Entretien avec Joseph Bonnel

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VA Historique Mémoires Joseph BONNEL

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arcourir le Web et pouvoir en quelques secondes y trouver des informations fort intéressantes est une chance incroyable que nos ancêtres n’ont pas eue et que nous mesurons parfois très mal.

Si les ressources actuelles paraissent déjà parfois insoupçonnables, il est toutefois clair qu’en termes de complétude, le Web n’en est encore qu’à ses balbutiements, même si concernant le football, certains sites statistiques commencent à se doter d’une belle base de données. A mon sens, l’histoire et la mémoire des joueurs, qui font partie intégrante du patrimoine d’un club, n’y sont pas assez présentes. Le partage de souvenirs ainsi qu’une certaine convivialité ne transparaissent souvent qu’aux détours de rares interviews. Le footballeur reste donc invariablement prisonnier de sa sacro-sainte « fiche Wikipedia » (où apparaissent parfois des énormités, on y constate par exemple que Joseph Bonnel a joué à Lille en 1959 !) Lorsque l’on ne trouve pas sur le Web ce que l’on a envie d’y trouver, c’est bien simple, il faut le faire soi-même. Je souhaite donc pouvoir donner l’occasion aux anciens joueurs de nous faire redécouvrir, par leurs mots, ce que fût leur passage dans notre club, leur carrière, leur vie. Les supporters pourront ainsi eux aussi, selon la catégorie dans laquelle ils figurent, se remémorer de très beaux souvenirs ou découvrir les grandes figures et les grands moments passés de VA. Si Joseph Bonnel n’a pas obtenu le ballon d’or comme JPP, s’il n’a pas été champion du Monde comme Jorge Burruchaga ni champion d’Europe comme Didier Six, s’il ne fût pas forcément aussi spectaculaire que Carlos Verdeal, Serge Masnaghetti, Roger Milla ou Steve Savidan, il reste pour beaucoup, avec ses 24 sélections internationales sous le maillot rouge et blanc (25 au total et potentiellement le double si le nombre de matchs à l’époque avait été le même qu’aujourd’hui), le plus grand joueur de l’histoire de notre club « en exercice ». Qu’il puisse également être le premier à figurer dans cette nouvelle rubrique de « VAhistorique » me semblait donc légitime. Joseph a quitté Valenciennes pour rejoindre son Sud natal il y a déjà presque un demi-siècle mais n’a jamais oublié VA. Ca tombe bien, VA ne l’a pas oublié non plus. Pour raviver tous ces souvenirs du passé, rien de tel qu’un petit voyage dans le temps… Embarquement immédiat.

P

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Joseph Bonnel, vous êtes né le 4 janvier 1939 à Florensac, dans l’Hérault. Pas vraiment la meilleure année pour une enfance « paisible ». Vous avez des souvenirs de la guerre ?

Florensac était occupée par les troupes allemandes mais nous n’avions pas trop à en souffrir. Quelquefois des soldats allemands nous donnaient des bonbons… Mais lors des alertes au bombardement, on partait se cacher dans la campagne, dans les fossés ou sous un pont…

Florensac (34)

Footballeur professionnel, c'était un rêve de gamin ? Tout à fait, j’ai réalisé mon rêve d’enfant ! Quand avez-vous joué pour la première fois en club, et quand vous êtes-vous aperçu que vous aviez le niveau pour viser "haut"? Je signe ma première licence de minime à l’Olympique Florensacois en 1951. Encore junior, je suis incorporé en équipe première qui évolue en DH et on remporte la Coupe du Languedoc en 1956…

Vous êtes repéré très vite par Montpellier ? Je signe stagiaire au S.O Montpellier en 1956 sur les conseils de mon entraîneur René Franquès qui avait repéré chez moi des qualités. Votre poste de relayeur s’est-il imposé tout de suite, ou vous avez joué à d'autres places auparavant ? J’ai toujours joué au poste de relayeur. Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été footballeur ?

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Si je n’avais pas été footballeur, je serais devenu ajusteur. 1957. Vous démarrez très tôt (18 ans) en D2 avec le S.O Montpellier… Il y a eu une période d’adaptation, mais très vite je deviens titulaire en équipe première aux coté de Guy Van-Sam, avec lequel nous formions un duo offensif.

Joseph Bonnel (au centre) et ses partenaires du SO Montpellier Vos stats à Montpellier sont déjà impressionnantes : 69 matchs en deux saisons, 25 buts. Quelles étaient vos caractéristiques de jeu ? Lorsque les attaquants avaient le ballon, en tant que milieu de terrain, je devais les soutenir mais dès qu’il y avait une contre-attaque il fallait vite épauler les arrières, d’où ce rôle de relayeur…

Vos qualités ? La vitesse, la précision… Les clés de votre réussite? Travailleur infatigable… Avoir un ecclésiastique comme président, cela paraît un peu fou aujourd’hui… Effectivement, c’était un peu bizarre d’avoir pour président le chanoine Bessède, mais rien ne le différenciait des autres présidents : il venait quelques fois aux entraînements et assistait à tous les matchs. Avez-vous vite éprouvé le sentiment que la D2 était trop petite pour vous ? Non, j’étais très bien dans cette équipe où régnait une bonne ambiance.

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Des souvenirs particuliers de cette première époque ?

J’avais un copain formidable, Samuel Edimo, et notre amitié a perduré dans le temps. C’était comme un frère que j’amenais chez moi à Florensac lorsque nous avions une journée de libre. Il avait une collection de chaussures impressionnantes car étant jeune au Cameroun, il marchait pieds nus !

