EnConnexion#08 - janvier 2008

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# 8 LE JOURNAL DE L’OPÉRATION ”UN COLLÉGIEN, UN ORDINATEUR PORTABLE” CONSEIL GÉNÉRAL DES LANDES / JANVIER 2008 AMOU, DAX, ST-VINCENT-DE-TYROSSE

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La revue EnConnexion#08, journal de l'operation "un collegien, un ordinateur portable", publie en janvier 2008 par le Conseil general des Landes. Dans ce huitième numéro, trois nouveaux collèges (Amou, Dax-Albret et Saint-Vincent-de-Tyrosse) témoignent ici, chacun à sa façon, de l’appropriation progressive des outils informatiques par les enseignants et les élèves. Pour en savoir plus : http://www.flickr.com/photos/cg40/sets/ ; http://www.dailymotion.com/cg40/1/ ; http://www.landesinteractives.net/

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#8LE JOURNAL DE L’OPÉRATION ”UN COLLÉGIEN, UN ORDINATEUR PORTABLE”CONSEIL GÉNÉRAL DES LANDES / JANVIER 2008

AMOU, DAX, ST-VINCENT-DE-TYROSSE

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Dax, altitude 12 m, 20 300 habitants,sous-préfecture du département, villethermale, riche patrimoine historique,musées… Dax dispose de deux collègesd’enseignement public, Léon-des-Landes,809 élèves, et Albret, 558 élèves, 45 ensei-gnants… Philippe Vampouille, le principaldu collège d’Albret, arrive d’un autredépartement: «L’équipement numériquedont disposent les collèges des Landesfait pâlir de jalousie certains autres dépar-tements… L’an dernier, dans mon anciencollège, nous avions déposé deuxdemandes de tableaux interactifs.Réponse: zéro! Entre les deux, c’est le jouret la nuit… Nous disposons ici de trois foisplus de vidéoprojecteurs que nous n’enavions dans un établissement qui comp-tait pourtant plus de 1000 élèves!»Concernant l’utilisation de ces outilsnumériques, Philippe Vampouille nousdit avoir été un peu surpris à son arrivée:«Ici, l’an dernier, on n’a pas fait passer leB2i (brevet informatique et internet) !Certains collègues ne sont pas très àl’aise quand il s’agit d’accéder au réseauou d’utiliser le tableau interactif. Il seraitdommage de disposer d’un tel équipe-ment et de ne pas l’exploiter pleine-ment… Ce que j’ai fait ? La demande

de formation des enseignants étantforte, j’ai proposé, dans le cadre de laprérentrée, deux séances de travail detrois heures, le soir, pour engager unemise à niveau sur l’utilisation des Tice. Cesont les professeurs les plus expérimen-tés qui ont montré à leurs collègues.Nous avons balayé un peu tous lesdomaines… Maintenant, les professeurstransmettent leurs notes sur le réseau, cequi permet, pour les conseils de classe,d’afficher des graphiques intéressants. Ily a, pour le CDI , un projet très avancé,dont l’objectif est de permettre l’accès dechaque enseignant et de chaque élève àtoutes les ressources documentaires surle réseau du collège. Je constate avecplaisir que les tableaux interactifs sont deplus en plus demandés et utilisés…»-----Le collège d’Albret a été créé en 1973; pendantun temps, on a hésité à lui donner le nom dePierre Albaladéjo, Pierre Benoît, André Darri-guade, etc. Et c’est finalement la propositiond’un professeur d’histoire et de géographie,sans doute particulièrement convaincant, qui aété retenue dans les années 1980… avec unedouble référence à la fois historique à la familleroyale (Jeanne d’Albret, mère d’Henri IV), etgéographique au pays d’Albret.

ÉDITOAvec ce deuxième numérode l’année scolaire 2007-2008, En Connexionpoursuit son enquête sur l’utilisationdes différents outils numériques(ordinateurs portables, “visualiseurs”,vidéoprojecteurs, tableaux interactifs)mis en œuvre par le Conseil général des Landesdans les 34 collèges publics du département.Trois nouveaux établissements(Amou, Dax-Albret et Saint-Vincent-de-Tyrosse)témoignent ici, chacun à sa façon,de l’appropriation progressive de ces outilspar les enseignants et les élèves:français, mathématiques, physique, SVT,langues vivantes (dont l’occitan),arts plastiques, technologie, etc.sont particulièrement à l’honneur.De nouvelles manières d’enseignersont visiblement en train de s’inventer,avec beaucoup de maîtrise et de créativité!Vous constaterez égalementque certains enseignants n’hésitent pasà se retrouver régulièrementpour se perfectionner ensembleà l’utilisation de certains logiciels…Et que les ordinateurs sont également appréciéspar les professeurs et les élèves handicapésdes classes d’UPI (Unité pédagogique d’intégration).Permettez-moi enfin de vous présentermes meilleurs vœux pour cette année qui commence.

Le président du Conseil général des Landes

UNE JOURNÉEAU COLLÈGE D’ALBRET,À DAX

-----ENVIE DE RÉAGIR OUD’APPORTER UN TÉMOIGNAGE?Édité par le Conseil général des Landes, EnConnexion est un journal entièrement dédié àl’opération «un collégien, un ordinateur porta-ble». Enseignants, parents, personnels des col-lèges, élèves ou anciens élèves, nos colonnesvous sont bien entendu ouvertes… N’hésitezpas à nous faire part de vos avis, commen-taires et expériences, ou si vous préférez êtreinterrogés, communiquez-nous vos coordon-né[email protected]

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Prologue. « Aujourd’hui, dit le profes-seur, nous allons composer un poème.Chacun va écrire un alexandrin sur lethème de la déception amoureuse : vousêtes déçu, ou vous parlez de quelqu’unqui est déçu. Et je vous impose lacontrainte de trouver une rime en [œr]. »Nous sommes avec une classe de 5e dontles élèves ne disposent pas d’ordinateursportables. La classe va donc se déplaceren salle informatique : «… Pour dixminutes seulement, tout juste le tempsde trouver votre vers, et puis nous revien-drons ici.»Acte 1, dans la salle informatique.Seul ou avec un camarade, chacun prendplace devant un écran. «Vous allez ouvrirun logiciel de traitement de texte. Sou-venez-vous bien du sujet. Qui peut medonner des mots en [œr]?» Les doigts selèvent : cœur, sœur, peur, chaleur, bon-heur, vapeur… voilà une première provi-sion. «Maintenant, c’est à vous de jouer.Et vous le savez, pour faire de la poésie,il faut du silence…» Le professeur circuleentre les tables, se penche sur les écrans,encourage: «Je rappelle à tout le mondequ’un vers, ça tient sur une seule ligne!– Monsieur, c’est dur! – Oui, je le sais ;commence par noter une idée, tu pour-ras l’améliorer par la suite…» Sur lesécrans, des morceaux de phrases appa-

raissent, se modifient: ici et là, on “jette”des mots, spontanément… avant de touteffacer, pour recommencer. Petite confi-dence d’une élève, visiblement inspirée:«Moi, je connais : j’ai déjà vécu un cha-grin d’amour… » Chuchotements…«Jeremy, tu as trouvé quoi?» Thomasjubile : «Pour écrire, l’ordinateur, ça ins-pire!» Tout heureux, il annonce avoirtrouvé un vers de dix syllabes… Non, enrecomptant bien, onze… «Stop! lance leprofesseur, vous allez maintenant enre-gistrer votre travail. Ceux qui savent lefaire peuvent aider les autres…»Acte 2, retour dans la salle de classe.Tous les yeux sont rivés sur le tableauinteractif qui affiche l’écran de l’ordina-teur du professeur : «Je vais ouvrir vostravaux et coller vos vers les uns à lasuite des autres, dans le désordre, dansun même document. Nous verrons ceque va nous donner le hasard…»Anticipant de probables déceptions, ilprévient : «Certains de vos envois n’ontpeut-être pas été correctement enregis-trés sur le réseau. Nous n’allons pas pou-voir les récupérer maintenant. Mais nevous inquiétez pas, nous retrouveronstout pour la prochaine fois.»Le premier vers tombe sur l’écran : c’estcelui de Julien. On guette le second… Etvoilà finalement une cascade de pleurs,

Écrire. Le moment est venu de parler dudevoir que chacun devait faire à la mai-son : il s’agissait, en s’appuyant sur letexte que l’on vient d’étudier, de faire leportrait d’une personne qui serait l’exactopposé de Mme Grandet. «L’ordinateurest merveilleux pour lancer les élèvesdans l’écriture, commente Marie Sour-bié; en ce qui me concerne, quand j’écris,j’aime raturer, griffonner, garder la tracede mes brouillons ; eh bien, pour lesélèves, c’est tout le contraire : la pageblanche les bloque, et ils n’aiment pasquand “c’est sale”. Sur l’ordinateur, ils selancent plus rapidement à écrire, leurstextes sont plus longs, mieux écrits, etavec moins de fautes. J’ai par ailleursconstaté que les élèves en difficulté ontbien souvent une mauvaise graphie.L’ordinateur dépasse ce problème, il leurpermet de se relire et de continuer àaméliorer leur texte.» Retour à la classe:Marina, puis Jimmy, lisent leur texte àvoix haute. « Jean, prends ta voixd’homme s’il te plaît… pour que tout lemonde t’entende…» Tous se sont biendébrouillés pour produire des portraits“à la manière de…”, assez convaincants.Bravo à tous. Et merci Honoré!

