Etude sur le manuscrit d'Aurillac...

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Etude sur le Manuscrit d'Aurillacintitulé

"JOURNAL DE TEXTORIS"EN'

Notice biographique sur son auteur

Au temps heureux où, jeune chartiste frais émoulu del'Eco]e, je veillais dans le Cantal à la conservation des archi-ves tant départementales que communales, j'avais formé ledessein, en dépouillant et classant les documents municipauxcl uun déménagement de la Bibliothèque à l'llùtelle -Villem'avait livrés dans un inextricable désoidre, de publier lesparties les plus intéressantes d'un manuscrit du XVIIIOsiècle connu sous le nom de Journal de Te'loris.

A vrai dire, le fatras de racontars inutiles, de redites, defutilités, de riens, au milieu duquel il faut les aller chercher,me fit longtemps hésiter sur l'utilité réelle de la publication.

Bief, je quittai le Cantal avant d'avoir donné suite à ceprojet. Mon successeur, M. Esquer, reprit et continua l'in-ventaire des archives d'Aurillac. Il fut assez heureux pour lemener à bonne fin, grâce à l'appui intelligent et libéral dumaire d'alors, M. le docteur Fesq.

Dans l'un des deux volumes ', luxueusement èdits auxfiais de la ville, M. Esquer a cité in extenso presque tous lespassages (le quelque in térèt que renferme le manuscrit deTextoris.

Après cet inventaire, si Complet qu'il constitue une vérita-ble publication de textes, mon travail devenait sans objet etje comptais l'envoyer rejoindre pour toujours, au fond (le mescartons périmés, le texte de la Muto,nedicina et bien d'autresdocuments jadis recueillis et, depuis, édités savammentpar (les chercheurs plus diligents. Mais on a bien vouluinsister vivement pour que je fisse part aux curieux (le l'hiis

1. Tome JE, 11.235-280.

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toire d'Aurillac, du résultat de rues observations et de niesrecherches sur le Journal de Texlo,is, sur la vie et le caractèrede son auteur, sur la nature des renseignements qu'on y peuttrouver.

Je cède à cette amicale pression, non sans avoir toutefoisdéclaré que ces lignes n'ont 1'aulre intérêt à nies veux quede constituer une sorte d'introd nation sommaire à la l)uh)lica-lion dune notable partie du texte lui-même par M. Esquerdans son inventaire.

Le manuscrit consiste en un fort volume de 47N'feuillets,couvert dun parchemin très abîmé, et rongé en paille pal' lesrats.

A la fin, 50 feuillets environ sont blancs. On ne saurait diresi le premier feuillet était bien le commencement du journalde Textoris. Il y u lieu «en douter, car il débu le, sans aucuntitre ni préambule, rai' la liste des cures, chapelles ou amenas-tères auxquels l'auteur distribua les saintes huiles en 1732.

Au dos du volume est inscrit, dilue écriture ancienne, maisqui ne semble pas celle de l'auteurRecueil de ce qui s'est passe de plus ,'cmarcalde dans la nue

d'Aurillac jusques à l'an 17.. par M. TeiloriUne main moderne a ajouté au-dessous

Pierre -Anfoine.Le journal pl'opremen t dit s'arrête à l'année 170, date, flÙiiS

le verrous, de la mon de Pierre-:\ nteiiie 'l'extoris.On trouve pour les années pas1 'Inieu 'es, j usquii 177k. des

notes qui ne sont plus de la même êci'ilui'e et lotit le c;irac-tère change aussi. Elles deviennent beaucoup 1) 1 11, l)rèves,pins sèches, plus matérielles ; ce ne sont plus guère que desnotes de comptes privés. De plus, au lieu d'être surtout mela-tives à Aurillac , comme les précédentes, elles concernentexclusivement Saint-Maillet.

Il faut en conclure de toute évidence que le manuscrit, restéà Saint-Mamel parmi les objets mobiliers de l'abbé Pierre-Antoine, y passa à l'un de ses héritiers, qui s'en servitcomme livre de comptes.

Comment vint-il échouer aux archives de la ville d'Aurillac?Un document nous apprend que, le 27 janvier 1792, Géi'aud

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Moissinac, avoué, est nommé en justice curateur à la succes-sion de Jean-Jacques Textoris, chapelain de Bonnepinche'.

Ce Textoris n'avait donc pas d'héritier. Peut-être est-ce parlui que nous est arrivé le manuscrit. Cela montre, en tout cas,que la famille Textoris, nombreuse un siècle auparavant,s'éteiqnit ii la Révolution et, de fait, il n'en fut jamais faitmention depuis, en Ilaute-Auvergne.

Quoi qu'il en soit, et tel qu'il est, le Journal de Tea'/oris ajoui, parmi les documents aurillacois, d'une réputation histo-rique très grande et quelque peu exagérée. Beaucoup de gensvoulaient y voir les éléments dune histoire complète de laville pendant un demi-siècle et l'on attendait sa publicationavec une certaine impatience.

