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SOMMAIRE

UNE VERSION INEDITE DU MYTHE DE PSYCHÉ

DISTRIBUTION ................................ ................................

BIOGRAPHIE DES ARTISTES ................................

CÔTÉ MISE EN SCÈNE ................................

CÔTÉ MUSIQUE ................................................................

JEAN-BAPTISTE LULLY 1632-1687 : ÉLÉMENTS BIOGRAPHI

MOLIERE-CORNEILLE :................................

MOLIERE-LULLY :................................

SYNOPSIS ................................................................

POUR UNE MEILLEURE LECTURE DU LIVRET

LE MYTHE DE PSYCHÉ................................

LE MYTHE DE PSYCHÉ DANS LA LITTERATURE

LA PRESSE EN PARLE ................................

POUR EN SAVOIR PLUS................................

POUR JOINDRE LE SERV

OPERA DE REIMS13 rue Chanzy

Caroline Mora :Laure Bergougnan, professeur relais

03 26 61 91 94

PSYCHÉ

DU MYTHE DE PSYCHÉ ................................................................................................

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: ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES ................................................................

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ECTURE DU LIVRET :................................................................................................

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DANS LA LITTERATURE ET LES ARTS ................................................................

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UNE VERSION INEDITE DU MYTHE DE PSYCHÉ

Adulée sur Terre, la princesse Psyché déclenche les fureurs de Vénus qui charge alors son fils,LE PALAIS, MAQUETTE DE DECOR DE LUCU

LONDIVEA l’Amour, d’exécuter sa vengeance. Mais celui-ci, fraîchement métamorphosé en jeune homme, entre

"en résistance" ! Il enlève la belle pourl’aimer dans un somptueux palais, à l’abri duregard des mortels... et de sa mère ! Afin decélébrer la puissance du Roi Soleil et ainsiéblouir la cour, Molière, Corneille, Quinault etLully, réunirent leurs talents autour de cesujet emprunté à la mythologie. Tel un miroir,dans ce XVIIème siècle qui adorait lemerveilleux, le monde des Dieux reflète celuides humains (et vice-versa!) et la rencontreentre les deux clans fait des étincelles, pournotre plus grand plaisir! La compagnie duGriffon et la compagnie les Bijoux Indiscretsvous proposent, non pas la reconstitutiond’une tragédie-ballet ou d’une pièce à

machines, mais la relecture d’un récit initiatique dont les personnages restent étonnamment prochesde nous. Sur scène : huit comédiens, quatre chanteurs, une danseuse et quatorze musiciens(instruments anciens) vous invitent à sourire et à rêver.A partir de deux matériaux : la tragédie ballet de 1671 (pièce de Molière et Pierre Corneille,intermèdes musicaux de Lully sur un livret de Quinault) et la tragédie lyrique de 1678 (Livret deThomas Corneille et musique de Lully) nos deux compagnies, l’une théâtrale (Compagnie du Griffon,direction Julien Balajas), l’autre musicale (Compagnie Les Bijoux Indiscrets, direction Claire Bodin)proposent aux spectateurs une version inédite du mythe de Psyché.

Le spectacle suit la trame de la pièce (version abrégée) et inclut une heure de musique(instrumentale et vocale).La musique, très présente, n’a pas ici vocation à servir d’intermèdes (comme c’était le cas dans lestragédies ballets). En effet nous avons souhaité une interaction permanente entre théâtre etmusique. Cette dernière, en s’insérant avec fluidité dans les scènes, soutient l’action dramatique, luipermet de respirer et lui redonne une autre densité.

Claire Bodin et Julien Balajas

DURÉE DU SPECTACLE : 3 HEURESENTRACTE APRES LE IIIE ACTE

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DISTRIBUTION

Nous avons droit à une double distribution puisque chaque rôle est tenu à la fois par un comédien etun chanteur, qui alternent voire coexistent en scène, sans risque de confusion, grâce à une mise enscène parfaitement lisible.

CLAIRE BODIN Direction musicale et choix musicauxJULIEN BALAJAS Mise en scène et adaptationSARAH BERREBY ChorégraphieLUC LONDIVEAU ScénographieGABRIEL VACHER CostumesMARC-ANTOINE VELLUTINI LumièresAURELIE COHEN Assistante à la mise en scène

COMPAGNIE DU GRIFFONOPHELIE KOERING VénusAURELIE COHEN AglaureVERONIQUE DIMICOLI Cydippe et le FleuveMAÏA GUERITTE PsychéBRUNO DETANTE CléomèneJEAN-JACQUES ROUVIERE Zéphyr et AgénorJULIEN BALAJAS AmourGUY LAMARQUE Le Roi et Jupiter

COMPAGNIE LES BIJOUX INDISCRETSInstruments anciens

ChanteursEUGENIE WARNIER SopranoLINA YANG SopranoRENAUD TRIPATHI/FRANÇOIS-NICOLAS GESLOTHaute-contreCARL GHAZAROSSIAN TénorLUIGI DE DONATO Basse

DanseuseSARAH BERREBY

Nouvelle production de l’Opéra Toulon ProvenceMéditerranéeCompagnie du Griffon, Julien BalajasCompagnie Les Bijoux Indiscrets, Claire Bodin

Production Opéra de Toulon ProvenceMéditerrannée et de l’Opéra National deMontpellier Languedoc-Roussillon, Compagnie duGriffon, Julien Balajas / Compagnie Les BijouxIndiscrets, Claire Bodin

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BIOGRAPHIE DES ARTISTES

CLAIRE BODINCLAVECINISTE, DIRECTRICE ARTISTIQUE

Claire Bodin étudie le clavecin au CNR d’Angers et obtient unpremier prix de clavecin à l’unanimité (1986).Elle entre ensuite au Conservatoire National Supérieur de Paris etobtient un Premier Prix de clavecin à l’unanimité et un Premier Prixde basse chiffrée (1988).Titulaire du Diplôme d’état de musique ancienne (1989), et duCertificat d’Aptitude à l’enseignement du clavecin (1993), elleenseigne dans divers conservatoires dont celui de Metz (durant neufans) puis au CNR de Toulon.Elle a travaillé avec Françoise Marmin, Laurence Boulay,Françoise Lengellé, Kenneth Gilbert, Jan Willem Jansen et avec

Jos van Immerseel à Anvers.Elle est médaille d’or de chant (classe de Juan Carlos Morales) et est ensuite admise à suivreplusieurs masters classes d’Udo Reinemann (lieder et mélodies).Elle se produit régulièrement en soliste ou au sein de diverses formations notamment au sein de lacompagnie Les Bijoux Indiscrets qu’elle a créée en 2005 et dont elle assure la direction artistique etmusicale.Elle a participé à de nombreux festivals tels le Festivals d’Aix en Provence, le Festival de Sablé, leFestival de la Tarentaise, Musée des Tissus de Lyon, Ballades à Bourges, le Festival Colla Voce dePoitiers… Elle a, par ailleurs, donné des concerts au Centre de Musique Baroque de Versailles, auThéâtre de Chartres, au Théâtre de Tours, au Théâtre National de Strasbourg, au Théâtre de Metz,pour l’association Anacréon d’Angers, à l’Arsenal de Metz, au Château de Manderen, (Lorraine), auFoyer Campra de Théâtre de Toulon, « la route des orgues de Moselle », etc.En tant que continuiste ou soliste, elle participe régulièrement à divers projets de musique anciennemais aussi à des concerts de musique contemporaine notamment :

Passacaille et Continuum de LIGETI à l’Arsenal de Metz en présence du compositeur (2001) Concerto pour clavecin de DE FALLA et la Sonate de CARTER avec l’atelier de Touraine Pandémonium de François NARBONI avec la Compagnie de danse Fatoumi- Lamoureux,

(enregistrement chez 3D Classics).

