre en avant les revenus importants que lui apporte son émission, elle rappelle ses racines modestes à ses auditeurs pour crédibiliser sa solidarité avec les classes les plus défavorisées. Une fois son mari élu, elle prend une place

majeure dans son gouvernement sans toutefois avoir d’autre titre que celui de « Première dame ». Elle crée notamment la fondation Eva Perón dont le rôle est d’assister les pauvres, qui finance nombres d’hôpitaux et d’orphelinats. Appréciée, vénérée et parfois décriée, Eva Perón demeure une icône. Alfredo Arias, un metteur en scène et dramaturge argentin pose des mots sur cette adoration : « Quand vous vous promenez dans les rues de Buenos Aires, vous la voyez dans les bus, sur des affiches, partout! Elle fait partie de l'identité argentine, et le mythe n'est pas près de s'éteindre. […]Son image est reprise par la présidente actuelle, Cristina Kirchner, que l'on voit apparaître sur des affiches aux côtés du visage d'Eva Perón. Il est aussi prévu que son visage soit imprimé sur nos billets de banque. […]C'est une personne qui vient de la pauvreté, des profondeurs du peuple. Sa force, c'est de n'avoir jamais été déconnectée de la base. […]Quand des pauvres lui demandaient de l'argent, elle entrait dans la chambre des députés en tendant le chapeau... Elle était touchable et intouchable en même temps, incarnant une sorte de sainteté accessible par tous. […] "On reproche à Eva d'avoir été à l'intérieur d'un système péroniste qui va prendre une tournure totalitaire et arbitraire après sa mort. Je pense que sa maladie lui a permis de sortir de ce régime avant qu'il ne devienne un cauchemar. »

Dabid Lelait, biographe français, nuance ces propos : « On a une vision très contradictoire d'Evita. On emploie les termes de 'sainte ou putain' pour la définir. Elle a apporté le meilleur comme le pire à son pays, n'hésitant pas à profiter du pouvoir pour mener à bien ses plans, respectables ou non. Quand elle se rend compte qu'elle va mourir, elle n'hésite pas non plus à mettre en scène son agonie. » Sûr que si Evita est vénérée par la classe des travailleurs, elle l’est bien moins par les riches argentins anglophones qu’elle prend l’habitude de nommer les Oligarques. Cette dernière a d’ailleurs essayé de devenir vice-présidente pour asseoir son pouvoir mais ce poste lui a été refusé par Juan sous la pression de certains militaires haut placés.

« La violence aux mains du peuple n’est pas la violence mais la justice. »

Eva Perón

Dossier d’Accompagnement au Spectacle Bordeaux, octobre 2017

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Elle décède en 1952 des suites d’un cancer de l’utérus. Son corps a été embaumé et exposé dans un cercueil transparent jusqu'à ce qu'un coup d'état militaire ne chasse son mari du pouvoir en 1955. Son cercueil sera ensuite transporté à Milan pour y être enterré, puis en Espagne où est exilé son mari, et enfin en Argentine lors du retour du président Perón sur le territoire. Elle sera de nouveau exposée quelques temps avant de finalement rejoindre sa tombe familiale.

! Découvrez Evita le film d’Alan Parker http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=25861.html

(Extrait du dossier d’accompagnement du Théâtre National de Bordeaux Aquitaine)

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! ALEJANDRO TANTANIAN https://vimeo.com/221237269

(Extrait du dossier d’accompagnement du Théâtre National de Bordeaux Aquitaine)

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PHOTOS DU SPECTACLE

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MARCIAL DI FONZO BO - Acteur et metteur en scèneNé à Buenos Aires, il s’installe à Paris en 1987.De 1991 à 1994, il suit la formation d’art dramatique de l’École du Théâtre National de Bretagne. En 1994, ils créent avec les élèves de sa promotion Le Théâtre des Lucioles, collectif d’acteurs. Au sein de ce collectif d’acteurs, il met en scène de nombreuses pièces, s’attachant à des auteurs contemporains tels Copi, Leslie Kaplan, Rodrigo García, Rafael Spregelburd ou Philippe Minyana.Comme comédien, il est dirigé par de nombreux metteurs en scène, entre autres, Claude Régy, Matthias Langhoff, Rodrigo García, Olivier Py, Jean-Baptiste Sastre, Luc Bondy ou Christophe Honoré. En 1995, il reçoit le prix de la révélation théâtrale du syndicat de la critique pour son interprétation du rôle titre de Richard III mis en scène par Matthias Langhoff. En 2004, le même syndicat de la critique lui décerne le prix du meilleur acteur pour Muñequita ou jurons de mourir avec gloire de Alejandro Tantanian mise en scène par Matthias Langhoff. Il met en scène – en collaboration avec Elise Vigier - plusieurs pièces de Copi, en France. Et la création de La Tour de la Défense à Barcelone (2008) puis à Moscou (2011).

