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Ceci fut mon endoctrinement au combat. J'étais un Sergent des transmissions avec le 1er
Ba-
taillon du 5ème
Marines. Merci à l'auteur d'avoir enregistré cette action, pour que d'autres
puissent savoir. Pour moi et d'autres, ce fut un temps de "croissance". Merci, aux vétérans de
la Seconde guerre Mondiale qui étaient parmi nous, pour nous avoir montré le chemin.
Gene Dixon.
Tous les articles qui suivent sont utilisés avec la permission du "Leatherneck" (Magazine des
Marines) et de l'auteur, le Major A.C. Bevilacqua, USMC (Corps de Marine des Etats-Unis),
à la retraite. Tous droits de reproduction de ces articles sont réservés à l'Association du Corps
de Marine.
Le Major Bevilacqua qui contribue fréquemment au Magazine "Leatherneck", est un ancien
Marine enrôlé, qui servit dans les Guerres de Corées et du Vietnam. Comme officier, il fut
instructeur à la "Amphibious Warfare School" (Ecole de la Guerre amphibie) et au "Com-
mand and Staff College" (Collège Commandement et Organisation), Quantico, Virginie.
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L'INVASION NORD CORÉENNE
25–28 juin 1950
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Faites intervenir
" La Brigade de Feu "
Première Partie
Ayant leur dos à la mer, l'Armée des Etats-Unis et les Forces Sud Coréennes (ROK) appelèrent à la
rescousse pour arrêter l'avance Nord Coréenne.
Il faisait chaud en Corée au mois d'août 1950, chaud et humide. L'apparition matinale du Soleil au
dessus des collines emmêlées qui façonnent la masse du paysage Coréen signalait le départ de la
course journalière entre la température et l'humidité relative pour voir laquelle atteindrait la pre-
mière la marque 100. A la mi-journée la moitié inférieure de la péninsule Coréenne était un vaste
bain de vapeur. De nombreuses années plus tard, un Marine qui avait servi dans la Première Brigade
Provisoire de Marine, se rappellerait ce premier été de la Guerre de Corée comme ceci: "C'était
comme essayer de respirer de l'eau… de l'eau chaude."
Dans l'élément d'infanterie de la Brigade de Marine – le 5ème Régiment de Marine – la chaleur mon-
tante et l'humidité étouffante furent particulièrement rudes. En-dehors des Marines hâtivement ré-
unis de postes et de cantonnements du haut et du bas de la côte Ouest des Etats-Unis, le 5ème Marine
était ensemble au camp Pendleton, Californie depuis un an et même plus.
Sous l'œil vigilant du Commandant du Régiment, le Colonel Victor H. Krulak, ils s'étaient entraînés
à un haut niveau d'état d'alerte préventive, gravissant péniblement la Crête Horno jusqu'à ce qu'ils
en connaissent chaque ondulation, pataugeant ce printemps en débarquant à Del Mar au cours de
l'Exercice Demon III, menant d'innombrables exercices en petites unités au niveau de la Compa-
gnie. Maintenant Krulak était parti, transféré au poste de G-3 (Opérations), Force Navale, Pacifique,
à Hawaii. Emmener le 5ème Marine au combat serait dévolu au Lieutenant Colonel Raymond L.
Murray, un décoré vétéran combattant de la Guerre dans le Pacifique.
Il se peut que le Corps de Marine n'aie jamais envoyé un Régiment mieux entraîné à la Guerre, mais
le climat aride de Californie n'avait pas préparé les hommes des Compagnies de fusiliers pour le
souffle suffocant qui les salua aussitôt qu'ils arrivèrent en Corée. Les premières pertes du Régiment
furent des pertes dues à la chaleur, des hommes avec des faces de craie blanche et des vêtements
d'un noirâtre doux, qui d'abord ont butés et puis se sont affaissés dans la poussière de la route, la
chaleur brûlante dans leur corps les piégeait par l'atmosphère spongieuse qui se drapait sur eux
comme une capote mouillée. La situation était critique et il y avait un boulot à faire.
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(A gauche). Il faisait chaud lorsque les hommes de la Première
Brigade Provisoire de Marine firent mouvement par-dessus les
montagnes de Corée.
A peine plus de sept semaines plus tôt, à 0400h le dimanche 25
juin, le Dictateur Communiste Nord Coréen, Kim Il Sung, avait
envoyé son ainsi appelée NKPA = North Korean People's Ar-
my (Armée Populaire Nord Coréenne), au-delà du 38ème
Paral-
lèle qui séparait les deux Corées. Grandement en sous nombre,
l'Armée de la République de Corée (ROK= Republic Of Ko-
rea) – un peu plus qu'une légère force armée de gardes-
frontières – fut mise à terre et balayée. Des renforts Améri-
cains, enlevés de leur service de garnison au Japon et hâtive-
ment transportés d'urgence, firent un peu de bien. Inférieurs en
chars et en artillerie, ils ne furent pas forts en nombre pour être
confrontés aux neuf Divisions ennemies biens équipées, les Américains et les Sud Coréens furent
fortement repoussés en arrière, négociant l'espace pour gagner du temps.
A la fin de juillet, le NKPA tenait toute la Corée du Sud excepté une petite poche de la côte Sud
Est, où étaient enfermés les Américains et les Sud Coréens prêts pour l'extermination avant que
l'aide n'arrive.
L'aide était en route. Des unités étaient embarquées de toutes les bases militaires au travers des
Etats-Unis d'Amérique. La première d'entre elles, était une petite Brigade de "Leathernecks" (Mari-
nes), la Première Brigade Provisoire de Marine, commandée par le Brigadier Général Edward A.
Craig, un des officiers le plus respecté du Corps de Marine. Le 5ème Marine (5
ème Régiment de Ma-
rine) essentiellement renforcé, la Brigade était une petite force pour un gros boulot.
