ETUDE DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DU...

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REPUBLIQUE DU BENIN ~~~~~~~~~~~~~~~~ MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DE L’ELEVAGE ET DE LA PECHE (MAEP) ~~~~~~~~~~~~~~~~ INSTITUT NATIONAL DES RECHERCHES AGRICOLES DU BENIN (INRAB) ~~~~~~~~~~~~~~~~ CENTRE DE RECHERCHE AGRICOLE (CRA) A VOCATION NATIONALE BASE A AGONKANMEY ~~~~~~~~~~~~~~~~ PROGRAMME ANALYSE DE LA POLITIQUE AGRICOLE (PAPA) ~~~~~~~~~~~~~~~~ ETUDE DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DU BEURRE DE KARITE AU BENIN Rapport technique final Réalisée par Alphonse G. SINGBO Epiphane SODJINOU © Septembre 2004

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REPUBLIQUE DU BENIN ~~~~~~~~~~~~~~~~

MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DE L’ELEVAGE ET DE LA PECHE (MAEP) ~~~~~~~~~~~~~~~~

INSTITUT NATIONAL DES RECHERCHES AGRICOLES DU BENIN (INRAB) ~~~~~~~~~~~~~~~~

CENTRE DE RECHERCHE AGRICOLE (CRA) A VOCATION NATIONALE BASE A AGONKANMEY

~~~~~~~~~~~~~~~~ PROGRAMME ANALYSE DE LA POLITIQUE AGRICOLE (PAPA)

~~~~~~~~~~~~~~~~

ETUDE DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DU BEURRE DE KARITE AU BENIN

Rapport technique final

Réalisée par

Alphonse G. SINGBO Epiphane SODJINOU

© Septembre 2004

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RESUME La présente étude examine le fonctionnement du système de commercialisation du beurre de karité. Les zones d’enquête concernent les départements du Borgou, de l’Alibori et de la Donga. Toutefois, le marché de Bohicon (département du zou) est parcouru. Le modèle d’analyse est basé sur l’approche Structure-Conduite-Performance (SCP). Au total 111 acteurs sont échantillonnés. Des résultats obtenus, il se dégage que la commercialisation du beurre de karité se caractérise par une absence de coordination entre les activités des différents agents économiques. La production des noix de karité est sujette à la clémence de la nature et du sol. La récolte des noix de karité se fait par de simple ramassage. Le circuit long distance est constitué de cinq (05) agents commerciaux que sont : les cueilleurs des noix de karité, les transformateurs des amandes de karité en beurre les grossistes de beurre de karité du village, les grands grossistes de beurre de karité des milieux urbains (notamment Parakou), les détaillants et les consommateurs (finaux et fabricants de pommade). Tout comme dans le cas des cultures vivrières, la commercialisation du beurre de karité suit des circuits généralement non officiels. Les caractéristiques et les marges bénéficiaires obtenues par les différents agents sont connues. Les contraintes auxquelles font face ces différents acteurs sont également identifiées.

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TABLE DES MATIERES

Résumé ....................................................................................................................................... i

Table des matières.................................................................................................................... ii

Liste des tableaux ....................................................................................................................iii

1. Introduction ...................................................................................................................... 1

2. Méthodologie..................................................................................................................... 3 2.1. Brève présentation de la zone d’étude........................................................................ 3 2.2. Déroulement de l’étude .............................................................................................. 3

2.2.1. Etude documentaire............................................................................................ 3 2.2.2. Etude exploratoire .............................................................................................. 3 2.2.3. Etude approfondie .............................................................................................. 4

2.3. Méthode d’analyse des données................................................................................. 4

3. Analyse de la production dES FRUITS DE KARITE .................................................. 5 3.1. Organisation de la production et de la récolte des fruits de karité ............................. 5

3.1.1. Installation des plantations de karité et récolte des noix.................................... 5 3.1.2. Superficies exploitées et stockage des noix de karité ........................................ 6 3.1.3. Commercialisation primaire des noix de karité.................................................. 7 3.1.4. Rentabilité de la commercialisation primaire des noix de karité ....................... 7

4. Analyse de la transformation des noix de karité en beurre.......................................... 8 4.1. Caractéristiques des transformateurs des noix de karité en beurre ............................ 8 4.2. Performance financière de la production du beurre de karité .................................... 9 4.3. Contraintes à la cueillette des fruits de karité .......................................................... 11

5. Acteurs, circuits de commercialisation et conduite des acteurs de commercialisation du beurre de karite................................................................................................................. 11

5.1. Description des agents de commercialisation du beurre de karité ........................... 11 5.1.1. Les intermédiaires principaux .......................................................................... 11 5.1.2. Les partenaires des intermédiaires ................................................................... 13

5.2. Circuits de commercialisation du beurre du karité................................................... 13 5.3. Conduite des acteurs du beurre de karité ................................................................. 15

5.3.1. Formation du prix et Circulation de l’information........................................... 15

6. Performance du système de commercialisation dU BEURRE DE KARITE ........... 15 6.1. Prix et quantité Du beurre de karité commercialisé par les commerçants ............... 15 6.2. Performance financière de la commercialisation du beurre de karité ...................... 16 6.3. Contraintes à la commercialisation du beurre de karité ........................................... 16

7. Conclusion....................................................................................................................... 17

Références bibliographiques ................................................................................................. 17

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 2.1. Répartition des acteurs enquêtés par Communes .................................................. 4 Tableau 3.3. Compte d’exploitation pour la production du beurre de karité par Commune ... 10 Tableau 4.1. Répartition des commerçants suivant le sexe, niveau d’instruction et situation

matrimoniale..................................................................................................................... 12 Tableau 4.2. Répartition des commerçants suivant la spécialisation, entrée dans le commerce

et appréciation du capital initial nécessaire...................................................................... 12 Tableau 4.3. Age, expérience et capital initial pour les différentes catégories de commerçants

d’anacarde ........................................................................................................................ 13 Tableau 6.1. Variation du prix moyen d’achat du beurre de karité en kg de noix en fonction

des périodes ...................................................................................................................... 15 Tableau 6.2. Quantité moyenne de beurre de karité ommercialisée par agent en fonction des

périodes ............................................................................................................................ 15 Tableau 5.3. Compte d’exploitation pour les différents commerçants .................................... 16 Tableau 5.5. Contraintes à la commercialisation au niveau des commerçants ........................ 17

