ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

12
ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) DU BARRAGE DE BIMONT ET INFORMATION DE LA POPULATION (*) Paul ROYET Unité de recherche “Ouvrages hydrauliques”, Cemagref. Robert CHAUVET Service “Génie Civil“ , Société du Canal de Provence et d’Aménagement de la région provençale (SCP). 1. LE CONTEXTE RÉGLEMENTAIRE FRANÇAIS Dès 1968-1970, différents textes officiels avaient imposé en France la mise en œuvre de « plans d’alerte » pour les barrages remplissant simultanément les deux conditions d’une hauteur de plus de 20 mètres par rapport au terrain naturel et d’un volume de retenue de plus de 15 hm 3 . Outre la réalisation d’une étude d’onde de rupture du barrage, la réglementation imposait la mise en place de sirènes dans la zone dite du quart d’heure, c’est-à-dire la zone atteinte par l’onde de rupture moins d’un quart d’heure après l’effacement du barrage. Cependant, à cette époque, si les plans d’alerte ont effectivement été établis et les sirènes mises en place pour quelque 90 grands barrages français, l’information du public a été largement déficiente, voire inexistante. On aboutissait à une situation paradoxale où les sirènes étaient installées et régulièrement essayées (4 fois par an) sans que la population concernée ne connaisse précisément la conduite à tenir en cas de déclenchement effectif d’une alerte. Le cadre réglementaire a sérieusement évolué en 1987 puisqu’une loi spécifique a été votée, portant sur l’organisation de la sécurité civile et la prévention des risques majeurs ; cette loi affirme explicitement le droit à l’information pour les populations concernées par ces risques. Différents textes, datant de 1988 à 1994, sont venus préciser les modalités d’application de cette loi dans le domaine des barrages (Cottin et al., 1994). Ainsi, les anciens « plans d’alerte » s’appellent désormais « Plans Particuliers d’Intervention » (PPI). Ils continuent à s’appliquer aux barrages de plus de 20 m de hauteur et de plus de 15 hm 3 de capacité. Les PPI renforcent nettement les prescriptions concernant les études techniques à réaliser pour l’établissement des plans d’alerte : - poursuite de l’étude d’onde de rupture jusqu’à la limite où l’onde se présente comme une inondation sans danger pour les personnes ; Page 1 sur 12

Transcript of ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

Page 1: ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI)

DU BARRAGE DE BIMONT ET INFORMATION DE LA POPULATION (*)

Paul ROYET

Unité de recherche “Ouvrages hydrauliques”, Cemagref.

Robert CHAUVET

Service “Génie Civil“ , Société du Canal de Provence et d’Aménagement de la région provençale (SCP).

1. LE CONTEXTE RÉGLEMENTAIRE FRANÇAIS

Dès 1968-1970, différents textes officiels avaient imposé en France la mise en œuvre de « plans d’alerte » pour les barrages remplissant simultanément les deux conditions d’une hauteur de plus de 20 mètres par rapport au terrain naturel et d’un volume de retenue de plus de 15 hm3. Outre la réalisation d’une étude d’onde de rupture du barrage, la réglementation imposait la mise en place de sirènes dans la zone dite du quart d’heure, c’est-à-dire la zone atteinte par l’onde de rupture moins d’un quart d’heure après l’effacement du barrage. Cependant, à cette époque, si les plans d’alerte ont effectivement été établis et les sirènes mises en place pour quelque 90 grands barrages français, l’information du public a été largement déficiente, voire inexistante. On aboutissait à une situation paradoxale où les sirènes étaient installées et régulièrement essayées (4 fois par an) sans que la population concernée ne connaisse précisément la conduite à tenir en cas de déclenchement effectif d’une alerte.

Le cadre réglementaire a sérieusement évolué en 1987 puisqu’une loi spécifique a été votée, portant sur l’organisation de la sécurité civile et la prévention des risques majeurs ; cette loi affirme explicitement le droit à l’information pour les populations concernées par ces risques. Différents textes, datant de 1988 à 1994, sont venus préciser les modalités d’application de cette loi dans le domaine des barrages (Cottin et al., 1994).

