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Un feu sur la terre Nous sommes confrontés à une crise des réfugiés sans précédent, la pauvreté est encore une réalité quotidienne pour une grande partie de l’humanité, la solitude accable bon nombre de nos contemporains… Informations de l’ Assomption A A R e li g ie u x e t l a ï c s u n e m ê m e m i s s i o n EDITORIAL JUILLET 2016 n N O 21

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Un feu sur la terreNous sommes confrontés à une crise des réfugiés sans précédent, la pauvreté est encore une réalité quotidienne pour une grande partie de l’humanité, la solitude accable bon nombre de nos contemporains…

Informationsde l’AssomptionAA Religieux et laïcs

une même mission

EDITORIAL

JUILLET 2016 n no 21

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JUILLET 2016 n no 212

>> Officiel

La province andine a un nouveau provinciaLD’un Juan Carlos à l’autre

Pour la première fois depuis sa création le 10 juillet 1953, la province andine

(anciennement province d’Amérique du Sud, puis Chili-Argentine) a à sa tête un ar-gentin, de la même nationalité que le pape François ! Le Père Juan Carlos MARZOLLA LAIUS a été nommé Provincial de la province andine pour un mandat de 3 ans à compter du 1er juillet 2016. Le P. Juan Carlos est né le 12 février 1973 à Junin (Argentine) du couple de Jorge et d’Ana Maria. Il a été baptisé le 24 novembre 1973 à la cathédrale syro-antiochienne de San Jorge à Bue-nos Aires. Après des études en pédagogie (1992-1995) et de philosophie au séminaire diocésain de Mendoza (1997-1999), il est entré au noviciat de Pomaire (Chili) où il a pro-noncé ces premiers vœux le 14 janvier 2001. Tout en vivant à la communauté Manuel d’Alzon, il a fait ses études de théo-logie à l’Université de Santiago (2001-2003). Il a prononcé ses vœux perpétuels le 27 mars 2004 à la basilique Notre Dame de Lourdes de Santiago du Chili. En même temps que le P. Diego Martin Nace. Il est ordonné diacre au Sanctuaire de Santos Lugares (Argentine) le 13 mars 2005 et prêtre le 13 mai 2006 par l’Archevêque de Mendoza, Mgr José María Arancibia. Son premier ministère se déroule à Lota (Chili) comme économe jusqu’en 2008. Il retourne alors en Argen-tine comme économe de la communauté et responsable des écoles Notre Dame de Lourdes et San Roman de Belgrano et devient assistant provincial en 2011.Au 1er janvier 2016, la province andine comptait 56 religieux, 41 prêtres, 12 profès perpétuels et 3 profès temporaires, un religieux était en voie d’incardination, deux en sortie autorisée et neuf en situation canonique irrégulière. Le Père général en début d’année 2016 a fait une visite spéciale à la province donnant suite à sa visite canonique effectuée en mai 2013 auprès de toutes les communautés des quatre pays constituant la province.La nomination du nouveau provincial coïncide avec deux événements particuliers : l’ouverture de la maison interna-tionale de formation à Buenos Aires et le 40ème anniversaire de l’enlèvement de deux frères assomptionnistes durant la dictature militaire en Argentine. Voici la liste des provinciaux qui se sont succédés à ce poste depuis 1953 : le P. Régis ESCOUBAS (1901-1985), provincial de Bordeaux de 1946 à 1952 et d’Amérique du Sud de 1953 à 1959, le P. Joachim DURET (1921-2005), provincial de 1959 à 1964 (laïcisé en 1969), le P. Dionisio SOLANO (1917-2000) provincial de 1964 à 1969, le P. Pedro VARGAS (1922-2004) provincial de 1969 à 1974, le P. Julio NAVARRO (1942- ) de 1974 à 1984, puis de 1989 à 1995, le P. Miguel FUENTEALBA (1943 - ) de 1984 à 1989 et de 1995 à 2004, le P. Edgar MUNOZ (1956 - ) de 2004 à 2011, le P. Juan Carlos CISTERNA (1967 - ) de 2011 à 2016. n

Agendaconseil Général plénier• Du 3 au 13 décembre 2016 à Rome

conseil Général ordinaire• du 12 au 21 septembre 2016

Benoît

• 4-6 juillet : Paris, rencontre des supérieurs généraux de l’Assomption

• 12-31 juillet: Worcester (USA) • août : France, retour à Rome le 12 septembre

emmanuel

• 5-8 juillet : commission préparatoire du chapitre général à Paris

• 12-31 juillet: Worcester (USA)

didier

• 28 juin-4 juillet : Paris (conseil des consulteurs, réunions Bayard, réunion annuelle des Économes Généraux des congrégations de l’Assomption)

• 5 juillet : Valpré, Préparation chapitre général• 5 juillet-5 août : Vacances en France • 12 – 23 août : Madagascar • 23 août-8 septembre : Kinshasa-Kolwezi

John

• 21 juin-3 juillet : retraite territoriale au Mexique

• 4 juillet-8 septembre : aux USA • 12-14 juillet : Coordination congrès

d'éducation• 16-27 juillet : Congrès• 28 juillet : Coordination et bilan du congrès• 28 août : profession perpétuelle du Fr. Blair

Nuyda.

Marcelo

• 5-8 juillet : commission préparatoire du chapitre général à Paris

• 12-31 juillet : Worcester (USA)

En couverture: Plus d’un million de réfugiés ont traversé la Méditerranée en 2015. Les chiffres sont terrifiants depuis le premier tri-mestre de 2016, ils étaient 1400 à s’être noyés, majoritairement des femmes et des enfants. La quasi-totalité des migrants arrivant en Italie viennent d'Afrique subsaharienne. L'ONU es-time que quarante mille migrants sont arrivés en Italie entre janvier et avril 2016.

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Editorial <<

P. Benoît GrièreSupérieur Général des Augustins de

l’Assomption

Un feu sur la terre

Alors que nous sommes dans la phase préparatoire des chapitres provinciaux et du chapitre géné-

ral de 2017, il me semble opportun de stimuler l’ensemble de la congrégation pour une large réflexion concernant notre ambition apostolique. L’esprit de l’Assomption demeure notre boussole pour choisir la mission que nous avons à remplir dans le monde d’aujourd’hui. Il est donc important de revenir aux sources pour poser les choix que nous aurons à faire lors des assemblées capi-tulaires.Dans le Directoire, Emmanuel d’Alzon nous rappelle que « notre famille, quelque modeste qu’elle puisse être, est voulue de Dieu, elle doit avoir son but, et c’est vers ce but qu’elle doit tendre »1. Il est bon de se rappeler les propos de notre fondateur pour chercher com-ment aujourd’hui les mettre en pratique. L’Assomption est voulue de Dieu. Cela signifie, comme je le répète à temps et à contretemps que nous avons encore notre rôle à jouer pour la croissance de l’Évangile. Il faut pour cela lutter contre les tendances mondaines qui nous font voir la réalité actuelle comme profondé-ment sans espoir. Dieu continue d’aimer notre terre et il veut le salut de tous. C’est ce à quoi nous devons nous employer de toutes nos forces, de tout notre cœur. Le salut du monde est notre priorité apos-tolique. Emmanuel d’Alzon parlait de la venue du Royaume en nous et autour de nous. Nous sommes missionnaires du Royaume de Dieu. Notre fondateur se laissait guider par la parole de Jésus en Luc 12, 49 : « C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ». Nous avons en nous un feu dévorant, et nous voulons le propager dans le monde. Parfois, quand je visite les communau-tés, je cherche à déceler ce feu qui doit enflammer le cœur des assomptionnistes.

Pour certains frères, cela est évident : le zèle, la générosité, l’abnégation sont au rendez-vous de leur vie et il s’échappe de ces religieux un rayonnement joyeux dévoilant la proximité du Royaume de Dieu. Pour d’autres, il faut chercher pour repérer la flamme apostolique. Par-fois enfin, je suis déçu de ne pas perce-voir le dynamisme évangélique. Quand je pose la question, pour moi détermi-nante : « quelle est ton ambition apos-tolique ? », je suis surpris d’entendre un certain nombre évoquer sans état d’âme qu’il s’agit avant tout de poursuivre des études… nous ne pouvons pas accepter cela. Je repensais à ce qu’écrivait saint François-Xavier, alors en Inde, à saint Ignace : « Des foules ici manquent de devenir chrétiennes faute d’hommes qui se consacrent à la tâche de les instruire. Bien souvent, il me prend envie de des-cendre vers les universités d’Europe (…) et de crier à pleine voix (…) à ceux qui ont plus de science que de désir de l’em-ployer avec profit.»2 L’ambition de l’As-somption se résume par une phrase dont la formulation est certes désuète, mais dont la réalité reste actuelle : « le zèle pour le salut des âmes ». Nous sommes des missionnaires du salut. Dieu conti-nue à travers nous de chercher à sauver tous les hommes. Notre monde a faim et soif de sens. Nous sommes confrontés à une crise des réfugiés sans précédent, la pauvreté est encore une réalité quoti-dienne pour une grande partie de l’hu-manité, la solitude accable bon nombre de nos contemporains… N’y-a-t-il pas urgence à s’engager ?Je suis sûr que l’Assomption peut mo-biliser son énergie pour une grande ambition. Il faut voir « grand et large ». Après le dernier Conseil général plénier qui s’est tenu à Pinhal chez nos frères du Brésil, je suis revenu confiant : nous sommes prêts à nous mobiliser pour l’extension du Règne de Dieu. n

1) Ecrits spirituels, p.17.

2) Saint François-Xavier, Lettre à Ignace, 15 jan-

vier 1544.

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JUILLET 2016 n no 214

>> Officiel

Le Père Benoît Grière, Supérieur Général, avec son conseil, a appelé

■ À La proFeSSion perpÉTueLLe1) Frère KoSSivi LoLonYo adZaKLi Fabrice(province d’Afrique) (11/04/2016)2) Frère diWediGa Jean-claude(province d’Afrique) (12/04/2016)3) Frère GaTuna Wairimu peter(province d’Afrique)(11/04/2016)4) Frère KaKuLe Germain(province d’Afrique) (14/04/2016)5) Frère nGuYen van duc (antoine)(province d’Europe) (12/04/2016)6) Frère KaTeMBo TSonGo dieudonné(province d’Afrique) (18/05/2016)7) Frère ManZanZa Benjamin(province d’Europe) (17/05/2016)8) Frère nuYda Blair(province d’Amérique du Nord – Philippines) (17/05/2016)9) Frère nGuYen van Tho (dominique) (province d’Europe) (10/06/2016)10) Frère nGuYen van phuc (François-Xavier) (province d’Europe) (10/06/2016)11) Frère nGuYen Huu Thái (antoine) (province d’Europe) (10/06/2016)12) Frère nGuYen Huu du (Joseph) (province d’Europe) (10/06/2016)

■ a L’ordinaTion diaconaLe13) Frère MuTuri KaMau dominic(province d’Afrique) (12/04/2016)14) Frère doan Hieu MinH Tuan (andré)(province d’Europe) (18/05/2016)

■ a L’ordinaTion SacerdoTaLe15) Frère KaTeMBo LuSenGe richard(province d’Afrique) (14/04/2016)16) Frère KaSereKa vaLYaMuGHeni alexis(province d’Afrique) (13/04/2016)17) Frère MuKWaLa Munene augustin(province d’Afrique) (13/04/2016)18) Frère nKWer Junior valentin(province d’Afrique) (12/04/2016)19) Frère KoKeLa Quentin(province d’Afrique) (14/04/2016)20) Frère GicHuKi Waweru Wilson(province d’Europe) (19/05/2016)

Le Père Benoît Grière avec le consentement du Conseil Général Plénier de juin 2016 a nommé:

Comme maître des novices du noviciat Saint augustin de Ba ria (vietnam) le Père Pierre TRAN VAN Huyen.

Comme maître des novices du noviciat de Juvisy (France) le Père Gervais KAKULE MULIMU.

Comme maître des novices du noviciat de Lwanga (RD Congo) le Père Augustin KAMBALE TASI.

■ ouverTureS eT FerMeTureS

Le Père Benoît Grière avec son Conseil Général Plénier de juin 2016 a donné son agrément:

à la fermeture des communautés d'Évry et de Toulouse-courbet en France et d'elorrio en espagne.

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Appels, nominations, agréments...

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Retardé par une difficulté de visa, le Père Benoît GRIERE s’est rendu à

Kinshasa du 8 au 15 mai 2016. Sa visite était très attendue, l’ac-cueil fut cordial et fraternel. Le Père Benoît était accompagné du Père Thierry KAMBALE, vicaire provincial d’Afrique. Deux ans après sa création, la Communauté Internationale de Formation du cœur de la capitale congolaise est aujourd’hui la plus grande communauté assomptionniste puisqu’elle compte une quaran-taine de frères en formation et provenant de 6 nationalités diffé-rentes. Le Supérieur général s’est entretenu personnellement avec les trois formateurs et la quasi-totalité des frères étudiants. Pour chaque frère, cet échange a per-mis d’évoquer les aspects positifs de son expérience sans taire pour

autant les inévitables difficultés. Au cours d’une assemblée qui a duré plus de deux heures, le Père Benoît a souligné le dynamisme et la ferveur de la communauté, sa bonne tenue et l’amélioration de sa vie économique. Il a encou-ragé chacun à plus de confiance et de fraternité, en relevant les défis de l’interculturalité et l’in-ternationalité du théologat. Cette maison a désormais le devoir de se maintenir sur de bons rails. « La congrégation ne reviendra pas en arrière » a prévenu le Père Benoît. Il a ensuite visité le « chantier » de BIBWA. Le choix du lieu de ce futur postulat en périphérie de la ville est-il judicieux ? L’endroit est isolé, insalubre et dangereux. Il faudra attendre avant d’envisa-ger le déménagement.Devant l’ensemble des religieux de la région de Kinshasa dont il a encouragé le développement

d’un projet apostolique cohé-rent, le Père Benoît a demandé que l’emporte toujours plus un vrai projet communautaire apos-tolique sur une ambition qui se limiterait à un programme per-sonnel d’études. Pour progresser dans la découverte de l’autre, il s’agit aujourd’hui de fuir l’eth-nocentrisme (la tendance à consi-dérer sa culture d’origine comme la seule référence possible). Pour cela, il a appelé chacun à une plus grande maturité humaine et spiri-tuelle.Cette visite a permis au Père Général de partager en tout les conditions de vie des religieux : les coupures d’électricité fré-quentes à Kinshasa, les embou-teillages mais surtout les aspira-tions d’une jeunesse désireuse de s’établir toujours davantage dans la fidélité au Christ et le charisme d’Emmanuel d’Alzon. Voir plus large et reprendre confiance en l’avenir, mieux comprendre certains blocages du moment et les dépasser, et surtout rendre grâce à Dieu pour le che-min sur lequel il nous a placé. La région de Kinshasa sort de cette visite redynamisée. Indéniable-ment elle fut l’un de ses moments riches qui nous est donné de vivre en Assomption ! n

Afrique <<

Père Vincent LECLERCQ

Kinshasala plus grande communauté AA reçoit le Père Général

Quelques chiffres

En 2015-2016 la maison Emma-nuel d’Alzon de Kinshasa compte quarante quatre religieux de 6 na-tionalités différentes et provenant de 3 Provinces : Afrique, Europe et Madagascar. 14 fréquentent l’Institut Supérieur Saint Eugène de Mazenod, 19 l’Université Saint Augustin, 4 l’Université Catho-lique du Congo, 1 l’Institut Supé-rieur Technique Pédagogique de Kinshasa et 1 l’Université Pédago-gique Nationale.