« Madame Grandet était une femmesèche et maigre, jaune comme un coing,gauche, lente… » Lire. Projeté sur le tableau interactif, etaffiché sur les écrans des ordinateurs desélèves, le texte de Balzac n’a pas exacte-ment la même saveur que si on le goûtaitentre les pages d’un livre. Mais, à obser-ver les élèves en train d’intervenir direc-tement sur la matière même du texte, onest frappé par la relation de familiaritéqui s’établit sous nos yeux. L’exercice dujour les conduit à étudier l’extrait choisi,du point de vue de la grammaire et dustyle. Il s’agit, dans un premier temps, derepérer les adjectifs en les surlignantd’une couleur vive. Marie Sourbié s’arrêteprès d’un élève qui hésite sur le statut dumot cotonneux : «Tu connais le verbecotonner? je cotonne, tu cotonnes, etc.Non, tu vois bien: cotonneux, c’est unadjectif qualificatif…» Mise en communet discussion dans la classe. Les doigtsse lèvent. On établit les bonnes réponsesà chaque question que les élèves, sous ladictée de leur professeur, notent sur leurordinateur. «Point final, annonce le pro-fesseur. Et après un point, on met… – Unespace!»

10h00, cours de français de Marie Sourbié, avec une classe de 4e

BALZAC, AU TABLEAU!

15h05, cours de français de Lotfi Midouni,avec une classe de 5e

POÈTES, À VOS CLAVIERS!Clavier ou crayon? Les avis sont parta-gés. Laeticia Ducamp continue à pré-coniser à ses élèves un premier jet d’écri-ture sur papier. «Et quand j’ai corrigé cebrouillon, je leur demande de modifierleur texte et le recopier au propre surl’ordinateur. J’ai remarqué qu’ils pren-nent du plaisir à faire ce travail : voilà unbon moyen pour qu’enfin ils prennenten compte les corrections! Quant à ceuxqui préfèrent commencer directementsur l’ordinateur, je les laisse faire.»La forme et le fond. Remarque una-nime : les élèves accordent une grandeimportance à la mise en page. «Chezeux, explique Marie Sourbié, ils peu-vent passer tout le temps qu’ils veulentsur la forme – et après tout, ces manipu-lations sont une façon d’appréhenderl’outil –, mais en cours, j’anticipe sur laperte de temps prévisible en leurdemandant d’écrire d’abord leur textesans se soucier de mise en page. Laforme viendra dans un second temps.»Réfléchir… « Quelquefois, les élèvesimaginent qu’avec l’ordinateur, ils n’ontplus à se soucier de connaître l’ortho-graphe, observe Betty Herode. C’est lecontraire! Le correcteur orthographiqueoblige les élèves à être attentifs, et sur-tout à réfléchir. Je ne leur interdis sur-tout pas de s’en servir !»

11h05, avec Laeticia Ducamp,Betty Herode et Marie Sourbié,professeurs de lettres

SALLE DES PROFSune litanie de malheurs, une longueplainte à l’âme sœur… «Tu brisas moncœur en me préférant ma sœur/Un jourtu partis me laissant dans le malheur /Depuis que je ne te vois plus, mon cœurpleure ! … » Bref, voilà un poème quifrise par moments le cocasse, toutémaillé de savoureuses fôtes d’orto-grafe, mais qui semble tenir debout…Le professeur : «Qu’en pensez-vous?»Les élèves (unanimes) : « C’est bien ! »Avec quelques variantes plus ou moinsexotiques : «Trop la classe, ce truc!» Etprojets grandioses: «Il faudrait le publierdans le journal!» Ou encore: «On va enfaire un livre!»La discussion établit que, si cette écriturecollective tient à peu près la route, c’estsans doute parce que tous les vers ont lamême rime. On convient également quele texte mérite bien d’être retravaillé :« Occupons-nous d’abord de l’ortho-graphe…» Les doigts se lèvent : facileavec le tableau interactif ! «Voilà, nousavons rectifié le plus gênant, mais ça neveut pas dire que notre poème est ter-miné. Son principal défaut, c’est que lesvers ne respectent pas tous le mètreimposé. Nous reprendrons tout ça à laprochaine séance.»À suivre, donc.Épilogue. «C’était bien ce cours? Oui!»Sondage non contractuel, mais néan-moins réalisé auprès d’un échantillonreprésentatif des élèves de la classe.

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Et comme ils se servent des ordinateursà chacun de mes cours, la première chosequ’ils font en entrant en classe, c’est deles allumer!»Schéma-bilan. Seconde séquence decours : «Allez sur le réseau chercher ledocument que j’ai préparé. Nous allonsétablir le schéma-bilan de ce que nousavons appris aujourd’hui.» Sur les ordi-nateurs, une première image s’affiche :elle représente un couple, puis appa-raissent des représentations d’ovules etde spermatozoïdes. Les élèves doiventlégender les différents éléments en s’ai-dant des informations que le professeura affichées au tableau.«Maintenant, je prépare tous mes courssur le tableau interactif, commenteraSuzette Paubel après le cours. C’est facilede passer d’une page à l’autre. J’utilisebeaucoup le masque qui me permet dedévoiler progressivement mon exposé. Jepeux revenir en arrière si un élève n’apas compris. Je conçois également lesexercices avec le logiciel du tableau(Notebook) : on peut écrire, insérer desimages, les déplacer… Et les élèves s’yretrouvent facilement et en plus on faitdes économies de photocopies.»

Le cours de SVT (sciences de la vie etde la Terre) de Suzette Paubel porteaujourd’hui sur la fécondation etl’unicité des êtres humains…« Vous savez qu’il faut un spermato-zoïde et un ovule pour faire un indi-vidu, lance le professeur. Dans la classe,les ordinateurs portables sont ouverts :«Un couple a autant de chances d’avoirun garçon qu’une fille, mais c’estl’homme qui détermine le sexe de l’en-fant en apportant soit le chromosome X,soit le chromosome Y. » Au passage,Suzette Paubel fait remarquer que lesidées reçues ont parfois la vie dure :«Vous entendrez encore un homme direà une femme: “Ah, tu n’es capable quede faire des filles !” On a même tué desépouses pour ces fausses raisons…»Notes. Un peu de raisonnement mathé-matique maintenant afin de comprendrepourquoi chaque humain est unique :les élèves notent les résultats sur leursordinateurs portables. «Au début, j’étaistrès récalcitrante… nous expliqueSuzette Paubel. Je leur demandais deprendre le cours dans le classeur, maismaintenant – du fait qu’ils ont l’ordina-teur dès la classe de 4e –, ça fonctionne.

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Cours de physique, ordinateurs por-tables allumés… Les élèves vontfaire un exercice qui vient illustrer etcompléter le cours précédent ; il estquestion de la relation entre lavitesse, la distance et le temps…« Nous allons appliquer ce que nousavons appris à des questions de sécu-rité routière, explique le professeur. Jeroule en scooter, je vois un obstacle, jefreine: quelle distance va parcourir monscooter avant de s’immobiliser ? Vousallez sur le réseau et vous copiez lefichier sur votre ordinateur. Ensuite,vous vous débranchez du réseau… Vouspouvez tout faire de A à Z ; je n’ai pas àintervenir : il vous suffit de suivre lesétapes une par une. Lisez attentivementles consignes!»Animation. Jean-François Lannes nousavait prévenus : « Vous verrez, la pre-mière phase de l’exercice les amuse beau-coup. L’ordinateur mesure leur temps deréaction: ils se croient dans un jeu vidéo,ils vont chercher à améliorer leur score.»Le professeur connaît bien ses élèves : ilsont tôt fait de comprendre qu’il leur suf-fit de relancer l’exercice pour avoir droità un nouvel essai…– Je rappelle que le temps de réaction,c’est le temps qui s’écoule entre lemoment où vous avez vu l’obstacle, et lemoment où vous avez cliqué sur Stop.

– Monsieur, j’ai fait 565 millisecondes!– Qu’est-ce qui peut modifier le temps deréaction?– L’alcool, la fatigue, les drogues, etc.– 422!– Oui, André, tu as fait un super-score ;note-le, et passe à l’étape suivante.»Le professeur circule entre les tables,observe la progression de chacun, encou-rage… Une partie de la classe “sèche” surdes problèmes de conversion. Il reprendalors la main pour réexpliquer ces notionsà l’aide du tableau interactif : «Vous nesavez pas faire les conversions ! Vousdemandez à utiliser les ordinateurs, maisle problème, c’est qu’on ne peut pasavancer si vous bloquez sur des notionsaussi simples!»Collaborations. Des calculettes sor-tent des cartables, des collaborationss’installent spontanément entre lesélèves. « Cela ne me dérange pas, aucontraire, nous dit Jean-François Lannesen aparté. Si l’élève explique à un de sescamarades, c’est parce qu’il a, lui-même,bien compris. Le fait que ce soit uncopain ou une copine rendra peut-êtreson camarade plus réceptif. Et puis ensciences, quand on fait des travaux pra-tiques, on profite du fait qu’ils travail-lent déjà en groupe pour les encouragerà confronter leurs idées, pour qu’il yait une discussion, un échange… »

16h15, cours de physique de Jean-François Lannes, avec une classe de 3e

565 MILLISECONDES!

9h05 : cours de SVT de Suzette Paubel, avec une classe de 3e

FILLE OU GARÇON?

