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SommaireEn couverture :Baie d’Along (Ha Long),femme ramant dans une barque.© PHAM HUY HUNG

La Jaune et la Rouge

N° 525 - MAI 1997

Revue mensuelle de laSociété amicale des anciens élèves

de l'École polytechnique5, rue Descartes, 75005 Paris

Tél. : 01.46.33.74.25

Directeur de la publication :Marcel ROULET

Rédacteur en chef :Jean DUQUESNE

Secrétaire de rédaction :Michèle LACROIXTél. : 01.46.34.57.01

Tarif 1997Prix du numéro : 50 FNuméro spécial : 90 F

Abonnements : 10 numéros/anFrance : 350 F - Étranger : 450 F

Membres de l'Association :Promos 86 et antér. : 210 F ;

87 à 90 : 160 F ; 91 à 93 : 105 F

Éditeur :Société amicale des anciens élèves

de l'École polytechniquePublicité :

Ofersop, M. Baratta,55, bd de Strasbourg, 75010 Paris

Tél. : 01.48.24.93.39Fabrication :

Éditions de l'AulneImpression :

Loire Offset Plus

Commission paritaire n° 65 147ISSN 0021-5554

Tirage : 13 500 exemplaires

VIÊT-NAM3 Introduction

VU HOANG Chau (61), LE Dong (62) et NGUYEN QUANG DO Thong (66)5 Introduction à l’Histoire et à la culture du Viêt-nam

Lé Thành Khôi17 Le legs français à l’Indochine

Pierre BROCHEUX25 Mes rapports avec la langue vietnamienne

François RIDEAU (57)31 Concours de mandarins

NGUYÊN Thi Chan Quynh39 Le Viêt-nam : Petit dragon deviendra-t-il grand?

TRAN Van-Thinh45 Le Viêt-nam et l’entreprise francophone

Gérard NGO49 L’aménagement du territoire

Jean BRUNOT DE ROUVRE (52)53 Maîtriser deux cultures

Pierre VENDATOUR (57) et TRAN Quoc Anh (62)57 Une réalisation majeure : la cimenterie de But Son

Lucien SAJUS (55) et Michel MAKRIS59 La construction de l’usine d’eau potable de Can Tho ou la

rencontre de deux X-PontsBUI Huu Lan (55) et Thierry de PRÉAUMONT (76)

62 Électricité de France, un partenaire pour le Viêt-namRobert DIETHRICH (61) et Éric GOURMELON

65 ELF : les GPL au Viêt-namCharles PRÉVOT (66) et Claude ARCHIMBAULT

67 Alcatel au Viêt-nam, une affaire de patiencePierre CASCARINO

71 France Câbles et Radio au Viêt-namPierre GODINIAUX (62)

72 Les AGF pionnières de l’assurance au Viêt-namAndré RENAUDIN (76)

75 La nécessité du recours à la tierce partie dans un pays envoie de développementLE Van Phuc (64) et Jean-Pierre UBAUD

78 FORMATIONVIE DE L’ASSOCIATION

79 Rapport moral sur l’année 199682 Rapport du Trésorier sur l’exercice 1996 et le budget 199789 Tombola du Bal 1996, Groupes X90 Visite de la Résidence de Joigny, Convocations de promotions91 L’École des géographes change de cap

Conférence-débat sur l’Europe des Technologies92 Cotisation 1997, Exposition-spectacle “La vie aménagée ”93 GPX94 Carnet polytechnicien95 VIE DU CNISF

VIE DE L’ÉCOLE98 Point Gamma le 7 juin99 Cérémonie de la passation du Drapeau

Une exposition d’histoire des sciences101 X-ENTREPRENEUR102 BUREAU DES CARRIÈRES104 AUTRES ANNONCES

JPH
Tampon
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L E VIÊT-NAM a souvent “ faitla Une ” ces dernièresannées. L’opinion s’est déjà

passionnée pour ce pays depuisqu’il a choisi l’ouverture, commeen témoigne la vague de tourismequi a suivi, le révélant encoremieux au monde extérieur. Maissurtout, fort de ses 75 millionsd’habitants, le Viêt-nam s’est réso-lument engagé dans la course audéveloppement. Pays en traind’émerger dans une région en pleinboom économique, il est suscep-tible d’en devenir à terme un acteurmajeur. Pour ses partenaires poten-tiels, il est désormais impossibled’ignorer les mutations qui sont entrain de s’y produire.

La France, pour sa part, porteun regard particulier sur ce Viêt-nam avec lequel tant de liens sesont tissés au cours d’une longuehistoire commune. Pour toutes lesraisons évoquées, nous avonspensé que la communauté poly-technicienne ne pouvait manquerde manifester à son tour son inté-rêt, l’année même où doit se tenir àHanoi le prochain Sommet de lafrancophonie (décembre 97). Etc’est d’emblée que nos camaradesde la Rédaction, Jean Duquesne(52) et Alain Thomazeau (56), ontaccepté et encouragé le projet dece numéro spécial Viêt-namlorsque nous le leur avons proposé.

Par cette initiative, nous avonssimplement voulu donner à nos lec-teurs une occasion d’aborder unpays somme toute peu connu de laplupart, et de se faire une idée deson évolution actuelle.

Ces objectifs nous ont conduitsà organiser ce numéro en deuxséries d’articles, des articles de

fond (sept) et des témoignages surdes réalisations concrètes (neuf).

Les articles de fond tentent deprésenter une vue d’ensemble, oude proposer une synthèse, sur unthème ou un domaine particulier.Écrits par des spécialistes, ils serépartissent eux-mêmes en deuxgroupes :• les quatre premiers ont pourambition de faire découvrir le Viêt-nam de toujours, à travers un choixde sujets restreint, et pourtant àmême d’introduire à l’univers viet-namien un lecteur non averti :l’histoire et la civilisation, complé-tées par un coup de projecteur surl’influence française en Indochine,la langue et la littérature, et... lesconcours de mandarins, auxquels ilnous a semblé que les lecteurs Xne devaient pas échapper ;• les articles suivants débattent duViêt-nam d’aujourd’hui, dans troisdomaines d’un intérêt manifeste :l’économie, la francophonie, l’amé-nagement du territoire. Ils permet-tront à chacun, nous l’espérons, deprendre la mesure des problèmes, etsurtout, de se faire une opinion.

Les témoignages sur des réali-sations concrètes, quant à eux,constituent, dans plusieurs secteursde l’économie, une série de docu-ments sur des expériences relatéespar ceux-là mêmes qui les ontvécues sur le terrain. Raconter leViêt-nam d’aujourd’hui, tel pourraitêtre leur fil conducteur commun. Ilsprésentent autant les succès que lesdifficultés, les dynamismes autantque les pesanteurs. On trouveradeux articles sur le ciment (maisavec des approches différentes), cequi est finalement symbolique d’unpays en train de se reconstruire.

Puis des articles sur l’eau, l’électri-cité, le gaz, le téléphone, ingré-dients de base du standard deconfort des pays développés, et quipourraient être aussi un jour, sou-haitons-le, ceux du Viêt-nam.Enfin, l’Assurance et la TiercePartie sont là pour attester qu’ilexiste une place pour les services,et pour compléter un tour d’horizonde toute façon bien parcellaire.

Nombre de lecteurs pourront eneffet être déçus de ne pas trouverdans ce numéro le sujet qui les inté-resse, ou encore un des thèmes cen-sés être “ incontournables ” quandon se voit proposer l’affiche “Viêt-nam ”. Rappelons que l’intentioninitiale n’était nullement de recher-cher l’exhaustivité, mais simple-ment d’éclairer, de rendre plusproche, et en fin de compte de sen-sibiliser à un pays que beaucoup nemanqueront pas de trouver atta-chant. Certains se laisseront mêmeséduire, ce qui serait notre plusgrande satisfaction.

Si ce résultat est atteint, le méri-te en revient avant tout aux auteurs.Ils n’ont ménagé ni temps ni labeurpour faire profiter les lecteurs deleurs compétences et de leurs expé-riences. Notre seule contributionaura été de susciter en faveur de cenuméro leur adhésion et leur enga-gement, qui furent d’ailleurs acquissans difficulté. Merci à eux des’être aussi volontiers soumis au“ vertige de la page blanche ” pournous livrer ces articles que nousavons pris grand plaisir à découvrir,y trouvant une multitude d’ensei-gnements, et souhaitons à tous ceuxqui en prennent connaissance main-tenant d’éprouver le même plaisirde lecture. nn

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

VIÊT-NAM

INTRODUCTION

VU HOANG Chau (61), LE Dong (62), NGUYEN QUANG DO Thong (66)

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Les premiers royaumes

C’est par les étroites vallées desgrands fleuves descendus des pla-teaux tibétains que se sont infil-trées les migrations humaines qui,à côté des autochtones, peuplentaujourd’hui l’Indochine. La direc-tion des lignes du relief et des eauxainsi que la pression du continentchinois ont commandé la marchevers le sud des populations qui ontdominé l’histoire de la péninsule,et dont les États se sont développésdans les deltas des grandes voiesde navigation : fleuve Rouge pourles Vietnamiens, Mékong pour lesKhmers, Ménam pour les Siamois,Irrawady pour les Birmans...Autant que puissent le montrer lesfouilles à ce jour, le Viêt-namapparaît à l’origine peuplé de plu-sieurs ethnies, parentes les unesdes Australiens et des Mélané-siens, les autres des Indonésiens.Les Austroasiens qui dominent aunéolithique forment le fonds dupeuplement actuel. Dans le Nord,l’alliance avec des éléments mon-goloïdes a donné naissance auxVietnamiens dont le type ancienest représenté, croit-on, par lesMuong de la Moyenne Région enbordure du delta.

C’est au début de l’âge du bron-ze qu’apparaissent les premiersroyaumes Viêt. Les Vietnamiensaiment à rappeler qu’ils descendent“ d’un Dragon et d’une Immor-telle ” : selon la légende, L’c LongQuân (le Seigneur Dragon L’c)épousa l’Immortelle Âu CΩ qui luidonna cent œufs d’où sortirent centfils. C’est là l’origine mythique desBách ViÆt (les Cent Viêts, appelésles Cent Yue par les Chinois).Toujours est-il que le premierroyaume Viêt, le VÂn Lang, appa-raît au VIIe siècle avant J.-C. Lenom dériverait de celui d’un oiseauproche du héron (appelé “ blang ”en ancien Viêt) et qui était le totemdes Lac Viêt, la peuplade du fon-dateur, Hùng VflΩng. La capitale setrouvait à la limite nord-ouest dudelta du fleuve Rouge, que lapopulation allait gagner progressi-vement à la culture par le brûlis etl’irrigation utilisant le jeu desmarées. Après avoir connu huitrègnes de père en fils, le VÂn Langest conquis en 258 avant J.-C. parune autre branche des Cent Yue,les Tây Âu. Le nouveau roi, An-dflΩng-vflΩng, renomme le royau-me Âu L’c (union de Tây Âu etLac Viêt) et place sa capitale à C±-loa, au nord du Hanoi actuel. Alorsqu’il ne nous reste aucun vestige

incontestable du VÂn Lang, la cita-delle de C±-loa subsiste toujours,avec ses trois enceintes de terreenroulées en spirale comme uncoquillage (loa). Les dimensionsde C±-loa (l’enceinte extérieure aun développement de 7 600 m, etles terrassements nécessaires à laconstruction dépassent les 2 Mm3),la découverte sur place de milliersde pointes de flèches en bronze, dehaches en pierre polie et en bronze,de socs de charrue également enbronze, indiquent un État pluspuissant qu’une simple fédérationde tribus, et doté d’une armée demétier.

VÂn Lang et Âu L’c appartien-nent à la brillante civilisation dubronze appelée “ dongsonienne ”,du nom du site du Thanh-hóa, ausud du delta, où ses premierstémoignages furent découverts en1925 (env. Ve siècle avant J.-C. –Ier siècle avant J.-C.). L’objet leplus caractéristique en est le tam-bour de bronze dont on peut voirdes spécimens à Paris (quand lemusée Guimet sera réouvert) etsurtout à Hanoi, au Musée histo-

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VIÊT-NAM

INTRODUCTION À L’HISTOIREET À LA CULTURE DU VIÊT-NAM

Lê Thành Khôi,*

historien, spécialiste de l’éducation comparée,

professeur émérite à l’université Paris 5 Sorbonne

Le Viêt-nam fait partie de la péninsule qu’on appelle indochinoise parce qu’elle est située à la jonc-tion de la Chine et de l’Inde. De l’Indochine, le pays présente les traits caractéristiques : la directiongénérale nord-sud des lignes du relief et des eaux, le climat de moussons, le contraste de peuplemententre la montagne et la plaine, la civilisation agricole du riz. Sa géographie a commandé dans unelarge mesure la croissance historique du Viêt-nam. De fait, c’est sur son sol que se sont rencontréesles deux grandes civilisations indienne et chinoise.

* Auteur de Histoire du Viêt-nam des ori-gines à 1858.

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rique qui en possèdeles plus belles pièces.Le décor de ces tam-bours ressuscite lavie d’une tribud’agriculteurs, dechasseurs et demarins. Autour dusoleil à multiplesrayons qui occupe lecentre du plateau sedéroule une proces-sion de personnagesaccoutrés de plumesde héron et tenant àla main des cli-quettes qui rythmentleur danse. Desjoueurs de khènes etde tambours lesaccompagnent tandisqu’à côté d’autreshommes pilent dupaddy près de huttessur pilotis. Au-des-sous du plateau figu-rent des barques avec des guerriersarmés de haches, de flèches et dejavelots, également revêtus deplumes. La représentation du soleilet, ailleurs, de grenouilles, decouples, atteste l’existence d’unculte de la fécondité qui se retrouveencore dans certains villages. Leshommes se tatouaient le corps,nouaient leurs cheveux et se cei-gnaient la tête d’un turban. Lesfemmes portaient des habits étroits,des jupes courtes. Tous allaientpieds nus. L’habitude de chiquer lebétel était répandue ainsi que cellede se noircir les dents.

Âu L’c est conquis en 208avant J.-C. par le Nam Viêt, unroyaume de Chine du Sud, qui lui-même est absorbé par l’empireHan en 111 avant J.-C.

Colonisation chinoiseet identité vietnamienne

L’occupation allait durer plusde mille ans, jusqu’en 939. Mais,fait remarquable, à l’inverse desautres peuples au sud du Yangzi

qui furent assimilés par lesChinois, les Viêts surent conserverleur individualité ethnique et lin-guistique, grâce à la conjugaisonde plusieurs facteurs : l’anciennetéde la culture des Hùng-vflΩng,l’existence d’une base écono-mique, le delta du fleuve Rouge, etenfin la forte structure des commu-nautés villageoises où se concentrel’esprit de la nation.

Les Han, au début, n’apportè-rent aucun changement dans lesinstitutions locales ; toute la féoda-lité ralliée subsista sous les préfets,qui lui demandaient seulement depayer les tributs et de respecterl’ordre chinois, sans intervenirdans ses affaires. Mais au début del’ère chrétienne, avec l’affluxd’immigrants et la croissance del’administration chinoise, la néces-sité se fit sentir d’intensifier lamise en valeur économique et lerecrutement de fonctionnaireslocaux : les gouverneurs répandi-rent l’usage de l’araire de fer etl’instruction confucéenne. L’attein-te que cette politique portait aupouvoir de la noblesse L’c provo-qua la grande insurrection des

sœurs Trflng, quesuivit toute la popu-lation du delta,opprimée et exploi-tée par les Chinois(40 après J.-C.).Mais, après deux ansd ’ i n d é p e n d a n c e ,elles furent vaincuespar Ma Yuan.

Les réformesqu’introduisit cedernier ouvrirentune phase nouvelledans l’histoire dupays. L’implantationd’une administrationrégulière chinoise, lecreusement decanaux, la construc-tion de routes,l’ouverture de larégion au commerceinternational, tousces facteurs entraî-

nèrent un développement écono-mique et culturel, dont profita unenouvelle aristocratie, issue del’ancienne féodalité L’c mêlée auxfonctionnaires et aux colons chi-nois qui, installés depuis long-temps, s’étaient peu à peu vietna-misés.

Or, cette classe – comme plustard la bourgeoisie nationale auXXe siècle – était bloquée dans sesaspirations à jouer un rôle domi-nant dans les affaires du pays :dans l’ordre politique, les plushautes fonctions lui étaient, saufexception, interdites ; dans l’ordreéconomique, la possession foncièrelui était disputée par les mandarinschinois qui accaparaient lesmeilleures terres et asservissaient(au sens propre du terme) lesmasses rurales. Aussi verra-t-on leschefs Viêt profiter de toutes lespériodes de bouleversements enChine pour “ lever l’étendard del’insurrection juste ” (“ kh∑inghÓa ’’). Jusqu’au Xe siècle, leursforces restaient cependant tropfaibles pour résister longtemps auxarmées chinoises. Mais, en dépitdes échecs et des répressions, de

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Viêt-nam

DOC. PHAM NGOC TOI

Tambour de bronze, hauteur 0,87 m.

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telles révoltes, en soulevant desmasses de plus en plus nom-breuses, éveillaient peu à peu laconscience nationale : dans cetordre d’idées, il faut citer l’insur-rection de L˝ Bôn qui, en 544, seproclame empereur et fonde leroyaume éphémère de V’n Xuân(“Mille printemps”).

Les conditions pour la formationd’un État national se précisent ainsiprogressivement. L’araire de fer, enaugmentant le rendement de la rizi-culture et en lui ouvrant de nou-velles étendues, favorise l’accrois-

sement de la population, force prin-cipale des économies agraires. Ladiffusion du bouddhisme et duconfucianisme – on y reviendra –fait naître une élite capable de four-nir les cadres intellectuels. À la findu IXe siècle, sous la dynastie desTang, les conditions sont mûres : laguerre civile ravage la Chine, dontsept royaumes se partagent la partieméridionale à partir de 902.L’Annam (c’est le nom donné auprotectorat en 679, sous le règnedes Sui) se soulève à son tour,démentant son appellation de “Sudpacifié ”. En 905, les Tang, impuis-

sants, doivent accepter comme gou-verneur un notable local. La nou-velle administration Viêt s’étendsur tout le pays, jusqu’à l’échelonde la commune (qui échappaitjusqu’alors aux Chinois), mais neproclame pas l’indépendance. En930, les armées du nouveau royau-me de Nan Han (l’ancienne provin-ce de Canton, entrée en sécession)marchent sur l’Annam, mais ellessont finalement écrasées par NgôQuy´n à la bataille du fleuve B’ch–¢ng , en 939. C’est la fin del’occupation. Ngô Quy´n fonde lapremière dynastie nationale enmontant sur le trône à C±-loa,renouant symboliquement le filavec l’ancien Âu L’c. Le royaumes’appellera –’i CØ-ViÆt, puis, plustard, –’i ViÆt (Grand ViÆt). Le nomde Viêt-nam n’apparaîtra qu’en1804, sous le règne de Gia Long.

H. Maspéro a excellemmentrésumé comment l’identité vietna-mienne s’est nourrie des apportsétrangers tout en les combattant(un processus qui se répétera end’autres temps) : “ Si l’Annam,après s’être libéré, a pu pendantdes siècles résister à la puissancede la Chine, alors que tous lesautres États voisins ont peu à peusuccombé, c’est parce que, seuld’entre eux, il avait été pendant dessiècles soumis à l’administrationchinoise, et que celle-ci, brisant lesinstitutions particularistes et lesgroupes locaux, et introduisant lesidées et les formes sociales chi-noises, lui donna une cohésion etune force qui manquèrent toujoursà ses voisins. Le conquérant, endétruisant les vieilles institutionspolitiques du Tonkin, a jeté ce paysdéfinitivement dans le sillage de lacivilisation chinoise, commençantpar là à lui donner cette forte arma-ture qui lui a permis de jouerdepuis le Xe siècle le premier rôledans l’histoire de l’Indochineorientale. ” Sans oublier l’antiqueculture des Hùng-VflΩng, on peutdonc dire que l’influence de laChine au Viêt-nam n’a pas été sansanalogie avec celle de Rome enGaule.

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Viêt-nam

En l’an 40, les sœurs Trßng “ lèvent l’étendard de la juste insurrection”.

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Les grands courantsde la pensée vietnamienne

Que la culture vietnamienneappartienne au monde sinisé relèvede l’évidence. Sans insister, fautede temps, sur l’art viêt-han, sur lalangue sino-vietnamienne (“ hán ”)des lettrés, sur l’écriture “ nho ” encaractères chinois (l’écriture“ nôm ” n’apparaîtra qu’au XIIe

siècle) (1), on ne décrira ici – demanière forcément sommaire – queles deux grands courants de la pen-sée chinoise, le confucianisme et letaoïsme, qui se sont diffusés auViêt-nam à partir du IIIe siècle et ontimprégné la pensée vietnamienne.

L’enseignement de Confucius(551-479 avant J.-C.) se présenteavant tout comme une moralecivique et sociale, une doctrine degouvernement et d’action. L’idéalconfucéen est le Sage (Junzi), quidoit cultiver en lui les vertusd’humanité (ren) et d’équité (yi) etaider ses semblables à y parvenir.Ce travail de perfectionnement per-sonnel repose sur la connaissancede la nature des choses et de soi-même. Le sage qui sait se conduireconformément à la raison sera parlà même capable de gouverner safamille et d’administrer l’État. Laréussite d’un prince atteste qu’il areçu le “ mandat céleste ” (ming),car, par la Vertu et l’efficacité desRites, il fait régner l’accord entrel’homme et l’univers, l’harmonieentre la Terre et le Ciel. En fait, lesrites tendent à ce que chacun resteà sa place, ce qui institue le confor-misme, l’obéissance aux aînés etaux supérieurs ; ainsi l’ordre sera-t-il assuré.

Mencius (372-289) représentel’aspect idéaliste de la doctrine :“ La nature de l’homme est origi-nellement bonne ”. Mais elle nepeut fleurir que dans un milieusocial favorable, aussi le devoir duprince est-il de veiller à l’améliora-tion des conditions de vie de sonpeuple. Car c’est du consentementpopulaire que dépend en définitive

le maintien des gouvernants. C’estpourquoi, lorsque le prince faillit àsa mission, le mandat céleste peutlui être retiré et le peuple peut(doit) se révolter. On voit ainsi ladualité (on dirait aujourd’hui ladialectique) du confucianisme, quid’une part tend à stabiliser l’ordremoral, d’autre part légitime le droità la révolte.

À l’opposé du confucianisme,le taoïsme exprime l’attitude mys-tique et anarchiste à la recherchede la félicité individuelle. L’école,dont les origines remontent auxétats de possession de la magie pri-mitive, aurait été fondée par Laozi(Ve siècle avant J.-C.), auteur ducélèbre Daodejing, “ Livre de laVoie et des Vertus”. Le Dao, c’estla substance cosmique primordiale,d’où sont sortis les deux principesactif et passif, mâle et femelle,Yang et Yin. Leur alternance per-pétuelle régit le monde et tous lesêtres qui se transforment et retour-nent au Dao. Le Dao reste immobi-le et pourtant il n’est rien qui nesoit fait par lui. L’essence de ladoctrine est donc la non-interven-tion de l’homme et par la suite del’État (wuwei, “ non-agir ”). Il fautéviter les règles de gouvernement,laisser faire et suivre la Nature.L’étude n’est pas nécessaire car leseul mode de connaissance estl’intuition mystique.

Cette haute métaphysique dégé-nère au début de l’ère chrétienne enune interprétation physique du Dao.L’immortalité devient la quêtesuprême et le ciel un panthéon surlequel règne Ng˜c Hoàng, l’Empe-reur de Jade, à l’image des coursterrestres. Mais, par ces aspectsanthropomorphiques, le taoïsmevulgarisé se rapproche des nom-breux cultes populaires vietnamiensavec lesquels il se mélange, notam-ment le culte des “ Chu vi’ ” ouEsprits des Trois Mondes (Ciel,Terre, Eaux).

Le troisième courant à avoirinfluencé la pensée vietnamiennen’est pas chinois : c’est le boud-

dhisme, qui pénétra dans le payspar le sud, au Ier ou au IIe siècle del’ère chrétienne et connut une diffu-sion rapide auprès d’une populationencore primitive, opprimée par sesmaîtres étrangers et locaux, domi-née par une nature hostile, et qui netrouvait aucune consolation dans lasécheresse confucéenne, morale desclasses dirigeantes. On sait que lebouddhisme est né en Inde au VIe

siècle avant J.-C., aux confins duNépal. Le Bouddha enseigne que laloi universelle est celle de la dou-leur, inhérente à la vie et encoremultipliée par la transmigration(réincarnation). Pour échapper à la“chaîne des causes”, il faut parve-nir à l’extinction du désir. À cet étatde Nirvana mène la Voie aux huitembranchements qui correspondentà la rectitude de la pensée, de laparole et de l’acte, et à la pratiquedes six valeurs cardinales : le dondésintéressé, la moralité parfaite, lapatience, l’énergie, la concentrationdans la méditation, la sagesse. Cettemorale de renoncement et de frater-nité universelle traduisait les aspira-tions des basses classes de l’Inde, àcette époque divisée en castesrigoureusement étanches et domi-née par une minorité de brahmaneset de kshatriyas. Dès sa prédication,le bouddhisme fit de rapides pro-grès. La position du Viêt-nam del’époque en faisait l’intermédiaireentre la Chine et l’Inde, surtoutaprès que la décadence des Han eutamené la perte de l’Asie centrale.Au carrefour de deux mondes et dedeux civilisations, les lettrés Viêt del’époque lisaient à la fois le chinoiset le sanskrit. Aussi les pèlerins chi-nois et indiens s’arrêtaient-ils fré-quemment dans ce pays où ils trou-vaient des moines qui leur servaientd’interprètes et collaboraient aveceux dans la traduction des textessacrés.

Si l’on veut “ comprendre ”l’esprit vietnamien, à ces troisgrands courants qui l’ont façonné,

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Viêt-nam

(1) Voir l’article de F. Rideau : “Mes rap-ports avec la langue vietnamienne”.

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il convient d’ajouter ce qu’onappelle la culture populaire, cellequi s’est élaborée à partir des tra-vaux des champs, des croyancesaux ancêtres et aux esprits, descultes communaux rendus auxhéros, aux fondateurs, aux bienfai-teurs qui ont introduit des métiers.Elle s’exprime dans les fêtes villa-geoises et toute une littérature dechansons, de proverbes, de fableset de contes, où le peuple exprimeses joies et ses peines, ses idées etsa morale. Transmise par traditionorale jusqu’à nos jours, elle seplace au tout premier rang des lit-tératures populaires du monde parsa richesse, sa spontanéité, sonhumanité. C’est chez elle et nondans la littérature savante qu’ontrouve le reflet le plus exact et leplus complet de la vie du peuplevietnamien. Son essence, c’estl’optimisme, la gaieté, la confianceen soi et en l’avenir, c’est en unmot l’amour de la vie, traversé parun large courant de bon sens etd’humour. Si chez les lettrés lamorale dominante enserre l’indivi-du dans un réseau impératif derites et d’obligations, la masse dupeuple, derrière ses haies de bam-bous verts, continue à vivre selonla nature en chantant librement sesémotions et ses amours.

Aux travaux des champs parti-cipe étroitement la femme qui,pour cette raison, est presquel’égale de l’homme, contrairementà ce qui se passe dans la classe let-trée où la femme est confinée aufoyer. Non seulement en effet lapaysanne repique les plants, décor-tique le paddy, élève les porcs et lavolaille, mais encore elle contribueà payer l’impôt grâce aux produitsqu’elle va vendre au marché. Etlorsque l’homme devant une inva-sion doit courir prendre les armes,c’est elle qui le remplace danstoutes les tâches.

Ce labeur en commun a suscitétoute une floraison de chansonsd’amour. Garçons et filles se ren-contrent chaque jour. Qu’ils irri-guent, labourent ou moissonnent,

on les entend d’un champ à l’autres’appeler et se répondre. Directeou voilée, l’entrée en matière esttoujours poétique. Elle est souventconstituée par la chique de bétel,dont la tradition fait remonter l’ori-gine au règne des Hùng-vflΩng(premier millénaire avant J.-C.).Parfois c’est la fille elle-même quil’offre :

Je suis entrée dans le jardinpour cueillir une noix d’arec verte

Je l’ai coupée en six et vousoffre cette chique de bétel (...)

et ceci est un autre témoignage dela plus grande liberté dont ellejouit dans les campagnes, uneliberté peu conforme à la moraleconfucéenne qui prescrit à lafemme les trois soumissions (tamtong) : à son père, puis à son mari,puis, après la mort de celui-ci, àson fils.

Le bon sens paysan prend lamême liberté avec la hiérarchiesociale telle que la préconise leconfucianisme : sÓ, nông, công,thflΩng (lettré, agriculteur, artisan,commerçant). Mais il y a lettré etlettré. Il y a ceux qui réussissent auconcours et deviennent mandarins :c’est une petite minorité. Il y a leplus grand nombre qui, après deséchecs successifs, se font ensei-

gnants de village : ils dépendentpour leur subsistance de ce queveulent bien leur offrir les paysansqui leur demandent d’instruireleurs enfants. Malgré le respectqu’ils ont pour le savoir, le lettrén’est aux yeux de ces derniers quecelui dont “ le dos long coûte del’étoffe pour l’habiller et quis’allonge après qu’il ait mangé ”(d‡i lflng tØn v‰i Ân no l’i n¢m).“ Premier le lettré, second le pay-san, mais quand il n’y a plus de rizet qu’il faut courir après, premierle paysan, second le lettré ! ” (Nh§tsÓ nhÏ nÙng, h™t g’o ch’y rÙng,nh§t nÙng nhÏ sÓ).

L’irrespect n’épargne pas lesfonctionnaires :

“Le mandarin est pressé mais lepeuple ne l’est pas. Si le mandarinest pressé, qu’il se mette à la nageet continue sa route ! ” (Quan cÛc•n nhflng d‚n chfla vµi, quan cÛvµi quan lµi quan i).

Il ne faut pas croire cependantque le paysan rejette toutes lesvaleurs confucéennes. Au contrai-re, les contes exaltent l’humanité,la justice, le loyalisme, la piétéfiliale. Les deux premières, nhân etnghÓa, vont ensemble et sont inter-prétées moins par rapport aux rela-

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tions sociales que dans un senspolitique : par rapport au bien dupeuple et au maintien de la nation.Être nhân, c’est aimer autrui(thflΩng ngfl∂i), les autres hommes,le peuple, ne pas l’accablerd’impôts et de corvées, ne pasl’opprimer. Faire le nghÓa, c’estfaire le bien du peuple et s’opposerà ce qui peut lui nuire, quels quesoient ses intérêts personnels. Desorte que, par un “ détournement ”typiquement vietnamien, la plusgrande “ œuvre de justice ”, c’estde délivrer le peuple de l’occupa-tion étrangère. C’est le sens de la“Grande proclamation de la pacifi-cation des Ngô ” que rédigeaNguy≠n Trãi après la victoire surles Ming (1427) :“ L’humanité et la justice consis-tent à donner la paix au peuple.Mais l’armée de libération doitd’abord chasser la violence del’envahisseur.”

État et dynasties

Reprenons le cours de l’histoirevietnamienne. Il faudra nouscontenter d’en retracer les grandeslignes jusqu’à l’irruption del’Europe au XIXe siècle, en relevantau moins deux traits caractéris-tiques :– l’unité de l’État, en dépit deforces centrifuges qui aboutissentmême à une sécession au XVIIIe

siècle,– la menace constante du grandvoisin septentrional : chaquedynastie pratiquement a eu àmener sa guerre contre l’envahis-seur du Nord.

Sans ces deux constantes, on nesaurait comprendre la personnaliténationale qui s’affirme parexemple dans le célèbre “BÏnh NgÙ–’i C·o” déjà cité plus haut :“Notre pays est le –’i ViÆt,C’est une nation policée,Elle a ses fleuves, ses montagnes,Ses mœurs et ses coutumes sontdifférentes de celles du Nord.Les dynasties –inh, LÍ, L˝, Tr•n

l’ont bâtie,Comme Han, Tang, Song, Yuan ontrégné dans le Nord.Bien que son histoire ait connugrandeurs et déclins,Elle n’a jamais manqué d’enfanterdes héros.”

Donc les premiers rois ont àlutter non seulement contre lestentatives chinoises de réoccuperle pays, mais aussi contre les ten-dances au morcellement régional,qui ne seront éliminées que peu àpeu. Les L˝ forment la premièregrande dynastie (1009-1225), quimet la capitale à Hanoi (1010),établit une administration et unearmée régulières, crée une infra-structure pour l’agriculture et lescommunications (routes, canaux,digues), fonde un enseignementsupérieur et des concours litté-raires, réservés à l’aristocratie.L’œuvre est continuée par les Tr•n(1226-1400) qui consolident lacentralisation, encouragent l’agri-culture et les défrichements.

C’est sous les L˝ que commen-ce l’expansion vietnamienne versle Sud (“ Nam ti™n ”). Dès laseconde moitié du XIe siècle, lacroissance démographique conduitla population à essaimer le longdes plaines côtières de la chaîneAnnamitique. Il s’agit au débutd’une infiltration pacifique, maisbientôt les Viêts se heurtent auroyaume du Champa. La guerre de1069 incorpore au –’i ViÆt troisdistricts au sud de Hoang Son, quiformaient jusque-là la frontièreméridionale. En 1307, c’est par lemariage d’une princesse Tr•navec le roi Cham qu’est acquise laprovince de Hu™. À l’apogée desTr•n, le royaume –’i ViÆt s’étendjusqu’au col des Nuages.

Au Nord, les L˝ eurent àrepousser deux invasions chinoises(victoires du général L˝ Thfl∂ngKiÆt sur les troupes Song en 1075et 1077), les Tr•n trois invasionsmongoles successives (victoires dugénéral Tr•n Hflng –’o sur lesarmées de Quoubilaï Khan, la der-

nière en 1287). Ces succès contri-buèrent à renforcer le sentimentnational et la légitimité monar-chique.

Durant toute cette période, lebouddhisme est la religion officiel-le. Le fondateur des L˝ avait étéélevé dans un temple et avait dûson accession à l’appui desmoines. Il plaça la communauté(sangha) sous l’autorité d’un QuØcs— (“ Maître du royaume ”) quiassistait le souverain dans sesprières pour la prospérité de l’Étatet lui servait souvent de conseiller.La plupart des souverains L˝ etTr•n firent partie de sectes boud-dhiques : Tr•n Thái-tông (1226-1258) fut l’auteur de deux traitésde doctrine qui nous ont étéconservés. Si la religion est unmoyen de gouvernement en édu-quant la population dans le respectde la monarchie et de l’ordre établiet en menaçant les coupables despires châtiments aux enfers, elle ajoué aussi un rôle civilisateur dansl’humanisation des mœurs et deslois, et suscité des chefs-d’œuvrearchitecturaux, temples et stupasdont l’équilibre des formes etl’harmonie des teintes s’allientintimement au paysage. Mais, àpartir du XIVe siècle, le bouddhis-me va tomber en décadence, cor-rompu de plus en plus par la super-stition, attaqué par les lettrésconfucéens qui le considèrentcomme antisocial et anticivique etqui dénoncent la richesse destemples.

Le confucianisme, qui avaitprospéré pendant l’occupation chi-noise, régressa à l’indépendance(939), les premiers rois se défiantd’une bureaucratie trop liée àl’ancien pouvoir impérial. C’estpar l’hérédité et la recommanda-tion des nobles et des bonzes queles fonctionnaires sont recrutés. Lamonarchie est d’ailleurs de typepatrimonial, confiant à ses prochesles leviers de commande et leurdistribuant de grands domainessitués aux points stratégiques. Laprépondérance du bouddhisme

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n’empêche pas cependant le déve-loppement du confucianisme. En1070 est fondé le VÂn Mi™u(“ Temple des Lettres ”) consacré àConfucius, qui abrite en mêmetemps un collège, le QuØc tÿ Gi·m,destiné aux fils de dignitaires. Lepremier concours littéraire s’ouvreen 1075. Il y en aura sept sous lesL˝ en deux cent seize ans et dix-sept sous les Tr•n en cent soixante-quinze ans. Ils servent à recruternon seulement des fonctionnairesconfucéens, mais aussi des prêtresbouddhistes et taoïstes (“ concoursdes trois doctrines ”). Le petitnombre de concours montre quel’instruction ne devait guère dépas-ser le cadre de la capitale, qu’elleétait réservée à l’aristocratie et queles concours n’étaient pas eux-mêmes nécessaires pour accéder àla fonction publique.

Avec le déclin des Tr•n etl’usurpation des H∞ (1400-1407),les germes de la division s’instal-lent et le pays succombe à une

nouvelle invasion chinoise, menéecette fois par les Ming qui, au pou-voir depuis 1368, voulaientrenouer avec les traditions impé-riales des Tang et des Han. Laseconde occupation chinoise vadurer vingt ans, jusqu’au “ kh∑inghÓa ” de Lê L˛i qui, après unelongue guerre (1418-1427), par-viendra à libérer le pays.

Avec la dynastie des Lê (1428-1788) intervient un changementfondamental : le passage du gou-vernement aristocratique à l’admi-nistration bureaucratique. Favorisépar le déclin du bouddhisme, leconfucianisme devient doctrineofficielle : il est d’ailleurs plus apteà assurer la cohésion de l’État, lagestion de la société et la forma-tion de ses cadres. La centralisa-tion politique, la diversification destâches et des institutions, l’accrois-sement démographique exigent unrenforcement continu de l’adminis-tration et par suite une augmenta-tion du nombre des fonctionnaires.

Le système des concours (2), fondésur l’examen du mérite, était plusapproprié que l’hérédité ou larecommandation. À son tour sondéveloppement stimule celui del’enseignement confucéen et de labureaucratie. À partir de 1463, lesconcours ont lieu tous les trois ansdans chaque province, ceux dedoctorat à la capitale l’année sui-vante, enfin au palais royal. Le sta-tut des fonctionnaires est régle-menté en 1477. La hiérarchie civilecomprend neuf grades, la hiérar-chie militaire six grades, chaquegrade comportant deux échelons.La rémunération consiste en unepetite allocation monétaire, maisprincipalement en des attributionsde terres pour la durée de la char-ge. Seuls les princes de la familleroyale bénéficient de rizières à titrehéréditaire. Ainsi, les “ lettrés-fonctionnaires” s’affirment comme

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(2) Voir l’article de Nguyên Thi ChanQuynh : “Concours de mandarins ”.

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Le Temple des Lettres (Vån Miªu) à Hanoi.

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la classe dirigeante, dont le recru-tement s’élargit lentement à descouches de moins en moinsétroites de la population. C’est,cimentée par une idéologie ration-nelle, cohérente et totale, la stabili-té de cette institution qui a permisd’assurer, à travers toutes les vicis-situdes de l’Histoire (révoltes pay-sannes, changements dynastiques,sécessions et invasions exté-rieures), la continuité du Viêt-namancien.

Après une période de floraisonvigoureuse, le confucianisme tombelui aussi en décadence à partir de lafin du XVIIe siècle, usé par l’influen-ce desséchante du zhuxisme qui,précisément à cause de la grandeurde sa systématisation néo-confu-céenne, arrêta le jaillissement créa-teur de l’esprit et immobilisa peu àpeu la classe des lettrés dans unescolastique formelle et creuse.D’autres facteurs contribuèrent audéclin : l’étroitesse du système desconcours littéraires, sans lien avecla vie économique et sociale, lamontée des échanges monétaires, lavénalité de certaines charges dueaux besoins financiers toujourscroissants de l’État, l’incapacité àrépondre aux demandes de la pay-sannerie. En revanche, le déclinencourage une certaine renaissancedu bouddhisme qui voit se créer denouvelles sectes et construire denouveaux temples. Beaucoup delettrés se font moines et l’on voitapparaître de part et d’autre desthéories sur la “ commune origine”et le “ commun corps ” des troisreligions (tam gi·o). C’est auxXVIIe-XVIIIe siècles que se forme lesyncrétisme qui caractérise la cultu-re vietnamienne : elle a intégré lestrois doctrines en empruntant à cha-cune d’elles un certain nombred’idées et de pratiques dontl’importance relative varie selon lescouches sociales.

Depuis le XVIe siècle, le déclindes Lê a entraîné des troubles pay-sans et des guerres civiles à lafaveur desquelles émergent deuxgrandes familles : les Tr∏nh au

Nord, les Nguy≠n au Sud. Sousl’autorité nominale des Lê, la divi-sion de fait du pays va durer centcinquante ans. Les Nguy≠n achè-vent la conquête au Sud sur lesChams et les Khmers (Saigon :1698) et réunifient le Viêt-nam enplaçant la capitale à Hu™ (1802).Le royaume connaît alors sa plusgrande extension, mais les Nguy≠nne savent pas s’ouvrir aux courantsnouveaux pour élever le niveau devie de la population comme pourdéfendre le pays contre lesmenaces extérieures. L’économiestagne, la pensée se complaît dansle passé. Les révoltes paysannestraduisent la crise profonde de lasociété, qui se reflète égalementdans les œuvres littéraires, notam-ment dans l’immortel “ Th˙yKi´u ” de Nguy≠n Du. Aussi,quand les canons français tonnentdans la baie de –‡-n«ng, le régimedes Nguy≠n est-il déjà à demidéfait de l’intérieur.

Les Français en Indochine

Il faut revenir en arrière poursuivre l’arrivée des Français enIndochine. Au XVIIe siècle,l’expansion du capitalisme com-mercial pousse les Européens surla route des épices et des marchésd’Asie : aux Portugais succèdentles Hollandais, les Anglais et lesFrançais, qui trouvent au Viêt-namune étape commode sur la voie dela Chine. Après les marchandsviennent les missionnaires (et par-fois même avant, puisqu’on peutdire que jusqu’à la fin du XVIIIe

siècle, le commerce français n’eutguère d’autres représentants au –’iViÆt que les missionnaires). Deuxfigures ecclésiastiques se détachentparticulièrement :– la première est le jésuite d’origi-ne avignonnaise Alexandre deRhodes, en mission chez les Tr∏nhde 1627 à 1630, puis chez lesNguy≠n entre 1640 et 1645, avantd’être définitivement banni dupays. On lui doit – couronnementd’efforts antérieurs de mission-naires italiens et surtout portugais

– l’emploi systématique de l’alpha-bet latin pour rendre les sons viet-namiens, autrement dit le “ quØcngÊ ”, qui est aujourd’hui l’écritu-re officielle vietnamienne (3) ;– la seconde est le FrançaisPigneau de Béhaine, évêqued’Adran, arrivé à Hà-tiên en 1767.Par le hasard des circonstances, ilnoua des liens d’amitié avec leprince Nguy≠n Ánh (le futur Gia-long) dont il se fit l’avocat infati-gable auprès de la France, au pointde réussir à faire signer entreNguy≠n Ánh et Louis XVI un trai-té d’assistance militaire en 1787(mais qui ne fut pas appliqué).

Après leur victoire définitive,les Nguy≠n pratiquèrent une poli-tique plutôt isolationniste du côtéde la mer, poussés à la fois par uneidéologie immobiliste et par lacrainte que le développement ducommerce ne minât à la longue lastructure sociale, et que l’ouverturedu Viêt-nam ne se traduisît peu àpeu par la conquête militaire euro-péenne, comme le montraitl’exemple de l’Inde. Tout en conti-nuant d’accueillir les navires decommerce occidentaux, ils se gar-dèrent bien de nouer avec leursgouvernements des relations offi-cielles qui pussent ressembler àdes engagements politiques. Cetteattitude, toutefois, ne devait pasrésister à la pression des événe-ments : en 1819, les Anglais occu-paient Singapour ; la guerre del’Opium (qui visait en fait à forcerl’ouverture de la Chine) seconcluait par les “ traités inégaux”de Nankin (1842) et de Whampoa(1844) concédant à l’Angleterre età la France l’ouverture de ports etcomptoirs (le bail de Hong-Kongdate de 1842) ; l’avènement duSecond Empire en 1852 relançaitl’expansionnisme français... Sousle prétexte de protéger les mission-naires, le corps expéditionnaire del’amiral Rigault de Genouilly (4)

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(3) Voir l’article de F. Rideau : “Mes rap-ports avec la langue vietnamienne”.(4) Un X de la promotion 1827.

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s’empare du port de –‡-n«ng le1er septembre 1858 : c’est le débutde la conquête française del’Indochine, qui va ensuite pro-gresser du sud vers l’ouest et lenord de la péninsule. Les Nguy≠n,impuissants, doivent céder le Sudaux Français qui le nommentCochinchine (1862-1867), puisaccepter leur protectorat sur leCentre (Annam) et le Nord(Tonkin) en 1884-1885. Le dernierempereur, B‰o –’i, n’est plus, deson propre aveu, qu’une marion-nette.

Il n’est pas question de faire icile bilan de la colonisation françaiseau Viêt-nam. (5) Soulignons seule-ment ceci : si un siècle de présencefrançaise n’a pas imprégné lapopulation autant qu’ont pu le fairedix siècles de présence chinoise, iln’en reste pas moins que la culturefrançaise a fortement influencé lesélites (à commencer par les diri-geants révolutionnaires !), et réacti-vé un processus (assimiler lesapports tout en les combattant)déjà vu à l’œuvre sous la colonisa-tion chinoise. Comme autrefoisl’administration chinoise, c’estl’administration française quiapporte les premiers changements.Pour lutter contre la culture des let-trés, qui dirigeaient la résistance,

mais aussi pour former des cadressubalternes, les autorités colonialescréent des écoles, suppriment lesconcours traditionnels (1918) etrépandent l’usage du quØc ngÊ,écriture romanisée introduite parles missionnaires au XVIIIe sièclemais qui était jusqu’alors limitée àla communauté catholique. Vud’abord avec méfiance, le quØcngÊ se révéla si commode (par rap-port au nôm, écriture démotique,dérivée du chinois), si facile àapprendre, que les nationalistesl’adoptèrent pour diffuser leursidées et éduquer le peuple, leretournant ainsi contre le pouvoircolonial. De plus, sous l’influencedu français, la structure de lalangue se transforme. De synthé-tique et concise à la manière duhan classique, elle devient analy-tique. La langue moderne peu àpeu élaborée va servir de véhiculeà la presse, au roman, à la poésiemoderne. L’influence chinoises’efface au profit de la française, ycompris chez les plus nationalistes.Il ne pouvait en être autrement enraison de tous les changementséconomiques et sociaux apportéspar la colonisation : le phénomènele plus remarquable est l’expres-sion dans la littérature de la révoltede l’individu contre les anciennesstructures, familiales et commu-

nales.Chez les intellectuels eux-

mêmes, une transformation radica-le s’opère avec le tournant dusiècle. La victoire du Japon sur laRussie (Port Arthur, 1905) révèleaux lettrés vietnamiens que pourvaincre l’Occident, il faut luiemprunter sa science et sa techno-logie. C’est ainsi que, rejetant lanostalgie du passé, ils se mettentavec ardeur à l’étude de la penséeet des institutions européennes. Ilsabandonnent le principe monar-chique pour préconiser la démocra-tie, seule capable à leurs yeuxd’assurer la modernisation du payspar la participation de la popula-tion à la vie politique, et par là ledéveloppement économique. Mais“ l’École de la Justice ” de Hanoi(Dong-kinh nghÓa-thuc), les socié-tés commerciales et les journauxréformistes furent aussitôt interditspar le Protectorat. La relève futprise par les éléments naissants dela bourgeoisie et de la classe intel-lectuelle grandis avec le dévelop-pement de la production et deséchanges, de l’administration etdes écoles. Si la première se mon-tra assez timide dans ses revendi-cations, la seconde fit preuve deplus de mordant, mais la tentatived’insurrection du Viêt-nam QuØcD‚n –‰ng (Parti nationaliste viet-namien), mal organisée, se soldapar un échec. La direction de lalutte nationale passa auxmarxistes : créé en 1930, le PartiCommuniste devait, quinze ansplus tard, faire la révolution d’août1945 et établir le premier gouver-nement indépendant du Viêt-namdepuis la conquête coloniale.

La suite – la première guerred’Indochine, Diên Biên Phu, ladeuxième guerre d’Indochine, lachute de Saigon – fait partie del’Histoire récente.

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Prise de Tourane (Ðà-nÇng) par les Français en 1858.

(5) Voir l’article de P. Brocheux : “ Le legsfrançais à l’Indochine”.

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L ORSQUE LES Français prirentpied dans le sud de lapéninsule indochinoise, ils

venaient d’une Europe en pleinessor industriel, commercial etfinancier et ils étaient animés parl’esprit d’une mission civilisatricequ’ils devaient accomplir. Ils arri-vaient dans un environnement asia-tique qui était lui-même en pleinessor agricole et commercial. Ilsétaient stimulés par les Hollandais,les Espagnols et les Anglais qui lesavaient précédés en Insulinde etaux Philippines ; la fortune deSingapour était déjà assise et leSiam avait ouvert ses portes auxEuropéens.

Les Français tendirent deuxcordes à leur arc : celle de l’exploi-tation des ressources économiqueset celle de la civilisation deshommes.

“Mettre en valeurles richesses”

L’exploitation des ressources dusol et du sous-sol débuta dès laconquête sans attendre la “ pacifi-cation ”, mais après que la“ Grande Guerre ” eut démontrél’importance de la mobilisation del’empire colonial pour l’effort deguerre de la métropole, AlbertSarraut se fit le héraut de la miseen valeur des colonies, notammentde l’Indochine. La fermeture des

empires russe et ottoman au place-ment de capitaux, la dépréciationdu franc comptent parmi les rai-sons de l’engouement pour les pla-cements indochinois.

