esclavage et littérature

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La littérature et l’histoire de la Réunion au service des apprentissages au cycle 3 A partir d’un conte historique : LAO TAPKAL…SIRANDANE LO VAN (Mariline DIJOUX) Document I. Testa, professeur référente LVR bassin nord Nouveaux programmes Les élèves commencent l’apprentissage d’une langue vivante étrangère ou régionale dès la première année du cycle 2. Au cycle 3, cet apprentissage se poursuit de manière à atteindre un niveau de compétence homogène dans toutes les activités langagières et à développer une maitrise plus grande de certaines d’entre elles. L’intégration des spécificités culturelles aux apprentissages linguistiques contribue à développer la prise de recul et le vivre-ensemble. Le cycle 2 a permis un premier ordonnancement des connaissances sur le monde qui se poursuit au cycle 3 avec l’entrée dans les différents champs disciplinaires. Ainsi, l’histoire et la géographie poursuivent la construction par les élèves de leur rapport au temps et à l’espace, les rendent conscients de leur inscription dans le temps long de l’humanité comme dans les différents espaces qu’ils habitent. Les élèves découvrent comment la démarche historique permet d’apporter des réponses aux interrogations et apprennent à distinguer histoire et fiction. Plan académique pour la langue et la culture régionales Axe 2 : Sensibiliser les élèves au patrimoine culturel el linguistique régionale comme partie intégrante du patrimoine national (sensibilisation LVR) Axe 3 : Généraliser auprès des enseignants, des démarches d’enseignement du français en milieu créolophone et plus largement de maîtrise de la langue française en contexte plurilingue (EFMC) CECRL : Compétences culturelles Dispositifs : Sensibilisation Langue Vivante Régionale Enseignement du Français en Milieu Créolophone Séquence comprenant 12 séances réparties autour de 5 fiches-élèves. Fiche 1 Fiche 2 Fiche 3 Fiche 4 Fiche 5 Compétences langagières en français et en créole Séance 1 Séance 4 Séance 6 Séance 8 Séance 10 Maîtrise de la langue française Lecture- compréhension Compétences langagières en français et en créole Séance 2 Séance 5 Séance 7 Séance 11 Histoire Maîtrise de la langue française Séance 3 Séance 9 Séance 12 Production d’écrits

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Page 1: esclavage et littérature

Lalittératureetl’histoiredelaRéunionauservicedesapprentissagesaucycle3Apartird’uncontehistorique:

LAOTAPKAL…SIRANDANELOVAN(MarilineDIJOUX)DocumentI.Testa,professeurréférenteLVRbassinnord

NouveauxprogrammesLesélèvescommencentl’apprentissaged’unelanguevivanteétrangèreourégionaledèslapremièreannéeducycle2.Aucycle3,cetapprentissagesepoursuitdemanièreàatteindreunniveaudecompétencehomogènedanstouteslesactivitéslangagièresetàdévelopperunemaitriseplusgrandedecertainesd’entreelles.L’intégrationdesspécificitésculturellesauxapprentissageslinguistiquescontribueàdévelopperlaprisedereculetlevivre-ensemble.Lecycle2apermisunpremierordonnancementdesconnaissancessurlemondequisepoursuitaucycle3avecl’entréedanslesdifférentschampsdisciplinaires.Ainsi,l’histoireetlagéographiepoursuiventlaconstructionparlesélèvesdeleurrapportautempsetàl’espace,lesrendentconscientsdeleurinscriptiondansletempslongdel’humanitécommedanslesdifférentsespacesqu’ilshabitent.Lesélèvesdécouvrentcommentladémarchehistoriquepermetd’apporterdesréponsesauxinterrogationsetapprennentàdistinguerhistoireetfiction.PlanacadémiquepourlalangueetlaculturerégionalesAxe2:Sensibiliserlesélèvesaupatrimoineculturelellinguistiquerégionalecommepartieintégrantedupatrimoinenational(sensibilisationLVR)Axe3:Généraliserauprèsdesenseignants,desdémarchesd’enseignementdufrançaisenmilieucréolophoneetpluslargementdemaîtrisedelalanguefrançaiseencontexteplurilingue(EFMC)CECRL:CompétencesculturellesDispositifs:SensibilisationLangueVivanteRégionaleEnseignementduFrançaisenMilieuCréolophoneSéquencecomprenant12séancesrépartiesautourde5fiches-élèves.