La limitation des forces armées dans les années qui suivirent la Seconde Guerre Mondiale avait
laissé le corps de Marine – comme toutes les forces armées – un peu plus que squelettique. La fière
Première Division de Marine, n'existait la plus part du temps que sur papier; un seul de ses Régi-
ments d'Infanterie, le 5ème Marine, était capable, actuellement, de jeter des hommes sur le champ de
bataille. Quelques-uns d'entre eux étaient précieux. Chacun des trois Bataillons d'Infanterie du 5ème
Marine ne pouvait rassembler que deux Compagnies de fusiliers seulement et une Compagnie
d'Armes. C'était tout ce qu'il y avait. Il faudrait le faire avec celà.
Heureusement, les batailles tournent souvent d'après d'autres choses que des nombres. Ce qui était
justement important c'était des facteurs comme l'esprit de corps, du cran indécent, un solide entraî-
nement et une haute confiance. Les gars âgés de 18, 19 et 20 ans, dont aucun n'avait jamais vu le
combat, qui augmentaient le volume de la Brigade en nombre avaient ces choses en pelletées. Par-
dessus de ça ils pouvaient y ajouter l'avantage d'être menés par des officiers et un état-major de
sous-officiers qui étaient presque tous des vétérans de la Guerre contre le Japon, qui s'étaient battus
dans des batailles aussi féroces qu'aucune autre qui aie le record dans aucune autre guerre. Mises
ensemble ces qualités produiraient un esprit de combat qui en fin de compte apporterait à la Brigade
de Marine un surnom mémorable: "La Brigade de Feu".
Ils commencèrent à entendre ce nom presque aussitôt qu'ils mirent pied à terre dans le Port de Pu-
san. Complètement conscient que Pusan était absolument essentiel aux Forces Américaines et Sud
Coréennes qui s'accrochaient avec ténacité à leur petit coin de Corée, le Commandement de la
NPKA planifia, même alors, une offensive à outrance pour capturer Pusan et pour repousser les
défenseurs à la mer. L'élément clé de cette offensive de la NKPA devait être une attaque déclenchée
par les vétérans de la 6ème Division d'Infanterie, renforcée par le 83
ème Régiment Motorisé. La pre-
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mière partie de l'attaque, la capture de Sunchon, fut réalisée le 28 juillet. Grisé par le succès et
confiant en la victoire, le Commandant de la 6ème Division publia l'Ordre Général suivant:
" Camarades, l'ennemi est démoralisé. La tâche qui nous incombe est la libération de Masan et de
Chinju et l'annihilation de ce qui reste des ennemis. Camarades, cette tâche glorieuse a été dévolue
à notre Division! Soldats de la 6ème
Division, distinguons nous et annihilons l'ennemi!"
Quelque chose que le Commandant n'avait pas envisagé, quelque chose qui était planifié pour frap-
per en premier lieu, attendait la 6ème Division.
Juste lorsque les Marines furent déposés à terre le 2 août, le Lieutenant Général de l'Armée Walton
Walker, commandant des Forces Américaines en Corée, avait décidé à un moment de faire appel à
un arrêt pour avoir un moyen de négocier. Pratiquement, il n'y avait plus de moyen pour négocier.
Prêtes ou non, les Forces Armées ne pouvaient pas céder plus longtemps aux initiatives ennemies;
elles devaient attaquer.
La tâche en reviendrait à la 5ème RCT (Regimental Combat Team = Equipe de Combat Régimen-
taire) de l'Armée et de la nouvelle arrivée Brigade de Marine. Les Marines ne virent que très peu de
Pusan. Presque aussitôt qu'ils mirent pied à terre, ils furent amenés au plus vite au Sud Ouest vers
Masan et la zone de la mise en place de l'attaque préalable de Chindong-ni. Le Jour J était prévu
pour le 7 août, à huit ans du jour où les Marines avaient lancés la première offensive Américaine
contre le Japon à Guadalcanal.
Le premier contact avec les forces ennemies ne fut pas long à arriver. La mission en revint au 3ème
Bataillon 5ème Marine du Lieutenant Colonel Robert D. Taplett. Durant l'après-midi et la soirée du 6
août, le Bataillon, l'élément guide de la Brigade, s'était établi sur les collines chevauchant la MSR
(Main Supply Route = Route Principale de Ravitaillement) menant en arrière vers Pusan. Peu après
minuit, lorsque se leva un nouveau jour, Taplett donna l'ordre d'envoyer un peloton pour venir en
aide à une Compagnie de la 5ème RCT sous dure pression, tenant une hauteur dominante répertoriée
sur les cartes du Bataillon comme étant la Colline 342.
En un ordre bref, le 1er Peloton de la Compagnie G du Sous-Lieutenant John H. "Blackie" Cahill
prenait le chemin dans l'obscurité pour la base de la colline, juste à l'ouest de la MSR. Là, sur l'avis
du guide de l'Armée, le Peloton attendit le point du jour.
Avec le jour vint la chaleur. L'escalade sur la proche colline verticale était épuisante et de chaudes
pertes ne se firent pas longtemps attendre. Des tirs d'armes automatiques à long rayon d'action et de
mortiers augmentèrent le nombre de morts, lorsque la NKPA accrut sa bienvenue officielle à la Bri-
gade de Marine. Ce que Cahill trouva au sommet fut un siège sorti directement du "Vieil Ouest".
Les forces ennemies encerclaient le périmètre de l'Armée sur trois côtés. Il était hors de question
d'effectuer la relève. Cela vaudrait à chaque soldat et Marine sur la colline à empêcher d'être sub-
mergé.
(A droite). Certains Marines n'avaient même jamais été à aucun camp,
quel qu'il soit. Les sous-officiers des Marines entraînaient leurs "Lea-
thernecks" (cous de cuir) n'importe quand et n'importe où possible.
Les hommes sur cette photo tirent au BAR (Browning Automatic Ri-
fle = Fusil Automatique Browning) M1918 pendant qu'ils sont à bord
d'un bateau à un jour de navigation de Pusan.
