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Quel est votre parcours professionnel ? Qu’est-ce qui a suscité votre curiosité pour les

sciences ?

J’ai un parcours universitaire plutôt atypique. Je ne me destinais pas à la sortie du lycée à suivre de longues études. J’ai donc débuté par un IUT génie biologique et, suite à un stage dans un laboratoire de recherche au Québec, j’ai souhaité finalement poursuivre par un IUP. Je voulais dans le fond être plus qu’une « exécutante ». Je souhaitais impulser une réflexion, une analyse scientifique. Au cours de mon stage d’IUP au sein de la société pharmaceutique Sanofi-Synthelabo, j’ai développé mon appétence pour la recherche en biologie et santé et décidé de m’orienter vers une thèse.

J’ai suivi un DEA à Toulouse, puis passé le concours de bourse de thèse à Montpellier sur un sujet à la frontière entre l’angiogenèse et la cancérologie. J’ai été amenée à caractériser une souris génétiquement modifiée pour un gène appelé Lyl-1 principalement exprimé par les cellules endothéliales. J’ai déterminé les conséquences in vivo de l'absence de LYL-1 sur la fonction endothéliale en condition physiologique et pathologique. Cette thèse m'a permis d'acquérir une forte expérience en anatomie, autopsie, histologie, immunomarquage, microscopie et analyse d’images. C'est grâce à ce savoir et savoir-faire que j'ai été recrutée en 2009 à l’Inserm dans l'unité 896 pour prendre la responsabilité technique du plateau d'histologie appartenant au Réseau d'Histologie Expérimentale de Montpellier (RHEM) et assurer l’animation du réseau. Ma curiosité pour les sciences du vivant a été suscitée je crois par la complexité du fonctionnement du vivant et les rôles variés et organisés que peuvent avoir chaque organe, cellule, protéine, etc. La moindre perturbation à l’échelle de la molécule, à l’échelle de la cellule, à l’échelle microscopique peut se traduire par des conséquences majeures sur l’organisme entier. C’est d’ailleurs ce que j’aime dans l’histologie : pouvoir visualiser ces impacts à l’échelle tissulaire et cellulaire.

Interview / 08-03-2019

« Elles sOnt l’Inserm » La parole à Nelly PIROT, Ingénieure de recherche

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• Réaliser du développement de nouveaux marqueurs en simplex et multiplex, en visible et fluorescence ; • Anticiper les besoins des chercheurs et proposer des panels de marqueurs fiables, spécifiques de certains

processus ou voies de signalisation et pertinents scientifiquement ; • Développer une biobanque de tissus expérimentaux accessibles au niveau national et permettant aux

chercheurs montpelliérains de valoriser leur travail à travers de nouvelles collaborations et ainsi réduire l’utilisation des modèles animaux.

Mais aussi dans un autre registre : • Trouver un juste équilibre entre mon investissement scientifique dans les projets de R&D et de recherche

des chercheurs, et les nombreuses missions administratives très/trop prenantes permettant la structuration du plateau/plateforme ;

• Parvenir à l’équilibre financier de la plateforme en maintenant des prix accessibles pour les chercheurs qui ont, disons-le, moins de financements, et développer de nouvelles prestations.

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Pouvez-vous justement nous donner une définition simple de l’histologie ?

Interview / 08-03-2019

C'est l'une des méthodes de phénotypage des modèles expérimentaux. Elle consiste à étudier la structure des tissus et la composition cellulaire des organes et des tumeurs. Elle est basée sur une analyse macroscopique ainsi qu'une analyse microscopique des échantillons.

Parlez-nous de votre activité professionnelle actuelle ? Quel est l’enjeu de votre

travail ?

Je suis donc responsable opérationnelle de la plateforme RHEM, Réseau d’Histologie Expérimentale de Montpellier, et responsable technique d’un des deux plateaux délivrant des prestations de service à la communauté montpelliéraine. Ce plateau est situé à l’Institut de Recherche en Cancérologie de Montpellier (IRCM – Unité Inserm 1194).

Mon travail consiste à aider les chercheurs dans l’analyse immunohistologique de leurs modèles expérimentaux. Le phénotypage histologique est très souvent l’étape finale d’exploration d’un modèle expérimental. C’est donc une étape majeure qui donne des informations scientifiques clés et complémentaires des analyses protéomiques ou génomiques obtenues en amont dans un projet de recherche.

L’anatomopathologie permet à la fois de poser un diagnostic, un pronostic, mais aussi d’évaluer l’effet d’une thérapeutique. Les techniques immunohistologiques, lorsqu’elles sont bien maîtrisées, permettent de fournir des illustrations de qualité importantes pour les publications. Elles apportent incontestablement une plus-value à la qualité d’un article. Mon défi quotidien est donc de comprendre au plus près toutes les questions biologiques posées afin de conseiller et aider au mieux les chercheurs.

Quels sont les principaux défis que vous cherchez à relever dans votre métier ?

