La fertilité des sols peut être vue sousquatre aspects principaux: la capacité denourrir les plantes, les composants biolo-giques, la matière organique et la struc-ture. Les essais de longue durée conduitspar Agroscope RAC Changins depuis 1963fournissent des enseignements intéres-sants sur l'évolution de certains paramè-tres sous l'action de divers systèmes deculture appliqués systématiquement surune longue période. Les lignes qui suiventfocalisent sur la matière organique.

Un constat général tout d'abord au sujetde la matière organique: par rapport auxmesures faites dans les années 60, les te-neurs ont baissé, systématiquement, de 0,5 à1,5% selon le niveau initial. Une stabilisa-tion des teneurs s'installe après quelque30 années de pratiques culturales. Cettebaisse des teneurs en matière organique estliée à la diminution des prairies temporairesdans la rotation des cultures – et simultané-ment la diminution des apports de fumier –ainsi qu'à l'intensification des travaux dusol. La matière organique jouant un rôle im-portant dans la stabilité de la structure dessols, il y a de quoi s'inquiéter.

Conseils pour la pratique■ Lorsque la paille des céréales est ré-

coltée, des apports de fumier à raison de 40 t/ha tous les 4 ans permettent d'équilibrerle bilan humique; cette fréquence sembleêtre un minimum.

■ En l'absence d'apports de fumier, la res-titution intégrale des résidus de récolte per-met tout juste d'équilibrer le bilan humique.

■ La prairie temporaire doit durer 3 anspour qu'un effet bénéfique soit mesurable.Mais il n'y a pas de miracle: cet effet dispa-raît après 2-3 ans de labour.

■ Hormis leur effet de protection du solcontre l'érosion durant l'interculture, la contri-bution des engrais verts à l'enrichissement dela terre en matière organique est très modeste.

■ Contrairement à des idées reçues, la fu-mure azotée contribue, de par son effet surla biomasse formée par les plantes aussi bien

dans le sol qu'au-dessus du sol, au maintiende la matière organique. Sans tomber nonplus dans l'exagération en matière de dose,une sous-fertilisation azotée se révèle êtreplutôt négative.

■ La façon de travailler le sol semble êtrele paramètre influençant le plus fortement lateneur en matière organique. A cet égard, lelabour apparaît comme le facteur le plus né-gatif. Si, autrefois, avec les chevaux, on nedépassait guère 15 cm de profondeur de tra-vail, la mécanisation a fait progresser cetteprofondeur vers 30 cm, avec comme consé-quence une dilution de la matière organiquedans une couche de terre plus importante,une augmentation de la minéralisation depar l'intensité du travail des machines et unedéstabilisation de la structure sur une cou-che importante.

■ Le travail du sol minimum et le semisdirect permettent de maintenir voire parfoisd'améliorer le taux de matière organiquemesuré dans la couche 0-10 cm. Ceci est toutbénéfice en termes de protection du sol con-tre l'érosion. Cependant, en considérant labaisse constatée dans la couche 10-20 cm, ilnous semble présomptueux de prétendrestocker du carbone dans le sol, sous formede matière organique, par le semis direct oule travail minimum.

■ Sur 35 ans de comparaison labour/non-labour à Changins, on constate, au long des10 dernières années, que les différences en-tre moyennes de rendement des différentssystèmes de travail du sol sont insignifian-tes. Sur ce critère, on aboutit en quelquesorte à une réhabilitation de la charrue. Maisà une condition essentielle: labourer moinsprofond, tendre vers 20 cm et en tout cas nepas dépasser 25 cm. S'il faut corriger destassements de sol, mieux vaut recourir auchisel ou au décompacteur.

Les pertes de matière organique ne sontcertes pas une fatalité. Des mesures visant àlimiter les pertes et à maintenir les tauxexistent. Cependant, le but ne peut être at-teint que par une combinaison des mesuresproposées, dans l'optique d'une combinaisonde leurs effets toutefois sans préjuger de leurcapacité d'additivité. ■

1Der Gartenbau 23/2005

SUISSE ROMANDE

Matière organique etfertilité des solsEffet du travail du sol sur l’évolution de la matière organique

De Pierre Vullioud, Agroscope RAC Changins

RenseignementsAgroscope RAC ChanginsStation fédérale de recherchesagronomiques, CP 254, 1260 Nyon 1pierre.vullioud@rac.admin.chTél.: 022 363 46 59

Zum InhaltDie Ertragsfähigkeit des Bo-

dens hängt grösstenteils von viergrundsätzlichen Aspekten ab: dieVerfügbarkeit der Nährstoffe fürdie Pflanzen, die biologische Zu-sammensetzung des Bodens, dasorganische Ausgangsmaterial unddie Bodenstruktur. Das Ergebniseiner langen Versuchsreihe derForschungsanstalt Agroscope (RAC)in Changins, die bereits 1963 auf-genommen wurde, bringt diesbe-züglich bemerkenswerte Ergebnissehervor. Je nachdem, mit welchenKulturmethoden gearbeitet wird,verhält sich der Boden anders, dader Abbau der organischen Mate-rie davon abhängt. Wichtig ist,dass der Kulturboden über vieleJahre richtig gepflegt wird.