Édito Correcteurs d’orthographe, à qui se fier? … · Pour l’image que l’on va donner de...

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Feuille de route N o 26 / Novembre 2016 www.defensedufrancais.ch ASSOCIATION DÉFENSE DU FRANÇAIS Édito Page 2 Le courrier des lecteurs Page 4 Au fil du temps Page 5 Des fleurs et des orties Page 6 À lire Page 7 Pourquoi un relecteur ou un correcteur ? Pour l’image que l’on va donner de soi, il est essentiel qu’un travail écrit présente une correction irréprochable, que ce soit en orthographe, en grammaire, en conju- gaison, en syntaxe ou en typographie. C’est un gage de sérieux et de crédibili- té auprès des personnes auxquelles il est destiné. Seul l’esprit humain est capable de détecter et interpréter ces habiletés du langage. Le français est une langue riche, dotée d’une orthographe, d’une grammaire et d’une syntaxe peu aisées. Il n’est pas tou- jours évident d’en maîtriser les règles et les exceptions, ce qui fait que les corrections s’avèrent délicates, même avec l’aide des correcteurs orthographiques automa- tiques (gratuits ou payants). Bien souvent, la correction de l’orthographe s’avère in- complète et les logiciels sont inefficaces pour le traitement de la syntaxe et de la typographie. Deux (ou plusieurs) locutions identiques phonétiquement peuvent avoir des sens tout à fait opposés si leur orthographe est différente : En Bretagne, il est bien plus facile de piquer un far que de piquer un phare. Mais que ce soit en mangeant un far ou en montant dans un phare, n’importe qui peut piquer un fard. (source : expressio.fr – Les expressions de la langue française). Relecture assistée par ordinateur (RAO) La relecture assistée par ordinateur, égale- ment connue sous son sigle RAO, est une activité de vérification, facilitée par l’infor- matique, de l’intégrité d’un document en fonction des interventions qu’il a pu subir. Des logiciels spécialisés ont été élaborés et ont pris comme nom cette expression. Ces logiciels de relecture assistée par ordina- teur sont basés sur des algorithmes d’ana- lyse de textes et de comparaison de textes. Ils attirent l’attention du relecteur sur les différences entre deux documents, en pre- nant en compte une typologie intelligente de chaque portion de texte : les différences n’ont pas la même importance en fonction de leurs types et/ou du domaine ou du su- jet des documents. Par exemple, une différence sur un nombre n’a pas la même importance si ce nombre est une date, un prix, un numéro de page, un numéro de figure, une partie d’une adresse, un appel de note de bas de page, un numéro d’item de liste, un numéro de titre, etc. Source : Wikipédia Correcteur, un métier indispensable DOSSIER Correcteurs d’orthographe, à qui se fier? SOMMAIRE L’anglais tuera-t-il le français au Québec ? Invité au Café francophone d’Yver- don, Jean-Pierre Roy a donné aux nombreux participants un éclairage fourni sur la situation du français au Québec. Page 2 Correcteurs d’orthographe, à qui se fier ? Sur le marché de l’informatique, on trouve de nombreux correcteurs d’orthographe. Tous ne sont pas fiables. Notre enquête. Pages 1 et 3 dessin: Vincent Silvetro

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Feuille de route No 26 / Novembre 2016 • www.defensedufrancais.ch

ASSOCIATION DÉFENSE DU FRANÇAIS

Édito Page 2

Le courrier des lecteurs Page 4

Au fil du temps Page 5

Des fleurs et des orties Page 6

À lire Page 7

Pourquoi un relecteur ou un correcteur ?Pour l’image que l’on va donner de soi, il est essentiel qu’un travail écrit présente une correction irréprochable, que ce soit en orthographe, en grammaire, en conju-gaison, en syntaxe ou en typographie. C’est un gage de sérieux et de crédibili-té auprès des personnes auxquelles il est destiné.

Seul l’esprit humain est capable de détecter et interpréter ces habiletés du langage.

Le français est une langue riche, dotée d’une orthographe, d’une grammaire et d’une syntaxe peu aisées. Il n’est pas tou-jours évident d’en maîtriser les règles et les exceptions, ce qui fait que les corrections s’avèrent délicates, même avec l’aide des correcteurs orthographiques automa-tiques (gratuits ou payants). Bien souvent, la correction de l’orthographe s’avère in-complète et les logiciels sont inefficaces pour le traitement de la syntaxe et de la typographie.Deux (ou plusieurs) locutions identiques phonétiquement peuvent avoir des sens tout à fait opposés si leur orthographe est différente : En Bretagne, il est bien plus facile de piquer un far que de piquer un phare. Mais que

ce soit en mangeant un far ou en montant dans un phare, n’importe qui peut piquer un fard.(source : expressio.fr – Les expressions de la langue française).

