En SAÔNE LOIRE - PEP71 · 2020. 5. 19. · laligne«ÉcouteStopVio-lences»aenregistréunpeu...

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SAÔNE et LOIRE VIOLENCES AUX FEMMES. Déjàorganiséavecligned’écoute,hébergementsd Desoreillesetdesmains Écoute. LaligneÉcouteStopViolencesFemmes estle03.85.41.42.42.Lenational:3919 Cent. CentfemmesontappelélaligneÉcoute départementaleaupremiersemestre2014. L a détection de cas de femmes battues com- mence souvent par un appel plein de désarroi au 03.85.41.42.42, la ligne Écoute Stop Violences de Saône-et-Loire. C’est une voix de l’Accueil de Jour au foyer de l’Écluse (géré par les PEP 71) qui répond, de- puis le 11 e étage d’une tour du plateau Saint-Jean à Cha- lon. « D’abord, il est impor- tant pour la femme qui ap- pelle de pouvoir entendre que ce qu’elle vit n’est pas banal, que c’est de la violen- ce et que c’est inaccepta- ble ! » dit Catherine Hantz, coordinatrice du service. « Lorsqu’elles arrivent vers nous, les femmes concer- nées ne mettent pas toujours le mot ‘‘violence’’ sur le fait d’être bousculée, insultée, prise au cou, giflée, frappée à coups de poing...», ajoute Manon Dedisse, assistante sociale. Elle poursuit : « Au fil de la conversation, il est fréquent que la victime s’aperçoive que la violence a commencé avant, qu’il y a une escalade en plus d’un contexte d’isolement par rapport aux amis. La goutte d’eau qui fait déborder le va- se, c’est souvent le souci des enfants. La mère se dit que soit son compagnon va la tuer et elle doit protéger les enfants d’un homme vio- lent, soit il peut s’en prendre à eux directement… » Quand une addiction (alco- ol, drogue…) s’en mêle, la brutalité devient presque systématique. Au premier semestre 2014, la ligne « Écoute Stop Vio- lences » a enregistré un peu plus de cent appels. C’est dé- jà plus qu’en 2013 (190 sur toute l’année). Valérie Cha- vis, éducatrice spécialisée à l’Écluse, ne parle pas de re- crudescence. Les femmes parlent plus facilement des gestes dont elles sont la cible, la violence est moins taboue. « À chaque diffusion ou pa- rution d’un reportage, on a des retours, des appels », dit- elle. Le personnel de l’Éclu- se observe que les victimes sont de plus en plus jeunes. Jusqu’à la plainte Après l’accueil et l’écoute, après l’information des appe- lantes, la 4 e phase de la ré- ponse téléphonique est l’orientation, parfois urgente. Manon Dedisse : « On doit évaluer l’endroit le plus adap- té en sécurité (vis-à-vis de l’agresseur) comme en auto- nomie (par rapport au lieu de travail, à la proximité de la fa- mille…). Et préparer le dé- part. Parfois, c’est tellement urgent que la femme quitte son domicile sans rien em- porter. » Le centre d’héberge- ment et de réinsertion sociale que gère l’Écluse comprend 9 appartements anonymes (31 places). Lorsque le danger est grand, la structure collective -avec veilleur de nuit- est bien adaptée. Les travailleuses de l’Écluse ne se rendent jamais au domicile de leurs interlo- cutrices, mais à l’hôpital, au commissariat ou à la gendar- merie, parfois. Après, à l’Accueil de Jour ou au foyer, vient le travail de re- construction, quand la fem- me a « déposé ce qu’elle a vé- cu ». Il s’agit de retrouver l’estime de soi. De compren- dre aussi parfois que dans le fonctionnement familial qui s’est instauré, la femme peut susciter de la violence. Enfin, l’Écluse peut préparer la vic- time à porter plainte, ce qui est loin d’être facile quand la pression familiale milite con- tre. Mais en Saône-et-Loire, des femmes sont mortes d’avoir tergiversé… Près de 200 femmes victi- mes de violences physiques, sexuelles ou verbales appel- lent chaque année la ligne Écoute Stop Violences. 10 % En France, une femme sur dix déclare avoir subi des violences conjugales. Un chiffre qui explique la mobilisation gouvernementale lancée sur ce problème.

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  • SAÔNEetLOIREVIOLENCESAUXFEMMES.Déjà organisé avec ligne d’écoute, hébergements d’urgence, personnel dédié, le plan de lutte contre les violences faites aux femmes se renforce.

    Desoreillesetdesmains tenduesaux femmesbattuesÉcoute.La ligne Écoute Stop Violences Femmesest le 03.85.41.42.42. Le national : 3919

    Cent.Cent femmes ont appelé la ligne Écoutedépartementale au premier semestre 2014.

