Edition 2 février 2012
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RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
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Production animale Indicateurs urinaires du statut acido-basique pour la prédiction de la fièvre du lait
chez la vache laitière Page 68
Production végétale Variétés, densité de semis et fumure azotée sur orge d'automne Page 88
Environnement Plus de surfaces de compensation écologique et de meilleure qualité grâce au conseil Page 104
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW;
Agroscope Liebefeld-Posieux et Haras national suisse ALP-Haras; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école des sciences agronomiques forestières et alimentaires HAFL, Zollikofenb Centrale de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Département des Sciences des Systèmes de l'Environnement
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Sibylle Willi (ACW), Evelyne Fasnacht (ALP-Haras), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HAFL), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663 – 7917 (imprimé)ISSN 1663 – 7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Indexé: Web of Science, CAB Abstracts, AGRIS
SommaireFévrier 2012 | Numéro 2
La fièvre du lait est la maladie la plus fréquente et la plus importante du point de vue économique chez les vaches à haute performance après vêlage. Des cher-cheurs d’Agroscope ALP-Haras ont étudié si les para-mètres acido-basiques dans l’urine des vaches avant vêlage permettaient d’informer de manière prédictive sur le risque de fièvre du lait. (Photo: Olivier Bloch, ALP-Haras)
67 Editorial
Production animale
68 Indicateurs urinaires du statut acido-basique pour la
prédiction de la fièvre du lait chez la vache laitière
Michel Rérat et Hans Dieter Hess
Production animale
74 Efficacité de la surface fourragère en système laitier
dans le canton de Fribourg
Lucie Winckler, Erwan Cutullic et Pierre Aeby
Production végétale
82 Réaction à la fumure azotée de nouvelles variétés
de pommes de terre admises à la liste officielle
Thomas Hebeisen, Theodor Ballmer, Roger Wüthrich et
Brice Dupuis
Production végétale
88 Variétés, densité de semis et fumure azotée sur
orge d'automne
Raphaël Charles, Jean-François Collaud,
Lilia Levy Häner et Sokrat Sinaj
Environnement
96 Attractivité des prairies extensives pour les
prédateurs des pucerons
Lisa Eggenschwiler, Maya Senn, Adele Ferrari,
Andreas Egli et Katja Jacot
Environnement
104 Plus de surfaces de compensation écologique et de
meilleure qualité grâce au conseil
Véronique Chevillat, Oliver Balmer, Simon Birrer,
Verena Doppler, Roman Graf, Markus Jenny, Lukas
Pfiffner, Christine Rudmann et Judith Zellweger- Fischer
Eclairage
112 La banque de données suisse des aliments pour
animaux www.feedbase.ch
Monika Boltshauser, Annelies Bracher, Michael
Böhlen, Francesco Cafagna et Andrej Taliun
115 Portrait
116 Actualités
119 Manifestations
Listes variétales
Encarts Listes recommandées des variétés de soja
et pois protéagineux pour la récolte 2012
Jürg Hiltbrunner et Christian Streit
Liste recommandée des variétés de
tournesol pour la récolte 2012
Didier Pellet
Liste recommandée des variétés de maïs
pour la récolte 2012
A. Baux, J.-F. Collaud, J. Hiltbrunner,
U. Buchmann et M. Bertossa
Editorial
67Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 67, 2012
Monika Boltshauser,Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras
Chère lectrice, cher lecteur,
Il est bien loin le temps où il fallait chercher les valeurs nutritives des aliments
simples dans d’innombrables tableaux pour pouvoir ensuite les utiliser dans la
pratique quotidienne. En 2007, ALP a lancé sur Internet une banque de don-
nées regroupant les tableaux des apports alimentaires recommandés pour les
ruminants et les porcs, ouvrant ainsi de nouvelles possibilités. Il est devenu
désormais possible d’actualiser rapidement les valeurs, de les corriger et de
les compléter, ou d’ajouter de nouveaux aliments. En outre, les utilisateurs-
trices de la banque de données peuvent télécharger et imprimer les valeurs
dans des tableaux Excel pour leur propre usage, par exemple pour la plani-
fication de l’affouragement. Par ailleurs, les possibilités technologiques ne
cessant de croître et créant de nouveaux besoins, la banque de données des
aliments pour animaux commence une nouvelle phase de développement.