Cahill commença à disperser ses hommes parmi les très épuisés dé-
fenseurs de l'Armée. Des 52 hommes du peloton qui s'étaient élancés
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quelques heures plus tôt, 37 seulement atteignirent la crête. Parmi les blessés se trouvaient le Ser-
gent du Peloton Cahill, le Sergent-Chef Robert Robinson et le guide du Peloton, le sergent Thomas
Blackmon. Blackmon lutta pour atteindre la position de Cahill, mais ses blessures lui furent fatales.
"Nous étions sur la pente de la colline, assis là comme des canards sur un stand de tir," se remémora
Cahill." Une fois que nous étions rentrés dans nos trous, nous ne pouvions plus en sortir. Les Nord
Coréens nous avaient vraiment réduits à zéro. La chaleur nous cuisait simplement. Puis l'eau vint à
manquer. Certains descendirent avec des bidons et revinrent avec de l'eau de rizière. Avec pour ré-
sultat, que nous finîmes tous avec des vers. Mon Dieu, dans ce four nous avions si soif que nous
aurions bien bu n'importe quoi."
Aussi pénibles qu'étaient la chaleur et la soif, ce furent les moindres des problèmes auxquels étaient
confrontés les défenseurs de la Colline 342. Des essaims de fantassins ennemis montèrent les pentes
escarpées de la colline sous un support des tirs rageurs de mitrailleuses et d'artillerie. Se battant fu-
rieusement, les Marines et les soldats en luttant arrêtèrent chaque ruée. Mais les Nord Coréens éten-
daient leurs lignes, essayant de toute force de compléter l'encerclement du sommet de la colline.
Les pertes amies augmentaient, la plupart d'une façon inquiétante parmi les tireurs des fusils mitrail-
leurs de Cahill. Le fusil mitrailleur BAR (Browning Automatic Rifle = Fusil Automatique Brow-
ning) était l'épine dorsale des équipes de feu des Marines. Un fusil mitrailleur mis hors d'action était
une sérieuse perte de puissance de feu. Es-
sayer d'aller d'un trou à un autre pour mainte-
nir un BAR en action, c'était flirter avec la
mort. Aucun des Marines de Cahill n'hésita
lorsque la nécessité se présenta. Les BAR
continuèrent à tirer.
(A gauche). Ils apprirent tous assez tôt. De
gauche à droite: le Caporal Patrick F. Gibbard;
le Caporal Norman Beal et le 1re Classe H.
Horgesen, l'équipe du calibre .30, mitrailleuse
à refroidissement à air, aux abords d'un village Coréen. (Photo Sergent Frank C. Kerr.)
(A droite.) Le 5ème Marine composa l'élé-
ment d'infanterie de la Brigade de Feu, une
petite force pour un gros boulot. Il y avait
des officiers et des sous-officiers vétérans
de la Seconde Guerre Mondiale, mais la
plupart étaient des gars qui n'avaient jamais
entendu tirer un coup de feu ou vu mourir
un homme. (Photo Sergent Frank C. Kerr.)
Tard dans l'après-midi il était devenu évident que les Nord Coréens allaient faire un effort détermi-
né pour éliminer les défenseurs de la Colline 342 et couper la MSR (Route principale de Ravitail-
lement), avant que les Marines ne puissent lancer leur propre attaque. Aussitôt que le 2ème Bataillon
5ème Marine du Lieutenant Colonel Harold S. "Hal" Roise commença d'arriver, des ordres furent
lancés pour renverser la situation. La compagnie D du Capitaine John Finn et la Compagnie E du
Premier Lieutenant William Sweeney devaient relever les défenseurs de la Colline 342 et s'emparer
du restant de la hauteur. Après avoir consacré la nuit à monter jusqu'à mi-chemin de la colline, Finn
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mena sa Compagnie jusqu'aux défenseurs assiégés lorsque le Soleil se leva pour un autre jour mar-
quant.
Dans les minutes où les défenseurs de Cahill et de l'Armée furent relevés, la compagnie D courut
directement dans un mouvement de scie circulaire. Des hordes de fantassins Nord Coréens, chaque
homme tirant apparemment avec un "burp gun" (la mitraillette 7.62 Modèle 1943 PPSh de fabrica-
tion soviétique à chargeur circulaire), lançaient la plus intense attaque. Finn tomba blessé. Son offi-
cier en second, le Premier Lieutenant Robert T. Hanifin, assuma le commandement, le temps d'être
abattu d'un coup de chaleur, la figure moite avec un masque cendré.
Dans le courant normal des choses, le commande-
ment devrait revenir au doyen des chefs de pelo-
ton. A ce moment pas un seul chef de peloton ne
restait debout. Les Sous-Lieutenants Arthur A.
Oakly et Wallace J. Reid étaient morts. La mort de
Reid était spécialement dure pour le 1re Classe
Doug Koch. Koch, un homme de l'équipe BAR,
avait apprit à connaître Reid, un Marine enrôlé au
cours de la seconde Guerre Mondiale, et l'aimais
pour sa juste impartialité. Ce serait tout aussi terri-
ble pour l'épouse et les deux fils de Reid, pensa
Koch.
(A gauche photo du Corps de Marine des Etats-
Unis.
Très bien! C'était une guerre. Les pertes augmen-
tèrent lorsque les hommes de la Brigade de Feu
renforcèrent le Périmètre de Pusan.
Les attaquants Nord Coréens maintenaient des tirs
acharnés, les balles et les grenades volaient à tra-
vers les airs en averses. Ils arrivèrent en tirant sau-
vagement avec leurs mitraillettes. Le Sous-
Lieutenant Emmelmann, le Chef de Peloton qui
restait de la Compagnie, tomba avec une sérieuse blessure à la tête. Le 1re Classe Armando DeLeon
le vit tomber et le cru mort. Quelques années plus tard seulement, DeLeon apprit qu'Emmelmann
avait survécu à sa blessure. Le Sergent-Chef Harold Reeves, un vétéran aux traits durs ayant près de
30 années de service, assuma le commandement de la compagnie D.