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1. INTRODUCTION

Avec 70 % de sa population dans le secteur agricole qui fournit les 40 % de son PIB, le Bénin est essentiellement un pays agricole (Adégbidi et Biaou, 1994). L’agriculture constitue dans la majorité de nos milieux ruraux la source principale des revenus. Elle représente aussi bien le secteur économique le plus important du point de vue de l’autosuffisance alimentaire qu’un moyen de se procurer des devises (Ensing, 1987). La production et la commercialisation sont deux activités qui ne peuvent prospérer l’une sans l’autre. En effet, si une bonne allocation des ressources améliore le niveau de la production et élargit le champ d’action de la commercialisation, une commercialisation efficace permet au producteur de renouveler ses facteurs de production et de réaliser un revenu. Aussi, le manque de débouchés réguliers et rentables des cultures est-il souvent un des freins, sinon le principal , à l’augmentation de la production (Marathée, 1994). Par conséquent, un système de commercialisation efficace qui instaure des prix suffisamment rémunérateurs aux paysans favorisera l’adoption de paquets technologiques performants par les paysans, ce qui à moyen terme pourrait donner lieu à une forte augmentation de la production si toutefois la pluviométrie s’avère satisfaisante (Ahohounkpanzon, 1992).

Dans la constitution des richesses nationales, les cultures de rente jouent un rôle prépondérant. Ainsi, on assiste ces dernières années à la recherche de la promotion d’autres cultures pour mieux se procurer des devises étrangères, surtout dans un contexte où la seule culture de rente qu’est le coton est peu rémunérateur aux producteurs (Vautier et Bio Goura, 2000). Dans ce sens, le karité constitue une culture qui retient l’attention tant des décideurs politiques que des techniciens. Plusieurs actions sont donc menées pour la promotion de cette filière surtout dans l'identifiaction des ravageurs (Actes de l'atelier scientifique Nord de l'INRAB, 2001; PADSE, 2002). Par ailleurs, plusieurs équipements de transformation du karité en beurre sont développés par les fabricants d'équipement dont la COBEMAG. Le Programme de Technologies Agricole et Alimentaires a également accompagné cette initiative depuis 2001. Ainsi, certains équipements performants sont identifiés et mis en test auprès des unités de transformation du karité en beurre des principales zones du nord du Bénin. L’introduction de ces nouvelles technologies contribue désormais à accroître les quantités d'amande de karité à traiter pour sauver des devises. En effet, des quantités d'amandes de karité non moins négligeables sont exportées vers l'extérieur. Or cette exportation n'apporte pas une grande valeur ajoutée au produit et n'encourage de ce fait pas la transformation locale.Par ailleurs, le beurre de karité a de nombreuses caractéristiques médéciniales et surtout cosmétiques. Aujourd'hui, le beurre de karité est fortement recherché par les fabricants locaux des produits cosmétiques. Ce beurre, est utilisé par plusieurs unités spécialisées dans la fabrication du savon au Bénin.Toutefois, les informations restent marginales sur le système de commercialisation de ce produit. L’offre et la demande, de même que les proportions relatives de ce produit sur les marchés constituent un domaine non encore exploré. L'introduction des équipements performants va désormais augmenter la quantité de beurre de karité offerte sur les marchés. L’extension de l’utilisation de ces équipements exige donc au préalable que soit réellement disponible un marché potentiel pour l’écoulement de chaque type de produit. A certaines périodes de l'année, le beurre de karité coûte trois fois plus chère que cette dernière. Une commercialisation efficace du beurre de karité jouerait un rôle important dans le processus général de développement du Bénin. Hormis la culture cotonnière, pour laquelle la commercialisation est suffisamment organisée avec un prix garanti et fixé avant les semis, la production du beurre de karité ne bénéficie pas d’une commercialisation conséquemment

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organisée. Ce qui s'explique par la faible position de négociation des transformateurs qui a pour conséquence une rémunération sous optimale de ces derniers. Aucune étude ne s'est intéressée à la commercialisation de ce produit au Bénin. De même, les transformateurs portent des doutes à l’encontre des commerçants qui sont soupçonnés de réaliser des surprofits.

Aux assises des CSRD 2002 et 2003 post-récolte, il est identifié comme contrainte l'organisation de la filière karité au Bénin. Cette organisation passe avant tout à l'analyse du système de commercialisation du beurre de karité qui constitue le principal produit extrait du karité et qui occupe les femmes. Aussi, du fait de la pénibilité des opérations de transformation certaines femmes préfèrent vendre les amandes.

Dès lors, il se pose la question de savoir si les commerçants assurent effectivement et efficacement toutes les fonctions de la commercialisation du beurre de karité. Pour ce faire, nous apporterons des réponses aux questions suivantes : Comment les transformateurs organisent-ils la vente du beurre de karité ? Quel est le

niveau de profit réalisé ? Les activités d'achat et/ou de vente rémunèrent-ils suffisamment les ressources

investies par les transformateurs et les commerçants? Quelles sont les marges bénéficiaires obtenues par chacune de ces acteurs ? Quelles sont les motivations réelles et les comportements des transformateurs et des

commerçants ? Dans quelles conditions les commerçants exercent-ils leurs activités ? Comment

s'organisent-ils ? Existe-t-il des situations de monopole, d’oligopole, de duopole, de monopsone ? en un mot des situations d’imperfection et de barrières d’entrée dans les marchés. Comment fonctionne le marché du beurre de karité ? comment s’opère

l’approvisionnement et la vente ? Quelle est la performance du système de commercialisation ? Quelles améliorations faut-il y apporter ? et comment les concrétiser ?

L’objectif principal de cette recherche est d'analyser le système de la commercialisation du beurre de karité et son effet sur la rentabilité de sa transformation au Bénin. Plus spécifiquement, il s'agira de : Etudier la structure des marchés et la conduite des acteurs impliqués dans le système de

commercialisation du beurre de karité ; Analyser l'efficacité du système de commercialisation du beurre de karité.