Relecture assistée par ordinateur (RAO)La relecture assistée par ordinateur, égale-ment connue sous son sigle RAO, est une activité de vérification, facilitée par l’infor-matique, de l’intégrité d’un document en fonction des interventions qu’il a pu subir. Des logiciels spécialisés ont été élaborés et ont pris comme nom cette expression. Ces logiciels de relecture assistée par ordina-teur sont basés sur des algorithmes d’ana-lyse de textes et de comparaison de textes.Ils attirent l’attention du relecteur sur les différences entre deux documents, en pre-nant en compte une typologie intelligente de chaque portion de texte : les différences n’ont pas la même importance en fonction de leurs types et/ou du domaine ou du su-jet des documents.Par exemple, une différence sur un nombre n’a pas la même importance si ce nombre est une date, un prix, un numéro de page, un numéro de figure, une partie d’une adresse, un appel de note de bas de page, un numéro d’item de liste, un numéro de titre, etc.

Source : Wikipédia

Correcteur, un métier indispensable

DOSSIER

Correcteurs d’orthographe, à qui se fier?

SOMMAIRE

L’anglais tuera-t-il le français au Québec ?

Invité au Café francophone d’Yver-don, Jean-Pierre Roy a donné aux nombreux participants un éclairage fourni sur la situation du français au Québec. Page 2

Correcteurs d’orthographe, à qui se fier ?

Sur le marché de l’informatique, on trouve de nombreux correcteurs d’orthographe. Tous ne sont pas fiables. Notre enquête. Pages 1 et 3

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Édition 26 / Novembre 2016 Page 2

ÉDITO

Le renouveauNotre société ne cesse de changer. Jamais dans l’histoire les techniques et technologies n’ont modifié aussi vite nos comportements. Nous sommes prisonniers d’une toile dont l’araignée est malheureusement américaine. Pourra-t-on s’en échapper ? Certains le croient. Pour l’heure, il est urgent de faire face afin que notre action ne paraisse pas désuète.Voici, en tête de première page, un nouveau logo. Adieu « Guignol », bienvenue à « J’aime le français ». Grâce à ce symbole, ainsi qu’au sou-tien de Georges Perrin, notre pre-mier président, et à Thierry Schulé, graphiste à Yverdon-les-Bains, nous jetons les bases d’une nouvelle orien-tation. Simultanément, notre bulletin et notre site internet bénéficient d’un coup de fraîcheur bien nécessaire. C’est Béatrice Claret qui gère désor-mais la création d’une plate-forme re-cevant tous vos messages, remarques et idées pour les ventiler sur les sup-ports adéquats. Elle travaille avec l’Imprimerie Carrara à Morges pour moderniser le style du bulletin (look !), ainsi qu’avec nos fidèles collègues de Mediasun pour le site internet.Et notre présence sur les réseaux so-ciaux ? A ce jour, nous n’avons tou-jours pas trouvé la perle qui pourrait assurer un suivi. Y aurait-il des volon-taires parmi vos enfants ou petits-en-fants ?Autre piste : nous avons constaté un intérêt de la part des bibliothèques et des médiathèques pour notre associa-tion. Des contacts vont être pris pro-chainement dans nos villes romandes.Alors, faites prendre conscience à vos amis et connaissances du capital que nous avons à sauvegarder et incitez-les à devenir membres. Enfin, sachez que nous nous réjouissons de lire vos impressions sur la nouvelle allure du bulletin et le nouveau profil du site www.defensedufrancais.ch.Merci à tous de contribuer à ce renou-veau.

Daniel Favre, vice-président

Avec son film La langue à terre, Jean-Pierre Roy, réalisateur et ancien journaliste de Radio-Canada, a dé-montré les ravages prévisibles sur le français avec l’anglicisation dans la province de Québec. Le débat sur « l’inertie tranquille des francophones endormis dans une paix linguistique » a captivé la soixantaine de participants au Café francophone d’Yverdon.

Malgré deux référendums, des mani-festations pour l’affichage en français et la loi 101 qui devait « fabriquer » des Québécois francophones, le sujet divise toujours le cœur même du pays.Pour conserver ou décrocher un em-ploi aujourd’hui dans la province de Québec, il est indispensable d’être parfaitement bilingue. Un véritable casse-tête pour les immigrants dont le français est bien souvent la langue ma-ternelle. Le gouvernement actuel octroie 2 millions de dollars pour angliciser les nouveaux-venus dans la province. Cette situation débouche notamment chez les jeunes sur un langage « créole » mi-français, mi-anglais.