Le Sous-Lieutenant Douglas Wirth, un observateur avancé du 1/11, se tenait fermement debout à
côté de Reeves. Avec une absolue puissance de volonté ils tenaient la situation en main. Ensemble,
le vieux Sergent et le jeune Officier alignés sur la ligne de feu, avançant se battant tout le long aussi
calmement comme s'ils étaient de retour sur la ligne de tir à Chap-
po Flats au Camp de Pendleton. Dirigeant les tirs de la Compa-
gnie, Reeves ranimait le courage des jeunes Marines par sa pré-
sence constante. Wirth qui avait assumé le contrôle de tous les
appuis aériens et d'artillerie disponibles dans la zone, apporta des
tirs dévastateurs pour écraser les masses d'attaquants.
Vague après vague l'ennemi fut stoppé, déchiqueté par une grêle
d'acier. Des scies circulaires peuvent couper deux chemins. Len-
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tement, avec peine, les minces rangs des Marines sur la Colline 342 prirent le dessus, et dans l'opé-
ration ils anéantirent une bonne partie des éléments de la 6ème Division de la NKPA, le 13
ème et le
15ème Régiments.
A la tombée de la nuit, la Colline 342 était entièrement aux mains des Marines, sa possession était
incontestée. Et le 1re Classe Koch aura eu une présentation d'un aspect du combat qui n'est même
pas suggéré dans les films ou à la télévision. Désigné pour ramener les corps des Marines morts, il
se rappela: "J'ai appris ce jour-là à sentir la mort. Une personne morte sent différemment qu'un ani-
mal mort, et l'odeur est quelque chose que vous n'oubliez jamais. C'est quelque chose que vous ne
pouvez pas mettre à la télévision ou dans les actualités. Ils peuvent capturer les bruits et certaines
des confusions de la bataille, mais l'odeur de la mort est quelque chose qu'on ne peut pas enregis-
trer."
Un à un les corps des Marines morts furent apportés au Poste de Commandement de la Compagnie
pour attendre l'arrivée du personnel de l'enregistrement des tombes. Les morts Nord Coréens restè-
rent couchés où ils étaient tombés. Ils étaient environ près de 400.
Vers l'Est, au-delà de la MSR (Route Principale de Ravitaillement), sur
les basses pentes de la colline 255, les corps d'autres Nord Coréens étaient
éparpillés et couchés où ils étaient tombés. Comme l'attaque lancée contre
la D/2/5 (Compagnie D, 2ème Bataillon, 5
ème Régiment de Marines), cet
assaut commença très tôt le 8 août. C'était lorsque les Marines de la H/3/5
(Compagnie H, 3ème Bataillon, 5
ème Régiment de Marines) du Capitaine
Joseph C. Fegan observèrent une colonne de soldats grimpant les pentes
du Sud de la colline 255 venant de la direction de la route menant au Nord
de Chindong-ni vers Haman. Au début on cru que les nouveaux arrivants
étaient des troupes de la ROK, mais lorsqu'ils commencèrent à s'installer
en faisant face à la position de Fegan, tous les doutes disparurent. Les
formes distantes étaient des Nord Coréens, une autre branche de la 6ème Division poussée pour rom-
pre la MSR. Presque immédiatement ils ouvrirent le feu.
Mis au courant de la situation, le Lieutenant Colonel Taplett ordonna à Fegan d'attaquer l'incursion
dans l'immédiat, avant que les intrus ne puissent consolider leurs positions. Le Sous-Lieutenant
John O. Williams mena son 1er Peloton vers le long plateau séparant les deux forces. Poussant
agressivement par-dessus le terrain découvert, le Peloton s'arrêta à près de 25 mètres de la force
ennemie, les Marines tiraient l'arme à la hanche lorsqu'ils
avançaient. Des averses de grenades et une pluie de balles de
mitrailleuses les arrêtèrent et les épinglèrent sur place. Wil-
liams essaya d'envoyer certains de ses hommes autour du rem-
blai de la position ennemie, mais le terrain effectivement les
bloqua. L'attaque tomba à l'eau.
Il ne fallut pas beaucoup de temps pour devenir un vétéran
endurci. Ceux qui n'apprenaient pas vite étaient habituellement
hors course. (A gauche) Parmi eux, les plus fortunés étaient
transportés vers un poste de secours avancé pour être soignés.
(Photo Sergent Franck C. Kerr.)
Dans un jour futur, les épaules de Joe Fegan porteraient les trois étoiles de Lieutenant Général.
Parmi les qualités qui le mèneraient là, il y avait une ardente combativité sur le champ de bataille
qui refusait de ne permettre aucun obstacle de se trouver sur son chemin et une capacité de sortir de
front et d'entraîner lorsque c'était nécessaire. Ordonnant à Williams de reculer jusqu'à la ligne de
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départ, Fegan mena personnellement son 3ème Peloton à travers les rangs des hommes de Williams,
courant directement vers les rochers abritant les mitrailleuses. L'artillerie et l'aviation ne pouvaient
aider. C'était un combat qui se déroulerait homme à homme, de près et personnel.
Fegan avait des hommes comme le Caporal Melvin James qui conduisit sa Section profondément
dans le flanc de l'Unité Nord Coréenne, tuant chaque homme qui résistait. Le sergent Ray Morgan
de la Compagnie d'Artillerie et le 1re Classe Donald Terrio firent sauter et réduisirent chacun une
position de mitrailleuse ennemie en décombres fumantes et en cadavres imbibés de sang.
Trou de fusilier après trou de fusilier, le 3ème Peloton se précipita et hacha sa route jusqu'au sommet
rocheux. Les Nord Coréens luttèrent jusqu'à l'implacable fin, jusqu'à ce que chacun d'entre eux fut
mort, et les hommes de Fegan avaient avancés de 200 autres mètres jusqu'à l'endroit où le sol s'in-
clinait un peu pendant un moment avant de s'élever jusqu'au sommet même de la colline.
