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108=EurasiaInfo=sept2017 Début de septembre 2017 Nicolas Bárdos-Féltoronyi : Géopolitique de l’UE face à l’Eurasie et face aux pays proches 1 Désormais et à partir de ceux publiés depuis 1999, tous les numéros bimestriels d’EurasiaInfo peuvent être consultés sur mon site internet : www.bardosfeltoronyi.eu ! Table des matières Que se passe-t-il dans le concert des grandes nations ou puissances?.................................................1 Avez-vous une base militaire américaine près de chez vous ?, par Tewfik Hamel, in : Mondialisation.ca, 18 juillet 2017..................1 La Chine et une gigantesque toile de routes, de voies ferrées et de ports.......4 Sri Lanka to sell port to China after easing India’s fears...................5 China backs economic power with political muscle in Africa. Long-held policy of non-interference tested in pursuit of resources, ........................6 Ausländische Armeestützpunkte in Djibouti - Auch die Chinesen haben nun einen Stützpunkt am Golf von Aden......................................6 The Big Read Silk Road. China’s railway diplomacy hits the buffers...........8 Que se passe-t-il dans « l’étranger proche » » de l’UE ?....9 Les sanctions antirusses des EUA s’avèrent des sanctions contre l’UE..........9 Hellendorff, Bruno, Corée du Nord : Quelles options pour une nouvelle détente ?.......................................................9 A.Les pays d’Europe adhérés ou en adhésion à l’UE..........10 LES PAYS DES BALKANS SERONT-ILS LES VICTIMES DE LA GÉOPOLITIQUE DES HYDROCARBURES ?,..............................................10 Orban’s vision of a new Europe will struggle to succeed..................12 B. L’Ukraine, le Bélarus et la République moldave..........14 1 Voir, comme d’habitude, les remarques méthodologiques et les abréviations dans la NOTA BENE en fin du texte. Les textes en gras sont les miens. 1

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108=EurasiaInfo=sept2017 Début de septembre 2017

Nicolas Bárdos-Féltoronyi :

Géopolitique de l’UE face à l’Eurasie et face aux pays proches1

Désormais et à partir de ceux publiés depuis 1999, tous les numéros bimestriels d’EurasiaInfo peuvent être consultés sur mon site internet : www.bardosfeltoronyi.eu !

Table des matièresQue se passe-t-il dans le concert des grandes nations ou puissances?.............................1

Avez-vous une base militaire américaine près de chez vous ?, par Tewfik Hamel, in : Mondialisation.ca, 18 juillet 2017.........................................................................................1

La Chine et une gigantesque toile de routes, de voies ferrées et de ports..............................4

Sri Lanka to sell port to China after easing India’s fears......................................................5

China backs economic power with political muscle in Africa. Long-held policy of non-interference tested in pursuit of resources, ...........................................................................6

Ausländische Armeestützpunkte in Djibouti - Auch die Chinesen haben nun einen Stützpunkt am Golf von Aden.................................................................................................6

The Big Read Silk Road. China’s railway diplomacy hits the buffers....................................8

Que se passe-t-il dans « l’étranger proche » » de l’UE ?..................................................9

Les sanctions antirusses des EUA s’avèrent des sanctions contre l’UE................................9

Hellendorff, Bruno, Corée du Nord : Quelles options pour une nouvelle détente ?..............9

A.Les pays d’Europe adhérés ou en adhésion à l’UE.....................................................10

LES PAYS DES BALKANS SERONT-ILS LES VICTIMES DE LA GÉOPOLITIQUE DES HYDROCARBURES ?,................................................................................................................10

Orban’s vision of a new Europe will struggle to succeed....................................................12

B. L’Ukraine, le Bélarus et la République moldave........................................................14

Un scandale en plus et des bases militaires américaines en Ukraine(?).............................15

C. La Turquie....................................................................................................................16

La Turquie construit des murs face à l’Irak, la Syrie et l’Iran............................................18

Kooperation der Autokraten. Zensur auf der Seidenstrasse....................................................18

D. La région de l’Asie du Sud-Ouest (Iran, Caucasie méridionale, l’Asie centrale, le Proche-Orient et les pays voisins…).................................................................................19

Les sanctions de Washington sont rejetés par l’UE dont la RFA........................................19

The Mask Is Off: Trump Is Seeking War with Iran..............................................................19

1 Voir, comme d’habitude, les remarques méthodologiques et les abréviations dans la NOTA BENE en fin du texte. Les textes en gras sont les miens.

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Total’s adventure in Iran, FT, 7.7.2017, Nick Butler..........................................................20

Un accord hautement symbolique entre l’Irak et l’Iran, et Qatar renoue aussi avec l’Iran 21

Les EUA et leurs multinationales ont lancé une conquête active et progressive du secteur énergétique européen..........................................................................................................22

Turquie: 1000 entreprises saisies depuis le putsch..............................................................23

Les phases de tests ont commencé pour le projet de voie ferroviaire Bakou-Tbilissi-Kars,

L’Albanie et la traite humaine.............................................................................................25

F. Calendrier électoral......................................................................................................26

H. Publications récentes....................................................................................................28

Annexes: textes, extraits et articles complets...................................................................29

1. L’OTAN, la militarisation de la Méditerranée et la crise des réfugiés*......................29

2.BERGHEZAN, Georges, Comment les guerres yougoslaves ont (provisoirement) sauvé l’Otan,..........................................................................................................................31

3. ONG : DÉPOLITISATION DE LA RÉSISTANCE AU NÉOLIBÉRALISME ?.............31

4. Les multinationales de mercenaires ou comment privatiser les interventions militaires36

5. China seeks to drive wedge between India and Bhutan. Beijing woos Himalayan kingdom, the last outpost of Indian dominance in South Asia.............................................38

6. WERTHEIMER (2017), Jürgen, Die «europäischen Werte» sind nichts als Worthülsen, in: Neue Zürcher Zeitung, 22.8............................................................................................39

Que se passe-t-il dans le concert des grandes nations ou puissances?

Avez-vous une base militaire américaine près de chez vous ?, par Tewfik Hamel, in : Mondialisation.ca, 18 juillet 2017

Dans l’article ci-dessous, l’A. analyse notamment le réseau mondial de quelques 900 bases militaires de Washington dont une (Kleine Brogel avec des bombes nucléaires) ou, peut-être, plusieurs en Belgique. L’A. néglige selon moi la dimension proprement politique et géopolitique de ces bases. Ainsi, en Europe, elles servent à dominer celle-ci. Elles permettent de lancer des „coups d’Etat” de types variés tels qu’en Géorgie, en Ukraine, en Monténégro ou en Serbie. Enfin, certaines de ces bases comportent des salles de tortures qui, à l’occasion, peuvent éventuellement être utilisées et le sont effectivement en Irak, en Pologne, en Egypte, en Roumanie ou, peut-être, même en Belgique.

Que l’on ne me dise pas qu’il ne s’agisse pas d’un empire intolérant et agressif. Depuis la chute du mur de Berlin, Washington est constamment en guerre car l’empire est attaqué

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et le plus souvent attaque. Un réseau mondial de bases en est à la fois la cause et la conséquence. Reconnu ou non, le déclin des EUA y contribue sans doute de plus en plus.La restructuration du paysage géopolitique du monde l’accompagne. Songeons à l’avènement de l’UE et de la Chine, le réaménagement du Proche et Moyen-Orient, la réorientation de la Russie, de l’Iran et de la Turquie, etc.

Voir enfin « Tectonique des plaques : l’Otan serait-elle en train de vaciller par le jeu des novelles alliances ? L’Iran et la Turquie se seraient accordés pour mettre en place une coopération militaire, après la plus haute rencontre au sommet entre les deux pays depuis 1979, in : Atlantico-Un vent nouveau sur l’Info, Publié le 20 Août 2017 ; Voir : Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/tectonique-plaques-otan-serait-elle-en-train-vaciller-jeu-nouvelles-alliances-au-moyen-orient-edouard-husson-florent-parmentier-3141528.html#AijZlmGc3y64XCH3.99; c’est bien un texte de haute importance !

La crise du Golfe et la guerre contre l’EI en Irak ont mis en lumière la présence militaire américaine au Moyen-Orient. Forces stationnées, bases de stockage, accès d’urgence : comment sont réparties les bases militaires américaines dans le monde ? La stratégie des « feuilles de nénuphar » : voilà le paradigme auquel obéit – de manière accélérée depuis l’administration Bush – le déploiement des forces américaines proches des zones potentielles de conflit en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Asie centrale.

Au cœur de cette stratégie, il y a la volonté du Pentagone de revoir et d’élargir la présence militaire vers le Sud, vers un « arc d’instabilité » englobant la mer des Caraïbes, la Méditerranée, le golfe Persique, la mer de Chine. L’objectif recherché est la rapidité, la flexibilité et l’efficience de la projection de forces. La logique est simple : s’assurer plusieurs endroits à partir desquels des opérations sont menées et cela, quelle que soit la situation. La pierre angulaire de cette stratégie de « feuilles de nénuphar » est basée sur la recherche d’accords militaires bilatéraux avec de nombreux pays en développement, en vue de disposer de nombreux types de bases et d’accords offrant le maximum de flexibilité pour mener des opérations militaires. Pour que les États-Unis puissent mener une campagne de grande envergure, les forces aériennes ont besoin de quinze à vingt bases réparties dans plusieurs pays.Ce paradigme envisage des bases principales d’opérations servant de centres, avec des installations associées siégeant en tant que sites temporaires pour les forces américaines, pour opérer en appui des activités régionales militaires.

Trois types d’installationsCe réseau se compose de trois types d’installations : les bases opérationnelles majeures (MOB), les bases d’opérations avancées (SOF) et les sites de matériels prépositionnés (CSL).Les bases opérationnelles majeures (MOB) sont les plus importantes et se situent sur des territoires d’alliés fiables. Avec des forces stationnées en permanence, elles disposent d’infrastructures robustes et vastes, et des dispositions pour renforcer la protection des forces américaines, soutenir un grand nombre de forces et en recevoir un nombre encore plus important en temps de crise.

Elles forment « une famille » de bases de soutien servant de plaque tournante à des opérations en appui de bases plus austères. Les exemples incluent la base de Ramstein (Allemagne), Midenhall (Angleterre), Vicence (Italie) et al-Udeid (Qatar), Kadena (Okinawa), Camp Humphrys (Corée de Sud). Devant l’hostilité des pays de Sud à une présence militaire américaine, il est peu probable que les États-Unis se désengagent d’Europe. Les obstacles

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politiques à l’équipement et au pré-positionnement des forces en grand nombre dans cette région constituent l’un des nombreux arguments en faveur du maintien de la présence américaine en Europe.

Cela dit, l’une des raisons du maintien des bases américaine en Europe est qu’elles fournissent un appui logistique essentiel aux forces opérant au-delà des pays d’accueil. La réorientation vers l’Asie-Pacifique ne changera cette réalité. Les troupes américaines restées en Europe ont contribué à la première guerre du Golfe, elles sont aussi intervenues en Bosnie et au Kosovo, en Irak après l’opération « Tempête du désert » et en 2003, en Afghanistan ou au Liberia en 2003. Les plans de la posture américaine en Europe comprennent des capacités au sol plus légères et plus faciles à déployer, une puissance aérienne et navale de pointe, des services et équipements très avancés, le renforcement des forces d’opérations spéciales, tous positionnés pour être déployés plus rapidement au Moyen-Orient et d’autres points chauds.

On l’a vu en Libye lorsque le régime de Kadhafi a été renversé. Une fois que le président Obama a accepté les sanctions contre le régime du guide libyen, les forces américaines en Europe et celles de la sixième flotte se sont redéployées en Méditerranée en s’approchant du littoral libyen. Ce sont elles qui ont été utilisées lorsque l’intervention militaire a été décidée.

Au lieu d’être considérée comme la scène la plus probable des futures opérations de combat, l’Europe a été régulièrement transformée en un « trampoline stratégique » pour les forces mobiles vers l’Afrique, le Moyen-Orient ou l’Asie Sud-Ouest – pour jouer le même rôle joué par le Brésil au cours de la Seconde Guerre mondiale. L’Europe participe de la chaîne logistique menant vers le Golfe et d’autres espaces stratégiques. Les bases d’opérations avancées (FOS) sont des installations plus austères, peu commodes et hébergeant un plus petit nombre de personnel. Le personnel militaire est censé se déployer dans ces bases pour un service temporaire, généralement un an ou moins.

Les FOS sont des installations évolutives, destinées à être utilisées en rotation avec les forces opérationnelles. Elles constituent des bases de rechange extensibles qui pourraient être élargies, et ensuite revues à la baisse en fonction des besoins. Elles sont un lieu de stockage et de prépositionnement d’équipement. Leur taille ne permet pas d’accueillir un grand nombre de forces en rotation, mais sont pensées pour pouvoir soutenir rapidement des opérations menées par les MOB. Les FOS représentent aussi des foyers de formation bilatéraux et multilatéraux des forces armées et de sécurité avec d’autres pays partenaires.

Ces sites permettent aussi aux forces américaines de s’entraîner avec des alliés locaux et de participer à des opérations de secours ou de maintien de la paix. On peut trouver ce type d’emplacements en Hongrie, Pologne, Roumanie, et Bulgarie. D’autres endroits pourraient servir pour un personnel moins important, plus proches des points chauds. Les exemples comprennent l’installation portuaire de Sembawang (Singapour) ou la base aérienne de Soto Cano (Honduras). On peut trouver ce type d’installations dans des pays comme le Kirghizistan, la Roumanie, les Philippines.

Troisième type de base : les sites de matériels prépositionnés. Ces emplacements sont utilisés en cas de crise pour donner aux forces américaines l’accès à la région. Ils doivent aussi permettre aux forces américaines de s’entraîner avec des alliés locaux et de participer à des activités de coopération, telles que les opérations de secours ou de maintien de la paix.Souvent, les accords d’accès avec le pays hôte sont clairement « transactionnels ». Ce modèle montre la façon dont les États-Unis sécurisent l’accès aux bases étrangères, en proposant une

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sorte de compensation au pays accueillant la base. Cela peut prendre la forme d’un soutien diplomatique, d’une aide économique, de ventes d’armes, de transferts de technologie, ou même d’intelligence.

Par exemple, en échange de l’accès à base aérienne Karshi-Khanabad, à moins de 160 kilomètres de la frontière avec l’Afghanistan, les États-Unis ont fourni à l’Ouzbékistan 120 millions de dollars de matériel de surveillance et de matériel militaire, et autres formes d’aide économique et de sécurité. Les forces américaines comptent aussi beaucoup sur le prépositionnement off-shore et basé en mer pour fournir un soutien logistique.

Les forces américaines constituent la pièce maitresse du dispositif de l’OTAN, elles disposent d’une chaîne de commandement parallèle. En Méditerranée, par exemple, les États-Unis disposent d’une présence navale comprenant un groupe aéronaval et un groupe amphibie prêts à intervenir à terre. En effet, si les forces américaines constituent la pièce maitresse du dispositif de l’OTAN, elles disposent d’une chaîne de commandement parallèle leur permettant d’agir seules dans un cadre purement national en appuyant la sixième flotte américaine lors d’opérations hors-zone. Les sites de matériels prépositionnés fournissent un accès d’urgence, et servent de points focaux pour les activités de coopération de sécurité, aussi appelés des points d’assistance d’urgence.

Le bon exemple est Dakar, au Sénégal, où l’armée de l’air a négocié l’atterrissage d’urgence, la logistique, etc. et qui a servi d’étape dans les opérations en 2003 au Libéria. Une douzaine de bases aériennes de ce type ont été établies en Afrique depuis 2007, date de la création d’AFRICOM, le commandement militaire américain pour l’Afrique. Le „camp Lemonnier”, en raison de son emplacement stratégique sur le corne de l’Afrique à Djibouti, est une plaque tournante pour les vols d’espionnage dans la région. Ce camp est utilisé par les forces américaines quand elles ne sont pas déployées dans les régions environnantes telles le Yémen, le Kenya, l’Éthiopie ou la mer d’Arabie du Nord en appui des opérations en Irak.En plus d’être des installations de stockage et prépositionnement de matériel, ces sites de matériels jouent un rôle central dans les régions où la population est hostile à la présence américaine, en Afrique et au Moyen-Orient par exemple.

La Chine et une gigantesque toile de routes, de voies ferrées et de ports, in: d’après la presse internationale, 1 et 8.8.2017

Même si les infos à ce propos servent sans doute à la propagande, il ne reste pas moins que les choses se réalisent progressivement à coup de milliards de dollars dont les caisses de la Chine débordent.

De l'Asie centrale à l'Europe en passant par l'Afrique, la Chine est en train de tisser une gigantesque toile de routes, de voies ferrées et de ports.  C'est le grand œuvre stratégique et économique du président chinois Xi Jinping. Pour Xi Jinping, il s'agit autant d'avoir un meilleur accès à des marchés, à de la main-d'œuvre bon marché, à des matières premières que d'étendre l'influence économique et militaire de la Chine à travers l'Eurasie. Les   nouvelles routes de la soie , projet pharaonique, aux contours parfois flous, ont été lancées par le leader de l'empire du Milieu en 2013. Rebaptisé officiellement lors d'un sommet international qui y était consacré en juin, «Belt and road initiative» ( «Initiative de la ceinture et de la route»), ce plan vise à étendre une toile de

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routes, de voies ferrées, de gazoducs, d'oléoducs et de ports de la Chine jusqu'en Europe occidentale, en passant par l'Asie centrale, la Russie mais aussi la péninsule indochinoise et l'Afrique de l'Est.

Grande comme l’Iran, la région autonome ouïgoure du Xinjiang, dans l’ouest de la Chine, est présentée par Beijing comme une pièce centrale de son initiative des « routes de la soie ». Kachgar, ville des confins de l’Asie centrale, doit être ainsi reliée à Gwadar, le port du sud-ouest du Pakistan, par une route améliorée et de nouveaux tronçons ferroviaires. Le Xinjiang est frontalier de huit pays, et la plupart des nouveaux trains de marchandises à destination de l’Europe, par exemple, le traversent avant de passer au Kazakhstan.