90% des enfants sont scolarisés dans des écoles anglaises, seuls 10% le sont dans des écoles fran-çaises.

Un participant au café francophone de s’exclamer : « Le Canada est bilingue, français-anglais, les États-Unis n’ont qu’une langue : Money. Le français n’est pas la langue du fric ! »Sur toute la planète, l’anglais reste sans conteste la langue du commerce, de la science et de la technique.Difficile de partager, d’enseigner sans user de cet outil de « communication » et de rester impassible devant cet effet de « mode » pour la génération 2.0.

CAFE FRANCOPHONE A YVERDON

Dans l’urgence, le Québec s’anglicise

Le français hors QuébecBernard Pivot semble dépité : « Je suis scandalisé quand les mots anglais prennent la place de mots français ! »

Une langue qui renonce à s’ensei-gner à ses enfants, c’est une dé-mission (Bernard Pivot)

En Inde, seul 10 % de la population parle anglais. Par contre, en Suède, 90 % des thèses se font en anglais. Du côté de la Belgique, l’anglais est tout simplement utilisé pour éviter le conflit entre Wallons et Flamands.

En Suisse, comme le relevait Didier Berberat : « Ici, on se bat pour que les étudiants puissent suivre le maximum de leur cursus tout en français. »Avec ses quatre langues officielles, l’ad-ministration helvétique peut encore reléguer l’anglais aux rangs inférieurs; par contre, ni l’État, ni les cantons ne peuvent intervenir dans le domaine privé.La conférence s’est terminée sur les mots du jeune réalisateur québécois : « On arrive tous de quelque part, les générations précédentes se sont battues pour défendre leur langue en tant que valeur. La jeunesse d’au-jourd’hui a la charge de s’en souvenir. »

Béatrice Claret

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Le correcteur ou la correctrice contrôle les textes destinés à être imprimés ou édi-tés sur différents supports (brochures, livres, affiches, journaux, sites internet, etc.) Ils vérifient l’orthographe et la mise en page, mais aussi la cohérence du texte qui peut être modifiée par un mot manquant, une faute de virgule, etc.En principe, les imprimés sont corrigés trois fois : à l’écran d’abord, sur feuilles imprimées ensuite, et finalement sur l’épreuve destinée à l’imprimerie (bon à tirer).Les activités principales d’un correcteur consistent à :• la prélecture et la correction du texte ;• identifier la copie (nom donné au texte), contrôler la présence de toutes les

feuilles ;• lire le texte, rechercher et indiquer les fautes d’orthographe, de grammaire, de

ponctuation, de syntaxe et de style ;• unifier la manière d’orthographier certains mots ou sigles, de citer les nombres

(en chiffres ou en toutes lettres), etc. ;• contrôler le respect des règles typographiques : emploi des majuscules, de l’ita-

lique, du gras, des capitales, usage de tirets ou de guillemets, etc. ;• vérifier les dates historiques à l’aide de dictionnaires ou en se référant aux rensei-

gnements donnés ailleurs dans l’ouvrage ;• mettre en ordre les notes de bas de page, vérifier les illustrations, les schémas ;• annoter la copie de manière méthodique en respectant l’utilisation de codes pré-

cis, afin que les modifications à apporter soient clairement identifiables lors de la saisie ou de la correction ;

• relire des textes numériques directement sur l’écran et effectuer les corrections ;• vérifier les textes retranscrits sur support informatique d’après des manuscrits ;• si nécessaire, contacter l’auteur pour signaler des oublis, les passages incomplets

ou incohérents.Source : Viscom

Association suisse pour la communication visuelle)

Pourquoi un correcteur d’orthographe ?Les correcteurs travaillent seuls, dans une imprimerie, chez un éditeur de presse ou dans une maison d’édition. Ils utilisent divers types de dictionnaires, des manuels de langue et un ordinateur.

En tant de correctrice, que pensez-vous des correcteurs d’orthographe automatiques ?Si les logiciels peuvent aider à éviter certaines erreurs, ils ne remplace-ront jamais l’analyse critique d’un professionnel, la traque de confu-sions de noms propres, d’incohé-rences et d’anachronismes. Pis, leur utilisation risquera de relâcher la vigilance du rédacteur ou du cor-recteur.