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2. METHODOLOGIE

2.1. Brève présentation de la zone d’étude L’étude s’est déroulée principalement dans les villages des départements du Borgou, de l’Alibori et de la Donga. Les communes de Banikoara, de Bembèrèkè, de N’Dali, de Djougou et de Tchaourou sont parcourus. Aussi, les marchés régionaux des communes de Parakou et de Bohicon sont parcourus. Ces départements du nord du Bénin sont situés dans une zone de Savane avec un climat soudano-guinéen caractérisé par une saison pluvieuse (mi-avril à fin octobre-début novembre). La pluviométrie annuelle varie entre 900 et 1.200 mm. Ce climat est favorable à la production du karité. Ces départements constituent, en fait, les zones de forte production du beurre de karité au Bénin.

2.2. Déroulement de l’étude

La présente étude a été réalisée en trois phases complémentaires, notamment une étude documentaire, une phase exploratoire et une phase d’étude approfondie. Le présent rapport constitue la synthèse de toutes ces étapes.

2.2.1. Etude documentaire

La recherche documentaire a été effectuée dans les bibliothèques de Cotonou, Porto-Novo, des CeRPA (Centre Régional pour la Promotion Agricole ex CARDER) du Borgou et de la Donga, de l’INRAB (Institut National des Recherches Agricoles du Bénin), de la FSA (Faculté des Sciences Agronomiques), etc. Elle a été réalisée au début et au cours de l’étude et a permis de faire la synthèse des données disponibles et celles qu’il convient d’actualiser.

2.2.2. Etude exploratoire La phase exploratoire s’est déroulée dans les Communes de Tchaourou, de Banikoara et de Djougou et Parakou. Dans les Communes de Tchaourou, de Banikoara et de Djougou, des entretiens semi-structurés ont été réalisés avec les agents des Secteurs agricoles, les Organisations de Producteurs (OP), les collecteurs, et quelques producteurs réunis en groupe d’entretien. A Parakou, les entretiens ont été conduits auprès des structures étatiques et/ou privées impliquées dans la transformation et/ou la commercialisation du beurre de karité. Des exportateurs et des transformateurs ont aussi été également interviewés. Pour la conduite de la phase exploratoire, un guide d’entretien a été élaboré pour chaque catégorie d’acteurs. Cette phase a été conduite par les chercheurs aidés de quelques techniciens. Par ailleurs, à l’issue des entretiens avec les OP et les agents des services agricoles, deux à trois villages ont été retenus par Communes, pour la réalisation de la phase d’étude approfondie de cette recherche. Les villages retenus sont présentés au tableau 2.3. La commune de Tchaourou n’a pas été prise en compte dans cette phase compte tenu du faible niveau de l’activité de transformation du beurre de karité. Signalons que les résultats de l’étude documentaire et de la phase exploratoire ont été exploités pour élaborer des questionnaires à administrer aux différents acteurs, à savoir les collecteurs des noix, les transformateurs et les commerçants, au cours de la phase d’étude approfondie.

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2.2.3. Etude approfondie La phase d’étude approfondie a porté essentiellement sur des enquêtes structurées auprès d’un échantillon de collecteurs des noix, de transformateurs et de commerçants. Ces enquêtes structurées ont été réalisées par des enquêteurs sous la supervision des chercheurs. Au total 30 collecteurs des noix de karité, 61 transformateurs des amandes de karité en beurre et 23 commerçants du beurre de karité ont été enquêtés (tableau 2.3). Le choix des enquêtés a été réalisé de façon aléatoire. Le principal critère de choix est l’implication dans cette activité de l’enquêté. A Parakou et Bohicon, c’est seulement des intermédiaires qui ont été enquêtés. Ces deux marchés constituent les grands lieux de commercialisation du Beurre de Karité.

Tableau 2.1. Répartition des acteurs enquêtés par Communes

Acteurs enquêtés Communes Villages Collecteurs des noix Transformateurs Commerçants

Banikoara Simpérou et kingarou 10 21 0

Bembèrèkè Ina 5 10 0

N’Dali Sirarou 5 10 2

Djougou Moné et Barei 10 20 0

Parakou Centre (Marchés) 0 0 11

Bohicon Centre (Marchés) 0 0 10

Total 30 61 23 Source : Enquêtes, 2004

2.3. Méthode d’analyse des données

Après la collecte des données, les fiches d’enquête ont été contrôlées puis une codification a été effectuée. Le modèle SCP (Structure-Conduite et Performance) a été utilisé. En plus de ce modèle, les contraintes ont été dégagées et hiérarchisées par acteurs. Le modèle SCP est la méthode généralement adoptée pour l’analyse de la performance du système de commercialisation des produits agricoles. Ce modèle a trouvé son application dans le secteur agricole par Clodius et Muëller (1961) et a servi régulièrement comme outil d’évaluation de la performance du système de commercialisation. Pour Harriss (1980), le recours à ce paradigme par les économistes constitue de leur part un effort pour trouver un compromis entre les structures formelles de la théorie économique et les observations empiriques de l’expérience organisationnelle des marchés. Cette méthode distingue trois volets dans l’analyse du marché : la structure du marché, la conduite des acteurs et la performance du marché. La structure du marché est l’ensemble des caractéristiques organisationnelles du marché qui semblent influer de façon stratégique sur la nature de la compétition et sur le processus de formation des prix dans le marché. Ces caractéristiques déterminent les rapports entre les acteurs. Dans le cadre de cette étude, il s’agira de déterminer les caractéristiques des différents acteurs impliqués dans la production et la commercialisation du beurre de karité. Ces acteurs concernent les collecteurs des noix de karité, les transformateurs des amandes de karité en beurre et les commerçants du beurre de karité.

