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La contribution des activités agricoles à la détérioration du Saint - Laurent autres occasionner le drainage et la disparition de marais et l’empiétement sur les rives et le littoral du fleuve. Pour toutes ces raisons, la pollution de l’eau et la transformation physique des milieux par l’agriculture sont préoccu- pantes. Cette fiche présente les principales conclusions découlant de l’analyse de la contribution des activités agricoles à la détérioration du Saint- Laurent. Elle identifie les principales pressions agricoles et leurs effets sur le Saint-Laurent, dresse l’inventaire des mesures qui ont été prises à leur égard et identifie des pistes d’action en vue d’atténuer l’effet de l’agriculture sur le Saint-Laurent. Pour plus d’information et une analyse détaillée de la problématique, le lecteur peut se référer aux rapports cités à la fin de la fiche. Enjeu Enjeu L’état du Saint - Laurent D epuis 1950, la production globale de l’agriculture québécoise n’a cessé d’augmenter malgré une réduction des superficies cultivées et du nombre d’exploi- tants agricoles. Au cours des trente dernières années, les productions animales intensives, en particulier les productions porcines et avicoles, ainsi que les monocultures de maïs et de pommes de terre notamment, se sont dévelop- pées de façon importante. Durant cette période, le double phénomène de la spécialisation des productions agricoles et de l’intensification en agriculture a résulté en une pression accrue sur le sol et l’eau. Aujourd’hui, la pollution de l’eau par les activités agricoles prend quatre formes principales : les matières en suspension, les éléments nutritifs, les pesticides et la contami- nation microbienne. Par ailleurs, l’agriculture entraîne des modifica- tions physiques du territoire susceptibles d’avoir un impact sur la faune et la flore du Saint-Laurent. Ces modifications peuvent entre L’état du Saint - Laurent La contribution des activités agricoles à la détérioration du Saint - Laurent

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La contribution des activitésagricoles à la détériorationdu Saint-Laurent

autres occasionner le drainage et la disparitionde marais et l’empiétement sur les rives et lelittoral du fleuve. Pour toutes ces raisons, lapollution de l’eau et la transformation physiquedes milieux par l’agriculture sont préoccu-pantes.

Cette fiche présente les principales conclusionsdécoulant de l’analyse de la contribution desactivités agricoles à la détérioration du Saint-Laurent. Elle identifie les principales pressionsagricoles et leurs effets sur le Saint-Laurent,dresse l’inventaire des mesures qui ont étéprises à leur égard et identifie des pistesd’action en vue d’atténuer l’effet de l’agriculturesur le Saint-Laurent. Pour plus d’information etune analyse détaillée de la problématique, lelecteur peut se référer aux rapports cités à la finde la fiche.

EnjeuEnjeu

L’état du

Saint-Laurent

D epuis 1950, la production globale del’agriculture québécoise n’a cesséd’augmenter malgré une réduction

des superficies cultivées et du nombre d’exploi-tants agricoles. Au cours des trente dernièresannées, les productions animales intensives, enparticulier les productions porcines et avicoles,ainsi que les monocultures de maïs et depommes de terre notamment, se sont dévelop-pées de façon importante. Durant cette période,le double phénomène de la spécialisation desproductions agricoles et de l’intensification enagriculture a résulté en une pression accrue surle sol et l’eau. Aujourd’hui, la pollution de l’eaupar les activités agricoles prend quatre formesprincipales : les matières en suspension, leséléments nutritifs, les pesticides et la contami-nation microbienne.

Par ailleurs, l’agriculture entraîne des modifica-tions physiques du territoire susceptiblesd’avoir un impact sur la faune et la flore duSaint-Laurent. Ces modifications peuvent entre

L’état du

Saint-Laurent

La contribution des activitésagricoles à la détériorationdu Saint-Laurent

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L es pressions d’origine agricole exercéessur le Saint-Laurent en territoire québé-cois résultent de deux grandes catégories

d’activités, soit les activités d’élevage et lesactivités culturales. Les premières sont décritespar la densité animale alors que la fertilisation,l’utilisation des pesticides, les superficies engrandes cultures et les aménagements hydro-agricoles décrivent les deuxièmes.

En effet, au cours des quatre dernières décen-nies, la spécialisation de l’agriculture a provo-qué l’apparition de perturbations qui ont touchél’environnement. L’élimination de boisés et debrise-vent naturels, l’assèchement et le rem-blayage de zones humides, le réaménagementde cours d’eau ou la modification des caracté-ristiques naturelles des rives affectent différentsmilieux sur les plans environnemental, fauni-que et récréatif.

Par ailleurs, l’entreposage et l’épandage inadé-quats des déjections animales constituent unesource de pollution microbienne, organique etminérale. De plus, les sols laissés sans couver-

ture végétale adéquate une bonne partie del’année, dans le cas, par exemple, des grandescultures telles que le maïs, augmentent lesrisques d’érosion des sols dont les particulessont entraînées par les eaux de ruissellementvers les cours d’eau. Les éléments nutritifs(azote, phosphore) non assimilés par lesplantes et en quantité supérieure à la capacitéde rétention des sols ainsi que les pesticidess’écoulent vers les cours d’eau par le ruisselle-ment de surface et le drainage ou vers les eauxsouterraines en s’infiltrant dans le sol.

La figure 1 présente un sommaire des princi-pales activités agricoles sources de pressions etune évaluation des pressions d’origine agricolesur les bassins versants des affluents du Saint-Laurent. Elle permet de voir que les activitésd’élevage et les grandes cultures de maïs sontconcentrées sur la rive sud du Saint-Laurententre Montréal et Québec. Le tableau intégréprésente une information plus détaillée sur laproduction animale, les grandes cultures ainsique l’utilisation d’engrais et de pesticides danschacun des bassins considérés.

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Sources de pression

Sources de pression

La localisation des activitésagricoles étudiées

La pollution agricole se distingue d’autresformes de pollution du fait qu’elle est répartiesur un très grand territoire. Il s’ensuit que laplus grande partie des contaminants provenantde l’agriculture qui parviennent au fleuve tran-site d’abord par un affluent. Ainsi pour appré-hender l’impact de l’agriculture sur le Saint-Laurent, il faut non seulement considérerl’agriculture en rives mais aussi tenir comptedes activités agricoles pratiquées dans lesbassins versants drainés par des affluents dufleuve.

Une attention spéciale a donc été accordée àl’analyse des relations entre les activités agri-coles dans les bassins versants du Saint-Laurent, la qualité de l’eau à l’embouchure deses rivières tributaires et l’influence de cesdernières sur l’état du fleuve. Onze bassinsversants situés dans des zones où l’agricultureest une activité économique importante ont étéconsidérés de près. Ce sont les bassins desrivières Chaudière, Yamaska, L’Assomption,Etchemin, Richelieu, Saint-François, Nicolet,Bayonne, Boyer, Bécancour et Châteauguay.Ceux-ci se caractérisent soit par une concen-tration animale importante, soit par un pour-centage élevé des terres consacrées à la culturedu maïs. Pour des fins de comparaison, deuxbassins où l’agriculture n’est qu’accessoire(Jacques-Cartier et Saint-Maurice) ont étéajoutés à la liste des bassins étudiés.

