Entre Bruit Et Silence Yves Bonnefoy Maître de Chapelle

8/17/2019 Entre Bruit Et Silence Yves Bonnefoy Maître de Chapelle

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Entre bruit et silence: Yves Bonnefoy Maître de Chapelle ?(Esquisses acroamatiques)

La porte s’ouvre. Un orchestre s’avance.

[P 58]

1[1] L’inquiète voixHeureuse sous les roches du silence […][P 171]

L’œuvre d’Yves Bonnefoy, on ne peut en douter, est envahie par le reardport! sur les peintres et sur le "onde, !vident et soutenu, "ais elle esttoutefois profond!"ent travaill!e, #ertes de fa$on "oins "anifeste "aissans doute tout aussi d!#isive, par une !#oute tour % tour in&ui'te() *’!#oute, +e ne sais &uel ruit - [P .77]/ et aandonn!e, voire, % l’instar

de la per#eption non0th!ti&ue de la ph!no"!noloie.[.], d!laiss!e[]() *’!#oute, +e #onsens - [P .72]/3

4ette !#oute vari!e, sutile, #ette fne écoute, est #apale de donner leurpla#e, leur vrai lieu, au nuan#es les plus diverses (par ee"ple la saisied’un ) "6"e ruit d’aeilles ans le ruit de la neie - [9L 1:7],per"ettant ainsi une ouverture % l’in;ni, #o""e dans la for"ulationsuivante, dans la&uelle un "o"ent "usi#al, r!duit % sa phase in#hoative,se"le instaurer la dyna"i&ue d’une for#e hors du #o""un < ) =u as

vain#u, d’un d!ut de "usi&ue, La for"e &ui se #l>t dans toute vie3 -[9L 25]

?l y a par #ons!&uent eau#oup d’a#ous"ates:[:] dans #ette œuvre,en raison des ) o+ets - sutils &u’une telle !#oute se propose

1[1] @r!viations < Poèmes (Du mouvement et de l’immobilité de Douve, Hier régnant désert ,

Pierre écrite, Dans le leurre du seuil/, Po!sieAalli"ard, 18. [P] C e qui !ut sans lumière,suivi de Début et fn de la neige, Po!sieAalli"ard, 11 [9L] C "ue #raversière et autres récitsen r$ve, Po!sieAalli"ard, 1. [D=] C La %ie errante, suivi de "emarques sur le dessin,Po!sieAalli"ard, 1 [EF]

.[.] Eoir, entre autres, #ette for"ule de Gerleau0Ponty < ) la per#eption oriinaire est uneep!rien#e non0th!ti&ue, pr!o+e#tive et pr!#ons#iente3 - (dans Phénoménologie de la

perception, Aalli"ard, 1:5, p3.7/

[] 4e d!laisse"ent est le #ontraire d’une fuite, tel #elui &ue d!non#e Bonnefoy dansL’&mprobable < ) ?l y a dans l’ho""e #on#eptuel un d!laisse"ent, une apostasie sans ;n de #e&ui est3 - (p3.1/

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d’entendre, et on assiste "6"e souvent, #o""e dans la #itation &uipr!#'de, % leur naissan#e35[5]

eu ee"ples, par"i d’autres, en #e &u’ils peuvent 6tre #onsid!r!s#o""e des e"l'"es3

Pre"ier ee"ple < la ) voi d’interdit - [D= 1.2], &ui retentit aussidans 'n me parlait [EF 25], "e rappelle irr!sistile"ent #e &ue les"oralistes d’autrefois appelaient le di#ta"en2[2], di#t!e de la #ons#ien#e!thi&ue (ou en#ore #ette r!sonan#e du pre"ier #o""ande"ent, ) tu netueras point -, dont L!vinas su're &u’elle vire en &ui se trouve devantun visae/3 4’est ainsi &ue l’univers a#ous"ati&ue de Bonnefoy se"lehaituelle"ent tou+ours0d!+% #o"p!n!tr! de philosophie H "!taphysi&ueet !thi&ue "6l!es3

eui'"e ee"ple < il y a souvent, nota""ent dans Douve, l’ins#riptiond’un a#ous"ate dans le #orps, ou plut>t son !"eren#e 7[7] depuis le#orps, #o""e a"pli;#ation, en ruisse"ent de san < ) La "usi&uesupr6"e #o""en#e dans la "ain, dans les enou, puis #’est la t6te &ui#ra&ue, la "usi&ue s’aIr"e sur les l'vres, sa #ertitude p!n'tre leversant souterrain du visae3 - [P 5.] Jn peut noter &u’i#i la propaationa#ous"ati&ue est si Kpre, si har#elante, &u’elle aoutit % une violente#!#it! &ui a#h've de ploner la sensiilit! dans une sorte de fantasti&ue!l!"entaire < ) pr!sent se dislo&uent les "enuiseries fa#iales3

pr!sent l’on pro#'de % l’arra#he"ent de la vue3 - [ibid3] 4ette #hute dansun aM"e a#roa"ati&ue8[8] situ! % "6"e le #orps #onstitue ainsi ledeui'"e paradi"e a#ous"ati&ue #her % Bonnefoy < si le pre"ier

:[:] Eoir % #e su+et "on arti#le ) es acousmates d’@pollinaire au voix de Bonnefoy,&uel&ues r!Neions sur la O;ne !#oute’ -, dans Littérature et musique dans la (rancecontemporaine, @#tes du 4ollo&ue des .0.. "ars 1 en 9oronne, *ean0Louis Ba#Q's,4laude oste et ani'le Pistone !d3, Presses Rniversitaires de 9trasour, .13 Dappelons i#ila d!;nition "ini"ale de l’a#ous"ate < ) ruit ou son dont on ne saisit au#une #auseo+e#tive -3

5[5] Eoir par ee"ple < ) *e #royais "6"e entendre des "ots, ou pres&ue (Pres&ue, soit pard!faut, soit par e#'s e la puissan#e in;r"e du lanae Passer, #o""e un fr!"isse"entde la #haleur3 - [9L .] C ) Gais on ne sait 9i on entend #e "ot ou si on le r6ve3 - [9L 1] C) Ft +’entends en "oi #ette voi, &ui sourd du fond de l’enfan#e - [9L 15]3

2[2] Eoir en#ore dans ) L’ind!#hiSrale - ('rigine de la parole/ < ) *e pense alors, ou &uel&u’un"e souTe, &ue #’est peut06tre l% un r!us […] ?l "e se"lait &u’on "’apportait un "essae,&ue +’allais entendre un appel3 - [D= 1.7]

7[7] Uotons &u’on retrouve i#i la di"ension in#hoative3

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reprend % son #o"pte la lonue tradition de la voi dans le #œur, telle&ue 9aint @uustin ou 9aint @nsel"e l’ont fa$onn!e,[] #elui0#i n’est pasinsensile % #e &u’un Den! 4har appelait ) troules et pulsations -31[1]

Jn peut don# #onsid!rer &ue les a#ous"ates #heV Bonnefoy ontprin#ipale"ent deu oriines distin#tes, &ui per"ettent de les #lasser en

deu #at!ories prin#ipales < l’une #o"pos!e de sons "entau,&uasi"ent tou+ours #onstitu!s en ) voi - (et le d!part en eu de #e &uirel've d’un travail eSe#tu! sur la tradition philosophi&ue et de #e &ui#orrespond % une ep!rien#e a#ous"ati&ue oriinale est souvent diI#ile% !talir/ C l’autre #onstitu!e de ruits la plupart du te"ps !"ereant du#orps puis se propaeant % tous les !taes de la s#'ne a#ous"ati&ue (etl% il se"le &ue les philosoph'"es en#o"rants soient ous#ul!s/3

?l y a d’autre part dans les a#ous"ates de #ette œuvre des traits

distin#tifs &ue l’oreille int!rieure ne peut pas ne pas per#evoir asseV vite39ouvent, ils sont rouill!s, ruyants, turulents, #o""e on le #onstateraplus as3 @illeurs, l’a#ous"ate trouve un r!i"e plus har"onieu < ) *et’!#oute Eirer dans le rien de l’œuvre Wui peine de par le "onde3 *eper$ois le pi!tine"ent ’appels ont le pa#ae est l’a"poule &uirXle3 - [P .2]

