ES CHIFFRES CLÉS DE ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE · 2020. 3. 19. · Les chiffres clés de...

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ECA Enseignement catholique actualités www.enseignement-catholique.fr N°371, février - mars 2016, 5,50 2015-2016 LES CHIFFRES CLÉS DE LENSEIGNEMENT CATHOLIQUE Récits d’ailleurs Allemagne : l’École, clé d’intégration des réfugiés Culture Cinéma / Musée Livres / Multimédia Initiatives Entrer dans la lecture avec le Roll Portrait Benoît Guillou Aux confins des mondes Gestion Taxe d’apprentissage, ce qui change + de 80 000 salariés 136 000 enseignants 7 508 établissements 2 069 000 élèves 2 2 2 2

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ECA Enseignement catholique

actualitéswww.enseignement-catholique.frN°371, février - mars 2016, 5,50€

2015-2016LES CHIFFRESCLÉS DE

L’ENSEIGNEMENTCATHOLIQUE

Récits d’ailleursAllemagne :l’École, cléd’intégration des réfugiés

CultureCinéma /Musée Livres/

Multimédia

InitiativesEntrer

dans la lectureavec le Roll

PortraitBenoît GuillouAux confins des mondes

GestionTaxe d’apprentissage, ce qui change

+ de 80 000 salariés

136 000 enseignants

7 508 établissements

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43 Couverture : D. Wasmer (illustration), P. Huault, N. Fossey-Sergent,Lycée St.-Ursula/Lenggries, D. Bordes. Sommaire : Gettyimages/K. Vedfelt, M.-C. Raffin, C. Léger, D. R.

S o m m a I r e

Les chiffres clés de l’enseignement catholique Le dossier du mois reprend les grands indicateurs de l’enseignement catholique,actualisés pour l’année scolaire 2015-2016. Sous forme synthétique, il récapitule leschiffres de référence pour les effectifs d’élèves à l’échelle nationale et académique, de lamaternelle au post-bac. Il offre des données sur les établissements et les personnels(enseignants, chefs d’établissement, salariés des établissements). Enfin, il précise certainsindicateurs économiques indispensables. Les données sont recueillies auprès del’observatoire Solfege, du Cneap et de l’observatoire économique et social de la Fnogec.

Au centre de ce numéro : un dossier de 16 pages détachable

RÉCITS D’AILLEURS

Allemagne : L’École, cléd’intégration des réfugiés p. 40

PLANÈTE JEUNES

Morphée menacée par les écrans p. 43

IMAGES PARLANTES

La Résurrection comme victoiresur le doute p. 44

CULTURE

Une école catholique dans latourmente / Les merveilles dupatrimoine français pp. 46-47

LIVRES / MULTIMÉDIA pp. 48-51

INFOS + p. 52

UN JOUR, UN PROF

Thibaut Tekla : « Quand je vieillirai, je lui ressemblerai » p. 53

PRATIQUE p. 54

ÉDITORIAL p. 5

ACTUALITÉS

Enseignement catholique p. 6Éducation p. 20

FORMATION

Ces gestes qui sauvent p. 27

GESTION

Taxe d’apprentissage : Les CFAgrands gagnants de la réforme p. 28

INITIATIVES

Faire classe autrement pour la réussite de tous / Entrer dansla lecture avec le Roll / Uneterminale pour les décrocheurs

pp. 29-33

PAROLES D’ÉLÈVES

« Pendant l’atelier, j’avais le rôlede l’exclue » p. 34

RÉFLEXION

Marcel Gauchet : « Redonner à l’École sa fonctioninitiatique » p. 36

PORTRAIT

Benoît Guillou : Aux confins desmondes p. 38

N° 371 FÉVRIER - MARS 2016 ECA 3

Ce numéro comporte un encart jeté « Enveloppe de Carême » et un hors-série « Le dialogue interculturel et interreligieux en École catholique » destiné aux abonnés.

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BON DE COMMANDE « ENSEIGNEMENT MORAL ET CIVIQUE » 15 € L’EXEMPLAIRE

15 € l’exemplaire (+ frais de port : 5,04 €) ; frais de port pour 2 ex. : 6,35 € ; 12 € l’exemplaire à partir de 10 ex. (+ frais de port : 11,33 €) ; 10 € l’exemplaire à partir de 50 ex. (+ frais de port : 35,46 €) ; frais de port pour 100 ex. : 70,92 €. Détail des frais de port sur : enseignement-catholique.fr

Nom/Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal /Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir : . . . . . . . . . . . . . . . . . exemplaires. Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . . . . . . . . . € à l’ordre de :

Sgec, Service publications, 277 rue Saint-Jacques, 75240 Paris Cedex 05.Tél. : 01 53 73 73 71 (58) - Mail : [email protected]

« La démarche moraleconcerne tous lesmoments de la vie d’unétablissement. Elle nese limite pas à quelquesheures de cours. »

Pascal Balmand

Loi de Refondation de l’École 2013 :l’enseignement moral etcivique est entré en vigueur dans l’ensemble desétablissements scolaires à la rentrée de septembre 2015.

FORMATION MORALE

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Publication officielle du Secrétariat général de l'enseignement catholique(SGEC)Directeur de la publication > Pascal Balmand. Directrice éditoriale > Marie-Amélie Marq. Rédactrice en chef >Sylvie Horguelin. Ont participé à la rédactionde ce numéro > Adèle BarbotClaude BerruerFrançois BœspflugMireille BroussousJoséphine CassoCatherine DalichouxLéa DefaÿsseLaurence EstivalAndré-Pierre GauthierJosiane HamyAgathe Le BescondColine LégerVirginie LerayMaria MeriaDelphine OgerNicole PriouMarie-Camille RaffinÉmilie RopertAurélie SobocinskiÉléonore Veillas.Édition > Dominique Wasmer (rédacteur-graphiste), Noémie Fossey-Sergent (secrétaire de rédaction). Diffusion et publicité > Dominique Wasmer, avec Géraldine Brouillet-Wane,Marianne Sarkissian. Rédaction, administration et abonnements > 277 rue Saint-Jacques, 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71 (58). [email protected] > 45 €/an. Numéro CPPAP > 0416 G 79858. Numéro ISSN > 1241-4301. Imprimeur >Vincent Imprimeries, 26 avenue Charles-Bedaux, BP 4229, 37042 Tours Cedex 1.

édI torIal

7 508 établissements, 2 068 752 élèves, 136 000 enseignants et formateurs, plus de 80 000salariés : les données fournies par les « chiffresclefs » que nous publions chaque année à pareilleépoque ne manquent pas de poids. D’autant plusque, pour être équitable et complet, il faudraitpouvoir y ajouter la quantité impressionnante de

personnes engagées à titre bénévole, et sur des terrains très divers, dans lavie de nos établissements : sans ces prêtres, religieux et religieuses, parents,anciens élèves, amis, qui concourent à l’animation pastorale, à la gestion,aux activités culturelles et sportives ou encore à l’entretien des locaux, l’en-seignement catholique ne serait pas ce qu’il est !

Mais les chiffres ne présentent d’intérêt qu’en termes de significationhumaine. Relisons Laudato si’ : le pape François nous y invite au « change-ment de paradigme » d’une « révolution culturelle » fondée notamment surle refus de la « culture du déchet ». Il nousappelle à nous libérer de tous nos matéria-lismes et de tous nos replis, pour faire vivreensemble la « maison commune ».

Et si nous faisions l’effort de le prendre vrai-ment au sérieux ? Par exemple : parmi toutesles personnes énumérées plus haut, combiend’entre elles vivent réellement l’École catholique comme une « maisoncommune » ? Ou encore, et bien plus douloureusement : combien d’entreelles éprouvent, à des degrés divers, le sentiment terrible et insupportabled’être perçues comme des « déchets » ?...

Que jamais personne – enfant, jeune, adulte –, ne puisse avoir l’impressiond’être traité comme quantité négligeable, que jamais personne ne soit ensituation de se ressentir comme étant dénué de valeur et d’intérêt. Qu’à l’in-verse, chacun puisse toujours se sentir chez lui et à sa place au sein de noscommunautés éducatives. Je ne dis pas que c’est facile. Mais je dis que c’esten y travaillant chaque jour davantage, modestement mais résolument, quenous donnerons leur pleine valeur à nos statistiques. Et que c’est ainsi quenotre École catholique sera témoin de la Bonne Nouvelle, ici et maintenant.Tous ensemble, réenchantons la relation !

« Que jamais personne ne puisseavoir l’impressiond’être traité commequantité négligeable. »

PASCAL BALMANDSecrétaire général del’enseignement catholique

Donnons leurpleine significationà nos statistiques

N. Fossey-Sergen

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ECA Enseignement catholique

actualités

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A c t u s / enseignement catholique

L’invitation à Réenchanter l’Écolese conjugue à tous les temps. Aupassé, comme en attestent les

temps de partage vécus par de nom-breux établissements scolaires lorsdes Rendez-vous de la Fraternitédébut décembre. On peut d’ailleurs enretrouver la belle dynamique en texteset images dans les différents médiasde l’enseignement catholique (maga-zine ECA, site Internet, réseauxsociaux, newsletter). Au présent, avec les réflexions etdébats autour des trois principes d’ac-tion, Penser, Explorer, Partager, quemènent en parallèle le Conseil duRéenchantement1, des directions dio-césaines, des établissements et des personnalités invitées à s’exprimersur ce thème2. Parmi ces derniers :

RÉENCHANTER L’ÉCOLE

UN ÉTAT D’ESPRIT, TROIS PRINCIPES D’ACTION

6ECA N° 371 FÉVRIER - MARS 2016

l’économiste Elena Lasida, le direc-teur de l’Office chrétien des personneshandicapées Philippe de Lachapelle,l’essayiste et pionnier de l’agricultureécologique Pierre Rabhi, le philo-sophe Marcel Gauchet.Au futur, puisque cette démarche estavant tout « une succession de petits pasqui nourrit les grandes évolutions ».Pascal Balmand le rappelle dans le der-nier numéro de la revue Documents Episcopat3 publiée par la Conférencedes évêques de France et consacré dans sa totalité au Réenchantement del’École : cette démarche « se lit sur lemode de l’invitation », une invitation àlaquelle chacun « est pleinement librede répondre ou de ne pas répondre,comme de le faire à son rythme et aumoment de son choix. Il s’agit avant

tout d’une question d’attitude intérieure,d’une affaire de regard. Non pas de sur-charger la barque déjà bien remplie desuns et des autres, mais plutôt de s’efforcerde vivre différemment ce qui se vit déjà,dans une démarche de partage et deconfiance. Analyser la réalité, vouloiragir sur elle, et donc monter des projetscoopératifs en ce sens – avec des objectifsaccessibles parce que modestes. Lechangement est possible, mais il procèdebien plus de la capillarité que des grandsbouleversements décrétés d’en haut. »

Marie-Amélie Marq

1. Composé de chefs d’établissement, d’enseignants,de directeurs diocésains, de représentants d’Apel et demembres du Sgec.2. ECA 368, 369 et 370.3. Documents Episcopat n° 13, mars 2016. 4 € l’exemplaire(frais de port compris). Commande : [email protected]

Retrouvez toutes les initiatives des établissements sur le site : www.enseignement-catholique.fr (rubrique Réenchanterl’École), dans la newsletter Réenchanter l’École : www.enseignement-catholique.fr/ec/newsletters

et sur Facebook : Enseignement catholique France. Voir aussi l’interview de Marcel Gauchet pp. 36-37.

Pour accompagner lesréflexions et le travailautour du réenchantement,des affiches Réenchanterl’École « Pourquoi ? Dansquel but ? Comment ? »vont être adressées,courant mars, à chaquedirection diocésaine, auxréseaux congréganistes et à chaque établissement.Ces nouveaux outilsd’animation, quicomplètent les ressourcesexistantes sur le sitewww.enseignement-catholique.fr, rappellent les objectifs de ladémarche et encouragent à la mobilisation de tous.

Ces affiches seront également disponibles sur commande àl’adresse suivante : [email protected]

© Gettyimages / C. Delahaye / Image source / K. Vedfelt

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n L’éducation à l’intériorité et l’éveil à la dimension spirituellen Le rapport au tempsn La prise en compte de l’altérité, soustoutes ses formesn La formation morale, le sens de laresponsabilité et de l’engagementn Des pratiques pédagogiques propicesà la coopérationn Le dialogue entre les savoirs et tout cequi permet de donner sens auxconnaissances

n L’éducation à la libertén L’ouverture à la sensibilité, à la beautén La réflexion anthropologique et letravail éducatif sur le déploiement de laculture numériquen Le travail sur les intelligencesmultiples, la pédagogie différenciée,l’École inclusiven Une manière d’appliquer lesprogrammes scolaires qui fasse grandiren humanité chaque élève n L’organisation des classes et la mise

en œuvre de groupes de besoinsn L’éducation affective, relationnelle etsexuellen L’évaluationn L’apprentissage du débat rationnel etargumentén Notre capacité à réellement imprégnerde notre projet chrétien d’éducationl’ensemble de nos pratiques éducativeset pédagogiques

* À titre non exhaustif et non hiérarchisé

Un premier travail va être engagéà partir du printemps 2016,coordonné par le Conseil du

Réenchantement : celui de recueillirles paroles de nombreux acteurs descommunautés éducatives, les ressen-tis et les aspirations de chacun. Deuxquestions très simples leur serontposées : « Dans ce que je vis au sein del’École, qu’est-ce qui me pose ques-tion ? Et à quoi est-ce que j’aspire ? »Un groupe de personnalités exté-rieures sera alors chargé d’analysertoutes ces paroles collectées, d’endégager des lignes de convergence etde les mettre en lien avec « les ques-tions spirituelles, anthropologiques,

culturelles, sociales et politiques denotre temps » (Documents Épiscopat). Deuxième orientation à compter de larentrée 2016 : quelques foyers de re-cherche et d’expérimentation, appelés« les laboratoires des initiatives », serontmis en place dans un nombre restreintde territoires, rassemblant tous ceuxqui cherchent à partager leurs recherchesconcrètes ou à inventer des cheminséducatifs et pédagogiques ajustés auxbesoins nouveaux des jeunes (encadréci-dessous). Par la suite, ces différentslaboratoires pourront être étendus à tousles territoires qui le souhaiteront. Enfin,troisième axe, le partage de ce qui sevit dans les établissements et des projets,

comme par exemple lors des Rendez-vous de la Fraternité, fin décembre. « Pour faire vivre la maison commu-ne », cette initiative sera poursuivieavec l’organisation, courant 2016-2017,de rassemblements dans les territoires.Réenchanter l’École va donc se dé-ployer sur plusieurs années, autour dePenser, Explorer, Partager. Mais,comme le rappelle Pascal Balmand,ces trois axes « ne sont pas à compren-dre sur un schéma chronologiquemais au contraire dans une logique decohérence simultanée et donc deconstante articulation ». « Tout est lié »,rappelle le pape François dans sonencyclique Laudato si’.

N° 371 FÉVRIER - MARS 2016 ECA 7

DES CHAMPS D’EXPLORATION POSSIBLES POUR RÉENCHANTER*

Premières orientations

COLLÈGE SAINT-MARTIN À PONTCHÂTEAU (44).Chaque élève de 6e a envoyé une carte amicale àun autre 6e. Les 5es ont interprété des chansonsévoquant la Fraternité. Les 4es ont réalisé unefresque géante représentant leurs rêves de frater-nité. Les 3es ont créé un diaporama avec des mes-sages de fraternité. Et pour que chacun sesouvienne que la Fraternité doit se vivre chaque jour, une nouvellesonnerie a été adoptée. (photo 1)ÉCOLE SAINTE-MARIE À WILLEMS (59). Équipe éducative et parentsd’élèves ont travaillé sur le thème « L’autorité, un levier de liberté »,suite à un questionnaire rempli par les parents.

ÉCOLE PIERRE-RENÉ-ROGUEÀ VANNES (56) : L’équipe pé-dagogique a travaillé sur lathématique des neurosciencespour mieux connaître le fonc-tionnement cognitif des élèves

et adapter ses méthodes pédagogiques aux apprentis-sages. Une formation a été partagée avec le collège Sa-cré-Cœur dans le cadre du lien école-collège. ÉCOLE SAINTE-JEANNE-D’ARC À BRIELLES (35). Avantde participer à divers ateliers et à un grand jeu, chaqueélève a pioché le prénom d’un autre élève dont il estdevenu l’ange gardien pour la journée. Un cercle de

paroles a été constitué afin que chacun exprime ce qu’il ne voulait plusou, au contraire, aimerait vivre dans l’école. (photo 2)ENSEMBLE SACRÉ-CŒUR À MORTAIN (50). Un temps de réflexion etd’écriture a été proposé aux élèves qui ont reçu trois papiers de couleur àcompléter : sur le rouge « je témoigned’un manque de fraternité pour moiou autrui » ; sur le vert « je témoigned’un vrai moment de fraternité pourmoi ou autrui » ; sur l’orange « qu’au-rais-je pu faire pour faire preuve defraternité ? ». (photo 3)

Les Rendez-vous de la Fraternité dans les établissements...

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Photos : D. R.

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Lycée

Pierre-Termier,

Grenoble (38)

LE PIB VERSIONREGGAE

L’enseignement catholique mène partout en France des projetsremarquables. Dans chaque numéro, nous braquons

nos projecteurs sur des établissements primés.Éléonore Veillas

FIAT LUX !

sur le podIum

Lycée Jules-Froment, Aubenas (07)

Lycée Talensac

,

Nantes (44)

En octobre dernier, à Paris, à l’oc-casion des 70 ans de la Sécurité

sociale, les élèves d’une classe de1re ST2S du lycée Talensac de Nantesont reçu des mains du chef de l’État,l’un des 1er prix du concours « Lesjeunes et la Sécurité sociale » pourleur vidéo sur le thème « La Sécu,c’est quoi pour moi ? » Dans ce clip,les élèves répondent avec humouraux préjugés des jeunes sur cetteinstitution française. « Avec dessketchs, notre objectif était de montrerque la Sécu pouvait être moderne »,explique Marine Gouaisbaut, l’unedes élèves. De l’humour mais aussibeaucoup de travail ! Pendant cinqmois, ils ont réalisé une enquête ausein du lycée pour connaître l’avis deleurs camarades sur la Sécurité so-ciale et étudié aussi son histoire etson fonctionnement. « Une expériencetrès positive,estime Marie Coignec, pro-fesseur de sciences et techniques mé-dico-sociales, qui leur permettra d’êtrede futurs citoyens responsables. »z www.talensac.com/concours-les-jeunes-et-la-secu

HOMMAGEÀ LA SÉCU

zVous pouvez nous signaler les prix reçus par vos établissements à l’adresse :

[email protected]

D. R.

D. R.D. R.

Huit élèves d’une classe de 1reSTI2D spécialité Énergie et

Environnement du lycée Pierre-Termier de Grenoble sont partis,en juil let dernier, au BurkinaFaso pour installer l’électricitédans un lycée de brousse. Projetpour lequel ils avaient remportéle 1er prix du concours national « Objectif énergie » organisé parle groupe Engie, devant unevingtaine de classes de toute laFrance. Pour ce concours, les élèvesdevaient imaginer un systèmefiable et écologique d’électrifica-tion pour ce lycée situé près deOuagadougou, les gagnantsremportant le voyage sur place.« Les élèves du lycée Pierre-Termier se sont distingués par laqualité du travail fourni : précis,soigné et très professionnel »,témoigne Christophe Gauthier,leur enseignant de sciences del’ingénieur. Aujourd’hui, grâce aux pan-neaux photovoltaïques installéssur le toit de leur établissement,700 lycéens burkinabés peuventétudier dans de meilleuresconditions. Mission accomplie !

Réviser les cours en chantant.C’est l’idée originale imaginée

par deux professeurs en scienceséconomiques et sociales du lycéeJules-Froment d’Aubenas pour leursélèves de Tle ES. « Je me suis renducompte, explique Julien Patriarca,l’un des professeurs, qu’ils avaientune grande faculté à mémoriser lesparoles des chansons de reggae.Alors, pourquoi ne pas mettre unde nos cours en musique ? »Deuxans de travail ont été nécessairespour composer la mélodie, écrireles textes et tourner un clip, mis enligne en décembre dernier. Le suc-cès a été total côté élèves : ils ontrévisé le PIB, la croissance et le dé-veloppement durable en chanson.« J’ai trouvé le cours plus facile à apprendre, témoigne Octave Gamondès, c’est comme un résuméavec les idées principales. » Unesorte d’antisèche musicale mais toutà fait légale et disponible sur Internet.La vidéo a déjà été vue par 25 000élèves et enseignants !À voir sur Youtube : « Chanson PIBDéveloppement Durable révisionBac ES ».

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A c t u s / enseignement catholique

Depuis 2007, le lycéeLa Sagesse, à Valen-ciennes, dans le

Nord, propose aux lycéensqui le souhaitent de partici-per à un voyage humani-taire. Cet été, six d’entreeux sont partis à Madagas-car dans le cadre du projet « Marionnettes sans fron-tières ». Ils ont monté unetroupe de marionnettisteset préparé un spectacle toutau long de l’année qu’ilsont joué ensuite pour lesenfants malgaches. Unvoyage formateur pour leslycéens, heureux de partager leur expérience avec leurscamarades à leur retour. L’équipe éducative en charge dece projet était venue le présenter à l’occasion du 2e Forumnational des initiatives des acteurs de la solidarité interna-tionale (Inisia) et de l’éducation à l’universel, au dévelop-pement et à l’engagement solidaire (Eudes) del’enseignement catholique. Ce forum s’est tenu le 27 jan-vier dernier au Sgec sur le thème « Engagés pourl’Homme, engagés pour la Fraternité, engagés pour la Pla-nète », en présence d’une trentaine d’enseignants, adjoints

en pastorale, chefs d’établis-sement. Objectifs : se formeret échanger sur ses expé-riences. À cette occasion, plusieursassociations ont présenté desprojets montés avec desélèves. Le CCFD-Terre Soli-daire, par exemple, a exposéson initiative « Patou TV »,conçue pour la COP 21 : qua-tre enfants et leurs parents ontréalisé un mini journal TVtous les jours sur cet événe-ment. Mis en ligne sur You-Tube et Facebook, ce JT quien expliquait les enjeux avec

des mots d’enfants, pouvait ainsi être diffusé en classechaque jour par les professeurs qui le souhaitaient. « Le partenariat est un bon outil pour travailler avec lesjeunes », a conclu l’un des intervenants, Charles Le Gac,délégué général de la Délégation catholique pour la coopé-ration (DCC). « Il leur permet de se décentrer et de regar-der les choses autrement. Cela fait évoluer leur perceptiondu monde et développe leur curiosité. Faire l’expériencede la fraternité est l’un des meilleurs apprentissages quisoit. » Marie-Camille Raffin

Expérimenter la solidarité à l’École

© J.-C. Chaussée

Le 27 janvier dernier s’est tenu, à Paris, le 2e Forum national des initiatives solidaires de l’enseignement catholique. Au centre de cette journée : le partage d’expériences entre établissements scolaires et associations.

Un journal TV animé par des enfants, c’est le projet présenté par le CCFD-Terre Solidaire.

N° 371 FÉVRIER - MARS 2016 ECA 9

LIAISON ÉCOLE-COLLÈGE

Comment éviter que le CM2 nedevienne un pré-collège ? Les

pôles École et Collège du Sgec tra-vaillent à un document pour aiderles équipes à la mise en place du nou-veau cycle 3 (CM1, CM2, 6e) et àl’approfondissement de la liaisonécole-collège. Réalisé en collaboration avec l’IFPde Lille, ce livret resitue le cadre etles enjeux de ce chantier fixés par laloi pour la refondation de l’école etpropose, à travers quinze fiches, despréconisations pédagogiques adap-tables selon les différents territoires.Publié en avril prochain, il sera envoyépar courrier aux établissements etpourra être téléchargé sur le site del’enseignement catholique. AS

UNE TOMBOLA POUR RIO

Après Londres en 2012, l’Ugsel et ledépartement Éducation du Sgec, sou-

tenus par l’Apel, s’associent à nouveaupour faire des jeux paralympiques de sep-tembre 2016 à Rio un moment de solida-rité avec le projet Solida’Rio. Objectif :envoyer sur place vingt-quatre jeunesambassadeurs de l’École catholique inclu-sive. Pour aider à son financement, les éta-blissements sont invités à participer à latombola nationale organisée par la Fédéra-tion française handisport (FFH) jusqu’au31 octobre 2016. La moitié des fonds sera redistribuée àSolida’Rio ainsi qu’à la concrétisation deprojets d’inclusion scolaire locaux. L’au-tre moitié reviendra à la FFH pour finan-cer le déplacement des athlètes. ASsolida-rio.fr

300 SERVICES CIVIQUESPOUR 2017

Dans le cadre de la conventionde partenariat signée entre

l’Agence du service civique et l’en-seignement catholique (Sgec, Fno-gec, Cneap, Ugsel), deux journéesde formation ont été organiséespour l’ensemble des tuteurs etvolontaires les 7 janvier et 15février derniers à Paris. Avec pour thème cette année ledéveloppement durable, elles ontréuni au total près de 250 partici-pants dont 200 jeunes volontairesde 18 à 25 ans et de niveau bac àbac+5. Un chiffre en nette augmentation etqui, à la demande de François Hollande, devrait être doublé d’icila prochaine année scolaire. AS

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A c t u s / enseignement catholique

Apports d’experts et expériencesde terrain ont rythmé la Jour-née nationale de la mission

Enseignement et religions du Sgec,animée par son responsable PhilippeMiton, le 18 janvier dernier. Sur lethème : « Religions, démocratie etdroits de l’Homme », vingt-cinq coor-dinateurs du Fait religieux étaientvenus à Paris pour réfléchir à la placedu Fait religieux dans l’éducation à lacitoyenneté. Parmi les actions enmilieu scolaire présentées, celle deVéronique Huet qui a lancé dans plu-sieurs établissements privés et publicsdes Ateliers réflexion éthique jeunes1qui forment au débat argumenté.Objectif visé : faire réaliser aux élèvesque l'éthique est la « visée de la vie

bonne, avec et pour les autres, dansdes institutions justes », pour repren-dre la définition de Paul Ricoeur. Autre proposition, celle de l’associa-tion Coexister2 qui fait intervenir dansles classes des jeunes de différentestraditions (chrétiens, musulmans,juifs, athées…) pour aider les élèves àchanger leurs représentations sur lesreligions. Pour Thibaut Tekla, l’undes responsables de Coexister, aussicoordinateur de la formation à dis-tance à la culture éthique et religieuseAgapan2, « l’enjeu de ce dialogue estun réenracinement dans sa propretradition ». Sylvie Horguelin

1. www.ethiquejeunes.fr (cf. ECA n° 369, p. 18).2. www.coexister.fr ; www.agapan.fr (cf. ECA n° 365,pp. 26-27).