Ainsi, les anciens « plans d’alerte » s’appellent désormais « Plans Particuliers d’Intervention » (PPI). Ils continuent à s’appliquer aux barrages de plus de 20 m de hauteur et de plus de 15 hm3 de capacité. Les PPI renforcent nettement les prescriptions concernant les études techniques à réaliser pour l’établissement des plans d’alerte :

- poursuite de l’étude d’onde de rupture jusqu’à la limite où l’onde se présente comme une inondation sans danger pour les personnes ;

Page 1 sur 12

Page 2: ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

- analyse du risque sismique et justification de la stabilité du barrage si celui-ci se trouve dans une zone d’intensité supérieure ou égale à VIII MSK ;

- analyse du risque d’effondrement de terrain dans la retenue (cas de la catastrophe de Vajon en Italie) ;

- analyse du risque de crue.

Le PPI comporte deux situations de vigilance et un stade d’alerte :

- la vigilance renforcée résulte d’une crue ou de faits anormaux constatés sur l’ouvrage ; elle se traduit par une mobilisation particulière de l’exploitant et une mise en liaison avec les services de la sécurité civile et du contrôle ;

- la situation de « préoccupations sérieuses » résulte d’une aggravation de la crue ou des faits anormaux mentionnés ci-dessus ; elle se traduit déjà par l’évacuation des populations les plus vulnérables (écoles,

hôpitaux, campings) situées dans la zone du quart d’heure et par l’activation des sirènes[1];

- le stade d’alerte correspond à une situation (en partie prédéfinie) où l’exploitant estime ne plus avoir le contrôle du barrage. L’exploitant déclenche alors les sirènes et informe immédiatement la sécurité civile.

Concernant l’information préventive du public, la réglementation impose désormais que le dossier synthétique du PPI soit consultable par le public et il revient aux maires des communes concernées d’établir une documentation d’information et de la porter à la connaissance de la population.

Le barrage de Bimont est le premier exemple d’application complète de cette nouvelle réglementation, jusqu’à l’étape d’information du public. Le contexte particulièrement délicat de cet ouvrage rend d’autant plus intéressant le retour d’expérience.

2 - PRESENTATION DU BARRAGE

RAPPEL DES CARACTÉRISTIQUES DU BARRAGE

Le barrage de Bimont est un barrage voûte à double courbure (Fig. 1) situé sur un affluent de l’Arc, à l’amont de la ville d’Aix-en-Provence, au nord de Marseille. Ses caractéristiques principales sont une hauteur de 81,5 m au-dessus du point le plus bas du terrain naturel, pour un longueur en crête de 180 m et une capacité de stockage initiale de 38,9 hm3 à la cote 350 NGF. Construit au lendemain de la deuxième guerre mondiale de 1946 à 1952, il était destiné à l’origine à l’alimentation en eau agricole et urbaine de la région d’Aix-en-Provence (Reynaud et Aveniau, 1953).

Page 2 sur 12

Page 3: ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

Attribué ensuite à la Société du Canal de Provence et d’aménagement de la région provençale (SCP) par le décret de concession du 15 mai 1963, il a vu son intérêt de réserve en eau diminuer par suite de la réalisation de l’infrastructure hydraulique du Canal de Provence, dont une branche assure son alimentation artificielledepuis les barrages du Verdon. A l’heure actuelle son niveau d’exploitation normale est limité à 329,50 NGF (soit 22,31 m plus bas que la crête) et il n’assure plus qu’un rôle principal de réserve de compensation pour la branche Est du canal de Provence et les deux mini-centrales hydroélectriques qui lui ont été ajoutées.

Parmi les rôles secondaires assurés par le barrage de Bimont, non officiels mais bien ancrés dans la perception de la population environnante, on peut citer l’écrêtement des crues et une présence affirmée dans l’environnement (paysages de la montagne Sainte Victoire, pêche).

BREF HISTORIQUE DU CONTEXTE TECHNIQUE

Bâti dans la frénésie de reconstruction de l’après-guerre, le barrage de Bimont avait fait l’objet d’études avec les connaissances en usage à l’époque. En particulier l’étude hydrologique peut passer pour être sommaire au regard de ce qui se pratique un demi-siècle plus tard. De même, il n’y a pas eu d’étude sismique, et les études géologiques des appuis étaient relativement succinctes.