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JUILLET 2016 n no 216

>> Economie

Le Sommet économique de PinhalPour leur troisième rencontre, les économes provinciaux de la congrégation se sont retrouvés au Brésil

Du 31 mai au 6 Juin, les éco-nomes provinciaux se sont retrouvés autour de l’éco-

nome Général, pour leur réunion annuelle du Conseil économique de la Congrégation (CEC).Ce fut surtout une session pour ré-fléchir à la gestion de nos ressources et travailler aux objectifs et aux réa-lités de chaque province. Ce travail a porté d’abord sur la consolidation des comptes de congrégation, travail qui exigeait de chaque participant une grosse préparation : le consolidé des comptes de chaque province. Ce fut une joie de découvrir les perfor-mances d’une telle mise commun, il s’agit désormais de l’améliorer. Face aux nombreux besoins qui se font jour, aux nombreux défis aux-quels faire face, voir ensemble com-ment couvrir nos dépenses exige une approche plus globale. Pour la formation des jeunes, des progrès pour trouver des ressources propres sont en bonne voie, même s’il reste encore du chemin à faire pour mieux les appréhender en fonction des jeunes qui entrent dans nos maisons.Le monde des fonds d'investisse-ment avec ses catégories techniques, peut effrayer ou ennuyer, mais il faut reconnaître qu'il est l'une des princi-pales ressources de la congrégation et ses performances contribuent à la vie des communautés. Le patrimoine immobilier est aussi une richesse importante à ne pas négliger. Il exige de lourdes dépenses pour son entretien et il nécessite une gestion attentive dont la performance peut progresser dans toutes les provinces (mise à jour des locations et suivi du statut légal de chaque propriété,

etc.). Une aide importante nous est apportée par le logiciel ANTILOPE, proposé pour la gestion immobilière de toute la congrégation.Le travail de cette session a permis d’élaborer un document remis au CGP, sur le traitement économique de nos paroisses, un domaine très important de notre apostolat, puisque nous desservons 56 paroisses à tra-vers le monde. Cet apostolat exige dévouement et énergie, mais égale-ment justice à l’égard des frères qui y travaillent et équité à l’égard des provinces qui y sont investies.Le nombre très important de frères en formation demande de prendre en considération l’ensemble de leurs besoins. Cette session des économes provinciaux a également travaillé à la rédaction d’une ratio économique, outil important pour la formation future des économes, sans oublier une réflexion sur la redevance pro-vinciale à la caisse générale de la congrégation.Ce travail a été facilité par l’accueil fraternel de la communauté locale. La nouveauté a été incontestable-ment la participation des économes au début des travaux du CGP qui a permis de mesurer combien le ser-vice des économes se conjuguait avec le service de toute la congréga-tion et le bien de tous nos frères.

P. Francisco Sepulveda

Une enquête de la banque centrale des USA (la « FED ») révèle que 47% des Américains sont incapables de faire face à une dépense imprévue de 400 USD (366€) sans emprunter ou vendre quelque chose. On ne parle pas du Nigéria, ni de l’Inde, mais du pays le plus riche du monde ! Soit presque 50% de la population qui n’a absolument aucune réserve pour payer un petit imprévu ! Il faut noter que les 13% suivant ont au plus 1.000 dollars d’épargne. De quoi faire réfléchir, non ?

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Il est bien connu maintenant que le Conseil Général Plé-nier (CGP) organise chaque

année une campagne dite « de solidarité en Assomption » au profit d’un projet interne à la congrégation qui trouverait diffi-cilement un financement auprès d’un organisme extérieur. Le CGP vise au travers cette cam-pagne à ce que les communautés, laïcs et œuvres de la congrégation puissent exprimer leur solidarité envers des projets assomption-nistes qui ont du mal à se mettre en place, faute de financement.La campagne de solidarité en As-somption de l’année 2015 visait à permettre la création d’un pou-lailler d’autofinancement dans la région de Kinshasa. En effet, la présence assomptionniste dans cette région est essentiellement constituée de maisons de forma-tion (un postulat et un gros sco-lasticat de presque 50 religieux) avec peu de ressources propres. Les dernières contributions à cette campagne sont arrivées à l’Economat Général en mars 2016. Un peu plus de 20.000 USD ont été récoltés, sans comp-ter 2.200 euros de dons qui au-raient été envoyés directement de Belgique à Kinshasa.Toutefois, la réalisation du pou-lailler va prendre un peu de re-tard pour principalement deux raisons :La mise en œuvre d’un poulailler semi-industriel demande qu’elle soit portée par un frère possédant des compétences fortes dans le domaine de l’élevage. Malheu-reusement, le religieux qui pos-sède ces compétences et qui avait défini le projet a changé d’affec-tation et réside maintenant au

Kivu. Le projet vise à développer l’autofinancement de la région de Kinshasa. Nous n’allons donc pas envoyer l’argent collecté pour que le poulailler se crée au Kivu ! La Province d’Afrique travaille à identifier un autre religieux qui ait les compétences requises et vive à Kinshasa.Le poulailler doit être créé sur le terrain de Bibwa, vaste terrain qui est en périphérie de la capi-tale, au-delà de l’aéroport. Mais il n’est pas possible de créer le poulailler sans qu’une commu-nauté de religieux vive sur le terrain : sans surveillance, le poulailler serait immédiatement volé. La Province d’Afrique a depuis plusieurs années l’inten-tion de déménager le postulat sur le terrain de Bibwa. La construc-tion de nouveaux bâti-ments y a été lancée à cet effet. Plusieurs difficultés (dont le manque de res-sources financières) ont retardé le déménagement à Bibwa du postulat. Mais la maison serait en voie d’achèvement.Ce n’est que quand ces deux difficultés auront été résolues que nous pour-rons transférer les fonds récoltés. Il s’agit de ga-rantir aux donateurs que l’argent sera utilisé de manière efficace en vue de l’objet pour lequel il a été donné !En attendant, la campagne de solidarité en Assomp-tion 2016 a déjà com-mencé. Elle vise à finan-cer un projet assomption-niste d’extension d’une école de formation aux

métiers de la couture et à la coif-fure dans la région de Butembo, Kivu. C’est un très beau projet qui vise à donner un gagne-pain à des jeunes qui n’ont pas fait d’études. Le dossier support de ce projet a été diffusé dans la congrégation. Si vous ne l’avez pas eu, n’hésitez pas à le deman-der à l’Economat Général. Certains appellent encore ces campagnes « campagnes de Carême ». Mais, depuis 3 ans déjà, le CGP a tenu à en étendre le concept à la solidarité, une solidarité qui peut s’exprimer toute l’année, bien au-delà du seul Carême ! Ce projet et nos frères africains qui y travaillent comptent sur votre soutien ! n

Didier Remiot, Econome Général

Campagne de Solidarité en Assomption 2015.

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Eco

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JUILLET 2016 n no 218

L’amour est du terroir natal et de ses secrets

« Je vais me faire agriculteur, en attendant que je sois agronome… Dès ce matin, j’ai laissé les élec-teurs et tout le reste du genre ani-mal pour m’occuper du genre mi-néral. Je deviens savant. Je sais tout le charbon, le fer, le zinc, le plomb, l’argent, le soufre, le marbre blanc, gris, noir et rouge de nos environs » : t. V, p. 125. En le tome IX p. 256, il ajoute à sa liste l’albâtre et l’onyx. Il y a en tout cas une pointe de soula-gement dans son annonce le 11 novembre 1860 à Sœur M.-Mar-guerite Mac-Namara : « Je suis propriétaire foncier »1. Ce qui est certain par contre, c’est que le cadre de vie rural l’a beaucoup inspiré, d’abord en tant qu’ouver-ture aux réalités à la fois sociales et économiques de son milieu naturel et familial (son rapport à la domesticité) : Le Vigan, Lava-gnac, mais aussi d’autres lieux. N’oublions pas qu’à Mireman (Gard), propriété aux portes de Nîmes estimée entre 45. 000 et 60.000 fr., puis 150.000 (t. V, 441, 447), E. d’Alzon a lancé

entre 1852 et 1857 une colonie agricole2 dont l’une des activi-tés consistait en la production de cultures maraîchères sur un terrain de 6 ha, grâce à des or-phelins apprentis et à un corps instructeur de Frères convers. Clichy3 offrait des perspectives semblables. L’aventure des alum-nats qui a commencé à Notre-Dame des Châteaux en 1871 a toujours été combinée avec un maximum d’autarcie agricole4 (potagers pour les légumes5, éle-vages pour la viande, laitages et fromages : bétail et basse-cour (t. X, 74) pour la viande et les œufs6, vergers pour les fruits (poiriers : t. X, 363), ruchers pour le miel et le sucre)7.

Lavagnac et La CondamineLe domaine de Lavagnac, comme celui du Vigan, a fonctionné au XIXème siècle selon le mode ancestral des grandes proprié-tés foncières d’autrefois, avec fermes, fermages, affermages (t. VI, p. 16), arrérages (t. VII, 180) et fermiers entourant le château sur les communes de Montagnac (197 ha8), de Saint-Pons de Mau-

>> Pages d'histoire

Promenade écologique dans le jardin épistolaire du P. d’Alzon (3/4)

Par Jean-Paul Périer-Muzet

Emmanuel d’Alzon s’intéressait-il à l’agriculture ? A certains moments, il prétend que non ; à d’autres moments, tout fait penser le contraire, notamment la dernière lettre conservée qu’il ait écrite à sa mère ou encore ce persiflage à Mme Valat, 29 août 1864 :

1) Lettres du P. d’Alzon, t. III, p. 347.2) Le terme est à la mode au XIXème siècle. Il recoupe à la fois une réalité économique (mise en valeur de ter-rains cultivables) et une préoccupation sociale (encadrement d’une popu-lation de conditions modestes). On a comme exemples contemporains la colonie agricole des Varin d’Ain-velle à Servas, celle des Matelles de l’abbé Soulas et de ses Sœurs auxilia-trices garde-malades, celle aussi des moines trappistes en Algérie, Staouëli (1842-1904), un domaine de 1020 ha transformé en ferme pilote, celle de Courbessac (t. IX, p. 211), celle de Marquès du Luc, directeur d’une colo-nie agricole pénitentiaire t. III, 511 et IX 194 ! Quand il s’est agi de penser à un premier établissement, même pro-visoire, de l’Assomption en Bulgarie en 1863, le P. d’Alzon penchait plus pour une ferme agricole que pour un collège ou une école : Lettres du P. d’Alzon, t. IV, p. 177 : « Où allons-nous avec un collège… Je préférerais presque les fermes agricoles » à Galabert, 17 jan-vier 1863. En 1871, le P. d’Alzon essaya un orphelinat agricole sur ses terres à Montmau et Galabert, de même, à Karagatch, faubourg d’Andrinople (sur un terrain de 4 ha. Au confluent de la

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chiens (6 ha), (Montmau9 : 64 ha 55 a), de Saint-Pargoire (1 ha 81), d’Usclas 3 ha 93), de Cazouls, de Bélarga (moulin), d’Adissan et de Lézignan-la-Cèbe. Sur le Vigan, on a retenu les noms de quelques propriétés foncières10 : le Moulin du Pont, la Condamine (pré 2 ha 88, jardin 1 ha 14), La Valette (10 ha 20 a), l’Elze11 (4 ha 18 avec usine et le mas du Buis), Baga-telle (4 ha 92), Anglas (62 ha), la Celle, Arènes (6 ha de prai-ries ; bois Saint-Paul 11 ha 53) ; à Dourbies, les deux domaines de Canchaux et de Dominicature, à Campestre le domaine du Viala, le tout provenant de l’héritage en 1851 de Jean-Maurice de Faven-tine, prestement liquidé. Qui dit fermes, fermages et fermiers, jar-diniers dit aussi cultures, basse-cour, pigeonnier, écuries, haras (t. III, p. 283) et élevage d’animaux domestiques pour les travaux des champs, le trait12 et le trans-port13. En dessous de Lavagnac, sur l’Hérault (moulin de Roque-mengarde), une prise d’eau avec canal et machinerie alimentait de grands réservoirs pour alimenter jardins, bassins et étang ou pièce d’eau14.