Fiche1 Fiche2 Fiche3 Fiche4 Fiche5

Compétenceslangagièresenfrançaisetencréole

Séance1 Séance4 Séance6 Séance8 Séance10 Maîtrisedelalanguefrançaise

Lecture-compréhension Compétenceslangagièresenfrançaiseten

créole Séance2

Séance5

Séance7 Séance11 Histoire

MaîtrisedelalanguefrançaiseSéance3 Séance9 Séance12

Productiond’écrits

Page 2: esclavage et littérature

Exempled’exploitationpédagogique

DOMAINES COMPETENCES ACTIVITÉS

Leslangagespourpenseretcommuniquer

Comprendre,s’exprimerenutilisantunelanguerégionale

Posséderquelquesélémentsculturelssur:-lescontesetleslégendes-lesdevinettes-comprendrel’essentield’unehistoirelue

EcouteruntexteencréoleS’exprimeràl’oralencréole:-comprendreleconte:repérerlespersonnages,leslieux,lesétapes-distinguerlesélémentshistoriquesetlesfaitsappartenantàl’imaginaire-raconterleconteavecsespropresmots(encréole)

Leslangagespourpenseretcommuniquer

Comprendre,s’exprimerenutilisantlalanguefrançaiseà

l’oraletàl’écrit

Lire-connaîtreunvocabulairejusteetprécis-connaîtrelesconnecteurslogiquesusuels,-lireàhautevoixdefaçonexpressiveleconte(lecturesuivieen5parties),-dégagerl’idéeessentielled’untexte,-rendrecomptedesalectureS’exprimeràl’oral-adaptersaprisedeparoleàlasituationdecommunicationRaconter,décrire,exposer-Faireunrécitstructuréetcompréhensiblepouruntiersignorantl’histoireracontéeGestiondescodes-commenceràsesituerdansl’unetl’autrecode-avoirdeséchangesenfaisantattentionànepassesituerdanslemélangefrançais/créoleEcrire-connaîtrelesstructuressyntaxiquesfondamentales-connaîtrelaconjugaisondesverbes-répondreàunequestionparunephrase-adapterleproposauxdestinataires-utiliserlesprincipalesrègleslexicalesetgrammaticales

LireLireletextedanssaversionfrançaiseetlecomprendre:répondreàdesquestionsS’exprimeràl’oralenfrançais:-comprendreleconte:repérerlespersonnages,leslieux,lesétapes-distinguerlesélémentshistoriquesetlesfaitsappartenantàl’imaginaire-raconterleconteavecsespropresmots(encréoleouenfrançais)Chantierd’écritureImaginerunesuitePremierjet:faireuntexted’aumoins15lignesUtiliserunegrillederelecture/réécritureAprèsavoiranalyserleserreursdecontactsdelangues(démarcheEFMC),écrirele2èmejetàl’aidedelagrillePartagersontexteaveclaclasse

Lesreprésentationsdumondeetl’activitéhumaineDesrepèresgéographiques,historiquesetculturelsdesrégionsdontonétudiela

langue

Avoirdesrepèreshistoriques-comprendrel’unitéetlacomplexitédumondeparunepremièreapprochedesdroitsdel’homme-situerlapériodedel’esclavagedansletemps-ordonnerdesfaitslesunsparrapportauxautresetlessituerdansuneépoqueouunepériodedonnée-situerlatraiteàlaRéuniondansl’espace -situerdeslieuxetdesespaceslesunsparrapportauxautres

S’exprimeràl’oralenfrançaiset/ouencréole,explicitement:-àpartirdesélémentshistoriquesduconte,retracerlesétapesdelatraitedesNoirsetrefairelevoyageavecMatalanga(ens’appuyantsurletexte)-comparerdesdocumentshistoriquesetdesfaitshistoriquesrelatésàtraversunconteetremarquerquelefaitd’avoirunnarrateurdonneunedimensionémotionnelleautexte

ProlongementL’esclavequiparlaitauxoiseaux,YvesPINGUILLY,paruauxEditionsRuedumonde«Grand-mère,çacommenceoùlaRoutedel’Esclave?»,DanyBEBEL-GISLERparuauxEditionsJASOR

Page 3: esclavage et littérature

Ficheélève1 AutourduconteTapkal1Le soleil brille dans le cirque de Tsilaosana. Sur la route de l’Ilet à Corde, deux enfants marchent

doucement,toutdoucement.TuichameetTémireétaientpartisdechezeuxtôtcematin,avantl’aube.