Par ailleurs, la nature diffuse de la pollutionagricole, l’hydrodynamisme du fleuve et ladiversité des options de contrôle sont quelques-uns des éléments dont il faut tenir compte dansl’analyse des liens entre l’agriculture et l’étatactuel du Saint-Laurent. ■

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Montréal

Trois-Rivières

Québec CAN

ADA

ÉTAT

S-U

NIS

Tadoussac(45 km)

Cornwall(30 km)

40 Km0

L’AGRICULTURE EN RIVES

En 1989 entre Cornwall et Tadoussac, les sous-bassins drainant les rivesimmédiates du fleuve représentaient 4154 km2 de territoire. Avec 1393 km2,l'agriculture occupe 34 p.100 de ce territoire. Puisque les superficiesagricoles québécoises occupaient 34 290 km2, l'agriculture en rive duSaint-Laurent représente donc 4 p.100 des superficies agricolesquébécoises. Le territoire utilisé pour l'agriculture domine l'occupation dusol de l'estuaire fluvial dans le premier kilomètre de rives avec 57 p.100du milieu riverain sec, ce qui démontre l'omniprésence des activitésagricoles en bordure du Saint-Laurent dans ce secteur. Ce pourcentages'établit à 37 p.100 dans le tronçon fluvial.

L’Assomption

Richelieu

Yamaska

Saint-François

Nicolet

Bécancour

Chaudière

Etchemin

Boyer

Jacques-Cartier

Saint-Maurice

TRONÇON FLUVIAL ESTUAIRE FLUVIAL

Bayonne

Châteauguay

Bassin versantSurplus d’engrais

azotés (kg/ha)Quantité d’ingrédients actifs

(pesticides) (kg/ha)Nombre d’unités

animales/ha cultivéGrandes cultures/

ha cultivé (%)Surplus d’engrais

phosphorés (kg/ha)

Rivière BayonneRivière BécancourRivière BoyerRivière ChâteauguayRivière ChaudièreRivière EtcheminRivière Jacques-CartierRivière L’AssomptionRivière NicoletRivière RichelieuRivière Saint-FrançoisRivière Saint-MauriceRivière Yamaska

90,9017,9472,5237,2671,7479,2668,5489,7326,2443,18

9,76-22,21 99,50

1,40,50,52,70,30,42,32,60,92,40,61,22,1

1,520,741,190,421,021,120,780,750,700,450,730,460,83

33,27,46,6

41,53,24,8

19,038,418,255,4

8,49,8

47,8

23,60-0,9911,847,81

10,0811,8720,3223,79

2,549,14

-1,29-7,3522,32

1. Tous types d’élevage confondus.

VOCATION PRINCIPALEDU BASSIN VERSANT

Autre qu’agricole

Élevage1

Élevage1 et maïs

Maïs

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FIGURE 1 Portrait des pressions agricoles sur le Saint-Laurent

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D e façon générale, la nature même dela pollution d’origine agricole rendson effet sur l’environnement très

variable et plus difficile à évaluer. L’étude desrelations entre l’agriculture et le Saint-Laurentest complexe en raison de la nature diffuse dela pollution agricole et des modifications physi-ques engendrées par les activités agricoles,l’étendue du territoire touché, l’hydrodynami-que des affluents et du Saint-Laurent, ainsi quele nombre considérable de facteurs locaux quiinterviennent (tels que les événements pluviaux,le type et l’usage du sol, la topographie, ladensité et la proximité du réseau hydrographi-que). La complexité des phénomènes impliquésexplique pourquoi l’établissement de liensprécis et détaillés entre les pressions agricoles,l’état du Saint-Laurent et les réponses face à cespressions représente un défi de taille. Lestableaux 1, 2 et 3 présentent les constats sur lescomposantes de « Pression », d’« État » et de

« Réponse » analysées dans l’enjeu sur lacontribution des activités agricoles à la détério-ration du Saint-Laurent.

Par ailleurs, certaines caractéristiques et lacu-nes d’information restreignent les conclusionsque l’on peut tirer des relations entre, d’unepart, les pressions et l’état du fleuve et d’autrepart, l’efficacité des réponses. Pour ce qui estdes pressions, la plupart des informations utilesà la description d’un problème existent et sontaccessibles. Cependant, l’incertitude quant àleur représentativité et leur précision fontqu’elles ne peuvent être utilisées pour poserdes diagnostics fins. Elles sont par contresuffisamment fiables pour permettre d’établirdes constats à l’échelle de régions ou debassins versants.

En ce qui concerne les liens entre les pressionset l’état, les informations disponibles permet-

tent de situer globalement l’état du Saint-Laurent en rapport aux pressions agricoles.Toutefois, celles-ci restreignent l’évaluationprécise de la charge de contaminants d’origineagricole transportée par chacun des affluents etles effets locaux possibles exercés par leurpanache de diffusion dans le Saint-Laurent,notamment en raison des caractéristiqueshydrologiques, de la structure du réseaud’échantillonnage de la qualité de l’eau dufleuve Saint-Laurent et de la fréquence d’échan-tillonnage, particulièrement en période de crue.De plus, les informations ne permettent qu’uneévaluation très partielle de la contribution desdifférentes activités agricoles et la part attribua-ble aux pratiques agricoles inadéquates. Parailleurs, si l’on considère les incertitudes parrapport aux problématiques mises en reliefdans la présente analyse, certaines lacunesd’informations sur les apports en phosphore etl’eutrophisation du Saint-Laurent ainsi que surcertains aspects de la contamination par lespesticides apparaissent plus importantes(tableau 2).

Concernant les réponses, il importe de souli-gner que les différentes interventions ne visentpas précisément l’atténuation des effets del’agriculture sur le Saint-Laurent. De façongénérale, il est relativement facile d’obtenir del’information sur les caractéristiques des diversprogrammes. Toutefois, la plupart d’entre euxn’ont pas fait l’objet d’une évaluation permet-tant d’établir leurs effets sur les pressions etl’environnement.

Sommairede l’analyse

Sommairede l’analyse

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Tableau 1 Constats relatifs aux pressions issues des activités agricoles en 1996

• Certaines pressions agricoles n’ont pas été décrites faute d’information, comme l’accès auxcours d’eau des animaux et l’aménagement physique des cours d’eau.

• Les pressions des activités agricoles sur l’environnement sont dues en bonne partie à l’absencede complémentarité entre les activités d’élevage et les activités culturales. Cette rupture est uneconséquence de la spécialisation de plus en plus poussée des activités agricoles.

• Malgré quelques signes encourageants (réduction de l’emploi des engrais chimiques au coursde la période 1986-1996 et réduction des ventes de pesticides), les pressions exercées par lesactivités agricoles vont en s’intensifiant.

• Les sources de pollution agricole sont diffuses et, par conséquent, difficiles à localiser et àquantifier. Une part importante des charges polluantes agricoles diffuses allant au fleuve peutprovenir d’une petite partie de la superficie d’un bassin versant.

• Les pressions générées par les activités agricoles ne sont pas uniquement liées aux quantitésproduites mais aussi aux façons de produire.

Commentaires

Intensité Dans les bassins tradition-nellement en situation desurplus de fumier (Yamas-ka, Chaudière, L’Assomp-tion), la production porci-ne occupe une place prédo-minante.

Dans plusieurs bassinsversants, les apports enphosphore provenant desengrais de ferme (fumierset lisiers) dépassent à euxseuls les besoins des plan-tes. Lorsque l’on considè-re aussi les engrais miné-raux, les épandages excè-dent d’au moins 50 p. 100les besoins en phosphoredes cultures et d’au moins25 p. 100 les besoins enazote dans les bassins ensurplus d’engrais.