Rne a"poule &ui rXle vire333 Gais aussi une voi peut dire ) )e suis lalampe - [P 181], #o""e si la la"pe "6"e parlait par la voi (dans unesorte de prosopop!e trans#endantale/, #o""e si la voi !tait fais#eaulu"ineu virant, lanue de feu… Les a#ous"ates faisant #hanter lalu"i're, dans la rande tradition de ante11[11], sont par e#ellen#e #esa#ous"ates har"onieu o l’œuvre trouve ses #aden#es les plusheureuses < ) La lu"i're !tait si intense Z […] on eXt dit le pr!sent sans;n, l’espa#e sans i#i ni ailleurs, les essen#es seules % 6tre dans leur

8[8] Le ter"e acroamatique (du re# ακροαοµαι< ) !#outer -, ) pr6ter loreille -, ) 6tre unauditeur attentif -, ) 6tre un dis#iple -/, pr!sent #heV LeiniV au sens d’ésotérique, a !t!repris plus r!#e""ent dans son sens pre"ier () relevant d’un usae de l’oreille -/ par

Ganfred Diedel (dans ) LoiQ und @Qroa"atiQ3 Eo" V\eifa#hen @nfan des Philosophie -, dansPhilosophisches )ahrbuch 1, p3..50.7/ et *ueren =raant (nota""ent dans #raditions deHumboldt , ditions de la Gaison des s#ien#es de l’ho""e, Paris, 1, passim/3 Uousl’utilisons dans nos travau dans la perspe#tive d’une audiocritique &ui privil!ie l’oreille#o""e instan#e #entrale de l’ep!rien#e po!ti&ue, #heV le po'te #o""e #heV son le#teur3

[] Eoir 4laude Pana##io, Le discours intérieur de Platon * +uillaume d’'c,ham, 9euil, 1,nota""ent pp3 :018, 150128, 207

1[1] Parlant de Pi#asso, 4har !#rit < ) Auetteur terr! plus &ue"us&u!, puisatier % lint!rieurdu #orps hu"ain, il en saisit les troules et les pulsations3 - (dans -uvres complètes,Bilioth'&ue de la Pl!iade, p3 52/


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a"ple ruisse"ent #lair d’air &ui "onte en virant au0dessus d’unfeu - [D= 1:7] C ) onne0"oi ta "ain et pr!#'de0"oi dans l’!t! "ortel @ve# #e ruit de lu"i're #han!e, issipe0toi "e dissipant dans lalu"i're - [P .78] C ) =outefois le soleil ourdonne sur la vitre, Ft, l’K"eenvelopp!e de ses roues !lytres, ?l des#end, "ais en pai, vers la terredes "orts3 - [P .]

Fn;n, la ri#hesse a#ous"ati&ue de #ette œuvre est telle &u’on peut yentendre des a#ous"ates de toute nature, #’est0%0dire selon tous les!taes de la s#'ne a#ous"ati&ue3 =out d’aord des a#ous"ates au sensrestreint, propre"ent dits, autre"ent dit des sons aussi t!nus ethypoth!ti&ues &ue le #hant des anes dans la tradition "ysti&ue < tel estle #hant du Ph!ni, dans Douve [P 75] repris sous for"e de ) #hant des"orts - dans Hier régnant désert [P 1.:] C tel est en#ore ) le ruit dupin#eau - [D= 75] C tel en#ore le #hant entre#oup! de silen#e &’un anede lu"i're ayant pris l’apparen#e d’un enfant [9L 10.]3 Puis #e &u’onpeut appeler des a#ous"ates en !#ho < dans un !v!ne"ent sonore) o+e#tif - s’entend un autre son (le po'"e ux arbres, dans Douve <dans le ruisse"ent d’arres sous le vent, autre #hose prend voi <) *’entends % travers vous [les arres] &uel dialoue elle [ar&ue des"orts] tente @ve# les #hiens […] Le tonnerre profond &ui roule sur vosran#hes […] sini;e […] - [P 25]1.[1.]/ C et parfois #ette prise de voi estop!r!e par une instan#e "!taphysi&ue < ) *’entends d!+% randir le ruitd’un autre ave Wui s’apaise, ou se perd, dans notre !ternit!3 -1[1] [P

11[11] 9ur #e su+et voir le livre de Paolo Bollini Dante visto dalla Luna /(igure dinamiche nei primi canti del paradiso0 1di2ioni Dedalo, Bari, 1:, en parti#ulier les #hapitres 1 et :3 Juen#ore, du "6"e auteur, l’arti#le intitul! ) Rn dispositif visuel dans la po!sie de ante -,dans "evue d’3tudes (ran4aises !dit!e par le !parte"ent de ^ran$ais de la â#ult! desLettres de lRniversit! F_tv_s L`rnd de Budapest et le 4entre ?nteruniversitaire d’tudesr̂an$aises (livraison auto"ne 8 < puli#ation des @#tes du 4ollo&ue < Linguistiques0

poétiques0 musiques 5 "encontres en marge de l’6uvre d’&v7n (8nag9 et en hommage en sontravail, oranis! par le 4entre ?nteruniversitaire d’tudes ^ran$aises, en #ollaoration ave# le4olleiu" Budapest, l’?nstitut ?talien de Budapest et l’@#ad!"ie des 9#ien#es de bonrie, les

7, 8, "ai 17/, Patri#Q Wuillier !d3, pp3015

1.[1.] Eoir le tete Deux musiciens0 trois peut:$tre [EF 1701], &ui pose la &uestionsini;#ative de #et a#ous"ate en tant &ue tiers0in#lus < ) Y a0t0il un troisi'"e "usi#ien, % plusrande distan#e en#ore sous l’horiVon c - 9ur le th'"e de l’!#ho, voir le d!ut du tete ;urles ailes de la musique [D= 1]3 Ft aussi #es for"ules de Hier régnant désert < ) Plus tard +’aientendu l’autre #hant, &ui s’!veille @u fond "orne du #hant de l’oiseau &ui s’est tu3 - [P15.], et de Dans le leurre du seuil < ) ans l’œuvre La houle d’un ruit se#ond3 - [P .28]

1[1] Eoir en#ore < ) Ft tout #e ruit ’aeilles de l’i"pure et dou#e !ternit!3 - [P ..7] Ft <) =u !#outes le ruit d’aeilles des #hoses #laires, 9on onNe"ent parfois, #e asolu Wuivire dans le pr! par"i les o"res - [9L 22]3

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...]3 Ju en#ore, #et a#ous"ate &ui est #o""e l’a"pli;#ation d’une despetites per#eptions leiniViennes, le ruisse"ent du san trans;ur! envoi potentielle et "6"e i""inente (#e th'"e est r!#urrent dansl’œuvre/ < ) Juvre0toi, parle0nous, d!#hire0toi, 4ouronne in#endi!e,atte"ent #lair, @"re de #œur solaire3 - [P .:2] C ) d!+% reto"e Ladraperie de san, % rand ruit sourd, 9ur la lu"i're - [P .21]…1:[1:]

Fn;n, l’œuvre est pon#tu!e par l’!"eren#e r!uli're d’a#ous"atessp!#i;&ue"ent philosophi&ues, +e veu dire trouvant leur oriine dansl’astra#tion philosophi&ue, #o""e si, "alr! toutes les pr!ventions ien#onnues de l’auteur, !"anait en#ore de #ertains #on#epts le big:bang!"otionnel d’une pr!sen#e, % la fa$on d’une viration r!siduelle3 ansDouve, #’est no""!"ent les ) vieilles id!es - < #ertes le feu s’y est tari,"ais elles sont en#ore ) retentissantes - [P .] C ainsi, dans Hier régnant désert , le feu devenu ) #endre - de"eure toutefois ) ruit de visae

"ort - [P 1.1]315

[15]4onsid!rant &ue l’usae de l’oreille, a#tivit! #ru#iale dans la #onstru#tiondu sens, est, au #œur de la #r!ation po!ti&ue, une instan#e indispensale,#e &ue les pararaphes &ui pr!#'dent per"ettent de #on;r"er % proposde l’a#tivit! de Bonnefoy, +’i"ainerai don# #e po'te dans son a#tivit!a#roa"ati&ue et +e l’envisaerai pour #e faire sous les traits d’un"usi#ien, fr're attentif de la ) "usi#ienne du silen#e - &ui +oue sesa#ous"ates dans nos "!"oires "odernes, et sur la&uelle il a #onsa#r!

ien des lines12[12]