Avec l'ordre de s'enterrer et de tenir ce qu'ils avaient, les Marines de la compagnie H s'installèrent
pour la nuit sous la protection de tirs de mortiers et d'artillerie qui martelaient de coups les renforts
Nord Coréens qui tentaient de reprendre pied sur les pentes du Nord de la colline. Pendant toute la
nuit du 8 août et dans les heures avant l'aube du 9 août, les 105 mm howitzers du 1/11 et du 3ème
Bataillon de Mortiers de 81 mm firent tomber une pluie de tirs devant les lignes du 3ème Bataillon.
L'ennemi reçut une parfaite raclée avant l'attaque de la compagnie H prévue pour le matin du 9.
A 083h le 9 août les tirs augmentèrent crescendo. Les obus de l'artillerie et des mortiers pleuvaient
sur les hauteurs de la Colline 255 comme un torrent. Lorsqu'il y eut arrêt des tirs, les Vought F4U
Corsairs du Groupe 33 de l'Aéronavale descendirent bas pour tapisser les défenseurs de bombes,
roquettes et napalm. Les Marines de Joe Fegan bondirent au dehors juste à temps. Quelques minutes
plus tard, après n'avoir rencontré qu'une négligeable résistance, ils étaient au sommet. Les seuls
Nord Coréens qui étaient là avec eux étaient morts.
Le temps avait tourné. La 6ème Division de la NKPA, qui quelques jours avants avait caressée la
vision d'"anéantir" l'ennemi, avait eu un ventre trop plein. D'après toutes les indications, les Nord
Coréens se retiraient. Le Général Craig n'avait aucune intention de leur permettre de partir sans être
inquiétés. Il était temps de les empiler, de les mettre au tapis sans connaissance, comme un bon
boxeur s'apprêtant à l'abattre, lorsqu'il a son opposant qui trébuche sur des jambes de flanelle.
La NKPA à l'attaque
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Faites intervenir
" La Brigade de Feu "
Seconde Partie
(A droite.) Des lanceurs multiples de roquettes de
4-5 pouces T66 de Marine, déversant une pluie
d'acier, lorsque les Marines avancèrent lors de l'at-
taque.
Les batailles pour les Collines 342 et 255 des 7 et 8
août 1950 avaient neutralisé la menace Nord Co-
réenne sur la MSR (Route Principale de Ravitaille-
ment). Les Forces de Marine et de l'Armée étaient
libres de lancer leur avance vers le très important
Centre de Communication de Chinju, le long d'un
double axe. Le RCT (Unité de Combat Régimen-
taire) de la 5ème Armée avancerait pour Chinju, à 45 km le long de la route du Nord, par Tosan et
Pansong. Les Marines formeraient la branche du Sud de l'attaque en prenant la route du Sud, plus
longue de 30 km par Paedun-ni, Losong et Sachon.
C'était le 1er Bataillon 5
ème Marines du Lieutenant-Colonel R. Newton qui menait l'avance de la
Première Brigade Provisoire. Le premier objectif de Newton était un caractéristique terrain massif,
identifié comme étant la Colline 308 qui dominait la route depuis l'Est. Le matin du 9 août trouva la
compagnie B du Capitaine John Tobin grimpant les côtes abruptes de la Colline qui s'élevait à plus
de 300 mètres au dessus du terrain environnant. La résistance ennemie était confinée au tir à longue
portée de snipers.
La résistance du Soleil eut plus d'effet que la moindre opposition ennemie. Lorsque la température
atteignit 45°C, de plus en plus de Marines de la compagnie B tombèrent dans leurs traces pour se
retrouver inconscients sur le sol. Toutefois, à midi la Colline était entièrement aux mains des Mari-
nes, bien que le prix avait été énorme. Lorsque le Soleil continua à déverser ses rayons, la Compa-
gnie B ne su pas rassembler plus de 30 hommes toujours debout. Le restant était couché là où il était
tombé. Personne n'avait la force de les bouger. La nuit tombante apporta un soulagement béni et le
meilleur de tout, des travailleurs Coréens apportèrent un approvisionnement d'eau. Cela ne retint
pas 15 des plus grands blessés à être évacués pour subir un traitement médical.
Avec l'éminente hauteur fermement dans des mains amies, le Commandant de la Brigade de Ma-
rine, le Brigadier Général Edward A. Craig, ordonna au 5ème Marines de mener une attaque de nuit
pour sécuriser Paedun-ni, avant la lumière de l'aube du 10 août. Le Commandant du Régiment, le
Lieutenant-Colonel Raymond L. Murray, donna le boulot à son 2ème Bataillon, conduit par le Lieu-
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tenant-Colonel Harold Roise. Selon les prévisions, les hommes de Roise dépassèrent le 1er Bataillon
5ème Marines à 0115h le 10 août et entrèrent dans le village non défendu à 0800h. "Continuez de
pousser" était le mot d'ordre. A 0930h le 2ème Bataillon 5
ème Marines repartait à nouveau vers le
Sud, cette fois-ci avec style. Le Régiment avait envoyé 21 camions de 2 tonnes vers l'avant et un
système de navette débuta. Un détachement de la Compagnie de Reconnaissance de la Brigade,
commandée par le Capitaine Kenneth Houghton, conduisait le défilé.
C'est un article de foi parmi les Marines que quelque chose vient toujours gâcher une bonne affaire.
Dans ce cas-ci, cette chose était un long défilé appelé "le défilé Taedabook" qui serrait les deux
côtés de la route comme elle se révélait à environ 4.500 mètres en dessous de Paedun-ni. C'était un
bon endroit pour établir une position de résistance, et c'est justement ce que fit l'arrière-garde Nord
Coréenne, espérant gagner un peu de temps pour le Corps principal de la 6ème Division en retraite.