L’État joua un rôle primordialdans cette œuvre d’exploitationéconomique, il le fit en synergie ouen alternance avec les sociétéscapitalistes métropolitaines.Lorsque les capitalistes privésfurent réticents ou défaillants,l’État se substitua à eux. La puis-sante Banque de l’Indochine (BIC)fondée en 1875 devint l’interlocu-trice obligée du gouvernementgénéral ; tout à la fois pourvoyeuseet instrument, elle contrôla en faitl’économie indochinoise. Degrandes firmes financières etindustrielles métropolitaines, dugroupe Rivaud à la sociétéMichelin, investirent en Indochine.De toutes les colonies, et aprèsl’Algérie, ce fut l’Indochine quireçut le plus d’investissements :ceux-ci sont évalués à 6,7 milliardsde francs-or en 1940.

La BIC bénéficiait d’un statutunique parmi les banques privéesfrançaises parce qu’elle était dotéedu privilège d’émission de lapiastre indochinoise. Elle était enmême temps une banque commer-ciale, une banque d’affaires et unesociété financière. Son envergurelui donna une aire d’action quicouvrait l’Asie et s’étendait juqu’àla Côte des Somalis et à l’Océanie.

En 1937, la BIC était partie pre-nante dans presque toutes lesentreprises économiques indochi-noises.

Le flux des investissementsmétropolitains a convergé vers lesmines, les plantations d’hévéas, dethé et de café ainsi que vers cer-taines industries de transforma-tion : les textiles, les brasseries, lescigarettes, les distilleries, leciment. En revanche l’organisationdu crédit agricole à destination dusecteur dominant de la riziculturefut tardive et seconde dans la poli-tique de la BIC.

Pour faciliter l’expansion del’économie coloniale, l’État mit enplace une infrastructure portuaire etde voies de communication. LeTransindochinois, dont le chantierfinal fut dirigé par un X, l’ingénieurLefèvre, fut achevé en 1936. Il rou-lait sur 1 748 km de Hanoi à Saigon;en lui ajoutant le chemin de fer du

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LE LEGS FRANÇAIS À L’INDOCHINE

Pierre BROCHEUX*,

maître de conférences d’Histoire contemporaine,

université Denis Diderot - Paris 7

* Auteur de nombreux travaux surl’Indochine, il a publié récemment :The Mekong Delta : Ecology, Economy,and Revolution, 1860-1960, University ofWisconsin-Madison, Center for SoutheastAsian Studies, Monograph Number 12,USA, 1995 ;et avec D. Hémery Indochine, la coloni-sation ambiguë 1858-1954, LaDécouverte, Paris, 1995.Il a achevé Une histoire économique duVietnam moderne, 1850-1996.

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Yunnan et des voies secon-daires, le réseau ferroviairetotalisait 3 019 km en1938. En 1943, 18 000véhicules à moteur circu-laient sur 32 000 km deroutes macadamisées et5 700 km de routesempierrées et de nom-breuses pistes praticablesen saison sèche. Saigondevint un grand portd’Extrême-Orient qui pritplace au 6e rang desports français en 1937(2 140 000 tonnes de mar-chandises). En 1939,Saigon n’était plus qu’àtrente jours de bateau deMarseille, à cinq joursd’avion de Paris et letélégraphe sans fil, pluscommode d’usage, pourles Français, que les télé-communications parcâbles sous-marins (do-minées à l’époque par lescompagnies britanniqueset américaines), fonction-na à partir de 1921.

L’Indochine devintainsi un terrain de créati-vité pour les ingénieursdes Ponts et Chaussées et ceux desMines. Parmi ceux-ci, c’est un X,Pierre Guillaumat, qui dirigeal’Inspection des Mines et Indus-tries. L’occasion de réaliser degrandes œuvres fut donnée aussiaux architectes, comme le GrandPrix de Rome, Ernest Hébrard,dont le centre de Hanoi conserveaujourd’hui quelques-unes des plusbelles constructions.

L’État français promulgua unelégislation concernant le sous-sol, lesol et les forêts ; il mit en œuvre lecadastrage pour faciliter les transac-tions commerciales et les conces-sions foncières. Il investit dansl’infrastructure routière et lesréseaux de canaux (4 000 km en1939 destinés au drainage et à la cir-culation). L’hydraulique agricoleproprement dite fut l’objet d’unemoindre attention et d’un effort

financier inférieur, cependant les tra-vaux d’endiguement mirent le deltadu fleuve Rouge complètement àl’abri des inondations entre 1915 à1945 et 340 000 hectares furentgagnés aux cultures de 1905 à 1937dans le Nord et le Centre Viêt-nam.Il promulgua une réglementation dutravail destinée à faciliter le recrute-ment de la main d’œuvre et larépression des ruptures de contratsde la part des travailleurs.

Dès le début du siècle, pour pal-lier les insuffisances et éviter denombreux échecs de colons et deprospecteurs-exploitants miniersfrançais, le gouvernement créa lesconditions et les instruments d’une“ gestion scientifique de l’empire ”.Ce fut Doumer qui créa le cadre ins-titutionnel afin d’organiser une pro-duction plus intensive et rationnelleen s’inspirant largement des expé-

riences et réalisations hol-landaises à Java. Tandisque la guerre touchait à safin (1917-1918), AlbertSarraut, d’abord gouver-neur général del’Indochine puis ministredes Colonies, envoya enmission le botanisteAuguste Chevalier,membre de l’Institut, quimit en place l’enseigne-ment agricole ainsi quedes stations d’essais spé-cialisées pour le riz,l’hévéa, le théier et lecaféier. Le gouvernementfit installer 490 stationsd’observation climatolo-giques et météorologiques.

“ Il est naturel que lesprofits de l’Indochinereviennent aux Français ”disait le gouverneurgénéral Pasquier. L’inter-vention française ouvritde nouveaux secteurséconomiques ou elleporta ceux qui existaientà une grande échelle. Lariziculture du delta duMekong fut stimulée parla demande sur les mar-

chés asiatiques, sa superficie passade 250 000 hectares en 1868 à2 303 000 en 1943. Sa productionet les exportations croissaient consi-dérablement : celles-ci, de 130 000tonnes en 1870 à 1 million en1933, plaçaient l’Indochine au 2e

rang des exportateurs mondiaux etreprésentaient 60 % du revenu desexportations.

En 1908, l’hévéa couvrait 200hectares, en 1940, les plantationss’étendaient sur 120 000. L’extrac-tion du charbon ainsi que desmétaux non ferreux connut lamême rapide ascension. En Asie,l’Indochine fut le deuxième expor-tateur de charbon après la Mand-chourie en 1939 : 1 716 000 tonnessur 2 615 000 produites. Cepen-dant, et bien qu’elle eût de chaudspartisans chez les Français, l’indus-trialisation ne fut pas réalisée.

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Chemin de fer transindochinois, Centre Viêt-nam.

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LES VOIES DE COMMUNICATION EN INDOCHINE

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L’économie indochinoise étaitcoloniale au sens où elle produisaitdes matières premières et des den-rées agricoles pour l’exportation,mais ces productions n’étaient pastoujours ni exclusivement réservées àla métropole. La France n’a pas arra-ché l’Indochine à sa matrice extrê-me-orientale : le Japon et la Chinedemeurèrent les principaux acheteursde charbon et la plupart du temps leplus gros tonnage de riz exporté pritle chemin de Hong-Kong et de laChine. Le caoutchouc était écouléaux États-Unis, tandis que le pétroleet ses dérivés provenaient principale-ment des Indes néerlandaises.

L’insertion de l’Indochine dans“ l’économie monde ” asiatique futmaintenue sans être nécessaire-ment affaiblie ; ses acteurs écono-miques étaient les Chinois d’outre-mer, désormais placés en positionseconde par les Français, mais tou-jours indispensables et en positionde remplaçants virtuels. Ils réali-saient ce qu’un négociant anglaisde Saigon avait appelé une “ sym-biose antagonistique”.

Ni les industries élémentaires niles importations de produits semi-ouvrés ou finis de la métropole n’onttué l’artisanat local ni tari leséchanges régionaux. L’artisanat indo-chinois et les produits d’exportationdu Centre Viêt-nam notamment :sucre de canne, cannelle, coprah, théet soie continuèrent d’alimenter lescircuits par jonques. “La locomotiven’avait pas tué la brouette”.

Les tarifs Méline (1897) etKircher (1927) n’eurent pas raisonde ce commerce asiatique multisé-culaire et ils durent être amendés oucorrigés par des accords commer-ciaux bilatéraux avec la Chine et leJapon. Il fallut attendre la GrandeDépression mondiale de 1929 pourque les liens impériaux fussent res-serrés : les échanges commerciauxavec la métropole prirent le dessussur ceux avec la région et ils permi-rent de compenser la perte desdébouchés asiatiques habituels.Dans le même temps, la piastre était

rattachée au gold exchange standard(1931), en fait au franc (tout enfixant un taux de change stable entreles deux monnaies) au lieu de l’éta-lon-argent. L’opération, destinée àgarantir les investissements métro-politains contre la dépréciationcontinue du métal argent, arrimait lapiastre au franc métropolitain etconsolidait ainsi la “ préférenceimpériale”.

“Civiliser les peuples”

Ce qui précède entrait dans lavision du président de la Chambrede commerce de Lyon en 1901 :“ civiliser les peuples aujourd’huisignifie leur enseigner commenttravailler pour gagner et dépenserde l’argent, pour échanger ”. Cevolet-ci doublait le prosélytismechrétien qui continuait d’être exer-cé pendant la période coloniale.L’esprit de “mission laïque” rejoi-gnit les deux desseins précédents.De 1880 à 1900, deux prédéces-seurs de Paul Doumer, le médecinde Lanessan et le physiologistePaul Bert, tous deux scientifiques,républicains, laïcs et l’un d’euxfranc-maçon, conçurent une poli-tique de colonisation humanistequi sera reprise partiellement dansle “ réformisme colonial ” desannées vingt avec Albert Sarraut etAlexandre Varenne. Ces hommesse voulaient respectueux de la per-sonnalité des peuples indochinoiset désireux d’associer ceux-ci à lamise en valeur de leur pays.

L’œuvre sanitaire débuta dès1878 par des campagnes de vacci-nation qui devinrent massives etsystématiques, mais il était entenduque “ la vaccination n’est pas seu-lement une œuvre essentiellementphilanthropique, c’est surtout etavant tout une œuvre de haute éco-nomie politique et sociale ”(Dr Vantalon). Les pastoriens enga-gèrent des campagnes antipalu-déennes systématiques notammentsur les plantations d’hévéas afinque celles-ci pussent disposer d’unemain-d’œuvre saine et robuste.

La fondation, en 1891, del’Institut Pasteur de Saigon fut sui-vie par celle de Nha Trang, Hanoiet Phnom Penh. Le Dr Yersindécouvrit le bacille de la peste etmit au point le vaccin antipesteux.La variole et la choléra reculèrentbien que de violentes récurrenceseurent lieu ; des pandémies furentenrayées, mais des maladies restè-rent invaincues comme la malaria,la tuberculose et le trachome.L’École (plus tard faculté) demédecine et pharmacie de Hanoiouvrit ses portes en 1902 et pro-gressivement le réseau sanitaires’étendit : en 1930 il y avait 10 000lits d’hôpitaux gratuits et des cen-taines de dispensaires ruraux. En1939, 367 médecins et 3 623 infir-mières et sages-femmes, 760accoucheuses rurales formées auxrègles d’hygiène moderne offi-ciaient en Indochine.

En 1939, l’action sanitaire étaitsystématique en Cochinchine etdans les zones urbaines et périur-baines des autres “ pays ”, maisailleurs la situation était celle duretard et du dénuement ; en1915 : “Pour ce qui est de l’hygiènedans les campagnes on peut direqu’elle est chose totalement incon-nue de la plupart des ruraux mêmeaisés ou riches sans parler des mil-liers de miséreux du Tonkin et duNord Annam. Il faudrait avant toutechose donner la possibilité à ceshommes de ne pas mourir de faimou de froid... ”. En 1935, “ la morta-lité infantile est toujours très élevéeen Annam” (Dr Peltier). Au Tonkin,“ 50 % des enfants mouraient demisère” (Dr Le Roy des Barres).

L’action sanitaire contribuacertainement à la croissance démo-graphique en abaissant le taux demortalité sans mouvement corres-pondant des taux de natalité et defécondité, avec certes de notablesdifférences selon les “ pays ” envi-sagés. Dans le delta tonkinois et leNord Annam, cette croissanceaggrava le surpeuplement relatif.Les migrations de main-d’œuvrevers les villes et surtout vers les

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plantations du sud et jusqu’enNouvelle-Calédonie et Nouvelles-Hébrides ainsi que vers les chan-tiers forestiers et les mines du Laosne purent jamais résorber le tropplein de population du Viêt-namseptentrional. À la veille duDeuxième conflit mondial, un gou-verneur envisageait l’inéluctabilitéd’une transmigration forcée dunord vers le sud.

Le problème démographiquedevenait particulièrement aigu etappelait des réponses urgentes. Legouvernement de Vichy avait faitélaborer un projet d’industrialisa-tion ambitieux qui, repris à la libé-ration de la France, devint un pro-gramme dont l’un des principauxpromoteurs fut l’homme d’affairesPaul Bernard, encore un X.Dirigeant de sociétés, Paul Bernardfaisait partie d’un grouped’hommes d’affaires coloniaux quiétaient partisans d’industrialiserl’Indochine. Ils avaient développéleur point de vue dans les annéestrente sans parvenir à le fairetriompher. À leurs yeux, l’indus-trialisation aurait permis de rémé-dier à la surpopulation, elle auraitélevé le niveau de vie de la popula-

tion, elle aurait conduit à associerprogressivement les élites indochi-noises à la vie économique puis, àterme, à la vie politique. Les“ industrialistes ” avaient envisagéd’associer à l’industrialisation uneréforme agraire qui supprimeraitles latifundia et consoliderait unepaysannerie de petits propriétaires-exploitants. Mais la guerre coupacourt à ce dessein. Toutefois, cer-tains projets du programme de1946 comme l’équipement hydro-électrique du bassin de Danhim, laremise en marche du complexecharbonnier de Bong Son furentréalisés par le gouvernement sud-vietnamien.

L’enseignement fut l’autre ins-trument essentiel de la “ conquêtedes cœurs et des esprits ”. Audépart, les Français eurent, à n’enpas douter, une tentation si ce n’estune visée assimilationniste tout àla fois naïve et arrogante. Mais ilsse rendirent compte que la tâcheétait impossible et même pas sou-haitable parce que la résistance queleur opposaient des peuples de cul-tures anciennes fut renforcée parles perturbations causées parl’irruption d’idées et de valeurs

étrangères qui subvertissaientl’ordre traditionnel et l’ordre toutcourt. Au “ tout français ” dansl’instruction prôné par les premiersamiraux-gouverneurs succéda,dans les années vingt et surtouttrente, les égards vis-à-vis del’Ancien en le modernisant avecprudence. En 1930, le gouverneurgénéral Pasquier était assailli pardes doutes qu’il traduisait en cestermes : “ Depuis des milliersd’années, l’Asie possède sonéthique personnelle, son art, samétaphysique, ses rêves. Assimi-lera-t-elle jamais notre penséegrecque et romaine ? Est-ce pos-sible? Est-ce désirable ? (...) Nous,Gaulois, nous étions des barbares.Et à défaut de lumières propres,nous nous sommes éclairés, aprèsquelques résistances, à celles quivenaient de Rome. Le liant duChristianisme acheva la fusion.Mais en Asie, sans parler des éloi-gnements de race, nous trouvonsdes âmes et des esprits pétris par laplus vieille civilisation du globe ”.Le prolongement logique de cetteréflexion se trouve dans la recom-mandation de Varenne aux ensei-gnants : “ Ne leur enseignez pasque la France c’est leur patrie...Veillez qu’ils aient un enseigne-ment asiatique qui leur soit utiledans leur pays ”.

Il en résulta un compromis sousla forme de l’Enseignement franco-indigène. Au Cambodge, l’institu-teur français Louis Manipoudréforma avec succès les écoles depagodes (bouddhiques) en introdui-sant des matières modernes dans lecursus traditionnel. L’enseignementindochinois fut doté des troisdegrés : primaire, secondaire etsupérieur dont les effectifs ne ces-sèrent de progresser sans compterque les écoles publiques étaientdoublées d’établissements privésconfessionnels et laïques.

Toutefois et sauf en Cochin-chine, les campagnes ne furent pasdotées d’un réseau scolaire serré eten 1944, 1 million d’enfants en âged’être scolarisés ne fréquentaient

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Plantation d’hévéas.

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pas l’école. Au Viêt-nam, l’ensei-gnement du quoc ngu et du fran-çais fut généralisé. La suppressiondes concours traditionnels pourrecruter des mandarins (qui reçu-rent jusqu’en 1919 une formationen caractères chinois) contribua defaçon déterminante à séparer leslettrés de l’univers intellectuel etmoral sino-vietnamien empreint devaleurs que l’on qualifie habituel-lement de confucéennes.

Varenne ne prévoyait sansdoute pas que l’évolution de la cul-ture vietnamienne, qui précéda lesvoisines dans la modernisation,s’effectuerait dans le sens qu’ilindiquait. Les Vietnamiens surentintégrer à leur culture ce que lesFrançais leur inculquaient, l’apportfrançais offrait une pluralité deréférences idéelles et politiques desorte que s’agissant de sciences, desports ou d’arts plastiques, lesVietnamiens furent les proprescréateurs de leur culture moderne.

Une société transformée

Une classe “ d’évolués ” enmajorité vietnamiens et citadinsémergea ; en 1940 le groupe desdiplômés de l’enseignement supé-rieur ou spécialisé était évalué à5 000 personnes. L’université indo-chinoise connut elle aussi unaccroissement d’effectifs bien quele numerus fixus présidât au recru-tement :

1938-1939 4571941-1942 8341942-1943 10501943-1944 1575

On peut multiplier par dix lenombre en y incluant les fonction-naires (26 941 en 1941-42), lesenseignants (16 000 en 1941-42),tous issus de l’enseignement pri-maire supérieur ou secondaire ouencore de l’Université indochinoi-se. Bien que minoritaire, le groupeformait ce “ Tiers-état ” auquel legouverneur Varenne recommandaque l’on fît une place et à l’égardduquel on fît preuve d’égards.

Mais les enfants de l’œuvrecivilisatrice française, de formationéquivalente ou à diplômes iden-tiques, se voyaient refuser l’égalitéde statut et de traitement avec lesEuropéens ; par exemple les cadresindochinois des travaux publicspercevaient une solde égale aux10/17 de celle de leurs homologueseuropéens. Varenne, encore, disaiten substance : si nous ne donnons

pas ses droits au tiers-état, il nousles réclamera. Une anecdote signi-ficative m’a été contée par un Xvietnamien, Hoang Xuan Han. Unefois sorti de Polytechnique, ce der-nier se rendit sur le chantier duTransindochinois où son aînéLefèvre lui dit : “Bizuth, retourneen France pour t’y faire une place,ici tu n’obtiendras pas l’emploi etle statut qui correspondent à tescompétences”.

Association ou confrontation etrejet furent les options-clés del’évolution coloniale et de l’avenir.Certains Français lucides, du géné-ral Pennequin à André Fontaine,directeur des puissantes Distilleriesde l’Indochine en convinrent.D’après ce dernier il fallait réfor-mer les institutions de la colonie,en finir avec le pacte colonial afinde se préparer à entrer dans l’èrede l’économie mondiale qui succé-derait à celle des empires colo-niaux. Dominion et Common-wealth britannique ne cessèrent deséduire et d’inspirer certains colo-niaux français.

Si on laisse de côté les facteursconjoncturels et accidentels, lapolitique française achoppa sur cepoint fondamental parce qu’elleopposa une fin de non-recevoir auxIndochinois modérés comme aux

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1 - Nombre d’élèves de l’enseignement public au Viêt-namannées 1920 1929 1938-39 1940-41 1943-44 primaire 126 000 287 500 518 000 707 285primaire supérieur 2 430 4 552secondaire 121 465 5 637 6 5502 - Nombre d’élèves au Cambodgeannées 1930 1939 1945primaire public 15 700 32 000écoles de pagoderénovées 38 000 53 000

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Mines de charbon à ciel ouvert de Deo Nai, à Quang Ninh.

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radicaux. Faute de voir aboutir lesrevendications d’égalité et de liber-té, une partie de cette intelligentsiafut séduite par le marxisme.

Les aléas climatiques n’avaientjamais cessé de menacer l’agricul-ture indochinoise, en revanche lessurplus exportables furent désor-mais soumis aux fluctuations desprix sur les marchés régionaux etmondiaux. L’endettement etl’absence de titres de propriétéfavorisèrent l’accaparement desterres et le nombre des paysanssans terre alla en croissant pendantla période coloniale. Ceux-ciétaient contraints tantôt à émigrertantôt à entrer dans la dépendancedes latifundiaires dans le sud, desriches dans le centre et le nord, ouencore des marchands partout oùsévissait le système de la traite.Parallèlement, l’institution multi-séculaire des rizières communalesque les communautés avaient crééepour corriger les disparités écono-miques fut souvent détournée auprofit des notables ou des riches ;elle connut une forte érosion aupoint d’avoir pratiquement disparuen Cochinchine à la fin de laDeuxième Guerre mondiale.

La paysannerie manifesta sesfrustrations de façon bruyante, voireviolente, en 1930-31 en Cochinchineet dans le Nord Annam. Elle recom-mença en 1936-37-38, particulière-ment en Cochinchine où les accapa-rements de terre étaient les plusflagrants et les plus provocants. Danscette période les paysans furentrejoints par les ouvriers. Faute des’attaquer à la racine des maux dontsouffraient les ruraux, l’administra-tion coloniale était prisonnière decontradictions apparemment inso-lubles. C’est ce qu’exprimait le gou-verneur général Brévié à propos del’occupation de concessions par despaysans sans terre en 1938 :“Lorsque nous protégeons les droitsdes uns, nous commettons une injus-tice et portons atteinte à l’équité àl’égard des autres. Lorsque nousnégligeons ces droits, nous violons laloi et condamnons nos méthodes”.

La main-d’œuvre des planta-tions, des usines et des mines étaitun prolétariat composite avec,souvent, un pied dans la rizière etl’autre dans l’entreprise coloniale.Il était soumis à un régime de tra-vail sévère : retenues sur salaire etchâtiments corporels étaient relati-vement fréquents. Si l’oppressionpatronale ou de l’encadrementimmédiat ne différait pas de celled’autres pays, en Indochine elle futidentifiée à l’oppression étrangère.

La grande dépression écono-mique atteignit l’Indochine progres-sivement, s’y installa en 1930 et s’enretira à partir de 1934. Elle illustrasurtout la crise du régime capitalistetout en contribuant à démontrer latoute-puissance de la BIC à laquellele gouvernement confia l’assainisse-ment de l’économie et qui fut leprincipal bénéficiaire des faillites,des expropriations et de la concen-tration des entreprises.

La Seconde Guerre mondiale futplus déterminante, et c’est pendantcette période que la domination fran-çaise s’achemina vers sa fin enmême temps que s’achevait l’impe-rium occidental sur l’Asie. La Francebattue et occupée par les Allemandsde 1940 à 1945, le gouvernement del’Indochine dut pratiquer une colla-boration d’État avec les Japonais. Enfaisant la guerre aux Français de1940 à 1941, les Thaïlandaiss’emparèrent de 65 000 km2 de terri-toire au Cambodge et au Laos,démontrant ainsi l’impuissance duProtectorat français.

Quel bilan?

L’histoire de l’Indochine fran-çaise fut celle d’une modernisationà l’européenne imposée auxpeuples indochinois, les Françaisne surent ou ne voulurent pasprendre la mesure des change-ments qu’ils avaient eux-mêmesintroduits ni en tirer des consé-quences évolutives. Ainsi, fauted’avoir dirigé l’évolution ou del’avoir devancée, ils furent entraî-nés et écrasés par elle.

En conquérant et en dominantl’Indochine, les Français avaient laconviction d’y apporter une façonneuve d’organiser le monde et lessociétés. Les sciences expérimen-tales et les mesures mathématiquesassureraient la maîtrise de la natu-re. Le progrès matériel et moral enrésulterait pour l’humanité toutentière. Mais ces généreuses inten-tions ont été mises en pratiquedans le cadre de la dominationcoloniale, ressentie avant toutechose comme une oppression, tantil est vrai que la politique est tou-jours première et englobe toutesnos activités.

Ceci n’ôte en rien la valeurintrinsèque à la modernisation. Lescolonisés eux-mêmes ont su en sai-sir l’essentiel en reprenant à leurcompte les idées et méthodes scien-tifiques ainsi que les valeurs huma-nistes souvent proches ou sem-blables à celles des culturesorientales. C’est pourquoi il faut,dans un bilan, distinguer les réalisa-tions matérielles (souvent ruinéesaprès des années de guerre) et lesinfluences profondes et durables,celles qui changent le rapport deshommes à la nature et aux autreshommes. Ainsi, le pont Doumer atenu bon jusqu’à maintenant maisnous devons nous résoudre à cequ’il disparaisse un jour (à moinsque les Vietnamiens ne décident dele transformer en écomusée dupatrimoine national...) tandis que lascience des ingénieurs continuerad’être transmise et améliorée. Lesidées que Paul Bernard défendit enmatière de développement écono-mique et social trouvent leur chemindans le Viêt-nam d’aujourd’hui. Lascience médicale française a étépratiquée et enseignée dans lesmaquis de la résistance vietnamien-ne sans que les médecins aient eu àleur disposition l’équipement hos-pitalier avec lequel ils avaient étéformés. C’est l’influence intellec-tuelle de longue durée qui a permisaux Vietnamiens de déjouer l’inten-tion du général américain Curtis LeMay de “ ramener les Vietnamiens àl’âge de la pierre”. n

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C ’EST EN ce bout du mondeà quelques encablures de lafrontière chinoise que

naquit mon père (28), fondateurd’une de ces nombreuses et éphé-mères dynasties polytechniciennessi caractéristiques du recrutementde l’École. Encore ma grand-mèredut-elle quitter auparavant le postede Tr˘ng Kh·nh Ph¸ à 60 km de làpour rejoindre Cao B¢ng en chaiseà porteurs par de mauvais cheminsde montagne à travers la forêt vier-ge dans une région infestée detigres et de panthères.

Je suis heureux de trouverl’occasion ici de rendre hommageà mon grand-père, Émile Rideau,capitaine d’Infanterie coloniale,Mort pour la France le 25 sep-tembre 1915 à Souain à l’âge de48 ans. Arrivé au Tonkin en 1895,il participa à la lutte contre le–´Th·m, célèbre résistant, chefd’une bande de pavillons noirs.Mais c’était un homme d’unebonté et d’une générosité extraor-dinaires. Il n’hésitait jamais à selancer dans cette jungle monta-gneuse en pleine mousson poursecourir des familles en difficulté,faisant office au besoin de méde-cin et même de sage-femme ! Et ilparlait le vietnamien ! Je ne sus cedernier point que bien plus tard,quand je mis la main sur le

manuel de conversation franco-tonkinois dans lequel il appritcette langue magnifique. Sur lapage de garde figure sa signature,et au fil des pages, on peut lire sesannotations fines et serrées écritesà la plume sergent-major. Celexique, édité par les Missions,reflète bien ce pourquoi avait étéinventé à l’origine le quØc ngÊ, àsavoir la propagation de la reli-gion catholique. Les premiersmots traduits durent surprendrebon nombre de Vietnamiens del’époque :– le purgatoire : lÿa gi‰i tµi (le feuqui rachète les fautes) ;– les limbes : lâm bô (sans douteune transcription phonétique) ;– le saint sacrement : ch•u gi∂(attente en prosternation del’heure).

Le livre, fort précis sur les us etles coutumes du pays, se terminepar une conversation surréaliste etinénarrable entre un Résidentinquiet des troubles qui se produi-sent (déjà), un lieutenant chargé demaintenir l’ordre (toujours !) etdivers Vietnamiens qui n’en peu-vent mais !

L’histoire se répétant, je naquismoi-même à Gabès en Tunisie, auhasard des garnisons de monpropre père, alors capitaine du

Génie. Être né au Maghreb et avoirun père né au Tonkin, c’en étaittrop pour l’état civil et je dus allerà la mairie faire la queue au milieude nos amis africains et asiatiquespour récupérer (provisoirement ?)ma nationalité, juste retour deschoses !

Mon premier contact avec leViêt-nam fut la chute de –iÆn BiÍnPh¸. J’étais alors en terminale auPrytanée de la Flèche (où m’avaitprécédé autrefois mon grand-père)et nous eûmes droit à une longueprise d’armes un peu funèbre dansla cour d’honneur à la mémoire desjeunes brutions disparus. Quelquesannées plus tard, je devais retrou-ver en Algérie où j’étais DLO au35e RALP bien de ces officiersd’Indo déçus et amers croyantencore poursuivre des Viêts aumilieu des Aurès ! Après le putschd’Alger, le 35e fut envoyé sur lafrontière tunisienne où je pilonnaisépisodiquement le pays quim’avait vu naître ! Il y en a qui nesont jamais contents !

Les unités parachutistes furentparmi les premières à quitterl’Algérie. Je terminai ainsi la petitehistoire coloniale de ma famille enme retrouvant à Verdun sur leschamps de bataille de mon grand-père.

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MES RAPPORTS AVEC LA LANGUE VIETNAMIENNE

François RIDEAU (57)

Cao B¢ng xa l°m, anh ΩiAnh i g·nh nflæc gi™ng thΩi cho g•n.

Cao B¢ng est très loin, mon amourReste auprès de moi porter l’eau du puits.

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Le qquuØØcc nnggÊÊ

Peu après mon retour d’Algé-rie, je conçus un certain intérêtpour le Viêt-nam et décidaid’apprendre la langue vietnamien-ne. Je m’attendais à des idéo-grammes et fus bien surpris detrouver une langue écrite encaractères romanisés, le quØc ngÊ,créé au XVIIe siècle par des mis-sionnaires jésuites en vue de pro-pager nos propres croyances.

À cette époque, la langue viet-namienne, considérée comme vul-gaire, jouait un rôle secondaire parrapport au sino-vietnamien,langue officielle et savante. Cettedernière, du chinois prononcé à lavietnamienne, était comme sonnom l’indique (chÊ nho, écrituredes lettrés) utilisée uniquement

par une minorité d’instruits etn’avait que peu de rapport avec lalangue nationale parlée par lapopulation. Pour celle-ci existaitbien une transcription appeléeécriture démotique ou chÊ nÙm,mais, basée elle-même sur descaractères chinois – chaque motréclamait deux idéogrammesaccolés, l’un désignant le sens,l’autre la phonétique –, elle exi-geait une connaissance préalabledu chinois et sa lecture n’étaitdonc pas plus accessible à tousque le chÊ nho, même si son adop-tion par les lettrés dans leurs loi-sirs permit l’éclosion d’une littéra-ture nationale.

Pour diffuser les mystères sub-tils de la Sainte-Trinité (–—c ch˙al∂i ba ngÙi) ou du péché originel(tµi nguyÍn lai), nos braves mis-sionnaires lui préféraient une trans-

cription uniquement phonétique encaractères latins. C’est ainsi quenaquit le quØc ngÊ pour le plusgrand profit de notre Sainte Mèrel’Église tout d’abord (le premierouvrage édité en quØc ngÊ, le fut àRome, en 1651, et était un caté-chisme écrit par le R. P. Alexandrede Rhodes), puis des occupantsfrançais qui s’en servaient pourformer leurs collaborateurs et enfindes révolutionnaires de toutes ten-dances qui en faisaient un bon outilde propagande de leurs idées parmile peuple.

Le prestige séculaire du chinoisfut cependant long à disparaître.Les concours triennaux en carac-tères chinois subsistèrent jusqu’en1919, date à laquelle le quØc ngÊdevint la langue officielle du Viêt-nam. Imposé par l’administrationcoloniale et considéré à l’époque

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comme le symbole de l’occupationétrangère, il fut longtemps boudépar la population et ne fut vraimentaccepté comme écriture nationaleque vers les années 30, quand lespatriotes s’avisèrent de son extra-ordinaire efficacité dans l’alphabé-tisation des masses (un enfant metau plus deux ans à maîtriser levietnamien écrit et parlé avec lequØc ngÊ alors que dix ans ou plussont nécessaires pour la compré-hension du chÊ nho comme du chÊnÙm) et dans la diffusion desconnaissances.

Fruit de l’ingéniosité des mis-sionnaires jésuites de diversesnationalités dans leur effort pourtranscrire le plus exactement pos-sible le parler vietnamien, le quØcngÊ est peut-être la première sinonla seule œuvre de collaborationeuropéenne d’envergure utile etdurable. Qu’attend l’Union euro-péenne pour célébrer sa naissanceau chevet de laquelle veillèrent desPortugais, Espagnols, Italiens etFrançais ? C’est à cause de cettefiliation hétéroclite que l’alphabetvietnamien présente certaines dif-férences avec le français et desanalogies frappantes avec l’espa-gnol et le portugais. Ainsi la plu-part des lettres de l’alphabet viet-namien se prononcent comme enfrançais excepté :– le â prononcé euh avec uneinflexion montante (existe en plusle  prononcé ah avec uneinflexion montante,– le d prononcé comme un z (leson d en français est rendu par le vietnamien),– le e prononcé comme un è (leson e en français est rendu par le Ωvietnamien),– le o prononcé or (le son o enfrançais est rendu par le ô vietna-mien),– le u prononcé ou (le son u fran-çais n’existe pas tout seul en viet-namien).

Existent en plus dans le vietna-mien des diphtongues à pronon-ciation spécifique telles que th(aspirer fortement le h), ch (à peu

près comme tch), kh (proche de larota espagnole), nh (comme gn),ng et ngh (un peu comme ng dansjogging).

Polytonie

Ce qui frappe dans le vietna-mien, c’est la simplicité et l’aban-don de ses formes, l’harmonie deses tons, la richesse de son appareilconsonantique et vocalique, sesonomatopées si expressives, sadouceur et même sa facilité. Quoide plus simple que des monosyl-labes où la polytonie facilite le tra-vail de la mémoire en flattantagréablement l’oreille ?

Soit, par exemple, le mot “ ma”que la gamme polytonique va sex-tupler :– ma : fantôme ; c’est le ton plat oule sans accent b¢ng, la voix resteau même niveau,– m· : joue ; c’est l’accent aigu,s°c, la voix monte,– mà : mais, que ; c’est l’accentgrave, huy´n, la voix descend,– m‰ : tombeau ; c’est l’accentinterrogatif hˆi. On prononce lemot comme si l’on est à la find’une phrase interrogative,– m„ : cheval (pièce du jeud’échecs) ; c’est l’accent tombantng„, la voix s’infléchit commedans le hˆi, remonte puis descend,– m’ : le plant de riz ; c’est l’accentlourd n£ng ; la voix descend ets’arrête brusquement avec un petitraclement du fond de la gorge.

Tout ceci paraît un peu confuset pourtant une bonne diction estessentielle si l’on veut éviter descontresens risibles comme :– nhà th∂ : l’église / nhà th± : lamaison chère à Mme Tellier oùofficient Rosa la Rosse et Flora laBalançoire.

Heureusement, j’eus la chanced’avoir un bon professeur de dic-tion en la personne de mon chercamarade Nguy≠n Tr˜ng Anh (57)

que je ne remercierai jamais assezpour sa patience et sa gentillesseinaltérables. Je signale cependantpour ceux qui ne peuvent disposerdes services de notre émérite pro-fesseur de chimie l’existence deméthodes audios, bien précieusespour une première approche de lalangue vietnamienne.

Cependant, sans vouloir décou-rager les futurs vietnamisants, jedois dire qu’à part les enfants et derares exceptions adultes, il estimpossible pour un étranger de par-ler parfaitement le vietnamiencomme les autochtones car la pluslégère inflexion inexacte suffit pourdonner à son parler un “ accent ”d’ailleurs, aisément reconnaissable.En outre, il faut savoir qu’à l’instardu français avec ses accents mar-seillais, belge, canadien..., le viet-namien se prononce différemmentau Nord, au Sud et au Centre, leparler du Centre étant le plus singu-lier et le plus difficile à com-prendre, même pour lesVietnamiens d’une autre région. Etde même qu’il est préférable pourun étranger d’apprendre le françaisavec l’accent parisien, il vaut mieuxapprendre le vietnamien avec laprononciation du Nord, là où setrouve le berceau de la langue,d’autant plus que les grammaires etdictionnaires vietnamiens s’y réfè-rent pour fixer l’orthographe.

Une des grandes difficultés duvietnamien est le nombre incroya-ble d’homonymes ou plutôt desens différents pour un même motdont la signification exacte dépenddu contexte. Reprenons parexemple le mot m„ ci-dessus. Enplus du sens cité, il peut signifier :– le plumage ; chim tØt m„ : oiseauà beau plumage ;– l’objet votif en papier ; Øt m„ :brûler des objets votifs (pour qu’ilsrejoignent dans l’autre monde lecher disparu !) ;– le code ; mßt m„ : le code secret.

M„ entre aussi dans la forma-tion des mots composés :– m„ ´ : plantain, plante de la

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famille des plantagénacées ;– m„ n„o : agate ;– m„ t§u : sorte de yatagan...

Pour les Vietnamiens cettehomonymie comporte un aspecttrès positif puisqu’elle est la sourced’une infinité de jeux de mots,dans la littérature comme dans lavie quotidienne, dont témoignentnombre d’anas relatant les trou-vailles de ce sport intellectuelpopulaire.

Appellations

Un autre aspect gênant dans lalangue vietnamienne, pour nousautres Français, est l’absence devéritables pronoms personnels. Àla rigueur, tôi (prononcer tauille)peut jouer le rôle de notre je, maisdans maintes circonstances, lapolitesse la plus élémentaire pros-crit son emploi. Ainsi un enfants’adressant à sa mère se nommeracon (prononcer conn) = enfant etl’appellera m© = maman et récipro-quement sa mère se nommera m©et l’appellera con. D’où la petiteconversation :– Con i chΩi væi ch∏, m© Ωi ! = Jesors avec grande sœur, maman!– KhÙng, con ∑ nh‡ væi m© ! =Non, tu restes avec moi !

On voit apparaître ici l’impor-tance centrale de la famille (giaÏnh) dans la société vietnamienneavec une précision des termes sanséquivalence chez nous ou ailleurs :– C¯ Ùng = arrière-grand-père ; c¯b‡ = arrière-grand-mère,– ‘ng nµi = grand-père paternel ;b‡ nµi = grand-mère paternelle,– ‘ng ngo’i = grand-pèrematernel; b‡ ngo’i = grand-mèrematernelle,– ‘ng = monsieur ; bà = madame,– BØ, cha, ba, th•y, cßu... = père ;m©, m·, me, u, m˛... = mère,– B·c = oncle ou tante, grand frèreou grande sœur du père, son épou-se ou époux,– Ch˙ = oncle, frère cadet du père

ou époux de la jeune tante ; thÌm =femme du jeune oncle,– Cô = tante, jeune sœur du père,– Cßu = frère de la mère ; m˛ = sonépouse,– DÏ = sœur de la mère ; Dfl˛ng =son époux,– Anh = grand frère ; ch∏ = grandesœur ; em = petit frère ou petitesœur,– Con = enfant ; ch·u = neveu oupetit-enfant.

Un même petit garçon se nom-mera “ em ” en parlant à son grandfrère (anh) mais se désignera “ anh”avec sa petite sœur. Imaginez lagymnastique verbale que chacundoit déployer non seulement pourse nommer mais aussi pour dési-gner l’interlocuteur sans compterles tiers dans les réunions de famil-le ! Quelle habitude déroutante pournous qui n’avons que notre misé-rable je et nous nous trouvons déjàcompliqués par rapport aux Anglaisavec nos tu et vous !

Discutant avec un interlocuteurn’ayant aucun lien de parenté avecvous, vous pouvez l’appeler c¯,Ùng, b·c, ch˙, cÙ, anh, em, ch·u...selon son âge, son sexe et sa posi-tion sociale et vous nommer selonles mêmes critères con, ch·u, tÙi,em, anh, ch∏, cÙ, ch˙, b·c, Ùng,b‡... Il va de soi que la moindre despolitesses est d’utiliser le termeapproprié aussi bien pour désignervotre interlocuteur que vous-même. N’allez pas donner du“ em ” à la première jeune fillevenue, ce serait trop affectueux, nidu “bà”, ce qui serait trop vexant ;suivant les circonstances, cÙ ou ch∏serait plus indiqué. Bref, il fautfaire preuve de doigté et dans cedomaine, nous avons beaucoup àapprendre de nos amis vietna-miens, rustres que nous sommes.

Un autre grand mystère est lenombre limité de patronymes,Nguy≠n étant le plus souvent ren-contré. En feuilletant l’annuaire del’X, j’ai trouvé une soixantaine decamarades vietnamiens dont unebonne moitié apparaît sous ce

patronyme. Certains Vietnamiensl’expliquent par le fait que Nguy≠nest le nom de famille de la dernièredynastie régnante mais la majoritédes Vietnamiens ne sont pas desang royal ou n’étaient pas obligésde porter le nom de leur roi !

À cause du nombre restreint depatronymes, il est d’usage d’appe-ler le Vietnamien par son prénomet non son nom. Prenons l’exemplede M. Nguy≠n VÂn Tr˜ng dont lepatronyme est Nguy≠n, le prénomTr˜ng, VÂn étant une sorte de pré-nom explétif. On l’appellera C¯Tr˜ng, ‘ng Tr˜ng, Anh Tr˜ng sui-vant les circonstances.

Syntaxe

Au premier abord, pour unFrançais, la grammaire vietna-mienne paraît simple : pas dedéclinaison, de conjugaison nid’accord des mots, ordre de laphrase relativement semblable àcelle en français. À la longue, ils’aperçoit que trop d’ellipses et lemanque de pronoms (personnels,relatifs) et conjonctions, sanscompter un nombre impression-nant d’expressions et de tournuresspéciales, rendent la langue diffici-le à lire et surtout à écrire, en parti-culier pour exprimer des penséesarticulées et des conceptsmodernes. Les Vietnamiens eux-mêmes éprouvent de la difficulté àagencer des phrases correctes etcohérentes lorsqu’ils sortent dulangage parlé pour entrer dans ledomaine du raisonnement. Unelecture un peu attentive ou unesimple analyse grammaticale de lamajorité des textes publiés, en par-ticulier journalistiques, met enlumière d’innombrables solécismeset fautes de logique. Les grammai-riens vietnamiens ont bien du painsur la planche pour proposer etinculquer des règles syntaxiquesrationnelles et exhaustives, s’ilsveulent que la langue évolue defaçon claire et précise.

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Que mes amis vietnamiensréfrènent leur protestation indi-gnée! Je ne dis nullement que lalangue vietnamienne ne convientpas à la pensée scientifique, maisque son maniement correct dansl’expression des idées est difficile.L’absence de rigueur due à un longusage seulement littéraire de lalangue (trop inclinée vers le floupoétique), à la jeunesse de la diffu-sion écrite (l’édition en quØc ngÊn’a qu’un siècle d’existence) et à lafaillite actuelle de l’éducation demasse, entraîne un relâchementdéplorable de la langue, rendant denombreux textes non littéraires illi-sibles ou incohérents. Reste que cequi se conçoit bien s’énonce tou-jours clairement, en vietnamiencomme en français, et qu’un bonscientifique ou une personne culti-vée arrivent toujours à exprimerparfaitement leurs idées dans unvietnamien châtié.

Littérature

Disons un petit mot, trop brefhélas, de la littérature vietnamien-ne. J’ai abordé le vietnamien à tra-vers le TÒ lÒc vÂn o‡n (Groupe-ment littéraire autonome desannées 30-45). J’aimais ces nou-velles romantiques et mélanco-liques dignement tristes comme“ Anh ph‰i sØng ” (Tu dois vivre),fantastiques comme “ BÛng ngfl∂itrong sflΩng m˘” (L’ombre dans lebrouillard) ou désespérées comme“ TÏnh tuyÆt v˜ng ” (Amour impos-sible), histoires un peu surréalistesdans un pays sous la botte mais oùl’occupant n’apparaît jamais.

Avant le XXe siècle ou l’adop-tion du quØc ngÊ, à de rares excep-tions près, la littérature vietna-mienne se limitait au genrepoétique ; à vrai dire, la languevietnamienne avec ses tons chan-tants s’y prête admirablement et lamajorité des Vietnamiens de tousmilieux ne manquent pas de s’yadonner dans leurs moments de

loisirs. Pourtant la poésie propre-ment vietnamienne (non sino-viet-namienne) ne prit son essor (aumoins en ce qui concerne la tradi-tion écrite) qu’au XIXe siècle (aupa-ravant elle existait, mais de façonrare quoique remarquable, parexemple sous la plume du poètehomme d’État Nguy≠n Tr„i (1380-1442) avec la vogue des romans envers dont le plus célèbre est le KimV‚n Ki´u, véritable chef-d’œuvrenational, histoire d’amour malheu-reux entre les jeunes Kim et Ki´u,composé par Nguy≠n Du (1765-1820). La poésie vietnamienneintrigue par son rythme spécial à laprosodie variée, alternant les tonsplats (mot sans accent ou avecaccent grave) et les tons accentués(mot avec les autres accents), àl’instar des dactyles et spondéeslatins. Le Kim V‚n Ki´u alternedes vers de 6 et 8 pieds mais unautre roman versifié non moinsremarquable, le Chinh ph¯ ng‚m(Complainte de l’épouse du guer-rier) de la poétesse –o‡n Th∏ –i¨mest formé de quatrains de deux versde sept pieds puis un de six et unde huit.

La palme de la poésie vietna-mienne, selon moi, doit être décer-née à la poétesse H∞ Xu‚n HflΩngqui vivait au début du XIXe siècle.

Sa poésie d’une facture faussementaisée, son vocabulaire d’une gran-de simplicité mais aussi d’une pré-cision étonnante, son don de créerdes rythmes suggestifs au gré dessujets l’ont placée au premier rangdes poètes nationaux. Ses idéesnon conformistes, ses allusionsobscènes, ses images familières dela vie du Viêt-nam ne sont pas sansavoir favorisé son succès, suscitantune pléthore de faux poèmes à samanière dont la “ maternité ” faittoujours l’objet de querelles pas-sionnées. Voici l’un de ses plusfameux poèmes :

V∏nh Ëo Ba DµiMµt Ëo mµt Ëo l’i mµt ËoKhen ai khÈo t’o c‰nh cheo leoCÿa son ˆ khÈ t˘m hum nÛcTh´m · xanh rÏ l˙n ph˙n rÍuB°t lÎo c‡nh thÙng cΩn giÛ tØc–•m Ïa l· li≠u l˙c sflΩng gieoHi´n nh‚n qu‚n tÿ ai l‡ ch∆ngMˆi gØi ch∞n ch‚n c˚ng muØn trËo.

Éloge du défilé des Trois Cols(trad. Maurice Durand)

Un col, un col, encore un col !Qu’il soit loué celui qui a su cise-ler ce paysage périlleux !L’ouverture vermeille est touterougeoyante et le sommet est touttouffu,Le pierron de pierre est tout vertde mousse clairsemée,

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“L’École polytechnique ” déclinée à la vietnamienne

sino-vietnamien vietnamien

ChÊ nho Transcriptionen quØc ngÊ

ChÊ nÙm Transcriptionen quØc ngÊ

JPH
Tampon
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La branche de pin oscille sous lescoups violents du vent,La feuille de saule est toute humec-tée de la rosée qui tombe.Hommes sages et distingués, quelest celui qui y renonce?Les genoux rompus, les piedsharassés, ils désirent quand mêmey grimper.

Littérature populaire

Mais à mon avis, les chansons,dictons et proverbes populairesconstituent l’aspect le plus originalet le plus typique de la littératurevietnamienne. Ce sont des mor-ceaux de poésies fort anciennes,transmises oralement de générationen génération. Elles permettent desaisir directement les mœurs, lessentiments, les idéaux du peuplevietnamien, celui des campagnesprincipalement. En sortant desautres genres trop savants ou pen-sés à la chinoise, on éprouve unréel plaisir devant le naturel desexpressions, la saveur des imageset la pertinence des observations.

Il y a d’abord les ca dao ouchansons populaires qui se présen-tent comme une succession alter-née de vers de 6 et 8 pieds ou devers de 4 pieds et souvent unmélange de toutes ces formes. Lestravaux des champs, le déroule-ment des saisons et leurs consé-quences, les peines ou les joiesd’amour, les coutumes du villageen sont les thèmes les plus fré-quents. Chaque fois que je mangeun plat pimenté je ne peuxm’empêcher de citer ces versparmi mes ca dao préférés :

ït n‡o l‡ æt ch∆ng cayG·i n‡o l‡ g·i ch∆ng hay ghench∞ng?VÙi n‡o l‡ vÙi ch∆ng n∞ngG·i n‡o l‡ g·i cÛ ch∞ng ch∆ngghen !

Quel est donc le piment qui nepique pas?Quelle est la femme qui n’éprouvepas de la jalousie à propos de sonmari?Quelle est donc la chaux (accompa-gnant le bétel) qui ne sent pas fort?Quelle femme une fois mariée nedevient-elle pas jalouse !

