Eric Le Lann | Le Monde, mercredi 18 novembre 2009

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D eux prises par thèmes. Un point, c’est tout. Eric Le Lann vient d’enregistrer un album à New York, trois grands partenaires, huit thèmes à fond de sen- sibilité, dans l’esprit, sans une once de démonstration, de ficelle, tout dans l’ex- pression, rien dans l’artefact. Cet album qui porte le nom de ses quatre acteurs ne sent pas la production. Rare, par les temps qui courent. Un choix, une rencontre, deux prises contre toute manie actuelle, toute facili- té technique aussi, tel est la règle du jeu à laquelle se tient Eric Le Lann. Deux prises pour sauver la fraîcheur de la première. De toute façon, lors de son premier dis- que à New York, avec un sextet qui tenait du « Barça » de l’impro (Le Lann a hésité entre la trompette et le foot), chacun savait où il en était. Le lendemain, Mike Stern, le guitariste, décide de tout refaire, avant de souffler : « Je ne peux pas, j’ai tout donné. » Donc, ils ont commandé des hamburgers et des sodas pour écou- ter les bandes. Le Lann relève, un des der- niers, de la grande éthique du jazz. Son esthétique. En jazz – peu importe les prétendus styles – un musicien le devient quand ses pairs le choisissent. Critique et public ne font que suivre. Depuis 1977, son arrivée à Paris en provenance de Bretagne, Eric Le Lann appartient à cette aristocratie élective. Il le sait sans en parler : « On ne choisit rien, dans la vie. On choisit par défaut, ce qu’on vous donne ou ce qu’on sait faire. Et surtout, on est choisi. » Difficile d’oublier le soir où à peine débarqué de Bretagne, il a 20 ans, assez déçu d’ailleurs devant le peu de clubs, jouant dans l’un d’entre eux, il voit des- cendre Lee Konitz (50 ans) et Martial Solal (itou). Jambes coupées. Il continue. On leur avait parlé de lui. Martial : « Vous êtes engagé. » Ils se vouvoient pendant un an. Le Lann ne correspond pas aux nor- mes. Solitaire, sociable, lecteur de fond, comme on dit d’un coureur, avaleur de biographies d’écrivains, il promène un regard aussi passionné que désabusé. Il vit à Pont-Aven, ne se sépare jamais de sa trompette, qu’il travaille trois heures par jour en regardant la télévision. Ni pour les gammes, ni pour la virtuosité, non : pour l’essentiel, la musculation des lèvres : « Je ne crois pas m’aimer moi- même, qu’est-ce que ça change, si tu as un peu d’amour pour toi ? » Il aime les musiciens, leur passion totale de la musique (Archie Shepp, avec qui il a joué), il sait parler d’eux : « Billy Hart, le batteur de la présentation de l’al- bum en club, la semaine dernière, j’ai sen- ti en quatre jours dix mille fois plus d’hu- manité avec lui qu’avec quiconque. » Du temps qu’il bœufait tous les soirs, il retrouvait comédiennes et comédiens dans les restaurants de nuit. Pendant dix ans, toutes les nuits. Les clubs, sous cet aspect, ont fermé peu à peu. Ceux qui subsistent présentent deux concerts par soir. Le voisinage regimbe. Les prix de l’immobilier flambent. Le Lann parle de ses filles (des jumel- les) avec cœur. Avec étonnement aussi : « Treize ans, elles commencent à se bar- rer, les copains, les copines, le stage de chant, ça fait drôle. » Elles sont au collège Rognoni à Paris, où elles vivent avec leur mère, l’école des enfants du spectacle. Lui, fils de dentiste, comme Miles Davis en somme (Miles et Chet, ses deux réfé- rences), avait été placé par son père, interne dans un collège : « Tout le monde avait fait ça dans la famille. Donc, voilà. Le foot me branchait vraiment, mais la musique l’a emporté, grâce au prof, d’ailleurs. » Son dentiste de père, trom- pettiste, s’accompagnait de ses disques. Le Lann relève les chorus des modernes. Le style New Orleans ? Avec son père seu- lement. Après Charlie Parker (1920-1955), à son sens, tout est plié : « On a atteint nos