Vous saviez que tout là haut, dans le Nord, on s’intéressait à vous, et aviez-vous eu avant d’autres propositions que VA ?

En fait je n’étais pas au courant des intentions de VA, et par ailleurs je n’avais pas eu d’autres propositions de clubs… 1959-60. Vous commencez la saison avec Montpellier, puis vous recevez très vite la visite du vice-président de VA. 32 Millions d’AF (320 000 FF, environ 50 000 euros), c’est une somme astronomique pour l’époque. Plutôt motivant ou plutôt effrayant ?

Je me sentais une lourde responsabilité et je craignais de ne pas être à la hauteur tant cette somme me paraissait élevée !

A cette époque, le système d’appartenance aux clubs n’était pas du tout comme aujourd’hui. Concrètement, vous vous engagez pour combien de temps ?

Il me semble que c’était pour 10 ans…

Une appréhension au moment de monter dans le Nord ? Y avait-il déjà à l’époque cette peur du Nord, syndrome « bienvenue chez les ch’tis » ?

Pas d’appréhension personnellement, mais une certaine réticence du coté de la famille…

Vous découvrez donc Valenciennes. Ce n’est pas vraiment comme l’Hérault… Vos premières impressions ? Au départ, quelques difficultés pour m’intégrer car le mode de vie et le climat étaient… différents !

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Première impression sur l’équipe, les partenaires ? Le rythme de la D1 ?

Mes partenaires m’ont bien accueilli et ont participé à mon intégration dans l’équipe. Et ça jouait effectivement plus vite en D1 qu’en D2…

Première équipe de VA en compagnie de Cauwelier, Kocik, Piumi, Carrié, Matzky, Schaeffer, Baulu, Masnaghetti, Legrand et Lubiato

Première impression sur le coach ?

Mon entraîneur précédent Hervé Mirouze était plutôt paternaliste, alors que Robert Domergue m’est apparu comme quelqu’un de très rigoureux, mais humain.

Vous arrivez dans un club plus ou moins en difficulté, premier match en D1, carton à Bordeaux puis un peu plus tard, vous « fessez » le glorieux Reims et ses vedettes de 58 ainsi que le champion de France niçois. Il y a eu un déclic tout de suite avec cette première équipe de VA ?

En fait, c’est bien la victoire 7-3 à Bordeaux qui a été le déclic. Des affinités rapides avec certains de vos coéquipiers, hors football ? A cette époque, pas vraiment d’affinités particulières en dehors du football : j’étais dans une pension de famille, chez Madame Mirland qui travaillait conjointement avec Robert Domergue : strict contrôle des horaires de sortie les veilles de matchs !

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VA fait une bonne saison 1959-60 et termine pour la première fois de son histoire dans le top 10 (8ème). Je suppose que vous êtes satisfait aussi de votre première saison ? Complètement, car je me sentais bien intégré dans l’équipe.

1960-61. Au grand dam des dirigeants, votre ex-coéquipier Van Sam ne rejoint finalement pas VA en fin d’année et part au Racing. A raison semble t-il, puisqu’il vous précèdera en équipe de France, mais au regard de la suite de sa carrière moins brillante, pensez-vous qu’il aurait mieux réussi sur la durée avec Domergue et VA ? Peut-être, car le tandem Bonnel -Van Sam aurait pu être reconstitué et je pense que Guy se serait bien entendu avec Robert Romergue. L’armée s’annonce et vous êtes stoppé net dans votre élan… J’étais au service militaire au Bataillon de Joinville. J’en garde un bon souvenir malgré deux séjours de 4 mois en Algérie, en période de guerre… Thadée Cisowski, l’un des « poids lourds » du championnat, arrive, et tous les espoirs sont permis pour cette seconde saison où vous êtes malheureusement très peu disponible, et à l’arrivée ça se passe… moyennement bien. Cisowski peinait à trouver ses marques car le schéma de Domergue était compliqué pour lui.

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Le jour de Noël 1960, vous revenez de l'armée, Robert Domergue prive les joueurs de réveillon pour cause de match… En fait, pour nous, ce jour de Noël était un jour comme les autres car nous devions jouer en championnat…

Domergue, c’est un peu comme l’armée, ça ne doit pas trop vous dépayser?

Il est vrai que les entraînements étaient très stricts et il ne nous ménageait pas. On en bavait, parfois jusqu’à en vomir sur la piste… Certains, même, devaient revenir au stade l’après-midi si la pesée du matin n’était pas satisfaisante.

Bielsa à Marseille, c’est un peu le Domergue d’aujourd’hui ?

Je ne connais pas suffisamment ses méthodes pour pouvoir le comparer à Robert Domergue…

Pour votre retour, vous « tapez » Saint-Etienne, mais par la suite, Robert Domergue ne trouve pas vraiment l’osmose et vous revoilà en D2. Coup d’arrêt dans votre ascension après une saison « tronquée ». Vous êtes revanchard ?

Revanchard, non, car ce n’est pas dans mon tempérament, mais tout de même décidé à tout faire pour remonter rapidement !