« Carrefour eurasiatique » selon l’historien James Millward, le Xinjiang fut pendant des siècles le nœud d’interconnexion des routes de la soie alors aux mains de négociants locaux, persanophones, puis turcophones. Les populations autochtones se retrouvent alors régulièrement sous domination chinoise – la dynastie des Qing y implante un temps des garnisons –, mais s’avèrent le plus souvent farouchement déterminées à s’y soustraire en s’appuyant sur d’autres influences. Aujourd’hui, les 10 millions d’Ouïgours, turcophones et musulmans, forment 45 % de la population du Xinjiang (22 millions d’habitants). Les Chinois han, l’ethnie majoritaire en Chine, y sont 9 millions.

Après les années de fermeture maoïste, « les dirigeants chinois se sont mis simultanément à ouvrir la région comme un conduit vers le reste de l’Eurasie et à l’intégrer plus étroitement au reste de la Chine », écrit M. Millward. Sitôt qu’elle émerge, la nouvelle élite commerçante locale devient suspecte aux yeux de Beijing, comme le symboliseront l’ascension puis la chute de Rebiya Kadeer, à un moment donné la femme d’affaires la plus riche de Chine. Cette figure politique, cooptée par le régime, s’aventurera à défendre les droits des Ouïgours et sera vilipendée, puis emprisonnée jusqu’à son exil aux Etats-Unis, en 2005. Elle est aujourd’hui la chef de file de l’opposition démocratique ouïgoure en exil.

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Sri Lanka to sell port to China after easing India’s fears, in: FT, JULY 26, 2017, by: Amy Kazmin in New Delhi (extraits)

Sri Lanka is poised to sell a majority stake in its remote Hambantota port to a Chinese state company after revising the deal to assuage Indian concerns that the port would be used as a military base. Sri Lanka is selling the port as part of its strategy to pay down some of its estimated $65bn in debts, including $8bn owed to China. Currently, nearly all Sri Lankan government revenue goes to debt servicing. The $1.3bn, Chinese-built deep-sea Hambantota port, which began operating in 2011, is situated in a remote corner of Sri Lanka with little demand for large-scale freight traffic, making it financially unviable. But its strategic Indian Ocean location makes it attractive for military use, and New Delhi has long suspected that Beijing’s long-term interest in the project is strategic rather than commercial.

Tensions between the two giant Asian neighbours have been rising sharply in recent years, as India has sought to assert itself on the global stage, and Beijing has been pursuing its “One Belt, One Road” project building infrastructure across Asia. $1.1bn to be paid by state-owned China Merchants Port Holdings Company for 70% stake in port. After months of protracted negotiations to revise the original deal for the sale of Hambantota, the state-owned China Merchants Port Holdings Company has now agreed to pay $1.1bn for a 70 per cent stake in the facility, down from the 80 per cent stake initially envisioned. But sensitive operations — including security, navigational services and approvals — will be handled by a second company, in which the Sri Lankan Port Authority will have a majority stake, ensuring Colombo retains crucial controls over what ships can dock there…

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China backs economic power with political muscle in Africa. Long-held policy of non-interference tested in pursuit of resources, in: FT, JULY 12, 2017 by: David Pilling in London and Charles Clover in Beijing.(extraits)

…China has 750 peacekeepers in South Sudan and more than 2,000 in Africa as a whole, including in the Democratic Republic of Congo and Liberia — a bigger deployment than any other permanent member of the UN Security Council. That Beijing has been willing to put lives at risk so far afield shows how its economic ambitions have morphed into political involvement, straining a decades-old strategy of non-interference in foreign affairs… Before South Sudan gained its independence in 2011, Beijing dealt exclusively with the Sudanese government in Khartoum… But when independence became a reality, Beijing changed tack, as most of the oil reserves were in the south. Since then, he says, China has played an active role in shuttle diplomacy, first to negotiate new pipeline fees for oil to pass through Sudan and subsequently to intervene in the civil war in South Sudan, which hampered oil flows and forced millions from their homes…

Since Xi Jinping became president in 2012, China has gradually given up a non-interference policy that it had formally adhered to for more than 50 years. Beijing has under Mr Xi established a naval base on the Horn of Africa in Djibouti, passed a law allowing stationing of soldiers abroad and strengthened its influence in the East China and South China Seas… The greater political involvement abroad has accompanied an increase in Chinese investment — from $2.7bn of foreign investments in 2002 to $170bn last year, many in risky countries. Beijing has also changed how it does business, moving away from a traditional reluctance to deal with any actors but the central government

Getting it wrong can be costly, China launched large-scale evacuations from 10 countries between 2006 and 2011 because of riots and wars, according to the ICG study. Related article US decision on Sudan sanctions hangs in the balance. Divisions in Trump administration may halt permanent revocation of boycott during the 2011 Libya civil war, for example, China remained close to Muammer Gaddafi even after most others judged his position untenable. Beijing failed to build bridges with the opposition fast enough. Chinese companies had $18bn of infrastructure projects damaged in the fighting and were cut out of post-Gaddafi business deals. Chinese oil imports from Libya have plummeted...

Ausländische Armeestützpunkte in Djibouti - Auch die Chinesen haben nun einen Stützpunkt am Golf von Aden, von Fabian Urech, in: NZZ, 12.7.2017

La Chine construit une base militaire à Djibouti. Celle-ci représentera la première de ce pays en dehors des territoires asiatiques mais elle n’est que la sixième à Djibouti, après la France, les EUA, l’Arabie saoudite, l’Italie, la RFA et l’Espagne. D’ici quelques jours, les premiers contingents des militaires chinois arriveront à la base.

Obwohl Djibouti nur halb so gross ist wie die Schweiz, unterhalten im Kleinstaat sechs Länder einen Militärstützpunkt. Nun eröffnet auch China eine Basis am Horn von Afrika. Was steckt hinter dieser Massierung? Der afrikanische Zwergstaat Djibouti avanciert immer mehr zu einem militärischen Zentrum für andere Länder. Obwohl das Land am Golf von Aden nur 900 000 Einwohner hat und mehrheitlich aus einer Sandwüste besteht, sind dort bereits sechs fremde Staaten militärisch präsent.

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Die zurzeit grösste Armeebasis vor Ort unterhalten die USA, die nahe dem Flughafen in Djiboutis gleichnamiger Hauptstadt rund 4000 Soldaten stationiert haben. Das sogenannte «Camp Lemonnier», das 2002 eröffnet wurde, ist der einzige ständige amerikanische Militärstützpunkt in Afrika. Die ehemalige Kolonialmacht Frankreich unterhält bereits seit der Unabhängigkeit Djiboutis im Jahr 1977 einen Stützpunkt im Land. Italien, Deutschland und Spanien sind ebenfalls mit eigenen Truppen präsent. 2011 eröffnete auch Japan in dem Kleinstaat seine erste ausländische Militärbasis seit dem Zweiten Weltkrieg.

Mit China und Saudiarabien sollen nun zwei weitere militärische Schwergewichte hinzukommen. Am Mittwoch sind laut Medienberichten Schiffe des chinesischen Militärs nach Djibouti aufgebrochen, um ihren Stützpunkt betriebsbereit zu machen. Die chinesische Militärbasis, die bereits vor zwei Jahren angekündigt wurde, ist die erste im Ausland überhaupt. Der Stützpunkt der saudischen Armee befindet sich derzeit im Bau.

Gute Lage, Stabilität, RepressionDass sich verschiedene militärische Mächte in einem der kleinsten Staaten Afrikas quasi auf den Füssen herumstehen, ist zum einen auf die geografische Lage des Landes zurückzuführen. Djibouti liegt strategisch günstig am Schnittpunkt von Afrika und dem Nahen Osten. Verschiedene Krisenherde – etwa Somalia, der Südsudan oder Jemen – sind in unmittelbarer Nähe. Zudem liegt der Kleinstaat an der für die internationale Schifffahrt wichtigen Meerenge Bab al-Mandab, die den Golf von Aden mit dem Roten Meer und schliesslich mit dem Suez-Kanal verbindet.

Zum anderen geht die Entwicklung Djiboutis zum weltweit einzigartigen militärischen Drehkreuz auch auf die Stabilität des Landes und die clevere Machterhaltungspolitik des politischen Regimes zurück. Im Vergleich zu seinen Nachbarn Somalia und Eritrea gilt Djibouti als politisch stabiles und sicheres Land. Der amtierende Präsident Ismaël Omar Guelleh, seit 1999 an der Macht, hat früh begriffen, dass er daraus Profit schlagen kann.

Durch das Verpachten des Landes an ausländische Armeen fliessen jährlich mehrere hundert Millionen Dollar in die Staatskasse. Zugleich kann sich der umstrittene Präsident durch das geostrategische Gewicht, das der Zwergstaat durch die breite ausländische Militärpräsenz gewinnt, vor internationaler Kritik an seinem autoritären und repressiven Führungsstil schützen. Bis jetzt scheint diese Strategie aufzugehen: Als Präsident Guelleh 2011 die Verfassung änderte, um ein weiteres Mal kandidieren zu können, waren international kaum kritische Stimmen zu hören. Als er vergangenes Jahr bereits zum vierten Mal wiedergewählt wurde, blieb es trotz Ungereimtheiten und Repressionen gegen die Opposition ebenfalls still. Demokratische Standards und die Einhaltung von Menschenrechten scheinen hier nicht nur für China und Saudiarabien, sondern auch für die westlichen Staaten zweitrangig zu sein.

Eine Abkehr vom Prinzip der Nichteinmischung?China will seine Militärbasis in Djibouti insbesondere für den Kampf gegen Piraten in der Region sowie für Uno-Missionen und humanitäre Hilfsmissionen in Afrika benutzen. Die Errichtung des ersten Armeestützpunkts im Ausland kann indes auch als Zeichen einer veränderten chinesischen Afrikapolitik verstanden werden. Lange hat Peking auf dem Kontinent vorab in Infrastruktur-

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und Bergbauprojekte investiert und dabei eine Politik der Nichteinmischung in innere Angelegenheiten verfolgt. Das war in Djibouti, wo China unter anderem einen Flughafen, verschiedene Regierungsgebäude, eine Gasverflüssigungsfabrik sowie einen Tiefseehafen finanzierte, lange nicht anders.

Seit einigen Jahren hegt China in Afrika jedoch auch militärische Ambitionen und scheint bereit, unter gewissen Umständen vom Prinzip der Nichteinmischung abzuweichen. 2014 wurde diese Kursänderung am Beispiel des Südsudan offenbar. Damals schickte Peking im Rahmen der dortigen Uno-Mission erstmals bewaffnete Soldaten ins Ausland. Ein in dieser Woche erschienener Bericht des Think-Tanks International Crisis Group sieht darin eine vorsichtige Abkehr Pekings von der bisher strikten Ablehnung jeglicher Interventionspolitik.

Im Südsudan dürfte die Entsendung der 700 chinesischen Blauhelmsoldaten vorab mit wirtschaftlichen Interessen zusammengehangen haben. Nach Schätzungen sollen bis zu 80 Prozent der südsudanesischen Ölexporte nach China fliessen. In Djibouti, wo laut Pachtvertrag bis zu 10 000 chinesische Soldaten stationiert werden dürfen, geht es neben unmittelbaren Wirtschaftsinteressen aber auch um Symbolik. Peking will Sicherheitsfragen in Afrika nicht mehr nur den westlichen Staaten überlassen. Und hierzu scheint eine militärische Präsenz im Zwergstaat Djibouti momentan unabdingbar. 

The Big Read Silk Road. China’s railway diplomacy hits the buffers, in:

FT, July 20, 2017

Beijing is ‘sharing’ its high-speed train technology worldwide, but are the schemes coming at too high a price? Share on Twitter (opens new window) Share on Facebook (opens new window) Share on LinkedIn (opens new window) Email131 Save to myFT JULY 17, 2017 by: James Kynge in London, Michael Peel in Bangkok and Ben Bland in Hong Kong Listen to this article Play audio for this article 00:00 12:17 Powered by FT Labs Text-to-Speech Find more articles to listen to When Li Keqiang, China’s premier, took 16 European leaders on a high-speed train ride in 2015, the trip revealed more than an enthusiasm for rolling stock. It was also Beijing’s big sell for an engineering technology that it hoped would spearhead the launch of a grand geo-strategic ambition. China’s ability to build high-speed railways more cheaply than its competitors gave the technology a central place in “One Belt, One Road”, Beijing’s ambitious scheme to win diplomatic allies and open markets across more than 65 countries between Asia and Europe by funding and building infrastructure.

Mr Li left his central and eastern European guests in no doubt of the link between smooth diplomatic relations and securing Chinese infrastructure. As their train hit 300km/h on the journey from Suzhou to Shanghai, he told them that Beijing was ready to “share” its rail technology since ties with the region were “like a train . . . that is not only fast, but also comfortable and safe”, according to an official account. He predicted that railway technology would become China’s “golden business card”. But less than two years after these hopeful words were uttered, a Financial Times investigation has found that China’s high-speed rail ambitions are running off the tracks. Far from blazing a trail for One Belt, One Road, several of the projects have been abandoned or postponed. Such failed schemes, and some that are under way, have stoked suspicion, public animosity and mountains of debt in countries that Beijing had hoped to woo.

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Que se passe-t-il dans « l’étranger proche »2 » de l’UE ?

Les sanctions antirusses des EUA s’avèrent des sanctions contre l’UE

Attribuer à Poutine une volonté de conquête ou reconquête n’est pas sérieux. Cela ne fait que permettre un boycott et des sanctions économiques qui sont contre les intérêts européens, à commencer par ceux de la Confédération helvétique. On peut se demander pourquoi l’UE souffre de ce genre « suivisme » absurde (voir Le temps, 21.8.2017) ! Presque toute la clique Trump a eu des contacts avec les Russes, avant l’élection présidentielle américaine. Aujourd’hui, les retombées de ces conversations créent un climat facilitant l’imposition de nouvelles sanctions contre Moscou. Les EUA entendent entraîner l’UE dans cette croisade alors que ce n’est nullement l’intérêt de Bruxelles.

Les services américains ainsi que leurs affidés reviennent constamment au sujet de prétendues menaces d’agression contre les pays Baltes et la Pologne. Qu’en est-il sérieusement?Tentons de nous rappeler que la Russie, lors de la dislocation de l’URSS, n’a presque rien perdu! Seulement la Mongolie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, l’Ukraine, la Moldavie, la Biélorussie, sans oublier la Lettonie, l’Estonie, la Lituanie, en négligeant, bien sûr, les pays de l’est européen.

Rien que les richesses colossales du Kazakhstan, du Turkménistan et de l’Azerbaïdjan constituent des réserves de pétrole et de gaz parmi les principales du monde.La plupart de ces pays ont reçu leur indépendance avec un grand étonnement. Il n’aurait pas été difficile pour les dirigeants russes de les maintenir dans leur orbite. Il n’en a rien été. La Russie s’est défaite, sans grande contrainte, d’un véritable empire. Un peu comme si les EUA, en leur temps, avaient rendu au Mexique les Etats d’Arizona, du Colorado, du Nevada, de l’Utah, de Californie et enfin du Nouveau-Mexique après les conquêtes menées au milieu du XIXe siècle.Hellendorff, Bruno, Corée du Nord : Quelles options pour une nouvelle détente ?, GRIP, 17 Août 2017 (extraits)

Une fois n’est pas coutume, c’est par tweets interposés que le président américain Donald Trump semble vouloir résoudre la crise nord-coréenne. Le 8 août, il a promis au régime de Pyongyang « feu et colère » si ce dernier s’entêtait dans son programme balistique et nucléaire. La Corée du Nord a répondu en menaçant, avec une précision aussi inattendue qu’inquiétante, d’attaquer l’île de Guam, un territoire non incorporé des États-Unis dans le Pacifique. Le 11 août, Donald Trump se fendait d’un nouveau tweet avertissant Kim Jong-un que, s’il persistait dans ses mauvais choix, des solutions militaires étaient préparées, « locked and loaded ».

La Corée du Nord nous avait habitués à une telle rhétorique. Maintenant que cette dernière est partagée par l’occupant de la Maison-Blanche, le risque d’escalade augmente dramatiquement. Pour rappel, Pyongyang et Washington ne disposent d’aucun canal officiel pour se parler directement. Sans « téléphone rouge », comment savoir ce que l’autre fera effectivement, sinon en interprétant ce qu’il dit publiquement ?

Dans un autre contexte de crise, en 1967, le ministre des Affaires étrangères belge Pierre Harmel avait proposé à l’OTAN une nouvelle approche face au bloc de l’Est, qui reposait

2 L’expression est utilisée ici par analogie au fait que, dans les années 1990, la diplomatie russe a traité ses anciennes républiques ou les pays voisins de la Russie comme « étranger proche », sauf les Etats baltes.

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sur deux piliers : d’une part, « une puissance militaire et une solidarité politique suffisantes pour décourager l’agression ». D’autre part, une ouverture diplomatique vers les pays membres du Pacte de Varsovie. Cette initiative contribua à la détente Est-Ouest des années 1970. Maintenant que les États-Unis sont entraînés dans la surenchère par leur président, peut-être est-il temps d’en revenir à certains fondamentaux, comme celui d’une « doctrine » d’un autre temps, et se demander comment gérer, plutôt que résoudre, la crise nord-coréenne.…..

ConclusionLe scénario d’une résolution du dossier nord-coréen passant par une « dénucléarisation totale, irréversible et vérifiable » – l’exigence des Nations unies – s’éloigne toujours plus. On voit mal comment une Corée du Nord qui dispose effectivement de l’arme atomique et de missiles intercontinentaux abandonnerait son programme nucléaire et balistique sur la seule base des menaces d’attaques de la part de Washington – menaces qui représentent l’un des fondements de la stratégie de légitimation des Kim…

Vu d’Europe, la « doctrine Harmel » nous rappelle utilement trois choses à propos de la crise nord-coréenne. Premièrement, nous avons-nous-mêmes été confrontés, à une époque, à une escalade des tensions nourrie par des programmes nucléaires rivaux. Pour éviter d’en être les otages, les États européens ont dû se positionner de manière pragmatique dans un champ stratégique qui dépassait leurs seules capacités. Deuxièmement, l’équilibre, s’il n’est pas forcément l’objectif de tous, est un bon point de départ.

Troisièmement, la négociation internationale n’est pas un objectif en soi : pour qu’elles démarrent et qu’un accord puisse éventuellement être trouvé, il faut un cadre adapté, alliant efficacement dissuasion et ouverture. En jouant la surenchère, le président américain fragilise le cadre dont il aurait tant besoin pour entamer une négociation avec Pyongyang. À moins qu’il ait la présence d’esprit de laisser à d’autres, comme par exemple le président sud-coréen Moon Jae-in, l’occasion de reprendre la main…

A.Les pays d’Europe adhérés ou en adhésion à l’UE3

LES PAYS DES BALKANS SERONT-ILS LES VICTIMES DE LA GÉOPOLITIQUE DES HYDROCARBURES ?, in: Novosti-Courrier des Balkans, traduit par Chloé Billon, 27 juillet 2017.