Faut-il attribuer ce succès à son aspect extérieur vénérableet volumineux ou plutôt ne faut-il pas y voir le résultat d'unecrainte révérencieuse éprouvée par ceux qui avaient été tentésde déchiffrer son mauvais griffonnage et de trouver le fitconducteur de cet inextricable chaos de menus faits empiléssans ordre ni méthode, très souvent sans date? L'inconnu atoujours du prestige. Quelques historiens en avaient parlé,ayant extrait de ces pages les renseignements qui pouvaientêtre utiles à leurs études locales et la curiosité en avait étédavantage éveillée.

C'est ainsi que Mgr Bouançjo, dans sa vie de Saint Gé,'aadd'Aurillac, Bouquier, dans sa Notice sur le Collège d'Aurillac,l'abbé Delmas, dans son Histoire du monastère de Sainte-Clairede Boisset et l'abbé Cliabau, dans ses ouvrages sur l'Abbaye dcSaint-Jean du Buis et sur les llerinayes et .s'anctuai,'es de inSainte Vierge au dwc'.s'c de Saint-Flour, lui ont fait (Passoznombreux emprunts, relatifs surtout aux événements reli-gieux d'Aurillac et à la vie de ses couvents pendant le secondquart du XVIll'' siècle.

Désormais, depuis la publication de tout ce que ce .Journala d'essentiel dans l'inventaire des archives d'Aurillac, le mys-tère est dévoilé et, sans doute, sont tombées avec lui bien desdes illusions.

***Mais, d'abord, quel est l'auteur?

1. Note eo rnrn1 1 fl juIwe par M. Jean Delmas,

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Ici encore, on a longtemps erré pour identifier ce « M. Te-loris », qui était indiqué par le titre.

Nulle part, en effet, l'auteur ne se nomme d'une façondirecte ou, plutôt, quand il parle de lui, il le fait de façonimpersonnelle.

C'est par une lecture soutenue et complète du manuscrit etpal' une série de rapproclienien ts et (le déductions qu'on arriveà voir qu'il s'agit de Pierre-Antoine Textoris.

Voici cependant un passage - le seul(lui flO laisseaucune place au doute

« 1721. Le 23 juillet, mercredi, M. Pierre-AnLoine Texlori.'-,prêtre de la communauté, a monté la garde à la poile du Buis.Il a pris avec lui Ni. Delteil, ourle à la dame de Colinot deLabau, etc. II m'en a coûté ce qui suit pour IL Ui1 Wex sol-dats et autres artisans que j'ai pris. . . Le 21 dudit mois, àmidi, ledit sieur Textoris a été relevé par le sieur Il ujuesIteyt, aussi prêtre, etc '...

Ce texte avait sans doute échappé à l'abbé Chabau, puisqu'ilvoyait l'auteur dans le prêtre Guillaume 'l'extoris, qui fut curéde Saint-Mamnet, du 19 novembre 1722 au 20 août 1700 1.

Guillaume était le frère de Piei'i'e-Antoine, ainsi qu'il nousle dit lui-même : « Ouverture du Jubilé, le dimanche desflameaux, 29 mars 1722. li y n eu une procession générale. Lesieur Pierre-Antoine Textoris, piètre de la communauté, aporté la croix, faisant pour le sieur Guillaume 'l'extoi'is, sonfrè,'e, dernier reçu (le la communauté, lequel était allé àVitrac

Huit mois après cette procession, Guillaume était nommé àla cure (le Saint-Maiiiet, qu'il devait occuper pendant ;l ans.

D'autres ont cru que l'auteur éla I t Pau Josepti 'l'ex1oii, luiaussi pi'èti'e de la curniniuiau té de Notre - l)arne d'Aurillac. Or,ce JL'an-Joseph était le cousin çjeriïmaiii - et non le frère,comme on l'a dit encore - de Pierre-Antoine. Il était le ifisde Antoine Textoris et de Catherine Castel 1 , d'où le nom deTextoris-Castel que notre auteur lui domino, alors qu'il s'inti-

1. Inventaire des archives d'Aurillac, p. 253-251.2. Registres paroissiaux de Saint-Mamet. (Archives municipales de cette

commune.)3. Inventaire précité, p. 255.4. Son acte de naissance, du 26 octohr IGS I, est aux rcgisti'cs paroissiaux

d'Aurillac (Archives municipales d'Aurillac).

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tule lui-même Textoris- PaIisse, du nom de sa propriété ilefamille, comme nous le verrons tout à l'heure.

A un certain moment, vois 1730, il y eut quatre Textoris àla fois prêtres Je la communauté de Notre-Dame. Aussi est-onobligé, pour les distinguer, (le leur donner ii chacun un sur-nom : Textoris- Palisse, Textoris-Castel, Textoris-Condami ilo.Textoris- Pouzo]s.