Un autre genre aussi typique queles chansons populaires sont les pro-verbes ou t¯c ngÊ qui n’ont pas derègles prosodiques fixes et qui trèssouvent se composent de deux ouquelques vers extraits des ca dao.Les Vietnamiens sont très friands deces sentences moralisatrices forgéesen grande quantité au fil des ans.S’imprime toujours en moi ce pre-mier proverbe que j’ai rencontré :G•n mÒc thÏ en, g•n Ën thÏ s·ng.

Près de l’encre la noirceur,près des lampes la clarté.

Rappelons aussi pour mémoirece ca dao datant de 1945 quimarque bien l’ironie avec laquelleles Vietnamiens jugèrent leurpropre indépendance acquise enpleine période de famine :T‡u cfl∂i, T‚y khÛc, Nhßt loViÆt Nam µc lßp ch™t co •yfl∂ng.

Le Chinois rit, le Français pleure,le Japonais s’inquiète,Dans le Viêt-nam indépendant, lesmorts recroquevillés jonchent lesroutes.

C’est avec l’apparition du quØcngÊ que la littérature en prose s’estdéveloppée, sous l’influence de laculture occidentale dont étaientimprégnés les auteurs issus de lanouvelle bourgeoisie. De factureclassique et encore empreints de lasimplicité de tournure affectionnéepar les anciens, les romans de lapremière moitié du siècle sontfaciles à lire et donc recommandésaux débutants en vietnamien.L’énorme succès de ces romans liéà l’alphabétisation massive de lapopulation et la profusion progres-sive de la presse ne tarda pas àasseoir la supériorité (numériquesinon artistique) de la littérature enprose sur la poésie. De nos jours,romans et nouvelles vietnamiensinondent le marché, révélant desauteurs tels Nguy≠n Huy ThiÆp etB‰o Ninh (œuvres disponibles entraduction française) dont le talentne cède en rien à celui des meil-leurs écrivains étrangers.

Le Viêt-nam dont je viens deparler, pour des raisons person-nelles, je n’y ai jamais en fait misles pieds ! Je me contente de levisiter à travers livres et journauxet de rêver pour lui d’un bel avenir.En attendant ce jour improbable oùj’y viendrai, je lui dédie ces verslibrement empruntés au poète–Ùng H∞ (1906-1969) :Nflæc non, non nflæc cÚn ‚y,C‰nh kia ngfl∂i Û, bi™t bao nhiÍutÏnh.

Les fleuves et montagnes sont tou-jours là,Ces paysages et ces êtres, que desentiments nous lient.

n

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J USQU’AU DÉBUT du XXe siècle,la société vietnamienne (appe-lée alors “ annamite”) se répar-

tissait, en gros, en deux classes : lesmandarins et le peuple, les premierssecondant l’empereur dans lestâches administratives. De forma-tion confucéenne, ils étaient recru-tés par des concours sévères organi-sés périodiquement. Un autre modede recrutement, appelé B‰o cÿ, exis-tait parallèlement. Sur propositiondes mandarins, des hommescapables et de haute moralité pou-vaient être nommés directement àdes postes élevés. Mais ce systèmeavait l’inconvénient de ne pas four-nir suffisamment de fonctionnairesà la machine gouvernementale. Eneffet, les mandarins pouvaient êtredurement sanctionnés s’ils présen-taient des hommes de peu de valeurou de conduite contestable. Lesconcours demeuraient donc lemoyen à la fois impartial et efficace,en toute relativité, pour sélectionnerles lettrés.

Les premiers concours apparu-rent en Chine au IIe siècle avantJésus-Christ ; à partir du VIe siècle,leur organisation était déjà bienstructurée. Sous l’influence chinoi-se, le Viêt-nam, la Corée et leJapon les adoptaient à leur tour ; ilfallut attendre le XIXe siècle pourvoir leur apparition en Europe.

Pendant l’occupation chinoise(111 avant J.-C. - 938) les Vietna-miens qui souhaitaient passer lesconcours de haut niveau devaientse rendre en Chine. L’affluence descandidats d’origine annamite étaittelle qu’en 845 l’empereur deChine limita leur nombre à huitaux concours des docteurs. Dès ledébut de l’indépendance du Viêt-nam, l’empereur L˝ Nhân Tôn ins-titua, en 1075, le premier concoursen s’inspirant des modèles chinois.Les dynasties suivantes remaniè-rent sans cesse le système afin del’adapter aux besoins du pays. Lesconcours atteignirent leur apogéeau XVe siècle ; à partir du XVIIIe

siècle commença leur déclin. Ilsfurent définitivement abolis en1919.

Le programme des études met-tait en honneur la doctrine Nho(doctrine confucéenne) qui préco-nisait un gouvernement stablefondé sur une hiérarchie socialedont l’empereur était le chef suprê-me. Cette doctrine proposait deformer une classe de dirigeantsconstituée d’hommes instruits,capables et surtout vertueux. Seulsétaient vénérés les hommesdévoués à l’intérêt public et nonceux qui, savants ou talentueuxmais imbus d’eux-mêmes, ne ren-daient aucun service à la société.

En passant les concours, leslettrés visaient une charge officiel-le qui leur permettait de remplirleur mission d’hommes supé-rieurs, de guides éclairés dupeuple. S’ils échouaient, ou s’ilsne désiraient pas prendre part augouvernement, ils se consacraienttout naturellement à leur deuxiè-me tâche : l’éducation. Puisquel’homme est né bon et capabled’entendre la raison, il vaut mieuxl’inciter à pratiquer la vertucivique, et prévenir les actes cri-minels en développant son sens dudevoir. L’éducation morale étaitdonc primordiale, la formationintellectuelle secondaire.

I – Avant les concours

régionaux

Les concours avaient lieu tousles trois ans. On distinguait :– concours régionaux (ou concourstriennaux, Thi HflΩng). Les candi-dats étaient astreints à se présenterau Centre dont dépendait leur vil-lage natal,– concours à la capitale (Thi Hµi).

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CONCOURS DE MANDARINS

NGUYÊN Thi Chan Quynh,*

auteur de LØi xfla xe ngÒa (Sur les sentiers d’antan...)

et de Les concours au Viêt-nam (à paraître)

“Les hommes sages et compétents représentent la force de la nation. C’est la raison pour laquelletous les monarques éclairés attachent une importance primordiale à la formation des lettrés et à leursélection par voie de concours.”

(Stèle des docteurs, promotion 1442)

* Nguyên Thi Chan Quynh est la sœurde Nguyên Trong Anh (57).

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Ils étaient organisés l’année sui-vant les concours régionaux,– concours au palais royal (Thi–Ïnh, Thi –iÆn). Ils se déroulaientun mois après les concours à lacapitale.

A. Conditions d’inscriptionaux concours régionaux

Étaient admis à concourir tousles reçus à un examen probatoire ettous les T˙-t‡i (sous-admissibles àun concours précédent).

La condition d’âge n’entrait pasen ligne de compte. P. Pasquier,gouverneur général de l’Indochine,

mentionne avoir rencontré unvieillard reçu au grade de T˙-t‡i àl’âge de 78 ans. Robert de laSusse, administrateur des Servicescivils, signale le cas d’un autre T˙-t‡i reçu en 1909 au centre deThanh-hóa, à 82 ans.

Étaient écartés des concourstous ceux qui portaient le deuil deleurs parents (interdiction quidécoulait de la piété filiale), tousles descendants, jusqu’à la troisiè-me génération, des traîtres, desvoleurs ou des chanteurs, danseurs(ces derniers étant considéréscomme “ inclassables ”, inutiles).

Les femmes pouvaient pour-suivre les études jusqu’à quatorzeans environ, mais les concours leurétaient interdits. Toutefois, audébut du XVIIe siècle, Nguy≠n Th∏Du, sous un déguisement, réussitbrillamment à un concours de doc-torat où elle se classa première,devançant son propre professeur.

B. L’inscription (Nµp quy¨n)

Quelques semaines avant lesconcours, en guise d’inscription,l’étudiant remettait des cahiersvierges au –Øc h˜c (directeur desétudes d’une province) qui dressaitla liste des candidats à l’intentiondu ministère des Rites. Celui-ci sebasait sur cette liste pour fixer lenombre des examinateurs. Lescahiers étaient ensuite envoyés auCentre des concours pour être dis-tribués le jour des épreuves.

Sur la première page, l’étudiantinscrivait son nom, son âge, sonvillage natal ainsi que les donnéesd’état civil de ses ascendantsjusqu’à la troisième génération.Ses déclarations devaient être certi-fiées par les autorités locales. Sanscertificat de bonnes mœurs, le can-didat était éliminé d’office.

C. Le jury

À titre indicatif, voici la com-position d’un jury.a. Une Commission d’examinateursrépartie en :– comité intérieur (Nµi trfl∂ng)comportant une quinzaine d’exa-minateurs (premiers correcteurs,réviseurs, superviseurs),– comité extérieur (Ngo’i trfl∂ng)comprenant le président du jury, levice-président et deux assesseurs.b. Une Commission de surveillancecomposée de deux censeurs (Gi·ms·t) secondés par des agents duservice d’ordre, contrôlant aussibien les concurrents que les exami-nateurs.c. Deux secrétaires généraux (–´tuy¨n) chargés de préserver l’ano-nymat des copies, d’établir leslistes de candidats etc.d. De 30 à 40 secrétaires. Les prin-

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Un candidat de 60 ans, Centre de Nam Dinh, 1912.

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cipaux membres du jury étaientdésignés parmi les mandarins de laCour, tous lauréats des concours àl’exception des deux secrétairesgénéraux, choisis à la fois pourleur intégrité et leur niveau intel-lectuel médiocre afin qu’ils ne pus-sent rectifier les erreurs en faveurde l’étudiant puisqu’ils étaient lesseuls à connaître l’identité del’auteur de chaque copie.

D. Les Centres des concours(baptisés “ camps des lettrés ”par les soldats français)

Sous les Nguy≠n (XIXe siècle etdébut du XXe) il existait dans lepays huit centres, réduits plus tardà cinq. Ainsi, celui de Nam Dinhrecevait, à partir de 1886, les can-didats du Centre de Hanoi (occupédepuis 1882 par l’armée française).

Chaque Centre comprenaitdeux parties (cf. le plan ci-contre) :a. la partie extérieure, partagée enquatre enclos (vi) par deux alléesen croix, était destinée au campe-ment des concurrents. Au milieu sedressait le Thßp ’o (Bâtiment desVoies croisées) où se réunissaientles membres du jury pour choisirles sujets, le matin même du jourde chaque épreuve. C’était aussil’endroit où les étudiants remet-taient leur cahier avant de quitter leCentre,b. la partie intérieure, réservée auxbureaux et logements des examina-teurs.

Le Centre était entouré de palis-sades et dominé par sept miradors.Devant chaque porte, des faction-naires, nuit et jour, montaient lagarde. Le jour de l’épreuve, lesagents du service d’ordre circu-laient entre les tentes pour assurerune police vigilante, renforcée àl’extérieur par un corps impres-sionnant de patrouilleurs comman-dés par un officier. En 1807, onmobilisait jusqu’à six cents soldatsarmés et une vingtaine d’éléphants. Pour prévenir toute tentative decorruption, les examinateurs, aprèsleur “Entrée solennelle ” au Centre

(une semaine avant la premièreépreuve) restaient enfermés pen-dant toute la durée du concours,soit cinq semaines environ.

II – Organisation desconcours régionaux

A. La Cérémonie d’appel

La veille des épreuves, lesrèglements des concours ainsi queles listes des candidats étaient affi-chés devant les enclos respectifs.

Vers dix heures du soir, les exa-minateurs en grande tenue mon-taient sur leur siège élevé poursuperviser la Cérémonie tandis queles censeurs prenaient place sur lesmiradors. Devant les portesd’entrée, se bousculait dans unvacarme assourdissant la foule descandidats et de leurs accompagna-teurs qui les aidaient à transporterleur encombrant attirail (tente,banquette, pupitre, sac de provi-sions...). À l’appel, le premier can-didat s’avançait et, après unefouille minutieuse, était autorisé àrecevoir son cahier et à chercher unendroit pour planter sa tente.

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Plan du Centre de Nam Dinh

1 - Étang. 2 - Siège du Comité intérieur. 3 - Logement du censeur. 4 - Logement des1er correcteurs. 5 - Logement des 2e correcteurs. 6 - Logement des secrétaires.

7 - Lieu de travail des secrétaires généraux. 8 - Logement du 1er secrétaire général.9 - Logement du 2e secrétaire général. 10 - Siège du Comité extérieur.11 - Logement du président du Jury. 12 - Logement du vice-président.

13 - Logement du 1er assesseur. 14 - Logement du 2e assesseur.15 - Logement du censeur. 16 - Bâtiment des Voies Croisées. 17 - Porte principale.

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B. Les épreuves

Chaque concours comportaitquatre épreuves écrites (en chi-nois). Ne pouvaient se présenter àla deuxième épreuve que ceux quiavaient réussi à la première et ainside suite. Chaque épreuve duraitune journée entière.

Première épreuve (Kinh nghÓa).Elle se composait de sept sujets dedissertation, tirés soit des quatrelivres classiques (T— thfl), soit descinq livres canoniques (Ng˚ kinh).Le candidat devait en traiter aumoins deux. Voici un sujet extraitdu Livre des Odes : “ Doanh doanhthanh Âng chÔ vu ph‡n. ”. Sens lit-téral : “ Une mouche verte bour-donnait en se posant sur une palis-sade ”. Sens figuré : “ La mouchesouille tout ce qu’elle touche,ainsi, un homme mesquin peutfacilement éclabousser un hommepur par ses propos calomnieux”.

Deuxième épreuve (ThΩ, ph˙).Elle comprenait deux sujets à trai-ter en vers et en prose rythmée (leséchanges diplomatiques se faisantà l’époque sous ces formes litté-raires). Sujet extrait des annales deChine : “ –µ ngh∏ ki´u ”. Sens litté-ral : “Faire un pont pour sauver les

fourmis d’un terrain inondé”. Sensfiguré : “Avoir de la compassion àl’égard de tous les êtres vivants. ”

Troisième épreuve (VÂn s·ch).Elle consistait en un seul sujet por-tant sur l’art de gouverner.

Quatrième épreuve dite épreuverécapitulative (Ph˙c h’ch). Elleenglobait toutes les matières desépreuves précédentes.

C. Les règlements des concours(Trfl∂ng quy)

Ces règlements étaient à la foisdes mesures anti-fraudes et desmarques de respect envers l’empe-reur et les examinateurs. En voiciquelques exemples :• Ph’m h˙y : interdiction d’écrireles noms des empereurs, des impé-ratrices, de leurs palais... Selon lescirconstances, on omettait ourajoutait un trait, ou scindait le motproscrit en deux ;• Khi™m trang : à côté du motempereur, il était recommandé dene pas juxtaposer, même après unevirgule, des mots tels que violent,stupide, assassin, tué... pouvantprovoquer une association d’idéesmalheureuse.

D. La correction

Pour assurer le maximum d’équi-té, les manuscrits, démunis de leurpage d’état civil, étaient successive-ment transmis aux premiers correc-teurs (SΩ kh‰o) qui annotaient avecl’encre rouge d’Annam, puis auxréviseurs (Ph˙c kh‰o) qui corri-geaient avec une encre verte, etenfin aux superviseurs (Gi·m kh‰o)qui mettaient leurs appréciations enrose. (L’usage de l’encre noire,réservée aux candidats, était interditaux examinateurs pour éviterd’éventuelles “ retouches ” com-plices de leur part). Ces correcteursreprésentaient le Comité intérieur.

Les copies étaient ensuiteenvoyées au Comité extérieur pourune quatrième correction. Là, leprésident et le vice-président ré-examinaient les devoirs recevableset notaient avec l’encre de Chined’un rouge vif tandis que les asses-seurs scrutaient les copies éliminéespar le Comité intérieur en vue d’unéventuel repêchage. Une belle calli-graphie pouvait faire monter lanote, une écriture exécrable risquaitd’entraîner un échec. Entre deuxcopies classées ex æquo, le candidatle plus âgé bénéficiait normalementde la faveur du jury : on estimaitqu’un jeune candidat reçu tropbrillamment risquait de devenirorgueilleux et dans le but de façon-ner des hommes de valeur, le juryn’hésitait pas à l’ajourner afin de“ limer son arrogance juvénile ”.

Les devoirs classés par ordre demérite étaient renvoyés aux secré-taires généraux pour identification.On affichait les listes des admis-sibles devant chaque enclos. Enmoyenne, pour un Centre de 3 000candidats, seule une trentaine étaitreçue au grade de Cÿ-nh‚n (licen-cié), leur nombre étant fixé à l’avan-ce par ordonnance royale. Les T˙-t‡i (sous-admissibles) étaient troisfois plus nombreux et bénéficiaientd’un certain nombre d’avantages,notamment celui d’être dispensés del’examen probatoire pour se présen-ter aux concours régionaux suivants.

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Défilé des lauréats, Nam Dinh, 1897.

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Après chaque session, un pro-cès-verbal (du président) et un rap-port (du premier censeur) ainsi quetoutes les copies étaient envoyés àla Cour pour un ultime contrôle.Le fait d’être éliminé n’excluaitpas les sanctions contre les infrac-tions à la réglementation envigueur. Un candidat fraudeurétait interdit de concours à vie, unexaminateur coupable risquait lapeine capitale.

E. La proclamation solennelledes résultats

En présence des examinateurs,en tenue de cérémonie et installéspar ordre de préséance dans unetribune improvisée sur l’allée prin-cipale du Centre, les lauréats,appelés par ordre de méritedécroissant, défilaient. Jadis, deuxéléphants se promenaient à traversla ville à la recherche des Cÿ-nh‚nfrais émoulus. Comme ces mes-sieurs, souhaitant faire durer leplaisir d’entendre leur nom procla-mé, ne se précipitaient pas pourdécliner leur identité, on perdaitfacilement la journée entière à ras-sembler une trentaine de lauréats.

Après la proclamation, tout lemonde se pressait devant l’enclosÑt où était affichée la liste des T˙-t‡i (sous-admissibles). C’était ledernier espoir des candidatsd’appartenir à cette élite universi-taire. Les T˙-t‡i n’avaient pas droità la proclamation solennelle et nepouvaient se présenter auxconcours à la capitale, mais le faitd’être admissible à la troisièmeépreuve constituait déjà un hon-neur.

F. La consécration officielle

Chaque lauréat recevait un cos-tume de mandarin accompagné derécompenses (argent, soieries...).Un banquet leur était offert chez lepréfet auquel étaient égalementconviés tous les membres du juryainsi que les secrétaires.

Les notables du village, infor-més du succès de l’enfant du pays,fixaient avec lui le jour de son“ Retour glorieux ”. La processioncomportait des musiciens, des por-teurs d’étendards multicolores,d’armes diverses... Le palanquindu lauréat, protégé par un parasolvert, était précédé par celui de sonMaître et ceux de ses parents, suivipar celui de sa femme. Tous lesporteurs défilaient en tenue deparade. Les notables fermaient lamarche.

Amis et villageois se rendaientchez le nouveau Cÿ-nh‚n pour leféliciter, munis de cadeaux. Ilsétaient conviés à des festins sou-vent prolongés par une représenta-tion théâtrale.

Puis le nouveau lauréat atten-dait tranquillement sa nominationcar son nom était porté automati-quement sur le registre du ministè-re des Fonctionnaires. Un Cÿ-nh‚ndébutait normalement commeHu§n ’o (professeur adjoint dansune sous-préfecture), puis gravis-sait les échelons jusqu’à la fonc-tion de T±ng Øc (préfet).

III – Les autres concours –La réforme

A. Concours à la capitaleet concours au palais royal

a. Concours à la capitale (Hµi thÌ)La procédure était, à quelques

détails près, identique à celle desconcours régionaux. En dehors desCÿ-nh‚n, étaient autorisés à se pré-senter aussi tous les boursiers del’État, les membres de la familleroyale... ayant réussi à un examenspécial. Le nombre des candidats,plus restreint sous les Nguy≠n(XIXe et XXe siècles), variait entrecent et sept cents, il pouvait attein-dre cinq mille au XVe siècle.N’ayant plus besoin d’apporterleur tente, banquette et pupitre(fournis par l’administration), lescandidats, considérés maintenant

comme des mandarins, devaientrevêtir leur robe de cérémonie pourcomposer.

Les épreuves, au nombre dequatre également, comportait enplus la rédaction d’un “ chi™u ”(édit royal) et d’un “bi¨u” (adressed’un sujet au roi). Pour garantirl’impartialité des examinateurs, lescompositions rédigées à l’encrenoire étaient recopiées soigneuse-ment en rouge par les secrétaires.On gardait l’original et remettait lescopies conformes aux correcteurs.

Il n’y avait pas de proclamationsolennelle des lauréats qui étaientconnus par voie d’affiche. La réus-site conférait aux reçus juste ledroit de participer au –iÆn thÌ.

b. Concours au palais royal(–iÆn thÌ)

Il ne durait qu’une journée etétait considéré comme la dernièreépreuve du concours précédent. Ilpermettait de classer les lauréats entrois catégories : les docteurs dupremier degré, ceux du deuxièmedegré et ceux du troisième degré,les plus nombreux.

Les candidats, conduits par lemandarin du protocole, gagnaientleur place après avoir été fouillésminutieusement. Puis, avec le pré-sident du jury, ils se mettaient àgenoux devant le Trône pourattendre du souverain l’ordre decommencer. Une fois l’ordredonné, ils se prosternaient en signede remerciement avant de retournerà leur place.

L’épreuve unique (–Øi s·ch),distribuée après le départ del’empereur et des examinateurs,comprenait une liste impression-nante de questions portant sur lapolitique, la législation, la morale...Voici une question posée parl’empereur TÒ –—c en 1868, aprèsla prise des provinces de Vinh-long,Ha-tiên, par les Français en 1867 :“Les envahisseurs se montrent deplus en plus agressifs. Leurs forte-resses se dressent partout. Allons-

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nous continuer notre combat ouvaut-il mieux faire la paix aveceux ?” Réponse de V˚ Tuân, majorau concours précédent : “ Conti-nuons la lutte. Nous possédons unearmée considérable et bien entraî-née, montrons notre courage. ” Com-mentaire de TÒ –—c : “Ce candidatn’est pas réaliste, le sens de l’obser-vation lui fait défaut. ” V˚ Tuân futajourné et dut se contenter du titrede PhÛ B‰ng (meilleurs des refusés).

Pendant la composition, l’em-pereur faisait servir aux candidatsdu thé, du bétel, des friandisespour marquer son intérêt à l’égardde cette élite de ses sujets. Ceux-cidevaient, chaque fois, faire dessalutations profondes pour leremercier. Ils étaient autorisés àtout emporter chez eux, y comprisla vaisselle, en souvenir de ce jourinoubliable. Au repas de midi,offert par le ministère des Rites, ilsétaient dispensés des cérémoniesde remerciement.

Vers huit heures du soir, onramassait copies et brouillons. Lessecrétaires, de nouveau, reco-piaient les compositions à l’encrerouge. L’empereur présidait lui-même la correction.

Après la proclamation des résul-tats au palais royal, qu’ils écoutaientà genoux, les lauréats visitaient leparc impérial, guidés par le ministredes Rites. Jadis, il leur était permisd’y cueillir une fleur dont l’orfèvredu roi ferait une réplique exacte enor, montée sur une épingle, pourorner leur bonnet. Des plaisantinsracontaient qu’un certain docteuravait choisi une fleur de bananier(connue pour son poids !).

On perpétuait leurs noms surdes stèles érigées au Temple de laLittérature.

En tout et pour tout, le Viêt-nam avait organisé 187 concoursde doctorat, couronnant 2 991 lau-

réats. Il ne s’agissait pas de lasanction d’un cycle d’études,d’acquisition d’une somme deconnaissances, mais d’un mode derecrutement d’hommes appelés àdiriger le pays. ThiÍn tÿ c•u hi´n(L’empereur recherche les sages),ces quatre mots étaient affichésbien en vue au-dessus de la porteprincipale de chaque centre.

B. La réforme etl’influence française

Le traité de Patenôtre (1884)mit le Tonkin et l’Annam définiti-vement sous le Protectorat fran-çais. Les concours furent abolis en1919. Toutefois, dès 1898, leGouverneur général Paul Doumersigna un projet de réforme qui sti-pulait l’usage obligatoire du quØcngÊ et du français à partir de 1903.En fait, les premières mesures deréforme, appliquées en 1909,n’étaient que transitoires : le quØc

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Le camp des lettrés, Centre de Nam Dinh, 1912.

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ngÊ était obligatoire mais le fran-çais demeurait facultatif et nedevenait obligatoire qu’en 1915.L’édit du 21 décembre 1917 rem-plaça l’enseignement traditionnelpar l’enseignement franco-annamite.

Voici quelques sujets donnés en1909, à titre indicatif :– première épreuve (en chinois).“ Tu th‚n (se perfectionner). Leslivres d’Occident traitant des ver-tus civiques, des cultures physiqueet intellectuelle... présentent-ilsquelques analogies avec les livresclassiques chinois ?”– deuxième épreuve (en quØc ngÊ).“ L’air, sa composition. Le vent etses causes. ” On remarque quel’épreuve en vers était supprimée.

À noter aussi que le nombre descandidats était en chute libre à par-tir de 1909 parce que certains let-trés refusaient obstinément d’ap-prendre le quØc ngÊ, qu’ilsconsidéraient comme une écritureinventée par les envahisseurs. Parcontre, le chiffre gonflait démesu-rément aux concours précédant laréforme. Au Centre de Nam Dinh,par exemple, des 3 000 à 5 000candidats habituels, il passait à12 948 en 1900, à 10 349 en 1903,puis chutait à 3 068 en 1909, à1 398 en 1912.

De nos jours, on a tendance àpenser que la suppression desconcours était due au désir du gou-vernement du Protectorat de rem-placer l’influence chinoise parl’influence française. En réalité,elle était aussi réclamée par desréformateurs vietnamiens tels quePhan Bµi Ch‚u (1867-1940, majorà un concours régional), Tr•n BÌchSan (1840-1878, trois fois majoraux trois concours), etc. Déjà, audébut du XVe siècle, H∞ Q˙y Lyavait introduit l’usage du Nômdans l’éducation, à côté du chinois,et le premier concours en Nôm futorganisé à Nghê-an, sous l’empe-reur Quang Trung, en 1789. Desmesures de réforme radicales(usage du Nôm dans l’administra-tion, étude des langues étrangères,

des sciences exactes...) proposéespar Nguy≠n Trfl∂ng Tµ dès 1863,dans une trentaine d’adresses à laCour, furent examinées avec intérêtpar l’empereur TÒ –—c, mais seuleune infime partie se concrétisait(envoi d’étudiants à l’étranger, enFrance notamment).

Les innovations apportées parles Français, à part l’abandon desépreuves en vers, commencèrent,en 1906, par la suppression del’interdiction aux concours descandidats en deuil. Cette interdic-tion était redoutable car elle pou-vait faire perdre jusqu’à neuf ans àun étudiant si, par malheur, celui-cisubissait deux décès consécutifs deses parents, suivis d’une gravemaladie, qui l’empêchaient de seprésenter aux trois concours suc-cessifs. Cette interdiction futlevée ; par contre, en 1909, unelimite d’âge (50 ans) fut imposéeaux concurrents. Une autre innova-tion, remarquable aussi : on photo-graphiait en 1912 les admissibles àla deuxième épreuve (20 parphoto), ce qui était évidemmentplus simple que de déplacer leschefs du village le jour desépreuves pour identifier les candi-dats comme on le pratiquait au XVe

siècle !h

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Aucun système, si bien conçusoit-il, ne résiste à l’épreuve dutemps. Les raisons du déclin desconcours sont multiples, en voiciquelques-unes :– les privilèges nombreux inci-taient les lettrés à rechercher laréussite plutôt que le but initial : sedévouer aux intérêts publics. Lesmandarins intègres disparaissaient ;– trop d’admiration pour la civili-sation chinoise les conduisait à nepas accepter d’autres cultures.Convaincus de leur supériorité, ilsrépugnaient à admettre une failledans leur système, demeuraienthostiles à toute ouverture versl’Occident, s’enfermaient dans uneignorance quasi totale du mondeextérieur ;

– habitués à valoriser d’une façonexcessive les qualités intellec-tuelles, ils méprisaient l’usage dela force. La défaite militaire,entraînant la perte de l’indépen-dance, contribua à jeter le discréditsur le système.

L’enseignement traditionnel,pour sclérosé qu’il était, avaitcependant le mérite de former uneclasse de dirigeants qui, par leursavoir et leur conduite, arrivait àgagner la confiance et l’estime dupeuple, et jouissait d’un prestigedont bénéficient encore les intel-lectuels de nos jours. P. Pasquierraconte, dans l’Annam d’autrefois,qu’un jour, en 1898, à Cau Do, ilfut surpris avec le Résident par un“ tintamarre effroyable ”. Il s’agis-sait d’une procession accompa-gnant un mandarin en palanquin,avec musique, étendards... La foules’arrêta devant la résidence, unhomme s’avança et, après saluta-tions, formula une requête surpre-nante :“ Nous sommes les chefs et sous-chefs du HuyÆn Phú xuyên. Notresous-préfecture comptait parmi seshabitants un grand nombre de let-trés, de licenciés et même de doc-teurs. Il n’est donc pas admissibleque notre nouveau chef soit moinslettré et moins gradé que nous-mêmes. Or le nouveau quan huyÆn(sous-préfet) n’est même pas T˙-t‡i. Il ne pouvait donc décemmentnous donner des ordres. C’est dansl’intérêt de l’administration quenous vous ramenons le nouveauquan huyÆn en vous priant de vou-loir bien le remplacer par un man-darin lauréat du concours triennal,ce dont nous vous serons dix millefois reconnaissants. ”

Ce sous-préfet était en effetsans instruction et avait été nomméuniquement pour service rendu auProtectorat. Il s’empressa dedécouvrir une maladie grave etsubite qui le força à demandercongé.

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Le sortilège et ledésenchantement

1. Le Viêt-nam fascineet ne laisse personne indif-férent. Mais l’engouements’essouffle et le sortilèges’amenuise.

Depuis la préparation etle lancement, il y a unedizaine d’années, puis lamise en œuvre du “ dôimoi ” (processus du renou-veau), le Viêt-nam a capté àtravers le monde curiosité,sympathie, attente, espoirmais suscite maintenantdoute, interrogation etinquiétude.

2. Depuis des mois eneffet, les perceptions cri-tiques à l’égard de la ges-tion de la politique d’ouver-ture économique ne restentplus cantonnées dans la dis-crétion feutrée des chancel-leries mais s’affichent ouvertementd’abord dans les médias d’expres-sion anglaise et désormais dans lespays et régions francophones. Lesvagues de critiques s’amplifient, ausein des instances du PCV (Particommuniste vietnamien), àl’Assemblée nationale et se propa-gent dans l’opinion publique auViêt-nam même.

3. Les réalités quotidiennesauxquelles sont confrontés les opé-rateurs économiques, surtout les

investisseurs de l’extérieur,contrastent singulièrement avec lesprofessions de foi affichées et lesdiscours prononcés par les diri-geants de haut rang du pays, aussibien dans des rencontres interna-tionales qu’au Viêt-nam même.Réformes succèdent aux réformesmais elles sont souvent contradic-toires et génèrent beaucoupd’incertitudes. L’action traîne loinderrière le verbe. Elle s’étouffeavec les deux gangrènes que sontla bureaucratie et la corruption,

sans oublier la plaie béantedu marché de contrebande.Il est difficile pour l’étran-ger de comprendre lepourquoi et le commentdes décisions qui, mêmeune fois obtenues et prises,ne sont pas à l’abri de nou-velles réglementations oude nouvelles procédurespouvant en modifier lecontenu, même parfoisrétroactivement. Cette pré-carité dans la certituderend malaisé tout calculcorrect de rentabilité desinvestissements à termeéloigné et favorise larecherche de profitsrapides à court terme.L’État de droit généralisése fait attendre et resteabstrait comme un vœupieux. Cet état des affairesfragilise la confiance desmilieux économiquesinternationaux dans la tan-gibilité et l’efficacité despolitiques économiques du

pays. Beaucoup d’investisseurssont découragés et commencent àse détourner du Viêt-nam, attirésvers d’autres cieux plus clémentset plus attrayants en Asie du Sud-Est et ailleurs. L’IFC (Internationalfinance corporation) de la BanqueMondiale, par la voix de son vice-président Jannik Lindbaek, n’a pashésité à affirmer récemment à HàNôi que les “ foreign investors hadlost their initial enthusiasm for thebusiness environment in VietNam.” Pourtant...

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Viêt-nam

LE VIÊT-NAM :PETIT DRAGON DEVIENDRA-T-IL GRAND?

TRÂN Van-Thinh,

ancien ambassadeur de l’Union européenne

© TRÂN VAN-THINH

Petite paysanne de Nam Hà.

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La confiance

4. En dépit de cette dégradationde l’image du Viêt-nam et des réa-lités vietnamiennes, les rapports dela BIRD (Banque Mondiale) et leFMI (Fonds monétaire interna-tional) délivrent des “ satisfecit ”sur la gestion économique du payset ces institutions recommandentaux autorités du pays la poursuiteaccélérée des réformes pour hâterl’intégration dans l’économie demarché. Le Club de Paris enre-gistre récemment encore de nou-veaux engagements financiersimportants en faveur du Viêt-nam.

5. Le Viêt-nam est-il en mesurede relever tous les défis pourrépondre à cette confiance ?

La stabilité politique

6. La première condition, sinequa non, est la stabilité politique :celle-ci est vigoureuse.

Depuis le 8e Congrès du Particommuniste vietnamien, le paysébauche, tranquillement et sanshâte, la mutation au sommet del’État : on est maintenant très loindes fébrilités habituelles de la pré-paration et des tractations inévi-tables à chaque congrès du Parti. Àla fin de cette année, l’actuelle troï-ka (le secrétaire général du PCV, lechef de l’État et le premierministre) céderait tranquillement etprogressivement la place à unenouvelle équipe dirigeante investiede la confiance des trois aînés dusommet qui auront ainsi assuréleur succession respective dans uncompromis à la vietnamienne. Le8e Congrès du PCV a bien réussi lerajeunissement des cadres à tousles échelons du pays, à l’exceptionde celui du sommet. La formule ducompromis maintenant la troïkaactuelle en place est supposéedéboucher sur une solution défini-tive à l’occasion d’une Sessionextraordinaire du Congrès fin 1997début 1998.

Cette formule de transition han-dicape quelque peu la conduite etla gestion de la politique écono-mique du pays. Elle risque, à toutle moins, de conforter les investis-seurs étrangers dans l’expectativeet le scepticisme. C’est pourquoi legouvernement Vo Van Kiêt s’effor-cera de rassurer, de clarifier et demaintenir le cap de l’ouvertureéconomique avec le soutien duSecrétaire général du PCV, duBureau politique du PCV et del’Assemblée nationale.

La poursuite de laréforme économique

7. Selon toute probabilité, lesdeux prochaines années verront seprolonger la période d’incertitudeet de morosité qui a prévalu tout aulong des mois précédant le 8e

Congrès du PCV. Mais ce qui estimportant est de constater que lapolitique d’ouverture économiquese poursuit, sans précipitation niralentissement, en attendantl’émergence d’une nouvelle équipedirigeante qui reflétera nécessaire-ment un dosage subtilement équili-bré des forces en présence. Ainsiconfortée, cette équipe pourrapoursuivre la longue marche pourachever les réformes les pluscontroversées, notamment cellesconcernant la “ semi-privatisation ”de bon nombre d’entreprises éta-tiques et la création d’une bourse.La poursuite du processus se heur-tera à des obstacles et à des réti-cences à tous les échelons de tousceux qui détiennent une parcelle depouvoir menacée, même si l’appro-fondissement des réformes estreconnu comme inévitable poursoutenir une croissance rapide del’économie, et par là même laprospérité du pays. De toute façon,le pays est maintenant trop relié aureste du monde pour pouvoir yrenoncer.

8. La preuve la plus marquantede la poursuite des réformes résidedans l’adoption des nouvelles

règles de capitalisation (equitisa-tion) des entreprises étatiques :auparavant il fallait qu’obligatoire-ment celles-ci soient volontaires aupréalable, alors que désormaisleurs propriétaires, villes, pro-vinces et État central peuvent déci-der sans leur accord de les privati-ser à l’exception des entreprisesclassées dans la catégorie “ straté-giques ”. C’est ainsi que Hô ChiMinh Ville a saisi cette nouvellepossibilité pour annoncer sonintention de capitaliser 50 de sesentreprises et d’insuffler ainsi unballon d’oxygène au processusfrappé de paralysie. On espèreainsi dynamiser l’économiequelque peu coincée dans le sec-teur étatique. Bien que favoriséespar rapport aux entreprises privéeset aux co-entreprises (JointVentures) pour l’accès aux disponi-bilités foncières, au crédit, auxlicences d’exportation, les entre-prises étatiques, souvent scléro-sées, n’ont guère brillé par la créa-tion d’emplois et les performancesà l’exportation.

C’était ainsi que la “ Refri-geration Electrical EngineeringCorporation” (REE) qui appartientà Hô Chi Minh Ville a vendu àcinq investisseurs étrangers desobligations convertibles au tauxd’intérêt annuel fixe de 4,5% pour4,5 millions de US $ ; ces obliga-tions seront transformées enactions à un taux qui serait déter-miné en fonction des profits netsentre 1996-1998. La REE importedes climatiseurs et en assure lamaintenance. Elle compte utiliserles fonds frais obtenus pour finan-cer sa participation à deux co-entreprises (Joint Ventures), l’uneavec la compagnie américaineCarrier (fabrication de condition-neurs d’air) et l’autre avec la japo-naise Hitachi (production de réfri-gérateurs). À préciser que Hô ChiMinh Ville détient 30% du capitalde REE.

Pour appuyer cette orientationet fixer les règles du jeu, le premierministre a créé un Conseil national

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pour la capitalisation dirigé par unministre sans portefeuille, M. PhanVan Tiêm. À noter également quedans le rapport politique adoptépar le Congrès, on a éliminé lespoints négatifs pour le secteurprivé, prônés par les opposants à laréforme et contenus dans le projetinitial diffusé en avril 1996 pourpermettre les discussionspubliques, comme par exemplel’objectif controversé de 60 % duPIB (contre 40 % actuellement)pour l’an 2020, à réserver auxentreprises et aux coopératives éta-tiques.

9. La poursuite de la réformeéconomique est intégrée dans lapolitique d’ouverture menée lente-ment mais sûrement. Le pays aconclu un accord avec l’Unioneuropéenne, est devenu un membreactif de l’ANASE (ASEAN), seprépare à s’engager dans l’Accordde libre-échange de l’ANASE(AFTA), pose sa candidature auforum de Coopération économiqueAsie-Pacifique (APEC), active lesnégociations d’adhésion à l’OMC(Organisation mondiale du com-merce) sans oublier la normalisa-tion des relations avec les États-Unis. Ce sont autant de jalonsposés qui confortent le caractèreirréversible du “dôi moi”.

Est-ce suffisant pour réussir ?car dans le domaine de la gestiondes affaires économiques, si vou-loir est indispensable, pouvoir resteune autre affaire, conditionnée pardes facteurs incontournables.

Les perspectives économiques

10. Les investissements étran-gers directs (FDI) conditionnentla prospérité économique duViêt-nam.

Pourtant au Viêt-nam, le succèsdes entreprises bénéficiant de cesinvestissements a suscité des per-ceptions et des réactions d’hostilitécontre les firmes étrangères. Lescampagnes de presse mettent en

relief la perte des marchés locauxque les entreprises vietnamiennesn’ont pas su conserver (faute defonds propres et aussi de compéti-tivité) et surtout la multiplicationde cas de mauvais traitementsimposés aux travailleurs vietna-miens par les firmes étrangères,généralement asiatiques. À préci-ser que Taiwan, le Japon, Singa-pour, Hong-Kong et la Corée four-nissent 60 % des investissementsétrangers directs.

Du côté des investisseurs étran-gers, on se plaint des impôts troplourds, du coût excessif du trans-port aérien intérieur, des prix éle-vés des hôtels et de ceux exorbi-tants des télécommunications(déclaration de M. Akira Nishio,président du Comité économiqueJapon-Viêt-nam). On peut rappelerle cas des Australiens qui étaientles premiers à se précipiter au Viêt-nam avec le “ dôi moi ” et qui ontannulé ou réduit des projets impor-tants (Westralian Sands, PortmanMining, Westfarmers, Broken HillProprietary...).

Amorcé début 1996, un certainralentissement des investissementsétrangers directs se poursuit. Leralentissement résulte à la fois del’attitude d’attente des investis-seurs et d’un certain désenchante-ment dû aux complications bureau-cratiques, aux prélèvementscorrupteurs, à une gestion insolitedes co-entreprises (Joint Ventures)qui permet au partenaire vietna-mien d’exercer de facto, et mainte-nant de jure, un veto de façon par-fois capricieuse et versatile. Il fautajouter d’autres raisons comme parexemple la saturation de certainssecteurs tels que l’hôtellerie et sur-tout la concurrence d’autres mar-chés plus attrayants aux Philip-pines, au Myanmar...

Une autre cause du ralentisse-ment provient enfin de la sélectiondu ministère du Plan et del’Investissement (MPI) qui réservela priorité aux projets d’industriesde haute technologie et de produc-

tion pour l’exportation, aux projetsd’industries agro-alimentaires, auxprojets dans les secteurs d’infra-structure, du gaz et du pétrole.

Pour 1996, les projets approu-vés touchent essentiellement àl’industrialisation. Le MPI aapprouvé des projets pour un mon-tant global de l’ordre de 6,5 mil-liards de US $ pour toute l’année1996.

11. Ces chiffres ne doivent pasfaire oublier que l’écart resteimportant entre les engagementset les investissements effectifs. LeViet Nam Economic Times évalue à5,7 milliards de US $ les débourse-ments effectifs sur les 16 milliardsde US $ d’engagements d’investis-sements étrangers directs (FDI)pour la période 1992 à 1995, soit35,6 %. Pour les crédits publicsODA, seulement 800 millions deUS $ ont été effectivement utiliséssur les 6 milliards de US $ promisentre 1988 et 1995, soit 13,3%. Ilest clair que la déficience etl’absence de cohérence du systèmejuridico-réglementaire y ont large-ment contribué, en plus des obs-tacles mentionnés dans les para-graphes précédents.

Le défi est impressionnant. LeProgramme des investissementspublics 1996-2000 prévoit uneinjection de 41,4 milliards de US $,soit deux fois plus que pour lescinq dernières années. Les objectifssont de soutenir une croissanceannuelle de 9 à 10 % pour le PIB,de 4,5 à 5% pour l’agriculture, de14 à 15% pour l’industrie et de 12à 13 % pour les services. Le totaldes investissements requis passeraitalors de 27% du PIB actuellementà 34% en l’an 2000.

12. Le contraste est saisissantentre ces efforts imposants etl’engouement déclinant pour leViêt-nam en dépit d’une légèreamélioration toute récente. Depuisle 1er janvier 1997 l’indicateurTMCV (taux minimum de correc-tion de valeur) auquel se réfèrent

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Viêt-nam

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investisseurs et financiers occiden-taux est passé de 75% à 70% pourle Viêt-nam : autrement dit sur lesmarchés financiers internationaux,les créances sur le Viêt-nam sontcotées à 30 % de leurs valeursnominales ou réelles (contre 25 %l’année passée).

13. Investir au Viêt-namaujourd’hui implique un véritableparcours du combattant. Pire quecela, investir au Viêt-nam devient“ stressant ”. Seuls les grandesentreprises et les francs-tireurs despetites affaires occupant de bonscréneaux sont en mesure d’y faireface.

Pourtant le Viêt-nam a vérita-blement besoin de réduire sesdisparités internes croissantes etde prévenir les effets négatifsd’une économie de marché outran-cière en tissant à travers tout lepays une trame humaine, cultu-relle, sociale et économique aussiéquilibrée que possible grâce àl’apport en expérience de ges-tion, en investissement technolo-gique et financier des PME/PMI,surtout européennes. Or les PME/PMI européennes sont pratique-ment absentes du Viêt-nam.

14. Les indicateurs et les prévi-sions sont dans l’ensemble encou-rageants, en dépit de quelquesnuages.

• Croissance du PIB : 9,3 %pour le premier semestre de 1996 –entre 9 % et 10 % par an jusqu’àl’an 2000 (calcul de prévision de laBanque Nationale et de la BanqueAsiatique de Développement).

• Croissance de la productionindustrielle : 14% – 15% pour 1997.

• Croissance de la productionagricole : 4,5% – 4,9% pour 1997.

• Croissance de l’industrie desservices : 12% – 13% pour 1997.

• Inflation : moins de 10 % etprobablement entre 6 et 7 % pour

1996 (1991 : 67%, 1992 : 17,5%,1993 : 5,2%, 1994 : 14,4%, 1995 :12,7 %) – à noter que le gouver-neur de la Banque d’État, Cao SiKiêm, redoute l’amorce d’un pro-cessus déflationniste quand il aindiqué qu’un taux d’inflation plusbas risquerait d’être préjudiciable àl’économie du pays.

• Industrie : la croissance de lademande d’acier sera de 20 % à30 % par an jusqu’à l’an 2000 aumoins (de 1 million de tonnes en1995 jusqu’à 3 millions de tonnesen 2000 et jusqu’à 7,7 millions detonnes en 2010) – la productiond’acier brut ne sera que de 340 000tonnes pour 1996 mais la capacitéde production en barre, en tige eten plaque serait excédentaire aprèsl’an 2000 – dans la province de HaTinh, près de Vinh et de la mer, lesréserves de minerais de fer deThach Khe, de l’ordre de 500 mil-lions de tonnes, font l’objet d’unprojet d’exploitation pour l’expor-tation (Krupp et trois autres socié-tés) de 700 millions de US $ à1,2 milliard de US$.

• Agriculture : pour 1996exportation de 2,8 millions detonnes de riz décortiqué pour unerécolte d’environ 25,8 millions detonnes de paddy – à noter la chutedes cours du paddy (prix de grosde 182 US $/tonne en mars à127 US$/tonne en juin) payés auxproducteurs, chute due à une récol-te d’hiver/printemps abondante auViêt-nam même et aux perturba-tions du marché mondial, en raisonde la réduction des achats de laChine et de l’Indonésie et del’émergence de deux nouveauxexportateurs, l’Inde et Myanmar.

• Énergie et mines : la croissan-ce des besoins en énergie élec-trique sera de 14% par an jusqu’en2000 et de 12% après – le gouver-nement a adopté un plan de dou-blement de la production qui pas-serait de 16,4 milliards de kWh en1996 à 26-29 milliards de kWhpour l’an 2000 – ce plan est basésur le développement de l’utilisa-

tion du charbon dans le nord, desressources hydrauliques dans lesHauts Plateaux et du gaz dans lesud – il nécessite un investisse-ment de 6,5 milliards de US$ dontl’essentiel devrait provenir du sec-teur privé – les institutions finan-cières internationales comme laBanque Mondiale et la BanqueAsiatique de Développementsubordonnent leur financement àune participation initiale du gou-vernement vietnamien de 15 % –en raison du coût élevé de cettecontribution initiale, le gouverne-ment pense sérieusement à la for-mule BOT (build-operate-transfer)– c’est ainsi que dans le cas de lacentrale de Phu My 2 à Vung Taudans le sud, pour obtenir le prêt de180 millions de US$ de la BanqueMondiale pour la phase 1, le gou-vernement a dû accepter la formuleBOT pour la phase 2, laquelle coû-terait 500 millions de US $ – lestravaux pour la phase 1 ont com-mencé pour les 2 générateurs à gazde 150 MW et seraient achevés enmars 1997 – à noter que le coût dePhu My 1 d’environ 955 millionsde US$ serait financé par le Japon– à noter que la formule BOT auViêt-nam a encore besoin d’êtremise au point sur les plans législa-tif et réglementaire – pour le pétro-le et le gaz, le ballet étonnant desva-et-vient des compagnies étran-gères met en évidence les doutessur le volume des réserves exploi-tables et laisse prévoir des révi-sions des contrats d’exploitationnotamment ceux basés sur le parta-ge de la production – des ajuste-ments sont intervenus dans ladirection de Petro Vietnam – laproduction est évaluée à 8,2 mil-lions de tonnes en 1996 contre 7,8millions de tonnes en 1995 – lechoix du site de Dung Quat dans lecentre du pays pour l’implantationd’une raffinerie de 1,3 milliard deUS $, après le retrait de Total,reçoit le soutien d’un consortiumde sept compagnies (dont deuxaméricaines) qui a chargé deuxbureaux d’études américain et bri-tannique de réaliser une étude defaisabilité détaillée, ce qui permet-

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Viêt-nam

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trait difficilement, malgré la déter-mination du gouvernement, la miseen chantier du projet avant de nom-breuses années et ce qui ravive uncertain intérêt pour des solutionsde transition et d’attente dans undomaine ultra-sensible sur le planpolitique – pour soutenir le projetde raffinerie, un autre d’infrastruc-ture pour la création à Dung Quatd’un parc industriel de 500 hec-tares d’un milliard de US $ estenvisagé par un consortiumconduit par une société thaï.