D’ici 2019, les Balkans devraient baigner dans le gaz. Le gaz naturel liquéfié (GNL) américain arrivera par le terminal de Krk, en Croatie, qui sera bientôt construit et aussitôt raccordé à des terminaux semblables en Pologne et en Lettonie. À côté de ça, des milliards de mètres cubes supplémentaires de gaz russe arriveront dans la région par la branche bulgaro-serbo-hongroise du Turkish Stream. Dans deux ans, ce gazoduc partant de la Mer noire ralliera la partie européenne de la côte turque. D’ici là, le gaz azerbaïdjanais devrait également arriver dans un nouveau terminal européen qui sera construit en Bulgarie.

La multiplication des voies d’approvisionnement assurera-t-elle une vie plus chaude et moins chère aux habitants de la région ? Ou les pays des Balkans se retrouveront-ils une fois de plus au centre de nouveaux conflits pour les intérêts gaziers des producteurs américains, russes, azerbaïdjanais, iraniens, qataris... ?

3 Sauf la Turquie qui figure dans un chapitre spécifique ci-dessous.

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INTÉRÊTS GÉOPOLITIQUES VERSUS RENTABILITÉ ÉCONOMIQUE

Début juillet, à Varsovie, s’est tenu le sommet de « l’Initiative des trois mers » (Baltique, Adriatique et Mer noire). Aux côtés du président polonais Andrzej Duda et de la présidente croate Kolinda Grabar Kitarović, le président américain Donald Trump a vanté les avantages qu’allaient apporter aux pays baltes et balkaniques les terminaux GNL et le gaz liquéfié américains. Mais personne ne fait mystère des intérêts géopolitiques derrière ces projets : s’emparer de parts de marché à la Russie pour affaiblir son économie et son influence politique dans la région.

Car la bataille du gaz fait toujours rage et, la veille du sommet, le gouvernement hongrois annonçait qu’il avait signé avec le russe Gazprom un accord de construction d’une branche du Turkish Stream pour acheminer, par la Bulgarie et la Serbie, du gaz russe supplémentaire dans les corridors gaziers hongrois, qui se prolongent vers l’Autriche et les pays ouest-européens.

Après l’abandon du projet russe de gazoduc South Stream et les atermoiements dans la construction du terminal gazier de Krk, les pays balkaniques se seraient une fois de plus retrouvés sans approvisionnement sûr de gaz si l’UE, emmenée ici par l’Allemagne, ne s’était mêlée de la dernière affaire gazière russo-américaine pour défendre ses propres intérêts et ceux des pays des Balkans. En soutenant la Bulgarie comme nouveau « hub » gazier européen, l’UE a permis aux pays balkaniques de résister plus facilement et rationnellement aux pressions russes et américaines et d’assurer à leurs industries et leurs populations un approvisionnement gazier plus stable et meilleur marché.

UN « HUB » GAZIER EUROPÉEN

Ce soutien européen au hub bulgare était compatible avec la politique énergétique de la Turquie qui souhaite elle aussi assurer à son industrie et sa population des quantités suffisantes de gaz issues d’origines diverses, et par-là même devenir un grand carrefour de distribution vers l’Europe. Ainsi, les producteurs américains, russes et consorts devront dorénavant baser leurs projets énergétiques sur des critères économiques avant les intérêts politiques.

En construisant le gazoduc North Stream, l’Allemagne s’est assurée de pouvoir traiter ses affaires gazières avec la Russie sans intermédiaires ni influences externes, ce qui profite également aux autres membres ouest-européens de l’Union européenne. En parallèle, Berlin s’est ligué avec les États-Unis pour empêcher la construction du South Stream, qui aurait assuré au gaz russe une position de monopole sur le marché balkanique. La Bulgarie et la Serbie se sont alors retrouvées dans une position inconfortable, car elles se voyaient non seulement privées d’une source alternative d’alimentation en gaz, mais également des bénéfices liés à la circulation sur leur territoire du gaz russe destiné aux pays d’Europe de l’Ouest.

On les a persuadées que c’était pour leur bien, qu’elles évitaient ainsi d’aggraver leur dépendance déjà grande envers Moscou et de son gaz. Quand les Américains ont avancé cet argument, les incitant à acheter leur gaz qui allait arriver par le terminal de Krk à un prix deux fois plus cher, les deux pays étaient surtout convaincus d’être les dindons de la farce. Un sentiment qui ne les a pas quittés lors de leurs négociations avec Bruxelles, jusqu’à ce que l’Allemagne lance la nouvelle politique d’indépendance énergétique européenne. Le revirement allemand tient au fait que la chancelière allemande Angela Merkel ne considère plus l’Amérique de Trump comme un partenaire fiable pour l’UE.

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UN NOUVEL ESPOIR

La nouvelle politique énergétique européenne, à la tête de laquelle s’est placée Angela Merkel, a pris dans les Balkans sa forme concrète, non seulement avec la construction à venir du gazoduc balkanique qui pourra accueillir du gaz de diverses provenances, mais également avec la revitalisation du processus de Berlin qui, lors du récent sommet de Trieste, est passé d’une phase jusqu’alors principalement déclarative à une phase plus concrète et tangible. L’hôte du sommet, le ministre italien des Affaires étrangères Angelino Alfano, a défini comme objectif principal de ce processus la réalisation des projets déjà définis – principalement énergétiques et infrastructurels – pour faire avancer l’intégration à l’UE des six pays balkaniques restants, mais également de faire en sorte qu’ils « prennent leur destin en main ».

Les pays balkaniques ont longtemps pâti de l’affrontement des grandes puissances sur leur terrain. Chaque fois qu’il y avait chantage au gaz ou au pétrole, ils n’étaient pas en mesure de résister à leurs pressions. Mais cette fois les choses pourraient bien changer si l’UE s’autonomise des États-Unis de Trump et prend réellement son destin énergétique et géopolitique en main. L’approvisionnement en gaz des pays des Balkans pourraient ainsi enfin se faire sur la base de la rentabilité économique et de la libre concurrence, et non plus en fonction des intérêts géopolitiques des pays producteurs.

Orban’s vision of a new Europe will struggle to succeed, in: FT, AUGUST 9, 2017, by: Ivan Krastev

L’article ci-après me paraît important pour pouvoir situer correctement le populisme de droite, voire d’extrême droite au centre de l’Europe.

In the age of migration the important characteristic of many of Europe’s populist parties is not that they are national-conservative but that they are reactionary. Many Europeans are gripped by fears of migration and technology, which pose a threat to their identity and economic future. The response to this has been anything but calm. As the political commentator Mark Lilla notes, for the reactionaries, “the only sane response to apocalypse is to provoke another, in hopes of starting over”. Nobody represents the new reactionary spirit in Europe better than Viktor Orban.

In a recent speech the Hungarian prime minister declared that the “historical question” we face today is whether “Europe [will] remain the continent for Europeans”. In a dig at western Europeans he added for good measure that “twenty-seven years ago here in central Europe we believed that Europe was our future . . . today we feel that we are the future of Europe”. His words underscored fears of a more assertive and chauvinistic politics emerging from formerly communist central Europe with the potential to cause instability across the EU bloc and the wider continent.

Next to Mr Orban’s Hungary, the right-of-centre Polish government has been raising concerns with an increasingly nationalistic and authoritarian agenda. But is illiberal Hungary really the future of Europe? And could Mr Orban succeed in re-making the union? It was Hungary’s resistance to German chancellor Angela Merkel’s open door policy towards refugees in 2015 that swept Mr Orban to the centre stage of European politics. Keeping migration as the defining issue in continental politics remains critical for him, especially now that the number of migrants has decreased and the EU has, rightly, tightened its migration policies. The Orban plan is to use the anxiety caused by the refugee crisis to push the European People’s party

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grouping of centre-right parties in the European Parliament to adopt positions usually associated with the far right.

“Christian democratic parties in Europe have become un-Christian: we are trying to satisfy the values and cultural expectations of the liberal media and intelligentsia,” Mr Orban said in his speech. He senses an opportunity in the weakness of much of Europe’s centre-right establishment. In France it is in disarray after its defeat in the presidential elections; in Italy it lacks a popular leader; and in Spain it is preoccupied with keeping the territorial integrity of the country. Mr Orban hopes to snake through and re-make the European centre right on the model of his populist Fidesz party. And by becoming the leader of the European right he would become the spokesman of a new Europe.

It is undoubtedly a bold vision, and one to which Mr Orban brings ruthlessness and ambition. However, the smart money is unlikely to bet on his success. Angela Merkel, German chancellor and head of Europe’s biggest centre-right party, will most likely win parliamentary elections next month. Instead of taking control of the EPP, Fidesz risks being expelled from it. Mr Orban may speak about the relevance of Christianity, but the truth is that his major opponent on the migration issue is not George Soros, the Hungarian-born hedge fund billionaire and Orban critic, but Pope Francis.

The reason Christianity is at the root of the European project is that it is a religion with universalist soul. The changing political dynamics in Europe are no longer in his favour. Trump’s election and the Brexit vote have made many Europeans more resistant to the charms of radical rightwing politics The changing political dynamics in Europe are also no longer in his favour. The election of President Donald Trump and the vote for Brexit have made many Europeans more resistant to the charms of radical rightwing politics. Hungary and Poland are increasingly isolated not only in the EU but also closer to home.

While central Europe speaks with one voice when it comes to migration, the Czech Republic and Slovakia are distancing themselves from the style and tone of politics of their Hungarian and Polish neighbours. Mr Orban has also misread Mr Trump. Much of the Hungarian leader’s European strategy was based on the expectation of a strategic alliance between Washington and Moscow with Mr Trump and his Russian counterpart Vladimir Putin co-leading an anti-globalisation revolution. Events took a different turn. Finally, what makes Mr Orban’s Hungary an unlikely role model is the fact that while the prime minister is preoccupied with fighting Brussels and Berlin, hundreds of thousands of his fellow citizens have decided to leave the country in the last decade. A country that holds ever-decreasing appeal to its own people will struggle to position itself as the model of Europe’s future. Fears of Mr Orban are legitimate, but also overblown.

* * *Voir aussi l’annexe n° 5

Warsaw tests Brussels’ bonds of trust Brexit, in: FT JULY 25, 2017, by: Alex Barker in Brussels

Britain play by the rules that Poland’s leaders dismiss as a nuisance. Merkel attacks German motor industry in campaign Poland's Law and Justice party pays about as much attention to the wishes of far-off Brussels as it does to protesters at home. When a member state decides to rebel against the EU, should it follow the Brussels rule book on how to do so? The political parable of the Brexiter and the Pole — the first playing by the book, the other doing things its

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own way — may eventually answer that question and in doing so reveal what the EU really fears most about its future.

Britain’s Brexit referendum last year was the EU’s first internal revolution. But so far the noisy British mutineers have kept to the Brussels ground rules. London triggered the Article 50 process on exiting the bloc, giving the EU maximum leverage on departure terms, and resisted exploiting the voting powers it had left. In Warsaw, Jaroslaw Kaczynski’s “cultural counter revolution” against Brussels seems to be being waged with different, insurgent tactics. His nationalist Law and Justice party, in power in Poland, is bagging the benefits of EU membership and ignoring the annoying edicts, whether on migration or the rule of law. The story is far from over.

But the EU seems to be struggling more on its eastern flank, and the illiberal turn of Poland and Hungary, than with any domino effect of Brexit. As David Davis, Britain’s Brexit secretary, admitted: “I don’t think anybody is likely to follow us down this route.” Instead Poland and Hungary are testing the union’s democratic foundations from the inside, leaving the EU to fret over whether it has the tools to respond. As Mr Kaczynski and Viktor Orban, Hungary’s premier, memorably put it, they are enjoying “stealing horses together” from within the EU paddock. Mr Kaczynski suffered a big setback this week after his plan to assert political control over the judiciary was blocked by President Andrzej Duda. But this was mainly a domestic political affair.

For the most part, Brussels’ efforts at containment have appeared toothless. Poland and Hungary are resisting EU-imposed refugee quotas and the tap of EU budget money to both countries is still open. No end in sight for Poland crisis Play video The European Commission’s efforts to enforce democratic standards are a nuisance for Warsaw — Brussels has raised the idea of asking member states to issue a formal warning to Poland, using Article 7 of the EU treaty. But the stronger action of sanctions under the same article would require unanimity, meaning the EU would need Mr Orban to turn against Mr Kaczynski.

Brexit involves different calculations. The commission’s “worst-case scenario” was Britain taking a subversive approach as a “disloyal state”, according to one senior official. As a first step London could have refused to invoke Article 50 until some of its Brexit demands were met. Commission lawyers suspected Westminster would then “go rogue” before leaving the EU, imposing migration caps, cutting budget payments or declaring its courts had precedence. Brussels had prepared options to retaliate.

But the main weapon was to suspend Britain’s single market rights via Article 7, the provision that has proved blunt when threatening Poland. Proactively punishing the UK and taking away rights would have been much harder than watching Britain give them up voluntarily under Article 50. To this extent the parable of the Brexiter and Pole may end up as a mixed blessing for the EU. Seen from the continent, the threat of a disorderly Brexit has underlined that leaving the union is disruptive and painful. Brexit no longer seems like a bug that may spread. But the EU may have a potentially bigger problem on its hands if the Poles show they can achieve what they want, with fewer downsides, by staying in the club and bending the rules. The EU is a community of law, relying on bonds of trust between its sovereign members. Of all the core EU treaty principles, “sincere co-operation” is perhaps the most important. But nothing else in the union is as hard to enforce.

B. L’Ukraine, le Bélarus et la République moldave

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Un scandale en plus et des bases militaires américaines en Ukraine(?)

Jadis dixième producteur mondial, l'Ukraine vient de signer un contrat pour importer du charbon des EUA. Evidemment, Washington s'en félicite puisque Donald Trump avait promis de relancer la production américaine de charbon. Le charbon ukrainien reste dans les mines arrêtées dans les deux territoires ukrainiens en sécession. Ils servent ainsi à une multinationale américaine au détriment du peuple ukrainien et grâce à la complicité du gouvernement d’oligarques.

L'Ukraine vient de signer ce 31 juillet 2017 un contrat «historique» qui lui permet désormais d'importer pour la première fois du charbon des EUA. Jusqu'alors, le pays figurait parmi les premiers producteurs mondiaux de charbon – une manne dont elle ne bénéficie plus, les gisements et les exploitations se trouvant presque tous derrière la ligne de front sur laquelle elle combat les rebelles dans l'est du pays. Le producteur américain XCoal et l'électricien ukrainien TsentrEnergo ont officialisé leur partenariat devant la presse, annonçant qu'un premier cargo devrait livrer environ 85 000 tonnes de charbon au début du mois de septembre. Au total, 700 000 tonnes de houille devraient être acheminées en Ukraine d'ici fin 2017, a-t-il été précisé.

Selon Oleg Kozemko, directeur-général de TsentrEnergo, les volumes prévus par le contrat avec XCoal seront suffisants pour couvrir la consommation de l'Ukraine l'hiver prochain. Les inquiétudes quant aux capacités énergétiques du pays sont en effet au plus haut, à plus forte raison à mesure que l'hiver approche, depuis qu'à la mi-mars 2017, Kiev a officiellement interdit à ses entreprises de s'approvisionner en charbon auprès des régions de l'est… Ce contrat a été conclu en application des accords signés entre les présidents ukrainien et américain, Petro Porochenko et Donald Trump. Le groupe Xcoal Energy and Resources est basé en Pennsylvanie, l'un des Etats miniers des Etats-Unis qui avait voté en faveur du candidat républicain lors de l'élection présidentielle de 2016. Donald Trump avait promis de relancer l'industrie du charbon aux Etats-Unis malgré le fait qu'elle pollue davantage que d'autres sources d'énergie.

* * *Les EUA envisageraient d’aménager plusieurs sites militaires dont un centre opérationnel de la Marine à Otchakov. Les travaux de construction ont commencé en août 2017, au bord de la mer Noire. Ainsi, les unités du génie militaire de la Marine américaine aurait commencé à construire un centre d’opérations maritimes dans la ville ukrainienne d’Otchakov, au bord de la mer Noire.

Le centre opérationnel qui organisera des exercices militaires de l’armée ukrainienne sera érigé dans le cadre de l’assistance militaire accordée par les États-Unis à ses alliés (Foreign Military Construction Sales, FMCS). Outre le centre opérationnel, les unités du génie érigeront un atelier de maintenance technique des vedettes, qui constituent la base de la Marine ukrainienne, ainsi que des postes de contrôle dans la base navale d’Otchakov de la Marine ukrainienne. Les centres d’opérations maritimes permettent d’assurer le commandement de la Marine et d’accomplir des missions opérationnelles.

* * *Le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis est arrivé fin août 2017 en Ukraine pour discuter d'un éventuel renforcement du soutien américain aux forces de Kiev, engagées depuis plus de trois ans dans un combat

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contre des séparatistes prorusses dans l'Est du pays. Jim Mattis doit rencontrer demain le président ukrainien Petro Porochenko et son homologue Stepan Poltorak pour réaffirmer le soutien de l'administration américaine à Kiev malgré la volonté affichée par Donald Trump pendant la campagne électorale américaine de se rapprocher de Moscou.

Les autorités de Kiev espèrent convaincre Washington de lui livrer des armes létales, notamment des équipements anti-tanks et anti-aériens, en plus de l'aide non-létale que les Américains lui fournissent jusqu'à présent. Bien que l'armée américaine se soit prononcée favorablement envers cette requête, Donald Trump doit encore l'approuver, et certains craignent que de telles livraisons ne provoquent une escalade du conflit, en grande partie gelé depuis l'instauration de plusieurs cessez-le-feu (Le Figaroavec AFP le 23/08/2017).