Journaliste pendant quatorze ans ausein de la rédaction d’Enseigne-ment catholique actualités, René

Troin est mort le 9 janvier dernier, à 64 ans, des suites d’un cancer qui l’aemporté en quelques mois. Amoureuxde la langue française, René Troinassociait une grande rigueur dans sontravail de secrétaire de rédaction et unvrai goût pour l’écriture, comme entémoigne la dizaine d’ouvrages dont ilest l’auteur. René Troin savait être attentif aux per-sonnes, tout en restant d’une grande dis-crétion. Il avait pris sa retraite en juin2013 et s’était installé dans sa régiond’origine, le Var. « Expert chanson sansassurance », comme il aimait à se définir,et fin connaisseur de rock, il avait ouvertavec deux complices un blog musical, « Crapauds et Rossignols », sur lequelil publiait des articles ciselés, non dénuésd’humour, sur des artistes, des albums,des concerts… Ses meilleurs articles venaient d’être pu-bliés, avec ceux de ses compères, dansLa chanson des trois gars, chez l’Har-mattan. Il faut lire, dans ce dernier recueil,sa série de textes courts Sur mon Teppaz,j’ai écouté… qui nous restitue les dé-couvertes d’un amateur de chansons àtexte au cœur tendre. La rédaction

René Troin,orfèvre de l’écrit

L’ÉTHIQUE S’INVITE À L’ÉCOLE

Suite aux événements de janvier2015 en France, le gouvernementa engagé une mobilisation natio-

nale autour des valeurs de la Répu-blique, en particulier à l’École. Enréponse, le Projet de l’enseignementcatholique & Éthique républicaine(EC&ER) invite les établissements àune réflexion collective. Afin d’ac-compagner cette mobilisation, plus de

130 référents EC&ER ont été dési-gnés au niveau diocésain, acadé-mique, voire inter-académique. Ils sesont retrouvés à Paris pour ladeuxième fois, le 19 janvier dernier, àl’initiative de Formiris. L’occasion defaire le point sur la remontée des pro-jets d’animation pédagogique et de

formation en établissements, natio-naux et régionaux, liés à ce plan pourlequel Formiris a reçu de l’État 1,5 millions d’euros. Sur les 106 pro-jets déposés, 49 ont été acceptés parFormiris. La remontée des dossiers sepoursuit depuis « à guichet ouvert ». En petits groupes, les référents ontaussi échangé sur leurs besoins et lesactions en cours, certains ayant déjà

organisé des ren-contres de pilotagede proximité, voiredes journées d’ani-mation académi-que. Pour les aiderdans leur mission,Sylvie Crépy, encharge de ce plan àFormiris, leur a

remis une liste de ressources, en leursignalant qu’un espace collaboratifleur était dédié depuis juillet dernier.Prochaine rencontre des référentsEC&ER, les 26 et 27 mai prochainsau Sgec. SH

1. www.sitecoles.org ; www.enseignement-catholique.fr

L’École catholique mobilisée autour des valeurs républicaines

© S. Rivaux-Troin

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séquences pédagogiques, kit élèves,vidéos. Autre nouveauté : Folios cen-tralise la gestion, facilitant la diffusionet la mise à jour d’informations. L’ap-plication est accessible depuis les télé-services académiques ou via les ENTdes établissements.L’activation progressive des comptesFolios des établissements catholiques,déjà tous constitués, a commencé avecune cinquantaine de pionniers. Ensuite,chaque utilisateur se charge d’importerses données depuis le Webclasseur,

Chaque établissement doit migrervers Folios, nouvelle applicationpour accompagner les élèves,

notamment dans leur orientation. Pouranticiper cette transition, Jean-MarcPetit, responsable du dossier orienta-tion pour le Sgec a invité, le 20 janvierdernier, Gérard Picot et Maryse Garcia,deux responsables de l’Onisep, à pré-senter le processus de mutation auxréférents régionaux de l’enseignementcatholique pour l’orientation. L’enjeuest de taille puisque Folios devientl’outil de pilotage de plusieurs parcourséducatifs qui feront l’objet d’épreuvesfinales au diplôme national du brevetdès 2017 : le parcours d’orientationAvenir, mais aussi le parcours artistiqueet culturel et les parcours citoyen etsanté. Avec des fonctionnalités prochesde celles du Webclasseur, en termes destockage et de communication, Foliosétoffe une dimension tutorielle :

Ce qui mobilise Formiris depuis septembre dernier, c’estla prise en compte de la réforme du collège et la miseen place du projet “Enseignement catholique et éthique

républicaine” avec plus d’une centaine de projets aujourd’hui,en lien très étroit avec le Sgec, les associations territorialeset les diocèses. » À l’issue de l’assemblée générale de Formirisle 3 février 2016, Béatrice Mas, secrétaire générale par intérim,a résumé ainsi l’exercice 2014-2015, également marqué parle renouvellement des instances de la fédération et la modificationdes statuts fixant la composition de l’assemblée générale.Sans cacher certaines difficultés : il a fallu gérer les dysfonc-tionnements de FormElie, nouveau logiciel de gestion de laformation et lancer un audit.Suite au rapport de la Cour des comptes de décembre 2014,et à la reconnaissance d’un volume de formation financé parFormiris proportionnellement équivalent à celui de l’ensei-gnement public, la fédération a aussi décidé de travailler auxpréconisations faites par la juridiction afin d’améliorer sonfonctionnement « dans l’intérêt de tous ».Ces préconisations

ont été reprises lorsde l’élaboration d’unplan stratégique pour2016-2020. Dans cetteoptique, le Conseil fé-déral a programmé leplan de formation2016-2017 en s’appuyant sur les principes de subsidiarité,d’équité et de solidarité, validés par le Conseil fédéral le 4 février dernier. Un budget de programmation en augmentationa par ailleurs été voté (21 millions d’euros). « Concrètement,la répartition des budgets en territoire sera plus simple etéquitable. La part de chaque ligne de formation reste, elle, àpeu près la même, avec le renforcement de certains thèmes,précise Béatrice Mas. L’entrée dans le métier, l'évolution despratiques dans le cadre de la réforme du collège, et enfin l'at-tention particulière à la formation aux trois titres existant ausein de l'enseignement catholiques (formateur, coordinateur,chef d’établissement) ainsi qu’à l’École inclusive. »AS

DU WEBCLASSEUR À FOLIOS : EN ROUTE POUR LA MIGRATION !

via une clef USB, les deux dispositifscoexistant jusqu’à la fin de l’annéescolaire. Une formation nationale des-tinée aux référents académiques oudiocésains et aux centres de formationsera proposée au troisième trimestre.Dès la fin avril, le groupe des établis-sements catholiques sera identifié ausein de Folios, permettant une politiqueéditoriale propre, avec diffusion d’in-formations à l’échelle nationale, régionale ou diocésaine. VLzRens. : [email protected]

Depuis février, les collèges et lycéescatholiques peuvent entamer leurmigration du WebclasseurOrientation vers Folios.

À droite : les responsables de l’Onisep accueillis au Sgec par Véronique Borocco, Patrick Wiklacz et Jean-Marc Petit, à gauche.

Un budget de formation en augmentation

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Le Conseil fédéral de Formiris a programmé le plan de formation 2016-2017 en s’appuyant sur les principes desubsidiarité, d’équité et de solidarité. Un budget en augmentation, de 21 millions d’euros, a aussi été voté.

© V. Leray

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A c t u s / enseignement catholique

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Lors de l’assemblée générale du Synadicdes 27 et 28 janvier derniers à Issy-les-Moulineaux (92), son président, JackyAubineau, a redit son attachement à ladoctrine sociale de l’Église.

La dernière assemblée générale du Synadic,qui avait pour thème « L’essentiel au cœurde nos urgences », a été riche en émotions.

Et pour cause, son président, Jacky Aubineau,chef d’établissement du lycée Saint-Jacques-de-Compostelle à Poitiers, part à la retraiteet termine son mandat en juillet prochain. Ilsera remplacé par Bertrand Van Nedervelde,jusque-là vice-président du Synadic, en chargedu domaine social. Jacky Aubineau a prononcépour l’occasion un discours dans lequel il a livré ses plusprofondes convictions. « La mission d’un chef d’établissements’inscrit nécessairement dans la doctrine sociale de l’Église »,a-t-il souligné, rappelant qu’elle s’appuie sur quelques grands

principes : le respect de la vie et de la personnehumaine, la justice sociale et distributive, lesouci du bien commun et la solidarité. Il aincité à agir en citant le pape François selonlequel « un catholique ne peut se contenterde regarder du balcon ». « Que fait notre Écolepour les plus faibles, les moins chanceux, ceuxqui ne sont pas nés dans les “bonnes catégoriessociales ? Si rien ne change, notre démocratiesera en danger », a-t-il insisté. Un message qui faisait écho aux débats quise sont tenus tout au long de ces deux journées.Il y a été question de la gestion de son stresset de celui de ses collaborateurs mais aussides missions techniques des chefs d’établis-

sement, qui ne doivent pas leur faire oublier que la premièred’entre elles est le souci du prochain, qu’il s’agisse des élèves,des enseignants ou des personnels Ogec. Mireille BroussousSite : www.synadic.fr

Changement à la tête du Synadic

Bertrand Van Nedervelde, président du Synadic dès juillet 2016.

intérêts collectifs plutôt que le chacunpour soi. Une logique déjà à l’œuvre àRennes, comme l’a illustré le directeurdiocésain Jean-Loup Leber : elle passepar une solidarité financière pour desprojets immobiliers ou encore par la priseen charge financière des personnels ASHqui vont d’un établissement à l’autre. Ces témoignages ont été confortés pardes propos d’experts convaincus qu’il faut « penser hors de nos cadreshabituels », pour reprendre l’expression

Le lycée agricole de Rignac,dans l’Aveyron, semblaitcondamné à la fermeture,

la rénovation du bac pro luiayant fait perdre des classes.C’était sans compter sur le dy-namisme de son chef d’établis-sement, Anne-Marie Prunet. Sadevise, elle l’emprunte à Chur-chill : « En France, tout est per-mis, même ce qui est interdit ».Ainsi a-t-elle réussi, par exem-ple, à ce qu’un de ses profes-seurs complète son emploi dutemps dans un collège public, preuve quedes passerelles sont possibles entre lesministères de l’Agriculture et de l’Édu-cation. Tout aussi surprenant : le lycée aacheté des minibus avec la commune quiles utilise le week-end. « Il n’est plus ques-tion ici de taille ni de seuil mais de créa-tivité ! », a constaté, après la projectionde la vidéo sur Rignac, Louis-MarieFillon, président du Snceel. Lors de son congrès, le Snceel s’est pro-noncé pour une gestion collégiale des

de sœur Cécile Renouard, reli-gieuse de l’Assomption, quiplaide pour une croissance so-lidaire s’appuyant sur uneconception relationnelle de lapersonne. L’économiste PhilippeAghion plaide, quant à lui, pour « une économie de l’inno-vation » qui « stimule la mobilitésociale ». Quant à Marie-AlethGrard, vice-présidente d’ATDQuart-Monde, elle a listé les fac-teurs qui permettent de promou-voir une École de la réussite pour

tous : travail d’équipe, évaluation positive,pédagogie de la coopération… Une attentionaux « maillons fragiles »qui est la prioritédu Sgec, comme l’a rappelé son secrétairegénéral, Pascal Balmand. Il revenait à ÉricHans, élu pendant ce congrès à la présidencedu Snceel, de conclure. Les chefs d’éta-blissement, a-t-il souligné, « n’hésitent pas à oser, en cherchant à donner, par les ex-périmentations, de nouvelles réponses auxquestions de notre temps ». SHSite : www.snceel.org

Comment conjuguer solidarités et compétition ? La question a été débattue avec brio pendant le congrès du Snceel, les 20 et 21 janvier derniers à Issy-les-Moulineaux (92). Avec une injonction : innover.

Au centre : Éric Hans, nouveau président du Snceel, avec son équipe.

Des chefs d’établissement créatifs et solidaires

© C. Bo

gard

©M. Broussous

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groupes de travail ont été constitués,animés chacun par un pilote. Parmi lesthèmes de réflexion conçus de façon « large et transversale », le développe-ment des partenariats, la communica-tion, le numérique, l’innovationpédagogique, les liens avec l’environ-nement économique, la vie étudiante,l’accompagnement des équipes, et lamise en place d’une charte qualité (cf.ci-contre). « L’objectif est de laisser aux groupesune grande autonomie organisation-nelle afin que chacun devienne acteurà part entière de la réflexion et de faireémerger d’ici à la fin du mois de juin

Notre ambition est defaire de nos groupesscolaires proposant des

sections post-bac de véritablesétablissements d’enseignementsupérieur (EESP), expliqueYves Ruellan, président de RenaSup. Il s’agit d’unegrande rupture car au-jourd’hui, au sein de Renasup,moins d’une dizaine d’établis-sements disposent de ce statutadministratif, sans parler del’immobilier, des équipes deprofesseurs dédiées, et de lavie étudiante qui va avec. » Présenté fin 2015 devant la Commis-sion permanente puis l’assemblée desdirecteurs diocésains et le Cnec, le pro-jet RenaSup 2020 qui vise à structurerun enseignement supérieur catholique« adapté, solide et en développementdans le paysage de l’enseignementsupérieur de demain », est officielle-ment entré le 25 janvier dernier, dans saphase d’opérationnalisation. À l’occasion de cette journée, qui a réuniquarante-cinq participants au Sgec àParis (chefs d’établissement, directeursde pôles d’enseignement supérieur,chefs de travaux, directeurs diocésains etreprésentants syndicaux…), sept

des recommandations quiseront reprises sous laforme d’une annexe auprojet RenaSup 2020ainsi que des premièresactions facilement réali-sables », précise Jean-Marc Petit, délégué géné-ral de RenaSup, qui voitdans ces allers-retoursféconds entre territoireset niveau national, la clédes transformations àvenir.

Aurélie Sobocinski

Le 25 janvier dernier, lors d’une journée nationale destinée aux acteurs de l’enseignement catholique concernés par lesfilières post-bac, sept groupes de travail ont été constitués pour lancer le projet RenaSup 2020.

Le groupe Relations internationales de RenaSup 2020 en plein atelier.

RENASUP MET LE CAP SUR 2020

D. R.

BIENTÔT UNE CHARTE QUALITÉ.Parmi les objectifs prioritaires de RenaSup :créer une charte qualité, d’ici la fin de l’année2016. « Il ne s’agira pas d’une évaluationabrupte mais au contraire d’un engagementcommun sur un certain nombre d’axes identi-fiés comme représentant la qualité dans unenseignement supérieur », déclare Jean-MarcPetit. « La mise en place de cette charte per-mettrait de mieux identifier l’appartenance àRenaSup », souligne Yves Ruellan, son prési-dent. Elle serait fondée sur un acte individueld’adhésion de chacun des 525 établissementsqui constituent le réseau aujourd’hui. « Pourtous, ce serait aussi la possibilité de mettre enavant une démarche à laquelle les jeunes et lesfamilles peuvent être sensibles », ajoute-t-il. AS

« Il y a de fortes concordances entre le rapport Lerminiauxet nos chantiers RenaSup 2020 », déclare Yves Ruellan.Remis le 13 novembre dernier à la ministre de l’Ensei-gnement supérieur et publié fin décembre, le documentcomprend onze recommandations « pour améliorer lapoursuite d’études des bacheliers professionnels ».Parmi elles, ne figure pas finalement l’idée, un tempsévoquée, de la création d’une nouvelle filière en alternancedans le supérieur pour les bacheliers professionnels. En revanche, le rapport prône des idées fortes, égalementdéfendues par RenaSup, telles que la mixité des publicsaccueillis en formation initiale et en alternance. Il encourageaussi le développement d’une modularisation de tous les

diplômes professionnels – en particulier le BTS, chaquemodule de formation pouvant être certifié par le RNCP1

et donc être qualifiant. Enfin, le rapport Lerminiaux prônela création, dès la sortie de la terminale, des licencespros en 3 ans, conçues en commun entre universités etlycées. Ce qui justifie, selon le président de RenaSup, « l’insistancevis-à-vis des établissements du réseau à se structureradministrativement en établissement d’enseignement su-périeur (EESP) et à passer des conventions avec l’universitépour devenir de véritables partenaires ». ASz À consulter : le rapport Lerminiaux sur www.renasup.org

1. Répertoire national des certifications professionnelles.

Rapport Lerminiaux et RenaSup 2020 : « des enjeux communs »

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LES DIRECTEURS DIOCÉSAINS EN PÈLERINAGE

De nombreux direc-teurs diocésains –avec, pour beaucoup,

leur conjoint – ont pérégrinéen Italie, sur les pas de saintFrançois d’Assise, du 17au 21 février derniers. Ac-compagnés par Mgr de Moulins-Beaufort, évêqueauxiliaire de Paris et parJean Caron, professeur dephilosophie et diacre per-manent, les pèlerins ont ap-profondi les chemins de laradicalité, de la pauvreté et de l’humilité. La route les aconduits des sanctuaires d’Assise à l’Ermitage des Carceri,mais aussi à Pérouse. Une façon de bien situer la vie franciscaineet toute vie chrétienne entre le silence de l’intimité avec leSeigneur et la rencontre du monde et du quotidien.Une démarche spirituelle qui a aussi permis de revisiter lamission de directeur diocésain. Il s’agit bien d’aller versles jeunes d’aujourd’hui en osant la radicalité… si la

radicalité – qui n’est pasl’excès d’exigence – estle fait de retourner à laracine, c’est-à-dire pournous, au Christ. De redé-couvrir également lapauvreté dans l’exercicede la mission qui sefonde surtout sur des « moyens faibles » : laconfiance, l’écoute, lapatience… La pauvreté,aussi, dans la transmis-sion – transmission, dans

le même acte, de la culture et de l’Évangile – où il s’agit,selon Mgr de Moulins-Beaufort de « beaucoup prendre sursoi, pour ouvrir à beaucoup plus grand que soi ». Le Poverello, en cette année jubilaire, nous guide sur le cheminde la miséricorde. Comme le dit la devise qui nous accueilleà son ermitage, « ubi Deus, ibi pax ».Là où est Dieu, se trouvela paix. Un beau message pour ressourcer la mission des directeurs diocésains. Claude Berruer

FRANCHE-COMTÉ : OSER L’ÉCOLE DE DEMAIN BRETAGNE : LA MIJECFÊTE SES 20 ANS

Très incarné et concret. « C’est ceque nous souhaitions profondémentpour le nouveau projet interdiocésain

de Franche-Comté », se réjouit PhilippePillot, à la tête de cette direction inter-diocésaine qui regroupe Besançon, Belfort-Montbéliard et Saint-Claude. Ceprojet a été promulgué, le 28 novembredernier à Besançon, en présence des troisévêques et de 700 représentants des com-munautés éducatives. Depuis deux ans, le travail de réécritureétait engagé avec toutes les composantesde l’enseignement catholique. « Nous nepartions pas de rien. L’idée était de cher-cher d’abord à revisiter nos richesses etspécificités locales, à faire émerger ce

qui faisait déjà consensusentre nous, avant de porterpleinement le regard surl’avenir », insiste PhilippePillot. Nous souhaitionsaussi que ce projet soit l’ex-pression libre de tous lesacteurs. » Après de nombreux allers-retours avec le comité

d’écriture, sont ressorties avec force lesdimensions d’accueil et d’accompagne-ment, de la place de chacun, de la res-ponsabilisation des acteurs et du travaildes réseaux, du dynamisme pédagogiqueet du sentiment d’appartenance… Aprèsun gros effort de « traduction » en pistesd’actions concrètes, quatre axes de travailont finalement été retenus pour « oserl’École de demain ». « Sur la questionen particulier des réseaux, seulementgéographiques aujourd’hui, nous voulonsaller plus loin, et passer à des réseauxd’intérêt partagé, dans lesquels parents,enseignants et personnels Ogec puissents’impliquer plus fortement », a concluPhilippe Pillot. Aurélie Sobocinski

A c t u s / enseignement catholique

... EN DIRECT DES DIOCÈSES... EN DIRECT DES DIOCÈSES... EN DIRECT DES DIOCÈSES... EN DIRECT DES

La Mission d’insertion des jeunesde l’enseignement catholique(Mijec) Bretagne a été créée en

1995 pour prévenir et accompagner ledécrochage scolaire. Premier du genreau sein de l’enseignement privé, cepôle de remédiation mobile, animé parune coordination régionale sous cou-vert d’un directeur diocésain référent,gère dix-huit bassins d’action. En 25ans, le dispositif a permis l’accompa-gnement individualisé des parcours deprès de 30 000 jeunes par des équipespluridisciplinaires dans leur passage del’école à l’emploi. « La Mijec a beau-coup évolué dans ses missions, passantde l’accompagnement des décrocheursau soutien de tous les acteurs des éta-blissements et de l’orientation pourprévenir majoritairement le décro-chage », salue Jean-Loup Leber, direc-teur diocésain de Rennes et présidentdu Caec Bretagne. La formule a d’ail-leurs fait des émules au sein de l’ensei-gnement catholique, en Pays-de-la-Loire notamment. AS

700 représentants des communautés éducatives étaient présentsà Besançon, pour la promulgation du projet interdiocésain.

Les directeurs diocésains et des membres du Sgec à Pérouse.

© D. Davion

© DIEC Franche-Com

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T DES DIOCÈSES... ... EN DIRECT DES DIOCÈSES... EN DIRECT DES DIOCÈSES... EN DIRECT DES DIOCÈSES... EN DIRECT

Depuis la rentrée scolaire, SylvieLe Loup est la responsable desservices régionaux du comité aca-

démique de l’enseignement catholique(Caec) de Bretagne. Cette fonction nou-velle, créée par le collège des directeursdiocésains de la région, constitue un élé-ment pivot dans la dynamique de concor-dance régionale, « pour être politiquementplus forts ». « En novembre dernier,l’enseignement catholique breton s’estdonné sept axes prioritaires de travail,

validés par le Caec. Il se renforce enmême temps en ressources humainesexpertes pour accompagner et soutenirce plan d’action pluriannuel », expliqueJean-Loup Leber, président du Caec.Chargée de mission auprès du collègedes directeurs diocésains bretons, SylvieLe Loup est aussi responsable des ser-vices régionaux, dont celui du Serviced’accueil et d’aide au recrutement del’enseignement catholique (SAAR) etde l’observatoire Solfege. Parmi ses missions principales, l’an-cienne directrice de l'éducation et desactivités socio-éducatives au conseilgénéral du Morbihan, devra notam-ment outiller l’enseignement catho-lique breton en indicateurs et systèmesd’information et de pilotage profes-sionnalisés. Mais aussi fédérer l’actiondu réseau de l’enseignement catho-lique à l’échelle de la région autourd’une politique volontariste de recrute-ment des enseignants, sans comptervraisemblablement des responsabilitésen matière de communication. AS

NOUVELLE FONCTION POUR LE CAEC BRETON

UN PROJET DIOCÉSAIN POUR LE LOT

Oser favoriser toute initiative decoopération fraternelle et de par-tage. » Telle est l’invitation de

l’enseignement catholique du Lot quivient de se doter pour la première foisd’un projet diocésain. Sa promulgation,le 13 février dernier à Lacapelle-Marival(46), a réuni quelque 400 participants(chefs d’établissement, enseignants, pa-rents et jeunes). « À la différence de l’en-seignement catholique de l’Aveyron où

le taux de scolarisation estde 30 %, nous sommes untout petit diocèse. Avec 3 000 élèves, nous représen-tons 13 % des élèves scola-risés, et comptons unequinzaine d’établissementsdont 75 % sous tutelle congré-ganiste », explique ClaudeBauquis, directeur diocésainde l’enseignement catholiquedu Lot et de l’Aveyron. Parmi les sept chantiers qui

structurent le projet, l’amélioration dela lisibilité de l’institution sur le territoireet de ses liens partenariaux constituel’une des priorités, insiste le directeurdiocésain. Il s’agit aussi de « redonnerde l’espérance » au sein d’un territoirequi a connu la fermeture, en dix ans, detrois collèges et deux écoles, « et d’inviterà oser la créativité », avec la formationprochaine des équipes pédagogiquesaux intelligences multiples. AS

Depuis avril 2015, ChristopheGautier, coordinateur de l’en-semble scolaire Blanche-de-

Castille à Nantes, accueille avec sonéquipe treize enfants de la région deMossoul (Irak), scolarisés au collège etau lycée. L’établissement prend encharge leur scolarité, leurs fournituresscolaires et leur demi-pension. Grâce àl’engagement de ses enseignants, ilaccompagne aussi d’autres enfantsnon scolarisés au sein de son dispositifde cours FLE (français langue étran-gère), ainsi que leurs parents dans larecherche d’un logement, d’unemploi…. En octobre dernier, Christophe Gautieret son collègue de l’ensemble Saint-Félix-Lasalle qui scolarise lui aussides enfants de réfugiés, ont pu témoi-gner de la richesse de cette expériencedevant leurs collègues de Nantes.Aujourd’hui, une dizaine d’établisse-ments sont prêts à ouvrir leurs portes.Discrètement, en réponse à l’appel dupape, leur nombre augmente sur l’en-semble du territoire. À l’institution Saint-Pierre de Bourg-en-Bresse (01), cinq jeunes chrétiensd’Irak sont aussi scolarisés de l’écoleau lycée, en lien avec l’associationMadiane. « Les trois plus âgés vien-nent suivre les cours FLE que dispensele lycée à tous les étudiants étrangersque nous recevons chaque année afinqu’il se sentent intégrés comme lesautres », indique Françoise Gras, lechef d’établissement.AS

L’ACCUEILDES MIGRANTSS’ORGANISE

De g. à dr. : Stéphane Gouraud, FrançoiseGautier, Jean-Loup Leber, Sylvie Le Loup

et Patrick Lamour. Quatre élèves irakiens sont scolarisés àl’institution Saint-Pierre de Bourg-en-Bresse.

Claude Bauquis, au pupitre, présente le groupe de pilotagelotois qui a participé au projet diocésain.

D. R.

©B. Chanel

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©DDEC

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A c t u s / enseignement catholique

Si la tradition fait de nous deshéritiers, des dépositaires etnon des possédants, elle sus-

cite en nous un appel à l’inventi-vité ». C’est par ces mots quesœur Monique Gugenberger,présidente de l’Urcec, a ouvert le12 janvier dernier, à Paris, la ses-sion annuelle de l’Union desréseaux congréganistes de l’en-seignement catholique.Quatre témoins issus de congré-gations différentes par leur tailleet leur structuration (Saint-Josephde l’Apparition, Eudistes, frères Maristes,et réseau Daniélou) ont d’abord présentéleur réseau et le charisme de leur fon-dateur. Un état des lieux qui a permisaux presque 200 participants de saisir ladiversité et la réalité des réseaux congré-ganistes aujourd’hui.L’après-midi, un temps d’atelier a permisde réfléchir à la façon dont chaque tra-dition éducative peut répondre aux at-tentes du monde actuel. Grand témoinde l’un de ces groupes, sœur Agnès Thévenin, de Saint-Joseph-de-Cluny, aainsi démontré l’actualité des valeursportées par la fondatrice de son réseau,

Anne-Marie Javouhey, au XIXe siècle. En1838, cette dernière fit libérer 185 esclaves,en Guyane, et leur apprit à lire et compter.En écho à son héritage, sœur Agnès aredit son attachement à l’idée d’une Écolequi libère : « Il faut former des personnescapables de vivre dans un monde ouvertet multiculturel, approfondir le sens dela liberté et de la responsabilité, luttercontre les nouveaux esclavages que sontles addictions et la pensée unique. » L’après-midi, le père salésien Jean-MariePetitclerc a puisé dans ses trente-cinqans d’expérience pour répondre à la question : « Dans un monde en mutation,

comment transmettre l’Espéran-ce ? » Il a d’abord rappelé l’une desintuitions de Don Bosco : « Quandla confiance dans les institutionss’estompe, il faut miser sur la qualitéde la relation ». Selon lui, « pourtransmettre l’espérance, il faut enavoir été témoin ». Il liste trois obs-tacles à surmonter : la nostalgie dupassé, la croyance en la fatalité, etla passivité. L’Espérance est, selonlui, « la qualité d’attention à ce quise présente à nous ». « Elle ne sedéfinit pas par son contenu mais

par son mouvement. Elle n’a pas d’objet,pas d’échéance, ne suscite ni angoisseni attente. » Il ne s’agit pas de la transmettre« pour imiter mais pour inventer ». « Transmettre aux jeunes l’Espérancen’est pas transmettre notre représentationdu futur, a insisté Jean-Marie Petitclerc,c’est transmettre une dynamique deconfiance, en l’avenir et en eux ». Lemot de la fin est revenu à Françoise Gross,secrétaire générale de l’Urcec : « Nousne sommes pas en crise mais en chemin.Jean-Marie Petitclerc nous a dit : tenezbon ! C’est ce qu’on va faire. »

Noémie Fossey-Sergent

© N. F.-S.

Quatre témoins issus de congrégations différentes par leur tailleet leur structuration ont présenté leur réseau.

Les 12 et 13 janvier derniers, l’Union des réseaux congréganistes de l’enseignement catholique (Urcec) a tenu à Paris sa sessionannuelle sur le thème : « Nos traditions éducatives, chemins d’espérance pour aujourd’hui ».

