ETUDE DDE LLA RRELATION...

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PROJET N° 0 QUALIVITI ETUDE DE LA RELATION PRODUIT/TERROIR Observatoires cépages PROJET N° 1 QUALIVITI

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  • PROJET N° 0

    QUALIVITI

    ETUDE DDE LLA RRELATIONPRODUIT/TERROIR

    Observatoires cépages

    PROJET N° 1

    QUALIVITI

    SH

  • En préambuleEn préambule

    ERIC CHANTELOTResponsable axe stratégique

    ITV France - Unité de Nîmes-Rodilhan

    Cet axe stratégique cherche à prendre en compte l’aspect terroir comme une composante prin-cipale de la qualité de la vendange.L’objectif à terme est de fournir des références utilisables :

    * pour le viticulteur et le technicien (agréage, conseil) pour une conduite optimisée par cépage,adaptée à chaque grand type de terroirs

    * pour la définition des cahiers des charges à la production, en particulier pour le “référentiel pro-duction intégrée”

    Ce programme s’articule autour de deux projets :

    MISE AU POINT DE MODÈLES QUALITÉ EN VITICULTURE

    Ce projet concerne l’élaboration d’un référentiel de modèles qualité en viticulture basé sur la recherchede relations simples, entre les facteurs de production (surface foliaire, rendement, charge), et les prin-cipaux paramètres de la qualité des vendanges et des vins en fonction des contextes pédo-climatiques.Ce projet est en cours de synthèse et de réorientation. Aucun compte rendu ne figure dans ce document.

    ETUDE DU COMPORTEMENT DES CÉPAGES

    Les objectifs du projet “observatoires cépages” sont :

    * l’étude du comportement agronomique et des potentialités écophysiologiques des cépages à l’échelle régionale

    * la recherche des critères de choix pédoclimatiques pour l’implantation des cépages (adaptationcépages/terroirs)

    * la valorisation oenologique par l’optimisation des procédés oenologiques selon le terroir et letype de vin souhaité.

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    VOS CONTACTS

    Etude de la relation produit/terroirTH. DUFOURCQ, ITV France - Unité de Gaillac, Chef de projet

    CollaborationF. DAVAUX, ITV France - Unité de GaillacV. LEMPEREUR, J.Y. CAHUREL, ITV France - Unité de Villefranche/SaôneM. GÉNETIER, J. MARSAULT, ITV France - Unité d’Angers-BeaucouzéC. RENAUD, ITV France - Unité de Nîmes-RodilhanGROUPE INTERRÉGIONAL MOURVÈDRE, Chambres Agriculture 09 - 49 - 81

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    OBSERVATOIRES CÉPAGES

    Contexte

    Les études menées au sein de ce projetvisent à caractériser des cépages à l'inté-rieur d'une zone de production ou d'appel-lation définie. Elles ont une implicationrégionale forte. Cinq cépages sont en coursd'études, il s'agit du Colombard et du FerServadou en Midi-Pyrénées, du Mourvèdreen Languedoc-Roussillon et PACA, duGamay en Beaujolais, du Merlot etGrolleau en Val de Loire. Les objectifs d'é-tudes sont très variés.

    Le Mourvèdre est un cépage très qualitatiflorsqu'il est bien implanté et bien conduit,mais sur lequel les références sont peunombreuses. L'étude vise à cerner lesbesoins du cépage et, à terme, de conseillerdes itinéraires techniques permettant de levaloriser au mieux sur l'ensemble du pour-tour méditerranéen.

    Le Colombard est un cépage qui occupeune part prépondérante dans la viticulturegersoise. Il possède des qualités aroma-tiques évoquant le buis, les agrumes, lesfruits exotiques qui présentent un grandintérêt œnologique. L'étude cherche àcaractériser le potentiel aromatique ducépage au cours de la maturation des rai-sins, sur les différents terroirs viticoles dela zone de production.

    Le Fer Servadou est un cépage traditionnelde Midi-Pyrénées. On le retrouve dans plu-sieurs appellations, des contrefortspyrénéens au plateau aveyronnais. Il possè-de des caractéristiques organoleptiques quirappellent les fruits rouges lorsqu'il estrécolté à pleine maturité. Lorsqu'il n'est pasparfaitement mûr, il donne des vins auxarômes herbacés et végétaux prononcés.L'étude cherche à mieux appréhender le

    rôle du facteur terroir sur ce caractère qua-litatif négatif qu'est la note végétale du vin.

    Le Gamay, en Beaujolais, présente des dis-parités de réponse en fonction de son lieud'implantation. L'observatoire mis en placedoit permettre l'acquisition de référencescomplètes sur les différentes situations,sol-plante-climat-praticien. A terme, cetteétude doit permettre de proposer des tech-niques de vinification les plus adaptées àchaque situation.

    Le Merlot et le Grolleau peuvent-ils entrercomme cépage accessoire et améliorateurdans les appellations Anjou rouge etSaumur rouge, telle est la problématique del'étude menée en Val de Loire.

    L'étude du cépage Mourvèdre a étédemandée par le comité de concertationtechnique Rhône-Méditerrannée. Lesobservatoires Colombard et Fer Servadouen Midi-Pyrénées et du Merlot et Grolleauen Anjou sont issus de demandes profes-sionnelles régionales.

    Activités 2001et perspectives 2002

    Mourvèdre

    L'observatoire Mourvèdre est une approcheinter-régionale et inter-organismes coor-donnée par l'ITV, il concerne l'ensemble dela zone Méditerranéenne de Banyuls àBandol, et s'étend jusqu'au sud del'Ardèche. Le réseau comprend 32 par-celles. Les partenaires impliqués sont lesChambres d'Agriculture des différentsdépartements concernés, Inter-Rhône,l'INRA, la Station Viti-vinicole en

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    Roussillon, le Syndicat des Côtes duRhône. Les suivis viticoles et une partiedes vinifications sont réalisés par ces colla-borateurs.

    La démarche mise en place se déroule enplusieurs étapes :

    * 1999 - 2002 : réseau de suivi de type Observatoire pour évaluer la diversitédes situations dans lesquelles estimplanté le cépage Mourvèdre etson comportement, et définir desgrandes classes sur le plan clima-tique et de type de sol

    * 2002-2004 : parmi la typologie des parcelles de l'Observatoire, on retient deux à trois parcelles par classe pour une étude des potentialités écophysiologiques par une étude approfondie en particulier sur les paramètres climatiques et les caractéristiques de l'alimentation en eau.

    L'objectif est d'évaluer avec un maximumde paramètres contrôlés (âge, porte-greffe,type de mode de conduite…) :

    * les besoins climatiques du cépage en terme de sommes de températures

    * les adaptations de ce cépage en fonction des types de sols et des contraintes hydriques

    Les protocoles communs de suivi viticoleet climatique des parcelles et de vinifica-tion ont été déterminés par le groupe de tra-vail inter-organismes en 98 et affinés en1999 et 2000.

    Le suivi comprend la phénologie, lesparamètres morphologiques, l'analysefoliaire, l'état de la végétation et de la par-celle à la véraison, l'évaluation de l'alimen-tation hydrique, le suivi de la maturation etl'analyse polyphénolique de la vendange.

    Une base de données a été conçue en 2000pour permettre aux partenaires une saisiedirecte et harmonisée de leurs données ter-rains. La collecte et l'archivage sont ainsifacilités.

    En 2001, le choix a été fait de ne pas refai-re de traitement statistique poussé maisplutôt d'attendre de disposer de toutes lesannées de mesure.

    Colombard

    L'observatoire recouvre 6 parcelles répar-ties sur 6 unités agro-pédologiques repré-sentatives de la zone de production desVins de Pays des Côtes de Gascogne.

    Les composés aromatiques mis en éviden-ce dans les vins de Colombard sont : le 3-mercapto-hexanol (3MH) et l'acétate de 3-mercapto-hexile (A3MH). Ces composés,présents sous forme de précurseurs dans lesmoûts de raisin sont révélés par action deslevures au cours de la fermentation alcoo-lique.

    Le dosage de ces traceurs, possible par destechniques d'analyses fines, donnent denouvelles perspectives à l'étude et à la com-préhension du comportement de la plantedans son terroir.

    Le dosage des composés aromatiques en1999 et 2000 nous a renseigné sur leur qua-lité et leur quantité dans les vins issus desdifférents terroirs. L'alimentation hydriquejoue un rôle prépondérant au cours de lamaturation.

    Trois dates de récoltes ont été réalisées en2001, afin de mieux comprendre les phé-nomènes induisant une maturité aroma-tique. L'objectif est de mettre en évidenceun comportement différent, en fonction durégime hydrique induit par la nature du sol,dans la synthèse des précurseurs du 3MHet du A3MH au cours de la maturation.

    Les vins de Colombard sont ensuite soumisà l'expertise d'un jury spécialemententraîné à la dégustation et à l'appréciationde sa typicité.

    Des travaux de recherche fondamentalemontrent qu'il est possible de doser les pré-curseurs aromatiques du 3MH et du A3MHprésents dans les baies de raisins. L'accès àces dosages permettrait certainement une

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    réponse aux hypothèses que nous formu-lons.

    Fer Servadou

    L'étude du cépage Fer Servadou a démarréen 99. L'objectif de l'observatoire est d'étudier l'é-volution au cours de la maturation du mar-queur aromatique 2-Isobutyl-3-MéthoxyPyrazine (IBMP, indicateur dugoût herbacé) en fonction de différents ter-roirs.Sur différentes AOC, Marcillac, Madiran,Gaillac, Fronton et AOVDQS Côtes deBruilhois, des parcelles représentatives(14) ont été sélectionnées et suivies selonun protocole proche de celui de l'observa-toire Mourvèdre.

    En complément, sur une parcelle duGaillacois, l'incidence des techniques cul-turales est étudiée (effeuillage, éclaircissa-ge), et sur une parcelle de Madiran, l'in-fluence de la date de récolte est évaluée.Différents itinéraires de vinifications sontensuite mis en comparaison (classique,macération à chaud et microbullage).

    Le dosage de l'IBMP s'inscrit dans unedémarche de mise en évidence des traceursfins dans les vins, grâce aux techniquesanalytiques de plus en plus poussées pro-posées par la recherche fondamentale. Cesanalyses fines, complétées par la dégusta-tion des vins avec des jurys spécialementformés, permettent de s'appuyer sur desmesures scientifiques pour confirmer noshypothèses ou confronter les nombreuxparamètres enregistrés au champ.

    La mise au point de la méthode de dosagede l'IBMP a connu quelques problèmes en2001. Les résultats fiabilisés des dosagessont attendus pour 2002.

    Gamay

    Un observatoire des situations représen-tatives du Beaujolais a débuté en 2000. Lesobjectifs sont les suivants :

    * mieux caractériser les millésimes en Beaujolais

    * évaluer la variabilité des caractéris-tiques des raisins et des vins issus desituations différentes (sol - plante -climat - praticien)

    * obtenir des références sur l'influence de techniques de vinification sur les vendanges issues de situations diffé-rentes.

