Emploi au féminin - RegionsJob · 2012-12-03 · bas de classement (127ème sur 134 pays). En...

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des clichés aux avancées Emploi au féminin JOB

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  • des clichés aux avancées

    Emploi au féminin

    JOB

  • Mes spécialités : l’actua-lité de l’emploi et plus particulièrement l’emploi au féminin. Rédactrice web au sein de l’équipe éditoriale de RegionsJob, 1er site d’offres d’emploi spécialisé en région, j’ali-mente les contenus des

    sites du réseau RegionsJob et du blog Mode(s) d’Emploi.

    fr.twitter.com/Priscilla_RJredaction.blog.regionsjob.com

    Rédactrice web depuis bientôt trois ans chez RegionsJob, et notamment en charge de la rubrique « L’emploi au féminin» du blog Mode(s) d’Emploi, j’ai fait un constat. Il existe de nombreuses études sur les thèmes des écarts salariaux entre hommes et femmes, de la discrimination, des inégalités de traitement au sein des entreprises. Face à cette avalanche de chiffres, il est parfois difficile d’y voir clair entre les informations qui concernent les femmes, les dirigeantes ou les cadres, les françaises ou les européennes, les écarts salariaux moyens et les écarts à poste et diplôme égaux, etc. L’idée était donc de réunir sur un même support tout le flot d’informations qui circule sur l’emploi des femmes. Mais le but n’est pas de proposer du contenu froid et statique. Les chiffres sont là, nous les connaissons pour la plupart. Chaque jour, des milliers de personnes oeuvrent en faveur de l’emploi des femmes, et des projets voient le jour. Ce qui m’importait, c’était de montrer ces évolutions, ces femmes qui bougent, leurs initiatives… Alors parlons-en et rendons-les visibles.

    Que l’on soit féministe militante ou pas, il faut se l’avouer, les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes problématiques, notamment au travail. Peu importe à qui la faute, le tout est de réussir à changer cela pour œuvrer en faveur d’une plus grande mixité. C’est la clef.

    Le contenu de cet ebook est bien sûr loin d’être exhaustif. Qu’à cela ne tienne, tout ce qui ne figure pas dans ce premier tome pourra faire l’objet d’un second plus complet. Vous y trouverez un panel d’articles de professionnel(le)s, d’expert(e)s du recrutement ou de l’emploi, de rédacteurs(trices), de blogueurs ou blogueuses… Autant de points de vue et de témoignages que j’ai trouvé intéressant de réunir. L’ebook collaboratif m’est apparu comme l’outil idéal pour cela, qui plus est lorsqu’il est richement illustré. Je remercie au passage toutes les participantes et les participants.

    Bonne lecture…

    Merci à Morgane Maillard, ma collègue-graphiste chez RegionsJob pour ses idées et la mise en page ! Mes collègues Flavien le Modérateur et Fabrice Mazoir pour leurs conseils et mention spéciale à Fabrice pour les multiples relectures. Merci également à Elise Lacabarats de l’agence Eté en Hiver et Stéphane Martin de Neodialogue pour leur aide.Un grand merci à tous les illustrateurs et toutes les illustratrices pour leur enthousiasme et leurs dessins originaux : Shug, Yatuu, Klaire, Anthony Lelgouarch, Lili la Baleine Verte, Isabelle Gatzler, Fanny Bonnin. Et à tous les participants : Yves Deloison, Claire Romanet, Nathalie Cordeaux, Sylvaine Pascual, Hypathie, Flavien Chantrel, Gaëlle Picut, Fadhila Brahimi, Sophie-Antoine Dautremant, Rodolphe Helderlé, Marlène Schiappa, Emmanuelle Gagliardi, Olympe, Aurélie Collet, Laurence Roy, Marie-Sophie Pawlak, Nora Esnault, Gwenaëlle Quénaon-Hervé, Blandine Métayer.

    préfacePriscilla Gout

    Remerciements

    Les contributeurs :

    En aparté

    http://fr.twitter.com/Priscilla_RJhttp://redaction.blog.regionsjob.comhttp://regionsjob.com

  • CRÉATION D’ENTREPRISE• Zoom sur les Mompreneurs : « Les femmes ont toutes les qualités pour réussir une création d’entreprise » 26 Entretien avec Aurélie Collet, de Mompreneur Breizh• « J’ai toujours eu envie d’être un jour indépendante » Entretien avec Nathalie Cordeaux, blogueuse et créatrice d’entreprise 28• « Pourquoi je me suis lancée dans l’entrepreneuriat… » par Sophie-Antoine Dautremant, cofondatrice de Recrutae 30• « Les entrepreneuses ont besoin de se mettre en réseau » - Interview de Nora Esnault d’Entrepreneuses Mag 31

    COACHING ET « PERSONAL BRANDING »• L’ennemi n°1 de la femme, c’est la femme ! par Fadhila Brahimi 33• « Le coaching permet aux femmes de se libérer » par Sylvaine Pascual 37• « Soyez combattante ! » dessin de Shug 38• L’intérêt de développer une stratégie de visibilité sur le web : « Vous n’êtes pas une femme, vous êtes un candidat ! » par Sophie-Antoine Dautremant 39

    FEMMES ET RÉSEAUX• Les réseaux de femmes par Emmanuelle Gagliardi 41• Femmes d’Energie d’Assystem : « les jeunes femmes doivent oser !» Entretien avec Laurence Roy, membre du réseau Femmes d’Energie 44• «Elles bougent» : promouvoir les métiers d’ingénieurs auprès des femmes Interview de Marie-Sophie Pawlak, fondatrice de l’association « Elles bougent » 46

    • Conciliation vie privée / vie professionnelle : des femmes témoignent, par Gaëlle Picut 48• Le télétravail, une solution pour les mères de famille, par Nathalie Cordeaux 50• «Je suis Top !» : quand le théâtre brise le plafond de verre – Entretien avec Blandine Métayer 52• Management au féminin : « un peu de douceur dans un monde de brute » Interview de Gwenaëlle Hervé, Directrice de la communication de RegionsJob 53• Zoom sur le concours d’entrepreneuses, par Marlène Schiappa 55

    • En France, la parité ne fait pas partie des priorités, par Priscilla Gout 5• Questions de quotas, dessin d’Isabelle Gatzler 6• Les limites des indicateurs de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, par Miroir Social 7• Où se situent les métiers du web en matière de sexisme ? par Flavien Chantrel 9• Hommes et femmes parfaitement égaux devant l’énergie consacrée à leur emploi, dessin de Klaire 14

    Chapitre 1 : Femmes et emploi : Etat des lieux

    Chapitre 2 :

    Chapitre 3 :

    Chapitre 4 :

    Conclusion

    • A propos de RegionsJob SAS

    Les freins à la carrière des femmes

    Les tremplins à la réussite des femmes

    En route vers la parité

    • Les recruteurs préfèrent les hommes, par Claire Romanet 16• Discrimination des femmes enceintes, dessin de Yatuu 18• L’informatique : toujours pas pour les femmes ? par Hypathie 19• Les choix professionnels stéréotypés des femmes, par Yves Deloison 21• Les tâches domestiques, dessin de Shug 23

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  • Chapitre 1

    FEMMES & EMPLOI

    ÉTATS DES LIEUX

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    La position de la France au classement mondial des inégalités hommes-femmes établi par le Global Gender Gap Report fait peine à voir. Après avoir été 18ème en 2009, la France se classait seulement en 46ème position en 2010. Un phénomène dévoilé lors du World Economic Forum (WEF), qui s’explique par la chute du nombre de femmes en politique et aux hautes responsabilités ainsi à l’écart salarial persistant entre hommes et femmes…

    Chaque année, le Global Gender Gap Report passe en revue plus de 130 pays du monde en matière d’égalité. Il mesure l’importance des inégalités entre les sexes sur quatre points : le niveau d’éducation, l’influence politique, la santé, et ce qui nous intéresse ici, la participation dans l’entreprise et les opportunités économiques. Chaque année également, les pays nordiques présentent les plus faibles disparités en termes d’égalité entre les hommes et les femmes. L’Islande est le pays leader en matière d’éga-lité grâce à son taux élevé de femmes en emploi et en politique, malgré des écarts de salaires malheureusement élevés eux-aussi. Norvège, Finlande, et Suède composent avec l’Islande le quatuor de tête. La Norvège a d’ailleurs depuis quelques années déjà imposé un quota de 40% de femmes dans les CA des grandes entreprises, mesure adatée récemment en France.

    La mixité pourtant levier de performanceEt outre le fait d’être nordiques, ces pays ont une autre chose en commun : leur performance. Pour Klaus Schwab, fondateur et président du Forum économique mondial (WEF), « les faibles écarts entre hommes et femmes sont directement corrélés avec une forte compétitivité écono-mique. » Depuis 2007, le prestigieux Cabinet Mc Kinsey conduit des recherches visant à expliquer la corrélation entre mixité et performance des entreprises. Il a depuis publié quatre rapports sur le sujet intitulés « Women Matters », qui mènent tous à la même conclusion : les entreprises ayant une plus forte représentation de femmes dans leur comité de direction ou leurs équipes de management sont aussi les plus performantes. C’est un fait, la mixité est levier de performance.

    La France au 46ème au rang de la paritéMais l’argument de la performance ne semble pas en-core faire recette en France. Selon le Global Gender

    Gap Report, elle a perdu 28 places au rang de la pari-té entre 2009 et 2010 pour finalement se retrouver à la 46ème place ! Une dégringolade due en grande par-tie à la forte baisse du nombre de femmes aux postes ministériels et aux responsabilités des grandes entre-prises durant l’année 2010, mais aussi à l’écart sala-rial ressenti par les femmes pour lequel le pays est en bas de classement (127ème sur 134 pays). En France, les femmes gagnent 64% du salaire des hommes et à poste égal, la différence de salaire entre eux en France est de 27%.

    Les clefs de la réussite Pourtant, la France a toutes les clefs pour mettre en œuvre la parité. En termes d’éducation et de santé, elle est très bien positionnée. Durant l’année 2010, le nombre de femmes présentes au Parlement a légèrement augmenté. Un tiers des hommes et des femmes vont à l’université et les Françaises ont accès aux hautes étudesau même titre que les Français. Mais entre les études et l’accès aux responsabilités, les femmes « se perdent ». Pourquoi ? Certaines filières, comme les filières scien-tifiques, restent traditionnellement masculines et peu attractives (même si aujourd’hui, elles travaillent leur image). Et autour de la trentaine, la maternité marque souvent un coup d’arrêt dans la progression des femmes vers les hautes responsabilités. La faute, entre autres, au poids des tâches domestiques qui pèsent encore trop sur les femmes et à une absence de politique familiale dans les entreprises. La France doit s’inspirer du modèle nordique. Elle l’a déjà fait en finissant par adopter la loi sur les quotas de femmes obligatoires dans les conseils d’administrations des grandes entreprises. Ce n’est qu’un début.