En dehors de quatre 'Fextoris prêtres de la communauté, ily avait encore trois autres Textoris curés ou vicaires, en Au-vergue il ailleurs, et un jésuite. On s'explique les confusionsqui se soiii produites entre tous ces Textoris entrés dans lesordres (l cités dans le manuscrit.

Celui (pli nous occupe naquit à Aurillac. le 7 mars 168 i l , deJean 'Fox louis et de Rose Courbeyreltes, qui s'étaient iuiaritsle 2 novembre 1(;(;1 2 et qui possédaient dans la paroisse deSain t-Mamet les domaines di Palisse et (le La Bissière'.

Qu'étaient ses parents?Les 'l'extoris apparaissent (le lionne heure au moyen fige

dans l'histoire d'Aurillac et leur nom s'y rencontre jusqu'à laflévol u Lion (laits toutes les classes de la bourgeoisie et danstous les postes muuuicip;uuux oit de judic.atuu'e auxquels lionneaccès la fortune 011 l'instruction.

I euir nom se I louve uiêjii . en 1258, dans la confirmation dela doua Lion générale de leurs biens faite en faveur de l'abbayede Bonneval par les Astorg d'Aurillac partant pour la croi-sade 1.

Les archives du Cantal conservent 68 registres de minutesde notaires signées 'l'ex Lotis et qui vont, de 1521 à 1608,

M. Jean 'l'extoi'is tigure parmi les prêtres qui assistent àl'asse unhlée solennelle qui eut lieu à la maison consuula ire, en

et oà fut décidée la procession annuelle en souvenir dela délivrance (le la ville.

En 1606, un autre Jean Textoris est consul (l'AurillaC. La

1. Reg. parois d'Aurillac.2. Inventaire préciO, p. 255.3. Pour lesquels ils consentent, le 7 août 1650, reconnaissance on faveur de

niessi re Fr. de Pevi'unnenc de SL-Chatuai',ins, seigneur de 'Vei'rires, Mur-cenac et autres lieux. i Ma. fo 47, vo.)

4. Copie de cet note faite pur Gt'ogniei' sur un volume de la Bibi. Net , setrouve aux archives communales dAurtiluc, dans les papiers de Lakairie.

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même charge est, occupée en 1627 par Claude Textoris, ccn-sellier au présidial.

En 1673, deux Textoris. Jean-Jacques et Pierre, sont cha-noines du chapitre de Saint-Géraud et assistent 'i la délibéra-tion oui sont arrêtés les statuts qui régiront lu l'avenir lechapitre

On pourrait multiplier ces mentions pour Aurillac et sabanlieue, de même qu'on pourrait citer des Textoi'is ii Saint-Flour, où Géi'aldus Textoris, bachelier en droit, est consul en1379' ; à Mauriac, où ltienne Textoris est chargé, en 1567,comme premier consul, d'exécuter le legs de Guillaume Du-prat, concernant la fondation du collège des Jésuites de cetteville ; à Charlus-Champagnac, où des 'i'extoi'is sont notairesau moins depuis 1475 1.

Quel lien y a-t-il entre tous ces gens portant le nième nomet proviennent-ils do la même souche que l'abbé Pierre-Antoine ? Il serait aussi téméraire de l'affirmer que de le 111cr.Mon en tout cas ne nous a permis d'avoir une opinion moti-vée sui' ce point, dont l'importance, on l'avouera, est des plusminimes.

Pour se rendre compte de la difficulté des recherches çjénéalogiques sur cette famille, il faut se l'appeler que le iiorn deTextoi'is, qui semble maintenant disparu, n'était autrefois quela forme latine de Tixiei', Tissiet', Texier, 'I'eyssiou, 'l'yssan-diei', Tixidi'e, Teyssèdre, autrement dit Tisserand.

Dieu sait donc, étant donné le nombre de familles clilTéi'en-tes portant actuellement l'un ou l'autre de ces vocables, com-bien de personnes ont pu jadis être désignées sous le nom de'l'extoi'is, sans avoir pour cela le moindre lien de parenté entreelles.

La seule chose certaine, c'est que le père de notre auteuravait au moins deux frères prêtres. L'un, Pierre, prieur deCros de-Montamatet chanoine de Saint-Géraud, fonde une dia-pdllenie dans la chapelleSainte-Anne de cette dernière église,p0111' y faire dire à perpétuité une messe le premier de chaque

1, Délibération publiée par 1'Aucerje Historique, 1895, p. 273 et S.2. M. Bo,idet. Reg. consulaires dc Saint-Flou,, p- 45.3. Dejoux. histoire du collège de Mauriac (Revue de la Houte.Auvergnc

1° année, p. 136).4. Communicatiûn de M. René clo Ribier, qui croit pouvoir ratachei aux

Textoris de Charlus tous ceux d'Aurillac. Et ceux de 1258

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mois. Il nomme pour premier chapelain son frère Pierre etcharge son autre frère Jean d' y pourvoir ensuite'.

Les parents imniédiats de Pierre-Antoine possédaient desmoulins' sur le canal qui coulait entre les murailles de laville et le Gravier et qui existe encore de nos jours avec leiiit'ine rôle de force motrice.