Collaboration fructueuse
Grâce à notre partenaire, le groupe Database Technology du département
informatique de l’Université de Zurich, nous avons la chance unique de pou-
voir développer les aspects techniques de la banque de données suisse des
aliments pour animaux de telle sorte que nous pourrions, un jour, arriver
en «première ligue». La mise en œuvre de ce développement technolo-
gique a été possible grâce à un projet du Fonds national en cours depuis
2011 (cf. l’article à ce sujet dans ce numéro). Il est cependant important
que cette recherche en matière d’informatique aille de pair avec un input
agronomique régulier, autrement dit, que nous tendions vers une collec-
tion aussi vaste et complète que possible de toutes les données disponibles
sur les aliments simples. Il s’agit là d’une tâche permanente à laquelle nous
allons nous atteler avec d’autres partenaires et promoteurs. Nous avons par
exemple déjà pu gagner l’appui d’un tel partenaire; il s’agit de la centrale
de vulgarisation AGRIDEA qui met à notre disposition les données mises en
valeur de son enquête annuelle sur les fourrages secs.
Bientôt une nouvelle présentation Internet
Au cours de l’année 2012, nous serons en mesure de présenter sur Internet
les premiers fruits de ce fructueux travail de collaboration. Parallèlement,
la banque de données des aliments pour animaux se parera d’un nouvel
habit. L’avenir apportera certains changements importants, car les diverses
technologies de l’information interagissent toujours davantage. Ainsi, des
connexions avec les sources de données les plus diverses sont susceptibles
d’être réalisées.
La banque de données des aliments pour animaux www.feedbase.ch se
veut un précieux instrument de référence interactif, accessible à un large
public.
Aliments pour animaux: un instrument de référence interactif
68 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 68–73, 2012
En plus de la cétose et des mammites, la fièvre de lait représente la maladie la plus fréquente et la plus importante du point de vue économique chez les vaches à haute performance.
I n t r o d u c t i o n
En Suisse, les rations distribuées en période de tarisse-
ment se composent fréquemment de fourrages excéden-
taires en potassium (ALP 2011), ce qui représente un
important facteur de risque de la fièvre du lait. Une
ration riche en cations a un pouvoir alcalogène sur le
métabolisme et diminue la mobilisation osseuse du cal-
cium (Ca) (Goff et Horst 1997). De ce fait, le statut acido-
basique avant vêlage pourrait informer de manière pré-
dictive sur le risque de fièvre du lait. L’objectif de cette
étude était de définir l’équilibre acido-basique avant
vêlage et de déterminer sa relation avec le taux de Ca
dans le sang lors du début de la lactation.
A n i m a u x , m a t é r i e l e t m é t h o d e s
Cent vaches laitières de race Red Holstein (n=49), Hol stein
(n=47) et Swiss Brown (n=4) ont fait l’objet de cette
étude qui s’est déroulée sur une période de 2 ans
(2007 – 2008). Le nombre de lactation moyen s’élevait à
3,3 ± 0,3 (16 primipares) et la production laitière
moyenne en 305 jours à 8513 ± 201 kg.
La ration alimentaire quotidienne des vaches taries
se composait d’environ 20 kg d’un mélange d’ensilage
d’herbe et de maïs (60:40). Du foin était à disposition en
libre accès (ad libitum). De plus, chaque vache a reçu
500 g d’aliment concentré et 300 g d’aliment minéral par
jour. Des échantillons ont été prélevés pour l’analyse des
teneurs de Ca, P, Mg, Na, K, S et Cl. La valeur du bilan
alimentaire cation/anion (BACA) a été calculée à l’aide
de la formule BACA = (Na+ + K+) – (Cl- + S2-) (Block, 1984).
Une prise de sang a été effectuée par ponction de la
veine jugulaire au cours des 12 premières heures suivant
le vêlage pour déterminer le taux de Ca total. Dans 17
cas, la prise de sang a été réalisée après une administra-
tion orale prophylactique de Ca (environ 61 g; Calci-for®,
Multiforsa AG, Steinhausen, Suisse). La concentration du
Ca total a été déterminée dans le sérum.