Maintenant,lesoleiléclairepartout,lechantdesjoliescascadesvientchatouillerlesoreillesdesunsetdes

autres. De temps en temps, au fond des remparts, un papangue plane au-dessus des arbres. Enfin, ils

arrivent dans le village. Au détour d’une jolie haie de pois de senteur, ils arrivent dans un champ de

lentilles qui danse au rythmede la brise. L’endroit est tellement agréable qu’ils décident d’y passer la

journée.

Comme ils veulent tout visiter, ils empruntentunpetit sentierqui les conduit au fondd’une ravine. Là,

couleuneeauaussiclaireetaussidoucequ’unecaresse.TuichameetTémiresedéchaussent,s’assoient

sur unrocheret laissent lecourant glissersur leurspieds. Ilsferment lesyeuxetfont levidedans leur

tête.Toutàcoup,ilsentendent:

- «Hé, bonjour les enfants. D’où venez-vous comme ça ? J’ai une devinette pour vous: Qu’est-ce

qu’unechose?Larivièrecourtdansmonpremier,lebébéabesoindemondeuxièmepourdormir,mon

troisièmec’estuneplante,desgensmeurentpourmontout.Quisuis-je?»

Lepetitgarçonetlapetitefilleessaientdevoirquileurparle,maisiln’yapersonne.Onauraitditunevoix

quivenaitdelarivière.

Unepetiteappréhensions’emparedesdeuxenfants.Parprécaution,ilsremettentleurschaussuresavant

depoursuivreleurpromenade.Onnesaitjamais!

Sansmêmes’enrendrecompte,ilsarriventdansunpetitsentier...Unsentierbizarre,oùilsentendentune

voix,lavoixduventcettefois-ci.TuichameetTémirn’avaientencorejamaisentenduunairaussiétrange:

«Misava,monpié toushpi la tèr...»Lesdeuxenfantsnepeuvent résisterà la tentationdes’engouffrer

danslesentier.Lavoixlesemmènedeplusenplushaut.

Après environ deux heures demarche, ils arrivent dans une forêt derrière laquelle se trouve un grand

plateau.Ilsnevoientpaslemurdepierresen-dessousdesbuissons.Cequ’ilsvoientc’estunegrossepierre

plate sur laquelle quelques signes bizarres sont gravés. Puis ils aperçoivent l’entrée d’une grotte. Ils y

entrent.Lavoixs’arrêtedechanter.

Maintenant,lesenfantssontprisdepanique.Ilsrestentclouésausol,lesjambesencoton,lecœurbattant

lachamade.Lavoixparle:«N’ayezcraintelesenfants,jenevaispasvousmanger.Jenesuispasunebête

féroce.Jenevaispasvousattrapernonplus.J’aimeraisjustevousracontermonhistoire,vousdirecequi

estarrivéilyatrèslongtemps,àmamèreetàmoiainsiqu’àd’autrespersonnesdemonvillage.Ensuite,

j’aimeraisquevousdiffusiezmonhistoirepartout.»

Page 4: esclavage et littérature

Ficheélève1 Autourduconte

COMPREHENSION

Répondsauxquestionsenfaisantàchaquefoisunephrase(écrislesréponsesdanstoncahier)

1. AquelmomentdelajournéeTuichameetTémiresontpartisdechezeux?

2. Décrislepaysagequientourelesdeuxenfantsaudébutdel’histoire.

3. Quefont-ilspoursedétendreunpeu?

4. Quileurposeladevinetteetquichantelachanson?

5. Quelssentimentséprouventlesenfantsaufildecettepremièrepartie?

REPERESHISTORIQUES

1512:lenavigateurportugaisPédrodeMascarenhasdécouvred’archipel.L’îleestdécritecommeun

vraiparadisterrestre.

1663:LouisPayenvients’installersurl’îleavecunamifrançaisetdixserviteursmalgaches.Cesontles

premiershabitantsdel’île.

1715:introductionducafé.Lacultureducafédevientlaprincipaleproductiondel’îleetexigeun

travailintensif.Elleestlacauseetl’originedelatraited’esclavesmalgachesetafricains.