Cela arriva soudainement. A 1500h les éléments de tête de la colonne se trouvèrent sous un feu
nourrit de mitrailleuses. Puis un canon anti-char ajouta son aboiement au vacarme, transformant une
des jeeps de reconnaissance en une boule de feu. Les Marines sautèrent hors des véhicules et dans
les fossés lorsque les balles ratissèrent la route. Atteint par des balles qui traversèrent ses deux jam-
bes, le redoutable Sergent-Chef Harold Reeves tomba à terre. "Eh bien, les fils de chiennes m'ont eu
finalement", grommela-t-il.
Le Capitaine Andrew Zimmer, qui commandait maintenant la compagnie D, ne perdit pas de temps
en envoyant son 1er et son 2
ème Pelotons dans les hauteurs pour déloger les défenseurs. Les deux
pelotons ne mirent pas longtemps à anéantir les ennemis, qui avaient la grandeur d'une Section,
dans le voisinage immédiat et échangèrent des tirs avec le Corps principal de la Force Nord Co-
réenne, plus loin dans le défilé. Les mortiers de 60 mm des compagnies mirent fin à la nuisance du
canon anti-char, épuisant dans cette opération leur maigre approvisionnement en munitions. A ce
moment une paire de chars M26 de la Marine arriva sur la scène. Une volée d'obus de 90 mm à
grande vitesse envoya l'ennemi au sol. Quoiqu'il apparut apparent qu'un Corps assez grand d'Infan-
terie Nord Coréenne bloquait la lointaine sortie du défilé.
Directement sur les pas du 2ème Bataillon 5
ème Marines, il y avait le 3
ème Bataillon 5
ème Marines du
Lieutenant-Colonel Taplett. Murray ordonna promptement à Taplett de dépasser le 2ème Bataillon et
de continuer l'attaque. Pour le 1re Classe Fred Davidson, un fusilier du Peloton du 1
er Lieutenant
Jack Westerman de la Compagnie G, tout cela arriva un peu plus personnellement.
"A chaque fois que j'essayais d'avancer, le sniper tirait assez près de moi pour me faire changer
d'avis", dit Davidson.
Le Peloton de Westerman étant retenu par un intense tir, le commandant de la compagnie G, le 1er
Lieutenant Robert "Dewey" Bohn, envoya le Peloton du Sous-Lieutenant Edward Duncan pour un
mouvement d'enveloppement sur la droite pour diminuer la pression sur Westerman. La tactique fut
un succès, lorsque les hommes de Duncan balayèrent les Nord Coréens en leur opposant une tem-
pête de tirs de fusils et de fusils-mitrailleurs BAR. N'étant plus cloué au sol, Westerman fut capable
d'avancer jusqu'à la crête dominant le côté Nord de la route.
De cette position avantageuse Westerman pouvait voir une jeep de la Marine sur la route sous lui. Il
y avait des Marines, certains morts, certains blessés, sur le sol à côté et dans le véhicule touché.
C'étaient des membres d'une patrouille emmenée en avant un peu plus tôt par l'Officier des Opéra-
tions du 2ème Bataillon 5
ème Marines, le Major Morgan J. McNeely. Ignorant le danger, Westerman,
affectueusement reconnu par ses hommes comme "Big Jack", descendit précipitamment vers la
route, jeta le gravement blessé McNeely, par-dessus son épaule et couru se mettre à l'abri. Le 1re
Classe Davidson donna à McNeely à demi conscient à boire de son bidon et aida à le transporter
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jusqu'au poste de secours du Bataillon. Les gestes de Westerman et de Davidson furent inutiles,
McNeely mourut pendant la nuit.
Lorsque tomba l'obscurité, la Compagnie H du Capitaine Joseph Fegan monta pour s'emparer des
collines sur le côté gauche de la route, directement face à la Compagnie G du 1er Lieutenant Bohn.
Les deux compagnies se trouvèrent engagées dans un duel avec deux mitrailleuses Nord Coréennes,
et l'obscurité était presque complète lorsque les mitrailleuses furent réduites au silence. A 2015h,
des ordres arrivèrent du Régiment disant au 3ème Bataillon 5
ème Marines de tenir ses positions pour
la nuit et de préparer à continuer l'attaque vers Kosong au matin.
Le 11 août, le lever du jour avait à peine commencé à éclairer l'horizon à l'Est, qu'une Force Nord
Coréenne de la grandeur d'un peloton, chargea en sortant du brouillard qui collait au sol et lança une
attaque frénétique sur les positions de la Compagnie G. C'était un effort désespéré, mais pour un
moment elle rendit les choses intéressantes.
(A droite). Les Marines blessés étaient
emmenés à la hâte vers l'arrière lorsque la
Brigade de Feu avança dans l'attaque pour
relever la pression sur le Périmètre de
Pusan. (Photo Sergent Frank C. Kerr.)
Tirant, en faisant feu avec des "burp guns"
(mitraillettes à chargeur rond) et lançant
des grenades, les attaquants chargèrent
juste devant le poste de commandement
de Bohn au centre de la position de la
Compagnie G. Les Marines les rencontrè-
rent dans une mêlée au corps à corps. Un
fragment de grenade atteignit Bohn dans
l'épaule, mais il continua à se battre. A ses
côtés le Sergent-Chef Charles Kurtz diri-
gea un feu mortel avec les mortiers de 60 mm de la compagnie tout en lançant une pluie de grena-
des au milieu des Nord Coréens qui chargeaient.
Ce fut terminé en 30 minutes. Sévèrement battus, les Nord Coréens s'enfuirent en désordre en direc-
tion de Kosong.
De très près, sur leurs talons, vint l'entière Brigade de Marine, le 3ème Bataillon 5
ème Marines en tête
avec la compagnie G formant la partie avancée. A l'extrême pointe de la lance se trouvait l'équipe
de feu du Caporal Ray Giaquinto du 3ème Peloton du Sous-Lieutenant John Counselman. Une mi-
trailleuse Nord Coréenne essayât d'entraver le flot, mais Giaquinto déploya ses hommes avant que
les mitrailleuses ennemies ne puissent réagir. Les cinq Nord Coréens moururent avant d'avoir pu
tirer un seul coup. Utilisant les mêmes tactiques de flanquement, la pointe de Giaquinto balaya trois
positions supplémentaires, ne laissant que des corps morts dans son sillage.