Les échantillons d’urine ont été prélevés en milieu de
miction spontanée ou par cathéterisation (fig. 1). Les
prélèvements d’urine ont été réalisés 14, 7, et 3 jours
antepartum (ap), c’est-à-dire avant la date de vêlage
prévue (jour 285 de gestation). Pour la mise en valeur
des résultats, les échantillons ont ensuite été attribués
aux jours de prélèvement selon la date réelle de vêlage
(14 j ap: effectif n=52; 7 j ap: n=84; 3 j ap: n=66). Les
indicateurs Net Acid-Base Excretion (NABE) et Base-Acid
Quotient (BAQ) ont été déterminés dans les échantillons
Michel Rérat et Hans Dieter Hess
Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, 1725 Posieux
Renseignements: Hans Dieter Hess, e-mail: [email protected], tél. +41 26 407 72 45
Indicateurs urinaires du statut acido-basique pour la prédiction de la fièvre du lait chez la vache laitière
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Indicateurs urinaires du statut acido-basique pour la prédiction de la fièvre du lait chez la vache laitière | Production animale
69
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 68–73, 2012
L’objectif de cette étude était de déterminer une
éventuelle relation entre les paramètres acido-
basiques dans l’urine de vaches laitières avant
vêlage et le taux de Ca dans le sang peu après le
vêlage. Les conditions expérimentales étaient
similaires pour les 100 vaches laitières partici-
pant à l’étude. La ration alimentaire des vaches
taries se composait d’un mélange d’ensilage
d’herbe et de maïs complété par du foin mis en
libre accès. Les échantillons d’urine ont été
prélevés 14, 7 et 3 jours avant la date de vêlage
prévue (jour 285 de gestation) afin de mesurer la
valeur du pH. Les indicateurs Net Acid-Base
Excretion (NABE) et Base-Acid Quotient (BAQ)
ont également été déterminés dans l’urine. Un
échantillon de sang a été prélevé 12 heures
après le vêlage afin de déterminer la teneur en
Ca. Les valeurs moyennes du pH de même que
des indicateurs NABE et BAQ dans l’urine avant
vêlage s’élevaient respectivement à 8,63 ± 0,02,
232 ± 4 mmol/L et 4,75 ± 0,09 mmol/L. Les
valeurs du pH et du NABE indiquaient un état
d’alcalose métabolique résultant d’une valeur du
bilan alimentaire cation anion (BACA) fortement
positive (+ 474 mEq/kg MS). La concentration
moyenne de Ca dans le sang (1,92 ± 0,04
mmol/L) peu après vêlage n’a montré aucune
corrélation significative avec les valeurs
moyennes du pH
(r = 0,08, P = 0,416), du NABE (r = 0,04, P = 0,719)
et du BAQ (r = -0,12, P = 0,234). Ces résultats
suggèrent que la mesure de paramètres acido-
basiques dans l’urine de vaches en alcalose ne
permet pas d’informer de manière prédictive sur
le risque de fièvre du lait. La mesure du pH dans
l’urine et le calcul des paramètres acido-basiques
fournissent des informations comparables sur
l’équilibre acido-basique des vaches laitières.
d’urine selon la méthode fractionnée de Bender et Stau-
fenbiel (2003). L’indicateur NABE se calcule selon la for-
mule NABE (mmol/L) = teneur en bases excrétées –
(teneurs en acides + ammoniac excrétés) et le BAQ
représente le rapport bases/acides (Bender et Staufen-
biel 2003). Les minéraux Ca, P, Mg, Na et K ont été ana-
lysés dans l’urine. Pour l’évaluation statistique des don-
nées, on a utilisé une analyse de variance répétée
(ANOVA), le Fischer’s LSD test et le Pearson product
moment correlation.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
La composition des différents aliments de la ration
figure dans le tableau 1. Les taux moyens de Na, K, Cl, et
S dans la ration se situaient à (respectivement), 1,7, 27,8,
6,6, et 2,0 g/kg de MS. La valeur de la BACA s’élevait à
+474 mEq/kg de MS.
La concentration moyenne en Ca dans le sérum des
vaches qui ont reçu un traitement prophylactique à base
de Ca (1,87 ± 0,11 mmol/L) était comparable (P = 0,542) à
celle des autres vaches (1,93 ± 0,04 mmol/L), raison pour
laquelle toutes les données des échantillons de sang ont
Figure 1 | Prise d’urine au moyen d’un cathéter.
Production animale | Indicateurs urinaires du statut acido-basique pour la prédiction de la fièvre du lait chez la vache laitière
70 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 68–73, 2012
été analysées ensemble. Parmi les 100 vaches, 8 ont
souffert d’hypocalcémie clinique après vêlage et un
groupe a ainsi été formé avec les données de ces ani-
maux. Le taux moyen de Ca dans le sérum des vaches
malades (0,96 ± 0,07 mmol/L) était inférieur (P < 0,001) à
celui des vaches saines (2,01 ± 0,03 mmol/L). Les valeurs
moyennes du pH, NABE et BAQ des deux groupes étaient
identiques 14, 7 et 3 jours ap (tabl. 2). Les valeurs de
référence dans l’urine de vaches laitières se situent pour
le pH entre 7,8 et 8,4, pour le NABE entre 107 et
193 mmol/L et pour le BAQ entre 2,5 et 4,8 mmol/L
(Bender et Staufenbiel 2003). Les valeurs du pH et du
NABE des deux groupes se situaient au-dessus des
valeurs de référence, ce qui indiquait un état d’alcalose
métabolique. La valeur très élevée de la BACA reflète le
surplus de cations dans la ration, dont le potassium
représente la plus grande proportion. Cet excédent de
cations forts dans la ration s’est traduit par un effet alca-
linisant sur le métabolisme. Aucune corrélation signifi-
cative n’a été établie entre les valeurs du pH urinaire
(fig. 2), du NABE et du BAQ (fig. 3) antepartum et les
concentrations sériques du Ca peu après vêlage.