C. La Turquie

Turquie : «Erdogan a utilisé le coup d'État pour renforcer ses propres pouvoirs», par Guillaume Descours, in: Figaro, 14/07/2017 (extraits)

INTERVIEW - Un an après la tentative de putsch, la Turquie ne ressemble plus à un régime démocratique. Entre purges et personnalisation du pouvoir, Erdoğan se place en président omniprésent. Décryptage avec Jean Marcou, directeur des Relations internationales de Sciences Po Grenoble et spécialiste de la Turquie.Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, la Turquie s'embrasait alors qu'une partie de l'armée essayait de renverser le pouvoir en place. Le putsch qui a finalement avorté a provoqué la mort de plus 250 personnes. Mais si le pays ne semble pas encore totalement remis de cette tentative de coup d'État, un homme en est sorti renforcé: le président Recep Tayyip Erdoğan. Jean Marcou, directeur des Relations internationales de Sciences Po Grenoble et spécialiste de la Turquie revient pour Le Figaro, sur les conséquences de ce putsch.

LE FIGARO. - Un an après la tentative de coup d'État, comment a évolué la Turquie sur le plan politique?Jean MARCOU - Depuis le 15 juillet 2016, la Turquie a glissé vers une situation d'autoritarisme... Le coup d'État a servi de point de départ à de grandes purges dans pratiquement toutes les institutions, que ce soit l'armée, la police, la justice, l'éducation ou encore la presse. Des purges qui se font presque sans justification ou sous des prétextes douteux. Il y a actuellement un reformatage de l'État et de la société turque qui se combine à un phénomène de transformation politique, avec, notamment une forte centralisation du pouvoir. Tayyip Erdoğan a su utiliser le coup d'État à son profit pour renforcer ses propres pouvoirs. Le putsch a désarmé l'opposition et le président turc en a profité pour accélérer certaines réformes en gestation. Il a également personnalisé un peu plus le pouvoir.

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La Turquie est-elle encore un pays de droit et qu'en est-il de la liberté d'expression alors que de nombreux médias ont été contraints de fermer?Formellement, un certain nombre de droits demeure même si certains sont très altérés. En ce qui concerne la liberté d'expression, il y a un fort phénomène d'intimidation de l'opposition. Il reste des journaux d'opposition comme le Cumhuriyet, qui est de tendance kémaliste. Mais beaucoup de journalistes ou d'intellectuels qui ont collaboré avec ce journal ont été arrêtés, placés en garde à vue et pour certains incarcérés. Toutefois cette situation est antérieure au putsch. Le rédacteur en chef Can Dündar, avait été interpellé en 2015 au moment de la révélation de l'affaire de camion du MIT, les services de renseignement turcs. C'est une pratique malheureusement courante en Turquie. La presse et les médias ne sont pas les seuls touchés par le recul des libertés. Plus de 2000 personnes ont été poursuivies pour «insultes au président». Il y a également eu, dans le cadre de l'état d'urgence, la levée des immunités parlementaires. Un droit pourtant fondamental dans un régime démocratique.

Quel impact le putsch a-t-il eu sur les relations de la Turquie avec les grandes puissances comme l'Europe ou les États-Unis?Les relations entre la Turquie et l'Europe ont clairement pâti de la dérive démocratique qui a suivi la tentative de coup d'État. On se rappelle qu'en avril, au moment du référendum sur le renforcement des pouvoirs d'Erdoğan, le pays a eu plusieurs conflits notamment avec l'Allemagne, les Pays-Bas ou encore l'Autriche. En effet, cela posait problème que des membres du gouvernement turcs viennent rencontrer la diaspora turque. Plus récemment, Erdoğan a voulu organiser des meetings avec ses partisans en marge du G20 qui se tenait à Hambourg. Mais l'Allemagne a refusé…

Avec les États-Unis c'est un peu différent. Les relations entre les deux pays étaient très dégradées sous l'administration Obama, notamment parce qu'il n'a pas voulu extrader l'opposant Fethullah Gülen qui est considéré par Erdoğan comme un initiateur du putsch. Avec l'élection de Trump, Erdoğan a eu de réels espoirs mais ils ne l'ont pas extradé non plus. Cependant, sur les questions humanitaires et de respect de droits, la nouvelle administration est beaucoup moins vigilante, ce qui arrange Tayyip Erdoğan…

* * *Standing outside Istanbul’s Ataturk airport a year ago, President Recep Tayyip Erdogan pointed across the ocean to the man he blamed for an attempted coup that had almost wrenched Turkey out of his grasp (FT, 15.7.2017). Rogue soldiers still held parts of the city, generals were on the run and the government was in disarray, with key ministers missing or in hiding. But Mr Erdogan knew who to blame: a long-time ally turned sworn foe called Fethullah Gulen, an Islamic cleric living on a farm in Pennsylvania. Mr Erdogan’s assertion ignited a purge that has strained the Nato ally’s relations with the west and tarnished Turkey’s human rights record. At the same time, it has strengthened Mr Erdogan’s hand,

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allowing him to rule under a state of emergency justified by the nature of the threat he had described.

These are the testimonies of some of the victims of President Recep Tayyip Erdogan’s crackdown In many ways, Mr Gulen was a compelling suspect: his followers in the judiciary have been linked to past attempts to undermine Mr Erdoğan, while his shadowy movement, which penetrated much of Turkey’s bureaucracy, has persecuted other rivals, including journalists and military officials. But a year after Mr Erdoğan first declared Mr Gulen guilty, few, if any, of his allies share his conviction that the cleric’s group masterminded and carried out the coup single-handedly. In the past few months,

One side thinks it’s the most significant event since the fall of the Ottoman Empire; and the other half sees it as something he uses to crack down on them. Turkey was traumatised, and we may never know what really happened that night. The failed coup has quickly turned to political myth, although not one leading alleged coup plotter has yet been convicted for their role that night. “July 15” has become part of a long list of equally unexplained events that have shaped Turkish history. In effect, 80m people experienced this coup.

Fresh purge removes 7,000 officials Turkey dismissed more than 7,000 police, civil servants and academics on Friday, the eve of the anniversary of the attempted coup, reports Reuters. In all, Turkey has sacked or suspended more than 150,000 officials and arrested 50,000 people from the military, police, judiciary, academia and other sectors. The latest decree dismissed 2,303 police, alongside 302 academics from universities. The decree also stripped 342 retired officers and soldiers of their ranks and grades.

* * *Voir également,  Colloques de la Fondation Res Publica   >   Interventions : La crise des relations entre la Turquie et l’Union européenne. Intervention de Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS, spécialiste de la Turquie, 23 Août 2017.

La Turquie construit des murs face à l’Irak, la Syrie et l’Iran

En août 2017, la Turquie, qui a déjà construit un mur à la frontière irakienne et syrienne, a entamé la construction d’une barrière en béton sur sa frontière avec l’Iran pour contrer les attaques des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qu’elle considère comme organisation terroriste. Le mur sera constitué de sept blocs de béton hauts de 3 mètres et larges de 2 mètres. En janvier 2017, la Turquie a construit un mur en béton de 330 kilomètres de long à sa frontière avec l'Irak et la Syrie.

Les médias ont annoncé en mai dernier qu'Ankara avait l'intention d'ériger une barrière longue de 70 km à la frontière des provinces d'Agri et d'Igdir avec l'Iran dans le cadre des mesures visant à faire obstacle à l'entrée sur le sol turc de combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation qu'il considère comme terroriste. Sur la partie restante de la frontière, des miradors et des clôtures barbelées seront érigés. Selon Ankara, le PKK possède plusieurs camps sur le territoire iranien près de la frontière turque où se trouvent entre 800 et 1.000 combattants kurdes.

Kooperation der Autokraten. Zensur auf der Seidenstrasse, in: NZZ, von Marco Kauffmann Bossart, Istanbul, 15.8.2017

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Comme le titre de cet article le suggère, la Turquie et la Chine appliqueront dans l’avenir la censure des médias dans leurs pays respectifs. Ce type d’engagement de la Turquie ne surprend plus. Mais la question se pose de ce que feront l’OTAN, l’OCDE ou l’UE face à cette situation et dont la Turquie fait partie ?

Jetzt soll endlich Schluss sein mit «antichinesischen» Berichten. Und das nicht bloss in der Volksrepublik. Die kommunistischen Herrscher im Reich der Mitte wähnten sich wohl im siebten Himmel, als Mevlüt Cavusoglu, der ungewöhnliche Aussenminister der Türkei, bei einem Besuch in Peking neulich ein ungewöhnliches Angebot unterbreitete. Man werde Berichte eliminieren, die gegen China gerichtet seien, beschied Cavusoglu.

Wie Ankara das genau anstellen will, verriet der Gesandte von Staatspräsident Recep Tayyip Erdogan allerdings nicht. Unbestritten ist indes, dass sich die türkischen Behörden zu wahren Meistern im Unterdrücken von vermeintlich antitürkischen Meldungen emporgearbeitet haben. In Erdogans Reich stecken mehr Journalisten hinter Gittern als im chinesischen Megastaat. Da wird sich die türkische Zensur auch noch um jene Medien kümmern können, die nicht kapieren, wie man die Chinapolitik richtig darstellt.

Die Schalmeienklänge Mevlüt Cavusoglus, der in Peking die gemeinsamen Bande zwischen der Türkei und China pries, liessen in Vergessenheit geraten, dass Erdogan dem fernöstlichen Regime 2009 einen Genozid an den Uiguren, einer muslimischen Minderheit, unterstellte. Vor zwei Jahren durften türkische Demonstranten vor diplomatischen Vertretungen der Volksrepublik gegen die Unterdrückung des Turkvolks protestieren.

Darüber, wieso es Ankara jetzt angezeigt erscheint, eine Epoche chinafreundlicher Töne einzuläuten, kann nur gemutmasst werden. Einen Hinweis lieferte Cavusoglus Gastgeber: Aussenminister Wang Yi beschwor den alten Geist der Seidenstrasse. Der Handelsweg zwischen Europa und Asien soll in der Form gigantischer Infrastrukturvorhaben wiederauferstehen. Es locken lukrative Grossaufträge für Strassen, See- und Flughäfen, Eisenbahnlinien, Brücken. Türkische Baufirmen, konjunkturell bedingt etwas ausgehungert und traditionell mit einem direkten Draht zur islamisch-konservativen Regierung, sitzen in den Startlöchern.

D. La région de l’Asie du Sud-Ouest (Iran, Caucasie méridionale, l’Asie centrale, le Proche-Orient et les pays voisins…)

Les sanctions de Washington sont rejetés par l’UE dont la RFA

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L’Europe «   n’acceptera pas  » que les sanctions votées en juillet 2017 par le Sénat américain contre la Russie, l’Iran et la Corée du Nord touchent des entreprises européennes, a prévenu vendredi le chef de la diplomatie allemande. «   Nous n’accepterons en aucune façon l’application extraterritoriale de ces sanctions américaines contre des entreprises européennes  », a déclaré Sigmar Gabriel dans un communiqué.

Le président de la Commission européenne a fait une déclaration dans le même sens !

The Mask Is Off: Trump Is Seeking War with Iran, by Trita Parsi*, Lobelog.com, 31/7/2017 (extraits)

Something extraordinary has happened in Washington. President Donald Trump has made it clear, in no uncertain terms and with no effort to disguise his duplicity, that he will claim that Tehran is cheating on the nuclear deal by October—the facts be damned. In short, the fix is in. Trump will refuse to accept that Iran is in compliance and thereby set the stage for a military confrontation. His advisors have even been kind enough to explain how they will go about this. Rarely has a sinister plan to destroy an arms control agreement and pave the way for war been so openly telegraphed.

The unmasking of Trump’s plans to sabotage the nuclear deal began two weeks ago when he reluctantly had to certify that Iran indeed was in compliance. Both the US intelligence as well as the International Atomic Energy Agency had confirmed Tehran’s fair play. But Trump threw a tantrum in the Oval Office and berated his national security team for not having found a way to claim Iran was cheating. According to Foreign Policy, the adults in the room—Secretary of State Rex Tillerson, Secretary of Defense Jim Mattis, and National Security Advisor H. R. McMaster—eventually calmed Trump down but only on the condition that they double down on finding a way for the president to blow up the deal by October.

Prior to the revelation of Trump’s Iran certification meltdown, most analysts and diplomats believed that Trump’s rhetoric on Iran was just that—empty talk. His bark was worse than his bite, as demonstrated when he certified Iran’s compliance back in April and when he renewed sanctions waivers in May. The distance between his rhetoric and actual policy was tangible. Rhetorically, Trump officials described Iran as the root of all problems in the Middle East and as the greatest state sponsor of terror. Trump even suggested he might quit the deal…

According to The New York Times, the groundwork for this strategy has already been laid. Senate Foreign Relations Chair Bob Corker (R-TN) calls this strategy “radical enforcement” of the deal. “If they don’t let us in,” Corker told The Washington Post, “boom.” Then he added: “You want the breakup of this deal to be about Iran. You don’t want it to be about the U.S., because we want our allies with us.” This is a charade, a rerun of the machinations that resulted in the Iraq war. It doesn’t matter what Iran does or doesn’t do. If it were up to Trump, he’d never have accepted that Iran was in compliance in the first place. He admitted as much to the Wall Street Journal. “If it was up to me, I would have had them [the Iranians] non-compliant 180 days ago.”

Sounding supremely confident of the “radical implementation” strategy, Trump added that “I think they’ll be noncompliant [in October].” In so doing, he further confirmed doubts that the process is about determining whether Iran is in compliance or not. The administration is committed to finding a way to claim Iran has violated the accord, regardless of the facts—just as George W. Bush did with Iraq… The American public knows the Iraq playbook quite well. Trump’s own supporters remain enraged by the disastrous war with Iraq. They know how

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they got played. It’s difficult to imagine why they would allow themselves to get played again by a president who has left little doubt about his intent to deceive.

*Trita Parsi is the president of the National Iranian American Council and author of Losing an Enemy – Obama, Iran and the Triumph of Diplomacy.

Total’s adventure in Iran, FT, 7.7.2017, Nick Butler.

…The French company’s investment is not that big — $5bn to be spent over the next few years as a more than 50 per cent stakeholder in the development project alongside CNPC from China and Petropas — a subsidiary of the state-owned National Iranian Oil Company. But it should be seen as just the beginning as much bigger opportunities open up in the country. The investment has been a long time coming.

Total has been interested in the South Pars project for more than a decade and was close to signing a deal in 2012 before the process was interrupted by the imposition of European sanctions against Iran. Total is not state owned but it is impossible to believe that the deal was done without the blessing of Mr Macron. I would not be surprised if the president now decided that a visit to Tehran was an appropriate symbol of the renewal of the close relationship between France and Iran, which can be traced back to Louis XIV and Colbert.

For both France and China, the deal clearly represents a belief that engagement rather than isolation is the best approach to Iran. It is a triumph for Total’s chief executive, Patrick Pouyanné. The risks of going into a country such as Iran are real but Mr Pouyanné has balanced them by the inclusion in the deal of CNPC, which no doubt has Beijing’s backing. The involvement of CNPC assures a market for the gas from South Pars and potentially for oil and gas from future investments in Iran. If US sanctions are tightened and if the international banks refuse to handle funds involving Iran, Total can continue operating through Chinese financial institutions. If things go really wrong, the investment can be written off without damaging the French company’s balance sheet, which has been strengthened by the upgrading of the portfolio.

Total’s business is now fully viable if oil prices remain at $50 a barrel or less. But that is all about limiting the downside risks. More interesting is the potential. Iran signed the nuclear deal with Mr Obama because it wants and needs to increase revenue and recognises that that requires external capital on a large scale. Iran’s oil minister, Bijan Zanganeh, talked this week about an investment requirement of $200bn, of which 70 per cent would have to be raised internationally. For international oil and gas companies, Iran holds one overwhelming advantage: the scale of its undeveloped resource base which makes it a long-term, low-cost producer at a time when energy is plentiful.

…There is a premium for all the majors in winning access to long-term sources supplies at the low end of the cost curve. The American companies that cannot be involved in Iran must be furious. Other western-based international companies that have been slow to move and timid in the face of US sanctions have only themselves to blame. What happens next? Perhaps the US will retaliate against Total, or against France. Maybe Mr Trump will cancel his trip to the Bastille Day celebrations in Paris. Anything is possible. On balance, however, the more rational conclusion in Washington would be that the best way to overshadow Mr Obama’s deal with Iran would be for Mr Trump to come up with a deal of his own that reaffirms Iran’s

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commitment to limit nuclear development but ensures that US companies do not remain excluded from the country’s rich potential.

Un accord hautement symbolique entre l’Irak et l’Iran, et Qatar renoue aussi avec l’Iran

On sait que la présence militaire d’Iran en Irak est forte, après l’échec de l’invasion des EUA. L’accord semble la légaliser. Comme d’habitude, le prétexte en est la lutte contre le "terrorisme et l'extrémisme". La réalité correspond plutôt à officialiser l’influence déjà majeure de l’Iran sur l’Irak. Les chiites constituent la communauté la plus nombreuse en Irak, présente surtout dans le sud et dans le quartier de la Cité Sadr à Bagdad. Les « états d’âme » ou des gesticulations diplomatiques de Washington ont peu d’impact sur la situation irakienne, après avoir créé le chaos dans le pays par leur invasion militaire en 2003.

Le 23 juillet 2017, l'Iran et l'Irak ont signé un accord visant à renforcer leur coopération militaire et la lutte contre le "terrorisme et l'extrémisme". Le ministre iranien de la Défense, Hossein Dehghan, et son homologue irakien, Erfan al Hiyali, ont signé un protocole d'accord qui concerne aussi la sécurité aux frontières, la logistique et l'entraînement. Les relations bilatérales se sont améliorées depuis le renversement en 2003 du dictateur irakien Saddam Hussein, grand adversaire de Téhéran, et l'avènement d'un gouvernement à dominante chiite à Bagdad.

Le président américain Donald Trump s'est déclaré préoccupé par ce qu'il voit comme l'influence croissante de l'Iran dans les conflits de Syrie, du Yémen et d'Irak, où le régime des mollahs soutient les milices chiites. Les tensions entre Téhéran et Washington se sont avivées depuis l'élection de Donald Trump, qui a accusé à maintes reprises la République islamique de soutenir certaines organisations radicales et de déstabiliser la région. 

L'accord militaire entre l'Irak et l'Iran pourrait être mal accueilli par Washington, alors que les tensions entre l'Iran et les EUA restent très palpables, malgré l'accord sur le nucléaire iranien signé sous la présidence de Barack Obama. Par cet accord, l'Iran a accepté de limiter ses activités de traitement des matières nucléaires en contrepartie d'un assouplissement des sanctions économiques qui pesaient sur le pays. Le président américain n'a finalement pas remis en cause l'accord sur le programme nucléaire iranien. Néanmoins, il a décrété de nouvelles sanctions contre Téhéran justifiées par le programme de missiles balistiques de l'Iran et sa politique au Moyen-Orient.