Aussi, dès juillet 1960 et sans attendre d’avoir pris possession de l’ouvrage en 1963, la SCP fit procéder à une inspection détaillée des fondations et de la structure.

Cette inspection (R. BARBIER) fit alors découvrir un réseau de fissures et un gonflement dans certaines zones du barrage, notamment dans le plot 2 (en RD), inexplicables à l’époque (Combelles et al., 1979). Il s’en est suivi toute une série de travaux de reconnaissance (dont une galerie au rocher dans la fondation du plot 2),de mise en place d’instruments de surveillance supplémentaires (dont un pendule dans le plot 2 et un autre dans le plot central n°7) (Hamon et al., 1982) et d’étanchéité pour la protection de la zone malade du plot 2 (Michel et Bonazzi, 1984). Le niveau d’exploitation était limité dans les premières années par les conditions d’alimentation gravitaire par la galerie d’amenée (soit 336, à 14 m sous la cote nominale de remplissage ultime du projet). Il fut remonté en 1970 à la cote 341, avec l’accord des autorités de contrôle (CTPB). Puis en 1982, profitant de la réalisation du Canal de Provence, il fut décidé, à la demande de la SCP, d’abaisser la cote d’exploitation normale du barrage à 329,50 NGF, dénoyant ainsi la zone douteuse du plot 2.

Les incertitudes sur la cause des désordres constatés ont pu être levées depuis, tout d’abord par une analyse détaillée des documents de chantier qui, par une mise en évidence de très bonnes corrélations entre dates d’exécution et zones gonflantes, a permis d’incriminer la qualité des ciments livrés à l’époque. Une étude prospective du phénomène de gonflement par des laboratoires spécialisés permit alors d’estimer la fin de ce gonflement pour la décennie 90, ce qui est aujourd’hui vérifié puisque les courbes de déformation du plot 2 (nivellement et pendule) ont pratiquement atteint l’asymptote depuis quelques années déjà. D’autre part, des essais sur carottes prélevées en 1991 au cœur de la zone gonflante du plot 2 et analysées en même temps que les prélèvements du barrage du Chambon ont permis d’exclure tout phénomène d’alcali-réaction.

Page 3 sur 12

Page 4: ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

Si le concessionnaire (SCP), son conseil (Coyne et Bellier) et les services de contrôle (Direction départementale de l’agriculture et de la forêt – DDAF) sont aujourd’hui pleinement rassurés sur l’état présent et futur du barrage, il n’en reste pas moins que plusieurs décennies d’interrogations et de travaux ont laissé dans l’inconscient collectif l’impression que le barrage de Bimont était un barrage « à risque ».

UN CONTEXTE DÉLICAT VIS À VIS DU PUBLIC

Ainsi qu’il a été indiqué précédemment, les fissures visibles sur le parement aval, l’abaissement de 20 m de la cote d’exploitation du barrage et le temps qui a été nécessaire pour établir et vérifier les causes des désordres ont laissé s’incruster le doute dans l’esprit du public sur la sécurité du barrage de Bimont. Le fait que le plan d’alerte établi en 1984 n’ait jamais été rendu public, malgré les interventions répétées de certaines associations, a entretenu ce doute sur le thème « on nous cache quelque chose ».

Un élément supplémentaire est venu renforcer les peurs collectives. La région d’Aix-en-Provence est située dans une zone sismique ; en 1909, le tremblement de terre de Lambesc (le barrage est situé à 25 km de là) a provoqué la mort de plusieurs dizaines de personnes et représente le dernier séisme catastrophique en France Métropolitaine. L’absence d’informations établies sur la sécurité du barrage au séisme a laissé libre cours aux rumeurs les plus folles.

Le rôle précis du barrage vis à vis des crues était également largement méconnu du public. Ainsi, lors de la crue de l’Arc de septembre 1993, qui fit plusieurs victimes à Aix-en-Provence, le barrage fut accusé d’avoir aggravé la crue alors qu’il avait au contraire contribué à l’écrêter, certes dans une proportion modeste, vu la surface du bassin versant contrôlé par le barrage.