Foin Ensilage d’herbe et de maïs Aliment concentré Aliment minéral
Eléments nutritifs et composants, g/kg de MS
MS1 887 336 867 925
MA 153 143 120 48
NDF 473 439 133 146
ADF 279 262 45 75
Ca 5,7 4,8 9,2 102
P 4,1 3,4 4,5 56
Mg 2,0 1,7 1,4 25
Na 0,4 0,2 2,5 69
K 32 26 6 5
Cl 5,9 3,7 3,6 102
S 2,1 1,9 1,5 1,9
Tableau 1 | Composition chimique des aliments
1g/kg de matière fraîche.
Paramètres Jour ap1Vaches saines Malades postpartum
Valeur P n n
pH
14 8,6 ± 0,04 47 8,7 ± 0,11 5 0,664
7 8,6 ± 0,03 78 8,6 ± 0,12 6 0,977
3 8,6 ± 0,04 63 8,7 ± 0,19 3 0,652
NSBA, mmol/L
14 246 ± 8,3 47 267 ± 25,6 5 0,450
7 231 ± 6,0 78 202 ± 21,8 6 0,206
3 225 ± 7,3 63 214 ± 33,6 3 0,745
BSQ, mmol/L
14 5,3 ± 0,2 47 5,7 ± 0,7 5 0,546
7 4,5 ± 0,1 78 5,4 ± 0,5 6 0,073
3 4,6 ± 0,1 63 3,9 ± 0,7 3 0,359
Tableau 2 | Valeurs du pH et des indicateurs Net Acid-Base Excretion (NABE) et Base-Acid Quotient (BAQ) dans l’urine de vaches saines et de vaches souffrant ultérieurement de fièvre du lait (valeur moyenne ± erreur standard)
1ap = antepartum.
Indicateurs urinaires du statut acido-basique pour la prédiction de la fièvre du lait chez la vache laitière | Production animale
71Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 68–73, 2012
Figure 2 | Lignes de régression entre le pH urinaire aux jours 14, 7 et 3 antepartum et la concentration sérique de Ca 12 h après vêlage.
Figure 3 | Lignes de régression entre les valeurs du NABE et BAQ aux jours 14, 7 et 3 et la concentration sérique de Ca 12 h après vêlage. • Valeurs NABE, Valeurs BAQ, — Ligne de régression NABE --- Ligne de régression BAQ.
Jour 14 antepartum
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8,8
8,9
9,0
9,1
9,2
Jour 3 antepartum
Ca sérique, mmol/L0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4 2,6
pH u
rinai
re
8,5
8,6
8,7
8,8
8,9
9,0
9,1
9,2
72
Production animale | Indicateurs urinaires du statut acido-basique pour la prédiction de la fièvre du lait chez la vache laitière
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 68–73, 2012
L’excrétion urinaire de Ca des vaches souffrant ultérieu-
rement de fièvre du lait était tendanciellement plus éle-
vée le jour 7 avant vêlage (tabl. 3). Cette situation est
indépendante de l’administration prophylactique de Ca
chez 17 vaches, étant donné que le traitement a été
effectué durant les deux derniers jours précédant le
vêlage. Une excrétion plus élevée de Ca dans l’urine
avant vêlage est le signe d’une disponibilité accrue de Ca
pour les fonctions métaboliques (Tucker et al. 1992), ce
qui est en contradiction avec les résultats de cet essai.
Dans le groupe de vaches souffrant ultérieurement de
fièvre du lait, l’excrétion urinaire de Na au jour 14 ap
était plus élevée et l’excrétion de K au jour 7 ap plus
faible en comparaison des animaux sains. Vu le faible
nombre d’animaux malades pour une analyse statistique,
il faut toutefois interpréter ces résultats avec prudence.