Cultures vivrières et de rendement agricoleDans le détail, il conviendrait de spécifier un peu le type de cultures vivrières et de rende-ment agricole qui sont pratiquées de part et d’autre. Il est évident qu’au Vigan, ce qui l’emporte, en dehors des prairies et pâturages pour petit bétail (troupeaux de moutons également à Lavagnac : t. III, p. 283; chèvres), c’est l’éle-vage du mûrier t. III, 347 (vers à soie, t. A, p. 11 ; à Rochebelle, t. V, p. 321) avec équipement de filatures encore très artisa-nales, du châtaignier (farine ; t. A, p. 227, 233, 368 ; t. III, 339 ;

La chapelle aujourd’hui en fort mauvais état, est restée identique à ce qu’elle était du temps du p. d’alzon qui y célébra une première messe pour ses parents en juillet 1835 et occasionnellement lors de ses séjours par la suite.

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Maritza et de l’Arda : t. XII, 170 n. 2) où l’on plante des vignobles : t. XII, p. 220 n. 2.3) L’acquisition par l’Assomp-tion de ce domaine en avril 1853 comprenait le pavillon de chasse d’Henri IV, dit par la suite pavillon Vendôme (la Grande Aumônerie), entouré de huit hectares de ter-rain, avec allées de tilleuls, parc, potager, verger, prairie en bordure de Seine. Siméon Vailhé, Vie du P. d’Alzon, t. II, p. 70. Malheureuse-ment, le P. d’Alzon qui y a séjourné plusieurs fois entre 1853 et 1860, n’en a pas donné de description.4) On a une idée de cette volonté d’autarcie avec le plan de produc-tion établi à N.-D des Châteaux en 1875 : « Avec plus d’eau, on aura plus de foin ; avec plus de foin, plus de vaches et plus de lait, plus de fromage etc… mais en outre, avec plus de vaches, plus de fumier, plus de pommes de terre et plus de lé-gumes » : t. XI, p. 222-223.5) Inutile de détailler la liste des lé-gumes que peut produire un pota-ger sous nos climats ! Le P. d’Alzon n’ignore pas que de leur assem-blage ou de leur mélange on tire une jardinière ou une macédoine : XIII, 9 !6) Il y a bien sûr la série des œufs de consommation pour la cuisine (t . VII, p. 27) et les œufs pour la reproduction (à couver et à faire éclore : t. V, p. 67, 424 ; X, 74). On dispose déjà de couveuses (X, 74). A V. de P. Bailly, le 17 octobre 1865, directeur du collège de Nîmes : « Je vous prie d’épargner les poulets de votre basse-cour pour les jours de l’ordination. Je vais probablement vous envoyer [de Lavagnac] deux ou trois douzaines de volatiles » :

t. V, p. 420 ou encore VI, 209 : « Il vous arrivera une caisse de volailles vivantes : ce sont des poules d’ex-cellentes pondeuses. On peut tuer les vieilles de la maison ».7) Ainsi en plein hiver, par temps de neige, le P. d’Alzon rassure le P. Emmanuel Bailly sur son alimenta-tion à Lavagnac, le 9 janvier 1876 : « La viande de boucherie manque, on tue des poulets. Nous avons des œufs, des pommes de terre, du jambon, des truffes, une cuisi-nière… » : Lettres du P. d’Alzon, t. XI, p. 334.8) Dont sont certainement comp-tés les 150 ha de Montmau, situés sur la commune de Saint-Pons de Mauchiens confiés aux Boudet en 1860: t. III, 342. Combien faisait le domaine de La Conseillère, voisin des terres de Lavagnac ?9) Propriété appartenant au P. d’Alzon à partir de 1860 et dont il vante le point de vue, la douceur du climat, la salubrité, la facilité de communications, au point de rêver d’en faire une maison d’études en 1865 : t. V, p. 232. Il est question de sa vente en juin 1872, à Jean de Puységur (IX 372), de nouveau en mai 1875 (XI, 86, 95, 97), en novembre 1875 (XI, 301 et 302 n, 303, 305). L’acte de vente de Mont-mau à J. de Puyégur est daté de dé-cembre 1875 : XI, 308 n., à hauteur de 185.000 francs.10) Le 26 décembre 1871, il an-nonce à Mère M.-Eugénie de Jésus que les Domaines ont l’intention de l’exproprier au Vigan de 3 ha de terrain (IX, 259) pour l’implan-tation de la ligne de chemin de fer auxquels il veut aliéner 1 ha à lotir (IX, 260).

X, 278), du noyer (t. A, p. 228) et de vergers à pomme (t. A, p. 368, III, 339; cidre, jus, alcools ou ‘esprits’ ou eau-de-vie : t. A, p. 277 ; 350). Vergers (fruits, confitures : t. V, p. 326), cultures maraîchères (oignons ; épinards t. A, p. 513, IX 44 ; t. C, p. 13 ; asperges à Nîmes : t. III, p. 225, IX 44 ; fèves, haricots, salades, artichauts : t. XI, 39, concombres (XII, 538), fraises et framboises : t. A, p. 602, t. IV, p. 408 (à Perpi-gnan), pommes de terre (XI, 39) travail du bois forment d’utiles compléments de ressources (cultures en terrasses, terrassiers ou faïsses). Les cours du collège de Nîmes sont bien ombragées grâce à des marronniers (IX, 112) où se donnent les leçons de gym-nastique et les exercices paramili-taires. Pour ce qui est du domaine de Lavagnac, la diversité est beaucoup plus grande, en raison du climat méditerranéen et du relief de plaine : dans les grandes étendues, cultures vivrières des blés (t. A, p. 11 ; 28, 191; VII, 18, 38, 98)15, de l’olivier (huile : t. A, p. 222), de pommes de terre (Lettres, t. II, p. 210), du maïs, de l’amandier (t. A, p. 191, 277), du cerisier (t. A, p. 51, 198 ; t. V, p. 318), du citronnier (t. A, p. 561 ; XIII, 144), de l’oranger (à Rome : t. A p. 569 ; 580 ; t. B, p. 54, à Perpignan : t. IV, p. 408 ; à Cannes : t. V, p. 51, 52, mais aussi à Lavagnac, en serre, t. XII, p. 231) du melon d’eau (à Mireman : t. I, p. 73, 349),

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“ A Lavagnac, la diversité est beaucoup plus grande, en raison du climat méditerranéen et

du relief de plaine : dans les grandes étendues, cultures vivrières des blés, de l’olivier, de pommes de terre, du maïs, de l’amandier, du cerisier, du citronnier...

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un peuplier de Caroline (dans le parc d’Auteuil : t. II, p. 204), de l’abricotier (rue François Ier); dans les serres (t. XII, p. 231), des cultures maraîchères16, des grenades (t. VIII, p. 9), des ver-gers de poiriers (X, 363) et d’oli-viers (X, 363 ; XI, 30, 32 ; XII, 225) ; puis on sait que le Langue-doc s’adonnera peu à peu dans la seconde moitié du XIXème siècle à la grande monoculture de la vigne (III, 341 ; V, 411) ; d’où raisin de table : V, 13517, vin blanc, rouge, clairette, vin d’Alicante (V, 423, 438, 440, VII, 98 ; vin de Tokaï VIII, 353; VI, p. 145) vinaigre, alcool ; muscat de Sérignan : XII, 403 ; vin de Bordeaux : XII, 462 ; vin de Malaga : XII, 465 ; pour le gros bétail abondant (bœufs : t. B, p. 56, vaches, chevaux : t. B, p. 30, 56, t. III, p. 220, t. V, 378 ; X,

95 ; XI 10, 200, 202, 445 juments, mules, ânes (XI, 47), ègues18, tau-reaux (t. III, p. 347) notamment pour les jeux de corrida : VI, p. 141 ; cavalcades : XII, 359, 370 ; XIII, 54), il est fait mention de nombreux fourrages (t. VII, p. 21, 38) : luzernes, avoines, seigle (t. III, 282, 347 ; t. V, p. 139, 411 ; VII, 18, 25, 38, 169 ; X 75). A no-ter que l’on trouve dans d’Alzon de nombreux noms d’animaux domestiques19. Il est évident que le système autarcique fonctionne encore largement à cette époque, mais les allusions commerciales et artisanales ne manquent pas : ventes, achats de bétail, d’en-grais, d’équipement de matériel agricole (pressoirs, comportes, cornue t. III, p. 270, cuves et ton-neaux, bouteilles (t.III, p. 347 ; V, 135, 463 ; VII, 18), muids

et foudres (t. V, p. 139 ; VII, p. 164, 169), cabaux (t. III, 347)20, moulins à farine, moulin à huile, meule, outillage agricole fer et bois, presse, attelages avec chars, charrettes (Lettres, t. II, 210 ; t. V, p. 340, 424), tombereaux; tra-vaux de dépiquaison21, de ramo-netage, de vendange (t. A, p. 368 ; t. B, p. 57 ; t. III, p. 270, 335), de fauchaison, de fenaison (t. III, p. 347 : sainfoins ; VII, 103 foins de Lavalette), de moisson (t. II, p. 227), de cueillette, de labours22, de semailles, de repiquage, de chaulage23 (t. II, p. 210), de plâtre (t. III, p. 270), de drainage (fos-sés, chaussées : t. III, p. 347), d’assolement…Bien sûr, Emmanuel d’Alzon au temps de sa jeunesse a exer-cé des activités physiques qui n’étaient pas tant de l’ordre du

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travail manuel ou du rendement économique que de l’ordre du passe-temps ou de la distraction, notamment des activités spor-tives : natation, escrime, équita-tion, chasse, marche, sans doute pour se délasser des préoccu-pations intellectuelles et garder un équilibre de vie24. Il lui est arrivé par la suite, occasionnel-lement, de travailler manuelle-ment : « On m’a fait piocher ces jours-ci, aussi ne puis-je tenir une plume » : VI, p. 86 (10 juil-let 1866) ou encore en mai 1867 après les ravages d’une grêle : « Les prés sont hachés, les jar-dins dévastés comme si un régi-ment de cavalerie les eût traver-sés au galop. Ne parlons pas des vignes et des fruits… Aussi, me suis-je mis au travail des mains comme les moines ; j’ai ramassé trois fagots de branches de mû-rier… Ma pauvre échine, après trois quarts d’heure a fini par demander grâce » : VI, 252. Il trouvait aussi, dit-il, du plai-sir à aménager une berge de l’Hérault pour un accès plus facile ; mais surtout il aimait les parties de chasse (chasse au fusil25, chasse au filet26, chasse avec chiens pour le lièvre : t.

II, 137 ; t. V, 417) et de cheval dans la campagne, sur un petit camarguais que son père lui avait offert27. Un de ses premiers portraits de septembre 1824 par Pauline Lebrun ne le représente-t-il pas avec un oiseau empaillé à la main ? Les termes de gibier à poil, à plume (t. A, p. 22, 85), ne sont pas absents de ses écrits : carnier, gibecière, quadrupèdes, volatiles, échassiers (IX, 125), perdreaux et perdrix bartavelles, perdrix rouges du Midi, (t. A, p. 22 ; t. V, p. 417 t. X, p. 76 ; XI, 333), lièvres (t. V, p. 417 ; XII, 249), cailles (t. A, p. 29 ; 86, 91), terrier de lapin (t. A, p. 125). De même assez étonnante est sa connaissance des espèces d’oiseaux : rossignols (t. A, p. 51, 56 ; t. IV, p. 307), serins (t. A, p. 198), courlis (t. A, p. 218), martins-pêcheurs (t. A, p. 219), hirondelles (t. A, p. 233), fau-vettes (t. V, p. 357; VI, 89), pin-sons (t. A, p. 148), moineaux (t. IV, p. 206 ; IX, 37), coucous (t. A, p. 108)28, pigeons (t. B, p. 54), alouettes (t. B, p. 56 ; XII, 111), becfigues (t. I, p. 98), vanneaux et sarcelles (t. V, p. 415), bé-casses, étourneaux (X, 11), pies et pies grièches (t. V, p. 415 ; VII,

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11) Propriété vendue en février 1872 à hauteur de 62.000 francs : IX, 302. A la place de la ferme fut construite une filature : IX, 391.12) Attelages pour les charrois agri-coles, mais aussi attelages pour le transport des personnes avec des noms de véhicules variés, encore utilisés au XIXème siècle : carrosse t. A, p. 209), fiacre (t. III, 359 ; VIII, 10 ; X, 42), diligence (t. V, p. 288), la malle-poste, voiturin (t. A, p. 691), coupé, rotonde ou banquette (t. VI, p. 375), calèche, tilbury, sulky, om-nibus à chevaux (t. III, p. 359 ; VIII, 10), coche (‘mouche du coche’, d’où cocher), cabriolet (t. A, p. 68), traî-neau (t. XI, p. 334-335), tombereau (XI, 336), fourgon, chariot, carriole, barreau, roulotte, milord, dormeuse, berline, limousine, hirondelle, voi-ture (t. V, p. 88), estafette (courrier avec dépêche V, 413), patache (dili-gence peu confortable), convoi, wa-gon… Les Oblates en Orient tâteront encore du char à bancs ou char à bœufs turc dit le tartaraba. Sur mer et sur les fleuves, il y a les coches d’eau (ex. le Pyroscaphe de Jouffroy d’Abbas en 1783, le Pionnier), les ba-teliers avec rames, voiles et halage, les compagnies Abeilles et Parisiens sur la Saône, les bateaux à vapeur (bateaux à feu) avec roues à aubes (Messageries maritimes, Message-ries impériales), les luxueux yachts à voile ou moteur ou patin à glace, et, sur le Bosphore, les fameux caïques, barques légères et rapides (t. IV, p. 235).13) Bien sûr, on trouve mention dans les Lettres de canards (7 occurrences dont V, 398, 426, 432 et XII, 233 : ‘Si vous saviez comme il est bon de ne rien faire et de vivre un peu de la vie du pur bipède, comme les canards que je vois de ma fenêtre dans le bassin’, novembre 1877 à E. Bailly), de pintades, de dindons et d’oies (t. V, 398 ; VI, p. 15) de coqs (t. V, 291, 424 ; VI, 89 ; VII, 115), de poules-poulets (espèces : Crève-cœurs, fléchois : t. III, p. 488 ; t. V, p. 291, 395, 398, 424, 426, 432 ; VI, 392 ; VII, 25), de pigeons (t. II, p. 97), d’ânes, de bardes t. V, p. 340) et ânesses (cf. Nonotte, celle d’Auteuil), de chèvres (t. V, p. 318), de taureaux, de che-