JULIEN BALAJASACTEUR ET METTEUR EN SCENEEn 1999, il décroche son premier rôle dans Poil de Carotte au Théâtre Dejazet où il joue le rôle-titre. Au Théâtre Fontaine, dans la compagnie Colette Roumanoff, il interprète Chérubin dans LeMariage de Figaro puis Léandre dans Les Fourberies de Scapin.Dans le même temps, il travaille le clown au sein de la compagnie Corossol et la commediadell’arte avec le Théâtre du Hibou.Puis, en 2003, Collette Roumanoff lui propose deux rôles dans une comédie musicale pour enfants,Plus Belle que Toi, une version de Blanche-neige totalement déjantée qui sera jouée à Paris, enProvince et même au Sénégal.Trois ans plus tard, il est le fils du Rabin dans un chef-d’œuvre de la comédie musicale: Un violonsur le Toit mis en scène par Olivier Bénézech et Jeanne Deschaux (Casino de Paris puis tournée enFrance, Suisse et Belgique).En mars 2009, il est Rico, dans le spectacle musical L’Utopie à Crédit de Daniel Lemahieu (texte) etJean-Philippe Vanbeselaere (musique) qui s’est joué dans le cirque Jules Verne d’Amiens.En janvier 2009, au sein de La compagnie du Griffon qu’il dirige, il met en scène une versionpurement théâtrale de Psyché de Molière et Corneille à Luçon, puis Chantilly. En octobre de lamême année, à l’Opéra de Toulon, et en collaboration avec l’ensemble de musique baroque LesBijoux Indiscrets (direction musicale : Claire Bodin), il monte une version lyrique de Psyché, repris ennovembre à l’Opéra de Montpellier.En Mars 2010, il a été l’assistant d’Olivier Benezch pour la création nationale de Street scene deKurt Weil, à l’Opéra de Toulon.

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CÔTÉ MISE EN SCÈNE

Psyché découvre le sentiment amoureux (ses joies et ses souffrances) et renonce à sa vie passéedans le cercle familial.L’Amour se métamorphose en jeune homme et impose ses choix bravant ainsi l’autorité parentale.Psyché, L’Amour : tous deux quittent l’Enfance pour devenir, au terme des épreuves rencontrées,des adultes responsables.Au-delà de la beauté du langage du XVIIème et de la puissance évocatrice des vers, cette pièce m’aséduit par son caractère baroque, bigarré.On voyage, en effet, de lieux terrestres en lieux divins, on assiste à des scènes tour à tour comiquesou tragiques, et le ton de la pièce est à la fois féerique et contemporain, naïf et incisif.Psyché est à la fois un conte (on retrouve dans l’histoire des similitudes avec Cendrillon, Blanche-Neige et La Belle et la Bête) et une étude de mœurs : les rapports et les enjeux des personnagesrestent très actuels (une mère qui veut rester éternellement jeune, des jeunes filles complexées etmal dans leur peau…).

Le spectacle situe l’action dans la période 1900-1925.

Dans Psyché, les figures féminines sontomniprésentes. Aussi le premier quart duXXème témoigne d’une réelle émancipationde la Femme, plus significative encore quedans les années soixante : le corset vit sesderniers instants, les femmes accèdent à despostes d’hommes durant la guerre, maissurtout elles affirment leurs désirs, toutcomme le fait Psyché.C’est aussi une période charnière; unnouveau monde voit le jour (l’expositionuniverselle à Paris, les débuts de l’aviation etdu cinéma, le sacre de l’Art Nouveau…)tandis que l’autre s’efface (le déclin annoncé

des monarques, la crise puis la désaffection croissante du christianisme, la Grande guerre quis’approche…).Dans l’inconscient collectif, l’image que nous avons de 1900 est celle d’une époque où l’Art, laScience, et l’Histoire peuvent encore faire coexister le réel et l’onirique.

JULIEN BALAJAS

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CÔTÉ MUSIQUE

INTEMPORALITES DES THEMATIQUES DE PSYCHÉ ETLIENS AVEC LE XVIIEME

La version allégée de la pièce, réalisée par Julien Balajas, en permetune approche plus directe, sans doute plus accessible à tous publics,en particulier ceux constitués par des adolescents, qui peuvent êtresensibles aux thématiques éternellement modernes de l’œuvre. Ilm’a cependant semblé intéressant que la mise en valeur del’intemporalité de ces thèmes, renforcée par la mise en scène deJulien Balajas reste reliée au contexte de l’époque de sa création,par d’autres éléments que la seule écoute de la langue du XVIIèmesiècle.

INTERPRÉTATION SUR INSTRUMENTS ANCIENS, CINQCHANTEURS ET UNE DANSEUSE

Le choix d’une interprétation sur instruments anciens a été faitd’entrée de jeu, la Compagnie Les Bijoux Indiscrets étant, à l’origine,

constituée de musiciens spécialisés en musique ancienne.Cependant, d’un simple continuo (clavecin, théorbe, viole de gambe) envisagé au départ, nous avonslaissé notre envie nous guider vers une version plus représentative de l’orchestre baroque, même silargement simplifiée, en engageant 15 musiciens dans cette aventure.« L’essence » de l’orchestre de cette époque nous a semblé ainsi préservée, grâce à l’emploi de cinqcordes, flûtes, hautbois, basson, théorbe, clavecin, percussions.A été également décidée : la participation de cinq chanteurs et d’une danseuse chorégraphesymbolisant l’omniprésence de la danse à la cour de Louis XIV.

MUSIQUE DE JEAN-BAPTISTE LULLY

Le choix de la musique de Jean-Baptiste Lully (1632-1687) s’est également imposé de lui-même.Collaborateur de Molière de nombreuses années, et ayant par trois fois illustré musicalement lethème de Psyché, il ne me semblait pas souhaitable de recourir à d’autres compositeurs de cetteépoque pour défendre cette partie musicale souhaitée par Julien.

PSYCHÉ DANS L’OEUVRE DE LULLY

Sans rentrer dans des considérations d’ordre musicologique plus détaillées, nous pouvons soulignerque le thème de Psyché est présent dans l’œuvre de Lully comme une sorte de « leitmotiv », quiillustre finalement chacun des états par lesquels le compositeur va passer, avant d’être reconnucomme le grand créateur de l’opéra français ou tragédie lyrique.

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En 1656, Lully compositeur à la cour de Louis XIV depuis troisans, participe au « ballet de Psyché » dont les partitions sontmalheureusement perdues.

En 1671, fruit de la dernière collaboration, souvent houleuse, desdeux « Baptiste », (Molière et Lully), naît la « tragédie balletPsyché ». La participation de Quinault est alors requise pour lesparoles des textes chantés, hormis ceux de la « plainte italienne »,probablement de Lully lui-même.

En 1678, Lully reprend la pièce de Molière adaptée en livret parThomas Corneille, frère de Pierre, et écrit sa sixième tragédielyrique. Il est à noter que les intermèdes musicaux du Psyché de1671 seront intégralement repris dans cette tragédie.

CE N’EST PAS LA RECONSTITUTION D’UN SPECTACLE BAROQUE

Cette récurrence de la présence de Psyché dans l’œuvre de Lully m’a semblé musicalement riche etintéressante à exploiter, dès lors qu’il était clair dans l’esprit de Julien Balajas qu’il ne souhaitait pasfaire de cette production une tentative de reconstitution d’un spectacle, tel qu’il pouvait se donner àl’époque de Lully. Cette donnée, qu’il nous semble essentiel de mentionner, nous laissait dès lorsune liberté de création n’excluant pas le respect d’un certain nombre de paramètres liés àl’interprétation des œuvres de cette époque.