11 s'agit lit dune des plus vieilles industries d'Aurillac. Cera tial et les usines qu'il actionne donnent déjà lieu à des diffé-rends entre la ville et les consuls aux Xi 1 le et XlVu siècles,lois (les fameuses (( Paix u d'Aurillac.

Les u moulins i) servent à la meunerie, à la pelleterie, aumartelage du cuivre. Ceux des 'l'extoris sont des moulins àfarine.

La situation de Jean 'Iextoiis et de sa femme est donc celledi' bour(. 1eois aisés tirant leurs ressources de l'industrie et1)ssôdant en niènie temps des domaines ruraux.

Ceux-ci sont situés dans la paroisse de Saint-Mainet, où lesTextoris apparaitront nombreux depuis cette époque clans lesvillages de Palisse, de la Combaldie, de Badailliac et aubourg 1.

Comment y expliquer leur Présence ?Probablement par le mariage de Jean 'I'extoris avec une

fille du crû. Et nous voyons, en effet, que Rose Coui'bevrettesétait née à Saini-Maniel, le 2 mars Mi l ), (le Louis Courbey-relIes et d'Antoinette du Sérieys. Son acte (le baptême, repro-duit par le lus dans suit u Journal n, indique en outre quelleeut pour marraine noble Rose du Sérieys, du village de la(iarrouste, paroisse d'Omps.

La ,qrand'méi'e maternelle de Pierre-Antoine appartenaitdonc à la noblesse. Probablement sans fortune, elle dut épou-ser en Louis Courbevrettes quelque propriétaire rural aisé,réalisant cette fusion des classes qui est (le tous les temps et

1. Testament du 20 mars 1679, rail par Lagarrigue, notaire royal. (liibi.(le Cierinont, Me. 651, p. 176).

2. 4 En juillet 1759. le Si'.UL' l)evze inarchand, n lait faire une muroille((U jardin qu'il avait acheté.., le long du canal et riviere qui va faire moudreno mouline. Il u appu yé ladite muraille sut' celle de la loge ie cochons denove meunier et (sut') la muraille (le la ville. En août, M. Dorinirc, rece-veur d'Aurillac, a fuit bûtir une muraille entre le canal de lu rivière quipusse pour faire moudre lus moulins du sieur Textoris de Polisse, » (inven-taire préc. p. 267).

3. Reg. paroisslau( de Saini-Maniet, passim.

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de tous les pays, gràce à laquelle se produit le rajeunissementdes sangs, mouvement éternel où les uns montent tandis queles autres descendent, va-et-vient providentiel qui brassemalgré elle la société en tous sens, se jouant des vaines résis-tances de la vanité humaine.

Un auteur cantalien, qui connaissait à fond l'histoire desfamilles de son cher pays de Sain tMamet, prétend que lephénomène y ôtait particulièrement fréquent.

u Dans la Chàtaigneraie, écrivait lu vicomte Boinard deMiramon, c'est-à-dire dans les cantons actuels de Maurs et deSaint-Maniel, et dans le petit pays de Veinazés, l'affinité entreles diverses classes de la société est telle qu'on dirai l, unevaste trame. Les maisons nobles, prenant modèle sur le ch-taiqnier, l'arbre national et vivace, ont poussé en tous senssur le vieux troue familial (les rameaux touffus. Les cadetssans fortune ont épousé la fille du notaire, (lu praticien, dugros paysan ils peuplent les hameaux, vivent de la vie rus-tique, rudes, fiers et gueux ; ils sont le trait d'union entre lafamille plébéienne de leur femme et la souche noble dont ilssont sortis et l'on voit, en compulsant les registres parois-siaux, des familles essentiellement roturières de cultivateurs,qui, à la suite d'une alliance souvent ancienne et très indi-recte, ont quelques gouttes de sang noble dans les veines,solliciter pour leur premier né le parrainage du chef de lamaison à laquelle ils tiennent à honneur de continuer d'ap-partenir'. u

Ce que M. de Miramon disait des cadets sans fortune estencore plus vrai des tilles sans dot. Et elles pullulaient dansIl petite noblesse prolifique du I tant-Pays, ruinée pal' lestroubles religieux de la lin du X Vl siècle et les folies anar-chiques qui leur succédèi'euit, pendant la moitié du XVII'siècle, Iiour finir seulement aux Grands Jours d'Auvergne.

Ce pays de Saint-Marnet, notre bon abbé Textoris semblel'avoir aimé tout particulièrement. Il relate souvent les faitsqui s'y sont passés ; il parle familièrement du domaine dePalisse, où durent s'écouler les jours heureux de ses congésd'enfant.