    Le réseau comporte dix parcelles. Le suiviviticole est proche de celui mentionné pourle Mourvèdre. Chaque parcelle a fait l'objetde deux vinifications, une identique entretoutes et identique d'une année sur l'autre etune variante, cette année une souche delevure a été testée.

    Les résultats montrent une influence certai-ne de la souche de levure utilisée en fonc-tion de la situation. Cette première annéed'acquisition de références montre unegrande disparité dans les paramètresobservés tant sur le plan viticole (vigueur,surface foliaire exposée, rendement) qu'œ-nologique (acidité, couleur).

    Merlot et Grolleau

    Les objectifs du réseau Merlot et Grolleausont :

    * évaluer les potentialités propres et les caractéristiques viticoles du cépage Merlot en zone Anjou - Saumur

    * évaluer l'intérêt des cépages Grolleau et Merlot comme cépages accessoires pour la production des vins rouges d'Anjou en alternative aux Cabernets

    * évaluer l'intérêt du Merlot comme cépage accessoire pour la production des vins rouges du Saumurois en alternative aux Cabernets.

    En zone Anjou, l'étude comparative de troiscépages (Cabernet Franc, Grolleau,Merlot) est réalisée sur trois situations deterroir différentes et représentatives de larégion : Roche de type Falun, Altération deschistes friables et Argile d'altération.

    En zone Saumuroise , l'étude comparative

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    se limite à deux cépages (Cabernet Franc etMerlot) sur deux terroirs différents : Rocheet Altération du turonien.

    Le réseau actuellement en place permetd'avoir une bonne idée du comportementde ces trois cépages dans les situations deterroirs des appellations Anjou/Saumur.

    Toutefois, il ne permet pas leur comparai-son rigoureuse et scientifique (en zoneAnjou notamment). Il ne constitue donc

    qu'une première approche dans l'étuded'une éventuelle modification de l'encépa-gement des appellations.

    Les vins sont dégustés par un jury de pro-fessionnels et par un jury expert.

    Les cépages présentent des différences deprécocité en fonction des terroirs. Ladégustation des vins 2000 ne permet pas dedifférencier les vins de manière signifi-cative.

  • ITINÉRAIRES TTECHNIQUESEN VVITICULTURE

    Entretien des sols viticolesOptimisation de la conduite de la vigneFertilité des sols viticoles - Indicateurs biologiquesPépinières viticoles

    PROJET N° 2

    VITISYSTEM

  • En préambuleEn préambule

    ERIC CHANTELOTResponsable axe stratégique

    ITV France - Unité de Nîmes-Rodilhan

    Cet axe stratégique étudie les itinéraires techniques viticoles. Il adopte une approche systé-mique qui se caractérise par la prise en compte du système sol/vigne/vin/coût.Trois préoccupations majeures sont à l’origine de cette approche globale du système :

    * la maîtrise pratique (incidence directe mesurable) et scientifique (compréhension des phénomènes mis en oeuvre) des techniques

    * la prise en compte des impacts environnementaux d’une technique et de l’itinéraire technique associé. Cette approche est indispensable dans un contexte où le souci de la protection de l’environnement provoque des contraintes réglementaires et sociales de plus en plus importantes

    * l’impact économique d’une technique est un moteur essentiel de l’évolution des pratiques culturales

    Cet axe stratégique se compose de quatre projets :

    ENTRETIEN DES SOLS VITICOLES

    L’objectif est de développer des itinéraires techniques alternatifs au désherbage chimique (réductiondes herbicides de prélevée, enherbement...).

    CONDUITE DE LA VIGNE

    Ce projet est orienté sur la maîtrise du rapport feuille/fruit, comme outil de raisonnement de la condui-te de la vigne. Les indicateurs de résultats sont la qualité et la maîtrise des coûts.

    FERTILITÉ DES SOLS

    L’objectif consiste à définir l’impact des pratiques culturales sur la pérennité des sols. La réalisation decet objectif nécessite au préalable de définir une méthode de caractérisation des sols.

    PÉPINIÈRES VITICOLES

    Ce projet a débuté en 2000. Il présente la particularité de constituer une approche multi-sectorielle. Eneffet, quatre niveaux d’approche sont retenus : la mécanisation des opérations de préparation des plants,la fertilisation, la gestion des effluents engendrés par le traitement des plants et l’élaboration d’uncahier des charges de Production Intégrée.

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    VOS CONTACTS

    Entretien des sols viticolesE. CHANTELOT, ITV France - Unité de Nîmes-Rodilhan, Chef de projet

    CollaborationM. GÉNETIER, J. MARSAULT, ITV France - Unité d’Angers-BeaucouzéE. SERRANO, ITV France - Unité de GaillacP.Y. PRUD’HOMME, ITV France - Unité de Bordeaux-BlanquefortE. MEYER, ITV France - Unité de ColmarY. HEINZLÉ, ITV France - Unité de Mâcon-Davayé

    Optimisation de la conduite de la vigneC. RENAUD, ITV France - Unité de Nîmes-Rodilhan, Chef de projet

    CollaborationE. SERRANO, TH. DUFOURCQ, ITV France - Unité de GaillacP.Y. PRUD’HOMME, M. RAYNAL, ITV France - Unité de Bordeaux-BlanquefortG. CULAS, ITV France - Antenne de ChambéryM. GÉNETIER, ITV France - Unité d’Angers-BeaucouzéI. LEGOFF, ITV France - Antenne d’Aix en ProvenceJ.Y. CAHUREL, ITV France - Unité de Villefranche/SaôneE. MEYER, ITV France - Unité de Colmar

    Fertilité des sols viticoles - Indicateurs biologiquesE. CHANTELOT, ITV France - Unité de Nîmes-Rodilhan, Chef de projet

    CollaborationJ.Y. CAHUREL, ITV France - Unité de Villefranche/SaôneD. REGOURD, ITV France - Unité de GaillacE. MEYER, ITV France - Unité de Colmar

    Pépinières viticolesC. RENAUD, ITV France - Unité de Nîmes-Rodilhan, Chef de projet

    CollaborationC. CAVIGLIO, ITV France - Unité de Montpellier-GrabelsJL DEMARS, ITV France - Unité d’EpernayJ.Y. CAHUREL, ITV France - Unité de Villefranche/SaôneG. SENTENAC, ITV France - Unité de BeauneI. LEGOFF, ITV France - Antenne d’Aix en Provence

    PartenairesENTAV - ONIVINS - CEMAGREF - FÉDÉRATIONS DES SYNDICATS DE PÉPINIÉRISTES -CA 33 - 30 - 11 - 84 - SICAREX SUD-OUEST - GRAB - CEPEM - SPBPVV - CIVC -SICAREX BEAUJOLAIS - PROTECTION DES VÉGÉTAUX - CTIFL

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    ENTRETIEN DES SOLS VITICOLES

    Contexte

    Avec le développement de la notion de viti-culture raisonnée, les pratiques d'entretiendu sol sont en pleine mutation. Les itiné-raires techniques actuels basés principale-ment sur le désherbage chimique intégraldoivent évoluer. Le respect de l'environne-ment (préservation du patrimoine et qualitédes eaux) et l'assurance d'un produit dequalité constituent le cadre de cette nouvel-le orientation technique.

    L'avenir se situe dans une utilisation rai-sonnée des herbicides. Ceci peut seconcrétiser par le recours au désherbagechimique uniquement sous le rang devigne. Dans l'interrang des techniquescomme l'enherbement ou le travail du solsont alors à envisager.

    En terme de “profil environnemental”, l'en-herbement est la pratique d'entretien du solla plus satisfaisante. Il nous apparaît oppor-tun d'appuyer et d'accompagner son déve-loppement.

    Son impact sur la vigne est aujourd'huiconnu et certaines adaptations permettentde le maîtriser. Toutefois, cette techniquene peut s'appliquer à toutes les situations.C'est pourquoi nous poursuivons nos tra-vaux afin de connaître les mécanismes deconcurrence induits par la présence d'uncouvert végétal.

    Bilan et perspectives

    Les études réalisées en 2001 sur la concur-rence hydrique et minérale induite par l'en-herbement nous ont permis de confirmerles résultats évoqués les années précé-dentes.

    Ainsi, la mesure du potentiel foliaire debase (évaluation du stress hydrique) ne dis-crimine pas les modalités témoin etenherbées. Cette observation est conformeà celles réalisées par I. MOULIS et R.MORLAT. Ces deux études retenaientcomme hypothèse d'explication la deman-de d'évapotranspiration inférieure de lavigne enherbée en raison d'une surfacefoliaire totale inférieure.

    Toutefois, cette réduction végétative est-elle la résultante d'une concurrencehydrique ?

    Les résultats que nous avons obtenus sem-blent indiquer que l'effet d'une concurrenceazotée n'est pas à négliger. Tout d'abord,nous constatons que la réduction de crois-sance végétative est présente dès le débour-rement. On peut donc supposer qu'il s'agitlà d'un effet lié à la concurrence exercéel'année précédente. Cette hypothèse sembleconfirmée par l'analyse de la teneur azotéedes bois. Les réserves en acides aminéslibres ou en sucres sont plus faibles lorsquela vigne est enherbée.

    De plus, nous observons une quantitéd'azote dans le sol inférieure sur la moda-lité enherbée durant tout le cycle. Cettedifférence se crée entre le débourrement etla floraison, période durant laquelle lavigne assimile très peu d'azote du sol maisse développe sur ses réserves. C'est doncl'herbe qui prélevant l'azote du sol en débutdu cycle provoque une moindre disponibi-lité pour la vigne par la suite.

    Au niveau de la plante, quelle que soit lasituation, une limitation de la teneur azotéedes baies est constatée. Par contre, l'impact sur l'azote des feuillesn'est pas systématique mais est précoce

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    (entre débourrement et floraison). Si onretient l'hypothèse qu'en début de cycle lavigne prélève peu d'azote dans le sol, onpeut penser que cette observation reflète uneffet lié à la concurrence exercée l'annéeprécédente.En résumé, la réduction de la croissancevégétative induite par la présence d'herbe adeux origines : l'une est hydrique et l'autreest minérale (azote).

    L'effet de la contrainte hydrique est fonc-tion des conditions du millésime. A l'inver-se l'impact de la concurrence azotée estfonction du niveau d'assimilation de laplante l'année précédente. Cette capacitéd'alimentation de la vigne est perturbée enraison d'un prélèvement en azote importantde l'herbe en début de cycle végétatif de lavigne.

    Ainsi, l'incidence de l'herbe sur l'alimenta-tion azotée de la vigne est précoce. Il s'ex-prime en année n par une réduction de lateneur azotée des baies et en année n+1 parune réduction précoce de croissance végé-tative. L'effet sur le teneur en azote desfeuilles par contre ne semble présent qu'encas de forte concurrence.