Au cinéma, il tourne avec Claude Mourieras, Emilie Deleuze, Christophe Honoré, Stéphane Guisti, François Favrat, Maïwenn et Woody Allen.

En 2008, il entame une collaboration de longue haleine avec l’auteur argentin Rafael Spregelburd. Il met en scène avec Elise Vigier : La Connerie (2008), La Paranoïa (2009) et L’Entêtement (2011) et avec Pierre Maillet La Panique (2009) et Bizarra (2012).

En 2010, il coécrit avec la chanteuse Claire Diterzi Rosa la Rouge.

Pour le festival d’Automne 2010, il signe la mise en scène de Push up de Roland Schimmelpfennig, et au Théâtre de Paris, La Mère de Florian Zeller avec entre autres, Catherine Hiegel qui reçoit pour ce rôle le Molière 2011 de la meilleure interprète.

En 2012, il met en scène Lucide au Théâtre Marigny à Paris.

En mars 2014, il met en scène au Théâtre National de la Colline un texte inédit de Philippe Minyana Une Femme, et en juin 2014 il monte avec Elise Vigier, aux Nouvelles Subsistances à Lyon, Dans la République du Bonheur de Martin Crimp.

En 2014 il réalise son premier film de fiction pour Arte, Démons de Lars Norén. En 2015 il crée au Théâtre du Rond Point la version théâtrale.

Il prend la direction de la Comédie de Caen-Centre Dramatique National de Normandie en janvier 2015, avec Elise Vigier, artiste associée à la direction et Jacques Peigné, directeur délégué. En 2016 il crée Demoni en Italie, et Vera de Petr Zelenka à la Comédie de Caen, actuellement en tournée.

Il créé en juillet 2017 Eva Peron et L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer de Copi au Théâtre National Cervantès de Buenos Aires avec des comédiens argentins.

BIOGRAPHIE

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COPI - (20 nov 1939 - 14 déc 1987)En espagnol, «Copi» est le diminutif de copo de nieve (flocon de neige), un surnom affectueux donné dès son plus jeune âge à l’auteur argentin Raul Damonte Botana. Celui-ci a grandi à Buenos Aires, où il est né en 1939, puis à Montevideo (Uruguay), au sein d’une famille parfaitement francophone dont le père est directeur de journal et député anti-péroniste.

Très tôt, le jeune homme se prend au jeu de la satire politique - publiant à l’âge de seize ans ses premiers dessins dans Tia Vicente - et à celui du théâtre. « Je me souviens du Copi de l’enfance. Il était déjà le théâtre », raconte son frère Jorge Damonte, auteur d’un bel album Copi (Bourgois).

C’est pour vivre sa passion du théâtre que Copi s’installe à Paris en 1963. Il vit d’abord grâce à ses dessins humoristiques, entrant à Twenty, Bizarre, Le Nouvel Observateur où il signe, des années durant, des dessins qui le rendront célèbre, puis à Hara-Kiri et Charlie Hebdo.

Sa relative aisance financière lui permet alors de se consacrer pleinement au théâtre, en jouant et en écrivant des textes sur lesquels Jorge Lavelli se penchera le premier. Le metteur en scène argentin, suivi plus tard par Jérôme Savary ou Alfredo Arias, est l’ami fidèle qui montera Sainte Geneviève dans sa baignoire (1966), La journée d’une rêveuse (1968), L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer (1971), La nuit de Madame Lucienne (1985) et Une visite inopportune (1988), pièce dont le personnage principal est un malade du sida qui meurt dans un hôpital et qui annonce la propre mort de l’auteur le 14 décembre 1987 pendant les répétitions.

Auteur, mais aussi comédien, Copi a assuré l’interprétation de certains de ses textes, et notamment L’homosexuel (ou la difficulté de s’exprimer) au Théâtre de la Cité Universitaire en 1971 (mis en scène par Jorge Lavelli), Loretta Strong au Théâtre de la Gaîté-Montparnasse en 1974 (mise en scène de Javier Botana) et Le Frigo (mise en scène de l’auteur) au Théâtre Fontaine en 1983.

Il est également l’auteur de nombreux romans qui, avec son théâtre, ses dessins, forment une œuvre à la fois exubérante et pudique, hantée par la mort et pleine de vie, baroque, poétique, et absolument inclassable.

Olivier Celik

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PRESSE

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Passionné et familier du théâtre de Copi dont il a monté la quasi intégralité de l’œuvre, Marcial di Fonzo Bo monte, avec des comédiens argentins, un nouveau diptyque explosif et bousculant qui réunit L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer et Eva Peron. Créé cet été à Buenos Aires, le spectacle vient d’être présenté à la Comédie de Caen – Centre Dramatique National de Normandie avant une tournée française.