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vaux, de bœufs, de vaches et veaux (t. VI, 253 ; IX 257, 339 ‘veau gras’), de porcs et cochons (t. II, p. 358 ; X, 375 ; XIII, 350), de moutons, de chiens (barbet, épagneul à poil long et frisé : t. A., p. 623 ; levrette : t. A, p. 670, 793 ; t. V, p. 291 ; t. VI, 281 ; IX, 217), de lapins (t. VII, p. 404 ; la peau de lapin est utilisée pour sa fourrure : XII, 63), de chats (t. A, p. 530 ; t. V, p. 291 ; IX 217), d’escargots (t. A, p. 674), mais aussi de serpents (XII 253), de sangsues, de rats (VII, 120), de souris et même d’animaux fantastiques ou mythologiques (dra-gon, phénix)… Au total un bestiaire développé ! Le P. d’Alzon estime aussi que le Parlement français ne manque ni de bœufs, ni d’ânes ni de mulets (IX, 263) !En ce qui concerne les taureaux, leur élevage est traditionnel, de temps immémorial, dans la plaine de la Ca-margue. Leur viande est appréciée, mais aussi leur usage pour jeux et combats. C’est en 1863 que fut réta-blie à Nîmes la pratique espagnole de la corrida avec mise à mort : « Di-manche, il y avait grand spectacle aux Arènes ; on a tué sept taureaux, qui fuyaient les coups et avaient la plus grande envie de vivre. A la bou-cherie, on n’eût pas mieux fait » : lettre du 13 mai 1863 à Vincent de Paul Bailly dans Lettres du P. d’Alzon, t. IV, p. 294. Anthologie alzonienne, t. II, chap. 39, pages 193-196 (Au cœur des Arènes : tauromachie et corrida 1866).14) Lettres du P. d’Alzon, t. XIV, page 434 n. 1. On évoque des cygnes et des paons (XII, 467) à Lavagnac.15) Blés est un terme générique, mais il existe des variétés locales comme le roussillon, la touselle (épi sans barbe : III, p. 283). Le P. d’Alzon sait qu’en Orient on fait du couscous avec de la semoule de blé dur (t. IV, p. 356). Le muid est une unité de me-sure qui équivaut à 114 litres dans le Languedoc ; le setier ou sèterie (sé-terée) est une mesure agraire encore utilisée. Unités, poids et mesures au système décimal sont des décisions encore récentes de la Ière Répu-blique et de la Révolution, envers lequel le monde paysan résiste.16) Par contre, même si le P. d’Alzon appréciait de temps en temps un

bon cigare, il n’est dit nulle part qu’à Lavagnac on ait cultivé la feuille à tabac. De même il n’est pas fait men-tion de riz, culture qui allait être for-tement développée en Camargue, après les premiers essais de rizière entrepris par Etienne Noël Godefroy (1795-1847) dans les années 1840 (Domaine de Paulet).17) C’est un parent du P. d’Alzon qui a popularisé la culture du chasselas dans le Midi. « Nous avons des rai-sins gros comme ceux de la Terre Promise » : t. V, p. 135 (en septembre 1864). D’Alzon fournissait du vin de sa propriété agricole de Montmau aux congrégations de l’Assomption qui en souhaitaient : t. VI, p. 145, t. VII, p. 51. En VII, 165, il est question de ‘nouvelle maladie de la vigne’. S’agit-il déjà du phylloxéra dont il sera abondamment question à partir de 1874 ? (ex. X, 325 ; XI, 342 ; XII 71, 74, 576 ; XIII, 343).18) L’ègue (t. III, p. 282) est un cheval de trait, transformation méridionale du latin equus. 19) Miss Flora (t. A, 670, 793 : chienne d’Augustine d’Alzon), Pataud (t. C, p. 635 : chien de Mme de Puy-ségur à Paris), Fido (le chien de Saint-Coux: t. V, 201 ; VI, p. 65 ; XI 516-517), Spitz (t. VI, p. 31 : peluche ?), Azor et Minet (VI, p.. 229).20) Comporte, synonyme de cornue ou de gerle, est dans le Languedoc une cuve en bois cerclée de fer pour le transport du raisin. Les cabaux sont des biens attachés au bail, aussi bien animaux qu’outils aratoires.21) Procédé de battage des céréales pour séparer le grain de l’épi par fou-lage d’animaux sur une aire t. III, p. 282). On récolte la paille. Le ramo-nétage est le procédé de nettoyage du grain de son enveloppe (pousse) grâce à un appareil à cylindre.22) Pour les petites surfaces à re-tourner, la bêche ; pour les grandes, la charrue (t. II, p. 204 : à M. M-E. de Jésus, 27 février 1857). A remarquer que c’est le méridional déjà cité Lau-gier de Chartrouse qui a développé au XIXème siècle l’usage de la charrue, dite Dombasle (du nom de l’agro-nome lorrain, 1777-1843 qui a per-fectionné cet instrument avec fers, versoirs métalliques allégés), alors que l’araire en bois était encore très

répandu. Il existait depuis longtemps l’araire à coutre (fer tranchant) et l’araire à avant-train.23) Procédé d’amendement des sols lourds, qui consiste à répandre de la chaux en poudre pour les rendre po-reux et fertiles. L’assolement est un procédé de culture par succession et alternance rotative de cultures sur un même terrain. La jachère est l’état d’une terre labourable laissée temporairement en repos.24) On le voit à l’âge de la maturité pratiquer des exercices plus pénibles dans les prés du Vigan, comme ramasser des branches de mûrier : Anthologie alzonienne, t. I, chap. 36, pages 189-192 (Le P. d’Alzon dans les prés).25) « J’ai tiré sur un oiseau de proie au vol quand mon fusil n’était pas prêt, et je l’ai manqué » : lettre écrite vers le 15 décembre 1855 à M. Ma-rie-Eugénie de Jésus (Lettres du P. d’Alzon, t. I, p. 633).26) Il s’agit de piéger certains oiseaux comme les cailles et de les prendre vivants avec un fil à la fois très fin et très résistant. La pratique de la chasse au filet sur le domaine public ou dans des propriétés privées sans autorisation s’apparente au bracon-nage. Emmanuel d’Alzon le faisait sur les propriétés familiales.27) Dans la proche parenté des d’Alzon, on devait aussi pratiquer les courses de chevaux aux différentes allures avec trot, galop, obstacles, comme il le signale allusivement en V, 55 : « J’aurai besoin d’éperon et de cravache » et très nettement en V, 415 : « Emmanuel de Roussy se pré-pare pour les courses de Béziers où il se présentera sur un cheval de mon neveu [Jean de Puységur] avec une casaque soie-bleue, chevron jaune, toque blanche ».28) Le rossignol est un passereau au chant varié et harmonieux ; le serin un chanteur à bec court et plumage jaune ; un courlis un échassier migra-teur à long bec courbe ; un martin-pêcheur, un petit oiseau au corps épais et à long bec, de plumage bleu et roux ; le vautour un rapace de grande taille au bec crochu ; le pin-son un passereau chanteur au plu-mage bleu verdâtre coupé de noir, à bec conique.

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275 ; IX 203, 371 ; XI, 389), orto-lans, colombes ou tourterelles (t. V, p. 390 ; XIII, 33), grives, tourds (litornes) et merles (t. VII, 144 ; XI, 122), auxquelles s’ajoutent les espèces ‘sauvages’ et campa-gnardes, plus ou moins sympa-thiques d’oiseaux, d’insectes29 et autres bestioles : hiboux, chouettes ou crécerelles (t. A, p. 29 ; t. VII, p. 154 ; XII, 338, 594), vautours (t. A, p. 228), aigles (t. V, p. 81, 390 ; X, 161), corbeaux30, grillons (t. A, p. 29), sauterelles (t. A, p. 29), ci-gales (t. III, 348), rats, souris, vers de terre, vipères (t. III, p. 144), mouches de coche et autres (t. III, p. 213 ; t. V, p. 365 ; IX 391), les abeilles-avettes (Instruction capi-tul. de 1868 ; VI, 368) et guêpes (VI, p. 162 ; X, 291 : guêpier), les caméléons (X, 176), les écureuils aux Châteaux (XI, 228) le phénix et la génisse Io mythologiques (t. IV, p. 207 ; IX 415), les puces à Rome (t. VIII, p. 450, 457, 458 ; X, 89), les punaises à Nîmes (t. IV, p. 362), les moucherons, moustiques, taons (VIII, 106 ; IX 415 ; X, 89), les araignées tarentules (X, 106), les crapauds (t. V, p. 164 ; VIII, 443), les lézards (t. VII, 18), les chenilles (XII, 276) les grenouilles et sirènes, sans oublier les bêtes sauvages, fauves et féroces, les renards (t. VI, p. 132), les loups (t. V, p. 220 ; t. VI, p. 132 ; IX 286), les lions, (t. V, p. 390), les tigres (XIII, 403), les ours , les éléphants (VIII, 106) etc….

Une nature d’agrémentLa nature de Lavagnac est aussi une nature d’agrément : parc, al-lées, pièce d’eau, marronniers (t. A, p. 183, 243 ; t. V, p. 248 ; XI, 423), cyprès (t. A, p. 198), pla-tanes (t. A, p. 85 ; à Nîmes : t. III, p. 164 ; t. III, p. 180 ; VI, p. 377), micocouliers31, chênes verts (t. A, p. 28), pins parasols (t. A, p. 480 ;

580), ormeaux et ormes (t. A., p. 493 ; t. IV, p. 316), peupliers (à Nîmes, t. III, p. 220), bosquets, buis, haies, buissons, mousses, lierres, pelouses, plate-bandes. Les parterres sont éclatants de coloris : roses blanches (t. A, p. 51, 56 ; t. B, p. 30 ; t. II, 542 ; t. V, p. 126 ; X, 350, 354, 361 ; XI, 32 ; XII 290 ; XIII, 33), immortelles (t. A, p. 155), lilas (t. A, p. 198 ; t. II, p. 414), acacias épineux (t. II, 468), lys (t. V, p. 124, 126, 195), violettes (X, 361), feuillages aux coloris va-riés, vignes, orangers et camélias (t. XII, p. 74, 231, 368 ; XI, 33). Le château possède des serres et une belle orangerie. Nombre de confi-dences du P. d’Alzon font sentir son attachement à ce lieu enchan-teur32.De plus, du fait de sa proximi-té avec la Méditerranée (Sète, Grau-du-Roi), Lavagnac offre un atout touristique à la mode, celui des plages et des bains de mer, et un éventail d’activités élargi au monde de la mer (pêche, élevage de poissons et de crustacés), de là sans doute quelques notations pit-toresques de la part d’Emmanuel. Il écrit ainsi à Mère M.-Eugénie de Jésus à propos d’éventuelles visi-teuses, en septembre 1864 : « En donnant aux Sœurs un livre sur la conchyliologie et en leur ordonnant de vous apporter une collection, de coquilles ramas-sées par elles, vous leur auriez fait passer d’interminables journées au bord de la mer »33. On trouve quelques noms de poissons et de crustacés dans d’Alzon : morue (au séminaire de Montpellier), ha-rengs (VII, 114), sole (XIII, 144), mollusque, huître (t. V, p. 327 ; VI, 67 ; IX, 36 ; XIII, 388), truites et écrevisses (t. V, p. 385 ; X, 243 ; XII 538), saumons (XI, 61 ; XII, 538), mais aussi carpes, anguilles, thons ou merlans (XII, 538)… (à suivre)

29) Comment ne pas signa-ler les travaux d’entomolo-gie d’un contemporain du P. d’Alzon, Jean Henri Fabre (1823-16915), auteur des Souvenirs entomologiques (1879-1907) ?30) Avant les actuels travaux de restauration de Lavagnac et de son domaine par les frères anglais Cox, nous avons plusieurs fois constaté que les appuis de fenêtre et autres ouvertures de la belle façade du château étaient encom-brés par des nids d’éperviers.31) Le micocoulier du Midi est un arbre de l’espèce orme.32) A M. Marie-Eugénie de Jésus, vers le 16 décembre 1855 : « Adieu, mon enfant. Je pense bien souvent à vous. Je voudrais vous montrer ces arbres, ces champs, ces mon-tagnes qui ont tant de vie et de souvenirs pour moi » : Lettres du P. d’Alzon, t. I, p. 634. Marie-Eugénie de Jésus fit un passage à Lavagnac fin décembre 1855.33) Lettres du P. d’Alzon, t. V, p. 128.

“Du fait de sa proximité avec la Méditerra-

née (Sète, Grau-du-Roi), Lavagnac offre un atout touristique à la mode, celui des plages et des bains de mer...»