Ses parents l'exploitaient directement par domestiques et

1. Le métier de !Jendn,'Ine pendant la première ,noitid da X VIle silep. 26-27.

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quelque membre de la famille surveillait les travaux. UneSWUP (le Pierre-Antoine, accompagnée de sa servante, e me-nette » «Àurillac, et (le deux valets, rentre les foins, le 7 août1733, dans le pré (le Las Costes, quand un voisin, fou depuisneuf ans, survient dans le pré, monte sur la grange et se metà jeter la couverture à bas. Le bouvier Uenest, qui resta vingtans et mourut au service des 'l'extoris, accourt, et fait descen-dre le malheureux en le inenaçan t. Il s'enfuit dans un champ,quitte tous ses vêtements et disparaît dans ci' simple appareil.On perd ses traces et, trois jours après, u la Rose et une fillede la voisine, allant clieiclii'r les veaux à Codase, sur le soir e,voient, dans l'étainj de Codase une forme surnager. C'est lemalheureux fou (fui scsI in yé.

Le manuscrit renferme un certain i)ûftlI>re de petits récitsde ce genre, assez maladroitement écrits d'ailleurs, (lui, palleur simple bonhomie, laissent voir d'une manière non facticele milieu rural dans lequel l'auteur s'est souvent trouvé, oit ilreviendra mourir, et qui est l'un des aspects de sa vie fami-liale.

Ses raielits durent avoir «assez nombreux enfants, car lemanuscrit nous a permis de découvrir l'existence «au moinsquatre garçons et tiois tilles.

L'aîné succéda au père dans la propriété de Palisse et pro-bablemen t dans l'exploitation des moulins d'Aurillac. Il épousaune demoiselle Contrastin, soeur du Pète Contrastin, jésuiteà Cahors en 1736. Un autre frère, plus ùçjé que Pierre-Antoine,se fit prêtre comme lui. 11 était. cii 1715, vicaire de (iaqnacle deux fières dînent ensemble (liez la marquise de Pleanx, auchàteau de Labotie. Le 20 novembre (le cette même année, ilétait nommé vicaire à Metewur. Nous perdons ensuite satrace.

Son frère cadet Guillaume, prêtre également, est celui qui,après avoir été membre de la communauté (le Notre-Damed'Aurillac, devint, en 1722, curé (le Saint-Mamel.

Une de ses soeurs est appelée par lui u ma soeur d' Esquiroti oprobablement du nom de son mari. Une autre, Jeanne, qu'ildésigne ainsi u ma sieur dl sserriôt », du nom de son premiermari, Jacques d'lssernet, mort après 171, a épousé en secon-des noces un sieur Géraud Martin, qui avait lui-même un fils(l'un premier lit. Elle habite rue du Rien. Restée veuve denouveau avant 1728, avec plusieurs enfants, notre abbé Pierre-

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Antoine est nommé tuteur du jeune Jean-Baptiste, qu'il faitinstruire au collège des Jésuites d'Aurillac.

Le jeune homme devient jésuite il tour, fait 4 9flS (lethéologie à Toulouse et, le 17 novembre 1738, part s'embar-quer à Port-Louis pour les missions (les Indes Orientales,après avoir écrit à sa mère une très belle lettre, que son onclenous a conservée,

Pierre-Antoine Textoris entra au séminaire, après la vinçf-tièm année et, comme il nous l'apprend lui-même, il reçut latonsure, les ordres mineurs, le sous-diaconat et le diaconat en1709 cl devint prêtre à l'ordination de carême (le l'année 1711'.

Le jeune abbé, en quête «un emploi, trouva bientôt uneplace (le chapelain ou de précepteur dans la famille dTstresse,qui habitait le cl[àlau de la Majorie, dans la commune d'\l-tU bac, un Bas Limousin,

« Le 21 j tiillet 1711, mardi, feste de sainte Praxècle, je partis,nous dit-il, de Palisse pour aller à la Majorie. Se trouva à lavigne derrière le château M. dEstresse et M. Sadoui'ni, (lit LaPevrusse. et M. Denis, piètres d'Aurillac, qui avoint resté àla Majorie autresfois, qui se 1I'omenoint ensemble. Ces cieuxM rs y étoint en visite . ;)

Pendant plusieurs années, l'abbé Textoris resta au sein decette famille, dont les procédés il son égard semblent l'avoirrempli (le gratitude, car il en parle souveii I avec uii affectueuxrespect'.

Il est alois bien jeune (le caractère. Ne notera-t-il pas surses tablettes, parmi les souvenirs marquant de son séjour à laMajorie, que, dans sa chambre, lin carreau disjoint laissaitvoir dans celle du maltic du logis Y Il semble qu'il ait prisgrand plaisir i ce divertissement de collégien.

Madame d'Estresse avait un singe familier. Un jour, nousconte 'l'extoiis, cet animal e prit les coetTes d'une vieille morteet se mit <Il son lict pour faire peur. »

Quels que fussent les charmes d'une situation confortable,fertile en si remarquables distractions, elle ne pouvait occuperque les années de jeunesse d'un prêtre.