* * *Le Qatar, accusé par ses voisins du Golfe, Arabie saoudite en tête, de soutenir le terrorisme et l’Iran chiite, a annoncé le rétablissement de relations diplomatiques totales avec Téhéran. L'heure est au rapprochement entre Doha et Téhéran. Le Qatar a annoncé, jeudi 24 août 2017, le retour de son ambassadeur en Iran et le rétablissement de relations diplomatiques totales avec la République islamique. Dans une déclaration, le ministère qatari des Affaires étrangères a même ajouté qu'il souhaitait renforcer encore davantage les relations avec l'Iran, pays avec lequel il partage le plus grand champ gazier du monde.

Le rappel de l'ambassadeur du Qatar à Téhéran avait fait suite à des attaques en janvier 2016 contre des missions diplomatiques saoudiennes en Iran, consécutives à l'exécution d'un dirigeant chiite en Arabie. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères,

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Bahram Ghassemi, a salué cette décision en précisant que le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, et son homologue qatari, Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, avaient eu récemment une conversation téléphonique.

Les relations de Doha avec Téhéran sont un des enjeux de la crise du Golfe : Le 5 juin 2017, l'Arabie saoudite et ses alliés avaient ainsi rompu leurs relations avec le Qatar, pays sunnite, en l'accusant de soutenir des groupes extrémistes et de se rapprocher de l'Iran, leur grand ennemi chiite. L’Arabie saoudite avait d’ailleurs posé comme condition à une sortie de crise avec Doha, la réduction des relations du Qatar avec l'Iran. Depuis le début de la crise avec des pays du Golfe qui ont fermé leurs frontières avec le Qatar, l'émirat gazier s'est tourné vers l'Iran et la Turquie, notamment pour importer des produits alimentaires. Ces deux pays ont exprimé une forte solidarité avec le Qatar.

E. Dimensions géoéconomiques

Les EUA et leurs multinationales ont lancé une conquête active et progressive du secteur énergétique européen.

En luttant contre les matières premières concurrentes russes par le biais des sanctions, Washington cherche littéralement à «zombifier» les consommateurs européens en leur inculquant l'idée selon laquelle le charbon et le gaz des EUA sont certes plus chers, mais que le plus important est de contrer la «menace émanant de Moscou». Pendant des décennies, les stratèges américains ont préparé le terrain à ces fournitures. D'abord, ils ont persuadé les Européens que les gazoducs russes enfreignaient la souveraineté énergétique des pays de l'UE. Ils ont ensuite expliqué qu'avec son pétrole et son gaz la Russie tentait de faire pression sur l'Europe. Puis ils ont ouvertement attaqué leur principal concurrent avec les sanctions antirusses. Ils ont agi de manière si effrontée que les capitales européennes ont gémi et ont exigé des Américains d'être plus civilisés quand il était question des intérêts commerciaux (et nationaux) des pays européens.

Après tout, il est clair pour tout le monde en UE que les hydrocarbures russes sont bien moins coûteux que leurs analogues américains. Néanmoins, la «marche» victorieuse du gaz et du charbon américains sur l'Europe a manifestement commencé. Le premier cargo pétrolier américain transportant ce coûteux gaz liquéfié est arrivé hier en Lituanie. Aujourd'hui, on a appris que les EUA avaient envoyé en Ukraine un premier chargement de charbon. Conformément au contrat signé, 700.000 tonnes de charbon seront fournies en Ukraine avant la fin de l'année. Le cargo avec le premier chargement de 85.000 tonnes est attendu à son port de destination début septembre. Le gouvernement ukrainien a immédiatement annoncé solennellement que grâce au charbon américain, l'Ukraine passerait «sans problème» la saison de chauffage 2017-2018.

Mais à quel prix pour le budget ukrainien? Kiev préfère taire que l'anthracite américain coûtera bien plus cher que le charbon de marque analogue provenant de Russie ou du Donbass. Jusqu'ici, Kiev achetait du charbon russe à 60-70 dollars la tonne, alors que le charbon du Donbass valait encore moins cher. Mais les Ukrainiens, dans l'ardeur de la lutte contre la «menace émanant de Moscou», ont renoncé à ces achats pour du charbon américain à 113 dollars la tonne. L'Ukraine est visiblement un pays trop riche. Elle ne regarde pas les prix. En revanche, le gouvernement de Kiev n'a jamais d'argent pour les retraités, les fonctionnaires et les ouvriers.

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Turquie: 1000 entreprises saisies depuis le putsch, in: Le Figaro.fr avec Reuters, 7/07/2017.

Les autorités turques ont saisi ou nommé des administrateurs à la tête d'un millier d'entreprises depuis la tentative de coup d'Etat manquée en juillet 2016, a annoncé vendredi le vice-Premier ministre Nurettin Canikli. Ces mesures ont été prises dans le cadre de l'état d'urgence instauré après le putsch et visent, selon le gouvernement, des entités soupçonnées d'avoir des liens avec le prédicateur en exil Fethullah Gülen. Le président Recep Tayyip Erdoğan soutient que Gülen est l'instigateur du coup d'Etat, une accusation que ce dernier réfute.

Les 965 entreprises qui ont été placées sous administration publique sont installées dans 43 provinces de Turquie et disposent d'avoir estimés à un total de 41 milliards de livres turques (11,3 milliards de dollars). Elles emploient ensemble plus de 46.300 personnes, ajoute Canikli dans un communiqué. Le gouvernement turc a ainsi pris le contrôle d'une banque, d'entreprises industrielles et de groupes de presse dans le cadre de la répression menée contre les partisans présumés de Fethullah Gülen. Quelque 50.000 personnes attendent d'être jugées dans le cadre de cette répression et 150.000 autres, dont des militaires, des officiers de police, des enseignants et des fonctionnaires ont été suspendus ou limogés.

Le gouvernement affirme que Gülen a organisé en Turquie un réseau au sein de l'administration avec pour objectif de s'emparer du pouvoir. Cette répression inquiète les partenaires occidentaux de la Turquie qui y voient une dérive autoritaire menée par Recep Erdoğan soupçonnée de chercher à museler toute opposition dans son pays. Le gouvernement soutient que ces mesures sont nécessaires pour garantir la sécurité du pays face aux menaces qu'il doit affronter.

* * *Ankara argues the seizures are evidence of the extent of the Gulenists’ infiltration of the economy and state (FT, 8.7.2017). The wealth of many of the companies targeted was created when Mr Erdogan and Mr Gulen, who has denied any involvement in the coup, were once allies. Both share an Islamist background and when the president’s Justice and Development party (AKP) first took power in 2003, it worked with Gulenists to counter the influence of a secular elite that controlled the bureaucracy and much of the nation’s corporate wealth. The alliance helped create large business conglomerates, including Boydak Holding, gold miners, energy producers and a lender, Bank Asya, which investigators have focused on as they seek to identify people and firms that they allege acted on Mr Gulen’s behalf.

All the companies are now run by government appointed trustees, while their owners are either imprisoned or abroad. Related article Nato holds its peace as relations with Turkey degrade Turkey is strategically vital to the organisation, but last year’s failed coup has upended ties with allies Few, if any, executives have been successfully convicted, leading to criticism from Turkey’s western allies that Mr Erdogan has become increasingly autocratic. The state of emergency means it is impossible for the business owners — one of whom described the seizures as a forced transfer of wealth — to challenge Mr Erdogan’s decrees in court.

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The combined revenues of the seized companies was around $6bn before the seizure — it’s unclear what they have now shrunk to. Amnesty International separately condemned the detention of its Turkish director, Idil Eser, and seven other human rights activists who are being investigated for alleged membership of an armed terrorist group. “The absurdity of these accusations against Idil Eser and the nine others cannot disguise the very grave nature of this attack on some of the most prominent civil society organizations in Turkey,” Salil Shetty, Amnesty International’s secretary-general said. “Their spurious detention while attending a routine workshop was bad enough: that they are now being investigated for membership of an armed terrorist organisation beggars belief.

Les phases de tests ont commencé pour le projet de voie ferroviaire Bakou-Tbilissi-Kars, Etude de Cemil Dogac Ipek, chercheur en Relations internationales à l’université Ataturk, 28.07.2017 (extraits)

…La longueur totale de la ligne BTK est de 838,6km (503km de Bakou-Azerbaïdjan jusqu’à la frontière géorgienne, 230km de la frontière Azerbaïdjan/Géorgie à Akhalkalaki, 29km d’Akhalkalaki à la frontière Turquie/Géorgie, et 76,6km de la frontière Turquie/Géorgie à Kars). Partant de la capitale azerbaïdjanaise Bakou, la ligne conduit à la capitale géorgienne Tbilissi, puis se prolonge du sud de Tbilissi jusqu’à l’ouest à Akhalkalaki. D’ici, la ligne descend au sud à la ville turque de Kars. Elle sera surtout utilisée pour les transports entre l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, mais constituera également une alternative importante pour les transports entre le Kazakhstan, le Turkménistan et la Turquie.

Il est fort probable que les trains effectuant la liaison entre la Chine et la Turquie utilisent cette voie. Une fois mise en service, 1 million de voyageurs et 6,5 millions de tonnes de marchandises devraient être transportés sur cette voie. En 2034, sa capacité devrait être de 3 millions de voyageurs et 17 millions de tonnes de marchandises… Ce projet, le troisième en son genre après les projets Bakou-Tbilissi-Ceyhan et Bakou-Tbilissi-Erzurum, renforcera l’amitié historique de ces pays et apportera la paix et la prospérité au peuple de la région. Avec la construction des projets BTK, Marmaray et autres, une grande partie de la marchandise qui sera acheminée de l’Asie vers l’Europe et vice-versa, restera en Turquie. Ainsi, à long terme, la Turquie obtiendra un revenu de milliards de dollars à partir de ces transports.

Un des objectifs du projet BTK est de constituer un nouveau couloir énergétique dans la région. Par ce biais, les produits azerbaïdjanais en matière de pétrochimie pourront être acheminés dans le monde entier. En outre, la circulation actuelle entre la Turquie et les pays d’Asie centrale glissera en grande partie vers cette ligne. De même, il est fort possible que cette voie soit utilisée pour le transport effectué normalement par la voie routière du fait que la ligne ferroviaire passant par l’Iran ne soit pas suffisante et qu’il y ait de longues attentes dans les régions du lac Van et de Saraks. 

La ligne BTK va renforcer également les relations économiques entre l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie. Comme la ligne Kars-Gumri-Tbilissi qui passe par l’Arménie mais qui est actuellement close, deviendra totalement inutile, l’Arménie sera encore plus isolée. L’Azerbaïdjan aura dorénavant son mot à dire dans la circulation entre la Turquie et les pays d’Asie centrale. Les lignes passant par le Kazakhstan vont augmenter. Quant à l’Iran qui souhaite renforcer ses liaisons ferroviaires avec ses voisins, il notera des pertes dans la circulation entre la Turquie et les pays d’Asie centrale.

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BTK n’est pas simplement un projet de voie ferroviaire, c’est également un projet qui vise à ranimer la route historique de la Soie et à renforcer les relations économiques, sociales et culturelles entre pays de la région. BTK permettra d’assurer le transport régulier de biens et de personnes entre l’Europe d’une part et l’Asie centrale et l’extrême orient de l’autre, via la Turquie, la Géorgie et l’Azerbaïdjan. Par conséquent, le modèle de transports sécurisés et économiques occasionnés par le transport ferroviaire assurera une hausse du volume commercial et un enrichissement des pays eurasiens.

L’Azerbaïdjan tirera le plus grand profit de ce projet. L’Azerbaïdjan, exportateur pétrolier, et la Turquie, importateur pétrolier, seront liés par la voie ferroviaire. Par ailleurs, l’Azerbaïdjan sera lié à l’Europe et aux autres régions par le biais des ports et lignes ferroviaires turcs.La Turquie œuvre pour accroitre son potentiel de coopération avec les pays de la région en prenant force aussi bien de sa position géostratégique que de ses liens profonds historiques et culturels avec les pays eurasiens. La multiplication des projets de coopération n’est pas important uniquement du point de vue de la coopération régionale eurasienne mais aussi pour sa meilleure intégration à la communauté internationale. Ce type de projets soutenant le développement économique de la région renforcera les liens entre peuples de la région et continuera d’instaurer des bases solides à la prospérité et à la stabilité régionales.

L’Albanie et la traite humaine

Si le trafic de drogue, dont le cannabis, monopolise l’attention des médias, la traite des êtres humains est aussi l’un des domaines de prédilection des groupes criminels. L’Albanie reste un important pays d’origine et de transit, selon le Département d’État américain dans son récent rapport annuel.Via l’Albanie, l’itinéraire est long, qui transforme en marchandise de contrebande des personnes originaires d’Asie centrale et d’Afrique, mais également de l’Albanie elle-même, à destination de l’Europe occidentale. Le rapport note que les trafiquants usent de faux contrats de mariage ou de travail afin de contraindre ces personnes à la prostitution ou aux travaux forcés, et auraient de plus en plus recours aux réseaux sociaux. Parmi ces personnes, le nombre d’Asiatiques employés comme esclaves domestiques auprès de riches familles albanaises serait en augmentation.Toujours d’après le rapport, les femmes et enfants albanais sont eux aussi victimes des réseaux de prostitution à destination de la Grèce ou de l’Italie. Plusieurs ONG s’inquiètent également du nombre croissant d’enfants albanais, dont ceux issus de la communauté rom, contraints aux travaux forcés saisonniers en Turquie, au Kosovo ou au Royaume-Uni. Enfin les réfugiés du Proche et Moyen-Orient, bloqués par la fermeture de la route des Balkans, sont à leur tour victimes des réseaux de passeurs.Ces dernières années, des efforts ont été entrepris par l’État albanais, avec les premières utilisations d’un « fonds spécial » pour la protection des victimes de la traite. Néanmoins, pour le Département d’État américain, l’État albanais ne respecte pas le niveau minimum des normes internationales pour éliminer la traite d’êtres humains. Le laxisme des autorités et certains cas de collusion de la police avec les réseaux criminels sont pointés du doigt.

F. Calendrier électoral

Les onze PECO adhérés à l’UE : élections européennes le 25.5.2019

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Croatie : présidentielle en 2018 et législative 2020 (?)Estonie: législative en 2019 et présidentielle 2021Lituanie: présidentielle en 2019 et législative 2020Lettonie: législative en 2019Pologne: municipale 2018, présidentielle 2020 et législative 2019Hongrie: législative 2018 et municipale 2019Slovaquie: municipale 2018, législative 2020 et présidentielle 2018Rép. tchèque: législative au 20-21 octobre 2017, sénatoriale 2018 et présidentielle 2018Slovénie: présidentielle 2018 et législative 2018Roumanie : législative 2020, locale 2020 et présidentielle 2018Bulgarie : présidentielle novembre 2019 ?, législative 2021 et locale 2017 ?

Autres PECO

Albanie : présidentielle en 2022 et législative 2021 et municipale 2018Bosnie-Herzégovine : municipales 2020, présidentielle 2018 et législative en 2018Macédoine : législative 2020, municipale 2017 et présidentielle 2019, Monténégro: présidentielle 2018 et législatives 2020Kosovo : locale 2020, présidentielle 2017 et législatives 2021 (?)Serbie: présidentielle 2022, législative 2020 et communale 2018Bélarus : locale en 2018, législative 2020 et présidentielle 2020Ukraine : municipale 2019, présidentielle 2019 (?) et législative 2019République moldave : municipale 2019, législative fin 2018 (?) et présidentielle 2020 Transnistrie : législative 2020

Turquie et pays de la Caucasie méridionale:

Turquie : législative 2.11.2017 et présidentielle 2.11.2017 et municipale 2018 Arménie : municipale 2019, législative en 2017 et présidentielle 2018Géorgie : législative en 2020, municipale 2018 et présidentielle 2018Azerbaïdjan : municipale 2018 (?), législative 2020 et présidentielle 2018

Iran : législative (le Parlement ; tous les 4 ans) en 2020 et Assemblée des experts en 2024 (tous les 8 ans) ainsi que présidentielle (tous les 4 ans et donc en 2021).

Le Parlement appelé Majles représente le corps législatif et comporte 290 sièges et est présidé par Ali Larijani dont le frère est le responsable du système judiciaire nommé par le Guide.

L'Assemblée des experts est composée de 86 membres religieux élus pour 8 ans au suffrage universel direct. Elle élit et révoque le Guide de la révolution et détient le pouvoir, en principe, de le démettre de ses fonctions, Jusqu’ici elle n’a pas été sollicitée dans ce rôle.

Le Guide de la révolution est le plus haut responsable politique et religieux. Il est aussi appelé Gardien de la jurisprudence, une dénomination dérivée du concept de velāyat-e faqih qui consacre une certaine prédominance du religieux sur la politique. Il désigne le responsable du système judiciaire qui est à présent Sadegh Larijani et dont le frère est le président du parlement. Ali Akbar Velayati est le conseiller diplomatique du Guide.

Le Président de la République islamique d'Iran a un rôle important dans les institutions politiques du pays, bien que n'étant pas le véritable chef de l'État. À l'origine, le poste était plutôt honorifique, selon la Constitution de la République islamique, suivant la

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chute du shah, en 1979. La présidence de la République est devenue un poste de plus en plus important, surtout depuis 1989.

Le Conseil des gardiens de la Constitution est composé de 12 membres désignés pour six ans : 6 religieux (clercs) par le Guide et 6 juristes (généralement aussi des clercs) élus par le Parlement sur proposition du pouvoir judiciaire (dépendant du Guide). D’une part, le Conseil des gardiens contrôle la validité des candidatures aux élections au Parlement et à l’Assemblée des experts.

D’autre part, sa principale fonction est de veiller à la compatibilité des lois à la Constitution et à l'islam. Ce dernier aspect - compatibilité avec l'islam - est exclusivement assuré par les 6 membres religieux, l'autre étant exercé par les 12 membres collégialement. Toutes les lois votées par l'Assemblée doivent obtenir l'approbation du Conseil des gardiens. Toutefois, si ce dernier conclut à une incompatibilité (avec l'islam ou avec la Constitution), il ne peut, de lui-même, procéder à une annulation. C’est le Conseil de Discernement de l’intérêt supérieur qui intervient dans ce cas (voir ci-après).

Le Conseil de Discernement de l’intérêt supérieur est composé des chefs des trois pouvoirs (législatifs, judiciaires et exécutif, c’est-à-dire le président de la République), des six clercs du Conseil des Gardiens, du ministre concerné par l'ordre du jour auxquels s'ajoutent 25 membres désignés par le Guide suprême.

