Efficacité du rituximab dans la prise en charge du syndrome hémolytique et urémique par anticorps...

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350 Communications affichées / Néphrologie & Thérapeutique 10 (2014) 331–378 Introduction Le myélome multiple (MM) se complique d’insuffisance rénale aiguë (IRA) dans 20 à 50 % des cas. Patients et méthodes Dans notre centre, 59 patients avec une tubulopathie myélomateuse ont été traités par dialyse pendant plus de 2 semaines entre le 01/01/2004 et le 31/12/2010. Ils ont été sui- vis jusqu’au 31/12/2011. Le but de cette étude rétrospective est d’analyser les facteurs associés à la survie des patients et à la survie rénale après un suivi médian de 45 mois. Résultats L’âge médian des patients est de 60,7 ans (48–88). Le diagnostic de néphropathie à cylindres reposait sur l’association d’une IRA (créatininémie médiane : 372 mol/L ; extrêmes 250–625), d’une protéinurie à 2250 mg/24 h (450–6000) et d’une albuminurie à 70 mg/24 h (30–200). Quatorze patients (24 %) ont eu une biopsie rénale. Chez 22 patients (37 %), l’IRA était concomitante du diagnostic de MM, les autres patients étant en rechute. Soixante-six pour cent des patients ont rec ¸ u du Borte. Au décours du traitement effectué lors de l’IRA, 61 % des patients étaient considérés en réponse partielle (classification IMWGRC). La survie des patients est significativement supérieure dans le groupe Borte (p = 0,030) et chez les patients en première poussée de myélome (p = 0,016). Les facteurs prédictifs de survie des patients sont l’âge > 60 ans (HR : 2 ; IC 95 % 1,1–3,8 ; p = 0,027), le traitement par Borte (HR : 0,5 ; IC 95 % 0,3–0,9 ; p = 0,033) et le fait de rechuter (HR : 2,3 ; IC 95 % 1,1–4,6 ; p = 0,019). Les facteurs prédictifs d’arrêt de la dialyse sont la diminution des chaînes légères libres (CLL) sériques (HR : 0,6 ; IC 95 % 0,3–0,8 ; p = 0,020) et le fait de rechuter (HR : 2,2 ; IC 95 % 1,3–1,8 ; p = 0,019). Discussion et conclusion Cette étude montre que le Borte amé- liore la survie des patients atteints de MM et traités par dialyse. La diminution des CLL et le fait d’être en première poussée de MM sont des facteurs associés au sevrage de la dialyse. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclara- tion d’intérêt. http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2014.07.185 AN50 Efficacité du rituximab dans la prise en charge du syndrome hémolytique et urémique par anticorps anti-facteur H chez l’adulte : à propos d’un cas C. Gao 1 , C. Garrouste 1,, A. Lautrette 2 , B. Evrard 3 , C. Philipponnet 1 , A.E. Heng 1 1 Néphrologie Dialyse et Transplantation Rénale, CHU Clermont-Ferrand, Hôpital G. Montpied, Clermont-Ferrand, France 2 Réanimation Médicale, CHU Clermont-Ferrand, Hôpital G. Montpied, Clermont-Ferrand, France 3 Immunologie, CHU Estaing, Clermont-Ferrand, France Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Garrouste) Introduction Le syndrome hémolytique urémique atypique (SHUa) lié à un anticorps anti-facteur H (FH) est décrit essentielle- ment chez les enfants et adolescents. Moins de 10 cas sont rapportés chez l’adulte. Nous rapportons un cas traité par plasmaphérèses et rituximab. Patients et méthodes Un homme de 27 ans est hospitalisé pour une insuffisance rénale aiguë. À l’admission, les examens biolo- giques montrent : – une microangiopathie thrombotique avec anémie (7,3 g/dL) hémolytique (haptoglobine < 0,08 g/dL), thrombopénie (21 G/L) ; – une créatinine sérique à 242 mol/L avec une hématurie micro- scopique et une protéinurie néphrotique. L’exploration du complément montre un C3 abaissé à 543 mg/L et un facteur B à 72 mg/L. Les anticorps anti-facteur H étaient positifs à 8200 UA (N < 100 unité arbitraires UA). La recherche de shigatoxin est