MM. Sadourni et Denis, qui avaient précédé l'abbé Textoris

1. M. fo 100 y".2. F" 26, r°3. F08 76, 78, 79 et passim.

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la Majorie, étaient devenus membres fie la communauté deNotre-Dame d'Aurillac. il oit ainsi de notre auteur.

Peut-être faut-il voir - sans que nous en ayons la preuve -dans ces nominations successives, qui font de la Majorie unesorte de noviciat de la communauté d'Aurillac, l'effet de laprotection et de la reconunanlation de la notable famille

Es tresse.C'est le 17 juin 1720 que Toxtoris u commença ses fonctions

à la communauté de Notre Dame 1 o. Son cousin Jean-Josephy était entré le 21 février de la même année.

Ils allaient désormais appartenir à un collège de prêtres quifut l'une des institutions les plus puissantes et les plus célè-hies d'Aurillac sous l'ancien régime.

Dans beaucoup de paroisses existaient autrefois des collé -giales ou communautés', confréries de piètres chargées d'aiderle clergé paroissial et de rehausser la Ofl1C des cérémonies.Ces communautés étaient souvent très riches, par suite denombreuses libéralités à elles faites par de généreux dona-teurs, qui établissaient, de leur vivant ou, pins souvent, partestament, fies fondations dont les membres de la commu -nauté devenaient les bénéficiaires ou prébendiers.

Généralement les prêtres tic la communauté ou prêlres eoi-iaunali.te5 devaient être nés et baptisés dans la paroisse. C'estpourquoi on les appelait, commue à Aurillac et à Mauriac, p;'ètres filleuls.

Ils se recrutaient par l'élection et s'administraient eux-mêmes, par le ministère d'un haile. On élisait tous les ansdeux bailes à la fois, mais chacun d'eux n'exerçait ses fonc-tions que pendant un semestre.

La collégiale avait tous les droits d'un corps légalementconstitué, d'une communauté ou uîure,las. Elle gouvernaitet administrait ses revenus, tenait conseil ou chapitre, avaitun sceau et une juridiction.

Ses membres remplissaient les fonctions curiales en l'ab-sence du curé, à l'exclusion des vicaires, et, en temps ordi-naire, avaient pour prérogatives, aux yenx lu public, de porterl'étole dans les processions, donner la bénédiction au prédi-

1.2. Cf. Abbé Pouihès, Histoire de la paroisse 1 0. Raalhac. Pour une

autre région et p' comparaison, voir : abbé Urseau, La con/'é,'ie des pré.Ires d'Aa9ers, dans la flerue d'Anjou, 1891,

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eateur, chanter la çjrand'messe, assister aux enterrements,occuper des places déterminées ii l'église, desservir certaineschapelles.

L'église Notre-Du me. qui était la seule église paroissialed'Aurillac avant le Concordat, possédait une communautéde prêtres pI rticuil i:rernent riche et i'euioriitnée '. Elle passaitim la plus belle de France.

Son origine semble extrêmement ancienne. Ses statutsfuient homologués en 1450', approuvés par lune huile de Pie IlCII I 't5 et ])fli' une autre de Sixte IV, un 10 aou'tt 1481. Préala-blement ait pape, le roi de France les avait reconnus par let-très patentes du 1 nillet 1 132 Charles VII ratifie de nouveaules privilèges de la etuiniittiaitté les 1G avril I VIC S mars 1 Yi3€1 3 aoi'it 1144. 1 ouis X I, le 22 Jéceiuhre 1 hP, et Louis X lile 22 octobre 1513, les coxilirmeitt encore. Ce dernier emploiele ternie de « belle communauté collégiale s.

Elle eut en effet son heure de vive prospérité u la fin du XVCet dans les premières années du X \ P siècle. Le nombre deses membres atteignit jusqu'à cent. Puis vinrent les abusqu'engendre l'oisiveté jointe à la trop grande fortune, et cer-lais scandales, sYmlllcJme tlit relficlienu'tit général des nti.eut'sreligieuses fi la veille de la Iléfornw. Ci'sfaiblessesindividuellesM ltass;iqères fuient d'ailleurs rudement expiées lots de l'occu-pation d'Aurillac par les protestants. Ceux-ci, non contentsde brûler l'église Notre-l)aiiue, litent subir fi plusieurs prêtresfilleuls des mutilations atroces ou des supplices horribles,coluP nul' exemple, d'en terrer l'un d'eux jusqu'au ni'n l:oi tde lirenidre sa tête comme but d'un jeu dc houles,

En même temps que léçjlise paroissiale renaissait (le sisruines, la collégiale reprenait vie, au sortii' des g uei'i'es dereligion. Elle devait subsister jusqu'à la ilévolution, mais,dès la seconde moitié du XV lit e siècle, elle avait sensiblementdiminué d'importance. Un arrêt du Parlement, de 1759, fixe lenombre de ses membres à 35. Au temps de 'I'extoris, ilsétaient encore 703

1. Les unscigncuwnts cul' ]ti corntnunautd (le Noire-Darne d'Aurillac sonttirés ou de divers passages de Toxtiit'iS 1UI-1tl,fl(O 011 de notes contenuesdans les 'o pivr 1.itko ri, auxx n i'Cll VOS 1Ifl1fl Ci PLI les (l'Ail t'i 8C. ou d'unmémoire d'avocat dans l'affaire d'un prêtre, (m',arl, contre le jésuitePa,sef'ons de Cni'louat, rndmoire imprimé eu 1771, chez Viahl8ne.s, à Atii'illtie.