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La conduite des acteurs constitue les modèles de comportement que suivent les acteurs afin de pouvoir s’adapter ou s’ajuster aux marchés dans lesquels ils vendent ou achètent. Il s’agit des stratégies utilisées par les acteurs qui opèrent dans le marché. La performance du marché concerne les résultats économiques de l’ensemble des intervenants de la filière. Elle s’intéresse aux relations existant entre les marges commerciales et les coûts des services commerciaux. Le Meur (1994) par ses critiques sur ce paradigme souligne que ce modèle devrait également intégrer les relations sociales entre tous les intervenants dans la chaîne de commercialisation pour mieux refléter la réalité. Dans la présente étude, le paradigme SCP sera interprété comme un modèle dynamique (qui tient compte des effets de feed-back de l’aval vers l’amont du modèle). Les données ont été saisies dans le logiciel Excel. Les analyses statistiques ont été effectuées avec le logiciel statistique SPSS. L’analyse des données a consisté en des calculs des statistiques descriptives notamment des fréquences, des moyennes et des écarts-types. Des tests non paramétriques (notamment le test de Kendall) sont également faits. Ce dernier a été utilisé pour tester la concordance des classements effectués par chaque acteur. Sur le plan économique, des comptes d’exploitation ont été montés pour chacun des acteurs. La répartition des consommations intermédiaires et des valeurs ajoutées entre les différentes catégories d’acteurs a été aussi déterminée. La valeur ajoutée et les marges nettes ont été aussi estimées en fonction de l’âge des plantations.

3. ANALYSE DE LA PRODUCTION DES FRUITS DE KARITE

3.1. Organisation de la production et de la récolte des fruits de karité 3.1.1. Installation des plantations de karité et récolte des noix La production de karité ne connaît pas encore des actions de production intense. Les plantations s’installent naturellement. Les arbres poussent de façon naturelle dans la brousse et dans les champs de culture. Les producteurs procèdent seulement à l’entretien des jeunes pousses. On note alors un vieillissement accentué des peuplements et l'augmentation des attaques parasitaires (INRAB, 2003). Les producteurs réservent souvent les arbres à leurs femmes qui s’occupent essentiellement de la cueillette. La récolte du karité demeure encore au stade de ceuillette. La récolte consiste au ramassage des fruits qui sont tombés à la main. Elle s’effectue essentiellement par les femmes. Elles sont pour la plupart mariées (90%) et ont un âge moyen de 41 ans. Elles ont pour activité principale l’agriculture. Le ramassage des fruits représente une activité secondaire. La plupart de ces femmes font également la transformation des amandes en beurre. Dans le département du Borgou, la cueillette dans les plantatsions s’effectue essentiellement par les femmes des propriétaires des domaines. Dans ces localités, il est interdit de ramasser les noix dans les champs d’autrui. Par contre, dans les autres localités, la cueillette s’effectue dans toutes les plantations. Il n’existe pas de droit de propriété. La cueillette est libre dans les champs de jachère. Les plantations exploitées représentent dans 54% des cas la propriété de leur époux. Le rendement du karité est cyclique. Les meilleurs rendements s’observent tous

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les deux ans. En fait, cette situation est souvent due à l’âge avancé des arbres, aux aléeas climatiques, au feu de brousse et la surexploitation des arbres. Ellles tirent environ 56% de leur revenu annuel de cette activité de cueillette. Cette activité de ramassage des fruits de karité débute pendant la saison sèche. Tableau 3.6. Caractéristiques des cueilleurs des fruits de karité

Communes % de femmes Age moyen (an)

Situation matrimoniale (% de mariée)

Activité principale

Agriculture (%)

Possession de plantation

naturelle (%)

% de revenu annuel

provenant de la cueillette

Banikoara 100 38 80 40 61

Bembèrèkè 100 37 75 100 100 54

Djougou 100 46 100 100 40 56,5

N’Dali 100 39 100 100 80 44 Ensemble 100 41 89,7 100 53,6 55,5 Source : Enquêtes, 2004

3.1.2. Superficies exploitées et stockage des noix de karité Les superficies exploitées par les cueilleurs varient fortement d’une localité à l’autre. En moyenne, les cueilleurs exploitent environ 2 ha par an. Les plus faibles superficies s’observent dans les communes de Banikoara et de N’Dali. Tableau 3.7. Superficies exploitées et stockage des fruits de karité

Communes Superficie moyenne

exploitée (ha)

Rendement moyen en fruits

(kg/ha)

% récolte stockée (%)

Durée du stockage (mois)

Taux de perte au Stockage (%)

Banikoara 0,83 253,33 80 6,44 -

Bembèrèkè 5 90,67 100 4,60 6,7

Djougou 6,5 708 40 6,52 0,8

N’Dali 0,69 2240 60 3,3 6,3 Ensemble 2,77 1002,1 66,7 5,48 7,9 Source : Enquêtes, 2004

En outre, le rendement moyen est de 1000 kg/ha avec une forte variation. En fait, il existe une grande disparité dans les rendements. Les faibles rendements obtenus dans les localités de Bembèrèkè et de Banikoara sont liés au nombre relativement faible des plants à l’hectare. En effet, le nombre de pieds de karité à l’hectare est de 4 plants à Banikoara et de 7 plants à Bembèrèkè contre 31 plants à N’Dali. Il ressort de cette observation que la production des fruits de karité est faible dans le département de l’Alibori.

Par ailleurs, la grande majorité (67%) des cueilleurs stockent les noix. Cette stratégie est celle qui est recommandée afin d’obtenir du beurre de meilleur qualité. En effet, les noix nouvellement récoltés ont un taux relativement élevé d’eau ; donc ne donnent pas un beurre de meilleur qualité. La durée de stockage varie de 4 à 5 mois. Toutefois, il s’observe des pertes lors du stockage. Le pourcentage des pertes est de 8% pour 5 mois de stockage.

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3.1.3. Commercialisation primaire des noix de karité La commercialisation des noix de karité constitue le premier niveau de commercialisation du beurre de karité. Tout au long de la chaîne de commercialisation, le prix des noix de karité est généralement fixé par l’acheteur (les transformateurs et parfois les commerçants) et varie en fonction de la période. Pendant la période de collecte, les noix de l’ancienne récolte coûtent plus chers. La vente des noix de karité par les cueilleurs se fait dans la plupart des cas à domicile où dans les marchés locaux des villages. Le prix de vente varie également suivant les lieux et les acteurs en présence. Mais d’une manière générale, le prix minimum est de 60 Fcfa/kg et le maximum est de 350 Fcfa/kg, au cours de la campagne 2002-2003. La vente se fait entre janvier et juin. Le prix le plus faible s’observe entre janvier et février et le plus élevé entre mars et avril.