1723:lesconditionsdeviedesesclavessontfixéesparleCodenoirquiarriveendécembre1723à

Bourbon.

1810:l’Angleterres’emparedel’île.Lesanglaisintroduisentlacanneàsucre.

1848:abolitiondel’esclavageàLaRéunion.

Placelesdatessurunefrisechronologiqueetcomplèteavecd’autresévénementssurvenusàlamême

périodeauniveaunationaletmondial.

PRODUCTIOND’ECRITSRacontepuisdessinel’itinérairedeTuichameetdeTémiredanscettepremièrepartie.

Page 5: esclavage et littérature

Ficheélève2 AutourduconteTapkal2Jem’appelleMatalanga.Ilyatrèslongtemps,jevivaisdansunpaysquisetrouvedel’autrecôtédelamer,

auMozambique. J’avais àpeine15ansquand lesesclavagistesm’ontattrapé. Ilsontnégociéavecnos

chefsetnousontéchangéscontrede lapacotille:perles,corail,vaisselle, fusil,poudreàcanon,alcool...

Ensuite,ilsnousontmisuncarcandanslecou,deschaînesauxpiedsetauxmainsetnousontfaitmarcher

jouretnuitjusqu’àcequenousarrivionsdansunport.Jen’avaisjamaisvuunevilleaussijolie!

LeportIhadeMozambique!Là,ilsnousontfaitattendrequelquesjoursdansunhangar,avantdenous

embarquer dans la cale d’un bateau. Longtemps après j’ai appris que de nombreux bateaux négriers

semblablesàcelui-là,avaientquittél’Afrique.

Avantdenousembarquer,ilsavaientprissoindenousmarquerauferrougeunefleurdelyssurl’épaule.

Puis,ilsnousontvendusunenouvellefois.Noussommesrestéslongtempsenmer.

Lesconditionsdevieétaienttrèsdifficiles.Onnepouvaitmêmepasseparlercaronnousavaitséparés:

lesfemmeset lesenfantsd’uncôté, leshommesdel’autre. Plusieursd’entrenous, pardésespoir, ont

sautépar-dessusbord.Jenesavaispasnonplusoùétaitmamère.Detempsentemps,jel’entendaisqui

m’appelait:«Matalanga,Matalanga,tueslàmonfils?»

Etleventnouséloignaittoujoursplusdenotrepays.

Quelquesunsontessayédeserévolter,maistrèsviteilsontétésoumisàl’autoritédesesclavagistes.Les

plusrebellesontétésoitpendus,soitjeteràlamer.Quelquesfois,ilsfaisaientmonterquelquesesclaves

surlepont:aprèslesavoirlavésàl’eaudemer,onlesobligeaitàdanser,histoirededégourdirlescorps.

C’estseulementàcemoment-làquel’onpouvaitvoirleciel!

Enfin,levoyages’estterminé.Noussommesarrivéssurunmorceaudeterreenpleinmilieudelamer.Ily

avait de jolies cascades, beaucoup d’oiseaux et des arbres couverts de fleurs rouges. J’ai commencé à

espérer:peut-êtrequ’onallaitretrouvernotreliberté?

Page 6: esclavage et littérature

Ficheélève2 Autourduconte

COMPREHENSION

Répondsauxquestionsenfaisantàchaquefoisunephrase(écrislesréponsesdanstoncahier).

1. Queveutlavoix?

2. Aquellepériodedel’histoiredelaRéunionsesituel’histoiredeMatalanga?

3. D’aprèstoi,pourquoia-tonséparélesesclaves?

4. Qu’arrivait-ilàceuxquivoulaientserévolter?

5. D’aprèstoi,àquelendroitseterminelevoyage?

HISTOIREAl’aidedutexteetdesimages,décrislesconditionsdevieetdetransportdeceshommes.Recherchedesdocumentssurles«lazarets».

Page 7: esclavage et littérature

Ficheélève3 AutourduconteTapkal3Maisdèsquenous sommesdescendusdubateau,encoreune foisonnousa séparés: ceuxquiétaient

maladessontallésdansunesorted’hôpitaldesesclaves.Ceuxquiétaientenbonnesanté,commemoi,

noussommesallésdansunendroitqu’onappellelanègrerie.