Enfin, et il s’agit là d’une raison tout à fait objective, les enjeux à l’aval immédiat du barrage sont particulièrement forts puisque 52 000 personnes vivent dans la zone de sécurité immédiate (submergée en moins d’un quart d’heure après la rupture). On trouve, dans cette même zone, de nombreux établissements scolaires et plusieurs importantes zones commerciales, sans compter les infrastructures autoroutières, routières et ferroviaires.

La presse n’était évidemment pas en reste, trouvant ainsi matière à quelques titres accrocheurs :

- « Et si Bimont rompait les amarres ? » (Le Provençal, 21 février 1993). - « Le cancer du béton » (Sciences et Vie, avril 1994) - « Béton : les ouvrages d’art malades de la peste » (Magazine Objectif Méditerranée, mars avril

1999)

Dans ce contexte, il est apparu fondamental de profiter de l’obligation réglementaire de préparer un PPI pour, d’une part, faire le point sur 30 ans de mesures et d’études, de façon à présenter un dossier très complet au

Comité Technique Permanent des Barrages[2], et pour, d’autre part, lancer une large campagne d’information du public.

3. LES ÉTUDES MÉNÉES A L’OCCASION DU PPI

Dans la réglementation française, l’arrêté du 1er décembre 1994 précise le contenu du dossier de PPI. Pour de nombreux barrages anciens, l’établissement de ce dossier conduit à compléter les renseignements existants par un certain nombre d’études techniques qui n’existent pas toujours au préalable. Pour ce qui concerne le barrage de Bimont, cette nécessité s’est trouvée renforcée par le contexte rappelé ci-dessus et a amené la SCP à réaliser les études suivantes.

Hydrologie

La crue de projet avait été définie de façon très sommaire lors du projet initial. Il est donc apparu nécessaire de procéder à une nouvelle étude hydrologique approfondie, en mettant à profit les plus récentes connaissances en la matière et les longues séries de relevés actuellement disponibles. Cette nouvelle étude hydrologique avait en fait plusieurs objectifs :

− contrôler la capacité d’évacuation des ouvrages, − définir la cote maximale atteinte par le plan d’eau en cas de crue exceptionnelle à partir de la cote

d’exploitation actuelle pour, d’une part, définir la cote de départ de l’onde de submersion en cas de rupture, et d’autre part, contrôler la tenue de la structure en cas de remplissage exceptionnel.

Cette étude hydrologique, menée à l’aide d’un modèle pluie-débit intégrant les données régionales, a donc été accompagnée d’une étude de laminage des crues les plus défavorables. Compte tenu de la situation

Page 4 sur 12

Page 5: ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

particulière du barrage de Bimont, estimé « à risque », l’étude a été poursuive par une simulation de séries pluie-débit sur une période de 100 000 ans et la crue de projet retenue pour les objectifs cités est la crue de période 5 000 ans (bien qu’en la matière on retienne d’habitude une période de retour de 1 000 ans pour un barrage voûte en béton). Les résultats principaux pour les débits de projet à retenir sont les suivants :

TABLEAU 1 Résultats de l’étude hydrologique

Les simulations hydrauliques ont montré qu’avec la nouvelle cote d’exploitation de la retenue, le niveau maximal pour la crue de période de retour 5 000 ans ne dépassait pas 341.

ETUDE SISMIQUE

Le PPI demande une étude d’exposition aux risques sismiques. Aix-en-Provence étant situé en zone sismique, l’étude a tout d’abord porté sur une évaluation de l’aléa sismique régional avec la définition des caractéristiques des séismes de référence, puis le calcul des spectres de réponse pour les séismes de référence. Enfin, un calcul (simplifié) de vérification du comportement de l’ouvrage a été mené pour ces différentes hypothèses et a conclu à sa parfaite stabilité.