Les principales contraintes auxquelles sont confrontées les collecteurs des noix sont présentées dans le tableau 3.8. De ce tableau, il ressort que les riques de blessures, les aléas climatiques et la rareté de noix sont les principales contraintes. 3.8. Principales contraintes à la collecte des noix de karité Contraintes Rang moyen Ordre Test de concordance de Kendall Risques élevés de Blessures 4,02 1 N 30Forte variation du climatique 4,33 2 W de Kendall 0,048Rareté des noix 4,35 3 Chi-Square 10,06Fatigue liée à la cueillette 4,43 4 dl 7Rencontre de mauvais esprits 4,50 5 Probabilité 0,185Difficulté d’Approvisionnement en eau 4,68 6 Pénibilité du Transport des noix 4,83 7

3.1.4. Rentabilité de la commercialisation primaire des noix de karité Le compte d’exploitation de la collecte primaire des noix de karité a été montée pour apporter des précisions sur les marges bénéficiaires des collecteurs moyens des noix de karité. Le tableau 3.9 présente le compte d’exploitation. L’analyse de ce tableau montre que le résultat net d’exploitation est pour l’ensemble des zones de 59,7 Fcfa/kg. Cette valeur montre que la collecte des noix de karité est une activité très rentable pour les collecteurs. La zone de Banikoara est celle qui obtient la rentabilité la plus élevée.

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3.9. Compte d’exploitation pour la collecte primaire des noix de karité Paramètres Unité N'Dali Bembèrèkè Banikoara Djougou Ensemble Rendement kg/ha 2240,0 90,7 253,3 708,0 1002,1

Perte de noix % 0,0 4,0 0,5 5,1 2,5

Perte de noix kg/ha 0,0 3,6 1,3 36,1 25,1

Quantité de noix vendue kg/ha 2240,0 87,0 252,1 671,9 977,1

Prix de vente Fcfa/kg 89,1 75,4 91,2 56,9 74,6

Produit brut Fcfa/ha 199494,4 6560,4 22983,1 38257,5 72859,2

Nombre de plant à l'ha , 31,3 6,5 4,4 9,3 14,9

Produit brut Fcfa/arbre/an 6383,8 1009,3 5176,4 4100,5 4876,8

Main-d'œuvre Fcfa/ha 25088,0 1813,4 100,0 6081,7 11674,6

Main-d'œuvre Fcfa/kg 11,2 20,0 0,4 8,6 11,7

Main-d'œuvre Fcfa/arbre/an 802,8 279,0 22,5 651,8 781,4

Marge brute Fcfa/ha 174406,4 4747,0 22883,1 32175,8 61184,6

Marge brute Fcfa/kg 77,9 52,4 90,3 45,4 61,1

Marge brute Fcfa/arbre/an 5581,0 730,3 5153,9 3448,6 4095,4

Amortissement Fcfa/an 697,0 975,7 1539,7 655,4 1010,5

Amortissement Fcfa/kg 0,3 10,8 6,1 0,9 1,0

Amortissement Fcfa/arbre/an 22,3 150,1 346,8 70,3 67,6

Amortissement pour le stockage Fcfa/an 1404,0 417,8 75,8 25,5 337,4

Amortissement pour le stockage Fcfa/kg 0,6 4,6 0,3 0,0 0,3

Amortissement pour le stockage Fcfa/arbre/an 44,9 64,3 17,1 2,7 22,6 Coût total de production Fcfa/ha 27189,0 3206,9 1715,5 6762,7 13022,5 Coût total de production Fcfa/kg 12,1 35,4 6,8 9,6 13,0 Coût total de production Fcfa/arbre/an 870,0 493,4 386,4 724,8 871,7 Résultat net d'exploitation Fcfa/ha 172305,4 3353,6 21267,6 31494,9 59836,7 Résultat net d'exploitation Fcfa/kg 76,9 37,0 84,0 44,5 59,7 Résultat net d'exploitation Fcfa/arbre/an 5513,8 515,9 4790,0 3375,7 4005,1 Rapport RNE/CT % 633,7 104,6 1239,7 465,7 459,5

4. ANALYSE DE LA TRANSFORMATION DES NOIX DE KARITE EN BEURRE

4.1. Caractéristiques des transformateurs des noix de karité en beurre Les transformateurs des noix de karité en beurre constituent les acteurs clés de la filière beurre de karité. Ils sont constitués essentiellement des femmes et sont les clients privilégiés des collecteurs des fruits de karité. Ils sont en majorités des femmes mariées (90%) et ont comme activité principale l’agriculture. Ils sont âgés en moyenne de 37 ans et opèrent dans la transformation du karité depuis en moyenne 18 ans. La transformation du karité constitue une activité traditionnelle pour les populations du nord du Bénin. Cette activité de transformation contribue pour environ 60% du revenu annuelle total des transformateurs. En fait, la transformation des noix de karité occupe les transformateurs en période de sécheresse.

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Les équipements de transformation sont constitués principalement du mortier et du moulin à maïs. Le mortier sert au broyage des noix de karité. Toutefois, certaines tentatives de mécanisation de cette opération s’observent. En effet, dans le département du Borgou un broyeur motorisé a été mis au point et introduit par un fabriquant local. Dans la zone de la Donga un broyeur motorisé a été introduit par la Coopérative Béninoise des Matériels Agricoles (COBEMAG). Pour améliorer les performances techniques (changement difficile des meules en pierre) le Programme Technologies Agricole et Alimentaire (PTAA) en collaboration du Programme Analyse de la Politique Agricole (PAPA) de l’INRAB ont introduit un couple d’équipement en essai à Banikoara. Pour la mouture, mis à part le moulin de COBEMAG, le moulin à maïs constituent l’équipement le plus répandu dans la mouture du karité.

4.2. Performance financière de la production du beurre de karité Pour apporter des informations chiffrées sur la rentabilité de la transformation du karité en beurre, un compte d’exploitation a été monté pour les transformateurs moyens des différentes Communes d’étude. Les résultats obtenus et présentés dans le tableau 3.10 indiquent que la consommation intermédiaire est en moyenne de 91Fcfa/kg de noix de karité traitée et varie entre 65 à 181 Fcfa/kg. La valeur ajoutée générée par la production du beurre de karité est en moyenne de 238 Fcfa/kg. Le résultat net d’exploitation est de 191Fcfa/kg. Tout comme la collecte des noix de karité, la transformation constitue également une activité rentable pour les transformateurs. Le rapport du résultat net d’exploitation sur les coûts totaux de production donne une valeur moyenne de 65,80%. Cela indique donc que pour 100 Fcfa investis dans la transformation des noix de karité, on obtient un bénéfice net de 65,8 Fcfa.