Selon Casalone et al. (2008), les taux de minéraux dans
l’urine de vaches saines au jour 7 ap étaient de 0,78, 0,93,
7,71, 24,5 et 199 mmol/L pour le Ca, P, Mg, Na et K. Ces
valeurs correspondent avec nos résultats à l’exception de
la concentration de K qui, dans le présent essai, était
sensiblement plus élevée.
C o n c l u s i o n s
Ces résultats suggèrent que la mesure du pH urinaire a
révélé autant d’informations sur le statut acido-basique
que le calcul du NABE. Dans le cas d’une alcalose méta-
bolique, tel que présenté dans cette étude, il semble que
les paramètres acido-basiques dans l’urine ne permettent
pas d’informer de manière prédictive sur le risque de
fièvre du lait. n
Paramètres Jour ap1Vaches saines Malades postpartum
Valeur Pn n
Ca, mmol/L
14 0,91 ± 0,12 47 1,26 ± 0,38 5 0,373
7 0,91 ± 0,09 78 1,57 ± 0,34 6 0,070
3 0,64 ± 0,07 63 0,53 ± 0,31 3 0,742
P, mmol/L
14 0,65 ± 0,12 47 0,31 ± 0,37 5 0,377
7 0,78 ± 0,26 78 0,29 ± 0,93 6 0,611
3 0,50 ± 0,10 63 0,34 ± 0,47 3 0,740
Mg, mmol/L
14 5,79 ± 0,48 47 5,59 ± 1,48 5 0,898
7 6,62 ± 0,49 78 3,61 ± 1,77 6 0,105
3 5,34 ± 0,40 63 3,56 ± 1,84 3 0,347
Na, mmol/L
14 21,9 ± 3,47 47 50,1 ± 10,6 5 0,014
7 25,8 ± 3,12 78 32,0 ± 11,3 6 0,598
3 24,8 ± 3,47 63 21,9 ± 15,9 3 0,858
K, mmol/L
14 337 ± 6,3 47 313 ± 19,2 5 0,244
7 322 ± 6,1 78 276 ± 22,1 6 0,047
3 297 ± 7,9 63 310 ± 36,2 3 0,726
Tableau 3 | Taux de Ca, P, Mg, Na, K dans l’urine de vaches saines et de vaches souffrant ultérieurement de fièvre du lait (valeur moyenne ± erreur standard)
1ap = antepartum.
73
Indicateurs urinaires du statut acido-basique pour la prédiction de la fièvre du lait chez la vache laitière | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Coefficienti acido-basici nell'urina per la diagnosi
precoce della febbre del latte nella vacca lattifera
L’obiettivo di questo studio era di determinare
l’esistenza di un’eventuale correlazione tra i
parametri acido-basici nelle urine delle vacche
lattifere prima del parto e il tenore in calcio nel
sangue poco dopo lo stesso. Le condizioni
sperimentali erano simili per le 100 vacche
lattifere allo studio. La razione per le vacche in
asciutta era a base di insilato di erba e mais,
integrata con fieno a libera disposizione. Il
prelievo delle urine per stabilire il valore di pH è
stato effettuato 14, 7 e 3 giorni prima della data
prevista del parto (285 giorni di gestazione). Nelle
urine sono stati pure determinati l’equilibrio
acido-base (EAB) e l’escrezione acida netta (NAE).
Per determinare il tenore in calcio si è effettuato
un prelievo di sangue 12 ore dopo il parto.I valori
medi di pH riscontrati come pure quelli relativi
all’escrezione acida netta (NAE) e all’equilibrio
acido-base (EAB) presenti nelle urine prima del
parto erano rispettivamente 8,63 ± 0,02, 232 ±
4 mmol/L e 4,75 ± 0,09 mmol/L. I valori di pH e
dell’escrezione acida netta (NAE) indicano uno
stato di alcalosi metabolica quale risultato di un
valore fortemente positivo del bilancio alimentare
cationi-anioni (+ 474 mEq/kg SS). La concentra-zione media di calcio nel sangue (1,92 ± 0,04 mmol/L)
poco dopo il parto non ha rivelato alcuna correla-
zione significativa con i valori medi pH (r = 0,08,
P = 0,416), escrezione acida netta (NAE) (r = 0,04,
P = 0,719) ed equilibrio acido-base (EAB) (r = -0,12,
P = 0,234). Questi risultati suggeriscono che la
misurazione dei parametri acido-basici nelle urine
delle vacche in alcalosi non sembrano adatti per
effettuare una diagnosi precoce sul rischio della
febbre del latte. La misurazione del pH nelle urine
e il calcolo dei parametri acido-basici forniscono
informazioni comparabili sul valore acido-basico
delle vacche lattifere.