UNE « NOUVELLE PSYCHÉ »

Deux partitions (tragédie ballet de 1671 et tragédie lyrique de 1678), étaient consultables et l’idéed’utiliser des extraits de chacune d’entre elles m’a semblé séduisante.Puisque nous ne donnions à voir et à entendre ni la tragédie ballet et ses intermèdes musicaux, ni latragédie lyrique, qui de toutes façons auraient demandé toutes deux des moyens beaucoup plusimportants que ceux envisagés (orchestre, présence de plusieurs danseurs, mise en scène, décors,costumes...), pourquoi ne pas créer à notre tour une « nouvelle Psyché » et jouer avec ces différentsmatériaux ?C’est dans cette décision, prise en conscience, que se situe me semble t’il, l’originalité de notrePsyché.

MIROIRS

La Psyché de 1671 (tragédie ballet) a été écrite dans un moment unique de l’histoire de la musiqueen France et de la carrière de Lully.Dernière collaboration entre Molière et Lully, dernière œuvre de Molière pour le Roi, première etdernière tragédie ballet de Lully, Psyché semble fermer beaucoup de portes, alors qu’au contraireelle en ouvre une géante : celle de la tragédie lyrique à laquelle Lully va donner naissance justeaprès, en 1673, avec Cadmus et Hermione.Il me plait de penser que, du point de vue musical, cette version de Psyché que nous allons produirepourrait en quelque sorte correspondre aux préoccupations qu’avait Lully au moment de sa création.En effet, la tragédie lyrique est issue de tous ces matériaux présents dans les œuvres précédentesdu compositeur (comédies ballets, tragédie ballet Psyché…) et deux ans avant son enfantement,sans savoir encore exactement comment l’écrire et sous quelle forme exacte, ne pouvons-nous pasimaginer que chantaient dans la tête du compositeur des morceaux importants de récits et airslorsqu’il entendait les scènes parlées ?Cette juxtaposition d’éléments issus de temps différents avec lesquels nous jouons, est, me semble t-il, une manière d’en montrer aussi la proximité.La Psyché de 1678 s’est regardée dans le miroir de celle de 1671 à l’époque de sa création, et sansdoute avec reconnaissance puisque tant d’éléments ont été repris, en quelque sorte notre Psychéd’aujourd’hui supprime le tain de ce même miroir !

CLAIRE BODIN

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JEAN-BAPTISTE LULLY 1632-1687 : ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES

L’HISTOIRE D’UNE FULGURANTEASCENSION

Doté d’une intelligence suprême, Lully connaît une ascension irrésistible.Il a su s’allier la faveur inconditionnelle de Louis XIV durant trente ans etexercer une véritable dictature musicale en forgeant un « style français »pour plus d’un siècle.

1632 : naissance à Florence. Fils d’un meunier, Jean-Baptiste Lully jouetrès jeune de la guitare et ses talents le font remarquer par le duc deGuise, de passage dans sa ville natale.En 1643, Lully entre au service de la Grande Demoiselle, la duchessede Montpensier. Durant les dix années passées auprès d’elle, il apprendla musique avec Michel Lambert, devient un violoniste talentueux etcompose ses premières œuvres.En 1652 il opte pour le roi avant la fin de la Fronde et entre à son

service comme baladin.En 1653, il devient compositeur de la Chambre du roi. Il dirige les Vingt-Quatre Violons puis lesPetits Violons (16 puis 20). Peu à peu, Lully écarte ses rivaux et notamment les autres italiens de laCour.En 1661, Lully prend le titre de « Surintendant de la musique de chambre du Roy ».L’année 1664 marque le début de sa collaboration avec Molière dont les comédies-ballets sontle fruit. Mais bientôt, l’ambition dévorante du musicien entraîne la rupture avec Molière.1669 est l’année de la fondation de l’Académie royale de musique, au profit de Perrin (poète) etCambert (musicien). Celle-ci fait faillite en 1672.1772 : Lully reprend le flambeau et en profite pour évincer Molière en rachetant pour lui seul leprivilège de l’Académie d’opéra. Il s’entoure du poète Quinault, du décorateur Vigarini et duchorégraphe Beauchamp.1673 voit la naissance de la première tragédie lyrique : Cadmus et Hermione, œuvre de Lully etQuinault. Le compositeur se fait donner la salle du Palais-Royal pour y installer l’Académie demusique.En 1681 Lully est annobli et devient « Monsieur l’Ecuyer de Lully » et secrétaire du Roi.1687 : Lors d’une répétition de son Te Deum composé pour la convalescence du roi, Lully, scandantla mesure à l’aide d’un lourd bâton, se donna un coup sur le gros orteil. L’inflammation qui s’ensuivitne fut pas correctement soignée et Lully mourut d’une gangrène.

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UN GÉNIE PROTÉIFORME

Lully n’était pas seulement le compositeur de génie que nous connaissons : il excellait dansdes domaines variés et plus largement dans tout ce qu’il pratiquait.

LE VIOLONISTELully était un violoniste virtuose. Il a contribué à imposer cet instrument en France en créant, àpartir des « Vingt-quatre Violons du Roi », ce que l’on appelle les « petits violons » ou encore « lapetite bande ». Cet ensemble acquit une réputation européenne pour l’exactitude de son jeu, dansl’esprit, toujours, de la musique de danse. Lully exécutait souvent des solos au sein des ballets deCour. Le magistrat et musicologue français Lecerf de la Viéville (1674-1707) affirme qu’il jouait« divinement bien ».

LE GUITARISTELecerf de la Viéville relate : « Le Premier Maître (…) qu’il fut (…) un Cordelier : Lulli s’en souvenoitsouvent, & il témoignoit de la reconnoissance pour ce bon Moine, qui lui donna le premier quelquesleçons de Musique, & lui apprit à jouer de la guitare. (…) Lulli commença par cet instrument, & laguitare plus à la mode qu’aucun autre en Italie, 1 celui dont on y joue le mieux, fut celui qu’il connutd’abord. Il conserva le reste de sa vie de l’inclination à en jouer. (…) Au contraire, lorsqu’il voyoit uneGuitare chez lui ou ailleurs. Il s’amusoit volontiers à battre ce chaudron-là, duquel il faisoit plus queles autres n’en font. »

LE DANSEURSur ce point encore, le témoignage de Lecerf de la Viéville est éloquent : Lully « n’avait point appris,& il ne dansoit qu’ainsi de caprice & par hasard ; mais l’habitude de voir des danses, & un talentextraordinaire pour tout ce qui appartient aux Spectacles le faisoient danser, sinon avec une grandepolitesse, au moins avec une vivacité très agréable. »Lully agit pour la danse, comme il le fit pour la musique : il poussa le niveau des exécutants vers lehaut. Les danseurs recrutés pour les ballets puis les opéras de furent plus que des professionnels.

LE METTEUR EN SCÈNE« Lully mettait tous ses ballets et opéras en scène, allant même jusqu’à s’intéresser de près à laconception des costumes, comme pour l’opéra « Amadis ». Il est nécessaire d’évoquer aussi lesmachines utilisées dans ses tragédies en musique. C’est au cours d’une mise au point de dernièreminute pour le ballet d’Alcidiade en 1668, qu’il se permit un mot qui fit le tour de la cour. Il répondit àl’envoyé du roi qui le réclamait : « Le roi est le maître, il peut attendre autant qu’il lui plaira. » LouisXIV ne s’offusqua pas de cette boutade, qui aurait peut-être été fatale à un autre courtisan. ! »

Propos extraits du site Lully, voir webographie.