Le Conseil suprême de la sécurité nationale iranien dont le secrétaire général est l’amiral Ali Shamkhani.

Asie centrale :

Kazakhstan : présidentielle 2020 et législative en 2020Ouzbékistan : présidentielle 2023.3 Turkménistan : législative en décembre 2018 et présidentielle (tous les 7 ans) en 2017Kirghizstan : législative au 15.10.2017 et présidentielle en 2019Tadjikistan : législative & locale 2019 et présidentielle 2020 Afghanistan : législative & régionale en octobre 2017 (?) et présidentielle 2018Mongolie : législative 2020 et présidentielle juin 2017

H. Publications récentes

Concernant la Russie, l’UE, les EUA, le Japon, l’Inde, la Chine ou leur «   étranger proche   »

LIMES, Cina-USA. La sfida, 1/2017 ; comme d’habitude, cette revue excellente publie un n° principalement consacré à l’analyse géopolitique à multiples voix de la Chine.

LIMES, Arabia (non solo) Saudita, 3/2017 ; une importante contribution à la compréhension du Proche- et Moyen-Orient.

RACHMAN, Gideon, Donald Trump. America is now a dangerous nation, FT, AUGUST 14, 2017; c’est bien un article à lire!

Concernant la Turquie

Tectonique des plaques : l’Otan serait-elle en train de vaciller par le jeu des novelles alliances ? L’Iran et la Turquie se seraient accordés pour mettre en place une coopération militaire, après la plus haute rencontre au sommet entre les deux pays depuis 1979, in : Atlantico-Un vent nouveau sur l’Info, Publié le 20 Août 2017 ; Voir : Read more at

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http://www.atlantico.fr/decryptage/tectonique-plaques-otan-serait-elle-en-train-vaciller-jeu-nouvelles-alliances-au-moyen-orient-edouard-husson-florent-parmentier-3141528.html#AijZlmGc3y64XCH3.99; un texte de haute importance !

Concernant les PECO

Concernant l’Asie centrale, le Pakistan ou l’Inde

Concernant l’Iran

Concernant la Caucasie méditerranée

Special Reports of Financial Times

Concernant des articles géoéconomiques

SANTOPINTO, Féderico, Fonds européen de la défense. L’UE au secours de l’industrie, les rapports du GRIP, 2017/5 ; L’A. démontre comment le « complexe militaro-industriel »4 européen se met en place au sein de l’UE.

Etudes ou notes géopolitiquement significatives à mon point du vue

Alternatives sud, ONG. Dépolitisation de la résistance au néolibéralisme, Point de vue du Sud, 2e trimestre, 2017 ; grâce à ce numéro de cette revue, on réalise comment les ONG de toutes sortes deviennent des « acteurs sociaux » au sens géopolitique du terme et face aux Etats et au multinationales. Leur surgissement s’avère progressif depuis ces 50 dernières années, selon les aléas des rapports de force avec les deux « acteurs ». Voir texte complet ici même dans l’Annexe n° 3.

Annexes: textes, extraits et articles complets

1. L’OTAN, la militarisation de la Méditerranée et la crise des réfugiés*, par Jonas Boussifet, 10 juillet 2017 (extraits)

L'OTAN contrôle et occupe toute la Méditerranée

4 Le complexe militaro-industriel (CMI) désigne l'ensemble constitué par l'industrie de l'armement privée, les forces armées et les décideurs politiques, et le jeu de relations complexes entre ces trois pôles destiné à influencer les choix publics. Le premier usage public du terme fut celui publié dans un manifeste pacifiste de 1914. Sa popularisation remonte cependant à son emploi en 1961 par Dwight Eisenhower, le président des États-Unis, qui avertissait ses compatriotes des dangers d'une trop grosse influence des industriels liés au Département de la Défense, qui gère l'évolution de l'armée américaine par l'intermédiaire de contrats de défense, telle qu'Eisenhower avait pu l'observer en tant que chef du haut-commandement des armées alliées en Europe durant la Seconde Guerre mondiale ; son discours intervenait également dans un contexte marqué par la course aux armements liée à la guerre froide. Le complexe militaro-industriel est aujourd'hui un élément décisif de l'effort de guerre. Il correspond à une approche plutôt quantitative de la quête d'une victoire, reposant pour bonne part sur la puissance industrielle privée, donc la capacité à produire, dans le temps imparti, davantage d'équipements adéquats (d’après Wikipédia).

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Aucune "politique européenne" ne peut être mise en discussion concernant la Méditerranée sans mesurer d'abord exactement le rôle que l'OTAN y joue depuis sa naissance en 1949.Tous les pays autour de la Méditerranée (Europe-Afrique du Nord-Moyen Orient) sont, soit membres de l'OTAN, soit en partenariat avec l'Otan. Ils sont tous impliqués de l'une ou l'autre manière, dans toutes les opérations militaires (nouvelle dénomination de "guerres") organisées sous la direction de l'Otan. Il faut y ajouter les différentes " Coalitions de volontaires " qui sont en train de bombarder la Syrie, l'Irak, le Yemen et bientôt, à nouveau, la Libye.

Cela concerne le Partenariat pour la Paix, qui a engendré il y a 29 ans, un partenariat dénommé "Dialogue Méditerranéen" : entre l'Otan et 7 pays "méditerranéens": Algérie, Egypte, Jordanie, Israël, Maroc, Mauritanie, Tunisie. Ce partenariat a déjà rendu de grands services pour permettre à l'Otan d'assurer son contrôle sur toute la Méditerranée, de l'extrême ouest à l'extrême est et au sud: l'Otan utilise des bases militaires nationales, ou directement des territoires, et des troupes locales pour ses différentes missions de guerre. La plupart de ces pays ont accepté d'adopter le "label Otan" pour la fourniture d'armes, de logistique terrestre, aérienne, navale et d'acheter les produits mortifères du complexe militaro-industriel otanien.

Il faut se préoccuper également des "Partenariats individuels" établis entre l'Otan et divers pays du pourtour méditerranéen, non membres. A épingler ici, le partenariat individuel avec Israël. Ce pays est ainsi pratiquement devenu membre de l'Otan, et fait partie de plusieurs de ses commandements militaires, sans devoir passer par les processus prévus de demande d'adhésion. Il en va de même pour le partenariat individuel avec la Jordanie, qui n'est pas un pays "méditerranéen", mais fait partie du "Dialogue Méditerranéen" et devient une énorme base militaire aérienne où font escale, les avions de chasse de la "Coalition contre l'Etat Islamique" (dont les F-16 belges). Mais le pire se prépare autour des prochaines manœuvres OTAN en Méditerranée. Celles-ci ont été décidées lors du Sommet de l'Otan de septembre 2014. Il s'agit de mettre en œuvre toutes les capacités militaires des 28 pays membres de l'Otan (dont la majorité des pays membres de l'UE) pour " conduire toutes les missions et affronter les défis venant de toutes les directions ".

La "Force de Réaction " Otan devrait pouvoir mobiliser en quelques semaines, 50.000 militaires de toutes les composantes - aérienne, navale, terrestre - pour riposter à " une attaque venant de n'importe où " et à se positionner préventivement là où une "crise" est signalée.Les exercices d'entraînement général se multiplient déjà au Nord et à l'Est de l'Europe. De grandes manœuvres navales viennent de se terminer dans la Mer Noire. Les plus importants de ces exercices se dérouleront en Méditerranée de septembre à novembre 2015, sous le nom Trident Juncture 2015. Ils sont destinés à intégrer plus profondément le Portugal, l'Espagne, et l'Italie dans la stratégie globale de l'Otan. L'OTAN et le déficit démocratique. L'Otan base son efficience sur le complexe militaro-industriel, qui est une des tentacules de cette monstrueuse machine de guerre. Les industries de guerre, qui doivent répondre aux critères capitalistes du profit, sont évidemment à la recherche permanente de nouveaux marchés et mêlent leur production aux produits destinés à la société civile. La confusion entre la production civile et militaire limite la transparence des activités d'exportation et de l'usage qui est fait des marchandises produites. On peut le voir entre autres, à propos des normes sur l'exportation des armes. D'autre part, les sommes énormes d'argent qui circulent dans ces milieux servent à des corruptions en tout genre. Rappelons-nous des scandales d'Agusta ou de Lockheed et, à échelle plus locale, des fraudes fiscales, des recyclages, des trafics bancaires, des corruptions de politiques et de fonctionnaires d'Etat.

L'Otan détruit l'environnement naturel et social. Partout où sont installés des polygones, des bases, des infrastructures de l’Otan, on constate une grave pollution du sol, de l'eau, des maladies chroniques et létales pour les humains et les animaux, la destruction de la faune et la flore locales, la destruction du patrimoine archéologique, du chômage massif à cause du démantèlement du tissu social (pêcheurs, agriculteurs, terres et produits agricoles contaminés etc.)

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Lutte armée contre les migrations L'Otan participe au dispositif de l'Agence Frontex, qui évolue d'opérations policières vers des opérations militaires, elle installe des radars, des centres de télécommunications ultrasophistiqués, rassemble ses drones et ses avions de combat, des sous-marins et des Awacs de surveillance etc... Elle collabore étroitement à la nouvelle Opération Triton présentée comme opération de l'UE, et destinée à contrôler les frontières de la Méditerranée et particulièrement les côtés libyennes. Cette Opération Triton envisage la possibilité d'opérations militaires dans les eaux, dans l'espace aérien et sur les terres libyennes.

Les réactions de la société civile Dans toute l'Europe, les associations locales sont nombreuses à agir contre la présence de l'Otan. Nous connaissons les associations pacifistes et anti-militaristes qui, depuis toujours, ont protesté contre la présence de l'Otan dans notre Mer Méditerranée; mais plus récemment, d'autres associations se sont jointes à elles: les mouvements anti-maffia, anti-corruption, les groupes indépendantistes et séparatistes dans les îles italiennes, des intellectuels, des journalistes, des hommes de loi et d'église, des municipalistes. Les politiques sont encore trop peu nombreux, ils devraient avoir un peu plus de courage politique et écouter leurs populations.Et ce ne sont pas seulement les pays limitrophes de la Méditerranée qui sont préoccupés de cette situation, mais les citoyens de tous les pays européens, qui ont une vision pacifiste et progressiste de l'avenir. Ils demandent, entre autres :

La fermeture des bases de l'Otan autour de la Méditerranée Faire de la Méditerranée une zone dénucléarisée La reconversion des fabriques d'armement Le refus de toute opération militaire extérieure aux territoires des pays membres de l'Otan La dissolution de l'Otan

----------------------------------------------------* NDLR : aperçu du workshop de la conférence STOP NATO 2017

2. BERGHEZAN, Georges, Comment les guerres yougoslaves ont (provisoirement) sauvé l’Otan, in : CNAPD- Stop NATO 2017, daté 25.5.2017 (Aperçu de l'intervention à la conférence du Contre-sommet Otan)

En effet, au début des années '90, après la dissolution du Pacte de Varsovie et puis de l'URSS, nombreux étaient les analystes et même les hommes politiques les plus "main stream" à considérer, comme M. Trump avant son élection, que l'Otan était une "organisation obsolète". Mais l'Alliance Atlantique a trouvé une nouvelle raison d'être en s'immisçant dans les guerres de l'ex-Yougoslavie, d'abord à la demande de l'ONU, puis en s'affranchissant progressivement du Conseil de sécurité et des préceptes de base de sa Charte.

Au départ chargée de surveiller l'embargo sur les armes et la "No fly zone" décrétée sur le ciel de la Bosnie-Herzégovine (1992), l'Otan s'est imposée comme un belligérant dans les conflits yougoslaves: première opération de guerre de son histoire en février 1994, première campagne de bombardement en septembre 1995, première occupation d'un territoire à partir de décembre 1995, la guerre de Bosnie a été celle de toutes les "premières" pour l'Otan. Ce n'était qu'un début, car son rôle de pompier-pyromane allait culminer en 1999 avec près de trois mois de bombardement massif de la Serbie, y compris sa province du Kosovo, sous prétexte de sauver sa population albanaise.

En pleine guerre, le sommet de l'OTAN d'avril 1999 à Washington, non seulement manifestait son élargissement en direction de la Russie, mais officialisait son changement de doctrine, de la défense de ses membres contre l'URSS à un rôle de gendarme du monde ignorant les frontières et le droit international.

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3. ONG : DÉPOLITISATION DE LA RÉSISTANCE AU NÉOLIBÉRALISME ?, Julie Godin, in : Alternatives sud, 2e trimestre, 2017.

Si l’« ONGisation », à savoir l’instauration de la configuration ONG comme vecteur privilégié de l’action collective pour le développement, interpelle, les facteurs de dépolitisation des discours et des pratiques de ces acteurs non gouvernementaux préoccupent. La conscience des risques d’instrumentalisation, de managérialisation, d’occidentalisation, de substitution… aide à les éviter et partant, à repolitiser les résistances au modèle dominant.

Vingt ans après la première édition d’un Alternatives Sud consacré aux ONG, qui interrogeait leur rôle et leur légitimité en tant qu’outils de contestation du néolibéralisme et acteurs de changement social, la question reste d’actualité. Au départ de ce numéro, le constat d’un phénomène d’« ONGisation », soit l’instauration de la configuration ONG comme vecteur privilégié de l’action collective pour le développement, dont témoigne «   la demande croissante de cette forme particulière d’expertise professionnalisée, formelle, qualifiée et internationalisée » (Srila Roy, dans ce numéro). Les ONG étant devenues les interlocuteurs attitrés des États et des agences internationales d’aide, on observe une tendance à l’institutionnalisation des mouvements sociaux, pour attirer et conserver des financements, et plus largement, un risque d’éloignement des préoccupations populaires.

Cette « ONGisation » soulève ainsi différents enjeux qui sont autant de facteurs de dépolitisation des discours et des pratiques. Après avoir soulevé les difficultés inhérentes au concept même d’ONG et circonscrit le contexte actuel de la « bonne gouvernance » et la notion de « société civile », nous avons choisi d’étudier trois enjeux majeurs : premièrement, le phénomène de « privatisation par voie d’ONG » (Harvey, 2004) et l’instrumentalisation multiple dont ces organisations font l’objet ; ensuite, la professionnalisation managériale qui accompagne l’insertion des ONG dans le « complexe développeur international » (Guichaoua et Goussault, 1993) ; et enfin, le paternalisme dans lequel s’inscrivent encore trop souvent, à des degrés divers, les activités des ONG du Nord, ainsi que la voie « réformatrice » et consensuelle régulièrement privilégiée, au détriment d’une stratégie plus contestataire.

L’IMPOSSIBLE DÉFINITION DES ONGONG, trois lettres qui se sont imposées à travers le monde. Leur première apparition date de la charte des Nations unies en 1945, qui acte alors la reconnaissance par cette institution et la « communauté internationale » de l’existence d’autres acteurs aux côtés de l’État et du marché, et de la place qu’il convient de leur assigner ; une reconnaissance qui coïncide avec le début de l’expansion planétaire que connaîtront les ONG au 20e siècle. Aujourd’hui, ce terme générique, en dépit de ses imperfections manifestes, a traversé les décennies pour devenir incontournable au sein du secteur de la solidarité internationale et gagner en visibilité auprès du grand public.

Concrètement, dans l’imaginaire collectif au Nord, le terme d’ONG renvoie, le plus souvent, aux grandes structures professionnalisées et médiatisées telles qu’Oxfam, Handicap International, Greenpeace, Amnesty International, Médecins sans frontières, etc. Or il recouvre une variété de réalités, tantôt adulées (surtout au Nord), tantôt férocement critiquées (principalement au Sud), et son ambiguïté est soulevée par une très large littérature, qu’elle soit scientifique, associative ou institutionnelle. En effet, s’agissant « d’un terme libre d’appropriation et qui ne constitue pas, à de rares exceptions, dans les droits nationaux une catégorie juridique spécifiquement délimitée, et encore moins en droit international […], de plus en plus d’entités, petites ou grandes, tendent à s’auto-baptiser ou se rebaptiser « ONG » » (Ryfman, 2014)… 

LA « BONNE GOUVERNANCE » OU L’INCARNATION DU NÉOLIBÉRALISME ?Le terme de « gouvernance » apparaît en 1989, à la faveur d’un rapport de la Banque mondiale qui, face à l’accroissement de la pauvreté en Afrique subsaharienne, pointait non pas les recettes néolibérales appliquées, mais bien la « mauvaise gouvernance » des États africains. Profitant de la chute du Mur de Berlin et du recul des théories marxistes (et, plus globalement, des stratégies centrées sur l’État), le néolibéralisme renoue avec les théories de la modernisation, sauf qu’il impute l’échec du développement aux dysfonctionnements de l’État du Sud (et non plus à la « tradition »), dont il convient de redéfinir le rôle à jouer dans le développement économique.

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La Banque mondiale définit alors la gouvernance comme «   la manière dont le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources économiques et sociales d’un pays en vue du développement   » (Banque mondiale, 1992) ; une approche qui fut progressivement reprise par la majorité des organisations multilatérales. Pour Bernard Cassen (2001), il ne s’agit de rien de moins que «   l’habillage institutionnel des plans d’ajustement structurel et du « consensus de Washington »   ». Le recours au terme de « gouvernance » introduit alors, dans le nouvel agenda politique, une autre façon de gouverner fondée sur une « prise de décision mise en réseau » (Starquit, 2011). En insistant sur la multiplicité des acteurs et en mettant l’accent sur l’interaction et la négociation, ce concept dilue le rôle joué par l’État dans la « bonne gestion du développement ». Concrètement, la « bonne gouvernance » apparaît comme un «  outil idéologique pour une politique de l’État minimum   » (Smouts, 1998) ; en d’autres termes, elle privatise la décision publique (nous allons y revenir). La prolifération des ONG au Sud, dans les années 1990, est indubitablement liée à l’affaiblissement des capacités gouvernementales à fournir des services publics, résultat des politiques néolibérales qui se sont imposées dans le contexte d’un capitalisme mondialisé et fortement financiarisé… LA SOCIÉTÉ CIVILE, ILLUSION DÉMOCRATIQUE ?Puisant ses racines dans l’Antiquité grecque, la notion de « société civile » s’est imposée, depuis la fin de la guerre froide, tant dans le langage courant que dans les discours scientifiques, dans les récits médiatiques et dans les rapports des institutions internationales. Tout comme celle de « bonne gouvernance », elle relève de ces « buzzwords   » dont une des caractéristiques fondamentales est leur ambiguïté fonctionnelle : … L’existence même des sociétés civiles en-dehors du monde occidental, où la notion est initialement apparue, fait l’objet de controverses…

Dans le cadre de la « bonne gouvernance », la participation de la « société civile » est présentée comme un élargissement de la démocratie, alors même qu’elle vient « se  [substituer] à la souveraineté populaire et au vote des citoyens » (Starquit, 2011). En effet, « le grand paradoxe de la gouvernance est qu’on nous propose d’élargir la démocratie à la société civile, alors que celle-ci est précisément cet ensemble de relations dans lequel les individus ne sont pas des citoyens, mais de simples vecteurs d’intérêts particuliers. On n’est citoyen que comme membre du peuple souverain ». En d’autres termes, il n’est pas rare de voir de petits groupes de citoyens aux ressources importantes et disposant d’un accès privilégié aux sphères décisionnelles parvenir à imposer leurs intérêts particuliers à l’agenda politique. De plus, certains intérêts privés (comme ceux portés par les lobbies des multinationales) sont plus égaux que d’autres (par exemple ceux des syndicats et ONG) qui seront, généralement, poliment écoutés par les institutions étatiques et multilatérales. En somme, le terme de société civile « nuit à une lecture claire des enjeux politiques, dans la mesure où il recouvre des classes différentes et en conflit » (Brugvin, 2006).