    EN FRANCE,LA PARITÉ NE FAIT PAS PARTIE DES PRIORITÉSpar Priscilla Gout

    - Global Gender Gap Report 2010 www3.weforum.org/docs/WEF_GenderGap_Report_2010.pdf

    - Étude Women Matter - Mc Kinsey www.mckinsey.com/locations/paris/home/womenmatter_french.asp

    - Article d’Agora Vox : «Pays nordiques et parité hommes-femmes» 11/02/2011 www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/pays-nordiques-et-pa-rite-hommes-69805

    En savoir

    http://www3.weforum.org/docs/WEF_GenderGap_Report_2010.pdfhttp://www.mckinsey.com/locations/paris/home/womenmatter_french.asphttp://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/pays-nordiques-et-parite-hommes-69805http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/pays-nordiques-et-parite-hommes-69805

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    Graphiste web/print depuis 6 ans, Isabelle Gatzler a créé son activité «Phénomène Graphique» en 2008 : identité visuelle, communication, édition, illustration, sites web, animation flash ou demande spécifique, pour vous servir ! Egalement illustratrice, Isabelle tient un blog BD, «Un Geek à la Maison», sur le thème des Geeks.

    Isabelle Gatzler

    site : www.phenomenegraphique.com - blog : www.un-geek-a-la-maison.com

    Questions de Quotas - Isa Gatzler

    http://www.phenomenegraphique.comhttp://www.un-geek-a-la-maison.com

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    Les indicateurs permettant de comparer les évolutions professionnelles des hommes et des femmes sont es-sentiels pour nourrir les négociations mais ils ne sont en aucun cas suffisants. Parce que les partenaires sociaux sont souvent bien en peine de les interpréter et aussi parce que ce ne sont pas les indicateurs qui contribuent le plus à faire évoluer les mentalités...

    Toujours plus. Les nouveaux indicateurs du rapport de situation comparée entre les hommes et les femmes, fixés par le décret du 22 août 2008, ne suffisent pas à beaucoup de délégués syndicaux. Chez Amadeus, la centrale de réservation, la CFDT demande ainsi cinq nouveaux indicateurs hommes-femmes (salaires moyens par niveau et par type de métier, effectifs par métier et par niveau, salaires à l’embauche par niveau et par type de métier, mobilité interne par division d’ar-rivée, taux de remplacement des personnes en congé longue durée par niveau hiérarchique). La CFE-CFG de

    Michelin demande quant à elle l’intégration du pourcen-tage de femmes participant aux plans de successions. Du côté de la CGT de Thalès, on demande trois nou-veaux indicateurs, par catégories professionnelles, que sont la date d’embauche, le coefficient à l’embauche et le diplôme à l’embauche.

    Des indicateurs difficiles à commenter

    Des indicateurs qui ne font pas partie du cahier des charges du nouveau rapport de situation comparée dont Anne de Ravaran, Directrice juridique des Res-sources Humaines de Thalès, a conduit le groupe de travail au début de l’année 2008. « Il faut faire atten-tion à ne pas trop multiplier les indicateurs. On peut toujours en demander plus mais on se rend compte que cela n’aide pas forcément au diagnostic », affirme Annie Ducellier, du cabinet Isotelie. Pour Isabelle Gueguen du cabinet Perfegal, lui aussi spécialisé dans l’accompa-gnement des entreprises en matière d’égalité profes-sionnelle, « les rubriques commentaires associées aux rapports de situations comparées se réduisent souvent au strict minimum. Cela démontre bien la difficulté qu’il y a d’interpréter les indicateurs déjà existants ».

    30 % des entreprises d’au moins 300 salariés ne se plient pas à l’exercice théoriquement obli-gatoire du rapport annuel de situation comparée, ancienne version, sans craindre quoi que ce soit de la part des inspecteurs du travail. C’est bien pour cela que le rapport de situation comparée, nouvelle for-mule, qui s’impose à toutes les entreprises de plus de

    La responsabilité sociale des entreprises est un beau concept, lui donner du sens ne peut pas lui nuire. Miroir Social est un média qui développe une approche journalistique classique en intégrant toutes les parties prenantes (salariés, syndicats, directions, prestataires, associations) du dialogue social dans le processus éditorial. Miroir Social est un réseau professionnel regroupant 7 000 membres.

    Miroir Social, réseau d’information sociale

    LES LIMITES DES INDICATEURS DE L’ÉGALITÉ PROFESSIONNELLE ENTRE LES HOMMES ET LES FEMMES

    www.miroirsocial.com

    L’égalité professionnelle est l’un des thèmes de la négociation col-lective. Toute entreprise de plus de 50 salariés a l’obligation d’établir « un rapport annuel de situation comparée des conditions générales d’emploi et de formation des femmes et des hommes », fait à partir d’une analyse s’appuyant sur des indicateurs. Ceux-ci reposent sur des éléments chiffrés définis par décret, qui retracent pour chacune des catégories professionnelles, la situation respective des femmes et des hommes en matière d’embauche, de formation, de promotion professionnelle, de qualification, de classification, de conditions de travail et de rémunération effective. Ces indicateurs offrent une grille de lecture commune à toutes les entreprises comportant des statis-tiques exprimées en pourcentages.

    Source : www.travail-emploi-sante.gouv.fr

    En savoir sur les indicateurs...

    http://www.miroirsocial.comhttp:///www.travail-emploi-sante.gouv.fr/espaces,770/travail,771/dossiers,156/gestion-des-ressources-humaines,474/egalite-professionnelle,506/le-rapport-de-situation-comparee,1138/rapport-de-situation-comparee,8061.

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    300 salariés simplifie et précise avant tous des indica-teurs préexistants. Seuls les indicateurs sur l’ancien-neté et les durées moyennes d’interruption dans l’acti-vité salariée sont nouveaux. Les directions seront-elles plus enclines à remplir correctement ce rapport dont l’obligation est toute théorique ? Pas certain. « Aucun système informatique ne permet de sortir automatique-ment le rapport de situation comparée. Les données à traiter viennent de systèmes différents », explique Annie Ducellier. Sans compter qu’il ne faut pas attendre que le système informatique produise les commentaires, même avec l’intelligence artificielle en option.Il y a certes eu une indéniable simplification du rapport mais l’exercice pour le produire reste compliqué. Les directions se montrent donc d’autant moins enclines à aller au delà de l’obligation légale. D’autant que cer-tains indicateurs sont considérés comme sensibles. Chez Airbus, au niveau des cadres, le rapport indique qu’en 2007, 72,2 % des femmes contre 68,7 % des hommes ont reçu une augmentation individuelle. Mais la transparence a ses limites. Ainsi, mystère sur la place des femmes dans les 9 % de cadres ayant perçu une prime annuelle supérieure à 13,5 % de la rémunération annuelle.

    Des indicateurs qui nourrissent les négociations

    Malgré leurs limites, les indicateurs permettent toute-fois de nourrir les négociations des accords sur l’égalité professionnelle. L’occasion pour les syndicats de négo-cier des objectifs en termes de taux de féminisation. Lors de son premier accord de 2005, Michelin ne tenait pas à s’engager sur ce type d’objectifs. Fin 2008, le taux de féminisation n’avait progressé que de 0,5 %. Ainsi, pour le nouvel accord triennal, la direction a accepté de s’engager sur une progression de ce taux de 5 % en 3 ans sur les métiers du commerce et de l’industrie.Des indicateurs qui permettent de modérer les discours de certaines directions. La direction d’Auchan France a ainsi vu « une évolution en faveur des femmes » dans son bilan sur l’égalité professionnelle, présenté en commis-sion paritaire nationale fin 2008. La CFDT y est allée de son bémol en soulignant que : « là où il y a beaucoup de femmes, il y en a de plus en plus. Et là, il n’y en a pas beaucoup, il y a en de moins en moins... ».Au niveau hiérarchique 9, le plus élevé, le nombre de femmes a diminué par rapport à 2006 (6 femmes en moins) alors que cette population a augmenté de 80 personnes... Le pourcentage des femmes augmente en revanche au niveau 2. C’est là que l’on retrouve 70 % d’entre elles.

    Les indicateurs sur les écarts de rémunération permettent quant à eux de baliser des plans d’actions. Au Crédit du Nord, la situation individuelle d’un salarié est désormais analysée dès constatation d’un écart salarial supérieur à 10 % à niveau égal de qualification et de compétence et dans des conditions semblables d’exercice d’un métier.

    Priorité à la femme cadre

    Les accords égalité professionnelle hommes-femmes ont tendance à se focaliser sur la place des femmes au niveau des cadres. Le Crédit du Nord visait fin 2010 une repré-sentation des femmes dans la catégorie cadre supérieure à 40 %. À la Société Générale, 40 % des salariées sont cadres (contre 35,7 %, fin 2005) avec un objectif de 42 %, fin 2011. « On peut tourner les choses différemment selon que l’indicateur va concerner le pourcentage de cadres qui sont des femmes ou le pourcentage de femmes qui sont cadres », prévient Isabelle Gueguen. Et celle-ci de mettre en garde sur le côté réducteur de l’indicateur femme cadre : « celui-ci correspond encore largement à un modèle de cadre masculin. Les hommes cadres sont très peu interrogés sur les questions d’équilibre entre vies professionnelles. La réflexion et les actions en faveur de l’égalité professionnelle doivent être globales ». Dans ce contexte, les indicateurs représentent des condi-tions nécessaires, mais en aucun cas suffisantes, pour faire évoluer les mentalités, les pratiques, la culture. Des changements qui prennent du temps. Ne serait-ce que pour faire évoluer la répartition de ceux et celles qui négocient justement des accords égalité professionnelle. Une étude conduite par Isotélie révèle que les femmes représentaient 27,5 % des signataires des accords.

    La part des femmes dans l’encadrement est en stagnation totale, avec un taux de 29,5% en 2010 (contre 29,4% en 2009). Ce taux a très faiblement évolué depuis 5 ans (27, 2% en 2006).par Emmanuelle Gagliardi - Source CapitalCom, mars 2011.

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    Flavien Chantrel est Community Manager de RegionsJob depuis 4 ans et formateur sur le thème du recrutement et des réseaux sociaux. C’est également un blogueur assidu, très actif sur Twitter. Il anime le Blog du Modérateur qu’il a créé lors de son arrivée chez RegionsJob en 2007.