3 4’est pour&uoi +e voudrais, au fond, es&uisser i#ison portrait en GaMtre de 4hapelle, a;n de retrans"ettre, autant &ue fairese peut, les voi dont son oeuvre est le #orps #ondu#teur3 Pour se faire +etenterai de dirier "on oreille17[17] vers #ertains retentisse"entsa#ous"ati&ues r!v!lateurs, sans les pr!senter dans une taino"ie#har!e de leur faire produire du sens, "ais en restant sans #esse attentif

1:[1:] Le este a#ous"ati&ue initial est parfois indi&u! dans le tete < ) *’entends (ou +e d!sireentendre, +e ne sais/ - [P 1.8] C ) il se"le &u’elle !#oute Le ruit de l’autre "er dans ses

veines leues - [EF :]3

15[15] Eoir aussi l’!#oute de la ) pens!e d’avant - [EF 1:]3

12[12] Eoir nota""ent ) Gallar"! et le "usi#ien -, dans


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au tensions sini;#atives &u’une telle !#oute de l’œuvre peut r!v!ler3 18

[18]

Wu’est0#e &u’un >appelmeister c

*e retiendrai de ses a#tivit!s diverses #elles &u’Yves Bonnefoy "ese"le "ettre tout parti#uli're"ent en œuvre < un >appelmeister estd’aord un #o"positeur C il est ensuite un "aMtre de #hœur (et un #hef d’or#hestre/ C a"en! % +ouer ses œuvres dans des lieu divers, il est en;nun a#ousti#ien3 =elle est la triple "!taphore &ue +e voudrais faire d!;ler"aintenant < le po'te #o""e auteur de partitions a#ous"ati&ues, dansles&uelles les voi sont au pre"ier plan C #o""e e!#utant de sa propre#o"position a#ous"ati&ue C #o""e ordonnateur de lieu a#ous"ati&ueso elle puisse retentir de la "eilleure fa$on possile3 ans #e par#ours enfor"e de tripty&ue, la voi sera don# #o""e le ;l #ondu#teur du#he"ine"ent, la note fonda"entale des har"onies ou dishar"onies &uien +alonneront les stations3 Fn eSet, la voi est sans doute au #œur despr!o##upations de Bonnefoy31[1]

4o""e ) #o"positeur -, Yves Bonnefoy, "e se"le0t0il, "6le dans sonœuvre deu rands styles &u’on pourrait #roire in#o"patiles, "ais &uiinstaurent des tensions sans doute puissa""ent s!duisantes, % #oup sXrr!v!latri#es3 Y retentissent en eSet eau#oup de ruits &ui l’apparentent% la musique concrète, alors &ue, par ailleurs, la teture la plus fr!&uenteposs'de une pKte de nature néo:classique voire néo:romantique3

4o""e #o"positeur #on#ret () Uous Par"i les ruits - [P .22],) Uous @u fusant du ruit - [P .27]/, Bonnefoy #onstruit un paysaesonore "artel! de #oups Kpres et sourds &ui est #ertaine"ent un des) vrais lieu - de l’œuvre3 Heurter , marteler , piétiner sont des a#tes

18[18] Rn des "eilleurs sp!#ialistes de l’œuvre de Bonnefoy, Patri#Q U!e, indi&ue &u’il s’estrefus!, pour sa part, a;n de ne pas laisser pour #o"pte les proses, % #onduire une !tude &uieXt !t! ) aus#ultation patiente -, #onsistant % ) pr!lever tel se"ent de tel ou tel livre, de lerapporter % tel autre, dans un rassae per"anent des r!f!ren#es, dans #e +eu d’!#hos

!n!ralis! - &u’il avait tout d’aord envisa! (dans Poétique du lieu dans l’6uvre d’


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a#ous"ati&ues osessionnels et leur ins#ription dans la destru#tion dueau peut faire penser au refus du #on#ept de eaut! dans la "usi&ue#on#r'te ou #heV enaQis (la eaut! ) sera faite san et #ri - [P 12] /3 Lepo'te re#ueille don# dans son po'"e toutes sortes de ruits #ontondants&ui d!#hirent et lessent les ty"pans < #ri de la pierre () pierre rise[…] ouvre0"oi le port de ton #ri - [P 1:5]/, #ri des ro#s [P :7], #ri de

l’inse#te [P .], ) vall!es &ui sont des aois - [EF 58], ) les #oupsprofonds du fer - [P 15], ruit de fouronnette [P .2]…

Gais, % l’instar de ) #es ru"eurs et #es ronde"ents [&ui]s’a"enuisent parfois +us&u’% parler du silen#e - [EF 177], d’autresdyna"i&ues, au sens "usi#al du ter"e (intensit!/, sont !ale"entenreistr!es et pla#!es % des "o"ents #ru#iau de l’arti#ulation dupo'"e3.[.] =els sont les si no"reu ruisse"ents dont se #onstitue lepaysae sonore de l’œuvre < le passae du vent dans les arres [P ..., P

.], le ourdonne"ent des aeilles [P ..7, EF .12]], le roule"entpr!#ipit! de l’orae ) au #œur des frondaisons - [P 7.], les Nu et reNuplus ou "oins renN!s de toutes sortes de ph!no"'nes li&uides H ruit de"er () ruit de "er lassant et sourd - [P .:1].1[.1]/, ) ruit #onstant dela vaue - [EF 1.7]/, ruit d’!#u"e [P 182, P .8], ruits de Neuve [P5], ruit de ruisseau [9L 22], ruit d’eau tout si"ple"ent [P 1, D=1]3 Gais tels sont aussi les !v!ne"ents pon#tuels !touS!s dans leur!"eren#e < ruit de pas h!sitants et lointains [P 11., P 118, 9L 75],pi!tine"ent des 6tes [P .82], ) ruit de fruits si"ples &ui to"ent - [P

17.]..

[..], ) []ruit, #los, e la per#he &ui heurte le Not oueu - [P.52] , le volet &ui vire [P .5, 1.]….[.]

.[.] Gi#h'le ^in#Q fait par ee"ple #ette +uste re"ar&ue selon la&uelle #heV Bonnefoy le pianissimo ) est tou+ours le sine distin#tif des "o"ents d’!piphanie -3 (art. cit 3, p35/

.1[.1] Eoir aussi P .75

..[..] Eoir aussi D= 17

.[.] ans "imbaud par lui:m$me (9euil, 121, p328/, Bonnefoy fait une re"ar&ue &ui en ditlon sur son propre tropis"e auditif vers les ruisse"ents naturels < ) bait! par les voi duvert, du #lair, du v!!tal et des eau, hant!, vécu par #es !"anations de la profondeurin#olore, il [Di"aud] sent se d!sar!er en lui les prol'"es d’une personne et, devenutransparen#e, il est vrai"ent, au lieu #o""e autrefois de "!diter et d’air3 - 9i don# lesru"eurs naturelles en appellent % une !#oute Nottante, un #onsente"ent au "onde sansarri're0pens!e, il est toutefois per"is de faire re"ar&uer &ue Bonnefoy ne s’en tient pas % lasi"ple #onstatation auditive, et &u’il la re#hare d’une r!Neion o se laisse per#evoir sa#ulture philosophi&ue3

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=outefois #et usae des ruits #on#rets doit 6tre le plus souvent, "ese"le0t0il, entendu #o""e la #rispation rare"ent sereine sur #e &u’YvesBonnefoy appelle le ) ruit du "onde "ort -3.:[.:] Deprend0il i#i l’i"aea#roa"ati&ue du 9mbalum mundi, la ) 4y"ale du "onde -, &uirepr!sente le "onde de la "ati're, selon #ertaines #on#eptions#hr!tiennes, #o""e une #y"ale d’o !"anent des virations

d!sordonn!es autant &u’assourdissantes et #haoti&ues, toutes #har!esde n!ativit!, de d!sordre, de d!sespoir, de d!sarroi.5[.5] c Fpri"e0t0ilpar l% une sorte de fas#ination devant le lourd parasitae de l’6tre par la"ati're,.2[.2] tel &u’il a pu y 6tre sensile dans sa for"ation"!taphysi&ue, de Platon % beel, en passant par 4hestov.7[.7] c *e nesais3 4e &ui est oservale en tout #as, #’est &ue #e ruit vient rouiller,#onta"iner #e &ui est no""! ailleurs la ) voXte #hantante - [P 151] ouen#ore, dans une epression peut06tre venue du "ysti#is"e rh!nan,) l’ailleurs, l’!oule"ent os#ur, le ruit sans fond, la "ati're - [D= 1.2]3Le tout d!ut de Dans le leurre du seuil fait r!sonner #et autre universsonore dont le pr!#!dent, #on#ret, heurt!, d!#hir!, n’est &ue la parodie,l’!#ho distordu < ) % nouveau #e ruit d’un ailleurs, pro#he, lointain - [P.5]3.8[.8] @insi #o""e ) #o"positeur #on#ret -, Bonnefoy se"leos#iller entre un a##ueil !n!reu des ruits () Ft &ue de pl!nitude est

.:[.:] Eoir en#ore < ) *’ai #!d! au ruit "ort &ui re"uait en "oi3 - [P 15.]