    En 2001, les analyses azotées foliaireseffectuées confirment les observations desannées précédentes : entre la floraison et lavéraison la teneur en azote des feuilles estconstante (Cf. Graphique 1). Sur nos essaisl'échantillon analysé est constitué dedisques foliaires. Cette méthode présentel'avantage d'évaluer la teneur azotée parunité de surface et d'éviter ainsi les varia-tions de teneur dues aux modificationsphysiologiques de la feuille en cours decycle (épaississement).

    Toutefois, afin de s'assurer de la fiabilitédes résultats nous conseillons de préleverdes disques de diamètre minimum de 10 mm. Si la teneur en azote dans la feuille estconstante, on peut supposer que la planteva chercher à réguler sa croissance végéta-tive en fonction de la quantité d'azote assi-milée. En cas de limitation de cette assimi-lation on peut penser que la plante va rédui-re la quantité de feuilles émises afin deconserver la même teneur azotée dans cestissus foliaires.

    A l'issue de ces trois années d'étude, nousrecommandons donc d'évaluer la teneurazotée des feuilles par unité de surface.Une analyse à la floraison ou à la véraisonsuffit pour connaître le niveau azoté de laplante.

    Par ailleurs, nous confirmons, quelle quesoit la région, l'intérêt des apports par voiefoliaire d'azote (urée) pour corriger la dimi-nution de la teneur en azote des moûts ensystème enherbé. Par rapport à la modalité enherbée cetapport permet une augmentation moyennede l'ordre de 25 %.

    Ainsi, en fonction de la teneur initial de laparcelle et du degré de concurrence del'herbe, l'effet compensatoire par rapport autémoin sera variable (de l'ordre de 50 à100%).

    Cet apport doit s'effectuer en encadrementde la véraison (entre fermeture de la grap-pe et mi-véraison). Deux apports de 5kg/ha espacés d'une dizaine de jours sontsuffisants. Le volume d'application doitêtre élevé pour assurer une bonne dilutionde l'urée et éviter des symptômes de brûlu-re du feuillage.

    En terme de perspective les essais sur l'en-herbement et la concurrence hydro-minéra-le sont maintenue en région Languedoc.Durant la campagne 2002, un rapproche-ment avec l'INRA Montpellier et l'INRABordeaux devrait permettre de préciser nosinvestigations et de bâtir un programme dethèse.

    Graphique 1 : Evolution de la teneur en azote foliaireentre la floraison et la véraison

    N (g/cm2)

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    De plus, compte tenu de l'évolution ducontexte réglementaire sur l'usage des her-bicides nous envisageons de renforcernotre implication sur les méthodes d'entre-tien des sols.

    Ceci prendra deux axes : d'une part larelance d'expérimentation sur les stratégiesherbicides, et d'autre part, le développe-ment d'action sur le désherbage mécaniquedu sol. Le premier volet consiste à tra-vailler des stratégies limitant l'usage desherbicides de prélevées (stratégies mixtes).Il est réalisé dans le cadre d'un programmeconcerté du groupe COLUMA Vigne. Ledeuxième volet, quant à lui, est développépar le secteur machinisme de l'ITV France(Cf. CRAP 205 26 CG).

    Publications

    CHANTELOT E., CARSOULLE J.,LEGOFF I. - 2001 - Maîtrise de la teneuren azote des moûts en système enherbé parpulvérisation foliaire d'azote, GESCO, 3 au7 juillet 2001, Montpellier, pp.465-472.

    CHANTELOT E., CARSOULLE J.,LEGOFF I., LEMPEREUR V. - 2001 -Maîtrise de la teneur en azote des moûts ensystème enherbé par pulvérisation foliaired'azote, 18ème Conférence du COLUMA,5 au 7 décembre 2001, Toulouse, pp.857-872

    CHANTELOT E., CARSOULLE J.,LEGOFF I., LEMPEREUR V. - 2002 -Entretien des sols de vigne par l'enherbe-ment permanent. Maîtriser la teneur enazote des moûts par pulvérisation foliaired'azote, Phytoma n°545, janvier 2002,pp.32-34

    CHANTELOT E. - 2001 - Enherbementpermanent des sols de vigne : bien choisirles espèces à implanter, Phytoma n°544,décembre 2001,pp.48-49CHANTELOT E. - 2001 - Entretien dessols viticoles et préservation de l'environ-nement : les organismes régionaux se posi-tionnent, Les Entretiens Viti-VinicolesRhône-Méditerranée, 17 mai 2001, Palaisdes Vins Orange, pp.13-14

    CHANTELOT E. - 2001 - Gestion rai-sonnée des herbicides : la nouvelle donne,EUROVITI, 14 novembre 2001, LeCorum, Montpellier, pp.29-32

    HEINZLE Y. - 2001 - Application des her-bicides : quelques conseils pour allier effi-cacité et respect de l'environnement,Phytoma n°544, décembre 2001, pp.52-53

    DAVID N., SERRANO E., RENARD R. -2001 - Vigne et qualité de vendange : effetde l'enherbement permanent semé.Synthèse de sept années d'essais sur cépa-ge colombard, Phytoma n°544, décembre2001, pp.46-47

    SERRANO E., LAURIAC E. et CHANTE-LOT E. - 2001 - Entretien des sols sanstrois vignbles de Midi-Pyrénées. Résultatsd'enquête et éléments de réflexion,Phytoma n°544, décembre 2001, pp.39-41

    Graphique 2 : Etude d’apport azoté par voie foliaire en systèmeenherbé sur la teneur en azote assimilable des baies (mg/l) :

    comparaison de deux sites

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    OPTIMISATION DE LA CONDUITEDE LA VIGNE

    Contexte

    Le projet concernant la conduite de lavigne est principalement axé sur l'étude del'effet de la variation du rapport feuille /fruit de la vigne. Les travaux visent àconnaître la qualité des produits obtenusavec différents rapports dans des situationsvariées : cépage, terroirs, climats diffé-rents. L'objectif est de fournir des références auxtechniciens et aux viticulteurs pour la prisede décisions au moment de l'implantationde la parcelle et pour la conduite des tra-vaux en vert par la suite.

    Les résultats devraient par ailleurs per-mettre l'estimation du potentiel qualitatifd'une parcelle avant vendange mais aussiéventuellement de définir des choix tech-niques à l'échelle d'AOC ou de chartes deproduction raisonnée par exemple.

    Activités et perspectives2002

    Actions réalisées en 2001

    Optimisation du rapport feuille-fruit

    Sur ce sujet, les essais sont menés sur cinqans. Leur objectif est triple :

    *observer les effets de la variation de ce rapport sur d'autres paramètres dequalité que le taux de sucre : couleur,arômes, dégustation

    *définir un rapport optimal modulé selon les cépages et les zones pédo-climatiques

    *pour un même rapport feuille-fruit, comparer la qualité obtenue par une forte charge en fruits associée à une surface foliaire exposée élevée et une charge en fruits réduite couplée à une surface foliaire exposée faible.

    La modification du rapport feuille-fruitdans l'objectif d'une amélioration qualitati-ve est étudiée sur neuf cépages, et dans laplupart des cas pour chaque cépage dansdeux ou trois situations pédo-climatiquescontrastées. Le démarrage des essais s'estéchelonné de 1998 à 2000.

    Les régions concernées sont le Sud-Ouest,le Languedoc et l'Ardèche, Le Val de Loire,l'Alsace, la Savoie. Une démarche similai-re suivie dans le projet modèles qualité enAquitaine sera incluse dans les résultats àpartir de 2002.

    Les résultats obtenus pour les premiersmillésimes se confirment dans la plupartdes situations. Les corrélations demeurenttrès satisfaisantes entre le rapport feuille-fruit et le taux de sucre, y compris pour laMondeuse. Le Grenache, qui en 2000, amontré des corrélations intéressantes enzone limitante sur le plan climatique a pré-senté un fort taux de coulure en 2001 et dece fait des rapports feuille fruit très élevéssur certaines modalités (jusqu’à 3,4). Ilsemble que le seuil du rapport optimal aitété dépassé, la teneur en sucre atteint unmaximum pour un rapport voisin de 2, puisredescend par la suite.

    2001 et 2000 nous ont permis sur une par-celle de Midi-Pyrénées de tester l'effet dela variation du rapport feuille fruit en situa-tion propice à un stress hydrique très pro-noncé (figure 1).

    En 2000, année à fort déficit hydrique, lestress a occasionné un blocage de matura-tion sur la parcelle de Frauseille, cepen-dant, il est intéressant de noter que lesmodalités à forte surface foliaire exposéene semblent pas pénalisées par rapport auxrognages bas, contrairement à ce que l'onaurait pu penser, en 2001, malgré un déficithydrique important mais inférieur à 2000,la hausse du rapport feuille-fruit a permisune amélioration significative du degrépotentiel.

  • tation du rapport feuille-fruit.2001 aussi a présenté un très bon climat, lacoulure ayant permis de tester des rapportstrès élevés, il semble que l'on ait atteintl'optimum qualitatif.

    Cependant, comme les autres années, l'ef-fet sur la couleur a été très modéré surMondeuse sur vin. Cela peut notammentêtre attribué aux très mauvaises conditionsmétéorologiques durant la maturation maispeut être aussi à un effet cépage qui est àvérifier en 2002.

    Concernant le Duras, l'accroissement durapport feuille-fruit apporte peu de gaind'anthocyanes sur ce cépage, dans les deuxsituations (stress hydrique fort et modéré).

    Enfin, sur le critère acidité, l'effet du rap-port feuille-fruit se confirme sur lescépages blancs à forte acidité Colombard etRiesling, en situation non limitante en eau. L'acidité décroît significativement lorsquele rapport feuille fruit augmente. Parcontre, sur Colombard, en situation limi-tante, l'acidité reste constante quelle quesoit la modalité (figure 3).

    Modes de taille, modes deconduite, densité de plantationLe projet “conduite de la vigne” regroupeaussi les essais de taille, plusieurs essaisont fait l'objet de synthèses pluriannuelles,notamment en Beaujolais et à Bordeaux en2000 et 2001.

    Il ressort principalement l'importante ferti-lité de la taille longue (Guyot) en

    © Copyright ITV France 200224

    Pour ce qui est de lacouleur, les coefficientsde corrélation entre lerapport feuille-fruit etles composés phéno-liques et les anthocyanessont toujours très inté-ressants sur vendange surla plupart des cépages.Les résultats constatés surle sucre pour le Grenachese confirment sur lesindicateurs de couleur etles polyphénols sur raisinet sur vin (figure 2).

    La figure 2 fait apparaître la nécessité en 99d'un rapport feuille fruit très élevé pouraméliorer la teneur en polyphénols du vin,le climat ayant été très défavorable à unebonne maturation cette année là. 2000 afourni des conditions très favorables sur leplan climatique (température, ensoleille-ment) la teneur en polyphénols a étéconsidérablement améliorée par l'augmen-

    IPT vin fini

    SFE / PR

    Figure 1

    Figure 2

    Figure 3

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    Beaujolais, une taille de grappes aussi plusimportante par rapport aux tailles courtescordon ou gobelet dans les deux régions.Le Guyot s'est par ailleurs montré plus pré-coce au débourrement et en conséquenceplus sensible au gel de printemps.