L’HOMME D’AFFAIRES« Lully menait de front ses diverses entreprises : l’Académie royale de musique, la création annuellede ses opéras, quand ne s’y ajoutait pas la composition de ballets ou motets. La fonction desurintendant de la Musique de la Chambre requérait des compétences tant administrativesqu’artistiques. L’emploi englobe le recrutement des acteurs, chanteurs, danseurs, instrumentistesl’écriture et le choix des ballets, divertissements, tragédies lyriques, musique de chambre, laprésidence des répétitions, la direction des représentations.Bourreau de travail, Lully dirigeait en outre l’opéra du Palais Royal à Paris. Est-il peut-être nécessairede rappeler que l’opéra était à l’époque une entreprise privée, non subventionnée par l’Etat. S’étantfortement endetté pour racheter le privilège de l’opéra à Perrin, il réussit à obtenir la garantie quereprésentait le monopole absolu de toute représentation musicale de plus de deux chanteurs et deuxmusiciens dans le royaume. Il put ainsi rentabiliser son investissement périlleux, à l’abri de touteconcurrence. Il accepta néanmoins quelques exceptions notamment au profit du théâtre de PierreGautier à Marseille, ou encore au profit de Molière, qui put jouer son « malade imaginaire » sur lamusique de Marc-Antoine Charpentier, malgré de nombreuses restrictions. En bon gestionnaire, ilsavait où étaient ses priorités : s’il payait largement ses collaborateurs, pour que ces derniers lui

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soient attachés. Il pouvait cependant se montrer moins généreux pour les choses qu’il jugeaitsecondaires. Ses choix ses sont avérés judicieux puisqu’il réussit à faire de cet opéra une affaireflorissante, qui connut, après son décès, de nombreuses affres financières. »

Propos extraits du site Lully, voir webographie.

LE DÉFENSEUR DE LA MUSIQUEFRANCAISEBien que d’origine italienne, Lully se montre un ardent défenseur de la musique française : il réaliseun travail de synthèse, assimilant l’art instrumental, l’art vocal et la tradition du ballet ; il crée lerécitatif français et apporte clarté et architecture dans ses compositions orchestrales, où il excelle enmaître. Il est aussi le créateur des célèbres ouvertures à la française dont le style est repris parCorelli, Bach et Telemann.

MOLIERE-CORNEILLE :

LES ÉTAPES D’UNE COLLABORATIONSURPRENANTEEn 1643, Molière et son illustre Théâtre partent jouer à Rouen où réside l’auteur du Cid. La troupe yprésente vraisemblablement Cinna ou Polyeucte. La querelle entre les deux auteurs commence là :Molière, mauvais tragédien, n’obtient pas la considération du grand Corneille qu’il admire.Ce qui ne l’empêche pas, entre 1650 et 1653, de monter Andromède, une autre de ses tragédies.

En 1658, Molière installe à nouveau sa troupe à Rouen pour cinq mois, à une centaine de mètres dudomicile des Corneille qui courtiseront la belle Marquise du Parc. En octobre, la troupe descend àParis et bénéficie de la protection du frère du Roi. Pour leur première représentation devant LouisXIV, Molière choisira encore une tragédie de Corneille : Nicomède.

En 1659, Molière, alors co-directeur du Théâtre du Petit-Bourbon, programme simultanément sacomédie, Les Précieuses Ridicules, avec Cinna. Or, le succès des Précieuses éclipse rapidementCinna qui est remplacée par Pylade et Oreste, tragédie de Coqueteau. Jalousie d’auteur, lesCorneille fustigeront Les Précieuses (comme toutes les pièces de Molière) qu’ils qualifieront de «Bagatelles ».

En 1662, dans la première scène de L’Ecole des Femmes, Chrysalde se moque des « nobles de ladernière heure » parmi lesquels Thomas Corneille, alias Monsieur de l’île, est explicitement cité.

A l’été 1664, les comédiens de Molière créent La Thébaïde, tragédie d’un jeune auteur qui feraparler de lui : Jean Racine. Celui-ci, songe à trouver très rapidement une autre troupe pour lui confiersa nouvelle tragédie, Alexandre. Blessé dans son orgueil, Molière se rapproche alors de Corneille,afin de contrer l’ascension de ce dangereux rival. Ainsi, Molière obtient le privilège de créer Attila deCorneille au Palais Royal en 1667, « année de la réconciliation ».

A la fin de l’année 1670, Louis XIV commande Psyché, une tragédie-ballet de grande envergure, àMolière qui se charge de l’écriture, mais aussi de la réalisation du spectacle (costumes, décors,machinerie, figurants). Pressé par le Roi qui veut avancer les représentations, Molière demande alorsl’aide de Corneille pour la versification.

Psyché est donc créée à temps, le 17 janvier 1671 à Versailles, puis reprise pour le public parisienen juillet de la même année dans la salle du Palais-Royal.

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MOLIERE-LULLY :

LA COLLABORATION DES « DEUX BAPTISTE »

Lully Molière, Molière Lully… pendant plusieurs années, et notamment à partir de 1664 (Le MariageForcé) leurs deux noms furent associés et résonnèrent aux oreilles de ceux qui, à la cour du Roi,s’intéressaient aux dernières nouveautés en matière de création artistique.Près de dix ans qui vont mener le compositeur d’une simple « courante » insérée au sein de lapremière comédie-ballet (bien que le genre ne soit pas encore véritablement assumé) « les fâcheux »à d’importantes pages instrumentales et/ou vocales qui contribuèrent à assurer au compositeur unenotoriété sans cesse grandissante.Comme le fait remarquer Philippe Beaussant dans son livre « Lully ou le musicien du soleil »

(éditions Gallimard) : la première chance de Lully avait étéde rencontrer le Chevalier de Guise (qui l’a choisi etemmené en France) ; la seconde, de rencontrerMademoiselle (au service de laquelle il est entré) ; latroisième, Louis XIV (dont il devient l’indispensablemusicien) ; la quatrième fut de rencontrer Molière.Et il est permis de penser effectivement que le grandtalent de Lully n’aurait peut-être pas, à lui seul, suffit àcréer l’opéra français (la tragédie lyrique) dont il doutaitlui-même qu’un jour il puisse exister, tellement sa proprelangue natale (l’italien) lui semblait plus favorable à avoirles qualités nécessaires à l’expression dramatiquechantée.Nous ne savons pas de manière certaine qui a suscité larencontre puis l’association entre ces deux génies. Mais,si la collaboration des « deux Baptiste », ainsi nomméspar la prodigue Marquise de Sévigné, ne se vivra passans heurts et aboutira même à une rupture, force est deconstater qu’elle fut une des plus riches et porteused’avenir de l’histoire de lamusique !

Molière par le peintre NicolasMignard -1658

Leurs œuvres communes

Les Fâcheux (1661)Le Mariage Forcé (1664)La Princesse d’Elide (1664)L’Amour Médecin (1665)La Pastorale Comique (1667)Le Sicilien (1667)George Dandin (1668)Monsieur de Pourceaugnac(1669)Les Amants Magnifiques (1670)Le Bourgeois Gentilhomme(1670)La Comtesse d’Escarbagnas(1671)Psychée, 1671

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SYNOPSIS

PROLOGUE

Flore, en rendant grâce au « plus grand Roi du monde » convie chacun à se réjouir car : « ce n’est plus letemps de la guerre » ! Accompagnée de nymphes, dryades, sylvains, naïades, elle invite Vénus à descendre.L’arrivée de Vénus, puissante déesse de l’amour, ne s’accompagne pas des réjouissances attendues. Vénus estirritée, très en colère, et jalouse de la trop belle et mortelle princesse Psyché dont elle veut se venger, aidéel’espère-t’elle de son fils, l’Amour en personne !