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Depuis la rentrée 2007, le CDi (Centre dedocumentation et d’information) du col-lège d’Albret dispose de nouveauxpostes fixes de consultation, cofinancéspar le Conseil général: «Ça change com-plètement ce qu’on peut faire (lesanciens ordinateurs étaient vraimentdépassés), explique Caroline Guirouilh,professeur documentaliste. Ça changeaussi radicalement l’image du CDi.»Ordinateurs portables. Les élèves peu-vent également utiliser leurs ordina-teurs portables au CDi, soit sansconnexion (quand ils n’ont que leurleçon à recopier, une consultation à faire,etc.), soit en se branchant au réseau ducollège… «Nous disposons actuellementde cinq prises, précise Caroline Guirouilh.C’est un début, mais c’est insuffisantpour travailler correctement engroupe… Aussi, dans le projet sur lequelnous sommes en train de travailler pourle réaménagement du CDi, nous envisa-geons la possibilité d’installer d’autrespoints de connexion pour les ordina-teurs portables. Le CDi, ce n’est pas lelivre ou l’ordinateur, mais les deux! Il nedoit pas y avoir de concurrence… Lebut, c’est donc de prévoir un espaceintéressant pour les livres, le coin lec-ture… et les ordinateurs.»Réseau. Au collège d’Albret, quasi-ment tout le fonds du CDi est mainte-

nant accessible par le réseau du col-lège, via le logiciel de gestion docu-mentaire BCDi : «De nombreux ensei-gnants ne le savaient pas… L’an der-nier, en arrivant, j’ai installé l’icône BCDien salle informatique. Cette année, nousavons eu une journée Tice dans l’établis-sement, et j’ai fait une rapide présenta-tion du logiciel, simplement pour mon-trer aux enseignants qu’ils peuventdemander à leurs élèves de commencerles recherches bibliographiques en seconnectant au réseau avec les ordina-teurs portables : le CDi n’est pas tou-jours libre, et ce n’est pas toujours pos-sible d’y amener une classe entière. Il estdonc bien plus simple de se connecterdepuis les salles de cours, et de venirchercher les documents ensuite.»Mutualiser. «L’an dernier, on nous ademandé de faire un projet documen-taire d’établissement. Nous avons orga-nisé des réunions avec les enseignantsregroupés en pôles de disciplines. Fina-lement, ces quelques réunions nous ontamenés à établir certaines méthodes detravail en commun: avec les enseignantsde français, par exemple, nous avonsdécidé de mettre au point des fichesméthodologiques. Ces fiches sont main-tenant disponibles sur le réseau – le butétant qu’elles puissent servir dans toutesles disciplines…»

Créée au collège d’Albret en 2004,l’UPI* (unité pédagogique d’intégra-tion) est un dispositif d’intégrationscolaire pour les élèves en situationde handicap. Elle permet à des jeunesde 12 à 16 ans de poursuivre leur sco-larité en milieu ordinaire et d’avoirune véritable vie de collégiens.Marie-José Sonzogni est l’enseignantetitulaire de la classe d’UPI qui accueillecette année 11 élèves, 7 filles et 4 gar-çons: «C’est une classe très hétérogène.Certains élèves peuvent être intégrésen classe de cinquième alors que d’autressont à peine dans l’apprentissage de lalecture. Le premier intérêt des ordina-teurs portables, c’est de nous permettrede faire un suivi adapté au niveau de

chaque élève ; je peux réellement diffé-rencier mon travail avec chacun. Etcomme ils disposent de leurs propresordinateurs, le collège a acheté des pro-grammes adaptés à chaque niveau: parexemple certains logiciels du premierdegré imaginés par des instituteurs…Son second point fort, c’est l’aide à laprésentation : nous avons des élèves endifficulté d’écriture, parce qu’ils sontmalhabiles et qu’ils ont du mal à formerles lettres… Pour les dictées par exemple,si je n’arrive pas à lire ce qu’ils écrivent,je ne peux pas les aider à se corriger; l’or-dinateur est bien utile pour cela.Troisième avantage: disposer d’un ordi-nateur portable – au collège et à la mai-son – permet à nos élèves d’acquérirune bonne maîtrise de l’outil, de la mes-sagerie, de la recherche d’information.C’est aussi un facteur d’intégration, poureux, plus tard dans la vie courante.»technologie. Accompagnés par KarineDaguinos, l’auxiliaire de vie scolaire,nous suivons le petit groupe dans lecours de Michel Betin. Au programme, laréalisation d’un site internet avec le logi-ciel Dreamweaver.« Monsieur, qu’est-ce qu’il faut faireaujourd’hui?– Il faut ouvrir le fichier “à suivre”, dansle dossier “mes documents”.– Je fais clic-droit?– Oui, tu l’ouvres…»Sur les écrans s’affiche une page, avecdes textes et des images : c’est le travailréalisé lors des cours précédents.«Vous allez sélectionner l’image qui esten haut à gauche, et la coller sur le pro-jet de site internet…»Moments de concentration. Pour chaquemanipulation, le professeur affiche lesprocédures au tableau interactif ; lesélèves suivent pas à pas ; des collabora-tions s’installent…« Maintenant, nous allons réaliser uneffet d’images “survolées”… Vous enre-gistrez votre travail et vous appuyez surla touche F12 de votre clavier pour avoirun aperçu…– Waouh! Trop fort…»Dans la classe, chacun s’active sur son cla-vier pour essayer de finaliser son tra-vail. Le professeur va de l’un à l’autre,encourage, conseille… Moments dedécouragement et murmures de fiertéde ceux qui ont réussi !«L’an dernier, nous avons créé un petitsite internet sur lequel nous allons ajou-ter des pages tout au long de l’année,explique Marie-José Sonzogni. C’est doncla classe d’UPI qui est à l’origine du sitedu collège : il est quand même assezintéressant de penser que ce sont lesélèves les plus en difficulté qui ont mis ceprojet en place, non?»http://webetab.ac-bordeaux.fr/Etablissement/ClgAlbretDax/upiaccueil.html

Petit à petit, l’exercice avance… Certains élèves en sont maintenant à tracer lacourbe de freinage.– Monsieur, on a fini…– Très bien, tu peux essayer de refairel’exercice avec l’option “route mouillée”.La sonnerie de fin de cours retentit…– Qui est arrivé au bout de l’exercice?Les doigts se lèvent : un peu plus de lamoitié de la classe y est parvenu.– Vous éteignez l’ordinateur…Révisions. « Monsieur, on n’a pasd’exercice à faire, pour réviser lecontrôle?» Réponse du professeur : «Situ suis toutes les étapes d’auto-évalua-tion de ce chapitre, et si tu refais l’exer-cice d’aujourd’hui, je te garantis que tuen sauras largement assez pour réussirton contrôle!»Les élèves sortent en récréation; le profes-seur analyse le cours auquel nous venonsd’assister: «Ce qu’il y a de bien avec cetype d’exercice, c’est que s’ils parvien-nent à terminer, ils ont forcément juste. Jen’interviens que pour débloquer les élèvesqui en ont besoin: je peux donc insistersur certaines de leurs difficultés. […] Ilexiste le même type d’exercice dans lemanuel scolaire, mais avec les ordina-teurs, ils travaillent en autonomie. Ceque permettent aussi les Tice – et c’estimportant dans l’enseignement –, c’est devarier les situations d’apprentissage. L’au-tre avantage, c’est qu’ils vont garder cetexercice sur leur ordinateur et qu’ils pour-ront donc le refaire à la maison, en faisantvarier la vitesse, le type de route, etc.»

10h15, avec la classe d’UPI*

PÉDAGOGIE DIFFÉRENCIÉE

9h15, avec Caroline Guirouilh, professeur documentaliste

UN CDi EN LIGNE…

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Amou, altitude 47 m, 1488 habitants,chef-lieu de canton… Entre les rivesfraîches des Luys, en l’exquis paysd’Amour, église romane du 12e siècle,château du 17e siècle (œuvre de FrançoisMansart, architecte de Louis XIV), mai-sons datées aux portes moulurées. Àproxi mité: la course landaise à Pomarez,la maison de la Dame de Brassempouy.Le collège du pays des Luys – prononcer[lœil] – compte 220 élèves, 10 divisions,une vingtaine d’enseignants, et uneoption d’occitan. Il a été construit dansles années 1960, et le Conseil général desLandes y mène actuellement une impor-tante opération de restructuration etd’agrandissement.M. Leschaeve, le principal, nous expliquequ’on est actuellement dans une phasede transition : « Le vieux collège étaitconsidéré comme une sorte d’école élé-mentaire. C’est un petit collège rural –16 communes –, qui obtient de très bonsrésultats : 92 % de réussite au brevet,75 % des élèves affectés en Secondegénérale et technologique. Il y a ici unpeu le culte de la réussite par l’exigence!Avec la construction du nouveau col-lège, Amou va prendre une orientationplus moderne… Je compte beaucoup

sur cette réalisation pour redynamiser,reformuler un certain nombre de chosessur le plan pédagogique.»Concernant l’opération “un collégien, unordinateur portable”, M. Leschaevereconnaît que «cette année, il y a desefforts très sensibles : la construction dunouveau bâtiment, avec un pôle delangues, un auditorium de musique, et ladotation supplémentaire de tableauxnumériques et de vidéoprojecteurs ontdéclenché l’envie de se saisir de cesoutils. Certains enseignants se retrou-vent d’ailleurs tous les vendredis entremidi et deux pour se former bénévole-ment sur les principaux logiciels.Par rapport à l’académie d’où je viens –nous avions en tout et pour tout cinqordinateurs en technologie, et cinq ordi-nateurs au CDI –, je constate qu’ici, leConseil général a vraiment mis lesmoyens : non seulement le matériel,mais également les logiciels… et la pré-sence de l’assistant d’éducation!»