Environ 73 p. 100 des pesti-cides vendus au Québeccomprenant 153 ingré-dients actifs sont utilisésen agriculture. La moitiédes pesticides agricolessont utilisés pour la culturedu maïs.

Dans les bassins des riviè-res Yamaska, L’Assomp-tion, Richelieu, Bayonne etChâteauguay, le pourcen-tage des terres consacréesaux grandes cultures estsupérieur à 30 p. 100 dessuperficies cultivées.

Les terres drainées repré-sentent environ 20 p. 100des superficies agricolesquébécoises, soit 700 000hectares.

On évalue que plus de25 000 km de cours d’eauont été aménagés entre1945 et 1986 dans la zonede production agricole.

L’endiguement affecte 388hectares en bordure du lacSaint-Pierre et environ 500hectares dans le moyenestuaire.

Importance

économique de

l’agriculture

En 1996, la production agricole occupait directement 78 300 personnes réparties sur plus de 35 000 exploitations agricoles. Auparavant, 385 000personnes avaient un emploi directement lié à l’industrie agro-alimentaire. Ce dernier chiffre représentait 11,6 p. 100 du total des emplois au Québec.

Le produit intérieur brut (PIB) de l’ensemble du secteur agro-alimentaire, estimé à environ 12 milliards de dollars, représente près de 10 p. 100 du PIBtotal du Québec.

Les exportations agro-alimentaires québécoises sont en pleine croissance et elles ont atteint tout près de 2 milliards de dollars.

PressionPressionProduction Utilisation Grandes Aménagements

animale Fertilisation des pesticides cultures hydro-agricoles

Répartition

géographique

Les bassins des rivièresChaudière, Yamaska, Etche-min, Bayonne et Boyer sontceux où le nombre d’uni-tés animales par hectareest le plus élevé.

Dix des treize bassinsversants étudiés sont ensituation de surplus d’azo-te et de phosphore, c’est-à-dire que les quantitésépandues sont supérieuresaux besoins des plantes.

C’est dans les bassins desrivières Yamaska, L’Assomp-tion, Richelieu et Château-guay que les quantités depesticides appliquées parhectare cultivé sont lesplus élevées.

Les plus importantessuperficies consacréesaux grandes cultures setrouvent dans les bassinsdes rivières Yamaska,Richelieu, Nicolet, Saint-François et Chaudière.

Les aménagements hydro-agricoles prennent laforme de drainage, derectification et de creu-sage des cours d’eau danstoutes les zones agricolesdu Québec et d’endigue-ment, principalement enbordure du lac Saint-Pierre et dans le moyenestuaire (surtout dans larégion de Kamouraska).

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Effets sur la

qualité de l’eau

L’utilisation des pesticides enagriculture contribue forte-ment à la contamination deseaux de surface. Toutefois,les problèmes de contamina-tion des rivières tributairesdu Saint-Laurent ne semblentpas se répercuter de façonnotable sur celui-ci. Seule laconcentration d’atrazinedépasse occasionnellementle critère de protection de lavie aquatique en périodeestivale à l’embouchure decertaines rivières, en particu-lier la Yamaska.L’atrazine, la cyanazine, lasimazine et le métolachloresont les quatre herbices,parmi les pesticides organo-phosphorés et triaziniquesanalysés, qui ont été détectésdans le Saint-Laurent. LesGrands Lacs en constituent laplus grande source. Lesaffluents contribuent modé-rément à la charge d’atrazine(7 p. 100) et de façon plusimportante à la charge demétolachlore (30 p. 100)observée à Québec. Sanstenir compte des pesticidesorganochlorés dont l’usageest interdit, les concentra-tions de ces herbicides sontlargement inférieures auxcritères de protection de lavie aquatique et pour la con-sommation humaine. L’effetadditif de ces pesticides estégalement au-dessous duseuil pour un effet attendusur le milieu aquatique. Lesdeux pesticides organochlo-rés (le lindane et l’endo-sulfan) peu utilisés en agri-culture au Québec ne sem-blent pas augmenter entreCornwall et Québec et lesconcentrations sont inférieu-res aux critères de toxicitéchronique.

Bien que l’agriculture dansles bassins versants desaffluents du Saint-Laurentcontribue à la charge dufleuve en matières en sus-pension (MES), les infor-mations actuelles nepermettent pas de déter-miner avec certitudel’ordre de grandeur de laportion reliée à l’agricul-ture de façon générale etaux différentes activitésagricoles de manière plusspécifique, dont les gran-des cultures. Les concen-trations de MES dans leSaint-Laurent ne sont pas àdes niveaux préoccupants.

Le drainage des terres et lecreusage des cours d’eaupeuvent accentuer l’érosionet le transport des MES etdes contaminants. Toute-fois, les informations actu-elles ne permettent pasd’évaluer le rôle particulierdes aménagements hydro-agricoles dans les apportsd’origine agricole affectantle Saint-Laurent.

ÉtatÉtatProduction animale Utilisation Grandes Aménagements

et fertilisation des pesticides cultures hydro-agricoles

L’agriculture contribue à la contamination du Saint-Laurentpar l’azote et le phosphore. Les informations disponiblesmontrent que les apports agricoles contribueraient autant,sinon plus, que les rejets municipaux à la charge dephosphore d’origine anthropique dans le fleuve. Les chargesen azote total et en phosphore total attribuées aux activitésagricoles sont évaluées respectivement à 73, 48, 34 et 76 p.100 et 75, 52, 56 et 63 p. 100 du flux net à l’embouchure desrivières Yamaska, L’Assomption, Chaudière et Boyer.Des dépassements occasionnels du critère d’approvisionne-ment en eau brute (entre 2 et 12 p. 100 des mesures) pourl’azote ammoniacal ont été observés pour les rivièresEtchemin, Chaudière, Bécancour, Nicolet, Yamaska, Richelieu,L’Assomption et Saint-Maurice au cours des années 1995 à1998. Aucun dépassement de critère pour les nitrites-nitrateset l’azote ammoniacal n’a été observé dans le Saint-Laurent.Malgré les tendances à la baisse observées entre 1979 et 1994à l’embouchure des rivières Chaudière, Yamaska, L’Assomp-tion, Saint-François, Nicolet, Bécancour, Jacques-Cartier etSaint-Maurice, les concentrations médianes (1989-1994) dephosphore total dépassent le critère de protection de la vieaquatique. Les fréquences de dépassement du critère entre1995 et 1998 étaient supérieures à 85 p. 100 pour les rivièresYamaska, Châteauguay et L’Assomption, et entre 20 et 50 p.100 pour la plupart des autres rivières. Dans le Saint-Laurent,la tendance à la baisse des teneurs en phosphore s’estpoursuivie à une majorité de stations entre 1990 et 1997.Celle-ci est accompagnée d’une baisse des fréquences dedépassement du critère de protection de la vie aquatiqueentre 1990-1991 et 1995-1996, bien qu’une augmentation desfréquences de dépassement d’amont en aval était toujoursperceptible en 1995-1996, sans signe cependant d’unaccroissement dans les concentrations. Le phosphored’origine agricole est dominé par la forme particulaire et lesapports surviennent principalement lors des crues d’automneet de printemps, au cours desquelles les matières ensuspension sont charriées sur de très grandes distancesjusqu’au milieu marin.L’influence des affluents drainant des territoires agricoles surla qualité de l’eau semble plus apparente dans le secteur dulac Saint-Pierre.L’agriculture semble peu contribuer à la mauvaise qualitébactérienne du Saint-Laurent et son influence serait locale. Lacontamination bactériologique de l’eau dans les affluents dufleuve montre l’importance de la prise en compte desobjectifs de récupération et de protection des usages àl’échelle locale et régionale dans l’assainissement agricole.L’entreposage inadéquat des fumiers et lisiers, ainsi que demauvaises techniques de fertilisation et de travail du sol ontune forte incidence sur la contamination bactérienne des eauxde surface par l’agriculture.