.5[.5]

Jn retrouve #e dispositif sy"oli&ue de la ) #y"ale du "onde -, rendant sont ruitsous l’a#tion de l’ho""e, dans un i"ae de Dans le leurre du seuil < ) Goi le "aillet Wuiheurta, % #oups sourds, Le #iel, la terre noire3 - [P .2]

.2[.2] 4ertes, on peut diI#ile"ent nier #ette aIr"ation de Gi#h'le ^in#Q selon la&uelleBonnefoy ) est venu % la po!sie par un a#te d’adh!sion % la "ati're - (art.cit 3 p3 2/, #e &uientraMne, selon la "6"e #o""entatri#e, le fait &ue ) la Ovoi rau&ue’ ouleverse Bonnefoypar#e &ue la rau#it! fait don de la "ati're3 - (ibid3, p35/ 4ependant, il n’en reste pas "oinsvrai &ue les radiations "!taphysi&ues issues des rands syst'"es id!alistes rendent #etteadh!sion &uel&ue peu a"iu3 Gi#h'le ^in#Q elle0"6"e #on#lut ainsi < ) Le son Orau&ue’ ne

r!su"e0t0il pas la doule postulation de la po!sie, tendue entre le parti0pris de la "ati're, dela ;nitude, de l’allian#e de la faille et de la for"e (rau#it!/ et le d!sir de l’id!al, de l’!ternit!,de la perfe#tion for"elle #lose sur elle0"6"e (refus de la rau#it!/ c - ( ibid3 p3:1/

.7[.7] ans un ) Fntretien ave# *ohn F3 *a#Qson -, Bonnefoy dit #e#i de 4hestov, #e &ui se"leien donner un indi#e de l’inNuen#e du Dusse sur le r̂an$ais eu !ard % l’attitude no!ti&uedevant la "ati're (si du "oins on asso#ie te"ps et "ati're/ < ) 4hestov lui0"6"e a peur dute"ps […] Wu’on ne retienne &ue ses valorisations, H la pr!sen#e #ontre l’essen#e, #e &u’onai"e #ontre #e &ui est, ou passe pour 6tre H et on pourra aoutir % une n!ation de l’asen#e,une r!surre#tion de #e &ui se perd, % "on avis "ieu fond!es en #o"prenant &ue l’asolu &uenous d!sirons Mt dans la pl!nitude d’une se#onde o intensit! vaut !ternit!3 - (L’rc ng22,p388/

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dans le ruit, Wuand tu le veu, du ruisseau &ui dans l’here @ re#ueillile "ur"ure des #lo#hes - [9L 22]/ et une "!;an#e "!taphysi&ue % leur!ard au no" d’une postulation syst!"ati&ue vers un e"pyr!e des sons,) [#]o""e si au0del% de toute for"e pure =re"lKt un autre #hant et leseul asolu3 - [P 15]

4’est l% &ue vient prendre pla#e l’autre style #o"positionnel deBonnefoy < #’est &ue, pour lui, sans doute un #ontrepoint paradoal doit0il6tre #onstruit entre #es deu "ondes esth!ti&ues plut>t h!t!ro'nes etdissonants entre eu < apr's avoir err! ) #>te % #>te, lonte"ps ?nterro"pues, os#ures -, les voi ont ) soif de se trouver - [P .1]3 ?lfaut #r!er un ) rapport de "usi&ue - [P ]3.[.] Ft il se"le &ue la;ure tut!laire pr!sidant au on a##o"plisse"ent de #e travail soitpr!sent!e sous diS!rents visaes inter#esseurs < Poe, Boris de 9#hloeVer,&ui entend dans son aonie ) une "usi&ue ont ses pro#hes ne [savent]

rien - [P .55]C GoVart, aussi, "ais un GoVart &ui aurait % int!rer des#oups de on, #o""e le su're Pierre écrite < ) Eois, #e n’est pasGoVart &ui lutte dans ton K"e, Gais le on, #ontre l’ar"e infor"e de la"ort3 - [P 17]

es tensions sont en eSet nette"ent audiles entre l’i#i et l’ailleurs, et#es tensions trouvent une sorte de r!solution &ui fait de leur dissonan#eun onheur < ) ?#i l’in&ui'te voi #onsent d’ai"er la pierre si"ple […]L’in&ui'te voi beureuse sous les ro#hes du silen#e, Ft l’in;ni, l’ind!;nir!pons es sonnailles, rivae ou "ort3 - [P 171] @utre"ent dit, onassiste &uel&uefois % l’int!ration de l’univers sonore #on#ret (sonnailles/% une "usi&ue o les dissonan#es de l’in&ui!tude se fondent dansl’har"onie d’un #ertain onheur, d’un onheur #ertain, dans le&uel le"onde "at!riel se"le tou+ours pr!sent i#i, r!sonan#e #ontinu!e, sanspour autant laisser d’6tre pro+et! sur un ailleurs en for"e d’e"pyr!e3

.8[.8] ans une analyse &uasi"ent a#roa"ati&ue du orbeau de Poe, Bonnefoy lui0"6"enous indi&ue % &uel point le ruit est pour lui une notion % di"ension "!taphysi&ue < ) leruit entendu #heV Fdar Poe n’est plus un ruit naturel - C il est un ) sini;ant d!pourvu detout sini;! - C "ais il est ) #har! par Fdar Poe H ou du "oins, par son po'"e H de signiferle néant -3 (ans ) Gallar"! et le "usi#ien -, dans


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4’est pour&uoi +’ai parl! de n!o0ro"antis"e, un n!o0ro"antis"e % laolfan Dih"[], #apale de faire tenir ense"le rosse #aisse,violon#elle et alto pour !vo&uer les erran#es de Eerlaine et Di"aud ainsi&ue le parasitae de la "!lodie verlainienne par la per#ussionri"aldienne1[1]… Rn po'"e d’ nti0Platon "ettait sans doute d!+% lapu#e % l’oreille, en r!v!lant un po'te, +e veu dire un #o"positeur,

sensile au transitions, &ui sont autant de "ises en relation d’!l!"entsh!t!ro'nes, et #e, par le +eu de la r!sonan#e de pro#he en pro#he < #et6tre est, nous dit Bonnefoy, ) sensile % la "odulation, au passae, aufr!"isse"ent de l’!&uilire - [P :1]3 *e rappellerai &ue l’art des"odulations #onstantes tel &u’un aner l’a prati&u!, par ee"ple dans#ristan, a ouvert la voie au s!rialis"e, #’est0%0dire % l’epression la plusvertiineuse des passaes et fr!"isse"ents relev!s dans nti:Platon3 Jrtout d!"ontre % l’envi &ue Bonnefoy refuse le s!rialis"e, "alr!&uel&ues tentatives peut06tre de d!#onstru#tion de sa prosodie

traditionnelle d!#elales dans le re#ueil Dans le leurre du seuil3

La vertu de #es "odulations, lors&u’elle ne to"ent pas dansl’ind!ter"ination du s!rialis"e, est en eSet &u’elles font as#ulerl’attention auditive dans un entre0deu #onstant, entre deu !l!"entssu##essifs #ertes, "ais aussi entre deu "ondes, &ui en deviennentd!sor"ais, "alr! leur h!t!ro!n!it!, !#hos, ) r!pons -, l’un de l’autre3?#i et ailleurs "6l!s dans un entrela#s de virations3

Wu’en est0il, d's lors, de l’attitude auditive de Bonnefoy devant lesti"res H !tant donn! &u’un ti"re, dans sa teture, #apture lesvirations d’une fa$on parti#uli're, &ui fait sonner diS!re""ent la "iseen relation de l’i#i ave# l’ailleurs c