• Télécommunications : Internetpour 1997? Quel filtrage du minis-tère de la Culture et de l’Informa-tion ? L’incontournable Viet NamPosts and Telecommunications(VNPT) qui, par ailleurs, doitaffronter jusqu’à l’an 2005 unedemande croissante de 35% à 40%par an d’installations télépho-niques et qui est contraint à recou-rir à la formule du partage desrevenus (revenue sharing) avec descompagnies étrangères (premiercontrat récemment signé avecKorea Telecom pour un projet de40 millions de $ dans trois pro-vinces du Nord).

• Monnaie et Finances : le défi-cit de la balance commerciale étaitde 2,3 milliards de US $ pour toutel’année 1995 et il a déjà atteint2 milliards pour le premiersemestre de 1996 ( il dépasserait15 % du PIB sans comptabiliser lecommerce parallèle de contrebandequi couvre essentiellement les biensde consommation et, en fait, cedéficit reflète largement les intrantsqui accompagnent les investisse-ments étrangers directs et lesbesoins d’une industrie de transfor-mation en expansion accélérée) etrisquerait de devenir alarmant pour1996 en dépassant 5 milliards deUS $ – il n’en reste pas moins queles exportateurs qui affrontent lesimportations sur le marché vietna-mien et la concurrence sur les mar-chés d’exportation souffrent de lastabilité d’un dông (monnaie natio-nale) surapprécié – la gestion de laconfiance dans le dông, de la parité

dông/US $ (11 000 dông pour1 US $ actuellement) ainsi que destaux d’intérêt est très difficile, etdélicate à la fois techniquement etpolitiquement, mais il est probable,voire évident, qu’un glissementgraduel et tâtonnant de la déprécia-tion du dông (objectivement del’ordre de 8 %) devient inévitable àbrève échéance pour doper lesexportations et réduire le déficitextérieur – à noter également unedette commerciale cumulée, etconsolidée, de l’ordre de 800 mil-lions de dollars dont les banquesjaponaises détiennent les deux tiersdes créances. L’accord du Club deLondres, pratiquement acquis, estattendu prochainement pour per-mettre l’émission des Euro-obliga-tions pour un montant de l’ordre de100 à 150 millions de US$ sur lesmarchés financiers internationauxpar Merrill Lynch, Nomura etDeutsche Morgan Grenfell.

Peut-être devrait-on ajouter àcela la nouvelle législation, toutrécemment adoptée par l’Assem-blée nationale, sur les investisse-ments étrangers qui a été conçuepour réaménager une législationdatant de 1987, modifiée en 1990,puis en 1992, afin de stimuler etd’attirer les investissements étran-gers (un décret d’application dugouvernement sur la “ catégorisa-tion” des investissements et de leurtraitement est attendu après le Têt).La nouvelle législation suscitepour le moment des réactions plu-tôt mitigées.

15. En conclusion : les perspec-tives de croissance jusqu’à l’an2000 sont bonnes et la tendancedevrait pouvoir se poursuivrejusqu’en 2010 – dans ce contexte,et compte tenu du rôle déterminantdes investissements étrangersdirects (FDI), cette tendance et savitesse dépendront largement de lagestion et du succès des deux for-mules balbutiantes du BOT (build-operate-transfer) et du partage desrevenus (revenue sharing) elles-mêmes tributaires du progrès del’instauration de l’État de droit au

Viêt-nam. Peut-être faudrait-ilmentionner l’existence d’un bas delaine, évalué à environ 10 milliardsde US$ dont 20 à 25% en devisesfortes que leurs détenteurs utilisentpour des dépenses de santé, d’édu-cation et même de consommation.Le gouvernement s’emploie avecbeaucoup de peine à orienter cetteépargne vers les investissementsproductifs.

En dernier ressort, l’épine dor-sale de tout développement écono-mique durable repose sur l’énergie.Le Viêt-nam disposera-t-il d’éner-gie suffisante et compétitive pourles prochaines décennies ? Saufdérapage imprévu, les besoinsseront couverts jusqu’en 2010.Mais d’ores et déjà, les optionsdoivent être choisies pour l’après2010. Il serait difficile de dévelop-per davantage les types de cen-trales nucléaires actuelles ou envi-sagées pour bon nombre de raisonsdont celles concernant l’écosystè-me de la région. L’option nucléaireparaît inévitable. Les scientifiqueset les autorités vietnamiens sontparticulièrement attentifs au pro-blème de sécurité des centrales etaux conséquences à long termepour les déchets radioactifs.L’approche de Carlo Rubbia avecson amplificateur d’énergie et lacampagne d’information menéepar Georges Charpak les séduisent.Mais le temps presse...

Remarques in fine

16. Les perceptions sur la com-pétition pour le pouvoir au Viêt-nam, compétition qui freine lesréformes doivent être relativiséesdevant un enjeu considérable, celuide la transition du pays vers l’éco-nomie de marché. Le passage duViêt-nam à l’économie de marchéest inexorable et rien ni personnene pourra l’arrêter. En effet, avec lamondialisation de l’économie quiprogresse en s’accélérant, tout blo-cage de ce processus fragilise lepays et le conduit à terme à sa mar-ginalisation.

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Viêt-nam

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17. Il s’agit dès lors pour lesVietnamiens, pour leurs dirigeantset pour la communauté des inves-tisseurs intéressés par le Viêt-nam,de gérer cette transition sans désta-biliser le pays tout en assurant laprotection de leurs intérêts respec-tifs légitimes.

18. Les dix premières annéesde la réforme économique, du“ dôi moi ”, ont laissé apparaîtredes contrastes frappants et desfractures alarmantes sur une toilede fond de boom d’urbanisation,de boom de bureaucratie, de boomde corruption, de boom de riches-se et de riches, de boom de pau-vreté et de pauvres... Au Viêt-namd’aujourd’hui, tout se côtoie, lacampagne douce et laborieuse, lacité fébrile et polluante, lemeilleur et le pire, les bienfaits etles méfaits de l’économie de mar-ché.

19. Sans doute le triomphemondialisé du marché dans la ges-tion économique fascine-t-il etmasque-t-il une méconnaissancede l’économie de marché. Lesforces conservatrices lui repro-chent les méfaits et les forcesréformistes ne trouvent pas decontrepoids pour tisser l’équilibreindispensable entre les régions,entre les couches de la population,entre la campagne et la ville, entreles différents secteurs de l’écono-mie, et finalement entre l’État lui-même et les forces du marché.

20. Il ne convient ni d’idéaliserle marché ni de le pervertir mais dele coupler et de l’équilibrer avecl’État, son partenaire indispensablequi a la charge de tisser et degarantir les règles du jeu pour fairefonctionner une économie au servi-ce de l’homme et non pour l’asser-vir. Les Vietnamiens ont besoin de

cet équilibre entre l’État et le mar-ché pour construire leur prospéritédans la paix et pour tisser l’indis-pensable trame homogène du pay-sage culturel, économique et socialqu’ils ont reçu en héritage.

21. Il ne faut surtout pas négli-ger un atout de taille : un marchédomestique de 75 millions deconsommateurs qui seront 90 mil-lions en l’an 2010. C’est le contre-poids nécessaire aux variations desmarchés extérieurs.

22. Le dernier mot de cette pré-sentation d’un essai de synthèseencore incomplet revient au numé-ro un du pays, le Secrétaire généralDô Muoi, homme politique extrê-mement fin, qui a exprimé claire-ment sa volonté à ce sujet, celle defaire accélérer la réforme, dansl’efficacité et la stabilité.

hh h

C’est ainsi que, suivant lamythologie de l’origine des fonda-teurs du Viêt-nam – des dragonssacrés venus de la mer – le petitdragon vietnamien prendra toutson temps pour souffrir afin demûrir, pour apprendre à éviter lesécueils en tirant la leçon des succèset des échecs à la fois chez lui etchez ses partenaires, pour forgerun consensus national indispen-sable à la mise en œuvre d’unevoie spécifiquement vietnamiennedu développement, pour gagner labataille la plus difficile et la plusformidable de son histoire, celle dela paix pour le bonheur desVietnamiens. L’année Dinh-Suusous le signe du buffle qui vient decommencer est de bon augurepour cette longue marche : lebuffle, animal très populaire aupays du dragon, est connu pour saforce tranquille, son labeur, sonendurance et sa persévérance.

Les guerriers sont devenusmanagers. Ce sera ainsi que petitdragon deviendra grand! n

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Viêt-nam

© TRÂN VAN-THINH

On sera bientôt remplumé grâce au Dôi Moi (le Renouveau) (Hanoi).

JPH
Tampon
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Introduction

À quelques mois du sommet dela francophonie qui doit se tenir àHanoi au mois de novembre 1997,il est utile de faire le point sur cequi constitue une approche moder-ne de la francophonie. C’est cellede son rapport avec le monde desaffaires.

La langue française est ce quiunit les francophones. Elle les unitdans leur diversité géographique,culturelle, religieuse et philoso-phique. Mais, cet aspect fonda-mental ne doit pas être séparé del’activité des hommes, de leursmoyens d’existence, d’échange etde l’évolution contemporaine desrelations économiques.

Dans la culture française, on atoujours des hésitations à parlerd’économie et de commerce. C’estun tort.

En effet, si la francophonie nes’étend pas à l’activité écono-mique, la francophonie mourra etle français deviendra alors unelangue morte dont on admirera lavaleur littéraire sans l’utiliser dansles échanges entre les hommes.

Il faut donc ajouter à l’édificedéjà construit, une vision modernede la francophonie.

Il est donc important de démon-trer que la francophonie peut êtreégalement un bon investissementéconomique pour les Vietnamienset pour les Français.

Un constat

Du point de vue du praticiendu droit des affaires, il semble quela francophonie ne pèse pas enco-re d’un poids suffisant dans la vieéconomique du Viêt-nam.

Dès 1945 et jusqu’à une pério-de relativement récente, la situa-tion de la francophonie n’a cesséde se dégrader au Viêt-nam engénéral, et dans le monde desaffaires en particulier, en raison1) des tourmentes qu’a traverséesce pays qui ont relégué l’écono-mie au second plan et 2) de sesoptions économiques tournéesessentiellement vers la Chine etles pays de l’Europe de l’Est, cequi a conduit à l’essor du russe.

La politique d’ouverture préco-nisée à partir de 1986-1987, quis’est concrétisée par un code desinvestissements qui est le pluslibéral des pays socialistes, a per-mis le retour des investissementsen provenance des pays à écono-mie de marché dont la France, laSuisse, le Canada, la Belgique etdonc de la langue française.

Toutefois, le poids de la fran-cophonie dans le monde desaffaires demeure limité :A. Il est en réalité proportionnelau poids des entreprises franco-phones au Viêt-nam.Or, si on se réfère à la liste desvingt premiers partenaires écono-miques du Viêt-nam, force est de

constater qu’à part la France et laSuisse, tous utilisent l’anglaiscomme langue des affaires.B. L’environnement juridique etréglementaire laisse peu de placeau français puisque des textesaussi fondamentaux que la Loi surles investissements étrangers, surla fiscalité, le droit de la terre, dela faillite etc., s’ils font l’objetd’une traduction officielle enanglais n’ont pas leur équivalenten français.C. L’essentiel de la presse écono-mique est en anglais, même si onvoit apparaître depuis peu desrevues en langue française(Saigon Eco, Le Courrier du Viêt-nam, Viêt-nam Scoop, La Revuede Droit vietnamien etc.).D. Parmi les experts du ministèredu Plan et de l’Investissementcomme parmi ceux des grandsministères, dont l’avis est néces-saire pour obtenir une autorisationd’investissements, peu nombreuxsont ceux qui parlent notre langue.E. Les entreprises francophoneselles-mêmes n’ont peut-être pasassez conscience de la nécessitéd’imposer le français commelangue de travail.

Il est vrai que ces entreprisesne sont plus à proprement parler

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

Viêt-nam

LE VIÊT-NAMET L’ENTREPRISE FRANCOPHONE

Gérard NGO,

avocat associé, Ngo Miguérès & Associés*

* Ngo Miguérès & Associés est un cabi-net d’avocats inscrits au barreau deParis qui dispose d’un bureau à Hanoidepuis janvier 1992.

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des entreprises françaises mais devéritables multinationales. Toute-

fois, pourquoi ne pas négocier etrédiger nos contrats en françaislorsque notre partenaire vietna-mien maîtrise notre langue.

Il est à craindre que la situationne devienne irrémédiablementcompromise pour la communautéfrancophone des affaires si,demain, le Viêt-nam opte pour1) l’application uniforme du plancomptable anglo-saxon, 2) l’adop-tion de concepts juridiques plusspécifiquement anglo-saxons (le“ trust ” ou les contrats “BOT”) ouencore pour 3) une organisationjudiciaire de type anglo-saxon.

Ce constat, même s’il n’estguère brillant, ne doit pas remettreen cause notre conviction qu’ilexiste un avenir certain pour undéveloppement de la francophonieau Viêt-nam.

D’une part parce que c’estl’intérêt du Viêt-nam et d’autrepart, parce que c’est l’intérêt del’ensemble de la communautéfrancophone des affaires et enfin,

parce qu’il existe des moyens àmettre en œuvre qui emporteront

l’adhésion tant des Vietnamiensque des Français.

I - Le développementde la francophonieest un atout pour lesentreprises vietnamiennes

a. La francophonie estune ouverture surle monde des affaires

Les pays francophones repré-sentent une population de 150millions de personnes en dehorsdu Viêt-nam. C’est un ensemblevarié qui s’étend sur les cinqcontinents, recouvrant des paystrès divers.

La solidarité qui doit s’affirmeret se développer entre pays franco-phones permettra de trouver à lafois des complémentarités et dessynergies.

Actuellement, contrairement à

l’idée reçue, le nombre d’Étatsfrancophones augmente : outre leViêt-nam, des pays comme laBulgarie et la Roumanie y ontadhéré récemment.

Enfin, au Québec, les dernièresélections ont montré qu’il existe unparti dominant qui a, comme pro-gramme, l’indépendance de la pro-vince et l’entrée du nouvel Étatdans l’ensemble francophone.

La francophonie est aussi unlien entre les pays latins :l’Amérique latine, les pays médi-terranéens, pas seulement euro-péens connaissent la langue fran-çaise. Une certaine communautéde pensée, y compris dans lemonde des affaires, existe entreeux.

Parmi les pays francophones,on trouve de grandes complémen-tarités économiques :• pays à haut niveau de vie commela France, le Québec, la Suisse oula Belgique ;• pays producteurs de matières pre-mières comme beaucoup de paysafricains ;• pays riches en matière premières,à forte potentialité économique,dotés d’une population importanteet d’une main-d’œuvre susceptiblede maîtriser rapidement les techno-logies modernes, le Viêt-nam.

La francophonie est d’abord lerassemblement autour du françaiscomme vecteur de communication.

Mais cette langue véhiculebeaucoup de notions, de modes depensées, de systèmes juridiques, depratiques commerciales com-munes.

b. La francophonieest une ouverture surla technologie francophone

La technologie francophone,notamment dans les domainesaéronautique (Airbus), spatial(Ariane), de l’informatique, destélécommunications (Alcatel,France Télécom), de l’énergienucléaire et du transport ferroviaire(TGV), n’a rien à envier à la tech-nologie anglo-saxonne.

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Viêt-nam

PAYS

1 TAIWAN2 HONG-KONG3 JAPON4 SINGAPOUR5 CORÉE DU SUD6 ÉTATS-UNIS7 MALAISIE8 AUSTRALIE9 ÎLES VIERGES BRIT.

10 FRANCE11 SUISSE12 GRANDE-BRETAGNE13 THAÏLANDE14 PAYS-BAS15 SUÈDE16 BAHAMAS17 PHILIPPINES18 INDONÉSIE19 RUSSIE20 ALLEMAGNE

(Source : Vietnam Economic

Times,

d’après le Ministère du Plan et de l’Investissement)

NOMBRE DE PROJETS

24118713811914453444841711519572371

14123212

CAPITAL TOTAL(en millions de dollars)

3 6002 3002 2001 6001 6001 200858730671667585467468383375264217209129117

LES 20 PREMIERS PAYS INVESTISSEURS AU VIÊT-NAM(au 31 mars 1996)

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L’accès à la technologie franco-phone doit être facilité pour despays comme le Viêt-nam dont lepotentiel de développement estimportant.

Dans un pays comme le Viêt-nam où la solidarité familiale estforte, la francophonie peut êtreaussi une solidarité économiquefondée sur la confiance, une gran-de famille, mais une famille ouver-te, fondée sur l’égalité et le respectmutuel de ses membres.

c. La francophonieest une ouverture surle marché européen

L’Union européenne est aujour-d’hui la première puissance com-merciale mondiale.

Elle utilise largement la languefrançaise pour les travaux de laCommission. La Grande-Bretagneentrée plus tard, en 1972, n’a puobtenir que l’anglais supplante lefrançais dans les travaux quoti-diens de la Commission.

Beaucoup de textes fondateursont été pensés et transcrits, d’aborden français.

Aujourd’hui, les pays del’Union sont non seulement lesplus grands commerçants, ils sonten outre les principaux débouchéspossibles pour l’expansion com-merciale du Viêt-nam que noussouhaitons tous.

Le marché nord-américain seferme, le marché japonais n’ajamais été réellement ouvert.

L’Union européenne va devenirplus sélective, moins perméableaux produits des pays en dévelop-pement. Elle donnera toujours unpeu plus à ceux qui ont des titres àfaire valoir. La francophonie en estun.

À cet égard, il faut rappeler lesrécentes décisions de fermeture desfrontières de l’Union européenne àcertains produits venant de Chinepopulaire alors que, depuis long-temps déjà, la Chine avait eu desrelations privilégiées avecl’Europe.

Enfin, l’Union européenne a

des fonds de coopération. Elle peutles débloquer par une approchefrancophone.

d. La francophonierenforcera l’indépendancedu Viêt-nam

À côté des liens évidents quenul ne cherche à contester avec lemonde économique anglo-saxon etavec le monde économique chi-nois, il semble que le Viêt-namdevrait faire une place au mondeéconomique francophone car, c’estpour lui la garantie d’échapper à la

toute-puissance économique chi-noise ou américaine.

La famille francophone n’estpas dominée par un géant. Le Viêt-nam en est un des éléments lesplus peuplés, les plus dynamiques,les plus riches en potentialité.

Il doit en être un des moteurs.Il n’y a pas de chef dans la

communauté francophone. Il n’y aque des égaux et c’est toute la dif-férence avec le monde anglo-saxon.

II - La communautéfrancophone des affairesest consciente

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Viêt-nam

15-30 octobre 1996

LISTE DE PROJETS D’APPEL D’INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS

1 Construction d’une usine de traitementd’aliments pour animaux

2 Élevage et traitement de viande d’animaux

3 Traitement des produitsà base d’huile de noix de coco

4 Construction d’une usine de fabricationde fibre de coco d’exportation

5 Production de pulpe de coco séchée etde lait de coco

6 Construction d’une usine de charbonde noix de coco

7 Construction d’un élevage de crevetteset d’une usine de fabrication d’alimentspour l’élevage des crevettes

8 Élevage de crevettes (semi-intensif)9 Expansion et amélioration de deux usines

de congélation10 Construction d’une usine de traitement

des fruits pour l’exportation11 Développement de la zone touristique

Tra Vinh12 Construction d’une route13 Construction de l’infrastructure de la

ZI Tra Vinh14 Production de vêtements

pour l’exportation15 Usine de traitement d’ordures

16 Amélioration et expansion du port Tra Vinh17 Plantation de canne à sucre et construction

d’une usine de production de sucre18 Construction de la ZI Tra Vinh, au bord

de la mer de l’Est

2 000 tonnes

5 000 tonnes

10 tonnes d’huile de noix

de coco par jour

30 tonnes de savon par jour

480 000 tonnes

2 000 tonnes

300 tonnes

Production de crevettes :

80 millions d’unités par an,

63 000 tonnes par an

1000 ha

5 000 tonnes

3 000 tonnes

700 ha

10 millions d’unités

2 500 tonnes par an

Capacité

annuelle

Capacité

annuelle

Capacité

annuelle

Capacité

annuelle

Capacité

annuelle

Capacité

annuelle

Capacité

annuelle

Capacité

annuelle

Superficie

Capacité

annuelle

Capacité

annuelle

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de l’enjeu économiqueque représentele Viêt-nam

Les entreprises françaises, etplus généralement francophones,ont conscience que l’Asie du Sud-Est est aujourd’hui la région où lacroissance sera la plus forte aucours des prochaines années.

Le Viêt-nam est l’un des der-niers pays où elles pourront rivali-ser avantageusement avec lesentreprises du monde anglo-saxon.

C’est la raison pour laquelleles entreprises françaises sontaujourd’hui de plus en plus nom-breuses à envisager des investisse-ments dans ce pays.

Beaucoup a été fait, mais beau-coup reste à faire.

Les entreprises françaises, lesgrands groupes notamment, doi-vent investir dans la francophonie,c’est-à-dire dans les pays franco-phones et donc dans le Viêt-nam.

Elles sont aidées par la puis-sance publique.

Plusieurs ministres se sont ren-dus au Viêt-nam cette année. LePrésident de la République devraitse rendre en visite officielle aumois de mai.

Des classes bilingues ont étéouvertes pour permettre à dejeunes Vietnamiens de parler cou-ramment le français.

Le sommet de Hanoi est ladémonstration de l’intérêt queporte la puissance publique aumaintien d’une présence écono-mique francophone au Viêt-nam.

Les crédits inscrits au protoco-le ont été multipliés par cinq encinq ans. Ils sont bien inférieurs àceux d’autres pays, mais ils sontdéjà significatifs.

III - Les moyens à mettreen œuvre pour renforcerla francophonie dans

le monde des affaires

Les partisans de la francopho-nie ne doivent pas désespérer dumonde des affaires. On peut êtrefrancophone, conscient d’apparte-nir à un ensemble solidaire et êtreun bon homme d’affaires.

De nombreuses entreprisesfrançaises désireuses d’investir ouinvestissant au Viêt-nam y réussis-sent bien et génèrent ce courantd’affaires et d’échange entre paysfrancophones que nous souhaitonstous mais qu’il convient encore dedévelopper.

Pour cela, il faut :Que les crédits bancaires et

l’aide de la COFACE soient pluslargement ouverts pour que lesentreprises francophones soientplus nombreuses encore.

Qu’elles essayent, dans toute lamesure du possible, de ne pasrenoncer à l’usage de notre languedans leur travail de négociation, decommunication à l’intérieur dugroupe auquel certaines appartien-nent, qu’elles déposent, à côté dutexte en vietnamien, leursdemandes d’investissement en fran-çais auprès du CECI puisque celles-ci peuvent être rédigées aussi bienen français qu’en anglais.

Que l’Université, le Barreaupuissent prendre une place encoreplus importante dans l’élaborationdes lois toujours plus nombreusesdans le domaine des affaires. À cetégard, il convient de saluer l’ouver-ture de la Maison du Droit à Hanoi.

Que les conférences sur le droitfrançais des affaires se multiplientet qu’elles puissent faire l’objet depublications en vietnamien et enfrançais.

Il est important encore une foisque 1) l’uniformisation des règlescomptables qui est inévitable, 2)l’organisation judiciaire du Viêt-nam et 3) les nouveaux textes dansle domaine du droit des affairesn’aboutissent pas à l’adoption pure

et simple du plan comptable anglo-saxon, de concepts de common lawet de l’organisation judiciaire amé-ricaine.

Que les textes législatifs etréglementaires fassent l’objetd’une traduction officielle enlangue française.

Il a été demandé à plusieursreprises à des juristes francophoness’il n’était pas possible qu’il puis-sent, comme leurs confrères aus-traliens pour l’anglais, assumer latraduction officielle, en languefrançaise du code des investisse-ments du Viêt-nam et du code civil.

Multiplier les stages profession-nels dans les entreprises et cabinetsd’avocats en France.

Que la presse économique enlangue française se renforce.

Que puisse être examinée atten-tivement la possibilité de créer uninstitut de droit des affaires et degestion dont l’objet serait la for-mation d’étudiants vietnamienssusceptibles d’intégrer 1) lesentreprises vietnamiennes, 2)l’administration vietnamienne desfinances et du commerce et 3) lesentreprises à capitaux étrangers etdonc les entreprises francophones.

hAu-delà des simples relations

commerciales et financières, au-delà des échanges de biens et deservices, il y a les contacts et leséchanges entre les hommes. Il y ala formation des hommes, d’abordtechnique, puis plus générale.

La francophonie économiquerejoint en fait la francophonie cul-turelle qui assure, dans le monded’aujourd’hui, la permanence deliens historiques, au-delà des vicis-situdes de l’instant et des exi-gences des échanges économiquesmondiaux. n

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Viêt-nam

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O N N’ABORDE pas le Viêt-nam sans émotion : tousceux qui ont connu le pays

en sont restés marqués, et il est dif-ficile d’en parler sereinement, tantles partis-pris sont encore vivaces.Mais le pays, qui s’est relevé aprèstrente ans de guerres, où l’héroïs-me autant que l’horreur ont fait laune de l’histoire mondiale, a ététellement déchiré qu’il n’est pasrare d’avoir eu des liens dans l’unet l’autre camp, comme c’est le casdans tant de familles vietna-miennes. On s’aperçoit alors quel’essentiel est une affaire de cœur,qui dépasse tous les clivages,comme les liens familiauxl’emportent sur les divisions poli-tiques.

Cette histoire de cœur fut aussidepuis longtemps celle de l’auteur,et c’est bien à cela que lesVietnamiens toujours sentimentauxreconnaissent leurs vrais amis.Sans cette profonde connivence, ilne serait pas possible de s’intégrerdans un organisme vietnamien, denouer des relations personnelles etchaleureuses, d’être admis etmême écouté aux plus hautsniveaux de décision. La grandequalité des responsables qui sontmes interlocuteurs, leur charmepersonnel font un vrai plaisir decette relation, si spartiates quesoient les conditions de travail etde vie au milieu de gens trèssimples et tendus par l’effortdepuis les temps les plus anciens.

Le renouveau de la planifi-cation et de l’aménagementdu territoire : coïncidencefranco-vietnamienne

En septembre 1994, la DATARsignait un accord de coopérationavec l’Institut de Stratégie duDéveloppement du Viêt-nam 1 aprèsune année de contacts à Hanoi, fai-sant suite à la visite de FrançoisMitterrand début 1993. Quellesétaient les motivations de part etd’autre ? Du côté vietnamien lapolitique de renouveau (dôi moi),avec la transition vers l’économiede marché, obligeait à revoir lecontenu de la planification, avec lavolonté d’accélérer le développe-ment en ouvrant le pays aux inves-tisseurs étrangers, en l’arrimant à lacroissance rapide des pays del’ASEAN, mais en veillant aussi àlimiter l’aggravation des disparitésrégionales, de l’écart villes-cam-pagnes et d’une manière généraledes inégalités résultant inévitable-ment du jeu du marché. Les cadresvietnamiens du Plan, aux niveauxcentral et provincial, avaient étéformés aux méthodes soviétiquesdésormais périmées, et le Viêt-namne souhaitant pas jeter le bébé avecl’eau du bain, l’expérience françai-se du Plan et de l’Aménagement duterritoire lui paraissait assez adap-tée pour forger une méthodologiede l’aménagement régional et recy-cler ses cadres.

Par chance, cet intérêt pourl’expérience française allait trouverun écho inespéré lors du granddébat sur l’aménagement du terri-toire lancé par Charles Pasqua fin1993 : le délégué à l’Aménage-ment du territoire, Pierre-HenriPaillet, me donnait alors carteblanche pour faire profiter le Viêt-nam du bouillonnement d’idées etdes exercices de prospective quiavaient lieu en France. On peutdire que les dirigeants vietnamiensont assisté en direct à la genèse dela Loi d’orientation pour l’aména-gement et le développement du ter-ritoire, que P.-H. Paillet venaitexposer lui-même à Hanoi en avril1995.

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Viêt-nam

L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Jean BRUNOT de ROUVRE (52),

ingénieur général des Ponts et Chaussées,

Mission DATAR - Institut de Stratégie du Développement,

ministère du Plan et de l’Investissement de la République socialiste du Viêt-nam

1 - L’aménagement du territoire est unedémarche interministérielle, et l’accordfranco-vietnamien implique plusieursministères de part et d’autre dans leComité de pilotage.FRANCE :• Ministère des Affaires étrangères,• DATAR (Délégation à l’aménagementdu territoire et à l’action régionale),• Ministère de l’Équipement et des Trans-ports.VIÊT-NAM :• Ministère du Plan et de l’Investissement(ISD),• Ministère de la Construction (INPUR),• Ministère des Sciences, de la Technolo-gie et de l’Environnement.ISD : Institut de Stratégie du Développement

INPUR : Institut national de Planification

urbaine et rurale

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“ Une conception commune del’aménagement du territoire” entrela France et le Viêt-nam? Ce com-mentaire du président vietnamiende la Commission mixte, M. LêQuy An, lors de la signature del’accord, s’explique, au-delà desdifférences, par des préoccupationsfondamentales très voisines :• plus de la moitié des investissementsétrangers est concentrée dans lamétropole de Saigon et les provincesadjacentes : cela rappelle l’alarme de“Paris et le désert français” qui moti-va la création de la DATAR;• éviter à tout prix la fracture du ter-ritoire entre le Nord et le Sud, entreles villes et la campagne, les plaineset la montagne : même souci del’unité nationale comme finalité del’aménagement du territoire.

L’enjeu stratégiquedu Centre-Viêt-nampour l’unité nationale

Pour comprendre quel enjeucela représente pour le Viêt-nam, ilfaut avoir présentes à l’esprit lesdéchirures de l’histoire du pays :non seulement la séparation entre leNord et le Sud depuis les accordsde Genève jusqu’à la chute deSaigon et la réunification, mais lesluttes du XVIIe siècle entre les sei-gneurs Trinh et Nguyên qui nedevaient s’achever qu’avec la brèveunification par les frères Tây-Son(1788), puis la reconquête du trônepar Gia-Long (1802), fondateur dela dernière dynastie des Nguyên.Mais cette dynastie ouvrait aussi lavoie à la pénétration française et àun autre dépeçage du territoirenational, entre les 3 Ky (Tonkin,Annam, Cochinchine), les deuxriches deltas du Nord et du Suddevenant des colonies administréespar la France et l’empereur n’ayantplus qu’un semblant de pouvoir surla partie centrale, rebaptisée dunom péjoratif d’Annam. Le nomgénérique figurant dans le Dai-Viêtdes Lê depuis la fin du Xe siècle oule Viêt-nam de Gia-Long disparais-sait, remplacé par le nom du protec-

torat chinois d’antan (“ le Sud paci-fié ”), jusqu’à la proclamation de laRépublique par Hô Chi Minh en1945.

Une image classique compare laphysionomie du Viêt-nam au fléauque portent les paysannes surl’épaule, avec leurs deux panierslourdement chargés : ces paniersfigurent les deltas, greniers à riz dupays distants de 1 000 km, et lefléau la longue bande côtière qui, àla hauteur de Huê, n’a pas plus de60 km de large. C’est là que lesNguyên établissent leur capitale, àla fois par défiance à l’égardd’Hanoi, fidèle aux dynasties précé-dentes, par précaution à l’égard desincursions chinoises dans le Nordqui ont jalonné l’histoire du Viêt-nam, et par souci de marquerl’unité retrouvée entre le Nord et leSud. C’est ce même souci de l’uniténationale qui amène aujourd’hui legouvernement vietnamien à porterune attention particulière au corri-dor central du Viêt-nam, en réunis-sant dans une même démarche de“corridor stratégique” nous dirionsd’aire métropolitaine, les deuxvilles de Huê et Da Nang, distantesde 100 km, mais séparées par le coldes Nuages, rupture climatique, his-torique et psychologique.

C’est ainsi que la province deHuê (Thua Thiên-Huê) a été choisiepar les Vietnamiens comme étudede cas pour la DATAR. Au cœur ducorridor central, elle en est pourtantle parent pauvre, fière de sa citadel-le et de ses tombeaux royaux clas-sés au patrimoine mondial parl’UNESCO, mais un peu figée surses traditions mandarinales, compa-rée au port animé de Da Nang qui atoujours su tirer parti de la conces-sion française puis de la base amé-ricaine, pour le meilleur commepour le pire. Le choix de Huê estéminemment symbolique : ancien-ne capitale, ce fut aussi le lieu de laformation des élites, y compris HôChi Minh. Pour la même raison,c’est un lieu de tradition éducativeet culturelle où la langue française atoujours eu un rôle important, au

point qu’on a continué à y ensei-gner la médecine en français mal-gré toutes les vicissitudes de laguerre. C’est resté une des villes lesplus francophones du Viêt-nam etune des destinations favorites destouristes français, nos organisationscaritatives et de solidarité y sontparticulièrement actives.

Huê-Da Nang : stratégiespour une aire métropolitaine

Cette circonstance favorable apermis d’épauler la mission de laDATAR par la “ coopération décen-tralisée ” entre collectivités territo-riales, qui apporte une dimensionhumaine et concrète. En effet dèsjanvier 1994 le Conseil régional duNord-Pas-de-Calais signait unaccord avec les deux provinces etles deux villes de Huê et Da Nang :c’est une coopération tournée versles problèmes d’environnement,avec déjà des réalisations significa-tives dans les deux villes, commeun broyeur d’ordures à Huê, un trai-tement des eaux par lagunage à DaNang. Grâce à l’aide de cetterégion, le laboratoire “ environne-ment et aménagement régional ” del’université de Lille 1 dirigé par leprofesseur Gachelin a pu participerà nos études et séminaires, a envoyédes étudiants et a étudié de façonapprofondie avec les universitairesde Huê certains milieux fragiles,comme la grande lagune quis’étend sur 80 km de part et d’autrede l’embouchure de la rivière desParfums. L’interaction entre lalagune et cette rivière est très com-plexe, et les problèmes qui seposent tant en crue qu’à l’étiage nepeuvent pas être résolusséparément : la DATAR a mobiliséà cet effet la Compagnie Nationaledu Rhône qui propose un réseauhydrographique permettant demodéliser le bassin.

Placé dans un territoire exigu etingrat, exposé aux typhons, ravagépar les guerres, le Centre n’a pas lesatouts des deux “ triangles de crois-sance ” autour d’Hanoi et Saigon.

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Viêt-nam

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Mais l’ouverture du Viêt-nam, sonintégration à l’ASEAN, la croissan-ce rapide de tous les pays de larégion changent les données duproblème. Pour tout l’est de laThaïlande et pour le Laos, c’est lacôte vietnamienne qui offre l’accèsle plus proche à la mer. Après uneétude de la Banque Asiatique et lechoix de la RN 9 (Savannakhet-Dong Ha) comme liaison prioritairedans le corridor est-ouest reliant lestrois pays, c’est maintenant dans leschoix portuaires que se joue leschéma d’aménagement du corridorcentral, porte vers les pays duMekong et non plus seulement traitd’union nord-sud du territoire viet-namien. Trois sites sont en compéti-

tion : la magnifique baie de DaNang, la mieux protégée mais quipose des problèmes urbains,d’accès et d’environnement ; la baiede Dung Quat à la limite de la pro-vince de Quang Ngai, où le gouver-nement a décidé d’installer la pre-mière raffinerie ; et la baie de CanhDuong sous le cap Chân Mây, qui al’avantage d’être au nord du col desNuages, donc la mieux placée pourun éclatement du trafic par conte-neurs vers la Thaïlande. C’est ceprojet de port en eau profonde deChân Mây que nous avons étudiéplus en détail avec Bouygues-Offshore et Total, avec une atten-tion particulière au site qui possèdeaussi une des plus belles plages du

Viêt-nam, au centre d’une zone depatrimoine naturel et de potentieltouristique à ne pas détruire (tri-angle du parc national de Bach Ma,de la lagune de Câu Hai et de cellede Lang Co).

L’aide française et l’aidejaponaise : perspectivesde co-investissements?

Nous ne sommes pas seuls àétudier cette zone : si notre assis-tance est restée délibérémentméthodologique, avec des sémi-naires aidant à poser les problèmeset à confronter nos expériences, lesVietnamiens ont également reçuune aide japonaise de la JICA pourréaliser cette année un plan intégréde développement régional du cor-ridor stratégique des 4 provinces duCentre-Viêt-nam (Quang Tri, ThuaThiên-Huê, Quang Nam-Da Nang,Quang Ngai). Ce que les Vietna-miens attendent de cette aide, cen’est pas seulement une étude, c’estl’assurance que l’identification desprojets de développement permettraau MITI de décider les investisseursindustriels japonais à s’implanterdans cette zone. Cette démarche estaussi la nôtre, avec la différenceque les projets pouvant intéresserdes investisseurs français sont for-cément plus limités. Les Japonaispeuvent partir des besoins de déve-loppement de la région pour posi-tionner leurs investisseurs, nousdevons partir des possibilités desentreprises françaises pour voircomment leurs stratégies peuvents’appliquer dans la région.

Les responsables du projet àl’Institut de Stratégie du Dévelop-pement nous ont associés aux prin-cipales étapes du travail desJaponais et il ne serait pas impos-sible de trouver un terrain d’enten-te. À la vérité c’est pour nos entre-prises la possibilité d’une stratégies’appuyant sur des financementsjaponais, le Japon étant de loin enAsie le premier donateur d’aidepublique au développement (APD),

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Viêt-nam

AXES DE COMMUNICATIONcomparaison des 3 sites portuaires du corridor central du Viêt-nam

© MISSION DATAR-INSTITUT DE STRATÉGIE ET DÉVELOPPEMENT

PORT

axes Est-Ouest à aménager

axes Nord-Sud à moderniser

JPH
Tampon
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même s’il est encore distancé auViêt-nam en investissements directs(IDE) par les Chinois de Taiwan,Hong-Kong ou Singapour et main-tenant par la Corée du Sud. C’estprécisément ce thème des co-inves-tissements franco-asiatiques enIndochine que j’avais étudié en1993, lorsque basé à Tokyo commeresponsable de l’Agence de laDATAR pour l’Asie, j’avais fait unemission au Viêt-nam et dans lespays investisseurs proches. Lerésultat avait été un accueil trèspositif par les milieux d’affairesfrançais connaissant bien la région,notamment par les banques fran-çaises bien implantées en Asie, etpar les Chambres de commercefrançaises dans la région.

En effet, il est désormais vitalpour des entreprises françaisesd’être présentes en Asie. Pas seule-ment exporter en Asie, ce qui estdifficile avec des coûts européens,mais investir pour profiter del’extraordinaire dynamisme de cetterégion du monde. Le Viêt-namn’est pas encore, avec un PIBmoyen par habitant de 220 $ (plutôt500 $ en revenus réels corrigés desprix du marché), un débouché aussiintéressant que les pays richescomme le Japon ou Taiwan, ou quela Chine avec sa croissance rapideet son énorme potentiel, ou mêmeque ses voisins de l’ASEAN. Maisjustement tous ces pays investissentau Viêt-nam pour profiter de sesavantages comparatifs, de ses fortesperspectives de croissance et de sasituation géographique qui lui per-met d’être tiré par le dynamisme dela région tout autour. Si une entre-prise ne vise pas seulement le Viêt-nam mais pense en stratégie pourl’Asie, elle a de nombreux avan-tages à s’associer avec desAsiatiques pour investir au Viêt-nam : en effet ces partenaires délo-calisent souvent au Viêt-nam pourprofiter de coûts de production plusbas, et réexportent tout ou partie. Sil’entreprise française adopte unestratégie semblable, alors non seu-lement elle a intérêt à trouver descapitaux supplémentaires en Asie,

où ils sont moins frileux qu’enEurope, mais encore elle peut tireravantage de son partenaire japonaisou chinois pour pénétrer les paysqu’ils connaissent bien, et qui sontréputés difficiles si on n’est pasasiatique, avec les réseaux néces-saires.

L’accueil des investissementsétrangers et la réformeadministrative :régionalisation du Viêt-nam?

Cette stratégie vaut surtout pourles investissements manufacturiers,pour lesquels les Vietnamiens ontd’ailleurs prévu des sites d’accueilavec des facilités spéciales, les“export processing zones”. Mais ilsont réalisé que les investisseursmisaient à la fois sur le marchéintérieur et sur l’exportation enAsie, si bien que les EPZ au régimetrop contraignant sont en traind’être transformées en Zones indus-trielles, plus souples et mieux adap-tées aux stratégies d’entreprises. Laloi sur les investissements étrangersvient d’être encore amendée pourrendre le pays plus attrayant. Legouvernement vietnamien estconscient qu’il reste au paysd’énormes progrès à faire, non seu-lement en réseaux d’infrastructuresà moderniser, mais en réformes del’environnement administratif, juri-dique et financier des investisse-ments. La réforme administrativeest ainsi devenue la priorité, enmême temps que la création d’unsystème bancaire fiable capable demobiliser l’épargne. La France ycontribue de multiples façons, soitindirectement par le biais du PNUDauprès du Premier ministre et ducomité gouvernemental d’organisa-tion, soit directement par une mis-sion auprès du ministère desFinances, une Maison du Droit, unCentre franco-vietnamien de forma-tion à la gestion.

En aménagement du territoire, laquestion d’actualité qui rejoint laréforme administrative est la régio-

nalisation. Avec ses 53 provinces dela taille de nos départements, der-nièrement redécoupées en 61, leViêt-nam est dans la situation de laFrance avant la réforme régionale.Comme en France, il ne s’agirasans doute pas de créer d’emblée unéchelon régional semblable auxprovinces, aux districts et aux com-munes, les 3 niveaux figurant dansla Constitution. Les étapes de larégionalisation devraient être eneffet très progressives, comme cheznous ; plus que de décentralisation,le pays a d’abord besoin d’une plusforte présence de l’État sur le ter-rain, capable d’arbitrer entre lesbaronnies locales. On s’orienteraitdonc plutôt vers un échelon d’étudeet de planification, au niveau de 8ou 9 grandes régions, afin de créerprogressivement des habitudes decoopération entre provinces etd’éclairer les indispensables arbi-trages par le pouvoir central (locali-sation de ports, d’aéroports, d’amé-nagements touristiques). LesJaponais ont également proposécette approche très pragmatiquepour la mise en œuvre des plans ducorridor central. La France nemanque pas d’exemples, des mis-sions d’aménagement de la DATARaux OREAM, qui ont progressive-ment fait avancer l’idée régionale.

Toutefois nous ne serons cré-dibles que si des investisseurs fran-çais viennent concrétiser des pro-jets d’aménagement : c’est celaque les Vietnamiens attendent denos études comme de celles desJaponais. C’est aussi l’intérêt denos entreprises : des pistessérieuses sont déjà étudiées dansles domaines de l’hôtellerie, del’industrie du bâtiment, de l’habil-lement, de la transformation desproduits de l’agriculture, de l’éle-vage et de la pêche. Les projetsportuaires, le tunnel sous le col desNuages, l’agrandissement del’aéroport de Huê devraient enamener d’autres. Huê a une longuetradition de coopération avec laFrance et c’est la ville la plus fran-cophone du Viêt-nam : elle méritequ’on s’intéresse à elle. n

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ÉTAPE VIETNAMIENNE

DANS UNE

TRAJECTOIRE ASIATIQUE

Pierre VENTADOUR

Premier contactavec l’Asie

Fraîchement nommé directeurgénéral de la banque que le CréditLyonnais avait décidé d’ouvrir àSingapour pour couvrir l’Asie duSud-Est, l’Inde et l’Australie, à lafin de novembre 1978 j’atterrissaisà Singapour, et pour la premièrefois je posais le pied en Asie.

Il m’apparut bien vite que lavision du monde asiatique quenous avions depuis l’Europe n’étaitpas conforme à la réalité deschoses car biaisée à la fois parl’ethnocentrisme et l’exotisme. Parl’ethnocentrisme quand nousjugeons les Asiatiques à traversnotre propre système de référenceset de valeurs, en considérant qu’ilssont dans la bonne voie quand ilscherchent à nous ressembler. Parl’exotisme lorsque séduit ou

impressionné par la différence,nous regardons l’autre culture avecune admiration non fondée.

L’observateur ingénu que j’étaisprit vite conscience que les paysd’Asie orientale vivaient une révo-lution industrielle et économique demême nature que celle de l’Europeet des États-Unis un siècle aupara-vant. Singapour ouvrait la voie dela modernité économique. Aux dif-férences d’échelle et de cultureprès, la Malaisie, l’Indonésie,Taiwan et la Corée du Sud suivaientla même trajectoire.

Je décidai donc de positionnerl’activité de la banque sur les opé-rations de haut de bilan et de finan-cement des investissements, activi-tés en plein développement pourlesquelles les banques établies delongue date avaient encore peud’expérience. Je compris égalementque si la modernité de son dévelop-pement industriel faisait qu’enapparence l’Asie ressemblait àl’Occident puisqu’elle lui emprun-tait les outils technologiques qu’ilavait créés, elle en différait parl’essence de sa pensée et de sa cul-ture. Je décidai donc d’apprendre lalangue chinoise pour comprendreles mentalités et m’insérer dans lemonde chinois, facteur d’intégra-tion économique de la région.

L’amitié d’unbanquier chinois

C’est à la Banque de Chine queje rendis ma première visite carson directeur général occupait defait la position d’un ambassadeurofficieux de la Chine que Singa-pour, à l’époque, n’avait pas enco-re reconnue. M. Xue Wen Lin avaitun peu plus de 60 ans, il était aussidirecteur général adjoint etmembre du Conseil d’administra-tion de la Banque de Chine àPékin. Il ne parlait pas anglais, uninterprète traduisait. Après les pre-miers mots de bienvenue, ildemanda mon âge, et s’étonnaqu’une banque puisse nommer undirecteur général qui n’avait que42 ans. Il me demanda ensuite delui raconter mon histoire. Lorsqueje lui annonçai que j’avais com-mencé à apprendre le chinois, ilme prévint que ce ne serait pasfacile mais qu’il m’aiderait. À par-tir de ce jour, il manifesta vis-à-visde moi des marques d’intérêt enpermanence. Ainsi, dans les céré-monies officielles, il m’installait àun rang supérieur à celui que justi-fiait mon poste, et passait de longsmoments de conversation avecmoi, en m’obligeant à balbutier enpublic mon chinois naissant. LaBanque de Chine de Pékin, qui

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Viêt-nam

MAÎTRISER DEUX CULTURES

Pierre VENTADOUR (57),

et TRAN Quoc Anh (62)

Cet article relate l’expérience vietnamienne, vécue en commun, de deux camarades qui ont chacunacquis les deux cultures, asiatique et occidentale. Pierre Ventadour explique comment la pratique dela langue chinoise a constitué le ressort principal du développement de son activité en Asie. TranQuoc Anh décrit comment son passage à l’X et sa formation d’ingénieur lui ont permis de revenir auViêt-nam en apportant son savoir et son expérience industrielle.

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gérait les réserves de change dupays, développa à travers le mondeun courant d’affaires très importantavec la banque nouvellementcréée, la Banque de Chine deSingapour acceptait de codirigerles opérations financières interna-tionales que nous dirigions.

M. Xue Wen Lin quitta Singa-pour au milieu de 1983 pourprendre la direction de la Banquede Chine à Hong-Kong et préparerle rattachement de l’île. Avant sondépart, il me conseilla de continuerà m’intéresser à l’Asie, en décla-rant que les véritables freins auxéchanges étaient la barrière lin-guistique et les obstacles culturels,et m’assura de son appui.

Retour en France…vers de nouvellesopportunités asiatiques

Je rentrai à Paris endécembre 1983 et restaien relations épistolairesavec M. Xue Wen Lin àqui j’allais rendre visiteà Hong-Kong. J’allaisle soir à l’Université,passai une licence en1985, et partis passermes vacances d’été audépartement de philo-sophie de l’universitéde Taipei pour préparermon mémoire de maî-trise.

Je travaillais à lacréation de la sociétéCODASIE, projet pourlequel l’appui de M.Xue Wen Lin, de laBanque de Chine, debeaucoup d’amis etd’institutions chinoisesne me fut jamais ména-gé. La société fut crééeen janvier 1989 maisaprès les événements deT’ien an Men en juin dela même année, laChine entrait dans une

période de latence, et il fallaitmomentanément se tourner versd’autres pays.

François Missoffe, qui m’avaitdonné appui et conseil, orienta versCODASIE une délégation vietna-mienne de l’industrie cimentièrequi venait en France pour la pre-mière fois dans le cadre d’une visi-te privée. Le chef de la délégation,qui avait servi dans l’armée deLibération, ne parlait ni français nianglais, mais parlait bien chinois,ce qui nous permit de communi-quer. Cette situation créa très vitedes liens de connivence et d’amitiépersonnelle. Il évoqua le désir dudirecteur général de l’Union desCimenteries du Viêt-nam de veniren Europe pour associer des parte-naires étrangers à la modernisationde l’industrie cimentière du Viêt-nam. Celui-ci vint l’année suivan-te, il ne parlait pas français, maisanglais et chinois et la pratique de

la langue chinoise s’avéra à nou-veau utile. Elle m’avait ainsi per-mis, par le plus grand des hasards,de nouer, et par la suite de déve-lopper, des relations d’affaires avecle monde vietnamien que je neconnaissais pas jusque-là.