Tableau 2 Effets des pressions agricoles sur le Saint Laurent

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Effets sur

les habitats,

le biote et la

santé humaine

La situation de l’azote dans les eaux douces du Saint-Laurentn’est pas préoccupante pour la santé humaine et la protectionde la vie aquatique. Pour l’azote ammoniacal, les dépasse-ments occasionnels du critère pour l’approvisionnement eneau brute qui pourraient encore survenir à l’embouchure decertains affluents n’auront un effet que très local en raison dugrand pouvoir de dilution du Saint-Laurent. En milieu marin,les informations disponibles n’indiquent aucun signed’eutrophisation de l’estuaire et du golfe en relation avec lesapports d’azote par les eaux douces du Saint-Laurent etaucune influence directe des apports des affluents n’a étédémontrée en zone côtière.Le phosphore est l’élément nutritif favorisant l’eutrophisationen eau douce. La dynamique des facteurs impliqués et ledegré d’eutrophisation du Saint-Laurent sont peu connusglobalement et localement. Une baisse des indicateursd’eutrophisation dans les sédiments des lacs Saint-Louis etSaint-François est observée depuis 1960. Les apports d’origineagricole, en particulier la fraction soluble directementassimilable, sont moins importants en été, une périodecritique pour la croissance des algues et de la végétationaquatique, et pourraient même être inférieurs aux apportsprovenant des eaux usées municipales. Toutefois, la satura-tion graduelle des sols en phosphore suite à l’épandagerépété d’engrais en surplus des besoins agronomiquespourrait, à plus ou moins long terme, avoir commeconséquence une augmentation du phosphore solubled’origine agricole dans le Saint-Laurent.Les informations actuelles ne permettent pas d’établir le rôlede la contamination d’origine agricole du Saint-Laurent dansl’émergence de certains agents pathogènes et maladies auQuébec.

Les pesticides organophos-phorés et triaziniques sontmoins persistants que lespesticides organochlorés etpossèdent un faible poten-tiel de bio-accumulation. Lerespect des critères deprotection suppose uneabsence d’effet néfaste surles organismes et les éco-systèmes aquatiques. Sanstenir compte des organo-chlorés dont l’usage estinterdit, les informationsdisponibles montrent que lasituation des pesticidesdans le Saint-Laurentn’apparaît pas dansl’ensemble néfaste pour lavie aquatique et la santéhumaine. Toutefois, il estpossible que localementdans les zones d’influencedes panaches des affluentsoù l’agriculture est impor-tante, en particulier la rivièreYamaska, les dépassementsdu critère pour l’atrazine etles concentrations relative-ment élevées du groupe desherbicides triaziniquespuissent affecter la vie aqua-tique du Saint-Laurent.

Aucun effet néfaste sur lafaune n’est actuellementattribué aux concentrationsde MES observées dans leSaint-Laurent. La grandesolubilité des pesticidesorganophosphorés et triazi-niques réduit considérable-ment le rôle des MES dansle transport de ces contami-nants dans le milieu aqua-tique.

ÉtatÉtatProduction animale Utilisation Grandes Aménagements

et fertilisation des pesticides cultures hydro-agricoles

• L’importance des charges polluantes générées par les sources agricoles est très variable et dépendde nombreux facteurs, tels les événements pluviaux, le type et l’usage du sol, la topographie, ladensité et la proximité du réseau hydrographique, ainsi que des techniques de fertilisation et detravail du sol qui sont utilisées et la présence de structures adéquates d’entreposage des fumierset des lisiers.

• Les informations actuelles ne permettent pas de préciser la contribution de chacune des activitésagricoles à la contamination du Saint-Laurent, ainsi que la part attribuable aux pratiques agricolesinadéquates.

• Les résultats de la qualité de l’eau (concentration, tendance et dépassement des critères) pour lesdescripteurs conventionnels, particulièrement pour le phosphore et l’azote, couvrant la périodeantérieure à 1995 ne reflètent pas nécessairement l’amélioration qui a pu survenir suite aux travauxd’assainissement réalisés entre 1989 et 1994, principalement dans le secteur municipal mais aussiagricole (amélioration des conditions d’entreposage des fumiers et lisiers) et industriel.

• La méthode utilisée pour filtrer le phosphore particulaire du phosphore dissous a pour effet desous-estimer le premier et de surestimer le deuxième par rapport aux standards reconnus, ce quipeut avoir une incidence sur l’interprétation des données de la qualité de l’eau. En raison de la

problématique particulière du phosphore, il y aurait lieu de préciser le bilan et les variationsannuelles des différentes formes de phosphore en fonction des sources, ainsi que le degréd’eutrophisation du Saint-Laurent, dans l’évaluation de la contribution des pressions agricoles surl’enrichissement en phosphore du Saint-Laurent.

• L’échantillonnage actuel de la qualité de l’eau du Saint-Laurent pour les descripteursconventionnels est structuré pour suivre les grandes masses d’eau du fleuve, ce qui ne permet pasd’évaluer les effets locaux des différents affluents sur la qualité de l’eau et la vie aquatique dansles zones de plus grande influence de leur panache de diffusion.

• Les informations disponibles sur les pesticides autres que les organochlorés dans le Saint-Laurentet à l’embouchure des affluents à vocation agricole ne couvrent pas des périodes relativementlongues et ne portent pas sur toutes les rivières et tous les secteurs sensibles du fleuve. De plus,les informations sur la persistance de ces pesticides dans l’eau apparaissent en partie déficienteset celles sur les effets combinés (effets additifs, synergiques, antagonistes) sont limitées.

• Dans l’ensemble, l’agriculture affecte plus fortement la qualité de l’eau des rivières tributaires duSaint-Laurent que celui-ci. Par ailleurs, l’agriculture en rive du Saint-Laurent étant de faibleimportance, les effets observés sont locaux.

Commentaires

Environ 34 p. 100, soit 1228ha, des pertes d’habitatshumides riverains le long duSaint-Laurent entre 1945 et1988 seraient attribuablesau développement agricole,en particulier à l’assèche-ment des milieux riverains.Depuis 1976, entre 500 et1000 hectares additionnelsont été perdus au profit del’agriculture dans le moyenestuaire. Par ailleurs, onestime qu’environ 20 p. 100des modifications de l’habi-tat du poisson en milieu rive-rain, soit 1679 ha, auraientété causées par l’agricultureentre 1945 et 1988.Effets indirects sur le biotedus aux pertes d’habitats.