MODÉLISATION MÉCANIQUE

Parallèlement, et en plus de ces études demandées dans le cadre du PPI, le bureau Coyne et Bellier a présenté une modélisation du comportement du barrage à la lumière des observations accumulées au cours de ces dernières années :

− nouvelle analyse de la rhéologie du béton, − déclavage des plots sous l’effet de la poussée due au gonflement, − présence d’une grande fissure biaise, sensiblement parallèle à la ligne de fondation, sur l’ensemble des

plots de rive droite.

Cette réflexion a conduit à un nouveau modèle de comportement de la structure, offrant une bonne corrélation avec les mouvements observés, qui considère les plots comme travaillant en fait en barrages poidsindépendants sous la charge d’exploitation normale au dessus d’une certaine cote de clavage de la voûte, qui conserve un monolithisme d’arc en dessous. Les calculs de stabilité statique avec ces nouvelles hypothèses ont été menés, qui concluent à la parfaite stabilité de l’ouvrage, y compris lors de l’écrêtement des crues exceptionnelles de projet.

Enfin, l’étude de stabilité des rives de la retenue a conduit à conclure à l’absence de risque de cette nature dans le cas de ce barrage.

PROPAGATION DE L’ONDE DE SUBMERSION

Il s’agit d’un élément primordial pour l’information des populations et l’organisation des secours éventuels. Des calculs de propagation de l’onde de submersion en cas de rupture instantanée avaient déjà été menés lors du précédent plan d’alerte, mais en prenant comme cote de départ l’ancienne cote d’exploitation (341 NGF).

Compte tenu des résultats précédents concluant à la bonne stabilité statique de la structure sous la nouvelle cote maximale, et en excluant la concomitance d’un séisme majeur et d’une crue de période de retour de 5 000 ans, il a été proposé, et accepté par les instances de contrôle, de ne pas refaire de nouvelle étude de propagation d’onde de rupture pour une cote de départ supérieure. Il est à noter que l’étude se prolongeait déjà jusqu’à l’embouchure de la rivière l’Arc dans l’Etang de Berre, à 36 km à l’aval du barrage.

L’ÉTABLISSEMENT DU PPI

Outre les études techniques ci-dessous, l’établissement du PPI a comporté en particulier :

- la définition des cotes de « préoccupations sérieuses » et d’alerte ; la première, choisie à 336, correspond

Période de retour (ans) 1 000 5 000

Débit maximum (m3/s) 300 550

Débit en 6 heures (m3/s) 190 360

Débit en 24 heures (m3/s) 75 140

Débit en 72 heures (m3/s) 29 52

Superficie du bassin versant : 41 km2

Page 5 sur 12

Page 6: ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

au début de déversement par les pertuis évacuateurs de crue ; la seconde, choisie à 341 correspond au niveau des plus hautes eaux pour la crue de période de retour 5 000 ans ;

- la définition des points de rassemblement des populations de la zone du quart d’heure en fonction des secteurs d’habitations ;

- la réalisation d’une plaquette d’information, destinée à être très largement diffusée dans le public.

4. L’INFORMATION DE LA POPULATION (1998)

Les deux pièces maîtresses ont été la plaquette d’information et les réunions publiques.

La plaquette d’information se présente sous la forme d’un document format A4 couleur recto-verso replié en trois. L’intérieur (figure 2) comporte la carte au 1/25 000ème des zones submergées par l’onde de rupture et la localisation des neuf points de rassemblement de la population, ainsi que deux pictogrammes donnant lesinstructions essentielles : « gagnez immédiatement les hauteurs », « n’allez pas chercher vos enfants à l’école ». Au verso, on trouve des explications techniques sur le barrage, les risques pris en compte, lefonctionnement des sirènes et les consignes de sécurité.

Cette plaquette a été élaborée sous l’autorité du Préfet par un groupe de travail rassemblant les services de lasécurité civile, l’exploitant du barrage, les maires des communes concernées et les responsables scolaires. Elle a fait l’objet d’une édition en 50 000 exemplaires.

Des réunions publiques se sont tenues dans chaque commune de la zone de sécurité immédiate. Elles avaient été précédées d’une réunion rassemblant les « relais d’information » : élus locaux, enseignants, responsables associatifs. Cette première réunion avait le triple objectif d’être une « répétition générale » avant les réunions publiques, de commencer à diffuser l’information et de recueillir une première série de questions. Cette réunion s’est avérée particulièrement utile et nous semble à recommander dans une telle démarche.