Urcec : transmettre pour inventer

Le Nouvel an passé, nous voilà à la fin du premier semestre. J’ai appris les coutumes et les habitudes de l’enseigne-ment turc. Le semestre est rythmé par trois sessions d’examens, préparés lors des concertations de professeurs d’un même niveau.L’importance des procédures et de la hiérarchie dans leur déroulement favorise le travail d’équipe. De plus, l’équipement des sallespermet la création d’exercices de compréhension orale, ce qui est essentiel dans l’apprentissage de la langue. Car les élèves, tous denationalité turque, ont ce double défi : réussir leurs études et maîtriser le français. Leurs formulations approximatives sont parfois assezdrôles, comme « Madame, je vous aime par cœur ». Ma plus grande difficulté consiste à faire acquérir aux élèves des méthodes de travail et des règles de vie en classe. Car malgré degrandes capacités intellectuelles, ces adolescents de 15 ans manquent de maturité. Un autre événement a aussi marqué ce semestre. Le 24 novembre, c’est la fête du professeur ! Instaurée par Atatürk qui considérait lerôle des enseignants comme essentiel à la formation d’une nation, elle se déroule sur une journée. Les élèves jouent des petits sketchsen l’honneur de leurs enseignants, présentent ce beau métier et, parfois, imitent gentiment leurs mimiques. Adèle Barbot

Lycée Saint-Benoît : www.sb.k12.tr

Des nouvelles d ’AdèleAdèle est partie, à la rentrée, enseigner à Istanbul au lycée Saint-Benoît. Tout au long de l’année scolaire,nous suivrons ce jeune professeur de mathématiques grâce aux billets qu’elle nous envoie.

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LE CARÊME AVEC LE CCFDFaire communauté, un espoir, un chemin ». C’est le thèmeproposé cette année par le CCFD-Terre Solidaire pourvivre une « démarche de Carême enracinée dans la foi et

ouverte sur lesgrands enjeux denos sociétés ».Comme chaqueannée, l’ONG aconçu plusieursoutils d’animation. Premier d’entre

eux, un petit livret de 16 pages propose un parcours person-nel « pour cheminer vers l’essentiel » durant les cinqsemaines de Carême. Il est diffusé à 300 000 exemplaires.Autre support : l’œuvre de l’artiste Jean-Robert de Pasquale (dit Jr di Casa), intitulée Chemin de vie, cheminde foi, dont des reproductions sont disponibles sur com-mande et en grand format « pour inviter à la contemplationet à l’échange ». Enfin, une brochure de 32 pages, Vivre leCarême 2016, présentant des pistes de réflexions et propo-sitions liturgiques, est diffusée à 40 000 exemplaires.Comme chaque année, les 15 000 bénévoles du CCFD ani-meront des veillées de jeûne et de prière dans toute laFrance. Du 2 au 20 mars, des responsables d’ONG soute-nues par le CCFD viendront témoigner de leur action etalerter sur la situation des plus pauvres ! Éléonore Veillastccfd-terresolidaire.org (onglets « Se mobiliser », « Actionet spiritualité »).

UN MENU ÉTOILÉ À LA CANTINE !Le 21 janvier dernier, l’ensemble scolaire La Nativité àAix-en-Provence a organisé, avec la complicité d’ungrand chef, une opération aussi gourmande que

pédagogique. Explications.

À la cantine ce jour-là, 1700 élèves de La Nativité, à Aix-en-Provence, ont eu un repas de roi. Avec par exemple enentrée : une crème de chou-fleur et ses croûtons à la pralineou un houmous à la noisette et pain d’épice. Ces mets raffi-nés avaient été concoctés par Marc de Passorio, le chef étoilédu restaurant aixois L’Esprit de la Violette, avec l’aide deséquipes de restauration Scolarest dirigées par Joël Marquet.Déjà, l’année dernière, les élèves avaient eu la surprised’être servis par le chef en personne ! « Cette année, l’opé-ration a de nouveau eu un vif succès, et elle a même pris del’ampleur, se réjouit, Jean-Michel Malozon, le chef d’éta-blissement. 3000 repas au total ont été servis dans des éta-blissements privés de la région. Avec cette proposition,nous souhaitons éveiller le goût des élèves et les inviter àmanger autrement. » Une préoccupation pour La Nativitédepuis plusieurs années. En 2013, avec la nécessité d’agran-dir les locaux, Thierry Roques, en charge de la gestion ausein de l’ensemble scolaire, a coordonné la restructurationde l’offre de restauration : nouveau prestataire, nouveauxespaces et changement de mobilier pour plus de convivia-lité, nouvelles formules pour les élèves avec la créationd’un salad bar pour concurrencer les frites, et mise en placed’un système biométrique à reconnaissance du contour dela main pour faciliter le passage au self ! Le tout sans aug-mentation de tarif. Et pour offrir une plus grande sou-plesse, plusieurs formules de demi-pension sont proposéesavec remboursement d’une partie du coût d’un repas sil’élève est absent. « Notre souci, c’est de répondre aumieux aux envies des élèves et d’être le plus juste pour lesfamilles », commente Thierry Roques qui se félicite d’enre-gistrer chaque année, avec ces innovations, une augmenta-tion du nombre de repas et de participer à l’améliorationde l’alimentation des élèves. Éléonore Veillas

Reportage au 20 h de TF1 à revoir sur : vimeo.com/153745522

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L‘HISTOIRE

Le chef étoilé Marc de Passorio avec les élèves de La Nativité.

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JUBILÉ DE LA MISÉRICORDE : LE PAPE PARLE AUX ADOS

Garçons et filles de 13 à 16 anssont invités par le pape

François à Rome, du 23 au 25avril prochains, pour vivre untemps fort de l’Année Sainte dela Miséricorde. Pour les préparerà cet événement, le Saint-Père apublié le 6 janvier dernier unmessage spécialement pour eux,

intitulé « Grandir en étant miséricordieux comme le Père ».Il les invite à « miser sur les grands idéaux, sur les grandeschoses » et à ne pas croire aux « paroles de haine et de ter-reur qui sont souvent répétées ». « Construisez au contrairedes amitiés nouvelles, leur écrit-il. Préoccupez-vous tou-jours de celui qui vous demande de l’aide. Soyez courageuxet à contre-courant, soyez des amis de Jésus qui est lePrince de la paix ». Des paroles qu’il adresse égalementaux jeunes qui ne pourront pas se rendre à Rome puisque lepape François rappelle dans son message que ce Jubilé seraà vivre aussi dans les églises locales. EV

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raconte l’élève. Grâce à ce projet, j’aidécouvert de nouvelles techniques.C’est très satisfaisant de savoir quemon empreinte restera dans le lycée ».Le projet a aussi été l’occasion pourcertains élèves de découvrir l’Égliseavec le témoignage de Mgr Jean-Christophe Lagleize, évêque de Metz,venu pour l’inauguration et la bénédic-tion de l’oratoire.

Les jeunes ont besoin de spiritualitéAujourd’hui, un peu moins d’un anaprès, l’oratoire est fréquenté, parfoismême par des élèves d’autres confes-sions, note Pascale Berti, professeurd’enseignement religieux. Pour elle,ce lieu discret et apaisant redonne dusens : « Les jeunes ont besoin de spiri-tualité et j’ai constaté que cela leurplaisait de revenir à l’esprit initial desfondateurs.» Pari gagné donc pour ledirecteur qui, avec ce projet, a permis àses élèves de redécouvrir cet espritcher à saint Vincent de Paul : « l’Évan-gile en action ».

Àson arrivée à la tête du lycéeSaint-Vincent-de-Paul àAlgrange (57), en septembre

2013, Frédéric de Ravinel constate quel’établissement n’a plus de lieu oùprier. La chapelle créée au début dusiècle dernier par les Filles de la Cha-rité a disparu pour laisser place à unesalle de cours. « Je trouvais qu’il man-quait un lieu où les jeunes puissent sereposer et être sous le regard du Sei-gneur », explique le directeur. Unancien parloir, situé au cœur du bâti-ment historique, est choisi. Avecl’équipe pastorale, il propose auxélèves de réaliser la décoration pour enfaire un oratoire dédié aux fondateursde la congrégation, saint Vincent dePaul et sainte Louise de Marillac. Une classe de CAP signalétique se metau travail : douze projets sont proposéset soumis au vote des 700 élèves del’établissement. Celui de Lucile Prassol est plébiscité. Avec sa réalisa-tion, les deux grands saints prennentde belles couleurs ! « J’ai voulu tra-vailler sur le dynamisme du tableau,

D. R.

Arrêts survisagesLa sonnerieretentit. Trois

coups avant le lever de rideau ? À l’école, on joue un peu un rôle,mais pas que. Tombe le masque, lepersona, le personnage. Place à lapersonne ! J’ai longtemps pensé que l’enjeuéducatif concernait surtout écolierset jeunes collégiens. Les autres,lycéens et étudiants sont, eux,autonomes, me disais-je. Propospour me rassurer ? Ou justifierl’absence, la distance… Puis j’aicompris que si les plus jeunesrecherchent une présence, leursaînés, eux, l’attendent. Et ce nesont pas les occasions quimanquent ! Entre la salle despersonnels et la classe, les voilàattroupés dans les couloirs, dans lacour. Espaces à traverser, espacesde la rencontre. Plus qu’un passageforcé, le beau risque d’une parole :« Pardon ! », « Bon cours ! »,« Bonjour, Olivier, Nina, Omar ! ».Un sourire, une poignée de main.Le relation se noue, se nourrit, sescelle. Ils ont besoin d’adultes prêtsà se déplacer, à oser le premierpas ou l’entrée en dialogue. Letemps des couloirs et des cours derécréation, c’est le temps du gratuit.Lissé, licé ? Le lycée résistera à laréforme… orthographique.L’imaginer sans l’« y » et le « e » ?Lettres gratuites.... Mais que serait ce « licé », où lesélèves « entreraient en lice », encompétition ? Ou ce « lissé », lesformant bien « polis », voire un peufades ? Si l’on se contentait decouler les esprits dans le moule del’examen, on y perdrait plus queson grec ! Conservons ces temps gratuits, cesbruits de couloirs et ces arrêts survisages. Avant-goût de Pâques. Aurisque d’un libre passage d’amitié etde tendresse.

ANdré-Pierre GAuthier, frère des écOles chrétieNNes

Le BIllet d ’andré-pierre© N.F.-S.

Des élèves du lycée technique et professionnel Saint-Vincent-de-Paul àAlgrange, en Moselle, ont relevé le défi lancé par leur chef d’établissement :

décorer leur oratoire. Un lieu qu’ils fréquentent aujourd’hui.Éléonore Veillas

VOUS AVEZ DITPASTORALE ?

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UN ORATOIREPOUR LES ÉLÈVES

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a baissé de 16 points. Les matheux ne re-présentent que 2 % des étudiants de masteret les filles restent sous-représentées dansles cursus d’ingénieur. Pour changer la donne,les neurosciences peuvent lever les blocagesdes élèves et les aider à apprivoiser l’abs-traction et le raisonnement. famille & édu-cation présente des exemples de débouchés,nombreux et méconnus, des filières scienti-fiques ainsi que les initiatives menées pour leur promotion pardes associations telles que Paris-Montagne, Elles bougent ouFemmes et sciences . famille & éducation, janv.-fév. 2016, n° 510.

LABORATOIRES D’HUMANITÉLe bulletin de janvier de l’Urcec invite à se saisirdu Jubilé de la Miséricorde comme d’une occasiond’ouvrir les portes du cœur. Comme en écho, ilpublie l’intervention de Mgr Ricard, à Angers, le8 décembre 2015, dans le cadre du 140e anni-versaire de l’Université catholique de l’Ouest.Dédiée à l’importance de la mission d’éducationdans la dynamique d’évangélisation de l’Église,

sa conférence plaide pour une éducation missionnaire. Pour éviterles écueils de l’utilitarisme et de l’entre-soi, il invite les écoles ca-tholiques à se faire « laboratoires d’humanité, ouverts à tous etaccueillants pour tous ».urcec info, janv. 2016, n° 5.

Virginie Leray

ROUAGES DU MOUVEMENT DEL’EMPLOILe mouvement de l’emploi, qui orchestre lesaffectations et mutations d’enseignants, resteobscur voire angoissant pour beaucoup. LeSpelc en décrypte les principaux rouageset incite les enseignants concernés à se faireaccompagner par ses représentants. Lauréatsde concours, maîtres en perte d’heures ou

de contrat, stagiaires en formation auxquels des mi-temps spé-cifiques sont réservés ou maîtres délégués, en mouvement per-pétuel malgré eux… Le dossier rappelle les droits de chacunainsi que les règles en matière de nomination et de priorité. l’éducateur chrétien, fév. 2016, n° 244.

DE L’AGRICOLE À L’ÉDUCATION NATIONALEDémonter les stéréotypes liés au syndicalisme.S’inspirant d’un récent ouvrage de Jean-PaulGuillot, la Fep-CFDT s’emploie, dans un dos-sier, à dissiper les idées fausses qui ternissentson travail et ses actions. Le magazine s’ouvrepar ailleurs sur un article détaillant la contri-bution de la Fep à la préparation de la réformedu collège. Elle diffuse des kits pédagogiquesà ses adhérents et conduit deux enquêtes

sur les instances pédagogiques et les pertes d’heures dans lesétablissements. Leurs résultats alimenteront le droit d’alerte quele syndicat a lancé au ministère début février. fep magazinesignale par ailleurs qu’un projet de décret, qui a été soumis auCCMMEP, vise à autoriser des passerelles entre ministères del’Agriculture et de l’Éducation nationale pour que les professeursde l’agricole puissent participer au mouvement des maîtres.fep magazine, fév. 2016, n° 204.

DES LYCÉES TECHNIQUES EN RÉSEAUCréation de nouvelles formations, jumelagesentre collèges, lycées professionnels etCFA… L’UNETP salue le souci ministérield’engager les filières professionnelles surla voie de la maturité. Pour son vice-président,Dominique Campana, cette dynamique inviteà approfondir les partenariats entre établis-sements techniques privés, via des conven-tions qui pourraient être co-signées par les

autorités de tutelle. Faire réseau peut, en effet, aider à releverle défi de structurer des filières jusqu’au post-bac, en lien avecdes acteurs économiques et des pôles supérieurs. Le tout en in-tégrant formation initiale, formation continue et apprentissage. le Michelet, fév. 2016, n° 55.

REDONNER GOÛT AUX SCIENCESPlus de dix ans après la tentative de rénovation de l’enseignementdes sciences via La main à la pâte, le niveau PISA des élèves

SUR LA TOILE

INSTANTANÉS DE VIESoutien scolaire entre internes, jeux à la récré, séance derelaxation collective ou atelier cuisine… Le nouveau compte

Instagram ouvert parla Fondation Apprentisd’Auteuil pour ses 150ans propose de décou-vrir les coulisses de sesétablissements, à tra-vers le regard desjeunes qu’elle accom-

pagne. Déjà présente sur Facebook et Twitter, la fondationentend exploiter largement le potentiel éducatif de la plateformede partage de photos en ligne, comme l’explique EmmanuelleBarsot, directrice de l’école et de l’internat Saint-Etienne, àSaint-Estèphe (33) : « l’objectif est d’éveiller l’âme d’artistede nos jeunes mais aussi de leur donner envie d’écrire etde travailler – sans en avoir l’air – l’orthographe et la syntaxeen rédigeant les légendes des photos ». VLz@aauteuil

REVUE DE PRESSE

À la une des publications de l’enseignement catholique

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A c t u s / éducation

RÉvISER, UN JEU D'ENFANTQUOI ?Le site Internet Kartable est fait pourles jeunes qui préfèrent l’ordinateur aux livres.Lancée en 2013, cette plateforme d’appren-tissage scolaire permet de réviser gratuitementen ligne, grâce à des cours sous forme de ficheset des exercices. Le design est sobre, comme un manuel scolaire, mais les quizinteractifs apportent une forme ludique qui séduit les élèves à en croire leséloges qu’ils déposent sur Twitter. 200 professeurs de l'Éducation nationalecollaborent à ce site, qui vise une utilisation par un élève sur deux en Franced'ici la fin de cette année scolaire. À noter qu'un abonnement de 19,99 € paran permet de télécharger et d'imprimer l'ensemble des cours.POUR QUI ? Les élèves de la 6e à la terminale (sections L, ES et S). OÙ ?www.kartable.fr

QUOI ? « Créer son entreprisene veut pas forcément dire se re-trouver à la tête d'une boîte duCAC 40 », rappelle Martine Dubertrand, chargée de la com-munication de 100 000 entrepre-neurs. Cette association, fondéeen 2007, se rend dans les établis-sements scolaires pour sensibiliserles jeunes à l'entrepreneuriat.Pour étoffer son panel d'outils,elle a passé un partenariat avec Source, un projet montépar deux étudiants de l'École de management de Lyon,Camille et Renaud, partis un an à la découverte d’en-trepreneurs locaux du monde entier. L’association diffusedix portraits vidéo qu’ils ont tournés : il y a Victor qui,ne voulant plus travailler dans sa mine de Bolivie, amonté un magasin de matériel pour améliorer les conditions

de vie des mineurs ; Junior, l'ancienvoyou du Malawi, qui a créé ungarage aujourd'hui florissant ; etpuis Fehti, né dans la banlieue deBesançon, qui a lancé une boissonà base de dattes vendue dans lemonde entier. « Ces vidéos valorisentles réussites dans le domaine del'économie solidaire et sociale »,poursuit Martine Dubertrand. Leshistoires sont belles et démontrent

que croire en soi est la clé de la réussite. À noter aussi :100 000 entrepreneurs participera à la Semaine de sen-sibilisation de l’entrepreneuriat féminin, du 7 au 12 mars2016, pour encourager les filles à réaliser leurs ambitions. POUR QUI ? Les élèves de la 4e à l'enseignementsupérieur.OÙ ?www.100000entrepreneurs.com

NOUvELLE ÉDUCATION À L'IMAGEQUOI ? La consommation des images a considérablementévolué. Partant de ce postulat, Benoît Labourdette, formateuren pédagogie de l’audiovisuel, plaide pour une utilisation desoutils numériques adaptée aux pratiques des plus jeunes. Ces « digital natives », nés entre 1985 et 1995, ont grandi avec lestechnologies numériques. Le livre de Benoît Labourdette,Éduquer à l’image 2.0, se veut un guide pratique pour réaliserdes pockets films, des mashup (mélange d’images et de sons),des machinima (création d’un film à partir d’un univers de jeu

vidéo), des films tournés à partir de drones…POUR QUI ? Les enseignants sensibles aux TICE.OÙ ? Téléchargeable gratuitement sur www.benoitlabourdette.com/publications

SURLE WEBA c t u s / éducation

ENTREPRENEUR, POURqUOI PAS MOI ?

LE BAC DANSLA POChEQUOI ? Le site Annabac a faitpeau neuve, avec une nouvelleergonomie plus intuitive. Il estdésormais accessible sur tous lessupports, via ses applications. Ilpropose aux élèves de créer leurpropre espace de révision, avec lapossibilité de sauvegarder desfiches de cours et d'établir unplanning de révisions. POUR QUI ? Les élèves de la 3e

à la terminale.OÙ ? www.annabac.com, AppleStore, Windows Store et GooglePlay. 3,99 € par mois pour unematière, 5,99 € par mois pourtoutes les matières.

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: © Projet Source/100

000

entrepreneurs

20ECA N° 371 FÉVRIER - MARS 2016

Joséphine Casso

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ActusMEN

COMPROMIS POUR LES LANGUES MORTES…le conseil supérieur desprogrammes (csP) a publié, le 17décembre 2015, le programme desenseignements de complément delatin et de grec. À raison d’uneheure hebdomadaire en 5e puis dedeux heures en 4e et 3e, ilsrenforcent les enseignementspratiques interdisciplinaires (ePi) « langues et cultures de l’Antiquité »qui, avec la réforme du collège,remplacent les options latin-grec.Pour répondre aux accusations dedéperdition de contenus, le csP acherché à conjuguer ambitionslinguistiques et approchesculturelles. son projet deprogramme valorise l’étude « destextes authentiques » commevecteur de connaissance descivilisations et pose la traductioncomme « un exercice essentiel ».

… ET LES LANGUES VIVANTESen dévoilant sa nouvelle carte deslangues vivantes, le 22 janvierdernier, la ministre de l’éducationNajat Vallaud-Belkacem a annoncéle maintien de 5 000 sections bi-langues que la réforme du collègedevait faire disparaître. lessections sont notammentpréservées, dans un souci decontinuité, lorsqu’une école dusecteur propose une offrelinguistique particulière. en outre,un millier d’écoles supplémentairesproposeront un enseignementd’allemand, ce qui portera leurnombre à 3 800.

RESSOURCES INCLUSIVESsuite à une conférenceinternationale dédiée à l’écoleinclusive organisée les 28 et 29janvier 2016, le conseil nationald’évaluation du système scolaire(cnesco) met en ligne unesynthèse des débats, un rapport etdes préconisations. le cnesconote ainsi que le taux descolarisation des élèveshandicapés décroît fortement avecl’âge et que ceux arrivant au lycéesont, aux deux tiers, orientés versune filière professionnelle.la prochaine conférence deconsensus du cnesco portera surla lecture. elle se tiendra les 17 et18 mars 2016 à lyon et unegrande partie des débats d’expertsseront mis en ligne. www.cnesco.org

Un nouveau livret d’évaluation du CP à la 3e

Un peu plus d’un an après la conférence de consensus sur l’évaluation, le nouveau livret scolaire unique entrera en vigueur à la rentrée.

Une évaluation positive, simple et lisible,valorisant les progrès, encourageantles initiatives et compréhensible pour

les familles ». C’est l’objectif du nouveau « livret scolaire unique numérique » présentédans un décret et trois arrêtés sur l’évaluationparus au JO du 3 janvier dernier. À la rentrée2016, il remplacera le livret personnel de com-pétences et combinera, selon les niveaux, ap-proches par discipline et par compétence maisaussi évaluation en degrés d’acquisition et ennotes chiffrées. Ce livret scolaire unique com-pilera les bulletins périodiques qui maintiennentdes entrées disciplinaires et des bilans de finde cycle 2, 3 et 4. Ces derniers adoptent unegrille simplifiée articulée autour de huit com-pétences du socle commun : les quatre com-posantes du premier domaine (langue française,langue vivante, langages scientifiques, expressioncorporelle et artistique) puis une entrée pourchacun des quatre autres domaines (méthodo-logie, formation de la personne et du citoyen,systèmes techniques et naturels, représentationdu monde et de l’activité humaine).

Au primaire, l’échelled’évaluation comportequatre degrés d’acquisi-tion. Les notes sontintroduites au collègemais assorties d’appré-ciations plus nom-breuses qu’auparavantpour l’accompagne-ment personnalisé, la vie scolaire, mais aussiles enseignements pratiques interdiscipli-naires (EPI), les parcours d’éducation artis-tique et culturelle, le parcours Avenir lié àl’orientation et le parcours citoyen. À noterenfin que le livret scolaire comportera plu-sieurs attestations (sécurité routière, natation,premiers secours) mais que le B2I (brevetinformatique et internet) entérinant l’expertiseinformatique des élèves disparaît. L’enseigne-ment catholique examine les conditions quipermettront une utilisation de ce nouveau dis-positif dans le respect de la liberté de ses éta-blissements. La Commission permanente adéjà fait part de ses points de vigilance. VL

É valués dans le cadre du nouveau livretscolaire, les enseignements pratiquesinterdisciplinaires (EPI), les parcours

d’éducation artistique et culturelle, le par-cours Avenir lié à l’orientation et le parcourscitoyen feront aussi l’objet d’une nouvelle « épreuve de projet » orale du brevet rénové.Deux autres épreuves, écrites, porteront res-pectivement sur les programmes de français,histoire et géographie, enseignement moral

et civique et sur les mathématiques, lessciences expérimentales et la technologie.Cette refonte de l’examen s’accompagned’un renforcement considérable du contrôlecontinu. Obtenir la moyenne sur un livret decycle 4 et ainsi valider l’acquisition des huitcomposantes majeures du socle commun,permet, en effet, à l’élève de capitaliserpresque la totalité des 350 points (sur 700)requis pour décrocher le brevet. VL

N° 371 FÉVRIER - MARS 2016 ECA 21

Un brevet rénové

Les acquis de maternelle

P réalable au livret scolaire unique, une première synthèse des acquis de maternelleest transmise à l’école élémentaire lors de la première inscription en CP. Un modèlenational (arrêté du 31 déc. 2015) prévoit vingt-deux items évalués sur trois niveaux

de réussite, assortis de commentaires sur les points forts et les besoins des élèves. VL

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A c t u s / éducation

22ECA N° 371 FÉVRIER - MARS 2016

Des Segpa plus inclusives

Halte aux théories du complot !Le 9 février, une journée d’étude sur lesthéories du complot, organisée à Paris parle ministère de l’Éducation nationale, aexploré des pistes éducatives pour éveillerl’esprit critique des jeunes.

R éagir aux théories ducomplot », c’est le thèmede la journée d’étude or-

ganisée par le ministère del’Éducation, le 9 février dernier,au Muséum national d’histoirenaturelle de Paris. Cette sériede conférences, tables rondeset d’ateliers, ouverte à tous,s’inscrit dans la continuité dela mobilisation pour les valeursde la République. En guise depréambule, la ministre de l’Édu-cation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, arappelé que le complotisme « ennemi intimedu savoir et de la distance critique », devait,à ce titre, être combattu de manière prioritaireà l’École. De la démarche d’investigation audéveloppement du discernement, en passantpar la maîtrise des langages et des outils nu-mériques, dans les cinq domaines du soclecommun, des compétences arment les élèvespour affronter ce danger. L’enseignement moralet civique (EMC) et l’éducation aux médiaset à l’information (EMI) apportent aux ensei-gnants des leviers supplémentaires.Cette journée a réuni un large panel de cher-cheurs, psychiatres, journalistes, enseignants

et élèves. Ils ont échangé sur leurs pratiques etles enjeux pédagogiques liés aux nouvellesformes de crédulités contemporaines encouragéespar la puissance de diffusion numérique. Les

débats ont permis d’enrichirle site Eduscol de nouvellesressources pédagogiquestelles qu’une séquence, enhuit séances, pour faire passerà des élèves de primaire undiplôme d’apprenti hoaxbus-ter (déconstructeur de ru-meur). D’autres enseignantsont expliqué comment ils éla-borent en classe des théoriesconspirationnistes pour mieuxdécrypter les arcanes de la « complosphère ». C’est aussila démarche du documentaire

Conspi hunter, réalisé par lesite www.spicee.com (rubrique« investigation »), qui proposedes outils éclairants pour dé-masquer les contenus falsifiés.Eduscol recense en outre des

plateformes journalistiques de fact-checking(vérification des faits), des outils permettantde contrôler la fiabilité des sources numériques,des supports proposés par Canopé ou le Clemi…Une formation en ligne a aussi été annoncéepour inciter tous les enseignants à aider leurscollègues professeurs documentalistes, en pre-mière ligne du combat contre les complotistes.Virginie Leray

Réformées par une circulaire du 28 octo-bre 2015 (n° 2015-176), les Segpa (sec-tions d’enseignement général et

professionnel adapté) se voient confortéesdans leur mission de gestion de la grande dif-ficulté scolaire mais encouragées à adopterun fonctionnement plus inclusif. À la rentrée2016, les élèves de Segpa suivront ainsidavantage de cours ordinaires, accompagnéspar leurs enseignants spécialisés, en co-inter-vention dans les classes d’inclusion. Desgroupes de besoins co-animés avec des

enseignants de collège devraient aussi leurêtre proposés. Par ailleurs, l’orientation enSegpa pourra se faire en 6e, 5e, voire parfoisen 4e, et les poursuites d’étude seront mieuxaccompagnées. Comme au collège, les Segpa appliquerontl’accompagnement personnalisé et les ensei-gnements de pratique interdisciplinaire (EPI)prévus par la réforme. À ce titre, leurs ensei-gnants demandent à bénéficier des 2,75 h de« marge prof » accordées à leurs collèguespour sa mise en œuvre. VL

ActusMEN

VALEURS CITOYENNESl’hymne national sera à l’honneurdans les écoles en cette annéeoù la france organise l’euro defootball. La Marseillaise, mise aurépertoire des chorales scolaires,fera l’objet d’un concoursYoutube et d’un colloque qui setiendra en décembre prochain.Par ailleurs, le 11 janvier, lors deses vœux à la jeunesse, leprésident françois hollande aannoncé le lancement d’un livretcitoyen remis aux jeunes à 16 ans pour consigner leursengagements passés et futurs etprolonger le parcours citoyenjusqu’à 25 ans.