ACTE I

La déesse n’est pas la seule à être jalouse de la beauté de Psyché, qui provoque aussi le dépit de ses deuxsœurs : Aglaure et Cydippe.Celles-ci se plaignent de la « foule d’amants » attachée aux pas de l’indifférente Psyché, alors qu’elles mêmessont totalement délaissées.L’arrivée de deux princes et prétendants, Cléomène et Agénor, attise leur aigreur. Psyché, sans en êtreébranlée pour autant, reçoit leur déclaration commune, signe de l’amour inconditionnel et dévoué qu’ils luiportent.Le drame se noue avec l’intervention du messager Lycas, apportant l’annonce de la mort prochaine de Psychéqui doit être dévorée par un horrible serpent. Les deux sœurs, hors de sa présence, se réjouissent du destincruel de Psyché.ACTE IILe roi laisse s’exprimer l’immense chagrin qu’il ressent, et pleure la perte prochaine de sa fille qui l’exhortedoucement à moins de faiblesse. Psyché encourage ensuite ses hypocrites sœurs à la quitter, afin d’allerconsoler leur père. Elle reste seule, en attente de son fatal destin.L’arrivée de ses deux chevaliers servants, Cléomène et Agénor, la distrait un moment, et alors qu’elle lesimplore de la laisser seule, elle est emportée par le souffle du Zéphyr et disparaît de leur vue.La voix de l’Amour, qui est en fait le maître d’œuvre de toute cette petite mise en scène, se fait entendre,menaçante pour les deux princes qu’il précipite dans le vide.

ACTE III

Au service de l’Amour, Vulcain a construit un magnifique palais pour Psyché que le Zéphyr vient de déposer,endormie, à l’intérieur de celui-ci. A son réveil, Psyché s’interroge sur les beautés qui l’environnent et enconclut que la cruauté du serpent se révèle dans cette mise en scène qui semble différer sa mort.L’arrivée de l’Amour, déguisé afin que Psyché ne puisse le reconnaître et l’identifier en tant que tel, lasurprend et lui redonne espoir, en même tant qu’elle sent naître en elle une tendresse inconnue qui la troubleinfiniment. L’Amour en lui avouant ses propres sentiments l’invite à aller admirer les jardins et le palais qui luisont destinés.

ACTE IV

Psyché aime ! Elle est heureuse et chante simplement son bonheur. L’arrivée de ses deux sœurs, toujoursjalouses et médisantes, vient rompre sa sérénité et jeter le doute dans son esprit. Qui est exactement celui quia su rendre son cœur sensible à l’Amour ? Quel est son nom ? Un véritable amour peut il rester masqué etn’est elle pas sous le charme d’un imposteur ?Les paroles empoisonnées des deux sœurs ont détruit l’aimante confiance qu’avait Psyché en son amant. Lorsd’une scène particulièrement tendue, elle amène alors l’Amour à lui dévoiler son identité. Cette révélation estfatale à Psyché, immédiatement abandonnée par son amant. Ses pleurs et les reproches qu’elle s’adresse laconduisent à envisager une mort prématurée.Vénus apparaît alors, pleine de haine et de rancune envers celle qui, non seulement lui enlève les honneursdus à sa beauté, mais qui de plus a rendu son fils, l’Amour, rebelle à l’autorité de sa mère !

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ACTE V

Soumise à Vénus, Psyché se retrouve aux Enfers. Le chagrin d’avoir perdu celui qu’elle aime est plus fort queles souffrances et les terreurs qu’elle endure. La visite des deux princes, toujours transis d’amour, la distraitun moment, mais le cours de ses pensées la ramène vers son amant qu’elle espère retrouver. Consciente desatteintes que les souffrances ont causées à sa beauté, elle ouvre la boîte magique, « trésor de beauté divine »,que Vénus l’avait envoyée quérir auprès de Proserpine et s’évanouit.L’Amour, qui n’a cessé de l’aimer et de la surveiller pendant son long calvaire, se laisse toucher par le périldans lequel il la voit. Son opposition à sa mère éclate tout au long d’une scène au cours de laquelle il oserevendiquer la légitimité et la force de son amour pour Psyché, ainsi que l’inexorabilité de sa décision de laretrouver. Mais pleurs, prières, soupirs et menaces ne font pas fléchir la terrible Vénus. Dans un derniersursaut de désespoir, menaçant de rompre son arc et de briser ses flèches, l’Amour implore Jupiter. Celui-cisaura convaincre l’orgueilleuse déesse et afin « d’y rendre tout égal » entre Dieux et mortels, fera de Psychéune belle immortelle !

POUR UNE MEILLEURE LECTURE DU LIVRET :

QUELQUES REPÈRES « DIVINS »FLORE : Déesse des fleurs, des jardins, du printemps etépouse de Zéphyr.VENUS : Déesse de l’amour, épouse de Vulcain etamante de Mars, mère de Cupidon.L’AMOUR : Fils de Vénus et de Mars, aussi nomméCupidon.ZEPHYRE : Personnification du vent d'ouest, vent doux etléger.VULCAIN : Dieu de fer et du feu, fils de Junon et Jupiterqui lui fit épouser Vénus.APOLLON : Dieu grec et romain de la clarté solaire, de laraison, des arts, du chant, de la musique et de la poésie.LES ENFERS : Dans la mythologie Grecque et Romaineles âmes descendent aux enfers après la mort pour y êtrejugées. Dans les opéras baroques, on peut fréquenter lesenfers sans être définitivement morts !JUPITER : Roi du ciel et père de tous les Dieux.

LES METAMORPHOSES EN RESUMELucius, jeune aristocrate romain obsédépar la magie, est accidentellementtransformé en âne par une sorcière. Etc'est en âne qu'il affronte une séried'aventures qui lui permettent deconstater et de partager la misère desesclaves et des hommes libres déchusqui, tout comme Lucius, sontpratiquement réduits à l'état d'animauxdans les mains de leurs richespropriétaires. Dans les derniers chapitresdu livre, Lucius retrouve sa formehumaine grâce à la déesse Isis. Par lasuite, il est initié à son culte mystérieux etse voue à la déesse. Ce livre est la seuleœuvre littéraire du monde gréco-romainqui examine la condition des classespauvres.

MERCURE : Messager des Dieux, et dieu du commerce

et des voyages.