    Les cordons double et simple ont donnédes résultats proches sur le plan qualitatif.Le cordon s'est démarqué des autres taillespar le taux de renouvellement importantoccasionné par le dégarnissement ou lamortalité des bras dans les essais duBeaujolais. Ce taux de renouvellement aété deux fois moins important sur cordonsimple que sur le cordon de Royat. Cemode de taille s'est aussi montré significa-tivement plus sensible à l'Eutypiose que legobelet ou le Guyot.

    La comparaison entre des tailles courteshautes (cordons, gobelet monté) et basses(gobelet bas, éventail) en Beaujolais amontré que les tailles basses étant plus pré-coces au débourrement sont plus gélives.Par ailleurs, elles présentent des teneurs enpotassium supérieures dans les baies à larécolte, ce qui occasionne des chutes d'aci-dité totale. Enfin, leurs grappes sont plusgrosses mais moins nombreuses.

    Les résultats de ces différents travaux ou deceux des années précédentes ont donné lieuaux publications suivantes :

    Brochure

    “L'effeuillage de la vigne” Les cahiersItinéraires d'ITV France n°1 mai 2001

    Communications, publications

    DUFOURCQ T. 2001 Effets de la conduitede la vigne sur l'acidité des moûts deColombard. Journée technique régionaleMidi-Pyrénées " maîtriser l'acidité "Gaillac Novembre 2001

    RENARD R., SERRANO E.,DUFOURCQ T. 2001 Rôles respectifs de

    la surface foliaire et du poids de récolte surla qualité d'un moût pour un rapportfeuilles/fruits donné premiers résultats.Compte rendu des XIIèmes journées duGESCO Montpellier. AGRO Montpellier,682p

    RENAUD C., OUSTRIC J. 2001Optimisation de la conduite de vitis vinife-ra cv Mourvèdre par la variation du rapportfeuillage exposé-fruits. Compte rendu desXIIèmes journées du GESCO Montpellier,AGRO Montpellier, 682p

    RENAUD C. 2001 Effet du rapportfeuille/fruit sur la qualité de la vendange etdes vins, Conférence IREO des Charentes,Cognac 13 mars 2001

    RENAUD C. 2001 Influence du rapportfeuille/fruit sur la qualité de la vendange etdes vins, Entretiens viti-vinicoles Rhône-Méditerranée, Orange, 17 mai 2001

    SERRANO E., RENARD R.,DUFOURCQ T. 2001. Impact de l'ef-feuillage sur la qualité des vins, analyses etdégustations des vins au cours de leurvieillissement. Compte rendu des XIIèmesjournées du GESCO Montpellier, AGROMontpellier, 682 p.

    SERRANO E. 2001 Influence de l'ef-feuillage sur la baie de raisin Le lien de lavigne, Paris 2001

    SERRANO E. 2001 Eléments de réflexiondans le choix des modes de viticulture etl'adaptation des cépages Mondiaviti China,15-18 octobre 2001

    Formations

    CAHUREL J.Y. Influence des techniquesculturales sur la qualité stage du Comité deDéveloppement du Beaujolais, 3 mai 2001.

    SERRANO E. Influence de l'effeuillagesur la qualité des vins de Colombard.Formation travaux en vert Mons, 27 février2001.

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    FERTILITÉ DES SOLS BIOLOGIQUESINDICATEURS BIOLOGIQUES

    Contexte

    Dans les années soixante, la viticultures'est développée dans un contexte producti-viste (production maximale au moindrecoût). Ce contexte a favorisé l'essor trèsrapide des produits agro-pharmaceutiques(fertilisants minéraux et herbicides). Cespratiques ont été mises en œuvre sans tenircompte, à quelque rares exceptions près, deleur impact sur le sol. Seul l'effet sur lavigne et le vin était le critère d'évolutiondes itinéraires techniques.

    Aujourd'hui, le souhait social, relayé par lepolitique, de développer une viticulturedurable est omniprésent. Le viticulteur estincité à tenir compte de la protection del'environnement sous l'angle du patrimoineet de la pollution des eaux. Ainsi, l'évalua-tion des techniques ne peut plus se faireuniquement sur des critères de production.Elle doit aussi tenir compte des impactsenvironnementaux.

    Dans ce contexte, l'ITV France se position-ne pour promouvoir la prise en compte dusol lors des choix culturaux. Ce choix sedéfinit à travers deux objectifs :

    * le développement d'outils de dia-gnostic à la parcelle de l'état de ferti-lité du sol

    * l'étude de l'impact des pratiques cul-turales sur le sol et la vigne afin deproposer des itinéraires techniquesgarantissant la stabilité physique, chi-mique et biologique des sols.

    Bilan et perspectives

    A l'issue de trois années de travail, nousavons abouti à la mise au point d'un outil de

    caractérisation des sols. Ce délai nous apermis de définir et de maîtriser l'interpré-tation des analyses réalisées par des labora-toires prestataires et de mettre au point desprotocoles de mesures effectuées par l'ITVFrance (Unité de Nîmes-Rodilhan). Cetoutil comprend trois types de mesures :

    * une analyse physico-chimique (granulométrie, teneur en éléments minéraux…)

    * des mesures physiques du sol (densité apparente, stabilité structura-le, densité des agrégats). Cesmesures sont réalisées par l'ITV France

    * des analyses microbiologiques (biomasse microbienne, fraction-nement de la matière organique, minéralisation du carbone).

    Cette caractérisation intégrant des indica-teurs microbiologiques est réalisée dansl'horizon 0-15 cm. Pour obtenir une visionplus complète du sol, la réalisation d'unefosse pédologique est indispensable.

    Cette méthode permet de disposer d'uneapproche chimique, physique et biologiquedu sol. Toutefois, il s'agit d'un protocoleréservé à l'expérimentation. En aucun cas,son utilisation dans le cadre d'un conseil àla parcelle n'est encore validée et maîtrisée.Dans la continuité de l'étude conduite en2000 en région Val de Loire, une approchede l'impact de l'enherbement sur le sol a étéconduite en région méridionale.

    Trois sites ont été suivis. Chacun des sitesdisposait d'une modalité enherbée et d'unemodalité désherbée. L'âge de l'enherbe-ment dans ces situations étaient jeunes(3 ans). L'un de ces sites à présenter unehétérogénéité de sol qui nous incite à ne

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    pas le prendre en compte dans notre étude.Plusieurs constats ont été posés :

    * les niveaux de biomasse microbiennee n r e g i s t r é s s o n t f a i b l e s(< 200 mgC/kg)

    * la teneur en carbone organique des modalités enherbées est supérieure

    * le niveau de biomasse microbienne est plus élevé en situation enherbée. Par contre, exprimé par rapport au carbone total, le niveau de biomasse microbienne n'est pas systéma-tiquement plus élevé

    * la quantité d'azote minéralisé est identique sur les deux modalités. L'activité de la biomasse microbienneest donc moins importante en situa-tion enherbée

    * l'effet de l'enherbement sur la quantité de carbone libre (fraction> 50 µm), est variable

    * les mesures de l'effet de l'enherbe-ment sur la structure du sol ont montréune grande variabilité de réponse enfonction des sites. Ainsi, il ne paraîtpas possible, dans le cadre d'unecomparaison de techniques, d'établirde lien entre la quantité de biomassemicrobienne et la compaction du sol.

    En résumé, l'effet de l'enherbement sur lesol est moins marqué en situation méridio-nal (cf. CRAP 1999-2000). On observe uneaugmentation du niveau de biomassemicrobienne du sol mais pas de son activiténi du statut organique et physique du sol.Ce constat peut s'expliquer par le jeune âgede l'enherbement dans nos conditions. Lesétudes actuellement en cours sur l'impactdes techniques culturales sur le soldevraient nous apporter des éléments plusprécis dans les années à venir.

    Enfin, en ce qui concerne l'étude de lamycorhization des racines de vignes entre-prise en 2001, il apparaît difficile de réali-ser un échantillonnage exploitable parsimple prélèvement de sol et tri manuel.

    Les résultats obtenus semblent indiquer unmeilleur taux de mycorhization sur les

    modalités enherbées. On ne connaît pas,toutefois, l'effet d'une meilleure mycorhi-zation sur la nutrition de la vigne et soncomportement physiologique.

    Depuis trois ans, nous avons travaillé à laréalisation d'un réseau régionale d'étudedes sols en zone méridionale. Ce réseauavait pour objectif d'évaluer les caractéris-tiques microbiologiques du sol en fonctiondes différents types de sol. Les résultatsacquis à ce jour sont décevants. En effet,bien que présentant une grande variabilitéde facteurs physico-chimiques, les types desol échantillonnés ne se distinguent pas surle plan microbiologique.

    Les niveaux et la variabilité des indicateursmicrobiologiques sont très faibles.Pourtant, des travaux entrepris dansd'autres régions viticoles avaient mis enévidence de bonne corrélation entre lescaractéristiques physico-chimiques et lesindicateurs microbiologiques. Ce constatpourrait s'expliquer par la climatologie dumilieu méditerranéen. Dans cette région,compte tenu des contrastes climatiques, ledéveloppement des micro-organismes dusol ne s'effectue que pendant de courtespériodes où l'humidité du sol et la tempéra-ture sont favorables (environ 6 mois del'année, entrecoupé par la période hiverna-le).

    L'étude est interrompue dans l'attente derésultats, en cours d'acquisition, sur lavariation des indicateurs biologiques enfonction du climat.

    En 2001, une étude dans le vignoble deFronton a été engagée. Ce travail reposesur la réalisation d'un diagnostic des solsviticoles frontonnais et la mise en œuvre depratiques culturales adaptées à leur fonc-tionnement en vue de renforcer la typicitédu cépage principal de l'appellation: laNégrette.

    Il s'organise en trois temps :

    * synthèse bibliographique des travaux déjà conduits sur le vignoble et créa-tion d'un réseau de parcelles réfé-rences (2001)

    * état des lieux sur le fonctionnement

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    et la vie biologique sur les parcelles du réseau (2002)

    * mesure de l'impact de différentes pratiques culturales sur les sols et la qualité des raisins produits (2003-2006).

    Le vignoble frontonnais se situe sur lesanciennes terrasses du Tarn. L'ensembledes sols qui les composent, essentiellementconstitués d'alluvions du quaternaire, ontsubi au cours du temps des phénomènesd'acidification et de lessivage importants.

    Ces processus leurs donnent les caractéris-tiques naturelles suivantes : des pH souventtrès acides (< 6), des tendances à l'hydro-morphie, des taux de M.O souvent trèsfaibles (< 1%). Dans ce contexte, lorsque les pratiques cul-turales sont inadaptées aux conditions du

    milieu (chaulage et apports de matièresorganiques insuffisants), certains dysfonc-tionnements peuvent apparaître au niveaude l'alimentation de la vigne et donc sur lamaturité des raisins.