SECONDE PROdans le cadre du plan en faveurde l’enseignement professionnel,la ministre de l’éducationnationale, a évoqué le 29 janvier2016, « une période deconsolidation et de confirmationde l’orientation » en secondeprofessionnelle qui autorisera des réorientations, jusqu’auxvacances de la toussaint. elle aaussi souhaité développer desjumelages entre établissements(lycée, cfA, collège), instaurerune semaine de préparation auxstages et généraliser les journéesd’accueil et d’intégration. enfin,un concours « Vive le bac pro »invite les 700 000 lycéens devoies professionnelles à parler deleur passion et de leur formation.

CAMPUS DES MÉTIERS :NOUVEL APPEL D’OFFRE courant mars, avec dix nouvelleslabellisations annoncées, lafrance devrait compter 47campus des métiers et desqualifications. créé en 2013, celabel vise à soutenir les politiquesterritoriales de développementéconomique afin de favoriserl’insertion professionnelle desjeunes. Aéronautique,numérique, gastronomie… cescampus regroupent, autour d’unsecteur d’activité à forts enjeux,des acteurs de la formationprofessionnelle (lycées, cfA,iut, Bts), des laboratoires derecherche et des entreprises pourouvrir à de multiples synergies.une nouvelle vague delabellisation sera lancée en ce printemps 2016.

Affiche dudocumentaireanti-complotisteréalisé par le sited’investigationjournalistiqueSpicee.com

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N° 371 FÉVRIER - MARS 2016 ECA 23

À l’heure où se constituent les treize grandes Régions, en quoi l’enseignement catholiqueest-il concerné ?

Pierre Marsollier :Aujourd’hui, le cadrelégislatif dans lequel l’École catholiqueévolue est celui de la loi Debré, c’est-à-dire de l’association à l’État par uncontrat dont les Régions ne sont pas si-gnataires. On pourrait donc penser apriori que les grands équilibres du cadrelégislatif de notre existence ne sont pasimpactés. La réalité est tout autre : nonseulement, depuis longtemps, la questiondu financement nous relie aux Régions,mais surtout un mouvement durable dedéplacement des responsabilités et descompétences est à l’œuvre. Les collec-tivités territoriales entendent devenir unacteur à part entière du système éducatif,pas seulement d’en assurer l’intendance.Ce déplacement de compétences doitêtre saisi comme une chance par l’en-seignement catholique et comme l’oc-casion d’œuvrer à un partenariatrenouvelé avec les territoires.

Quels sont les principaux enjeux ?

P. M. : Ce serait commettre une erreurque de réduire ce mouvement de décen-tralisation à de simples réorganisationsde compétences. Ce qui se joue, c’estun changement durable de l’action pu-blique, dont on peut considérer qu’il estassez proche de nos propres modes de

Régionalisation : l’exigence d’une vision partagée

fonctionnement : moins descendants,faisant une large place à la négociation,à la concertation, à l’adaptation, à l’ex-périmentation, et, très fréquemment, àune forme de contractualisation qui viseune efficacité des politiques publiques.

Comment envisager le dialogue avecles nouvelles Régions ?

P. M. : Si le périmètre et les acteurs sontdifférents, les principes fondamentauxà réaffirmer avec les Régions sont lesmêmes : la liberté d’enseignement, lareconnaissance du caractère propre, letraitement à parité avec les classes dupublic (forfait), et l’égalité de traitementdes élèves et de leurs familles (mesuresà caractère social, notamment). Sanscontractualiser au sens de la loi Debré,s’associer au service public d’éducationpar le biais de conventions avec les Ré-gions nous semble une pratique à gé-néraliser. L’enjeu est aussi d’établir avecles collectivités territoriales le partenariatle plus global possible afin de mieuxsaisir les besoins du territoire et de mieuxs’y inscrire avec notre spécificité : c’estd’éducation qu’il faut parler, pas seu-lement de moyens, de financements, detransports… Enfin, en tenant comptede la diversité des situations territoriales,il nous faut approfondir la connaissancede la nouvelle gouvernance des régions,de la répartition des compétences avecles académies et des lieux où se prennentles décisions, afin d’être partie prenante.

Quid de la nouvelle organisation des Régions académiques ?

P. M. : Dix-sept Régions académiquesont en effet été mises en place pour ga-rantir l’unité et la cohérence de la parolede l’État en matière éducative, dans les

Dans le paysage mouvant de la réforme territoriale, Pierre Marsollier, délégué général en charge des relations politiques au Sgec, décrypte les enjeux et défis pour l’enseignement catholique.

D. R.

champs de compétences intéressant laRégion. Encore une fois, nous devonsnous adresser aux bons interlocuteurs :le recteur de Région académique seranécessairement l’un deux.

Comment ces évolutions impactent-elles l'organisation del'enseignement catholique ?

P. M. : Il ressort aujourd’hui l’exi-gence absolue d’une vision d’ensem-ble, à la fois globale et partagée, dansles territoires, et partant d’une parolecommune pour porter cette vision. Uneexigence interne d’abord : face à degrandes Régions dont le nouveau péri-mètre accroît notablement la diversité,le pilotage doit être recomposé,comme le montrent aujourd’hui lesréflexions ou les premières mises enplace en Alsace/Lorraine/Champagne-Ardenne, Normandie, Aquitaine/ Poi-tou-Charentes/Limousin ou encore enRhône-Alpes/Auvergne. Le Statut del’enseignement catholique en avaitproposé les contours dans la souplesse.Cela suppose de régler trois questions :celle des modalités de fonctionnementcollégial entre directeurs diocésains,en associant les organisations de chefsd’établissement ; celle de la nécessitéd’une instance régionale ensuite (adhoc avec un Crec, ou bien un inter-Caec), et celle de la représentationextérieure. À moyenne échéance, toutlaisse à croire qu’il faudra une per-sonne-ressource clairement identifiéeet mandatée en interne comme enexterne pour assurer le suivi et l’exper-tise des dossiers portés par l’enseigne-ment catholique auprès des instancesrégionales.

Propos recueillis par Aurélie Sobocinski

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A c t u s / éducation

CLIMAT SCOLAIRE

Plus heureux dans le privé…

L es établissements secondaires pri-vés offriraient-ils de meilleuresconditions de travail aux ensei-

gnants que les collèges publics ? 26 %d’entre eux sont « très satisfaits »(contre 19 % dans le public) et 63 % « satisfaits » (contre 62 % dans lepublic), selon un article comparatifpublié dans la revue Éducation & for-mations de décembre 2015 éditée parle ministère de l’Éducation nationale,consacrée au climat scolaire et au bien-être à l’École1.

Certes, les collèges privés accueillentglobalement plus d’élèves de milieuxfavorisés (34 % des effectifs contre 20 % dans le public) et les enseignantssont moins victimes de violence outémoins de comportements déplacésque leurs collègues du public, mais cesdifférences d’appréciations reposentprincipalement sur la qualité des rela-tions sociales, clé de voûte du climatscolaire : 36 % des enseignants (contre28,9 % dans le public) sont « très satis-faits » de la façon dont ils interagissent

avec les collégiens, 31,3 % (contre28,3 %) portent un regard très positifsur les relations avec les délégués desparents d’élèves. Ils sont 39,4 %(contre 37,3 % dans le public) à jugerégalement « très satisfaisantes » leursrelations avec les personnels de direc-tion et 50,5 % (contre 41,7 % dans lepublic) à entretenir d’excellents rap-ports avec les personnels de surveil-lance. LE1. www.education.gouv (onglet « Professionnels »puis « Publications »).

En 2014, 103 000 jeunes sont sortis du système éducatif sans qualification contre 122 000 en 2007. Saluant

ces résultats, la Cour des comptes, dansun rapport rendu public le 20 janvier20161, a souligné toutefois le manqued’efficacité des dispositifs pour favoriserl’insertion professionnelle des intéressésdont un sur deux est au chômage. Ledocument regrette notamment le manquede convergence entre les différents ac-teurs (ministère de l’Éducation nationale,ministère du Travail, partenaires sociaux,missions locales…) et propose de di-versifier les solutions envisagées (re-scolarisation, préparation à l’alternance,service civique adapté…). Une façonde mieux flécher les 1,4 milliards d’eurosdestinés à accompagner ce public. LE

1. « Les dispositifs et les crédits mobilisés en faveurdes jeunes sortis sans qualification du système sco-laire ». À consulter sur : www.ccomptes.fr (onglet « Publications »).

LAÏCITÉ

Trouver le juste équilibreDÉCROCHAGE

Des dispositifspeu efficaces

Comment concilier laïcité, école etreligions ? Telle est la questionposée par l’Association française

des acteurs de l’éducation (Afae) danssa revue parue en décembre dernier1.S’il ne s’agit pas de remettre en causele principe de laïcité, différentescontributions soulignent la nécessitéde réinterroger le dogme pour le faireévoluer vers un système prônant levivre ensemble. Dans la table ronde avec des lycéens determinale qui ouvre ce numéro, les jeunessoulignent la rigidité des principes qui

visent à gommer les différences tout enaffirmant leur attachement au terme de« fraternité » qui est pour eux primordial.Pas question de promouvoir le prosély-tisme mais un juste équilibre doit êtretrouvé entre le respect des règles fon-damentales et une connaissance réci-proque de la culture de l’autre. Dans leurs trois contributions, ClaudeBerruer pour le catholicisme, Abdennour Bidar pour l’islam, et Laurent Klein pour le judaïsme, rap-pellent qu’il n’y a aucune incompatibi-lité entre religions et laïcité, àcondition de définir un cadre appro-prié. À ce titre, Claude Thélot, ancienprésident de la Commission du débatnational sur l’avenir de l’école, indiquequ’il faudrait faire évoluer la façondont l’École laïque et républicaineaborde ce sujet en créant une « éduca-tion au fait religieux » qui soit autrechose qu’un enseignement de l’histoiredu fait religieux. Le numéro se conclutpar des exemples en Europe, au Japonet au Québec, montrant que d’autresvoies sont possibles. De quoi alimenterla réflexion hexagonale…

Laurence Estival1. Administration et éducation, « Laïcité, école etreligions », revue trimestrielle de l’Afae, n° 4, 2015.

D. R.

D. R.

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COLLOQUE

DU BON USAGE DES PROGRAMMES

Si tous les élèves, dans tous lespays, acquièrent des connais-sances et des compétences, tous

ne le font pas à partir d’un programmenational, a rappelé Claude Thélot, le13 janvier dernier, à Paris, lors dudébat proposé par l’ECM aux acteursde l’enseignement catholique (voirencadré). La place prise par les pro-grammes dans le débat public est unespécificité française. Pourtant, ces pro-grammes officiels ne sont pas pourautant assortis de « manuels officiels ».Les manuels relèvent du domaineprivé. Et le marché des livres scolairesest à l’origine de certaines confusions.Ainsi, la lourdeur des programmes,souvent dénoncée, n’est-elle pas dueplutôt à la façon dont les manuels lesprésentent ? C’est d’autant plus dom-mageable, a exposé Claude Thélot, quebeaucoup d’enseignants ne connaissentles programmes qu’au travers desmanuels qui les « gauchissent ». Parceque le manuel – trop exigeant, tropriche en informations – devient le guidedu professeur, on ne s’étonnera pas que,selon le conférencier, deux tiers desélèves ne maîtrisent pas le programmeen fin de scolarité obligatoire.

Danger de l’utilité immédiateQue faire ? On ne devrait plus, d’aprèsClaude Thélot, voir le programmecomme décrivant ce que doivent savoirtous les élèves. Il faut le penser commecontenant ce que peuvent atteindre lesmeilleurs d’entre eux. Et faire uneplace centrale à un « socle commun »,qui présente, non pas ce qu’il fautsavoir, mais « ce qu’il n’est pas permisd’ignorer » selon l’expression dupédagogue Octave Gréard. C’est lesocle commun qui doit devenir la réfé-rence majeure des enseignants de la

scolarité obligatoire. On devrait doncse réjouir de ce qui a été perçu par cer-tains commentateurs lors de la publica-tion des projets de programme en avril2015, comme un effort d’articulationmettant « fin à la dichotomie entre pro-grammes et socle ». Dans l’échange qui a suivi, les partici-pants ont formulé leurs craintes ou dif-ficultés face aux programmes. Claude Thélot y a répondu par quelquesalertes. La question « à quoi ça sert ? »est à manipuler avec précaution. S’in-terroger sur le sens des savoirs scolairesne doit pas condamner l’École à ne sesoucier que de l’utilité immédiate. Unenseignement des mathématiques quin’aurait pas la préoccupation d’initieraux « mathématiques du citoyen », enaidant à comprendre un taux bancaire,un taux d’inflation..., perdrait de sonsens. Pourtant, cet enseignement vaut aussipour l’entraînement à la rigueur du raisonnement : une utilité moins

immédiatement identifiable mais aussiimportante. Des questions autour desmanuels (leur avenir face au numérique,leur usage) ont aussi été posées, condui-sant Claude Thélot à regretter que leursauteurs privilégient l’encyclopédismeau détriment des façons d’enseigner lesconnaissances. En conclusion, Claude Thélot a rappeléque toute mise en œuvre de nouveauxprogrammes doit être soutenue par unepolitique de formation. On ne peut quelui donner raison dans le contexte actuelde préparation de la réforme du collègepour la rentrée 2016. Comme l’indiquait récemment PatrickRayou, coordinateur du groupe chargépar le Conseil supérieur des programmesde l’élaboration de ceux du cycle 4 : « Pour que ces programmes ne soientpas une injonction technocratique deplus, il faut les accompagner d’appuisinstitutionnels, de mobilisationsd’équipes et de formations sans lesquelsils resteront lettre morte. » Nicole Priou

« À quoi servent les programmes ? »,s’est demandé Claude Thélot, le 13janvier dernier, à Paris, lors d’undébat organisé par l’École des cadresmissionnés (ECM) avec l’associationDéchiffrer notre époque.

Nathalie Tretiakow, directrice de l’École des cadres missionnés, et le conférencier Claude Thélot quia présidé la Commission du débat national sur l’avenir de l’École.

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LES DÉBATS DE L’ECML’École des cadres missionnés (ECM) a lancé en 2015 « Les débats de l’ECM » avec Déchiffrer notre époque, une association créée par Jean-Pierre Kerboul et Claude Thélot. Le site Déchiffrer notre époque a l’originalité de mettre en ligneun « avant-débat ». Prochaine rencontre : le 9 mars 2016 sur le thème : « Faut-ilcraindre les nouvelles technologies et les médias dans l’éducation ? ». À Paris, 76 rue des Saints-Pères (ve arr.) de 17h30 à 19h30. Ouvert à tous. Site : www.dechiffrernotreepoque.com

© N. Priou

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CÉLESTIN FREINET,CONSTRUCTEUR D’AVENIR

Parmi les pédagogies alternatives,l’une des mieux identifiées est la

pédagogie Freinet, centrée notammentsur l’expression libre des jeunes. Sansdoute grâce à la validité des intuitionspédagogiques de son fondateur, CélestinFreinet, mais aussi grâce au réseaucoopératif qu’il a su développer deson vivant et qui lui a survécu. L’année2016 marque le 50e anniversaire de samort (1896-1966) : une occasion de redécouvrir un pé-dagogue majeur pour tout professionnel qui s’intéresseaux pédagogies actives et à l’héritage de l’Éducationnouvelle. Issu d’un colloque international qui s’esttenu en Suisse, en février 2014, cet ouvrage, coordonnépar Nadine Giauque et Chantal Tièche Christinat, ras-semble une série de contributions de chercheurs etpraticiens et tente d’apporter une réponse aux questionsque pose la mise en œuvre d’une pédagogie Freinetau xxIe siècle. Éléments historiques, repérage desprincipes qui la sous-tendent, places et rôles des élèveset du maître dans la classe Freinet, focus sur quelques

expériences, permettront au lecteur demieux cerner les concepts, valeurs et pra-tiques caractéristiques de cette pédagogie.Une mention spéciale pour la contributionde Sylvain Connac, responsable de for-mation à l’Isfec de Montpellier, particu-lièrement éclairante pour distinguerindividualisation et personnalisation desapprentissages. Très intéressant aussi, l’ar-ticle d’Yves Reuter qui a piloté l’équipede recherche chargée de suivre pendantcinq ans l’expérience Freinet de Mons-en-Barœul (Nord). Son éclairage sur les prin-

cipes de fonctionnement de l’ « école Freinet » mériteà lui seul qu’on s’intéresse à l’ouvrage. Dans la préface,Philippe Meirieu définit Freinet comme un « militantjoyeux », « concret », « constructeur d’avenir », « cohérent », « positif », impulsant la confiance qui « permet de reprendre tous les matins, la joie au cœur,le chemin de l’école ». De bonnes raisons de faire plusample connaissance avec son héritage. Nicole Prioup Collectif (sous la direction de nadine Giauque et ChantalTieche Christinat avec une préface de Philippe Meirieu), Lapédagogie Freinet : concepts, valeurs, pratiques de classe,Chronique sociale, 2015, 224 p., 15 €.

LIVRES ÉDUCATION

à SiGnALeRAUSSi

NOS AMIS, LES ROBOTS

Les robots s’apparententde plus en plus

aujourd’hui à de super-assistants. Ils seront demaindes compagnons capablesde nous comprendre, denous parler voire de nousaimer. Ils simuleront la réci-procité dans la relation, jouant de la ten-dance naturelle humaine à y croire.Derrière cette promesse d’empathieartificielle, la relation que l’hommeentretient avec ses semblables, lesobjets, les images, en trois domainesbien séparés, est fortement interrogée. Demain, l’homme aura le tout en un : unrobot, interlocuteur parfait, capable dedialoguer comme un humain, prenantl’aspect physique de son choix. Les pro-grès technologiques et le bouleversement

numérique étant inélucta-bles, il est urgent quel’homme s’approprie cemonde interconnecté, enacceptant son amour irré-pressible pour les objets et encomprenant que les robotsseront à la fois des « âmessœurs » et des « super-mou-chards » : surveillance per-manente, anticipation de nos

moindres désirs, même les plus secrets.Pour vivre une relation humanisanteavec les robots, les enfants devront avoirappris à programmer en sachant décon-necter les machines. L’environnementlégislatif devra aussi s’adapter pour pro-téger les individus. Un chantier palpi-tant pour les prochaines années.

Josiane HamyoSerge Tisseron, Le jour où mon robotm’aimera : vers l’empathie artificielle, AlbinMichel, 2015, 198 p., 16 €.

oJean-MariePetitclerc et Yvesde Gentil-Baichis,Éduquer à l’heured’internet, Salvator,2015, 112 p., 12 €.

oValérie LussiBorer et Luc Ria,Apprendre àenseigner, PUF,2016, 264 p., 29 €.

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Philippe Brault, par ailleurs délégué national1er degré de l’Ugsel, la fédération sportiveéducative de l’enseignement catholique.

Ne plus se dire“et si je faisais mal ?”La première partie de matinée, consa-crée aux apports théoriques, a permisaux participants de comprendre les qua-tre axes de cette démarche : la préven-tion pour répondre à un enjeu de santépublique ; un apprentissage de l’APSpar les élèves, dispensé par des ensei-gnants formés ; une éducation du futurcitoyen capable de porter assistance àune personne en danger ; une formationprogressive de la maternelle jusqu’aulycée. « L’apprentissage des gestes desecours doit pouvoir être abordé dans

l’ensemble des disciplines », a expliquéPhilippe Brault. La chute d’un enfantdans la cour peut ainsi être une occa-sion de faire une séance d’APS enclasse. » Premier défi pour le formateur : rassu-rer les participants sur leur capacité àporter secours. « On ne se sent pas tou-jours capable de porter secours,témoigne un enseignant. On a peur defaire des bêtises. » « Il faut arrêter dese dire “et si je faisais mal ?”, répondPhilippe Brault. Ne pas agir est pire.Dites-vous “je fais du mieux que jepeux”. » La formation s’est poursuivie par desexercices de mise en situation des

enseignants en petits groupes. Deuxthèmes ont été abordés : les gestes depremiers secours et la création d’uneséance APS pour une classe. Partie de foot qui finit mal, chute de tri-cycle, malaise… autant d’incidents queces enseignants sauront désormaisexploiter dans le cadre d’un enseigne-ment transdisciplinaire.POUR EN SAVOIR PLUS• Dossier pédagogique « Apprendre à portersecours » réalisé par l’Ugsel : il réunit lestextes de référence ainsi que des fichespédagogiques. Vous pouvez le commander sur : www.ugsel.org• Christophe Guigné, Santé et urgences àl’école : comment agir en toutes circonstances,Canopé éditions, 80 p., 2015. Disponible sur commande : www.reseau-canope.fr

Depuis l’an dernier, l’Ugsel proposesur tout le territoire des formationsAPS (« Apprendre à Porter

Secours ») aux enseignants du primairequi le souhaitent. Car depuis 2006, le dis-positif « Apprendre à Porter Secours »est intégré dans les programmes del’école primaire et de maternelle. Le Bulletin officiel du 5 janvier 2012 arenforcé cet apprentissage en déclinantles objectifs à atteindre par niveau, de

la grande section au CM2. Le 9 décembredernier, à Boulogne-Billancourt (92),une trentaine d’enseignants exerçantdans le 1er degré ainsi que des assistantesmaternelles ont participé à l’un de cesstages. Objectif : aider les enfants à ac-quérir les bons comportements face àun danger ou une situation d’urgence.Et ce, à travers quatre grands thèmes :prévenir, protéger, alerter et intervenir. « Apprendre à porter secours est un enjeupédagogique fondamental pour une écolequi éduque à l’humanité, à la citoyenneté,à la responsabilité. C’est aussi apprendreaux enfants à prendre conscience de leurcorps et à le respecter, ainsi qu’à respectercelui des autres », a exposé le formateur,

L’Ugsel invite les professeurs desécoles à se former pour apprendreaux écoliers à porter secours en casde danger ou d’accident. Zoom surl’un de ces stages d’une durée dequatre heures.Marie-Camille Raffin

FormatIon

Ces gestes qui sauvent

Public visé : enseignants du 1er degré ayantsuivi la formation « Prévention Secours Civiques1er niveau » (PSC1) pour acquérir eux-mêmesles gestes qui sauvent. Ce prérequis n’est pasobligatoire pour s’inscrire à la formation APS :un enseignant peut suivre directement celle-ci,elle sera seulement prolongée de 2 h pour apprendre les bases des premiers secours. Organisme : Ugsel.Lieu : dans les comités territoriaux.Date : le mercredi (une demie ou 1 journée).Durée : 8 h aux premiers secours et 4 h d’APS,soit un total de 12 h.Prise en charge : FormÉlie ou Opcalia.Renseignements : Ugsel nationale (FrançoisDefieux ou Philippe Brault : [email protected]).

Où se former ?

Phot

os M

-C. Ra

ffin

Philippe Brault, délégué national de l’Ugsel et formateur APS, rappelle aux participants les gestes de premiers secours.

N° 371 FÉVRIER - MARS 2016 ECA 27

371 p27-28 Formation gestion OK.qxp_- 24/02/2016 16:03 Page27

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apprentissage ou par contrat de profes-sionnalisation.Une situation d’autant plus difficile que« la taxe d’apprentissage agit commeun régulateur en matière de mixité so-ciale, souligne Nathalie Souhart, direc-trice des relations avec les écoles à ASP(Au service de la profession), membred’Octalia. Sans cet apport, les famillessont davantage sollicitées. »Au sein del’association Formation et Métier deMarseille qui réunit quatre petits lycéesprofessionnels et deux CFA, la baissedu hors quota s’élève à 32 % soit 210 000 €, selon Jean-François Bessières,directeur général de l’association.

A contrario, la partie CFA a gagné plusde 300 000 €. « Aujourd’hui j’ai deuxlycées en très sérieuses difficultés fi-nancières. Aucune classe n’a été ferméeet le niveau de contributions des famillesreste inchangé, mais nous avons dûsupprimer deux postes administratifset nous devons nous battre pour pré-server nos moyens pédagogiques au-jourd’hui au niveau régional, dont nousdépendons aussi pour le forfait et lessubventions de fonctionnement. »Dans ce nouveau contexte, le réseaudoit de fait s’organiser au niveau régional (Caec, Crec). « Un travail de mutuali-sation interne, pour ne pas laisser les

plus petits établissements au bord de laroute, et de collaboration avec lesgrandes régions, s’impose », souligneBernard Michel. « Nos établissementsdoivent être capables de répondre auxappels à projets et de penser la formationprofessionnelle comme un tout intégréarticulant formation initiale par la voiescolaire et par apprentissage mais aussiformation initiale et continue… », insisteJean-Marc Petit, qui invite notammentà se rapprocher des nouvelles instancesde gouvernance de la formation commeles Crefop, Copanef et Coparef. « La façon dont nous entrons en relationavec le monde des entreprises doit aussi

être professionnalisée, observe Jean-François Bessières. Il faut travailler àun fléchage systématique des fondsversés par les entreprises vers nos éta-blissements. » L’enjeu est d’autant plusfort qu’à terme, selon les nouveauxtextes réglementaires, les entreprisesdevront verser l’ensemble de leur taxeau même collecteur que celui de leursfonds de formation continue.zL’ APPRENTISSAGE EN CHIFFRESAvec 21 667 apprentis, l’enseignementcatholique représente environ 5 % des effectifsnationaux de l’apprentissage. Un chiffre enhausse de 3 % par rapport à 2014 dans uncontexte de stabilité globale des effectifs.

L ’enjeu principal de la réforme dela taxe d’apprentissage tient dansla nouvelle répartition de ses pro-

duits. « Les régions contrôlent désor-mais 51 % des fonds (contre 43 %précédemment) et de petits lycées, quibénéficiaient d’un apport direct desentreprises, sont fragilisés »,souligne Jean-Marc Petit,responsable de la formationprofessionnelle au Sgec etdélégué général de Rena-sup. « Le clignotant d’alarmeréside dans la réduction de lapart du hors quota affectéeaux formations initiales horsapprentissage qui passe à 23 %. Avec la disparition ducumul entre les différentes caté-gories qui s’y ajoute, les grandsperdants sont les lycées profes-sionnels sans section d’appren-tissage ni BTS, confirmeBernard Michel, président de l’UNETP.Pour eux, la baisse de la collecte s’élèveen moyenne à 30 %, soit 30 à 60 000 €de perte, selon leur taille. »Le lycée professionnel La Fontaine àFaverges (74) est de ceux-là. « Méca-niquement, avec la réforme, c’est 28 %de la taxe d’apprentissage qui a disparu,soit 35 000 €, regrette le chef d’éta-blissement Grégory Coster. Faute definancements suffisants, le risque estréel d’un appauvrissement de nos pla-teaux techniques ». Pour « retrouverune marge de manœuvre financière »,il envisage un développement du post-bac via la création de BTS par

Une nouvelle répartition de la taxed’apprentissage est appliquée depuisle 1er janvier 2015 pour privilégier ledéveloppement de l’apprentissage.Avec des conséquences déjà visiblespour les formations professionnellesqui n’en relèvent pas. Enquête.Aurélie Sobocinski

GestIon

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Taxe d’apprentissage

Les CFA, grands gagnantsde la réforme

28ECA N° 371 FÉVRIER - MARS 2016

La nouvelle distribution des produits de la taxe d'apprentissage sur une base de 100€.