    Flavien Chantrel

    Il y a des marronniers dont on se passerait bien. Celui de la discrimination à l’embauche par exemple. Plus précisément la discrimination liée au sexe, probléma-tique centrale de cet article. Le sujet revient tellement souvent que beaucoup n’y font même plus attention. Comme si ce constat était immuable. Pourtant, les chiffres mettent en exergue une situation inacceptable et archaïque. La France, pays des droits de l’homme, n’occupe que la 46ème place en matière de parité... Niveau salaires c’est pire, avec la 127ème place sur 134 (!). Une femme en France gagne en moyenne 64% du salaire d’un homme. A poste égal, et donc à compé-tences et effort égal, une femme gagne 27% de moins qu’un homme. Incompréhensible non ? Et mieux vaut ne pas être une mère de famille si vous ne souhaitez pas aggraver votre cas. Seules 36% des entreprises mondiales souhaitaient l’année dernière en recruter, un chiffre en baisse de 20%... Preuve que la situa-tion n’évolue pas dans le bon sens. Ne parlons pas de l’obligation de mettre en place des lois pour faire monter le pourcentage de femmes dans les conseils d’administration à... 20%. On pourrait continuer encore longtemps.

    La discrimination liée au sexe est un délitPourtant, la discrimination liée au sexe est bien sanctionnée par le code pénal (cf l’article 225-1). Si elle est avérée, elle est punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 Euros d’amende.C’est bien le problème, mais encore faut-il que la discrimination soit avérée. Le combat pour l’égalité des sexes se situe souvent ailleurs : dans la vie professionnelle au quotidien. Le sexisme s’est banalisé

    et s’est installé de manière insidieuse en entreprise. Pas seulement lors de l’entretien d’embauche ou de la négociation salariale, mais dans les actes, mots et décisions de tous les jours. Mais ce sexisme ordinaire est-il présent de la même manière dans tous les corps de métiers ?

    Le cas du secteur du webPour cet article, nous nous sommes intéressés à un secteur particulier : les métiers du web. Sans idées préconçues, dans un sens ou dans l’autre. La meilleure manière de faire un point sur la question était de donner la parole aux principales concernées : les femmes qui y travaillent. Suite à un appel à contributions, elles ont été plusieurs dizaines à vouloir donner leur avis. Pas suffisant pour tirer des conclusions définitives, bien sûr. Mais assez pour rendre compte d’exemples précis et des différentes réalités rencontrées par les travailleuses du web. Comme souvent, les témoignages sont hétéroclites. Tout dépend de l’entreprise et surtout des personnes qui la composent. Par souci d’anonymat, certains noms ont été changés. Voici donc les témoignages recueillis.

    Des signaux positifs

    Pendant le processus de recrutementEmilie, Community Manager en agence, n’a jamais ressenti de discrimination lors de ses recherches d’emploi : « Jamais. De toutes les candidatures que j’ai envoyées lorsque j’étais en recherche d’emploi, je n’ai jamais eu le sentiment d’être défavorisée parce j’étais une fille. A l’inverse, en discutant avec des amis, je n’ai

    Où SE SITUENT LES MÉTIERS DU wEBEN MATIèRE DE SEXISME ?

    moderateur.blog.regionsjob.comtwitter.com/moderateur

    http://moderateur.blog.regionsjob.comtwitter.com/moderateurhttp://twitter.com/moderateur

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    pas non plus eu le sentiment d’être favorisée. » Cela n’empêche pas de devoir faire ses preuves, parfois plus que les hommes, comme l’explique Mademoiselle Lychee, responsable artistique et communication interne. « Lors des entretiens oui, il y a certaines questions qu’on nous pose qui sont peut être un peu plus pointues, pour savoir si vraiment vous, la ptite nana assise dans le fauteuil, vous avez bien tout fait toute seule... et que vous connaissez vraiment le milieu... Nous sommes souvent face à 2,3 voire 4 hommes en entretien dans le secteur, il faut savoir jouer le jeu et avoir du répondant! »

    Des différences pas forcément négativesToute différence n’est pas négative. Sophie, directrice conseil, pense par exemple qu’être une femme permet de se différencier en bien : « Mes clients aujourd’hui apprécient mon approche féminine des affaires, et j’ai remarqué que je travaille très bien avec des clients femmes qui se sentent probablement plus en confiance. Au niveau des prestataires que je fais intervenir, je pense qu’ils apprécient mes méthodes. Sans faire de ma condition de femme un ‘avantage’, je n’essaie pas d’agir comme un homme et cela me confère une certaine humanité. » Sophie continue : « Pour moi, être une femme change forcément la façon dont on est abordée. Comme être blond, brun, grand, petit, d’origine étrangère ou bien franchouillard :) Les relations humaines sont influencées par tout un tas de facteurs internes et externes et on ne peut pas nier qu’une relation homme-femme ne sera jamais équivalente à une relation homme-homme. Pour l’instant, je n’ai jamais ressenti en revanche de discrimination négative du fait de ma condition de femme. »

    Parfois un avantageCertaines ressentent un avantage à être une femme lors des prises de parole en ligne, comme Céline, Community Manager pour une entreprise du secteur privé : « Il faut avouer qu’être une femme a ses avantages. Une femme sur le web c’est intrigant je trouve, on va donc peut être générer plus de trafic (c’est une hypothèse) dès lors que nous sommes des femmes. » Pour Marie, référenceuse à son compte, être une femme peut parfois donner un coup de pouce : « Je pense effectivement bénéficier d’un traitement différent du fait que je sois une femme mais ici cela va en ma faveur. On se souvient de moi car je suis une des rares femmes dans le métier de SEO. Et je pense avoir un «fan club» plus développé que mes collègues masculins et de ce fait, plus de commentaires sur mes blogs ou un traitement un peu différent ;) Je sens aussi parfois de l’indulgence à mon égard du fait que je sois une femme quand il s’agit de demander de l’aide technique par exemple. »

    Clichés et lieux communs

    Le spectre de la maternité et des enfantsLa maternité semble toujours poser problème à certains employeurs, comme le prouve le témoignage de Catherine : « Par le passé cela a pu m’arriver notamment quand d’autres collègues femmes partaient pour des congés maternité, il y avait une crainte énoncée de voir l’équipe se vider si d’autres parmi nous tombaient enceintes.» Marie, référenceuse à son compte, se souvient d’un ancien entretien : « Durant l’entretien on m’a demandé ce que je comptais faire concernant la garde de mon fils et comment j’allais m’organiser en cas de maladie ou de maîtresse absente. Mon conjoint, qui passait aussi des entretiens d’embauche à la même période, n’a jamais eu droit à ce type de question ». La maternité inquièterait donc, mais les clichés concernant la responsabilité des enfants au sein d’un couple perdurent. Marie enfonce le clou : « J’ai parfois été mise à l’écart de certains projets ou réunions car je suis une femme et que j’ai des enfants et je dois donc m’en occuper (les papas apparemment n’ont pas ce problème...). Mais ce qui m’agace le plus c’est quand j’explique à mes clients qu’après 17h je ne suis plus disponible par téléphone car mes enfants sont à la maison et que c’est bruyant et qu’on me répond «ah moi c’est ma femme qui s’occupe des gosses»... Oui, ici c’est bien moi la femme ! ».

    Anthony Legouarch - tonylotteillustration.blog.ouestjob.com

    http://tonylotteillustration.blog.ouestjob.com/

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    Femmes et informatiqueLes clichés ont la vie dure. Celui consistant à dire que les femmes sont forcément moins qualifiées techniquement que les hommes est le plus persistant, comme l’explique Lucie : « La seule petite chose que j’ai pu remarquer c’est la relation avec les techniciens web, c’est à dire les développeurs et autres grosses têtes... Ils s’imaginent souvent qu’en tant que femme, on n’y connaît rien en technique et sont surpris quand ce n’est pas le cas. Du coup, certains d’entre eux (souvent de nature un peu prétentieuse, il faut l’avouer) se sentent touchés dans leur ego ! » Heureusement, cette barrière peut être dépassée selon Alice : « Ayant travaillé pendant 2 ans dans une petit boîte éditrice de logiciel, il est vrai que la nana est considérée un peu comme une novice qui n’y connait rien et qui de toute façon ne comprendra rien. Mais à partir du moment ou cette fameuse nana s’intéresse au travail des informaticiens, ils vont volontiers lui faire part de leur connaissance et l’aider à comprendre un peu plus. Bon parfois, il faut un peu jouer sur le fait d’être une femme et son charme naturel et le tour est joué. Mais rien de bien

    grave ou méchant ! » Emilie, Community Manager en agence, met tout de même une nuance à ce propos. « J’avoue que sur des communautés ultra-spécialisées en informatique, notamment, il m’est arrivé de trouver les réactions de certains membres un peu déplacées. Mais ca reste quand même très marginal. Je ne saurais jamais si on m’a mal parlé parce que j’étais une fille ou parce que je n’étais pas informaticienne ! De toute façon, globalement, en ligne les gens ont plus tendance à se lâcher ».

    Des petites cases, toujours des petites casesUn autre cliché courant concerne les centres d’intérêt. Visiblement, le fait d’être un homme ou une femme apporte de nombreux préjugés sur les passions ou les capacités à s’intéresser à tel ou tel sujet, comme

    l’explique Pauline, Community Manager pour un site d’information : « Sur le plan éditorial, j’ai constaté que l’on attribue plus aux filles la charge des animations, choix de thématiques et des cadeaux/dotations mais aussi l’envoi des colis cadeaux aux internautes, tandis qu’on charge plus facilement les hommes de travailler avec les développeurs sur les possibles évolutions techniques.»C’est encore plus fort dans le choix des thématiques traitées, comme le témoigne L.A., pigiste pour un site de cinéma : « Les films les plus importants sont systématiquement confiés en priorité aux hommes de la rédaction. C’est d’autant plus le cas lorsqu’il s’agit de films d’action. C’est très arriéré et machiste de penser que seuls les rédacteurs hommes pourraient rédiger des articles de qualité sur ce genre de films. En revanche les petits films ou les films d’amour, comédies musicales, Bollywood etc sont plutôt la spécialité des filles, selon le rédacteur en chef.(…) De manière générale les filles sont moins sollicitées que les garçons pour à peu près tout sur le site : critiques, news, interviews, sauf quand ça dépanne. S’il y a un bug lors de la mise en ligne, ça vient forcément des filles, et non du webmaster en charge de la bonne marche du site. » Le sexisme peut souvent se manifester sous forme de tentatives d’humour. Cela ne change pas le fond du message, comme l’explique Pauline, Community Manager pour un site d’information : « Certaines blagues sur les «incompétences» des femmes voire l’incapacité à avoir des «idées», font que oui, je me sens parfois discriminée, même si ce n’est pas de la discrimination directe ».Mais les clichés contraires existent aussi. Catherine, si elle ne s’est jamais sentie discriminée, est « toujours un peu agacée par le discours du type c’est de l’industrie donc je veux un homme ou c’est de la mode, je veux une femme. La discrimination qui conduirait à l’exclusion d’un genre ou d’un autre voilà ce qu’il faut faire tomber, pas seulement celle dont les femmes feraient l’objet. »