1961-62, la Division 2. Guinot, Mayet, Keller rejoignent le groupe… Bon recrutement. Keller était un des meilleurs buteurs du championnat, Mayet un solide défenseur…

Lubiato Schaeffer Matzky Puccar Carrié Guinot Provelli Mayet Markiewicz Cordier Makowski Bonnel Keller Masnaghetti Guillon Domergue

On a l’impression que c’est la balade pour VA, mais il y a quand même en face Marseille, Lille, Bordeaux, Nantes, Grenoble cette saison là… Tout à fait, la concurrence était rude et il ne fallait rien lâcher…

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Une nouvelle dynamique semble se créer, Masna passe aux avant-postes et cartonne, Piumi est sélectionné en équipe de France. On sent un frémissement, non ?

C’est vrai qu’avec des joueurs comme Masna et Piumi, l’équipe avait déjà à ce moment le potentiel pour jouer en D1.

A cette époque, beaucoup de joueurs pros étaient sous-payés. Les conditions de vie étaient difficiles en ce début d’année 60 ?

On ne roulait en effet pas sur l’or… mais les conditions de vie étaient très convenables. 1962-63. Tout va très vite après le retour en D1 car après une série de bonnes prestations, vous voilà maintenant sélectionné en équipe de France… Des souvenirs ?

J’étais impressionné par Raymond Kopa qui était pour moi le meilleur de l’époque, et j’ai été bien accueilli par l’équipe qui m’a mis à l’aise d’emblée.

France – Hongrie : Rodzik Ferrier Wendling Goujon Sauvage Bernard Maryan Bonnel Kopa Di Nallo Lerond

Cette saison est aussi l’année « Masna »…

Son efficacité devant le but était impressionnante.

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Sur ses 35 buts, vous lui en donnez combien ? Je crois que c’est impossible à chiffrer !

Avec Serge Masnaghetti, deux Valenciennois en équipe de France en 1963 devant 72 000 spectateurs en Espagne, quelle fierté pour VA! Et pour vous, le SO Montpellier doit vous sembler loin ?

LE S.O.M me semblait déjà bien loin mais j’avais toujours une pensée pour ce club qui m’avait permis d’arriver là.

Bilan en bleu cette saison là : 1 victoire, 3 nuls, 3 défaites, mais de très bons matchs face à de très grosses équipes (Angleterre, Allemagne, Espagne, Hongrie, Hollande, Brésil). Vous résistez au prochain champion d’Europe chez lui (l’Espagne), « tapez » les Anglais prochains champions du monde 5-2…Pas mal, non ?

Ces résultats étaient en effet très prometteurs et laissaient en espérer d’autres…

Ca va chauffer pour les Anglais ! (5-2)

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Avec en point d’orgue, ce fameux match face au Brésil. Ca fait quoi de jouer Pelé ?

J’étais assez impressionné au début du match mais en cours de partie, mes craintes ont disparu car mon rôle était de le marquer… Ce fût un travail harassant car dans le jeu, Pelé était très malin.

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En plus de l’Equipe de France, il y a les voyages de VA. Aux USA pour commencer… Ce fût un souvenir inoubliable lorsque j’ai vu la statue de la Liberté et les immenses gratte-ciel. Les équipes engagées étaient Recife (Brésil), Mantoue (Italie), Munster (Allemagne) et West Ham (Angleterre), au tournoi de New-York. L’équipe de France à cette époque, ça paie un peu ? Le quotidien s’améliore ? Il me semble que nous n’avions pas de prime de match, si toutefois il y en avait elles ne devaient pas être importantes.

Considérant les émoluments actuels, n’avez-vous pas le sentiment d’être né trente ans trop tôt ?

Je n’ai aucun regret question salaire car je faisais un métier qui me plaisait et qui m’a apporté beaucoup de satisfactions, avec notamment une participation à la Coupe du Monde et les deux Coupes de France.

Le VA des années soixante : une équipe « soudée »

1963-64. Déjà votre cinquième saison dans le Nord, vous êtes devenu un vrai ch’ti ? Vous n’avez pas le mal du pays ? Je n’avais pas le mal du pays car entre-temps je m’étais marié et comme mon épouse s’était bien adaptée. Nous menions une petite vie tranquille.

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Comment occupez-vous le temps extra-sportif à Valenciennes ?

Comme mon épouse était enseignante et n’était pas souvent à la maison, je passais beaucoup de temps à visionner et à coller des petits films que je faisais avec une caméra lors de mes voyages. Nous avions également des amis hors-football. Un peu plus tard, je m’occupais de mon fils Claude (né à Valenciennes) et lorsque les activités me le permettaient, j’allais souvent le promener en forêt de Saint-Amand. Sur la lancée, le 4-2-4 de Robert Domergue fait un tabac.

Cela représentait beaucoup de travail à l’entraînement car il fallait très vite assimiler les consignes. La tactique mise en place par Robert Domergue était basée sur l’anticipation et le travail en une ou deux touches de balles. Toujours être en mouvement, sauter les lignes… Des situations qu’on répétait à n’en plus finir mais ce travail portait ses fruits et en match, c’était un vrai régal.

VA 1963-64 : Matzky Mayet Magiera Piumi Cordier Kocik Guinot Bonnel Préseau Sansonetti Guillon.