-----Dans le canton d’Amou, coulent le Luy de Béarnet le Luy de France. Ces deux rivières se rejoignentà Castel-Sarrazin pour former un confluent, oùnaît la rivièreLuy, affluent de l’Adour.

Quel est l’attribut commun entrel’oignon et la grenouille ? Pourrésoudre cette étrange devinette, lemicroscope, allié à un “visuali-seur”1, se révélera très utile…C’est une grande première aujourd’hui,pour ces élèves de 6e : ils vont apprendreà se servir d’un microscope. Celui duprofesseur est surmonté d’une sorte decapuchon prolongé par un câble : c’estun ”visualiseur” qui, couplée à un vidéo-projecteur, permet à toute la classe d’ob-server sur le tableau interactif ce que l’onverrait dans l’oculaire. L’objet du cours,c’est d’examiner un prélèvement depeau d’oignon. «Vous allez devoir réali-ser tout à l’heure la préparation que jefais devant vous.» Pas à pas, le profes-seur décrit minutieusement chacun deses gestes. Avant d’observer quoi que cesoit, il faut faire une préparation micro-scopique: pinces, lame de verre, goutted’eau, lamelle… Il faut aussi savoir mani-puler correctement le microscope: chan-gement d’objectif, réglages et mise aupoint… Voilà! Des formes apparaissentsur l’écran: «Vous les voyez?» Le profes-seur active le zoom de la caméra duvisualiseur pour augmenter encore le

grossissement, et surligne le contourd’une sorte de parallélépipède trèsallongé… «Et là, une autre… le voilà, lepoint commun entre tous les êtresvivants, c’est la cellule ! On distinguemême un noyau, là…» Les yeux s’écar-quillent, chacun retient son souffle. L’es-prit scientifique souffle sur la classe…«Vous allez maintenant faire vous-mêmela manipulation. Je vous distribue de lapeau d’oignon…» Mathilde et Mathilda,Léa et Valentin…, chaque tandem s’af-faire avec beaucoup de précautions.Chuchotements, et grande concentra-tion. «J’utilise les outils numériques enpermanence et à tous les niveaux, préciseMuriel Angibaud, et je commence toutjuste à me servir du visualiseur. Je vaispouvoir photographier l’image que nousavons obtenue aujourd’hui, pour lareprésenter au cours suivant. » Enfin :«Madame, on commence à voir quelquechose… – Superbe! on voit très bien lesnoyaux de chaque cellule… Je vais meservir de votre préparation pour la mon-trer au tableau interactif.» Fierté abso-lue, pour Léa et Valentin.(1) www.crdp.ac-lyon.fr/b/b1/b14/tests/avervision_300p.pdf

UNE JOURNÉEAU COLLÈGE DES LUYS,À AMOU

15h05, cours de SVT de Muriel Angibaud, avec une classe de 6e >>>

LABORANTINS EN HERBE

Tous les vendredis entre 13 et 14h,un petit groupe d’enseignants seretrouve pour découvrir ou se perfec-tionner sur un logiciel choisi ensem-ble. Aujourd’hui, on teste Inspira-tion, “le logiciel idéal pour concevoirdes projets, développer des idées etorganiser sa pensée”.Huit professeurs – et l’assistant d’éduca-tion – ont pris place devant les pail-lasses habituellement occupées par lescollégiens “dans la salle de physiquede Bernard”. Fabienne Saint-Germainbranche son portable au tableau inter-actif. Ambiance bon enfant, humourun peu potache… « Il faut mettre enroute nos ordinateurs ? – Ça seraitmieux. – Inspiration, c’est un logiciel? –Oui. – Je croyais que c’était une plaisan-terie… – Un logiciel pour organiser sesidées? C’est tout ce qu’il me faut !»Fabienne travaille depuis son ordina-teur: «Regardez bien. Je note mes idéesdans des sortes de bulles, que je relieentre elles pour établir des relations dehiérarchie. J’obtiens un organigramme,que je peux toujours développer etremodeler à la demande. » Attentifs,mais un peu goguenards, ses collèguesenseignants sont de ceux à qui on ne lafait pas… «Attendez, vous n’avez pas vule plus génial. » Fabienne bascule en

“mode plan”. Transformation saisis-sante : l’ordinateur a changé ces formesmolles en plan clairement structuré,avec chapitres, sous-chapitres et para-graphes ! Les questions fusent : «Com-bien de temps pour que les élèvesapprennent à s’en servir ?» Fabienne :«Ça devrait aller vite: on leur montre unpeu, et si ça leur plaît, ils s’entraînentchez eux pour faire leurs expériences…»C’est parti ! Voilà nos profs en train deréfléchir tout haut, chacun dans sa spé-cialité : « En anglais, je pourrais faireune fiche de vocabulaire… une boîte àoutils dans laquelle j’indiquerais aussi lesmots de liaisons… – En maths, ça iraitbien pour montrer les différentes étapesd’un raisonnement… Mais commentfaire pour qu’ils cherchent un peu toutseuls ? En SVT, on pourrait monter destableaux de classification…» Hugo ima-gine l’intérêt du logiciel pour la cons -truction de sites internet : « On pour-rait s’en servir pour créer les arbores-cences… Ça serait plus motivant quede faire ça à la main…»Bientôt la sonnerie: on n’a pas vu passerl’heure ! «J’aimerais bien apprendre àfaire un diaporama», lance quelqu’unavant de partir. Fabienne : « Eh bien,nous allons mettre ça au menu de lasemaine prochaine !»

13h15, autoformation sur les outils numériques, >>>avec une classe d’enseignants

DES PROFS “INSPIRÉS”

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« Allumez vos ordinateurs et baissez lesécrans ! » La première consigne deFabienne Saint-Germain installe unerègle du jeu pour ce cours structuré entrois temps, avec le soutien du tableauinteractif.Acte un: le cours magistral. «La der-nière fois – vous vous en souvenez? –nous en étions restés au tout début de laseconde guerre mondiale.» Le profes-seur pianote sur son ordinateur, faitapparaître sur l’écran un site internetd’où elle tire un extrait de film d’ar-chives. Celui-ci n’est pas simplementprojeté, mais véritablement décortiqué:arrêt sur image, surcharge “à la craie”pour attirer l’attention sur un détail :« Regardez bien : voici les armes desPolonais – on voit des chevaux, deshommes à pied – et maintenant, voilàles armes des Allemands: avions et chars.Vous comprenez pourquoi on parle deguerre-éclair? En 17 jours, la Pologne estenvahie.» Sur le tableau interactif appa-raît maintenant une carte animée, àl’appui de l’explication des mouvementsde l’armée allemande. «Nous voilà en1940. L’armée allemande a envahi laFrance. C’est l’exode : les Français sontsur les routes. » Un nouveau film vientétayer le récit du professeur: étonnantesimages de ces longues cohortes lancéessur les routes. « Je vous rappelle quenous sommes au mois de juin. Regardezbien leurs vêtements : ces gens portenttous des manteaux. Qui peut me direpourquoi?» Dans la classe, on sèche…on donne sa langue au chat : « Maisparce qu’ils ont sur eux tout ce qu’ilspeuvent emporter. »Acte deux: la trace écrite. Que va-t-onécrire maintenant?» lance le professeur,avant de noter au vol, sur le tableauinteractif, les idées énoncées dans laclasse. C’est le moment d’activer les ordi-nateurs portables. «Ouvrez, dans votretraitement de texte, un nouveau fichierde brouillon…» Cliquetis des claviers.Justine écrit : «Les Allemands creusent laligne Maginot pour se protéger…» Savoisine, qui a jeté un coup d’œil : «Non,ce sont les Français…» Justine corrigeen un clin d’œil. Le professeur passe der-rière chacun, encourage: «Oui, c’est bien,continue…» Reprend un point du cours:«Je vois plusieurs fois la même erreur; j’aidû mal me faire comprendre… » Unmoment plus tard: «Stop! Nous allonspasser à la correction.»Acte trois: «On est plus intelligent àplusieurs…» C’est le texte d’Alex, affi-ché sur le tableau, qui va servir de baseà l’élaboration de la trace écrite défini-tive. Question du professeur : « Êtes-vous d’accord avec ce qu’Alex a écrit?»Axelle, qui a détecté une erreur, proposeune première modification… La discus-sion apporte une nouvelle précision,

puis un autre complément… Justinepropose d’aller au tableau pour souli-gner en rouge les mots importants. Ons’approche du résultat : « C’est biencomme ça? – Oui !» On sent la fiertédans la réponse, unanime. Le texte finalsera sauvegardé sur le réseau, et distri-bué à chacun sur papier. «Cette traceécrite n’est jamais la même d’une classeà l’autre, explique Fabienne Saint-Ger-main. En travaillant de la sorte, mesélèves s’aperçoivent qu’on est plus intel-ligent à plusieurs. Ils collaborent, ils secorrigent mutuellement bien plus volon-tiers que s’ils travaillaient sur papier. »Avant la fin du cours, elle s’assure queses élèves ont bien noté, dans la liste deleurs favoris, l’adresse du site qui a servide support au cours1 : «C’est un site enaccès libre que nous n’avons pas eu letemps d’explorer en détail, mais ils pour-ront y revenir tranquillement. J’enre-gistre également tout ce que j’ai fait surle tableau interactif – les vidéos, lesphotos, les cartes, les annotations… –pour qu’ils puissent retrouver le coursplus tard, dans sa forme vivante.»1www.france5.fr/2GM