négative. L’activité d’ADAMTS 13 est normale. Le traitement a consisté en : – plasmaphérèse quotidienne de j1 à j36 ; – corticothérapie (1 mg/kg/j) à dose décroissante (j5–M9) ; – 4 cures de rituximab (375 mg/m 2 ) à j5, 7, 13 et 17. Ce traitement a permis la négativation des anticorps anti-FH (j31), la normalisation de la créatinine, des plaquettes. Les anticorps anti-FH ont été positifs à j56 à 200 UA dans les suites d’une gastro-entérite. Une nouvelle injection de rituximab a été réalisée permettant sa négativation. À 17 mois du diagnostic, la créatinine sérique est de 87,5 mol/L, plaquettes 189 G/L. Discussion et conclusion La prise en charge du SHUa par anti- facteur H nécessite des échanges plasmatiques et un traitement immunosuppresseur. Plusieurs traitements ont été proposés en dehors de l’éculizimab : cyclophosphamide, azathioprine, et rituxi- mab. Ce dernier a été peu évalué mais a permis d’arrêter la plasmaphérèse dans un cas, et pourrait éviter les récidives en cas de transplantation rénale. L’association rituximab, corticoïdes et plasmaphérèse a permis la guérison de ce patient. En résumé, cette observation montre : – l’intérêt de la détection rapide des anti-facteur H même chez l’adulte ; – l’efficacité du rituximab en association aux plasmaphérèses. Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclara- tion d’intérêt. Pour en savoir plus Loirat C, et al. Orphanet J Rare Dis 2011;8:60. Dragon-Durey MA, et al. J Am Soc Nephrol 2010;21:2180–7. http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2014.07.186 AN51 AKI en chirurgie cardiaque : vers l’insuffisance rénale chronique D. Legouis 1,, J.L. Hanouz 1 , A. Hertig 2 1 Anesthésie-Réanimation, Hôpital Côte-de-Nacre, Caen, France 2 Soins Intensifs Néphrologiques, Hôpital Tenon, Paris, France Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (D. Legouis) Introduction Il a été récemment suggéré qu’un épisode d’insuffisance rénale aiguë triple le risque d’insuffisance rénale terminale dans les dix ans qui suivent [1]. De 15 à 45 % des patients développent une acute kidney injury après une chirurgie cardiaque (hausse de créatininémie de 0,3 mg/dL en moins de 48 h ou de 50 % en 7 jours) [1,2]. Le pronostic rénal de ces patients reste méconnu. L’objectif de ce travail était de suivre la fonction rénale des patients indemnes de toute insuffisance rénale avant la chirurgie, et ayant développé une AKI transitoire. Patients et méthodes Une étude rétrospective a été conduite sur le CHU de Caen. Celle-ci a inclus l’ensemble des patients ayant béné- ficié d’une chirurgie cardiaque entre septembre 2010 et décembre 2013. Les patients présentant une insuffisance rénale chronique avant la chirurgie ont été exclus. Résultats Parmi les 2015 patients ayant bénéficié d’une chirurgie cardiaque, 1694 (84 %) avaient un DFG préopératoire estimable ; 447 patients ont été exclus en raison d’une insuffisance rénale chronique préexistante. Sur les 1247 patients restants, 432 (35 %) ont développé une AKI en postopératoire, dont la majorité (295 patients, 68 %) a récupéré en 30 jours une fonction rénale équiva- lente (± 5 %) à celle estimée en préopératoire. Au terme du suivi, 21 patients du groupe AKI ont développé une insuffisance rénale chronique, contre 1 patient seulement dans le groupe sans AKI (p < 0,001). Discussion et conclusion L’AKI est fréquente après une chirurgie cardiaque. Elle ne suscite généralement pas une attention particu- lière pour trois raisons : elle est par définition d’intensité modérée, il n’y a aucun traitement spécifique, et enfin son pronostic rénal immédiat est relativement bon. Notre étude montre pourtant que, dans ce contexte, une AKI même réversible est associée à un risque accru de développer une insuffisance rénale chronique à moyen