Une superbe saison 1963-64 avec un petit coup d’arrêt suite au fameux match contre Saint-Etienne. Vous en avez des souvenirs ? Bolec Kocik, qui était un garçon charmant dans la vie courante, perdait quelque fois son sang-froid sur les terrains de football, et c’est ce qui c’est produit lors du match de Saint-Etienne. A la suite d’un tacle très appuyé de Bolec sur Domingo, celui-ci a été victime d’une fracture de la jambe qui a mis fin à sa carrière. A la suite de cet incident, Bolec a été la « bête noire » de tous les terrains de football. Demi-finale de Coupe de France 1964 face à Aubour, Djorkaeff, Di Nallo, Combin et consorts : Lyon sort VA 2-0. C’est l’un des gros regrets de votre carrière ? Sur le moment beaucoup de regrets, mais malgré notre défaite, les spectateurs nous ont réclamé un tour d’honneur, car nous avions particulièrement bien joué. Et par la suite, je me suis rattrapé avec Marseille !

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Sedan souffre à Nungesser ce 24 février 1964. 2-0 au final Des souvenirs de la tournée à Hong-Kong ? Je n’ai pas participé à cette tournée à Hong-Kong car bizarrement, j’étais indispensable à l’équipe de France ! Revigorée, l’USVA termine superbement, avec une très belle sixième place. Ce 4-2-4 spectaculaire venait même à bout des formations « catenaccio » ? Ces formations « catenaccio » ne nous posaient pas trop de problèmes car nous arrivions toujours à faire circuler le ballon.

Les cartes postales dédicacées par toute l'équipe en tournée, c’est une idée à vous ou c'était une pratique courante dans le foot ? C’est une idée à moi, et à chaque déplacement important, j’envoyais à mes parents et amis un petit souvenir – ce qui faisait un nombre important de cartes – cela me faisait plaisir.

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Eté 1964. Epoque charnière… Etienne Sansonnetti, pourtant futur meilleur buteur du championnat, quitte le club au bout d’un an…

Etienne n’arrivait pas à mettre en pratique les méthodes de Robert Domergue, ce qui l’a certainement découragé et a causé son départ. Paul Sauvage, ancien champion de France avec Reims, vous rejoint alors. Le renfort idéal cette année-là ? Paul a été une excellente recrue pour l’équipe, il était très adroit dans les frappes de balle et avait le sens du but.

Paul Sauvage s’envole à Nungesser contre Lille. Joseph Bonnel est à l’affût.

Il n’est pas étranger à votre triplé pour commencer contre Rouen la première journée… C’était la première fois que je marquais trois buts dans un match. Départ un peu poussif avant que la machine ne se mette en route. Une irrésistible série qui propulse VA en tête du championnat, en novembre 1964, pour la première fois de son histoire, pendant plusieurs semaines et votre aura grandit encore. Vous avez d’avantage de sollicitations ? Je n’étais pas sollicité pour autant par les médias… Indirectement, ils semblaient présents, si j’en crois cet extrait d’un magazine du 27 mai 1965….

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Qu’est-ce qui manque à VA (3ème à 3 points de Nantes) cette année-là ? Robert Domergue impute la perte du titre aux diverses blessures, et notamment celle de Paul Sauvage… C’est aussi mon avis.

Est-il possible de comparer deux de vos équipes, celle de VA qui a failli terrasser l’ogre nantais, et celle de l’OM qui de son coté parvînt à ses fins face à l’ogre stéphanois, quelques années plus tard ? Pas vraiment, parce qu’elles n’avaient pas les mêmes méthodes de jeu et ensuite parce que la valeur des joueurs n’était pas la même. Puisque l’on parle de la valeur des joueurs, quelques mots sur les qualités de vos principaux coéquipiers de cette équipe « mythique » de VA. Commençons par notre gardien, Joseph Magiera. Très sûr de lui, calme, sens du placement… Jean-Claude Piumi ? Une classe exceptionnelle, très habile dans les tacles, et une très bonne détente dans le jeu de tête. Louis Provelli ? Rugueux sur les tacles, mais sans chercher à blesser l’adversaire. C’était un gagneur. Patrice Mayet ? Très solide en défense. Il n’hésitait pas quelquefois à monter à l’attaque.

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Nous en parlions tout à l’heure, Bolec Kocik ? Son tempérament de gagneur le poussait souvent à commettre des excès et son jeu devenait alors très agressif.

Wolfgang Matzky ?

Elégant, efficace, correct, mais rude...

La blessure de Masnaghetti n’empêchera pas VA de fêter la nouvelle année 1965 dans le fauteuil de leader

(Matzky Piumi Kocik Magiera Provelli Guinot Bonnel Guillon Charpentier Sauvage)

Guy Guillon ? Très rapide au poste d’ailier droit. Jean-Pierre Guinot ? Très bon joueur, très bonne mentalité. Serge Masnaghetti ? Sens inné du but. Après une telle saison, Valenciennes ne peut que viser le titre en 1965-66 ? Evidemment, lorsqu’on a terminé troisième la saison précédente à trois points du leader Nantes, on vise le titre.

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Même après la rechute de Paul Sauvage ? Je ne pense pas que celle-ci ait eu de conséquence sur les résultats de l’équipe. Avec Henri Makowski dans le onze, VA effectue en effet encore une fois une très belle saison. A l’époque, le statut de remplaçant n’avait pas grand chose à voir avec aujourd’hui. Ceux qui entraient devaient se défoncer encore plus ? C’est un fait que celui qui était remplaçant faisait le maximum pour conserver sa place le match suivant. Avec un effectif stable, vous avancez à un rythme de métronome, victoire à domicile, nul à l’extérieur, avec juste deux ou trois accidents. Quasiment toute l’année deuxième dernière Nantes. Ils étaient vraiment intouchables cette saison-là ? Le Nantes de 1965-66 nous a été supérieur et a survolé le championnat.