Voici un exemple de phrase ne com-portant aucune faute d’orthographe et pourtant fautive selon qu’on utili-sera l’une ou l’autre graphie :« Après la balade/ballade dans le golf/golfe, notre héraut/héros se rendit à l’autel/hôtel d’où il put apercevoir la mer/mère couvrir les pains/pins. »Betty Serman, lectrice-correctrice

L’avis de notre correcteur officielJe suis correcteur depuis 1979. J’ai commencé dans la presse, au tournant nu-mérique : plus de plomb, remplacé dans un premier temps par une énorme les-siveuse appelée photocomposeuse, qu’on nourrissait avec des bandes perforées… À l’époque, pas d’accès aux ordinateurs pour nous, pauvres gratte-papier, nous étions entourés d’un certain nombre de dictionnaires, aussi encombrants les uns que les autres, et nous rougissions des épreuves à longueur de journée.Tout s’est ensuite passé de manière fulgurante. L’accès au système rédactionnel, l’internet, le correcteur devenu également corrigeur… Un souci de moins. Puis vinrent les logiciels d’aide à la correction, ceux qui sont intégrés dans les traite-ments de texte et les autres, bien plus puissants.Il en existe un certain nombre sur le marché, de ProLexis à Antidote, en passant par Cordial. Les prix de ces logiciels varient fortement de l’un à l’autre.

En ce qui me concerne, je ne jure plus que par Antidote*, un produit canadien très convivial, m’étant aperçu que je lis beaucoup plus vite depuis que j’en suis équipé : le « correcteur » électronique sauve tous les «s» que j’ai ratés et les participes passés mal accordés… En outre, ses concepteurs ont l’intelligence de solliciter l’avis des utilisateurs lorsqu’ils préparent une mise à jour, c’est fort appréciable.Il ne faut pas se leurrer, cependant, aussi puissant que soit l’outil, cela reste un outil, et l’intelligence artificielle, elle, reste ce qu’elle est : perfectible. Le vrai correcteur en chair et en os, lui, est tout aussi perfectible, mais il veille au grain.

Olivier Bloesch, correcteur* www.druide.comPhoto : Charly Rappo

La « Déclaration de Berne » a fait long feuLe 21 mai, l’assemblée générale de la « Déclaration de Berne, Association pour un développement solidaire » décide de renommer l’organisation « Public Eye ». Ayant osé plaider pour le choix d’une dé-nomination déclinable dans nos langues nationales, le soussigné a été hué. Aurait-il dû s’exprimer en anglais, pour susciter l’écoute de participants manifestement peu enclins à tolérer l’expression d’avis dissidents ? La direction de l’association l’a précisé : « le nouveau nom fonctionne en anglais et ne sera pas traduit ». Formellement reprise comme « ligne de positionnement », l’approche encore censée constituer la marque distinctive de l’organisation et le nécessaire ancrage citoyen qu’elle implique au niveau local semblent avoir été négligés par les experts en jargon marketing.Avec le choix de « Public Eye », les enjeux de la diversité culturelle se sont volatilisés devant la recherche d’efficacité… standar-disée. « Le mouvement critique à l’encontre de la globalisation s’est lui-même globalisé », explique l’organisation. Serait-ce le même « global thinking » qui a conduit la présidence à retirer le point suivant de l’ordre du jour, portant sur un projet de déména-gement du siège de l’association à Zurich ? S’étant rendu compte que les conditions fiscales s’y avéreraient moins favorables qu’à Berne… Cibles des actions de feu la « Déclaration de Berne », les acteurs multinationaux – global players, sorry – ont dû sourire.

Luc Vodoz

à la « Tribune de Genève »Est-ce pour obtenir le record du monde de la plus grande affiche

que les partisans du Revenu de base inconditionnel ont rédigé leur texte en anglais ? En français, il aurait été plus court. Onze mots pour l’anglais (what would you do if your income were taken care of) et neuf pour le français (que feriez-vous si votre revenu était assuré ?) alors que la motivation du choix de l’anglais est souvent sa préten-due brièveté. Mais n’est-ce pas contre- productif de proposer une mesure nou-velle en Suisse en l’affublant d’un dé-guisement anglais, voire américain ? La plaine de Plainpalais mérite une formu-lation dans notre langue.

Anne Cendre, Genève

1. Validez-vous l’utilisation de l’an-glais pour ce genre d’objet promo-tionnel vendu sous la bannière du canton de Vaud ?2. Quels contrôles ont été effectués par la Police cantonale vaudoise pour s’assurer que ces objets ont été fabriqués dans des conditions éthiques acceptables ?3. Comment est financée la fabrica-tion de ces objets ? et comment les éventuels bénéfices sont utilisés ?En vous remerciant par avance de vos réponses, je vous souhaite, Ma-dame la Conseillère d’État, Chère Madame, une belle semaine et vous adresse mes salutations respec-tueuses.