Vers 1000h, l'avance avait atteint les faubourgs de Kosong. Là, la compagnie H prit la conduite et
appuyée par une section de chars, nettoya la lisière Nord de la ville d'une légère résistance. Plus de
défenseurs furent envoyés au Sud de la ville dans une combinaison d'un assaut agressif de la Com-
pagnie G et une orageuse attaque aérienne. Il était d'une grande évidence que la retraite de la 6ème
Division Nord Coréenne tournait en un vol pêle-mêle vers une évasion destructive. Pas plus de
quelques-uns n'y arrivèrent.
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Peu avant midi les 105 howitzers du 1/11, firent feu en support du 3ème Bataillon 5
ème Marines, ba-
layant une longue colonne de véhicules Nord Coréens de l'endroit où ils s'étaient dissimulés, en-
voyait les chauffeurs dans une course précipitée vers la sécurité. Leur timing n'aurait pas pu être
pire. La division de Corsairs de l'Escadrille de Chasse 323 de la Marine du Major Arnold Lund,
arrivait justement au dessus de leurs têtes, venant du porte-avions Badoeng Strait (CVE- 116). Les
100 véhicules qui étaient coincés sur la route en dessous étaient un rêve d'aviateur.
Touchant la colonne avec des roquettes et des mitrailleuses de 20 mm, Lund et ses hommes emme-
nèrent le train entier de véhicules à s'arrêter. Hurlant, à peine au dessus du sol, les Corsairs firent
des passages après passages sur la colonne prise au piège et sans espoir. Les véhicules explosaient,
éclataient et se renversaient dans les fossés, pendant que les soldats Nord Coréens cherchaient fré-
nétiquement d'échapper au carnage. Avec l'infortunée moitié de la colonne réduite en cendres et en
épaves éparses et avec les pilotes de Lund au bout de leurs munitions, un deuxième vol de Corsairs
de l'Escadrille arriva sur le lieu pour terminer le travail de ruine complète au sol.
La scène qui s'offrait aux regards des Marines qui avançaient au sol était celle de la totale destruc-
tion du 83ème Régiment Motorisé Nord Coréen. Les carcasses brûlantes des camions, jeeps et auto
blindées de construction soviétique encombraient la route sur plus de 1.500 mètres. Les corps noir-
cis et sanglants des soldats Nord Coréens étaient éparpillés comme des fils de lambeaux de vête-
ments. Il n'y avait pas un Nord Coréen vivant à voir.
Personne ne perdit de temps en célébration. La route fut vite nettoyée par de sommeillants chars, et
l'avance continua vers l'avant à nouveau. Les Marines comprenaient qu'ils se retrouveraient à nou-
veau sur les talons de l'ennemi. Cette impression était accentuée par le manque d'une résistance sé-
rieuse. Ici et là, une mitrailleuse solitaire se faisait entendre brièvement avant d'être réduite au si-
lence par une action terrestre, le claquement des mitrailleuses de chars et la présence constante des
Corsairs décrivant des cercles dans les airs. Des observateurs de tactique aérienne de l'Escadrille
d'Observation 6 de la Marine, en reconnaissance de l'avance des éléments au sol de la Brigade, rap-
portèrent que les Forces Nord Coréennes se retiraient rapidement. Pour la première fois depuis l'in-
vasion du Sud par les Nord Coréens, la machine de guerre communiste avait subi un revers. Lors-
que le 5ème Marine s'installa pour la nuit, l'avance avait atteint un point à près de 25 km seulement
de Sachon.
Cependant, le Brigadier Général Craig sentait bien qu'il était imprudent d'assurer qu'aller à Suchon
ne serait qu'une promenade au Soleil. On pouvait s'attendre à ce que les Nord Coréens fassent la
chose raisonnable et essayent par n'importe quels moyens d'éviter la destruction complète de la gra-
vement meurtrie 6ème Division. Il serait plus prudent d'anticiper la résistance, spécialement au vil-
lage de huttes aux toits de chaume de Changchon, où de hautes collines de chaque côté de la route
dominaient les derniers kilomètres vers Sachon.
C'était aussi l'humeur qui régnait tôt dans la matinée du 12 août au Quartier Général Régimentaire
du 5ème Marine lorsque le 1
er Bataillon 5
ème Marine dépassa le 3
ème Bataillon 5
ème Marine pour
continuer l'avancée. Toujours est-il, qu'il n'y avait aucun signe extérieur ou quelque chose qui n'al-
lait pas lorsque le 1er Bataillon 5
ème Marine fit sa sortie avec la Compagnie B en tête, précédée par
le Capitaine Kenneth Houghton et un détachement d'une quinzaine d'hommes de la Compagnie de
Reconnaissance. A midi l'avance avait atteint Changchon sans avoir rencontré aucune opposition.
Le Sergent Irvin R. "Dick" Stone, le Chef d'une Section d'assaut de la Compagnie d'Armes, n'aima
pas cela du tout. Stone, un vétéran des combats sur Peleliu et Okinawa, pensa que les choses étaient
totalement trop calmes. Si les Nord Coréens avaient l'intention d'en faire un combat, ils n'avaient
pas le choix d'un meilleur endroit. La pensée était à peine venue à son esprit que les Nord Coréens
passèrent à l'attaque. Heureusement pour les "Leathernecks", ils firent feu trop tôt.
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(A gauche). Des Marines de la Compagnie d'Armes,
déplacent une mitrailleuse .30 à refroidissement par
eau vers l'avant pour la repositionner pour une autre
attaque terrestre. Cela prenait du temps pour installer
cette mitrailleuse lourde, mais elle était très stable et
très efficace en défense ou en attaque.