Clément Mayet Kocik Provelli Piumi Matzky Magiera Domergue Guinot Bonnel Sauvage Masnaghetti Guillon

Viens ensuite la fin de l’année 1965, et une nouvelle tournée d’hiver, en Côte d’Ivoire… C’était la première fois que j’allais Afrique et j’ai toujours gardé un excellent souvenir de ce voyage. Après Paul Sauvage, rechute cardiaque pour Serge Masnaghetti, c’est vraiment la scoumoune ? En ¼ de seconde, une carrière peut se briser. Vous avez de votre côté toujours évité les blessures à un poste où pourtant vous deviez prendre des coups, non ?

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J’arrivais à éviter les coups ! La seule blessure de ma carrière fût un arrachement de la malléole à une cheville. Malgré les résultats (encore 3ème au final), le public ne vient plus forcément en masse, ou seulement pour les grandes occasions. Est-ce selon vous l’une des raisons du départ de Robert Domergue en fin de saison? Son départ n’a pas eu que des raisons professionnelles, des raisons personnelles sont venues s’y ajouter. Comment se passe l’avant Coupe du monde ? Il y avait la même effervescence qu’aujourd’hui ? Pas un engouement identique à celui d’aujourd’hui.

Juin 1966 : Bonne préparation au Mondial pour la France en U.R.S.S

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Le Mexique à Wembley devant 55 000 personnes pour commencer, il y avait mieux à faire qu’un nul ?

Le Mexique n’était pas arrivé à ce stade de la compétition par hasard, ils avaient une très bonne équipe. Après la défaite contre l’Uruguay, il ne restait plus qu’un exploit contre l’Angleterre de Gordon Banks, Bobby Moore et des frères Charlton. L’équipe y croyait ?

Les Anglais possédaient une équipe très solide, avec de super-joueurs… Mais lorsqu’on est rentré sur le terrain, c’était avec la volonté de gagner.

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Au final, déception ? Malgré une élimination rapide, je garde un très bon souvenir de la Coupe du Monde et j’ai retiré une certaine fierté d’avoir participé à un tel évènement !

Joseph Bonnel #4 France National Team match worn jersey versus Mexico National Team for FIFA

World Cup played in England on July 13th 1966.

Vu sur internet… Eté 66, retour au quotidien valenciennois... Sans Robert Domergue… Quand on a passé autant d’années avec le même entraîneur, c’est certain que ça fait drôle de ne plus le voir aux commandes de l’équipe ! Gaby Robert, c’est forcément un autre style ? Gaby Robert a continué à appliquer les méthodes de Robert Domergue. Il pensait que c’était un système de jeu bien établi qui avait fait ses preuves. Toutefois, il y avait une plus grande souplesse dans les entraînements.

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Mauvais départ (4 défaites), mais vous recollez petit à petit, en partie grâce à une défense de fer… Conséquence, vous êtes avec Piumi et Provelli, trois Valenciennois sélectionnés en équipe de France le 22 mars 1967 contre la Roumanie, c’est un peu le jour de gloire de l'histoire de VA. Vous en avez des souvenirs ? A vrai dire, plus vraiment… Petit focus sur les derniers partenaires à VA. Un autre remplaçant qui s’impose enfin en défense, Jean Sérafin, une attaque un peu moins performante, avec notamment de l’exotisme inhabituel à VA, Fernando, et de la jeunesse, Jean-Claude Bras, un futur bleu lui aussi… Jean-Claude Bras était très rapide et avait une belle frappe de balle. Des sélections méritées. Hélas pour nous, clap de fin à VA. Pouvez-vous nous en raconter les circonstances ? VA avait besoin de trésorerie et n’a pas fait de difficulté pour me transférer à Marseille qui m’avait contacté sur les conseils de Robert Domergue. Ca vous fait quoi de repartir après huit ans passés dans le Nord ? Le proverbe dit qu’on pleure deux fois, une fois en arrivant et une fois en repartant… Il est évident que l’on ne quitte pas un club, une région et beaucoup d’amis sans un pincement au cœur… Mais le métier de footballeur a ses exigences !

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Joseph Bonnel laissant derrière lui son jardin, le stade Nungesser

Eté 1967. Nouveau club, une nouvelle vie à Marseille, vous êtes-vous directement adapté, ou il a fallu un temps ? La présence de Robert Domergue a joué ? J’ai perdu mon père en septembre 1967 dans des conditions atroces (explosion d’une bouteille de butane), ce qui m’a énormément perturbé. La présence de Robert Domergue m’a beaucoup aidé car il m’a fait confiance malgré des passages à vide. Outre l’entraîneur, vous retrouvez dans cette équipe de l’OM des noms qui seront bientôt bien connus par chez nous, faisant le chemin en sens inverse : Escale, Destrumelle, Joseph… C’est vous qui leur avez parlé du pays ? Absolument pas… Les conditions de vie sont un peu meilleures dans le Sud, j’imagine… Mis à part le soleil, les conditions de vie étaient les mêmes qu’à Valenciennes. Merci. L’objectif de votre première saison à l'OM était le titre ? Bien évidemment !