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Du 2 au 13 mai, la commu-nauté de Saint Pierre-en-Gallicante à Jérusalem a

accueilli la rencontre de la Mis-sion d’Orient, sœurs et frères, as-somptionnistes et oblates, venus des cinq autres pays de la mis-sion. Leur montée à Jérusalem coïncidait avec le jour de l’As-cension. Comme chaque année, cette rencontre est un temps de partage, d’encouragement et de soutien mutuel. Cette année jubi-laire de la Miséricorde, le Père Angel Macho a animé la journée de retraite avec messe à Geth-sémani et passage de la Porte Sainte. Pour tous, ce fut un temps de grâce et de ressourcement.Le lendemain à Bethléem, la ren-contre avec le Père Jamal Kha-der, supérieur du séminaire du patriarcat latin, a permis d’ap-profondir nos connaissance du monde arabe, où musulmans et chrétiens partagent les mêmes as-pirations. Le samedi, la visite en Galilée a donné lieu à une messe à la primauté de Pierre, au bord du lac, et à une visite à Nazareth sur le retour. Le dimanche matin, Mgr Melki chez les Syriaques catholiques a présenté les Eglises des anciens patriarcats non grecs et a présidé la Divine Liturgie en rite antiochien, différent du rite byzantin auquel beaucoup de nos frères et sœurs sont habitués. Le lundi soir, dans sa conférence Ma-rie-Armelle Beaulieu, rédactrice

en chef de la revue Terre Sainte des franciscains nous a fait part de son dé-sir de bâtir des ponts, en pratiquant les deux com-mandements de Jésus : l’amour notre prochain et des ennemis. Mardi, en fin de matinée, le Père Rafik Nahara, libanais, curé de la paroisse hébréophone de Jérusalem a présenté le monde juif et les quelques chrétiens ayant choisi de vivre dans le monde juif, rejoints aujourd’hui par de nombreux immigrés philippins et érythréens.A cette découverte de la réalité locale s’est ajoutée la présentation des diffé-rentes réalités vécues dans les communautés de la mission, avec une atten-tion particulièrement à la communauté de Plovdiv. Personne ne peut rester indiffé-rent à notre départ de Bulgarie et à la fermeture de la commu-nauté de Moscou de nos Sœurs Oblates. Nous avons rendu grâce pour le passé, vécu ce présent douloureusement, mais embras-sé l’avenir avec espérance. Jéru-salem n’invite-t-il pas en perma-nence à s’imprégner de ce mys-tère de mort et de résurrection ? Notre rencontre avait égale-ment pour but d’exprimer notre contribution à la préparation à nos différents chapitres, pro-vinciaux et généraux. Nos cha-pitres ont affirmé que la Mission

d’Orient faisait partie de nos priorités de congrégation, même après certaines fermetures et surtout lorsque on entend dire que l’on ne trouve pas de can-didats pour cette mission, cela suscite peine et interrogation ! Certes, le terrain de cette mis-sion est une terre aride pour la germination de vocations. Ces pays seront toujours des pays d’envoi en mission où l’inves-tissement en matière d’incul-turation et d’apprentissage des langues reste lourd. Que l’Esprit cependant nous aide à redécou-vrir la beauté d’une Mission si chère à nos fondateurs ! n

La rencontre de Jérusalempar Jean Daniel Gullung

Quinze Frères et Sœurs de la Mission d’Orient, de Russie, de Bulgarie, de Roumanie, de Grèce, de Turquie et de Jérusalem (7 OA et 8 AA), ont été rejoints par les PP. Juan-Antonio, assistant du provincial d’Europe, Marcelo, délégué du Supérieur général et Sr Bernadetta, Supérieure continentale des Oblates, pour leur rencontre annuelle.

Mission d'Orient <<

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16 n juillet 2016 n no 21

LE CHAPITRE GÉNÉRAL 2017 Troisième volet d’un dossier réalisé par Bernard Le Léannec

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10 Cléspour mieux vivre en communauté

01. La saveur et la beauté du mot

02. La communauté apostolique

03. La communauté augustinienne

04. La communauté assomptionniste

05. Le respect

06. La charité

07. La serviabilité

08. L’édification

09. Le dialogue

10. Le pardon et la correction fraternelle

une communauté, ce sont des personnes qui se rassemblent dans un but et un objectif communs. La communauté n’échappe pas à une certaine vision idéale du monde et de la société en quête d’harmonie. Le cœur et l’esprit tendus vers Dieu, mettant tout en commun, assidue à la prière à l’image des apôtres, la communauté atteste par l’amour mutuel de ses membres, de sa quête commune de l’absolu, fondement même de son vivre ensemble.La communauté désigne aussi ce toit commun sous lequel se vit la communio, l’union dans une même foi, la koinônia. Mais il serait faux de le considérer comme une oasis idéale. Sous l’effet de l’Esprit, elle offre à ses membres la possibilité de transformer une réalité humaine en lieu de conversion, en une construction toujours en chantier, en un sillage qui est loin de n’être qu’un long fleuve tranquille... Dans notre congrégation, elle a le visage contrasté de ses 118 communautés réparties aujourd’hui dans 30 pays différents.La communauté est souvent ce vase fragile qui contient nombre d’espérances et exige les soins constants de la patience, de la tolérance et du dialogue. Son icône est partout celle de la Pentecôte, celle aussi du Cénacle et de l’institution de la première eucharistie.

Tous tendus vers Dieu

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18 n juillet 2016 n no 21

LE CHAPITRE GÉNÉRAL 2017

01 La saveur et la beauté du mot

Les mots ont leur saveur et leur beauté. Certains se fanent et deviennent

désuets, d’autres gardent tou-jours leur jeunesse et leur fraî-cheur. Celui de « communau-té » traverse les âges sans trop d’encombre si ce n’est la récu-pération par les uns ou le rejet par les autres. Il vaut la peine de se pencher sur lui comme sur une plante et d’en exami-ner attentivement les formes. I.- La « communauté » trouve son origine dans deux mots latins : la préposition « cum » avec et le nom neutre « mu-nus » qui traduit le sens de la charge ou du devoir accompli, on le comprend aujourd’hui comme la « co-responsabi-lité ». Il a donné lieu à deux adjec-tifs : communis, e : « par-tagé par tous », mais son sens est ambivalent selon qu’il exprime la bienveillance ou la médiocrité, la vulgarité : « c’est d’un commun ! » Ce que traduit l’adverbe « com-muniter » « communément ». et son contraire immunis, e inverse du précédent veut dire « exempté », dans le sens d'être déchargé, l'adjectif fran-çais «immun,-e», devenu rare, et se dit d'un organe immunisé (sous-entendu : dispensé de se défendre contre un agent externe, contre un intrus). Le substantif «immunité» est uti-lisé au sens propre en méde-cine, et au sens figuré ailleurs : « immunité diplomatique, par-lementaire, présidentielle ».II.- «Communauté» provient aussi du substantif latin : mu-nia, munium (neutre pluriel) : « fonctions officielles, charges d'un magistrat, office ». Ne

parle-t-on pas de « belli pacis que munia » « de charges ci-viles et militaires » ?Sur ce pluriel neutre on a bâti un singulier, « munium », qui a la même signification que le grec « leiturgia », qui veut dire « fête publique ». On conserve le mot « liturgie » pour les cé-lébrations cultuelles mais son usage au figuré se retrouve dans le sport, la politique, ou autre et son usage est devenu fréquent dans la presse.III.- Munus, muneris (neutre singulier) : c'est aussi le pré-sent que l'on fait à quelqu'un (remunérer vient de là). Mu-nus se dit aussi d’un «édifice» construit à l'usage du public, surtout pour les spectacles. Et il va donner le municeps, composé de « munia » et de « capio » (= « je prends »), qui désigne le concitoyen qui prend part aux charges col-lectives d'une ville dotée d'un municipe. De là l'idée de «mu-nificence» entendue comme une générosité à destination publique. Munificentia veut dire : «munificence, généro-sité, libéralité». Les munifi-centiae (féminin pluriel) sont les largesses distribuées à bon escient. Dans le mot «commu-nauté», il y a toujours l'idée d'un cadeau public à destina-tion d'une collectivité pour que celle-ci vive en bonne «communauté» d'intérêts et d'objectifs. Ces conditions sont les prémices (premiers germes), mais aussi les pré-misses (premières tentatives) de la convivialité.IV.- « Communauté » vient aussi de communio, « commu-nion » « union à plusieurs », comme pourrait le suggérer

« unio » précédé de « cum, » la dérivée naturelle aussi de « cum + unitas » puis « com unitas », communitas qui de-vient communauté. La « com-munio » est faite de « présents que l'on offre» aux autres, ou que l'on «s'offre réciproque-ment ». La communion chré-tienne n'est-elle pas ce senti-ment chaleureux d'appartenir à une assemblée, le partage d'une richesse en autant de fractions qu'il est possible ?V.- Le latin chrétien désigne le don de la grâce divine par « munus ». Aristote emploie « koinonia » indistinctement pour communauté et commu-nion. De là vient le mot, em-ployé en français, de la « koi-nè » pour désigner la langue grecque utilisée dans le bassin méditerranéen du temps de l’empire romain, l’équivalent de « l'anglais des aéroports » d’aujourd’hui.VI.- Enfin, « munus » pro-vient d'une vieille racine mei -, qui a donné « migrare », « changer de résidence », « s'en aller », « émigrer », et parfois « transgresser », au sens premier du terme : « franchir des frontières » et au sens figuré d'« outrepas-ser ses droits ». Il existe donc une relation sémantique entre « communauté » et « migra-tion » (marcher vers d'autres). Tout cela implique un « mou-vement », qui se dit en latin « mutatio », mot qui a aussi la racine 'mei -. Ainsi, « com-munauté », « municipalité », « municipe » (= maire), « gra-tification », « gratuité », « mi-gration », «mutation» sont des cousins éloignés ! n

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L’Eglise est née lors de la première Pen-tecôte au Cénacle.

La première communauté des apôtres demeura à Jéru-salem dans l’attente d’un retour du Seigneur. Les apôtres, les saintes femmes et les disciples, témoins des premières apparitions de Jésus, pensaient ce retour définitif imminent. Pour s'implanter à Jérusalem, les apôtres pour la plupart Galiléens avaient dû vendre leurs biens immobiliers au bénéfice d’une caisse com-mune et menaient une exis-

tence communautaire dans la prière, comme le rapporte Saint Luc dans les premiers chapitres du livre des Actes (2, 42-47 ; 5 12-16). C’est cette communauté primitive de Jérusalem qui servira de modèle à la vie religieuse en Orient comme en Occi-dent. S’ils résidaient dans des maisons particulières, ses membres partageaient leurs repas ensemble no-tamment « le repas frater-nel » au cours duquel ils rompaient le pain (eucha-ristie). Le livre des Actes nous rapporte leur nombre,

120 environ. A la base de la communauté, il y avait donc la mise en commun des biens. Toute fraude était vue comme un scandale parfois châtié de façon im-pitoyable (Ac 5, 1-11). Re-fuser le partage, c’est don-ner prise au mensonge et à l’esprit de division. C’est ce qui explique l’intransi-geance de Pierre qui sonne comme une sévère mise en garde parce qu’il craignait par de telles dérives la mise en péril de la communauté.La communauté aurait eu une structure à trois

étages : une sorte de tiers ordre partageant les exer-cices communautaires de piété, le groupe des saints qui avaient renoncé à leur autonomie financière et le groupe des douze qui, sous la direction de Pierre, gérait la communauté et se char-geait de ses relations exté-rieures.Mais les premières persé-cutions provoquèrent la dispersion notamment vers la Samarie (Ac 8 5- 25) et la mise à mort de Jacques, frère de Jean (Ac 12 1-19) et le départ précipité de Pierre à cause des persécutions poussèrent la communauté vers de nouveaux espaces, d’abord auprès des juifs de la diaspora puis auprès de leurs sympathisants venant du paganisme.C’est la communauté de Jé-rusalem qui posa les bases du christianisme. Elle est à l’origine de l’Eglise (ekke-sia) et du rassemblement du nouvel Israël. C’est elle qui nous invite à entrer dans ce mouvement qui consiste à laisser l’Esprit œuvrer en nous pour pro-longer la mission du Christ. Ces temps se perpétuent encore aujourd’hui, comme le rappelle le concile Vati-can II dans chaque cellule d’Eglise, chaque commu-nauté chrétienne, à fortiori dans chaque communauté religieuse qui trouve dans la communauté apostolique la source de son inspiration. n

02 La communauté apostolique

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20 n juillet 2016 n no 21

LE CHAPITRE GÉNÉRAL 2017

03 La communauté augustinienne

tiones in Ps 99, 19) Dans la communauté se côtoient les saints et les faux frères. Saint Augustin le sait et le fait savoir. La communauté augustinienne comprend les constantes suivantes : - elle est fondée sur la mise en commun des biens, la capsa communis, la bourse commune, sans tricher, ni dissimuler ; - elle a pour but de consti-tuer une famille construite sur l’amour et la participa-tion de tous ses membres : « Vous habitez vraiment ensemble que si vous êtes unis de cœur. »- son idéal est la commu-

nauté apostolique, mais aussi celle que nous offre le Ps 132 : « Qu’il est bon, qu’il est doux, pour des frères d’habiter ensemble. »- ses membres doivent de-mander au travail des mains le plus clair de leur subsis-tance (De opere monacho-rum, écrit en 401).- servir avant tout l’inté-rêt commun (Lettre 211 de 423) et faire régner un esprit de liberté et non de servilité (non pas répandre la bonne odeur du Christ servilement, mais libre-ment parce qu’établis dans la grâce » (Lettre 211, et Règle 8).- la communauté doit ras-sembler « les amants de la beauté spirituelle et de la sagesse » : «Vivez en amants de la beauté spiri-tuelle, » conclut la règle. Cette philocalie se reçoit dans la prière et la commu-nion au Christ ressuscité, mais aussi au travers de la pratique de la charité fra-ternelle, de la quête d’uni-té, de l’attention à chacun et en particulier aux plus fragiles, sur lesquelles la Règle insiste beaucoup. (Règle, chap. 8, 1). n

«Avant tout, vivez una-nimes à la maison, ayant une seule âme

et un seul cœur tournés vers Dieu », tels sont les mots qui ouvrent la règle de Saint Augustin en vue d’établir la communion et la concorde. L’évêque d’Hip-pone évoque la vie com-munautaire comme un port dans lequel le vent pénètre, où les bateaux risquent de rompre leurs amarres et se heurter les uns contres les autres. « Que les navires dans le port s’aiment entre eux, qu’ils sachent rester l’un près de l’autre, en évi-tant de se heurter ; qu’il y ait entre eux l’égalité de l’équité et la constance de la charité ; et chaque fois que le vent vient à faire irruption par l’entrée du port, que le maître d’équi-page sache manœuvrer avec prudence. » (Enarra-

Le cHaMp, La MeuLe eT Le LiTSaint Augustin le Lun-di Saint de l'an 407 (8 avril) prononce une homélie sur le psaume 132 dans laquelle il évoque les trois lieux du Jour de l’avènement du Fils de l’Homme décrits dans l’évangile (Mt 24, 18 ; Lc 17, 31-35) : le champ, la meule et le lit qui représentent pour lui les clercs, les laïcs et les moines. Aucun n’échappera au jugement de Dieu. Le champ, ce sont les clercs gouvernant l’Eglise qui est comme un grand champ à moissonner. La meule, ces femmes en train de moudre, ce sont les laïcs, les gens du monde qui tournent dans le monde comme dans un moulin, comme une meule mais malheur à ceux qu'elle brise ! Les fi-dèles y sont de telle sorte, que l'un périt et l'autre se sauve. Enfin le lit symbolise le "re-pos" qui caractérise la vie des moines, vivant loin de la foule et du tumulte du monde pour servir Dieu. La vie communautaire ne dispense pas ceux qui la mènent de la prudence et de la vigi-lance.