    Le travail conduit en 2001 a permis d'unepart de déterminer les principales zonesagro-pédologiques du vignoble fronton-nais, et d'autre part, de définir et decaractériser un réseau de parcelles repré-sentatif des différents terroirs.

    En perspective pour l'année 2002 en régionMidi-Pyrénnées, une comparaison desystème de culture est prévue dans quatrevignobles : Cahors, Gaillac, Fronton etGers. Les systèmes de cultures comparéssont : un bois, une prairie et une parcelle devigne. Un type de sol par vignoble est éva-lué.

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    PÉPINIÈRES VITICOLES

    Contexte

    Ce projet, initié à la demande des pépinié-ristes, a été défini en 2000, dans ses lignesprincipales. L'année 2001 a été consacrée àla définition des protocoles sur la based'une synthèse bibliographique et d'uneenquête pour cerner les pratiques des pépi-niéristes sur le terrain. Un groupe de travailnational réunissant les expérimentateurstravaillant en lien avec la pépinière viticolea été réuni deux fois en 2001. Ceci a permisune concertation sur l'ensemble des travauxen cours et une évolution des axes et desprotocoles du projet ITV. Les axes définissont donc les suivants à la fin de l'année2001 :

    * mécanisation des opérations de débtage des greffons et d'éborgnage desporte-greffes pour améliorer le coûtde revient d'un plant, mécanisation dela plantation de la pépinière

    * création d'un référentiel productionintégrée en pépinière viticole (en col-laboration avec le groupe de travailnational)

    * proposition de solutions pour raisonnerl'utilisation des bains de désinfectiondes bois et alternatives au Cryptonol,appelé à disparaître en 2003

    * participation au groupe de travailInformatisation et traçabilité en pépinière

    * fourniture de références sur la fertili-sation en pépinière viticole et vignes-mères

    * réflexion aux alternatives possibles àla désinfection des sols (en collabora-tion avec le groupe de travail national)

    * indicateurs de la qualité des bois (en collaboration avec le groupe detravail national).

    Actions réalisées en 2001

    La synthèse bibliographique a permis deréaliser un point des connaissances notam-ment sur la fertilisation en pépinière etvigne-mères, la désinfection des bois àgreffer, la désinfection du sol, la qualité desbois et sa mesure. Cependant, peu de réfé-rences sont disponibles sur de nombreuxsujets comme la fertilisation.

    Parallèlement, l'enquête préalable au projeta porté sur un échantillon de 34 pépinié-ristes français, représentatif en terme detaille d'entreprise, et de région de produc-tion. Un entretien semi-directif avec le chefd'exploitation a permis de connaître sespratiques et ses attentes concernant lessujets à traiter.

    La mécanisation est une demande impor-tante de la profession. Il est ressorti desentretiens que les enquêtés emploient enmoyenne 15 saisonniers (entre 2 et 9 mois)+ 4 permanents (dont le chef d'exploita-tion). Ils mentionnent :

    * des difficultés pour trouver la main d'œuvre (68% des enquêtés)

    * un manque de qualification de la main d'œuvre car elle n'est plus fidèle d'année en année

    * des problèmes d'organisation : 27 % des enquêtés (causes : instabilité, absentéisme)

    * des difficultés d'encadrement : 27 % des enquêtés

    SH

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    Concernant le niveau d'équipement :

    * les producteurs de vignes-mères de porte-greffes (VMPG) sont, enmoyenne, peu équipés :

    - préparation des bois : 40 %- traitements : 85 %

    * les producteurs de plants le sont plus :- arrachage (60 %)- greffage (90 %)- préparation des bois : 40 %

    Le secteur des bois et plants de vignen'intéresse pas les gros constructeurs : ilfaut parfois du matériel " sur-mesure " :

    * 40 % des producteurs de plants ont déjà fait construire une machine(arrachage de la pépinière)

    * 67 % des producteurs de plants ont fabriqué ou amélioré eux-mêmes une machine (rogneuse, arracheuse, bineuse)

    * 40 % des producteurs (plants +VMPG) ont déjà essayé une machine d'un constructeur (préparation des bois)

    Selon les enquêtés, les opérations à méca-niser prioritairement sont la préparationdes bois, la plantation de la pépinière, etl'arrachage de la pépinière.

    Les plus gros producteurs sont plus deman-deurs que les petits en terme de mécanisa-tion.

    De façon générale sur ce sujet, le souhaitest exprimé de promouvoir la communica-tion entre les producteurs, d'augmenter ladiffusion de références techniques concer-nant les machines existantes et de réduirela pénibilité du travail.

    Pour ce qui est de la désinfection des boisavant greffage, 65 % des enquêtés toutesproductions confondues désinfectent lesbois systématiquement ou non. 95 % deceux qui désinfectent le font avec del' hydroxy 8 quinoléine de potasse(Cryptonol), seule matière active homolo-guée, mais qui risque de disparaître en2003.

    Cependant, la moitié d'entre eux l'utilise àune concentration inférieure à la dosehomologuée, donc peu efficace ; et les pra-tiques en terme de durée de trempage sonttrès variables. Les effluents de ces bains nesont pas traités, ils sont quelquefois épan-dus.

    La fertilisation est pratiquée par lesenquêtés de façons diverses. En vignesmères de porte-greffes, une majorité utilisedes engrais chimiques, et les dosesannuelles employées sont très variables, de40 à144 U d'azote, de 0 à 180 U de phosphoreet de 0 à 210 U de potassium.

    L'apport est en une seule fois après larécolte des bois (hiver ou printemps),chaque année ; et 80 % fertilisent à l'iden-tique tous les ans.

    Dans 55 % des cas, aucune analyse de solmême avant la plantation. Parmi les 45 %qui en font, une seule personne contrôlerégulièrement la composition chimique deses sols. Cette fertilisation est réaliséeexclusivement pour la qualité du bois(=bonne maturité) pour 35 % des enquêtés,exclusivement pour le rendement pour20 % d'entre eux et 45 % attendent les deuxeffets.

    Les type d'engrais utilisés chez les produc-teurs de plants sont aussi majoritairementchimiques, les doses annuelles sont plusimportantes et très variables : de 0 à 514 Ud'azote, de 0 à 680 U de phosphore, de 0 à560 U de potassium. Dans 70 % des cas,aucune analyse de sol n'est réalisée, cepen-dant, il ne faut pas oublier que les produc-teurs changent de terrain tous les ans.

    Les attentes exprimées concernent laconnaissance des exportations de la culturepour ajuster la fumure d'entretien, savoir sila fertilisation a un effet sur la soudure dupoint de greffe d'un plant et le phosphoresur le taux de reprise en pépinière voirechez le viticulteur.

    Les pratiques en matière de traitementsphytosanitaires ont été étudiées dans l'ob-jectif de la réalisation du référentiel de pro-duction intégrée. Elles ne seront pas

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    détaillées ici.Les pratiques de la désinfection et du reposdu sol sont très soumises à la réglementa-tion. Les matières actives utilisées sont enVMPG pour 85 % le Dichloropropène, eten pépinière, à 60 % l'Aldicarbe. L'avisgénéral montre une réticence certaine àpratiquer la désinfection (par rapport àenvironnement et à l'utilité de l'opération).

    Le repos du sol est le plus pratiqué, 60 %des producteurs de bois plantent sur terrainvierge, et 27 % sur un sol ayant reposé plusde 12 ans. Les producteurs de plants utili-sent les parcelles de pépinière une seuleannée à 55 % et pour certains deux annéesde suite 30 %. 70 % des enquêtés ontexprimé des attentes générales en plus decelles déjà exprimées ci-dessus :

    * une meilleure dynamique de la profession

    * des références sur les pratiques de désinfection des bois, les pratiques de stratification et sur la protection phytosanitaire, les maladies et les viroses

    * connaissances sur les réserves du bois.

    A partir des constats réalisés dans ces deuxdocuments, des protocoles d'essai ont puêtre établis. Le manque de références et lespratiques empiriques diverses constatéespar l'enquête, nous ont confirmé la néces-sité de travailler sur la fertilisation potas-sique et phosphorique en pépinière et envigne-mères. Les protocoles ont été éla-borés en concertation avec le groupe de tra-vail national. Il en va de même pour le pro-tocole du banc d'essai des différentesmachines à ébourgeonner les porte-greffe.

    Parallèlement, à la demande des pépinié-ristes du Val de Loire, un essai de pulvéri-sateur conçu pour la pépinière a été effec-tué. Ce pulvérisateur a fourni une pulvéri-sation homogène, ciblée, fine et bien répar-tie. Suite à la disparition probable duCryptonol, seul désinfectant homologuésur les bois à greffer, la question deseffluents de bains de trempage des bois auCryptonol a été abandonnée. Le travail vaêtre réorienté vers la recherche d'alterna-tives au Cryptonol.

    Enfin, lors de la réunion du groupe de tra-vail national de décembre, un groupe detravail restreint inter organismes a été mis-sionné pour réfléchir à la définition d'unréférentiel de production intégrée pour laproduction de bois et plants de vigne et tra-vailler en concertation avec le groupenational. Ces propositions d'actions ontreçu un écho favorable auprès de la majo-rité des représentants de la profession.

    Perspectives 2002

    Deux essais de fertilisation doivent être misen place. Le premier sur VMPG chez unpépiniériste du Vaucluse, en collaborationavec le SPBPVV. Le second sur pépinière,sera installé à l'ENTAV dans les sables afinde définir précisément les besoins d'unplant en P et K.

    Le banc d'essai des ébourgeonneuses doitregrouper en février toutes les machines dumarché et les comparer sur des critèresmécaniques et agronomiques, comme letaux de repousses de porte greffe.

    Des essais de plantation mécanique depépinière sont prévus avec un constructeurau mois de mai. Le groupe de travail pro-duction intégrée va se réunir tous les moisau printemps. Diverses solutions alterna-tives au Cryptonol, lutte biologique, phy-sique ou chimique, seront testées en avrilen lien avec l'ENTAV pour éviter le déve-loppement de Botrytis cinerea en caisses destratification. La concertation sera poursui-vie avec la réunion du groupe de travailnational au cours de l'année 2002, permet-tant un échange sur les projets et les résul-tats de chacun.

    Communication

    Projet présenté au congrès national de laFédération française des syndicats de pro-ducteurs de plants de vigne (FFSPPV)auquel étaient présents des représentants dela Fédération nationale des pépiniéristesviticulteurs (FNPV), le 31 août 2001 àCanet en Roussillon.

  • OUTILS DDE DDIAGNOSTICDES SSYSTÈMES VVITICOLES

    Diagnostic du stress hydrique et de la nutrition azotée

    PROJET N° 3

    INDICATEURSVITI

  • En préambuleEn préambule

    JEAN-CHRISTOPHE PAYANResponsable axe stratégique

    ITV France - Unité de Montpellier-Grabels

    Les objectifs de cet “axe stratégique” sont de valider des outils de diagnostic des potentialitésviticoles à la parcelle, au travers d’indicateurs de fonctionnement de la plante.Ces indicateurs pourront être utilisés pour la réalisation de zonages viticoles ou comme outils de pilo-tage d’interventions culturales correctrices de situations clairement identifiées.