?l faut faire la re"ar&ue suivante < Bonnefoy, % la suite de Gallar"!pense &ue la "usi&ue de la po!sie n’est pas l’i"itation de #elle desinstru"ents, &ui se r!duit au sonore, #ar elle avant tout "usi&ue des"ots3 Jr, +uste"ent, #ette "usi&ue de "ots, telle est du "oins notrehypoth'se de travail, est avant tout a#ous"ati&ue3 Flle n’est don# pas en

prin#ipe in#o"patile ave# le retentisse"ent des ti"res instru"entaudans la s#'ne &u’elle #onstruit3 9i Bonnefoy assu"e sur #e pointl’h!ritae "allar"!en, il n’en reste pas "oins &ue pourtant, dans sonunivers a#ous"ati&ue, vers le&uel +e "’eSor#e de dirier "on oreille et lav>tre, retentissent &uel&ues instru"ents privil!i!s < ainsi Yves Bonnefoy

[] 4o"posteur alle"and #onte"porain, n! en 15.3

1[1] @llusion % un passae pr!#is de la partition de Dih" intitul!e 1rsten Doppelgesang,revendi&u!e #o""e "usi&ue % prora""e portant sur les deu po'tes fran$ais (pour @lto,Eiolon#elle et Jr#hestre, œuvre #o"pos!e en 18/…

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est0il un or#hestrateur par#i"onieu, seuls &uel&ues ti"res trouvantrK#e % son oreille,.[.] dans une lin!e post0platoni#ienne < laNXte[], surtout, &ui s’entend % plusieurs reprises [P .55, 9L 12, 9L 2,EF 1:] ) des ries de randes orues dans la nu!e - [EF :1], ) un petitviolon - [EF 17] C "ais surtout &uel&ues instru"ents % per#ussion, les) ta"ours eultants de tes estes - [P :7] et, prin#ipale"ent, le on,

d!+% "entionn!, dont une variante ti"ri&ue d!;nit p!riphrasti&ue"entl’eSet, ) virant #lair -, ) airain &ui sonne - [P .8] < eSet de virationprolon!e et p!n!trant tout +us&u’au silen#e, paradi"e fas#inant del’entre0deu &u’on vient d’!vo&uer3 4et entre0deu est parfois per$u %l’o##asion d’un r'#he op!r!e fort a#ous"ati&ue"ent par un instru"entau no" tu "ais &ui n’est pas sans rappeler un !pisode ili&ue, sorte detro"pette a#ous"ati&ue d’un *!ri#ho ontoloi&ue < ) J notre for#e etnotre loire, pourreV0vous =rouer la "uraille des "orts c - [P 11] C ) ?ln’ose pas savoir […] s’il a droit d’ai"er #ette parole d’aue Wui a trou!

pour lui la "uraille du +our3 - [P 11]

e fait, plus &u’un ho""e d’or#hestre (l’or#hestre &ui s’avan#e dansl’!piraphe du pr!sent arti#le produit une ) "usi&ue aSreuse -, uneinondation assourdissante d’inse#tes "onstrueu/, Yves Bonnefoy est un#o"positeur vo#al, un "usi#ien de voi solistes, parfois de #hœur, sansdoute fas#in! par l’op!ra3

@u "art'le"ent du ruit d!#hirant le paysae sonore et %l’insistan#e des per#ussions dans l’or#hestre a#ous"ati&ue #orrespond #e&ue Gi#h'le ^in#Q analyse dans l’arti#le #it!, la ) rau#it! - de la voi3 <) =a voi, soudain, Fst rau&ue #o""e un torrent3 - [P .5]:[:] #etitre, Bonnefoy a sans doute int!r! dans sa te#hni&ue vo#ale #ertainsaspe#ts du sprechgesang post0s#hoenerien, sans pour autant ad"ettre,du "oins en totalit!, le travail de d!sarti#ulation et de d!#o"position de

.[.]

@insi &u’un instru"ent inouj, propre"ent a#ous"ati&ue, produisant ) les !tae"entsd’un son #lair < #li&u'te"ents &ui passent #o""e des rires, ruisse"ents d’une rise dansdes feuillaes, r'ves ondes +aunes et roues3 - [EF 1801]

[] ?l se"le &ue la NXte retentisse dans l’espa#e a#ous"ati&ue onnefoyen en #e &u’ellese "anifeste #o""e un h!ritae philosophi&ue < le po'te lui0"6"e souline son r>le deparadi"e d’une "usi&ue ) des sens -, ) "usi&ue !"otionnelle, "usi&ue non de la harped’@pollon "ais de la NXte, #elle du erer, #elle aussi de la #ourtisane3 - (dans ) Gallar"! etle "usi#ien -, op.cit 3, p38/ 4ette "usi&ue0l% est #onsid!r!e dans #et arti#le #o""e oppos!e %la "usi&ue savante, dans une perspe#tive post0platoni#ienne3

:[:] Le po'"e "a+eur de la rau#it! est ien sXr %oix rauques [D= 1.01]3

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la voi tel &u’ont pu le #onduire des "usi#iens #o""e le ) savant -Berio5[5] ou le ) sauvae - enaQis32[2] 9ans doute y a0t0il pour lui,dans une ) rau#it! - pouss!e % l’etr6"e, &uel&ue #hose d’insoutenalepar#e &ue d!sor"ais ind!#hiSrale < le po'"e en prose intitul!pr!#is!"ent L’indéchiBrable propose l’audition fortuite d’un entrela#s devoi d!sarti#ul!es, ) #o""e #es dis#ours d’os!d!s &u’on entend parfois,

% travers des #loisons, et &ui se perdent, dans les ru"eurs de l’i""eule,"ais re#o""en#ent, h!las Z *e pense aussi % des litanies3 - [D= 1.:] @insi#onsid!r!es, les litanies sont plus pro#hes du !aie"ent r!p!titif, dansle&uel le sens est aval!, &ue du rituel invo#atoire, o il est en r!serve3Wuel&ues lines plus as Bonnefoy pr!#ise < ) "alheureuse"ent #’est"6l!, #e fra"ent de sens, % des ru"eau &ui se"lent d’une naturetout autre, ar!ats de voyelles ou de #onsonnes &u’on dirait entass!esl% par hasard -… 9’il doit y avoir dans la voi des ) ;ssures -, des) ronde"ents -, des ) !#hos - et "6"e du ) silen#e - (pareil % #elui

) des pentes &ue pars'"ent de randes pierres -/ [D= 1.], #ela ne peutaller +us&u’% #onstituer ) une profondeur r!sonnante "ais !touS!e deravin o l’on ne va pas, % #ause d’aord des arres &ui s’entre"6lent l%, %l’horiVontale pres&ue, sur les pentes3 - [D= 1.:] ?l y a pentes et pentes <les pre"i'res, d!pouill!es et peu en#o"r!es, don# prati#aleset propi#es C les deui'"es, redoutales par#e &u’en#hev6tr!es et#haoti&ues3 Eoil% pour&uoi Bonnefoy traite la voi ave# par#i"onie, luiassinant la plupart du te"ps d’!"erer du pianissimo a;n d’y retournerapr's avoir fait entendre, en atteinant toutefois rare"ent le !ortissimo,

un rain pertur!, "ais point trop n’en faut, par la #on#r!tude et la#orpor!it! de la rau#it! < ) Uous ne parlions &ue peu, % voi rouill!e 4o""e on #a#he un #lef sous une pierre3 - [P ..] C ) Uous, la voi &uerefoule Le vent des "ots3 - [P .22]…

Les arias, duos ou #hœurs les plus fonda"entau se"lent don# 6trefond!s sur le parlando, "ais un parlando dans le piano et "6"e le

pianissimo (ave# parfois des #hœurs de souTe #o""e dans endrées deenaQis/ < ) toi […] parlant as - [P 182] C ) nous nous parlions as - [P1]… 4ette "esse asse r!#urrente ne doit pas 6tre entendue #o""eune oraison, plut>t #o""e un rituel % la li"ite de perdre son sens < ) ?l nefaut plus tenter d’unir voi et pri're - [P 17] C ) Wui es0tu c *e ne sais detoi &ue les alar"es, Les hKtes dans ta voi d’un rite ina#hev!3 - [P 1]Le parler as d’ailleurs peut aussi 6tre le parler dans le rave, dans une