LA PRIVATISATION PAR VOIE D’ONG ET LE RISQUE DE L’INSTRUMENTALISATIONLa qualification de « non gouvernemental » ne signifie pas que les ONG s’opposent à l’État, loin s’en faut. Dans ce numéro, David Dumoulin Kervran résume le rôle joué par les ONG vis-à-vis de l’État à quatre attitudes : ignorer l’État, le remplacer, le compléter ou le pousser à mieux remplir sa fonction. Si ignorer l’État est une attitude de plus en plus rare au temps de la gouvernance et des « multi-partenariats... 

Reste que, comme le constate Thomas Gebauer dans sa contribution, la privatisation des États s’accompagne d’une « transformation des ONG en «  institutions d’État ». Avec une grande différence : les ONG ne sont pas formellement obligées de répondre aux besoins et aux demandes de la population, de même qu’un individu ne peut formuler une réclamation à l’encontre des ONG ». Devenues les embryons d’un État inexistant, elles tendraient à servir plus facilement les intérêts des dominants que ceux des dominés… De fait, les ONG ne sont pas à l’abri de l’instrumentalisation, d’autant plus lorsque le cadre politique dominant est sous-estimé… Les exemples ne manquent pas d’ONG qui se voient instrumentalisées par la politique de sécurité, en faveur des intérêts commerciaux ou pour légitimer l’idéologie et le système dominants…

Mais l’instrumentalisation des ONG n’est pas toujours aussi directe, comme en témoignent celles qui ne s’opposent pas d’emblée à « l’économie verte » (CETRI, 2013). De même les ONG qui, dans le domaine de la santé, s’en tiennent à appeler à des solutions techniques et, en lieu et place d’une lutte pour un changement politique et social, en viennent à soutenir indirectement les intérêts des entreprises pharmaceutiques.

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Plus généralement, les ONG peuvent devenir des agents de légitimation politique d’autres acteurs. En effet, les réponses « pragmatiques » apportées dans un objectif de réduction directe de la pauvreté absolue, en se concentrant sur la situation des personnes considérées en bas de l’échelle sociale, tendent à réagir aux symptômes de la pauvreté, au détriment d’une approche plus structurelle qui viserait les causes de cette pauvreté et qui prendrait en compte la façon dont les ressources sont réparties au sein de la société globale. Ces ONG s’inscrivent alors, malgré elles, dans une démarche qui vise « l’aplatissement » des inégalités (Spurk, 2011), contribuant ainsi à la stabilisation de la société qui les a produites, plutôt que dans une démarche qui remet en cause ces inégalités, qui propose un dépassement de celles-ci et qui prend en compte les rapports de force inhérents au capitalisme néolibéral… Les ONG palestiniennes nous fournissent une illustration parlante de cette tendance. Après des décennies d’occupation militaire, des dynamiques de résistance, de normalisation et de collaboration coexistent au sein de la société palestinienne. Les ONG, qui ont occupé une place notable dans le développement de la résistance populaire, ont opéré un glissement vers la tendance à la « normalisation » de l’occupation, zone grise entre la résistance et la collaboration... Enfin de nombreuses ONG du Sud font face à des gouvernements qui veulent de plus en plus les réduire au silence ou limiter leur influence, par le biais notamment de dispositions légales visant à leur interdire ou restreindre l’accès aux sources de financement extérieur dont elles dépendent, sous prétexte de complicité avec les nations occidentales… LA PROFESSIONNALISATION [5] « DANS LES » ONGSi, au sein même des ONG, l’impulsion pour une démarche managériale est dans un premier temps encouragée par les humanitaires, progressivement, « toutes les ONG, de l’urgence médicale au développement en passant par la défense des droits de l’homme ou de l’environnement se voient confrontées aux mêmes difficultés, aux mêmes contraintes, aux mêmes enjeux » (Freyss, 2004). De fait, l’augmentation considérable des activités des ONG – non seulement due à la reconnaissance de leurs atouts, mais aussi aux activités qu’elles reprennent à leur compte sur le mode de la sous-traitance –, les pousse à une recherche croissante de fonds. D’une part, elles sont amenées à jouer sur leur image médiatique, à améliorer la communication et la récolte de dons. D’autre part, elles « sont obligées de négocier une part importante de leurs ressources avec les bailleurs publics, dans une relation asymétrique défavorable » (ibid.).

En raison de l’ampleur de leurs activités et pour répondre aux exigences croissantes imposées par les bailleurs de fonds, elles s’engagent alors dans la voie d’une professionnalisation qui consiste en la mobilisation, au sein de l’ONG, des compétences techniques nécessaires à l’« efficacité » de l’action. Cette professionnalisation dans les ONG, qui privilégie l’obligation de moyens (contrôle) sur celle de résultats (évaluation) et qui favorise les performances sur la finalité même du développement, se traduit par la croissance rapide des fonctions de communication et de gestion et par une technicisation croissante des procédures… Après avoir fonctionné longtemps presque exclusivement sur la base du bénévolat, les ONG évoluent rapidement vers une intégration progressive du salariat… Injonctions managérialesLa technicisation croissante des procédures de coopération, par la généralisation de l’usage d’instruments et de procédures, tend à standardiser la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des interventions dans le Sud, au nom de l’« efficacité ». Cette diffusion de normes, de dispositifs, de procédures bureaucratiques issus du marché et de l’entreprise, analysée par Béatrice Hibou (2012) sous le terme de « bureaucratisation néolibérale », ne relève pas de simples décisions techniques, mais sont significatifs des choix (et des caractéristiques) des politiques publiques…

L’image d’ONG passives et victimes, subissant les exigences managériales unilatérales des bailleurs de fonds, est néanmoins trop simple. Des ONG peu dépendantes des fonds publics, telles que Greenpeace, Amnesty International ou MSF, sont particulièrement institutionnalisées (avec une structure hiérarchique et très centralisée) et organisées sur le modèle de l’entreprise privée (importance des pôles de la communication et de la collecte de fonds, profils des dirigeants, importation de techniques managériales, etc.). Pionnières dans leur domaine, cette orientation apparaît, en interne, issue de décisions stratégiques et politiques : la volonté d’une indépendance politique entraîne le recours massif aux fonds privés (la dépendance à l’opinion publique étant vue comme plus légitime) ; face à l’arrivée de concurrents, la nécessité de préserver leur situation de

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monopole et leur « image de marque » nécessite de véhiculer l’idée d’une certaine puissance au moyen d’outils de communication et de marketing toujours plus « efficaces » ; etc. (Lefèvre, 2006 ; Fréour, 2004 ; Girot, 2011 ; Siméant, 2001 ; Queinnec, 2007).

« DÉSOCCIDENTALISER » LES ONGC’est davantage le paternalisme dans lequel s’inscrivent encore trop souvent les actions d’ONG du Nord que dénonce Léon Koungou dans sa contribution… Le partenariat, une solution impensée ?Depuis leurs origines, les ONG oscillent entre deux pôles idéologiques, entre une vision humanitaire « individualiste-libérale » et une approche « sociale » du monde (Freyss, 2004). Des premières ONG de développement caritatives à la diversité des ONG qui se reconnaissent aujourd’hui sous le label de la « solidarité internationale », en passant par les ONG tiers-mondistes, les sans-frontiéristes et les altermondialistes, les rapports de force se redéfinissent en fonction du contexte international et des tensions internes au secteur, les ONG renouvelant leurs objectifs et modalités d’action. À chaque phase importante de leur histoire, «   les précédentes organisations ne disparaissent pas [...] mais les dernières venues, celles qui correspondent à la «  tendance » du moment, prennent, en quelque sorte, le commandement moral dans cette troupe de plus en plus hétéroclite   » (Rufin, 1999) ; un monopole détenu cependant par les humanitaires depuis plus de trente ans (Davey, 2015)…

Différentes évolutions sont observables quant à la démarche dans laquelle s’inscrivent généralement les ONG du Nord, au premier rang desquelles la nécessaire prise en compte de l’opinion des populations locales et le renforcement de leur capacité à se positionner comme interlocuteur des gouvernements en place, à travers l’élaboration de projets en « partenariat ». Cette « prise de conscience » (Larzillière et Galy, 2010) préfigure l’émergence des futurs concepts d’appropriation, d’alignement et d’harmonisation consacrés par la Déclaration de Paris en 2005. Omniprésente au niveau verbal dans les arènes de la coopération internationale, l’approche du partenariat n’en demeure pas moins un grand impensé des relations Nord-Sud…

Un plaidoyer face aux défis globauxTout en évitant l’écueil d’une dichotomie trop rigide entre l’univers protestataire des mouvements sociaux et celui des ONG de plaidoyer, il faut reconnaître que contrairement à d’autres acteurs, comme les syndicats par exemple, les ONG peuvent éprouver des difficultés à radicaliser leur discours et leurs actions notamment en raison de leur dépendance financière vis-à-vis de leurs cibles de plaidoyer [10] , ces dernières leur préférant une stratégie « réformatrice » à celle de type contestataire (Cohen, 2004). « Elles développent alors des logiques de contre-expertise qui mobilisent les arguments de la science et opposent ainsi « un effet d’autorité » à un discours néolibéral lui-même à prétention scientifique » (Planche, 2007)…

L’essor des campagnes de plaidoyer est lié « à l’adoption d’une approche en termes de droits qui se substitue à une perspective centrée sur les besoins » (ibid.), une évolution qui permet une convergence des revendications des sociétés civiles du Nord et du Sud face aux problèmes « globaux ». La montée en puissance d’un discours mettant l’accent sur l’enjeu des interdépendances mondiales (et qui se traduit dans les nouveaux Objectifs de développement durable a cependant, par la même occasion, tendance à occulter la question – non dépassée – des déséquilibres Nord-Sud (CETRI, 2016a). De plus, «  en plaçant les ONG hors du champ politique et sur le terrain de l’universalité des valeurs, la critique reste possible et est même stimulée, mais la contestation devient embarrassante, voire suspecte. On ne saurait en effet contester le bienfondé de son action puisqu’elle repose sur des valeurs humanistes et universelles » (Broudic, 2014).

POUR UNE REPOLITISATION DES ONGSi nous avons choisi, dans ce numéro, de porter le regard sur les dysfonctionnements ou les difficultés qui sont rencontrés de manière récurrente par les ONG, loin de nous la volonté d’occulter les avancées obtenues par celles qui sont parvenues à conquérir les moyens financiers et symboliques d’une certaine autonomisation. Il y a ainsi des succès notables auxquels les ONG ont participé et que d’aucuns ne manquent de rappeler : la mise en place de la Cour internationale de justice, l’amélioration de l’accès aux médicaments antirétroviraux, l’interdiction des mines personnelles, etc. José Luis Rocha dresse quant à lui un « petit résumé des effets bénéfiques » induits par l’irruption des ONG en Amérique centrale, démontrant par là que «   les ONG qui ont fait

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preuve d’un caractère politique et politisant, polémique et conflictuel ne sont pas rares   ».

A l’heure où le (néo)libéralisme est « davantage perçu comme un système économique – qui plus est irréversible – que comme une idéologie » (Broudic, 2014) et que ses ravages ne sont plus à démontrer, une « repolitisation » des ONG apparaît essentielle pour « changer le monde » et le pouvoir… Afin de contrer l’instrumentalisation dont elles peuvent faire l’objet, Thomas Gebauer propose cinq principes allant dans le sens d’une repolitisation des ONG.

o Premièrement, il invite les ONG à développer un esprit critique par rapport à l’ambivalence de leur propre nature (à la fois visée démocratique et expression d’un manque de démocratie).

o Ensuite, prises dans les relations de pouvoir en vigueur, l’adoption d’une position politique s’avère indispensable afin d’éviter tout détournement de leurs activités à mauvais escient.

o Troisièmement, les ONG doivent rechercher le plus d’indépendance possible, car la possibilité de changement social existe s’il y a « désir de changement », ouvertement exprimé et partagé par des citoyens, organisations et mouvements engagés, ouvrant alors la possibilité de constituer un véritable contre-pouvoir.

o Puis, les ONG doivent garder constamment à l’esprit leur légitimité originelle, soit leur enracinement dans les mouvements qui s’opposent au système dominant, et non leur seule expertise professionnelle.

o Enfin, si le changement requiert la conduite de stratégies et d’actions communes, elles doivent chercher activement à se mettre en réseau, malgré le caractère laborieux que peut comporter tel exercice.

L’hégémonie de la forme ONG, dans sa version « professionnalisée », et les facteurs de dépolitisation que cette « ONGisation » comporte (de l’instrumentalisation à la managérialisation, en passant par la privatisation et l’occidentalisation), générant une approche technicienne, dans une optique réformatrice, quitte à s’éloigner des préoccupations populaires, met à mal la légitimité des ONG en tant qu’outils de contestation du néolibéralisme et acteurs de changement social. Prendre conscience de ces risques, dans la reconnaissance de l’ambivalence qui gagne – souvent malgré elles – les ONG, permettra de s’en affranchir et de regagner en indépendance. Et partant, de repenser leur rôle dans la résistance à un modèle qui, insoutenable, inégalitaire et injuste, est aujourd’hui remis en cause dans ses fondements.

4. Les multinationales de mercenaires ou comment privatiser les interventions militaires

Les deux articles qui suivent traitent le mercenariat privé à l’échelle mondiale et les conséquences de leurs actions « rentables » sur les pouvoirs publics et les populations concernées. Evidemment, en tant que multinational, il ne vise que le profit maximum avec le moindre risque financier possible. La plupart du temps, le temps de guerre lui est favorable. Ce secteur privé nouveau est né des privatisations à la fois de la fonction régalienne (monopole de la violence légitime, maintien de l’ordre, défendre du pays, etc.) et des pratiques policières sélectives, en appliquant le principe libéral du moindre coût et du maximum du profit. Bien entendu, ce principe n’a rien à voir avec un autre principe, avec le bien commun qui ne relève pas du « marché ».

Söldnerwesen. Militarisierte Sicherheitsfirmen – ein milliardenschweres Geschäft, von IvoMijnssen, in: NZZ, 10.8.2017.

Seit dem Ende des Kalten Krieges boomen private Sicherheitsfirmen. Sie haben von der Überwachung bis zum schwerbewaffneten Elitesöldner alles im Angebot.

Der Vorschlag des ehemaligen Blackwater-Chefs Eric Prince, die amerikanische Militärpräsenz durch 5000 Söldner und eine private Luftwaffe zu ersetzen, zeigt,

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wie selbstbewusst die Sicherheitsindustrie heute in der Geopolitik mitmischt. Die teilweise militarisierten Sicherheitsfirmen haben sich seit dem Ende des Kalten Krieges stark entwickelt und sind heute Teil einer milliardenschweren Industrie. Ihre wichtigsten Tätigkeitsgebiete sind die Unruheregionen in Afrika und im Nahen Osten.

Massgebliche Impulse lieferte die amerikanische Besetzung des Iraks und Afghanistans, wo mehrere hunderttausend private Angestellte im Auftrag des Verteidigungsministeriums jene Aufgaben erledigten, welche die Armee selber nicht übernehmen konnte oder wollte. Auf ihrem Höhepunkt übertraf die Zahl der «Privaten» jene der Soldaten, bevor sie parallel mit deren Reduktion auf ein bescheideneres Niveau sank.

Ein breites AngebotDas breitgefächerte Angebot dieser privaten Sicherheitsfirmen macht sie schwer fass- und kontrollierbar. So beschäftigt die Branchenführerin G4S aus Grossbritannien 585 000 Angestellte in über 100 Ländern. Die Firma  Constellis , die vor einigen Jahren auch den Blackwater-Nachfolger Academi erwarb, bietet von der Videoüberwachung über die militärische Ausbildung bis zu Aufklärungsdrohnen und schwerbewaffnetem Personenschutz in Krisenländern alles an. Sean McFate, einst selber Söldner und heute Professor an der Georgetown University, betont zwar die Unterschiede zwischen militärischen und nichtmilitärischen Aufgaben, sagt aber auch, dass diese in der Praxis verschwinden: «Wenn du das eine tun kannst, kannst du auch das andere», erklärte er der Zeitschrift «The Atlantic».

Im Irak und in Afghanistan zeigte sich wiederholt, wie heikel es ist, wenn private Firmen das Gewaltmonopol übernehmen – gerade in fragilen oder

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kollabierenden Staaten. Das Massaker von Blackwater an 14 Zivilisten in Bagdad 2007 war nur einer von vielen Skandalen. Die Sicherheitsfirmen, die bevorzugt ehemalige Militärangehörige mit guter Ausbildung anheuern, unterstehen keiner demokratischen Kontrolle, was es schwierig macht, sie wegen Menschenrechtsverletzungen zu belangen.

Rechtliche UnsicherheitSie profitieren dabei von einem rechtlichen Graubereich. Die Blackwater-Mitarbeiter verurteilte ein ziviles Gericht in den USA – aufgrund eines Statuts, das gegen Gangmitglieder zur Anwendung kommt. Die Richter der höheren Instanz hielten dies aber für verfassungswidrig und stiessen nun die Verurteilung um.