    Quand le sexisme est (encore plus) réel

    Des situations injustifiablesCertains témoignages font état de situations intolérables. C’est le cas de celui de Claire, chef de projet dans une agence de webmarketing : « On est deux filles (la vingtaine) pour 3 hommes, et l’agence est totalement sexiste. On monte des projets de A à Z, pour se retrouver présentées comme des secrétaires, tout juste bonnes à prendre des notes et apporter le café, en face des clients ou des prestataires, on est traitées différemment de nos collègues masculins... le sexisme

    Da Beez - http://www.flickr.com/photos/andoline/

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    on le vit quotidiennement. Il s’agit d’une première expérience, et j’ai bien conscience que la personnalité de mon supérieur est à l’origine d’une partie de ce climat, mais pas entièrement. Les prestataires, eux aussi, ont tendance à être sexiste. Alors peut-être que le fait d’être en province, et jeune de surcroît, n’aide pas, mais oui, le web peut être sexiste. Et pas qu’un peu. » Ce n’est pas aussi marqué pour Marie, référenceuse à son compte, mais elle tient tout de même à souligner une différence courante : « J’ai parfois l’impression d’être moins prise au sérieux que mes homologues mâles. D’autre part, lors d’un débat ou discussion, même sur un sujet que je maîtrise totalement, je me mettrai forcément en retrait, ne pouvant couvrir la voix de ces messieurs avec la mienne, sous peine de «monter dans les aigüs» et laisser penser que je crie ou que je m’énerve (ce qui est faux ;) ) ».

    Certaines annonces en causeA titre personnel, Catherine n’a jamais ressenti une forme de discrimination lors d’un entretien ou d’une candidature. Mais cela ne l’empêche pas de savoir que cela existe : « j’ai pu voir passer des offres avec un genre spécifié dans l’annonce, ce qui est, rappelons-le parfaitement illégal. Il m’est aussi arrivé d’avoir des contacts cherchant à recruter et précisant leur préférence pour un homme ou une femme en fonction du secteur d’activité du client. »

    Le web, en avance sur la question ?

    Les valeurs du web effaceraient les différencesLe web est-il en avance par rapport à d’autres secteurs d’activité ? Oui, selon Alice : « je pense que le monde du web est bien plus ouvert par rapport à l’égalité homme/femme que d’autres secteurs d’activité et j’espère que ça ne changera pas de si tôt. » Céline, Community Manager, va plus loin en affirmant que les valeurs mêmes du web en font un secteur en avance : « je pense que le monde du web est en avance, car une grande majorité des personnes travaillant dans ce secteur prônent des valeurs tels que le partage des connaissances, l’open data, le creative commons... Il n’est nul question de différence entre les sexes. » Marie, qui travaille depuis 11 ans en tant que développeuse, webmaster et technicienne et qui a connu différents types de structures (de 3 à 100 personnes), ne s’est même jamais posé la question. « Jamais je n’ai rencontré de problème de sexisme... Ça me parait bizarre, maintenant que j’y pense... Peut-être ai-je eu la chance de travailler avec des gens bien ? Ou juste avec des geeks, qui, du moment que l’on peut parler code et wow ne font pas de différence entre fille

    et garçon... Récemment on m’a fait la remarque que je devais avoir en face des personnes hésitant à confier un projet à une fille. En fait non. Tout au plus on m’a dit que c’était rare de voir une femme dans ce métier (sans ton particulier, sans sous-entendu). »Mathilde, qui a 20 ans d’expérience dans l’informatique et le web (animation d’un réseau de distributeurs informatiques, encadrement d’une équipe de R&D, dirigeante d’un webservice), est catégorique : « il n’y a pas de sexisme dans le Web ni dans la High Tech en général. (...) Je n’ai jamais rencontré de problème, même de façon anecdotique, parce que j’étais une femme. Pour moi le sexisme en particulier et la discrimination en général existe sûrement plus en politique, dans les institutions financières ou les grands groupes que dans le Web où on a l’habitude de dépasser les frontières et d’être en contact avec des gens de toutes origines. »Même son de cloche chez Lucie : « En ce qui me concerne, je ne ressens pas de sexisme, travaillant dans une agence de marketing ou il y a plus de femmes que d’hommes. »

    L’âge plus discriminatoire que le sexeMais si les témoignages sont globalement positifs en matière de discrimination liée au sexe, il reste des efforts à faire dans d’autres domaines, comme le souligne Sophie, chef de projet web : « Pour ma part j’ai pu constater que la discrimination n’est pas liée au sexe mais à l’âge... Quand on cumule vaut mieux travailler dans le web, plus ouvert en effet, ça fait un critère discriminant de moins à affronter quand on cherche un poste.» Même constat pour Céline, Community Manager : « Je ne pense pas qu’être une femme soit un handicap lors d’une candidature. Je parlerai plus de la discrimination sur l’âge. Je suis une femme de caractère et sais me faire entendre, c’est peut être pour cette raison que je n’ai jamais eu de problème, ou ressenti la moindre gène. »Mais l’âge n’est pas la seule autre forme de discrimination, rappelle Sophie, Chef de projet web : « Globalement, je me suis sentie plus souvent discriminée à l’époque où j’étais obèse et où l’on m’inventait des prétextes farfelus pour justifier ne pas donner suite à mes entretiens d’embauche qu’aujourd’hui en tant que femme dans le milieu du web (mais c’est toujours pareil, je suis à des fonctions marketing qui ne sont pas connotées ‘homme’). »

    Il reste du chemin à parcourirPour Catherine, le chemin vers l’égalité des sexes est loin d’être terminé et l’origine du problème est à voir dans l’éducation. « Si on prend un peu de recul, la question du rapport aux genres est ancienne, lente à déconstruire pour faire des propositions sociétales qui

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    permettent de remettre chaque individu dans une place où l’autonomie lui permettrait d’aller dans tous les mondes possibles. Parce que c’est bien de là que vient le problème: l’éducation qui est offerte et qui permet ou non de se penser à égalité ou non, pouvant accéder ou non à certains emplois ou positions. (...) Peut-être avons-nous, femmes, une trop grande propension à ne pas avoir assez confiance en nous. » Pauline est également résignée : « Je crois qu’il y a des milieux plus machos que le web, mais comme partout malheureusement, être une femme change quelque chose. Il suffit de constater que tous les plus hauts postes sont occupés ici par des hommes, mais qu’ont-ils vraiment de plus que nous ?! » Emilie, Community Manager en agence, tient également à ne pas généraliser les bonnes ou mauvaises pratiques : « Je pense que le monde du web est assez disparate pour qu’on ne puisse pas en faire une généralité. Honnêtement, je travaille dans le monde de l’édition en ligne, et c’est un secteur assez féminisé, et je n’ai pas l’impression qu’il y ait de la discrimination. Mais je crois que ce n’est pas le cas dans tous les secteurs. »D’autres sont moins optimistes. C’est le cas de L.A., qui travaille au service communication d’un grand groupe de télécommunications. Selon elle, le web serait même en retard sur certains aspects : « Je pense que le web est en retard sur les autres entreprises du secteur de la communication. (…) Dans le monde du web, les hommes étant encore très présent, à des postes stratégiques, les petites mains féminines sont peut-être moins bien traitées qu’ailleurs. »

    Le combat continue…

    Le mot de la fin sera pour Mademoiselle Lychee, Responsable artistique et communication interne. Pour elle, le combat continue : « Je pense que la disparité entre les sexe est plus présente dans les milieux très masculins comme l’industrie ou la publicité... Si on veut réussir en tant que femme dans ces milieux, il faut jouer des coudes, montrer sans cesse que l’on vaut autant, voire plus qu’un autre, que non, avoir un enfant ne jouera pas sur notre compétitivité, et que des fois oui nous avons raison ! C’est dur à accepter mais je pense que cela viendra au-fur-et-à-mesure que les années passent, grâce certainement à ces femmes qui ont atteint de grands postes dans les agences et qui nous font dire «oui c’est possible!!» »Le secteur du web n’est donc pas exempt de tout reproche quand on aborde la question de l’égalité Hommes/Femmes en matière professionnelle. Les clichés ont la vie dure ! Il semblerait donc qu’à compétences égales, une femme devra déployer plus d’énergie qu’un

    homme pour arriver à la même reconnaissance. Encore une fois, cet article n’a pas pour objectif de faire un point exhaustif sur la situation. Mais s’il permet déjà à certains de prendre un peu de recul et de se poser les bonnes questions sur leurs actes au quotidien, le pari sera déjà gagné. Et vous ? Comment vous sentez-vous traitée sur votre lieu de travail ? Traitez-vous de la même manière vos collègues, qu’ils soient de sexe masculin ou féminin ?

    Lili la Baleine Verte - www.lililabaleineverte.fr

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    HOMMES ET FEMMES : ÉGAUX DEVANT L’ÉNERGIE CONSACRÉE A LEUR EMPLOI

    Klaire fait «Grr» - www.klaire.fr

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  • LES FREINS ÀLA CARRIÈREDES FEMMES

    Chapitre 2

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    Claire Romanet dirige Elaee, cabinet de recrutement spécialisé sur les métiers de la communication, du marketing et de l’internet, basé à Paris et à Lyon. Elle possède 20 ans d’expérience dans la communication et 10 ans en «chasse de têtes». Elle anime avec son équipe le blog Elaee, un espace d’échange ouvert sur lequel on trouve des offres d’emploi, des billets d’humeur, des coups de cœur ou des coups de gueule…

    www.elaee.com

    Claire Romanet

    Force et pouvoir pour les hommes, douceur et maternage pour les femmes : les clichés ont la vie dure. Et s’il y a un monde dans lequel ce phénomène est clairement amplifié, c’est bien le monde du travail.Les enquêtes nous montrent que 70% des employeurs du secteur privé disent préférer recruter des hommes (Dares de juillet 2009). Au final et si on parle de CDI, ce sont 59% d’hommes qui sont recrutés (soit 41% de femmes). Il y aurait des raisons à cela ? Posons-nous la question « Pourquoi ? ».