Le Viêt-nam avait des techni-ciens et des ingénieurs compétentsmais ne disposait pas de la capacitéfinancière suffisante et devait faireappel à du capital étranger etemprunter en devises. Il lui fallaitexporter du ciment pour amortirses emprunts. Il fut décidé d’asso-cier, à côté du partenaire européen,un partenaire singapourien.Singapour en effet ne dispose pasde cimenteries, ses ressources encalcaire sont insuffisantes, et laprotection de l’environnementn’autorise pas leur exploitation.Pour garantir son approvisionne-ment à long terme à un coût éco-nomiquement acceptable en se

protégeant contre lesfluctuations du marché,il était intéressant pourSingapour de s’associerà un projet cimentierétranger. Les capitauxdisponibles à Singapoursont abondants, s’asso-cier à un partenaireeuropéen disposantd’une bonne technolo-gie est dans le droit filde la politique du gou-vernement. Les parte-naires européen et sin-g a p o u r i e ns’associeraient pourparticiper ensemble auprojet vietnamien. Unepartie du ciment devaitêtre exportée versSingapour pour y êtreutilisée ou le caséchéant revendue sur lemarché régional.

La crise économiquequi frappa l’industrieeuropéenne des maté-riaux de construction nepermit pas de mener le

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Viêt-nam

Tran et Ventadour sur le site de la carrière de Hoàng Thach.On voit l’usine à l’arrière-plan.

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Tampon
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projet à son terme.Mais la confiance était établie

avec les interlocuteurs vietnamienset les relations ne furent pas inter-rompues. Puisque le partenaireeuropéen ne souhaitait plus investir,il fut proposé de poursuivre lesrelations dans le domaine de lacoopération technique. L’Union desCimenteries du Viêt-nam demandaau partenaire européen d’être sonconseiller. Tran Quoc Anh et moi-même allions participer dans cecadre à plusieurs missions qui vontêtre relatées dans la partie del’article qu’il a lui-même rédigée.

Conclusion

De cette expérience, je penseque l’on peut retenir un enseigne-ment important. L’Asie orientalepossède à l’évidence un grandpotentiel de développement. Lespays de la région, de vieille cultu-re, disposent de ressources natu-relles importantes, de main-d’œuvre efficace, et il y existe denombreux besoins à satisfaire.Souvent, pour un Occidental,s’insérer dans le processus encours n’est pas aisé, et aujourd’huibeaucoup d’entreprises expérimen-tent ces difficultés. La premièrecondition à satisfaire pour avoirdes chances de succès est la maîtri-se de l’interface culturelle, quiseule permet de franchir la barrièrede la langue et de surmonter lesobstacles qui trouvent leur originedans la différence des pensées etdes comportements.

L’INGÉNIEUR PÈLERIN

TRAN Quoc Anh

E NTRÉ DANS un groupecimentier français pour lamise en œuvre de micro-

ordinateurs en contrôle-commanded’usines, je ne connaissais lacimenterie que par les aspects d’un

système vu par un informaticien.Il se trouvait qu’à l’époque ce

groupe avait créé un centre tech-nique convivial, d’architecturemoderne et ouverte, pour faciliterles contacts et offrir un accueil dequalité aux cimentiers venant envisite du monde entier. PierreVentadour y accompagnait juste-ment une délégation vietnamienneen tournée en France, et ce futainsi que je fis sa connaissance.

J’ai pu d’abord me rendre utilecomme interprète technique et tra-ducteur de rapports, propositions,contrats et autres documents, puisla complicité polytechnicienneaidant, j’ai fini par m’engager aveclui dans les missions de coopéra-tion technique que CODASIEenvisageait de mener auprès del’Union des Cimenteries du Viêt-nam (UOC, actuellement la VNCement Company ou VNCC).

Ce fut l’occasion d’un véritablechangement de métier, de l’infor-matique vers l’ingénierie cimentiè-re, qui m’amena à actualiser sur letas mes connaissances en électro-technique, en chimie, en géologieet même en vietnamien, du moinsdans la langue technique quej’avais commencé à oublier depuisque je vis en France.

J’ai été étonné au début del’intérêt porté par le Viêt-nam àl’industrie du ciment. Comment unsecteur bien moins connu que lepétrole, le charbon, le riz, le café etle caoutchouc peut-il être promuindustrie “ fer de lance ” dans lecombat national contre la pauvretéet le sous-développement ? C’estque la consommation locale est trèsforte. Les responsables vietnamiensse rendent compte que le dévelop-pement économique passe par ledéveloppement des infrastructuresmatérielles. La télévision de Hanoidonne ainsi quotidiennement lesproductions des grandes cimente-ries du Nord, Hoàng-Thach et Bim-Son. À la frénésie de la construc-tion d’hôtels, de logements maisaussi de routes, ports et usines,

répond la fièvre de bâtir de trèsgrosses lignes de production deciment, de capacité supérieure à1 million de tonnes par an.

L’importance du ciment pour leViêt-nam fut pour moi une raisonsupplémentaire de motivation dansmon nouveau métier, et ce fut avecferveur que je pris mon bâton depèlerin pour faire le voyage enOrient.

Nous menâmes avec PierreVentadour, de 1989 à 1993, unesérie de missions au Viêt-nam dansles grandes cimenteries, en compa-gnie d’autres spécialistes (directeurindustriel, géologue, économiste...).

À l’origine il nous était unique-ment demandé de coopérer sur lacimenterie de Ha-Tiên, dans leSud. Mais s’étant vite aperçus del’intérêt que présentaient nos pres-tations pour eux, les responsablesvietnamiens nous ont ensuiteouvert le domaine d’interventionen l’étendant à d’autres cimente-ries sur l’ensemble du territoire.

Ces missions furent essentielle-ment des prestations intellectuelles,dont voici quelques exemples.

Assistance à la cimenteriede Ha-Tiên pourson équipement encentrale électrique

Les responsables vietnamiensse sont aperçus qu’une énergieélectrique insuffisante pouvaitoccasionner une perte de plus de50 % de productivité. Ils ont doncdécidé d’équiper l’usine d’une cen-trale fiable et de puissance suffi-sante, capable de fournir plus de10 MW en plus de l’installationexistante de 2 MW.

À ce niveau de puissance l’ins-tallation devient nettement pluscomplexe.

Nous avons donc reçu commemission de réaliser une étude de

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Viêt-nam

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définition et de dimensionnementde la centrale à pourvoir, avec lesdispositifs de raccordement avec leréseau interne de l’usine.

Après une étude comparativeapprofondie des diverses possibili-tés, la solution préconisée, à basede moteur Diesel, fut retenue parnos interlocuteurs.

Par la suite, l’UOC inclut systé-matiquement la fourniture de cen-trale électrique de 10 MW mini-mum dans tout cahier des chargespour cimenteries dans le sud duViêt-nam.

Étude de faisabilitépour la constructiond’une nouvelle cimenterie

Il s’agit de rechercher lemeilleur site pour construire unecimenterie de plus de 1 million detonnes de capacité, près de Ha-Tiên, l’une des rares régions duSud à disposer d’une réserve suffi-sante de calcaire.

C’est une pré-étude de faisabili-té technique, économique et indus-trielle, dans laquelle l’évaluationde la qualité et du coût de produc-tion du futur ciment est importante.

D’où l’accent sur les considéra-tions stratégiques et logistiques :examen des réserves en calcaire eten argile, problèmes de transport desapprovisionnements et des produitspar voies terrestres ou maritimes.

L’équipe de mission insistadonc sur l’investigation géologiquedes sites de carrières et la positiondu port maritime, ainsi que surl’approvisionnement en électricitéet en eau douce. L’eau saumâtredans l’argile, par exemple, peutaugmenter le pourcentage de chlo-re, préjudiciable au procédé defabrication.

L’étude exigea ainsi une impli-cation importante sur le terrain,depuis les massifs calcaires jusqu’à

la baie de Ha-Tiên, et donnal’occasion à l’équipe de mission dedécouvrir une région aussi belleque la baie d’Along et pourtant peuconnue des touristes... sauf despèlerins qui viennent de tout lepays honorer un temple bouddhisteconstruit dans une grotte.

Les conclusions de l’étudefurent que le prix de revient duciment produit sur ce site seraitsupérieur au prix de revient dansdes conditions normales.

Les autorités décidèrent pour-tant de construire la cimenterie :elles estimaient que les besoinslocaux étaient largement suffisantspour garantir des débouchés.

Assistance à maîtred’ouvrage : cimenteriede Hoàng-Thach II

Le Viêt-nam disposait déjà àHoàng-Thach, dans le Nord, prèsde la baie d’Along, d’une usineconstruite par les Danois.

Fin 1992, la direction d’UOCHanoi envisageait de construire unenouvelle ligne de 1,2 million detonnes par an et avait déjà fait uneétude de faisabilité. Elle nousdemanda une mission de conseil etd’assistance technique pour quali-fier cette étude, ainsi que le cahierdes charges à envoyer aux fournis-seurs. La mission effectua aussi surle terrain une revue des problèmesde carrières de calcaire et d’argile,de mécanique des sols, et de tech-nologies modernes de contrôle deprocédés.

L’UOC a pu ainsi bénéficierd’une aide opérationnelle pour lan-cer son projet, qui est en cours deréalisation.

j

j jCes missions donnent une idée

des besoins que pourrait avoir

l’industrie vietnamienne en matiè-re de conseil et d’assistance.D’autres missions font apparaîtreque les responsables vietnamiens,notamment au niveau du terrain,sont très demandeurs de référencesleur permettant de faire des com-paraisons entre leurs installationset des équivalents en France, enparticulier en ce qui concerne lesmanuels de procédures et les ratiosde production et d’entretien. Unautre type de préoccupationsconcerne la modernisation au plandu contrôle de qualité, du contrôlede procédés et de l’instrumenta-tion, afin d’obtenir des produitsplus concurrentiels, y compris dansle cadre de la compétition entreentreprises vietnamiennes.

Mais tout au long de ces inter-ventions, j’ai pu mesurer en per-manence à quel point ma doublecompétence, dans le domaine tech-nique, et dans la langue, s’est avé-rée utile. Chacune séparément nesuffit pas : imaginez, par exemple,ce que donnerait une traduction aumot à mot dans des projets aussicomplexes !

En conclusion on peut penserque la demande de prestations deconseil et d’assistance existe auViêt-nam, et elle y est motivée parles mêmes raisons qu’ailleurs :• le transfert de compétences : lescadres vietnamiens, tout en dispo-sant manifestement de capacitésintrinsèques, sont prêts à bienaccueillir l’expérience, surtoutlorsqu’elle vient d’un pays ayantune bonne image industriellecomme la France ;• l’apport d’une intervention exté-rieure : de leur aveu même, elleinduit naturellement en internedavantage de motivation et derigueur.

Mais ici comme ailleurs, etceux qui font le métier de conseille comprendront facilement, il estcrucial d’être capable de parler lemême langage que ses interlocu-teurs, dans tous les sens du terme.

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L ’INDUSTRIE cimentière estau premier rang du déve-loppement de pays émer-

gents comme le Viêt-nam. En effet,elle est étroitement liée à la moder-nisation et l’expansion de la baseindustrielle et à la reconstructiondes infrastructures physiques. Laconsommation de ciment est unindicateur significatif de la crois-sance.

Par ailleurs, le ciment est unproduit résultant de la combinaisonchimique à haute température decalcaire avec les composés silico-alumineux contenus dans les miné-raux argileux. Il s’agit d’une indus-trie lourde qui fabrique en grandequantité un produit pondéreux, bonmarché dont les frais de transportde surcroît ne peuvent être élevésd’où la nécessité de construire desunités de production près des lieuxde consommation.

Points de repère

La consommation annuelle viet-namienne de ciment en 1996 sesitue autour de 7,5 millions detonnes dont 2 millions sont impor-tés. Cela correspond à une consom-mation moyenne par habitant de100 kg, à comparer aux 1 100 kg dela Corée, aux 1 300 kg de Taiwan etaux 600 kg du Japon. Les perspec-tives d’évolution de ce pays condui-sent à une consommation de l’ordrede 15 millions de tonnes à l’horizon2005. Ceci a amené le gouverne-ment vietnamien à planifier la réali-sation d’une douzaine de projets

portant principalement sur laconstruction de nouvelles unités deproduction.

L’ensemble de l’industrie cimen-tière est gérée par une société natio-nale, VNCC, qui a la responsabilitéde la production, la distribution, lavente du ciment et le développementde l’industrie cimentière. Cettesociété nationale est rattachée auministère de la Construction (MOC)qui supervise l’ensemble des projetsindustriels du Viêt-nam. L’obstacleprincipal pour la réalisation de cesprojets étant leur financement, laporte a été ouverte à des investis-seurs étrangers.

À ce jour, sur les 7 projets encours de réalisation 4 sont des JointVentures avec des producteurs étran-gers, dans lesquelles l’apport encapital de VNCC représente 40 %(gisements de matières premières,terrains, etc.). Les trois autres pro-jets sont des investissements directs

de VNCC pour lesquels un finance-ment de la part importée est organisépar le fournisseur. C’est le cas pourla cimenterie de But Son que réaliseactuellement Technip.

Le projet de But Son

Le contrat, mis en vigueur ennovembre 1994, porte sur la réalisa-tion complète d’une cimenterie de4 000 t/j correspondant à une capa-cité annuelle de 1,4 million detonnes de ciment. Le domaine deréalisation s’étend de la préparationdes matières premières aux expédi-tions de ciment par route (sacs) etchemin de fer (vrac).

Le site de But Son est situé à60 km au sud d’Hanoi, dans la pro-vince de Nam Ha.

Le tableau suivant résume leschiffres caractéristiques de cetteréalisation. Les prestations d’ingé-

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UNE RÉALISATION MAJEURE :la cimenterie de But Son

Lucien SAJUS (55), directeur délégué général - TECHNIP

Michel MAKRIS, directeur de la Division Ciment - TECHNIP-CLE

Principales caractéristiques de la cimenterie de But Son

• Capacité : 4 000 t/j, soit une production annuelle de 1,4 million de tonnes suivanttechnologie Technip-Cle pour les unités de cuisson et broyage.• Contrat CIF Haiphong pour les matériels.• Délai de réalisation : 32 mois.• 29 000 t de matériels et équipements dont :- 8 200 t de tôles et charpentes pour fabrication locale,- 8 800 t de fer à béton,- 80 000 m3 de béton.• Assistance technique : - 250 h/mois pour la supervision de la construction et de la mise en service,- 36 h/mois d’assistance durant la garantie mécanique,- formation de 22 représentants du client à assurer dans une cimenterie en Europeet chez les fournisseurs principaux.• 250 000 heures d’études dont 100 000 heures sous-traitées.

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nierie sont les prestations normalesd’un contrat clés en main. Une partsignificative de celles-ci a été réali-sée au travers de la filiale malaisede Technip, TPG-M, ce qui a amé-lioré notre compétitivité internatio-nale.

Par ailleurs, il est important denoter que Technip, dans le cadre desa division spécialisée en cimente-ries, Technip-Cle, délivre sespropres technologies pour ce quiconcerne le cœur du procédé defabrication. C’est en particulier lecas pour le procédé de cuisson duproduit. Celui-ci permet d’utiliser,entre autres, des combustiblessolides à forte teneur en cendrescomme l’anthracite vietnamien quisera le combustible principal de lacimenterie. Il a rendu possible unevalorisation complémentaire de res-sources locales. C’est également lecas pour le procédé de broyage duciment qui sera équipé d’une tech-nologie permettant la réduction dela consommation électrique de l’ins-tallation. Ces technologies répon-dent au souci permanent de nosinterlocuteurs vietnamiens de dispo-ser d’unités performantes, tant auplan des caractéristiques que de laqualité du produit fini.

L’ensemble de la constructionest pris en charge par VNCC sousla supervision de Technip.

À noter enfin un taux de 25% de

fabrication locale portant sur uncertain nombre d’équipements àpartir de plans et de matériaux déli-vrés par Technip. Cette pratique apermis d’optimiser le financementdu projet. Elle offre égalementl’avantage de faire participer despartenaires locaux à la réalisationde l’unité, ce qui constitue unegarantie pour l’exploitant en termesde maintenance des installations.

De la prospection àla signature du contrat

Pour le ciment, la reprise decontact avec le Viêt-nam parTechnip a coïncidé avec le débloca-ge des relations franco-vietna-miennes. Elle a débuté avec la réa-lisation pour un cimentier françaisd’une étude de faisabilité portantsur une unité de capacité équivalen-te, puis la participation à une pre-mière compétition internationaleportant sur la cimenterie de TrangKenh pour le compte de la sociétémixte Ching Fong HaiphongCement. Il en est résulté uneconnaissance du pays, de son sec-teur cimentier et la prise en comptede capacités de l’industrie locale.

La cimenterie de But Son a faitl’objet d’un appel d’offres interna-tional qui s’est déroulé sur une

période de six mois environ, ce quiconstitue un processus de décisionrelativement court.

Le montant du contrat pourTechnip est de 600 millions defrancs pour un montant globald’investissement de 1 200 millionsde francs environ.

Un point remarquable résidedans le montage financier queTechnip a proposé pour réaliser ceprojet. En effet, le financement fran-çais disponible était plafonné à 60%des besoins. Le partenariat avec unesociété de commerce japonaise quisouhaitait investir sur le Viêt-nam apermis de mettre en place un com-plément de prêt et ainsi de financerla totalité du projet.

La réalisation du projet

À ce jour les ouvrages majeursde génie civil sont achevés et lesopérations de montage mécaniquedes équipements ont débuté.

L’ensemble de la constructionest réalisé par un groupementd’entreprises nationales dépendantdu ministère de la Construction etqui sont affectées chacune à unepartie du chantier. Ces entreprisesont déjà été impliquées dans laconstruction d’ensembles simi-laires.

À ce jour, les principales diffi-cultés résident dans le manqued’expérience en méthodologie deces entreprises résultant d’uneabsence de procédure de contrôlequalité. Cela se traduit par un ren-forcement de nos moyens de super-vision afin d’assurer un encadre-ment positif de la construction.

En conclusion, il apparaît, autravers de cette expérience, que lesconditions principales pour la réali-sation d’ensembles industriels sontdisponibles. Une certaine imagina-tion est nécessaire en ce qui concer-ne le financement des projets.

Enfin, le manque d’expériencedes entreprises locales nécessiteraencore pendant quelque temps unecontribution significative de l’entre-preneur en termes de transfert desavoir-faire. n

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Ligne de cuisson en cours de montage.

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1. LE CONTEXTE

Une situation actuellepréoccupante

Le réseau d’eau potable est trèsvétuste. Les pertes en distributionsont estimées à près de 50 %, etseule une partie de la populationest raccordée à un réseau quidélivre une eau impropre à laconsommation.

De même, les systèmes d’éva-cuation des eaux usées, sans parlerde leur traitement, sont quasimentinexistants.

Dans ces conditions, le risquede transmission de maladies parl’eau est important, et justifie lapriorité accordée à l’améliorationdes traitements d’eau.

Des perspectivesconsidérables

Les ressources naturelles sontabondantes. On compte 2 500rivières au Viêt-nam. Eaux de sur-face au Nord et au Sud, complétéespar une nappe phréatique confor-table dans le Centre permettent enthéorie de répondre au besoin despopulations.

Les organismes internationauxont soutenu dans un passé récentun certain nombre d’études préa-lables pour l’établissement d’unschéma directeur en eau potable.Elles devraient donner lieu au lan-cement d’appels d’offres dans lesannées qui viennent, financés parles fonds d’aide au développe-ment.

2. DEGRÉMONT :UNE LONGUE HISTOIREVIETNAMIENNE

Degrémont a construit sa pre-mière usine d’eau potable au Viêt-nam dès 1949, puis a obtenu unedeuxième référence en remportanten 1954 la station d’eau potable dela ville impériale de Huê.

La présence de Degrémontdevient alors épisodique et limitéeà une série de petites installationsd’eau potable dans le delta duMekong, ou dédiée aux besoins dusecteur industriel.

La mise en vigueur en 1990 duprotocole de coopération entre leministère de la Construction et legroupe Lyonnaise des Eaux se tra-duit par l’ouverture de bureaux àHanoi et Hô Chi Minh Ville. Dèslors, les contrats se sont succédé :

construction d’usines d’eaupotable à Can Tho et Nam Dinh,travaux de réhabilitation à Huê etThu Duc (Hô Chi Minh Ville).

3. LE PROJET DE CAN THO,UNE COOPÉRATIONTECHNIQUEVIETNAMIENNE

Can Tho est la capitale du deltadu Mekong, qui est le grenier dupays : plus de la moitié de la pro-duction du riz du Viêt-nam vientde cette région fertile, et le Viêt-nam est le 3e exportateur mondialde riz (après la Thaïlande et lesÉtats-Unis).

Situé sur le Hau Giang, l’un desdeux principaux bras du Mekong,Can Tho avait 300 000 habitantsen 1990, dont 200 000 habitantsdans la zone urbaine. On prévoitque Can Tho aura 350 000 habi-tants en l’an 2000, dont 230 000dans la zone urbaine.

Après Hô Chi Minh Ville(Saigon), c’est la ville la plusimportante du Viêt-nam du Sud,dotée d’une université, d’une ving-taine d’hôtels avec 1 000chambres, de 6 hôpitaux et dispen-saires avec 2 000 lits.

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Viêt-nam

LA CONSTRUCTION DE L’USINED’EAU POTABLE DE CAN THO

OU LA RENCONTRE DE DEUX X-PONTS

BUI Huu Lan (55),

et Thierry de PRÉAUMONT (76)

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S’il veut rattraper ses dragonsvoisins (Corée, Hong-Kong,Taiwan, Singapour), le Viêt-namdoit industrialiser le pays qui est,jusqu’à l’heure actuelle, à vocationagricole. En particulier, à Can Tho,on prévoit deux zones industrielles.Aucun doute que le machinismeagricole et les industries agro-ali-mentaires auront un bel avenirdans cette capitale du Delta.

On prévoit un besoin en eau de80 000 m3 par jour en l’an 2000, ycompris les besoins pour les zones

industrielles. L’usine des eaux deCan Tho, construite au début desannées 70, a une capacité de40 000 m3/j. Il faut donc trouver40 000 m3/j supplémentaires. Cesont les protocoles financiers de1991 et de 1993 signés entre laFrance et le Viêt-nam qui appor-tent la solution : 33 millions de FF(dont 23 MF d’emprunt au Trésorfrançais) sont destinés à laconstruction d’une nouvelle usinedes eaux de 40 000 m3/jour. Leprojet va de A à Z, c’est à dire dupompage d’eau brute sur le fleuve

Hau Giang jusqu’à l’amenéed’eau traitée aux zones deconsommation, en passant par uneusine de traitement. L’expériencea montré que l’omission d’uneétape quelconque dans ce circuitcomplet (pour faute de crédit parexemple) créera une perte detemps parfois considérable et uneimmobilisation infructueuse desinvestissements.

La répartitiondes tâches entreFrançais et Vietnamiens

La Société Degrémont a étéchoisie par les deux gouverne-ments pour la fourniture des équi-pements et des conduites, lesétudes, l’assistance technique et laformation des techniciens, dont lecoût des prestations est de 33 MF.

Le Viêt-nam contribue à hau-teur de 26 000 M.dong (l’équiva-lent de 13 MF) pour les dépenseslocales : travaux de Génie civil etde montage, acquisition du terrain,transport local, etc. Cette réparti-tion des charges (72 % et 28%) estune bonne répartition en faveur dupays bénéficiaire ; elle est norma-lement 2/3 et 1/3. Le coût unitaireest de 1 150 FF/m3/j de capacité,ce qui est très économique par rap-port aux normes internationales(1 500 FF à 2 000 FF/m3/j decapacité).

En ce qui concerne les études,Degrémont est chargé des étudesd’ensemble, de mécanique etd’électricité. Un bureau d’étudesvietnamien (Waseco) fait lesétudes de Génie civil. La désigna-tion d’un bureau d’études localpour le Génie civil est une déci-sion appropriée et réaliste : l’expé-rience a montré qu’au cours destravaux d’exécution, il y aura sou-vent des modifications de détails àfaire sur le terrain, et qu’au lieu dese référer à Paris, un bureaud’études local peut prendre desdécisions rapides sur place.

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Viêt-namD

.R.

Bui Huu Lan et Thierry de Préaumont dans le patiode la régie des Eaux de Can Tho.

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Visite du Comité populaire pendant la construction de l’usine de Can Tho.

JPH
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La coopérationdans les études

Les études ont commencé fin1993. Waseco fait les études deGénie civil en se basant sur lesplans guides de Génie civil établispar Degrémont.

Le Viêt-nam a des Règlestechniques en béton armé. Maisc’est comme nos règles BAEL,les règles vietnamiennes neconcernent pas les constructionsde caractère particulier telles quecuvelages, réservoirs. C’est doncaux règles particulières fran-çaises relatives à la constructiondes réservoirs que les ingénieursvietnamiens se réfèrent pour lecalcul des bassins de décantation,de filtration, des réservoirs, desbâches de pompage du projet deCan Tho. Plus tard, au débutde1995, le ministère de laConstruction vietnamien a prisune bonne décision en entérinantce fait :• les bureaux d’études vietnamienspeuvent utiliser les règles deconstruction de cinq pays : États-Unis, Grande-Bretagne, France,Allemagne, Japon et de l’ISO(International Standard Organi-sation) sans autorisation préalabledu Ministère ;• pour les règles provenantd’autres pays : il faut une autorisa-tion préalable du Ministère pourchaque ouvrage spécifié.

L’ingénieur vietnamien a appli-qué avec succès les procédéslocaux pour traiter les fondationsen terrain mauvais. Le sol à CanTho, comme partout dans le Delta,est un mauvais sol argileux : on a“ serré ” le mauvais sol par despetits pieux en bois de “ tram ”pour obtenir une meilleure portan-ce, à raison de 25 pieux de 4,5 mde long, de 8 cm de diamètre, parmètre carré de surface. Le bois de“ tram ”, répandu dans les régionsmarécageuses du Delta, peut“vivre” éternellement dans la terrehumide. Aux épreuves et essais eneau des ouvrages, le tassement,uniforme et minime, est compa-tible avec les exigences de service.

Si l’on utilisait de façon clas-sique les pieux en béton armé, onaurait payé 5 fois plus cher.

Les plans de coffrage faits parWaseco ont été vérifiés parDegrémont, pour assurer que le“ Génie civil ” est compatible avec“ l’Hydraulique ”, “ la Mécanique ”et “ l’Électricité ”.

La coopération dans lestravaux de montage

Degrémont délègue de Franceun ingénieur pour superviser lemontage des équipements et lamise en service de l’installation.L’équipe de montage vietnamien-

ne, composée de 6 tuyauteurs, 2soudeurs, 12 monteurs et 30 aidestravaillent pendant six mois pourterminer les travaux de montage dela 1re tranche (20 000 m3/j) en1995. Le montage de la 2e tranchese fera en 1997.

C’est donc au cours des travauxde montage, sous la supervisiond’un ingénieur français, que lestechniciens et ouvriers vietnamiensse perfectionnent dans leur métier.La formation des ouvriers et tech-niciens qualifiés est “ à l’ordre dujour ” ; ceci est absolument néces-saire à l’industrialisation du pays.C’est la politique annoncée par leGouvernement vietnamien audébut de 1997.

Conclusion

Le projet d’alimentation en eaupotable de Can Tho jette les basesd’une coopération entre la Franceet le Viêt-nam dans le développe-ment du delta du Mekong.

La France est un pays indus-triel, mais son origine est agricoleet son potentiel agricole est trèsélevé à l’heure actuelle. Ses indus-tries agro-alimentaires sont deréputation mondiale. Nul douteque ses expériences sur l’industria-lisation d’un pays à vocation agri-cole contribueront aussi de façonefficace au développement du deltadu Mekong. n

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Viêt-nam

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Le contexte généraldu Viêt-nam

Le Viêt-nam a commencé satransition d’une économie planifiéeet centralisée vers une économie demarché en 1986 lors du 6e Congrèsdu Parti Communiste vietnamien.Ce processus s’est accéléré avecl’accès du Viêt-nam aux finance-ments internationaux en 1993, lalevée de l’embargo américain en1994 et l’adhésion du Viêt-nam àla zone de coopération économiqueASEAN (l’Association desNations de l’Asie du Sud-Est) en1995.

Tous ces événements ont stimu-lé l’économie qui a bénéficié d’untaux de croissance annuel del’ordre de 8 % sur la période 1991-1995. Le PNB, qui s’élevait en1993 à près de 21 milliards deUS $, devait continuer à croîtredans les prochaines années à unrythme annuel de 9 à 10%.

Dans ce contexte de décollageéconomique, le secteur de l’élec-tricité revêt une importance parti-culière et est à ce titre considérécomme prioritaire par les déci-deurs vietnamiens, dans la mesureoù il conditionne la poursuite dudéveloppement économique etsocial du pays.

Engagée depuis sa créationdans des activités internationales,actuellement au tout premier plandes orientations stratégiques del’entreprise, il était naturelqu’EDF s’intéresse au secteurélectrique du Viêt-nam, pays richede potentialités.

Description et enjeuxactuels du secteurélectrique vietnamien

La puissance installée totale auViêt-nam est de l’ordre de4 600 MW, dont deux tiers sontd’origine hydraulique. La consom-mation d’électricité par habitant estde l’ordre de 150 kWh, à comparerà 1 000 kWh pour la Thaïlande et500 kWh pour les Philippines. Lapuissance de pointe est de2 700 MW environ et la productionannuelle de l’ordre de 15 TWh.

Près de 98% des villes et 55%des villages sont aujourd’hui rac-cordés au réseau de distribution.Compte tenu d’une croissancemoyenne annuelle de la demanded’électricité de l’ordre de 13 %(15% au sud du Viêt-nam, 11% aunord) et d’un objectif d’électrifica-tion de 80 % des villages, lesbesoins de production devraients’élever à 30 TWh environ à l’hori-

zon 2000-2005, les besoins addi-tionnels de capacité de productions’établissant à près de 7 000 MW.

Le secteur électrique vietna-mien est aujourd’hui confronté àde nombreux défis, parmi lesquelson peut identifier :• le besoin urgent de réhabilitationet de renforcement des réseaux dedistribution urbains, vétustes, sous-dimensionnés et caractérisés pardes taux de perte élevés atteignant30 % dans certains endroits.Constituant un des principaux gou-lots d’étranglement actuels occa-sionnant de nombreuses coupuresfreinant le développement écono-mique du pays, le secteur de la dis-tribution bénéficie d’une large partdes financements multi et bilaté-raux actuellement attribués au sec-teur électrique ;• le comblement du déficit de pro-duction dans le sud du pays, dû àune croissance industrielle rapide.Partiellement réduite grâce à lamise en service en 1994 d’uneligne d’interconnexion à 500 kVde 1 500 km reliant le nord au suddu pays, la pénurie de productionau sud devrait progressivement serésorber grâce d’une part, à laconstruction de nouvelles centralesde production utilisant du gaz pro-venant des gisements offshore ausud du Viêt-nam et d’autre part,grâce à la mise en service d’amé-

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Viêt-nam

ÉLECTRICITÉ DE FRANCE,UN PARTENAIRE POUR LE VIÊT-NAM

Robert DIETHRICH (61),

directeur général délégué à EDF International SA

Éric GOURMELON,

délégué géographique, direction internationale à EDF

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nagements hydroélectriques actuel-lement en cours de construction ;• le développement de l’électrifica-tion rurale du pays, primordiale auplan politique dans un souci decohésion nationale, et destinée àfreiner le déséquilibre croissantentre le rythme de développementdes villes et celui des campagnes ;• l’amélioration de la gestion, del’efficacité technique et del’exploitation du secteur électriquegrâce, entre autres, à la mise enplace d’une réorganisation institu-tionnelle qui s’est notamment tra-duite par la suppression du minis-tère de l’Énergie et la création en1995 d’une société nationale inté-grée d’électricité (Électricité duViêt-nam - EVN) ;• la nécessité de mobiliser des res-sources financières considérablesafin d’assurer le développement etla modernisation du secteur,besoins évalués à près de 1 mil-liard de US $ par an, dont 1/3 seu-lement pourra provenir des institu-tions multilatérales (BanqueMondiale, Banque Asiatique deDéveloppement) et de l’aide bilaté-rale au développement.

Présence d’EDF au Viêt-nam

Dans le cadre du “ Dôi Moi”, lapolitique du renouveau engagée àl’occasion du 6e Congrès du PartiCommuniste vietnamien, le Viêt-nam a manifesté en 1986 son désird’ouverture à une coopération élar-gie avec les pays non communistes.

Société d’État gérée commeune entreprise privée, constituantune sorte de référence pour le sec-teur électrique vietnamien, EDF aainsi pu relancer une activité com-merciale vers ce pays en 1988, quis’est traduite dès 1989 par la signa-ture d’un protocole de coopérationavec le ministre de l’Énergie viet-namien.

Bénéficiant d’une image positi-ve préexistante, EDF a pu renouerdes relations avec le secteur élec-trique vietnamien grâce à la mise

en œuvre d’actions telle l’opéra-tion pilote de réhabilitation de ladistribution basse et moyenne ten-sion du quartier de Trang Thi àHanoi en 1990 ou la réalisationd’études de faisabilité telles l’étuded’un centre de formation au sud duViêt-nam, ou l’étude d’un dispat-ching à Hanoi.

Cette approche a permis à EDFd’être en 1990 la première sociétéoccidentale à signer un contrat deconsultance portant sur les étudeset la supervision des travaux del’aménagement hydroélectrique deVinh Son, situé dans la régionCentre du Viêt-nam.

Dans le souci de faire partagerses compétences et d’accroître saconnaissance du contexte élec-trique vietnamien, EDF a dévelop-pé des activités d’assistance tech-nique et de vente de services deconsultance. Outre cet apport desavoir-faire technique d’EDF, cesactions peuvent le cas échéant pré-parer d’éventuels projets d’inves-tissement.

EDF a en particulier ciblé lesactions de réhabilitation desréseaux de distribution urbains etles programmes d’électrificationrurale, qui figurent parmi les pre-mières priorités des électriciensvietnamiens et des bailleurs defonds. Ainsi, EDF met actuelle-ment en œuvre un programme deréhabilitation des réseaux élec-triques des villes de Huê et de NhaTrang, financé pour une part, grâceà l’attribution d’un financementfrançais de 2 tranches de 25 MFinscrites aux protocoles franco-vietnamiens 1994 et 1995, et pourl’autre part grâce à la mise enplace d’un financement de laBanque Mondiale.

Outre des actions concrètes deréhabilitation et d’extension desréseaux moyenne et basse tensionde la ville de Huê, ainsi que lafourniture d’une nouvelle sous-sta-tion 115/22 kV permettant de fiabi-liser l’alimentation électrique, ce

projet prévoit également d’assurer laformation de l’unité fournissant leservice de l’électricité dans la villede Huê à de nouvelles méthodesd’exploitation et de gestion.

Ce projet pilote constitue égale-ment une vitrine des techniquesfrançaises de distribution, et per-met ainsi d’accompagner le déve-loppement international de sociétésfrançaises du secteur des équipe-ments électriques, parmi lesquellesde nombreuses PME.

Il est à noter que ce projet per-met en outre de traduire sur le ter-rain l’action dans le domaine de lanormalisation électro-techniquemenée par le GIMELEC au Viêt-nam, avec le soutien d’EDF et desprincipaux constructeurs français.

Autre domaine d’intérêt d’EDFet priorité du gouvernement vietna-mien, l’électrification rurale sera undes enjeux majeurs du secteur élec-trique dans les prochaines années.

EDF a commencé à apporter sonassistance à la société EVN afin deréaliser les études de faisabilité dedifférents projets et définir lesméthodes de leur mise en œuvre surles plans institutionnel, gestion,normalisation technique, etc.

Un projet pilote dans la provin-ce de Thai Binh au nord du Viêt-nam est en cours de développe-ment, dont le financement pourraitêtre assuré par la Caisse Françaisede Développement.

Par ailleurs et afin de lancerconcrètement des opérations, EDFa financé sur ses propres fondsl’électrification des villages de PaNho et de Dong Khanh situés dansla province de Quang Tri au centredu Viêt-nam, ainsi que la révisionde l’étude d’électrification de cetteprovince.

En plus de la mise en œuvred’actions ou de projets à caractèretechnique, l’action d’EDF au Viêt-nam s’inscrit également dans les

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réflexions en cours actuellementsur les structures, l’organisation etle mode de fonctionnement du sec-teur électrique vietnamien.

EDF apporte notamment sonsoutien à la nouvelle société EVN,en mettant à la disposition desélectriciens vietnamiens son expé-rience nationale et internationaleacquise dans les domaines del’organisation institutionnelle et del’économie générale des systèmesélectriques.

Les perspectives

Le contexte historique entre laFrance et le Viêt-nam, la situationprivilégiée de ce pays au cœurd’une région en plein développe-ment, la richesse de la ressourcehumaine ont poussé EDF à partici-per activement au développementdu secteur électrique vietnamien.

C’est la raison pour laquelle, àla suite des premières actions decoopération technique, limitées parnature mais néanmoins primor-diales pour mieux appréhenderl’environnement, EDF exploredepuis peu les modalités de mise enœuvre à moyen terme d’une opéra-tion majeure d’investissement auViêt-nam, dans un projet de produc-

tion indépendante d’électricité, quipourrait être développé suivant desschémas de type Build - Operate -Transfer (BOT) ou Joint Venture.

Malgré les difficultés prévi-sibles d’une telle opération, en par-ticulier liées à l’absence de contex-te réglementaire et institutionnelstabilisé, quelques opportunitésd’investissement apparaissent pos-sibles à moyen terme.

En effet, les Autorités vietna-miennes doivent faire face àd’énormes besoins de financement,auxquels ne pourront pas répondreen totalité ni les bailleurs de fondsmulti et bilatéraux, ni l’électricienvietnamien EVN, compte tenu dela faiblesse de ses capacités d’auto-financement, résultant en partie dubas prix de l’électricité dans lepays. Elles devront donc ouvrirpartiellement le secteur de la pro-duction d’électricité aux interve-nants étrangers, en adaptant leurlégislation afin d’attirer des inves-tisseurs potentiels.

Dans ce contexte et à titred’exemple, EDF s’intéresse depuismi-96 au projet de centrale à cyclecombiné 450/600 MW de Phu My,qui devrait donner lieu en 1997 à unappel d’offres international qui sedéroulera dans un contexte très

concurrentiel. Il faut effectivementnoter que, malgré un poids écono-mique encore très faible comparé àcelui de ses voisins, le Viêt-namreprésente pour tous les acteurs dujeu asiatique – américains, japonais,etc. – un enjeu de premier ordre.

Au-delà d’opérations ponctuellesd’investissement, l’action d’EDF auViêt-nam dans les prochaines annéess’inscrira dans une stratégie globalede présence dans l’ensemble de lazone du Sud-Est asiatique. On peuten effet constater qu’un processusd’intégration économique régionalese met progressivement en place,sous l’impulsion de l’ASEAN, duJapon et de la Banque Asiatique deDéveloppement. Le secteur desinfrastructures et en particulier celuide l’énergie constitueront un élémentfondamental de cette intégration.

Dans le domaine de l’électricité,le processus d’intégration pourraitporter sur la mise en œuvre progres-sive d’une interconnexion électriquerégionale et d’un développement deséchanges d’énergie entre les pays dela zone, à l’image de ce qui se pra-tique déjà entre le Laos et laThaïlande. Il est à ce titre significatifde noter qu’un accord portant surl’exportation par le Laos d’environ1 500 MW d’origine hydroélectriqueà l’horizon 2010 a été signé en 1995entre le Laos et le Viêt-nam.

L’intégration énergétique pour-rait également se traduire par uneamélioration de la concertationentre les pays riverains du Mekong,dont fait partie le Viêt-nam, en vuede la mise en valeur des immensesressources hydroélectriques de cefleuve et de ses affluents.

Forte de sa présence dansl’ensemble des trois pays de lapéninsule indochinoise et s’ap-puyant sur le développement encours du projet BOT hydroélec-trique de Nam Theun 2 au Laos,dont l’énergie produite sera totale-ment exportée vers la Thaïlande,EDF devrait être en mesure dejouer un rôle significatif dans cesprocessus d’intégration. n

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Réhabilitation des réseaux de distribution urbains.

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L E VIÊT-NAM, avec unepopulation en forte crois-sance de plus de 70 mil-

lions d’habitants, constitue un mar-ché-clé en Asie. Le groupe Elf l’aconstaté très tôt et s’y est implanté,dès l’ouverture économique de cepays en 1987, pour les produitspharmaceutiques et vétérinaires viasa filiale Sanofi. Ce n’était qu’unpremier pas car, la même année, Elfcommençait déjà à étudier un projetde distribution de Gaz de pétroleliquéfiés (GPL) à Hô Chi MinhVille. Les Gaz de pétrole liquéfiés –butane et propane – qui sont facile-ment transportables et stockables(bouteilles ou citernes) permettentaux utilisateurs en tous lieux de dis-poser instantanément d’une grandequantité d’énergie sous un faiblevolume. Dans leurs applications lesplus courantes, les Gaz de pétroleliquéfiés sont utilisés pour la cuisi-ne, l’eau chaude sanitaire, le chauf-fage et la climatisation. Leur pou-voir calorifique important, et aussiinstantanément actif que facilementréglable, en fait également uneénergie de choix pour de nom-breuses applications industrielles.

Les perspectives semblaient desplus favorables, l’intérêt des autori-tés locales d’Hô Chi Minh Villeétait manifeste. Les Vietnamiens,qui avaient eu l’expérience des GPLlors de la présence américaine,étaient demandeurs. Elf Antargaz,filiale spécialisée du Groupe Elf

pour la commercialisation du GPL,fut à même de répondre par uneoffre globale : approvisionnement,conditionnement et commerce.

Elf Gaz Saigon

Les premiers pourparlers avecles Comités populaires d’Hô ChiMinh Ville interviennent dès 1989et débouchent en mai 1991, aprèsl’aval du gouvernement centrald’Hanoi et la publication du décretd’autorisation, sur la constitutionen Joint Venture d’une société dedistribution de GPL dans l’ancien-ne capitale du Sud. Elf Gaz Saigonfiliale à 71 % d’Elf Antargaz et à29 % de l’entité municipale repré-sentant le Comité populaire d’HôChi Minh Ville était née. Sitôtcréée, Elf Gaz Saigon met en placela logistique nécessaire pourimporter, stocker, conditionner etdistribuer le GPL.

Le programme est rondementmené entre 1991 et 1992 avec laconstruction, sur les bords de larivière de Saigon :• d’installations de réception denavires allant jusqu’à 10 000 tonnes,• de stockages (2 200 m3 en réser-voirs cylindriques aériens, avecpossibilité de triplement),• d’un hall d’emplissage compre-nant un carrousel semi-automa-tique ainsi que des machines relati-vement sophistiquées : fermeture

automatique du robinet, contrôlepondéral (évacuation des bouteillessur et sous-emplies), contrôled’étanchéité, etc.,• des postes de chargement vrac.

L’ensemble est dimensionnépour une activité de 50 000 tonnespar an. Le parc d’exploitation –bouteilles de 6, de 12,5 et de 40 kgde butane – arrive de France enlots successifs par voie maritime.

Les développements GPL

Elf Antargaz a donc été la pre-mière société étrangère à ouvrir lemarché vietnamien des GPL. Unmarché qui devrait atteindre 10 kgde GPL par an et par personne en2010, pour une population quidépassera alors les 100 millions.D’ores et déjà, les installationsd’Elf Gaz Saigon fonctionnent àhauteur de 30 000 tonnes par an et,pour satisfaire la demande, le ter-minal reçoit désormais troisnavires de GPL par mois. Toutlaisse à penser qu’au rythmeactuel, l’activité doublera tous lestrois ans. Car la demande est pres-sante. Les 18 000 consignationsnouvelles enregistrées en un mois,lors de la fête du Têt de 1995, lemontrent clairement.

Les ventes de vrac se dévelop-pent elles aussi de façon importan-te, mais l’activité d’Elf Gaz Saigon

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ELF : LES GPL AU VIÊT-NAM

Charles PRÉVOT (66),

directeur Stratégie Ressources-Débouchés, ELF AQUITAINE Raffinage-Distribution

et Claude ARCHIMBAUD,

directeur international, ELF ANTARGAZ

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porte en majeure partie sur leconditionné, surtout en bouteillesde 12,5 kg. Les ventes en embal-lages de 40 kg et de 6 kg ne repré-sentent d’ailleurs respectivementque 10% des sorties.

Ce que l’on peut aussi noter,c’est que, s’inscrivant dans lacroissance, Elf Gaz Saigon est unacheteur important de bouteillesdes différents types : plus de100 000 emballages par an.

Les autres distributeurs opérantau Viêt-nam étant au diapason, onpeut estimer que le marché vietna-mien se situe entre 200 et300 000 bouteilles par an.

Le maillage commercial

Pour assurer la commercialisa-tion des bouteilles, Elf Gaz Saigona développé un réseau commercialserré, très présent sur le terrain.

En démarrant par Hô Chi MinhVille et sa périphérie, Elf Antargaza progressivement bâti un réseaude 22 concessionnaires (un parprovince), sur un territoire quis’étend jusqu’à la frontière cam-bodgienne. Ce sont des entrepriseslocales, quasiment toutes sous lecontrôle de l’État, qui ont ajouté

une diversification “ gaz ” à leuractivité principale qui était souventune revente de fuel, de quincaille-rie voire même le commerce del’or et des pierres précieusespuisque, parmi les concession-naires, figure l’un des deux groscomptoirs-magasins chargés dunégoce des gemmes au Viêt-nam !

Elf Gaz Saigon mène une poli-tique d’animation et de dynamisa-tion commerciale du réseau, touten lui insufflant, comme elle leferait en France, une rigueur enmatière de sécurité.

Quelques conditionsdu succès

La première condition du suc-cès pour un projet commerciald’ampleur plutôt limitée par rap-port aux grands projets industrielsa été le choix du responsable dudéveloppement.

La deuxième condition a été lechoix d’un bon partenaire commeactionnaire minoritaire de la filiale.

La troisième condition a été lacréation d’un réseau commercials’appuyant sur des entrepriseslocales.

La quatrième condition a été laformation des collaborateurs de lafiliale.

Et bien sûr, il fallait que le pro-duit soit adapté au marché et pré-senté à un prix compétitif.

Une croissance soutenue

Aujourd’hui Elf Gaz Saigonassure 60 % de la distribution deGPL au Viêt-nam. Bien entendud’autres acteurs sont apparus. Dansce contexte porteur, Elf Antargaz adécidé – au-delà de l’arrivée àsaturation technique d’Hô ChiMinh Ville – de réaliser un secondprojet industriel au centre du Viêt-nam “ Elf Gaz Danang ”. Le nou-veau terminal acceptera desnavires plus importants que sonhomologue d’Hô Chi Minh Ville etil sera équipé d’une capacité destockage supérieure. Il sera dotéégalement des moyens nécessairesd’enfûtage de conditionné et dechargement vrac.

Avec ces deux points d’appuiElf Antargaz bénéficiera d’uneposition stratégique à la fois sur lemarché vietnamien et sur celui despays voisins. n

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L ORSQUE, à la fin des annéesquatre-vingts, le Viêt-namdécide de lancer une poli-

tique d’ouverture, le pays est trèsdémuni en matière de lignes télé-phoniques. Les télécommunica-tions sont placées parmi les sec-teurs à développer d’urgence, etc’est dans ce contexte de pénurie,mais aussi de challenge exaltant,que s’inscrit l’aventure d’Alcatelau Viêt-nam, commencée en 1987.

Dix ans plus tard, ce groupepose plus de 200 000 lignes par an,grâce à une Joint Venture conclueavec les Postes et Télécommu-nications vietnamiennes (VNPT).Retour sur une croissance maîtri-sée, placée sous le signe de lapatience et de l’humilité.

Au départ, il n’y avait rien, ousi peu. Une très faible densité télé-phonique : 56 000 lignes pour72 millions d’habitants, dont30 000 sur Hô Chi Minh Ville et12 000 sur Hanoi. Des lignes ana-logiques, datant de l’époque colo-niale française, certaines installéespar les Américains. Utilisées parles hauts fonctionnaires, ou lesgros commerçants, alors que, dansles campagnes, c’est le vieux“ téléphone de guerre ”, dans lespostes, qui est toujours là.

C’est dans ce contexte que legouvernement déclare “ prioriténationale”, en 1987, la modernisa-

tion du secteur, placé en premièreposition, avec l’eau, l’énergie et lestransports. En raison des liens exis-tant entre la France et le Viêt-nam,il apparaît alors logique à Alcatelde tenter de s’implanter dans lepays. Dès juillet 1988, le secrétairegénéral des Postes et Télécommu-nications, M. Dang Van Than, estinvité à venir visiter en France, àNice, une exposition sur les télé-communications. Le contexterégional incite aussi Alcatel à vou-loir tenter l’aventure, en corréla-tion avec sa présence dans les paysvoisins, notamment en Chine, enThaïlande et en Malaisie. C’estdonc en pionnier, dans un paysami, que notre entreprise commen-ce son approche. En 1988, seuls lesAustraliens de Telstra sont sur leterrain. Cette primauté de la pré-sence va se révéler décisive, et per-mettra de s’attirer la reconnaissan-ce des autorités vietnamiennnes,très sensibles à la notion de durée.

Un premier contrat est signé endécembre 1988 entre Alcatel etVNPT, et porte sur la constructiond’un central numérique à Hanoi.Alcatel est alors fournisseur deVNPT. De son côté, Telstra a signéen 1990 un Business CooperationContract (BCC), avec VNPT, por-tant sur les télécommunicationsinternationales. À partir de 1991,une déferlante de concurrences’abat sur le Viêt-nam ! Etaujourd’hui, à l’exception de

l’américain AT&T (présent demanière symbolique), la plupartdes grands groupes du secteur sontsur place, créant parfois une situa-tion compliquée, en multipliant lessystèmes, dans un pays présentéparfois comme un “ salon des télé-communications”.