11h15, avec Christelle Lalanne,professeur d’occitan

TIRA TA LENGAE PARLA OCCITAN!À partir de la 5e, les élèves peuventchoisir de suivre, en option, descours d’occitan. Dans ce cas, l’ordina-teur est un précieux allié, offrantla possibilité d’entrer dans une civi-lisation et, au-delà des particula-rismes locaux, de retrouver l’espritd’une langue…«L’ordinateur, c’est une vraie ouverture.Grâce à leurs recherches sur l’internet, lesélèves peuvent comparer des littéra-tures – entre Mistral, un auteur proven-çal, et Bernard Manciet, un poète lan-dais, par exemple –, écouter des textesdits, ou chantés… par d’autres personnesque leurs grands-parents ou moi. Ils serendent compte que la langue occitaneprend bien d’autres formes que celleque parle leur professeur : ici, nous par-lons gascon, du côté de Marseille, c’est leprovençal… mais il s’agit toujours de lalangue occitane, dans la diversité de sesvariations locales.» Apprendre l’occitan,c’est aussi prendre conscience de lavaleur de la langue parlée : « Noussommes en train de monter, sur l’ordina-teur, un texte “à trois voix”, entre celledu grand-père, enregistrée par l’un demes élèves sur son téléphone portable, lamienne et celle du petit-fils. Trois géné-rations, trois accents, trois façons deparler la langue.»

15h05, cours d’histoire de Fabienne Saint-Germain, avec une classe de 3e

REGARDER VOIR…

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Présenter le métier de son choix à sescamarades, avec le soutien d’un diapo-rama préparé sur ordinateur et projetéau tableau interactif, voilà un vrai sujetde réflexion et l’occasion d’unerecherche concrète qui peut se révélerpassionnante.Tandem. «En troisième, tous mes courssont basés sur la pratique des outilsinformatiques, explique Denis Gatuingt.Et je peux vous dire qu’à la fin de l’an-née, mes élèves les maîtrisent !» La sur-prise, ici, c’est la présence de Hugo Stor-chi, l’assistant d’éducation du collège :«Dès le début de l’opération, je lui aiproposé de venir dans mes cours, etdepuis, nous avons appris à travailleren tandem, notamment avec les classes

étant déjà bien engagée, on va atta-quer aujourd’hui la mise en forme dudiaporama. Pas question, pour autant,de se lancer n’importe comment : uncahier des charges précise chaque étapede l’exposé. Pour chauffer ses troupes, leprofesseur présente quelques exemplesde travaux similaires, réalisés l’annéedernière. L’occasion de glisser quelquesrecommandations, et notamment d’aler-ter sur les fonds illisibles.Architecte, sage-femme, journalistesportif, hôtesse de l’air… Alex, quis’entraîne actuellement quatre heurespar semaine, en plus des matches dusamedi, aimerait être joueur de rugbyprofessionnel. Il a repéré la filière “sport-études”. Et si ça ne marche pas? «Dansce cas-là, je ferai de la cuisine!» Hugoannonce sans broncher des études à lahauteur de Bac +11 pour devenir chirur-gien. «Un métier difficile, mais on peutsauver des gens…» Bon élève? Hugon’est pas du style à se vanter. Il aimebien les matières scientifiques… Nousn’en saurons pas plus. Ophélie sait parfai-tement qu’il faut faire une premièreannée de médecine suivie de quatre ansd’études spécialisées, pour devenir sage-femme. Axel, qui aime bien l’informa-tique, vient de découvrir le métier d’in-formaticien industriel. Thomas veut êtrebasketteur professionnel; il n’aura aucunproblème pour illustrer son diaporama:« Des photos ? J’en ai déjà plein dansmon ordinateur… » Visiblement pas-sionné : «Je joue au basket depuis quej’ai quatre ans», il s’est forgé une philo-sophie : « Il faut savoir gagner… et per-dre. Quand on perd, ça nous fait pro-gresser… » L’inconvénient du métier?«Les critiques des journalistes.» Kévin achoisi le métier d’architecte : « J’aimebien l’architecture moderne, le dessin,tout ce qui est créatif… J’aime bien tra-vailler avec l’informatique, et les archi-tectes travaillent sur ordinateur.» Unechose qui l’inquiète un peu, c’est la for-mation : «Les études, c’est un peu com-pliqué, non?» Sylvain, lui, sera prof demaths: «J’aime les chiffres, les raisonne-ments… et le contact avec les autres.» Ilconnaît parfaitement la filière de forma-tion : quatre ans après le Bac, un Capesde mathématiques. C’est net et précisdans sa tête.Sondage. Du côté des élèves, la cotedes ordinateurs portables est toujoursau beau fixe: «Travailler sur l’ordinateur,c’est mieux que de travailler sur papier,ça va plus vite…» Mais plus profondé-ment, on sent bien cette fois que l’exer-cice touche juste, dans la forme et dansle fond : « L’ordinateur nous permetd’avoir de l’information sur les métiers…Ce travail nous aide à réfléchir, pournotre orientation. On se sent libre, touten étant encadré.»

C’est un cours d’optique; on étudie lephénomène de la vision et les mala-dies de l’œil. Affichés sur le tableauinteractif, une coupe schématiquede l’œil, et un arbre.Louis va au tableau dessiner l’image del’arbre au fond de la rétine… Le profes-seur fait bouger certains éléments :«L’image se forme toujours au mêmeendroit. Pourquoi?– L’œil accumule; non, se reprend Louis,accommode. Le cristallin modifie sacourbure !»Le professeur dicte maintenant ce quechacun doit écrire dans son cahier, etenchaîne : «Maintenant, vous allumezvos ordinateurs, et vous allez à “Anima-tions Flash”». Chacun s’active : de jolisschémas s’affichent sur les écrans. Cesont des animations interactives quipermettent de visualiser le phénomèneen agissant directement sur certainsparamètres: ici, par exemple, on déplacel’arbre, et les rayons convergent auto-matiquement…«Benjamin, où se forme l’image, dansun œil myope?– L’image devrait se former sur la rétine,mais elle se forme avant…»Coralie va au tableau, pour placer lesrayons sur le schéma d’un œil myope.On peut constater qu’en plaçant une

lentille divergente devant l’œil, onmodifie l’endroit où se forme l’image.Miracle, même si on fait bouger l’objet,l’image se forme toujours au mêmeendroit !« J’utilise les animations Edumédiadepuis l’an dernier, nous dit BernardMichel en aparté. Le Conseil général asouscrit un abonnement pour les col-lèges, et tous les élèves en disposentdonc sur leurs ordinateurs portables…Pour ce cours sur les maladies de l’œil,les animations permettent de faire deschoses qui auraient pris beaucoup detemps autrement. C’est aussi l’occasiond’animer un peu le cours…Nous venions de faire des travaux pra-tiques d’optique classique ; avant deparler de l’œil, il faut avoir bien assimiléces notions : distance de l’objet par rap-port à la lentille, où se forme l’image,etc. Quand on passe à l’étude de l’œil, cequi est difficile à comprendre c’est qu’ici,c’est le cristallin qui modifie sa cour-bure; c’est pour cela que les animationssont intéressantes… Et en plus, il y aun petit résumé qui permet de donnerles explications essentielles : chez lui,l’élève peut “rejouer” l’animation etprendre le temps de bien observer lesphénomènes…»www.edumedia-sciences.com

10h, cours de technologie de Denis Gatuingt,avec Hugo Storchi, assistant d’éducation, dans une classe de 3e

CENT FOIS, SUR LE MÉTIER…

de troisième. Naturellement, je sais qu’àtout moment il peut être appelé pourune intervention dans le collège. Nousfonctionnons vraiment à deux profes-seurs, pour le plus grand bien de nosélèves, qui savent parfaitement auquelde nous deux s’adresser, en fonction duproblème qu’ils rencontrent. » Hugo,de son côté, apprécie cette façon origi-nale d’exercer sa veille sur le matériel etles usages: «C’est l’occasion pour moi defaire le tour de leurs ordinateurs porta-bles, de vérifier si tout va bien, et derégler les petits problèmes…»Dernières recommandations. Larecherche documentaire sur internet

11h05, cours de physique de Bernard Michel,avec une classe de 3e

OÙ SE FORME L’IMAGE?