    La détection de cas defemmes battues com-mence souvent par unappel plein de désarroi au03.85.41.42.42, la ligneÉcoute Stop Violences deSaône-et-Loire. C’est unevoix de l’Accueil de Jour aufoyer de l’Écluse (géré parles PEP 71) qui répond, de-puis le 11e étage d’une tourdu plateau Saint-Jean àCha-lon. « D’abord, il est impor-tant pour la femme qui ap-pelle de pouvoir entendreque ce qu’elle vit n’est pasbanal, que c’est de la violen-ce et que c’est inaccepta-ble ! » dit Catherine Hantz,coordinatrice du service.« Lorsqu’elles arrivent vers

    nous, les femmes concer-néesnemettent pas toujoursle mot ‘‘violence’’ sur le faitd’être bousculée, insultée,prise aucou, giflée, frappéeàcoups de poing...», ajouteManon Dedisse, assistantesociale. Elle poursuit : « Aufil de la conversation, il estfréquent que la vict imes’aperçoive que la violence acommencé avant, qu’il y aune escalade en plus d’uncontexte d’isolement parrapport aux amis. La goutted’eau qui fait déborder le va-se, c’est souvent le souci desenfants. La mère se dit quesoit son compagnon va latuer et elle doit protéger lesenfants d’un homme vio-lent, soit il peut s’en prendreà eux d i r ec t emen t… »Quand une addiction (alco-ol, drogue…) s’en mêle, la

    brutalité devient presquesystématique.Au premier semestre 2014,

    la ligne « Écoute Stop Vio-lences » a enregistré un peuplus de cent appels. C’est dé-jà plus qu’en 2013 (190 surtoute l’année). Valérie Cha-vis, éducatrice spécialisée àl’Écluse, ne parle pas de re-crudescence. Les femmesparlent plus facilement desgestesdont elles sont la cible,la violence estmoins taboue.« À chaque diffusion ou pa-rution d’un reportage, on ades retours, des appels », dit-elle. Le personnel de l’Éclu-se observe que les victimessont de plus en plus jeunes.

    Jusqu’à la plainteAprès l’accueil et l’écoute,

    après l’information des appe-lantes, la 4e phase de la ré-ponse té léphonique es tl’orientation, parfois urgente.Manon Dedisse : « On doitévaluer l’endroit le plus adap-té en sécurité (vis-à-vis del’agresseur) comme en auto-nomie (par rapport au lieu detravail, à la proximité de la fa-mille…). Et préparer le dé-part. Parfois, c’est tellementurgent que la femme quitteson domicile sans rien em-porter. » Le centre d’héberge-ment et de réinsertion socialeque gère l’Écluse comprend9appartements anonymes (31

    places). Lorsque le danger estgrand, la structure collective-avec veilleur de nuit- est bienadaptée. Les travailleuses del’Écluse ne se rendent jamaisau domicile de leurs interlo-cutrices, mais à l’hôpital, aucommissariat ou à la gendar-merie, parfois.Après, à l’Accueil de Jour ou

    au foyer, vient le travail de re-construction, quand la fem-me a « déposé ce qu’elle a vé-cu ». Il s’agit de retrouverl’estime de soi. De compren-dre aussi parfois que dans lefonctionnement familial quis’est instauré, la femme peutsusciter de la violence. Enfin,l’Écluse peut préparer la vic-time à porter plainte, ce quiest loin d’être facile quand lapression familiale milite con-tre. Mais en Saône-et-Loire,des femmes sont mortesd’avoir tergiversé…

    Près de 200 femmes victi-mes de violences physiques,sexuelles ou verbales appel-lent chaque année la ligneÉcoute Stop Violences.

    Catherine Hantz, Manon Dedisse et Valérie Chavis, de L’Écluse à Chalon : « Souvent, la gouttequi fait déborder le vase et pousse une femme à nous appeler, c’est le souci de protéger sesenfants. » Photo Th. D.

    REPORTAGEPARTHIERRYDROMARD

    Sous l’emprise du conjoint et du milieufamilial qui fait pression pour la taire,dénoncer la violence n’est pas évident.

    10 % EnFrance, une femmesur dix déclare avoirsubi des violencesconjugales. Un chiffrequi expliquela mobilisationgouvernementalelancée sur ce problème.

  • LE JOURNAL DE SAÔNE-ET-LOIREMardi 16septembre 2014 LEDOSSIER / SAÔNE-ET-LOIRE 03

    d’écoute, hébergements d’urgence, personnel dédié, le plan de lutte contre les violences faites aux femmes se renforce.

    Desoreillesetdesmains tenduesaux femmesbattues

    se confient assezvite.Onvitdesmomentsdegrandeémo-tion.Nousexplorons la façonde gérer les tensions avec laconjointe, les enfants, lesbeaux-parents…Ondétailleles alternatives auxcoups »,raconteChantalFresard.Elleloue lavertudugroupe:prisede consciencequ’ils ne sontpas seuls à vivre leur dérive,desalternativesà laviolence,solidarité, soutien, expres-sion…Àl’issuedes 12 séan-ces,beaucoupdeparticipantstémoignent de leur change-mentderegard,d’uneestimed’eux-mêmes retrouvée. Lecaséchéant,celapeutlesaideràseséparerde leurconjointe.« Jen’aiqu’uneseule frustra-tion », conclutChantal Fre-sard :« Nousn’avonsaucunestatistiquesur la récidivedesparticipants…»