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LE MYTHE DE PSYCHÉ

L’œuvre repose sur le mythe de Psyché, repris par l’auteur latin Apulée qui s’est inspiré de traditionsgrecques anciennes, en 160 après J.C., dans ses célèbres Métamorphoses ou l’Âne d’or, ouvrageérotique et burlesque, dont la complexité narrative et les récits enchâssés, avec d’autres romansgrecs de ce deuxième siècle, seront le modèle de ce que l’on appelle aujourd’hui le roman baroque.(Le texte ne doit pas être pris au premier degré ; Apulée, néoplatonicien, initié aux mystères etparticulièrement à ceux d’Isis qui rendra son apparence humaine à Lucius - héros transformé en âne- a probablement voulu livrer un message philosophique encore assez hermétique.)Psyché, telle Cendrillon, est la plus belle des trois filles d’un roi, si courtisée par une foule d’amantsque Vénus, qui voit par eux ses appâts méprisés, en conçoit une bien humaine jalousie pour unedéesse et charge son fils Cupidon d’assouvir sa vengeance en rendant la jeune fille amoureused’une hideuse créature (on pense à Titania, dupée par Obéron qui la fait tomber amoureuse d’unâne). Mais le jeune dieu de l’Amour, Éros des Grecs ou Cupidon des Romains, succombe auxcharmes de Psyché et la sauve alors même que son père, pour complaire à Apollon, s’apprête à lasacrifier sur une montagne à un monstre (et l’on pense au sacrifice d’Abraham, à celui d’Iphigéniepar Agamemnon). La curiosité malheureuse de Psyché, qui veut connaître l’identité de son amantsalvateur, est aussi une infraction fatale aux interdits des dieux jaloux de leur mystère, tel celui deSémélé, foudroyée par Jupiter, tel encore l’interdit imposé à Orphée qui doit sortir des enfers sansse retourner et regarder Eurydice. Fatale indiscrétion de la femme amoureuse que l’on retrouveencore dans Löhengrin de Wagner où Elsa perdra de la sorte son fiancé venu d’ailleurs. Bref, cemythe condense diverses légendes offrant une interprétation symbolique : si Psyché, la psyché,l’esprit, est aussi l’âme, c’est l’aspiration finale, idéale de l’amour, le chemin de perfection amoureuxqui mène de la beauté du corps érotique selon Platon, au Beau, au Bon et au Vrai.Mais ici, on en restera au divertissement profane linéaire : jalousie de femmes (les sœurs et Vénus)envers une femme plus belle, amours contrariées par la puissance familiale puis par le doute intime,la découverte éblouie de l’amour par deux jeunes gens, dans un marivaudage avant la lettre qui doitbeaucoup au théâtre espagnol de Lope de Vega et, directement, à Calderón. En effet, l’Amouramoureux avait déjà inspiré au grand dramaturge, en 1662, une comedia qui, sans être une zarzuela(l’opéra baroque à l’espagnole), est une pièce où la musique a un grand rôle, que Corneille, féru dethéâtre espagnol, et Molière qui suivit le Prince de Conti dans la guerre de Catalogne, connaissaientaussi parfaitement.Malgré leur brouille, Corneille et Molière s’unissent pour écrire le livret d’une tragédie-ballet àmachines pour le roi, en 1671, musique de Lully, les paroles chantées étant confiées à Quinault, àpart la « Plainte italienne », probablement du compositeur lui-même. En 1678, Lully reprendra cettepièce, mais adaptée pour la musique par Thomas Corneille, frère de Pierre, qui deviendra unetragédie lyrique.

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LE MYTHE DE PSYCHÉ DANS LA LITTERATURE ET LES ARTS

Plusieurs sculptures, bas-reliefs, ou peintures permettentd’attester que le mythe de Psyché (âme en grec) était présentdans la tradition orale dès le IVème siècle avant J.C, et cedans tout le bassin méditerranéen.Cependant, le premier texte qui nous est parvenu, remonte à160 après J.C. Il s’agit des Métamorphoses ou l’Âne d’or,d’Apulée. L’Âne d’or ou les Métamorphoses est un récit enonze parties qui raconte les aventures de Lucius, un jeunehomme transformé en âne par une magicienne. Après biendes péripéties, il retrouvera sa forme humaine. Entre temps,des voleurs le capturent. Enfermé dans une caverne, il setrouve à côté d’une jeune fille belle et noble, elle aussicaptive. Ainsi, il va entendre le récit que la vielle geôlièreconte, de manière fragmentée, à la jeune fille pour laconsoler. Il s’agit de la fable d’Amour et Psyché.Le mythe littéraire de Psyché appartient donc à la littératureromaine et non grecque. L’Âne d’or a été rédigé plus de 900ans après L’Iliade et L’Odyssée du poète grec Homère.En 1662, Calderon, grande figure du siècle d’or du théâtreespagnol, écrit une comédie mythologique Ni Amor se libra deamor (« L’Amour lui-même n’échappe pas à l’amour ») tandis,qu’en France, La Fontaine marquera les esprits avec un «O.V.N.I. littéraire » : Les amours de Psyché et Cupidon, publiéen 1669. Il y mixte prose et vers, récit mythologique etdescriptions des jardins du Château de Versailles, le tout

conduit par la conversation de quatre amis en promenade.Le mythe de Psyché témoigne d’un engouement naissant pourle merveilleux et ouvre ainsi la voie au genre littéraire du Conteen France et en Europe : La Belle au Bois Dormant de CharlesPerrault (1696), La Belle et la Bête de Gabrielle-Suzanne deVilleneuve (1740), Blanche-Neige des frères Grimm (1812).

Le mythe de Psyché, quasi universel, a inspiré, séduit des artistes de tous temps et detoutes disciplines. Le spectacle permet donc, en classe, d’aborder l’histoire des arts àtravers la thématique suivante : « arts, espace, temps », « l’œuvre d’art et ses grandesfigures culturelles du temps et de l’espace (mythes, héros épiques et légendaires, figures

QUELQUES AUTRES PISTES LITTÉRAIRES :

Ode to Psyche, poème de John Keats (1819) Psyché, poème épique de Victor de Laprade (1841) The Earthly Paradise, poème de William Morris (1870) The Unknown Eros, poème de Coventry Patmore (1877) Eros and Psyche, poème de Robert Bridges (1885) Psyché, roman de Pierre Louÿs (1927) Till we have faces, roman de Clive Staple Lewis (1957)

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PEINTURE Les fresques de Raphaël et de ses élèves à la Villa Farnesina de

Rome (vers 1513) Psyché reçue dans l'Olympe, peinture de Polidoro da Caravaggio (vers 1524) Les fresques du salon ovale de l'hôtel de Soubise, peintes par Charles-Joseph Natoire 1737 - 1739 Psyché montrant à ses sœurs les cadeaux de Cupidon, peinture de Jean-Honoré Fragonard (1753) Amour réveillant Psyché, peinture de Bénigne Gagneraux (1790) Psyché et l'Amour, peinture de François Gérard (1798) Le Premier Baiser, peinture de William Bouguereau (1873) L'Amour et Psyché, enfants, peinture de William Bouguereau (1889) L'Enlèvement de Psyché, peinture de William Bouguereau (1895)

SCULPTURE Psyché ranimée par le baiser de l'Amour,

groupe sculpté d'Antonio Canova (1793) L'Amour et Psyché, groupe sculpté d'Antonio Canova (vers 1793) Psyché, statue d'Antonio Canova (vers 1793) Psyché, statue d'Albert Bertel Thorvaldsen (1806) L'Amour et Psyché, groupe sculpté de Reinhold Begas (1857) Pan réconfortant Psyché, groupe sculpté de Reinhold Begas (1858) Cupidon et Psyché, groupe sculpté d'Auguste Rodin (1893) Psyché, statue d'Auguste Rodin (vers 1905)

ÉCOUTER

Psyché, poème symphonique pour chœur et orchestre de César Franckcomposé en 1886. Le programme de cette Psyché, dernier des quatre poèmessymphoniques de Franck, s’appuie, lui aussi, sur les Métamorphoses (« l’Aned’or ») d’Apulée.

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LA PRESSE EN PARLE

Cette Psyché à été créée à l’opéra de Toulon le 23 octobre 2009. J’ai fait le choix de présenter icicertaines critiques, non pour le jugement qu’elles portent sur la qualité du spectacle mais bien parceque certaines me semblent éclairantes quant aux effets de mise en scène, jeux des acteurs, choixdes extraits musicaux.