Ilsnousontsoignésafinquenoussoyonsprésentablespourlavente.Unchefblancadit:«Nourrissez-les

bienpendantquelquesjours,donnez-leurdavantageàmanger,frottez-lesavecdel’huiledecocoetfaites

ensortedecacherlesblessures.Faiteslemaximumpourqu’ilsnousrapportentunbonprix.»

Etpourlatroisièmefois,ilsnousontvendus.

Surlaplacedumarché,j’aientendumamèrem’appeler:

«Matalanga,Matalanga?»…etpuisjel’aivues’enalleravecsonmaître.

Quandj’aivulefouetdevantmoi,j’aicompris:adieulaliberté!

J’aimarché longtemps avantd’arriver sur la plantationdemonmaître. Trois?Quatre jours? Jene sais

plus.J’aivécucommeçapendantlongtemps:travaildansleschampsavantleleverdusoleiljusqu’àlanuit

tombée.Travailler,travaillertoutletemps.Ilsnousonttraitésmoinsbienquedesanimaux.

Jenesauraisvousdirecombiendefoisj’aiessayédefuir.Jemesouviens,lapremièrefois,j’airéussiàme

sauverpourdebon.Mais lorsqu’ilsm’ont attrapé, ilsm’ont fouetté. Ensuite ilsm’ontenfermédansun

cachot,leschaînesauxpieds.

Lasecondefoisilsm’ontcoupél’oreillegauche.

Je n’ai jamais cessé de cherchermaman Siya. Partout, je demandais : - «Vous n’auriez pas vuMaman

Siya?Unejoliedameavecdespetitestressesetdesyeuxaussibrillantsquel’étoileSirga…».Ettoujoursla

mêmeréponse:«Quidonc?Désolé,jenel’aijamaisvue!»

Letempss’estécoulé…

Heureusement, le soir, autour d’un grand feu, je pouvais retrouver mes frèresMalgaches, Yambanes,

Makondé,Yoruba,Hindous,Comoriens...Onsecomprenaitenfin:c’estainsiqu’estnéelalanguecréoleet

lemaloya.

Page 8: esclavage et littérature

Ficheélève3 Autourduconte

Dupeuplementàl’abolitiondel’esclavage1667-1848

Del’engagismeàladépartementalisation

1848-1946

Deladépartementalisationàladécentralisation

1946-1981

Depuis1981

Genremusical

Instruments

Sociétédel’époque

Quelquesauteurs

COMPREHENSION

Répondsauxquestionsenfaisantàchaquefoisunephrase(écrislesréponsesdanstoncahier).

1. L’espoirdelibertédeMatalangaest-ilconfirmé?

2. Pourquoifaut-ilquelesesclavessoientprésentables?

3. Quelsortétaitréservéàceuxquitentaientdesesauver?

4. DécrisMamanSiya.

5. Quelhéritagenousrestet-ildecetteépoque?

HISTOIREAprèsavoirfaitdesrecherches,complèteletableausuivant.

Page 9: esclavage et littérature

Ficheélève4 AutourduconteTapkal4Un soir, alors que nous étions assis autour du feu, nous avons entendu le son d’un tam-tam. Un son

différentdesautres.Unvieux,Kalimba,s’estlevéetadit:«Ecoutez,écoutezmesfrères!C’estTsilaosa!

Jecroisqu’ilvientnouschercher.»Alors,levieilhommeaprononcélesseulesparolesqu’ilrépétaittoutle

temps:«Qu’est-cequ’unechose?L’eaudelarivièrecourtdansmonpremier, lebébéabesoindemon

deuxièmepourdormir,montroisièmec’estuneplanteetdesgensmeurentpourmontout.Quisuis-je?

Etl’assembléearéponduenchœur:liberté!

A ce moment, Tuichame et Témir ont redoublé d‘attention. C’est bien le vieil homme qu’ils avaient

entenduunpeuplustôt,danslaravine!

Leslarmesauxyeux,lesenfantsécoutentMatalangaraconterlasuitedesonhistoire:

«C’étaitvraimentTsilaosaquinousappelait.MaisilnefallaitsurtoutpasoublierleschasseursdeMarrons,

munisdeleursfusilsetaccompagnésdeleurschiens.Personnen’ahésité.MêmepaslevieuxKalimba.Ily

avaittroplongtempsquenousrêvionstousdeliberté.Lesondutam-tamnousaguidésjusqu’àTsilaosa.