limi- tes, non ? et chacun de ses solos est au cor- deau. » Donc, il faut déplacer les bornes, se rappeler que Liszt et Chopin passaient des nuits à improviser chez George Sand, se répondaient, s’accompagnaient jus- qu’à l’épuisement des bougies : « Une nuit, ils continuent dans le noir, j’ai lu cet- te scène marrante ; une dame glisse à sa voisine, Liszt, vraiment, il dépasse Frédé- ric de très loin : manque de bol, quand on a rallumé une loupiote, c’était Chopin qui jouait. » Le Lann ne croit qu’à la force de l’im- provisation. Il se réfère constamment à Martial Solal, qui aime jouer, tout un signe, en duo avec lui. Il analyse son jeu avec autant de précision que de fougue. Il évoque leurs conversations. Amitié ? « Martial, avant de te dire qu’il t’aime bien, il lui faut trente ans. » Même à propos de confrères qu’il aime, il a cette réserve : « Lui ? c’est bien, mais il ne me fait pas danser. » Il place la barre très haut, sait que son album en duo avec Martial (1999) se fait éreinter par des spécialistes de la spécialité, exa- mine la situation des festivals, les prix qu’ils pratiquent : « En tant que local, on a vite fait de te coller une image toute fai- te. Au fil du temps, je les ai tous faits au moins une fois. Mais il y a des années, ça marche par mode, par promotion, par réseaux, où j’ai des vacances vraiment peinardes, on peut le dire. » De toute façon, il ne tient pas à jouer deux cents soirs par an, finir dans un deux étoiles avec la télécommande pour copine : « Je veux jouer, c’est tout. » A tout instant de la conversation, il déroute : « La trompette, c’est complètement con, purement musculaire. » Ou alors : « En vieillissant, on se sent toujours mieux. » Pour des motifs économiques, il a choisi de revenir au pays, il aime se lever en Bre- tagne. A New York, il se sent comme un pois- son dans l’eau. Ici, à Paris, on se pose un millier de questions, là-bas, tout est musique. La loi Hadopi le rend soudain disert. Il réfléchit, il argumente, il parle de transparence, de redistribution, de répartition, il en connaît tous les méan- dres : « Avec ce fameux “tout gratuit”, on va tous dérouiller. Comment des députés de gauche ont pu faire croire que ça avait quoi que ce soit à voir avec le partage ? » Il se sait passionné à fond, juste en scène, quand il joue. Ou alors, avec les batteurs : « Avec un grand batteur, tu ne peux pas te tromper. » Deux prises par morceau ? « Mais les musiciens que je choisis donnent tout au départ. » Il ne comprend pas qu’on ne donne pas tout à chaque instant. En quel- que lieu qu’on se trouve, pour n’importe quel chorus, sinon, à quoi bon : « Il y a des comédiens, des cinéastes qui travaillent comme ça. » Comme eux, dans l’improvi- sation, l’instant, il aime prendre des ris- ques, les accidents, les rencontres, l’écou- te, ce qui circule, ce qui se passe, de musi- cien à musicien. Il ne s’explique pas qu’on ait à ce point déconnecté l’improvi- sation de la composition, comprend mal le retour aux formes convenues, revient à la fraîcheur de Martial Solal, et sou- dain : « Faulkner, quand on y pense, c’est un drôle d’oiseau. » p Francis Marmande Photo Serge Picard/Agence Vu pour « Le Monde » Elles &ils Olivier Schmitt Parcours 1957 Naissance à Plœuc-sur-Lié (Côtes-d’Armor). 1990 « New York », avec Mike Stern (guitare). 1996 Naissances de Lola et Hortense, ses filles, des jumelles. 1999 « Portrait in Black and White », album en duo avec Martial Solal. 2009 Enregistre son nouvel album à New York avec David Kikosky (piano), Douglas Weiss (contrebasse), Al Foster (batterie). 