Les réunions publiques dans les communes ont été présidées en personne par le Sous-Préfet qui les a systématiquement ouvertes sur le ton de la clarté et de la franchise : « Nous sommes ici ce soir pour parler de la rupture du barrage de Bimont et de la conduite à tenir face à une telle éventualité ».

Pour relativiser les risques majeurs dans le Département, il était ensuite indiqué qu’un total de 43 PPI avait été établi récemment dans cette zone géographique, concernant des installations nucléaires (CEA Cadarache), des usines pétrochimiques (autour de l’Etang de Berre essentiellement) et, enfin, un barrage qui arrivait en dernierdans l'ordre chronologique de publication.

Les autorités et les techniciens présents ont apporté les réponses les plus claires possibles à toutes les questions posées qui ont porté sur l’état du barrage, le risque sismique (questions très nombreuses et parfois très pointues), le risque de crues (la crue de 1993, catastrophique à Aix-en-Provence était dans toutes les mémoires), l’utilité du barrage, et enfin sur les modalités d’évacuation en cas d’alerte. Certaines interventions furent poignantes, en particulier de personnes ayant perdu des proches en 1959 lors de la catastrophe deMalpasset, barrage distant de quelque 100 km.

L’éventualité de faire un exercice a été évoquée par le Préfet, faisant référence au précédent récent d’un exercice en vraie grandeur qui a été organisé pour simuler un accident nucléaire à Cadarache.

Les plaquettes d’information, largement distribuées aux populations concernées avec les bulletins municipaux, et les informations relayées dans la presse locale n’ont pas ranimé les peurs collectives, bien au contraire.

En conclusion, le cas du barrage de Bimont est significatif de l’évolution des mentalités en matière de communication sur les risques. Il y a tout à gagner pour les autorités et les exploitants à jouer la carte de la transparence. Le public est demandeur d’une information claire et complète où il obtient des réponses à ses questions. La preuve la plus manifeste en fut les applaudissements du public en fin de la réunion à Aix-en-Provence qui traduisent la considération qu’ont ressentie les personnes présentes. Peut-être certaines peurs ont-elles aussi pu être exorcisées à cette occasion.

Illustrations :

Figure 1 - Coupe type du barrage

Page 6 sur 12

Page 7: ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

Figure 2 - Extrait de la plaquette d'information du PPI : carte des zones submergées

avec indication des points de rassemblement de la population

Document annexe :

Fiche des caractéristiques principales de l'ouvrage

Bibliographie et éclairage technico-historique :

voir : CHAUVET et GOGUEL, CFGB 2001 : Mémento pour la visite du barrage de Bimont.

Page 7 sur 12

Page 8: ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

Fig. 1

Barrage de Bimont – coupe type

Bimont dam – cross section

336 : première cote d'exploitation, jusqu'en 1970.

341 : de 1971 à 1981

329,50 : depuis 1982 (microcentrale)

351,81 (+ parapet de 1 m)

25,2 hm3

19,75hm3

14,2 hm3

38,9 hm3

Ouvrage aval de reprise des eau

Page 8 sur 12

Page 9: ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

Page 9 sur 12

Page 10: ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

SERVICE DE L'ETAT CHARGE DU CONTROLE DU BARRAGE : Direction Départementale de l'Agriculture des Bouches du Rhône

SITUATION DU BARRAGE

BARRAGE

CARACTERISTIQUES PRINCIPALES DU BARRAGE

FICHE DES CARACTERISTIQUES PRINCIPALES DE L'OUVRAGE

MINISTERE DE L'AGRICULTURE

Circulatire interministérielle du 14 août 1970(modifiée le 29 septembre 1983)

Date d'établissement de la présente fiche : août 1999Date d'établissement de la précédente fiche : juillet 1984

BARRAGE DE BIMONT

Commune : St-MARC JAUMEGARDE Département : Bouches du Rhône Cours d'eau : Infernet Police du cours d'eau exercée par : Direction Départementale de l'Agriculture des Bouches du