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Réponses

orientées

et efficacité

Les productions animalessont de plus en plus enca-drées. Un nouveau règle-ment, le Règlement sur laréduction de la pollutiond’origine agricole (RRPOA),est entré en vigueur le 3juillet 1997. Des organis-mes de gestion desfumiers sont en fonctiondans trois bassins ver-sants. Des subventionssont versées aux produc-teurs, particulièrementpour rendre les instal-lations d’entreposage desdéjections animales adé-quates. En 1997, 45 p. 100des exploitations agricolesimportantes étaient dotéesde structures d’entreposa-ge adéquates, pour unvolume de fumier entre-posé de 12 millions demètres cubes, ce quireprésenterait plus de 60p. 100 du problème depollution ponctuelle parles déjections animales.L’industrie porcine a adop-té son propre plan envi-ronnemental en débutantpar un portrait de laproduction.

Certaines de ces mesuressemblent prometteuses.Leur efficacité dépend duniveau de conscientisationdes producteurs et del’application du règlement.Par ailleurs, bien quel’entreposage adéquat desfumiers améliore la qualitéde l’eau, les informationsactuelles ne permettentpas de déterminer la por-tion de l’améliorationattribuable spécifique-ment à cette mesure.

Le règlement RRPOAprévoit l’obligation deréaliser un plan agro-environnemental de fertili-sation (PAEF) qui minimi-sera la contamination del’eau et du sol. Les orga-nismes de gestion desfumiers réalisent déjà desplans de fertilisation.

Les pratiques agricoles quiminimisent la pollutiondiffuse, notamment lestechniques de fertilisationet de travail du sol, jouentun rôle important dans laréduction de cette formede pollution. Les informa-tions actuelles ne permet-tent pas de faire le pointsur ces pratiques auQuébec. Certaines indica-tions suggèrent cependantqu’elles ne sont pas large-ment utilisées. Les orga-nismes de gestion ontbesoin de temps et definancement pour faireleurs preuves. Leur effica-cité dépendra de l’appli-cation du règlement.

La Stratégie phytosani-taire adoptée en 1992 pardifférents intervenants dumilieu ainsi que lesprogrammes de formationet de sensibilisationcontribuent à modifier leshabitudes des produc-teurs.

Il est trop tôt pour en jugermais les premiers résul-tats semblent indiquer unecertaine rationalisation del’utilisation des pesticides.

Aucune politique concrètene cherche à découragerla monoculture. Une loi-cadre et une politiquepermettent néanmoins delimiter les abus en termesd’érosion. Certaines initia-tives à la ferme peuventaussi être subventionnées.

En l’absence d’incitatifsplus puissants, rien n’indi-que que ces politiquesencouragent les produc-teurs à modifier leurspratiques.

La Loi sur la qualité del’environnement du Québecoblige l’obtention d’uncertificat d’autorisationpour tout aménagementhydro-agricole et leurentretien depuis 1994. Uneentente administrativeavec le milieu municipalremplace le certificatd’autorisation pour lestravaux d’entretien, parl’application de normesenvironnementales visantla protection de la qualitéde l’eau et de l’habitat dupoisson. Quelques loistrès générales visent aussila préservation deshabitats et une approcheéducative est mise del’avant. Par ailleurs, certai-nes initiatives localesvisent la restauration decertains habitats.

Le certificat d’autorisationminimise en principe leseffets négatifs si les travauxsont bien exécutés. Parcontre, de façon générale,les normes environne-mentales pour l’entretiendes cours d’eau aménagésne sont pas appliquéesdans la majorité des muni-cipalités. L’efficacité desautres mesures est indé-terminée.

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Sources de dérangement

Tableau 3 Constats relatifs aux mesures prises à l’égard des pressions agricoles

RéponsesRéponses

Production Utilisation Grandes Aménagements

animale Fertilisation des pesticides cultures hydro-agricoles

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Sources de dérangement

• Puisque les polluants agricoles d’origine diffuse proviennent de l’ensemble duterritoire agricole, ils ne peuvent (ou difficilement et à des coûts élevés) êtreconcentrés en un même lieu en vue d’un traitement ultérieur.

• Les interventions en milieu agricole visent à atténuer les effets de l’agriculture surl’environnement de façon globale. Aucune ne vise le Saint-Laurent de façonspécifique.

• Le fait que la plupart des programmes ne soient pas gérés ou évalués par bassinversant rend difficile la vérification des relations entre les investissements réalisés etl’évolution de la qualité de l’eau.

• On ne connaît pas précisément la proportion des agriculteurs qui utilisent des prati-ques agricoles qui minimisent la pollution diffuse.

• L’approche volontaire prônée pour modifier les façons de faire ne fait pas l’unanimitéchez les producteurs et demande beaucoup de temps.

• Peu de ressources sont affectées au contrôle et au suivi des programmes. Les suivisréalisés sont surtout de nature administrative.

• Comme c’est par les affluents que les activités agricoles affectent le plus le Saint-Laurent, les mesures (sous l’angle de l’agriculture) visant l’amélioration de la qualitéde l’eau du fleuve reposent principalement sur des interventions en vue d’améliorerla qualité de l’eau des affluents.

Commentaires

Réponses

intégrées et

efficacité

Différents programmes de recherche, de transfert technologique, de services-conseils, de formation et de soutien financier qui ne visent pas une maisl’ensemble des pressions d’origine agricole sont mis en œuvre. Certains de ces programmes sont nouveaux et il est trop tôt pour juger de leur efficacité.Les retombées des programmes de recherche sont quant à elles difficiles à évaluer. L’efficacité de ces divers programmes dépend en partie del’application par les producteurs de la réglementation visant la réduction de la pollution d’origine agricole.

Programmes

agricoles avec

dimension

environnementale

Jusqu’à récemment, la plupart des programmes agricoles visaient l’augmentation de la production en faisant abstraction des considérationsenvironnementales. Le MAPAQ a cependant commencé à remédier à cette situation en incorporant des préoccupations environnementales dans certainsprogrammes et services (subventions à la recherche, formation, services-conseils et soutien financier) ou en rendant l’aide conditionnelle au respect denormes, d’objectifs ou de moyens favorisant une agriculture durable. Il s’agit là d’incitatifs pour amener les producteurs à modifier certaines pratiques.Il est cependant encore trop tôt pour juger de l’efficacité de telles initiatives.

Réponses non

spécifiquement

agricoles et

efficacité

Des initiatives et approches de concertation des intervenants impliqués dans l’amélioration de l’état des cours d’eau existent dans certains bassinsversants. Celles-ci peuvent inclure une remise en question des pratiques agricoles dans une perspective d’identification des interventions les plussusceptibles d’améliorer l’état des cours d’eau. Toutefois, ces actions ne sont pas une réponse structurée et formelle visant l’assainissement agricole.

RéponsesRéponsesProduction animale Utilisation Grandes Aménagements

et fertilisation des pesticides cultures hydro-agricoles

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Importance relative des pressionsagricoles

Devant la variété et la complexité des consé-quences environnementales des différentesactivités agricoles, la question de l’importancerelative des pressions agricoles se pose rapide-ment. En effet, dans une optique de prise dedécision, il faut se faire une idée des problèmesles plus aigus de façon à répondre efficacementavec les ressources disponibles.