19 novembre 2009 Donne un concert au Reims Jazz Festival. Actif sur la scène du jazz depuis 1977, Eric Le Lann vient d’enregistrer, à New York, avec de grands noms, un album réalisé à la manière d’un concert enregistré Trompette et mélancolie Entreprises Jean Laurent- Bellue Le président-directeur général de Edmond de Rothschild Corporate Finance, 57 ans, a rejoint, le 12 novembre, le directoire de Compagnie financière Saint-Honoré en tant que secrétaire géné- ral et pris la présidence du conseil de sur- veillance de Edmond de Rothschild Cor- porate Finance. Marc Lévy, 38 ans, secré- taire général de La Compagnie financière Edmond de Rothschild Banque, a été nommé membre du directoire. Laurence Danon, 53 ans, ancien président-directeur général du Printemps, a été nommée pré- sidente du directoire d’Edmond de Rothschild Corporate Finance. Philippe Lenfant, 48 ans, chef pilote chez Corsair puis chez Vueling, a été nom- mé, le 9 novembre, directeur général de la compagnie aérienne Air Caraïbes atlantique. Mireille Le Van, directrice territoriale Sud- Est de France Télécom, a été promue, le 9 novembre, secrétaire générale de la Fondation Orange. Elle remplace Olivier Tcherniak, qui a décidé de se consacrer à plein temps à la présidence d’Admical (Association pour le développement du mécénat industriel et commercial), après sa nomination en octobre 2008. Mireille Le Van est également nommée directrice du domaine mécénat et solidarité grou- pe. Guy Boone, directeur général des activi- tés adhesive technologies d’ Henkel en France a été promu, le 12 novembre, à la tête de la direction mondiale du marke- ting d’ Henkel pour les colles et adhésifs grand public et bâtiment. Amélie Vidal- Simi, à la tête de la direction commerciale de la division détergents France, lui succè- de. Hubert Catanese, directeur général de Reportive, éditeur de logiciels pour l’in- dustrie pharmaceutique, a été nommé, le 9 novembre, directeur général de Kadri- ge, leader européen de solutions de visite médicale à distance. Philippe Duban, 35 ans, directeur du déve- loppement de l’acquisition directe de la banque à distance HSBC, vient d’être pro- mu directeur de la stratégie et de l’organi- sation d’HSBC France. Institutions Henri Lachmann, président du conseil de surveillance de Schneider Electric, Christian Larose, président de la section du travail du Conseil économique, social et environnemental, et Muriel Pénicaud, directrice générale des ressources humai- nes du groupe Danone, se sont vu confier une mission sur « la prévention du stress au travail » par le premier ministre, Fran- çois Fillon. Cette mission « devra formu- ler des propositions pour mieux intégrer la prévention du stress dans la démarche générale de prévention des risques profes- sionnels des entreprises » et rendre ses conclusions « début 2010 ». Jacques Sallois, président de chambre à la Cour des comptes, ancien directeur des musées de France, a été nommé prési- dent de la commission de récolement des dépôts d’œuvres d’art par un arrêté du 5 novembre, signé du ministre de la culture et de la communication, Frédéric Mitterrand. Distinctions Nikos Papatakis Le réalisateur, producteur et scénaris- te français d’origine grecque, 91 ans, fon- dateur, dans les années 1950, du cabaret La Rose rouge à Paris, où il lança, par exemple, la carrière de Juliette Gréco, proche de Jean Genet, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, a reçu, le 16 novembre, les insignes de comman- deur dans l’ordre des Arts et des Lettres des mains du ministre de la culture et de la communication, Frédéric Mitterrand. Commerce Beth Ditto, auteur-compositeur et inter- prète du groupe pop rock Gossip, devait donner, le 17 novembre, le coup d’envoi des illuminations du grand magasin pari- sien le BHV imaginées, sous le titre « Noël Noël » par le couturier Jean-Charles de Castelbajac. Courriel : [email protected] « On ne choisit rien, dans la vie. On choisit par défaut, ce qu’on vous donne ou ce qu’on sait faire. Et surtout, on est choisi » « La trompette, c’est complètement con, purement musculaire » Portrait Décryptages 19 0123 Mercredi 18 novembre 2009