    THIERRYDROMARD

    tement,legroupedeparoleestsurtoutproposé« enalternati-vethérapeutiqueauxpoursui-tes judiciaires »auxhommesquifontl’objetdeplainteoudemaincourante.Ouauxdéte-nus libéréssoumisàunemiseà l’épreuve, ou encore auxcondamnés sous braceletélectronique.«Danslegroupe,larègleestlaconfidentialité totale, pourmacollègueetmoiycompris.Lesparticipantsontde20à75ans, toutes les conditions so-cialessontmélangées, lerésul-tat est extraordinaire.Beau-coupdecesmessieursn’ontpasd’analysesur leurpassageà l’acte. Ici, pour lapremièrefois, ilspeuventcomprendrecequisepassesansêtre jugés.Souvent, ilsont trèspeurà lapremièreséance.Onvoitdesanciensprendreencharge lesplus jeunes.Lesparticipants

    Depuis2008,mandatéeparlaJustice, une association, leGrouped’aidepsychologiqueetdesoutien (Mâcon)animedesgroupesdeparolepourlesauteursdeviolencesconjuga-les.« Ons’était aperçuqu’onproposaitdesactionsdesou-tienauxfemmesbattues,maisrien aux hommes qui lesavaient frappées », se sou-vientChantalFresard.Ilfallaitrestreindre lerisquederécidi-ve.Cette travailleuse socialeanimeavecunepsychologue,MyriamCorsin, des séancesbimensuellescollectivesàMâ-conetChalon.Desgroupesde8hommesaumaximum, re-nouvelésaufuretàmesuredesdépartsetarrivées.« Lecadre,c’est 12 séances. Ils n’accep-tent pas tous », dit ChantalFresard.Maisilsysontincités.Outrelescasdevolontairesin-quietsdeleurproprecompor-

    HOMMESVIOLENTS, UNETHÉRAPIE PARLEGROUPEDEPAROLE

    Chantal Fresard : « Le groupe de parole est proposéen alternative aux poursuites judiciaires ou aux condamnésmis à l’épreuve ». Photo G.Dufour

    le : moins de mains couran-tes, davantage d’auditions

    des victimes », indique Kari-ne Malara, procureure du

    TGI de Mâcon. Deuxièmepriorité : protéger les victi-

    mes. L’une des mesures deprévention est la mise à dis-position « dans les semainesqui viennent » de 5 télépho-nes d’alerte pour les femmesen grand danger en S.-et-L.« À Strasbourg, cela a per-mis de sauver une vie ! » as-sure Mme Malara. Troisiè-me priorité : la formation àla prévention des violencesde l’ensemble des profes-sionnels (école, université,méd ia s , monde du t ra -vail…). «Il a pour vocation,explique le préfet Sudry, decoordonner les initiatives etconstruire un partenariat lo-cal renforcé, notamment en-tre police, gendarmerie ettravailleurs sociaux.

    THIERRYDROMARD

    Préfecture de Mâcon, jeudi. Les procureurs Rode (à g.) et Malara (à d.) signent le plan de luttecontre les violences aux femmes avec le président Chaintron du conseil général et le préfetSudry (lunettes). Photo Th. D.

    Protection rapprochée pour les femmes victimes de violenceAvec 579 faits de violences

    (dont undécès) dont les fem-mes étaient les victimes en2013, la Saône-et-Loire n’estpas épargnée par le fléau.Voilà qui justifie amplementle plan départemental 2014-2016 de lutte contre les vio-lences faites aux femmes si-gné jeudi en préfecture àMâcon. Ce plan décline lesactions nationales en lesadaptant au terrain local. Ilest construit autour de 3priorités. « Aucune violencedéclarée ne doit rester sansréponse », énonce-t-il pourprincipe. Il systématise lesréponses à toutes les étapesdu parcours des victimes.« Nous nous engageons à unmeilleur recueil de la paro-

    Plan.Unplandépartemental2014-2016vientd’êtresignéquirenforce lesmoyensde luttecontre lesviolences faitesaux femmes.

    Hommes.ÀMâconetChalon,desgroupesdeparoled’auteursdeviolencesconjugalescherchentàempêcher la récidive.

    VIOLENCES

    Une femme victime sur 5 porte plainteSelon une enquête nationale évoquée par

    le préfet Sudry jeudi lors de la signature

    du plan de lutte contre les violences aux

    femmes, 20 % d’entre des femmes

    victimes, soit une sur cinq, porte plainte à

    la suite de violences subies.

    HÉBERGEMENTSD’URGENCE

    58 places en Saône-et-LoireLa Saône-et-Loire compte 58

    hébergements d’urgence. Parmi ceux-ci

    27 sont spécialement dédiées aux femmes

    victimes de violences intrafamiliales.

    C’est l’association Le Pont (Mâcon) qui

    coordonne le dispositif en S.-et-L.

    LUTTE

    Campagne nationaleDans le cadre d’une campagne

    d’information gouvernementale, l’ensemble

    des médecins généralistes et des avocats

    du département ont été destinataires d’une

    affiche sur le 3919, le numéro national de

    Violences femmes info.