Ensuite,nousavonsmarchéencoreetencore.NoussommesarrivésdanslevillagedeTapkal,quisignifie

«laforêtcoupée»enmalgache.Effectivement,nousavonsremarquéunjoliravinquicoupaitlaforêten

deux…

Nousavonspleurédejoie.Nousavonsmêmeembrassélaterre!

Ilyavaitpartoutdespetitesmaisonsenpaille,deschampsdepommesdeterreetautresmaniocs,maïs…

ainsiquedesélevagesd’animaux: cochons,bœufs,poules…Onnousaaccueillisàbrasouverts. Làune

autrevieacommencé.Nousétions libres. Quelques fois il fallaitdescendresur lacôtepourchasserou

pécher.C’étaitrisquémaisilfallaityaller,surtoutpouressayerdesortirdesgriffesdel’esclavaged’autres

frèresenchaînés.

Malgré cette joie de vivre, je n’ai jamais cessé de chercher maman Siya. J’ai fait le tour des villages

marrons: l’Ilet-à-Cordes, Matarum, Fleurs jaunes… J’ai escaladé tous les sentiers remplis d’épines de

souffrance.

Dèsque j’apercevaisquelqu’un, je luidemandais: -«Vousn’auriezpasvuMamanSiya?Une joliedame

avec des petites tresses et des yeux aussi brillants que l’étoile Sirga…». Et toujours lamême réponse:

personnenel’avaitvue.MamanSiya,maisoùes-tu?Nevois-tupasquetonfilsabesoindetoi?

Envain…

Page 10: esclavage et littérature

Ficheélève4 Autourduconte

COMPREHENSION

Répondsauxquestionsenfaisantàchaquefoisunephrase(écrislesréponsesdanstoncahier).

1. PourquoiMatalangaetlesautresn’ontpaspenséauxchasseursdemarrons?

2. Comments’appellelevillageoùilsarrivent?D’oùvientlenomdecevillage?

3. Expliquel’autreviequicommenceàcemoment-là.

4. PourquoilesMarronsredescendentsurlacôte?

5. Qu’est-cequimanqueàlalibertédeMatalanga?

PRODUCTIOND’ECRITSDécrisenquelquesligneslepaysagereprésentésurcetteimage(lithographied’AntoineRoussin).

Page 11: esclavage et littérature

Ficheélève5 AutourduconteTapkal5Unjour,alorsquej’attendaismesamispouralleràlachasse,deboutàcetendroitdelagrotte,j’aireçu

uneballeenpleinepoitrine.Jemesuiseffondréparterremaismonespritestmontédanslesairs.J’aialors

compris: les chasseurs deMarrons avaient suivi un groupe de femmes qui étaient allées chercher des

tisanes.Deretourànotrevillage,ilsonttuétoutlemonde.

Moi,monespritestmontédanslesairs.Puisj’aivumamère.J’avaisenfinretrouvémamère,mamanSya.

Elleaussi,ellen’avait jamaiscessédemechercher.Pardésespoir,elleavaitpréféréprendre laroutedu

derniermarronage.

J’avaisenfinretrouvémamanSiya.Ungrandbonheurs’estemparédemoi,denous.Tous lesdeuxnous

noussommesmisàchanter:Misava…

C’estalorsquemamanSyaetmoiavonsvoyagé:commedeuxoiseaux,nousavonssurvolé l’île,survolé

l’océanIndien,lesyeuxfermésafindenepasvoircequisepassaitenbas,dansleschampsdecannesà

sucre…

Nousavonssurvoléunegrandeîleàlaterrerouge:Madagascar.Puislamer,encorelamer!Lesvagues

nous ouvraient la voie. Enfin, nous sommes arrivés au Mozambique. Notre pays! Nous en avions

tellementrêvé!

Mamèrearetrouvémonpère.Elleétaitheureuse:«Matalanga,pourmoilevoyageestterminé.Cafait

troplongtempsquejerêvedecemoment.Aujourd’hui,moncœurestenpaix.

SimamèreadécidéderesterauMozambique,moi,Matalanga,j’aipourmapartdécidéderepartirversce

morceaudeterre,verscetteîlesibelle,perduelà-basdansl’océanIndien.Cetteîleoùlescascadescoulent

àflotdesmontagnes,oùlesfleursdecertainsarbressontrougesang!Maisaprèstout,jesuisunesprit,

riendeplusfacilepourmoi!