    1. Parce que les hommes ont de plus gros brasDans nos sociétés évoluées, le physique est un vecteur important qui joue sur la nature du poste à pourvoir. Reste ancrée dans nos petites têtes la certitude que les métiers où les contraintes physiques sont fortes ne sont pas faits pour les femmes. Certes, porter des sacs de ciment, faire fondre de l’acier à 1200° ou bien monter dans l’arbre récupérer le chat du voisin, ne sont pas tâches aisées. Il apparaît donc que, à l’heure où le tertiaire représente 75% des emplois (Alternatives Economiques Pratique n° 023 - 2006), la force physique, la masse musculaire, la taille, etc. sont encore interprétés comme signes de vigueur et de capacité de travail.

    2. Parce que les hommes ne font pas d’enfantsEnfin si, bien sûr, les hommes sont aussi des pères mais bizarrement, les employeurs ne leur demandent pas, à eux, comment ils organisent le mode de garde de leur progéniture…

    Le modèle familial ancestral qui prône que « l’homme doit impérativement avoir un emploi, la femme peut toujours rester à la maison » montre qu’on n’a guère évolué sur la répartition des tâches. Ce n’est ni plus ni moins ce que nous expliquait l’éthologue Desmond Morris dans son best-seller « Le singe nu » (éditions Jonathan Cape, 1967) : à l’homme la chasse (il faut nourrir la famille et par là même affronter les dangers), à la femme la grotte (ranger la maison et élever les enfants). Morris a-t’il raison de dire qu’on est si proches des singes ?

    3. Parce que les hommes aiment la vie nocturneNon, on ne parle pas ici de boîtes de nuit mais plutôt d’horaires de travail. Parce qu’en France, on continue de croire que ce sont les salariés qui quittent tard leur lieu de travail qui sont les plus efficaces. Et force est de constater que ceux qui restent accrochés à leurs bureaux sont en majorité des hommes. Pourquoi ? Parce que les femmes, elles sont déjà parties en courant dans les escaliers pour gérer la maison, les devoirs, les courses, la belle-maman…

    4. Parce que les hommes négocient mieux leurs salaires Ou plutôt « parce que les femmes coûtent moins cher ». On a beau reconnaître l’existence d’une discrimination salariale et du fameux « plafond de verre », l’objectif qui consiste à faire disparaître les écarts de rémunération devait être tenu en… 2010. Zut, on a encore du travail pour changer le taux qui correspond à 27% de moins sur la fiche de paie d’une femme par rapport à celle d’un homme (OFCE, juillet 2010).

    LES RECRUTEURS PRÉFèRENT LES HOMMES

    http://www.elaee.com

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    5. Parce que les hommes prennent les postes les plus qualifiés

    Aujourd’hui, nous avons à faire face au développement de contrats de travail courts et précaires qui prennent de plus en plus le pas sur les CDI et à la progression des services à la personne (assistants maternels, personnels de ménage, aides à domicile, etc.). Ces changements favorisent un plus grand nombre d’emplois non qualifiés.La moitié des Français gagnent moins de 1500 euros (Les Echos, juillet 2009) et on est considéré comme pauvre lorsque l’on a des revenus inférieurs à 791 euros.

    Or, ce sont les femmes qui occupent le plus les emplois les moins qualifiés, bien que le niveau d’éducation et de formation des femmes augmente chaque année (OCDE 2008). Savez-vous que les emplois atypiques (intérim, CDD, contrats aidés, temps partiels…) sont occupés à 62% par des femmes (Insee, enquêtes emploi, 2009) ? Alors attention à vous si êtes femme, jeune, sous-employée et seule… La sociologue et chercheuse au CNRS Margaret Maruani fait un constat explicite de la féminisation du salariat dans son ouvrage « Travail et emploi des femmes » (éditions La Découverte) : « Les femmes ont conquis la liberté, il leur reste à obtenir l’égalité… / … Il faudrait un siècle, au rythme actuel, pour atteindre l’égalité des salaires ».

    Vous l’aurez compris, la situation est grave pour l’emploi des femmes car les préjugés à combattre sont encore énormes.

    En tant que chasseuse de têtes, je témoigne ici de ce que les employeurs, nos clients, nous disent (discours d’alcôve bien sûr, puisqu’ils ne sont pas censés exiger ce genre de critère) : ils sont globalement plus satisfaits du travail fourni par les femmes. Pourquoi ?En fait, deux « vérités » au sujet des femmes au travail s’expriment le plus souvent.L’une est négative : c’est le fait que les femmes sont plus difficiles à manager. Sont souvent évoquées les petites guerres intestines qu’il faut gérer. Quelle était l’expression déjà ? Ah oui : « comme des poules dans un poulailler ».Mais cette contrainte est vite compensée par une 2e vérité, positive celle-ci. Les employeurs sont plus en confiance avec les femmes et les reconnaissent plus efficaces. Habituées à jongler avec différentes missions (tiens donc, une récurrence du travail à la maison ?), plus impliquées que leurs confrères masculins (parce que entrainées à ce qu’on leur demande de faire leurs preuves, voire de rendre des comptes ?), plus corvéables

    (elles sont éduquées pour employer le « non » le moins possible), elles sont reconnues comme plus fiables et plus orientées résultats. Dernier point et non des moindres car il s’agit là d’une grande différence avec les hommes : les femmes penseraient plus à faire bien le job qu’on leur confie qu’à embellir leur plan de carrière.

    Alors que faire pour que les recruteurs préfèrent les femmes ?

    C’est un changement des mentalités qui est à initier. Il nous faut transformer l’état d’esprit des recruteurs, des hommes, mais aussi… des femmes. En effet, par crainte de mesures de rétorsion ou de conflits, ou par atavisme, il est clair que les femmes rechignent à agir. Emmanuelle Boussard-Verrechia, avocate au barreau de Versailles (Semaine sociale Lamy, septembre 2010, n° 1457), note 2 types de femmes « agissantes » :- les femmes investies dans la représentation du personnel et qui se battent pour le collectif. Souvent employées ou techniciennes, elles ont de plus en plus le soutien des syndicats,- les femmes surdiplômées qui croyaient être à l’abri, subissant la discrimination surtout du fait de leur maternité, et qui montrent dorénavant leur colère.Francine Gomez, PDG de Waterman, résume ainsi la situation : « Pour réussir, une femme doit ressembler à une jeune fille, se comporter comme une dame, penser comme un homme et travailler comme un cheval ? »Les lois, les syndicats, les organismes et autres Halde œuvrent tous dans le même sens. Et c’est le « bon » sens. Cette métamorphose, que dis-je, cette mutation, doit être actée, dans nos vies professionnelles, par la mise en œuvre de mesures simples. Exemples :- aménager les horaires (supprimer les réunions tardives serait un 1er point),- former les décideurs pour mettre en œuvre la parité en mettant en œuvre des indicateurs,- sensibiliser les managers aux situations discriminantes (voire récompenser, par exemple en notant leur capacité à les corriger),- etc.Gageons que l’adage disant que « les recruteurs préfèrent les hommes » est aussi peu darwinien que celui qui dit que « les hommes préfèrent les blondes » (sinon, vous l’avez compris, la sélection naturelle ferait qu’on ne trouverait que des blondes sur terre). Insurgeons-nous contre ce mode de pensée qui, sociologiquement parlant, est de toute façon remis en cause aussi bien dans la vie professionnelle que dans la vie personnelle.

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    DISCRIMINATION DES FEMMES ENCEINTES

    Yatuu - www.yatuu.fr

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    Hypathie, blogueuse féministe, est également ingénieure commercialeen nouvelles technologies et consultante en ressources humaines.

    hypathie.blogspot.com

    Hypathie

    Qui sait encore que ce sont des femmes qui ont «inven-té» l’informatique ? Certainement quelques ingénieurs informaticiens qui savent que le langage ADA a été nommé d’après l’inventrice du premier algorithme en 1842 : Adélaïde Lovelace, mathématicienne ? On leur a aussi appris dans leurs écoles d’informatique que Grace Hopper , militaire au Pentagone qui amusait bien ses collègues en prétendant qu’un jour les ordina-teurs parleraient le même langage que nous, a inventé le premier langage de compilation et le langage Cobol ? Mais qui aujourd’hui dans le grand public qui le sait ? Cela n’inciterait-il pas les femmes à faire ces formations et entrer dans ces métiers «masculins» contre tout bon sens, de savoir que ce sont des femmes qui en sont les inventrices ? Pourquoi n’y a t-il pas plus de publicité sur ce fait historique ? Serait-ce destiné comme toujours à se garder un espace entre-soi masculin, pour des mé-tiers qu’ils ont décidé unilatéralement de s’approprier ?

    Depuis ces temps héroïques, où sont les femmes ?

    Dans les sociétés de services informatique (SSI ou SSII) française, les femmes sont employées en majorité écrasante aux postes (junior) de Chargées de recrutement ou d’assistantes. Tout se passe comme si une fois encore, elles étaient plus aptes à travailler dans l’humain, l’organisation ou l’entretien que dans la technique pure.

    Selon l’étude du Journal du Net de Lætitia Bardoul, « Les femmes dans les métiers de l’ingénierie en France » qui date de 2005 (backlash et récession économique oblige, cela ne s’est pas amélioré : je suis en contact régulier avec ces sociétés, je peux en témoigner !) il est clairement établi qu’elles sont sous-représentées chez les techniciens et les cadres techniques. C’est

    même lamentable. D’autant que ces postes ne sont ni pénibles ni salissants, qu’on n’y subit aucun aléas clima-tique puisque ce sont des postes de «bureau», et qu’on y travaille assis devant un écran d’ordinateur ! L’argu-ment du travail dur, donc masculin, ne tient pas.

    Dans les pays asiatiques, notamment la Malaisie, les femmes ont bien compris les avantages de tra-vailler assise, sans se salir, en utilisant sa tête plutôt que sa force physique devant un écran d’ordinateur : elles sont 65 % dans les universités d’informatique et de technologie. Évidemment, le discours en France est toujours dramatiquement différent des actes : on s’arrache les cheveux devant un tel gap, on se fait des promesses, et.... Rien ne change. Il suffit d’ail-leurs d’envoyer sa candidature de femme dans une SSII pour se rendre compte du traitement qu’on lui réserve : au mieux, elle n’est pas traitée, au pire, elle est écrasée ou rangée... les assistantes ! Ce sont en général des femmes, puisqu’elles sont cantonnées aux ressources humaines, qui discriminent mais c’est vrai qu’elles n’ont en général pas de pouvoir décisionnaire !