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InItIatIves /collège

Comment mener sa classe enfaisant progresser les collé-giens les plus lents sans péna-liser ceux qui vont plus vite ?

L’Institution Notre-Dame, à Alençon,a trouvé la réponse : les soixante-dixélèves des trois classes de 6e sontrépartis pour les cours de français,mathématiques et anglais en « groupesde compétences et de besoins ». Unerépartition qui pourra être revue aucours de l’année en fonction du res-senti des élèves. Une quinzaine d’entre eux sont dans legroupe 1, rassemblant ceux qui ont leplus de difficultés ; vingt-cinq font par-tie du groupe 2 et suivent le programmenormalement ; enfin, la trentaine d’au-tres jeunes, en groupe 3, se voient pro-poser davantage d’exercices lesincitant à aller toujours plus loin. « Lesélèves du groupe 1 bénéficient, enoutre, d’une heure hebdomadaire sup-plémentaire pour aller à leur rythme eteffectuer le travail personnel du soiraccompagné par le professeur », men-tionne Annick Leroy, la chef d’établis-sement.

À chacun selon ses besoins À l’issue du cours de mathématiques,Adrien, en groupe 1, ne tarit pasd’éloges sur la méthode : « Onapprend autrement et on est moinsperdu », explique-t-il, après s’être ini-tié à l’apprentissage des fractions. Ici,pas d’exercices au tableau, mais un jeude cubes de couleurs et de dimensionsdifférentes représentant des fractions.Assis sagement, le groupe écoute l’en-seignante et répond à ses questions.Joris se lance : « Un huitième, c’est lapièce marron ! » La professeur, Cécile

« Pendant cette heure, le professeur co-intervenant peut ainsi apporter une aidesupplémentaire aux jeunes en difficulté,sans interrompre le cours. Cela est trèsutile car nous avons chacun notre façonde présenter les choses. Nous utilisonsaussi la présence d’un collègue pourmonter des projets que nous ne pourrionspas faire seuls », met en avant CécileEdely, professeur d’anglais.

Rôles inversésProfitables pour les collégiens, ce pro-jet intéresse aussi les enseignants quiapprécient cette façon de travailler enéquipe. D’autant que les rôles sont par-fois inversés. « On peut être professeurprincipal dans une classe et co-inter-venant dans une autre. Cela nous per-met de mieux connaître nos collègues,de renouveler nos pratiques mais aussid’avoir un point de vue sur l’ensembledes élèves », ajoute Isabelle Santi, pro-fesseur d’anglais. Après cinq ans de mise en œuvre, toutle monde, y compris les parents, recon-naît le bien fondé de la méthode, exi-geante mais aussi stimulante. « Ceprojet a donné une identité propre etune nouvelle dynamique à notre éta-blissement », conclut Annick Leroy.

Letertre, rectifie : « Il ne faut pas uni-quement se fier aux couleurs ! », inci-tant Joris à regarder aussi lesdimensions. Une heure plus tard etquelques salles de classes plus loin,Guillaume, dans le groupe 3, suit stu-dieusement le cours de français. Laleçon du jour porte sur les Fables de LaFontaine. Outre la lecture des textes,l’enseignant apporte des complémentsd’information sur le règne de Louis XIVet sur le rôle des mécènes, tel NicolasFouquet, le surintendant des financesdu roi, et protecteur de l’écrivain.Eugénie ne manque pas une miette deces explications. « J’aime pouvoirainsi approfondir ! », s’exclame lacollégienne. « Cette façon de s’adapter à la diversitédes élèves ne s’arrête pas en 6e. De la5e à la 3e, ces groupes de compétencessont remplacés par des séances de co-intervention », poursuit Annick Leroy.Toujours en français, en mathématiqueset en anglais et pendant une heure parsemaine, deux enseignants de la mêmematière se retrouvent pour faire coursdevant les élèves. Ce dispositif a pu voirle jour grâce à une dotation horaire reçueau titre de l’égalité des chances et de laréussite éducative.

L’Institution Notre-Dame, à Alençon(Orne), a mis en place depuis cinqans un dispositif original : les élèves travaillent par groupes decompétences en 6e et les enseignantsd’une même matière interviennent en duo, une heure par semaine, de la 5e à la 3e. Laurence Estival

La co-intervention favorise le travail en équipe des enseignants.

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Faire classe autrement

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InItIatIves /école

Lancé à la fin des années 90, leRéseau des observatoires locaux de lalecture (Roll) a été rejoint parenviron 5 000 professeurs des écolesdans l’enseignement catholique. Zoom sur l’une des écoles pionnières : Sainte-Thérèse àChâtelain (Mayenne). Éléonore Veillas

Que nous raconte cette histoi-re ? », demande ChrystelleMétéreau, au groupe de sixélèves de sa classe de cycle 3,

après leur avoir demandé de retournerla feuille sur laquelle figure le textequ’ils viennent de lire en silence. L’und’eux se lance : « C’est l’histoire d’unchasseur qui tuait les loups. » « Êtes-vous tous d’accord ? », interroge l’en-seignante. « Non », rétorquent certains.La discussion s’anime, guidée par leprofesseur qui inscrit sur le tableau lesdiverses interprétations des élèves.Dans une colonne, celles qui fontconsensus, dans une autre, celles quiprêtent à controverse. Nous sommesdans l’un des trois ateliers où lesgroupes alternent chaque semaine.Toutes les trois semaines, ChrystelleMétéreau modifie leur composition enfonction des difficultés de chacun.« L’idée de cet atelier de compréhensionde texte est au cœur de la pédagogie Roll,explique l’enseignante. Il s’agit d’ap-prendre à l’élève à bien comprendre cequ’il lit, en confrontant ses interprétationsavec celles des autres pour arriver à unelecture la plus fouillée possible. » En unedemi-heure, le tableau est noirci. Aprèsune relecture en groupe, Chrystelle Météreau entoure en rouge ce qui est « acceptable » par rapport au texte. Ambre,8 ans, apprécie ces ateliers : « Le faitd’être en groupe me plaît. Je comprendsmieux les textes parce que je me pose plusde questions qu’avant ». À côté, d’autres élèves sont concentréssur des fiches de perfectionnement.C’est l’autre point fort de la démarcheRoll : offrir une pédagogie différen-ciée. Deux fois par an, les élèves sontévalués sur neuf compétences par destests disponibles sur le site Internet du

mettre. » Jean-Loup Thomas insiste surl’importance de la répétition pourl’élève : une séance hebdomadaire estrecommandée, et il est préférable quela pratique se poursuive sur la totalitédu parcours scolaire. « Il faut que lamécanique de questionnement du textedevienne un automatisme pour l’élève,indique-t-il. On peut proposer le Rolldès le cycle 1 : à cet âge, déjà, les tout-petits prennent des habitudes de lec-ture. » C’est ce qui se passe à l’école

Roll. L’enseignant dispose ainsi duprofil de la classe et de celui de chaqueélève. En fonction des résultats, labanque de données du Roll propose desexercices ciblés. Cet après-midi, lesélèves doivent répondre à des ques-tions sur la syntaxe et le sens général dutexte. Pour Maxence, 9 ans, ces exer-cices lui permettent de « lire douce-ment, et donc de mieux se concentrer surles mots ». Pendant les trois quartsd’heure de la séance hebdomadaire deRoll, un dernier groupe, au fond de laclasse, joue à l’ « enquête de lecture »,un jeu de l’oie avec questions/réponsespour travailler les inférences.

Acquérir des automatismesLe Roll, l’école Sainte-Thérèse deChâtelain est « tombée dedans » il y adix ans. C’est Jean-Loup Thomas, sondirecteur jusqu’en 2014 et actuel direc-teur de l’école Saint-Julien de Laigné, àquelques kilomètres de là, qui l’a intro-duit. Il témoigne des résultats : « J’ai vudes enfants en difficulté de lecture réus-sir à progresser et le collège voisin aconstaté que des élèves venant desécoles pratiquant le Roll étaient globa-lement plus à l’aise dans la compréhen-sion des textes. Résultat : depuis troisans le collège commence aussi à s’y

Entrer dans la lecture avec le Roll

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Les élèves de cycle 3 de Chrystelle Météreau en atelier de compréhension de texte.

« L'enquête de lecture » est un jeu de l’oieavec questions-réponses.

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Sainte-Thérèse où Sandra Valteauorganise, dans sa classe de cycle 1,trois séances de vingt minutes parsemaine. À partir, par exemple, de qua-tre images chronologiques et d’unephrase complexe, les enfants doiventdécouvrir à quelle image la phrase cor-respond. « C’est la discussion entre euxet les questions que je soulève qui lesamènent à trouver la bonne réponse.Entre le début de l’année et le mois dejanvier, je vois la différence. Les méca-nismes commencent à se mettre enplace », explique-t-elle. À ce travail decompréhension de phrase, l’ensei-gnante associe des jeux comme « laboîte mystère » pour apprendre à for-muler des questions ou encore le Time’sup pour enrichir le vocabulaire. « Tousces jeux amèneront plus tard ces enfantsà comprendre des textes plus compli-qués, c’est vraiment du temps gagnépour le cycle 2 », ajoute-t-elle.

Des enseignants expertsCes enseignants le reconnaissent : pra-tiquer le Roll demande un effort d’in-vestissement, mais pour cela ils sonttrès largement aidés par le site Internetqui fournit tous les supports. « Aujourd’hui, un enseignant qui veutdébuter peut se lancer seul car la nou-velle version du site lancée en septem-bre propose même un planning avec dessuggestions adaptées », explique Jean-Loup Thomas. Autre atout du Roll : leréseau, d’abord sur le site qui mutualise

les contributions et offre ainsi une banquede données extrêmement riche, mais éga-lement localement jusqu’au niveau dio-césain. C’est le cas en Mayenne oùformations et rencontres sont proposées.Le Roll nécessite de l’enseignant qu’ilaccepte de bousculer ses habitudes commeen témoigne Chrystelle Météreau :« Interroger des enfants aussi long-temps pendant l’atelier de compréhen-sion de texte, partir de ce qu’ils disentau lieu d’apporter des connaissancesn’est pas un exercice simple au départ ».Mais cela apporte un réel avantage,explique Martine de Latude, tutriceRoll en Mayenne : « J’ai vu des ensei-gnants entrer dans une forme d’exper-tise, ils deviennent plus pointus pourobserver et suivre les élèves. » Unedémarche encouragée par le Secrétariatgénéral de l’enseignement catholique(Sgec) qui a signé une convention, en2013, avec l’équipe Roll. Pour Marie-Odile Plançon, chargée de mission 1er

degré au Sgec, « cette pédagogie répondà deux enjeux essentiels, la préventionde l’illettrisme et l’éducation à lacitoyenneté en apprenant aux élèves àfaire preuve de probité intellectuellequand ils rendent compte d’un texte. »Depuis 2013, six fois plus d’écoles etcinq fois plus de collèges ont rejoint leRoll. Signe que cette démarche répondaux besoins des équipes. Elle permetaussi de faire le lien entre école et col-lège pour construire le nouveau cycle 3prévu pour la rentrée 2016.

Baptiste a remporté une partie de Time's up,un jeu pour enrichir son vocabulaire.

« La boîte mystère » permet aux élèves de cycle 1 de formuler des questions.

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Trois questions à

Alain Bentolila, professeur delinguistique àl’université Paris-Descartes etfondateur du Roll1.

Comment est né le Roll ?Il a débuté en 1996 avec l’idée de répondreà une question essentielle, celle de l’hé-térogénéité des classes en matière de lecture, en proposant une pédagogie dif-férenciée et pertinente. Puis, nous avonsconstaté que ce qui faisait souvent défautchez les élèves, c’était la compréhensiondes textes. Aujourd’hui, avec la troisièmeversion du Roll, nous proposons une pé-dagogie de la compréhension fondée surla métacognition : chaque élève prendconscience de ses fonctionnements cog-nitifs pour apprendre en toute connaissancede cause. Tout le défi du Roll consiste àamener l’élève à trouver un équilibre entreson interprétation personnelle d’un texteet le respect de l’auteur.

Quels sont les résultats ?Nos évaluations internes indiquent qu’encinq mois de pratique, l’écart entre lesélèves les plus fragiles et les autres diminued’environ 5 à 10 %. À partir de 2 ans depratique, on dépasse les 10 % de réductiond’écart. Une autre étude réalisée pour leministère de l’Éducation nationale montreque l’écart entre les collèges ZEP et horsZEP est deux fois moins important lorsqueces collèges pratiquent le Roll.

Quelles sont les perspectives d’avenir ?Comme nous l’a proposé le cabinet de laministre de l’Éducation nationale, nous al-lons étendre à la rentrée 2016 ce dispositifà 5 académies. Nous passerons ainsi de19 500 enseignants (public et privé) en-gagés dans le Roll à environ 35 000. Autreprojet : la « machine à lire » déjà expéri-mentée avec succès depuis deux ans auHavre. Elle permet d’entrer dans la lecturede textes plus longs, en alternant écouteaudio et lecture autonome d’un livre.

Propos recueillis par E.V.s Site : roll-descartes.net

1. Langue et science (co-écrit avec Y.Quéré), 2014, Plon.

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InItIatIves / lycée

Fontaine, 20 ans, originaire de Dunkerque. Et pour cause : l'équipeenseignante mise sur la responsabilitédes élèves. « Nous instaurons une rela-tion de confiance pour rendre les jeunesautonomes par rapport à leur projet »,souligne Jean-Christophe Laval. Pourlaisser le temps à ceux qui habitent loind’arriver, les cours ne commencentjamais avant la fin de matinée et s'achè-vent en début de soirée. De ce fait, l'en-seignement dispensé représente les

deux-tiers du programme de terminale.En contrepartie, les ordinateurs portablesfournis aux élèves leur permettentd'avancer à la maison sur les cours théo-riques, accessibles via un site dédié.Autant de temps libéré pour insister enclasse sur les notions difficiles. « Notre cahier des charges inclut l'inno-vation pédagogique : nous souhaiterionspar exemple développer des cours envidéo », anticipe Bertrand Leclercq. LeLycée de la Nouvelle chance est né de lavolonté de Marie-Claude Tribout, direc-trice diocésaine de Lille, de lutter contrele décrochage scolaire, dès son arrivéeen 2011. « Une commission est allée enrepérage au Lycée Nouveau départ deNotre-Dame-des-Oiseaux, à Paris, un

Une terminale pour les décrocheurs

Depuis la rentrée 2014, le Lycée de la Nouvelle chance, installé surle campus Ozanam de Lille,accueille de jeunes décrocheurspour les préparer au bac. Uneinitiative lancée par la directiondiocésaine de Lille, avec l'aide desept lycées catholiques. Coline Léger

R omain Natalaï a arrêté ses étudesen 1re pour travailler. Il a vitedéchanté : « Je n'ai rien trouvé

d'intéressant, seulement des stages oudes petits boulots », se souvient le jeunehomme de 21 ans. Désormais, il estdéterminé à obtenir le bac pour seconstruire un meilleur avenir. « Mais jen'envisageais pas de me présenter encandidat libre, sans accompagnement »,confie-t-il. C'est ainsi que peu avantNoël, il a rejoint le Lycée de la Nouvellechance, hébergé au sein du campus Ozanam, à Lille. Cette structure, lancée àla rentrée 2014 sous l'impulsion de ladirection diocésaine de Lille avec l'appuide sept établissements, aide les jeunesadultes ayant interrompu leurs études àobtenir le bac. Elle est composée de deuxclasses, une classe de ST2S (sciences ettechnologies de la santé et du social) etune classe de ES. Au total, 12 élèves âgésde 17 à 23 ans sont inscrits et une ving-taine de professeurs se relaient quoti-diennement pour assurer les cours.Le dispositif est accessible à tous les jeunesdécrocheurs, dès lors qu'ils ciblent l'unedes deux filières proposées et qu'ils ontsuivi une classe de 2de. Comme Romain,certains n'ont pas le niveau de 1re : « Jerattrape les notions qui me manquenten fournissant beaucoup de travail per-sonnel », souligne cet ancien élève dissipé.

« Les antécédents scolaires ne sont pasun frein, précise Bertrand Leclercq, coor-dinateur pédagogique et professeur desciences de la vie et de la Terre. En re-vanche, nous demandons aux jeunes des’inscrire eux-mêmes, sans déléguer lesdémarches à leurs parents. » Certains sesont faits exclure plusieurs fois d'établis-sements, d'autres ont été confrontés à lamaladie, ont développé des phobies sco-laires ou ont connu des parcours de viechahutés, à l'instar de cette jeune femme,

devenue maman pendant sa terminale en2009, avant d'obtenir son bac l'an derniergrâce à ce dispositif. « La plupart sontdes élèves fragiles. Ils ont besoin de s'ap-puyer humainement sur l'équipe ensei-gnante », souligne Jean-Christophe Laval,coordinateur de vie scolaire de la structureet professeur de SVT.En la matière, l'effectif réduit des classesest un atout. « Je n'hésite plus à poser desquestions quand je ne comprends pas,bien que je sois une grande timide »,confie Célia Dessenne, 19 ans, orientéepar l'une de ses enseignantes de 1re versce cursus alors qu'elle décrochait. « J'avais des réticences à retourner aulycée. Mais ici, le rapport aux profs esttotalement différent », témoigne Margot

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Isabelle Petitprez, professeur d'histoire-géographie, donne un cours aux élèves de la filière ES.

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à Lille, Saint-Vincent-de-Paul à Loos,Marie-Noël à Tourcoing, Saint-Rémi etSaint-Martin à Roubaix. Tous ont fondél'association Les parcours de la nouvellechance. Présidée par Benoît Bulteau,directeur de Notre-Dame-d’Annay, cetteassociation est garante du bon fonction-nement du lycée éponyme. « Les élèvesn'étant inscrits dans aucun de ces établis-sements, ils passent le bac en candidatslibres », précise Christophe Leroy, direc-teur d'Ozanam et trésorier de l'associa-tion. Le coût de la scolarité demandé auxfamilles est de 140 € l'année. « C'est plusaccessible que les cours par correspon-dance qui dépassent les 1000 € », sou-ligne Margot Fontaine. Ce tarif vise àn'exclure aucun candidat. « Le dispositif

est actuellement déficitaire, de l'ordre de14 000 €, ce qui est conforme à nos prévi-sions, indique Christophe Leroy. Pour lepérenniser financièrement, nous envisa-geons de créer des antennes, par exem-ple, à Arras, Cambrai … Sous réserveque ces diocèses et leurs établissementsnous suivent dans la démarche. »Pour l'heure, les résultats sont au rendez-vous. « Sur douze inscrits à la premièresession, une seule élève, hospitalisée, aéchoué… et encore, elle s'est resociali-sée grâce au Lycée de la Nouvellechance », indique Jean-ChristopheLaval. Aujourd'hui, la structure souhaitetravailler plus en amont avec les lycéesde la région, pour intégrer les élèves dèsles premiers signes de décrochage. Face

établissement membre de l'Associationdes Lycées du Soir », se souvient Christine Verrier, chargée de mission àla direction diocésaine qui a porté le pro-jet. Finalement, c'est un dispositif fonc-tionnant en journée, plus facilementcompatible avec les emplois du tempsdes professeurs, qui a été retenu.

Onze bacheliers sur douze élèves« L'idée de redonner confiance auxjeunes et de les remettre en projet m'aséduite », témoigne Isabelle Petitprez,professeur d'histoire-géographie aulycée Saint-Rémi à Roubaix, qui dis-pense 2h30 de cours par semaine à laNouvelle chance. Elle fait partie de la

vingtaine de professeurs, qui a réponduà l'appel à candidatures lancé par le dio-cèse. Une formation d'un mois leur a étéproposée : « Ce temps nous a permis deconstruire une cohésion d'équipe, maisaussi d'apprendre à gérer les jeunesdécrocheurs, pour éviter qu’ils éprouventà nouveau de l’appréhension scolaire »,se souvient Jean-Christophe Laval.Les moyens horaires mis à disposition duLycée de la Nouvelle chance sont finan-cés dans le cadre du plan de réussite édu-cative de l’enseignement catholique.Mais le dispositif ne peut fonctionnersans les établissements qui acceptent delibérer leurs professeurs et d'apporter leursoutien à la démarche : Ozanam, Notre-Dame- d’Annay, Notre-Dame-de-la-Paix

DIX LYCÉES « NOUVEAUDÉPART » EN FRANCEL'Association des Lycées Nouveaudépart rassemble dix établissementscatholiques accompagnant les jeunesdécrocheurs jusqu'au baccalauréat, àtravers la France. Créée en 2001 sousl'appellation « Association des Lycéesdu Soir », elle a changé de nom l'anpassé : « À l'origine, les Lycées du Soiraccueillaient des personnes en activitésouhaitant passer le bac pour évoluerprofessionnellement. Progressivement,le public a changé, avec beaucoup dejeunes adultes en décrochage scolaireou en réorientation vers les filièresgénérales et technologiques. Dansl’ensemble, les cours ne se déroulentplus le soir », indique Emerik Flamment,directeur du Lycée Nouveau départ deSainte-Agnès, à Angers, et président del'association. Certains de cesétablissements accueillent jusqu'à unecentaine d'élèves, d'autres une dizaine.Comme les effectifs, les filièresproposées varient d'un lycée à l'autre (L,ES, S, STMG, ST2S). L'association viseà promouvoir le partage d'expérienceentre les établissements ayant entreprisou souhaitant s'engager dans cettedémarche. Un nouveau site Internetdevrait bientôt venir se substituer àl'ancien (www.lyceesdusoir.org). CL

zEmerik Flamment, Lycée Nouveaudépart de Sainte-Agnès, [email protected]él. : 02 41 88 07 78

zPar ailleurs, les Jésuites ont choisi de décliner un dispositif similaire du ministère appelé « Micro-lycée » à Saint-Joseph-de-Tivoli, à Bordeaux, à Saint-Jospeh, à Avignon, et à Saint-Marc, à Lyon.

aux demandes, elle envisage en outred'ouvrir une section S. Une façon d'offrirune chance supplémentaire à davantaged'élèves encore.s Site : www.lycee-nouvelle-chance-lille.fr

Bertrand Leclercq, coordinateur pédagogique, et Jean-Christophe Laval, coordinateur de vie scolaire.

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Sarah, 16 ans : Pendantl’atelier, j’avais le rôle de

l’exclue. C’est énervant. Personnene t’écoute. Les autres font tout pourte mettre à l’écart. Je me suis sentie

rejetée. Dans lavie réelle, le pro-blème, c’estsurtout l’effet debande. On vit engroupe… enclasse, dans lacours, à l’inter-nat. Quand onest ensemble,

on se sent plus à l’aise. Et même sicela va à l’encontre de nos pensées,on préfère suivre les autres. On apeur d’être différente, peur de ne pasêtre aimée.

Marie, 16 ans :Moi, j’avais laplace de l’obser-vateur. C’était per-turbant. J’avaisenvie de dire augroupe : « Laissez-les s’intégrer ; essayez de parleravec elles ». Ce n’est pas quelquechose que j’ai aimé regarder. Et sicela n’avait pas été un jeu, j’auraisvoulu intervenir.Emie, 18 ans (a déjà participé à 3 ate-liers) : L’année dernière, après l’atelier,j’ai vu une élève mise de côté par lesautres. J’ai repensé au jeu de rôle etj’ai fait le choix de rester neutre. Je nedésirais pas prendre parti, je suis restéeen dehors des histoires... Le fait d’avoir

vécu plusieurs fois l’atelier m’a permisce soir de parler. Je comprends quepour les 2des, en revanche, ce soit com-pliqué. Elles sont timides et c’est difficilede prendre la parole car on n’a passouvent l’occasion de parler toutesensemble. En début d’année, on nese connaît pas trop, mais si on refaitcet atelier au printemps, on discuteraplus. Parfois, on a des préjugés surdes filles et ce n’est pas évident de sefaire sa propre opi-nion. L’atelier, lui,te met face à la réa-lité. Avec la séancesur la rumeur, parexemple, tu terends compte quetu peux franche-ment te tromper.

Au lycée professionnel Joseph-Wresinski d’Angers, enseignants et éducateurs se sont formés àl’animation des ateliers « Alter égaux » avec l’Ares. Leur objectif : améliorer l’intégration des élèves.Delphine Oger

A llez les filles, vous avez fini dedîner ? Après la pause, n’ou-bliez pas qu’un atelier est or-

ganisé. » Il est vingt heures. AnneDelahaye, responsable de l’internatde filles du lycée Joseph-Wresinskid’Angers, rassemble les élèves. Sixenseignantes, chef de travaux, docu-mentaliste, directrice adjointe sont làce soir pour animer un atelier un peuparticulier destiné aux internes. Aucuneinformation ne leur a été donnée surce qu’elles vont vivre. Réparties entrois groupes, les élèves de 2de, 1re etTle vont expérimenter un atelier « Alterégaux » sur l’exclusion et la rumeur.« Tout a commencé il y a cinq ans, se

paroles d’élèves

« Pendant l’atelier, j’av a

souvient Nathalie Coulbault, direc-trice adjointe du lycée. Face à desjeunes qui vivaient accrochés à leurtéléphone portable et Internet, nousavons voulu comprendre ces nou-veaux comportements, et voir

comment nous, enseignants, nouspouvions avoir la bonne attitude faceà eux. Nous avons alors contactél’Ares1, un organisme de formationqui proposait un stage intitulé :“Comment appréhender un public en

SIX INTERNES DE 2DE, 1RE ET TLE DU LYCÉE JOSEPH-WRESINSKI D’ANGERSCONFIENT CE QU’ELLES ONT VÉCU LORS D’UN ATELIER SUR L’EXCLUSION ET LA RUMEUR

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Rien de plus efficace que le jeu de rôle pour comprendre ce que ressent une personne exclue.

Photos : D. Oger

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Laula, 15 ans :J’ai déjà été té-moin d’une situa-tion d’exclusion aucollège. Au début,je regardais la per-sonne isolée et medemandais pour-quoi les autres fai-saient ça. Je voyais que c’étaitdouloureux pour elle. Beaucoupd’élèves pensaient comme moi maispersonne n’osait faire le premier pas.Alors je me suis décidée, je suis alléela chercher. Du coup tout le monde asuivi. Elle avait du mal à en parler,mais à moi elle a dit qu’elle était supercontente d’être avec nous.Marjorie, 18 ans : Pendant les ateliers,si on avait choisi notre groupe et lespersonnes avec qui on a des affinités,on se serait certainement plus confiées.J’aurais peut être dévoilé une situation

difficile que j’ai vécue. Mais d’avoirentendu des filles qui ont traversé lamême chose que moi me donne envied’en parler avec elles. Cela va mepermettre d’ouvrir d’autres portes. Lesateliers, c’est une expérience à vivre.En petits groupes, c’est mieux. J’aiappris des choses, par exemple surles conversations sur Facebook. Main-tenant, je vais faire attention à ce quej’écris. J’aimerais bien un atelier surles relations avec un petit ami. Celanous permettrait de parler de chosesdont parfois on a honte. Je suis pourrenouveler l’expé-rience. Et puis lesprofs avec qui ona fait l’atelier, onsait maintenantqu’on peut leurparler de nos pro-blèmes. Elles sontà notre écoute.