Çafaitlongtempsquejevousattends,TuichameetTémire!Sijevousairacontétoutemonhistoirec’est

pourvouslaracontiezàvotretouràtousceuxquevousaimez.J’aimeraisquetousleshabitantsdecepays

n’oublientpasnotrehistoire,n’oublientpasleurhistoire.Carunarbresansracinenepeutsetenirdroit!

J’aimeraistantquevouspuissiezdirecelaàtoutlemonde!

TuichameetTémireontprisleursjambesàleurcoupourregagnerCilaos.Arrivésenbas,ilssesontpincés

pourvoirs’ilsnerêvaientpas.DanslamaindeTémireilyavaitunepetitepierre,semblableàungrosgrain

desel:«C’estunmorceaudeterreduMozambique»,aditlavoixduventdanssonoreille.Etdansleur

tête,trottaitlachansondelarivièrequ’ilsn’arrivaientpasàoublier:

Misava…

Page 12: esclavage et littérature

Ficheélève5 Autourduconte

Faitshistoriques Faitsimaginaires

COMPREHENSION

Répondsauxquestionsenfaisantàchaquefoisunephrase(écrislesréponsesdanstoncahier)

1. ExpliquecequecomprendMatalangaaumomentoùils’effondre?

2. CommentMatalangaetsamèreretournent-ilsauMozambique?

3. QuedécidedefaireMatalanga?

4. Qu’est-cequimontrequeTuichameetTémiren’ontpasrêvé?

5. PourquoiMatalangaa-t-ilracontésonhistoireauxdeuxenfants?Est-ceimportant?Justifie

taréponse.

LITTERATUREReprendslesélémentsducontequiappartiennentàlaréalitéetceuxquiappartiennentàl’imaginaire.Complèteletableauci-dessous.

Imagineunesuiteàcettehistoire(15lignes):lesdeuxenfantsvont-ilscontinueràavoirpeuroubienvont-ilsréalisercequ’illeurestarrivé?

Page 13: esclavage et littérature

Nom: Prénom:

Classe: école:

Date:

CHANTIERD'ECRITURE

Grillederelecture/écriture oui/non

1-TEXTE

J'airespectélaconsigne. J'aiexposémesidéesclairement. Montexteadusens.

2-PHRASES

Jen'aipasoubliéde: *mettrelamajusculeaudébutdechaquephrase *mettrelepointàlafindechaquephrase *écriredesmotsdeliaisonentrelesphrases:

unjour, puis,etpuis quand,lorsque soudain,toutàcoup finalement,enfindecompte,toutcomptefait

*ajouterdescomplémentscirconstanciels

delieux(où?) detemps(quand?) demanière(comment?)

*respecterleschaînesd'accord:

déterminant+nom+adjectif sujet+verbe

*vérifierdansledictionnairel'orthographedesmots

3-CONTACTDELANGUES

J'aifaitattentionà:*nepasutiliserdesmotsencréoledansmontexteenfrançais *employerlesfauxamiscréole/françaisaveclesensdanslalanguedemandée

*nepasmélangerlecréoleetlefrançaisdanslaconstructiondemesphrases Observations

Page 14: esclavage et littérature

FRISE MUSICALE : quelques éléments de réponse

Période Du peuplement à l’abolition de l’esclavage 1667- 1848

De l’engagisme à la départementalisation 1848- 1946

Genre musicale

T’shéga (actuel maloya) se développe à la Réunion avec les esclaves venus d’Afrique, de Madagascar et d’Inde.

Quadrille, Séga. Les mélodies et les instruments qui produisent le quadrille sont européens alors que son rythme est interprété par des instruments provenant de la population créole d’origine servile.

Instruments Roulèr, kayanm, bob, sati (pikèr), triang

Violon, banjo, harmonica,

Société de l’époque

Société de plantation Plusieurs récits de voyage décrivent des rassemblements d’esclaves au cours desquels se mêlaient musique et danse. Le nom de séga revient souvent dans ces récits. La distinction entre t’shéga et séga permet de comprendre l’origine du maloya, qui devient le descendant du premier, ainsi que l’existence du second genre qui a conservé son nom jusqu’à aujourd’hui. Le terme maloya apparaît dans les années 1930 avec Fourcade.