    Rien n’est plus triste que ces SSI et ces bu-reaux d’études où il n’y a que des hommes sor-tant tous des mêmes écoles de prêt-à-penser : c’est sinistre, poussiéreux et ça sent le renfermé ! On peut aussi se demander si les ordinateurs, les machines à commandes numériques et toutes leurs applications logicielles ne seraient pas plus humaines ou user friendly si des femmes les conce-vaient, et si les chiffres d’affaires de ces sociétés ne s’en poteraient pas mieux, tellement elles ont l’habitude de confier leur commercial à des ingénieurs qui ont furieu-sement tendance à prendre le péon qui sarcle la haie pour le décideur - conséquence désastreuse d’une navrante monoculture.

    L’INFORMATIqUE : TOUjOURS PAS POUR LES FEMMES ?

    http://hypathie.blogspot.com

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    L’argument de la totale disponibilité (non souhaitable par ailleurs) ne tient absolument plus : avec les moyens actuels de la mobilité (téléphone cellulaire, visio-confé-rence, ordinateurs portables connectés au haut débit rendant possible l’ubiquité, transmission d’information à la vitesse de la lumière...) comme les magistrates, les enseignantes ou les pharmaciennes, les femmes informaticiennes peuvent travailler de chez elles. Je rencontre de plus en plus de développeurs hommes en home office, utilisant toutes ces technologies. Pour des raisons culturelles, les femmes sont mieux orga-nisées et plus efficaces que les hommes. Il faut donc qu’elles choisissent ces formations porteuses d’emploi, aux postes aménageables et flexibles : la sous-traitance permet d’essayer différents types d’entreprises et de se faire une expérience. Et si les garçons y arrivent, il n’y a aucune raison pour que les filles qui sont meilleures à l’école, ne soient pas à la hauteur.

    Historiquement, les magistrates qui peuvent empor-ter des dossiers chez elles et rédiger leurs attendus de la maison sont nettement majoritaires à la Justice, de même que les enseignantes à l’Education nationale pour les mêmes raisons. Ou encore les pharmaciennes offici-nales à cause de l’appartement attenant ou au-dessus de la pharmacie ; on se demande donc ce que font les entreprises d’informatique ? Elles attendent de se fabri-quer une image désastreuse de dinosaures ?

    Article publié le 3 juin 2010 sur le blog HypathieL’informatique : toujours pas pour les femmes ?

    Isa Gatzler - www.un-geek-a-la-maison.com

    http://www.un-geek-a-la-maison.com

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    Spécialiste des questions liées au changement, journaliste pour Courrier Cadres,Le groupe L’Etudiant puis Rédacteur en chef du magazine Changer tout et fondateur de la plate-forme Toutpourchanger.com, Yves Deloison est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages. Le dernier en date, « Je veux changer de job ! » est édité par Hachette Pratique.

    www.toutpourchanger.com

    Yves Deloison

    Rémunérations plus faibles, retraites moindres, postes moins qualifiés, contrats précaires, temps partiels… La situation des femmes au travail est loin d’être idyllique. En cause, les stéréotypes qui conditionnent leur place dans la société et leurs choix professionnels. Et si cela changeait ?

    Nul n’ignore les bénéfices que procure le travail. Il garantit un salaire, l’autonomie, la stabilité. Composante clé de notre identité, il est vecteur d’insertion sociale et d’épanouissement. Autant dire qu’il occupe une place majeure chez l’individu. C’est pourquoi les inégalités professionnelles qui subsistent pénalisent durement les femmes. Quelques illustrations : à travail égal, le salaire horaire est largement inférieur à celui des hommes ; plus nombreuses à travailler à temps partiel non choisi, elles sont par ailleurs bien plus souvent soumises aux contrats précaires. Cerise sur le gâteau, leur taux de chômage est plus élevé que celui des hommes, 7,9 % contre 6,9 % en 2008. Conséquence, la durée moyenne de travail des femmes est inférieure à celle des hommes, leur revenu moyen aussi. Tous ces aspects engendrent pour les femmes une plus grande précarité et l’angoisse du lendemain. Revenir une énième fois sur ce sombre constat ne suffit pas, il faut surtout souligner l’origine de ces nombreux maux.

    La double journée des femmes

    Rien ne change dans la sphère privée. Certes depuis les années 1970, l’aspiration à l’indépendance financière des femmes vis-à-vis de leur conjoint a produit ses effets. Une meilleure répartition des rôles au sein de la famille et de la société a favorisé l’accroissement de leur taux d’activité. En revanche, elles restent chargées de

    l’essentiel des tâches domestiques. La plupart d’entre elles vivent la double journée de travail. A propos de la place des femmes, Claude Chabrol déclarait lors d’une interview réalisée en 2002 : « La montrer dans son activité quotidienne correspond aux douze travaux d’Hercule pour un homme. Je pense que le con qui a fabriqué l’être humain devait être légèrement misogyne ». Je ne peux pas m’empêcher de penser à toutes ces petites filles auxquelles on offre toujours mini cuisine équipée ou aspirateur afin de les préparer à leur sort. « Elles aiment ça », me rétorque-t-on. Peut-on vraiment parler d’envie quand les modèles que les jeunes filles imitent sont leur mère ou les femmes aperçues dans les séries, les pubs ou les dessins animés un plumeau à la main ? Récemment, j’écrivais sur Toutpourchanger.com, « Regardez comme aujourd’hui encore, les publicitaires continuent à ne s’adresser qu’aux femmes pour présenter leurs produits miracle qui briquent la maison du sol au plafond. Hormis le débit de parole plus rapide, les images plus colorées et le montage plus rythmé, le message ressemble à s’y méprendre à celui des premiers spots de l’ORTF. Et quand, par miracle, un homme apparaît sur les écrans pour donner un coup de main, cela fait plus d’effet que lorsque la Mer Rouge s’est écartée pour laisser passer Moïse ». Les dernières enquêtes menées à ce sujet indiquent clairement que rien ne bouge de ce côté là. A quand le partage des tâches ? Comment dans ces conditions pourraient-elles consacrer plus de temps à leur carrière professionnelle ?

    L’orientation professionnelle des femmes

    Rien ne change non plus en ce qui concerne l’orienta-tion. Là aussi, le rôle stéréotypé dévolu aux femmes a un réel impact sur les choix professionnels et explique

    PERMETTRE AUX FEMMES DE NOUVEAUX CHOIX PROFESSIONNELS MOINS STÉRÉOTYPÉS

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    une grande part de l’inégalité qui se perpétue entre les deux sexes. Cette situation provient essentiellement des représentations que chacun porte en soi, en parti-culier en ce qui concerne les métiers. Car ces représen-tations conditionnent fondamentalement l’orientation professionnelle des individus. Premières et principales victimes, les femmes qui limitent leur recherche à un nombre restreint de secteurs et ferment la porte à de nombreuses opportunités. Sur les 86 familles profes-sionnelles recensées, tandis que les hommes se répar-tissent de façon plutôt équilibrée, la moitié des femmes actives françaises se concentrent dans seulement une douzaine de ces familles : le sanitaire et social, les services aux particuliers, l’éducation… Cliché or not cliché ? Un choix qui regroupe justement les secteurs les moins porteurs en termes d’emplois et bien moins rémunérateurs que d’autres. De leur côté, les hommes s’engouffrent dans presque tous les secteurs d’activité avec à la clé, plus de places disponibles et des pistes d’emploi plus prometteuses en matière d’évolution ou de responsabilités.

    Plus de travail, une meilleure rémunération

    Nombre de secteurs recrutent et offrent des débouchés en masse que les femmes, par peur ou par méconnaissance, s’interdisent d’explorer. Victimes de préjugés qu’elles ont consciencieusement intégrés, nombre d’entre elles s’imaginent que les activités industrielles, le transport, la logistique, la maintenance informatique, électrique, électronique, le bâtiment et les travaux publics ne sont pas pour elles. Et cette liste n’est pas exhaustive.C’est pourquoi il faut inciter les femmes en démarche d’orientation à vérifier que l’image qu’elles ont de ces métiers ou secteurs correspond bien à la réalité. Ainsi, évoluer sur un chantier, utiliser des machines ou conduire des équipements lourds ne pose aucun problème aux femmes. On peut s’en rendre facilement compte au Canada par exemple. Sur les routes, dans les chantiers, elles bitument, donnent des instructions, portent du matériel. Alors qu’en France, on explique la faible présence des femmes à ces missions par un manque de motivation ou une inadaptation aux tâches à réaliser, les actions menées de longue date de l’autre côté de l’Atlantique en faveur de l’accès des femmes aux métiers physiques ou techniques, ouvre à de nombreux débouchés, à une meilleure évolution professionnelle, à la formation et à des rémunérations supérieures.

    Combattre les idées reçues

    Pour que les femmes investissent de nouvelles voies professionnelles, il faut donc les inciter à mener ce travail de découverte, à s’informer sur l’ensemble des secteurs existants, des postes à pourvoir, des conditions d’accès, des spécificités, etc. Des actions concrètes doivent être proposées afin de les aider à se débarrasser des représentations stéréotypées et sexuées des métiers. C’est le meilleur moyen pour elles de s’autoriser ensuite à élargir leur champ de prospection. Une évolution indispensable. Toute idée préconçue est à combattre afin de favoriser l’ouverture vers des choix bien plus larges, vers d’autres professions, souvent méconnues. Aujourd’hui, il est possible de changer d’orientation quel que soit son âge, de bâtir un nouveau projet et de se donner les moyens pour y parvenir grâce à la formation ou la validation des acquis de l’expérience notamment. Les femmes ont le droit de bénéficier de ces opportunités. Qu’elles en profitent ! Elles ont aussi le devoir d’ôter leurs œillères pour rompre avec les vieux schémas qui les desservent tant.

  • 23

    LES TÂCHES DOMESTIqUES

    par Shug : enpleintravail.blogspot.com

    http://enpleintravail.blogspot.com

  • LES TREMPLINSÀ LA RÉUSSITEDES FEMMES

    Chapitre 3

  • Créationd’entreprise

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    Aurélie Collet est responsable de Mompreneur Breizh.Après 15 ans dans le tourisme à occuper des postes de responsable commerciale, il était temps pour Aurélie de se lancer à son compte ! Sa société existe depuis 3 ans maintenant, avec le lancement en février 2010 de la marque et du site Perles de Voyages, agence de voyages sur mesure.