. Voir: hmeenée des a ,'ch ices de A vUle(fA ardiac. VIf ii FFI'.3. En 1726 (f' 12) et en 1733 égatemerli (f0 72),

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L'abbé Pieri'e-Antoine va vivre au milieu d'eux pendantvingt-sept ans, partageant sa vie entre son modeste intérieurde chanoine, que gouverne au temporel e la Françoise e, tesoccupations assez monotones de ce que nous appellerionsaujourd'hui le « prèti'e habitué o d'une paroisse : assistanceaux cilices, aux enterrements, aux fêtes religieuses, confes-SlO]15, et enfin la famille, frères, swurs, neveux et nièces, tan td'Aurillac que de Saint-Manuel. A vec l'écho de quelques évc'iu' -nients publics dont lu portée est toute locale, voilà autour dequels sujets gravitent les notes touffues du bon abbé.

Le 29 juin 1730, il est nommé par le cardinal (le GesVreS,abbé d'Aurillac , directeur et con fesseur des religieuses deN ti'e-l)ame, ce qui nous vaut de nombreux détails sur ceCouventt (l'Aun Ilac

 partir (le 1732, il est chargé pendant plusieurs aiim"es parl'abbé Il L1(JIICS (le Canibefont de \lazic, archiprêtre d'Aurillac,d'aller cherchez' i Saint-Flour et (le distribuer ]es sainteshuiles à tous les curés et prieurs de l'ai'cliiprêtré, dont il nousdonne des listes complètes pour chaque année.

Le '21 octobre 1731, il est élu balle (le la communauté et, à celitre, il règle les frais (les ente'reaients, d'où. pui' nous dansle u Journal », la nomenclature de tous les décès tant suit peunotables, (lu pal' la personne (1(1 défunt ou par les circonstan-ces (le la mort, survenus dans la ville ; il acquitte les dépensespour la construction de la chapelle Saint-Joscph, à l'égliseNoti'e-l)ame, etc.

'l'ol est le cadre oui évolue l'exi-tence de ce prêtre rangé. àl'esprit calme, au sens l'assis, peu lettré au demeurant et qui îne semble quère être sorti (le sa pi'ovince. Ses plus longsV0\'aqeS sont pour Saint - Fluiuu', siège (le lévèc-lué, où il vachercher, ii cheval, les saintes huiles, et P0111' Saint Mamet,où il retrouve les joies (le la famille avec les souvenirs (le l'en-fance, tant à la propriété de Palisse qu'à la cure, occupée parson frère Guillaume.

Vers la lin de sa vie, peut-être malade, il dut y faire de fré-quents séjours, si même il n'y résida complètement, car lesregistres de Saint-Mainet portent son acte (le décès ', comme

1, « L'an mil sept cent quarante-sept et le vingtiùnie mai, à dix heures dusoit', est décédé à Aui'illac, Me I'iert'c'Antoinc Textoris, prêtre, àgé dc 63 anset environ deux tuais, dont le coi , ps e u.i intiumê le dimanche de la l'ente-côle dans la chapelle Ste-Anne du chapitre dudit Aut'iIlac, à sept heures

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s'il s'agissait «un habitant de la paroisse, bien qu'il soit criréalité décédé à Aurillac le 20 mai 17 t7, à dix heures du soit',et qu'il ait été inliiuné le lendemain dans la chapelle Sainte-Anne de l'église Saint-Géraud, où sa famille avait un droit defondation, depuis la libéralité de l'oncle Pierre, le chanoineprieur de Crosde-Montamat.

Et ruaintetiant, s'il a suivi pas à pas l'abbé Pieri'e-AiitoineTextot'is dans les régulières étapes (le sa tranquille carrière,le lecteur aura déjà deviné quel jugement il convient de portersur la valeur historique de son manuscrit.

Ce gros volume doit être classé, en définitive, dans la calé-gode (les livres de raisons.

L'auteur y insère tous les renseignements intéressants -au moins pour lui - qu'il puise à droite et à çjauche, dans lesdocuments de sa vie familiale et dans les papiers des établis-sements religieux dont il est membre ou directeur. Au milieude tout cela, et sans aucun ordre, il intercale des souvenirspersonnels, au fur et à mesure qu'ils lui reviennent, et lesfaits divers de la petite ville où se meut son existence casa-nièi'e et un tantinet polinière.

Il lui arrive de répéter les mêmes choses trois ou quatrefois, en termes un peu différents, ce qui prouve qu'il écrit desouvenir, au moins le plus souvent, ou d'après des notesantérieures.