Mais discuter de l’importance relative despressions d’origine agricole peut se faire àdifférents niveaux avec différents objectifs enperspective. On peut le faire en comparant lespressions d’origine agricole entre elles suivantleur impact sur la qualité de l’eau, sur lesmilieux riverains ou sur le biote, en cherchant àdistinguer les pressions directes sur le fleuve decelles qui passent par les bassins versants desaffluents du Saint-Laurent, ou encore en compa-rant les pressions d’origine agricole aux pres-sions municipales.

La qualité de l’eau comme point de

repère

Puisque la plupart des pressions d’origineagricole affectent le fleuve par le biais d’unaffluent, les réponses à un problème constatésur le Saint-Laurent passent nécessairementpar des actions au niveau des bassins versantsde ces affluents. Cependant, étant donné lepouvoir de dilution et la dynamique particulièredu fleuve, les problèmes observés et potentiels

ne sont pas nécessairement les mêmes quepour les affluents. De façon générale, on doitconstater que la pollution d’origine agricoleaffecte plus fortement les rivières tributairesque le Saint-Laurent.

Le phosphore d’origine agricole, un des conta-minants les plus problématiques dans plusieursaffluents du Saint-Laurent, ne semble pasconstituer un problème aussi critique dans lefleuve. Toutefois, si la saturation des sols enphosphore se poursuit dans les bassins agricoles,ces apports pourraient avoir une incidencebeaucoup plus grande sur l’eutrophisation duSaint-Laurent, en particulier dans le secteur dulac Saint-Pierre. Les différentes formes d’azotene constituent pas un problème dans le Saint-Laurent, même en milieu marin où les apportsd’autres sources que celles agricoles sontimportants, alors que dans les bassins versantsdes rivières tributaires du fleuve, la contami-nation par l’agriculture est une source deproblèmes et d’inquiétudes. Les apports deMES et la contamination par les pesticidesapparaissent aussi nettement plus considéra-bles et néfastes dans les affluents du Saint-Laurent. Finalement, la contamination bacté-rienne liée à l’agriculture touche principalementles affluents.

L’analyse montre donc une différence dans leseffets de l’agriculture sur la qualité de l’eau enfonction des unités territoriales considérées àl’intérieur du bassin hydrographique du Saint-Laurent au Québec. À l’exception dans une

certaine mesure du phosphore, l’influence del’agriculture sur le Saint-Laurent n’apparaît pasactuellement comme un problème important etles effets se font sentir surtout localement.

Les habitats riverains et le biote comme

points de repère

En ce qui concerne l’impact des activitésagricoles sur les habitats riverains et sur lebiote, c’est surtout la localisation des activitésagricoles qui préoccupe. À cet égard cependant,la tendance de l’agriculture à empiéter sur lesrives du fleuve semble se résorber. Pour ce quiest des conséquences de la détérioration de laqualité de l’eau du Saint-Laurent sur le biote, etsans pour autant minimiser les effets locaux liésaux apports de pesticides et de phosphore desaffluents, les informations actuelles ne font pasressortir globalement une situation préoccu-pante mettant en cause la pollution d’origineagricole. Par contre, la mauvaise qualité del’eau dans les affluents du Saint-Laurent peutaffecter des ressources biologiques associéesau fleuve, notamment en affectant la reproduc-tion et en altérant les sites de fraie comme dansle cas de l’Éperlan arc-en-ciel fréquentant larivière Boyer.

L’agriculture en rives du fleuve comme

point de repère

L’agriculture qui se pratique dans des bassinshydrographiques se déversant directement aufleuve représente une faible partie de l’ensem-ble de l’agriculture québécoise et ne génèrequ’une faible portion des pressions d’origine

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• Pour les descripteurs conventionnels, leseffets de l’agriculture sur le Saint-Laurent sefont surtout sentir à l’échelle locale etrégionale, principalement dans la partiefluviale, et dépendront en grande partie dudébit de l’affluent et des caractéristiques dumilieu récepteur, comme l’écoulement del’eau, ce qui est similaire à ce que l’on obser-ve pour les effluents urbains. Dans le cas duphosphore, les apports agricoles pendant lapériode estivale critique pour l’eutrophisa-tion pourraient être inférieurs aux apportsprovenant des eaux usées municipales.

• Malgré le peu d’informations sur ce sujet,les apports de pesticides provenant duQuébec et que l’on retrouve dans le Saint-Laurent sont principalement attribués à leurutilisation en agriculture plutôt qu’auxusages domestiques.

• Bien qu’il soit difficile de déterminer lesordres de grandeur respectifs, les modifica-tions physiques du milieu riverain par l’agri-culture ont été importantes jusqu’auxannées 1980, tout comme les modificationscausées par les activités urbaines. Parcontre, dans le cas de l’agriculture, la situa-tion semble être stable et le potentiel actuelde modifications physiques anthropiquesdirectes du milieu riverain par empiétementou autres est surtout associé aux activitésurbaines et aux infrastructures.

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agricole affectant le Saint-Laurent. Cependant,puisque, selon certaines estimations, jusqu’à 20 p. 100 des rives de l’estuaire fluvial et 34 p.100 de celles du moyen estuaire seraient enculture et que les rejets se font directement aufleuve, on ne peut présumer que les effets decette agriculture sur le Saint-Laurent sont nuls.Toutefois, en raison de son importance relative-ment faible, les effets observés sont locaux.

L’agriculture face aux pressions urbaines

comme point de repère

Les informations ne permettent pas d’établirprécisément la contribution de chacune despressions agricoles par rapport à celles despressions urbaines. Par contre, en comparantles facteurs de stress associés aux différentespressions et en tenant compte de l’intensité deces pressions et de leur étendue de champd’action, il est possible de dégager certainsconstats sur l’importance des pressionsagricoles face aux pressions urbaines :

• Les apports au Saint-Laurent en provenancede l’agriculture sont importants dans le casdu phosphore et de l’azote et relativementimportants dans le cas des MES, bien quepour ce descripteur, les évaluations soientplus incertaines et que l’érosion des bergeset du lit du fleuve semble occuper une placeimportante dans la charge solide. Pour lesautres descripteurs conventionnels (DBO5 etcoliformes fécaux), la contamination duSaint-Laurent est surtout associée auxeffluents urbains.

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Pistes d’actionPistes d’actiontent en premier lieu et principalement lesaffluents du Saint-Laurent, les objectifs visant laréduction ou l’atténuation de ces pressionsdans les bassins versants à vocation agricoleauront nécessairement une répercussion béné-fique sur l’état du Saint-Laurent.