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Actif sur la scène du jazz depuis 1977, Eric Le Lann vient d’enregistrer à New York avec de grands noms, un album réalisé à la manière d’un concert enregistré. Le Monde, mercredi 18 novembre 2009. Album disponible chez votre disquaire ou en téléchargement, qualité Studio Masters sur Qobuz : http://bit.ly/1Y9sTH

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Page 1: Eric Le Lann | Le Monde, mercredi 18 novembre 2009

Deux prises par thèmes. Unpoint, c’est tout. Eric LeLann vient d’enregistrerun album à New York,trois grands partenaires,huit thèmes à fond de sen-

sibilité, dans l’esprit, sans une once dedémonstration, de ficelle, tout dans l’ex-pression, rien dans l’artefact. Cet albumqui porte le nom de ses quatre acteursne sent pas la production. Rare, par lestemps qui courent.

Un choix, une rencontre, deux prisescontre toute manie actuelle, toute facili-té technique aussi, tel est la règle du jeu àlaquelle se tient Eric Le Lann. Deux prisespour sauver la fraîcheur de la première.De toute façon, lors de son premier dis-que à New York, avec un sextet qui tenaitdu « Barça » de l’impro (Le Lann a hésitéentre la trompette et le foot), chacunsavait où il en était. Le lendemain, MikeStern, le guitariste, décide de tout refaire,avant de souffler : « Je ne peux pas, j’aitout donné. » Donc, ils ont commandédes hamburgers et des sodas pour écou-ter les bandes. Le Lann relève, un des der-niers, de la grande éthique du jazz. Sonesthétique.

En jazz – peu importe les prétendusstyles – un musicien le devient quand sespairs le choisissent. Critique et public nefont que suivre. Depuis 1977, son arrivéeà Paris en provenance de Bretagne, EricLe Lann appartient à cette aristocratieélective. Il le sait sans en parler : « On nechoisit rien, dans la vie. On choisit pardéfaut, ce qu’on vous donne ou ce qu’onsait faire. Et surtout, on est choisi. »

Difficile d’oublier le soir où à peinedébarqué de Bretagne, il a 20 ans, assezdéçu d’ailleurs devant le peu de clubs,jouant dans l’un d’entre eux, il voit des-cendre Lee Konitz (50 ans) et MartialSolal (itou). Jambes coupées. Il continue.On leur avait parlé de lui. Martial : « Vousêtes engagé. » Ils se vouvoient pendantun an.

Le Lann ne correspond pas aux nor-mes. Solitaire, sociable, lecteur de fond,comme on dit d’un coureur, avaleur debiographies d’écrivains, il promène unregard aussi passionné que désabusé. Ilvit à Pont-Aven, ne se sépare jamais de satrompette, qu’il travaille trois heurespar jour en regardant la télévision. Nipour les gammes, ni pour la virtuosité,non : pour l’essentiel, la musculation deslèvres : « Je ne crois pas m’aimer moi-même, qu’est-ce que ça change, si tu as unpeu d’amour pour toi ? »

Il aime les musiciens, leur passiontotale de la musique (Archie Shepp, avecqui il a joué), il sait parler d’eux : « BillyHart, le batteur de la présentation de l’al-bum en club, la semaine dernière, j’ai sen-ti en quatre jours dix mille fois plus d’hu-manité avec lui qu’avec quiconque. » Dutemps qu’il bœufait tous les soirs, ilretrouvait comédiennes et comédiensdans les restaurants de nuit. Pendant dixans, toutes les nuits. Les clubs, sous cetaspect, ont fermé peu à peu. Ceux quisubsistent présentent deux concerts parsoir. Le voisinage regimbe. Les prix del’immobilier flambent.

Le Lann parle de ses filles (des jumel-

les) avec cœur. Avec étonnement aussi :« Treize ans, elles commencent à se bar-rer, les copains, les copines, le stage dechant, ça fait drôle. » Elles sont au collègeRognoni à Paris, où elles vivent avec leurmère, l’école des enfants du spectacle.Lui, fils de dentiste, comme Miles Davisen somme (Miles et Chet, ses deux réfé-rences), avait été placé par son père,interne dans un collège : « Tout le mondeavait fait ça dans la famille. Donc, voilà.Le foot me branchait vraiment, mais lamusique l’a emporté, grâce au prof,d’ailleurs. » Son dentiste de père, trom-pettiste, s’accompagnait de ses disques.Le Lann relève les chorus des modernes.Le style New Orleans ? Avec son père seu-lement.