Kyril Gossweiler, Buchillon

à Mme Béatrice MétrauxMadame la Conseillère d’État, Chère Madame,

Je viens de découvrir que la Police cantonale vaudoise se lançait dans la mode… des gadgets et de l’angli-cisme…Je ne sais pas si vous appréciez l’uti-lisation du mot SALE pour parler de SOLDES dans de nombreux com-merces locaux, mais personnelle-ment je trouverais correct que notre Police cantonale vaudoise commu-nique en français, hormis les cas de communications spécifiques à des personnes de langues étrangères.Je me permets donc de vous poser trois questions au sujet de cette ligne de gadgets :

LE COURRIER DES LECTEURS

Une lettre a été adressée à Genève-tourisme avec copies au Conseil d’État et au Conseil municipal à la suite de cet incompréhensible changement de dénomina-tion. Notre espoir : que l’ancien nom revienne en 2017. En voici l’essentiel :« … Jamais, nous n’avons reçu et entendu autant de réactions au remplacement de la dénomination « Fêtes de Genève » par « Geneva Lake Festival » qui heurte les oreilles des Genevois, eux qui constituent le socle des « soirées genevoises » au cœur de leur été ». Il s’agit d’une FÊTE (et non d’un FESTIVAL) à laquelle les étrangers sont naturellement les bienvenus. C’est une manifestation d’ici, « En français svp ». Nous constatons d’ailleurs que lors du premier bilan, il est bien question des « Fêtes de Genève » et notre association a contribué à l’insertion d’un article dans la nou-velle Constitution qui affirme que l’État promeut l’usage de la langue française (art. 5.2). Par ces lignes, nous vous demandons instamment de revenir à un label connu et apprécié largement au-delà des frontières du canton… »

Daniel Favre, vice-président

Notre cri en faveur des « Fêtes de Genève »

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Le français continue d’être attaqué outre-Sarine. José Ribeaud le confirme.La menace d’une intervention de la Confédération,

afin d’éviter l’éjection du français du degré primaire en Suisse centrale et orientale, a provoqué deux réactions antagoniques. Les cantons les plus ef-farouchés sont aussi les plus récalci-trants. Ainsi, la Thurgovie, Lucerne, les Rhodes-Intérieures d’Appenzell, Argo-vie et la droite réactionnaire zurichoise poussent des cris d’orfraie aux trois va-riantes proposées par Alain Berset, chef du Département fédéral de l’intérieur pour sortir de l’impasse. Le gouverne-ment de Thurgovie reste déterminé à supprimer le français en primaire. Le ton des Rhodes-Intérieures d’Appenzell est encore plus arrogant. « Ce serait, estime Roland Inauen, chef du gouvernement de ce demi-canton qui refuse d’introduire le français au degré primaire, une atteinte sans précé-dent à l’autonomie cantonale. Même le canton de Berne considère qu’une immixtion fédérale mettrait en danger la cohésion nationale. »À l’opposé, les réactions de milieux po-litiques, économiques et pédagogiques alémaniques sont plus positives qu’on le supposait. C’est notamment le cas des associations patronales et scolaires, ainsi que de la majorité des partis po-litiques. La plupart estiment qu’une in-tervention fédérale est problématique, mais nécessaire si les cantons ne s’en-tendent pas. Ainsi, la préférence va à la troisième solution proposée par Alain Berset. Tout en imposant aux cantons l’apprentissage d’une langue nationale en primaire, elle leur laisse une marge de manœuvre appréciable, car elle ne définit pas en quelle année ces cours doivent débuter.

Le plurilinguisme suisse à l’agonieIl serait cependant faux de croire que le combat des langues nationales outre-Reuss est gagné. Les opposants au fran-çais précoce issus de milieux réaction-naires prompts à donner aux Romands des leçons de patriotisme continuent leur action de sape en Thurgovie, à

LE COURRIER DES LECTEURSAU FIL DU TEMPSLucerne, aux Grisons, en Argovie et, surtout, à Zurich. Sous le titre « La Suisse n’est pas une entreprise glo-bale », Marco Baschera, professeur de français à l’Université de Zurich, écrit dans la NZZ (28.9.2016) : « Depuis bien des années, je constate avec inquiétude que la présence des langues nationales recule rapidement dans toute la région zurichoise. Elles ont pratiquement dis-paru de la vie publique. »Les superpatriotes alémaniques sapent non seulement la cohésion mais aussi l’identité nationale faite de diversité culturelle et de plurilinguisme. Leur mépris des Romands et des Suisses ita-liens et leur fascination du formatage des esprits par l’« English only » leur fait prendre le risque d’un démantèle-ment de leur propre pays.