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 68–73, 2012
Bibliographie b ALP (Agroscope Liebefeld-Posieux), 2011. Recommandations alimen-taires et tableaux des valeurs nutritives pour les ruminants. Accès: http://www.agroscope.admin.ch/publikationen/03837/index.html?lang=fr [18 mai 2011].
b Bender S. & Staufenbiel R., 2003. Methodische Einflüsse auf ausgewählte Parameter des Säure-Basen-Haushaltes in Harnproben von Milchkühen. Berl. Münch. Tierärztl. Wschr. 116 (9–10), 432–435.
b Block E., 1984. Manipulating dietary anions and cations for prepartum dairy cows to reduce incidence of milk fever. J. Dairy Sci. 67 (12), 2939–2948.
b Casalone M., Cannizzo C., Stefani A., Moro L., Giansella M. & Morgante M., 2008. Mineral metabolism during late pregnancy and calcium status after parturition in dairy cows. Poster at the 25th World Buiatrics Con-gress, 6 – 11.07.2008, Budapest, Hongrie.
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b Tucker W. B., Hogue J. F., Adams G. D., Aslam M., Shin I. S. & Morgan G., 1992. Influence of dietary cation-anion balance during the dry period on the occurrence of parturient paresis in cows fed excess calcium. J. Anim. Sci. 70 (4), 1238–1250.
Use of acid-base indicators to predict the risk of
milk fever in dairy cows
The aim of this study was to investigate a possible
relationship between acid-base parameters in urine
before parturition and the calcium level in blood
shortly after parturition. Hundred dairy cows kept
under identical feeding and housing conditions
were monitored. The diet was based on grass and
corn silage and hay ad libitum. Urine samples were
taken on day 14, 7, and 3 before the estimated
calving (day 285 of gestation) for the determina-
tion of pH, net acid-base excretion (NABE) and
base-acid quotient (BAQ). Blood samples were
taken within the first 12 h after calving for the
analysis of total calcium. During the period before
parturition, the mean values of urinary pH, NABE,
and BAQ were 8,63 ± 0,02, 232 ± 4 mEq/kg DM, and
4,75 ± 0,09, respectively. The pH and NABE values
indicated a state of metabolic alkalosis of the cows
resulting from the distribution of a diet with a high
positive dietary cation-anion difference value
(+ 474 mEq/kg DM). No significant correlations
were observed between total calcium concentra-
tion in blood (1,92 ± 0,04 mmol/L) and mean values
of urinary pH (r = 0,08; P = 0,416), NABE (r = 0,04,
P = 0,719), or BAQ (r = -0,12, P = 0,234). The
measurement of acid-base parameters in urine
prior to parturition cannot be used to predict the
level of blood calcium after parturition in cows
under alkalotic condition. The determination of the
NABE and BAQ parameters revealed similar
information on the acid-base status of dairy cows
as the measurement of the urinary pH.
Key words: dietary cation-anion difference,
acid-base status, calcium, dairy cow.
74 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 74–81, 2012
Les surfaces fourragères et leur mode d’utilisation sont divers. Leur efficacité en termes de production de lait varie selon leur mode de gestion et leur utilisation.
I n t r o d u c t i o n
La durabilité des exploitations agricoles est un enjeu
d’actualité. Elle combine la rentabilité économique, la
charge et la qualité du travail, et le respect de l’environ-
nement. L’utilisation efficace de la surface fourragère
par les ruminants s’intègre dans cette notion de durabi-
lité, elle est synonyme de valorisation optimale des res-
sources «terre» (rare et chère), «fourrages» (impliqués
dans l’équilibre de la ration des animaux) et «travail». En
systèmes laitiers, la quantité de lait produite par unité
de surface fourragère à disposition est un indicateur de
cette efficacité (Huguenin 2003). Cette étude vise à éva-
luer l’efficacité de la surface fourragère dans le canton
de Fribourg.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Un concours sur l’efficacité de la surface fourragère,
organisé en 2002 par l’Association pour le développe-
ment de la culture fourragère (ADCF), est à l’origine de
ce travail. Le questionnaire développé a été réutilisé
chaque année par l’Institut agricole de l’Etat de Fribourg,
et ainsi complété par 310 exploitations entre 2002 et
2009. Pour cette étude, 266 exploitations laitières ont
été retenues dans le canton de Fribourg et en zone limi-
trophe (huit exploitations concernées).