Après Charlie Parker (1920-1955), à sonsens, tout est plié : « On a atteint nos limi-tes, non ? et chacun de ses solos est au cor-deau. » Donc, il faut déplacer les bornes,se rappeler que Liszt et Chopin passaientdes nuits à improviser chez George Sand,se répondaient, s’accompagnaient jus-qu’à l’épuisement des bougies : « Unenuit, ils continuent dans le noir, j’ai lu cet-te scène marrante ; une dame glisse à sa

voisine, Liszt, vraiment, il dépasse Frédé-ric de très loin : manque de bol, quand ona rallumé une loupiote, c’était Chopin quijouait. »

Le Lann ne croit qu’à la force de l’im-provisation. Il se réfère constamment àMartial Solal, qui aime jouer, tout un

signe, en duo avec lui. Il analyse son jeuavec autant de précision que de fougue.Il évoque leurs conversations. Amitié ?« Martial, avant de te dire qu’il t’aimebien, il lui faut trente ans. »

Même à propos de confrères qu’ilaime, il a cette réserve : « Lui ? c’est bien,mais il ne me fait pas danser. » Il place labarre très haut, sait que son album enduo avec Martial (1999) se fait éreinterpar des spécialistes de la spécialité, exa-mine la situation des festivals, les prixqu’ils pratiquent : « En tant que local, ona vite fait de te coller une image toute fai-te. Au fil du temps, je les ai tous faits aumoins une fois. Mais il y a des années, çamarche par mode, par promotion, parréseaux, où j’ai des vacances vraimentpeinardes, on peut le dire. »

De toute façon, il ne tient pas à jouerdeux cents soirs par an, finir dans un

deux étoiles avec la télécommande pourcopine : « Je veux jouer, c’est tout. » A toutinstant de la conversation, il déroute :« La trompette, c’est complètement con,purement musculaire. » Ou alors : « Envieillissant, on se sent toujours mieux. »Pour des motifs économiques, il a choiside revenir au pays, il aime se lever en Bre-tagne.

A New York, il se sent comme un pois-son dans l’eau. Ici, à Paris, on se pose unmillier de questions, là-bas, tout estmusique. La loi Hadopi le rend soudaindisert. Il réfléchit, il argumente, il parlede transparence, de redistribution, derépartition, il en connaît tous les méan-dres : « Avec ce fameux “tout gratuit”, onva tous dérouiller. Comment des députésde gauche ont pu faire croire que ça avaitquoi que ce soit à voir avec le partage ? » Ilse sait passionné à fond, juste en scène,quand il joue. Ou alors, avec les batteurs :« Avec un grand batteur, tu ne peux pas tetromper. »

Deux prises par morceau ? « Mais lesmusiciens que je choisis donnent tout audépart. » Il ne comprend pas qu’on nedonne pas tout à chaque instant. En quel-que lieu qu’on se trouve, pour n’importequel chorus, sinon, à quoi bon : « Il y a descomédiens, des cinéastes qui travaillentcomme ça. » Comme eux, dans l’improvi-sation, l’instant, il aime prendre des ris-ques, les accidents, les rencontres, l’écou-te, ce qui circule, ce qui se passe, de musi-cien à musicien. Il ne s’explique pasqu’on ait à ce point déconnecté l’improvi-sation de la composition, comprend malle retour aux formes convenues, revientà la fraîcheur de Martial Solal, et sou-dain : « Faulkner, quand on y pense, c’estun drôle d’oiseau. » p

Francis Marmande

Photo Serge Picard/Agence Vu

pour « Le Monde »

Elles&ils Olivier Schmitt

Parcours

1957 Naissance à Plœuc-sur-Lié(Côtes-d’Armor).

1990 «New York», avec Mike Stern(guitare).

1996 Naissances de Lola et Hortense,ses filles, des jumelles.

1999 «Portrait in Black and White»,album en duo avec Martial Solal.

2009 Enregistre son nouvel albumà New York avec David Kikosky (piano),Douglas Weiss (contrebasse), Al Foster(batterie).

19novembre 2009 Donne un concertau Reims Jazz Festival.