Die Uno hat zwar 2001 eine Konvention zur Regulierung des Söldnerwesens in Kraft gesetzt, doch nur 35 Staaten haben sie ratifiziert. Neben den USA und Grossbritannien verweigern sich auch China und Russland. Sean McFate unterstellt den Grossmächten Absicht: «Privatarmeen können Dinge tun, die nationale Armeen nicht können.» Das Outsourcing der schmutzigen Arbeit mache es Regierungen leichter, offiziell die Verantwortung von sich zu weisen.

Russlands Söldner in SyrienIn den USA sorgen kritische Medien und Pflichten zur Veröffentlichung von Informationen – etwa zu Verträgen der Regierung mit solchen Firmen – für ein Mass an Kontrolle. Anders ist dies bei der russischen Intervention in Syrien, die grösstenteils der Geheimhaltung unterliegt. Selbst die Zahl der russischen Soldaten im Land ist offiziell nicht bestätigt, ganz zu schweigen von der Rolle der Söldner.

Allerdings konnten kritische russische Online-Medien zeigen, dass die private Sicherheitsfirma Wagner  etwa an der Offensive gegen Palmyra beteiligt war  und höchstwahrscheinlich auch dem Militärgeheimdienst GRU untersteht. Obwohl das Söldnerwesen in Russland verboten ist, liegt das Trainingsgelände von Wagner in unmittelbarer Nähe einer Eliteeinheit des GRU.

Internationale Söldnerfirmen in der Schweiz. Aussendepartement untersagte drei Söldner-Einsätze, von Erich Aschwanden, in: NZZ, 10.8.2017.

In der Schweiz ansässige Sicherheitsfirmen müssen ihre Auslandeinsätze beim EDA melden. In den letzten beiden Jahren waren es fast 600 Einsätze, unter anderem für private Spionagetätigkeit.Exakt vor sieben Jahren sorgten die Tätigkeiten von internationalen Söldnerfirmen für Aufregung in der Schweizer Öffentlichkeit. Am 9. August 2010 wurde nämlich bekannt, dass die weltweit tätige Sicherheitsfirma Aegis Group ihren Sitz nach Basel verlegt hatte.Das Unternehmen beschäftigte damals Söldner im Irak und in Afghanistan. Dies weckte Befürchtungen, private Sicherheitsfirmen könnten durch dubiose Tätigkeiten im Ausland den Ruf der Schweiz beschädigen.

592 Meldungen seit 2015Die Politik griff das Thema auf. Resultat der parlamentarischen Beratung war das Bundesgesetz über die im Ausland erbrachten privaten Sicherheitsdienstleistungen, das am 1. September 2015 in Kraft trat. Es

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verbietet Schweizer Firmen, sich unmittelbar an Feindseligkeiten im Rahmen von bewaffneten Konflikten im Ausland zu beteiligen. Auch dürfen sie kein Personal für solche Einsätze rekrutieren, ausbilden und vermitteln. Andere Einsätze in fremden Ländern hingegen sind grundsätzlich erlaubt. Allerdings müssen solche Auslandeinsätze dem Aussendepartement (EDA) gemeldet werden und werden im Verdachtsfall überprüft.

Seit dem 15. September 2015 gingen beim EDA insgesamt 592 Meldungen von in der Schweiz tätigen Sicherheitsfirmen ein. Dies teilt Sprecher Pierre- Alain Eltschinger auf Anfrage mit. Allein in den ersten sieben Monaten dieses Jahres waren es 286. Von den insgesamt 592 Meldungen betrafen 274 den Personenschutz sowie die Überwachung von Gütern und Liegenschaften «in einem komplexen Umfeld». Darunter fällt zum Beispiel die Bewachung von Botschaften.

Firmensitz verlegtIn 197 Fällen drehten sich die Meldungen um private nachrichtendienstliche Tätigkeit, also Spionage und Spionageabwehr. Beim Rest der gemeldeten Einsätze ging es um die Unterstützung von Streit- und Sicherheitskräften. So etwa um den Betrieb und die Wartung von Waffensystemen oder die Ausbildung von Angehörigen der Streit- oder Sicherheitskräfte. Bei 24 Einsätzen leitete der Bund ein Prüfverfahren ein. Drei Einsätze wurden verboten. Ein Verbot betraf gemäss EDA-Angaben ein afrikanisches Land, die beiden anderen untersagten Einsätze hätten in Ländern des Nahen Ostens stattfinden sollen.

Die hohe Zahl der Meldungen macht deutlich, dass die Schweiz nach wie vor ein interessanter Platz ist für private Sicherheitsfirmen, die ihre Dienstleistungen weltweit anbieten. Die Aegis Group hingegen hat noch vor dem Inkrafttreten des neuen Gesetzes reagiert: Im Jahr 2014 verlegte sie ihren Firmensitz von Basel nach London.

5. China seeks to drive wedge between India and Bhutan. Beijing woos Himalayan kingdom, the last outpost of Indian dominance in South Asia, in: FT, August 13, 2017, by: Amy Kazmin in New Delhi (extraits)

The Buddhist kingdom of Bhutan is best known as an idyllic getaway for wealthy tourists seeking the spiritual and exotic. Now, however, the tiny mountain nation is being tested on its realpolitik, grappling with the bitter rivalry of its two giant neighbours, China and India. For the past two months, Indian and Chinese troops have faced off on the desolate Doklam Plateau, rugged terrain claimed by Bhutan and China. India says it intervened to stop Chinese soldiers from building a road across Bhutanese territory towards the strategic Jampheri Ridge, which overlooks India’s most vulnerable point. The tense Himalayan stand-off is not merely a dispute between hostile neighbours over a small a swath of highly strategic land. It also reflects Beijing’s desire to shake Bhutan’s traditional close relations with India — and open the mountain kingdom to greater Chinese influence. ..

…New Delhi has long been Bhutan’s largest source of financial, technical and military aid, its biggest trading partner and its primary gateway to the outside world. It is a role cemented by a 1949 friendship treaty that gave New Delhi effective control of Bhutan’s foreign relations. A decade after New Delhi yielded to Bhutan’s appeal to amend the treaty to give it autonomy over international affairs, Thimpu still has no formal diplomatic relations with China. But some Bhutanese want their

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country to reduce its dependency on India by engaging with Beijing, including settling longstanding boundary disputes.

“Bhutan is the last outpost of Indian dominance in South Asia,” says Shashank Joshi, a fellow at London’s Royal United Services Institute. “Over the last 10 years, there has certainly been a concern on the Indian side that the China-Bhutan relationship may grow at India’s expense.” The Doklam stand-off has put Bhutan in an uncomfortable position. India says it intervened to help its smaller neighbour fend off China’s attempt to alter the status quo on disputed territory. But Beijing has accused India of an “invasion” aimed at further consolidating its grip over a smaller, vulnerable neighbour.

For its part, the Bhutanese government — while asserting its claim over the contested territory — has been silent on whether or not it sought Indian military help, apparently to avoid antagonising either country… The confrontation has highlighted Bhutan and India’s potentially divergent interests. Previously, Beijing had proposed a “package settlement” of its border disputes with Bhutan, offering to renounce its claim over large areas in the north of the country if Bhutan relinquished the smaller Doklam Plateau. While Thimpu considered the deal an attractive proposition, New Delhi found it unacceptable, as it would give China a strategic vantage point over India’s narrow “Chicken’s Neck”, connecting its remote north-east to the heartland. As tensions mount, analysts say New Delhi must tread carefully, lest it upset a tiny neighbour already uneasy at being caught between two giants.

“How India handles the clash with China could affect how Bhutanese feel about India,” says Berenice Guyot-Rechard, a King’s College professor. “If Bhutan feels that its interests are always subordinated to the broader picture of Sino-India relations that could really make Bhutan feel short-changed.” Mr Joshi says Beijing’s rhetoric throughout the clash — including allegations that New Delhi is trying to turn Bhutan into a “protectorate” — appear aimed trying to “tarnish India’s image in Bhutanese eyes” ahead of the mountain kingdom’s next elections in 2018. “The Chinese are trying to cultivate the impression that India is an overbearing, bullying power that seeks to control Bhutan’s actions,” he says. “This is a resonant trope in South Asia.”

6. WERTHEIMER (2017), Jürgen, Die «europäischen Werte» sind nichts als Worthülsen, in: Neue Zürcher Zeitung, 22.8.

Wenn demnächst wieder ein «Unwort» des Jahres gekürt werden soll: hier ein bescheidener Vorschlag. Humankapital, Kollateralschaden, Herdprämie, Wohlstandsmüll – alles kalter Kaffee. Der neue Star der Szene auf der Deponie des Sprachmülls müsste eigentlich «europäische Werte» heissen. Nein, natürlich wird die Sprachjury keine Sekunde ernsthaft daran denken, das Begriffsdouble der europäischen Werte zum Unwort des Jahres zu küren. Dabei hätte der Begriff wahrhaft das Zeug, um an oberster Stelle der sprachlichen Unterwelt zu rangieren: Mutter der Leerformeln, schön bedeutungsfrei und rücksichtslos inflationär gebraucht.

Der Begriff ist aus den Ufern seines semantischen Betts getreten, hat alle Dämme der Vernunft unterspült und treibt seitdem frei flottierend in der Gegend herum. Das Label der europäischen Werte ist nicht nur an die Stelle der Werte selbst getreten – es ersetzt zugleich auch deren konkrete Benennung, ja überhaupt jeden Hauch von Präzision und Konkretheit. Europa kommt sich selbst abhanden und versucht krampfhaft, Kante zu zeigen. Das Gespenst «europäischer» bzw. «christlich-abendländischer Werte» geistert unstet zwischen den Hochglanzruinen Strassburgs und Brüssels herum. Warnende

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Stimmen von Autoren, einst etwa Heiner Müller, heute Peter Sloterdijk oder Theresia Walser, die Europa als «leeren Raum», «Loch im Kontinent» oder Kontinent der «verschwundenen Zukunft» bezeichnen, werden von wohlmeinenden Meinungsmachern als Kassandrarufe abgetan.

Machen Sie die Probe aufs Exempel, und hören Sie einem Politiker gleich welcher parteilichen Provenienz zu: In neun von zehn Fällen wird er im Tonfall bemühter Gediegenheit von der existenziellen Wichtigkeit reden, jetzt, gerade jetzt für die europäischen Werte einzustehen. Sie warten möglicherweise einen winzigen Augenblick darauf, nun auch noch zu erfahren, woran der oder die Sprechende dabei konkret denkt. Oder nein, Sie warten nicht, denn Sie wissen längst – es kommt nichts. Allenfalls nuschelt jemand noch etwas von freier Meinungsäusserung, Rechtsstaat oder Bürgergesellschaft. Er tut dies fast schon im Abdrehen, als wäre es eine lästige Fussnote, ein unnötiger Appendix. Alles ist tausendmal wiederholt, redundant bis auf die Knochen. Wie sagte Jean-Claude Juncker eben noch mit belegter Stimme beim europäischen Staatsakt für Altbundeskanzler Helmut Kohl so schön: «Europe at its best.»

In ein paar Jahrzehnten wird man über diesen letzten, spürbar angestrengten Versuch zur Neugeburt Europas aus dem Geist des Aufbäumens gegen die Tyrannei Trumps womöglich nachsichtig lächeln. Fakt ist: Wir wissen selbst nicht mehr, was wir meinen, wenn wir von Werten reden. Der Kontinent hat solche Werte längst diskreditiert. Es genügt der Blick zurück in die jüngere Geschichte. Denken wir nur an Srebrenica. Oder an die anhaltende, also verstetigte Flüchtlingskrise der vergangenen Jahre, wo keine auch nur halbwegs gemeinsame europäische Haltung festzustellen ist, was die Kernfragen betrifft.

Wenn jemand Haltung und Einsatz für den Roman der europäischen Werte gezeigt hat, dann waren es – wenn schon – die Demonstranten auf dem Maidan, dem Tahrir, dem Taksim-Platz an den Rändern Europas. Europa nahm daran allenfalls gerührt, sozusagen mit belegter Stimme, Anteil. Europäische Werte in Europa? Nüchtern betrachtet, bleibt nicht sehr viel mehr als der verachtete Euro, bürokratischer Standardisierungswahn und nationalistische Selbstbehauptung übrig. Von wegen Egalité, Fraternité, Liberté. Selbst der hoffnungsgesteuerte französische Präsident Macron musste die Akzentuierung dieser Begriffe im Wahlkampf erst mit seiner Frau wieder einüben, um sie wirkungsvoll nachsprechen zu können. Performance gut, Inhalt zweifelhaft, Wahlerfolg überwältigend. Reaktion aller Nichtwähler: Kopfschütteln.

Nein, Werte haben wir wirklich keine mehr anzubieten, dafür eine gut funktionierende Rhetorik der Wertebehauptung. Wir fabulieren uns ein ums andere Mal einen inexistenten Wertekosmos zusammen und nisten uns in ihm ein. Mein Vorschlag für das nächste Unwort des Jahres ist daher wohlbegründet. Die europäischen Werte stehen für semantisches Leergut, für Wertevakuum pur. Die sinnfreie Formulierung zeigt, dass kein Europäer selbst mehr an das glaubt, was er sagt. Sprechend sind die symbolisch-hilflosen Trauergesten nach jedem neuen «heimtückisch-feigen Anschlag». Alle wiederholen sie, niemanden überzeugen sie. Und genau deshalb werden die europäischen Werte nie zum Unwort des Jahres gekürt werden. Dabei hätten sie es wirklich verdient.Jürgen Wertheimer ist emeritierter Professor für Deutsche Literaturwissenschaft und Komparatistik an der Universität Tübingen und Träger des Prix International de Laïcité.________________________________

NOTA BENELa note est entre autres établie sur base des informations parues dans le Financial Times (FT), The Baltic

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Times, (TBT), Le Bulletin du Courrier des Balkans (BCB), Le Courrier des Balkans, Analytical Articles of Central Asia-Caucasus Institut, (www.cacianalyst.org), Népszabadság (NSZ, le plus important quotidien hongrois), INFO-TURK, Neue Zürcher Zeitung (NZZ), Wikipedia et RIA Novosti ainsi que sur base de celles publiées dans des hebdomadaires et revues spécialisés, ou qui figurent dans des diverses revues de presse. Elle combine des analyses géopolitiques et géoéconomiques et l’information “pure”, mais sélectionnée, avec les commentaires des journaux et ceux de l’auteur en gras. Comme n’importe quel analyste ou commentateur, l’auteur de cette note est, dans ses sélections, résumés et propos, évidemment biaisé et notamment par ses orientations propres qui, probablement, proviennent entre autres de ses origines hongroise et chrétienne, de son mode de pensée régulationniste, de sa position anti-impérialiste et de ses options socialo-écologiques.

La note examine les événements récents dans l’optique de la problématique suivante : les rapports des forces entre les grandes puissances et leurs répercussions sur « l’étranger proche » à l’UE, ainsi que (i) l’adhésion, l’association ou l’intégration de certains pays eurasiatiques est-elle possible, probable ou souhaitable à l’UE ; il s’agit donc d’analyser ces différents modes d’élargissement de cette dernière ; (ii) étudier les mutations géopolitiques du continent eurasiatique qui seraient susceptibles d’avoir un impact sur l’UE ; (iii) enfin, il s’agit de fournir des éléments d’appréciation dans la perspective de la définition d’une géostratégie de l’UE dans le contexte du continent eurasiatique et des préoccupations dans ses « parages ». Avec la section « Dimensions géoéconomiques », la tentative est faite d’opérer des analyses transversales d’ordre économiques où les multinationales jouent un rôle majeur, voire déterminant. Il s’agit donc d’explorer les dimensions économiques de la géopolitique de la région eurasiatique. Y trouveront leur place des informations et analyses qui concernent notamment les questions énergétiques et les moyens de transport, les privatisations ou les nationalisations et la stratégie des multinationales dans d’autres domaines.

D’une façon limitative, les pays pris en considération ici sont les suivants. Pour se faire comprendre en bref, on peut en fait les regrouper en fonction de certaines proximités géographiques ou géopolitiques :

les trois pays baltes: l’Estonie*, la Lettonie* et la Lituanie*; les quatre pays de Visegrád: la Pologne*, la République tchèque*, la Slovaquie* et la Hongrie*; les neuf ou dix pays balkaniques : la Slovénie*, la Croatie*, la Serbie avec le Kosovo, le Monténégro, la

Bosnie-Herzégovine et la Macédoine, ainsi que la Roumanie*, la Bulgarie* et l’Albanie ; les trois pays centre-européens de la Communauté des Etats indépendants (CEI): le Bélarus, l’Ukraine

et la République moldave (Moldova); la Turquie et les trois pays de la Caucasie méridionale : la Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ; l’espace de “trois mers” : Méditerranée, Noire et Caspienne dont fait notamment partie l’Iran ; les six “stans” en Asie centrale : Turkménistan, Ouzbékistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan et

Afghanistan, ainsi que Mongolie.------------* pays membres de l’UE.

Voici enfin l’explication d’autres abréviations : AIEA = Agence internationale de l’Energie atomique ; ASEAN ou ANASE = Association des nations de l’Asie du Sud-est ; BM = Banque mondiale ; BERD = Banque européenne pour la reconstruction et le développement; BRICS = Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud; CEI = Communauté des Etats indépendants composés (sans les Etats baltiques) des 12 pays ex-soviétiques; EUA = EUA d'Amérique; FMI = Fonds monétaire international; FT = Financial Times; NYRB = New York Review of Books ; NZZ = Neue Zürcher Zeitung ; OCDE = Organisation de la coopération et du développement de l’Europe dont font notamment partie les Etats Unis et le Japon; OCS = Organisation de coopération de Shanghai ; OMC = organisation mondiale du commerce; ONG = organisation non gouvernementale; ONU = Organisation des Nations Unies; OSCE = Organisation de la sécurité et de la coopération pour l’Europe; OTAN = Organisation du traité de l’Atlantique du Nord; OTSC = Organisation du Traité de sécurité collective (en Asie centrale); PECO = pays de l’Europe centrale et orientale ou centre de l’Europe ou encore pays situés entre la Russie et le monde de langue allemande; PESC = Politique étrangère de sécurité commune; PESD = Politique européenne de sécurité et de défense ; PIB = Produit intérieur brut; RFA = République fédérale d’Allemagne; RU = Royaume Uni ; UE = Union européenne ; WIIW = Wiener Institut für Internationale Wirtschaftsvergleiche.

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