?

pour aller plus loin

Voir St Augustin, La vie communautaire. Traduction annotée des Sermons 355-356 par Goulven Madec. IEA, 1996, dans Itinéraires augustiniens, N° 26 de juillet 2001, et Ces frères que tu nous as donnés, textes d’Augustin présentés par Sœur Douceline, 1983.

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avons de vie fraternelle et de vie communautaire. Le vivre ensemble à l’Assomption des origines qui visait par son exemplarité à évangéli-ser garde toute sa pertinence aujourd’hui. « Elle évangé-lise chacun de nous ; nous avons à être « évangélisés » sans cesse ; mais elle devrait être un signe, un levain dans notre société ». En filiation directe avec l’approche au-gustinienne, la communauté assomptionniste se définit comme apostolique (R.V. 1). Elle n’encourage pas l’individualisme des options apostoliques au gré des cir-constances et des goûts de chacun. Si les choix apos-toliques veulent être signes de l’avènement du Royaume (R.V. 4), ils doivent être déterminés en communauté. Portant le souci du service de la vérité et de la charité (R.V. 5) la communauté donne le

témoignage de l’uni-té qui a sa source en Jésus-Christ en l’attestant par ses choix, le rythme de ses exercices, de ses rencontres, particu-lièrement son cha-pitre local, la qualité de son accueil et de son partage frater-nel, de son attention aux personnes et aux besoins de chacun (R.V. 28) : « La qua-lité de sa vie et de son action, témoigne de la Bonne Nou-velle. » (R.V. 19). Si le P. d’Alzon insiste sur les deux sœurs que sont l’austérité

et la prière dans la vie com-mune, la Règle rappelle que la condition économique de la communauté doit être le souci de chacun (R.V. 29). Elle insiste sur la nécessité d’une vie sobre et modeste (R.V. 30), sur une pauvreté fondée sur le partage inté-gral, comme premier signe de communion (R.V. 31) et sur le respect de la création (R.V. 32). Chaque religieux est responsable de la bonne marche de la communauté (R.V. 67)« L’édification, la charité, le respect, la serviabilité sont quatre éléments fondamen-taux de nos relations entre religieux. Que s’ils sont maintenus, la communauté grandira en union et en fer-veur, et donnera tous les fruits que Notre-Seigneur a le droit d’attendre d’un champ aussi bien cultivé par sa grâce. » (ES 576). n

« A s s o m p t i o n n i s t e s nous sommes des reli-gieux vivant en com-

munauté apostolique », en vue « de l’avènement du Règne de Dieu en nous et autour de nous » (RV 1). Dans nos textes antérieurs, nous ne trouvons rien de comparable au chapitre II de notre livre de Règle sur la vie commune, même si le Père d’Alzon a souligné « l’excellence de la vie com-mune » (ES 389) toujours en référence à la communauté apostolique (Ac 4, 32) et aux initiateurs du monachisme. Si le mot « communauté » apparaît 73 fois dans le ca-téchisme de l’Eglise catho-lique, il se trouve 558 fois dans le corpus des écrits du Père d’Alzon. Mais l’on peut dire que de l’intuition expri-mée par le Père d’Alzon sur la vie commune, est pas-sée dans ce souci que nous

coMMenT SorTir DE Sa CitaDELLE ?La réponse que donne le P. Hervé Stephan est tou-jours actuelle : « J’insiste sur un point difficile, mais capital, c’est pour s’aimer que des frères sont réu-nis. Or l’amour fraternel, comme tout amour, exige une libération quoti-dienne, un recommence-ment, à chaque rencontre. L’Evangile le plus élé-mentaire nous incite au pardon 77 fois 7 fois, à la miséricorde et, pourquoi pas, à la tendresse ? Ne jamais renoncer, c’est le signe le plus évident de notre foi en la résurrec-tion. » (3 octobre 1976, Documents Assomption, 1975-1976, p. 50.)

?04 La communauté assomptionniste

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22 n juillet 2016 n no 21

LE CHAPITRE GÉNÉRAL 2017

Le mot « respect » vient de respicere, et est formé sur le radical de specere

(« regarder ») et du préfixe 're' exprimant le fait de regarder en arrière, de se retourner pour re-garder l’autre et de le prendre en considération.La dernière livraison de la revue Christus, n° 250 d’avril 2016 est consacré au respect sous le titre : « donner la première place à l’autre ». Le respect est un lien social fragile et complexe. Dans un monde pluraliste, qu’est-on prêt à respecter ensemble ? Dans l’Evangile, le geste qui le carac-térise le plus est celui du lave-ment des pieds remis à l’honneur par le pape François, un geste qui fait de l’autre un plus grand que soi (R. de Maindreville). « Le respect se reçoit, s’apprend, s’éprouve à travers un projet collectif, » écrit Etty Hillesum, la mystique juive néerlandaise dans son journal intime. Il s’agit d’un rempart contre la haine collective : « poison dans nos cœurs », mais aussi contre l’é-goïsme et la cupidité. Il est à la base de l’Alliance et la première marque d’amour, « un déjà-là de l’humanité nouvelle ». Dans les relations humaines, le respect marque une limite à ne pas fran-chir et dessine un espace sacré inviolable entre moi et l’autre, reflet du respect que Dieu voue à toute sa création. Il n’est ni le fruit d’un intérêt calculé, ni le résultat d’une injonction sociale. C’est un sentiment spirituel, une manière de se tourner vers l’autre, le fondement de toute vie sociale. Comment avoir confiance en soi si l’on ne se sent pas suffisamment reconnu

devant l’enchevêtrement de ri-valités, d’intérêts et de pratiques culturelles ou religieuses diffé-rentes ? Le respect, ce sont ces trois mots de la bonne éducation que le pape François nous invite à avoir toujours en mémoire : «S’il te plaît», «merci», «par-don», les règles de la politesse et du savoir vivre ensemble. Il trouve sa source dans le respect que Dieu a pour l’homme. Au livre de la Genèse, son Esprit est à l’origine du tout premier geste de respect (Gn 3, 21). L’Evan-gile ne cesse de mettre en scène le respect de Jésus pour l’autre qui n’est rien d’autre que le temple de Dieu.Le Père d’Alzon déclare sans détour : « N’espérez rien d’une communauté où l’on ne se res-pecte pas. Le respect est une des conditions les plus essentielles de la vie en commun pour des religieux. » (ES 573-574) Puis il développe son argument en trois points : « Le religieux ir-respectueux pour ses frères ne se connaît pas, ne les connaît pas et ne connaît pas l’honneur qui lui est fait, quand on l’admet en pa-reille société. » Pour lui, cette at-titude exige avant tout de ne pas porter de sentence à la place de Dieu (Mt 7, 1) et de se deman-der si « la destruction du respect n’est pas un travail qui tend à faire ressembler le ciel anticipé de la vie religieuse à l’enfer. » Il rappelle aussi que la commu-nauté est un lieu où l’on tend à la perfection et où l’on se cor-rige pour y parvenir. « L’Eglise est la grande école du respect et si celui-ci se perdait, il devrait se réfugier dans les couvents comme dans un sanctuaire. » Il

veut par là rappeler la règle du respect mutuel et de l’estime dans l’exercice de l’obéissance (Règle de Saint Augustin Chap. 7, 1, 3) principe que nous retrou-vons dans la Règle de vie en référence tant aux personnes aux espaces de la communauté des temps et des lieux consacrés à la prière.(R.V. 8, 10, 20). n

05 Le respect

Le jardin des délices par Jérôme Bosch (1503), Musée du prado, Madrid, partie gauche: l'eden.

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« La charité s’élance merveilleusement vers les hauteurs quand elle

se laisse miséricordieuse-ment attirer en bas vers les misères du prochain ; et plus elle descend avec amour vers les faiblesses, plus elle re-prend avec vigueur sa course vers les sommets », dit St Grégoire le Grand1. Voici le tableau de la sainte charité que nous brosse Saint Augus-tin qui reflète sa quête et son aspiration dans la vie com-munautaire : « La charité est gardée principalement. A la charité se conforme la nour-riture, à la charité le langage, à la charité la tenue, à la cha-rité le visage. On s’unit et on se tient en une seule charité. On considère qu’offenser la charité est comme offenser Dieu. Si une chose s’oppose à la charité, on la repousse et on la rejette. Si quoi que ce soit la blesse, on ne laisse pas durer ce mal un seul jour. Ils savent qu’elle a été tellement recommandée par le Christ et les Apôtres, que si elle seule manque, tout est vide ; si elle est là, tout est plein. »2

C’est aussi dans cette ligne que se situe le Père d’Alzon : « Que tous s’appliquent donc à avoir les uns pour les autres une charité pleine de ten-dresse, d’estime, de respect, de gravité ; qu’ils voient dans les membres de notre petite Société les images vivantes de Jésus-Christ, les temples du Saint Esprit, les enfants de la Sainte Vierge, notre com-mune Mère. Qu’ils fuient toute familiarité inconve-

nante, toute affection particulière qui est la peste des com-munautés, toute antipathie qui tendrait à dénouer les liens d’une sainte affection, toute parole bles-sante, tout rapport capable de produire des discussions scan-daleuses. » (ES 70)Pour que la charité règne dans une commu-nauté, dit le P. d’Alzon, il faut que chacun y mette du sien : « Oui, rien n’est bon comme une communauté où l’on s’aime, mais pour cela il faut que tous y mettent du leur » (ES 571) et qu’elle s’étende à tous et non à un cercle fermé, car c’est pour tous que le Christ a versé son sang. Telle est la raison pour laquelle il doit y « avoir ces sentiments pour les âmes avec lesquelles il est appelé à vivre en famille. » Cette affection communautaire chez le P. d’Alzon est faite de grande franchise et de grande loyauté, basée sur l’estime et un a priori sympathique et conduire à la plus grande fidélité : « Heureux le frère fidèle qui ne se décourage ni ne se rebute envers un frère qui se blesse, soit par l’effet d’un malentendu, soit par les suites d’une inconstance qui est la conséquence des misères du cœur humain. » (ES 572)Au chapitre VII du Direc-toire, le P. d’Alzon la pré-sente comme « un grand

mystère d’unité : unité de tous les membres de la sainte Cité ; ineffable unité pleine de cordialité » : « Si l’amour des âmes est un des caractères distinctifs de notre petite famille, les reli-gieux doivent surtout aimer les âmes de leurs frères et de leurs Supérieurs, comme aussi les Supérieurs doivent avoir une affection particu-lière pour les religieux qui leur sont confiés. Que tous s’appliquent donc à avoir les uns pour les autres une charité pleine de tendresse, d’estime, de respect, de gra-vité ; qu’ils voient dans les membres de notre petite So-ciété les images vivantes de Jésus-Christ, les temples du Saint Esprit, les enfants de la Sainte Vierge, notre com-mune Mère. » (ES 70). n

Cf. La spiritualité de l’As-somption par le P. Athanase Sage, (Série Centenaire, n° 10) 82-88, 95-99)

06 La charité

1) Cité dans Vita consecrata, n° 822) De Mor. Eccl. Cath. 1, 33, 70-73, BA 1, 237-245.

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24 n juillet 2016 n no 21

Pendant le lavement des pieds, Jésus dévoile la profondeur de l’amour

de Dieu pour l’homme. En Lui, Dieu lui-même se met au service des hommes ! Il révèle en même temps le sens de la vie chrétienne et, à plus forte raison, celui de la vie consacrée, qui est une vie d’amour oblatif, de service concret et généreux1.Se mettre, comme lui, au service de Dieu et de ses frères, telle est l’attitude de service qui doit ins-pirer tous nos choix. «Ce service montre à l’évidence combien la vie consacrée manifeste l’unité du commandement de l’amour, dans le lien indissoluble entre l’amour de Dieu et l’amour du prochain.»2

Pour réagir à une société de plus en plus individualiste et indiffé-rente, se multiplient des regrou-pements pour manifester une so-lidarité avec les pauvres, les sans voix et les laissés pour compte de toutes les catégories. La vie reli-gieuse est un des lieux privilégiés de cette réaction. Le Père d’Alzon voit comme élément de base de la vie commune et des relations entre frères le service demandé et rendu. Le religieux est quelqu’un qui se laisse déranger et qui a la simplicité de solliciter l’aide de ses frères. « Se vaincre, s’oublier pour rendre service » insiste-t-il dans la 31° méditation sur les relations entre religieux (ES 575) Cette collaboration des religieux aux services communautaires s’est inscrite dans le droit (can 608, 665) pour manifester com-bien cet aspect touche à l’iden-tité de la communauté religieuse. Se faire exemple de service et se

mettre à la dernière place celle du serviteur (Lc 14, 7-11), parce que c’est sans doute la plus noble, dit St Augustin.Le religieux vivant en commu-nauté l’exerce de façon naturel : « le service en servant, l’ensei-gnement en enseignant, l’exhor-tation en exhortant, le don sans calcul, la miséricorde rayonnante de joie (cf. Rm 12, 5-8) » (Perfec-tae caritatis, n° 8) les religieux, sous la motion de l’Esprit Saint se soumettent dans la foi à leurs supérieurs, qui sont les représen-tants de Dieu, et ils sont guidés par eux au service de tous leurs frères dans le Christ comme le

Christ lui-même qui, à cause de sa soumission au Père, s’est fait ser-viteur de ses frères et a donné sa vie en

rançon pour la multitude (cf. Mt 20, 28 ; Jn 10, 14-18). Ils sont liés ainsi plus étroitement au service de l’Église et tendent à parvenir à la mesure de la plénitude de l’âge du Christ (cf. Ep 4, 13)... Les supérieurs « exerceront l’auto-rité dans un esprit de service pour leurs frères, de manière à expri-mer l’amour que le Seigneur a pour eux. « (Perfectae caritatis, n° 14) « L’autorité selon l’Evangile est toujours un service. »3

La communauté religieuse dite « apostolique » « augustinienne » et « assomptionniste » est vouée au service actif du prochain, ser-vice caractérisé par son charisme propre. Dans notre règle de vie, il est cité 17 fois et associé à la charité, à l’unité, à la vérité, mais également à la vie apostolique, à la promotion d’autrui, au service du Père et de l’Evangile. n

07 La serviabilité

Jésus, se présentant sous les traits d'un pélerin, se laisse laver les pieds par Saint augustin.