Emeline, 16 ans :Aller contre larumeur, c’est trèsdifficile. On réex-plique mais per-sonne ne te croit.Cela dépendquand même àqui on s’adresse.Si c’est une bonne copine, c’estfacile de s’expliquer, sinon, on n’yparvient pas. Et on finit par se refer-mer et être seule.Sarah, 16 ans : Les ateliers, c’est in-téressant. Surtout de les faire sousforme de jeu. On peut se mettre dansla peau de l’autre et s’apercevoir dechoses que l’on ne voit pas au quoti-dien. On ne sait pas ce que l’autre vittant que l’on ne l’a pas vécu soi-même.Et en débattre, cela peut nousaider dans notre construction.Propos recueillis par Delphine Oger

v ais le rôle de l’exclue »mutation ?” ». Lors de cette forma-tion, les enseignants découvrent lesateliers « Alter égaux ». Ce pro-gramme d’éducation à la diversitémulticulturelle propose « uneméthode active expérientielle, quipermet de vivre des situations enmilieu protégé et de les transférerdans le contexte du travail ». Unevingtaine de professeurs du lycéeJoseph-Wresinski décident de se for-mer. Via des jeux de rôles, ils appren-nent à se connaître et à maîtriser leursémotions. Ils vivent l’exclusion, par-ticipent à la naissance et la propaga-tion d’une rumeur. Dans les ateliers « Alter égaux », onaborde les représentations, les préju-gés, les stéréotypes… Cetteméthode, née aux États-Unis pourlutter contre le racisme et l’intolé-rance à l’École, est, depuis 1997, sui-vie en Europe par des professeursconvaincus de son impact, notam-ment sur la réussite scolaire. Après

avoir vécu eux-mêmes ces mises ensituation pendant la formation, lesenseignants deviennent animateursd’ateliers pour les élèves dans leurlycée. « Notre objectif est de fédérerles groupes et d’améliorer la cohé-sion au sein des classes et l’intégra-tion des élèves », explique NathalieCoulbault. Les ateliers durent une trentaine de mi-nutes. En fonction du thème, les ensei-gnants définissent des groupes etdonnent les consignes. L’atelier surl’exclusion, par exemple, se joue à six.Pendant cinq minutes, les jeunes en-dossent leurs rôles : quatre élèves doiventfaire bloc et ne laisser personne entrerdans leur groupe, un élève doit parvenirà s’intégrer, un dernier doit observer.Une situation très inconfortable pourbeaucoup d’entre eux. Un temps de pa-role permet ensuite aux animateursd’analyser ce qui vient de se passer etd’échanger avec bienveillance sur ceque les élèves ont vécu et ressenti.

Certains s’expriment avec plus d’aisanceque d’autres, mais tous écoutent avecattention. Il s’agit de leur faire prendreconscience de ce qu’ils peuvent vivreou faire subir, comprendre que certainsont des difficultés et qu’il faut faire at-tention à son prochain. Cette approchedu « mieux vivre ensemble » en déve-loppant sa propre identité est un équilibredélicat à trouver pour ces jeunes enconstruction. « On agit souvent au couppar coup, en fonction de la demandedes enseignants », déclare VirginieOnillon, la documentaliste du lycée,formée à ce dispositif. Si des tensionsse font sentir dans une classe, un atelierest organisé. Cette méthode a fait sespreuves, « car si parfois les ensei-gnants ont la sensation que cela n’apas marché, la plupart du temps, ilss’aperçoivent par la suite que legroupe fonctionne mieux », conclutNathalie Coulbault.

1. www.ares.asso.fr

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réflexIon

L’un des enjeux éducatifsmajeurs est, selon vous, deréinventer les modalités dela transmission. Pourquoi ?Marcel Gauchet : Noussommes dans un momentde recomposition d’un nou-vel équilibre pédagogiquequi doit tirer le bilan dudouble échec du modèle tra-ditionnel transmissif et decelui de la liberté d’appren-dre. Pour caricaturer, le pre-mier ne se préoccupait quede ce qu’il fallait théorique-ment savoir, sans se soucierdes acquisitions effectivesd’élèves trop passifs. Quantau second, qui s’est imposéaujourd’hui, il a mis l’acti-vité du jeune au centre, sansse préoccuper suffisam-ment des contenus à acqué-rir. Sans nostalgie aucune,l’enjeu consiste à articuler le trans-mettre et l’apprendre plutôt que decontinuer à les opposer. Pour cela, ilconvient de clarifier le rôle nouveaude la transmission et d’élucider l’acted’apprendre.

Quand « l’apprendre » a-t-ilsupplanté « le transmettre » ?M. G. : L’injonction à devenir soi-même traverse les pédagogies nou-velles qui se focalisent surl’acquisition individuelle, au détri-ment de la dimension existentielle dusavoir, sur laquelle je reviendrai. Lesannées 70 ont parachevé un

mouvement de cassure majeur dansnos sociétés. Il est lié à la montée del’individualisme et à la sortie de latradition qui ont profondément

Comment réenchanter l’Écoledans le monde désenchantéthéorisé par le philosopheMarcel Gauchet ? Articuler le modèle de transmissionclassique et les pédagogies

nouvelles permettrait, selon lui, de réinterroger en

profondeur l’acte d’apprendre.

modifié notre rapport aupassé. Le compromis sco-laire qui permettait à l’Écolede concilier la prise encompte de la figure modernedu sujet de raison et la trans-mission d’un héritageancestral garant d’une iden-tité collective s’est dissout.

La redéfinition de latransmission passe parl’élaboration d’unevéritable théorie de l’acted’apprendre…M. G. : Un des foyers de diffi-culté du champ pédagogiqueactuel me semble être le flouentourant l’acte d’apprendre.Le poids de l’héritage évolu-tionniste de Darwin sur laréflexion pédagogique nousamène à penser qu’apprendreconsiste à reproduire àl’échelle individuelle le par-cours par lequel l’humanité adéveloppé ses connaissances,construit ses savoirs.

Or, pour l’enfant, l’entrée dans l’uni-vers de la signification est une expé-rience radicalement différente,existentielle, sur laquelle on saitassez peu de choses. Il me sembletout à fait urgent de redonner àl’École sa fonction initiatique qui estcelle d’accompagner l’entrée dansune culture et des savoirs préexistantsà l’élève et qui revêtent donc pour luiun caractère quasiment ésotérique.Apprendre, c’est toujours se transfor-mer, changer, être déplacé. C’est pourquoi il existe une peurd’apprendre sans doute encore tropsous-estimée mais qu’une relation

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le« Redonner à l’École

sa fonction initiatique »

Pour nourrir la dynamique « Réenchanter l’École », lancée par l’enseignement catholique à la rentrée, de grands témoins nous livrent leur vision d’un monde porteur d’espérance.

Propos recueillis par Virginie Leray

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d’autonomie, en fonction d’un envi-ronnement fluctuant.

La déscolarisation n’est donc paspour demain ?M. G. : Les critiques radicales adresséesà la transmission et à l’institution scolairepermettent de comprendre ce qu’ellea d’irremplaçable. Il nous faudra rétablirle bien-fondé d’une série de distinctions :entre l’École et la vie, entre l’enfant etl’adulte, entre le travail et le divertis-sement. Nous devrons surtout redécou-vrir la spécificité de l’enfance et lanécessité pour grandir d’une relationvraie avec des adultes, menacée parl’omniprésence des écrans.

Pourtant, l’institution scolaire reste très fragilisée…M. G. : Malgré les critiques, l’Écolerevêt une importance incontestée, savocation et ses missions ne cessent des’élargir, de l’éducation moralejusqu’au numérique…Mais la désinstitutionalisation la tra-vaille de l’intérieur. Sa fonction collec-tive est subordonnée aux bénéficesprivés que peuvent en retirer les usa-gers. Ses moyens d’action sont discu-tés en permanence. Elle s’épuise àpoursuivre le contraire de ce qui laconstitue comme institution, en semoulant sur les demandes indivi-duelles et les parcours singuliers.Pour endiguer ce phénomène, on nepeut pas faire l’économie d’une réflexionsur l’autorité de l’institution éducative.Pas celle des maîtres, mais celle que lasociété leur délègue. Il s’agit de donnercollectivement un mandat clair à l’ins-titution scolaire. Une société d’individuscomme la nôtre demande en fait beau-coup plus à chacun pour se réaliser entant qu’individu. L’École doit accom-pagner ce travail en dotant les élèvesd’outils, de méthodes de travail expli-citées, d’une capacité de réflexivité sureux-mêmes. Et la collectivité doit re-connaître à l’École cette mission.

À quoi pourrait ressembler uneÉcole réenchantée ? M. G. : L’École réenchantée n’est paspour demain, tant notre société refuse

inspirée de celle du maître à son dis-ciple permet d’apprivoiser.

De quels leviers disposent les éducateurs ?M. G. : Les avancées des neuro-sciences ouvrent une fenêtre tout àfait intéressante sur la boîte noire del’acte d’apprendre. Les pédagoguesont à s’en saisir pour imaginer leurpropre démarche dans l’animationdes groupes-classes, l’élaboration deprogressions…Il s’agit aussi, par-delà nos amnésiesd’adultes, de reprendre conscience dela difficulté intrinsèque des appren-tissages dits élémentaires. Indispen-sables et premiers, le lire, l’écrire et lecompter révèlent déjà le mystérieuxpouvoir de l’abstraction, font entrerdans le labyrinthe du sens puis dans ledédale de l’interprétation. La préémi-nence de l’écrit dans les apprentis-sages démontre bien qu’ils n’ont riende naturel mais relèvent du culturel.Ils nécessitent un entraînement forcé-ment fastidieux qu’il revient au péda-gogue de rendre excitant.

L’ère numérique impacte aussifortement le système éducatif…M. G. : L’information disponible à lademande semble remettre en ques-tion l’utilité de la transmission et dela médiation des savoirs. En réalité,ce besoin de médiation est démulti-plié, notamment pour orienter versdes savoirs peu attractifs mais indis-pensables, aiguiser le discernementet le regard critique… Ce champ detransmission s’explore d’ailleursdans les salles de classe.Reste que l’arrivée d’Internetconforte une contestation brutale desapprentissages scolaires jugésarchaïques, sommés de s’adapter. Or,l’École se situe dans une autre tempo-ralité, faite de rapport au passé, d’an-ticipation raisonnée du futur et delenteur dans l’acquisition des savoirs.Il s’agit, en effet, de transmettre auxjeunes ce qui leur permet de ne pasêtre dépendants, de se définir aussipar rapport à des principes immua-bles et non pas, dans une illusion

de regarder les difficultés en face : duproblème de l’articulation entre lesfamilles et l’École à celui de la justicesociale en matière scolaire, en pas-sant par les difficultés de l’acte d’ap-prendre, sans oublier la crisegravissime de recrutement des ensei-gnants. L’École « enchantée » quenos descendants auront peut-être lachance de voir, et que je préféreraisappeler tout simplement une Écoledigne de ce nom, serait une Écoleconfiée à des professionnels haute-ment formés à la conscience de cequ’est véritablement la conditionenfantine et de ce qu’est l’immensedifficulté d’apprendre. Une Écolequi, sur cette base, donnerait au plusgrand nombre cette sécurité essen-tielle d’être compris et aidé pour debon sur le chemin tourmenté versl’âge adulte et vers la possession desoi, à travers la maîtrise des connais-sances indispensables pour s’orienterlibrement dans la société.

L’École catholique a-t-elle unecarte spécifique à jouer ? M. G. : S’inscrire dans une traditioncomme la tradition chrétienne repré-sente un avantage, en raison dusérieux existentiel que cette traditionapporte dans la considération du des-tin de chaque personne. Cela qualifieles écoles chrétiennes pour faire unpas de plus en se proposant d’être leslaboratoires de l’invention de cetteÉcole du futur.

À lire :• Marie-Claude Blais, Marcel Gauchet,Dominique Ottavi, Transmettre,Apprendre, Stock, 2014.• Marcel Gauchet, Le désenchantementdu monde, Gallimard, 1985.

Retrouvez les interviews « Réenchanter l’École » sur le site :www.enseignement-catholique.fr

Voir aussi pp. 6-7.

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PortraI t

Laurence Estival

Depuis janvier, Benoît Guillouest très sollicité… Recruté parle Secours Catholique pouranimer son réseau de béné-

voles, il planche ce samedi 23 janvierdevant les membres de la Conférencedes évêques de France. Non pour disserter sur les nouvelles formes d’en-gagement mais pour faire une conférencesur le pardon et la miséricorde... Riend’étonnant pour celui qui a consacréplusieurs années de sa vie à travaillersur le sujet en se penchant sur le génociderwandais de 1994.L’histoire commence une dizaine d’an-nées après les faits. Alors rédacteur enchef de La Chronique, le magazined’Amnesty International, il part en

marchandage mais d’un travail sur soi,avec une reconnaissance de sa responsa-bilité et donc une repentance. Le pardon,qui appartient au domaine de la métaphy-sique, du spirituel ou du religieux, ne peutcertes pas se substituer à la justice. Maisil peut accélérer la reconstruction du liensocial. J’avais envie de creuser ce sujet. »

Journaliste le jour, doctorant la nuit

À son retour du Rwanda, où il séjourneplusieurs fois, Benoît Guillou frappe àla porte de l’École des hautes études ensciences sociales (EHESS) pour débu-ter une thèse en sociologie sur le pardon. Il choisit un poste d’observa-tion privilégié : le village de Musha où,le 13 avril 1994, des tueurs Hutus

reportage dans un pays traumatisé. « Jesouhaitais enquêter sur la justice. Quandelle fonctionne, elle ne sert le plus sou-vent qu’à juger de gros poissons,explique-t-il. Or je me suis rendu compteque des formes de “justices alterna-tives”, basées sur le pardon, se dévelop-paient parallèlement. En passant auxaveux, certains cherchaient à échapper àla justice traditionnelle. Pour d’autres,en revanche, il ne s’agissait pas de

Benoît GuillouAux confins des mondes

Ancien rédacteur en chef dumagazine d’Amnesty International et auteur d’un ouvrage sur le pardonau Rwanda1, Benoît Guillou vient de rejoindre le Secours Catholique où il est responsable de l’animation

du réseau des bénévoles. Un parcours dédié à l’engagement.

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chrétiens ont profané leur église et exé-cuté 6 000 Tutsis, tout aussi chrétiensqu’eux. Le rythme de travail est intense et lesnuits souvent très courtes entre la parti-cipation à des séminaires pour s’initieraux bons outils utilisés par les expertset l’animation d’une équipe de journa-listes. « Quand certains vont le soir aucinéma, lui, après son travail, consacraitdes heures entières à préparer ses pro-chains séjours sur place, rédiger desnotes, faire des fiches », lance, admira-tif, le père Antoine Sondag, directeurdu Service national de la mission uni-verselle de l’Église à la Conférence desévêques, qui le connaît « depuis une oudeux décennies ». « Nous nous sommesrencontrés à Amnesty International etnous nous croisions régulièrement à lacommission Justice et Paix. J’ai toujoursété frappé par sa volonté de comprendreet sa rigueur, mêlant à la fois engage-ment et probité intellectuelle. En ce sens,sa démarche ne m’a pas étonné. » Présent à sa soutenance de thèse en2011, Antoine Sondag est impres-sionné par la façon dont le doctorantmène son sujet au croisement de diffé-rentes disciplines. Car le pardon ren-voie autant au droit canonique qu’àl’histoire, la philosophie ou à la socio-logie dans son cas précis. « Certainsmettent toute une vie pour en arriver là.Benoît a réussi cette synthèse à 50 ans »,poursuit-il. Sa thèse terminée, le tout nouveau docteuren sociologie décide de la « traduire »en un livre grand public, le journalistereprenant du poil de la bête sous le man-teau de l’universitaire désormais reconnupar ses pairs. Mais pas question de cédersur l’essentiel. Pour Benoît Guillou, lamise en scène des concepts ne doit êtrequ’un moyen de rendre le propos plusabordable pour un public de néophytes.C’est ce qu’il fait quand il raconte, parexemple, l’histoire de Xaverine, une Tutsidont le mari et les fils ont été tués : « Elle a dénoncé les coupables à la justice.En tentant de se suicider, elle a vécu unesorte de conversion religieuse. Elle s’estensuite mise à fréquenter un petit groupede charismatiques et a entendu un appelau pardon. Elle a annoncé alors qu’elle

Le coup de pouce d’Edgar Morin

Alors qu’il chercheun éditeur, BenoîtGuillou ne trouvepas immédiatementd’oreillesattentives.Impressionné parun article dujournal Le Mondeque venait de

publier Edgar Morin, le journaliste luienvoie son manuscrit en luidemandant s’il accepterait d’enrédiger la préface. « Je ne le connaissais pas et nepouvais me recommander depersonne », se souvient BenoîtGuillou. Quelle ne fut pas sa surprised’être contacté par l’éditeur dusociologue ! « Il me proposait depublier mon livre à la demanded’Edgar Morin qui en plus avait rédigéla quatrième de couverture ! Je l’airemercié pour son aide mais je ne l’aijamais rencontré. » On ne peut rêvermeilleure caution intellectuelle… LE

pardonnait, sans condition, aux assassinsde ses enfants. L’un d’entre eux l’a appriset en a été bouleversé. Il a reconnu pourla première fois avoir frappé à mort l’undes fils de Xaverine et a accepté qu’ellele livre à la justice. Mais elle ne l’a pasfait pas… ».

L’engagement comme boussole

Pour ce catholique convaincu, cettefaçon d’appréhender les choses renvoieautant à ses convictions qu’à sonenfance. « Ayant grandi à Lannion,patrie de saint Yves, j’ai peut-êtreinconsciemment été marqué par cetteprocession traditionnelle qui avait lieuchaque mois de mai. Les habitantsallaient à la rencontre de ceux des com-munes voisines, fanions à la main, pourse réconcilier… », se souvient-il. Lareligion joue d’ailleurs un rôle impor-tant dans sa bibliographie. « Un de mespremiers articles pour Le Mondediplomatique, au début des années 90,quand j’étais journaliste free-lance,portait sur les divisions en Haïti. Jem’étais intéressé à la manière dont lareligion pouvait accompagner la tran-sition démocratique dans ce pays queje connaissais un peu pour y être partiquelques années plus tôt avec la Délé-gation catholique à la coopération. J’yavais animé à l’époque une coopéra-tive de pêcheurs », ajoute-t-il. Ce premier séjour dans le tiers-mondemarque aussi pour ce Breton attaché àses racines, la découverte de l’Amé-rique latine et des inégalités qui ne ces-sent de se creuser au fur et à mesure queces pays se développent. Yves Hardy,un des fondateurs d’une association dejournalistes qui s’intéressaient à cettezone géographique, se souvient encorede ce jeune confrère, présent sur tousles fronts. « Il était toujours prêt à défen-dre les droits de l’Homme, met-il en évi-dence. Il y avait chez lui une grandecuriosité et une grande ouverture quej’ai retrouvées plus tard quand, sous sahoulette, j’ai rejoint l’équipe de rédac-teurs de La Chronique d’Amnesty Inter-national. »Ces capacités d’ouverture et d’animation

ne seront pas de trop pour aider BenoîtGuillou à remplir sa nouvelle missionau Secours Catholique. Et si certains semontrent un peu surpris par son choixd’occuper pour la première fois de savie un poste qui ne soit pas en prisedirecte avec l’actualité internationale,d’autres préfèrent insister sur la cohé-rence de son parcours aux confins desmondes : les ONG, les droits del’Homme, la solidarité et la culturechrétienne, le journalisme et le militan-tisme. « Il y a des gens qui cloisonnentleur vie professionnelle et leur engage-ment. Benoît fait partie de ces personnesqui prennent leur engagement tellementau sérieux qu’ils en font le cœur de leuractivité », observe Antoine Sondag.L’intéressé semble, en tout cas, avoirtrouvé dans ses actuelles responsabili-tés de quoi assouvir sa soif de décou-verte de nouveaux territoires…

1. Le pardon est-il durable ? Une enquête au Rwanda,Éditions François Bourin, 2014.

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L ’endroit est paradisiaque : sous unépais manteau de neige, les deuxclochers pointus de l’ancien mo-

nastère montent la garde. Une grande sé-rénité se dégage de ce bâtiment baroqueblanc et jaune qui abrite aujourd’hui lecollège catholique Maria-Ward d’Eichstätt,une ville de 12 000 habitants située entreMunich et Nuremberg. Depuis le 7 janvier dernier, une vingtained’enfants et adolescents réfugiés, origi-naires de Syrie et d’Afghanistan, et âgésde 6 à 16 ans, fréquentent ici une des raresWillkommensklassen (classes de bienve-nue) de Bavière. Ce projet est né au prin-temps dernier quand le diocèse et BarbaraStaudigl, la directrice, ont décidé de ré-pondre à l’appel lancé par la Conférenceallemande des évêques, demandant à l’en-seignement catholique de permettre àtous les jeunes migrants, y compris ceuxen situation irrégulière, d’être scolarisés.Dès l’automne 2014, ce collège avait misà la disposition des nouveaux arrivantsd’anciens locaux reconvertis en centrede premier accueil. « Nous voulions allerau-delà car plus vite les enfants apprennentla langue, plus grandes sont leurs chancesd’intégration, explique Barbara Staudigl.Et peu importe s’ils restent ou non ici,nous ne pouvions pas les laisser toute lajournée sans ne rien faire dans leur hé-bergement d’urgence. »

Une première immersion

Pour les réfugiés qui intègrent cetteclasse qui leur est réservée, la démarcheest exigeante : tous les matins, ils sui-vent quatre heures de cours d’allemand.Comme ce jeudi où, après avoir appris àlire l’heure sous la houlette d’Alexander,professeur d’anglais et d’histoire au

les jeunes sont parfois désabusés. Ils nesavent pas pourquoi ils sont là et cer-tains d’entre eux s’ennuient. Ici, c’esttout le contraire : ils ont une réelle soifd’apprendre, explique Alexander. C’est

vital pour eux s’ils veulent s’intégrer etils le savent. » Rehadi, 15 ans, arrivé deSyrie avec son jumeau, assis à côté delui, et son frère aîné de 20 ans qui suitdes cours d’allemand donnés par unestructure pour adultes, ne dira pas lecontraire : dans le groupe des plusgrands, il est souvent le premier à inter-venir et à utiliser ses tout nouveauxsavoirs pour bien les mémoriser. « Jefais réellement des progrès, je peuxdéjà comprendre quelques questionssimples. Finalement, l’allemand, cen’est pas aussi compliqué que ça »,lance-t-il dans un anglais parfait avant

Dans un système scolaire public sous pression, l’Allemagne multiplie lesdispositifs pour scolariser les enfants des réfugiés qui arrivent.

L’enseignement catholique et Caritas se mobilisent aussi pour faire face àl’urgence. Reportage en Bavière

collège, la classe se divise en troisgroupes d’âge pour approfondir laleçon du jour, réviser celle de la veilleou acquérir du vocabulaire complé-mentaire en utilisant des jeux éducatifs.

Le tout sous le regard protecteur deDorey Mamou, un éducateur syrienvivant en Allemagne depuis plusieursannées. « Pour les Syriens, je fais la tra-duction. Pour les autres étrangers, mapropre expérience d’enseignant et deréfugié me sert énormément »,explique-t-il. Ce « grand frère », qui était professeurd’anglais dans son pays, a été recrutépar la directrice pour faciliter leséchanges entre les élèves et les ensei-gnants qui se succèdent sur la base duvolontariat. Et les bénévoles ne man-quent pas ! « Dans les classes “normales”,

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RÉCITS D’AILLEURS

D. R.

© A. Taiber

Allemagne : l’É c d’intégration des r

Le collège catholique Maria-Ward d’Eichstätt en Bavière.

Laurence Estival

Les élèves apprennent des rudiments d'allemand avec Dorey Mamou, éducateur d'origine syrienne.

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D. R.

de donner son prénom et son âge dans lalangue de Goethe cette fois. Un après-midi par semaine, les réfugiés partici-pent également à des activitéscommunes avec les autres élèves pourencourager les échanges et la connais-sance réciproque. « Cela fait aussi par-tie de notre mission si nous voulonsréussir leur intégration », insiste Barbara Staudigl.Pour la plupart des élèves, ces Willkom-mensklassen qui ne durent que quelquesmois, sont une première immersion dansle système éducatif allemand. Elle seracomplétée ailleurs, dès leur affectationdans un centre de demandeurs d’asile,une fois leur dossier déposé. Ce démé-nagement correspond pour les enfants etadolescents (jusqu’à 16 ans) à unedeuxième étape : la scolarisation devientobligatoire après trois mois de présence.L’objectif n’est plus seulement d’acquérirdes rudiments d’allemand. Il s’agit deles préparer à réintégrer au plus vite lesclasses « normales » correspondant àleur âge et à leur niveau. Les tout-petits sont immédiatement plon-gés dans le bain : dès le Kindergarten(jardin d’enfants) et la maternelle, ilssont mélangés avec les jeunes Allemands.Pour les plus grands, sont proposées desÜbergang-Klassen (classes de rattrapage).À l’image des trois classes implantéesdans la Mittelschule-an-der-Implerstrasse(équivalent du collège) de Munich, enbordure du centre ville. Dans ces classesréservées aux réfugiés, une vingtained’élèves de 11 à 16 ans étudient 25 heurespar semaine. Au programme : cours d’allemand bien sûr, mais aussi séancesde rattrapage dans les principales matières(mathématiques, anglais …). Les nou-veaux arrivés les rejoignent n’importequand pendant l’année scolaire – en fonc-tion des places disponibles – et peuventy rester jusqu’à deux ans. « Pour certains,le processus d’intégration dans une

classe normale va beaucoup plus vite :parfois deux à trois mois suffisent. Pourd’autres, en revanche, la marche esttrop haute. Nous avons, par exemple,des élèves qui n’ont jamais été à l’écoledans leur pays »,met en avant WolfgangGoss, pédagogue de Caritas qui intervientdans cet établissement public en appuiaux enseignants. Pour s’adapter à cettediversité, l’équipe éducative fait quasimentdu sur-mesure. « La majeure partie desréfugiés est extrêmement motivée. Biensûr, quelques élèves ont encore des la-cunes à l’écrit mais ils comprennent ets’expriment sans trop de difficultés.Quand ces lacunes sont vraiment tropimportantes, nous les orientons vers desBerufsschulen (équivalent des lycéesprofessionnels) », poursuit le pédagogue.Au terme de deux ans d’études centréessur l’allemand professionnel et la tech-nique, ils auront la possibilité de pour-suivre ensuite pendant trois ans enapprentissage dans une entreprise. À laBerufsschule d’Eischstätt, par exemple,treize classes réservées aux réfugiés accueillent près de 200 élèves auxquelsest proposé, dès la deuxième année, unstage de six mois en entreprise.

Les bénévoles à la rescousse

Ce système a toutefois du mal à faireface au flot de réfugiés arrivé à Munichdepuis deux ans : la capitale de Bavièrea ainsi accueilli 180 000 personnes en2015 et 39 000 l’année précédente.Comme ailleurs, 50 % des arrivants ontmoins de 25 ans ! « Nous avons des listesd’attente. En gros,nous proposons uneplace pour vingt-cinqdemandes », regrette Wolfgang Goss. Dans le foyer de de-mandeurs d’asile de laHintermeierstrasse, situé dans la prochebanlieue de Munich etgéré conjointement par le Land (équivalentdes régions qui ont encharge l’éducation) et par Caritas, deux fillettes afghanes sont

É cole, clé s réfugiés

en train d’en faire cruellement l’expérience.Dans le pays depuis quelques mois, ellesne parlent toujours pas un mot d’allemand,faute d’avoir pu trouver une place dansune de ces classes de rattrapage. Heu-reusement pour elles, Benyamin, âgé decinq ans, originaire comme elles d’Afghanistan et qui fréquente l’écolematernelle, n’est pas peu fier de jouer lestraducteurs ! « Elles s’appellent Masumaet Hengoma », indique-t-il.

Apprendre en s’amusant

Conscients des difficultés, des béné-voles viennent dans le centre dedemandeurs d’asile apporter assistanceaux écoliers sans école comme à ceuxqui fréquentent le système scolairemais qui ont besoin d’un coup de mainpour ne pas sombrer. « Ces volontairessont de plus en plus nombreux à nousrejoindre. Certains donnent même desleçons particulières », raconte ColetteBöck, éducatrice pour jeunes enfants etsalariée de Caritas. Tous les soirs, entre16 heures et 20 heures, elle apporte elleaussi sa contribution. Sa mission ?Prendre soin de chacun dans la salledédiée aux enfants qu’elle a surnom-mée le « paradis ». Autour de jeux édu-catifs, les jeunes poursuivent leurapprentissage en s’amusant. Troisjeunes Kurdes et un Palestinien s’affai-rent autour du baby-foot. Entre les dif-férents groupes, l’allemand estdevenue la langue commune. Preuveque l’intégration est à l’œuvre même sile processus sera long… g

Mgr Gregor Maria Franz Hanke avec les réfugiés de Maria-Ward d’Eichstätt.