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Tableau 4.1. Compte d’exploitation pour la production du beurre de karité par Commune

Rubrique Unité Djougou Banikoara Bembèrèkè N'Dali Ensemble Quantité achetée kg 97,10 95,00 67,00 72,00 77,80 Prix total d'achat Fcfa 5528,87 8662,10 5049,79 6412,32 5801,55 Perte de matière première % 0,68 1,32 2,20 0,00 0,94 Perte de matière première kg 0,66 1,25 1,47 0,00 0,73 Perte de matière première Fcfa/kg 0,38 1,20 1,66 0,00 0,70 Quantité de beurre obtenue kg 41,68 32,81 30,12 38,00 32,73 Rendement en beurre % 43,21 35,00 45,97 52,78 42,47 Perte de beurre % 2,98 1,96 1,70 11,40 3,95 Chiffre d'affaire Fcfa 11396,26 12266,77 8004,04 8961,30 10762,70 Chiffre d'affaire Fcfa/kg de noix 273,44 373,85 265,72 235,82 328,84 Transport Fcfa 195,63 296,59 685,00 410,00 315,13 Consommation intermédiaire Fcfa 2635,37 5842,70 2156,36 2691,31 2852,37

Consommation intermédiaire Fcfa/kg 65,17 181,63 72,82 79,94 90,73

Valeur ajoutée Fcfa 8760,89 6424,07 5847,68 6269,99 7910,33 Valeur ajoutée Fcfa/kg 208,27 192,22 192,89 155,89 238,10 MOS Fcfa 1350,82 885,89 1594,14 1850,00 1810,91 MOS Fcfa/kg 14,01 9,45 24,33 25,69 23,50 Résultat brut d'exploitation Fcfa 7410,07 5538,18 4253,54 4419,99 6099,42 Résultat brut d'exploitation Fcfa/kg 194,27 182,77 168,56 130,19 214,61 Amortissement Fcfa 49,28 45,36 57,08 59,86 41,03 Amortissement Fcfa/kg 0,51 0,48 0,87 0,83 0,53 MOF Fcfa 1866,07 780,26 1300,74 1560,00 1786,93 MOF Fcfa/kg 19,35 8,32 19,85 21,67 23,19 Coût totaux Fcfa 5901,54 7554,21 5108,32 6161,18 6491,24 Coût totaux Fcfa/kg 99,04 199,89 117,87 128,13 137,95 Résultat net d'exploitation Fcfa 5494,72 4712,56 2895,72 2800,12 4271,47 Résultat net d'exploitation Fcfa/kg 174,41 173,97 147,84 107,69 190,89 Rapport VA/CI % 332,43% 109,95% 271,18% 232,97% 277,33% Rapport RNE/coût totaux % 93,11% 62,38% 56,69% 45,45% 65,80% Source : Enquête, 2004

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4.3. Contraintes à la cueillette des fruits de karité Plusieurs contraintes ont été évoquées par les transformateurs. Au niveau de la transformation des noix l’insuffisance des moyens financiers, la pénibilité de la transformation, le coût élevé du transport et la rareté des noix de karité constituent les quatre principales contraintes (tableau 3.11). Les résultats obtenus par Commune sont présentés en annexe 4.

Au niveau du stockage et de la conservation du beurre de karité (tableau 3.12), le manque de structure de stockage adéquat, la précarité des structures de stockage et la mévente.

Tableau 4.11. Résultats de la hiérarchisation des contraintes à la transformation des noix de karité

Contraintes Rang moyen Ordre Test de concordance de KendallInsuffisance de moyen financier 3,26 1 N 57 Pénibilité de transformation 3,42 2 W de Kendall 0,260 Coût élevé de transport 4,61 3 Khi-deux 118,49 Rareté des amandes de karité 4,66 4 dl 8 Abondance des transformateurs 4,92 5 Probabilité 0,000 Pénibilité de collecte des noix 5,28 6 Prix élevé d'achat des amandes 5,66 7 Tarification du puits ou manque d'eau 6,26 8 Insuffisance de broyeur et de moulin 6,93 9 Source : Enquête, 2004

Tableau 4.12. Résultats de la hiérarchisation des contraintes au stockage/conservation du beurre de karité

Contraintes Rang moyen Ordre Test de concordance de KendallManque de structure de stockage 3,46 1 N 57 Précarité de la structure de stockage 3,82 2 W de Kendall 0,230 Mévente 4,16 3 Khi-deux 91,80 Taux de perte élevé 4,32 4 dl 7 Pourriture des amandes 4,51 5 Probabilité 0,000 Déshydratation 4,63 6 Détérioration du beurre de karité 5,54 7 Concassage 5,58 8 Source : Enquête, 2004

5. ACTEURS, CIRCUITS DE COMMERCIALISATION ET CONDUITE DES ACTEURS DE COMMERCIALISATION DU BEURRE DE KARITE

5.1. Description des agents de commercialisation du beurre de karité Le circuit de commercialisation du beurre de karité est animé par plusieurs types d’agents de commercialisation. Ces agents peuvent être regroupés en deux grandes catégories à savoir les intermédiaires principaux et les partenaires des intermédiaires.

5.1.1. Les intermédiaires principaux Les intermédiaires principaux sont constitués essentiellement des détaillants, des grossistes des villages et des grands grossistes urbains. Les caractéristiques des commerçants sont présentées dans les tableaux 4.1, 4.2 et 4.3. les commerçants du beurre de karité sont essentiellement des femmes.