José Ribeaud, auteur de« La Suisse plurilingue se déglingue »

Le français crucifié…Florilège de dérives am… cano-anglo-maniaques:Dans nos villes :• Une première mondiale pour Philip Morris. Au Flon, à Lausanne, l’entreprise ouvre un flagship store, une boutique, mais aussi un espace dédié aux expositions, aux conférences, au coworking.• Très tendance, le crowdfunding. Le financement participatif est pourtant infini-ment plus clair !• À Genève, vous ne trouvez plus votre chemin : faites appel aux Tourist Angels ! Au surplus, ils vous diront tout sur les happenings de la Cité de Calvin. On a identifié des Greeters à Genève, Lausanne ou Zurich. Ils se transforment en Friendly Hosts à Lucerne, en Flying Concierges à Bâle. Tout cela vole très très haut…• En août dernier, Montreux mettait sur pied un WateRings Contest. Sans doute la Gruyère entendait-elle ne pas rester en retrait pour proposer une Bike Break Party et l’Openbike 2017 avec pas moins de cinq Read more sur la page internet des news de ce dernier site : ça c’est de la performance !• La mode se remet en question. Le phénomène See now, buy now (voire maintenant, acheter sur-le-champ) fait le buzz : ça change la vie !

Dans notre quotidien :• Savez-vous ce que c’est que le copwatching ? C’est une pratique qui nous vient tout droit des États-Unis : la surveillance de la police de rue par les citoyens. Pratique de plus en plus répandue. Décidément, c’est en anglais que nous serons protégés.• Et maintenant la poste se met au diapason. The yellow Tour vient directement chez vous pour emporter vos colis avec pick@home. À qui le tour ?• Les expressions skills (techniques mesurables) ont une tendance croissante à co-loniser le langage d’entreprise. Soft skills et hard skills, c’est plus chic et ça fait com-pétent !• Le hashtag « # » est un signe largement utilisé par les réseaux sociaux. Nos amis du Québec le remplacent volontiers par mot-clic ou mot-dièse. Pour les virtuoses de la musculation, le hashtag, c’est la fente verticale entre les abdos proclamée signe de vie saine et sportive. Entre les quatre lobes externes et les deux internes de leur cerveau, j’ai un mal fou à identifier le hashtag. Je poursuis mes recherches avec toute l’ardeur requise…

Odile Jaeger Lanore

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… à ces magasins qui persistent à afficher

l’état de leur lingeC’est toujours la grande lessive derrière les vitrines. Pas vraiment de quoi attirer le chaland…

… à VolkswagenL’utilisation de l’anglais est quand même des fois bien utile pour exprimer au mieux

un message. Les gens de VW, après le scandale des tests truqués, l’ont bien compris pour rappeler que leurs voi-tures étaient vraiment sales !

… à la police cantonalevalaisanne

En plus des campagnes insensées du BPA « See you », c’est au tour de la police valaisanne d’appeler les motocyclistes à la prudence. Sous le casque, le cerveau…

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Afin d’éviterles accidents…

... à la banque CoopPour la pêche aux petits sous, faut-il parler anglais ?

… à ces commercesqui prennent

les consommateurspour des pigeons.

... à Migrosqui cumule le massacre

de ses traductions

... à ces indicateurs qui maltraitent les décharges.

... à VögeleLes emballages de vête-ments sont désormais adap-tés à la région des points de vente. Une façon seyante de convaincre ses clients !

... à Optic 2000C’est court, c’est sympa et on

peut le communiquer tout aussi bien en français !

… aux étudiantslausannois qui ont repris le bistrot

L’immeuble devait s’appeler « Flat Iron ». Ils ont préféré lui laisser son ancien nom, « le Pointu » !

… à realdeals.chTous nos vœux de commu-

nication en français pour les prochaines années !

DES FLEURS ET DES ORTIES

Ça pique ou ça chatouille…L’Association Défense du français vous compose à chaque édition un joli bouquet, images à l’appui, pour agrémenter votre lecture. Sortir le chien, descendre les poubelles ou se rendre au travail, toutes les occasions sont bonnes pour se trouver confronté à des vitrines, des affiches ou des écriteaux mal orthographiés, affublés de slogans anglais ou victimes de traduc-tions « savoureuses »...