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RÉCITS D’AILLEURS

Depuis six ans, le lycée1 pour fillesSt.-Ursula de Lenggries, unecommune de 10 000 habitants

située au sud de Munich, a lancé le pro-jet « Les lycéennes pour les migrants ».Tous les mercredis après-midi, sur labase du volontariat, une quinzaine de

jeunes filles vont ainsi s’occuper d’en-fants de réfugiés qui fréquententl’école primaire voisine située à BadTölz. Au programme : soutien sco-laire, jeux éducatifs, discussionsouvertes sur de multiples sujets de lavie quotidienne. Récompensée par denombreux prix nationaux, cette

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Les élèves aident les réfugiés

initiative a pris une nouvelle dimensionà l’automne 2014 avec l’installation àLenggries de 150 réfugiés dans un foyerde demandeurs d’asile. Ici, quelqueslycéennes, en plus de celles impliquéesà Bad Tölz, apportent leur aide, s’inté-ressant tant aux enfants qu’aux adultes.« Cet engagement fait suite à uneréflexion sur la manière dont nous, quiavons été fondés par une sœur d’origineitalienne, nous pourrions aujourd’hui

rendre ce qui nous a été donné en nousengageant auprès des réfugiés quiarrivent dans notre pays », met enavant Christian Martino, enseignant etresponsable de ce projet. Cette année scolaire, Johanna, Alina etMarina, lycéennes, ont décidé de répon-dre à l’appel. « Nous accompagnons

une famille afghane. C’est un bonheurde se rendre utile. Nous découvronsbeaucoup de choses sur leur pays, nousapprenons à nous connaître. Nousavons même été invitées pour un anni-versaire. C’était formidable ! »,met enavant Johanna. Anna n’est pas prête nonplus d’oublier le jour où elle s’est renduepour la première fois dans l’anciennecaserne abritant aujourd’hui des famillesvivant à plusieurs dans 20 m2 !

Les lycéennes ressortent de cette expé-rience transformées et soucieuses depouvoir ensuite combattre les préjugéscontre les migrants et entretenir cetteWillkommenskultur (culture d’accueil)qui impressionne beaucoup à l’étranger.Pour Jasmina, qui participe depuis plu-sieurs années à ce projet, son engage-ment lui a donné envie d’aller plus loin.« Je souhaite devenir éducatrice »,explique l’adolescente qui commence àfaire ses premiers pas dans ce secteur,l’école primaire de Bad Tölz l’autori-sant à prendre de plus en plus d’initia-tives avec les enfants réfugiés… LE

1. En Allemagne, le lycée (Gymnasium) correspond aucollège et au lycée en France. Y sont inscrits les élèvesqui envisagent, dès la fin du primaire, des études générales, tremplin vers l’enseignement supérieur.

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D. R.

Le lycée St.-Ursula de Lenggries.

RECHERCHE PROFS DÉSESPÉRÉMENT…Pour faire face au nombre important de réfugiés qui continuent à arriver, les Länder ont d’ores et déjà décidé de recruter 8 500 nouveaux enseignants. Selon certains, cepremier chiffre serait bien loin de couvrir les besoins estimés à 20 000 par laconférence des ministres de la culture début janvier. Les syndicats d’enseignantsparlent, quant à eux, de 50 000 recrutements nécessaires ! Le manque de personneléducatif (professeurs mais aussi pédagogues, éducateurs ou travailleurs sociaux) estactuellement un énorme problème. Les enseignants à la retraite sont ainsi invités àprêter main forte en attendant l’arrivée de sang neuf… LE

Photos : Lycée St.-Ursula/Lenggries

À gauche : Anna s'occupe chaque semaine de jeunes Syriennes dans la caserne désaffectée de Lenggries. À droite : Alina joue avec Sara, venue d’Afghanistan.

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Les écrans impactent le sommeil desenfants dès l’école primaire et lephénomène s’amplifie au collège.C’est ce que confirme une enquêteréalisée par des 1res du lycée Jeanne-d’Arc de Colombes (92). Mireille Broussous

« C’est chaud ! », se sont exclamés lesélèves de 1re STMG du lycée Jeanne-d’Arc de Colombes (92) au vu des pre-miers résultats de l’enquête qu’ilsmènent sur « l’impact des écrans surle sommeil ». Les jeunes ont interrogé600 élèves de leur établissement duCE2 à la 4e. Ce qui les a le plus surpris,c’est le nombre d’enfants disposantd’une télévision dans leur chambre :quasiment un tiers ! Ils sont moinschoqués, en revanche, par le fait queseulement 35 % des parents de 4e sur-veillent l’heure à laquelle leur enfantse couche. « Ils sont autonomes, c’estnormal », estiment les lycéens. L’enquête a été réalisée à la demandede Sylvie Chassang et Michel Boissin,chefs d’établissement du 2d et du 1erdegrés, dans le cadre d’une sensibilisa-tion au manque de sommeil. « Ce quifrappe, c’est que des enfants de plus enplus jeunes sont équipés de téléphones »,observe Éric Andrade, formateur spé-cialisé dans l’éducation à l’usagedes outils numériques, qui encadrele bon déroulement de l’enquêteavec Alexandra Audibert, profes-seur de management. Ainsi, 22 %des élèves de CE2 disposent déjàd’un téléphone portable, le plussouvent un smartphone. On passe à28 % chez les CM1-CM2 puis à 82 % au collège chez les 6es - 4es.

Planète Jeunes

Ils peuvent donc très tôt jouersur leur smartphone ou s’ins-crire sur les réseaux sociaux,ce qu’ils ne manquent pas defaire massivement dès le CM2ou la 6e. « Ceci impacte direc-tement leur sommeil », affirmeÉric Andrade. 80 % des collé-giens regardent leur écran unefois la lumière éteinte. 30 %gardent leur portable allumétoute la nuit et peuvent doncêtre dérangés en plein sommeil.

Irritabilité et somnolence

Comme l’indique la psychiatre SylvieRoyant-Parola, présidente du réseauMorphée, rester connecté la nuit à songroupe d’amis devient la norme. Ducoup, entre devoirs et réseaux sociaux,le temps de sommeil des enfants et desadolescents diminue. L’enquête del’Institution Jeanne-d’Arc montre que57 % des collégiens de la 6e à la 4es’endorment après 22 heures et 20 %après 23 heures… Impossible dès lorsde respecter le temps de sommeil re-commandé par les médecins : 10 à 11 heures en primaire, 9 à 10 heuresau collège et 8 heures au lycée. Bonjourles réveils difficiles !Les collégiens et lycéens (55 % dorment

moins de 8 heures et 31 % moins de7 heures) sont, bien sûr, les premiersà voir l’impact du déficit de sommeilsur leur vie : baisse de performancescolaire, irritabilité, somnolence durantles cours. Il n’empêche, pour eux, lefait de rester connecté le soir à leur ré-seau est plus important.Comment les adultes peuvent-ils faireface à cette tendance qui concerne désormais une majorité d’enfants etd’adolescents ? Les professeurs prin-cipaux, les enseignants de SVT attirentrégulièrement l’attention des élèvessur l’importance de préserver leur som-meil. Des outils numériques ont d’ail-leurs été réalisés pour aider lesenseignants à nouer avec eux le dialogue(voir encadré). Le but est de faire réfléchir les élèvesmais le rôle déterminant revient auxparents. « Ils sont les garants du som-meil de leurs enfants. C’est à eux deles aider à trouver un équilibre »,insiste Éric Andrade. Avant tout, ilsne doivent pas considérer le sommeilde leurs enfants et adolescents commeune simple variable d’ajustement ausein d’emplois du temps par ailleurstrès chargés.

MORPHÉE MENACÉEPAR LES ÉCRANS

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D.

R.

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EN PARLER EN CLASSE. Les élèves sont très demandeurs d’informations sur le sommeil. Le déficit de sommeilagit-il sur la mémoire ? Les grasses matinées compensent-elles des nuits courtes ? Le réseau Canopé a créé des documents permettant aux enseignants d’aborder ces questions. Certains sont destinés aux élèves de primaire tels que « Mieux dans soncorps, mieux dans sa tête, bien avec les autres ! »*, d’autres aux lycéens**, comme ces séquences vidéo où les jeunes parlent deleurs techniques d’endormissement et de leurs petits rituels. MB

*www.reseau-canope.fr - Taper le nom du document dansl’outil « Recherche ».** www.reseau-canope.fr/corpus/video/du-jour-a-la-nuit-27.html

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et mon Dieu ». Et Jésus lui dit : « Parce que tu as vu, tu as cru ; heu-reux ceux qui ont cru sans avoir vu. »(Jn 20, 29).C’est ce que raconte un bas-relief espagnolsculpté de l’un des piliers d’angle ducloître de l’abbaye Saint-Dominiquede Silos en Castille. Cette œuvre, at-tribuée au « premier maître de Silos »,date de la fin du XIe siècle. Afin que lamain de Thomas l’Incrédule puisse ai-sément toucher sa plaie au thorax, tra-ditionnellement placée par les peintreset sculpteurs sur son côté droit, Jésusa levé haut son bras droit en diagonale.

La direction qu’il indique ainsi se trouveêtre celle de l’église du monastère. Ildomine d’une tête au moins les apô-tres : la « colossalité » fut longtempsune manière de signaler la prééminenced’un personnage ou sa supériorité hié-rarchique. Les apôtres, au nombre dedouze, sont figurés debout, nimbés, etfrontalement disposés. Ils ont tous lesyeux clos, sauf Jean l’évangéliste àl’acuité d’aigle (placé juste au-dessusde Thomas et qui fut le premier à avoircru en la Résurrection lors de la courseau tombeau), Thomas et Jésus lui-même

qui ont tous trois les yeux ouverts etdes pupilles sculptées. Les autres apôtres sont rangés sur troisniveaux, comme sur des gradins. Dansun ensemble parfait, digne d’un ballet,ils ont la tête et le buste légèrement in-clinés vers le Christ – seuls diffèrentles gestes de leurs mains et la positionde leurs doigts, consistant à tenir unlivre de la main gauche et à faire de ladroite un geste de désignation, d’ac-ceptation ou de prise de parole. Leurensemble parfait est disposé entre deuxcolonnes à chapiteaux soutenant unevoûte en plein cintre au-dessus de la-quelle on distingue, aux angles, desconstructions. Ces motifs symbolisentla Jérusalem céleste dont les apôtres,selon le livre de l’Apocalypse, sont lesfondements. Au centre, on aperçoit deuxsonneurs de trompette et des joueursde tambourin dont il se pourrait qu’ilsannoncent la nouvelle de la Résurrection,qui préfigure la sonnerie qui marquerala fin des temps. Le nombre des apôtres surprend et posequestion : douze moins un (Judas) celafait onze. Qui est l’intrus ? La réponseest rendue facile, et incontestable, carchaque apôtre a sur son nimbe son nomen lettres capitales. C’est ainsi que l’ondécouvre que tout contre le Christ, à sagauche, se tient un apôtre chauve (il estbien le seul mais cela ne se remarquepas d’emblée), que son nimbe déclareêtre « Magnus sanctus Paulus » (« leGrand saint Paul »). Sur la banderolequ’il porte, peu lisible sur un cliché

Vérifier par soi-même plutôt que detout croire : l’apôtre Thomas, dit « l’Incrédule », nous représente tous !Car il se pourrait bien que nousayons à passer par le doute pour témoigner du Ressuscité, comme l’illustre l’un des bas-reliefs du cloître de l’abbaye bénédictine Saint-Dominique, à Silos, en Castille.

François Bœspflug

Il est raconté dans l’Évangile selonsaint Jean que lorsque le Ressuscités’est présenté le soir de Pâques auxapôtres (« Paix à vous ! »), alors

qu’ils se tenaient dans un lieu auxportes closes par peur des Juifs, ilsn’étaient ni douze (Judas le traîtren’était plus parmi eux) ni onze, car cematin-là Thomas, dit « Didyme »,était absent (Jn 20, 24). Une foisrevenu parmi eux, Thomas ne crut pasle récit qu’ils lui firent (« Nous avonsvu le Seigneur ! ») et déclara : « Si jene vois pas les marques des clous dansses mains […] et si je ne mets pas lamain dans son côté, je ne croirai pas »(Jn 20, 25). Or une semaine plus tard,Jésus apparut de nouveau aux apôtresclaquemurés (« Paix à vous ! »), etcette fois Thomas était là. Connaissantle doute exprimé par Thomas, et enquels termes, Jésus l’invita à regarderses mains et à mettre son doigt dans saplaie au côté (« Ne sois plus incrédulemais croyant ! », Jn 20, 27), ce que fitThomas, en déclarant : « Mon Seigneur

Images parlantes

La résurrection de Jésus de Nazareth est au cœur de la foi chrétienne. Au-delà du prodige que représente cet« événement », François Bœspflug, professeur émérite de l’université de Strasbourg, théologien et historiende l’art, propose d’explorer les diverses potentialités de la figure du Ressuscité telle qu’elle a été imaginée desiècle en siècle par les artistes : que disent-elles de lui, de nous, de nos lassitudes, de nos combats ? En quoi

et comment la figure du Ressuscité est-elle susceptible de réenchanter l’existence ?

La Résurrection commevictoire sur le doute

« Le doute a été considérédurant des siècles comme lapreuve d’un manque de foi,voire comme un début detrahison. Or l’apparition du

Ressuscité à Thomas l’Incrédulerenforce la foi de l’Église. »

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BIBLIOGRAPHIE l Engelbert Kirschbaum (dir.), « Thomaszweifel »dans Lexikon der christlichen Ikonographie, t. 4,1972, col. 301-303 ;l Gertrud Schiller, Ikonographie der christlichenKunst, éd. Gütersloh, t. 3, Die Auferstehung undErhöhung Christi, 1986, sp. p. 108-114 (« Derungläubige Thomas ») ; l Michel Claveyrolas,jalladeauj.fr/claveyrolassilos/index.html

d’ensemble de la scène,figure le texte de ladeuxième épître auxCorinthiens : « Pourque je ne me gonfle pasd’orgueil en raison dela révélation, il m’a étéenvoyé une échardedans la chair… » (2 Co12, 7). Juste à côté delui, saint Pierre, portantune clef, et André ; au-dessus, outre Jean,Jacques (le frère du Sei-gneur), Philippe etJacques le Mineur ; surle rang sommital, enfin,Matthieu, Jude, Simonet Barthélemy.Sans doute, se dira-t-on, les yeux clos de dixdes douze apôtres peu-vent-ils suggérer qu’ilsfont partie de ceux quele Christ déclare heu-reux de croire sans voir.Mais est-ce si simple ?N’ont-ils vraiment rienvu, avant de croire ? Onpeut objecter qu’à cesdix-là, le Christ, le soirdu jour de sa Résurrec-tion, a montré les stig-mates de ses mains etde son côté (Jn 20, 20).S’ils ont cru, donc, cen’est pas sans voir,mais peut-être sans toucher – toutcomme le premier témoin de la Résur-rection, Marie-Madeleine, à qui Jésusa donné l’ordre : « Ne me touche pas »(« mè mou aptou », en grec), Jn 20, 17. Font « corps apostolique » autour duRessuscité, les Onze ayant connu et ac-compagné le Christ au cours de son mi-nistère et qui l’ont vu ressuscité (dontThomas qui l’a aussi touché, il le fallait,et Jean, le visionnaire de la fin destemps). Mais aussi un douzième, à savoirPaul, qui ne l’a pas connu du temps desa présence sur terre mais l’a entenduet en a été ébloui au point d’en êtreaveuglé sur le chemin de Damas : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » (Ac 9, 4). Cela fait au moins

quatre manières de rencontrer le Ressuscité. Mais quatre voies d’accès au Ressusciténe font pas quatre groupes de témoins,ni quatre Églises, mais une seule. Si le« premier maître de Silos » a mis untel soin à convoquer non seulement lesOnze mais aussi saint Paul, ce n’estcertainement pas pour le plaisir d’ajouterdes figurants étrangers à la scène, etencore moins pour les montrer désap-prouvant la démarche de Thomas etvoulant ignorer cette vérification à la-quelle Jésus aurait condescendu. Leursyeux fermés ne signifient en aucun casleur désintérêt. Le relief de Silos est pétri de penséesdiscrètes et profondes. S’il est en vérité

heureux de pouvoir croiresans voir, il n’est pas exclud’y parvenir en entendantseulement, ce qui est la loicommune pour tous ceux quin’auront pas rencontré leChrist du temps de son pas-sage sur terre, ni honteuxd’avoir besoin, pour croireen Lui, de le « toucher »d’une manière ou d’une autre,comme Thomas. Le témoi-gnage de la victoire sur lamort n’est donc pas réservéà ceux qui écoutent et se sou-viennent, comme si ceux quiont besoin de voir et de tou-cher étaient condamnés à êtrerecalés, ou repêchés in ex-tremis, sous le regard condes-cendant des autres. Quantaux douteurs, que l’on a longtemps, dans l’histoire dela foi chrétienne, considéréscomme des traîtres en puis-sance voire des apostats, ilsne devraient pas être exclusde la communauté des té-moins. Il se pourrait mêmeque l’Église ait envers euxune vraie dette de reconnais-sance et se doive, en toutejustice, de remercier ceuxqui prennent le risque d’ex-primer leur perplexité sanspour autant mésestimer ceuxqui croient sans douter. Les

apôtres fermant les yeux n’ont pas hontede Thomas, ils sont avec lui, concélè-brent avec lui le contact vivifiant de laplaie du Christ, et lui rendent grâce. « Merci Thomas », ce pourrait être lenon-dit de cette étonnante sculpturemédiévale.

Relief de la fin du XIe siècle (1085-1100), par le « premier maître de Silos » ; cloître de l’abbaye bénédictine Saint-Dominique de Silos, dans le nord de la Castille.

D. R

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C’est un tournant historique, pris de manière très raide,qu’évoque le film canadien La passion d’Augustine.Nous voilà plongés dans le Québec des années 1960.

Le temps semble immuable au couvent que dirige sœur Au-gustine, perdu dans l’immensité blanche de l’hiver. Unepetite communauté de religieuses y accueille des adolescentesdans un internat aus-tère. La vie est bienréglée, entre cours defrançais, de chant etde piano. Car sœurAugustine, à la car-rière de pianistecontrariée, met touteson énergie à formerdes musiciennes ta-lentueuses qui rem-portent de nombreuxprix dans les concoursde la province deQuébec. Mais la sécularisationest en marche et cepetit univers va ensouffrir. Un prélatvient un jour annon-cer à la directrice que l’exode des élèves vers le public estinéluctable. La province a décidé, en effet, de créer unministère de l’Éducation. Pour anticiper les difficultés, lacongrégation du Sacré-Cœur, dont dépend l’établissement,veut fermer ses petits couvents ruraux pour ne garder queses écoles urbaines. Et sur la liste noire, figure cet internat.Confiante, sœur Augustine fait valoir à sa générale qu’elledirige leur seule école de musique. Mais rien n’y fait.Inflexible, la générale répond bilan comptable quand lajeune femme lui parle élévation de l’âme avec Mozart.

Éducatrices hors-pairRévoltées à l’idée de se disperser dans les couvents quiresteront ouverts, les religieuses jouent leur va-tout en convo-quant la presse. Les journalistes découvrent alors l’excellenteformation musicale des élèves qui se produisent devant eux.En entendant les pensionnaires chanter en chœur ou jouerdu piano, on pense bien sûr aux Choristes car dans ces deuxfilms pleins de délicatesse, l’émotion est palpable. Mais lecadre et l’époque diffèrent. Les privations de l’après-guerreont ici fait place aux bouleversements apportés par le concile

Vatican II. Au sein de la communauté, on accueille diversementle nouveau calendrier liturgique, le passage de la messe dulatin au français et les nouveaux costumes imposés aux re-ligieuses. Dans une des plus belles scènes du film, on voitchacune d’elles retirer son voile avec une infinie tristessepour demeurer désormais tête nue.

Du côté des élèves,c’est une autre partitionqui se joue, celle del’adolescence avec sesemportements. On suittout particulièrementune jeune fille fan-tasque, pianiste vir-tuose, qui débarque encours d’année dans cetunivers corseté voué àdisparaître. Alice, quin’est autre que la nièced’Augustine, ne veutpas se plier à la règle.Elle fume, flirte avecun garçon et improvise

des airs jazzy à partir de Bach.Autant d’incartades que la di-rectrice ne peut accepter, mêmesi elle est émue par le talentde sa nièce et sa détresse conte-nue. Avec fermeté, maladresseet bienveillance, elle aideral’adolescente à naître à elle-même. De plus en plus menacée, la di-rectrice finira par aller frapperà la porte du ministère de l’Édu-

cation pour réclamer que les écoles privées de filles continuentà être subventionnées au même titre que celles de garçons.Car, de fait, « ce sont vraiment les écoles religieuses de fillesqui ont été les premières touchées par ces bouleversementssociétaux, notamment par la laïcisation de l’enseignement »,explique la réalisatrice, Léa Pool. Dans ce long métragemaintes fois primé, qui signe la fin d’une époque, Léa Poola voulu rendre hommage à ces éducatrices hors pair « quiavaient choisi le couvent pour beaucoup d’entre elles commelieu d’émancipation ». Un film historique destiné à tous, àvoir en communauté éducative.

Sylvie Horguelin

Une école catholique dans la tourmente

Culture / cinéma / musée

Quand la province de Québec décide, dans les années 1960, de créer un enseignement public, les écoles catholiques sont menacées. Le film canadien La passion d’Augustine retrace avec délicatesse

le combat d’une religieuse pour sauver son établissement. Sortie le 30 mars.

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Avant 1960, toutes les écoles étaientreligieuses au Québec. Elles recevaient

une subvention de l’État.

Photos : km

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; La passion d’Augustine, de Léa Pool, Canada, 1 h 43. Avec Cécile Bonnier et Lysandre Ménard. Sortie le 30 mars 2016. Prix du public au Festival du film francophone d’Angoulême et aux Rencontres cinématographiques de Cannes 2015.

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Qu’est-ce que le patri-moine ? », demandel’animatrice à une

classe de CE1 qui vient d’en-trer dans l’immense galeriedes moulages. « C’est lapatrie des moines », répond unenfant. Il ne croit pas si biendire car nombre des monu-ments en plâtre, ici reproduitsgrandeur nature, tel le somp-tueux portail de Moissac, ren-voient de fait au mondemonastique. Devant unereprésentation du Jugementdernier, les écoliers s’interro-gent à présent sur le bien et le mal. Maisvoici que la classe est attirée par unemaquette du mont Saint-Michel quivient de sortir des réserves après restau-ration. « Seul un tiers de la collection estexposé », précise Anne Ruelland, ladirectrice des publics. Nous sommes à la Cité de l’architec-ture et du patrimoine, qui occupe, àParis, une aile du Palais de Chaillot.Outre cette collection de moulagescommandée par Viollet-le-Duc, la Citérecèle bien d’autres trésors : une gale-rie des peintures murales et des vitrauxet un étage consacré à l’architecturemoderne et contemporaine, sanscompter les expositions temporaires.La dernière d’entre elles, sur la guerrede 1914-1918 (voir encadré), nous rap-pelle que c’est grâce à l’estampage deL’ange au sourire, réalisé avant que lacathédrale de Reims ne soit bombar-dée, que l’on a pu reconstituer ce sou-rire ineffable. Les plus anciensmoulages datent, en effet, de 1880 et

leur ancienneté leur confère un statutpatrimonial inestimable. Car si lessculptures ont pu subir des dégrada-tions, leurs copies, elles, sont restéesintactes. Rouvert il y a dix ans aprèsune longue fermeture, ce muséeexceptionnel n’est pas assez exploitécomme ressource pédagogique, augrand dam d’Anne Ruelland, qui mul-tiplie les propositions pour les sco-laires. Quelques exemples.Les « visites contées-cro-quées » (de la moyenne sec-tion au CE1) font découvrirla sculpture monumentaleaux bambins en stimulantleur imaginaire ; les « visitesanimées » (du CE2 au lycée)apprennent à mieux observerles œuvres en s’appuyant surdes carnets de voyage ou desmaquettes manipulables.Enfin, les « visites ateliers »

(pour tous les âges) sontl’occasion d’expérimenterdes techniques de construc-tion avec des Lego ou encorede réaliser des projets archi-tecturaux avec des outilsmultimédias. En complé-ment, l’excellent site péda-gogique archimome.frpermet de prolonger la visite.Enfin, des « mercredisdécouvertes enseignants »sont programmés. En parcourant les salles dédiéesà l’Auvergne romane et aupremier art gothique, le simple

visiteur réalise, quant à lui, combien ilconnaît mal la France. Et l’envie luiprend de quitter la capitale et sa tourEiffel qui scintille à travers les baies vi-trées de la Cité, pour retrouver ces chefs-d’œuvre aux quatre coins de la France.

Sylvie Horguelin;Cité de l’architecture et du patrimoine, 1 place du Trocadéro, 75016 Paris. Fermé lemardi. Gratuit pour les moins de 18 ans, les18-25 ans de l’UE et les enseignants munisdu Pass Education. Site : citechaillot.fr

Les merveilles du patrimoine françaisLa Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris, invite à traverser l’espace et le temps, du Moyen Âge à nos jours.

Et les classes font partie de ce voyage à la découverte des trésors de notre pays.

L’ART, ARME DE PROPAGANDE. En 1914, la destruction de la cathédrale de Reims fut un choc pour les Français.Moins d’un an après, Paris est le théâtre de spectaculaires expositions à visée de propagande antigermanique fondéessur l’exaltation du patrimoine architectural meurtri. Organisées au Trocadéro et au Petit Palais, elles complètent lespublications et conférences sur les « vil les martyres ». Documents originaux, photographies et objets de ces « expositions de guerre » ont été patiemment réunis au Palais de Chaillot, pour montrer comment la cause patrimonialefut dévoyée pour orienter les opinions. Une exposition originale sur un pan d’histoire méconnu. SHExposition « 1914-1918 – Le patrimoine s’en va-t-en guerre », Cité de l’architecture et du patrimoine, du 11 marsau 4 juillet 2016. Entrée comprise dans le billet d’accès au musée. (Formation gratuite pour les enseignants le 23mars, de 14h30 à 16h30. Inscriptions : [email protected]).

En atelier, les écoliers étudient le plan d’une cathédrale.

La maquette de la Merveille du mont Saint-Michel.

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L I v r e s

vvvL’ARCHE PROPHÉTIQUE

zL’Arche comme archétype de l’ordre nou-veau des relations dans le Christ ? C’est le

regard porté par le père Christian Salenson sur ceslieux de vie où personnes handicapées mentales etaccompagnants partagent une expérience spiri-tuelle et humaine originale. Il propose une relecturethéologique du questionnement de ces communau-tés de foi qui ont su transformer la pluralité reli-gieuse en un œcuménisme fécond. À la foisaccessible et magistrale, sa démonstration fait

apparaître la dimension pascale, sacramentelle etmême subversive du projet de Jean Vanier. L’Archepromeut un catholicisme réellement universel etappelle la société entière à reconsidérer son rap-port à la différence et à la fragilité. Virginie Leray

Christian SalensonBouleversante fragilité - L’Arche à l’épreuve duhandicapNouvelle Cité, 187 p., 18 €.

LES CATHOS ÀLA LOUPE

dDes catholiques ont montrélors des manifestations

contre le mariage pour tous, unegrande capacité de mobilisation.C’est là l’aboutissement d’unerecherche, par l’Église, d’unenouvelle visibilité, après son en-fouissement. En même temps,certains modes de mobilisationont généré des tensions, voiredes clivages dans l’Église. L’étudecroise le regard de la sociologueCécile Béraud, qui analyse lesfaits, et de Philippe Portier, spé-cialiste des relations entre le re-ligieux et le politique, qui lesinterprète. On peut, certes, nepas partager certaines approchesmais cet ouvrage est une contri-bution utile pour tenter de com-prendre ce qui est, de fait, unemétamorphose. CB

Céline Béraud et Philippe PortierMétamorphoses catholiques Maison des sciences de l’homme205 p., 12 €.