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* Les grossistes du village Ce sont des commerçants du village qui achètent auprès des transformateurs ou des détaillants des villages. Ils sont âgés en moyenne de 43 ans. Ce sont des en majorité des femmes mariées (96% des cas) et ont environ 12 ans d’expérience dans cette activité. Leur capital initial pour le démarrage de cette activité est estimé en moyenne à 45.915 Fcfa. Le commerce du beurre de karité constitue leur activité principale. La majorité de ces grossistes (66,7%) n’ont aucun niveau d’instruction. * Les grands grossistes Ce sont en général des commerçants urbains et qui constituent de gros stocks de beurre de karité par l’intermédiaire, des grossistes du village. Ils centralisent ces stocks qu’ils acheminent vers Cotonou et Abomey par des véhicules (bâchée). Ils possèdent un capital important et embrassent de grandes quantités de beurre. Le capital initial de ces grands grossistes est estimé à 122.140 Fcfa. Les grands grossistes ont une expérience de 13 ans dans la commercialisation du beurre de beurre de karité. Ils sont âgés en moyenne de 42 ans et n’ont aucun niveau d’instruction (71% des cas). Le commerce du beurre de karité constitue pour 86% l’activité principale. * Les détaillants dans les villages de production du beurre de karité, les détaillants exercent en même temps le rôle de détaillant de courtier pour les autres acteurs. On les retrouve également dans les milieux urbains où ils s’approvisionnent auprès des grands grossistes. Agés en moyenne de 50 ans des les milieux de production, ces détaillants ont environ 10ans d’expérience dans cette activité qui constitue pour eux une activité secondaire (90% des cas). Le capital initial de démarrage dans cette activité est très faible et est en moyenne de 1.565 Fcfa. Tout comme les autres acteurs, la majorité (80%) n’ont aucun niveau d’instruction. La totalité de ces femmes sont mariées.

Tableau 5.1. Répartition des commerçants suivant le sexe, niveau d’instruction et situation matrimoniale

Niveau d'instruction Situation matrimoniale Acteurs Aucun Primaire Secondaire Marié Célibataire Grossiste du village 4 (66,7) 1 (16,7) 1 (16,7) 5 (83,3) 1 (16,7)

Grand grossiste 5 (71,4) 1 (14,3) 1 (14,3) 7 (100,0) 0

Détaillants 8 (80) 2 (20) 0 10 (100,0) 0

Ensemble 17 (73,9) 4 (17,4) 2 (8,7) 22 (95,7) 0

( ) : pourcentage Source : Enquête, 2003

Tableau 5.2. Répartition des commerçants suivant la spécialisation, entrée dans le commerce et appréciation du capital initial nécessaire

Commerce du beurre de karité comme activité principale Appréciation du capital initial nécessaireActeurs Non Oui Elevé Faible Aucun

Grossiste du village 0 6 (100,0) 5 (83,3) 1 (16,7) Grand Grossiste 1 (14,3) 6 (85,7) 2 (28,6) 5 (71,4) Détaillant 9 (90,0) 1 (10,0) 6 (85,7) 1 (10,0) 6 (60,0) Ensemble 10 (43,5) 13 (56,5) 2 (8,7) 11 (47,8) 7 (30,4) ( ) : pourcentage Source : Enquête, 2003

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Tableau 5.3. Age, expérience et capital initial pour les différentes catégories de commerçants d’anacarde

Type de commerçant Age (an) Expérience dans le

commerce de beurre de karité (an)

Capital de démarrage (Fcfa)

Mean 43,50 11,83 45916,67 Grossiste du village Std Deviation (10,65) (8,47) (54543,94) Mean 42,14 13,00 122142,86 Grand Grossiste Std Deviation (8,71) (6,06) (137290,97) Mean 50,10 10,30 1564,29 Détaillants Std Deviation (15,12) (10,19) (1130,90) Mean 45,96 11,52 57072,50 Ensemble Std Deviation (12,41) (8,38) (97313,83)

( ) : Ecart-type Source : Enquête, 2003

5.1.2. Les partenaires des intermédiaires

Les partenaires des intermédiaires sont constitués des collecteurs des noix de karité, des transformateurs, des transporteurs et des consommateurs du beurre de karité. Les collecteurs des noix de karité et les transformateurs sont présentés dans les chapitres 3 et 4. Dans les grandes zones de production du beurre de karité (surtout au nord du Bénin), le beurre de karité rentre directement dans la consommation humaine et est utilisée de ce fait comme l’huile végétale la plus consommée. Par contre, en milieu urbain, le beurre de karité est utilisé dans la pharmacopée et en cosmétiques.

5.2. Circuits de commercialisation du beurre du karité Le circuit de commercialisation du beurre de karité paraît est très simple et fait intervenir cinq acteurs. En d’autres termes, il existe un nombre relativement faible entre les collecteurs des noix de karité et les consommateurs. La représentation schématique des circuits de commercialisation est donnée par la figure 4.1. En général, la commercialisation du beurre de karité suit au Bénin des circuits non officiels

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Relation Forte et fréquente

Consommateurs du beurre de karité

Détaillants urbains du beurre

Grands Grossistes urbains du beurre

Détaillants des villages du beurreGrossiste des villages du beurre

Transformateurs des noix en beurre

Collecteurs des noix

Producteurs des noix de karité

Figure 5.1. Circuit de commercialisation du beurre de karité du Bénin Source : Enquête, 2004

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5.3. Conduite des acteurs du beurre de karité 5.3.1. Formation du prix et Circulation de l’information Le prix de vente du beurre de karité est souvent fixé par les transformateurs qui constituent des boules. De manière globale, il faut retenir que l’information sur le prix circule des transformateurs aux grossistes. Malgré que les prix de vente restent inchangés d’une période à une autre, les transformateurs agis sur le poids des morceaux. L’unité des morceaux varient entre 25 Fcfa et 100 Fcfa. Le poids des poids de 25 Fcfa varie entre 0,12kg et 0,8 kg en fonction des périodes.

6. PERFORMANCE DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DU BEURRE DE KARITE

6.1. Prix et quantité Du beurre de karité commercialisé par les commerçants Les prix payés par les différentes catégories de commerçants aux transformateurs varient fortement d’une période à une autre. Les prix moyens sont élevés en période de forte et de moyenne activités qu’en période de faible activité, chez tous les commerçants enquêtés. Cette situation peut s’expliquer par le fait qu’en période de faible activité, les quantités de beurre disponibles auprès des transformateurs sont relativement faibles. Le tableau 6.1 présente les quantités de beurre de karité commercialisées par les différentes catégories de commerçants en fonction des périodes d’activités. L’observation de ce tableau permet de constater que chaque grand grossiste commercialise plus de 750 kg de beurre de karité en période de forte activité. Contrairement aux autres produits agricoles, les quantités commercialisées sont relativement faibles. Cette situation montre que l’offre en beurre de karité n’est pas très élevée.