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A LIRE

Au coin du bureau…L’Association Défense du français vous propose une sélection de livres et de dictionnaires originaux. Bonne lecture !

« On déguste des phrases. On savoure des textes. On boit des paroles. On s’empiffre de mots. Écriture et lecture relèvent de l’ali-mentation. Mais la vérité est tout autre : ce sont les mots qui nous grignotent, ce sont les livres qui nous avalent. » Bernard Pivot

Écrit par admiration des écrivains, dit sur scène par son auteur, ce texte est une déclaration d’amour fou à notre langue. Bernard Pivot y ra-conte la vie d’un homme qui, malgré ses succès de romancier – invitation à Apostrophes, consécration au Gon-court – a toujours eu l’impression d’être mangé par les mots. Leur jouet plutôt que leur maître.Un hommage malicieux, inventif et drôle aux hôtes du dictionnaire.

Allary Éditions (2016)

Ce DICtionnaire pour Lire et pour Écrire (DICLÉ) a été pensé et conçu pour accompagner des apprenants, adolescents et adultes, dans leur ap-propriation du français écrit.Outil simple d’utilisation, clair et accessible, il comporte environ 7000 mots essentiels du français courant, définis simplement.

Éditions Retz (2016)

Le Petit Larousse illustré 2017Une édition exclusive pour célébrer un nouvel anniversaire des dictionnaires Larousse : les 200 ans de la naissance de Pierre Larousse !Avec les nouveaux venus comme Derib, ou la définition de râteau: « être pin-gre » (Suisse-Savoie) !

Bref historique du françaisAvant l’arrivée en Angleterre de Guil-laume de Normandie (1066), le vieil anglais était une langue exclusivement germanique, dont les dialectes angles et saxons faisaient entendre leurs sonori-tés rugueuses et rocailleuses aux quatre coins des îles Britanniques.Changement de décor radical après le débarquement sur sol britannique des Français en provenance de Norman-die, de Picardie, du Maine et de Bre-tagne, lesquels emmenèrent avec eux non seulement l’aristocratie, mais aussi et surtout le parler normand-picard, le-quel allait assez rapidement supplanter les dialectes anglo-saxons et s’imposer, d’abord à la cour ainsi qu’auprès de la noblesse, puis dans l’administration et, peu à peu, dans toutes les couches de la population.Cette langue du Nord-Ouest français sera ensuite la langue officielle de la Grande-Bretagne jusqu’au XIVe siècle, et la marque qu’elle y a laissée est pro-fonde et indélébile. À l’évidence et en dépit de toutes les dénégations et du refoulement collectif anglo-américain, l’anglais découle principalement du

français tout aussi sûrement que notre langue prend sa source dans la fontaine latine.La langue française a apporté à l’an-glais, clés en mains, tout un pan de son vocabulaire, véritable cadeau, le locuteur d’outre-Manche se contentant d’accueillir et de faire siens ces dizaines de milliers de vocables, soit en les gar-dant tels quels pour bon nombre d’entre eux, soit en les usinant ou les façonnant au fil des siècles : l’anglais ne deviendra ainsi que du français retouché, refaçon-né, réchauffé.

Outre cet apport lexical ines-timable, la langue française a transformé radicalement la syntaxe anglo-saxonne, substi-tuant à une grammaire germa-nique fort complexe la relation sujet-verbe-complément.

Cela a dû faire l’effet d’une véritable révolution dans le paysage linguistique d’outre-Manche, coup de maître que seul le français avait déjà réussi des siècles auparavant sur le continent, en s’émancipant totalement d’une syntaxe latine qui permutait à sa guise l’ordre des mots : les autres sœurs romanes n’avaient dès lors plus qu’à lui emboîter le pas dans ce chemin tout tracé.

Depuis lors et jusqu’au milieu du XXe

siècle, par des échanges successifs, le français a su – à l’instar de toute langue singulière – s’approprier toute une série de vocables anglo-saxons ou d’autres langues en les adaptant magnifique-ment à sa propre articulation. De plus, au cours de ces derniers siècles, c’est cette même langue française qui a in-fluencé le plus de son empreinte lexicale la plupart des langues européennes, le russe y compris.