ÉVEIL SPIRITUELdDolorès Aleixandre est

une religieuse espa-gnole, bibliste, pour laquellele pape François a dit sonestime. Avec une plumepleine de vie, elle nous inviteà nous approprier la Parolede Dieu au sein de nos exis-tences d’hommes et defemmes. I l s ’agit de nouséveil ler, de nous réveil lerpour nous convertir, vrai-ment, à la Parole. L’ouvragequi suit le temps liturgique del’Avent au matin de Pâques,nous entraîne dans des lieuxbibliques attractifs. Le chapi-tre sur la vie consacréeconcerne chacun car la radi-calité de la vie religieuse peuttous nous rejoindre. Un livre àlire lentement, à reprendre,pour nous laisser embraserpar Celui qui nous baptise deSaint Esprit et de feu (Mt, 3,11). Claude Berruer

Dolorès AleixandreBaptisés dans le feuLessius 200 p., 19 €.

LA FOI DEMONTESSORI

dSi la méthode Montessori,développée au début du

XXe siècle autour de l’éveil et dudéveloppement de l’enfant, estréputée dans le monde entier,son enracinement dans la foicatholique demeure confidentiel.La pédagogue italienne MariaMontessori, connue pour sesengagements en faveur de lapaix et du féminisme, est mêmeparfois présentée comme laïque,naturaliste et anticléricale. Àtort, comme le prouvent sesécrits, inédits, sur l’éducationreligieuse. Reconstitués à partirde plusieurs manuscrits, les beauxtextes « Dieu et l’enfant » et « Le Christ et l’enfant » y vantentla réceptivité des plus jeunesaux mystères divins et y encou-ragent l’exercice précoce del’intériorité. VL

Maria MontessoriDieu et l'enfant et autres écritsinéditsParole et Silence250 p., 22 €.

AVEC SAINTAUGUSTIN

dJean-François Petitnous propose un itiné-

raire simple et concret en com-pagnie de saint Augustin. Unebelle occasion de découvrir cemaître spirituel, confiant dansl’existence humaine et dési-reux d’en explorer toutes lesdimensions. L’auteur organiseson livre en douze chapitresévoquant par des verbes despostures fondamentales :chercher, interroger, discerner,promettre, croire et compren-dre. Dans un environnementmatérialiste, saint Augustinnous redit que l’homme estcapable de chercher Dieu, quise laisse trouver. Une bellefaçon, de nous arrêter, pourréinterroger le sens del’homme, et, par là même, lesens de notre vie. CB

Jean-François PetitDevenir plus humain avec saint Augustin Salvator192 p., 18 €.

48ECA N° 371 FÉVRIER - MARS 2016

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TRAQUESUR LA TOILEdDans ce thriller, l’héroïne,

Julia, mène l’enquête surla mort violente de sa jeune sœurKate, dont elle a adopté le fils.Ses investigations dangereusesen font la victime de celui qu’elletraque. Elle risque aussi d’en-traîner dans la tourmente, sonmari, son fils adoptif et l’anciennecolocataire de sa sœur. Aprèsavoir découvert que Kate faisaitdes rencontres par Internet etqu’il fallait peut-être chercher dece côté pour identifier son as-sassin, elle usurpe son identitéet circule à son tour sur la Toile.Entre Londres et Paris, se dérouleun ambigu jeu de rôle où Juliase perd elle-même, où le présentrejoint un passé plus ou moinsenfoui. Le récit, conduit tambourbattant, mène, comme il se doit,vers une fin qui surprend. ClaudeBerruer

S.J. WatsonUne autre vieSonatine 445 p., 21 €.

zAu lendemain de la Première Guerre mon-diale, à Pouldreuzic, petit village du sud-

ouest du Finistère, les femmes portent encore lacoiffe haute et les hommes le chapeau rond. Lesparents de Pierre n'ont pas beaucoup d'argent, maisils ont leur « orgueil ». Le petit garçon grandit enécoutant les histoires de son grand-père, conteurtraditionnel, sur fond d’affrontement entre les « rouges », partisans de l'école républicaine, et les « blancs », qui restent fidèles au recteur, le prêtre du

village. Bertrand Galic et Marc Lizano adaptent avecbeaucoup de sensibilité Le Cheval d'orgueil, grandsuccès autobiographique de Pierre-Jakez Hélias.Une plongée dans le monde rural bretonnant dudébut du siècle et un exemple d'ascension socialegrâce à l'École. Joséphine Casso

Bertrand Galic et Marc LizanoLe Cheval d'orgueilSoleil, 136 p., 17,95 €.

MOINE ENCORÉE

dCe livre nous plonge dansune abbaye bénédictine

de Corée du Sud où un jeunenovice se prépare à devenir prê-tre. Frère Jean va être déstabilisépar l’arrivée de la nièce de l’abbé,la charmante So-hui. Déchiréentre sa vocation et cet amournaissant, le moine va connaîtredes jours difficiles. Au présenttourmenté fait écho un passéfamilial douloureux, lié à la guerrequi déchira le nord et le sud dupays. En 1950, le commandantd’un navire américain réussit àsauver des milliers de réfugiés,parmi eux la grand-mère du nar-rateur. Étrangement, frère Jeanretrouvera le capitaine, devenumoine lui aussi, dans un mo-nastère du New Jersey. Best-seller en Corée, ce roman esttraversé par un vrai souffle. SH

Ji-young Gong (trad. : L. Yeong-hee et M. Basnel).L’échelle de JacobÉditions Philippe Picquier360 p., 19,50 €.

DANSLA RUE

dAvec Nicolas Clément,les tournées de nuit du

Secours Catholique sont pas-sionnantes. Il nous présente lespersonnes vivant dans la ruepar leur prénom, leurs liensfamiliaux, leur histoire. Son livrereflète ce monde parisien invisi-ble, qui hante les halls d’im-meubles, les souterrains et lesjardins publics. Des questionscruciales sont abordées : lademande d’un paysage urbain« sans pauvres », les idéesreçues (assistanat, fraudesociale, mendicité), les difficul-tés de logement et de travail…L’ouvrage nous met face à nospropres fragilités. Si nousacceptons de prendre cerisque, nous en sortons éclairéet recentré sur l’essentiel.

Catherine Dalichoux

Nicolas Clément Une soirée et une nuit(presque) ordinaires Cerf336 p., 24 €.

GRANDIR EN PAYS BIGOUDEN

PREMIÈREENQUÊTE

dIl y a cent ans, SamuelDashiell Hammett entrait

comme détective privé dans laplus célèbre agence des États-Unis, Pinkerton. Il y travaillerajusqu’en 1921 avant de devenirun grand écrivain de romans po-liciers. Pour cet anniversaire,les éditions Syros ont demandéà des auteurs de polars d’écrireune nouvelle dont le héros seraitun détective débutant… nomméDashiell Hammett. Dix d’entre euxse sont prêtés au jeu : StéphanieBenson, Benjamin et JulienGuérif, Jérôme Leroy… Toutesces nouvelles « rendent hom-mage, avec intelligence et émo-tion, à celui qui a incarné, parson style mais aussi par sonstyle de vie, l’essence mêmedu roman noir américain », salueNathalie Beunat, spécialisted’Hammett. Un pur délice ! SH

S. Benson, B. et J. Guérif, ...Hammett détectiveSyros249 p., 15,90 €.

N° 371 FÉVRIER - MARS 2016 ECA 49

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LÉGENDEDU ROCK

dÉtoile filante explosée envol, Jimi Hendrix a de

quoi susciter les envies defiction. S’inspirant de l’enfanceet de la jeunesse chaotique duguitariste, Louis Atangana livreun roman vigoureux, quis’achève quand s’annonce lagloire. Alcoolisme, violencesfamiliales, pauvreté, maisaussi amour, foi, solidarité : laréussite du livre vientnotamment de la capacité del’auteur à dresser un tableauqui met en lumière lescontrastes, voire lescontradictions despersonnages. Le romanciersait aussi rendre présente labande musicale de l’époque etparvient à donner chair à lalangue argotique et emportéequi enveloppe un Jimi presquemutique et profondémentémouvant. Dès 14 ans. MM

Louis AtanganaJimi-XÉditions du Rouergue192 p., 11,70 €.

MANGER SANSDÉTRUIRE LAPLANÈTE

dQu’est-ce qu’onmangeait autrefois ?

Comment cuisiner leslégumes de saison ? Qu’est-ce qu’il y aura dans nosassiettes dans les prochainesdécennies ? Les magazinesYoupi (5-8 ans), Astrapi (7-10ans) et Image Doc (8-12 ans)répondent à ces questions età beaucoup d’autres ! Côtécollégiens, Okapi se demandecomment nourrir deuxmilliards d’hommes en 2050 ;Phosphore ouvre aux lycéensla porte d’un restaurant zérodéchet et leur expliquecomment manger moins deviande. En prévision de laSemaine du développementdurable, du 30 mai au 5 juin,Bayard jeunesse se met au vert ! Léa Defaÿsse

Youpi, Astrapi, Image Doc,Okapi, Phosphore, spécialmois vert. En vente dès le 23 mars(cette date peut varier selon lesmagazines). À partir de 5,20 €.

ÊTRE OU NE PASÊTRE CHARLIE

dÉvoquer les réactionsdes jeunes suite à la

tuerie de Charlie Hebdo sanstaire les positions divergentesou dérangeantes. C’est leparti pris de cette brèvefiction graphique qui met enscène plusieurs collégiens etleurs familles. Dans un petitmonde où les adolescentss’accommodent aveclégèreté de leurs différences,l’héroïne, Sonia, découvresoudain que celles-ci sontparfois plus conflictuellesqu’on ne le voudrait. Elle finitnéanmoins par trouver unesortie qui permet à chacund’exprimer une identité, reçueou inventée. Malgré unscénario parfois artificiel, cepetit opus peut être lesupport de débatsnécessaires. À partir de 12 ans. MM

Gép (texte) et Édith Chambon (illustration) Graines de CharlieÉditions Mouck41 p., 9,50 €.

DU RIRE AUX LARMES

zJe suis une multitude de visagessignifiés par quatre formes simples :

bouche, narines, yeux, sourcils. Je donneà voir le rire, la tristesse, la joie, la dureté,la colère ou l’étonnement. Je joue avecdes couleurs et des expressions colorées :« se fâcher tout rouge » ou « être vert depeur ». Un album qui prend pour

matériaux les couleurs et la langue et pour outils des pochoirs.Avec une astuce magique : les pages sont découpées en deux,

ce qui permet de recomposer à l’infini les visages et d’explorerles associations de couleurs subtilement choisies. Ou encored’inventer un monde où l’on serait bleu comme un coq ouconnu comme le loup jaune. Un bel objet à découvrir à partirde 4 ans. Maria Meria

Gwen Le GacJe suis une couleurActes Sud Junior48 p., 21,90 €.

JEUNESSE

À LA RECHERCHEDE SOI

dUn ours, un jour, naîtd’une gratouille, autant

dire de rien. Comment savoiralors s’il est bien lui-même ?Question vitale. Pour yrépondre, l’animal prend laroute et pénètre dans la Forêtmerveilleuse où il fait laconnaissance de la VacheComplaisante, du LézardParesseux, du PingouinPénultième et de la Tortue-Taxi.Grâce à ces rencontres oumalgré elles, le joyeuxplantigrade finit par trouver sonchez-soi et son vrai moi. Un conte philosophique entreabsurde et cocasserie,magistralement illustré : l’ours à la longue lippe rouge et auxyeux ronds et bleus, bancal etaérien, nous reste longtempsen mémoire. À partir de 8 ans. MM

Oren Lavie (texte) et WolfErlbruch (illustration)L’ours qui n’était pas làLa joie de lire 48 p., 16,90 €.

50ECA N° 371 FÉVRIER - MARS 2016

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DVDENCYCLOPÉDIEDÉJANTÉE

dPeut-on avaler unearaignée en dormant ? Les

blessures par balle font-elle mal ?Pourquoi n’est-il pas conseillé deplonger à San Francisco du hautdu Golden Gate ? En apparence,les questions traitées dans Tumourras moins bête sontsaugrenues. En apparenceseulement. Cette petiteencyclopédie animée, réaliséed’après le blog de vulgarisationscientifique de Marion Montaigne,compte 30 épisodes très drôles.Les réponses apportées sontprécises et scientifiques.D’ailleurs, avant de se mettre àsa table à dessin, MarionMontaigne interroge les meilleursexperts. Une série animée biendéjantée qui permet auxadolescents d’enrichir leur culturescientifique et…humoristique.Dès 10 ans. MB

Amandine Fredon (réal.),François Morel (voix)Tu mourras moins bêteFolimage, DVD, 14,90 €.

TVLE CARÊMESUR KTO

dTous les dimanches deCarême à 16 h 30, KTO

retransmet les conférences deCarême en direct de lacathédrale Notre-Dame àParis. Thème de cette année :Culture et évangélisation. Avecle 6 mars, « Un air de déjà vuencore jamais vu : imaginerl’art demain », par SylvieBarnay, historienne ; le 13mars, « Ce qu’il y a de plusbeau dans le monde : uneamitié et une cité », par ClaireDaudin, écrivain ; le 20 mars,la conférence de conclusionpar Mgr BarthélémyAdoukonou, secrétaire duConseil pontifical pour laculture. À l'issue de chacuned’elles, le cardinal André Vingt-Trois conduit un temps deprière en méditant à partir dela conférence prononcée.Suivez aussi les célébrationsdu Triduum pascal en directsur KTO.

Agathe Le Bescondwww.ktotv.com

CDMÉMOIRES

DES CROISADES

dLe mot « croisade » aétrangement ressurgi

au cours des quinzedernières années. La rédaction de la Radiotélévision suisse (RTS)propose un coffret de 3 CDpour comprendre les racinesdes liens et des tensionsactuelles entre le mondearabo-musulman et le mondeoccidental. On y évoque lescroisades qui débutèrent auXIe siècle sous le pape Urbain II pour finir deuxsiècles plus tard. Unevingtaine de médiévistes,spécialistes d’étudesbyzantines et experts dumonde arabe retracentbrillamment cette périodecomplexe enracinée dans lesmémoires collectives d’Orientet d’Occident. MB

RTS religionOrient-Occident, histoirescroiséesboutique.rts.ch3 CD, 32,41 francs suisses

TVSORTIR DEL’ADDICTIONdÀ travers son

documentaire L’étreinte– Ces gars du Cenacolo,Marie Viloin propose uneimmersion dans la vie deshommes du Cenacolo, cetteinstitution créée en 1983 parla sœur italienne ElviraPetrozzi, qui comprend 60fraternités à travers le monde.L’idée est d’accueillir dejeunes toxicomanes et de lesaider à sortir de leursaddictions par la prière, lerecentrement sur soi, etl’accompagnement d’un autrerésident qui joue le rôle debinôme. Caractéristiques decette démarche : l’absence depsychologue, d’éducateur, deprêtre et le non recours auxmédicaments. Le film sedéroule dans une ferme desPyrénées où vivent 44garçons de 19 à 54 ans. Le13 mars à 11 h 30, sur France2, dans l’émission Le jour duseigneur. Émilie Ropertwww.lejourduseigneur.com

LA VIE DES SAINTS RACONTÉE AUX ENFANTS

zL’éditeur de livres religieux Mame a lancé,en 2013, la collection de « Graines de

Saints », pour faire découvrir aux enfants la viede saints connus ou moins connus. L’un de cesalbums retrace le cheminement de Marcel Van,religieux vietnamien né en 1928, mort dans uncamp du Nord du Vietnam en 1959, et proche dela spiritualité thérésienne. Deux autres titres sontconsacrés à sainte Thérèse et à saint Françoisd’Assise. Le narrateur est toujours le saint lui-

même. Il s’adresse directement à l’enfant afind’établir avec lui un dialogue. En cela, il est aidépar de belles illustrations qui serventmagnifiquement les textes. Dès 7 ans. Mireille Broussous

Bénédicte Delelis (texte) et Éric Puybaret (illustration)Van, dis-nous en qui tu crois ! Mame Livre CD, 17,50 €.

MultImedIa

LIVRE CD

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Infos +

52ECA N° 371 FÉVRIER - MARS 2016

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L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE VOUS ATTEND

DU VENDREDI 11 AU LUNDI 14 MARS 2016, À PARIS-EXPO - PORTE DE VERSAILLES,

DE 9 H 30 À 18 H 00.

Pavillon 5.2 / Stand U 17

Entrée gratuite àtélécharger sur le

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AFS Vivre Sans Frontière, association sans butlucratif, recherche des familles d’accueil bénévoles

pour des lycéens étrangers. Ils ont entre 15 et 18 ans, viennent des cinq continents et vontpasser jusqu’à une année scolaire dans nos régions. Leur défi ? S’intégrer dans leur famille d’accueil et au lycéepour découvrir la culture française de l’intérieur ! Toute famille(urbaine ou rurale, avec ou sans enfants, active ou retraitée)peut accueillir l’un de ces lycéens, qui sera scolarisé dans unétablissement proche du domicile familial.

Pour plus d’informations, contactez l’association au 01 45 14 03 10 ou consultez son site Internet : www.afs-fr.org

Accueillez un lycéen étranger à la rentrée !

Le Guide Saint-Christophe 2016 quirépertorie les lieuxspirituels de toute la

France est sorti ! Il permet de trouver l’endroit idéal pourse ressourcer parmi 250 adresses d’hébergement spirituelen France et en Europe. Pour chaque hébergement, sont précisés : leséquipements fournis, les propositions spirituelles, lesactivités à proximité et les infos pratiques (tarifs, languesparlées, accès…).Une carte routière de France détachable avec lesignalement des adresses est incluse.

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Le Guide Saint-Christophe,n° 1 du séjourspirituel

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dans une déclinaison en latin,il m’avait dit : « Thibaut, neconfondez pas le masculin etle féminin car c’est cette dif-férence qui donne du charmeà l’existence ! ». Ce sont autantde petits faits et gestes que j’aigardés en mémoire. J’étais un adolescent plutôtrenfermé qui se plaisait à in-venter des histoires que je fai-sais lire à mes amis. Il s’agissaitsouvent de découvrir quelleétait la source de l’univers.Aussi loin que je me souvienne,j’ai toujours été à la recherchede quelque chose. J’étais par-ticulièrement fasciné par le ju-daïsme. Nous avions étudié en6e des contes du Shabbat puisj’avais lu par moi-même Lejournal d’Anne Frank. Je trou-vais incroyable que ce peuple

ait gardé son identité après avoir traversé tant d’épreuves.Cela raisonne en moi car ma grand-mère paternelle estvietnamienne et, en une génération, il y a eu une rupturecomplète dans la transmission de sa culture. Pour revenir à M. Voisin, je me souviens d’un jour oùil s’était agacé parce que personne ne connaissait le récitde la Tour de Babel. C’était bien évidemment mon cascar je n’avais reçu aucune éducation religieuse. Étran-gement, je me sentais proche de lui et je me disais : « Quand je vieillirai, je lui ressemblerai ».De fait, j’interviens aujourd’hui dans des lycées avecl’association Coexister etje suis responsable de l’au-mônerie de Notre-Dame-de-la-Gare à Paris. Quandje parle aux jeunes de laTour de Babel, j’ai vraimentl’impression d’être à saplace et je constate, à montour, « l’exculturation » duchristianisme. Je n’ai ja-mais su s’il avait la foi. Sespropos et son attitude tra-duisaient juste qu’il n’étaitpas attaché aux codes dela société. En ce sens, jeme sens aujourd’hui prochede lui.

Propos recueillis par Sylvie Horguelin

Coordinateur de la formationAgapan, Thibaut Tekla, 29 ans,est un chercheur de sens. Unequête encouragée en 4e par sonprofesseur de français, MonsieurVoisin, qui l’a initié aux grandstextes, y compris la Genèse !

J’étais en 4e quand j’ai connuMonsieur Voisin. Il enseignaitle français et le latin au collège

François-Villon de Saint-Fargeau-Ponthierry, une petite ville deSeine-et-Marne où j’ai grandi.C’était un homme atypique, vivantdans son univers, passionné parla littérature, le latin et les langues.On le sentait en décalage completavec son époque. Il disait ne pasavoir la télévision, ce qui équi-vaudrait aujourd’hui à vivre sanssmartphone. Il pouvait d’ailleursfaire preuve d’une certaine ma-ladresse quand il cherchait à nous encourager. Ainsi, ilnous avait distribué un jour, en guise de bons points,des images de joueurs de football qu’il avait découpéesdans la presse. Cela avait amusé tout le monde. Mais quand il nous parlait d’une œuvre, il semblait vivrepleinement tout ce qu’il nous transmettait. Des personnesde ma classe avec qui j’ai gardé contact me disent encoreaujourd’hui : « Lui, c’était unvrai prof ! » Cette année-là, nousavions étudié Cyrano de Bergeracqui est toujours un de mes textespréférés. Dans cette pièce, Edmond Rostand nous invite àaller au-delà des apparences, àne pas nous laisser piéger par lesvaleurs superficielles du monde.La lecture du Petit Chose d’Alphonse Daudet avait aussiété marquante. Plongés en pleine adolescence, nous noussentions tous différents, en quête de nous-mêmes, commele jeune héros du roman, et nous pouvions ainsi vibreravec lui quand il rencontrait « la fille aux yeux noirs ».M. Voisin nous avait demandé d’écrire un poème surun personnage étudié pendant l’année. J’avais choisijustement « la fille aux yeux noirs ». Ayant apprécié montexte, il m’avait demandé de l’écrire sur le revers de lacouverture de son exemplaire du Petit Chose. Je n’avaispourtant pas de relation privilégiée avec lui mais commej’étais plutôt bon élève dans les matières littéraires, il at-tendait beaucoup de moi. Il avait un humour très subtil. Alors que je m’étais trompé

Thibaut Tekla

« Quand je vieillirai, je lui ressemblerai »

Un jour, un prof

Un enseignant a croisé leur route, et leur vie en a été transformée. Ils nous racontent cette rencontre décisive.

MINI-BIOs1986 : naissance à Melun et études à Saint-Fargeau-Ponthierry (77) dans le public. s2005-2010 : master de droit descollectivités locales à l’universitéPanthéon-Assas, Paris. s2011 : conversion au catholicisme etbaptême à Boissise-le-Roi (77). s2011-2012 : master de droit canoniqueà l’université Jean-Monnet, Sceaux (92). sDepuis 2010 : engagement dans ledialogue interreligieux avec Coexister. sDepuis janv. 2013 : coordinateur de laformation à la culture éthique etreligieuse en e-learning du Collège desBernardins (www.agapan.fr).sDepuis sept. 2015 : responsable de l’aumônerie de Notre-Dame-de-la-Gareà Paris.

« Thibaut, neconfondez pas le masculin et

le féminin car c’estcette différence quidonne du charme à l’existence ! »

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Thibaut Tekla œuvre pour le dialogue interreligieux avec Coexister.

N° 371 FÉVRIER - MARS 2016 ECA 53

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AGENDA

sART SACRÉ DANS LE MARAIS

Du 10 au 20 mars 2016PARIS

Le cœur de Paris célèbre l’Espérance, filrouge de cette 19e édition du Marais chré-tien. Cette semaine de manifestations culturelles mettra l’art sacré à l’honneurdans une vingtaine de lieux de culte. Du10 au 20 mars, s’y tiendront des exposi-tions, projections, concerts, visites guidéeset spectacles. Entre autres conférences,signalons celle du philosophe BertrandVergeley, « Face à la désespérance » le 12mars, ou celle du Grand Rabbin Kaufmann,« Espérance d’Israël, la Terre Promise », le15 mars. www.maraischretien.com

sDIVERSITÉ FRANCOPHONE

Du 12 au 20 mars 2016PARTOUT EN FRANCE

« Vacher » se dit d’un Québécois qui pa-resse, tandis qu’un « bœuf suisse » équivautà notre fada méridional. En Belgique, « ildrache » lorsqu’il pleut fort et, au Tchad,« on cadonne » au lieu de s’offrir des ca-deaux… La 21e édition de la Semaine dela langue française et de la francophonieest placée sous le signe de la diversité desparlers français. En plus de multiples ani-mations, notamment dans les biblio-thèques, un site est dédié à la 6e Batailledes 10 mots et une page Facebook permetde concourir au grand jeu interactif « L’expression qui vous fait voyager ».www.dismoidixmots.culture.fr

sUNE RETRAITE POUR RÉVISER17-22 avril et 24-29 avril 2016

LÉRINS (06)Avis aux lycéens et étudiants en quêted’ambiance studieuse et de développement

spirituel. Le mouvement international dechrétiens Fondacio propose, en partenariatavec l’abbaye de Lérins, des sessions derévision d’une semaine durant le moisd’avril. La pension complète, l’encadrementet la liaison maritime vers l’île Saint-Ho-norat, non loin de Cannes, coûtent entre150 et 350 €, selon les moyens financiers.Au menu : 6 à 8 h d’études quotidiennes,agrémentées d’ateliers d’expression théâ-trale, de travail sur la confiance en soi, derencontres avec les moines…[email protected]

FORMATION

sLES FONDAMENTALISMESDÉCRYPTÉS

Le 18 mars 2016LYON (69)

Comment les fondamentalismes se posi-tionnent-ils par rapport aux textesbibliques et à leurs traductions ? Quelsrapports entretiennent-ils à la transmis-sion ? Quelles sont les incidences poli-tiques et sociales des représentations dumonde convoyées par ces courants ? Voicile questionnement ambitieux que pro-pose la faculté de théologie de Lyon, lorsd’une journée d’étude ouverte à tous lespublics, le 18 mars [email protected]él. : 04 72 32 50 63.

sCULTURE RELIGIEUSE

Les 5 et 6 avril 2016LYON (69)

« Développer un cours de culture religieusedans un établissement catholique », c’estle thème de deux journées de formationdestinées aux enseignants du secondairepar le Collège supérieur de Lyon. Cetteinstitution propose des cursus d’étudesen droit et en philosophie mais aussi desconférences et de la formation continue.Cette session sera animée, entre autres,par Xavier Dufour, référent régional dela mission Enseignement et religions duSgec.www.collegesuperieur.com

CONCOURS

sUN TREMPLIN POUR LES TERMINALES

Jusqu’au 20 mars 2016Récompenser les plus beaux projets d’ave-nir de lycéens par un coup de pouce fi-nancier prenant la forme de trois boursesde 5 000, 2 000 ou 1 000 €, c’est l’objectifdu Tremplin Prépabac 2016 organisé parles éditions Hatier. Oncologue, assistante

pratIque

sociale ou éducateur spécialisé… Les rêvesprofessionnels des candidats, qui peuventêtre mis en ligne jusqu’au 20 mars, atten-dent vos votes et le verdict du jury quitombera le 18 mai prochain.www.tremplinprepabac.fr

sLE PRIX CHARLIE

Jusqu’au 20 avril 2016

Inviter les jeunes à une action créative, irrévérencieuse et originale pour les inciterà faire usage de leur liberté d’expressionet à prendre du recul. Le tout pour mieuxengager le dialogue avec eux. C’est l’objectifdu « Prix littéraire Charlie Hebdo » lancépar la rédaction du journal satyrique, cibledes attentats terroristes du 7 janvier 2015.De 12 à 22 ans, les collégiens, lycéens ouétudiants de première année sont invitésà envoyer leur production, un texte hu-moristique de 1500 à 4000 signes au formatWord sur le thème : « Et si on remplaçaitle bac par ? ». Rédacteurs loufoques, iro-niques ou pince-sans-rire... à vos plumes !www.leprixcharlie.fr

CAMPS D’ÉTÉ

sEN TERRE SAINTE

Juillet 2016ISRAËL

Le réseau Barnabé de l’enseignementcatholique propose à des jeunes de 21 anset plus de partir près de trois semaines enTerre sainte. Au programme : dix joursd’animation d’un camp d’été franco-phone dans une école chrétienne deRamallah, puis, une semaine à la décou-verte des lieux saints de Jérusalem avecdes temps de prière dans les communau-tés locales et des rencontres avec desmilieux juifs israéliens. Contact : [email protected]

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