La lecture de son o Journal » fera surtout le compte de ceux- et ils sont nombreux - qui aiment de l'histoire les àcCiié,les menus faits (le la vie privée, dont la connaissance, à vraidite, est pai'fois le meilleur mo y en de reconstituer un milieuou une époque.

Ils y glaneront une foule de renseignements minimes, niaisdont l'ensemble forme un faisceau remarquable sur les per-sonnes, les établissements et les institutions d'Aurillac, ainsique sur les familles aurillacoises au début du XVIII" siècle.

trois quarts du soir. Présents Jean-Antoine 'l'extoris et Urbain Muratel,l'un de la paroisse deSaint-Mamet, avec le soussigné. (Signé :) Textorus,curé, » Reg. peu'. 1e Saint-tIante. Je reproduis cet acte lue je dois il'amabilité de M. l'abbé Terrisse, de préférence à celui qui tut dressé iiAurillac et qui se trouve aux registres paroissiaux d'Aurillac, parce qu'il estplus complet et plus exact.

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On trouvera sans doute que l'histoire de la ville est alors peumouvementée et précisément la conclusion générale qu'onpeut tirer de la lecture du manuscrit de Textoris et qui dé-coule de la monotonie mÔme (le son contenu, c'est que lecalme le plus complet et, il faut le dire aussi, un repos d'espritet une prospérité générale - si l'on excepte une ou deuxdisettes passagues causées par la défense d'exporter lesgrains d'une province ô l'autre - règnent dans la vieille citéde saint Géraud, jadis si agitée, un siècle plus tôt décimée pal'ihorrible peste de 16, dont le souvenir n'est pas éteint,cent cinquante ans auparavant mise ô feu et ô sang par lesguerres religieuses.

Lientèt les luttes renaltront ; mais, pour le moment, on serecueille dans le travail et dans la paix. Les grands évène-ments sont, ou bien le contre-coup de la politique générale dupays - car la I laute-Auverq rie na plus d'luistuii'e, ou, plu tôt,la sienne .e perd dans celle de la France, ô q tu elle apporte samodeste mais utile contribu li o r ou bien, pour parlerd'objets plus présents, les querelles de présince entreMessieurs du Présidial et Messieurs les consuls, l'entréesolennelle ô Aurillac d'un nouvel abbé, le duel meurtrier dedeux jeunes gens au faubourg d'\ urinques, etc

Le XVII l siècle fut saris contredit, pour les petites villesdu Centre, plongées dans une paix profonde ô l'intérieur, pri-vées par l'omnipotence du pouvoir central de vie politiquepropre, éloigtiees des champs (le bataille où se joueur t lescaprices tle M' de Pompaulonr, lépoque la plus calme de leurhistoi re; è la condition, bielI eiutendu, de 110 pas dépasser-17).

Voila CO qui ressort titi livre do 'l'extoris, sans lui, ce sièclesciait 1)0(1t-('tre celui (le l'histoire d'Aurillac pour lequel nousaurions le moins (le renseignements. On peut donc tout résu-ruer' ainsi peu intéressant par lui-môme, il otite lavantaqede nous faire concevoir la vie intime de cette petite ville deprovince entre 1700 et 1750 environ, comme aussi les moeursde la génération qui précéda celle qui fit la Révolution.

ROGER UIIAXD,

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Je crois intéressant de reproduire ici le curieux et spirituel pamphletrelatif aux jésuites, inscrit à la suite du niait uscri I lextoris sorts la datede I T3, probablement par un héritier de l'abbé PIeLTO-À utoine. R. G.

Le pape présente le Général des Jésuites à divers souverainsde l'Europe en leur disant

h'ccc homoA quoi les princes répondent, sçavoir

Le roy (je Portuçjuail : Toile, crocijige enii.Le roy d'Espagne : Reus est ,nortts.Le rov de Franco Vos dicitis.La reine de I lOndJtie : Qnid eniin ,nalecit.L'empereur Non incenio in eo causam.Le roy de Pruc : Quid cd me ?La république (le Venise Non in die festo, ne forte tumula-

lus Jieret in popuo.Le roy de Naples et linfant (le Portuçjuail Nos legein Tabe-

mus et secundam leqem dehet mon.Le roy de Cerdagne .fnnocens sw,i a sanguine ejus.Le pape réplique : (ornipiamn ci emnendalum robis eu,n Iradam.Le général des Jésuites : Post Ires dies ;esurfjuam.Tous les ordres religieux ,Jube erç/o custodui sepuicrum clos

osque in citem tertimun iie ,/iirte reniant discipati rjrts et j'ureniureun et dicant piebi su,rentt a moi-buis et enit nocissimnus errorpejor pntore.

Le pape répond 11e, eustodite, sicut vos scilis.

Extrait de La o ILeue de la han (e-Auvergne s 19I3

At'IUï.LAC, IMPRIMERIE II.NCHAREL.