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350 Communications affichées / Néphrologie & Thérapeutique 10 (2014) 331–378

Introduction Le myélome multiple (MM) se compliqued’insuffisance rénale aiguë (IRA) dans 20 à 50 % des cas.Patients et méthodes Dans notre centre, 59 patients avec unetubulopathie myélomateuse ont été traités par dialyse pendant plusde 2 semaines entre le 01/01/2004 et le 31/12/2010. Ils ont été sui-vis jusqu’au 31/12/2011. Le but de cette étude rétrospective estd’analyser les facteurs associés à la survie des patients et à la survierénale après un suivi médian de 45 mois.Résultats L’âge médian des patients est de 60,7 ans (48–88). Lediagnostic de néphropathie à cylindres reposait sur l’associationd’une IRA (créatininémie médiane : 372 �mol/L ; extrêmes250–625), d’une protéinurie à 2250 mg/24 h (450–6000) et d’unealbuminurie à 70 mg/24 h (30–200). Quatorze patients (24 %)ont eu une biopsie rénale. Chez 22 patients (37 %), l’IRA étaitconcomitante du diagnostic de MM, les autres patients étant enrechute. Soixante-six pour cent des patients ont recu du Borte.Au décours du traitement effectué lors de l’IRA, 61 % des patientsétaient considérés en réponse partielle (classification IMWGRC). Lasurvie des patients est significativement supérieure dans le groupeBorte (p = 0,030) et chez les patients en première poussée demyélome (p = 0,016). Les facteurs prédictifs de survie des patientssont l’âge > 60 ans (HR : 2 ; IC 95 % 1,1–3,8 ; p = 0,027), le traitementpar Borte (HR : 0,5 ; IC 95 % 0,3–0,9 ; p = 0,033) et le fait de rechuter(HR : 2,3 ; IC 95 % 1,1–4,6 ; p = 0,019). Les facteurs prédictifs d’arrêtde la dialyse sont la diminution des chaînes légères libres (CLL)sériques (HR : 0,6 ; IC 95 % 0,3–0,8 ; p = 0,020) et le fait de rechuter(HR : 2,2 ; IC 95 % 1,3–1,8 ; p = 0,019).Discussion et conclusion Cette étude montre que le Borte amé-liore la survie des patients atteints de MM et traités par dialyse.La diminution des CLL et le fait d’être en première poussée de MMsont des facteurs associés au sevrage de la dialyse.

Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclara-tion d’intérêt.

http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2014.07.185

AN50

Efficacité du rituximab dans la priseen charge du syndrome hémolytiqueet urémique par anticorps anti-facteurH chez l’adulte : à propos d’un casC. Gao 1, C. Garrouste 1,∗, A. Lautrette 2, B. Evrard 3,C. Philipponnet 1, A.E. Heng 1

1 Néphrologie Dialyse et Transplantation Rénale, CHUClermont-Ferrand, Hôpital G. Montpied, Clermont-Ferrand, France2 Réanimation Médicale, CHU Clermont-Ferrand, HôpitalG. Montpied, Clermont-Ferrand, France3 Immunologie, CHU Estaing, Clermont-Ferrand, France∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (C. Garrouste)

Introduction Le syndrome hémolytique urémique atypique(SHUa) lié à un anticorps anti-facteur H (FH) est décrit essentielle-ment chez les enfants et adolescents. Moins de 10 cas sont rapportéschez l’adulte. Nous rapportons un cas traité par plasmaphérèses etrituximab.Patients et méthodes Un homme de 27 ans est hospitalisé pourune insuffisance rénale aiguë. À l’admission, les examens biolo-giques montrent :– une microangiopathie thrombotique avec anémie (7,3 g/dL)hémolytique (haptoglobine < 0,08 g/dL), thrombopénie (21 G/L) ;– une créatinine sérique à 242 �mol/L avec une hématurie micro-scopique et une protéinurie néphrotique.L’exploration du complément montre un C3 abaissé à 543 mg/L etun facteur B à 72 mg/L. Les anticorps anti-facteur H étaient positifsà 8200 UA (N < 100 unité arbitraires UA). La recherche de shigatoxinest négative. L’activité d’ADAMTS 13 est normale. Le traitement aconsisté en :