La fin du 19ème siècle et le début du 20ème représentent une période de prospérité qui permet la diffusion des loisirs à travers l’ensemble de la population. Des musiciens populaires créoles, les « jouars »» se saisissent d’airs entendus en ville alors que la bonne société se met à danser de manière plus débridée dans les bals. Les quadrilles, originaires d’Angleterre, qui s’acclimatent aux tropiques et deviennent les « quadrilles créoles », le séga occupe une place grandissante dans les albums de partitions alors édités. Au début du XXe siècle se greffent d’autres instruments venus d’Europe, l’accordéon diatonique nommé aussi "ralé-poussé", puis l’harmonica, la guitare, la clarinette, et d'autres instruments à vent qui formeront l'orkès en cuivre. Le séga "piqué", séga traditionnel ou séga "dentelle" se danse en couple. Il faut noter que les créoles n'avaient pas de costumes traditionnels. Pendant ce temps le maloya disparaît de la sphère publique.

Quelques exemples (à compléter)

Valet-Valet

Séga Célimen 1806-1864 « Missie L Blanc malhonnete » M-F Legras « Nounoutte » 1891 Chansons et refrains populaires Fourcade (1884-1962) Z’histoires la caze (1928) recueil de chansons, contes, fables, saynètes propose des textes dont les sujets sont puisés dans la vie quotidienne nous renseignant ainsi sur les coutumes et les traditions de la société réunionnaise de l’époque. « ça qui manze canne » « sicocando »

Page 15: esclavage et littérature

Période De la départementalisation à la décentralisation

1946-1981

Depuis 1981

Genre musicale

Maloya engagé Maloya folklorique Séga « cordéon » Se développent dans les bals populaires avec les orchestres en cuivre

Maloya électrique Séggae, ragga…

Instruments Séga : clarinettes, trompettes, tubas, accordéon et grosse caisse militaire surmontée de cymbales

Instruments européens, indiens, africains

Société de l’époque

Le terme "séga" récupéré par la bourgeoisie locale, trouve sa place dans la société coloniale qui l’applique à des chansons et danses de salons créolisées. Lors des élections, chaque parti proposait « sa » musique. Le prologue obligatoire de toute réunion des « nationaux » (La Selve, 1984 : 129) est un « orchestre cuivre » interprétant des airs dansants « à la mode », dont certains venant de France et d’autres composés à la Réunion (séga, « variété créole »...). Inversement, le meeting « autonomiste » du PCR vibre alors au son du maloya. Firmin Viry réalise en 1976 le premier 33 tours de l’histoire. Il sera suivit par plusieurs 45 tours d’autres musiciens, également produits par le PCR.

Les années 1980 sont marquées par un foisonnement de formations musicales aux compositions et arrangements autant inventifs qu’éclectiques dont la plupart alimentent le nouveau genre du « maloya électrique » (Ziskakan, Ousanousava, Baster, Ravan…). Les textes deviennent de véritables monuments littéraires qui s’éloignent du format court du maloya « traditionnel ». Musicalement, les sources d’inspirations sont aussi bien internationales que françaises et locales. Sur le plan du message apparaissent des thèmes devenus essentiels depuis. Nous pourrions tous les rassembler sous celui de « l’identité ». Au tournant des années 1980, la production musicale discographique se réclamant du maloya est triple. Il faut distinguer les joueurs de « maloya traditionnel », de ceux qui y ajoutent des instruments européens. Le troisième champ de la « scène maloya » est occupé par les groupes folkloriques comme par exemple Paille en queue ou Kalou Pilé qui vantent la vie locale en se produisant dans différents lieux touristiques de l’île ainsi qu’à l’étranger Rattrapé par les musiques étrangères, le séga et le maloya évoluent chaque jour parfois en ségae, raggae, malogae ou autre musique del sol…

Quelques exemples (à compléter)

Groupe folklorique de la Réunion Chansons populaires Chansons engagéés …

Caroussel Ti Fock Ziskakan Pix’l …

Pourallerplusloin:Unmonumentmusicalàlamémoiredesancêtresesclaves:lemaloya(îledelaRéunion)BenjaminLagardeGuillaumeSAMSON,BenjaminLAGARDEetCarpaninMARIMOUTOU:L’Universdumaloya.Histoire,ethnographie,littérature