L’implantation d’Alcatel

Les premières activités concer-nent la vente directe à VNPT de140 000 lignes téléphoniques aucours des trois premières années.Le financement de l’opération esttripartite : État français (sousforme de dons), fonds propres deVNPT et crédit fournisseurd’Alcatel.

Les personnels travaillent àcette époque directement dans lesbureaux des P&T locaux, et instal-lent les centraux téléphoniques.

L’idée d’une Joint Ventureavait été émise dès le départ parles autorités vietnamiennes, maisil n’était possible d’y souscrirequ’une fois un certain nombre destructures réalisées. Celles-ciachevées, la Joint Venture devientpossible. Pourquoi cette volonté,du côté vietnamien ? Pour maîtri-ser leur croissance, par le biais destructures locales. Après quatremois de négociations avec VNPT,

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ALCATEL AU VIÊT-NAMUNE AFFAIRE DE PATIENCE

Pierre CASCARINO,

directeur général d’ALCATEL NETWORK SYSTEMS VIETNAM

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la Joint Venture est signée le7 juillet 1993, et est créé AlcatelNetwork Systems Vietnam(ANSV), à laquelle la maisonmère participe à hauteur de 51 %.VNPT en est à la fois l’associé etson client pour l’achat de maté-riels et de technologie. L’investis-sement est de 4,7 millions de dol-lars. L’ensemble des réalisationsse fait avec la technologied’Alcatel, en particulier la produc-tion de systèmes téléphoniquesAlcatel 1000 E 10, la fourniturede services techniques et larecherche et développement delogiciels.

L’implantation des systèmesconcerne à terme l’ensemble dupays, et d’ores et déjà les grandesvilles : Hanoi, Hô Chi Minh Ville,Can Tho, Vung Tau, Huê, DaNang, Lao Cai etc. Un gros effortest à prévoir pour les prochainesannées sur la téléphonie rurale(voir encadré).

En 1996, les systèmes de télé-communications d’ANSV couvrent60 % du marché vietnamien. En1996, le volume de lignes en com-mande est de 250 000. D’autrepart, ANSV exporte sa technolo-gie, et a ainsi vendu 50 000 lignesen Thaïlande.

ANSV est présent sur tous lescréneaux de la communication :faisceaux hertziens, transmissionsur câble, GSM (infrastructurespour téléphone mobile), PABX(téléphone personnel), accès radio(raccordement sans câble parradio). La partie recherche en logi-ciels s’élève à 365 000 dollars en1995 et à 550 000 dollars en 1996.

Le chiffre d’affaires cumulé dela société depuis sa créations’élève à 700 millions de francs.Après des pertes de 153 000 dol-lars pour sa première année d’opé-ration (1994), les profits ont atteint750 000 dollars en 1995, 850 000dollars en 1996, et les prévisionssont de un million de dollars pour1997.

Un fonctionnement dual

Le Viêt-nam est à la fois unpays des plus centralisés et uneterre de consensus. Le directeurgénéral a dû bien évidemmentprendre soin de bien expliquer lateneur du projet envisagé, et tenircompte des commentaires de sespartenaires, avant même de leursoumettre le dossier. Dans le casde cette Joint Venture, le choix dupartenaire était clair, puisqu’il

s’agissait du seul opérateur desPostes et Télécommunications. Deces négociations a découlé unedirection duale, formée du direc-teur général français, PierreCascarino, et du directeur généraladjoint vietnamien, Nguyên SiHue.

En termes d’effectifs, lesFrançais sont peu nombreux : deuxsalariés, et cinq expatriés en assis-tance technique, alors que l’entre-prise emploie 102 salariés vietna-miens.

Quatre départements sontconstitués : administratif et finan-cier (25 personnes), industriel(40 personnes), réalisations(25 personnes) et le centre tech-nique et développement (12 per-sonnes). Dans l’organisation de laJoint Venture, la partie vietnamien-ne se charge de l’aspect adminis-tratif, et de celui du recrutement.En majeure partie, les ingénieursvietnamiens sont issus de l’Institutpolytechnique de Hanoi. Dès ledépart, des programmes de forma-tion complémentaires ont été misen place, permettant à la totalité del’encadrement et à une bonne par-tie du personnel de pouvoir serendre en France pour suivre desstages au sein de la maison mère.Parallèlement, le français a été ins-titué langue officielle dans l’entre-prise – ce qui est loin d’être le caspour la majorité des compagniesfrançaises présentes au Viêt-nam.Ce choix d’ANSV s’explique parune volonté de véhiculer desvaleurs communes, et d’abaisser aumaximum les barrières de commu-nication. Pour cela, une conventiona été signée avec l’Aupelf-Urefpour que les employés puissentbénéficier de cours de français.

En termes de ressources maté-rielles, la partie vietnamienne aamené les terrains et les bâti-ments, et Alcatel les machinesnécessaires à la production. Latechnologie utilisée permetl’assemblage de tout ce qui estcarte d’abonné et bâti.

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En termes de ressources finan-cières, le capital légal est de24 millions de francs et le capitalinvesti de 30 millions de francs. Enmarge de ces données brutes, unfait ressort : l’absolue nécessité deprendre en compte le facteurtemps, qu’il faut appréhendersereinement, en privilégiant tou-jours la manière douce...

Problèmes majeursrencontrés

Les problèmes majeurs rencon-trés sont inhérents à la formule dela Joint Venture. La loi vietnamien-ne est particulièrement contrai-gnante : toute décision importante(concernant le budget, la produc-tion, les salaires, les primes, lesnominations des cadres, le rapportannuel...) doit se faire en consen-sus entre le directeur général et ledirecteur général adjoint. D’autrepart, les décisions du Conseild’administration (où siègent troisreprésentants d’Alcatel et deux deVNPT) doivent être prises à l’una-nimité, ce qui n’est pas toujoursfacile...

Sur un autre plan, alors que lessalariés vietnamiens ont fortementprogressé en termes de connais-sances théoriques et pratiques pen-dant les trois premières annéesd’activité, cette progression estdésormais plus difficile, ce quis’explique aisément par la com-plexification des problèmes, liés àl’économie de marché elle-même.Un seuil qu’il n’est pas aisé de fran-chir pour une génération d’ingé-nieurs, qui n’a pas eu la formationde base nécessaire pour appréhenderfacilement ces concepts. Mais cesdifficultés, qui concernent la viequotidienne de la Joint Venture,n’ont pas de répercussions commer-ciales ; les résultats en ce domaineen sont la preuve. Le fait de pouvoirs’appuyer sur un groupe de taillemondiale, en tant que fournisseur,permet aussi de pouvoir surmonterbien des obstacles...

Une concurrencetrès présente

Le marché des télécommunica-tions, dans les pays d’Asie du Sud-Est, et au Viêt-nam en particulier,continue à attirer les investisseursdu secteur, en raison de sa fortecroissance prévue pour les pro-chaines années (10 % par an).Depuis 1989, Siemens est présentsur place, et a réalisé un chiffred’affaires de 180 millions de dol-lars, en prestations et services. Cesont des performances du mêmeordre que celles d’ANSV. Suiventensuite, par ordre décroissant : lecoréen Goldstar, le suédoisEricsson, les japonais NEC etFujitsu, l’italien Italtel et l’alle-mand Bosch Telekom. Alors quetous les systèmes étaient jusqu’àprésent acceptés, les autorités viet-namiennes devraient bientôt porterleur choix sur quatre d’entre eux.Ceux proposés par ANSV, parSiemens-Bosch, par NEC et parGoldstar. Un certain nombre defacteurs sont déterminants, en par-ticulier l’antériorité de l’implanta-tion, la qualité de la technique, etles données politiques, liées à lavolonté vietnamienne de continuerà s’ouvrir, en particulier vers despays qui peuvent lui permettred’améliorer sa position sur la scèneinternationale.

L’avenir està la diversification

Aujourd’hui, la Joint Venturefait avec succès de la commutationet de la transmission, au rythme de200 000 lignes par an. Les pers-pectives pour le Viêt-nam sontd’atteindre, pour l’an 2000, unedensité de lignes téléphonique de 4à 5 % (alors qu’elle n’était que de0,06 % en 1987). Pour cela il fautsur trois ans investir 11 millions dedollars, pour atteindre une produc-tion de 600 000 lignes par an, etgarder 60% de part de marché.

D’autre part, les autres activi-tés : mobile (GSM), transmissionsur faisceaux hertziens (SDH), surcâble optique (SDH) et accès pourla téléphonie rurale doivent forte-ment progresser, pour atteindre30% de part de marché.

Enfin, le satellite est d’actualité.M. Dang Van Thang, directeurgénéral de DGPT, a annoncé que“ le Viêt-nam a pour ambitiond’avoir son propre satellite de télé-communications ”. D’ores et déjà,le pays peut louer des chaînessatellitaires sur Intelsat, Interspout-nik, Asiasat, Thaicom. Mais lesbesoins en forte progression impli-quent le lancement d’un satellitevietnamien. Alcatel mais aussid’autres grands groupes internatio-naux ont déjà présenté des offresau gouvernement vietnamien.

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Viêt-nam

DES TÉLÉPHONESPOUR

LA CAMPAGNE

PLUS DE 75 % de la popula-tion habite dans les cam-pagnes, mais la densité en

postes téléphoniques n’est que de0,3 poste pour 100 habitants,contre 6 postes pour 100 habi-tants en ville. L’enjeu des pro-chaines années, le voici : la télé-phonie rurale !

Les problèmes sont multiples :dispersion de l’habitat, isolementde certaines provinces, et donccoût dix fois plus élevé qu’enville. C’est pourtant un program-me d’intérêt national pour le Viêt-nam. Il permettra d’éviter (mêmesi c’est loin d’être le seul facteurentrant en ligne de compte)l’exode rural, et donc l’entasse-ment dans les grandes villes.DGPT prévoit un investissementde l’ordre de 500 millions de dol-lars. Pour ANSV, ce secteur appa-raît donc stratégique pour les pro-chaines années.

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Le bilan : une réussite

Côté vietnamien, la clef du suc-cès réside dans la durée. La JointVenture a été signée pour dix ans,elle devrait bientôt s’étendre àvingt ans. Les bâtiments des télé-communications sont rénovés, lacroissance du nombre de lignesimpressionnante, le secteur jugéstratégique a bien décollé.

D’autre part, cette alliance avecun grand groupe internationalconfère un incontestable prestige,et “ l’effet vitrine ” se traduit aussipar le nombre de visiteurs de hautniveau qui viennent visiter le siègede ASNV. À terme, la partie viet-namienne souhaite encore davanta-ge “vietnamiser ” l’entreprise.

Côté Alcatel, le chiffred’affaires réalisé et les perspectivesd’avenir sont des critères de satis-faction. La vietnamisation est réus-sie, et l’expérience concluante.

Quelles leçons tirer de ce suc-cès ? Tout d’abord, la confirmationque l’Asie exige l’humilité. Pourespérer pouvoir faire quelquechose dans ce pays, il faut essayerde comprendre ce que veulent lesVietnamiens. L’erreur est de vou-loir forcer la main, de ne pas savoirattendre.

Des rudimements de culturelocale, qui peuvent paraître tri-viaux, sont essentiels : savoirtendre une carte de visite avec lesdeux mains, ne pas serrer la main

aux femmes, ne pas donner de ren-dez-vous à 11 h 30 du matin... lesVietnamiens mangent tôt. Nejamais se mettre en colère, vousperdriez la face. Ces précautionsne doivent pas empêcher d’êtreferme. Les deux critères princi-paux de respect sont la richesse etle travail. L’étranger est naturelle-ment synonyme de richesse, maisil doit prouver par son travail qu’ilpeut apporter quelque chose... auViêt-nam. Les trois piliers du Viêt-nam actuel sont encore le culte desancêtres, Confucius et le PartiCommuniste, le tout en forme depyramide. En conséquence, il nesuffit pas de convaincre la tête dela hiérarchie, mais il faut aussi sus-citer l’adhésion du secteur opéra-tionnel.

Pour l’anecdote, si vous voulezfaire câbler une pièce en lignedroite, et non par des voies détour-nées, vous pouvez imposer à votrechef de chantier vos vues. Il iradiscuter avec les ouvriers, leurtransmettra “ ce que l’étranger adit ”, et il y a de fortes chances queceux-ci ne comprennent pas l’inté-rêt de la chose, et vous fassent uncâblage à leur façon. Si, au contrai-re, vous sollicitez l’avis de votrechef de chantier, tout en lui expli-quant pourquoi, selon vous, la voiedirecte vous semble judicieuse, ilira toujours voir ses ouvriers, leurexposera le problème avec desarguments qu’ils intégrerontcomme des choix venus d’eux-mêmes... et ils vous montrerontavec fierté leurs réalisations. LeViêt-nam, c’est prudence, patience,persévérance.

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Viêt-nam

Gestion de réseau.

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A VEC UN chiffre d’affairesconsolidé de 151,3 mil-liards de francs et

l’exploitation de 32,9 millions delignes téléphoniques, FranceTélécom est le quatrième opérateurmondial de télécommunications.

France Câbles et Radio (FCR),filiale du Groupe, exerce ses activi-tés dans quatre grands métiers :– les réseaux publics,– les réseaux spécifiques,– les câbles sous-marins,– les mobiles aéronautiques.

Elle a pour vocation d’exporterle savoir-faire de l’opérateur natio-nal dans le monde entier. Alliantles ressources d’un Groupe à uneentreprise de taille humaine, elleconstitue un pôle de compétencesuniques qui lui permet de partici-per à deux axes majeurs de la stra-tégie du groupe France Télécom :la conquête de nouveaux marchéset le développement d’offres inno-vantes. Présente sur les cinq conti-nents, au travers de nombreusesfiliales ou partenariats, FCR aacquis une forte culture internatio-nale sur le plan technique et finan-cier, en Argentine, au Mexique, enIndonésie et récemment en Côte-d’Ivoire.

FCR négocie avec VNPT

VNPT, opérateur vietnamiensous monopole, recherche des par-tenaires pour l’aider à développerson réseau de télécommunications.En effet, le Viêt-nam ne comptequ’environ 1 000 000 de lignestéléphoniques fixes, pour unepopulation estimée à 75 millions

d’habitants dont 80 % vivant enzone rurale ; il semble avoir épuiséses moyens de financement et doitdonc faire appel à des opérateursétrangers.

L’ambition de l’État vietnamienest de multiplier au niveau nationalla densité téléphonique par trois encinq ans, en faisant porter l’essen-tiel de l’effort sur les deux grandesagglomérations que sont Hô ChiMinh Ville (4,5 millions d’habi-tants) et Hanoi (1,5 million).

Dans ce cadre, est en négocia-tion un contrat de type BCC (Busi-ness Cooperation Contract) portantsur la construction de 540 000lignes téléphoniques à l’est de laprovince d’Hô Chi Minh, incluantla commutation, la transmission etle réseau local pour un montantd’environ 500 millions US $. Cecontrat est d’un type très particu-lier : le BCC est le seul mode decontrat autorisé par l’État vietna-mien dans le domaine du dévelop-pement des réseaux de télécommu-nications.

Le BCC (BusinessCooperation Contract) : niune Joint Venture, ni un BOT(Build Operate Transfer)

Dans ce type de contrat, l’opé-rateur étranger finance et construitle réseau de télécommunications, ilpartage ensuite avec la partie viet-namienne les recettes d’exploita-tion selon les termes convenuspendant une durée déterminée.

Il apporte aussi son savoir-faire,ses outils et son assistance pendant

la durée du contrat. Il reste pro-priétaire des équipements installésjusqu’à la fin de la période de par-tage des revenus.

Une des difficultés majeuresréside dans le fait que l’investis-seur n’est pas responsable del’exploitation des équipements, pasplus que de la politique tarifaire oudu marketing. Compte tenu dessommes mises en jeu, les garantiesminimales exigées par les investis-seurs font donc l’objet de discus-sions animées, certaines ne trou-vant leur réponse qu’au niveau leplus élevé de l’État vietnamien.

La négociation : unenouvelle culture à acquérir

Au Viêt-nam, il faut oublier nosschémas cartésiens s’appuyant surla trilogie classique “ cahier descharges, appel d’offres, choix de lameilleure offre”. La signature d’unprotocole d’accord appelé Memo-randum of Understanding (MOU)constitue la première étape de lanégociation. Chacun des pointsdoit ensuite être négocié, tout engardant en mémoire que le para-mètre “ temps ” n’a pas au Viêt-nam la même acuité qu’enOccident. La patience est une vertuasiatique et le temps un outil denégociation redoutable face aux“ businessmen pressés ” occiden-taux. Les Vietnamiens le savent etsavent en jouer. C’est là une leçonà retenir pour tout investisseurdans ce pays qui doit faire preuvede foi en son projet et ainsi établirune relation de confiance réci-proque. n

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Viêt-nam

FRANCE CÂBLES ET RADIOAU VIÊT-NAM

Propos recueillis auprès de Pierre GODINIAUX (62)

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E N JUILLET et août 1996, leNord Viêt-nam a été dure-ment touché par deux

typhons. Le bilan est lourd : plusde 200 morts et 281 millions deUS $ de dommages. La plupartn’étaient pas assurés.

Si l’assurance n’est pas la clefde tous les problèmes, au moinselle soulage et permet à desfamilles de se trouver à l’abri dubesoin.

Car le cœur du métier d’assu-reur est bien celui-là : protéger lesbiens et les personnes, au Viêt-namcomme ailleurs.

Certes dans un pays en déve-loppement, on comprend toutel’importance, mais aussi toute ladifficulté d’exercer ce métier.

Ce pari ambitieux et passion-nant, les AGF l’ont fait depuis plusde trois ans. Elles ont été le pre-mier assureur européen à s’implan-ter au Viêt-nam dès décembre1993 sous forme de bureau dereprésentation par la décision du29 décembre 1993 n° 814/TM-GP-CATBD.

En fait, à se réimplanter.Car notre entreprise est liée par

l’histoire au Viêt-nam en raison desa présence pendant près de qua-rante ans en Indochine. Commecertains s’en souviennent encorerue de Richelieu, le Viêt-namreprésentait une partie importantedes activités du groupe à l’interna-tional. Dans les années 1930, uneagence des Assurances GénéralesAccidents est ouverte au Viêt-nam.

Au cours des années 1950, les pre-miers expatriés sont envoyés àHanoi et Saigon. En 1960, lesAssurances Générales Incendieprennent une participation dans laVAR (Vietnamienne d’Assuranceet de Réassurance) et resteront pré-sentes jusqu’en 1973. Mais l’his-toire et le lien affectif n’ont passeuls motivé un retour en 1993.

Dans le cadre de la stratégiesélective de développement dugroupe dans les pays émergents, leViêt-nam est apparu comme unmarché d’avenir où les AGF ont,notamment en tant que compagniefrançaise, un rôle à jouer.

Le secteur de l’assurance est àl’image de l’économie du pays : entransition.

Beaucoup reste à faire. Le Viêt-

nam ne s’est pas encore doté d’uneloi sur l’assurance. Un règlementet quelques circulaires constituentaujourd’hui le corps des règlesapplicables. La loi est bien en ges-tation et il faudra sans doutequelques années encore avantqu’elle ne soit votée.

De même, le ministère desFinances, autorité de tutelle descompagnies d’assurances, a récem-ment constitué un embryon decommission de contrôle.

Un projet de Fédération descompagnies d’assurances vietna-miennes est à l’étude.

Enfin, le niveau de développe-ment de l’économie vietnamiennene propose pas de véhicule finan-cier permettant aux compagnies deplacer leurs primes et de proposerdes produits d’assurance-vie ayantdes rendements attrayants pour lesassurés.

Organiser un marché d’assuran-ce, tel est l’enjeu auquel sontconfrontées les autorités vietna-miennes.

On estime que le ratioPrimes/PIB est de l’ordre de 0,3%en 1995 alors qu’en Thaïlande ilest de plus de 2 %. En 1995,100 millions de US $ de primesbrutes ont été émis au Viêt-nam, lamoitié provenant des risques liés àl’investissement étranger.

On avance le chiffre de 20 mil-liards de US $ d’investissementsétrangers cumulés, acceptés entre1986 et 1996. Dans les faits, ilsemblerait que seulement 6 mil-

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Viêt-nam

LES AGF PIONNIÈRESDE L’ASSURANCE AU VIÊT-NAM

André RENAUDIN (76),

directeur de AGF International

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liards aient été investis jusqu’àaujourd’hui. D’autre part, le minis-tère des Finances vietnamien esti-me que seulement 30% des inves-tissement étrangers sont assurésauprès des compagnies locales. Eneffet, les investisseurs assurentleurs actifs en dehors du pays.

Une réglementation rendantobligatoire l’assurance auprèsd’une compagnie dûment habilitéeà souscrire au Viêt-nam s’accom-pagnerait d’une nette augmentationdu volume des primes conservéesdans le pays.

Les entreprises locales, dansleur grande majorité, ne sont pasassurées. On estime que seulement25 % des sociétés d’État contrac-tent une assurance. Seules l’assu-rance auto et l’assurance accidentdu travail sont obligatoires.

Enfin, l’assurance des particu-liers est quasiment inexistante. LesVietnamiens nantis ne font pasconfiance aux compagnies localeset perçoivent l’assurance auto-moto comme une taxe supplémen-taire. Si, aujourd’hui, le pays estpauvre, les agglomérations vietna-miennes sont incontestablementdes pôles de croissance et derichesse. Hanoi et Hô Chi MinhVille totalisent près de 10 millionsd’habitants soit plus de 13% de lapopulation avec un revenu parhabitant deux fois supérieur à celuide l’ensemble du pays. La nouvelleclasse moyenne des villes aspire àde meilleures conditions de vie et àse protéger contre les aléas ens’assurant. Conscientes de cebesoin croissant en assurance-vieet assurance santé, les compagniesvietnamiennes commencent à pro-poser ce type de produits. L’assu-rance de personnes devrait doncconnaître un développement cer-tain dans les années à venir.

Le nombre sans cesse croissantde sociétés présentes a provoquéune rapide évolution du panoramade l’assurance. Pendant près detrente ans, l’assurance était lemonopole de la compagnie d’ÉtatBaoviet, département du ministèredes Finances, créée en 1965.Baoviet est de loin la plus impor-

tante des compagnies en termes depart de marché (de l’ordre de90%), de personnel (près de 1 000personnes) et de réseau de distribu-tion (50 succursales sur l’ensembledu territoire).

Entre 1994 et 1995 les autoritésont “ éclaté ” ce monopole encréant plusieurs compagnies :Baominh ancienne succursale deBaoviet à Hô Chi Minh Ville,Vinaré la compagnie de réassuran-ce nationale, Petrolimex JointStock Insurance Compagny(PJICO), Petro Vietnam InsuranceCompany (Petrovina), Baolong.Toutes appartiennent directementou indirectement à l’État. Cescompagnies d’assurances sont fai-blement capitalisées – 10 millionsde dollars pour Baoviet, leader dumarché et 2 à 4 millions de dollarspour les autres – ce qui ne leur per-met pas d’avoir une rétention sub-stantielle des risques. Elles sontdonc amenées à fortement sollici-ter le placement en réassurance.

À ce jour, il n’existe donc pasde compagnie d’assurances privéeau Viêt-nam. On peut imaginer,dans un avenir encore incertain,une “ actionnarisation ” (le termede privatisation n’étant pas utilisé)de certaines d’entre elles.

En 1993, date de l’ouvertureprogressive du secteur de l’assu-rance, de nombreuses compagniesétrangères se sont pressées à laporte de ce marché encore vierge.Six compagnies étrangères étaientprésentes au Viêt-nam en décem-bre 1993 ; il y en a près d’une tren-taine aujourd’hui.

Les compagnies japonaises sontlargement représentées : septd’entre elles disposent de bureauxde représentation et la premièresociété d’assurance en partenariatqui devrait être pleinement opéra-tionnelle en janvier 1997 com-prend une compagnie japonaise(Tokio Marine), une compagnieanglaise (Commercial Union) etBaoviet.

Le deuxième projet de sociétémixte est prévu entre deux compa-gnies japonaises : Mitsui, Yasudaet la deuxième compagnie d’assu-

rances vietnamienne Baominh.D’autres projets de partenariats, àplus longue échéance, sont en pré-paration.

Cependant, deux groupesd’assurance ont choisi de s’implan-ter sans partenaire local : AIG etles AGF.

La puissante compagnie améri-caine AIG (American InternationalGroup), forte de son succès sur lemarché chinois, presse les autoritésvietnamiennes pour obtenir unelicence lui permettant de s’implan-ter sous la forme d’un investisse-ment à 100% étranger. La stratégieaméricaine consiste à proposer uninvestissement dans le secteur desinfrastructures, projet portuaire de600 millions de dollars au nord dupays, contre une licence composi-te, vie et non-vie, dans le secteurde l’assurance. Bien qu’elle ait étéla première compagnie étrangèreen juillet 1993 à ouvrir un bureaude représentation au Viêt-nam, elleattend toujours son agrément.

Les AGF, face à leurs concur-rents japonais et anglo-saxons,veulent promouvoir une concep-tion française de l’assurancepropre à intéresser les Vietna-miens : défense des intérêts desassurés, importance de la coopéra-tion entre les compagnies d’assu-rances. La notion de service publica fortement marqué leur traditiond’assureur. Aujourd’hui privatiséesavec une obligation de résultat vis-à-vis de leurs actionnaires, ellesgardent cette image rassurante etprotectrice mise en avant pendantleur privatisation. Entre les géantsjaponais et anglo-saxons, elles pro-posent une alternative aux autori-tés.

Antoine Jeancourt-Galignani aété le premier président d’unecompagnie d’assurances françaiseà se rendre au Viêt-nam dèsoctobre 1994. De même plusieursdirigeants ont pu constater aucours de leurs différentes visites lepotentiel de développement de cepays dans le long terme.

Jusqu’à présent, les activités dela compagnie sont limitées puis-qu’en tant que bureau de représen-

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tation elle n’a pas la possibilité desouscrire directement des affaires.Elle travaille en revanche en étroitecollaboration avec les compagniesd’assurances vietnamiennes. Elleleur apporte un support en réassu-rance pour des risques industrielset elle développe en partenariatavec l’une d’entre elles des pro-duits d’assurance pour la clientèleétrangère.

Les risques vietnamiens sontainsi réassurés par la filiale deSingapour et par la plate-formegrands risques récemment ouverteen Asie. Le bureau de représenta-tion intervient sur le terrain encontact avec les clients, les cour-tiers et les compagnies d’assu-rances vietnamiennes. Notre com-pagnie réassure de nombreuxprojets de construction notammentdans le secteur hôtelier, Hyatt,Mariott, ou encore le groupe sud-coréen Daewoo, dans le secteurindustriel, Elf, Rhône-Poulenc,clients traditionnels du groupe,

mais aussi les sucreries deBourbon, l’usine d’eau minérale deVittel du groupe Nestlé et enfindans le secteur des infrastructuresle premier port en eaux profondesdes Potasses d’Alsace ou encore leprojet de centrale électrique taiwa-nais...

Parallèlement, à l’initiative dela Fédération française desSociétés d’Assurance, l’assureurfrançais participe financièrement etpar l’envoi d’experts à un vasteprojet de formation des cadres duministère des Finances et des com-pagnies vietnamiennes.

La structure en place est soupleet réduite, jouant la flexibilité avecune équipe en majorité vietnamien-ne : le bureau est composé d’uneexpatriée et de quatre Vietnamiensdont un cadre qui a bénéficié d’uneformation à Paris et au siège régio-nal de Singapour.

Bien que les autorités vietna-miennes aient opté pour une ouver-ture par étapes : démantèlement du

monopole, création de nouvellescompagnies locales, sociétés enpartenariat avec des compagniesétrangères et enfin sociétés à100 % étrangères, notre objectifdemeure une implantation sousforme de compagnie détenue à100%.

Voici en quelques lignes unbilan de notre expérience, certesencore modeste mais qui, dans unavenir proche, devrait prendre plusd’ampleur. La difficulté majeureréside dans l’incertitude à laquellesont en permanence confrontés lesinvestisseurs étrangers : incertitudequant à la réglementation, à l’évo-lution du marché et à l’obtentiond’un agrément. Les autorités viet-namiennes encouragent les socié-tés en partenariat afin de bénéficierimmédiatement du savoir-faire etdes capitaux étrangers sans réelle-ment céder le terrain. Les frustra-tions et les espoirs déçus ne doi-vent pas décourager. La patience,la longévité et la persévérance sontdes qualités toutes asiatiques qu’ilfaut apprendre, parfois malgré soi.

La stratégie de développementà l’international de l’entreprise estessentiellement fondée sur la crois-sance externe. À ce titre, l’implan-tation au Viêt-nam est originale. Ilne s’agit pas de reprendre unesociété existante, de faire unealliance forcée avec un partenairelocal, mais de créer. De même queles autorités, dans le cadre del’économie de marché, mettent enplace une réglementation, uneautorité de contrôle, une associa-tion professionnelle, il s’agit d’éla-borer de toutes pièces une compa-gnie d’assurances en utilisant lesdifférents savoir-faire du groupe.

La valeur ajoutée de cette expé-rience vietnamienne, c’estd’apprendre à décliner le métierd’assureur dans un environnementen tout point différent de celui desmarchés traditionnels des assu-reurs, aujourd’hui saturés. Le Viêt-nam, tout comme l’ensemble despays asiatiques, représente un ave-nir pour les assureurs. n

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Source : AGF VIÊT-NAM.

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O N PEUT se demander quelest l’intérêt présenté parl’intervention d’une Tierce

Partie dans un pays en voie dedéveloppement. En effet, c’est unconcept qui a habituellement coursdans les pays développés. Tel n’estpourtant pas le cas du Viêt-nam,qui se trouve cependant engagédans le processus de mondialisa-tion auquel on assiste aujourd’hui.

La problématique duViêt-nam face àl’accélération de lamondialisation des échangeset de la concurrence

Le Viêt-nam est entré seule-ment depuis le début desannées 1990 dans une dynamiquede développement. Il doit donccombler un retard important parrapport aux dragons voisins telsque la Corée, Hong-Kong, Singa-pour et Taiwan, et dans unemoindre mesure par rapport àl’Indonésie, la Malaisie et laThaïlande. Avec l’accélération dela mondialisation des échanges etde la concurrence, le Viêt-nam n’aplus la possibilité de mettrecomme eux trente années pouraccéder à leur stade de développe-ment. Non seulement le rythmedoit s’accélérer, mais les étapesaussi doivent être repensées.

Même avec un PNB de 300 dol-lars par habitant, le Viêt-nam doit,dès aujourd’hui, assimiler et fairesiennes les problématiques qui sontle lot des pays développés dont lesPNB s’étagent de 1 000 à 20 000 dol-lars. Par exemple :– les produits et les services doi-vent intégrer la qualité réglementai-re, contractuelle ou consensuelle;– la qualité, pour être permanenteet répétitive, doit s’appuyer, entreautres, sur une organisation d’assu-rance qualité ;– la démonstration crédible decette qualité devient un plusconcurrentiel en même tempsqu’un facteur d’amélioration et defiabilité de la production.

Il se trouve ainsi confronté àune succession d’obstacles à sur-monter très rapidement, alors queles pays voisins ont disposé dedizaines d’années pour le faire.

Les dirigeants sont conscientsdu rôle-clé jouépar la Tierce Partie

Le Viêt-nam a en effet biencompris la nécessité de s’ouvrir àla libre concurrence sur les mar-chés internationaux, car son déve-loppement dépend de sa capacité àexporter. Or, le succès passe par ladémonstration que les produits

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LA NÉCESSITÉ DU RECOURS À LA TIERCE PARTIEDANS UN PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT

LÊ Van Phuc (64),

directeur général APAVE LYONNAISE

et Jean-Pierre UBAUD,

attaché à la direction générale

D.R

.

Séminaire à Hô Chi Minh Ville.

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exportés respectent les exigencesde qualité qui ont cours parmi lespays développés.

Or seule une Tierce Partie pré-sentant toutes les garanties d’indé-pendance, d’impartialité et d’inté-grité peut donner confiance à sesclients ; les services officiels, étantà la fois juges et parties, ne peu-vent prétendre à ce rôle. Le recoursà une Tierce Partie dans le cadred’un acte volontaire et non sous lacontrainte d’une quelconque régle-mentation est un facteur supplé-mentaire de crédibilité. Dans le casd’un partenariat entre une entrepri-se étrangère et une entreprisepublique, la Tierce Partie assureaux partenaires le respect mutueldes normes techniques de qualitéen prenant en charge leur valida-tion. Ainsi, le recours à une TiercePartie apporte un gain de crédibili-té et de sécurité ; c’est aussi unmoyen de faire évoluer plus rapi-dement en interne les mentalités etles organisations, car nul n’est pro-phète en son pays.

Ainsi, la nécessité qui s’imposepour le Viêt-nam d’intégrer unedémarche d’évaluation de la quali-té justifie pleinement le recours àune Tierce Partie. En fait, cettedémarche s’applique aussi bienpour l’exportation que pourl’importation.

Les dirigeants du pays sont deplus en plus conscients du rôle-cléjoué par les organismes TiercePartie. Il suffit, pour s’enconvaincre, de constater l’arrivéeen force des quatre coins du monded’organismes de contrôle et d’ins-pection tels que Apave, BureauVéritas, Lloyd’s, SGS… Ces orga-nismes sont en mesure d’apporterune aide appréciable aux entre-prises vietnamiennes qui souhai-tent exporter, ainsi qu’aux entre-prises étrangères désireusesd’intervenir au Viêt-nam.

Nous assistons à un change-ment radical dans la manièred’aborder les problèmes de déve-loppement du pays. Ce change-

ment prendra bien sûr encore dutemps dans sa traduction concrète,mais il mérite d’être souligné ; il nedoit pas être occulté dans le foison-nement actuel des difficultés éco-nomiques et administratives quetraverse naturellement ce pays etqui n’est pas sans conséquencessur les investisseurs étrangers.

Depuis quelques années,Apave intervient auViêt-nam : formationet certification

Ainsi Apave a déjà effectué desmissions de contrôle, d’inspectionpour le compte d’entreprises fran-çaises telles que Bouygues, CBC,Eiffel, Freyssinet, Otis, PierreCardin…

En 1995, pour la première foisau Viêt-nam, les deux plus grandslaboratoires d’essais étatiquesQuatest 1 et Quatest 3 et le plusimportant fabricant de compteurs

électriques EMICont fait appel àl’Apave pour lesaider dans la misesous AssuranceQualité ISO 9001et ISO 9002 deleurs prestations etde leur organisa-tion. Leur certifi-cation devraitintervenir en 1997à travers l’organis-me Afaq-AscertInternational.

Apave a aussieffectué un effortparticulièrementimportant de for-mation sousforme de sémi-naires gratuits oupayants ; à cejour, une douzai-ne de séminairesont été organisés,rassemblant prèsde 500 personnes

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parmi lesquelles des hauts fonc-tionnaires, des cadres dirigeants,des directeurs techniques, desingénieurs de production.

Ces séminaires permettent desensibiliser les participants à lanécessité de la qualité, de leur pré-senter les concepts, les avantageset les inconvénients des systèmesd’inspection, de contrôle qualité,d’assurance qualité, ainsi que lesinterventions de la Tierce Partiedans l’ensemble des processus.Bien entendu, les exposés ont portésur les Directives européennes etleurs conséquences sur le plansocial et économique, et sousl’angle de la qualité ; ils ont susciténombre de questions pertinentes.

Des sociétés qui commencent àprendre pied sur le marché interna-tional, telles que Air Vietnam etPetro Vietnam, ont demandé desséminaires orientés sur le choix etle contrôle de la qualité des four-

nisseurs et des sous-traitants ; voilàun autre exemple de l’aide quepeut apporter la Tierce Partie.

En 1996, une cinquantaine deresponsables techniques et qualitéappartenant à des entreprises et àdes organismes publics ont été cer-tifiés “ auditeur interne qualité ” parAfaq-Ascert International à l’issuede formations organisées parApave. C’est le futur noyau d’audi-teurs Tierce Partie qui se met ainsien place.

On a pu remarquer que lesdirections n’ont pas hésité à fairefaire à leurs collaborateurs undéplacement de 1 500 km en avionpour venir assister à des actions deformation qui ont été organisées àHanoi et à Hô Chi Minh Ville. Onpeut aussi constater à ces occa-sions que les Vietnamiens ont unegrande soif d’apprendre et de com-prendre ; mais de notre côté, nousavons réalisé à quel point il est

fondamental d’apprendre la maniè-re de travailler avec eux.

Conscients des enjeux de notreimplantation et soucieux de l’imagede la France, nous n’avons jamaishésité à envoyer nos meilleursexperts pour animer ces rencontreset pour réaliser les contrats.

Les réputations se bâtissent trèslentement, elles se défont par contretrès vite. En effet, quels que soientleurs titres et fonctions, les partici-pants ont un haut niveau intellec-tuel. Ils sont très exigeants, et lesinnombrables offres d’actions deformation gratuites, qu’ils se voientproposer par les nombreux paysdésireux de tisser des liens pourleurs entreprises, ne font que lesconforter dans leur exigence.

Au-delà desrelations d’affaires,des liens culturelsprivilégiés entrele Viêt-nam et la France

À travers ces différentes actionsqui nous ont permis d’embaucheren un an une dizaine d’ingénieurset d’assistants du pays, nous appor-tons la preuve, par le développe-ment de nos activités sur place, quele créneau de la Tierce Partie a unavenir au Viêt-nam. Ces actionscontribuent, en outre, à raviver lesliens culturels privilégiés entre leViêt-nam et la France, tout en par-ticipant ainsi au développementdes relations d’affaires entre lesdeux pays. Ces relations deman-dent de la prudence, de la luciditéet une volonté de raisonner à longterme ; c’est à ces conditions queles investisseurs français pourronts’implanter au Viêt-nam, et plustard, utiliser ce pays comme untremplin vers les autres pays duSud-Est asiatique.

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Viêt-nam

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FORMATION

avec l’Écoleune mise

en commun desexpériences,

riche d’échanges etde rencontres,

source de réflexion

des conférences,des séminairesau catalogue,à la demande

avec la culture,les valeurs et

le langaged’une grande école

scientifique

Collège dePolytechnique

CNIT2, place de la Défense

BP 23092053 PARIS LA DÉFENSE

Tél. : 01.46.92.21.49Fax : 01.46.92.21.60

[email protected]

Nos prochains séminaires,avant les vacances,

Les conférencesSciences d’aujourd’hui, techniques de demainContacts, frottements : problèmes sous-jacents 29 maiCommuniquer avec les médias : informationou désinformation? 18 juin

Un débat avec René MILLON, Agence France Presse,animé par Jacques GIRIN, directeur du CRG.

Les avancées scientifiquesLa géométrie fractale pour comprendre les systèmes irréguliers 23 maiChromatographie en phase gazeuse : initiation 26 au 30 maiChromatographie en phase gazeuse : perfectionnement 2 au 6 juinLa compression des images 9, 10, 11 juinMatériaux céramiques magnétiques 10, 11 juillet

Le progrès dans l’entrepriseL’analyse financière : du diagnostic à la stratégie 22, 23 maiFinancement et garanties à l’exportation 27, 28 maiFinancements multilatéraux à l’exportation 29 maiRelations maître d’ouvrage – maître-d’œuvre 4 juinLe financement de l’entreprise technologique 5, 6 juinDe l’expertise technique au management des hommes 6 juinDéfinir et organiser la croissance externe 12 juinGérer la complexité des financements de projets 25, 26 juin

Les 10 et 11 juilletMatériaux céramiques magnétiques

Parmi les matériaux nouveaux, les céramiquesmagnétiques sont riches d’applications.

Hubert Pascard, du Laboratoire de Solides irradiés,avec une équipe composée de chercheurs et d’industriels,animera ces deux jours pour en présenter les différentes

formes, leurs propriétés, leurs utilisations.

Le 6 juinDe l’expertise technique au management des hommesPrendre la direction d’un service, avec des responsabilitésd’encadrement, en s’éloignant d’une expertise technique,est souvent une marche difficile à franchir.François Délivré, X 67, qui a vécu cette situation en entreprise,l’a analysée, en a dégagé des éléments clés,des principes et des règles concrètes.

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

VIE DE L'ASSOCIATION

ÉVOLUTION DE L’ÉCOLE

Votre Conseil a suivi avec attention et intérêt cette évolutionet a contribué activement aux réflexions conduites sur cesujet, en particulier par les travaux de la Commission fonc-tionnant à cet effet, animée par J. de LADONCHAMPS (54), etl’action du président Marcel ROULET (54) membre du groupede travail constitué par Pierre FAURRE (60), président de l’X,à la demande du ministre de la Défense.La Commission “ Évolution de l’École ” a été amenée à retenirdeux orientations pour ses travaux relatifs aux incidences dela suppression du service national obligatoire :• la possibilité qui devrait être donnée aux polytechniciens,comme à tous les ingénieurs des autres écoles, d’entrer un anplus tôt dans la vie professionnelle. Ceci conduit à réétudiercomplètement et globalement le cursus normal de leur forma-tion (X + formation complémentaire),• la nécessité de maintenir, et même de renforcer la positionconcurrentielle de l’École, afin notamment de continuerd’assurer – malgré la relative mais croissante désaffection destaupins vis à vis de l’École – la qualité du recrutement qui estl’une de ses spécificités.Après avoir exploré un large inventaire de modalités envisa-geables pour remplir ces objectifs, la Commission a recentréses travaux dans le cadre des grandes options retenues par leministre de la Défense, et cela en vue d’être à même d’appor-ter une contribution positive aux réflexions entreprises parnos camarades M. ROULET et J. DELACARTE (membre duConseil d’Administration de l’École).L’ensemble de ces travaux est résumé dans l’annexe auProcès-verbal de la réunion du Conseil du 9 décembre 1996,qui en fait le point à cette date et qui est paru dans le numérod’avril 1997 de La Jaune et la Rouge.

COMPTES DE L’EXERCICE

(Voir Rapport du Trésorier)Les comptes de l’exercice se sont soldés par un résultat positifde 1 404 KF.

EFFECTIFS DE L’A.X.

Sur 16 700 anciens élèves réputés vivants au 31 décembre,82% appartiennent à l’Association. Mais 21% des membres àcotisation annuelle ne sont pas à jour de leur cotisation à lafin de l’année. Parmi les membres des promotions antérieuresà 1957 ayant racheté leur cotisation, 58 % ont apporté unecontribution bénévole en 1995 ou 1996.

LA JAUNE ET LA ROUGE

Les thèmes traités cette année dans la revue ont été les suivants :Europe et technologieHistoire et archéologieL’environnementLes télécommunicationsLa sécurité routièreL’emploiLes industries de l’emballageLes Consultants.Trois articles ont été consacrés à Descartes pour son quatriè-me centenaire.La livraison d’avril contenait une allocution de M. CharlesMILLON, ministre de la Défense.Celle de décembre a rendu hommage à Henri Becquerel.

LE BUREAU DES CARRIÈRES

En 1996, 251 camarades ont rendu visite au Bureau desCarrières.L’année a été marquée par une certaine stabilisation du mar-ché de l’emploi dans son état initial. En fin d’année il y avaitencore 53 camarades sans emploi en région parisienne, dont37 avaient plus de 40 ans.Nous avons constaté néanmoins une légère diminution, parrapport à l’année antérieure, du nombre de camarades venusnous déclarer un problème d’emploi à court ou moyen terme(187 contre 202) ; 50% d’entre eux avaient plus de 40 ans.Les offres d’emploi s’adressant à des polytechniciens intéres-saient principalement les secteurs de l’informatique, des télé-communications et des services. Elles étaient en augmenta-tion de 12% par rapport à l’année précédente et concernaientsurtout la région parisienne (66 %) ; 320 camarades enmoyenne étaient abonnés à notre réseau d’offres d’emploi.Le Bureau des Carrières a aussi continué à intervenir en com-mun avec les structures correspondantes existant dans lesGrandes Écoles : échanges d’informations sur l’emploi et surl’aide apportée aux chômeurs de longue durée ; des confé-rences-débats ont été organisées avec l’intervention des direc-tions juridiques AGIRC et UNEDIC à l’intention des chômeursde plus de 50 ans : elles ont “malheureusement ” rencontréun très grand succès.Le réseau de nos 75 correspondants X dans les entreprisesfonctionne efficacement ; il faut souligner le réconfort et l’aideapportés par ces camarades, déjà très occupés par leursimportantes responsabilités professionnelles. C’est encoredans ce domaine de la solidarité que nous allons poursuivrenos efforts en 1997.

RAPPORT MORAL SUR L’ANNÉE 1996

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LE GROUPE X-ENTREPRENEUR

En 1996, en continuité des actions menées depuis une dizai-ne d’années, X-Entrepreneur s’est constitué en association loide 1901, dont les adhérents sont tous des camarades X ouMineurs, qui ont réalisé sur un an douze créations d’entrepri-se et sept reprises.La situation de l’emploi l’a conduite à élargir ses objectifs et àaccroître les moyens mis en œuvre.L’assistance apportée aux camarades désirant créer oureprendre une entreprise a été étendue à ceux qui sont déjàentrepreneurs et l’Association se propose d’intervenir danstoute action de nature à développer l’esprit d’entreprise chezles élèves et anciens élèves.À l’École, outre la participation traditionnelle à X-Forum parun débat qui a réuni cette année environ 120 élèves, la pla-quette X-Entrepreneur a été diffusée à tous les élèves et descontacts ont été noués pour des actions complémentairesavec la Caisse des élèves et avec X-Projet.Pour développer l’assistance aux adhérents l’action des quatreanimateurs est complétée par une dizaine de bénévoles inter-venant comme tuteurs (accompagnement de créateurs ou derepreneurs), comme animateurs spécialisés sur un thème(financement, conseil, formation), ou comme délégués régio-naux (trois à ce jour) agissant en liaison avec les Groupesrégionaux de l’A.X. Sur la difficile question du financementune collaboration avec X-Banque se met en place après unpremier petit déjeuner-débat organisé à la Maison des X.Cette assistance consiste essentiellement à établir un réseaude relations privilégiées, à l’intérieur et à l’extérieur de l’asso-ciation, pour tout problème qui se pose à un adhérent.La communication entre les adhérents se développe par desréunions générales (7 à 8 par an), des réunions de Groupe detravail (tutorat, entrepreneurs, créateurs), des messages échan-gés par le bulletin mensuel (donnant toujours des listesd’opportunités d’affaires à reprendre), et l’utilisation d’un ser-veur télématique.Pour élargir le champ de la solidarité et de la communicationà l’ensemble de la communauté polytechnicienne, La Jauneet la Rouge a accepté de consacrer à chaque parution unepage complète à X-Entrepreneur.Une autre ouverture sur l’extérieur se fait à travers les liaisonsde X-Entrepreneur avec des clubs analogues d’autres GrandesÉcoles.

LE BAL DE L’X

Le traditionnel Bal de l’X a eu lieu le vendredi 29 novembre,à l’Opéra Garnier, où nous avons redécouvert la beautéarchitecturale du Palais et les fastes de sa salle, magnifique-ment restaurée. La manifestation a débuté par un spectacle deballet, Casse Noisette (musique de Tchaïkovski, chorégraphiede Rudolf Noureev), donné par la troupe et l’orchestre duThéâtre National de l’Opéra : des costumes somptueux, desplendides décors, les excellents danseurs de la troupe ont faitde ce spectacle une féerie de mouvements et de couleurs.Le souper de prestige était ensuite servi au grand foyer pano-ramique.Le Bal proprement dit s’est déroulé dans les grands foyerspour la danse classique (Orchestre Viennois de l’Opéra deParis), dans la Rotonde des Abonnés pour la danse disco, etdans le salon Florence Gould pour la danse Jazz (Tentette de

notre camarade Claude Abadie).Le traditionnel quadrille a été dansé par des élèves au pied duGrand Escalier.Il faut remercier vivement les membres de la Commission duBal et tout particulièrement son président Michel RÈNERIC(69) qui en ont assuré le plein succès.

L’OBSERVATOIRE FRANÇAIS

DES TECHNIQUES AVANCÉES (OFTA)

Les groupes “ Matériaux hybrides ” et “ Nouvelles interfaceshomme-machine” ont achevé leurs travaux et présenté leursrapports de synthèse ARAGO 17 et ARAGO 18 en mai etdécembre 1996 au cours des dix-septième et dix-huitième“ Journée de l’OFTA”.Les groupes “ Ordinateurs massivement parallèles ” et“ Spécifications formelles et synthèse de programmes”, créésen novembre 1994, ont poursuivi leurs travaux et présente-ront leurs rapports de synthèse en avril et juin 1997.Enfin deux nouveaux groupes ont été créés : “ Problèmesinverses ” en juin 1996 et “ Microsystèmes ” en octobre.D’autres groupes sont en cours de formation.