Rhône

Autres dénominations du barrage : barrage RIGAUD Exploitant : Société du Canal de Provence et d'Aménagement de la Région

Provençale BP 100 - 13603 AIX-en-PROVENCE Cédex 1

Destination principale : Irrigation, alimentation en eau potable, et usages divers. Autre but production d'énergie

Concessionnaire : Société du Canal de Provence et d'Aménagement de la Région Provençale

Acte Administratif et date : Décrêt de concession du 15 mai 1963 Délibération du Conseil Général : le 31 décembre 1959

Auteur du projet : Bureau d'études André COYNE et Jean BELLIER Entreprise constructrice : Entreprise Française de Construction et Travaux Publics

et Entreprise Métropolitaine et Coloniale Année de construction : 1946 – 1952

première mise en eau : 1952 Nature : béton Type : Voûte à double coubure Longueur de la crête : 180 m Hauteur au-dessus du point le plus bas du terrain naturel :

81,50 m

Hauteur au-dessus des fondations : 86,5 m Epaisseur de crête : 4,30 m Epaisseur maximale au niveau du terrain naturel : 17,40 m Fruit du parement amont : / Fruit du parement aval : / Rayon de courbure en crête : 140 m Altitude de la crête : 351,80 m NGF Volume du corps de barrage : 150 000 m3

Fondation Nature des roches ou des terrains, structures (failles, fracturation, stratigraphie), piézométrie :

calcaire, compact sur les deux rives ; stratification verticale, biaise par rapport au lit de l'Infernet

Autres caractéristiques importantes : alimentation artificielle par les ouvrages principaux du Canal de Provence

Grosses réparations, nature et années : 1969

Page 10 sur 12

Page 11: ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

CARACTERISTIQUES PRINCIPALES DE LA RETENUE

OUVRAGES D'EVACUATION DES EAUX Crues

Vidange

Prise d'eau

. injection de clavage du joint B (contact plots 1/2)

. colmatage des fissures avec un produit élasto-plastique

. étanchement avec une peinture à base de résine époxy sur l'amont des plots 2, 3, 4.

Cote caractéristique Niveau

NGF Capacité

(hm3)

Aire plan d'eau

(km2) Cote de la crête du barrage (hors parapet) 351,81 -

-

Cote maxi prévue en alimentation par pompage 350,00 38,90

1,87

Cote maxi de remplissage gravitaire à partir des ouvrages SCP

245,34 26,61

1,42

Cote d'exploitation maximale autorisée par le CTPB (avis du 21 septembre 1970)

341,00 25,19

1,22

Cote du seuil des déversoirs vannés 336,00 19,75

0,97

Cote actuelle d'exploitation exceptionnelle (Cf. arrêté préfectoral du 07 juillet 1983

330,40 14,92

0,75

Cote actuelle d'exploitation normale (fonctionnement optimum des centrales)

329,50 14,25

0,73

Aire du bassin versant naturel : 41 km2 Débit annuel moyen : 0,1 m3/s Plus forte crue connue depuis l'année 1952 75 m3/s - le 16 janvier 1978 Par type

Nombre, emplacement, mode de fonctionnement, dimensions principales (pertuis, vannes) cotes des ouvrages d'évacuation de crues, débit maximal de chaque ouvrages :

. déversoir central

. 2 passes de 2,5 x 3 m - soit une section de 15 m2

. cote du seuil : 336 NGF

. fermeture par vannes wagons ; ces vannes sont toujours maintenues ouvertes

Débit total évacuable : 75 m3/s à la cote maximale exceptionnelle Modalités d'écoulement et de restitution des eaux de crue :

pour les cotes d'exploitation normales la crue est évacuée par les vannes de vidange ; à partir d'une cote du plan d'eau de 336 NGF, la crue est évacuée par le déversoir central

Par type Nombre, emplacement, dimensions principales (pertuis et vannes), cotes et débit maximal des ouvrages de vidanges :

. vidange principale : conduite DN 1500 mm à la cote 288 NGF avec piquage pour la microcentrale ; débit maximal : 34 m3/s à la cote 341 NGF . vidange secondaire : conduite DN 800 puis DN 500 mm à la cote 287 NGF ; débit maximal : 4 m3/s à la cote 341 NGF