Ainsi, même s’il n’y a pas d’objectif visantspécifiquement l’agriculture et l’état du Saint-Laurent, il existe des objectifs environnemen-taux associés aux activités et aux pressionsagricoles sur l’ensemble du territoire agricoledu Québec qui ont un lien avec le Saint-Laurent.Ces objectifs se classent en deux catégories etfont appel à des approches différentes, mais quipeuvent être complémentaires. La premièrecatégorie regroupe les objectifs visant la réduc-tion ou l’atténuation des pressions agricoles enciblant une de ces pressions ou un grouped’activités générant des pressions. Appar-tiennent notamment à cette catégorie : l’objectifde réduction de 50 p. 100 des pesticides enagriculture au Québec énoncé dans la stratégiephytosanitaire du MAPAQ; l’objectif réglemen-taire que chaque producteur important doitdisposer d’un plan de fertilisation agro-environnemental basé sur les besoins agrono-miques; ou encore l’objectif des clubs agro-environnementaux et des clubs d’encadrementtechnique de mettre en œuvre des mesures

concrètes visant les pratiques agricoles pourconserver les ressources, mieux gérer lesfumiers et réduire l’utilisation d’intrants chimi-ques. Il s’agit d’objectifs environnementauxorientés vers le développement d’une agri-culture plus durable. Dans cet esprit, ces objec-tifs s’inspirent d’une approche plus préventivede réduction des pressions agricoles et deconservation des ressources. Ils sont établissans égard aux effets observés sur l’environne-ment, localement ou régionalement. Ladeuxième catégorie d’objectifs relève plusd’une approche territoriale qui vise à réduire ouatténuer les pressions agricoles par bassinversant, sous-bassin ou segment de bassin entenant compte des particularités locales ourégionales. Les objectifs sont déterminés enfonction de la qualité ou de l’état du milieurécepteur et des écosystèmes, ainsi qu’enfonction de la récupération ou du maintiend’usages. Une telle approche vis-à-vis despressions agricoles ne prend tout son sens quedans une démarche de gestion intégrée quitient compte entre autres, de l’ensemble despressions qui affectent le milieu aquatique.

En plus de l’élaboration d’objectifs environne-mentaux, certaines actions peuvent être envi-sagées à la lumière des principales conclusionsrelatives à la problématique de la contributiondes activités agricoles à l’état du Saint-Laurentprésentées au tableau 4. Ces informations sontregroupées en diverses catégories qui, sansêtre exhaustives, correspondent aux principauxchamps d’intervention à considérer pour amé-liorer la situation.

1. Un objectif environnemental est une balise, un seuil ou unecible à atteindre se rapportant soit à une activité humaine, à unepression générée par des activités humaines ou à unecomposante de l’écosystème affectée par les pressions. Cesobjectifs visent ainsi à maintenir les activités humaines à desniveaux sans effets graves ou irréversibles sur les écosystèmes,à réduire ou limiter les pressions à un niveau acceptable pourles écosystèmes et les usages associés, ou encore à protéger,récupérer ou restaurer les écosystèmes.

D ans une perspective de développe-ment durable, il peut être utile de fixerdes objectifs environnementaux1

reliés à la problématique de la contribution desactivités agricoles à la situation du Saint-Laurent, pour en assurer la sauvegarde etrécupérer des usages qui lui sont associés. Iln’existe pas actuellement d’objectifs environne-mentaux reconnus visant spécifiquement cetteproblématique, et dans l’état actuel desconnaissances, l’établissement de tels objectifspeut s’avérer difficile. Plusieurs particularitéspropres à l’enjeu posent en effet des difficultésdans cette optique. Il y a notamment le fait quela contribution des pressions d’origine agricoleà l’état du Saint-Laurent n’est pas établie aveccertitude pour tous les descripteurs, surtout àl’échelle locale. Cette contribution est variablele long de son parcours et dans le temps. Ils’agit principalement d’une pollution diffuseprovenant des bassins versants des affluents duSaint-Laurent dont il est difficile de déterminerla source exacte à une échelle globale. Parailleurs, puisque les pressions agricoles affec-

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Les interventions

Tableau 4 Pistes d’action relatives aux pressions d’origine agricole

Les stratégies d’intervention

• Puisque les pressions agricoles affectent en premier lieu et principalementles affluents du Saint-Laurent, les objectifs visant la réduction et l’atté-nuation de ces pressions dans les bassins versants à vocation agricoleenglobent nécessairement la répercussion bénéfique sur l’état du Saint-Laurent.

• La contamination agricole d’origine diffuse provient de l’ensemble duterritoire agricole, et elle peut difficilement être concentrée en un même lieuen vue d’un traitement ultérieur. La réduction ou l’atténuation des pressionspassent par conséquent par l’amélioration des pratiques agricoles à laferme.

• Les objectifs de réduction des pressions agricoles et les mesures adoptéespour rencontrer ces objectifs s’appuient sur deux stratégies d’intervention :la première cible des pressions et des activités agricoles sans égard auxparticularités du milieu, alors que la deuxième vise à déterminer les objec-tifs et les mesures en fonction de ces particularités. Il y a lieu d’évaluer pourchaque problème, mais aussi globalement pour l’ensemble de la problé-matique de la pollution agricole, la meilleure combinaison de stratégied’intervention.

• Les pesticides étant par leur nature des composés toxiques et qu’il peuts’avérer difficile et coûteux de réaliser un portrait détaillé de la contami-nation et d’évaluer l’ensemble des effets, il s’agit d’un exemple oùl’approche préventive, basée entre autres sur des objectifs de réduction deleur utilisation sans égard à l’état du milieu récepteur, doit être poursuivie.

• Bien que les programmes et les actions uniformes visant la réduction despressions agricoles pour les contaminants conventionnels puissent donnerdes résultats, une approche territoriale par bassin versant permet de mieuxcibler et de moduler les interventions en fonction de l’état du milieu récep-teur et en tenant compte des caractéristiques de l’agriculture dans cesbassins et de l’ensemble des sources de contamination. Cependant, peud’outils et de façons de faire sont utilisés pour cibler ces interventions etdéterminer l’ordre d’importance.

• Plusieurs programmes de subvention s’adressant aux producteurs finan-cent l’achat d’équipements et la construction d’infrastructures d’entre-posage des fumiers et lisiers. Il est souhaitable que ces programmescombinés à d’autres incitatifs favorisent, dans un deuxième temps, unemodification des pratiques agricoles conduisant davantage aux résultatsrecherchés.

• D’un point de vue environnemental, les producteurs agricoles font face àdes mesures et programmes qui peuvent être contradictoires (par exemple,l’assurance agricole qui favorise une utilisation rigoureuse des pesticidesselon des normes pas toujours compatibles avec la promotion d’uneapproche de lutte intégrée aux ravageurs qui veut minimiser et rationaliserle recours aux pesticides). L’harmonisation et la cohérence des mesures etprogrammes qui visent les producteurs est une condition de la réussite desmesures visant la réduction des pressions.

L’éducation et la sensibilisation

• En matière de réduction des pressions d’origine agricole, la sensibilisationet la formation des conseillers agricoles et des producteurs aux pratiquesd’une agriculture durable et respectueuse de l’environnement s’avèrent unélément important pour réussir tout programme d’intervention.

• Des approches et technologies environnementales ont été mises au pointet plus d’efforts devraient être consacrés au transfert technologique.

• Les interventions axées sur la formation et la sensibilisation des produc-teurs ne rejoignent pas l’ensemble des producteurs.

La réglementation et les mesures administratives

• Les programmes volontaires suscitent plus d’adhésion lorsque des mesu-res incitatives visant la modification des pratiques sont instaurées enparallèle, qu’elles soient réglementaires, financières ou autres. La mise enplace de mesures de contrôle de la réglementation environnementaleconstitue à cet égard une condition importante à l’efficacité de tout autreintervention.

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L’acquisition de connaissances

Les pressions

• L’exactitude et la précision du portrait réalisé sur les pressions d’origineagricole sont variables. De plus, l’importance globale de certaines prati-ques et activités agricoles générant des pressions sont peu ou pas docu-mentées, notamment l’accès des animaux aux cours d’eau et l’aména-gement physique des cours d’eau. Une caractérisation globale plus justedes pressions agricoles doit prendre ces lacunes d’information enconsidération.