(Gravure a.Bon enfant), Boetius Bolswert, 1624

LE CHAPITRE GÉNÉRAL 2017

1) Vita consecrata, n° 752) Vita consecrata, n° 1, 53) La vie fraternelle en communauté « congregavit nos in unum christi amor », n° 49

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08 L’édification, un des caractères de l’Assomption

Pense aux autres...Si le fardeau est trop lourd pour toi,Pense aux autres....Si tu ralentis, ils s'arrêtent.Si tu faiblis, ils flanchent.Si tu t'assoies, ils se couchent.Si tu doutes, ils désespèrent.Si tu critiques, ils démolissent.Si tu marches devant, ils te dépasseront...Si tu donnes ta main, ils donneront leur peau...Et si tu pries, alors ils seront des saints.Pierre Gilbert

« Les formes adoptées pour la com-munication des dons spirituels peuvent être diverses. Outre celles

qui ont déjà été signalées (le partage de la Parole et de l’expérience de Dieu, le discernement communautaire, le projet communautaire), on peut rappeler aussi la correction fraternelle, la révision de vie et d’autres formes traditionnelles. Ce sont des façons concrètes de mettre au service des autres les dons que l’Esprit accorde abondamment et de permettre qu’ils se répandent dans la communauté pour l’édification de celle-ci et pour sa mission dans le monde. »1

Le Père d’Alzon aime à dire que les rela-tions entre religieux sont fondées sur le devoir d’édification mutuelle (ES 569). La vie commune a-t-elle un autre but si ce n’est au quotidien de tendre ensemble à la perfection ? On entre dans la vie religieuse dans le but de se sanctifier en compagnie de frères : « Le quatrième vœu m’oblige à les sanctifier autant qu’il dépend de moi », écrit-il en poursuivant : « Quel est le saint qui a aimé Notre-Sei-gneur et qui n’a pas aimé ardemment de lui attirer des âmes, soit par la prière, soit par l’austérité, soit par la parole ? » (ES 107) Il encourage à ce que la piété

soit l’âme de la conversation et qu’elle ne donne pas de place à la « conversa-tion mondaine. » (ES 108) « Ils vous édi-fient : édifiez-les à votre côté, et souve-nez-vous vous que, si leur conduite vous est une prédication vivante, bien plus puissante que celle de la parole, cette prédication, ils sont en droit de la récla-mer de votre part. » (ES 569-570) « Un bon exemple n’est jamais de trop » dit –il encore aux tertiaires hommes du Collège de l’Assomption dans une instruction du 7 mai 1855). Une autre fois, le 20 mars 1854, il parlait encore de cette édification à propos de la piété : « Si nous restons solitaires dans notre piété, si nous nous isolons dans nos bonnes intentions, nous contenant de cette manière d’être ver-tueux, nous nous abusons. La vertu doit être « sociale » ou plutôt pour rester dans le beau sens du mot, elle doit être « religieuse » (religare) c.a.d. lier les âmes entre elles et les relier à Dieu : elle avance, elle fait avancer. »Aux religieuses de l’Assomption, au cours de la retraite qu’il leur donne à Auteuil en août 1872 (Cahiers d’Alzon VIII, p. 166-176), il explique que ce devoir d’édification est lié à un des caractères de l’Assomption, à savoir l’extension du règne de Jésus-Christ : « Si on vous a reçu dans une congrégation apos-tolique, c’est à la condition que vous soyez apôtre, que vous édi-fiez votre prochain, sinon par vos paroles, au moins par vos actes. Cette édification est ce que l’on appelle aujourd’hui le travail d’engendre-ment en référence à saint Paul (Gal 4, 19). n

1) la vie fraternelle en communauté «Congregavit nos in unum Christi amor», n° 32

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26 n juillet 2016 n no 21

LE CHAPITRE GÉNÉRAL 2017

Par bien des aspects, nous n’en finissons pas de dé-couvrir toute la richesse de notre Règle de vie et son lien étroit avec le Christ et son Eglise. Comment

peut-on à la veille d’un chapitre général permettre l’exis-tence d’une opinion publique dans la congrégation ?Le dialogue, haut lieu de l’art de la communication spiri-tuelle, ne serait-il pas devenu un parent pauvre et oublié de la vie sociale et communautaire ? J’aime à me rappeler que, dans notre Règle de vie, le mot « dialogue » intervient trois fois. Tout un symbole puisqu’il renvoie lui aussi à notre spiritualité trinitaire et à toutes les trilogies que nous affectionnons à l’Assomption. On pourrait le comprendre dans ses trois dimensions aussi : verticale, horizontale et intérieure. Il intervient tout d’abord dans notre compré-hension de l’obéissance et de cette relation qui unit le Fils à son Père. Le modèle de l’autorité est incarné par le Père dans son dialogue avec le Fils obéissant. Le fondement

de notre obéissance est celle du Christ à son Père. Si le N° 41 de notre Règle de vie définit la matière de notre vœu d’obéissance, le N° 42 en décrit la quête et le pro-cessus : « tous cheminent en quête de la volonté du Père dans un climat de liberté et de franchise, de confiance et de collaboration, d'initiative et de coresponsabilité. » Le dialogue personnel avec l’autorité doit donc permettre à celle-ci d’exercer le service de la décision. L’instruction de Pentecôte de 2008 de la Congrégation des Religieux : « Faciem tuam, Domine, requiram » (N° 14 § b) rappelle que le service de l'autorité à la lumière des normes ecclé-siales s’exerce à travers le dialogue en conformité avec le canon 601 et que, sans lui, il ne peut y avoir de véri-table communion. Il est la condition qui ouvre la voie à la « sainteté communautaire. » « Dans le climat culturel d'aujourd'hui, la sainteté communautaire peut porter un té-moignage convaincant, plus par le dialogue que le témoi-gnage individuel, s’il manifeste la valeur permanente de l'unité, don laissé par Jésus à ses disciples. Cela est en par-ticulier révélateur dans les communautés internationales et interculturelles qui exigent de hauts niveaux d'accueil et de dialogue. » (N° 19) A la croissance de la fraternité : « l'autorité promeut la croissance de la vie fraternelle à travers le service de l'écoute et du dialogue, la création d'un climat favorable au partage et à la coresponsabilité, la participation de tous à ce qui est commun, le service équi-libré aux personnes et à la communauté, le discernement, la promotion de l'obéissance fraternelle. » (N° 20) La pro-motion de ce climat de dialogue relève de la responsabi-lité de l’autorité (N° 20 b). Saint Benoît préconise dans sa règle un dialogue libre, ouvert, humble et confiant (Règle 68, 1-5.), un dialogue franc et constructif (N° 26). Celui-ci est un travail de chaque instant.A l’Assomption, le dialogue ouvert intervient ensuite dans le volet consacré à notre organisation communau-taire. Au numéro 98 de la Règle, il est mentionné pour qualifier l’esprit qui unit les communautés entre elles. Ce paragraphe rappelle que les visites canoniques constituent pour elles « un temps fort de réflexion et de renouveau. » Ne faut-il pas souligner que, dans une communauté, le dialogue se vit comme instrument de recherche commune de la volonté de Dieu ? Comment répondre aux exigences de la mission, s’il n’existe pas à côté de la communica-tion, de la participation et de la coresponsabilité, cet es-prit de dialogue ? A l’Assomption, cet esprit anime et nourrit la relation entre novice et son maître. (R.V. 141) Comment pourrait-il dès lors ne pas grandir et se développer durant toute la vie du religieux ? n

09 Le dialogue, l’art spirituel de la communication

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Le pardon et la correction fraternelle

La communauté s’apprend dans la joie et dans la dou-leur. Elle est un miracle per-

manent quand le pardon et la correc-tion fraternelle sont vécus en vérité, en profondeur, et par amour. La réconciliation et le pardon sont des expériences fortes qui enrichissent la vie communautaire et la prière quo-tidienne. Nous connaissons tous la question de Pierre à Jésus de savoir combien de fois il faut pardonner : « Sera-ce jusqu’à sept fois? » Jésus lui dit: « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois. » (Mt 18, 21-22) En cette année du Ju-bilé de la Miséricorde, il est bon de se demander si la vie communautaire est bien le lieu où l’on se dit 70 fois sept fois : « Pardon, excuse-moi ! » Sous une forme ou une autre le par-don intervient sept fois dans la règle de St Augustin alors qu’il est signalé cinq fois dans notre Règle de Vie (n° 8, 22, 37, 46, 47). Saint Augustin estime que la correction fraternelle

est un devoir à faire par amour ne visant que le progrès de celui auquel elle s’adresse (Sermon, 82). Il écrit encore : « La personne qui est por-tée à la colère et qui se hâte toujours de demander pardon à la personne qu’elle reconnaît avoir blessée, vaut mieux que celle qui s’emporte plus rarement et ne se presse pas de de-mander pardon » (Lettre 211, 14).Pardonner, c’est porter aux autres l’étreinte de Dieu et devenir les faci-litateurs de sa grâce. (Lettre du Pape François aux consacrés du 2 février 2014)Dans « Contemplez », la dernière des trois lettres de l’année de la vie consacrée publiées par la Congré-gation des Religieux du 15 octobre 2015, au n°73, on peut lire : « Sou-vent, on fait des erreurs, parce que nous sommes tous pécheurs, mais on reconnaît s’être trompé, on demande pardon et on offre le pardon. Et cela fait du bien à l’Église : cela fait cir-culer dans le corps de l’Église la

1) cf. l’art. Correction fraternelle par Marius nepper, in dictionnaire de Spiritualité, col. 2404-2414.

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sève de la fraternité. »La correction fraternelle1 est une démarche dont la procédure fonda-mentale est décrite dans l’évangile (Mt 18, 15-18) sans oublier la mise en garde résumée par Jésus dans l’histoire de la poutre et de la paille (Lc 6, 41-42). La correction frater-nelle d’abord dictée par la « règle d’or » (Mt 7, 12 ; 22, 39) appelle à dénoncer les dérives à la vie évan-gélique dans le respect des normes canoniques et civiles également, non pas pour exercer un quelconque ressentiment mais pour que le vice soit corrigé. Le droit canonique de la vie religieuse reconnaît toujours à l’accusé de récuser les allégations, sachant bien combien, parfois, les frontières entre dénonciation et dif-famation sont ténues.Même si elle n’est pas mentionnée dans notre Règle de Vie, nous la trouvons citée chez le Père d’Alzon comme un devoir communautaire fait de franchise et de discernement, un moyen de refaire l’unité, « un des fruits les plus délicats de la chari-té », (ES 121, 534) « une des choses les plus admirables pour constater l’esprit de charité dans une congré-gation, » (23 janvier 1871), une ma-nière de voir les choses comme Dieu les voit.Dans les Apophtegmes des Pères du désert les exemples fourmillent de cette douceur de la correction fra-ternelle. Citons-en qu’un exemple : Quelques-uns des vieillards vont chez Abba Poémen et lui disent : « A ton avis, quand nous voyons un frère dormir à l’office, faut-il le secouer pour qu’il se tienne éveillé durant la prière ? » Il leur dit : « Moi, quand je vois le frère dormir, je lui mets la tête sur mes genoux et je le fais reposer ». Il n’y a pas de recette, mais il s’agit souvent d’agir comme le sculpteur qui après avoir martelé le marbre, le polit. n

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JUILLET 2016 n no 2128

>> Interview

Quel est l’origine de l’idée de ce congrès ?A l’époque où le P. Richard Lamoureux et Sr Claire Rabitz dirigeaient les Augustins et les Oblates de l'Assomption, ils ont estimé que les deux congrégations du P. d'Alzon devaient redécou-vrir la vision pour deux raisons: 1) en Occident, la montée de la sécularisation et de la modernité; 2) l’ouverture de nouvelles écoles dans le monde, notamment en Afrique, où le personnel n’avait ni formation, ni ressources suffi-santes pour mettre en œuvre cette vision.

Quelles ont été les étapes prin-cipales de sa préparation ?Le P. Richard, Sr. Claire et le Fr. Jean-Michel Brochec ont com-mencé à envisager un congrès international mais ils ont quitté leur fonction avant de mettre en œuvre l’idée. Aussi le Père Benoît Grière élu supérieur général l’a reprise en lien avec la nouvelle supérieure générale, Sr. Felicia Ghiorghies, et m’a demandé de présider un comité chargé d’étu-dier la faisabilité. En 2014, les deux congrégations ont approuvé la tenue d’un congrès pour l'été 2016, travaillé un programme et envisagé tous les aspects de sa réalisation.