5[5] 9e fondant sur ses a#tivit!s au ) 9tudio di fonoloia - de Gilan, &u’il a #r!! ave# BrunoGaderna, Berio #o"pose des œuvres o la voi est envahie par le #onsonantis"e et lesorory"es (;equen2ia &&&/ ou entrela#!e % d’autres voi traitant toutes sortes de stylesvo#au (;in!onia, "ecital C !or ath9 , Laborintus /3

2[2] Jn pense nota""ent % Euits (et en parti#ulier % sa tou rave ;nale/ et % @s o unaryton !tire sa voi +us&u’au fausset, au hurle"ent prolon!, au #ri strident3

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attra#tion vers l’infra0son au no" de ) l’intuition &ui ;t se pen#herbo"'re 9ur des sons de plus as &ue ses #ordes dans La "aladroitelyre des "ots terrestres3 - [P 7]

?l y a don# une in&ui!tude de la voi, tiraill!e par l’entre0deu, pr!sentant% la fois les volutes "!lis"ati&ues du bel canto, du #hant r!orien ou del’ars nova % la "ani're de Auillau"e de Ga#haut, et les #r!pite"entsparasitaires des #lappe"ents, #ra&ue"ents et autres #la&ue"ents &u’une;'vre intense ne #esse de produire < ) voi #onsu"!e par une ;'vreessentielle - [P 181], la voi de pr!dile#tion est ) [l]’in&ui'te voi beureuse sous les ro#hes du silen#e, Ft l’in;ni, l’ind!;ni r!pons essonnailles, rivae ou "ort3 - [P 171] Rne telle voi, pla#!e sous la douleas#endan#e d’un silen#e id!al et d’une per#ussion in#essante, est aussidire#te"ent reli!e au ruisse"ents a#ous"ati&ues de l’appareil#ir#ulatoire < ) ?l y avait un d!"on dans #es veines Wui s’est enfui en#riant3 ?l y avait dans la ou#he une voi "orne sanlante Wui a !t!lav!e et rappel!e3 - [P .:] 4ette for"ule est la toute derni're du dernierpo'"e de Pierre écrite intitul! rt de la poésie < #’est dire l’i"portan#epour Bonnefoy de la #o"position vo#ale #onsid!r!e #o""e un alliaedans la voi entre d’une part #e &ui y fait entendre le #orps propre, "aisaussi la #hair du "onde, et d’autre part #e &ui pointe vers l’id!alit! dusouTe3 @lliae, #’est0%0dire aussi !&uilire, et l’on retrouve i#i la tensioninstaur!e dans l’or#hestre onnefoyen entre "usi&ue #on#r'te et"usi&ue n!o0ro"anti&ue3

4’est dans #ette perspe#tive &u’il faut entendre, "e se"le0t0il, lesno"reuses for"ules dans les&uelles s’epri"e, sur le plan vo#al, #ettetension < ) votre voi, &ui a en elle des ;'vres, &ui a voulu la "usi&ue -[EF 11] C ) #hant naufra! - [P 15] C ) ?l y avait Wu’une voide"andait d’6tre #rue, et tou+ours Flle se retournait #ontre soi ettou+ours ^aisait de se tarir sa randeur et sa preuve3 - [P 17] C ) Jui,par le onheur si"ple, la voi ris!e3 - [P 1]… 4e tiraille"ent de la voientre l’ici de sa rau#it! et l’ailleurs de son #hant7[7], il arrive % Bonnefoyde le no""er ironie () La voi !tait d’ironie pure - [P 15:] C dans la voi

de kathleen ^errier ) [t]oute dou#eur toute ironie se rasse"laient - [P15]/3

@insi, si les voi, ) [i]nterro"pues, os#ures -, errent dans l’entre0deuave# la ) soif de se trouver - [P .1], #’est tou+ours dans unressaisisse"ent sous les auspi#es du silen#e et de la nuit &u’elles

7[7] ans son #hef d’œuvre en "ati're de #o"position vo#ale, ;ur les ailes de la musique [D= 1017], Bonnefoy !#rit < ) #e #hant est i#i autant &ue l%0as - [D= 15]3 Eoir les#o""entaires de #e po'"e dans Pierre Brunel ) Yves Bonnefoy < L’!vo#ation d’une voi -,art. cit 3, pp3.70.8 et dans "on arti#le ) es acousmates d’@pollinaire au voix de Bonnefoy,&uel&ues r!Neions sur la O;ne !#oute’ -, art. cit 3, pp3 188018

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peuvent se reprendre et retrouver leur dire#tion < ) L’oiseau dans l’arrede silen#e avait saisi e son #hant vaste et si"ple avide nos #œurs, ?l#onduisait =outes voi dans la nuit o les voi se perdent - [P 15]@utre"ent dit, il y a #o""e une !#ole de la si"pli#it!, dont l’oiseau est le"aMtre3 Wu’y apprend0on c 4e &ui est n!#essaire % la voi pour per"ettresa r!de"ption, entre asolu et "ati're3 ) Wue te faut0il, voi &ui reprends

[…] c - < &uatre #hoses, ) [l]e te"ps divin -, ) [l]a patien#e -, ) [l]’attenteindivis!e - et ) [l]’heure au ar#hes ouvertes - [P .], la pre"i're et laderni're !tant des dons, ou des #ir#onstan#es (la pre"i're venant del’asolu, la derni're de la "ati're/, les deu #entrales !tant des &ualit!s&ue la voi doit se #onstruire a;n de "!riter les deu autres38[8]

Les voi selon Bonnefoy sont don# voi trou!es (par la nuit [P 15, 9L 7:,9L 72] par le vent [P .2]/, #’est0%0dire des voi &ue puri;e un #rile"!taphysi&ue, pas des voi dispers!es, diss!"in!es, pass!es au pressoir

#onfus du 9mbalum mundi39ont0elles % #e titre autant de versions de ) [l]a voi d’dipe

sauv! - [P 17], #o""e si dirier le #hœur des voi a#ous"ati&ues#onsistait % lui !viter #haos et d!r!li#tion c 4’est proale, "ais peu nousi"porte i#i3 4e &ui retient notre !#oute, #’est la lailit! in#essante &ui faitlisser les voi vers le silen#e et dans la nuit < ) 4o""e ta voi s’en va,ouvrant par"i ses o"res Le ave d’une !troite attente "ur"ur!e3 - [P1]

4ette lailit! se"le nous faire &uitter #e "onde pour nous diriervers l’Rn plotinien, #e &ui pourrait faire tension ave# les postulationsinauurales d’ nti0Platon < ) il s’ait ien de cet o+et < la t6te en #ired’une fe""e tournant !#hevel!e sur le plateau d’un phonoraphe3 […]4e rire #ouvert de san, +e vous le dis, tra;&uants d’!ternel, visaessy"!tri&ues, asen#e de reard, p'se plus lourd dans la t6te de l’ho""e&ue les parfaites ?d!es, &ui ne savent &ue d!teindre sur sa ou#he3 - [P]

=outefois intervient i#i une des &ualit!s "a+eures du >appelmeister Bonnefoy < son sens aiu de l’a#ousti&ue, &ui sine l’ins#riptionind!fe#tile de #e plotinis"e tant>t surepti#e et tant>t revendi&u! []

8[8] 4ertaines voi sourdent du "onde ani"al pour pr!senter % l’oreille ("ais aussi % lapens!e/ une asso"ption de la "ati're3 Par ee"ple < ) le rillon FSray! a repris, hors de la"ort, 9on #hant &ui est "ati're faite voi Ft, peut06tre, lu"i're, "ais pour rien3 - [9L 2] C) es "ouettes #rient leur K"e % tes vitres ivr!es - [9L 1]3

[] Patri#Q U!e a #ette for"ule situant la po!sie de Bonnefoy ) dans une ypte de nullepart o #oule le Uil H le rien H de l’mtre C "oins le Neuve d’b!ra#lite &ue #elui de Plotin, leNeuve Rn o rillent les instants "ultiples du "onde3 - (op. cit 3, p31/