"Dans cette longue pièce, Julien Balajas, qui en signe la mise en scène, ataillé un texte judicieusement plus léger, et de ces musiques, Claire

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Bodin, a coupé les intermèdes oiseux pour garder les passagesdramatiques, en sorte que cette Psyché réussit la gageure d’être à la fois

ncienne et nouvelle, et sans lourde et onéreuse reconstitution baroquisante, préserve le meilleur desprit baroque original. En effet, on craignait, de l’intention de ramener l’action aux années 1900-

925, encore un asservissement de jeunes créateurs à cette mode de l’actualisation des œuvres,éjà vieille, sur toutes les scènes, de près d’un demi-siècle. Mais, ici, les costumes (Gabriel Vacher)our les dames, de la double esthétique Art Nouveau et Art Déco renvoient au néobaroque et rococo900 avec ses robes à falbalas et fanfreluches, et l’épure néo-classique 1925 avec ses tuniquesures, à une Antiquité stylisée : c’est élégant et intelligent. Zéphyr (Jean-Jacques Rouvière), serviteurilé et zélé de Cupidon, en costume d’aviateur pionnier, et Amour (Julien Balajas), en blazer rougeussi de timidité, tout faraud d’un baiser) de collégien british ou de Tintin tombé en tentation

moureuse sont fort drôles. Deux fauteuils néo-Louis XV et un vaste et solennel tableau de puissantemille situent Psyché et les siens au premier acte, avec ses deux inénarrables sœurs envieuses,urélie Cohen (Aglaure) et Véronique Dimicoli (Cydippe), la sèche et la boulotte, qui compensenturs complexes physiques et leur appétit sexuel frustré en s’empiffrant nerveusement,ystériquement, de friandises.e second acte, avec juste une sorte de petit échafaud pour le sacrifice, avec sombre fond tourmenté

et silhouette de château, est superbe, picturale mise envaleur de la robe blanche de la victime et de la magnifiquedéploration polyphonique menée par la ligne impeccabled’Eugénie Warnier, soprano, et d’un quatuor tout aussiémouvant de chanteurs. En contraste, le palais enchantéoù Cupidon enlève sa belle, avec une végétation stylisée àla Douanier Rousseau et un édifice aux lignes nouilles deGuimard ou Horta, est lumineux, joyeux, souple et variéescénographie de Luc Londiveau aussi diversementéclairée par Marc-Antoine Vellutini en fonction destableaux et de la couleur des situations dramatiques. Mais

n n’aurait garde d’oublier, magnifique trouvaille humoristique, d’entrée, la tirade vengeresse d’uneaie Vénus de beauté (Ophélie Kœring) dont l’Olympe ou la Cythère serait une loge de théâtre, unplacable miroir pour la femme mûrissante et presque rugissante de se voir vieillir face à l’innocente

éronnelle, qui est projetée comme un cinéma balbutiant, à l’image tremblotante et crépitante : leythe et sa divinité, sa diva, sa déesse d’aujourd’hui.

a mise en scène est souple, inventive donc, avec des silhouettes à la BD, des jeux de duo, deymétries et dissymétries burlesques entre les deux sœurs et les deux prétendants (Bruno Detante etacques Rouvière), des vers débités à l’unisson, jolie façon de gagner du temps, des arrêts sur

age, des gags sonores (René Maurin). Maïa Guéritte est une délicate et fragile Psyché, aspirant auacrifice comme Iphigénie, face à un père désespéré (Guy Lamarque, Jupiter), et découvrantmour, comment l’esprit vient aux filles, avec une spontanéité et une fraîcheur délicieuse d’Agnès

e l’École des femmes.n’y a pas de solution de continuité entre la scène et la fosse puisque le beau quintette vocal monte

ur le plateau, chœur antique saisissant, ou, individualisé, se substituant en chant aux personnagesarlés, ainsi Lina Yang, fine soprano, et Luigi De Donato, basse, à la voix bouleversante de pèrelessé, avec comme dignes partenaires Renaud Tripathi/François-Nicolas Geslot haute-contre etarl Ghazarossian, ténor. Du clavecin, Claire Bodin mène sa troupe avec toute la souplesse baroquequise et un effectif judicieusement choisi d’instruments anciens dont la délicatesse répond à la

nesse de cette versification qui alterne les vers de 12 et de 8 pieds, avec une fluidité que n’a pas leourdon et le ronron souvent monotones de l’alexandrin continu.ne danseuse, Sarah Berreby, remplit les espaces dévolus aux intermèdes, mais la chorégraphieériterait peut-être un peu plus de détail. Presque un spectacle de tréteaux touché par la grâce et

ui mériterait de tourner.

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« Visuellement, elle (la Psyché) est très séduisante ; les jeux de lumièresparticulièrement réussis (Marc-Antoine Vellutini) exaltent les climats et lescostumes, la plupart seyants et quelques uns décalés (pour les dieux). Lascénographie dépouillée de Luc Londiveau bien qu’un peu décevante au

l’apoellessolituL’adassecontl’absl’enlèdémprocfait d: le rUnesuccdispmoupantA pret qumusVéroun p

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FORUMOPERA

troisième et au dernier acte - la toile peinte du séjour enchanté et les lustres dethéose – est pour le reste en phase avec les situations. Quant aux évolutions de Sarah Bereby,sont gracieuses et conformes aux codes de la danse baroque mais on regrette souvent sade.

aptation conçue par Julien Balajas, le metteur en scène, procède d’une transposition temporellez cohérente. En situant l’action dans les années 20 du XX° siècle, il la rapproche d’un publicemporain tout en trouvant des solutions ingénieuses à certains problèmes comme celui deence de machines dans une production qui repousse a priori l’idée de la reconstitution. Ainsivement de Psyché : elle disparaît en coulisse et grâce à l’efficacité du bruitage on entend le

arrage hoquetant d’un avion, tandis que Zéphyr arbore la tenue des pilotes pionniers. Leédé fonctionne évidemment pour l’arrivée des sœurs jalouses. De même la séquence filmée quie Vénus une vedette de cinéma accompagne efficacement sa tirade initiale. Attention cependantythme de certaines scènes est menacé par des silences « dramatiques ».autre qualité du spectacle tient à la fluidité avec laquelle chant et théâtre s’enchaînent, par laession sur l’espace scénique de l’actrice, puis de la chanteuse, soit que les lumières fassentaraître l’une au profit de l’autre, soit qu’un siège tournant permette de changer dans levement. On les voit aussi simultanément, sur des plans différents, dans des ébauches deomime où l’une semble le reflet de l’autre, en un bel effet de miroir éphémère.opos du versant théâtral, signalons la qualité globale de la diction, respectueuse de la prosodiei, sans céder à la déclamation expressive encore à la mode au milieu du XX° siècle, fait sentir la

icalité de cette langue versifiée. A saluer encore l’abattage des deux sœurs (Aurélie Cohen etnique Dimicoli) et des deux prétendants (Bruno Detante et Jean-jacques Rouvière, qui chargeeu son Zéphyr). La Vénus d’Ophélie Koering a de la prestance mais manque un peu de mordant