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Vous manquez l’aller contre VA à domicile mais êtes bien présent au retour où vous perdez 1-0. Ca vous fait drôle les premiers retours à Nungesser ? Vous n'êtes pas un peu perturbé ? Pas spécialement perturbé, mais heureux de retrouver tous les coéquipiers et amis. Par contre, dès que le match a commencé, il n’a plus eu d’amis, je jouais pour gagner ! Saison correcte pour l’OM mais bizarrement, vous ne retrouvez pas l’équipe de France… Ca vous a questionné ? Pas du tout, car seul le sélectionneur était juge. La seconde année, après une défaite à Rouen, exit Robert Domergue… Le message ne passait plus auprès de certains joueurs à forte personnalité. Comment avez-vous vécu son limogeage ? Très mal. L’OM repart aussitôt de plus belle avec 5 victoires consécutives, puis se concentre sur la Coupe de France 1969. Et là, vous êtes particulièrement décisif… Au match retour OM-ANGERS, en demi-finale, je marque à la fin des prolongations et ce but nous qualifie pour la finale. Le Stade Vélodrome était en folie…

Timing parfait, œil du tueur. Une aubaine pour les photographes.

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Le palmarès, c’est ce à quoi vous aspirez depuis le début de carrière, je suppose, et c’est fait en finale contre Bordeaux. Gagner la coupe c’était un rêve ? On ressent quoi lorsqu'on la soulève ? C’est un grand bonheur, le rêve se transforme en réalité ! Le gain de la coupe est un peu une revanche après votre seule sélection en bleu « malheureuse » (5-0) de la période OM. Cette dernière sélection (comme la première, en Angleterre) ne vous reste pas trop en travers de la gorge ? J’aurais préféré mettre fin à ma carrière internationale par une victoire, mais l’équipe d’Angleterre était trop forte pour la nôtre. La troisième année, vous gagnez enfin à Nungesser avec Marseille. Par la suite, vous voyez VA et vos anciens partenaires en très grosse difficulté. Vous restez informé de tout ce qui se passe dans le club ? Tout comme aujourd’hui, tout ce qui touche à Valenciennes ne me laisse pas indifférent. A cette époque-là, j’étais en contact avec certains joueurs et suivait les péripéties du club. A partir de 1970, Marseille revient au sommet. Vous jouez désormais plus haut sur le terrain ? Comme l’équipe dominait, j’étais appelé à soutenir les attaquants et de ce fait je jouais plus haut.

Et en matière d’attaquants, il y avait pire, non ? Beaucoup de joueurs auraient aimé avoir Josip Skoblar et Roger Magnusson dans leur équipe et je suis conscient que j’ai eu beaucoup de chance de les avoir comme partenaires.

Joseph régalant une fois encore le Vélodrome.

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Le premier titre de champion en 1971, c’est encore plus fort que la Coupe ? Gagner la coupe de France est beaucoup plus excitant que le championnat car c’est un véritable parcours du combattant. Le doublé de 1972, c’est la consécration. On peut encore être motivé après ça ? Ce doublé nous permettait de participer à la Coupe d’Europe des clubs champions et notre motivation était intacte.

Second match de l’histoire du Parc des Princes et seconde coupe pour Joseph Pas de bol au tirage avec la Juve ou l’Ajax. Vous êtes l’un des rares en France à avoir vécu « en direct », ce fameux mythe de l’Ajax de Suurbier, Krol, Haan, Cruyff, et autres Neeskens… Devant de telles équipes, on n’avait la crainte de ne pas être à la hauteur… et ne pouvait avoir que de l’admiration. A cette époque vous jouiez avec notre Valenciennois Daniel Leclercq… Il a eu quelques difficultés au départ pour s’imposer mais petit à petit, il a pris de l’assurance et a gagné sa place dans l’équipe. Si vous deviez dresser le bilan de ces années à Marseille ? Quelles différences fondamentales avec celui de VA ? Bilan plus que positif : Coupe de France 1969, Champion de France 1971 et doublé en 1972. A VA, je n’ai jamais rien gagné mais le bilan était surtout sur le plan « humain », je m’y étais mieux intégré.

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Déjà 15 ans de carrière : «Provence-Magazine » immortalise Joseph et ses souvenirs, dont le fameux maillot n°4 de 1966.

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Eté 1973. Comment devenez-vous entraîneur ? A 34 ans, vous n’aviez pas envie de continuer sur le terrain en D1 ? Suite au limogeage de Kurt Linder, Mario Zatelli, qui avait assuré l’intérim pendant 2 matchs, m’encouragea à prendre la direction de l’équipe. Comme j’avais décidé de mettre un terme à ma carrière de joueur, j’ai accepté sa proposition. Vous êtes connu comme quelqu’un de plutôt réservé, ça n’est pas un peu compliqué de passer entraîneur ? Evidemment, devenir du jour au lendemain le « patron » de joueurs dont j’étais l’équipier quelques mois plus tôt n’a pas été facile, et je me suis trouvé en butte à l’ingratitude de certains. Dans la philosophie de jeu et dans le style, de qui vous sentiez-vous le plus proche, Domergue, Zatelli, Leduc ? Des trois entraîneurs que vous citez, c’est bien sûr Robert Domergue qui m’a servi de « modèle » et j’ai essayé d’appliquer ses conceptions de jeu. Vous avez oublié l’entraîneur qui n’est pas resté longtemps à l’OM, Kurt Linder (24 matchs lors de la saison 1972-73). Il m’a beaucoup apporté à tel point que je prenais des notes après chaque entraînement. Il ressemblait assez à Domergue pour ses méthodes et sa façon de mener les entraînements. Ca commence bien (6-1 contre Strasbourg), mais les résultats ne durent pas… Certains joueurs à forte personnalité ont contesté mes choix, ce qui a entraîné une situation très délicate par la suite et des résultats très moyens. La mise à l’écart, comment l’avez-vous personnellement vécu ? Très déçu par cette mise à l’écart car je m’étais investi à fond mais comme entre-temps j’avais eu des propositions de Béziers, ça m’a permis de rebondir. Justement, vous signez à Béziers en début d’année 1974 et renfilez le maillot, ça vous manquait ? Quelque part, oui. Entraîneur-joueur, c’est pas un peu compliqué ? Comment ça se passe, au cours du match, on choppe un partenaire et on lui dit : « tu sors » ? Ce n’était pas compliqué du tout car j’arrivais à Béziers avec une certaine expérience et les joueurs étaient respectueux et ravis de m’avoir comme entraîneur-joueur. L’ambiance était très bonne. Et tout de suite, le fameux coup du destin, en Coupe où vous « tapez » l’OM. Vous vous y attendiez ? Qu’est-ce que vous avez ressenti ? Tomber sur l’OM en Coupe de France était une ironie du sort… mais j’ai tout de même ressenti cette victoire comme une petite revanche !