Ces exploitations peuvent être considérées comme
représentatives du canton de Fribourg. Les 258 exploi-
tations fribourgeoises de l’échantillon représentent
12 % des exploitations du canton (Service de la statis-
Lucie Winckler1, Erwan Cutullic2 et Pierre Aeby1
1Institut agricole de l’Etat de Fribourg, Grangeneuve, IAG, 1725 Posieux2Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL, 3052 Zollikofen
Renseignements: Pierre Aeby, e-mail: [email protected], tél. +41 26 305 58 62
Efficacité de la surface fourragère en système laitier dans le canton de Fribourg
P r o d u c t i o n a n i m a l e
Efficacité de la surface fourragère en système laitier dans le canton de Fribourg | Production animale
75
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 74–81, 2012
tique du canton de Fribourg 2010) et sont présentes sur
l’ensemble du territoire. Elles ont un atelier lait moyen
de 226 tonnes, contre 173 tonnes dans le canton (en
ajoutant 10 % du lait livré pour les veaux et le ménage).
De 2002 à 2009, la productivité laitière par vache sur le
canton a été d’environ 7400 kg selon le contrôle laitier
(Swiss Herd Book, Fédération Suisse Holstein) contre
6900 kg dans notre étude en production laitière recal-
culée (généralement inférieure aux chiffres des fédé-
rations).
Les données disponibles concernent la structure
d’exploitation, les pratiques d’alimentation et les per-
formances laitières du troupeau. L’efficacité de la sur-
face fourragère (lait/ha) correspond au lait produit
grâce aux fourrages (donc sans les concentrés) divisé par
la surface fourragère allouée aux vaches laitières (fig. 1).
Les variables ont d’abord été décrites par classe d’al-
titude. Certaines moyennes et proportions ont été spé-
cifiquement comparées entre classes par des tests de
Student (t-test) et tests du Khi2 ou de Fisher. Les effets
des variables de pratique et de structure sur le lait/ha
ont ensuite été appréhendés en deux étapes. Dans la
première étape, nous avons testé par analyse de
variance-covariance (modèle linéaire) les effets sur le
lait/ha de ces variables prises une à une, puis prises
ensemble en simplifiant le modèle pas à pas pour ne
conserver que les variables hautement significatives
(P < 0,01). Cette même analyse a été appliquée au lait/VL
(vache laitière). Dans la deuxième étape, nous avons réa-
lisé une classification ascendante hiérarchique (CAH) sur
les quatre variables lait/VL, kg de concentré/VL,
La productivité de lait à l’hectare est un
critère pour évaluer l’efficacité de la surface
fourragère en système laitier. L’objectif de
cette étude est de mettre en évidence ses
principaux facteurs de variations dans le
canton de Fribourg. L’analyse repose sur le
suivi de 266 exploitations durant la période
2002–2009. L’altitude est une contrainte
structurelle qui pénalise logiquement la
productivité de lait à l’hectare, en raison des
baisses de rendement et de qualité des
prairies. Les exploitations de plaine utilisant
de l’ensilage de maïs et des quantités
modérées de concentrés sont en moyenne
plus performantes. Les exploitations plus
herbagères atteignent pour certaines ces
mêmes niveaux d’efficacité, mais la plupart
ont encore des marges de progrès. De même,
bien que de fortes efficacités soient attei-
gnables avec des vaches de productivité
individuelle moyenne, il existe dans notre
étude une nette relation positive entre le lait
par ha et la production par vache de lait
grâce aux fourrages. Pour conclure, en
dehors des facteurs pédoclimatiques, la
productivité à l’hectare semble fortement
influencée par la capacité des éleveurs à
optimiser leur système de production, et ce
quel que soit ce système.
altitude
nombre de VL
kg lait/VL
kg conc/VL
utilisation d’ensilage de maïs (e.m.)
utilisation d’ensilage d’herbe (e.h.) sans e.m.
% de pâture dans la ration estivale
% d’herbe dans la SFP
variables structurellesvariables de pratiquesvariable à expliquer
PL troupeau
% UGB VL
SFP
PL conc
PL fourr
SFP VL
PL fourr ECM
SFPc VL2/3 ha prairies extensives2/3 ha couverts hivernauxha fourrages vendus
+ ha fourrages achetés
PL ECM fourr/SFPc VL
=lait/ha
(0,3 x %MG + 0,24 x %MP +0,816) x PL fourr / 3,14
UGB = unité gros bovinSFP = surface fourragère principale VL = vache laitièrePL = production laitière; conc = concentrés;
fourr = fourrage; c = corrigéECM = lait corrigé selon l’énergie; e.m. = ensilage de
maïs; e.h. = ensilage d’herbe sans e.m MG = matière grasseMP = matière protéique
Figure 1 | Variables d’intérêt et mode de calcul du lait à l’hectare selon la méthode ADCF 2002 (Huguenin 2003). Toutes les variables sont annuelles. Le lait produit grâce aux concentrés a été estimé à 2,1 kg/kg de concentré distribué.