(fatigue après la représentation vespérale ?). Roidigne puis Jupiter salace, Guy Lamarque soutient lesdeux emplois. Restent Amour, Julien Balajas, etPsyché, Maïa Guéritte, pour nous les moinsconvaincants. A quoi cela tient-il ? Aux limites descomédiens ? Ou à la conception des personnages ? Avouloir rapprocher l’œuvre du public d’aujourd’hui,Julien Balajas n’a-t-il pas sacrifié l’essentiel ausecondaire ? Définir Psyché comme une jeune fille quiva quitter le cercle familial en découvrant l’amour etAmour comme un adolescent qui s’impose en serévoltant est évident, mais faire de leur rencontre un

de foudre qui finit en partie de jambes en l’air, est-ce bien pertinent ? En se regardant l’unre ils font une expérience majeure qui va bien au-delà de l’étreinte montrée. C’est bien parce quehé est à ses yeux exceptionnelle qu’Amour ne peut lui infliger la punition ordonnée par Vénus,bien parce qu’Amour est exceptionnel que Psyché va sortir de son apathie sentimentale. Etbien parce que leur attachement n’est pas de l’ordre commun, celui des corps qui se désirent,

equel règne Vénus, que la déesse voudra le détruire. C’est que la beauté physique de Psychét que le reflet de son âme. On est loin du familier et du banal. C’est pourquoi même si la tragédieue autorise le mélange des genres, c’est pour nous une erreur de faire des deux amants, mêmeassant, des personnages comiques dans un esprit potache. Psyché n’est pas nunuche, pas plusmour n’est un ado maladroit. Certes, cela les rend sympathiques, et amuse, à en juger par lestions des spectateurs, mais cela affaiblit leur côté exceptionnel, elle par sa vertu rayonnante, luison statut divin et sa sublimation réussie. Ce sont des personnages nobles, non pas parcelle est princesse et lui déité, mais par leur élévation spirituelle. Ni Julien Balajas ni Maïa Guéritte,

dit à regret, n’ont rendu sensible cette dimension pour nous essentielle, qui fait de ces amantsautre chose que les habituels amoureux de Molière.

e remarque du reste d’autant plus que les chanteurs, eux, ne laissaient rien à désirer de ce pointue. Leur musicalité, l’harmonie née des timbres complémentaires, la maîtrise stylistique du chantque font de leurs interventions des moments délicieux Lina Yang est tour à tour une Flore et unephe charmantes, Renaud Tripathi est touchant à souhait en homme affligé, Carl Ghazarossianout maussaderie à son Vulcain, et Luigi de Donato, d’abord second homme affligé, est un Jupiteressionnant à souhait. Tour à tour Vénus, femme désolée et Psyché, Eugénie Warnier est

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souveraine de justesse expressive ; frémissante, digne, noble, elle fait trouver trop courtes sesinterventions, en particulier les airs tirés de la tragédie lyrique.Maîtresse d’œuvre sur le plan musical, la claveciniste Claire Bodin, directrice artistique de l’ensembleLes Bijoux Indiscrets, s’est astreinte à une sélection musicale minutieuse – pas moins de quarantedeux extraits – à partir des deux partitions de 1671 et 1678. Certes, une large part de la musique dela version dernière reprend la première composition, mais il a fallu faire des choix parmi entrées,préludes, airs et ritournelles, avec la contrainte de la cohérence entre musique et théâtre. Le résultatde ce travail, confié aux quatorze musiciens où les vents et le continuo se distinguent, est délectable.Claire Bodin dirige depuis le clavecin avec des gestes très précis et obtient une cohésion sansdéfaut. Peut-être pourrait-on souhaiter quelques articulations plus marquées, mais il s’agirait plus degoût que de style."

"Audacieuse autant qu'hybride, cette étonnante mouture dePsyché, conçue par le tandem Bodin/Balajas, se révèle, contretoute attente, des plus efficaces ! À partir d'une technique

cette p(signéesur lesEn simAu contrameesthétil'œuvreDans cdu Grifenjeuxpossiblmots, es'imposLes chindiscumélancaucunhaute-exempCarl GhChef epeine pet inveexpériejudicieucostumUn spe

Opéra magazine,décembre 2009

narrative rythmée - basée à la fois sur la «tragédie-ballet» de1671 (Lully composa des intermèdes chantés et dansés pour

ièce co-écrite par Molière, Quinault et Pierre Corneille) et sur la «tragédie lyrique» de 1678par le même Lully, cette fois sur un livret de Thomas Corneille) -, les aménagements opérés

correspondances entre théâtre et musique s'avèrent tout à fait sagaces.plifiant ainsi la formule dramaturgique, Julien Balajas ne malmène en rien l'intrigue mythique.traire, c'est avec délicatesse qu'il se permet d'élaguer certaines sections et d'éclaircir uneparfois dense, voire alambiquée. Pour un public actuel non habitué à savourer les codesques du Grand Siècle, une telle adaptation peut légitimement être l'occasion de découvrir.e cas précis, l'action est on ne peut plus lisible. Les comédiens de la toute jeune Compagniefon se montrent tous très convaincants dans ce qu'ils ont à faire. Portés par la limpidité des, ils n'ont, il est vrai, qu'à se laisser investir par leurs personnages avec le plus de naturele. Il est toutefois notable que chacun montre de la ressource dans le jeu, du plaisir sur lesn somme de l'envie ! Signalons que, non content d'assumer la mise en scène, Julien Balajase, dans ce cadre, en Amour espiègle et objecteur.

anteurs leur répondent avec une véritable aisance et beaucoup de style. Eugénie Warnier esttablement celle qui cristallise le maximum d'émotion. Son chant idéalement conduit distille uneolie à fleur de timbre, à laquelle il est difficile de résister. La seconde soprano, Lina Yang, n'amal à assumer les délicieuses lignes enrubannées qui lui sont dévolues. Si les parties decontre, chantées respectivement par Renaud Tripathi et François-Nicolas Geslot, ne sont pastes de petites duretés, l'investissement scénique des interprètes est, lui, irréprochable. Enfin,azarossian et Luigi De Donato se montrent de fins stylistes, constamment en situation.

t claveciniste attitrée de l'ensemble Les Bijoux Indiscrets, Claire Bodin ne ménage pas saour donner corps aux plages musicales sélectionnées par ses soins. Toujours alerte, précisentive, la formation d'instruments anciens ne demande qu'à s'épanouir au fil de nouvellesnces. Pour finir de saluer cet excellent travail d'équipe comme il se doit, citons les lumièresses de Marc-Antoine Vellutini, la scénographie sobre et efficace de Luc Londiveau, leses décalés de Gabriel Vacher... sans oublier le zèle chorégraphique de Sarah Berreby.ctacle qu'il faut assurément encourager dans sa diffusion."

Page 21: ENTRACTE APRES LE IIIE ACTE - CNDP · 2011. 11. 9. · LE MYTHE DE PSYCHÉ..... LE MYTHE DE PSYCHÉ DANS LA ... célébrer la puissance du Roi Soleil et ainsi éblouir la cour, Molière,

PSYCHÉ 21

POUR EN SAVOIR PLUS

BIBLIOGRAPHIEAPULEE, L’âne d’or ou Les Métamorphose, dans une traduction de Pierre Grimal, folio classique n°629, 1975.BEAUSSANT, Philippe, Lully ou le musicien du soleil, Gallimard, 1992.GALLOIS, Jean, Jean-Baptiste Lully, éditions papillon, 2001.

WEBOGRAPHIE

http://bcs.fltr.ucl.ac.be/Apul/amorplan.htmlCe site offre la possibilité de lire en ligne L’Âne d’or ou Lesmétamorphoses d’Apulée.http://sitelully.free.fr/Ce site, entièrement consacré à Lully, s’articule autour deschapitres suivant : biographie, œuvres, contexte historique, alchimiedes arts, rayonnement lullyste, polémiques.http://perso.wanadoo.fr/jean-claude.brenac/LULLY.htmSite de Jean-Claude Brenac consacré à l’opéra baroque avec unediscographie très complète.http://www.site-moliere.com/ressources/lully.htm

Ce site propose plusieurs extraits de la musique que Lully composapour les pièces de Molière