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Joseph Bonnel porté en triomphe : il vient avec Béziers de jouer un bon tour à ses anciens joueurs de l’OM

Un tel exploit dans la peau du « petit », ça ne vous rappelle pas un peu votre jeunesse, les premiers « coups » de VA ? Il y avait eu en 1959-60 ces victoires importantes notamment contre le Stade de Reims de Kopa ou contre l’OGC Nice champion de France en titre, mais cette victoire en Coupe de France 1974 de Béziers contre l’OM m’a apporté encore plus de satisfaction ! Vous aviez quelques bons joueurs avec vous à Béziers ? Certains ont-ils fait carrière ? J’avais dans l’équipe trois joueurs confirmés qui venaient de la Division 1 (ayant joué à l’OM), Joseph Yegba Maya, Jean-Pierre Lopez et Christian Donnat. Plus les autres joueurs qui avaient un très bon niveau, notamment Jean Fernandez qui a été sélectionné en équipe de France junior, et par la suite est devenu entraîneur de l’OM et de nombreux club français et étrangers. En 1976, vous êtes tout prêt de la montée à mi-parcours… puis patatras ! Que s’est-il passé ? L’ambiance à l’AS Béziers s’était dégradée : salaires non payés pendant plusieurs mois d’où grogne des joueurs. Cela a entraîné une certaine lassitude et désillusion…

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Vous auriez pu retrouver VA en coupe en 8ème cette année-là. Ca vous aurait plu, une « der » à Nungesser ? Pourquoi pas ? Quitte à entraîner un club en difficulté, vous auriez presque pu revenir un jour à VA… Ca ne vous a jamais effleuré à un moment où Jean-Pierre Destrumelle souhaitait partir ? J’avoue qu’à aucun moment je ne me suis vu y repartir comme entraîneur ! Vous raccrochez les crampons (une seconde fois) en 1976 puis le haut niveau par la suite. Vous n’avez plus eu de propositions ? Une opportunité s’est présentée à moi : un très bon ami d’Aubagne m’a mis en contact avec le Maire de cette ville, celui-ci m’a proposé de diriger le service des sports nouvellement créé et en même temps le poste d’entraîneur-joueur du club local qui évoluait en P.H.R. Retour donc à la vie « normale », vous avez vécu ça comment ? Vous avez totalement quitté le monde du foot ? Malgré une charge de travail et des responsabilités importantes au service des sports de 1978 à 1997, j’ai aimé ce travail qui m’a permis de rencontrer énormément de personnes, sportives ou non, et de garder un contact avec le milieu du football. J’ai pris ma retraite anticipée en 1997 à cause de problèmes de santé (notamment prothèse de hanche). Etes-vous parfois remonté dans le Nord ? Après votre départ, VA vous a-t-il parfois invité avec votre épouse ? Nous sommes remontés plusieurs fois avec mon épouse dans le Nord, notamment à l’accession de VA en ligue 2, de la remise de la médaille du travail à Auguste Place, ainsi que pour les 50 ans de la société de transport Place. Il faut savoir que les déplacements de l’équipe de VA se faisaient tout au début avec un mini-bus conduit par Monsieur Place, qui faisait partie de la grande famille de VA. J’en ai de très bons souvenirs. Restez-vous en contact avec des anciens de VA ? Parmi les anciens, celui avec lequel j’étais le plus en contact était Louis Provelli qui est malheureusement décédé il y a quelques mois. Vous êtes resté un passionné ? Au cours de ces dernières décennies, vous avez suivi avec attention le foot et parcours de vos anciens clubs, ou pas tellement ? Passionné, non… mais intéressé par les résultats de Valenciennes et de Marseille ! L’affaire VA-OM a forcément dû avoir pour vous un goût particulier… Ca vous a surpris ? A entendre certains, ce type d’arrangement existait déjà antérieurement. Dans toute votre carrière, vous n’y avez jamais été confronté, ou eu vent de quelque chose ?