    Ils sont des outils d’aide à la décision ; ils doivent être fiables, précis et facilement accessibles aux tech-niciens ou aux viticulteurs.

    Le projet qui constitue cet axe stratégique privilégie actuellement l’étude de l’alimentation hydrique dela vigne.

    Diagnostic du stress hydrique et de la nutrition azotée

    Le premier programme de travail concerne la gestion de la contrainte hydrique. A terme, les objectifssont de mieux gérer l’alimentation en eau de la vigne, en regard de ses répercussions sur les caracté-ristiques de la vendange, et de proposer des méthodologies d’aide au suivi de la contrainte à grandeéchelle.

    Les travaux portent sur la mise au point d’outils de diagnostic du stress hydrique, associés à la défini-tion d’un modèle de bilan hydrique viticole.

    Le second programme s’attache à évaluer la pertinence d’une mesure de la teneur en chlorophylle desfeuilles comme outil de diagnostics de la nutrition azotée de la vigne.

    © Copyright ITV France 200234

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    VOS CONTACTS

    Diagnostic du stress hydrique et de la nutrition azotéeJ.C. PAYAN, ITV France - Unité de Montpellier-Grabels, Chef de projet

    CollaborationE. CHANTELOT, ITV France - Unité de Nîmes-RodilhanE. MEYER, ITV France - Unité de ColmarE. SALANÇON, ITV France - Unité de Montpellier-Grabels

  • © Copyright ITV France 200236

    DIAGNOSTIC DU STRESS HYDRIQUEET DE LA NUTRITION AZOTÉE

    Contexte

    Gestion de la contraintehydrique au vignobleL'alimentation en eau de la vigne est l'undes principaux facteurs déterminants de laqualité de la vendange. Par la diversité deses répercussions sur la vigueur générale,sur le développement et la maturation desbaies, la maîtrise des conditions d'alimen-tation hydrique doit appuyer le raisonne-ment d'une production de qualité. En effet,si un excès comme un manque d'eau estnéfaste à l'obtention d'une vendange quali-tative, une contrainte progressive apparais-sant entre la floraison et la véraison, etaboutissant à un état de stress modéré à lavéraison (arrêt de croissance), est un gageindéniable de qualité. Ceci se traduit par unépuisement quasi-complet des réserveshydriques à maturité.

    Il est de ce fait primordial d'appréhenderl'évolution des disponibilités en eauoffertes par le sol, ainsi que les caractéris-tiques de la contrainte que subit la planteen cours de saison, plus particulièrementencore en région méditerranéenne où lescaractéristiques climatiques induisent defaçon chronique des déficits d'alimentationhydrique.

    La démarche engagée par l'ITV depuis1998 s'inscrit dans une approche de dia-gnostic de la contrainte à la parcelle. Elletient compte de la stabilité des indicateursd'état hydrique du milieu, le potentielhydrique foliaire de base (ΨFb) étant priscomme référence. Cette démarche s'appuiesur trois étapes essentielles.

    Définition d'outils de diagnostic

    La gestion des conditions d'alimentation eneau au vignoble passe par une phase préa-

    lable d'identification et de description de lacontrainte. Trois "outils de diagnostic dustress hydrique" ont été étudiés.

    Le premier d'entre eux, l'analyse de la fluo-rescence des feuilles par imagerie globale,n'a pas fourni de résultat satisfaisant pouridentifier la contrainte hydrique, au termede trois années d'étude. Ce programme s'estachevé en 2001.

    La deuxième approche consiste à mesurerla température du couvert végétal aumoyen d'un radio-thermomètre infra-rouge portable (figure 1).

    Par sa simplicité demise en œuvre, cetoutil revêt un intérêtparticulier. Le principe repose sur la mesu-re de l'élévation de température des feuillesrésultant de la régulation de leur transpira-tion lorsque la contrainte augmente. Entenant compte de l'hygrométrie ambiante,la différence de température entre la feuilleet l'air est proportionnelle à l'intensité de lacontrainte. Les protocoles sont en cours devalidation et se heurtent à l'heure actuelle àla prise en compte des variations microcli-matiques au cours de la mesure (vitesse duvent et intensité du rayonnement).La troisième et dernière approche étudiée àl'ITV concerne l'utilisation de la chambre àpression (figure 2) avec la définition dedeux indicateurs : le potentiel hydriquefoliaire de base (ΨFb) et le potentiel de tige(ΨT). L'utilisation de la chambre à pres-sion est courante aujourd'hui pour définirles niveaux de contrainte sur la vigne, plusparticulièrement encore au travers de lamesure du ΨFb.

    Application d'un modèle de bilanhydrique

    En associant les informations fournies par

  • © Copyright ITV France 2002 37

    les outils de diagnostic et la définition d'unmodèle de bilan hydrique, l'approche déve-loppée permet de simuler l'évolution de lacontrainte au cours de la saison végétative,et de définir les caractéristiques hydriquesdes parcelles viticoles. Les données néces-saires à cette application sont facilementaccessibles :

    * date de débourrement : initialisationdu bilan hydrique

    * mesure du gabarit de végétation :définition d'un coefficient correcteur

    des pertes en eau issues de la transpi-ration de la végétation (prend implici-tement en compte la vigueur de laparcelle et le mode de conduite)

    * données météorologiques : préci-pitations et évapotranspiration("moteur" du bilan hydrique : quanti-fication des gains et pertes en eau surla parcelle).

    Une première phase de paramétrage dubilan hydrique défini la réserve maximaled'eau du sol utilisable lorsque il est res-suyé. Cette étape suppose la réalisation deplusieurs mesures de ΨFb. Dans cetteapproche, la plante est directement utiliséecomme indicateur des disponibilitéshydriques du sol sur lequel elle estimplantée (application des outils de dia-gnostic). Ce paramétrage autorise de ce faitun niveau de précision descriptive impor-tant sur les parcelles. A l'heure actuelle, dufait d'un choix volontaire de validation dela méthodologie dans des situations parfai-tement maîtrisées, le modèle de bilanhydrique ne s'applique pas aux situationsenherbées (absence de terme lié à la cou-verture végétale herbacée), ni aux situa-tions à forte pente (absence de terme lié

    aux pertes par ruissellement de surface).Ces limites d'utilisation sont autant d'ob-jectifs d'évolution de la méthodologie.

    Par la suite, l'évolution des disponibilitéshydriques du sol est simulée par la simplerelation mathématique suivante :

    ASW(j) = ASW(j-1) + P - Tv - Es

    Cette équation se traduit de la façon sui-vante : la quantité d'eau du sol utilisable(ASW) au jour " j " est égale à la quantitéd'eau présente dans le sol la veille, aug-

    mentée des gains issus desprécipitations (P), et dimi-nuée des pertes par transpira-tion de la végétation (Tv) etévaporation du sol (Es).

    Le bilan hydrique ainsi appli-qué est le reflet fidèle desconditions d'alimentation eneau de la vigne au cours de lasaison végétative. Il discrimi-ne la contrainte à deuxniveaux : par son intensité et

    par sa précocité (figure 3). Cette caractéri-sation sert de base à l'interprétation des

    répercussions du stress hydrique sur lescaractéristiques de la vendange ; et permet-tra à terme de définir les zones sensibles àla contrainte ainsi que les interventions cul-turales correctrices de situations défici-taires.

    Répercussions de la contrainte surla vendange

    Les observations effectuées depuis plu-

  • © Copyright ITV France 200238

    sieurs années sur les parcelles expérimen-tales de l'ITV, confortées par les acquisbibliographiques, montrent clairementl'intérêt d'une contrainte hydrique modéréepour obtenir une vendange de qualité.

    Quelle que soit la quantité d'eau apportée,l'irrigation a toujours un effet positif surl'augmentation du poids des baies. Cetterépercussion, proportionnelle aux apports,engendre la plupart du temps une baissedes concentrations en sucres dans lesmoûts, due à un effet de dilution au seind'un volume de baie plus important. Auniveau des polyphénols et anthocyanes, lesrelations sont plus complexes : l'effet dedilution est également manifeste, et peutêtre couplé à des inhibitions de synthèsequi engendrent des pertes qualitatives noncompensables. Enfin, l'acidité de titrationest généralement plus élevée du fait d'unehausse des teneurs en acide malique.

    L'incidence des régimes d'irrigation sur laqualité de la vendange n'est cependant pasunivoque. Dans les situations les plus défi-citaires en eau et/ou les moins vigoureuses,des compléments hydriques raisonnés peu-vent faire s'inverser les conclusions précé-dentes. Ces apports d'eau, bien qu'ayantune répercussion positive mais limitée surl'élévation du poids des baies, peuventinduire des améliorations qualitatives auxniveaux des concentrations en sucres et desteneurs en polyphénols et en anthocyanes.Ces rares cas sont réservés aux situationspour lesquelles les conditions d'alimenta-tion en eau sont si draconiennes qu'ellesinduisent des blocages de la maturation.Cependant, même dans ces circonstances,seuls des apports d'eau extrêmement rai-sonnés compensent une situation naturelle-ment déficitaire. Les apports deviennentrapidement excessifs et réduisent à nou-veau le potentiel qualitatif de la récolte.Ces résultats mettent clairement en exerguela nécessité de conduire la vigne dans unétat d'équilibre entre manque et excès d'eaupour obtenir une qualité de raisin maxima-le, pour un niveau de rendement donné.

    A l'issue de l'interprétation de ces résultats,il sera possible de définir " l'itinérairehydrique " optimal concourant à l'obtentiond'une vendange de qualité optimale, dansune situation clairement identifiée. Il

    conviendra alors de proposer les interven-tions culturales à conduire pour atteindreles objectifs escomptés, qui seront de deuxordres différents : recherche d'une écono-mie d'eau dans les situations déficitaires,ou d'une dépense dans les situations excé-dentaires. A titre d'exemple, ces interven-tions pourront être les suivantes :

    * intervention au niveau de l'appareil végétatif : modification des conditionsde transpiration

    * raisonnement de la charge au travers d'un rapport feuille/fruit optimisé

    * interventions au niveau du sol pouren améliorer la perméabilité ou l'infil-trabilité

    * recours à des compléments hydrique raisonnés si la législation le permet.

    Partenariats

    Les résultats issus de ces travaux sont lefruit d'un partenariat soutenu avec l'INRA-ENSAM, les Chambres d'Agriculture(Bouches-du-Rhône, Gard, Vaucluse, Var),le CIRAME et le SGVRCDR.

    Diagnostic de la nutrition azotée

    La nutrition azotée de la vigne est, avec lefacteur eau, l'un des plus importants " brasde levier " qui agit sur l'expression végéta-tive et, par voie de conséquence, sur lescaractéristiques de la vendange.