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Qu’appréciez-vous le plus dans votre métier ?

Interview / 08-03-2019

Les interactions humaines et la diversité des problématiques scientifiques auxquelles je suis confrontée. Mais aussi le plaisir de regarder des lames au microscope et de pouvoir en ressortir un résultat scientifique concret et quantifiable. C’est passionnant.

Pour un jeune souhaitant s’orienter vers votre domaine, quels conseils lui donneriez-

vous ? Quelles compétences clés lui conseilleriez-vous de développer ?

Le domaine de l’histologie est peu connu, moins valorisé que la génomique ou la protéomique. Il y a peu de personne spécialiste actuellement sur le marché du travail. C’est pourtant un domaine porteur qui à mon avis sera toujours indispensable en recherche et en médecine humaine. La microtomie en particulier nécessite une grande habilité manuelle que l’on ne peut acquérir qu’après un long apprentissage. Cette technique de coupe ne pourra jamais être automatisée car elle nécessite une technicité pointue et une connaissance des zones clés à rechercher pour chaque organe. Sur la somme des candidatures reçues lors des recrutements successifs que j’ai effectués pour la plateforme, je n’avais jamais plus d’une ou deux personnes compétentes en microtomie. A ma connaissance, seules 2 licences professionnelles en France proposent ce type de formation spécifique en histologie. Il y a une vraie carence, alors même que ces compétences sont très demandées. Les deux personnes qui ont quitté récemment notre structure ont trouvé du travail…en 2 jours. Les aptitudes qu’un jeune étudiant qui souhaiterait rejoindre mon équipe devrait avoir sont avant tout la patience et la rigueur, car les techniques manuelles décrites nécessitent dextérité et exigence.

Vous venez de recevoir le prix Innovation 2018 de l’Inserm ? Que vous apporte cette

distinction ?

Cette distinction apporte incontestablement un éclairage fort sur le travail de toute une équipe qui œuvre depuis 10 ans (date de création de la plateforme). C’est avec fierté que j’ai reçu ce prix, mais également avec humilité car cette distinction de la part de mon institution récompense avant tout l’investissement de toutes les personnes de la plateforme et des autres plateformes avec qui nous collaborons, des services communs de BioCampus et de nos Instituts hébergeurs. Toutes ces personnes ont œuvré à la création, au bon fonctionnement et au développement des outils mis en lumière aujourd’hui. Ce prix est aussi dédié à la société ASA avec qui nous collaborons depuis des années sur ce projet de développement de logiciel dédié à la gestion et interrogation de notre biobanque. Pour finir, il revient également aux chercheurs qui ont fortement participé à la définition des spécificités de cet outil et qui nous font par ailleurs confiance pour le traitement de leurs échantillons. Sans eux, le RHEM n’en serait pas là aujourd’hui.

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Nous sommes le 8 mars, journée internationale de la femme. Y’a-t-il des obstacles à

lever dans votre métier lorsque l’on est une femme ?

Interview / 08-03-2019

Au quotidien non, mais à l’échelle d’une carrière c’est peut être plus problématique. Au moment de fonder une famille par exemple, il est plus difficile pour une femme, absente naturellement pendant quelques mois, de gérer la continuité des projets, le travail de l’équipe. Un sentiment de culpabilité peut s’installer alors qu’il n’a définitivement pas lieu d’être. Sur le plan de la progression de carrière dans la fonction publique, il y a des inégalités. Le monde de la recherche est féminisé certes, mais les postes à responsabilités sont encore largement occupés par des hommes. Je peux le constater dans mon environnement immédiat. Un juste équilibre doit être trouvé.

Un mot de la fin ?

Pour installer durablement notre plateforme d’histologie dans le paysage scientifique montpelliérain et national, nous avons besoin d’équilibrer les forces humaines. Nos ingénieurs contractuels partiront en 2019, alors même que le personnel compétent en histologie, comme indiqué précédemment, est rare sur le marché du travail. Mon mot de la fin est assurément adressé à nos tutelles, nos partenaires afin de les inciter à lever les verrous de l’emploi. Notre plateforme, mais plus largement le monde de la recherche, ont besoin de femmes et d’hommes investis sur le long terme. La passion pour le métier est réelle, mais elle ne peut raisonnablement pallier tous les manques. Il faut donner du souffle à notre travail. J’ai le secret espoir que ces quelques mots iront raisonner au creux d’oreilles attentives.

Pour en savoir plus Vidéo de Nelly Pirot – Prix Innovation Inserm 2018 : https://www.youtube.com/watch?v=XMYaYhd6hQ4 À propos de la plateforme RHEM https://ircm.fr/index.php?locale=fr&pagendx=271 L’Inserm en un coup d’œil https://www.inserm.fr/connaitre-inserm/inserm-en-coup-oeil Crédit photos Inserm, Delapierre Patrick / Inserm, Mehrak Interview C. Pereira – Responsable Communication DR Inserm Occitanie Méditerranée