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«Vous allumez les ordinateurs portableset vous consultez votre messagerie,explique Joël Silva. Ouvrez le messageélectronique que je vous ai envoyé: vousy trouverez toutes les consignes et, enpièce jointe, un tableau présentant lesdifférentes phases du projet, qu’il faudracompléter en fonction de son évolu-tion…» Le cours commence par un exer-cice de numérisation d’images. La classese transporte dans la petite pièce quisépare les deux salles de technologie :quatre ordinateurs fixes et quatre scan-ners. Le professeur fait une démonstra-tion: placement de l’original, choix de larésolution, mode de numérisation,cadrage, cheminement de l’informa-tion, lieu de sauvegarde.«Je leur ai demandé de sélectionner desphotos personnelles. Le choix des photosest libre afin que chacun puisse person-naliser son projet et s’impliquer davan-tage dans son travail. Ils vont les numé-riser, les retoucher, les recadrer, et enfaire un diaporama. Ensuite, chacunenregistrera un DVD, avec jaquette etétiquette, qui pourra être visionné sur letéléviseur familial.»

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Saint-Vincent-de-Tyrosse, altitude26 m, 5630 habitants, chef-lieu de can-ton, connu pour son équipe de rugby, sesfêtes landaises, son arène et ses corri-das… La ville a un passé intimement liéà l’industrie de la chaussure, même si lesnombreuses usines qui y étaient implan-tées ont quasiment toutes fermé.Le collège de Saint-Vincent-de-Tyrosse,612 élèves, 23 divisions, 2 sections spor-tives : rugby et pelote, est «un établisse-ment “rurbain”, nous explique le princi-pal, M. Jégo, c’est-à-dire avec une popu-lation qui paraît rurale, mais avec unmode de vie plutôt urbain, comme leshabitants des nouveaux lotissements…»Du point de vue de l’opération “un col-légien, un ordinateur portable”, leschoses avancent ici de manière significa-tive : en juin 2007, 87 % des élèves detroisième ont réussi leur B2i. « Les enseignants sont en train de seformer progressivement, et certains sol-licitent maintenant beaucoup les élèvesavec les ordinateurs… On sent que çaévolue vraiment dans le sens d’une uti-lisation importante, notamment enlangues, en maths, en histoire-géo…Dans l’établissement, nous avons neuftableaux interactifs, tous très utilisés.

Les enseignants de mathématiques enont quasiment un chacun; en histoire etgéographie, deux ; un en languesvivantes, un en arts plastiques et deuxen technologie…Grâce à l’ordinateur, on peut égalementalléger les cartables : l’équipe de mathsest très motivée à ce sujet, et théori-quement, dès l’année prochaine, lesélèves n’auront plus besoin d’apporterleur livre en cours.»Des problèmes éventuels? «Il y en a eu,mais les collégiens sont maintenant trèsencadrés : peu de pannes, pas de vols.J’envoie régulièrement des courriers auxparents pour les alerter, par exemplesur les dangers des blogs, le droit àl’image, l’utilisation d’internet, etc. Noussensibilisons également les familles parle biais du B2i : l’an dernier, nous lesavons impliquées en leur demandantde valider l’item 2.2 dont le libellé est lesuivant: “Je protège ma vie privée en nedonnant sur Internet que des rensei-gnements me concernant avec l’accordde mon responsable légal.” Et nousavons eu plus de 50 % de retours, ce quiest énorme…»

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Lucas a choisi des photos qu’il a prises lui-même. Théo a préféré des images desport : il hésite encore entre le surf et lebasket. Tandis que les premiers élèves semettent au travail, les autres reviennentdans la salle de cours pour compléter –en autonomie – un exercice où il estquestion – entre autres – de capteurCDD, de mode RVB ou quadrichromie,de DPI, etc. Les encyclopédies installéessur les ordinateurs portables, et internetsont largement mis à contribution…«L’apprentissage et l’utilisation de l’ou-til informatique représente une partimportante de ce que nous faisons entechnologie. La plupart des élèves saventdéjà beaucoup de choses, mais c’est sou-vent très brouillon! Ils ont l’impressionde maîtriser alors qu’ils ne connaissentpas les fondamentaux. Mais, dans lesLandes, nous avons de la chance : endeux ans avec les ordinateurs portables,les élèves ont réellement le temps d’ac-quérir une culture informatique, et devalider correctement le B2i.»

UNE JOURNÉEAU COLLÈGE DESAINT-VINCENT-DE-TYROSSE

15h05, cours de technologie de Joël Silva, avec une classe de 3e

MES PHOTOS À LA TÉLÉ!

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Ce sont les élèves eux-mêmes quipartent à la recherche des faits his-toriques pour mettre sur pied lecontenu de ce cours sur la secondeguerre mondiale.«Aujourd’hui, moi je n’ai rien à faire,annonce le professeur. C’est vous quiallez construire le prochain cours. Modi-fiez la configuration de la salle, demanière à pouvoir travailler engroupes.» Dans la classe on s’agite, onretourne les tables, on bouge les chaises,on se réorganise par groupe de quatre.«Vous trouverez sur ces feuilles des ques-tions à traiter par vous-même. Prenezdes notes sur un papier, ou si vous préfé-rez sur l’ordinateur, à condition de nepas faire du copier-coller intégral. Vousallez travailler avec les ressources conte-nues dans l’ordinateur. Pour commencer,ouvrez la carte animée de l’Encyclopae-dia Universalis. » Tous les écrans affi-chent la carte de l’Europe. Casque sur lesoreilles, on écoute les commentaires.Chercher. «Ce cours sur le déroulementde la seconde guerre mondiale ne peutpas faire l’objet d’une épreuve du Brevet,commente Lydie Moreau. Il est très chro-nologique, et souvent perçu commeassez rébarbatif. J’aurais pu “bombar-der” mes élèves de cinquante dates, avectoutes les chances qu’ils n’en retiennentà peu près rien… Au contraire, cette

forme de recherche autonome les sti-mule, et le travail en groupes les motive.Ils s’apprennent mutuellement deschoses, et au bout du compte ils retien-nent beaucoup, sans s’en rendrecompte.»Trente mille questions. Dans lesgroupes, on s’organise, on se répartitles questions à traiter. Le professeur, detable en table, suit la progression desrecherches. Naviguant entre les épisodeset les événements, elle déroule patiem-ment une succession de “micro-coursparticuliers”, visiblement assez appré-ciés : «Madame, c’est quoi, le mur del’Atlantique? Madame, ça veut dire quoi,“laminé”? Madame, Hitler, il était chefde l’armée? Madame, je n’arrive pas àouvrir la carte interactive…» Mieux vautmaîtriser son sujet, non? Lydie Moreaurelativise la performance : « Il s’agit làd’un sujet de cours très classique, et jedois dire que j’aime beaucoup ensei-gner de cette manière : l’informatiqueme permet de mieux cerner les difficul-tés de chaque élève: est-ce un problèmede vocabulaire, de compréhension, deconnaissance?»Driiiingggg. Dans quelques secondes lasonnerie de fin de cours : tout juste letemps de remettre la salle en ordre.« Madame, vous n’avez pas d’autrecours? – Non! mais deux heures avecvous, ça me suffit pour la journée!»

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Nous sommes dans une classe de 3e

“européenne” : ici, on fait 5 heuresd’espagnol par semaine.«Allumez les ordinateurs, demande leprofesseur, et mettez-vous tout de suitesous Synchroneyes. Je distribue descasques… Ouvrez le document sur lequelnous allons travailler aujourd’hui. Vousallez écouter et noter tous les mots quevous comprenez.»Écouter et comprendre. À la premièreécoute, mon voisin se déses père : «Jene comprends rien ! » « C’est souventcomme ça, nous explique Nadine Cas-téra. Dans un deuxième temps, lesélèves se rendent compte que, pourcomprendre le contenu du document, iln’est pas nécessaire d’en décrypter tousles mots…»Concentration dans la classe ; quelquesbribes de sons s’échappent desmachines… Au tableau, Synchroneyesaffiche les écrans de tous les ordinateurs:les élèves utilisent un traitement de texteet un logiciel de son. Le professeuraffiche maintenant le travail de Thomas,qui a noté: “no soy feliz”, “me levantotemprano”, “de mal humor”… Une dis-cussion, en espagnol, établit que la

séquence sonore évoque les problèmesd’une femme aux prises avec les diffi-cultés de la vie quotidienne. Au fur et àmesure, depuis son ordinateur, Thomascorrige et complète son travail toujoursaffiché au tableau.La compréhension du texte progresse…Il s’agit maintenant de préciser les pro-blèmes rencontrés par l’héroïne…«Stop! Todo el mundo levanta los ojos –Levez les yeux : nous allons faire lepoint… » C’est une femme, elle a unmari et deux enfants. Elle supporte malson chef, ses clients, son mari, les embou-teillages, ses enfants…Écrire. «Ouvrez maintenant un logicielde traitement de texte ; vous allez vousmettre à la place de cette dame, et écriretrois phrases sur les bonnes résolutionsqu’elle devrait prendre pour changer savie.» Nina demande si on peut utiliser lesmots de vocabulaire du cours précédent.«Madame, on peut dire: ¿Me suicidaré?on peut inventer un nom pour le mari?»Le professeur passe maintenant de l’unà l’autre pour aider chacun à corriger sontexte. «Je vous signale qu’au futur, lesrègles d’accentuation sont très impor-tantes. Vous savez que vous disposez