Temps de vidange de la retenue depuis sa cote maximale en exploitation normale (en supposant que les apports sont nuls) :

7 jours

Type, emplacement et débit maximal : • Prise DN 1500 ; Z=288,00 NGF ; vanne papillon et vanne wagon de garde

• Prise DN 500 ; Z= 287,15 ; double vanne papillon • en aval du barrage de Bimont est construit un

contre-barrage de type voûte en béton qui permet d'alimenter en eau la branche de Marseille-Nord : débit maximal : 6 m3/s

Page 11 sur 12

Page 12: ETABLISSEMENT DU PLAN PARTICULIER D’INTERVENTION (PPI) …

INJECTIONS ET DRAINAGE

SURVEILLANCE : Périodicité des visites de l'exploitant

PROTECTION DES POPULATIONS A L'AVAL

AUTRES FAITS IMPORTANTS Dès le début de l'exploitation apparaissent des fissures sur les plots 1 à 6 en raison du gonflement de certaines parties du béton ; ce phénomène, en cours d'atténuation depuis 1976, s'est arrêté au début des années 1990.

(*) Preparation of a specific Emergency Plan (SEP) for Bimont Dam and information to the Public : English text available in the original paper ICOLD 2000, vol.1, pp. 559-568. [1] Celles-ci sont désactivées en temps normal, pour éviter tout déclenchement intempestif.

[2] Organisme officiel de contrôle de la sécurité des barrages en France.

Injections faites dans le terrain de fondation et époque de réalisation

injections sous l'ouvrage jusqu'à une profondeur de 50 m environ. Voile au large en rive droite au moment de la construction

Drainage du terrain de fondation et époque de réalisation :

en plus de la galerie sous le plot n° 2 réalisée en 1966, exécution de drains subhorizontaux en rive gauche (2) et rive droite (5) en 1969

Drainage du corps du barrage : néant

Liste des moyens d'auscultation et périodicité de leurs mesures, organismes chargés de l'exécution et de l'interprétation des mesures :

• Dispositif d'auscultation topographique, planimétrie : surveillance des mouvements radiaux et tangentiels du parement aval. Trois opérations sont faites chaque année (février, mai, septembre).

• Altimétrie : surveillance des mouvements verticaux du couronnement du pied du barrage et du plot 2. Trois opérations sont faites chaque année (février, mai, septembre).

• Les déplacements radiaux des têtes des plots 2 et 7 surveillés quotidiennement à l'aide chacun d'un pendule vertical asservi à un indicateur. Mensuellement les mesures faites avec les appareils Vinchons situés en crête d'ouvrage sur les joints des plots 1, 2, 2, 6 permettent d'en apprécier les mouvements.

• Les mesures topographiques sont faites par les topographes de la Société du Canal de Provence.

• L'interprétation des mesures est faite par la Société du Canal de Provence et le Bureau COYNE et BELLIER.

Plan d'alerte : Plan Particulier d'Intervention du 19 juin 1997Centralisateur Préfet de la région de Provence, Alpes Côte d'Azur, Préfet du Département

des Bouches du RhôneZone de sécurité immédiate (1/4 heure) :

Longueur : 9 km à partir du barragenombre de sirène : 7 nombre approximatif d'habitants : 52 000

Agglomération et ouvrages importants situés à l'aval (préciser la distance au barrage)

• Palette, commune du Tholonet, située à 6 km du barrage • Aix-en-Provence, située à 10 km du barrage • Les Milles, commune d'Aix-en-Provencele, située à 14,5 km du

barrage • Etang de Berre ; Raffineries de pétrole, située à 36 km du barrage • Autoroute A 8, de Palette à Aix (6 à 11 km) • Autoroute A 51, aux Milles (12 km) • Autoroute A 7 à Coudoux (29 km) • SNCF Aix-Marseille au Pont de l'Arc - Aix-en-Provence (9 km) • Aérodrome Aix-Les-Miles - Les Milles, commune d'Aix-en-Provence

(16 km) • Acqueduc de Roquefavour, commune de Ventabren (21 km)

Page 12 sur 12