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J’ai été très surpris par cette affaire VA-OM car durant toute ma carrière je n’ai jamais été confronté a pareille situation ni eu connaissance de telles pratiques, et ceci en toute sincérité… Quand vous regardez en arrière, des regrets ? Y a t-il des choix que vous ne referiez pas si c’était à refaire ? Je n’ai absolument pas de regrets car ma vie professionnelle m’a apporté beaucoup de joies et m’a permis de réaliser mon rêve d’enfant. Si c’était à refaire, mes choix seraient les mêmes. En 2010, vous figurez dans l’équipe du siècle de l’OM (Barthez – Di Meco, Boli, Mozer, Amoros – Deschamps, Bonnel, Stojkovic – Skoblar, Papin, Waddle). Ca vous a ému ? Surpris ? J’ai été très surpris de figurer dans cette équipe car je pensais qu’il y avait des joueurs bien meilleurs que moi, mais au final j’en suis très flatté… Un commentaire sur vos « partenaires » ? Je suis un peu déçu de ne pas voir Roger Magnusson figurer dans cette équipe du siècle car c’était un joueur de grand talent. http://s.om.net/om/file/201004/fonc_dt_960.jpg Deux ex-Valenciennois dans l’équipe du siècle de l’OM

Vous avez des enfants ou petits-enfants qui ont joué / jouent au foot? Mon fils aîné Claude (49 ans) a été un très bon gardien de but et a joué dans les clubs locaux, quant au second Laurent (45 ans), il a joué à Sète et à Agde. Ils sont restés très sportifs et pratiquent le vélo ou le VTT régulièrement et ont un bon niveau ; quant à mon plus jeune petit fils Andréas (3 ans), c’est un fou de ballon et il me demande souvent de jouer au foot avec lui ! C'est quoi la vie de Joseph Bonnel aujourd’hui, quels sont vos centres d’intérêt ? Une vie de retraité tranquille à Florensac, avec l’entretien d’un grand jardin, des ballades dans la campagne environnante ; écouter de la musique (André Rieu, Franck Michael, etc…), revoir des anciennes photos ou articles de presse, m’occuper de mes petits-enfants…

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Joseph Bonnel et son équipe actuelle : Mathis, Andreas et Marianne.

Y a t-il des choses qui vous ont toujours insupporté, ou que vous n’avez jamais aimées ? Je déteste les gens imbus de leur personne, ceux qui ont trop d’arrogance et les tricheurs. Des gens qui ont beaucoup compté pour vous ? Celui qui a le plus compté est sans aucun doute Robert Domergue, mon père spirituel, et en remontant dans le temps René Franquès, mon premier entraîneur. Avez-vous accroché le wagon des nouveaux moyens de communication (Internet, smart-phone, etc), ou en êtes vous plutôt resté à un mode de vie plus « à l’ancienne » ? Très à l’ancienne… Avez-vous déjà regardé ce qui est dit de vous sur Internet ? Mon épouse qui y va de temps en temps me fait lire ce qu’elle trouve me concernant (Wikipedia, OM 4 Ever) et m’en fait des copies. Lorsque vous avez appris que Nungesser allait être rasé, qu’en avez-vous pensé ? J’ai été affecté par la démolition du Stade Nungesser car c’était 8 années de ma vie et beaucoup de souvenirs qui « partaient en fumée ».

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Le nouveau stade du Hainaut, vous y êtes déjà allé ? Si oui, comment le trouvez-vous ? Je suis retourné à Valenciennes il y a deux ou trois ans pour le jubilé de Bernard Chiarelli qui m’a fait voir le Stade du Hainaut de l’extérieur, donc je ne peux pas porter de jugement. Si une occasion d’y venir se présentait prochainement, vous remonteriez encore volontiers, ou ça devient un peu compliqué ? J’aimerais bien revenir à Valenciennes mais ça devient compliqué maintenant car je ne fait plus de trajet aussi long en voiture. Le train c’est très bien mais ensuite je n’ai plus de moyen de locomotion pour me déplacer. Quel est votre regard sur le VA d’aujourd’hui ? Pour être honnête, je dois avouer que je ne fais que regarder les résultats… Vous êtes encore beaucoup sollicité aujourd’hui ? Je reçois de temps en temps des lettres venant de l’étranger contenant des photos à signer. L'entretien se termine, comment avez-vous vécu cette petite immersion dans le passé ? Au début, j’étais un peu « paniqué » par ce projet vu le nombre incalculable de questions, mais petit à petit j’ai réussi à remonter dans le temps (malgré quelques oublis parfois) et cela m’a fait un bien énorme. Ce questionnaire ne pouvait être qu’à la dimension de votre incroyable carrière. Je vous en remercie d’autant plus, également au nom de tous nos supporters qui vivent actuellement une période difficile et auront certainement apprécié comme nous ce petit voyage autobiographique. Le mot de la fin sera donc à leur attention, qu’auriez-vous envie de leur dire ?

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Joseph BONNEL en chiffres : 19 saisons pro (1957-76) 695 matchs 151 buts

Equipe de France : 25 matchs 1 but (dont Coupe du Monde : 3 matchs)

Division 1 403 matchs 83 buts

Division 2 172 matchs 41 buts

Coupe de France 69 matchs 21 buts

Coupe Drago 13 matchs 3 buts

Coupe des Champions (C1) 6 matchs, 1 but

Coupe des Coupes (C2) 4 matchs

Coupe UEFA (C3) 3 matchs

Montpellier 87 matchs 31 buts

Valenciennes 264 matchs 49 buts

Marseille 238 matchs 56 buts

Béziers 81 matchs 14 buts

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Un grand merci à Joseph Bonnel pour avoir « essuyé les plâtres » de cette première. Merci également à son épouse Monique qui s’est investie à fond avec nous dans ce projet.

Thierry MORNEAU

VAhistorique.blogspot.fr