10h45 : cours d’histoire de Lydie Moreau, avec une classe de 3e

TÊTES CHERCHEUSES

9h15 : cours d’espagnol de Nadine Castéra, avec une classe de 3e

TOUT UN PROGRAMME…

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«Après vingt-huit années de prépa-ration de cours dans des cahiers,dans des classeurs, sur des fiches,sur des transparents, puis à l’aidede mon premier ordinateur, j’ai enfintrouvé un outil qui me donne totalesatisfaction et me permet de prépa-rer, présenter, conserver et modifiermes cours avec simplicité: le tableauinteractif.» C’est François Chipot quiparle, et s’il est un enseignant convaincude l’intérêt des outils numériques dansl’enseignement, c’est bien lui. Noussommes en cours de mathématiques ; ilest question de triangles rectangles, dePythagore et de son théorème…«Pour nous, professeurs de mathéma-tiques, le tableau interactif a vraimentchangé notre manière de faire. Je nedirai pas que c’est plus facile parce quenous passons beaucoup plus de tempspour la préparation des cours, mais c’estsans doute bien plus agréable pour lesélèves. Cela fait maintenant six ans queje l’utilise ; tous mes cours sont mémori-sés au fur et à mesure. Quand des élèvesde 4e ou de 3e sont absents, ils peuventrécupérer tous mes tableaux : ils n’ontpas le son mais ils ont l’enchaînement ducours, les démonstrations, etc.Avant, quand on travaillait au tableau àcraie, nous étions obligés de tout effacerpour passer au cours suivant, alors que

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d’un petit utilitaire qui vous permet deplacer les accents très facilement…»Écouter encore, s’entraîner, et s’en-registrer. «Quand vous avez terminé,vous copiez votre document, et vous lecollez dans Lectra*. Vous écoutez aumoins quatre fois votre texte, enessayant de le mémoriser, et en faisanttrès attention à l’accentuation. Vouspassez ensuite sur Audacity pour vousenregistrer…»Les élèves écoutent, s’entraînent à voixbasse, et s’enregistrent discrètementavec le microcasque. «Vous sauvegar-dez votre fichier sur le réseau, avec votrenom, et la terminaison mp3.» Le profes-seur affiche au tableau le dossier danslequel chacun doit enregistrer sonfichier ; les uns après les autres, les nomsdes élèves apparaissent.« J’essaie d’exploiter au maximum lespossibilités de l’ordinateur, de manière àce qu’ils entendent d’autres voix que lamienne… Au début, il a fallu se lancer, etce n’est pas évident ; c’est tout à faitautre chose qu’avec une méthode clas-sique. Maintenant, ce qui me plaît sur-tout, c’est que chaque élève puisse tra-vailler à son rythme et à son niveau…»*Lectra est un logiciel d’entraînement à la lec-ture qui existe pour le français, l’allemand, l’an-glais, l’espagnol, l’italien et l’occitan.www.lectramini.com

maintenant, c’est si facile de revenir enarrière ; en début de séance, je peux,par exemple, afficher le dernier tableaudu cours précédent…»géométrie dynamique. Revenons àPythagore : le professeur place deuxpoints et une droite passant par un despoints. Rémi est chargé de dessiner laperpendiculaire à la droite passant parl’autre point… Magique ! Quand ondéplace la première droite, le sommet del’angle droit décrit un cercle dont le dia-mètre est le segment d’extrémité desdeux premiers points placés. «En mathé-matiques, nous sommes gâtés… Un logi-ciel de géométrie dynamique commeCabri, c’est fantastique! Pour conjectu-rer, c’est-à-dire pour découvrir des pro-priétés, on ne fait pas mieux! On peutconstruire une figure, et ensuite visuali-ser le film de la construction… Et si onmodifie un des paramètres, toute lafigure se modifie tout en conservant sespropriétés… Comme Cabri est mainte-nant installé sur les ordinateurs porta-bles, je peux donner des exercices à faireà la maison, et les élèves me les ren-voient directement par courrier électro-nique à mon adresse au collège…»manuels scolaires. « Nous avons lesmanuels Sésamath, avec une versionnumérique installée sur les ordinateursportables… Le site de Sésamath est

même en page d’accueil sur mon naviga-teur internet; ainsi, à tout moment, si j’aibesoin de la méthode 3, ou de l’exercice25, j’ouvre… Et hop! Voilà l’énoncé quis’affiche au tableau. Et puisqu’on reparlebeaucoup en ce moment du poids descartables, j’ai distribué cette note auxparents : “Votre enfant n’est plus obligéd’apporter son livre de mathématiquesau collège. Signé François Chipot.” Bon,pour l’instant ce n’est valable que pourmes classes… En mathématiques, c’estsans doute plus facile: nous disposons debeaucoup de ressources numérisées…»Nous en sommes maintenant à la correc-tion d’un devoir fait à la maison : com-ment construire un triangle connaissantles trois longueurs données?«Avec Instrum’enPoche, qui est un deslogiciels développés par Sésamath, lesélèves voient la figure en train de seconstruire au tableau, et moi je peuxcirculer dans la classe pour aider ceux quisont en panne… C’est très visuel, et puisça passe en boucle.»-----Sésamath a pour vocation de mettre à disposi-tion de tous des ressources pour l’enseigne-ment des mathématiques. www.sesamath.netCabri (pour Cahier de brouillon informatiquepour la géométrie) est un logiciel de géométriedynamique développé en 1985 à l’universitéde Grenoble. www.cabri.net

«Ouvrez l’Encyclopaedia Universa-lis ; cherchez la Joconde. Vous faitesune copie d’écran, puis vous collezl’image dans un nouveau documentet, à l’aide du rectangle de sélec-tion, vous la recadrez…»Dans ce cours d’arts plastiques, les élèvesvont s’essayer à revisiter un des chefs-d’œuvre de la peinture. «Vous connaissez tous la Joconde? C’estun tableau de la Renaissance, peint parLéonard de Vinci… Certainement le por-trait le plus connu de l’histoire de l’art.Au 20e siècle, il a été réinterprété par ungrand nombre d’artistes. » Le profes-seur montre des exemples à l’aide duvidéoprojecteur, puis il propose un petitexercice pour apprendre à combinerdeux images dans un logiciel de des-sin… «Vous choisissez cette image deBogotá dans la médiathèque de l’Ency-clopaedia Universalis.» Il explique au tableau interactif com-ment dessiner un masque sur la Joconde,puis comment remplir ce masque avec laseconde image.Pierre: «Whaouw! Comment c’est énor -me, ce truc ! Ça y est, j’ai compris. »«Les élèves ont déjà réalisé des travauxavec ce logiciel de dessin, nous expliquePhilippe Bieysse. Lors d’un précédenttravail, ils devaient créer un monstreen assemblant plusieurs images. Là,nous abordons les notions de transpa-rence et de texture ; ce que nous nepourrions pas faire aussi facilement sansles ordinateurs portables…»Le professeur montre maintenant com-ment faire un maquillage autour del’œil de cette (pauvre) Mona Lisa, engérant la transparence et l’intensité descouleurs… «Je constate que les ordina-teurs portables permettent de réaliserdes travaux plus aboutis qu’avec les tech-niques de dessin classique, que les élèvesne maîtrisent pas forcément ; ils ren-trent plus facilement dans le projet, et ilsy prennent visiblement du plaisir…»

14h45 : cours d’arts plastiques de Philippe Bieysse, avec une classe de 4e

REVISITER MONA LISA!

8h20 : cours de maths de François Chipot, avec une classe de 3e

ÉLOGE DU TABLEAU INTERACTIF©

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Page 12: EnConnexion#08 - janvier 2008

VIE DE FAMILLEAVEC ORDINATEUR PORTABLELes ordinateurs portables? Avec une fille aînéeaujourd’hui en seconde et une deuxième enclasse de quatrième, Heidi René-Bazin connaîtbien la question… et ce n’est pas fini, puisqueson fils est actuellement en cinquième! Sontémoignage est mesuré, mais il pose de vraiesquestions : oui, l’ordinateur est un formidableoutil, mais il entraîne aussi de nouvelles respon-sabilités pour les parents…«En tant que parents, nous nous retrouvons àdevoir gérer un outil – l’ordinateur portable –que nous n’avons pas choisi. Chez nous, l’accès àl’ordinateur familial est organisé et réglementé.Tout d’abord, il est placé dans une pièce com-mune, et c’est moi qui le mets en route. Nousavons limité l’accès à MSN aux mercredis après-midi et aux week-ends, pour une demi-heurechacun. Et je peux vous dire que mes troisenfants se contrôlent mutuellement!Quand ma fille est dans sa chambre, avec sonordinateur portable, comment savoir ce qu’ellefait ? C’est pourtant de notre responsabilité. Illui est bien sûr impossible de se connecter àl’internet depuis sa chambre, et c’est très biencomme ça. Mais les enfants s’échangent desDVD et des jeux vidéo qu’ils stockent sur desclés USB. On ne peut pas les prendre en défaut:leur ordinateur est toujours “clean” ! Pour-tant, la semaine dernière, j’ai compté septDVD sur son bureau… Nous avons décidé desanctionner : “Tu utilises ton ordinateur pourton travail, et par la suite, il reste au pied de