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dans des lieu sp!#i;&ues et #on#rets, &ui sont autant de s#'nes (#o""ele ) th!Ktre - initial de Douve en t!"oine [P :502]/ o peuvent retentirtoutes les #o"positions possiles3 contrario, des lieu o l’a#ousti&ueest rouill!e, "ar&u!e ind!fe#tile"ent par les parasitaes des ruits#haoti&ues du #orps et du "onde, #es lieu sont r!#us!s < ) ?l y a dans#es r!ions etr6"es du Uo" une profondeur r!sonnante "ais !touS!e

de ravin o l’on ne va pas […] - [D= 1.:] ?l s’ait en faitsyst!"ati&ue"ent pour Bonnefoy d’ ) [!lever] […] l’horiVon d’une voi -[P 1.1]3

’ailleurs nti:Platon (1:7/ sinalait d!+% &u’on !tait tou+ours ) #aptif d’une salle, du ruit3 - [P 7] 4e &ui ien sXr, annon$ait les th'"esasy"ptoti&ues li!s % l’arri're0pays, "ais sans s’y !puiser < en indi&uantplut>t la n!#essit! d’un travail a#ous"ati&ue #onsistant % tester les lieu,% la re#her#he des vrais lieux , #eu &ui per"ettent au voi d’6tre % lafois "!lodieuses et travers!es de rau#it!3 L’!preuve de #es lieu, #’estl’!preuve de l’!#ho, et Dans le leurre du seuil indi&ue ien &uel’a#ousti&ue a#ous"ati&ue est un art de l’!#ho, une re#her#he de la"aMtrise de l’!#ho < ) *’entre don# par la r'#he au #ri rapide3 - [P .88] C) #oute3 L’!#ho n’est pas autour du ruit "ais dans le ruit 4o""eson ouSre3 - [P .27] Fn eSet l’!#ho peut &uel&uefois tout envahir et toutrouiller, vertiineuse"ent < ) Jn lui disait, de loin < Eiens, et iln’entendait &ue #et !#laousse"ent du son &ui se r!pand sur les dalles3 -[9L 152] Les +eu de son et de sens sont don# ins!parales d’un lieu <#o""e on !prouve un espa#e a#ousti&ue"ent, un #ri s’!l've alors, &ui a

pour eSet de faire !"erer #e lieu vrai < ) *e #rie, Dearde Le sine estdevenu le lieu3 - [P .88]

=outefois le lieu n’est parfois &ue la #aisse de r!sonan#e d’un son &uia sa destination ailleurs, dans une ep!rien#e a#ous"ati&ue etr6"e <) Wu’il parle, pour lui seul < les "ots retentiront dans un autre "onde3 -[9L 12] Ft de fait l’a#ousti#ien #heV Bonnefoy est sans #esse #onfront! %un arri're0"onde fait de silen#e et nous retrouvons l% la tensionfonda"entale &ui ordonne son univers "!taphysi&ue3 =elle ou telle

re"ar&ue sini;#ative r!v'le une a"iujt! du silen#e (% la fois pesant etli!rateur/ &ue seule l’a##o""odation a#ousti&ue est apte % lever, parinstants < ) Ft les "ots trouvaient "al leur voie dans le terrile silen#e3 -[P 17] Eoir en#ore #ette autre notation < ) Le silen#e 4o""e un pont!oul! au0dessus de nous ans le soir3 - [P 1:] Ft &uel&ues paes plusloin < ) Jui, par la voi Eiolente #ontre le silen#e de, Par le heurt de

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l’!paule Eiole""ent #ontre la distan#e de - [P 18], o l’on #onstate&ue silen#e et distan#e vont de pair et appellent une riposte3:[:]

4’est pour&uoi de ravin en pièce basse (#elle ou ) l’6tre du #ri seresserre -:1[:1], ou en#ore telle ) salle asse tr's peu #laire - o ) unevoi asse tre"le - [P 1:]/, de 4hapelle Bran#a##i:.[:.] (o

) [+]’entendais plus avant dans une o"re se"lale Rn pas de #ha&uesoir &ui des#end vers la "er - [P 18]/ en lieu d!sert d!;ni #o""e un) sol sonore et va#ant - [P 5] ou en paysae ennei! !touSant les sons[9L :7, 1., 1.1], et "6"e de ) voXte #hantante - [P 151] ou de ) voXtesonore - [9L :] en ) voXte de l’!#ho - [P .22]:[:], l’œuvre "entionneet d!;nit des espa#es d’a#ousti&ue privil!i!e, un peu % la fa$on de #este"ples % !#ho dont Pas#al Wuinard nous dit ailleurs l’i"portan#e dansl’histoire de l’i"ainaire sa#r! de la "usi&ue < ) Lu#r'#e disaitsi"ple"ent &ue tout lieu % !#ho est un te"ple3 -::[::]

:[:] =oute la strat!ie de L’épars0 l’indivisible, derni're se#tion de Dans le leurre du seuil #onsiste % "arteler un #onsente"ent volontaire &ui est ins!parale % la fois d’une violen#e#on#ert!e () O#rire’, une violen#e Gais pour la pai - [P.8]/ et d’un retour % la "usi&uedes #o""en#e"ents () Ft par #es &uel&ues "ots &ue +’ai sauv!s Pour une ou#he enfante […] 4’est d!+% "usi&ue dans l’!paule, Gusi&ue dans le ras &ui la prot'e, Parole sur desl'vres r!#on#ili!es3 - [P .7] Jn dirait l% &ue le ) GaMtre de 4hapelle - !talit la partitiond’une voi d’alto #on;!e % un ar$onnet, et destin!e % 6tre #hant!e dans un lieu %l’a#ousti&ue inti"e (tout le po'"e oppose un ici &ui est l’int!rieur d’une "asure % un dehors &ui est la nature tout enti're/, si inti"e d’ailleurs &u’il se"le r!sonner % "6"e le #orps, de

fa$on doule"ent a#ous"ati&ue3 Fn sorte &ue l’i"ae ulti"e du #iel ) ?n;ni Gais tout entiersoudain dans la Na&ue r've3 - [P .] ne fait &ue repla#er dans l’ordre visuel un dispositifd!+% "is en pla#e sur le plan a#ous"ati&ue3

:1[:1] Le #ri, #heV Bonnefoy, est pro#he du ruit, trait distin#tif du rien, #o""e on s’en estaper$u plus haut C sur #e su+et, les for"ules de Doer Gunier #o""entant Dans le leurre duseuil nous se"lent pertinentes < ) le cri, d’aord, !pouse le n!atif3 ?l est #o""e l’!#ho d’un#ri pre"ier des #hoses dans le retrait du sens3 - (dans L’rc ng22, p318 Eoir +uste"ent #esfor"ules de Bonnefoy < ) +’entends le #ri Wui per#e la "usi&ue -3 [P :] C ) ?#i vira le #risur le ond du sens3 - [P 1:]

:.[:.] ) la #hapelle Bran#a##i, &uand il fait nuit - [P 17] Ft si Bonnefoy !#rit, dans le "6"epo'"e < ) ( tous les palais du "onde pour l’a##ueil &u’il font % la nuit3/ -, on notera d’aord&u’il le fait % voi a#ous"ati&ue asse, dans la sourdine d’une "ise entre parenth'ses, etensuite &ue l’a##ueil fait % la nuit est aussi un a##ueil fait % la ;ne !#oute < la nuit favorisel’attention auditive, est propi#e % l’!"eren#e de l’a#ous"ate3 9trat!ie d’a#ousti#ien sutil…

:[:] Eoir en#ore < ) L% nous parlions le soir, pres&ue % voi asse #ause des ru"eurs desvoXtes - [9L .1] C ) Fs0tu venu pour entendre l’!#ho es "arteau sous la voXte - [9L .7]3

::[::] ans La Haine de la musique, 4al"ann0L!vy, 12, pp31252

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Les +eu d’!#hos ins#rits dans des lieu test!s a#ousti&ue"ent puis#o"pos!s a#ous"ati&ue"ent dans le po'"e font au out du #o"pteapparaMtre l’es&uisse d’un GaMtre de 4hapelle &ui serait un ) "aMtre de lanuit -, #’est0%0dire un "usi#ien du seuil:5[:5], un "usi#ien des ) li"ites

sourdes - [P 2.] < entre "usi&ue #on#r'te et "odulation n!o0#lassi&uevoire n!o0ro"anti&ue, entre les voi &ui se tarissent et #elles &ui fontr!suren#e (et dans la voi entre le "!lis"e et les ra#le"ents/, entrel’univers vo#al et les virations privil!i!es de &uel&ues ti"resinstru"entau, entre le ) faMte de la parole - et la ) houle d’un ruitse#ond - [P .28]3 @;n &ue la nuit et le silen#e retentisse ) d’un autre#hant -, en#ore plus a#ous"ati&ue et t!nu < ) *’entends des voi l’avant du "onde3 - [9L 11] 4’est dans #ette perspe#tive &ue +e#o"prendrais la fa"euse for"ule < ) O@u loin’ prendre "usi&ue, Oau soir’

se d!nouer - [P .:5]3 =ou+ours l’entre0deu et tou+ours le tropis"e"!taphysi&ue plus fort &ue l’ins#ription dans la "ati're3