    Aurélie Collet

    Vous avez sans doute déjà entendu parler des « Mompreneurs » ? Le mouvement vient des Etats-Unis. Là-bas, les mamans entrepreneuses ont décidé de se regrouper pour partager leur expérience et se soutenir. En France, on les appelle les mampreneurs. Certaines se sont regroupées au sein de l’associa-tion Mampreneurs France, un réseau créé par Céline Fénié, créatrice du site Maman Shopping. Il compte aujourd’hui 400 adhérentes en France. Aurélie Collet, créatrice d’une agence de voyage et responsable de l’antenne bretonne Mompreneurs Breizh, a bien voulu répondre à quelques questions…

    Que cherchent les femmes en intégrant un réseau comme celui des Mompreneurs ?

    Certaines femmes ont déjà le projet de créer et qui ont déjà lancé leur activité. Elles viennent pour bénéficier de partages d’expérience, se faire des contacts ou établir des partenariats. Tout ceci dans une optique de réseau d’affaires, non pas au sens pur mais pour sortir de l’iso-lement. Faire partie des Mompreneurs permet d’échan-ger avec d’autres femmes qui ont les mêmes probléma-tiques.Nous accueillons également une autre population de femmes : celles qui sont en phase de création, au début de leur projet et qui ne savent pas encore trop le faire évoluer. Ainsi, elles peuvent bénéficier de l’expérience de celles qui ont déjà créé leur entreprise.

    Et que trouvent-elles ?

    Très concrètement, cela consiste à échanger des infor-mations sur comment créer sa boite, à quelles portes frapper, obtenir des contacts en CCI, auprès des banques, des astuces pour faire une demande de prêts, trouver des financements, créer son site, établir un business -plan, etc.Nous essayons également de rapprocher les porteuses de projet et les créatrices des organismes spécialisés qui peuvent leur apporter de l’aide.

    Pourquoi les femmes créent moins que les hommes selon toi ?

    Le problème est qu’une femme ne réagit pas du tout de la même manière qu’un homme. Effectivement, certaines femmes n’ont pas cette confiance en elles pour le faire. Mais il faut savoir que beaucoup de femmes sont vite découragées face aux obstacles qu’elles peuvent rencontrer car leur crédibilité est remise en cause par beaucoup de leurs interlocuteurs comme les banques ou les investisseurs. Une femme doit montrer deux fois plus patte blanche pour demander quelque chose.

    ZOOM SUR LES MOMPRENEURS :« LES FEMMES ONT TOUTES LES qUALITÉSPOUR RÉUSSIR UNE CRÉATION D’ENTREPRISE »par Priscilla Gout

    www.perles-de-voyages.com

    « Les femmes comme les hommes ont toutes les qualités pour réussir une création d’entreprise. C’est juste leur approche qui est différente.»

    http://www.perles-de-voyages.com

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    Je schématise, mais une femme fonctionne beaucoup plus à « l’émotionnel » qu’un homme. Les femmes craignent plus de mal faire, comme par exemple, d’im-poser leur prix pour un service ou ce genre de choses. Et les clichés femme faible/homme fort persistent. On pense souvent que la femme sera moins investie dans son business parce qu’elle a ou aura des enfants.

    Quels conseils peux-tu donner aux femmes qui souhaitent se lancer dans la création d’entreprise ?

    Il faut savoir bien s’entourer déjà, bien travailler son projet. Il ne faut pas se lancer sur un coup de tête. Il faut se faire accompagner, c’est très important. Beaucoup d’associations existent pour cela.Après, en tant que femme, il ne faut pas avoir peur de vendre, de dire les choses, d’être soi-même et de croire en ce qu’on fait, même face aux difficultés. Il faut être forte pour soi et face aux interlocuteurs que l’on peut avoir. Il ne faut surtout pas baisser les bras à la première difficulté, et c’est là où intervient un réseau comme les mompreneurs ! Je parle par expérience pour le réseau Bretagne, mais notre force, c’est de ne pas avoir peur de s’appeler les unes et les autres en admettant : « ça ne va pas, je n’y arrive pas ». On créé seule, mais parallèlement nous sommes plus fortes ensemble pour affronter certaines situations.

    En France, le réseau des Mompreneurs créé par Céline Fénié, créatrice du site Maman Shopping, compte 2000 membres dans toute la France. Le mouvement vient des Etats-Unis. Les mères de famille américaines pour qui il est beaucoup plus difficile de faire garder les enfants qu’en France, ont décidé de se regrouper. Aujourd’hui, elles sont là-bas plus de 7 millions de mompreneurs.

    www.les-mompreneurs.com

    A propos des Mompreneurs…

    MamCafé Breizh à la Cantine Numérique de Rennes - 10 janvier 2011

    http://www.mamanshopping.com/http://www.les-mompreneurs.com/

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    Communicante depuis plus 15 ans, Nathalie Cordeaux-Dulac est une bloggeuse avertie mais également créatrice d’entreprise. Passionnée par le Web, les réseaux sociaux et les mots, elle a fondé Corpor@tement Vôtre en 2009, et s’est spécialisée dans la création de blogs corporate et l’accompagnement des entreprises sur les réseaux sociaux.

    www.corporatementvotre.com

    Nathalie Cordeaux

    Nathalie, tu as créé ton entreprise en 2011, quelles ont été les étapes de cette création ?

    En fait mon entreprise a été officiellement immatriculée le 2 janvier de cette année mais elle existe réellement depuis octobre 2009… Licenciée fin 2008, j’ai bénéficié d’une CRP (Convention de Reclassement Personnalisé). 8 mois d’un programme personnalisé pour tenter de me recaser qui, au final, ont abouti sur un parcours de création d’entreprise. J’ai eu la chance d’avoir une référente compétente qui m’a dirigée vers un parcours accompagné dans le cadre du NACRE (Nouvel Accompagnement pour la Création et la Reprise d’Entreprises). Mon choix de l’organisme pour cet accompagnement s’est porté sur une Couveuse d’Entreprises pour deux raisons : la formation dispensée et la possibilité de tester en conditions réelles mon activité. Aujourd’hui, j’ai officiellement immatriculé Corpor@tement Vôtre ou plutôt non… Je me suis immatriculée comme Auto-Entrepreneur, Corpor@tement Vôtre n’existe que pour l’INPI. Je suis donc Conseillère en Communication Numérique Interactive et j’exerce en profession libérale.

    Pourquoi t’être reconvertie et avoir voulu créer ta propre entreprise ?

    Je ne me suis pas reconvertie à proprement dit, je travaille depuis plus de 15 ans dans la communication et le Web est une passion de toujours. Ma reconversion vient véritablement de mon statut de salarié vers celui de chef d’entreprise. J’ai toujours eu envie d’être un jour indépendante mais je n’ai jamais osé franchir le pas. Pas la bonne idée, pas

    les moyens, pas le bon moment, pas assez de soutien… Et soyons honnête, créer sa boite, ça fiche la trouille ! Et puis, à 45 ans, j’ai décidé qu’il était temps de ne plus faire que ce que j’aime. Convertir ma passion pour la communication et le Web en fil rouge professionnel s’est imposé rapidement. Ceci combiné à de nombreux changements dans ma vie perso, toutes les conditions se trouvaient rassemblées pour me lancer…

    Avoir créé ta boite a-t-il changé la donne sur le plan de la conciliation vie pro/vie perso ?

    Oui beaucoup ! Côté organisation vie pro/vie perso c’est idéalement ce que je recherchais. Pouvoir gérer les impondérables familiaux, régler les urgences d’intendance, s’absenter et rattraper quand on veut. Cette liberté m’est très chère mais elle a ses revers… Je ne sais pas si c’est parce que je démarre que je donne plus pour mettre toutes les chances de mon côté mais toujours est-il que je travaille plus que de raison. Et cette situation est à mon avis très largement « aggravée » par le fait que je travaille depuis la maison et en couple ! Certes plus libre donc, mais je ne laisse pas mes responsabilités au bureau, je ne les transmets pas à ma hiérarchie. Mes responsabilités, mes obligations, mes peurs me suivent toute la journée.

    Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans ton parcours de création ?

    Sans aucun doute, le sentiment lancinant d’incertitude et de danger. Le parcours de création en lui-même s’est techniquement bien déroulé, j’ai été accompagnée,

    « j’AI TOUjOURS EU ENVIE D’êTRE UN jOUR INDÉPENDANTE »Entretien avec Nathalie, blogueuse et créatrice d’entreprise

    par Priscilla Gout

    http://www.corporatementvotre.com

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    soutenue, conseillée. J’ai évité des écueils, j’ai trouvé des réponses, j’ai posé les bases et les bonnes… Mais tout cela n’enlève pas les incertitudes qui reviennent de façon récurrente. On a beau être sûre de soi, de son projet, de ses capacités, le fait d’être seule avec un enfant fragilise la motivation parfois… Je reste persuadée qu’une femme seule avec un enfant doit doubler ses capacités pour entreprendre. Mais au cours de mon parcours, j’ai eu le bonheur de rencontrer mon conjoint qui est devenu mon partenaire professionnel. Depuis lors je me sens un peu plus en sécurité, il y en aura toujours un des deux pour rebondir, pour rassurer et soutenir l’autre, pour équilibrer…

    Parlons « réseautage », tu es présente sur les réseaux sociaux, tu tiens cinq blogs… Est-ce important pour se faire connaître ?

    Sur le plan personnel, et dans le cadre du projet de création, cela pallie évidemment à la solitude et au manque de motivation. Côté professionnel, les échanges sont enrichissants et peuvent aboutir sur d’autres projets, des associations ou des partenariats.Je réseaute personnellement de deux façons différentes : en virtuel via Twitter, Facebook, Viadeo, Linkedin et d’autres… Et en réel via des Clubs professionnels, des conférences ou des rencontres entre Twitterriens… Et je pense que les deux sont nécessaires.Le réseau m’aide indéniablement à améliorer mon référencement personnel sur les moteurs de recherche. Aujourd’hui, tous mes clients viennent de mes réseaux Twitter et Viadeo sans que je n’aie eu à prospecter. Le réseau est donc une formidable vitrine de compétences !

    Plus généralement, quel est ton regard sur la blogosphère féminine ? Car vous êtes finalement peu nombreuses à parler « web »…

    Pour moi, si on se lance dans un blog c’est qu’on a une passion à partager, une histoire à raconter. Quoi de plus naturel que des femmes partageant des passions comme la mode, la cuisine, les enfants ? Rares sont celles qui ont une passion pour la F1 ;-).

    « Le réseau est nécessaire pour un entrepreneur homme comme femme.»