– plasmaphérèse quotidienne de j1 à j36 ;– corticothérapie (1 mg/kg/j) à dose décroissante (j5–M9) ;– 4 cures de rituximab (375 mg/m2) à j5, 7, 13 et 17.Ce traitement a permis la négativation des anticorps anti-FH (j31),la normalisation de la créatinine, des plaquettes. Les anticorpsanti-FH ont été positifs à j56 à 200 UA dans les suites d’unegastro-entérite. Une nouvelle injection de rituximab a été réaliséepermettant sa négativation. À 17 mois du diagnostic, la créatininesérique est de 87,5 �mol/L, plaquettes 189 G/L.Discussion et conclusion La prise en charge du SHUa par anti-facteur H nécessite des échanges plasmatiques et un traitementimmunosuppresseur. Plusieurs traitements ont été proposés endehors de l’éculizimab : cyclophosphamide, azathioprine, et rituxi-mab. Ce dernier a été peu évalué mais a permis d’arrêter laplasmaphérèse dans un cas, et pourrait éviter les récidives en casde transplantation rénale. L’association rituximab, corticoïdes etplasmaphérèse a permis la guérison de ce patient. En résumé, cetteobservation montre :– l’intérêt de la détection rapide des anti-facteur H même chezl’adulte ;– l’efficacité du rituximab en association aux plasmaphérèses.

Déclaration d’intérêts Les auteurs n’ont pas transmis de déclara-tion d’intérêt.Pour en savoir plusLoirat C, et al. Orphanet J Rare Dis 2011;8:60.Dragon-Durey MA, et al. J Am Soc Nephrol 2010;21:2180–7.

http://dx.doi.org/10.1016/j.nephro.2014.07.186

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AKI en chirurgie cardiaque : versl’insuffisance rénale chroniqueD. Legouis 1,∗, J.L. Hanouz 1, A. Hertig 2

1 Anesthésie-Réanimation, Hôpital Côte-de-Nacre, Caen, France2 Soins Intensifs Néphrologiques, Hôpital Tenon, Paris, France∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (D. Legouis)

Introduction Il a été récemment suggéré qu’un épisoded’insuffisance rénale aiguë triple le risque d’insuffisance rénaleterminale dans les dix ans qui suivent [1]. De 15 à 45 % des patientsdéveloppent une acute kidney injury après une chirurgie cardiaque(hausse de créatininémie de 0,3 mg/dL en moins de 48 h ou de 50 %en 7 jours) [1,2]. Le pronostic rénal de ces patients reste méconnu.L’objectif de ce travail était de suivre la fonction rénale des patientsindemnes de toute insuffisance rénale avant la chirurgie, et ayantdéveloppé une AKI transitoire.Patients et méthodes Une étude rétrospective a été conduite sur leCHU de Caen. Celle-ci a inclus l’ensemble des patients ayant béné-ficié d’une chirurgie cardiaque entre septembre 2010 et décembre2013. Les patients présentant une insuffisance rénale chroniqueavant la chirurgie ont été exclus.Résultats Parmi les 2015 patients ayant bénéficié d’une chirurgiecardiaque, 1694 (84 %) avaient un DFG préopératoire estimable ;447 patients ont été exclus en raison d’une insuffisance rénalechronique préexistante. Sur les 1247 patients restants, 432 (35 %)ont développé une AKI en postopératoire, dont la majorité (295patients, 68 %) a récupéré en 30 jours une fonction rénale équiva-lente (± 5 %) à celle estimée en préopératoire. Au terme du suivi,21 patients du groupe AKI ont développé une insuffisance rénalechronique, contre 1 patient seulement dans le groupe sans AKI(p < 0,001).Discussion et conclusion L’AKI est fréquente après une chirurgiecardiaque. Elle ne suscite généralement pas une attention particu-lière pour trois raisons : elle est par définition d’intensité modérée,il n’y a aucun traitement spécifique, et enfin son pronostic rénalimmédiat est relativement bon. Notre étude montre pourtant que,dans ce contexte, une AKI même réversible est associée à un risqueaccru de développer une insuffisance rénale chronique à moyen