Qui sont les premiers concernés ?L’Assomption gère des établisse-ments primaires, secondaires et universitaires. Pour des raisons financières, nous avons dû limi-ter les participants au personnel du secondaire et du monde uni-versitaire, le mieux placé pour transmettre les décisions du congrès

Comment a-t-on choisi le lieu de ce congrès ?Deux sites étaient envisagés : Nîmes, lieu de naissance des deux congrégations, et Worcester, Fi-nalement Assumption College a été choisi pour ses infrastructures et les disponibilités de son per-sonnel. 70 participants, de plus de 20 établissements, le Comité di-recteur, supérieurs généraux, tra-ducteurs, et secrétaires prendront part à ce congrès.

Comment définir aujourd’hui l’éducation ? Que recouvre le mot « éduquer » ?Chez d'Alzon « éduquer» veut

dire bien plus qu’ «enseigner». Cela englobe la transformation de toute la personnalité des élèves en charge et non seu-lement leur personne, mais la société dans laquelle ils sont ap-pelés à vivre et travailler. L'édu-cation ne peut être réduite à la transmission d’un savoir et de compétences aux étudiants. Uti-lisant un passage biblique qui lui est cher, d'Alzon comprend l'éducation à travers les paroles de saint Paul : «J usqu'à ce que Christ soit formé en vous» (Ga 4,19), il s’agit de la personnifi-cation du Christ dans la totalité de l'être humain.

« Jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous »

Le congrès d’éducation qui se tient à Assumption College à Worcester du 17 au 27 juillet 2016 a été préparé de longue date. Le Père John Franck, assistant général chargé de l’éducation a été le maître d’œuvre de

son exécution. Il nous livre les tenants et les aboutissants de ce grand projet.

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Interview <<

En quoi le Père d’Alzon est-il un éducateur pour notre temps ?Pour deux raisons majeures : pour sa dimension morale et spi-rituelle, dimension que le monde occidental laïcisé a éliminé au lendemain de la Révolution française portant atteinte à la nature même de l'homme, par ce qui nous appelons les trois «i », de l’incroyance», de l’indiffé-rence» et l'ignorance». Ensuite, il s’insurge contre la tendance des sphères éducatives modernes à se concentrer uniquement sur la transmission d’un savoir et de compétences qui aboutit au cloi-sonnement des sujets.

Quels sont les grands enjeux de l’éducation pour l’Eglise aujourd’hui dans le monde glo-balisé ?En 1990, le Pape Jean-Paul II a publié l’exhortation aposto-lique Ex Corde Ecclesiæ, dans laquelle il expose les principaux défis auxquels doivent faire face les universités catholiques au-jourd'hui : la référence à son ins-piration chrétienne, sa réflexion continuelle à une foi qui éclaire la connaissance humaine avec ses propres recherches; la fidélité à son message chrétien et à l'Église; et son engagement institutionnel

au service du peuple de Dieu et de la famille humaine pour sonner sens à la vie.En 2014, la Congrégation pour l'éducation catholique a publié le document Eduquer aujourd'hui et demain qui énumère aussi ces dé-fis d'aujourd'hui à savoir la liberté du croyant dans un univers plu-rireligieux , la défense d’une an-thropologie qui fasse référence à Dieu, la préparation au leadership de chrétiens dans la société, une éducation à la gratitude, à l’émer-veillement, au questionnement, au désir de justice et de cohérence et à la conscience, au maintien d’une identité catholique dans un monde sécularisé; à la promotion du bien commun face à l'indivi-dualisme, à la recherche d’ensei-gnants compétents et enracinés dans la foi, à l’importance du dia-logue dans un monde globalisé.

L’éducation a-t-elle été défi-nie comme une priorité de la congrégation ?Dès les origines, c’est une prio-rité à l'Assomption. Chez le P. d'Alzon, on la trouvera en tête de liste. Dans ses premières Consti-tutions, il écrit : « Nous proposons plus particulièrement d'étendre le règne de Jésus-Christ par les tra-vaux suivants: 1. L'éducation au

sens large du terme, en essayant de former des chrétiens profondé-ment attachés à l'Eglise. » Le cha-pitre général de 2005 nous rap-pelle que « ce double engagement (à savoir l'éducation et la presse) marque notre histoire» (n ° 37) et le chapitre 2011 déclare que : « pour évangéliser nous insistons sur l'éducation ... » (n ° 16).

Comment va se dérouler ce congrès ?En trois temps, suivant le modèle classique du «voir, juger, agir ». D’abord les différentes insti-tutions se présenteront mettant l'accent sur la question de savoir comment mettre en œuvre une éducation assomptionniste au-jourd'hui. Puis la deuxième partie sera divisée en deux temps : cinq courtes présentations de textes du P. d’Alzon sur sa vision de l'édu-cation ; puis sur la base de débats préalables sera réalisée un projet contenant les éléments consti-tutifs d’une éducation assomp-tionniste au 21ème siècle. La troisième partie sera consacrée à la mise en œuvre de cette vision à travers l’élaboration d’instru-ments de travail.

Quel est le but recherché et les perspectives de ce congrès ?C’est d'identifier ces éléments fondamentaux de la vision éduca-tive de d'Alzon pour les traduire dans une charte de principes qui guide toutes nos institutions. Le congrès espère familiariser les participants à la vision de d'Alzon et leur faire bénéficier du réseau de nos écoles à travers le monde. Espérons que ce Congrès four-nisse à chacun une passion renou-velée, une identité et une orienta-tion claire en matière éducative. n

Bernard Le Léannec

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JUILLET 2016 n no 2130

>> Témoignage

Osamu Tanimoto est un jeune japonais. Il fait partie de ces nouveaux

convertis au parcours surprenant. Il partage aujourd’hui la vie de la communauté de Florence. Fils d'un ingénieur électricien de To-kyo, il découvert la foi en étudiant la peinture de la Renaissance à Florence et rejoint un groupe d’artistes qui découvrent le catho-licisme. Il a grandi au sein d’une famille japonaise ordinaire sans doute influencée culturellement tant par le bouddhisme que par le shintoïsme. Son père est pro-fesseur en ingénierie, sa mère au foyer. Il est le cadet des trois gar-çons. Son frère aîné est consultant dans une entreprise et le second employé de banque. Rien à voir avec l'art. Son père ne comprend pas bien pourquoi il y consacre son temps... jusqu'au jour où il réalise une œuvre : le retour de l’enfant prodigue. Selon lui, l'art contemporain nous pousse à nous demander si les artistes sont justes des gens sans compétence ou des personnes éprises de vérité et la beauté.Osamu a étudié à l'Université Waseda à Tokyo et s’est plon-gé dans le théâtre. Il est passé à l'Université Temple pour pouvoir étudier à l'étranger. Il rencontre alors son professeur de pein-ture Walderedo qui peint la forêt

amazonienne et les Amérindiens dont il étudie la philosophie de l’amour de la nature. Il s’initie à la restauration des œuvres d’art et la même année, il rejoint la nouvelle Académie russe d'art à Florence pour étudier le dessin avec Sergey Chubirko et la pein-ture avec Svetlana Trekhina. Il décroche son diplôme en 2014 avec son tableau « Le retour du fils prodigue ». La peinture devient pour lui une fenêtre sur l’éternité. Mais c’est le mystère de la résurrection que le fascine et le conduit à croire en Celui qui nous en ouvre le chemin. « C’est un événement unique qui inverse

les perspectives du regard, dit-il en ajoutant, l’art est une voie qui ouvre à la compréhension du christianisme. » Au bout de six ans et demi passé à Florence, une ville parée d’églises plus belles les unes que les autres, il peut choisir comme il veut l’heure à laquelle il se rend à une messe quotidienne. Pour lui les peintres de la Renaissance italienne ont glorifié le corps humain, création de Dieu qui en est le sommet. Elles l’ont conduit à s’émerveiller davan-

tage des mots de St Paul « Ne sa-vez-vous pas que votre corps est un temple de l’Esprit qui est en vous et que vous tenez de Dieu ; » (1 Co 6, 19) Son rêve serait de peindre, une par une, toutes les scènes de résurrection que relate l’Evangile, et qui sont tellement liées à sa conversion personnelle : « Tenez, la résurrection de la fille de Jaïre. Jésus la sort de la mort. C’est exactement ce qu’il a fait pour moi. Et je veux transmettre cette expérience par la peinture. » C’est naturellement qu’il com-prend que sa perception rejoint la réaction simple, humaine et spontanée des parents à qui Jésus rendait la jeune fille. Saisir cette émotion pour la transmettre à nos contemporains, à tous les Thomas de notre temps qui veulent voir et toucher Jésus avant de croire en sa résurrection.Osamu soudain s’est tu, un regard de paix, un sourire a envahi son visage... conscient sans doute que c’est le bruit du silence qui permet le mieux de traduire les traces de Dieu. Sans mot il a poursuivi son travail de restauration d’une statut de la Vierge qui orne le haut des escaliers de la communauté. n

Conduit à Dieu par les grands peintres

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Publications <<

a noter§ Le T. 73 (année 2015) de la Revue des Etudes byzantines consacre toute une étude tout à fait passionnante de la loca-lisation du sanctuaire de sainte Euphémie à Kadiköy, l’ancienne Chalcédoine sous la signature du Père Yves Plunian (pp. 265-291) et donne également en fin de volume une biographie détaillée du P. Christopher (Julian) Walter (1925-2014) accompagnée de sa bibliographie com-plète et signée par le Père Albert Failler (pp. 469-477).

docteur en droit canoniqueLe Père Louis Martin RAKOTOARILALA (province de Madagas-car) a soutenu à l’Université Grégorienne de Rome le 27 mai 2016 sa thèse de doctorat en Droit Canonique intitulée « Enga-gement des clercs à maintenir la paix et la concorde dans la jus-tice selon le canon 287 § 1 dans la perspective de l’exhortation apostolique « Africæ munus ». Cette soutenance était présidée par le P. Yuji Sugawara, s.j. Doyen de la faculté de droit cano-nique à l’Université Grégorienne, le modérateur en était le P. Gianfranco Ghirlanda, s.j. ancien Recteur de l’Université Grégo-rienne et le P. Benoît Malvaux, Procureur général des Jésuites. Son travail a été salué avec reconnaissance par ce jury et par les membres de la communauté généralice et ceux de la com-munauté malgache de Rome rassemblés nombreux pour cette circonstance exceptionnelle.

Ecrits d’Amérique du Sud

Comment comprendre les choses les plus simples de la vie, si l’on ne découvre qu’elles ne s’éclairent que par

l’événement pascal ? Le P. Marcos Antonio a publié un nou-veau recueil de poèmes intitulé en portugais « Alors nous nous sommes éveillés », poèmes qui veulent avant tout éveil-ler ce regard sur la vie et le monde dont la lumière prend sa source dans la résurrection. Il propose une cinquantaine de poèmes égrainés au fil du temps liturgique qui est un che-min, un espace nous invitant à l’amour. Selon lui, ce temps permet de découvrir la présence mystique de ce quelqu’un, cette présence mystérieuse qui est la clé pour nous ouvrir à la compréhension du monde. C’est à la quête de cette beauté intérieure que se livre l’auteur et à cette transfiguration du monde qui en donne le sens profond. Cette beauté cachée est celle du Christ, le plus beau des enfants des hommes qui réca-pitule en lui toute chose et se fait pour nous « fenêtre ouverte sur l’infini. »

Le 4 juin 2016 a correspondu au 40ème anniversaire de la disparition des Fr. Carlos Antonio et Raúl, victimes de la

violence que traversait alors l’Argentine. Cette date a marqué l’ouverture de la Maison internationale de formation portant leur nom à Santos Lugares. Reprenant en partie l’édition de son livre paru en 1996 sous le titre « En memoria de ellos » [En leur mémoire], le P. Roberto Fabre a voulu y ajouter une réflexion sur le martyre chrétien. Leur témoignage veut rap-peler que, si ces deux frères disparurent à nos yeux, leur sou-venir reste inscrit dans le cœur de tous les assomptionnistes et aide à mieux comprendre sa mission aujourd’hui.

e então amanhecemos, Marcos antônio dias, ed. Scortecci, São paulo, 2015, 66 pages.

carlos antonio y raúl. 4 de juino de 1976. en memoria de ellos, p. roberto Fabre, publicación de los religiosos asuncionistas, Buenos aires, argentina, 2016, 68 pages.

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Composé le 30.06.16ce n. 21 d'AA-Infoest tiré à 220 exemplaires  :160 en français30 en anglais30 en espagnolet 350 envois électroniques.

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Nos Frères défunts

3 Éditorial

Un feu sur la terre

2 officiEl

Agenda4 Appels, Nominations, Agréments

5 afriquE

Kinshasa reçoit le Père Général6 EconomiE

Le Sommet économique de Pinhal Campagne de Solidarité en assomption 2015

8 pagEs d'HistoirE

Promenade écologique dans le jardin épistolaire du P. d'Alzon (3/4)

15 mission d'oriEnt

La rencontre de Jérusalem

16 dossiEr: 10 clÉs pour miEux vivrE En communautÉ

01. La saveur et la beauté du mot

02. La communauté apostolique

03. La communauté augustinienne

04. La communauté assomptionniste

05. Le respect

06. La charité

07. La serviabilité

08. L’édification

09. Le dialogue

10. Le pardon et la correction fraternelle

28 intErviEw

Jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous

30 tÉmoignagE

Conduit à Dieu par les grands peintres

31 publications

32 nos frèrEs dÉfunts

† Le Père Yves GARON est décédé à Québec le 11 avril 2016. Les funérailles ont eu lieu le 16 avril en la chapelle du Centre au Montmartre. Il avait 98 ans.

† Le Père Émile SYLVESTRE est décédé le 12 avril 2016 à Layrac (47). Ses obsèques ont été célébrées le vendredi 15 avril 2016 au prieuré de Layrac. Le P. Émile repose au caveau de la communauté du cimetière de Layrac. Il est mort à l’âge de 94 ans.

† Le Père Alphonse KOCHER est décédé le 1er mai 2016 à Albertville. Ses obsèques ont été célébrées le mercredi 4 mai 2016 à Albertville en la chapelle de la communauté assomptionniste Notre-Dame des Vignes. L’inhumation a eu lieu au caveau de la communauté du cimetière d’Albertville. Il avait 85 ans.