LA FONDATION DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE

La Fondation de l’École Polytechnique a, dans le cadre de sestrois objectifs de base, mené en 1996 les actions suivantes enfaveur de l’École :Stages d’option• Prise en charge partielle des frais de stages d’option àl’étranger pour 67 élèves (Grande-Bretagne 27, Canada 12,Allemagne 10, Japon 8, USA 5, Chine 3, Hong-Kong 1,Inde 1), pour un montant total d’environ 315 KF.Stages de langue• Prise en charge partielle des frais de stages de langue àl’étranger, couplés à un stage de contact humain, pour 87élèves (Chine 21, Japon 19, Grande-Bretagne 18, Russie 17,Allemagne 7, Égypte 5), pour un montant total d’environ205 KF ainsi que le financement de TOEFL pour 35 KF.Bourses d’externat• Objectif : encourager les élèves à construire un projet per-sonnalisé dans le cadre de leur formation complémentaire enfavorisant une dimension internationale.Il existe deux types de bourse :– bourses Fondation, base 15 KF/an ; 11 élèves en ont bénéficié ;– bourses Entreprise, base 60 KF/an ; 6 élèves en ont bénéficié.Bourses de Formation complémentaire à l’étranger• 4 élèves en ont bénéficié en 1996 (3 au Canada et 1 enSuisse).Programme européen• La Fondation a financé 21 étudiants pour un montant totalde 482 KF.Nouveau concours• Un budget de 175 KF a été attribué pour la plus grande par-tie à 4 étudiants ne bénéficiant d’aucune autre aide.Travaux expérimentaux• L’aide versée aux travaux expérimentaux (physique, méca-nique, électronique, biologie) s’est élevée à 426 KF.Programme Jean Monnet• 14 étudiants du Programme Jean Monnet 5 ont été gérés

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Vie de l'Association

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pendant leur stage en entreprise et 12 du Programme JeanMonnet 6 pendant leur séjour à l’École.Enfin une importante enquête auprès de 28 entreprises de laFondation a été menée par les responsables de la Fondationpour sensibiliser leurs dirigeants aux nouvelles dispositionsconcernant l’ouverture à l’international de l’École polytech-nique (recrutement deuxième voie, Formation complémentaireà l’étranger) et obtenir leur soutien (un compte rendu sommaireen est paru dans La Jaune et la Rouge de décembre 1996).

LE COLLÈGE DE L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE

Le Collège a pour mission de développer, promouvoir et dif-fuser les actions de formation continue pour des ingénieurs,cadres et dirigeants d’entreprise, scientifiques ou non, poly-techniciens ou non.En accord avec ses fondateurs, l’École polytechnique, laSociété amicale des anciens élèves et la Fondation de l’École,il poursuit ses objectifs :• faciliter le transfert des résultats de la recherche vers lesétudes et le développement industriel ;• développer des compétences nouvelles, donner des pointsde repère, susciter des réflexions pour faire face à des choixou à des décisions ;• comprendre les grandes évolutions de la science et de latechnique pour garder un esprit ouvert, source de créativité etd’invention.En 1996 le Collège a quitté le campus de Palaiseau. Il estmaintenant installé au CNIT, à Paris La Défense, dans leslocaux de l’ESSEC-IMD, service de formation continue duGroupe ESSEC. Toutefois les séminaires inter-entreprisesdirectement liés aux laboratoires se tiennent toujours sur lecampus de Palaiseau.En 1996 se sont tenus 42 séminaires, 6 journées Aristote,5 conférences, soit 882 personnes et 1 330 jours-participants,dégageant un chiffre d’affaires de 5,1 MF.En intra-entreprise le Collège a conçu et organisé 49 sémi-naires, soit 108 jours. Les sessions en intra représentent prèsde 45% de l’activité du Collège.

CRÉDIT X-MINES

Il n’a pas été constaté de reprise du marché de l’habitat en1996 et la baisse des prix s’est poursuivie. Les transactionsdemeurent à un niveau bas et l’activité de Crédit X-Mines alégèrement régressé puisque 90 prêts seulement ont été réali-sés pour un montant global de 32,7 MF (contre 92 pour38,9 MF en 1995).Le compte de résultat est néanmoins bien équilibré et le tauxde couverture des risques continue de s’améliorer.

CNISF

Le Conseil s’est intéressé aux travaux du Conseil national desingénieurs et scientifiques de France où l’A.X. a un sièged’administrateur.Henri MARTRE (47), président d’honneur de l’A.X. a été éluadministrateur, en remplacement d’André PASQUET (39), quine souhaitait pas voir renouveler son mandat.Pour répondre aux vœux exprimés par l’Assemblée générale

du 30 mars 1996, le CNISF a tenu le 14 décembre des Étatsgénéraux dont il a été rendu compte dans la livraison defévrier 1997 de La Jaune et la Rouge.La douzième enquête socio-économique sur la situation desingénieurs en France a été lancée début 1996 et ses résultatsrendus disponibles début 1997.Le Rapport moral 1996 du CNISF sera publié dans La Jaune etla Rouge.

ACTIVITÉ

DE LA CAISSE DE SECOURS

L’activité de la Caisse de Secours peut être ainsi résumée enchiffres (toutes les sommes sont en milliers de francs) :

Au total une centaine de dossiers ont été suivis dans l’année.On constate donc une nette augmentation du nombre et de lagravité des demandes d’intervention.Comme dans le passé l’aide de la Caisse ne se limite pas àdes secours en argent : avec le concours de l’assistante socia-le (1), les rapporteurs aident un certain nombre de familles àtrouver les moyens d’améliorer leur situation, à obtenirl’appui nécessaire auprès des services sociaux, à découvrirleurs droits, à trouver des établissements d’accueil de per-sonnes âgées, etc.La Caisse de Secours accueillerait avec plaisir les candidaturesde nouveaux camarades, en particulier si elles permettaient devoir apparaître des rapporteurs du beau sexe. Elle rechercheégalement des correspondants pour les départements qui n’ensont pas pourvus (voir page X11 de l’annuaire).

(1) Conseillère technique sociale : Mme Lise Lapeyre, 5, rueDescartes, 75005 Paris. Téléphone : 01.46.34.04.79. Permanencetéléphonée et d’accueil le mardi de 14 à 17 heures ; Mme Lapeyrereçoit le reste du temps sur rendez-vous. À titre indicatif, MmeLapeyre assure chaque année plus de 400 interventions au seul titrede la permanence.

RÉSIDENCE DE JOIGNY

Le taux d’occupation n’a été que de 87,5% en 1996 (contre88,7% en 1995 et 87,9% en 1994). Près de la moitié des nui-tées sont le fait de personnes n’ayant pas d’attache polytech-nicienne, et nous constatons d’année en année un accroisse-

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Vie de l'Association

Montant global des aidesDont : secours réguliers

secours exceptionnelsremises de prêts

Familles aidéesPrêts sans intérêt nombre

montant totalMontant des soldes des prêts au 31/12Nouveaux cas

1995

1 105635239

266

3371 266

8

1996

1 3697242401392313

6061 577

20

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ment de cette proportion. On devra donc augmenter lesefforts de marketing correspondants.Des travaux importants de mise en sécurité ont été entrepris àla demande de la Commission départementale et sont mainte-nant terminés. Par ailleurs, au vu du rapport de l’APAVE, lesisolations et mises à la terre des installations électriques sonten cours d’amélioration.Rappelons enfin qu’une plaquette de présentation a étééditée ; elle fournit des informations pratiques sur laRésidence (19, faubourg de Paris, 89300 Joigny, téléphone :03.86.62.12.31. Directrice Mademoiselle Hendriks). Cetteplaquette est disponible à la Résidence et à l’A.X.

RAPPORT DU TRÉSORIER

SUR L’EXERCICE 1996

ET LE BUDGET 1997

1 – EXÉCUTION DU BUDGET

L’exécution du budget 1996 fait l’objet de l’annexe 1 quidonne le compte de résultat de l’exercice.En résumé ce budget, approuvé par l’Assemblée générale du19 juin 1996, s’est réalisé comme l’indique le tableau suivant(en KF) :

%* Y compris pertes sur valeurs mobilières.** Y compris gains sur valeurs mobilières.

Le total des produits et celui des charges, y compris excep-tionnels, s’élèvent respectivement à 17 864 355 F et16 459 631 F et dégagent un excédent de 1 404 724 F, le sec-teur Caisse de Secours étant en déficit de 192 486 F, le sec-teur Autres Activités en excédent de 1 597 210 F.

2 – ANALYSE DU COMPTE

DE RÉSULTAT DE L’EXERCICE

Le compte de résultat est tenu hors taxe pour le secteur sou-mis à la TVA. Les principaux écarts par rapport au budget res-sortent comme suit :

2.1 – Charges (hors exceptionnelles)L’écart global avec le budget est de 155 KF en plus, soitmoins de 1%.Les principaux écarts, qu’il convient de rapprocher des écartsdes produits, portent sur les charges suivantes :• la Caisse de Secours : elles sont plus élevées de 376 KF surles 1 400 KF prévus ; elles comprennent l’inscription d’uneprovision de 359 KF pour couverture de prêts dont le rem-boursement apparaît douteux ;• le Bal : elles sont moins élevées de 367 KF sur les 2 800 KFprévus ;• la Résidence de Joigny : elles sont plus élevées de 138 KFsur les 3 260 KF prévus ;• le fonctionnement : elles sont moins élevées de 102 KF surles 2 630 KF prévus ;• La Jaune et la Rouge : elles sont moins élevées de 94 KF surles 2 700 KF prévus ;• l’annuaire : elles sont moins élevées de 284 KF sur les1 980 KF prévus, du fait d’une économie sur les frais d’expé-dition ;• les pertes sur valeurs mobilières, s’élevant à 460 KF et nonprévues au budget.

2.2 – Produits (hors exceptionnels)L’écart global avec le budget est de 701 KF en plus, soit 4,3%.Les principaux écarts portent sur les produits suivants :• les dons : ils sont plus élevés de 160 KF sur les 130 KF prévus ;• les produits divers : ils sont moins élevés de 72 KF sur les410 KF prévus ;• le Bal : ils sont moins élevés de 384 KF sur les 3 000 KFprévus ;• la Résidence de Joigny : ils sont plus élevés de 104 KF surles 3 080 KF prévus ;• La Jaune et la Rouge : ils sont plus élevés de 420 KF sur les2 580 KF prévus, du fait d’un accroissement important desrecettes de publicité ;• la reprise sur provisions de 280 KF prévue au budget autitre de la Caisse de Secours n’a pas été faite ;• les produits financiers : ils sont plus élevés de 756 KF surles 1 180 KF prévus, l’excédent des produits sur les pertesétant finalement plus élevé de 296 KF que la prévision.

2.3 – Produits et charges exceptionnelsLes produits et charges exceptionnels s’élèvent respective-ment à 1 073 KF et 214 KF faisant ressortir un excédentexceptionnel de 858 KF. Les produits comportent un reliquatde 219 KF d’un legs dont le principal a été encaissé sur l’exer-cice 1995, une attribution de 432 KF de la CNP (ces deuxmontants répartis moitié-moitié Caisse de Secours/AutresActivités), un bonus de 208 KF sur l’expédition de l’annuaire1995 non pris en compte sur cet exercice et une reprise surprovision de 214 KF couvrant la charge exceptionnelle de tra-vaux de mise en conformité de la Résidence de Joigny avecles demandes de la Commission de Sécurité.

3 – BILAN

Le bilan au 31 décembre fait l’objet de l’annexe 2.Les valeurs mobilières de la Dotation d’une part, du Fonds deRéserve et des provisions d’autre part, figurent à l’actif éva-luées à leur valeur d’origine, leur valeur boursière globale paraffectation au 31 décembre 1996 étant supérieure.

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

Vie de l'Association

1996

Charges courantes

Produits courants

Résultat courant

Résultat exceptionnel

Résultat de l’exercice

Prévision

16 090

16 090

Réalisation

16 245*

16 791**

546

858

1 404

Montants

155

701

546

%

1,0

4,3

Écarts

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Sont inscrits au pied du bilan les montants disponibles descomptes Poincaré et René Audran et l’engagement financier(caution) hors bilan.

4 – AFFECTATION DE

L’EXCÉDENT DE L’EXERCICE

Il est proposé d’affecter le résultat net de l’exercice au Fondsde Réserve. La répartition entre Caisse de Secours et AutresActivités suivant le compte de résultat amènerait une diminu-tion du Fonds Caisse de Secours. Un prélèvement de192 485,70 F est fait sur le résultat Autres Activités et affectéau Fonds Caisse de Secours pour laisser celui-ci inchangé :

5 – BUDGET 1997

Le budget présenté pour 1997 fait l’objet de l’annexe 3. Il esten équilibre, le total des produits et celui des charges étant de15 700 KF.

Les produits comportent comme en 1996 une reprise sur pro-visions de 150 KF pour amortissement partiel de la rénovationdu système informatique.Le secteur Autres Activités est prévu en excédent de 245 KF,le secteur Caisse de Secours en déficit du même montant ; cedéficit sera comblé soit par prélèvement sur le secteur AutresActivités, soit par reprise sur provisions.Le montant de la cotisation annuelle à l’A.X. avec abonne-ment à La Jaune et la Rouge a été porté de 570 F, montant1996, à 580 F, montant 1997 :• cotisation proprement dite inchangée à 370 F ;• abonnement à La Jaune et la Rouge porté de 200 F à 210 F.Ce montant de 580 F est inférieur à celui de 600 F autorisépar l’Assemblée générale du 17 juin 1992.

6 – RÉSOLUTIONS SOUMISES PAR LE CONSEIL

AU VOTE DE L’ASSEMBLÉE

1re résolution :Les comptes de l’A.X. arrêtés au 31 décembre 1996 tels queprésentés dans le rapport du Trésorier sur l’exercice 1996 sontapprouvés ainsi que l’affectation de l’excédent au Fonds deRéserve dans les conditions définies au paragraphe 4 de cerapport.2e résolution :Le budget 1997 présenté au § 5 du rapport du Trésorier estapprouvé.3e résolution :L’Assemblée générale exprime ses remerciements aux cama-rades et parents de camarades auteurs de libéralités et dedons en faveur de l’A.X. au cours de l’année 1996 ainsiqu’aux membres du Comité de la Caisse de Secours pour leuractivité et leur dévouement. Elle exprime sa reconnaissanceau Président et aux membres de la Commission du Bal 1996ainsi qu’aux Sociétés et organismes partenaires et donateurs.

VÉRIFICATION DES COMPTES

DE L’EXERCICE 1996

Conformément à l’article 5 du Règlement Intérieur de l’A.X.,les membres soussignés de la Commission de vérification dela Comptabilité, à qui mandat a été donné ou renouvelé parle Conseil lors de sa réunion du 20 juin 1996, ont examinéles comptes de l’exercice écoulé qui leur ont été présentéspar Pierre DEGUEST (66) Trésorier et François BRUNOT (62)Trésorier adjoint.Les membres de la Commission ont obtenu des réponsessatisfaisantes aux questions posées ; ils ont vérifié les comptesde l’exercice 1996 tels qu’ils étaient présentés et ils en ontreconnu la régularité et la sincérité.

Paris, le 18 février 1997

F. PAYER (56), Commissaire aux comptesP. LOEPER (65), Commissaire aux comptes

A. MARTIN (67), Commissaire aux comptes

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

Vie de l'Association

Affectation desvaleurs mobilières

DotationCaisse de Secours

DotationAutres Activités

Total affectéDotation

Réserveet provisionsCaisse de Secours

Réserveet provisionsAutres Activités

Total affectéFonds de Réserveet provisions

Valeurd’origine

4 910 697

4 430 175

9 340 872

7 226 978

4 903 469

12 130 447

Valeurboursière

au 31.12.96

5 112 691

4 590 269

9 702 960

8 378 291

5 302 472

13 680 763

Différence

201 994

160 094

362 088

1 151 313

399 003

1 550 316

Fonds de Réserve

montant au 31décembre 1995

résultat 1995

montant au 31décembre 1996

résultat del'exercice 1996

montant aprèsaffectation durésultat 1996

Caisse deSecours

7 879 128,92

849 402,41

8 728 531,33

0,00

8 728 531,33

AutresActivités

4 200 052,04

833 953,62

5 034 005,66

1 404 723,96

6 438 729,62

Total

12 079 180,96

1 683 356,03

13 762 536,99

1 404 723,96

15 167 260,95

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84

LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

COMPTE DE RÉSULTAT AU 31 DÉCEMBRE 1996 (en francs)

PRODUITS D’EXPLOITATION

CotisationsContributions bénévolesDonsProduits diversCommission du BalRésidence de JoignyLa Jaune et la Rouge• abonnements et ventes• publicité et P.A.AnnuaireMinitelReprise sur provisions

• Caisse de Secours• Informatique

CHARGES D’EXPLOITATION

Caisse de SecoursCommission du BalRésidence de JoignyBureau des CarrièresFrais de fonctionnement

• salaires et charges• autres frais

La Jaune et la RougeAnnuaireMinitelCotisations et subventionsX-EntrepreneurAmortissement informatiqueDivers

RÉSULTAT D’EXPLOITATION

PRÉVISION(KF)

2 400930130410

3 0003 0802 580

(1 380)(1 200)1 950

0430

(280)(150)

14 910

1 4002 8003 260

7702 630

(1 230)(1 400)2 7001 980

6018010015060

16 090

< 1 180 >

TOTAL

2 383 268937 318290 427337 883

2 615 8323 183 9932 999 850

(1 402 630)(1 597 220)1 948 073

8 249150 000

(0)(150 000)

14 854 893

1 776 3892 432 7643 397 541

784 5562 527 876

(1 224 106)(1 303 770)2 606 4401 696 246

80 683183 340101 472150 00047 618

15 784 925

< 930 032 >

Caisse deSecours

1 191 634468 659145 21460 100

2 615 8323 183 993

–––

7 665 432

1 776 3892 432 7643 397 541

392 2781 263 938

–––––––

9 262 910

< 1 597 478 >

AutresActivités

1 191 634468 659145 213277 783

––

2 999 850

1 948 0738 249

150 000

7 189 461

–––

392 2781 263 938

2 606 4401 696 246

80 683183 340101 472150 00047 618

6 522 015

667 446

Répartition

RÉALISATION

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85

LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

ANNEXE 1

RÉSULTATS FINANCIERS

Revenus mobiliers

Résultats sur valeurs mobilières• profits• pertes

Profits de trésorerie

TOTAL PRODUITS COURANTS

TOTAL CHARGES COURANTES

RÉSULTAT COURANT

PRODUITS EXCEPTIONNELS

Produits exceptionnels

Reprise sur provisions

CHARGES EXCEPTIONNELLES

RÉSULTAT EXCEPTIONNEL

TOTAL DES PRODUITS

TOTAL DES CHARGES

RÉSULTAT NET DE L'EXERCICE

PRÉVISION(KF)

500

500–

180

1 180

16 090

16 090

0

16 090

16 090

0

TOTAL

594 402

1 209 404< 460 243 >

132 728

1 476 291

16 791 427

16 245 168

546 259

858 465

214 463

1 072 928

214 463

858 465

17 864 355

16 459 631

1 404 724

Caisse deSecours

404 269

1 033 707< 424 760 >

66 364

1 079 580

9 169 772

9 687 670

< 517 898 >

325 412

214 463

539 875

214 463

325 412

9 709 647

9 902 133

< 192 486 >

AutresActivités

190 133

175 697< 35 483 >

66 364

396 711

7 621 655

6 557 498

1 064 157

533 053

533 053

533 053

8 154 708

6 557 498

1 597 210

Répartition

RÉALISATION

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86

LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

BILAN AU 31 DÉCEMBRE 1996 (en francs)

ACTIF

I - VALEURS AFFECTÉES À LA DOTATION

CAISSE DE SECOURS• Résidence de Joigny

valeur d’origineamortissements

• Autres immeubles (Vauquois, Hourquebie, Morand)• Titres de participations• Valeurs mobilières• Disponibilités

Sous-total : 6 357 725,06AUTRES ACTIVITÉS• Immeubles (Morand)• Titres de participation• Prêts sur Fonds Dargelos• Valeurs mobilières• Disponibilités

Sous-total : 5 214 906,56Sous-total Dotation : 11 572 631,62

II - VALEURS NON AFFECTÉES À LA DOTATION

• Aménagements et matériels de JOIGNYvaleur d’origineamortissements

• Mise à disposition locaux Maison des Xvaleur d’origineprovision

• Garages et aménagements bureauxvaleur d’origineamortissements

• Matérielsvaleur d'origineamortissements

• Prêts Maison des X• Prêts d’honneur

montant des prêtsprovision

• Débiteurs divers• Compte de régularisation actif

• Valeurs mobilières• Placements de trésorerie• Disponibilités

Sous-total hors Dotation : 24 130 123,90

TOTAL DE L’ACTIF

Compte POINCARÉCompte R. AUDRAN

362 428,29

320 001,00319 375,00

4 910 696,92445 223,85

180 000,00506 250,0019 000,00

4 430 174,9379 481,63

22 875,00

240 000,00

325 474,46

498 822,36

1 000 000,00990 745,10

3 903 884,37177 026,57

12 130 446,874 552 867,49

287 981,68

35 702 755,52

221 062,0711 890,00

847 222,30< 484 794,01 >

296 263,00< 273 388,00 >

400 000,00< 160 000,00 >

803 887,73< 478 413,27 >

2 249 358,70< 1 750 536,34 >

1 696 745,10< 706 000,00 >

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

ANNEXE 2

PASSIF

I - DOTATION

CAISSE DE SECOURS

AUTRES ACTIVITÉS

• Fonds Dargelos• Autres

Sous-total Dotation : 11 572 631,62

II - HORS DOTATION

• Fonds de RéserveFonds de réserveCompte courant Dargelos

• Provisions pour :Caisse de SecoursAutres activités

• Créditeurs divers

• Compte de régularisation passif

• Excédent net de l'exercice

Sous-total hors Dotation : 24 130 123,90

TOTAL DU PASSIF

Compte POINCARÉCompte R. AUDRAN

Engagement financier (caution) hors bilan

1 395 537,001 456 890,31

13 464 425,99298 111,00

1 150 000,004 064 906,56

6 357 725,06

5 214 906,56

13 762 536,99

2 852 427,31

5 199 076,56

911 359,08

1 404 723,96

35 702 755,52

221 062,0711 890,00

6 000 002,00

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88

LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

CHARGESD'EXPLOITATION

Caisse de Secours

Bal

Joigny

Bureau des Carrières

Fonctionnement• salaires et charges• autres frais

X-Entrepreneur

Jaune et Rouge

Annuaire

Subventions

Amortissementinformatique

Divers

Minitel

TOTAL

TOTALDES CHARGESCOURANTES

PRODUITSD'EXPLOITATION

Cotisations

Contributions

Dons

Produits divers

Bal

Joigny

Jaune et Rouge• abonnements/ventes• publicité/P.A.

Annuaire

Reprise sur provision

Minitel

TOTAL

PRODUITSFINANCIERS

Revenusmobiliers

Profits sur valeursmobilières

Profits trésorerie

TOTAL

TOTALDES PRODUITSCOURANTS

Réalisation1996

1 776

2 433

3 398

785

2 528(1 224)(1 304)

101

2 606

1 696

183

150

48

81

15 785

15 785

Total

1 400

2 600

3 410

800

2 500(1 260)(1 240)

100

2 700

1 800

190

150

50

0

15 700

15 700

Caisse deSecours

1 400

2 600

3 410

400

1 250

9 060

9 060

AutresActivités

400

1 250

100

2 700

1 800

190

150

50

0

6 640

6 640

Prévision 1997Réalisation

1996

2 383

937

290

338

2 616

3 184

3 000(1 403)(1 597)

1 948

150

8

14 854

594

749

133

1 476

16 330

Total

2 400

870

150

250

2 850

3 230

2 750(1 400)(1 350)

1 950

150

0

14 600

500

500

100

1 100

15 700

Caisse deSecours

1 200

435

150

100

2 850

3 230

0

7 965

400

400

50

850

8 815

AutresActivités

1 200

435

150

2 750

1 950

150

0

6 635

100

100

50

250

6 885

Prévision 1997

CHARGES (KF) PRODUITS (KF)

ANNEXE 3BUDGET 1997

Résultat Caisse de Secours < 245 >Autres Activités 245

Global 0

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REMISE DE LA VOITUREÀ L’HEUREUX GAGNANT

Le 11 mars 1997, entre 18 heures et19 heures 30, soufflait un vent d’allé-gresse sur l’avenue de la Grande Armée.

En effet, à cette heure, dans l’un dessalons du Groupe PSA, était remise, parle directeur général de Peugeot SA, JeanBLONDEAU (55), une “106” offerte en2e lot pour la tombola 1996.

Avec une fidélité constante, le GroupePSA, par l’entremise de Jean BLON-DEAU, participe à notre traditionnelletombola, en la dotant d’une voiture quechacun des participants à cette loterierêve de gagner.

Cette année, le sort a jeté son dévolusur un sympathique camarade PhilippeGRAPIN (53), et son épouse. Pourvusdepuis peu de temps d’une voitureneuve, ils ont doté leurs enfants,Véronique et son mari Bruno HUBERT,de cette “106” providentielle !

Pour entourer cette heureuse famille, ilne fallait pas moins qu’une assistancedistinguée, jugez-en : Messieurs JeanBLONDEAU, Thierry ARMENGAUD,directeur commercial France d’Auto-mobiles Peugeot, Albert DARMAUN dela Direction des relations extérieures dePeugeot SA, Michel RÈNERIC (69), pré-sident du Bal 1996, François CHA-BANNES (59), président du Bal 1997 etbien sûr Annie DECROUX qui, petitemain innocente, a tiré le numérogagnant. Madame PACINI, assistante deJean BLONDEAU, a veillé à l’organisa-tion et au bon déroulement d’un cock-tail amical où la détente et la bonnehumeur étaient de rigueur.

89

LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

VIE DE L'ASSOCIATION©

G. D

ELO

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S

De gauche à droite : Albert Darmaun, Michel Rèneric, Madame Pacini,Philippe Grapin, Véronique et Bruno Hubert, Madame Grapin, Jean Blondeau,

Thierry Armengaud, François Chabannes, Annie Decroux.

TOMBOLA DU BAL 1996

ASSEMBLÉE

GÉNÉRALE DE L’A.X.

L’Assemblée générale de l’A.X. setiendra le lundi 23 juin 1997 à20 h 30 à l’amphithéâtre Poincaré,1, rue Descartes, 75005 Paris (entréepar le 25, rue de la Montagne Sainte-Geneviève). Tous les membres del’A.X. recevront une convocation.

À l’issue de l’Assemblée, une confé-rence sera donnée par Jean-YvesHELMER (65), délégué général pourl’Armement.

JPH
Tampon
JPH
Tampon
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GROUPES XX-EUROPE

Prochaine conférencelundi 30 juin 1997

Conférence de Monsieur Jean-JacquesDAMLAMIAN, directeur exécutif de labranche développement de FranceTélécom.“Le devenir des télécommunications en

France et dans l’Union européenne”Les conférences du Groupe X-Europe,ouvertes aux anciens élèves de l’Écolepolytechnique, se tiennent le lundi de18 h 30 à 20 h dans un amphithéâtre duCarré des Sciences du ministère del’Enseignement supérieur et de laRecherche (ancienne École polytech-nique, entrée : 25, rue de la MontagneSainte-Geneviève, Paris Ve).

LE GROUPE X-HISTOIREET ARCHÉOLOGIEen liaison avec le GPX

vous invite à un dîner-débat le mercre-di 11 juin 1997 à 19 h 30 à la Maisondes X, 12, rue de Poitiers, Paris VIIe surle thème : “La construction du pont enmaçonnerie à travers les âges : tech-niques, architecture, urbanisme ” parJean MESQUI (X Ponts 72), docteur èslettres, président de la Société françaised’Archéologie, président de la Sociétéde l’Autoroute Paris-Normandie.Jean MESQUI a consacré sa thèse d’Étatès lettres à l’histoire des ponts enmaçonnerie avant la création du corpsdes Ponts et Chaussées (1714-1716) ; unlivre en est sorti (Histoire du Pont enFrance avant le temps des ingénieurs,Paris, Picard, 1986).Il est également spécialiste en “ castello-logie ”, c’est-à-dire l’étude des châteauxet fortifications médiévales ; il y aconsacré plusieurs ouvrages (en particu-lier Châteaux et enceintes de la Francemédiévale, Paris, Picard, 2 vol. 1991-1993 ; Les châteaux forts. De la guerre àla paix, Paris, Gallimard-Découvertes,1995 ; Châteaux et fortifications enFrance, Paris, Flammarion, 1997 – àparaître en avril.

X-HISTOIRE ET ARCHÉOLOGIE

Ses objectifs :– réunir les nombreux camarades pas-sionnés par le passé,– connaître et faire connaître les appli-cations des sciences et techniques àl’Histoire et à l’Archéologie,– promouvoir auprès des camarades, etnotamment auprès de ceux qui sont àl’École, le goût de l’Histoire et del’Archéologie.Ses manifestations :– des dîners-conférences, en collabora-tion avec le GPX,

– des visites,– des articles dans La Jaune et la Rouge,un numéro spécial en février 1996,– une participation à un séminaire orga-nisé par le CNISF au Point K ennovembre 1994, sur le thème “Apportsdes sciences et techniques à l’Archéo-logie et à la Préhistoire ”.Votre participationVous pouvez soutenir notre action enassistant à nos manifestations, en deve-nant membre et en participant à sonanimation ; adressez-vous à MauriceBERNARD (48), président, au01.45.25.23.93 ou à Jacques MINÉRY(62), secrétaire, au 01.42.47.66.19.

X-MUSIQUE

La prochaine réunion est fixée audimanche 1er juin à partir de 15 heures,chez J.-F. GUILBERT (66).

X-AUTOMOBILE

Pour relancer les activités du Groupe X-Automobile, nous vous invitons à parti-ciper à un petit déjeuner-débat le ven-dredi 27 juin 1997 à 8 h 30, à laMaison des X, sur le thème de la mon-dialisation de l’automobile avec :Monsieur Loïc CAPERAN, directeurcommercial de Fiat Auto.Contact : Antoine CAILLAULT (80),tél. professionnel : 01.69.92.31.40 –Fax : 01.69.92.31.50.

CONVOCATIONSDE PROMOTIONS

1938Camarades, épouses et veuves sont cor-dialement invités le lundi 16 juin àvenir pique-niquer à Avon (Fontai-nebleau) chez J.-B. GROSBORNE quisouhaite que les intéressés se fassent

connaître à lui avant le 8 juin. Itinéraired’accès à demander éventuellement àGROSBORNE (nouvelle adresse : 7, rueamiral Courbet, 94160 Saint-Mandé,tél. : 01.43.28.76.04).A. GUILLEMIN rappelle d’autre part quele circuit qu’il organise en Bretagne sedéroulera du 30 mai au 5 juin prochains.

1952Réunion de promotion avec épouse lelundi 9 juin à 12 h 30 à Chinagora, 1,place du Confluent France-Chine,Alfortville. Restaurant Salles des Perles.SIMOND 01.47.57.46.13.

1991Repas de promotion X91, le samedi14 juin 1997, à partir de 19 heures dansle grand patio de l’École polytechnique,à Palaiseau. Pour tout renseignementcomplémentaire, ou si tu sais commentjoindre nos camarades EmmanuelleCOMETS, Antoine FINDELING, LaurentVOGEL ou Paul N’GUYEN, tu peuxcontacter Dominique LABILLOY au01.69.33.46.51 (travail) ou01.43.72.32.79 (domicile) ou Jean PER-SONNAZ au 01.41.36.21.39 (travail)ou 01.45.88.34.32 (domicile). Les ins-criptions sont à renvoyer au plus vite àla Kès des élèves, École polytechnique,91128 Palaiseau. Nous vous attendonsnombreux !

90

LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

Vie de l'Association

VISITE DE LA RÉSIDENCE DE JOIGNY(Rappel)

L’A.X. organise le jeudi 26 juin une visite en car de notre Résidence de Joigny.Rendez-vous sera donné, par convocation individuelle, au départ du car vers9 heures.La visite de la Résidence sera suivie du déjeuner en compagnie de nos pension-naires où nous pourrons partager un moment de leur journée.Dans le courant de l’après-midi, cette année, le car nous ramènera à Paris. Unevisite de la cathédrale de Sens est au programme.Le retour à Paris est prévu vers 19 heures.Les inscriptions doivent être prises dès maintenant auprès du Secrétariat del’A.X., rue Descartes et accompagnées du montant de la contribution que nousdemandons cette année, soit 150 F par personne.Date limite, le 8 juin.

A.X.,5, rue Descartes, 75005 Paris

Tél. : 01.46.33.74.25.

Résidence des Polytechniciens,19, faubourg de Paris, 89100 Joigny

Tél. : 03.86.62.12.31.

RAYMOND BERNANOSE (51)EXPOSE SES HUILES

• À Paris, au Cercle Saint-Louis,26, avenue de la Bourdonnais, VIIe,

du 29 mai au 20 juin 1997.

• À la mairie de Rochefort-en-Terre(56) du 28 juillet au 10 août 1997.

• À l’Hôtel de Ville de Carnac (56)du 19 au 31 août 1997.

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L ’ENSG (École nationale desSciences géographiques), l’écoleintégrée de l’Institut géographique

national, a quitté en début d’année leslocaux trop exigus et peu adaptés àl’enseignement des techniques nou-velles, de Saint-Mandé (94), pours’implanter à la Cité Descartes deMarne-la-Vallée (77). Dans quelquessemaines l’École nationale des Ponts etChaussées s’installera aussi dans lemême ensemble immobilier.

Cette position géographique privilégiéeoffre de multiples avantages :• des locaux fonctionnels et précâbléspermettant d’optimiser l’utilisation deséquipements indispensables aux forma-tions en sciences de l’information géo-graphique et de mettre en œuvre desméthodes pédagogiques modernes etadaptées,• une haute qualité architecturale quivalorisera les techniques enseignées,favorisant ainsi les échanges avec desservices géographiques étrangers et desorganismes européens de formationsimilaires,• la proximité de l’université, d’autresgrandes écoles et organismes d’ensei-gnement supérieur et de recherche quipermettra notamment de conduire desrecherches de haut niveau au seind’écoles doctorales,• des infrastructures dans tous lesdomaines (sportif, artistique, culturel...)pour la plus grande satisfaction desélèves.

Autant d’atouts pour améliorer la quali-té de l’enseignement initial et de la for-

mation continue et développer la for-mation des cadres et techniciens dusecteur de l’information géographique.

Rappelons que l’ENSG, créée en 1941,a pour mission première de former lesingénieurs et techniciens de l’IGN ensciences géographiques (chaque année,95 diplômes sont délivrés). Les sciencesgéographiques regroupent notammentla géodésie, la topographie, la photo-grammétrie, la cartographie et la télé-détection.Depuis quelques années, l’École mèneune politique active d’ouverture surl’extérieur qui se traduit par :• l’accueil d’élèves français et étran-gers non destinés à l’IGN dans lescycles de formation initiale et continue,• de nombreuses actions de formationen direction des utilisateurs des sys-tèmes d’information géographique danstous les domaines (urbanisme, voirie,transports, agriculture, environnement,géomarketing...),• des actions de recherche et la partici-pation à des conférences internatio-nales.Actuellement l’IGN recrute chaqueannée deux jeunes polytechniciens.

ÉCOLE NATIONALE DES SCIENCESGÉOGRAPHIQUES (ENSG)

INSTITUT GÉOGRAPHIQUENATIONAL

6 et 8, avenue Blaise Pascal,Cité Descartes – Champs-sur-Marne

77455 Marne-la-Vallée cedex 2

Tél. : 01.64.15.30.01Fax : 01.64.15.31.07

CONFÉRENCE-DÉBATSUR L’EUROPE

DES TECHNOLOGIES

L ES PRÉSIDENTS de seize associationsnationales d’anciens élèves degrandes écoles dont l’A.X. ont

organisé, le 25 janvier dernier, à l’invi-tation de Michel BARNIER, ministredélégué aux Affaires européennes etprésident du Conseil général de laSavoie, et de Jean-Pierre VIAL, séna-teur-maire du Bourget-du-Lac, unemanifestation qui a rassemblé plus de200 adhérents rhônalpins de ces seizeAssociations et quelques Présidentsnationaux, et qui s’est déroulée enSavoie, sur le technopôle de SavoieTechnolac.

La conférence-débat organisée à cetteoccasion, sur le thème de “ l’Europe desTechnologies ” était animée par AlainPEREZ, responsable de la rubriqueIndustrie au quotidien économique LesÉchos.

Après avoir rappelé les forces en pré-sence sur l’échiquier mondial de larecherche, les atouts, mais aussi les fai-

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Vie de l'Association©

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L’ÉCOLE DES GÉOGRAPHESCHANGE DE CAP...

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blesses de l’Europe en la matière, lerôle majeur joué, de tout temps, par larecherche militaire, le débat s’est orien-té sur les problématiques de transfertsde technologies et d’innovation,moteurs du développement des entre-prises et de leur compétitivité. À ce pro-pos, il a été rappelé les faiblesses struc-turelles des PMI françaises en matièred’investissement immatériel, de mise enréseau et de fonds propres.L’innovation nécessite la coopérationpermanente entre recherche et dévelop-pement, marketing et production.La qualité et la renommée des interve-nants réunis ont permis des échangesprometteurs.

Les actes de la conférence seront dispo-nibles sur demande à :

Savoie TechnolacBP 234

73374 Le Bourget-du-Lac cedexTél. : 04.79.25.36.36Fax : 04.79.25.36.05

Contact Presse :Anne BOCQUET

Tél. : 04.79.25.36.21

LA JAUNE ET LA ROUGESE DOIT D’ANNONCER

L’EXISTENCEDE L’EXPOSITION-SPECTACLE

“LA VIE AMÉNAGÉE ”

présentée pour le 250e anniversaire del’École nationale des Ponts etChaussées. Elle retrace l’œuvre desingénieurs des Ponts et Chaussées, arti-sans de l’aménagement du territoire de1747 à 1997.

Elle se tient aux Archives nationales,hôtel de Rohan, 87, rue Vieille duTemple, 75003 Paris, du 25 avril au31 juillet 1997 de 12 heures à18 heures, fermeture le lundi.

Cette exposition-spectacle, particulière-ment intéressante et de formule très ori-ginale, a été inaugurée le 24 avril parMonsieur Bernard PONS, ministre del’Équipement, du Logement, desTransports et du Tourisme, accueilli parMonsieur Alain ERLANDE-BRANDEN-BURG, directeur des Archives deFrance, et par nos camarades JacquesLAGARDÈRE (56), directeur de l’Écolenationale des Ponts et Chaussées, HenriCYNA (46), président de l’Associationpour la célébration du 250e anniversai-re de l’École et Jean-Pierre PRONOST(63), président de l’Association desanciens élèves. Le commissaire de cetteexposition est notre camarade MarcDESPORTES (82).

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

Vie de l'Association

COTISATION 1997Retardataires, pensez à la régler au plus vite.

Chèques à l’ordre de Amicale A.X.Merci d’inscrire votre promotion au dos du chèque.

CCP 2139 F - Paris

Le prélèvement automatique, fait chaque année fin février, simplifie votre vie etcelle de l’A.X. : formulaire envoyé sur votre demande, à retourner à l’A.X.Cette démarche n’est valable que pour les cotisations 98 et au-delà.

Montant de la cotisation 1997(dont abonnement à La Jaune et la Rouge)

• Promos 86 et antérieures : 580 F (dont 210)X conjoint d’X membre à jour : 185 F (sans J. R.)

• Promos 87 à 90 : 440 F (dont 160)X conjoint d’X membre à jour : 140 F (sans J. R.)

• Promos 91 à 93 : 290 F (dont 105)X conjoint d’X membre à jour : 95 F (sans J. R.)

Nous proposons à ceux qui souhaitent un reçu de cotisation, de remplir l’impri-mé ci-dessous et de nous le faire parvenir avec une enveloppe timbrée à leuradresse pour que nous le leur retournions avec signature et cachet.

Cette annonce ne concerne pas les membres P et F (membres à vie) : ils fontdes dons quand ils le veulent, mais ne paient pas de cotisation.

DONSL’A.X. établit systématiquement pour tout don supérieur à 100 F un reçu fiscal(modèle obligatoire CERFA n° 30-1280, article 87 de la loi n° 81-1160 du30 décembre 1981). Les reçus fiscaux sont établis et expédiés automatiquementdeux fois par an.

$REÇU ASSOCIATION

Nom de l’Association :Société amicale des anciens élèves de l’École polytechnique

Reconnue d’utilité publique le 23 septembre 1867

Adresse du siège : 5, rue Descartes 75005, Paris

Objet :ASSOCIATION 1901

Œuvre d’entraide reconnue d’utilité publique le 23 septembre 1867

Nom, prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Promo : . . . . . . . .Adresse (numéro, rue, code postal, commune) : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

L’Association reconnaît avoir reçu la somme de (en chiffres) : . . . . . . . . . . . . . .en règlement de la cotisation 1997 (hors abonnement).

Somme en toutes lettres : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Date de paiement : . . . . . . . . . . . . . .

Date et signature de l’Association

Mode de versement :Numéraire r Chèque r Virement r Prélèvement r

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

Vie de l'Association

• RALLYE TOURISTIQUE X-ECPIl aura lieu cette année le samedi 31 mai, organisé par l’X.Que RÂ et HÉLIOS l’illuminent de leurs rayons ! Et puisqu’importe, car ce sont tous LES DIEUX qui seront avec vous,puisque exceptionnellement ils descendront du Paradis ou del’Olympe pour une belle contrée de l’Île-de-France, où nousvous invitons à les suivre, à les découvrir, à les dépister. Ilssauront stimuler votre sagacité, votre mémoire, votre sens del’observation et peut-être même votre habileté pour dénouerénigmes et jeux.Pour participer : disposer d’un véhicule de tourisme (Phaétondéconseillé), constituer une équipe de 2 à 5 personnes (idéa-lement 4), budgétiser 200 F par voiture engagée et 200 F parpersonne participant aux Bacchanales du soir où, Dieux dujour, vous serez fêtés et récompensés, et enfin renvoyer lebulletin ci-joint.Des points de bonification pourront être accordés à touteéquipe novice.

• DÎNER-CONFÉRENCELe Groupe X-Histoire et Archéologie en liaison avec le GPXnous invite à un dîner-débat sur le thème : “La constructiondu pont en maçonnerie à travers les âges : techniques, archi-tecture, urbanisme ” par Jean MESQUI (72). Des précisionsdans GPX-Contact.

• VISITES CULTURELLES, vous sont proposées : l’église etla pointe Saint-Eustache, un voyage croisière d’une journéeau temps des Impressionnistes (de l’Isle-Adam à Auvers-sur-Oise), le musée de la Musique, le quartier de Belleville,l’exposition “ Paris-Bruxelles ” au Grand Palais, l’exposition“Soudan, au pays des deux Nil ” à l’Institut du Monde arabe,le château de Sceaux et le musée de l’Île-de-France.

• WEEK-END SQUASH : pour débutants ou initiés, unweek-end de rencontres samedi 21 et dimanche 22 juin.Venez découvrir un sport qui vous amusera dès la première

balle, ou participez à la première compétition amicale duGPX. Contact au 01.47.58.04.16 (Arnaud LECOEUR, 93).

• VOYAGESPeut-être est-il encore possible de vous inscrire au voyage desix jours que le GPX organise mi-octobre “ Autour deSorrente... ” : Naples, Capri, Amalfi, Paestum et bien sûrPompéi et Herculanum. Adhérent au GPX, vous auriez étéprévenu en temps utile ! Manifestez-vous très rapidement.

• BRIDGELe prochain cours de perfectionnement avec Robert BERTHEaura lieu le jeudi 29 mai à 20 heures à la Maison des X. S’ins-crire auprès de Mme ROZINOER, tél. : 01.45.27.98.33.

• RANDONNÉES PÉDESTRES• Dimanche 25 mai avec Michel ARTAUD (44) : de Crécy-la-Chapelle à Marles-en-Brie par la vallée du Grand-Morin et laforêt de Crécy. Distance 20 km.Départ : Paris gare de l’Est à 9 h 25 direction Meaux.Changement à Esbly à 9 h 57 pour prendre une navette carSNCF jusqu’à Crécy-la-Chapelle.Retour : Marles-en-Brie à 18 h 08.Arrivée : Paris gare de l’Est à 19 h 02. Il est possible de chan-ger en cours de trajet pour rejoindre le RER qui arrive àNation à 19 h 01.Michel ARTAUD (44). Tél. : 01.47.41.22.06.

• Dimanche 15 juin avec Gérard BOISRAYON (63) : deChamarande à La Ferté-Alais (15 km), avec pique-nique aubord de l’eau (Moulin Goujon). Cartes IGN 2316 E & O.Départ : RER ligne C, train Yves, Paris-Austerlitz à 8 h 56.Arrivée : Chamarande à 9 h 46.Retour : La Ferté-Alais à 16 h 45 par le train DIPA.Arrivée à Paris gare de Lyon à 17 h 41.Ces horaires sont donnés sous réserve de confirmation.J. et A. GÉNIN (64), tél. : 01.45.20.46.14.

GROUPE PARISIEN DES X,12, rue de Poitiers, 75007 Paris.

Tél. : 01.45.48.52.04. Fax : 01.45.48.64.50.

PROGRAMME DES ACTIVITÉS DU GPX

"BULLETIN D’INSCRIPTION DU RALLYE X/ECP – 31 MAI 1997À renvoyer avant le 19 mai 1997 au G.P.X. – 12, rue de Poitiers – 75007 Paris

Nom et Prénom du “chef d’équipe ” : ............................................................................... Promo : ...........................................Adresse : ..................................................................................................................................................................................................................................................................... Téléphone : .....................................

Montant des frais d’inscription :• frais d’organisation (200 F* par équipe) : 200 F

Nombre de personnes :• dîner (tarif normal 200 F par personne) : ......... x 200 F = F• prix spécial “ élèves ” (150 F par personne) : ......... x 150 F = F

Total FCi-joint un chèque de : .................... à l’ordre du G.P.X.

Attention : les inscriptions seront prises dans l’ordre d’arrivée. Le nombre d’équipes sera limité à 60.

* Pour les adhérents du GPX, tarif spécial, voir GPX-Contact.

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1923Décès de Maurice Laurent le27.3.97.

1926Décès de René Malcor le 7.4.97.

1929Henri Malbec f.p. du décès de sonépouse Yvonne, née Leclerc, le5.3.97.

1932Décès de Michel Rivière le 19.4.97.

1933Décès de Jacques Marchal le17.4.97.

1934Décès d’Émile Bouthillon le 2.2.97.

1935Décès de Georges Patte, beau-frèrede Pierre Bréant (40), le 30.3.97.

1936Décès de François Héliot le 5.4.97.

1938Décès d’André Rys le 24.2.97.

1942Robert Clausse f.p. du décès de sonfils Jean, le 5.11.96.Pierre Molin f.p. de la naissance desa petite-fille Claire, chez Gérard etBernadette Velten, le 16.11.96 etdu mariage de son fils Michel avecNicole Méallet, le 1.2.97.

1943Jules Leveugle f.p. de la naissancede son petit-fils Camille, arr.-petit-fils de Claude Jeantils (42) et arr.-petit-neveu de Jean Brugidou (43),le 29.12.96.

1945Robert Riday f.p. du décès de sonépouse Marcelle, le 4.1.97.

1948Michel Moreau f.p. du décès de samère Madame Jean Moreau (21 †),née Suzanne Coltat, le 9.4.97.Décès de Georges Merle le 12.4.97.

1949François-Xavier Cance f.p. du décèsde son épouse Françoise, néeCoudour, le 4.4.97.

1952Jean Bagneux f.p. de la naissancede ses 5e, 6e et 7e petits-enfants :

Clément chez Christophe et Valérie,le 10.7.96 ; Louis et Victor chezNicolas et Florence, le 22.3.97.

1954Décès de Claude Alamichel le26.3.97.Jacques Waser f.p. de la naissancede son 1er petit-enfant, Ariana, le17.3.97.

1955Michel Popot f.p. de la naissancede ses 3e et 4e petits-enfants : LéaRiera, chez Anne et Bernard, le9.6.96 et Angèle Popot, chezCatherine et Jean-Marc, le 28.9.96.Jack Naudin f.p. de la naissance deson 12e petit-enfant, Clémence,chez Nicolas et Fabienne, le10.4.97.

1956Rémi Planche f.p. du mariage de safille Jocelyne avec OlivierPhilardeau, le 8.2.97.

1958Francis Longre f.p. de la naissancede ses 6e et 7e petits-enfants : Hans,

chez Frédérique et JérômeVrignault, le 16.11.96 et Manon,chez Anne-Sophie et DidierCordeau, le 23.3.97.Jean-Marie Longatte f.p. de la nais-sance de sa petite-fille Lola, chezNathalie et Bernard, le 13.3.97.

1979Michèle Timsit-Boulard f.p. de lanaissance de sa 3e fille, Cécile, le31.3.97.

1980Hubert Kirchner f.p. de la naissan-ce de Flore, le 7.7.95 et d’Antonin,le 22.3.97.

1984Frédéric Ricard f.p. de la naissancede sa 2e fille Lucile, le 25.12.96.

1987Riana Samson Ramanantsoa f.p. deson mariage avec Nadia Rama-nandraibe, le 26.10.96.Laurent Schneider-Maunoury f.p.de la naissance d’Hubert, le17.4.97.

n

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

Vie de l'Association

CARNET POLYTECHNICIEN

VINGT ASSOCIATIONS LANCENT UN TOUR DE FRANCEDE DÉBATS PUBLICS SUR LA SEMAINE DE QUATRE JOURS

Les régions traversées au mois de juin sont :• du 4 au 7 juin : PACA• du 11 au 14 juin : Aquitaine – Poitou-Charentes• du 18 au 21 juin : Bretagne• du 24 au 27 juin : Alsace-Lorraine

Vingt organisations représentant plus de 450 000 personnes (chefsd’entreprise, syndicalistes, chômeurs, parents d’élèves, jeunes...) mobili-sent leurs réseaux et invitent les Français à s’exprimer sur le thème :

“Pour ou contre la semaine de quatre jours à la carte ?”