Or, aujourd’hui, à force d’emprunts bruts et inconditionnels à la seule source américaine, le français n’évolue plus et régresse, étouffant peu à peu, car il n’a plus le recul et l’élan néces-saires pour rebondir, et son étroite pa-renté avec l’anglais, langue dominante, le rend d’autant plus vulnérable. Tou-tefois, le plus grave, c’est qu’à force de ne plus reconnaître ses gigantesques richesses culturelles, le locuteur fran-cophone perd son identité en se lais-sant happer par le vent dominant de la pensée unique américaine, sous-culture pour laquelle rien ne saurait exister en dehors de son glacial moule hégémonique, et cette attitude d’asser-vissement ouvre la voie aux pires abus. (À suivre)

Philippe Carron

Édition 26 / Novembre 2016 Page 8

IMPRESSUMJ’aime le français est le bulletin d’infor-mation aux membres de l’Association Défense du français. Il paraît deux fois par an.Le comité se compose de:Didier Berberat, président,Daniel Favre, vice-président,François Berger, responsable médias et relations publiques,Odile Jaeger Lanore, responsable des relations avec les officiels,Michel Dysli, trésorier,Élisabeth Renaud et Sylviane Roche, membres,Gisèle Bottarelli, secrétaire.

Il travaille en étroite collaboration avec:Béatrice Claret, responsable du bulletin et du site,Olivier Bloesch, correcteur.

AssociationDéfense du françaisCase postale 681000 [email protected]

CCP 10-247547-8,IBAN CH50 0900 0000 1024 7547 8

Impression :Imprimerie Carrara, rue de l’Avenir 6, 1110 MorgesTirage : 1’200 exemplaires

Agendez l’AG !Notez dans vos agendas la date de notre prochaine assemblée générale:

Samedi 22 avril 2017, à AigleLe lieu précis et l’heure vous seront communiqués ultérieurement, avec la convocation.

Dites à vos amis de nous rejoindre !Comme vous, ils recevront notre Feuille de route J’aime le français (2 parutions par an), ils seront invités à participer à nos Cafés francophones, à nos visites de ville et à l’assemblée générale. Ils se-ront en outre un appui précieux pour le comité dans les actions et démarches qu’il entreprend pour la défense de notre langue.Cotisation annuelle : fr. 40.—Étudiants : fr. 20.—Associations, communes… : fr. 100.—.Pour demander l’adhésion, s’adresser à notre secrétaire, Gisèle Bottarelli, av. Jules-Muret 15, 1110 Morges, ou par courriel à [email protected]é de remplir la formule en ligne sur notre site www.defensedufrancais.chet de la transmettre par courriel à [email protected].

Bienvenue aux nouveaux membres !

Diplôme de médaille de vermeilC’est la haute récompense que la Socié-té académique Arts-Sciences-Lettres, de Paris a décernée cet été à M. Alfred Herman pur son recueil de poèmes Quand chantent les cyprès.L’Association Défense du français est honorée de compter parmi ses membres un poète et écrivain des plus émérites, ardent défenseur de la langue française, moult fois distingué pour ses nombreuses publications.

Extrait :Toi qui a goûté la Sagesse,Toi qui as puisé la Force,Va et forge la Beauté…

(Alfred Herman)

Un peu d’humourL’anglais pratiqueVous avez beau vous appliquer, cela ne veut pas rentrer : impossible de manier la langue de Shakespeare ! Alors ne désespérez plus : avec des phrases françaises adaptées, en prenant l’accent anglais, vous arriverez à vous faire comprendre par les Grands-Bretons !Français Franglais AnglaisParlez-vous anglais ? Douille housse pic n’glisse ? Do you speak English ?Êtes-vous prêt ? Ail ou radis ? Are you ready ?L’addition Débile the billFélicitations Qu’on gratte tous les jeunes ! Congratulations !Passer un coup de fil personnel Ma queue perd son alcool Make a personal callPlus d’argent Mords mon nez More moneyJoyeux Noël Marie qui se masse Merry ChristmasNous sommes en retard Oui Arlette We are lateAttirance sexuelle C’est que ça pèle Sex appealLe dîner est prêt Dix nourrices raidies Dinner is readyFabriqué en France Mais dîne Frantz Made in FranceJ’ai fait un bon voyage Ahmed a l’goût d’tripes I made a good trip

Café francophone à ÉchichensÀ l’occasion du Salon international de l’écriture, l’Association Défense du français organisera son Café franco-phone vendredi 3 mars 2017, sur le site d’Échichens dès 17 h 30. Notre invitée, Mme Danièle Manesse, profes-seure émérite de sciences du langage à Paris III Sorbonne, auteure de L’ortho-graphe fout le camp, présentera sa confé-rence sur « Pourquoi l’orthographe du français est-elle si difficile, pour-quoi la maîtrise des francophones baisse-t-elle, peut-on réformer l’ortho-graphe ? »Vous en saurez plus sur notre site, sous l’onglet Actualités et dans votre cour-rier d’ici le début de la nouvelle année.