    Même la plus dure des féministes ne peut nier qu’il a des domaines plus féminins que d’autres. Maintenant je ne m’arrête pas au sexe du blogueur (drôle d’expression tiens !) A titre perso, je lis ce qui me touche, m’intéresse, me questionne, peu importe que cela soit une femme ou un homme. Côté pro… tant que les compétences sont là…

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    « POURqUOIjE ME SUIS LANCÉE DANS L’ENTREPRENEURIAT… »par Sophie-Antoine Dautremant, cofondatrice de Recrutae

    De manière générale je considère que l’on doit être chacun “entrepreneur de sa vie”. L’entreprise peut être aussi bien sa propre société qu’une société tierce, il faut avant tout que le projet soit engageant et motivant, et qu’il permette de déployer ses forces vers un objectif dont les conséquences pourront apporter de la satis-faction. C’est parce que l’on place trop souvent l’entre-prenariat dans un modèle assez masculin de conquête qui peut effrayer beaucoup de femmes, car elles ne s’y identifient pas. Entreprendre c’est aussi, et avant tout à mon sens, se réaliser. Par ailleurs ce n’est pas une fin en soi, un but ultime, c’est uniquement un moyen.

    J’ai créé Recrutae avec des idées de services différents de ceux qui existaient. Par conséquent à ce moment-là l’entreprenariat était le moyen de faire avancer ces idées. Mais pour autant on peut avoir des idées et entreprendre en entreprise, sans avoir le titre d’“entrepreneur” (en fonction des cultures des entreprises) et on peut alterner dans sa vie professionnelle “pur entreprenariat” et “projets en entreprise”. Il est vrai que l’entreprenariat est un peu un parcours de combattant, où il faut savoir s’adapter, convaincre, avoir plusieurs casquettes et où l’on peut avoir par moment

    le sentiment d’être seul... Mais après tout, ces aspects sont communs à bien des projets et à bien des femmes de nos jours quand on voit le nombre d’entre elles qui mènent de front vie professionnelle et vie familiale !

    L’entreprenariat est donc à la portée de toutes si l’idée et l’envie sont là (la validation de la viabilité du projet est bien entendu un pré requis). Des différences existent cependant pour l’entreprenariat « au féminin » : des sacrifices sont à envisager et le temps peut être long avant de transformer ses efforts en réussite. Pour beaucoup de femmes, il peut donc paraître plus confortable d’être salariée pour le quotidien familial. Mais c’est la passion qui mène la danse et c’est la passion qui anime tout entrepreneur. Si elle est là, on a alors les moyens de franchir le cap de l’entreprenariat, et si elle n’est pas là, ce n’est pas grave, il y a bien d’autres moyens de s’épanouir dans sa vie professionnelle, fort heureusement !

    « On place trop souvent l’entreprenariat dans un modèle assez masculin de conquête qui peut effrayer beaucoup de femmes »

    D’abord consultante chez Cap Gemini, Sophie-Antoine Dautremant a co-fondé Recrutae en 2003 avec Xavier Grangier. Elle est aujourd’hui responsable des contenus et de la gestion commerciale de cette société qui développe et édite des services web de recrutement en ligne. Parmi leurs réalisations, on trouve : easy-CV.com, BuroRH.com, TweetEmploi.com et leurs applications respectives sur Facebook et iPhone. Sophie-Antoine est également très active sur les réseaux sociaux comme Viadeo et LinkedIn et sur Twitter.

    Sophie-Antoine Dautremant

    www.recrutae.com

    http://www.recrutae.com

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    Nora Esnault, 30 ans et maman de deux jeunes enfants, a fondé en mars 2009 « Entrepreneuses Mag », le 1er média de l’entrepreneuriat féminin ainsi que le Prix de l’Entrepreneuse, 1ère distinction nationale pour les créatrices d’entreprises. Elle adhère également aux réseaux « Mompreneurs » et « Maman travaille ». Actuellement, elle travaille sur de nouveaux projets de création d’entreprise et sur la 3ème édition du Prix de l’Entrepreneuse.

    Nora Esnault

    Comment avez-vous été amenée à créer le blog entrepreneusesmag.typepad.com ?

    D’abord assistante de direction dans une grande entreprise pendant 10 ans, j’ai par la suite créé un site de e-commerce. Grâce à cette dernière expérience, j’ai pu réaliser mon rêve mais aussi prendre conscience des difficultés de la création d’entreprise. Le manque d’informations, notamment sur les aides spécifiques pour les femmes, sur les nombreux réseaux qui existent, mais aussi sur le manque de « modèles » d’expériences, m’ont donné envie de développer un média sur l’entrepreneuriat dédié aux femmes. J’ai souhaité utiliser cette tribune pour mettre en avant des expériences d’entrepreneuses et annoncer les événements qui leurs sont consacrés ou qui peuvent fortement les intéresser pour développer leur business. Les femmes ne sont pas assez médiatisées, alors plutôt que d’attendre la presse, j’ai préféré créer un outil de communication sur-mesure.

    Quelles sont les principales préoccupations des porteuses de projet et des créatrices ?

    Les entrepreneuses ont besoin d’être informées, formées, de communiquer et de se mettre en réseau : de nombreux besoins qui ne sont pas forcément prioritaires au premier abord, et qui sont pourtant indispensables pour s’épanouir et développer ses affaires. Il faut prendre en compte ces aspects et y consacrer du temps, ce qui n’est pas toujours évident dans l’organisation de sa vie professionnelle et privée.

    Créer son entreprise est-elle une solution sur mesure pour l’emploi des femmes ?

    La création d’entreprise est une aventure passionnante et les femmes y trouvent beaucoup d’avantages, notamment en termes de souplesse dans l’organisation ou encore parce que leur carrière tourne au ralenti.Toutefois, il faut être réaliste et bien intégrer le fait que cela demande un travail important, qui contraint à ne plus compter son temps (travail le soir, le week-end, en vacances…) pour permettre justement d’être davantage disponible à d’autres moments pour sa famille. La création d’entreprise est aussi un risque financier qu’il faut être prêt à affronter. Il ne faut pas se lancer tête baissée mais plutôt étudier les plus et les moins pour éviter les déconvenues.

    Pourquoi est-il nécessaire de promouvoir l’entrepreneuriat féminin ?L’entrepreneuriat féminin français est bien moins représentatif que dans d’autres pays. C’est pourquoi il est nécessaire de s’intéresser de plus près à ce phénomène et d’encourager celles qui en auraient l’envie, de créer leur entreprise. Cette activité économique ne doit pas rester un sujet inconnu et si peu investi par les femmes car elles peuvent y trouver leur place et réaliser de beaux succès.

    « LES ENTREPRENEUSESONT BESOIN DE SE METTRE EN RÉSEAU »par Priscilla Gout

    entrepreneusesmag.typepad.com

    « En France, 30% des créateurs sont des femmes, alors qu’aux Etats-Unis ou au Canada, elles représentent 50% des créateurs »

    http://entrepreneusesmag.typepad.comhttp://entrepreneusesmag.typepad.com

  • Coaching et

    «personal branding»

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    Fadhila Brahimi a fondé et dirige la société FB-Associés spécialisée dans l’accompagne-ment en stratégie de présence. Elle est aussi Responsable éditoriale du Blog Personal Branding. Son métier est d’accompagner les personnalités publiques, les entreprises et leurs organisations en mutation, plus précisément dans l’utilisation stratégique du Web pour gérer leur notoriété et leur réputation. www.blogpersonalbranding.comtwitter.com/FBRAHIMI

    Fadhila Brahimi

    Comment peut-elle devenir sa meilleure amie et affirmer sa personnalité ?

    “Pourquoi les hommes n’écoutent jamais rien et pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes routières ?” 1Ce n’est pas un constat biologique ou neurologique mais le conditionnement culturel et éducatif que la société alimente depuis qu’il nous est offert de penser. En somme, si les filles jouaient aux gendarmes et aux voleurs dans la cour de récréation ; elles seraient probablement plus combatives et plus en confiance dans les arènes politico-économiques. Les femmes luttent pour abolir les inégalités sans avoir les mêmes aspirations. Elles ont autant de luttes à mener dans la société qu’auprès de leur environnement proche, pour elles-mêmes voire entre-elles. Et si ces inégalités ne se trouvaient pas seulement au niveau de la parité mais aussi dans la vision que les femmes ont de la réussite ? Et vous, quelle serait votre vision de la réussite ? C’est en répondant à cette question que vous pourrez affirmer votre identité, prendre des décisions et bâtir un projet de vie en adéquation avec votre personnalité…

    Toutes les femmes n’aspirent pas ou ne seront pas des femmes d’exception primées aux Women’s Awards ou bien des travailleuses à mi-temps ou encore mère au foyer à plein temps. Aujourd’hui, les dispositions sociales (crèche d’entreprise, télétravail, valorisation du temps partiel, etc.) ne favorisent pas le choix délibéré. La configuration familiale a changé mais les pressions sociales sont encore très fortes. Cependant, les contraintes ne sont pas qu’externes à notre volonté. Elles résident aussi dans ce que nous nous autorisations à rêver, à agir, à porter et à assumer 366 jours par an !

    Gandhi disait : « Vous devez être le changement que vous voulez voir dans le monde »… Et si vous commenciez à oser et à vous révéler pour vous mêmes ?

    1. Libérez-vous des « dragons » : idées reçues, préjugés, auto-censure...

    La littérature sur les différences entre les hommes et les femmes est extrêmement dense. Elle tend à décrypter les excellences de la femme en les comparant à celles des hommes. Ainsi, la femme serait douée pour la communication et la persuasion, elle serait intuitive et influençable, portée par l’épanouissement… Selon, Catherine Vidal, neurobiologiste et directrice de recherche à l’institut Pasteur2 , toutes les études sur le cerveau démontrent que ce sont la culture et l’éducation qui dictent les aptitudes mentales des femmes. Rien d’acquis donc ! Les femmes auraient autant de capacité que les hommes. Jung3 affirmait même que les femmes comme les hommes avaient en eux une part féminine, « l’anima » et, une part masculine, « l’animus ». La structure et le fonctionnement du cerveau se constitue en fonction de l’histoire de chacun. Estime de soi, création d’un environnement favorable et travail sur soi sont des clefs indispensables pour se construire ses propres potentiels. Mais les idées reçues et les stéréotypes de genres constituent un frein.

    L’éducation nous dicte notre rôle dans la sociétéLes femmes occidentales ont d’abord connu l’éducation religieuse avant de flirter avec l’art. Et même lorsqu’il fut question de se préoccuper de leurs éducations au XVIIème siècle, le Traité de l’éducation des filles de Fénelon révélait que l’éducation des filles était

    L’ENNEMI N°1 DE LA FEMME, C’EST LA FEMME !

    1 Titre du livre “Pourquoi les hommes n’écoutent jamais rien et pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes routières ? “[Broché] d’ Allan Pease et de Barbara Pease2 http://w