Fn eSet la parole des ) h>tes de nos soirs - () notre la"pe et desfeuillaes -/, #’est0%0dire, en ter"e autoris!, la présence, ) #o""en#e autre"l! de nos voi3 - L’!piphanie des dieu est #onsin!e dans unpo'"e en prose (Les dieux [D= :1]/ &ui fait de #eu0#i un ) #ela -#onstitu! de ) rappes d’ailes virantes -, paradoale"ent enfouies dansun silen#e hors du #o""un < le lieu de l’!v!ne"ent est ) la plus hauteterrasse - ave# un ) parapet - &ui fait oI#e d’osta#le propi#e % lar!ver!ration sonore, "6"e si, paradoale"ent, elle a lieu aussi, #o""eon l’a #onstat!, dans les ) ;ssures - &ue la rau#it! instaure dans#ertaines voi, ) #es reords de pr!#ipi#e d’o "onteraient desronde"ents, des !#hos, et plus loin en#ore #’est le silen#e des pentes&ue pars'"ent de randes pierres3 - [D= 1.]

) *’!#oute, rien ne vire, rien ne ;nit - [P .] < de fait le fantas"ea#roa"ati&ue "a+eur du GaMtre de 4hapelle Bonnefoy est d’entendre etde #o"poser un son sans viration, un son hors son, fXt0il a#ous"ati&ue,

&ui de la sorte ne ;nirait +a"ais n’ayant +a"ais #o""en#!3:2[:2]

Jn peut d’ailleurs #onstater &ue le diapason de Bonnefoy n’est pas le la, ilest le si, note sensile dans la a""e de do, note &ui pose don# % la foisune stailit! % l’aune de la&uelle instru"ents et voi peuvent s’a##order,"ais aussi une instailit!, une attra#tion vers une autre note, une attente

:5[:5] Le seuil est le vrai0lieu0li"ite &ue #her#he % !talir l’a#ousti#ien a#ous"ati&ue < lieu depassae et de r!ver!ration, lieu de partae des sons < ) Wuand les lares vents passent Leseuil o rien ne #hante ni paraMt3 - [P .11]

:2[:2] Eoir en#ore < ) Jui, par la viration &ui parfois se"le ;nir - [P1]

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toute en tension vers un ailleurs < ) La note si D!sonne tr's lonte"psdans l’!toSe roue3 - [P ..2] Gais si l’on #onsid're le titre du po'"e &ue#l>t la for"ule #it!e (Le sang0 la note si/ on voit &ue le si est #hoisi parparony"ie ave# le sang et &ue #ette r!sonan#e s’ins#rit dans leruisse"ent a#ous"ati&ue de l’appareil #ir#ulatoire3 @utre"ent dit, il y aien dans le #hoi du si #o""e diapason (la note se "aintient, % la fa$on

d’une p!dale, d’un point d’orue:7

[:7]/ des #onsid!rations &ui viennentdu penseur de l’arri're0pays, "ais il n’en reste pas "oins &u’il donneaussi y % entendre les atte"ents d’un #œur tout #harnel, saisis dans leura"pli;#ation a#ous"ati&ue3

?l s’est souvent epri"! de fa$on epli#ite l%0dessus, tout en disant +uste"ent parfois le #ontraire, dans #e tiraille"ent entre Plotin et Lu#r'#e(ou Berio/ &ue nous avons sans #esse ren#ontr! < ) #rire, po!ti&ue"ent,#’est eSa#er dans le "ot, par le sou#i de #e &ui en lui est sonorit!,

"usi&ue en puissan#e, #ette part notionnelle &ui le "et en relation ave#d’autres notions, d’autres id!es - [EF 18] Wuand ) rien ne vire -, nullerau#it!, nulle "ati're, nul te"ps3 Gais eSa#er la ) part notionnelle -n’est0#e pas, au no" du ) sou#i - de la ) sonorit! -, se refuser %l’asen#e de viration et en appeler % nouveau % la rau#it! c @ude"eurant Yves Bonnefoy ne parvient +a"ais % eSa#er le #on#ept3 Ft"6"e, plus il eSa#e plus $a revient, #o""e dans la phrase suivante ol’eSa#e"ent (!#happer au sens/ #onduit % l’!"eren#e d’un d!ferle"enta#ous"ati&ue, frapp! au s#eau de l’id!alit! du souTe, &ui instaure par l%une sorte de trans#endan#e du #on#ept () en0avant de l’esprit -/ <) Wuand les "ots du po'"e se"lent !#happer % leur sens pour d!+%n’eister plus &ue pour de rands vents dans un en0avant de l’esprit donton entend pres&ue le ruit &ui d!#roMt ou s’enNe3 - [EF .12]

Uous pensons &u’il faut oulier le penseur dans le po'te, oulier lepenseur dans le ) #o"positeur - a#ous"ati&ue, #ar le penseur propaeun rouillae dans la prati&ue po!ti&ue et lo&ue l’!"eren#e dans lalanue des ryth"es et des sons "ontant des profondeurs a#ous"ati&ues3Lire a#roa"ati&ue"ent Bonnefoy, #’est entendre #e rouillae "ais aussi

#e lo#ae3

?l y a don# ien #heV Bonnefoy une sorte de musica reservata,autre"ent dit un #hro"atis"e se#ret, a##essile seule"ent % un #er#lerestreint d’initi!s3 Jn peut par #ons!&uent aussi le #onsid!rer #o""e unGaMtre de 4hapelle au sens restreint du ter"e < ani"ateur d’une

:7[:7] Rn autre passae donne % entendre une note persistante pouvant faire oI#e dediapason, et si elle est n’est pas no""!e, on peut toutefois su!rer &u’il s’ait d’un si,d’aord "aintenu puis ouvrant, dans sa r!sonan#e, u #he"in dans le silen#e < ) ans la note&ui, rus&ue, 9’intensi;e *us&u’% 6tre, la#iaire, Pres&ue la passe Puis l’insistan#e de La note tue Wui d!sunit sa houle Uue, sous l’!toile3 - (P .5]

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#onfr!rie3 Jn sait &ue sur la s#'ne po!ti&ue, il eiste tou+ours desdis#iples, &ui relaient surtout le "aMtre % penser3 9i la musica reservata deBonnefoy rel've e#lusive"ent de la propaation de philosoph'"es, sesdis#iples peuvent % on droit faire penser au !l'ves pythaori#iens pour&ui un acousmate est avant tout un enseine"ent philosophi&ue trans"isde fa$on !sot!ri&ue par un "aMtre, appris par #œur et ressass! % l’envi3:8

[:8] ans #et arti#le en tout #as, attentif % la musica reservata deBonnefoy en tant &ue rouillae et lo#ae, on s’est refus! % se perdredans le silen#e id!al de la pens!e:[:], % 6tre "en! du out de l’oreillepar les seuls a#ous"ates philosophi&ues de #ette œuvre, par#e &u’on a#onsid!r! &u’il fallait repla#er #es derniers dans leur environne"enta#ous"ati&ue !n!ral, a;n de ne pas favoriser la fas#ination &u’une!#oute en#haMn!e et un reard eorit! produisent souvent ailleurs3

Patri#Q Wuillier

Rniversit! de Ui#e09ophia @ntipolis

:8[:8] Eoir Les Présocratiques, !dition !talie par *ean0Paul u"ont ave# la #ollaoration deaniel elattre et de *ean0Louis Poirier, Bilioth'&ue de la Pl!iade, 188, p31:2

: [49] Le Ma î tre lui-même fait parfois un aveu : « J’ai fait na î tre un silence où je me suis perdu » [P 152]

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Entre Bruit Et Silence Yves Bonnefoy Maître de Chapelle

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