• Puisque les pressions agricoles diffuses ne sont pas directementproportionnelles aux quantités produites et qu’il est difficile de les localiseret de les quantifier précisément lorsque considérées dans leur ensemble,une connaissance plus exacte et précise des pressions générées par lesactivités agricoles doit tenir compte des facteurs locaux et régionauximpliqués (tels que la nature du sol, la topographie et l’hydrologie). Unemeilleure compréhension des relations de cause à effet entre les activitésagricoles et les pressions qu’elles génèrent, et ceci aux échelles appro-priées, s’avère nécessaire à l’établissement des interventions ciblées.L’efficacité environnementale des pratiques agricoles demande aussi à êtreévaluée de manière à recommander les meilleures pratiques disponibles.

• Il est reconnu que le développement d’une agriculture durable repose entreautres sur une diminution de l’utilisation des pesticides. Un portrait pluscomplet de l’utilisation des pesticides en agriculture au Québec aiderait àmieux cibler les interventions visant leur réduction et permettrait de suivrel’évolution de leur utilisation en fonction de ces mesures.

Les effets des pressions

• Les charges et les concentrations des polluants que l’on retrouve dans lescours d’eau et provenant entre autres des pressions agricoles sontvariables et dépendent elles aussi de facteurs locaux et régionaux (telles lanature et l’utilisation du sol, la topographie, l’hydrologie et l’organisationspatiale du milieu agricole et du couvert végétal). Ici également, unemeilleure compréhension des relations entre, d’une part, les pressionsagricoles diffuses et, d’autre part, les charges et les concentrations depolluants dans les cours d’eau récepteurs s’avère nécessaire à l’établis-sement des interventions ciblées.

• L’échantillonnage actuel des cours d’eau du point de vue de l’emplacementdes stations et en particulier de la fréquence des prélèvements ne permetpas nécessairement d’évaluer adéquatement l’influence des pressions

agricoles sur la qualité de l’eau dans les affluents par rapport aux autressources et leur contribution respective aux charges à la confluence desaffluents avec le Saint-Laurent, lacune particulièrement importante dans lecas du phosphore. Les mêmes facteurs, jumelés au manque de connais-sances, incluant la modélisation sur l’hydrologie du Saint-Laurent et despanaches de diffusion des rivières tributaires dans le fleuve, rendentdifficile l’évaluation de certains effets potentiels plus localement. Le réseaude suivi de la qualité des eaux pour les descripteurs conventionnels n’estpas conçu en fonction de ces objectifs.

• Deux lacunes d’information apparaissent plus importantes. Premièrement,dans l’optique de mieux cerner la contribution des activités agricoles àl’enrichissement en phosphore du Saint-Laurent et de son effet surl’eutrophisation, la connaissance du bilan du phosphore pour le Saint-Laurent en fonction des différentes sources, des différentes formes dephosphore et des variations annuelles, ainsi que du degré d’eutrophisationdu Saint-Laurent, est limitée. Deuxièmement, les informations disponiblessur les pesticides en usage ne couvrent pas des périodes très longues et necouvrent pas de façon extensive tous les secteurs du fleuve et l’embou-chure des affluents où l’agriculture est importante. De plus, les connais-sances sur la persistance des pesticides dans le milieu aquatique appa-raissent en partie déficientes et celles sur les effets combinés sont limitées.

• La préservation et la récupération des usages sont des raisons pourlesquelles la contamination du fleuve est une préoccupation sociale.Actuellement, faute d’un inventaire complet des usages du Saint-Laurent etde leur localisation, et vu le manque de connaissances relatives à l’écou-lement du fleuve, l’impact de l’agriculture sur les usages du fleuve estdifficile à établir.

Les effets des réponses

• Les effets des réponses relativement à la réduction des pressions d’origineagricole et leurs conséquences sur l’environnement sont peu documentés.À la lumière des quelques informations disponibles, il semble que lesrésultats des réponses sont parfois mitigés. L’élaboration de mesurescorrectrices et leur ajustement reposent sur la capacité d’en évaluer leseffets avec des mécanismes de suivi appropriés.

Tableau 4 (suite)

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1515

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RÉALISATION

Conception et orientation

Équipe conjointe bilan : Hélène Bouchard,Environnement Canada et Louis Roy, ministèrede l’Environnement et de la Faune du Québec

Recherche et rédaction

Équipe conjointe bilan : Jean Nolet et Philippe Nolet, consultants, Louis Roy, ministèrede l’Environnement et de la Faune du Québec,René Drolet, Pêches et Océans Canada et SergeVilleneuve, Environnement Canada

PRODUCTION

Environnement Canada – Centre Saint-Laurent105, rue McGill, 7e étage, Montréal (Québec) H2Y 2E7

CoordinationAlain Armellin

Conception graphique

Denise Séguin et VirageGraph Inc.

Cartographie

François Boudreault

Révision linguistique

Monique Simond

REMERCIEMENTS

Nous remercions les personnes qui ont contri-bué à l’analyse de l’enjeu relatif à lacontribution des activités agricoles à ladétérioration du Saint-Laurent, en particulier :

Ministère de l’Environnement et de la Faune duQuébec : Yves Bédard, Richard Desrosiers,Carol Émond, Georges Gangbazo, StéphaneGariépy, Marcel Gaucher et Serge Hébert

Environnement Canada : Jean-FrançoisBibeault, Christiane Hudon, Anne Jourdain etYves de Lafontaine

Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et del’Alimentation du Québec : Claude Bernard,Manon Carignan et Richard Laroche

Consultant : Pierre Mousseau

Page 16: Enjeu - belsp.uqtr.ca

L’état du

Saint-Laurent

Publié avec l’autorisation du ministre de l’Environnement

© Ministre des Travaux publicset Services gouvernementaux Canada 1999

ISBN : 0-662-82763-5No de catalogue : En153-97/1999-4-1F

Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Québec, 1999Dépôt légal – Bibliothèque nationale du Canada, 1999

Photographie de la page couverture : Michel Boulianne

Also available in English under the title:The Contribution of Agricultural Activities to the Deterioration of the St. Lawrence River

Saint-Laurent L’état du

Ce papier contient au moins 20 % defibres recyclées après consommation.

Saint-Laurent Vision 2000 est un pland’action régit par une entente de concer-tation intervenue entre les gouvernementsdu Canada et du Québec qui vise à conser-ver, protéger et mettre en valeur le Saint-Laurent afin d’en redonner l’usage à lapopulation. L’un des objectifs poursuivispar cette entente est l’amélioration desconnaissances sur le Saint-Laurent et leurdiffusion auprès des décideurs, des commu-nautés riveraines et de la population.

Les fiches de la série L’état du Saint-

Laurent s’inscrivent dans cette optique.Leur principal objectif est de dégager lesconnaissances pertinentes sur l’état duSaint-Laurent en territoire québécois,dans une perspective de prise de déci-sion. L’orientation retenue met l’accentsur une série d’enjeux interprétés enfonction d’une approche « Pression-État-Réponse ». Cette dernière vise à établirdes liens de causalité entre les pressionsexercées sur le Saint-Laurent par descatastrophes naturelles et des activitéshumaines, l’état des milieux et desressources et les mesures prises à leurégard (réponses existantes). Chaqueenjeu fait l’objet d’une fiche qui s’adresseaux décideurs et au public intéressés parla sauvegarde du fleuve. ■