    Une nutrition azotée modérée est (à nou-veau) gage de qualité. L'état nutritionneldoit assurer la pérennité de la plante, maistout excès de vigueur se traduira par uneaugmentation de la concurrence entre lesapex et la baies ou favorisera le développe-ment de pathogènes, en grevant le potentielqualitatif de la parcelle. Le producteur oule technicien doit de ce fait pouvoir s'ap-puyer sur des indicateurs précis et faciles àmettre en œuvre pour gérer les apportsd'azote. Les objectifs de ce programmesont ainsi de faciliter la connaissance et le

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    suivi de l'état de nutrition azotée de lavigne afin de piloter en temps réel lesapports sur des bases techniques.

    Parmi les indicateurs testés, l'applicationde la méthodologie de fluorescence desfeuilles par imagerie globale n'a pas fait sespreuves. Les programmes d'expérimenta-tion relatifs à ce sujet se sont achevés en2001. Une autre type d'application de lafluorimétrie semble prometteur est seraprobablement testé en cours de saison2002.

    Les techniques de fluorimétrie reposent surla détermination d'un indice chlorophyl-lien. Plus l'état de nutrition minérale estsatisfaisant, meilleur est l'indice. Un appa-reillage portatif (SPAD® de Minolta) per-met également d'obtenir un indice d'activitéchlorophyllienne. Son utilisation est facileet rapide. Cependant, sa représentativitélaisse parfois à désirer, corrélativement auxanalyses effectuées sur limbe et/ou pétiole.Si la stabilité de la mesure a été amélioréeen considérant le rang d'insertion de lafeuille sur le rameau, un certain nombred'incertitudes demeure quant à l'interpréta-tion des résultats. Les expérimentationsconduites en 2002 viseront à améliorer laconnaissance de ces indicateurs, et à tester

    la pertinence de nouveaux protocolesd'analyse au champ. Cette interprétationdevrait rapidement donner lieu à des inno-vations pour la gestion de la nutritionazotée au vignoble.

    Communications

    Payan J.C. et Salançon E. 2002 Définitionde la contrainte hydrique, incidences surles caractéristiques de la vendange.EVVRM, Gruissan, documentationCTIVV : 6-9.

    Payan J.C. et Salançon E. 2002 Utilisationd'un modèle de bilan hydrique comme outild'aide à la gestion de la contrainte hydriqueau vignoble. VIèmes RencontresRhodaniennes, évolution des techniques etproduction d'AOC en Vallée du Rhône,imp. Institut Rhodanien : 20-29.

    Riou C. et Payan J.C. 2001 Outils de ges-tion de l'eau en vignoble méditerranéen.Application du bilan hydrique au diagnos-tic du stress hydrique de la vigne. 12èmesjournées de GESCO, JournéeProfessionnelle : " gestion de l'eau dans levignoble ", éd. Agro Montpellier - ENSAM :125-133.

  • OPTIMISATIONDE LLA LLUTTE CCHIMIQUE

    Optimisation des stratégies de lutte chimiquecontre les cicadellesOptimisation agronomique et environnementalede la pulvérisation

    PROJET N° 4

    OPTILUTTE

    SH

  • En préambuleEn préambule

    MICHEL BLANCResponsable axe stratégique

    ITV France - Unité d’Orange

    L’axe stratégique “optilutte”, bâti sur deux approches complémentaires, devrait permettre derationaliser la lutte chimique classique, de manière à tendre vers une protection raisonnée, enmettant en oeuvre un minimum d’interventions par an, tout en diminuant la quantité d’intrants.Pour ce faire, deux élements majeurs sont pris en compte :

    * l’un qui concerne la stratégie du positionnement des produits agropharmaceutiques sur divers ennemis, afin de réaliser un minimum d’interventions pour tendre vers une efficacité maximale

    * l’autre, beaucoup plus ciblé sur la qualité de la pulvérisation et la quantité de bouillie à mettre en oeuvre au cours de la campagne

    Sur l’aspect stratégique du positionnement, deux ennemis majeurs au vignoble sont retenus :

    * les cicadelles pour l’étude des ravageurs : il s’agit d’expérimenter la possibilité de limiter suffisamment et durablement au cours de la saison, les trois espèces principale présentes au vignoble

    * l’oïdium pour les maladies nécessitant des applications répétitives en saison. Ce sujet pour lequel des travaux importants ont été conduits ces dernières années, ne sera repris en 2002, que pour la phase printanière ayant trait au risque de “drapeaux” sur les jeunes pousses

    L’aspect quantité de bouillie utilisée à l’hectare, visant une diminution de matière active, ainsi que laqualité de la pulvérisation, est la deuxième approche qui se situe logiquement dans le sillage de lastratégie de lutte.

    Pour ce faire, trois types d’expérimentations sont retenus :

    * l’étude de la baisse des doses à apporter à l’hectare, avec ou sans adjonction d’adjuvants* la construction d’un modèle représentatif du volume de végétation à protéger en cours de saison* la mise au point d’un banc de contrôle susceptible de décrire la qualité de la pulvérisation au

    vignoble

    Ces travaux, délicats à mettre en oeuvre d’une part, et débouchant sur un nombre restreint de résultatsannuels d’autre part, devraient s’inscrire dans la durée pour pouvoir élaborer les références nécessaireset suffisantes, avant toute vulgarisation.

    © Copyright ITV France 200244

    SH

  • © Copyright ITV France 2002 45

    VOS CONTACTS

    Optimisation des stratégies de lutte chimique contre les cicadellesJ.C. LAURENT, ITV France - Unité d’Orange, Chef de projet

    CollaborationM. BLANC, ITV France - Unité d’OrangeJ.C. MALAUSA, INRA Antibes - LBI Lutte biologique ValbonneF. FAIVRE D’ARCIER, INRA Zoologie de MontfavetP. SPEICH, SRPV AvignonD. RICHY, J.J. BALIKIAN ET O. JACQUET, Chambres Agriculture 13 - 83 - 84

    Optimisation agronomique et environnementale de la pulvérisationM. RAYNAL, ITV France - Unité de Bordeaux-Blanquefort, Chef de projet

    CollaborationTH. COULON, M. VERGNES, M. ANNERAUD, ITV France - Unité de Bordeaux-BlanquefortE. SERRANO, ITV France - Unité de Gaillac

    SH

  • © Copyright ITV France 2002 49

    OPTIMISATION AGRONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTALE

    DE LA PULVÉRISATION

    Qu'est ce qu'un bontraitement ?

    En terme biologique, le bon traitement estcelui efficace à l'issu duquel la populationde parasites est maintenue ou ramenée sousun seuil de nuisibilité. D'un point de vueépidémiologique, c'est une interventionnécessaire, sans laquelle la dynamique depopulation entraînerait une situation plusdifficile encore à maîtriser. Sur le plan de latoxicologie, c'est l'intervention qui mettraen œuvre la spécialité commerciale la plusspécifique de la cible visée, c'est-à-dire laplus neutre à court terme pour l'applicateuret à moyen terme pour le consommateur.Au niveau écologique, c'est l'interventionqui présente le minimum d'impact sur lemilieu environnant immédiat - la vigne, lafaune et la flore auxiliaires, ou plus globaltel que l'air et l'eau. Du point de vue de lapulvérisation, il s'agit de l'applicationhomogène de la matière active sur l'en-semble des organes à protéger, et sur euxseuls.Le point de vue économique enfin sélec-tionne l'intervention qui génère le meilleurrapport qualité prix, notion relative selonque le raisonnement porte à court ou à longterme.

    Le bon traitement relève d'un compromisentre ces différents aspects. Sa définitionest difficile à formuler, voire impossible àquantifier avec précision. Elle tend vers lanotion de quantité minimale de la matièreactive efficace par cm² de végétal à proté-ger contre une agression effective oupotentielle : l'objectif premier d'efficacitéconstituant un préalable, le plus souventacquis, l'homogénéité de répartition de lamatière active sur la cible et le souci deminimisation des pertes dans l'environ-nement deviennent deux éléments fonda-

    mentaux de cette définition de la qualitéd'une application.

    L'optimisation de la pulvérisation reposedonc sur l'amélioration du rendement depulvérisation, rapport de la quantité debouillie interceptée par la cible végétale àprotéger sur la quantité totale de bouillieémise. Ce concept que nous proposons estnouveau dans le domaine de l'applicationdes produits phytosanitaires ; c'est aussi laseule proposition qui inclue l'aspect envi-ronnemental dans l'évaluation de la qualitéd'une pulvérisation.

    Les objectifs du projet

    Le but est d'approcher la notion de quantitéde matière active nécessaire et suffisantepar unité de surface de végétal, permettantd'assurer l'efficacité pleine et entière desmatières actives appliquées pour protégerle feuillage et la récolte. Nous dressons ci-après un rapide état des lieux des premiersrésultats obtenus sur l'évaluation des sur-faces à protéger, la méthodologie d'évalua-tion de la qualité de pulvérisation, et lespossibilités de réduire les doses de produitappliqué.

    Evaluation de la surface foliaireréceptrice des traitementsLa surface foliaire est le plus souvent étu-diée sous l'angle de la production photo-synthétique, au niveau de la surfaceexposée, principal élément d'explication dela qualité de production. Depuis 1996, nousnous sommes intéressés à cette surfacefoliaire en tant que récepteur des bouilliesde traitements L'intégralité de la surfacefoliaire - primaire issue des rameaux prin-cipaux et gourmands aussi bien que secon-daire, issue des entre cœurs - est donc iciévaluée par échantillonnage.

  • © Copyright ITV France 200250

    Comme l'illustre la figure 1, on constate,sur nos deux campagnes expérimentalesque :

    * les surfaces foliaires développées sont relativement homogènes entre les sites jusque vers mi-juin; elles oscillent dans un rapport de 1 à 3 entre les différentes parcelles

    * à partir de mi-juin, la pousse d'entre cœurs, très inégale selon les sites en fonction de la vigueur parcellaire, induit une forte variabilité de la surface totale constatée la seconde quinzaine de juillet soit à l'approche de l'arrêt de croissance. La surface développée de feuillage peut alors varier de près de 1 à 6 hectares par hectare au sol

    La dose de matière active nécessaire pourassurer efficacement la protection est-ellela même d'une parcelle qui ne développequ'un hectare de feuillage à celle qui atteintcinq ou six hectares?

    Mi-juin, l'évaluation réalisée donne enmoyenne, une estimation de SFT qui repré-sente 50 à 60 % de la surface foliaire déve-loppée en pleine végétation. En supposanttoutes conditions égales par ailleurs, neserait-il pas logique de n'appliquer que 50 à60 % de la pleine dose hectare ?

    Qualité de pulvérisationLa tentative visant à relier le réglage d'unappareil de traitement évalué à partir del'analyse du spectre de pulvérisation relevéau vignoble, à l'efficacité biologique decette application, s'est soldée par un échecmatérialisé par le faible degré de corréla-

    tion (20 %) mesuréentre les deux types dedonnées.