L'ennemi avait manifestement l'intention d'attendre
jusqu'à ce que l'entièreté de la colonne fût parvenue
dans la zone de mort avant d'ouvrir le feu. A un mo-
ment, quelques mitrailleurs à la gâchette facile devin-
rent inquiets et ouvrirent le feu sur les hommes de la
reconnaissance de Houghton, depuis les hauteurs sur
la gauche. Instantanément, le Capitaine Tobin envoya le 1er Peloton du 1
er Lieutenant Hugh Schry-
ver pour apporter assistance à Houghton. Avançant derrière Schryver, venait le 2ème Peloton de To-
bin sous le commandement du 1er Lieutenant David Taylor, emmenant avec lui une paire de chars
M26.
A présent des tirs arrivaient depuis l'autre flanc de la Compagnie B, car des mitrailleurs ouvraient le
feu depuis la Colline 250 sur la droite. Le 1er Lieutenant James W. Smith du Bataillon du Détache-
ment du Contrôle Aérien Tactique apporta des Corsairs pour accomplir leur travail sur la Colline.
Le Capitaine John Stevens ajouta du muscle à l'action terrestre, apportant sa Compagnie A à réduire
au silence la menace de droite.
A présent les mortiers de 81 mm du Bataillon entraient en action, et la combinaison d'un pulvérisant
barrage de mortiers et d'un assaut terrestre déterminé dégageaient les pentes de la Colline 250. Au
dessus de Changchon une Force Nord Coréenne qui attendait d'entrer dans la bataille, était prise à
partie par l'Aéronavale. Sa destruction fut totale.
Avec son flanc droit sécurisé, la Compagnie B pouvait maintenant mettre toute son attention à faire
déguerpir les Nord Coréens des hauteurs de la Colline 202 sur sa gauche. Comme sur la droite, des
armes en support aidèrent à faire la différence. Les Nord Coréens sur les pentes étaient déterminés à
résister fermement, jusqu'à ce que l'artillerie de Marine les pris en charge en étendant une écrasante
couverture de feu, position après position. Suivant de près les tirs de support, les fantassins de To-
bin étaient sur les défenseurs étourdis avant que ceux-ci puissent réagir. Les Nord Coréens mouru-
rent en hommes.
Un Peloton de Nord Coréens tenta une contre-attaque. Les Marines de Tobin attendirent jusqu'à ce
qu'ils soient dans les 20 mètres avant d'ouvrir le feu. Des 39 Nord Coréens de l'attaque suicide, 38
furent tués net. Le seul survivant, un officier gravement blessé, mourut sur le chemin du poste de
commandement du Régiment. La nuit tomba avec le 1er Bataillon 5
ème Marine contrôlant fermement
les hauteurs en dessous de Changchon.
Le 13 août, peu avant que ne tombe l'obscurité, les Nord Coréens lancèrent une attaque "tout ou
rien" contre les positions de la Compagnie B sur la colline 202. Pendant un moment la situation fut
critique, avec les attaquants enfonçant profondément un coin dans la Compagnie. La puissance de
feu et la détermination des Marines firent tourner le sort de la bataille. Au lever du jour ce qui res-
tait de la Force Nord Coréenne s'enfuyait en désordre vers Changchon. La route vers Sachon était
grande ouverte. C'était le moment pour le coup de grâce.
Quoi qu'il en soit, comme cela se vérifierait, personne n'allait à Sachon. Même pendant que la ba-
taille faisait rage pour Changchon, des ordres urgents, émanant de la Huitième Armée étaient arri-
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vés aux Quartiers Généraux de la Brigade. La Brigade de Marine Provisoire devait arrêter la pour-
suite, retourner immédiatement à Masan et faire les préparations pour faire mouvement vers Mi-
ryang.
Une nouvelle Division Nord Coréenne, la 4ème, avait surgit de l'autre côté de la Rivière Naktong, la
dernière barrière naturelle ancrant solidement le Périmètre de Pusan. La poussée avait creusé un
profond saillant dans le Périmètre et mis la jonction vitale de la route de Taegu en péril. Si Taegu
était perdu, Miryang serait intenable et le rêve de Kim Il Sung d'envahir la Corée du Sud serait tout
à fait réalisé. La 5ème Unité de Combat Régimentaire de l'Armée tiendrait à Sachon. On avait besoin
de la Brigade de Feu ailleurs.
La première action de combat du Premier Corps de Marine de la Guerre de Corée était terminée. Il
y en aurait beaucoup d'autres. La guerre sera rageuse pour trois ans encore, et les Marines se bat-
tront pour tracer leur chemin d'un bout à l'autre de la Corée. La brève vie de la Première Brigade
Provisoire de Marine se terminera en septembre, lorsque ses éléments seront réabsorbés dans la
Première Division de Marine qui servira au "Pays du Matin Calme" dans les jours d'il y a un demi
Siècle. L'ennemi reconnaissait "les soldats aux guêtres jaune et le tissu sur leurs casques, qui ne
dormaient jamais, ne mangeaient jamais, qui se battaient tout le temps". Et l'ennemi les craignait.
Le 1re Classe Doug Koch ne le dit pas dans des termes aussi dramatiques. Avant de faire mouve-
ment près de Naktong, il y eut une nuit dans une aire de repos, un carré d'haricots d'un fermier, à
Masan.
"Tard dans l'après-midi nous descendîmes vers l'endroit de la popote, où on nous servit du poulet
frit, de la purée de pommes de terre, des légumes chauds, de la crème glacée et du café bouillant.
Un dîner de Noël ne nous avait jamais goûté aussi
bien", dit Koch. "Les gars des Compagnies de fusi-
liers n'eurent pas de veine; aucun ne sorti pour le
service popote. Nous étions assis sur le sol mangeant
et respirant la brise. Après le dîner chacun reçut deux
canettes de bière. Nous en burent une et mirent l'autre
au frais dans la rivière. Cette nuit fut vraiment calme.
Nous ne dûmes même pas faire le service de garde et
dormîmes toute la nuit. Je vous le dit, je croyait
vraiment que je vivais sur le toit du Monde."
M26 Char Patton Plan de débarquement pour Inchon