ACCJ, AFF, ANDESE, CFDT-FGEn CFDT-FUC, Citoyens d’entreprise,CJD, CJDES, Coorace, Démocratie et Spiritualité, Échange et Projets,FNATTP, La Vie Nouvelle, Maison des Chômeurs de Toulouse, MNCP,4 jours-Nouvel Équilibre, PEEP, SNC, UFCS, avec le soutien del’UNIOPSS et du cercle Condorcet de Paris.

Venez vous aussi participer aux conférences-débatsqui ont lieu dans votre région!

Pour tout renseignement, s’adresser à 4 Jours-Nouvel Équilibre :36.15 4jours

Contacts : 4Jours-Nouvel Équilibre,Xavier BERTRAND : 01.53.25.14.14

Cyril WELLENSTEIN (92) : 01.39.53.63.97.

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I LS SE sont tenus le 14 décembre 1996,dans la grande salle de réunion del’hôtel des Centraliens, que je dois

remercier de leur hospitalité.

LES CONCLUSIONS

• Approfondir le dossier de notreaction en Sciences et Techniques : j’ail’intention de me saisir de ce difficileproblème, qui est étroitement lié, ce quia été très bien perçu par nos commis-sions génie civil et mécanique, à celuide l’emploi des ingénieurs et scienti-fiques. (Il ne s’agit bien entendu pas icide ce qui concerne l’assistance auxefforts entrepris par les associationsmembres du CNISF, qui relève d’uneaction entraide que traduit l’existencedu CEDI*) : nous devons faire le lienentre les progrès scientifiques et tech-niques et l’emploi des scientifiques etdes ingénieurs et acquérir à cet effetune compétence en économie de lascience, de l’industrie et des servicesassociés. Tout cela demandera atten-tion, persévérance et professionnalisme.

• Renforcer le dispositif régional duCNISF, en complément des actionsrégionales de certains de nos membres.Reconnaître simultanément l’exercicerégional du sociétariat de nos membresindividuels.

• Assurer une transparence financièreplus forte. Ces questions d’organisation,au sens large, bien préparées par lesgroupes de travail conduits par MichelFOURMOND et Daniel VOILLEREAU,ont conduit votre Conseil d’administra-tion à créer, en son sein, un Comitéfinancier, cependant que nous révisionsnos statuts et règlement intérieur pourclarifier et renforcer le rôle de nosUnions régionales.

• Poursuivre nos actions sur les pro-blèmes socioprofessionnels, en assurantune meilleure dynamique, et en recher-chant, à l’exemple de ce qui se pratiquepour notre enquête triennale, desalliances extérieures de grande qualité.

• Renforcer notre action interna-tionale : dans un monde ouvert, nousdevons être plus attentifs aux jeux desorganisations internationales, notam-ment les organisations d’ingénieurs, quiont tendance à rechercher un statut offi-ciel auprès des organismes tels que laCommission européenne et l’Unesco.Améliorer le lien avec nos membres

étrangers : cet aspect est d’autant plusnécessaire que certaines associationsétrangères démarchent les Français.

Nous préparons activement les nou-veaux statuts et règlement intérieur,ainsi que le règlement du Répertoire,qui devraient être présentés au Conseild’administration du 26 février, pourensuite être soumis au vote de l’Assem-blée générale du 22 mars. Vous noterezque c’est seulement en 1998 quel’ensemble des conséquences statutairesdes États généraux fera effet, en raisonde la nécessité de faire approuver nosréformes par nos autorités de tutelle.

C’est un CNISF à la fois plus cohérent,plus simple, plus clair, mieux à mêmede servir notre collectivité qui poursui-vra son action à votre service.

Gilbert RUTMAN (47),président du CNISF

* Centre d’entraide des ingénieurs.

ASSEMBLÉEGÉNÉRALE DU CNISF

du 22 mars 1997RAPPORT MORAL 1996

Mes chers collègues,

L E SIMPLE examen de l’ordre du jourde notre Assemblée générale tra-duit le travail de refondation du

CNISF accompli depuis un an : vousavez en effet à apprécier des projets deStatuts et Règlement intérieur, un pro-jet de charte du Répertoire français desingénieurs, après avoir entendu le rap-port d’un Comité financier, animé parnotre Trésorier, Comité qui n’existaitpas l’an dernier. Afin d’éviter d’alour-dir notre Assemblée en traitant ici cequi fait l’objet de deux points de notreordre du jour, le rapport moral que j’ail’honneur de vous présenter n’abordepas les éléments spécifiques de cesquestions, et mes propos sont consa-crés à une vision plus globale duCNISF. Le Rapport d’Activité me

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

VIE DU CNISF

APRÈS LES ÉTATS GÉNÉRAUX

LE CNISF ORGANISE EN LIAISONAVEC LE HAUT COMITÉ MÉCANIQUE

Une conférence sur le thème :

“MÉCANIQUE ET PATRIMOINE”

présentée par Bernard DUFOUR (53), ancien PDG de la SNECMA,

LE MERCREDI 28 MAI 1997de 18 heures à 20 heures.

Amphithéâtre Poincaré,ministère de l’Éducation nationale,

de l’Enseignement supérieur et de la Recherche :entrée 25, rue de la Montagne Sainte-Geneviève,

75005 Paris

“ Seuls les pays disposant d’une base industrielle puissante peuvent jouer un rôledans la compétition mondiale. La France, qui occupe des positions de leaderdans certains domaines, mais souffre en même temps d’une contraction quanti-tative de son potentiel productif, est-elle en mesure de relever ce défi planétaire ?Pour y parvenir, la France doit-elle, en particulier, rester une nation mécanicien-ne forte ?Les formes nouvelles de la guerre économique s’intéressent au patrimoine indus-triel des pays, dans ses dimensions matérielle et intellectuelle. La mondialisationpeut être l’occasion d’un redéploiement de l’industrie française autour de sespoints forts, dans le cadre d’une politique d’alliances entre investisseurs françaiset étrangers, et de coopération entre grandes entreprises et PMI. ‘’

Pour tout renseignement s’adresser au : CNISF,7, rue Lamennais, 75008 Paris

Tél. : 01.44.13.66.75Fax : 01.42.89.82.50

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semble vous donner par ailleurs unbon récapitulatif de ce que nous avonsfait. Nos travaux d’aujourd’huidevraient ainsi, je l’espère, permettre àtous de porter sur notre action un juge-ment que traduira le vote des résolu-tions.

En lançant l’an dernier notre opérationÉtats généraux, je vous ai dit qu’ils’agissait de passer d’un CNISF juxtapo-sant les associations constitutives(CNIF- FASFID et ISF) à un CNISF véri-tablement fédératif. D’une certainefaçon, cela revenait à poser à nosmembres la question de l’existenced’une association fédérant les ingé-nieurs et les scientifiques prochesd’eux, en respectant les spécificités, eten tenant compte des disparitésd’implantations sur le territoire français.

Je ne vais pas renouveler ici ce qui futdit le 14 décembre lors de la réunionde synthèse des États généraux, pourinsister sur ce qui me paraît essentiel.

1) Personne n’a remis en cause l’exis-tence d’une fédération, mais, m’expri-mant en termes diplomatiques, j’ai crupercevoir des différences d’apprécia-tion sur l’importance que nos membresattachaient à cette existence. Nousavons consacré, par de nombreuxcontacts collectifs et bilatéraux, beau-coup de temps à cela. Il me semblequ’entre les tenants d’une fédérationsous haute surveillance et ceux quisont prêts à déléguer jusqu’à la collec-te des cotisations, nous tenons unevoie convenable, et que la continuitédes travaux du Conseil d’administra-tion et de son Bureau montre à tousque notre politique n’est ni irréfléchie,ni dominatrice, mais seulement atta-chée à traiter ce qui nous semble rele-ver de l’intérêt collectif de nosmembres, en prenant soin de rendrecompte de notre action. Je voudraisreprendre ici ce que je vous ai déjà ditl’an dernier, en faisant référence à madouble expérience d’ancien présidentdes anciens élèves des Mines de Paris,d’une part et des techniciens duPétrole d’autre part, deux associationsmembres du CNISF : le CNISF est unmonde associatif différent, et je vou-drais répéter à tous nos membres qu’ilsdoivent apprécier notre activité enfonction de l’intérêt collectif, alors que,très normalement d’ailleurs, chacun atendance à voir midi à sa porte.

Quoi qu’il en soit des sentiments desuns et des autres, le schéma associatif,qui est traduit dans les projets de sta-tuts et de règlement intérieur, me paraîtrépondre à un souhait général de clari-fication, dans l’expression électoralede nos différentes composantes, et,

notamment, de leur démographie, dansnotre financement, et dans notre orga-nisation territoriale. À l’évidence, cetteévolution statutaire devrait aussi ame-ner nos membres à une relation plusclaire avec nous.

2) En tant que fédération, et parce quenous sommes amenés à rencontrer noshomologues étrangers, nous devonsêtre bien conscients de notre originali-té, résultant du regroupement de repré-sentants des formations d’une part, etdes activités d’autre part. Vous noterezpar ailleurs qu’en France comme àl’étranger, on rencontre une compo-sante territoriale, que nous cherchons,pour notre part, à renforcer, comme lemanifestent nos projets de modificationdes statuts.

Notre structure, indépendamment deses aspects régionaux, est en quelquesorte matricielle, mais caractérisée parle poids beaucoup plus important dusecteur formation, alors que les effec-tifs sont évidemment à peu près lesmêmes des deux côtés. Nos homo-logues étrangers présentent des struc-tures essentiellement professionnelles,très puissantes, alors que la France,toujours gauloise, montre une étonnan-te dispersion associative dans les sec-teurs techniques, où l’on rencontre desdizaines de structures, souvent de taillemicroscopique, donc sans moyens.

Cette situation est un facteur de faibles-se pour nous, alors que de grandesassociations techniques américainesparcourent l’Europe en tentant de sus-citer des “ national chapters ” spéci-fiques, et que par un accord dit deWashington, on voit poindre le risque,sinon la menace, d’une définition dumétier d’ingénieur, qui serait très éloi-gnée de nos traditions. À titred’exemple de la faiblesse ridicule etinadmissible de la situation française,le CNISF paye la cotisation française àl’Association européenne des ingé-nieurs de Génie civil, parce que lesdeux douzaines d’associations du sec-teur ne sont pas capables de s’entendrepour ce faire. J’ajoute que la plupart deces associations ne sont pas membresdu CNISF, mais que cette faveur estconsentie dans l’intérêt de notre sec-teur du Génie civil et de ses nombreuxingénieurs, sur demande instante denotre commission spécialisée.

Ce problème des représentations tech-niques et professionnelles est ainsi, enFrance, plus difficile qu’ailleurs, ce quiexplique que les États généraux n’aientpas pu dégager de pistes aussi clairesque pour les autres questions exami-nées à cette occasion : j’ai l’intentionde consacrer cette année un soin parti-

culier à ces affaires, car le CNISF doitd’autant plus assurer sa présence fédé-rative dans ces domaines que noshomologues étrangers, je vous l’ai déjàdit, sont organisés par métiers.

3) Nous ne pouvons éluder la questionde l’évolution des systèmes de forma-tion : la réforme de la filière technolo-gique nous concerne, et nous nedevons pas manquer de lucidité. Avec235 écoles d’ingénieurs reconnues parla CTI (1), plus les NFI (2), nous sommesloin de 1934 et même des années 60,alors que le paysage s’est compliquéencore à la suite de la réforme desclasses préparatoires. Nous devonsprendre acte de cette nouvelle donneet réagir en conséquence, pour contri-buer à clarifier une situation devenueconfuse, ce qui peut être préjudiciableà la bonne image que les ingénieursconservent dans l’opinion.

C’est dans le même esprit de clarifica-tion que nous vous présentons le projetde charte du Répertoire français desingénieurs. Je ne vais pas maintenantvenir sur les principes de ce texte, quenous discuterons tout à l’heure, maisvous rappelle que la mise en place duRépertoire vise à clarifier la situationrésultant de la confusion que fontencore beaucoup de nos membres,entre le titre d’ingénieur diplômé, pro-tégé comme tous les titres nationaux,et la dénomination d’ingénieur, qui esttotalement libre : ceci conduit à uneconfusion relevée par l’INSEE, quidénombre 800 000 personnes là ounous en comptons 350 000. LeRépertoire est un outil de qualificationpar les pairs : je suis toujours ferme-ment persuadé que nous devons assu-rer par nous-mêmes l’indispensableclarification de l’appellation ingénieur,plutôt que demander à l’État d’interve-nir. Il est indispensable que nous pre-nions en main ce qui nous concerneau premier chef, sauf à renoncer àaffirmer notre présence collective.

4) Comment se présente notreannée 1997 :

• L’évolution du CNISF, traduite parles projets de Statuts et de Règlementintérieur, si vous les approuvez, nousconduira à nous retrouver pour unenouvelle Assemblée générale en find’année, pour approuver les élémentsfinanciers 1998, qui doivent être pré-parés par notre Comité ad hoc, ce quidemandera un travail précis, les for-mules à retenir devant concilier simpli-cité, clarté démographique et intégra-

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

Vie du CNISF

(1) Commission des titres d’Ingénieur.(2) Nouvelles Formations d’Ingénieur.

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tion d’effets de taille, tout en réconci-liant enfin le financement national et lefinancement régional.

• Nous devons réfléchir à la façon demarquer le 150e anniversaire de la créa-tion, en 1848, sous l’impulsion de nosamis centraliens, de la Société centraledes ingénieurs civils, ancêtre du CNISF.

• Nos Commissions doivent améliorerleurs méthodes de travail, en renforçantla définition de leur programme. Je doisvous signaler la prochaine parution del’étude sur les emplois d’ingénieurs,résultant des efforts communs de notrecommission prospective et du CEFI (3).Par ailleurs, nous reverrons avec l’INSEEles conditions d’exécution de l’enquêtetriennale, dont la douzième édition a étédiffusée le mois dernier : c’est un grostravail, qui conditionne la mise en place,que nous espérons pouvoir ainsi concré-tiser, d’un dispositif d’observation desemplois et des métiers, après quelquesannées d’efforts persévérants, où lesencouragements verbaux n’ont certespas manqué, de la part des pouvoirspublics et des employeurs, mais lesappuis effectifs jamais concrétisés. Nousdevons donc progresser tout seul, ce quijustifie la nécessité d’un CNISF assez fortpour bien servir ses membres.

• Notre dispositif d’entraide, le CEDI,fonctionne à la satisfaction de ceux quil’utilisent. Nous devons cependantréfléchir à une extension vers un servi-ce plus soutenu, en deuxième niveaupar rapport à des associations déjàbien installées, et vers les associationsrécentes, que leurs structures démogra-phiques ne mettent pas en mesure defournir à leurs membres tous les ser-vices rendus par des associations plusanciennes.

• Je dois enfin attirer votre attention surl’attrition des sociétariats qui transparaîtdans nos décomptes, et dont le rapportdu Comité financier vous dira un mot.Nous ne pouvons, pas plus le CNISFque chacun de ses membres associatifs,nous satisfaire d’une telle situation, quimérite une analyse à tous les niveaux,et qui nous concerne donc tous.

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VOICI, mes chers collègues, lesquelques réflexions que je croispouvoir vous présenter. Il me

semble que notre association est entrain de franchir une étape décisive,tendant à consolider et pérenniser cequi a été fait en 1992, sans quoi nousne serions pas ici aujourd’hui. Je nesaurais trop insister sur la nécessité,dans le monde très ouvert auquel, plus

encore que les politiques, conduisentles évolutions techniques, que nousprenions bien conscience des dangersde trop de dispersion associative.Personne ne gagnerait à l’échec de laFédération que nous essayons de bâtir,et tous gagneront à son succès.

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Une discussion a suivi la présentationdu Rapport moral, en particulier sur lespoints suivants :• Rapport financier : notammentl’intervention d’Henri MARTRE sur unlitige fiscal.• Rapport moral : commissionDéfense, réunion des présidentsd’association, accords internationauxdu CNISF.• Statuts : prise en compte d’observa-

tions diverses dont celles de M. RAMA.• Règlement intérieur : après une dis-cussion lancée par J. BIABAUT (Cen-tralien), à laquelle bon nombre d’asso-ciations participent, notamment l’A.X.(M. RAMA), l’accord se fait sur unenouvelle rédaction de l’article 19(répartition des sièges au Conseild’administration), soit :– 4 pour les scientifiques et techniques,– 10 pour les anciens élèves,– 4 pour les régions,– 1 pour l’étranger,– 5 pour la liste complémentaire.• Répertoire des ingénieurs : mise enroute, rôle possible des URIS, inscrip-tion des membres non cotisants desassociations.

(3) Centre d’Étude des Formationsd’ingénieur.

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

Vie du CNISF

ÉDITORIAL DE LA REVUE ID

D’AVRIL 1997

L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE qui vient de se dérouler a donc approuvé les modifi-cations des Statuts et du Règlement intérieur et la création du Répertoirefrançais des ingénieurs. C’est une étape fondamentale dans la vie de notre

Conseil et en dehors de l’aspect formel des décisions prises, je voudrais souli-gner ce qui me paraît important dans les transformations que nous avons déci-dées de lancer.Mais tout d’abord, je voudrais adresser mes remerciements à tous ceux qui ontœuvré et qui se sont dévoués au sein des groupes de travail pour élaborer lesdifférents documents qui ont été présentés à l’Assemblée générale. Je pensenotamment au groupe de travail Répertoire que j’ai eu l’honneur de présider,mais également au “Comité financier ” et à la Délégation générale et à tous lesautres. Sans leur concours permanent, leurs interventions, leurs suggestions,leurs critiques, nous n’aurions pas pu vous présenter les textes que vous avezadoptés. J’y vois personnellement une marque d’intérêt pour tout ce que nousfaisons et pour les ambitions que nous affichons et tout ceci ne peut que meréjouir. Le CNISF ne peut, en effet, fonctionner que s’il mobilise. Autre preuvede cette mobilisation, notre Assemblée générale a recueilli 10 % de plus depouvoirs électoraux qu’en 1996.

Dans les changements des statuts que vous avez acceptés, je retiendrai deuxdécisions importantes : la régionalisation et les adaptations concernant lesmembres individuels.

La régionalisation nous est apparue au fil des années comme une absoluenécessité avec comme objectif de faire jouer aux URIS le rôle de ce que j’ap-pellerai “ l’association de proximité ”. Souvenez-vous que nous rassemblonsmoins de 100 000 adhérents pour une population estimée de 450 000 et queplus de la moitié d’entre eux vivent en province. Même si certains membresdes associations se retrouvent dans des groupements régionaux, il ne s’agitque d’une minorité, les URIS devraient être là pour tous les autres. C’est unprojet très ambitieux, j’en suis conscient, raison de plus pour nous y atteler dèsmaintenant. Les adaptations concernant les membres individuels sont laconséquence de cette politique de régionalisation, avec le problème que nousdevons résoudre concernant la Région Parisienne.

En ce qui concerne le Répertoire, je me félicite de votre accord. Souvenez-vous que nous travaillons pour nos enfants et dans l’Europe qui se transformetous les jours cette référence s’avère de plus en plus indispensable. Le travail àfaire reste considérable mais puisque nous avons décidé d’œuvrer ensemble,faisons le nécessaire pour réussir.

Gilbert RUTMAN

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T OUS LES ANCIENS se souviennent de leur PointGamma, événement majeur de la vie de la pro-motion, instant privilégié où tous les élèves se

soudent pour monter un gala d’une extraordinaireenvergure. La promotion 95 organise son PointGamma, le samedi 7 juin, de 19 heures à l’aube, surle campus de l’École à Palaiseau.

La fête du Point Gamma a été imaginée par ÉmileLemoine (promotion 1861) et célébrée dès 1862. Voicice qu’il écrivait à son sujet :

“ Notre professeur d’astronomie, le capitaineLaussedat, ne laissait pour ainsi dire pas passer deleçon sans nous parler du Point Gamma, point del’espace par lequel passe la Terre à l’équinoxe deprintemps. De tout temps on a célébré son passage, etpour nous dédommager de l’ennui que nous causait lePoint Gamma, je m’étais dit : célébrons nous aussison passage !”

À partir de 1875, le Point Gamma se fêtait avecbeaucoup de faste et les préparatifs divers, costumes,

tableaux peints, décors etc., avaient fini par absorberune période de quinze jours durant laquelle toutes lesétudes étaient suspendues et toutes les têtes étaient endélire. L’autorité s’émeut, et en 1880, le ministre de laGuerre l’interdit. La tradition fut reprise en 1919.Interrompu pendant la guerre, il réapparaît sous saforme actuelle lors du transfert de l’École à Palaiseau.

Cette année encore, le Point Gamma sera le théâtred’activités exceptionnelles : le saut à l’élastique, lebaptême de l’air en montgolfière avec X-Aérostat, lepaintball, les autos tamponneuses... Un cerf-volantgéant, fabriqué par le tout nouveau binet Cerf-volant,survolera le gala.

Une trentaine de bars à thèmes propose autantd’ambiances différentes pour satisfaire tous les goûts,du rock sous toutes ses formes, de la disco, de la tech-no. Retrouvez l’ambiance du caveau de la Huchette aucaveau jazz, découvrez les joies du cybercafé, savou-rez dans les salons d’honneur une coupe de cham-pagne servie par des élèves en Grand Uniforme...

L’amphithéâtre Poincaré accueillera deux artistesde café-théâtre, Christophe Alévêque un jeune talent,et l’infatigable Garcimore. En début de soirée, vouspourrez découvrir en avant-première un des succèscinématographiques de l’été.

Dès 22 h 30, dans le grand hall, le défilé de manne-quins fera s’écarquiller tous les yeux. Juste avant leconcert sur la grande scène, où devrait se produireSinead O’Connor, pour son unique concert de la sai-son en Europe.

Le Point Gamma, c’est l’occasion de rassemblerdifférentes promotions, dans une fête hors du com-mun, chargée pour tous ceux qui y ont pris place degrands souvenirs.

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VIE DE L’ÉCOLE

LE 7 JUIN, LE POINT GAMMA

Le traditionnel défilé de mannequins.

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Le saut à l’élastique au Point Gamma : 65 m de chute libre.

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Le Point Gamma, c’est l’œuvre d’une promotiontout entière, sûre de faire de la nuit du 7 juin prochainla plus belle de l’année.

Pour le Point Gamma 97, Antoine VILAIN (95)

Prix des places :160 F sur place,

130 F en prévente (FNAC, Virgin, Kès des élèves).

Pour tout renseignement :• par téléphone au 01.69.33.48.27

ou 01.69.33.55.82,• sur internet :

www.polytechnique.fr/poly/~gamma

CÉRÉMONIEDE LA PASSATION

DU DRAPEAUDE LA PROMOTION 1994À LA PROMOTION 1995

L A CÉRÉMONIE traditionnelle de la passation dela garde du Drapeau de la promotion sortante àla promotion entrante a eu lieu le 13 mars

1997 à l’École.Elle a été présidée par le général Brutin (59), ins-

pecteur général des Armées et s’est déroulée en pré-sence notamment de Pierre Mutz, préfet de l’Essonne,Jacques Allain, maire de Palaiseau, Odile Moirin,député de l’Essonne, du sénateur Paul Loridant et deFrançois Duvert, sous-préfet de Palaiseau.

Après le passage en revue des élèves, le généralNovacq (67), directeur général de l’École, a selon la

tradition pris le drapeau des mains du major 94 pour leremettre au major 95, Juliette Durand, originaire deNantes.

Au cours de la cérémonie militaire le commandantBruno Wierzbicki a reçu la médaille d’or de laDéfense nationale et quarante-huit élèves ainsi que lecaporal-chef Loïc Léauthaud, VSL, ont reçu lamédaille de bronze.

Après la cérémonie, le général Brutin a inauguré latrès remarquable exposition sur l’Histoire desSciences.

Un peu plus tard dans le salon d’honneur, avant lecocktail réunissant les personnalités dans une ambian-ce chaleureuse, Michel Demazure, professeur de cal-cul formel à l’École polytechnique, directeur du Palaisde la Découverte et Jacques Ambroise, chef adjoint auSPIS ont été respectivement reçus officier et chevalierdans l’ordre national du Mérite.

Enfin la journée s’est achevée par le traditionnelconcert dans l’amphithéâtre Poincaré où trois élèvesde Patrick Holiner : Guillaume Bioche (94), MatthieuDarracq (94) et Alexandre Bayen (95) ont régalé lepublic en interprétant Chopin, Liszt, Scriabine etBrahms.

UNE EXPOSITIOND’HISTOIRE DESSCIENCES...

L’X accueille, pendant près d’un semestre, uneexposition originale consacrée à l’histoire dessciences, à ses illustres chercheurs et à sesobjets...

DÈS L’ORIGINE, le souci d’une instruction soli-dement basée sur l’expérience en laboratoireapparaît dans l’enseignement de l’École

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Le drapeau est en bonnes mains.

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Pierre Faurre, Pierre Mutz, les généraux Brutin et Novacq.

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“ Par rapport au cours de physique, on a l’intentionque les expériences qui s’y feront en présence desélèves, aient pour objet (...) ou de constater quelquephénomène nouveau, ou de redresser des erreurs dansles explications des faits déjà connus. Dans cette vue,on formera le projet d’une série d’expériences les plusintéressantes à tenter ; et la publicité qui leur seradonnée, à mesure qu’elles seront éxécutées, contribue-ra efficacement au progrès de la science.” (Journal del’École polytechnique : Bulletin du travail fait àl’École centrale des travaux publics. Premier cahier,germinal an III).

Cent ans plus tard, le Livre du centenaire del’École polytechnique intitule un chapitre : “ L’Écoleet la science”.

À travers les biographies de polytechnicienscélèbres, il montre l’importance de la part prise parl’École dans les progrès scientifiques du XIXe siècle.Dès l’introduction de cet ouvrage sont citées les célé-brités scientifiques des premières promotions tellesque Biot, Gay-Lussac, Dulong..., puis plus précisé-ment parmi les physiciens – Fresnel, Becquerel,Regnault – ou parmi les astronomes, Arago. Ce sontces mêmes célébrités scientifiques que l’on retrouveratout au long de l’exposition présentée à la biblio-thèque, intitulée “ Les objets scientifiques, un siècled’enseignement et de recherche à l’École polytech-nique. Promotions 1794 à 1900”.

Le premier plan d’instruction de l’École, élaborépar Monge, met l’accent sur les mathématiques et laphysique que l’on acquiert par l’expérience dans leslaboratoires.

C’est pourquoi, dès l’origine, des collectionsd’instruments de physique, des collections de chimie,une bibliothèque furent réunies par les physiciensJacotot et Barruel. Choisis parmi les objets rassem-blés par les confiscations révolutionnaires, ils ont étédonnés à l’École qui constituait ses collections en1794 et 1795. Cet ensemble s’est accru tout au longdu XIXe siècle d’objets acquis ou réalisés spéciale-ment à la demande des enseignants dans le cadre des

travaux pratiques des cours de physique et de chimie.Depuis avril 1995, un musée virtuel sur le Web fait

découvrir une partie de la collection d’objets scienti-fiques anciens jusque-là peu accessible au public. Lesimages numérisées des instruments ne sont pas seule-ment une présentation du fonds, elles illustrent égale-ment le contexte historique et technique de leur réali-sation.

Dans le même esprit, l’exposition qui se tient demars à septembre 1997, en évoquant les polytechni-ciens ou les professeurs célèbres de l’École, permet auservice Patrimoine de sortir une cinquantaine d’objetsde ses réserves. Cette exposition a pu être réaliséegrâce au soutien de la direction de la communication.Son inauguration a eu lieu le 13 mars à l’occasion dela passation de la garde du Drapeau.

Un sort particulier a été réservé à l’évocation deGay-Lussac, à travers une tentative de reconstitutionde son laboratoire qui présente, pour la première fois àl’École, la grande balance de Gay-Lussac, en dépôt aumusée Gay-Lussac de Saint-Léonard-de-Noblat, res-taurée par l’École polytechnique et la Société des amisdu musée Gay-Lussac.

Par ailleurs, un appareil à deux globes de verre,ayant appartenu à Gay-Lussac, a été restauré pourl’occasion, par Yves Borrel, souffleur de verre àl’École. Une cassette vidéo réalisée par le serviceaudiovisuel de l’École présente cette restauration.

Le travail effectué autour de chaque objet n’estjamais exhaustif car il s’appuie uniquement sur lescollections patrimoniales de l’École (Archives etRéserve de livres anciens). Les notices descriptivesdes appareils invitent à approfondir une connaissancedes techniques comme des théories. Elles sont unpoint de départ à des travaux plus approfondis, uneinvitation à entreprendre des recherches annexes. Ilfaut saluer, à cette occasion, la contribution scienti-fique pour l’optique de Guilhem Gallot et pour la chi-mie de Louis Patard, tous deux doctorants dans leslaboratoires de l’École. Par ailleurs YannickCourseaux, scientifique du contingent affecté à laBibliothèque, agrégé d’histoire et doctorant, a partici-pé activement à l’élaboration de l’exposition et de soncatalogue par un travail de recherche bibliographiquetrès approfondi. Seule une telle collaboration de scien-tifiques, d’historiens et de professionnels de la docu-mentation permet de mettre en valeur le patrimoine del’École à travers de nouvelles manifestations de cetype.

L’aspect esthétique de ces instruments de labora-toire peut susciter autant d’émotion chez les profanesque d’intérêt scientifique chez les spécialistes : c’estfinalement l’objectif de cette exposition.

Marie-Christine Thooris,ingénieur documentaliste,

service Patrimoine de la Bibliothèque100

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Le général Brutin et le général Novacqinaugurent l’exposition.

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RÉUNIONS DE X-ENTREPRENEUR

• Lieu des réunions :Maison des X, 12, rue de Poitiers,75007 PARIS.

• Prochaine réunion :– lundi 26 mai 1997 à 18 heures, avec unexposé de Philippe ASSELIN (82) sur sonexpérience de reprise d’une entreprise endifficulté.

• Dates des réunions suivantes :– lundi 30 juin à 17 h 45 : Assemblée géné-rale de l’Association – à 18 heures : réunionhabituelle écourtée pour raison de “pot ” tra-ditionnel de fin de semestre,– lundi 22 septembre à 18 heures,– lundi 20 octobre à 18 heures,– lundi 24 novembre à 18 heures,– lundi 15 décembre à 17 heures.

X-ENTREPRENEUR VOUS INFORME

La décision de devenir entrepreneur

La décision de devenir entrepreneur (au sensde ce mot dans l’Association : professionindividuelle ou dirigeant de PME détenantune part significative du capital de la société)était exceptionnelle dans nos Écoles, tradi-tionnellement destinée à former les grandsserviteurs de l’État ou des grandes entre-prises. Mais l’évolution actuelle de l’écono-mie conduit de plus en plus de nos cama-rades à envisager une telle décision, soit aucours de leur carrière soit même dès l’École,à en juger par le nombre d’élèves qui assisteau débat organisé par X-ENTREPRENEURdans le cadre de X-FORUM (120 environcontre une vingtaine il y a quelques années).De l’idée de devenir entrepreneur à la déci-

sion effective de le devenir, chacun passepar une phase de réflexions personnelles : a-t-on le “ profil ? ”, quelle formation complé-mentaire serait utile ? Ces réflexions peuventêtre enrichies par les informations qui sontdiffusées et les contacts qui se nouent dansles réunions de X-ENTREPRENEUR, dontprès du tiers des adhérents se trouve en réali-té dans cette phase.

ILS SONT ENTREPRENEURS

ASSELIN Philippe (82)Après une expérience de cinq ans dans leservice pétrolier pour le groupe Schlum-berger au Moyen-Orient, un MBA à l’Institutsupérieur des Affaires et une expérience deConseil chez Peat Marwick Consultants, ilcrée une société de service en informatiquequ’il cède à un partenaire en été 1996.En février 1997, Philippe ASSELIN reprend lasociété APIA alors en redressement judiciai-re, avec un partenaire financier ; il en présidele directoire.APIA, ancien leader, est aujourd’hui le n° 2français des enseignistes ; APIA conçoit,fabrique et installe l’image du réseau desgrandes chaînes de distribution. APIA équipenotamment les stations-service des groupespétroliers, les agences des banques et desassurances, les concessions et succursalesdes constructeurs automobiles et les restau-rants des chaînes de restauration rapide, enFrance et en Europe. Ses enseignes sont réa-lisées à partir des métiers du plastique, dumétal et du néon.APIA réalisera un chiffre d’affaires de 60 MFen 1997 avec 90 personnes ; son développe-ment prévoit une augmentation de sonchiffre d’affaires à 100 MF sous trois anspour un effectif de 130 personnes.

APIA – Société Industrielle du VieuxDomaine – 25, route du Vieux Domaine –18108 VIERZON CEDEX.

APPEL À CAMARADES

ANNONCE XE.05. Vous connaissez un diri-geant de PME/PMI (peut-être vous-même)qui envisage, à court ou moyen terme, detransmettre son entreprise à un repreneur.Vous pouvez rendre un grand service à lafois au cédant et à un de nos adhérents enfaisant retour à X-ENTREPRENEUR du cou-pon-réponse ci-dessous, dont la rédaction estconçue en fonction de la discrétion nécessai-re à de telles informations, ou, si vous le pré-férez, en téléphonant au Bureau XE.

ANNONCE XE.10. X-Entrepreneur cherche àétablir pour ses adhérents une liste des socié-tés ayant des références dans le conseil“ généraliste ” ou “ spécialisé ” pour les créa-teurs et/ou repreneurs d’entreprises (industrieou services, 10 à 100 MF de chiffre d’affairesannuel) : diagnostic et évaluation de l’entre-prise, stratégie, marketing, commercial, pro-duction, plan de développement ou de repri-se, business-plan, plan de financement.Adresser dossier à X-E : présentation de lasociété de conseil, liste des références encréation ou reprise de PME/PMI, méthodolo-gie d’intervention, honoraires.

ANNONCE XE.11. PME à fort potentiel dedéveloppement, fournisseur de donnéestechniques pour la réparation automobilerecherche participations à moyen ou longterme, sous une forme à convenir, pour aug-mentation des fonds propres de l’entreprise.S’adresser au bureau XE.

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X-ENTREPRENEUR12, rue de Poitiers, 75007 Paris

Tél. : 01.42.22.86.45 – Fax : 01.42.22.86.49.

Serveur : 01.42.22.24.81.

Créer, reprendre, développer sa propre entreprise

X-ENTREPRENEUR est une Association, loi 1901, créée et soutenue par l’A.X. et INTERMINES, regroupant exclusivement desanciens élèves de l’École polytechnique et des trois écoles des Mines (Paris, Nancy, Saint-Étienne) et ayant pour objet d’appor-ter à ses adhérents toute assistance pour créer ou reprendre des entreprises et ultérieurement les développer.

L’assistance de X-ENTREPRENEUR est basée essentiellement sur la solidarité apportée par un réseau de relations privilégiées etsur la mise en commun de données réunies par les animateurs et par les adhérents eux-mêmes.Dans chaque numéro de la revue le lecteur trouve les rubriques suivantes :RÉUNIONS DE X-ENTREPRENEUR : annonce des prochaines réunions en principe réservées aux adhérents, mais tout élève ouancien élève peut se faire inviter en téléphonant au préalable au bureau.X-ENTREPRENEUR VOUS INFORME : chaque mois une information particulière sur l’association, ses objectifs, son organisa-tion, ses réalisations...ILS SONT ENTREPRENEURS : quelques informations sur les entreprises créées ou reprises par des camarades.APPEL À CAMARADES : pour des tâches de bénévolat ou pour apporter une aide à tel ou tel de nos adhérents sur des pro-blèmes spécifiques.

COUPON-RÉPONSE – ANNONCE XE.05.À retourner à X-ENTREPRENEUR, 12, rue de Poitiers, 75007 Paris.

Nom, prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Promo : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Connaît un dirigeant de PME/PMI qui envisage, à court ou moyen terme, de transmettre son entreprise à un repreneuret demande à X-Entrepreneur de lui téléphoner à ce sujet.

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3290 - A.T. KEARNEY - Cabinet internationalde conseil en stratégie, management et sys-tèmes d’information, 2 500 consultants, 60bureaux dans le monde, cherche activementpour son bureau de Paris plusieurs consul-tants, juniors, seniors et managers, parfaite-ment bilingues anglais et ayant si possible lamaîtrise d’une autre langue européenne.Expérience diversifiée de trois à cinq ans etplus : entreprises industrielles ou sociétés deservices ou de conseil. Domaines d’interven-tion : stratégie, fusions et acquisitions,restructuration, transformation de l’entrepriseet systèmes d’information. Adresser CVdétaillé à A.T. KEARNEY - 8-10, rue VictorNoir - 92200 Neuilly-sur-Seine.

3963 - A2C, Conseil et ingénierie en systèmed’information recherche des ingénieursdébutants (1 à 4 ans d’expérience) passion-nés par l’informatique et le développement,pour rejoindre son équipe de direction.Domaines d’activité : édition électronique,Internet, CD-Rom, Client-Serveur, Multi-média. Contacter T. de VIARIS (X77). SociétéA2C, 374, rue de Vaugirard - 75015 PARIS -Tél. : 01.48.28.38.18 - www.A2C.fr -E-mail : [email protected].

6464 - SV&GM, pôle consultants de SALUS-TRO REYDEL, l’un des premiers groupesfrançais d’audit regroupe plus de 100consultants et figure aujourd’hui parmi lesdix premiers cabinets français de Conseil enManagement.Afin d’accompagner son développement,SV&GM recherche des consultants de hautniveau pour ses 3 domaines d’activité :Management, Organisation et Systèmesd’Information. Les candidats auront acquis

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

BUREAU DES CARRIÈRES - A.X.5, rue Descartes, 75005 Paris

Tél. : 01.43.29.63.11 – Fax : 01.44.07.01.69

PETITES ANNONCES

Richard LAURENT (54) du BUREAU DES CARRIÈRES est à la disposition des camarades, en recherche d’emploi ousouhaitant réfléchir sur l’orientation de leur carrière, pour les recevoir et les conseiller. En effet, un entretien esttoujours souhaitable avant tout changement de situation et peut aider plus efficacement lors d'une recherched'emploi.Compte tenu de son expérience professionnelle, le Bureau des Carrières peut aussi répondre aux questions que seposent les jeunes camarades avant de rechercher un premier emploi, ou, plus généralement, au moment où ilsréfléchissent à leur orientation et cherchent à définir leur projet professionnel.Les nouvelles offres d’emploi disponibles sont publiées dans des listes bimensuelles. Il est possible d'obtenircelles-ci moyennant une cotisation de 200 francs pour six mois donnant droit aussi à la possibilité de consultationpar MINITEL.Les camarades intéressés par certaines de ces annonces s’adressent au Bureau des Carrières, par écrit ou par télépho-ne, pour avoir communication des offres détaillées : ils contactent ensuite directement les annonceurs, s’il y a lieu.

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une expérience d’au moins 5 ans auprès degrands groupes français et internationaux oud’importantes sociétés de Conseil. Bonnemaîtrise de l’anglais souhaitée.Contacter Jacques LAURENCIN (X 63),Directeur Général SV&GM - 15, rue Beaujon- 75008 Paris.

7464 - Le Groupe TECHNOGRAM, cabinetde conseil en Management à vocation indus-trielle et technique, aide les entreprises dansleur évolution (fonctionnement des systèmeshumains, systèmes d’information, expertisetechnico-économique des systèmes, maîtrisedes risques industriels, projets industrielsavancés, études techniques...).Auprès de partenaires expérimentés et pro-fessionnels, un X pourra s’investir dans desmissions de haut niveau pour des entreprisesde premier plan.Parmi les camarades, écrire à MichelROZENHOLC (X Mines 54) - TECHNO-GRAM - 19, rue Théodore Deck -75015 Paris - Tél. : 01.45.57.30.24.

14866 - MITCHELL MADISON GROUP estun cabinet de conseil de direction générale àtrès forte croissance, avec actuellement300 consultants en mission à partir de7 bureaux : New York, Paris, Londres,Munich, Francfort, San Francisco et Boston.Nous recherchons des consultants (jeunesdiplômés ou 1re expérience) à l’esprit entre-preneurial et dotés d’une solide aptitude autravail en équipe dans un environnementexigeant.Si vous souhaitez saisir l’opportunité d’uneévolution professionnelle rapide au seind’équipes internationales, écrivez à EnriqueGarcia Lopez (X90) - Mitchell MadisonGroup - 40, rue La Pérouse - 75016 Paris -Tél. : 01.44.17.82.60.

14885 - NCH est une jeune SSCI intervenantdans des environnements classiques oumodernes. Pour 1997, NCH recrute vingtingénieurs et consultants ayant une expérien-ce comprise entre 1 et 5 ans en conseil, enintégration de progiciel ou en développementspécifique dans le secteur des services (finan-ciers et non-financiers) ou dans l’industrie.Une formation aux méthodes et technologiesnouvelles sera dispensée. La rémunération etson évolution seront motivantes.Contacter C. H. NGO (X, Actuaire) - NCH -51, avenue Trudaine - 75009 Paris -Tél. : 01.53.34.01.90.

15008 - KLC, cabinet de conseil en stratégieet management des Systèmes d’Informations,recherche des Consultants Seniors.10 ans minimum d’expérience professionnel-le dans la fonction systèmes d’information,dans des entreprises utilisatrices et/ou chezdes fournisseurs (SSII, constructeurs...).Expérience du management nécessaire.Qualités souhaitées : exprit de synthèse,dynamisme, communication.Contacter Henri KLOETZER (X 64) - 64,rue du Ranelagh - 75016 PARIS.-Tél. :01.42.30.00.60.

15624 - GROUPE SLIGOS-AXIME - LaDivision Solutions (200 MF, 200 personnes)du nouveau Groupe SLIGOS-AXIME(6 400 MF, 8 500 personnes) est spécialiséedans la fourniture clé en main de systèmesinformatiques avancés à ses grands clients.Dans le domaine bancaire et financier (Salles

de Marchés, Monétique...), nous dévelop-pons des coopérations avec des sociétésaméricaines en pointe dans le logiciel et tra-vaillons sur des projets internationaux.Nous recherchons des Ingénieurs d’Affairespour nos activités Banque/Finance.Vous aurez la responsabilité complète decontrats de projets de développement et lamise en œuvre de nos solutions. Vous parti-ciperez aux activités d’avant-vente et deréponse aux appels d’offres. Vous pourrezensuite évoluer avec des responsabilités decentre de profits.La finance vous intéresse et vous avez géréavec succès des équipes sur des projets àdominante logicielle de plus de 5 MF, dansun environnement international.Contacter Jean-Pauml ROSSIENSKY (X 61)au 01.40.09.31.41 ou lui adresser candidatu-re - AXIME IS - 137, boulevard Voltaire,75011 PARIS.

DEMANDES DE

SITUATION/MISSIONS

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2490 - X89 - Ph.D., spécialités Mécaniquedes Fluides et Calcul Scientifique, 4 ansexpérience Etats-Unis, excellent niveauinformatique, recherche position derecherche et/ou développement.

2492 - X45 et associé recherchent maîtresd’ouvrage pour étude et expertise de pollu-tions des sols et de l’eau, risques hydrau-liques naturels, comportement des nappessouterraines. Réf. France et Etranger.Programmes disponibles. Démonstration surmicro. Contacter Guy SAMADEN01.39.97.30.29.

2496 - X70 - Grande expérience dans socié-té américaine propose ses services pour unposte de responsabilité dans les domaines del’organisation, de l’informatique ou de laconduite de grands projets. Trilingue anglais,allemand.

2500 - X87, Télécom (civil), 4 ans expérien-ce finance/conseil, cherche poste de respon-sabilité au sein d’une direction finan-cière/organisation/informatique (Paris oudirection régionale).

2501 - X 42 ans, actuaire, 10 ans d’expérien-ce dans l’assurance en France et en Grande-Bretagne recherche poste de Direction opé-rationnelle - Direction Générale, Techniqueou Commerciale - dans secteur Assurances-Vie, IARD ou secteur connexe.

2515 - X 35 ans, corpsard, MBA, expériencemanagement grands projets + cabinets - spé-cialiste réduction des coûts, stratégie et orga-nisation - cherche poste orienté stratégie dudéveloppement et mise en œuvre opération-nelle correspondante dans groupe en muta-tion.

2516 - X89, Sup’Aéro 94, 3 ans d’expérienceen avionique spatiale, connaissance du sys-tème GPS, cherche poste en automatique,informatique industrielle ou conception desystèmes en France ou à l’étranger

2517 - X, ENSTA, 30 ans, anglais courant -Responsabilité de projet R&D dans un grandgroupe industriel, recherche poste respon-sable chargé d’affaires ou chef de projetorienté vers le développement et la conquêtede nouveaux marchés. France ou Étranger.

2522 - X74, Civil Ponts, Anglais, 13 ansd’expérience, Promotion Immobilièrebureaux, logements, commerces dont 6 ansD.G., cherche poste Dir. Géné., même sec-teur ou Dir. Immo. grand groupe indust.,grande distribution, banque, etc.

2523 - X74 connaissant l’API Windows,expérimenté en développement de logiciels,notamment sous Windows, propose ses ser-vices en étude de logiciels.

2525 - X60 - Ancien ingénieur de l’arme-ment, 20 années d’expérience dans un grandgroupe du secteur aéronautique, propose sesservices pour un poste de responsabilité dansles domaines de l’organisation industrielleou de la conduite de projets. Trilingueanglais, allemand.

n

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

Bureau des Carrières

Pour aider les camaradesen recherche d’emploi,

et leur permettrede se rencontrer pour débattre

de leurs démarches,l’A.X. met à leur disposition,

depuis janvier 1996,un bureau situé à l’A.X.,

5, rue Descartes,75005 Paris.

ECTI

(Association Échanges et ConsultationsTechniques Internationaux) serait heur.accueillir ds cadre coopérat. techn.intern. et utilité sociale en France, ingé-nieurs et cadres sup., retraités ou sur lepoint de l’être, pouv. exéc. missions, nonrémun. mais défrayées frais voyage etséjours.Des réunions informat. et accueil pour enapprécier l’intérêt ont lieu ts les mercr.9 h 45 au siège 7, r. de Madrid 75008.Tél. : 01.53.42.37.00 (01.53.42.37.02mercr. pour cam. C d’ERCEVILLE (39) quisera heur. d’un contact évent. avc cx quisongent à leur activ. de retraité, ss att.nécess. dern. moment). Poss. s’ad. aussi àJean JUTON, Resp. Serv. Adhérents. Tél. :01.53.42.37.23.

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DEMANDES DE SITUATION

S125 - Ptt-fils cam. (Satre 21), diplômé ESCP(Sup de Co Paris) options marketing affairesinternat., angl., espa. Expér. Argentine 16mois (VSNE), Mexique 24 mois. Ch. situat.France étranger. Écr. A.X. qui transmettra.

S126 - Fille X53, 32 a., 10 a. exp. secrétariatdirection, angl.-espagnol, bonnes réf., ch.emploi Paris dans société motivante. LaurenceDUTHILLEUL. Tél. : 01.45.66.03.47.

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LB389 - ÎLE D’YEU, villa, jard. 2 600 m2,standing, 5 ch. Juillet. Part. : 01.46.37.17.98.

LB390 - Veuve cam. loue à partir sept.,BREST, bel appt 140 m2 env., centre résiden-tiel. 3 ch., bains, cuis. + séj. de 45 m2, ensol.(jard. privé). Tél. : 02.98.44.42.52 soir.

LB391 - ARGENTIÈRE 1250 ds résid. calmegdes pelouses pisc. à louer 2 au 30 aoûtduplex avec gde terrasse midi face Mt Blanc,9 lits. Tél. : 01.45.20.91.80.

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LB393 - NOTRE-DAME DE BELLECOMBE(Savoie) gd chalet à louer été/hiver, 3 apptindép. : 4, 6 et 10 lits. Jard. 4 000 m2, terras-se, vue. Tél./fax : 01.60.12.45.66.

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LB395 - ROYAN-PONTAILLAC, sœur cam.loue août, appt 5 pers., 2 ch., 1 s. de séj.,3 mn plage. Rue calme. Jardin.15 j. :1/15 août : 4 500 F. 1 mois août : 8 000 F.Tél. : 01.39.50.19.86.

LB396 - ALPES DU SUD, SERRE-CHEVALIER,cam. loue bel appt 5 p. 8/9 pers., prox. pisc.tennis, 1er ét., 2 terr., vues val. et mont.,mach. l. et v. Px raison. Tél. : 01.46.37.42.22.

Étranger

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sur 2 niv. Séj. 40 m2, SàM, cuis., lingerie,6 ch., 2 bains, cave, garage et maison gar-dien 60 m2. Px 1 600 000 F. Tél. :01.40.49.02.80 - 01.45.49.02.94.

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LA JAUNE ET LA ROUGE, MAI 1997

AUTRES ANNONCESSecrétariat de l’A.X.,

5, rue Descartes, 75005 Paris, Tél. : 01.46.33.74.25.

Les annonces à publierdans le n° d’août/septembre 1997

devront nous parvenirau plus tard le 11 août 1997.

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