l’escalier.” Vous voulez savoir comment réagitma fille ? Eh bien, elle n’apprécie pas ; elle sesent destituée de “sa chose”… Parce que jepeux vous dire qu’il est important, cet ordina-teur : il trône sur son bureau! Comment faire?Ce n’est pas si simple…Tout cela ne veut pas dire que je sois contre lesordinateurs portables, ni contre cette opéra-tion! Elle a été menée avec une vraie volonté,que je partage, de permettre à tous les jeunesd’accéder à ces outils. Je constate simplementqu’elle pose, aujourd’hui, certaines questionsconcrètes – qui n’auraient sans doute pas puêtre mesurées en dehors d’une opérationcomme celle-ci…»Ces interrogations n’empêchent pas Heidi René-Bazin de mesurer la formidable ouverture sur lemonde et à la connaissance mise entre les mainsdes collégiens landais : «Permettre à tous lesjeunes d’une génération d’accéder à ces outils,voilà une idée très intéressante. Et je pensequ’aujourd’hui, l’objectif est atteint: ces ordina-teurs offrent à nos enfants l’accès à une grandemasse d’informations, à travers les dictionnaireset encyclopédies dont tous ne disposent paschez eux. Et je peux vous dire qu’ils butinent, etqu’ils les utilisent ! L’autre jour, pour faire undevoir en SVT, ma fille cherchait tous les motsnouveaux sur le dictionnaire: ça va très vite – parcontre, est-ce qu’elle les mémorise vraimentbien? Je ne sais pas… Mais c’est encore uneautre question!»

UN COLLÉGIEN,UN ORDINATEUR PORTABLE…Les collèges landais sont les plus informatisés dela région, avec 3,2 élèves par ordinateur si l’onen croit le diagnostic de l’Agence AquitaineEurope Communication. C’est naturellement lerésultat de l’opération “un collégien, un ordi-nateur portable”, menée depuis 2001, quiconduit au prêt d’un ordinateur à tous les col-légiens de 3e et 4e et à tous les enseignants, gra-tuitement. En parallèle, le Département a enoutre câblé toutes les salles et développé ladotation et le soutien aux équipements collec-tifs des collèges (ordinateurs fixes, 575 vidéo-projecteurs – un pour deux salles de cours –, 220tableaux interactifs, etc.). Il s’est aussi attachéà veiller à la disponibilité de ressources éduca-tives (logiciels, manuels numériques, abonne-ments à des banques de données…), à favori-ser la mise en réseau des enseignants et ànouer des partenariats avec les enseignantset les instances académiques afin de promou-voir la formation et l’utilisation des outils infor-matiques dans l’enseignement. Enfin, il assurele soutien technique dans les collèges. Environ25000 élèves ont bénéficié de cette opérationdepuis septembre 2001.

EN CONNEXION #8une publicationdu Conseil général des Landes23, rue Victor Hugo40025 Mont-de-Marsan CedexTél. : 0558054113www.landes.orgwww.landesinteractives.netContact : [email protected]

Directeur de publication :le président du Conseil général

Rédacteur en chef :Pierre-Louis Ghavam

Design éditorial,reportages, enquête visuelle :presse papierMarie Bruneau, Bertrand Genier

Photographie de couverture :Vincent Monthiers

Relecture :Hélène Baron

Impression :BM / F-33610 ZI Canéjan

Dépôt légal : 1er trimestre 2008

Ce document est imprimédans une imprimerie labellisée Imprim’vertavec des encres végétalessur du papier Cyclus Print 100 % recycléà partir de fibres issues de la collecte sélective(invendus, déchets d’impression, etc.)et blanchi sans utilisation de chlore,lui-même biodégradable et recyclable.

Pour “généraliser l’usage des tech-nologies de l’information et de lacommunication dans l’éducation(Tice)”, le ministère de l’Éducationnationale a mis en ligne le site Educ-net. C’est une mine de renseigne-ments dans laquelle on a pourtantparfois quelque peine à se retrou-ver… du fait même de son foisonne-ment. Savez-vous que ce site n’estpas réservé aux enseignants? Marie-Christine Milot* nous en proposeune visite guidée orientée vers quelquespages pouvant intéresser des “non-spé-cialistes” de pédagogie.B2i. Pour tous ceux qui se posent encoredes questions à propos du B2i (Brevetinformatique et internet) : toutes lesinformations officielles pour les niveauxécoles, collèges et lycées.http://www.educnet.education.fr/b2iInternet. Pour sensibiliser les plus jeunesaux risques liés à l’usage d’internet,pourquoi ne pas suivre avec eux la sériede dessins animés de Vinz et Lou? Vinz,c’est un garçon de douze ans ébourifféet sympathique, incollable technique-ment sur les usages à la mode d’internetmais pas tout à fait au point côté e-sécurité. Lou, sa malicieuse petite sœurde six ans, est à l’image de la générationd’enfants qui commencent à surfer enmême temps qu’à écrire. Leurs enthou-siasmes et mésaventures illustrent lessituations auxquelles sont confrontésles jeunes internautes sur la Toile. Àméditer, pour les petits et les grands.www.educnet.education.fr/primaire/vinz-et-louDura lex sed lex. Pour aller plus loin, onpourra consulter la zone “Légamédia”,un espace d’information et de sensibili-sation juridique à propos de la pratiqued’internet. Blogs, citations, photogra-phies, extraits musicaux…, les questionsles plus courantes y trouvent rapide-ment une réponse synthétique. Unlexique renvoie à des notices explica-tives précises, avec la possibilité de télé-charger les textes légaux, et d’accéder àleur jurisprudence. Sans oublier unensemble de liens vers des sites trèsutiles…www.educnet.education.fr/legamedia/default.htmProtection. Pour les parents, quelquestextes de référence qui concernent laprotection des mineurs : exemples dechartes d’usage et documents de sensibi-lisation qui illustrent bien l’esprit recher-ché dans les établissements scolaires : ilne s’agit pas de punir, il ne s’agit pas d’in-terdire, il s’agit d’éduquer!www2.educnet.education.fr/sections/services/accompagnement/securiteEn classe. Pour entrer discrètementdans une salle de classe : une page surlaquelle on peut choisir de visionnerl’un des dix-sept clips vidéo qui illus-trent concrètement différents exemples

d’usage des Tice en France. Ces clips pré-sentent des situations pédagogiquesréelles; ils concernent différents niveauxde classes, de la maternelle au lycée,dans une dizaine d’académies et dansplusieurs disciplines.http://www.educnet.education.fr/canal-educnetEdubases. Une adresse incontourna-ble pour tous les enseignants : Edu’Baseorganise la mutualisation des ressourcesacadémiques dans chaque discipline dusecond degré. Réalisé à partir des contri-butions d’enseignants, on y trouve desséquences pédagogiques, des idées dedémarches, etc. Possibilité de rechercheen fonction du niveau d’enseignement,des thèmes de programme d’enseigne-ment, des types d’activités, des domainesdu B2i concernés… En septembre 2007,douze disciplines sont concernées, etplus de 11000 fiches sont ainsi proposéesaux enseignants.www2.educnet.education.fr/sections/secondaire/usages/edubases

-----*Marie Christine Milot est responsable du pro-gramme “Usage des TIC dans l’enseignementsecondaire”, au ministère de l’Éducation natio-nale, sous-direction des Tice.Quels sont, d’après vous, les principaux atoutsdes outils numériques pour l’enseignement ?_En langues vivantes, le rapport au son est fon-damental. Le plan de rénovation suppose d’ail-leurs que les élèves soient exposés plus long-temps à la langue réelle ; or, même si on aug-mentait les heures de cours, cela resterait insuf-fisant. Grâce aux outils numériques, les pro-fesseurs peuvent proposer des fichiers-sonsdans la langue d’origine, et inciter leurs élèvesà s’enregistrer pour s’entraîner !_Un outil que tout le monde utilise, et dont onne parle pas suffisamment, c’est le traitement detexte. Je pense qu’on devrait l’utiliser danstoutes les disciplines où l’on rédige: pour travail-ler sur un texte, améliorer son expression écrite,réfléchir au sens des mots que l’on utilise…_Autres exemples: les outils de géométrie dyna-mique qui permettent d’expérimenter les pro-priétés des figures géométriques. Ils sont irrem-plaçables, en ce sens qu’à travers eux, uneimage se crée dans la tête, qui n’advient pasavec des mots. Dans le même ordre d’idée, lespetites animations “Flash” permettent, ensciences, de visualiser des phénomènes com-plexes, en agissant sur certains paramètres._Toujours en sciences expérimentales, nousdisposons maintenant d’outils de visualisationtrès puissants qui permettent à toute la classede voir, à l’écran, l’expérience faite sur la pail-lasse du professeur. Et la possibilité de mesurerdes phénomènes que les sens humains ont dumal à capter : on enregistre un mouvement eton peut l’analyser image par image…_Tous ces outils permettent de varier les sup-ports d’apprentissage, de proposer des activitésplus motivantes, et de rendre les élèves plusactifs dans le dialogue avec l’enseignant.

Visite guidée

WWW.EDUCNET.EDUCATION.FR

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