Actif surla scènedu jazzdepuis 1977,Eric Le Lannvientd’enregistrer, à NewYork, avecde grands noms,unalbum réalisé àla manière d’unconcert enregistré

Trompetteet mélancolie

Entreprises

JeanLaurent-BellueLe président-directeur général deEdmond de Rothschild CorporateFinance, 57 ans, a rejoint, le 12 novembre,le directoire de Compagnie financièreSaint-Honoré en tant que secrétaire géné-ral et pris la présidence du conseil de sur-veillance de Edmond de Rothschild Cor-porate Finance. Marc Lévy, 38 ans, secré-taire général de La Compagnie financièreEdmond de Rothschild Banque, a éténommé membre du directoire. LaurenceDanon, 53 ans, ancien président-directeurgénéral du Printemps, a été nommée pré-sidente du directoire d’Edmondde Rothschild Corporate Finance.Philippe Lenfant, 48 ans, chef pilotechez Corsair puis chez Vueling, a été nom-mé, le 9 novembre, directeur généralde la compagnie aérienne Air Caraïbesatlantique.MireilleLeVan,directrice territorialeSud-Est de France Télécom, a été promue,le 9 novembre, secrétaire générale de laFondation Orange. Elle remplace OlivierTcherniak, qui a décidé de se consacrerà plein temps à la présidence d’Admical(Association pour le développement dumécénat industriel et commercial), aprèssa nomination en octobre 2008. MireilleLe Van est également nommée directricedu domaine mécénat et solidarité grou-pe.Guy Boone, directeur général des activi-tés adhesive technologies d’ Henkel enFrance a été promu, le 12 novembre, à latête de la direction mondiale du marke-ting d’ Henkel pour les colles et adhésifsgrand public et bâtiment. Amélie Vidal-Simi, à la tête de la direction commercialede la division détergents France, lui succè-de.Hubert Catanese, directeur généralde Reportive, éditeur de logiciels pour l’in-dustrie pharmaceutique, a été nommé,le 9novembre, directeur général de Kadri-ge, leader européen de solutions de visitemédicale à distance.PhilippeDuban,35 ans, directeurdu déve-loppement de l’acquisition directe de labanque à distance HSBC, vient d’être pro-mu directeur de la stratégie et de l’organi-sation d’HSBC France.

InstitutionsHenri Lachmann, président du conseilde surveillance de Schneider Electric,Christian Larose, président de la sectiondu travail du Conseil économique, socialet environnemental, et Muriel Pénicaud,directrice générale des ressources humai-nes du groupe Danone, se sont vu confierune mission sur « la prévention du stressau travail » par le premier ministre, Fran-çois Fillon. Cette mission « devra formu-ler des propositions pour mieux intégrerla prévention du stress dans la démarchegénérale de prévention des risques profes-sionnels des entreprises » et rendre sesconclusions « début 2010 ».Jacques Sallois, président de chambreà la Cour des comptes, ancien directeurdes musées de France, a été nommé prési-dent de la commission de récolementdes dépôts d’œuvres d’art par un arrêtédu 5novembre, signé du ministre de laculture et de la communication, FrédéricMitterrand.

Distinctions

NikosPapatakisLe réalisateur, producteur et scénaris-te français d’origine grecque, 91 ans, fon-dateur, dans les années 1950, du cabaretLa Rose rouge à Paris, où il lança, parexemple, la carrière de Juliette Gréco,proche de Jean Genet, Jean-Paul Sartreet Simone de Beauvoir, a reçu,le 16 novembre, les insignes de comman-deur dans l’ordre des Arts et des Lettresdes mains du ministre de la culture et dela communication, Frédéric Mitterrand.

CommerceBeth Ditto, auteur-compositeur et inter-prète du groupe pop rock Gossip, devaitdonner, le 17 novembre, le coup d’envoides illuminations du grand magasin pari-sien le BHV imaginées, sous le titre « NoëlNoël» par le couturier Jean-Charlesde Castelbajac.

Courriel : [email protected]

«On ne choisit rien,dans la vie.On choisit pardéfaut, ce qu’onvous donneou ce qu’on saitfaire. Et surtout,on est choisi»

« La trompette,c’est complètementcon, purementmusculaire »

PortraitDécryptages 190123Mercredi 18 novembre 2009