L’auteur de La Tour de la Défense et d’Une Visite inopportune, dont on célèbre le 30e anniversaire de la disparition, demeure dans son pays d’origine le dramaturge scandaleux et interdit pendant les années de dictature. Trop longtemps resté méconnu, il trouve enfin une forme de reconnaissance sur les terres qu’il a fuies. Pour preuve, ce diptyque créé au Teatro Cervantes de Buenos Aires par Marcial du Fonzo Bo en forme d’hommage à cette grande figure théâtrale.

Si Eva Peron occupe une place centrale dans la carrière du metteur en scène, c’est qu’à sa création française, en 1970, Facundo Bo, son oncle, jouait le rôle-titre, et, qu’à sa suite, Marcia di Fonzo Bo, qui est aussi bon comédien, l’a lui-même interprété de nombreuses fois. Considérée par la presse et le pouvoir politique locaux comme une insulte à la mémoire de l’effigie Évita, la pièce, qui n’a rien d’historique, est un tombeau radicalement iconoclaste, portant aux nues une diva démythifiée, rongée par le cancer dans ses derniers feux.

L’œuvre sombre et farcesque est précédée de L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer. Totalement caractéristique du théâtre de Copi, follement libre, proche de l’absurde mais en plus trash et fou, la pièce parle de transsexualité et d’infanticide, use d’un langage ordurier drolatique et putassier, décrit aussi une misère sociale et un enfermement moral saisissants. Un trio amoureux et délétère joue avec légèreté les pires atrocités posté sous une pluie de flocons dans la banquise sibérienne encadré de béton armé qui évoque la déportation. Tout va très vite dans l’enchaînement de situations aucunement évasives et toujours féroces où se mêlent bas résille et fusil de chasse.

Les acteurs sont tous formidables. Le jeu très dessiné, à la fois précis et débordant, souligne comme il se doit le trait mais touche au plus près de la vérité des êtres dans leur outrance assumée. Ainsi, l’Eva Peron

Lundi9octobre2017

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jouée par l’acteur chilien Benjamín Vicuña, sorte d’Appolon peroxydé, fait de la Sainte argentine une princesse capricieuse et shootée à la morphine, en simple culotte et longue fourrure, qui se révèle si seule et désespérée dans son sombre palais qu’elle pique sa crise au milieu des tutus immaculées et des couronnes mortuaires. En contrepoint d’un destin aussi brutalement douloureux, un numéro de cabaret burlesque et morbide met en scène deux soubrettes faisant aussi bien tourner les Nippies que le plumeau dans un formidable intermède.

La chanson et le Music-hall occupent une place importante dans le spectacle qui traite de sujets glauques avec un amusement non dissimulé. Ainsi une insolite geisha fait une incroyable Carmen nippone. Le même travesti se charge de meubler l’entracte en un flamboyant tour de chant. Tout l’univers tragicomique et décadent de Copi est là, jamais caricaturé, mais plutôt condensé dans ses deux pièces puissantes et provocantes.

Christophee Candoni – www.sceneweb.fr

Eva Perón & L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer De Copi Mise en scène Marcial Di Fonzo Bo Avec Carlos Defeo, Rodolfo De Souza, Gustavo Liza, Hernàn Franco, Rosario Varela, Juan Gil Navarro, Benjamìn Vicuña ou Marcial Di Fonzo Bo Assistante à la mise en scène et surtitrage Crystal Shepherd-Cross Costumes Renata Schussheim Décor Oria Puppo Lumières Bruno Marsol Musique Étienne Bonhomme Perruques Cécile Kretschmar Régisseur son Pedro Fraguela Production : Teatro Cervantes-Teatro nacional argentino, Comédie de Caen-CDN de Normandie. Avec le soutien de l’Institut Français et de l’ONDA Spectacle en argentin (espagnol) surtitré français Durée : Eva Perón : 1h – Entracte : 15mn – L’Homosexuel : 1h15

Comédie de Caen-CDN de Normandie Théâtre d’Hérouville 02/10/2017 – 20h 03/10/2017 – 20h 06/10/2017 – 20h 07/10/2017 – 21h du 11/10/2017 au 13/10/2017 TnBA – Bordeaux dans le cadre du FAB du 17/10/2017 au 17/10/2017 Le Manège – Maubeuge du 26/10/2017 au 28/10/2017 Teatro Español – Madrid du 07/11/2017 au 09/11/2017 La Manufacture – Nancy du 16/11/2017 au 18/11/2017 Théâtres des Célestins – Lyon du 21/11/2017 au 22/11/2017 Théâtre de Nîmes

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EXTRAIT EVA PERÓN

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EXTRAITL’HOMOSEXUEL (OU LA DIFFICULTÉ DE S’EXPRIMER)