    Ceci ne veut pas direque le réglage d'unappareil n'a aucuneincidence : le résultatsuggère simplementque 80 % de la variabi-lité reste extérieure ànotre système demesure et n'est pascontrôlée dans le dis-

    positif expérimental : au vignoble, il estimpossible de distinguer statistiquementdeux réglages différents d'un mêmepulvérisateur d'après la seule évaluationde leur spectre d'application.

    Le statisticien associé à nos démarches(F. MIMIAGUE) nous suggère donc deproposer de nouveaux critères d'apprécia-tion des réglages et de mieux maîtriser laforte variabilité des mesures constatées auvignoble; ainsi deux capteurs de papiershydro-sensibles, pourtant situés en positionidentique dans la végétation, peuvent mon-trer pour un seul et même réglage, une trèsforte variabilité de l'image du spectre depulvérisation.

    Une même cause ne produisant pas lemême effet, on conçoit alors qu'il soit diffi-cile de différencier au vignoble l'impact dela variation, parfois légère, entre deuxréglages. L'expérience nous montre quel'analyse statistique ne permet pas de déce-ler de telles différences entre deuxréglages, même lorsqu'elles sont volontai-rement caricaturées.

    Conception d'un bancde contrôlePour palier à cet inconvénient, nous avonsdonc imaginé de reproduire les mêmesobservations sur un support abiotiquerécepteur de la pulvérisation, ou banc d'es-sai, représentatif de l'architecture globaled'une vigne, conçu pour augmenter la répé-titivité des mesures et fixer des limitesquantitatives décelables à l'analyse statis-tique.

    A terme, cet outil doit permettre :* d'optimiser le réglage d'un appareil

    Evolution de la surface foliaire totale des 22 sites en 2001

    SH

  • © Copyright ITV France 2002 51

    * de différencier deux réglages* de comparer la performance des

    appareils sans la contrainte des contrôles biologiques

    La mise au point du premier prototype dece banc de contrôle repose sur l'étude de lapulvérisation dans les trois dimensions del'espace - longueur, hauteur, profondeur -qui nous permettent d'évaluer chacune res-pectivement, la stabilité du réglage (répéti-tivité des mesures), l'homogénéité de dis-tribution verticale, et la capacité de péné-tration dans la végétation.

    L'outil statistique est utilisé comme élé-ment fondateur de l'élaboration du banc decontrôle : le pouvoir discriminateur del'analyse de variance fixe, pour une variabi-lité observée, le nombre de répétitions oud'éléments nécessaires pour observer unniveau d'écart souhaité.

    Evaluation de la capacité depénétration de la bouillie

    Le prototype actuel du banc de contrôle estconstitué de 4 "rideaux" qui simulent laprésence de feuilles sur 4 tranches d'épais-seur de la végétation. Il permet ainsi d'esti-mer la capacité du pulvérisateur à distri-buer la bouillie à l'intérieur de la végéta-tion, pour atteindre les grappes notamment.

    La figure 2 montre clairement la diminu-

    tion de la surface couverte et du nombred'impacts par cm

    2observés du rideau 1, le

    plus extérieur et le plus proche du passage

    du pulvérisateur, au rideau 4, le plus éloi-gné de l'appareil de traitement et donc leplus difficile à atteindre.

    Le tir ainsi effectué avec la brouette solomontre une surface couverte par la bouilliesignificativement supérieure sur l'extérieurde végétation simulée (rideau 1) par rap-port aux trois autres positions intérieures(rideaux 2, 3, et 4). La densité d'impactspar cm

    2décroît quant à elle de manière

    significative jusqu'au troisième niveaud'obstacle.

    Testé sur un appareil de traitement à jetporté grand volume, le banc de contrôlemontre le même type de résultats que pourl'appareil expérimental à partir duquel il aété mis au point. Cette expérience sembleainsi valider l'idée que l'outil est adapté, oupourra facilement l'être, pour délivrer desdiagnostics sur des configurations d'appa-reils utilisées dans la pratique.

    Le banc d'essai une fois établi dans uneconfiguration stabilisé, nous avons testé

    son aptitude à différencierdeux réglages, bon et mauvais,de la brouette Solo, appareil deréférence de traitement pneu-matique dans nos essais dematériel ITV France. Lesréglages ainsi comparés mon-trent des différences significa-tives à très hautement signifi-catives pour l'essentiel descritères analysés. La versiondu banc de contrôle ainsi testéesemble donc être suffisantepour opposer deux réglagesdont l'écart est caricatural. Desvariations plus fines pourront

    être observées en augmentant au besoin lenombre de répétitions des échantillonsobservés.

    Répartition de la pulvérisation sur quatre rideaux

    Groupes homogènes (N.K. 5 %)

    RideauSurface couverte (%)Nombre impacts par cm

    2

    1AA

    4BC

    3BC

    2BB

    Evolution de la surface couverte et du nombred’impacts par cm

    2en fonction de l’épaisseur

    simulée de végétation

  • © Copyright ITV France 200252

    Représentativitépar rapport à la vigne

    Nous avons enfin voulu vérifier s'il étaitenvisageable d'extrapoler les résultats obte-nus sur le banc d'essai aux observationsréalisées sur la vigne, en exécutant deuxtirs dans des configurations de réglagesidentiques sur ces deux récepteurs, bio-tique et abiotique, de la pulvérisation.

    Le tableau 1 illustre le niveau de résultatsobtenu pour six répétitions d'échantillonna-ge sur le banc d'essai contre quarante, habi-tuellement nécessaires, pour l'observationau vignoble.Il montre la similitude qui peut être établieentre la face de palissage directementtraitée et le premier rideau du banc d'essaid'une part, et la face indirecte qui corres-pond à une situation intermédiaire entre lesrideaux 2 et 3.

    On observe par ailleurs que les écarts typesmesurés sur le banc de contrôle sont dumême ordre de grandeur, voire inférieurs àceux observés sur la vigne pour une tailled'échantillon réduite par six. L'optimisationdu temps de travail nécessaire pour uneprécision similaire est ainsi loin d'êtrenégligeable.

    Quelles applicationspratiques de ces résultats ?

    Il n'est pas interdit de penser que l'optimi-sation du réglage d'un pulvérisateur, com-binée à l'estimation de la surface foliaire à

    protéger d'un risque d'agression convena-blement évalué, pourra conduire à terme àmieux cerner la dose de matière active suf-fisante pour assurer la pleine efficacité dutraitement. C'est là l'exercice que nousavons tenté sur deux sites expérimentauxen 2001, pour une pression parasitairecertes tardive et très modérée sur levignoble bordelais.

    L'adaptation des doses de matières activesà la SFT nous a ainsi conduit à une dimi-nution :

    * par rapport à la référence homolo-guée, qui constitue le maximumautorisé

    * par rapport au raisonnement, déjà admis par de nombreux viticulteurs, de l'adaptation du volume de bouillie au développement de la végétation. Cette pratique représente une réduction de l'ordre de 15 % de l'intrant pesticide global appliqué sur l'ensemble de la saison

    * dans notre essai, l'intrant fongicide global appliqué en 2001 ne représente plus que 45 % de la dose homologuée

    La figure 3 montre le résultat d'une tellemodalité traitée à dose optimisée, exprimépar rapport aux dégâts observés sur letémoin non traité adjacent, lors du contrôledu 11 août, au stade de la véraison.

    On observe un bon niveau d'efficacité obte-nu par la dose de produits de traitementsoptimisée, tant sur le mildiou que sur l'oï-dium. Il est cependant indispensable d'in-

    Observation

    Vigne

    Banc d’essai

    Position observée

    Face directe

    Face indirecte

    Rideau 1

    Rideau 2

    Rideau 3

    Rideau 4

    % surface couverte

    9,0

    1,5

    8,6

    2,2

    0,9

    0,5

    Ecart type

    15,5

    2,4

    14,2

    2,9

    1,4

    0,3

  • © Copyright ITV France 2002 53

    sister sur la pression modérée ren-contrée en ce millésime 2001 :rien ne prouve que ce résultat soitextrapolable sans danger àd'autres situations ou d'autres mil-lésimes !

    Par ailleurs enfin, des essais deréduction systématique des dosesde traitement ont été conduitspour la troisième année consécu-tive en bordelais et MidiPyrénées. L'objectif de ces essaisest de dresser a posteriori uninventaire des situations agrono-miques pour lesquelles des réduc-tions de doses de matière activeappliquées étaient possibles ounon en fonction du profil épidé-mique du millésime.

    Dans le contexte de la campagne 2001 -pression parasitaire faible en début de cam-pagne puis moyenne en juillet août, uneréduction de 50 % des doses de produitsphytosanitaires, permettait d'assurer austade de la véraison, un état sanitaire cor-rect tant du feuillage - 85 à 95 % d'effica-cité - que de la récolte - 80 à 90 % d'effica-cité. La pleine dose hectare se situe dans laborne supérieure de ces intervalles, mais legain d'efficacité, faible par rapport auxdoses réduites appliquées, n'apparaît passignificatif. Nos essais montrent doncqu'une réduction des doses de traitementétait possible dans ce contexte expérimen-tal.

    L'adjonction de deux adjuvants testés nepermet pas d'améliorer l'efficacité des pro-grammes appliqués de manière significati-ve : pour la deuxième année consécutive, etdans des contextes épidémiologiques suc-cessivement fort et modéré, aucun effetpalliatif de la réduction de matière activene semble pouvoir être attendu des deuxadjuvants appliqués.

    Perspectives

    Le suivi de la surface foliaire réalisé en2001 en Aquitaine permet de confirmer lesordres de grandeur déjà observés en 2000sur la Gironde ainsi que la grande variabi-lité qui peut être observée d'un site à l'autre.

    De même, cette campagne expérimentaleconfirme que cette variabilité est largementdue à la surface foliaire d'entre cœurs, dontnous devrons, à l'avenir, améliorer l'échan-tillonnage pour plus de précision.

    Les premiers travaux entrepris sur le bancde contrôle montrent que le remplacementd'un support végétal par un support abio-tique aux caractéristiques proches, permetde diminuer la variabilité des mesures et destabiliser les résultats d'évaluation de laqualité de pulvérisation : la méthodologiepermet d'établir une distinction nette entredeux réglages différents. Elle semblereproductible pour des appareils de traite-ment grandeur nature, et représentative dela distribution de la bouillie sur le végétal :ces premiers résultats très encourageantsdoivent cependant être confirmés et appro-fondis avant d'envisager de les utiliser dansle domaine du diagnostic et du conseilauprès des viticulteurs, ce que nous pen-sons être possible, à terme.

    Enfin, la mise en pratique de ce conceptd'adaptation des doses à la surface foliairedéveloppée montre que cette voie d'optimi-sation proposée ne relève pas du domainede l'utopie : le raisonnement élaboré per-met d'évaluer une marge de progrès pos-sible, qui fut réelle dans le contexte trèsprécis de pression parasitaire modérée, encette campagne 2001. Ce premier