Tableau 6.1. Variation du prix moyen d’achat du beurre de karité en kg de noix en fonction des périodes

Acteurs Prix d'achat en période de forte activité (Fcfa/kg) Prix d'achat en période de faible activité (Fcfa)Grossiste du village 385,7 (157,27) 373,21 (135,57) Grand Grossiste 287,14 (69,61) 287,14 (69,61) Détaillant 511,03 (73,29) 521,03 (98,10) ( ) : Ecart-type Source : Enquête, 2004

Tableau 6.2. Quantité moyenne de beurre de karité ommercialisée par agent en fonction des périodes

Quantité achetée en période de forte activité (kg)

Quantité achetée en période de faible activité (kg)

Grossiste des villages 670,79 (809,84) 160,00 (140,71) Grand Grossiste 768,33 (526,56) 201,67 (144,34) Détaillant 12,98 (11,13) 12,74 (26,76) ( ) : Ecart-type Source : Enquête, 2003

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6.2. Performance financière de la commercialisation du beurre de karité

Le tableau 5.3 présente le compte d’exploitation pour les différentes catégories de commerçants étudiés. Il se dégage de la lecture de ce tableau que les consommations intermédiaires des détaillants sont plus élevés que celles des deux autres agents. Les détaillants ont une consommation intermédiaire de 556 Fcfa/kg contre 395 pour les grands grossistes et 343 pour les grossistes des villages. De même, en ce qui concerne les coûts totaux de commercialisation, les détaillants sont ceux qui supportent les coûts les plus élevés. En effet, les détaillants ont un coût total de 584 Fcfa/kg de beurre commercialisé contre 399 pour les grands grossistes et 347 pour les grossistes des villages

Ce tableau indique que la marge brute et la marge nette de commercialisation sont positives pour tous agents de commercialisation du beurre de karité. La marge nette la plus élevée s’observe chez les détaillants qui ont une marge nette de 207 Fcfa/kg de beurre commercialisé. Tableau 6.3. Compte d’exploitation pour les différents commerçants

Rubriques Unité Grossiste du village Grand grossisteDétaillantQuantité achetée kg 670,79 768,33 12,98Prix unitaire d'achat Fcfa/kg 334,34 373,33 556,36Prix total d'achat Fcfa 224274,79 286844,44 7221,60Perte % 3,33 4,29 0,00Perte kg 22,36 32,93 0,00Quantité commercialisée kg 648,43 735,40 12,98Prix unitaire de vente Fcfa/kg 402,26 550,00 790,56Chiffre d'affaire Fcfa 260839,47 404472,6210261,46Transport Fcfa 5629,98 14637,97 0,00Manutention Fcfa/kg 0,67 2,64 0,00Consommation intermédiaire Fcfa 6078,95 16668,56 0,00Consommation intermédiaire Fcfa/kg 9,06 21,69 0,00Consommation intermédiaire (y compris le prix d'achat)Fcfa 230353,74 303513,01 7221,60Consommation intermédiaire (y compris le prix d'achat)Fcfa/kg 343,41 395,03 556,36Valeur ajoutée Fcfa 30485,73 100959,61 3039,86Valeur ajoutée Fcfa/kg 45,45 131,40 234,20Taxe de marché Fcfa 2082,45 2516,45 333,98Taxe de marché Fcfa/kg 3,10 3,28 25,73Résultat brut d'exploitation Fcfa 28403,28 98443,16 2705,88Résultat brut d'exploitation Fcfa/kg 42,34 128,13 208,47Coût totaux Fcfa 8358,53 19722,90 356,10Coût totaux Fcfa/kg 12,46 25,67 27,43Coût totaux (y compris prix d'achat) Fcfa 232633,32 306567,34 7577,70Coût totaux (y compris prix d'achat) Fcfa/kg 346,80 399,00 583,80Résultat net d'exploitation Fcfa 28206,15 97905,28 2683,76Résultat net d'exploitation Fcfa/kg 42,05 127,43 206,76Rapport VA/CI % 501,50% 605,69%- Rapport RNE/coût totaux % 337,45% 496,40% 753,66%Source : Enquête, 2004

6.3. Contraintes à la commercialisation du beurre de karité

Les principales contraintes à la commercialisation du beurre de karité sont celles présentées et hiérarchisées au tableau 6.3. Les résultats de ce tableau montrent que les quatre premières

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contraintes à la commercialisation du beurre de karité sont : la fusion de plusieurs qualités de beurre de karité, la cherté du beurre, la mévente et le coût de transport élevé.

Tableau 6.4. Contraintes à la commercialisation au niveau des commerçants

Contraintes Rang moyen Ordre Test de concordance de Kendall Fusion du beurre 3,83 1 N 23 Cherté du beurre 4,89 2 W de Kendall 0,160 Mévente 5,04 3 Khi-deux 33,04 Coût de transport élevé 5,22 4 dl 9 Manque de structure de stockage de beurre 5,83 5 Probabilité 0,000 Insuffisance des amandes 5,85 6 Nombre croissant de commerçants 6,04 7 Cherté des amandes 6,09 8 Taxe de marché 6,11 9 Saleté du beurre 6,11 10 Source : Enquête, 2004

7. CONCLUSION Au terme de cette étude, il se dégage que la commercialisation du beurre de karité se caractérise par une absence de coordination entre les activités des différents agents économiques intervenant dans la filière. Les acteurs de la commercialisation du beurre de karité sont les collecteurs des noix, les transformateurs des noix en beurre, les grossistes des villages, les grands grossistes urbains et les détaillants. La commercialisation du beurre de karité suit des circuits généralement non officiels. Le nombre de réseaux de commercialisation est faible. Les détaillants constituent les agents de commercialisation qui obtiennent les bénéficies les plus élevés. Plusieurs contraintes existent dans la commercialisation du beurre de karité. La difficulté du transport et la mévente constituent les principales contraintes de tous les agents de commercialisation.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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