Production animale | Efficacité de la surface fourragère en système laitier dans le canton de Fribourg
76 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 74–81, 2012
% d’herbe dans la surface fourragère principale (SFP) et
% de pâture en été, afin de regrouper les exploitations
par type de pratiques. Entre groupes générés, les valeurs
et proportions moyennes des différentes variables ont
été comparées respectivement par des tests de Student
et tests du Khi2 ou de Fisher.
Les analyses ont été réalisées à l’aide du logiciel R
(procédures lm, agnes du paquet cluster, t.test,
chisq. test, fisher.test; R Development Core Team, 2010).
R é s u l t a t s
Description des exploitations par classe d’altitude
Les exploitations à plus de 800 m d’altitude ont des ate-
liers lait plus petits qu’à 650 – 800 m (t-test, P < 0,01;
tabl. 1). Les exploitations à moins de 650 m sont intermé-
diaires et de taille plus variable. Elles ont notamment
une plus petite surface fourragère que celle des classes
d’altitude supérieure (P < 0,01). La part d’herbe dans la
SFP augmente graduellement avec l’altitude (P < 0,001
entre les différentes classes). Elle atteint presque 100 % à
plus de 800 m.
L’ensilage de maïs est principalement utilisé par les
exploitations à moins de 650 m d’altitude, et la pâture y
tient une place moins importante (P < 0,05). Pour autant,
elles ne distribuent pas plus de concentrés que les autres
exploitations. L’utilisation d’ensilage d’herbe (sans
ensilage de maïs) concerne seulement 17 exploitations,
principalement à plus de 800 m (P < 0,01).
Les exploitations produisent en moyenne
8770 ± 2528 kg de lait/ha, un résultat proche des résul-
tats du concours ADCF de 2002 (8000 kg), qui avait
impliqué 201 exploitations suisses (Huguenin 2003).
Les exploitations à plus de 800 m sont moins produc-
tives à la fois à l’hectare (P < 0,001; fig. 2) et par animal
(P < 0,001; tabl. 1). Les exploitations entre 650 et 800 m
sont tout aussi productives par animal que celles de
basse altitude, mais ont une productivité à l’hectare
significativement plus faible (P < 0,01). Toutefois, on
retrouve dans les trois classes d’altitude des exploita-
tions avec des niveaux de productivité supérieurs à
14’000 kg de lait/ha.
Les variables explicatives de la productivité à l’hectare
et de la productivité laitière
Les variables lait/ha et lait/VL partagent souvent les
mêmes facteurs explicatifs et le lait/VL est lui-même un
facteur explicatif du lait/ha (tabl. 2). Si les quantités de
concentré ont un effet net sur le lait/VL, elles n’en ont
pas sur le lait/ha. L’effet du lait/VL sur le lait/ha s’explique
essentiellement par la production laitière permise par les
fourrages de base, et ce quelle que soit l’altitude (fig. 3).
A l’inverse, si l’utilisation d’ensilage de maïs a un faible
effet sur le lait/VL, elle a un effet plus marqué sur le lait/
ha. Cet effet dépend de l’altitude: en basse altitude, les
exploitations avec de l’ensilage de maïs présentent une
même productivité à l’hectare que celles utilisant du
fourrage sec (fig. 4).
< 650 m 650 bis 800 m > 800 m
n 66 107 93
Données structurelles
Altitude (m) 550 ± 59 708 ± 42 892 ± 97
SFP (ha) 22 ± 15 29 ± 14 31 ± 18
Nombre de VL 30 ± 19 35 ± 17 30 ± 16
PL totale (t) 228 ± 180 252 ± 142 199 ± 124
Données techniques
Lait/ha (kg/ha) 10 108 ± 2’544 9116 ± 2’198 7422 ± 2’239
Lait/VL (kg) 7120 ± 1’235 7088 ± 1’131 6510 ± 1 212
Lait fourr/VL (kg) 5521 ± 1139 5307 ± 998 5024 ± 1’138
Concentré /VL (kg) 761 ± 287 848 ± 357 707 ± 275
Part d’utilisateurs d’e.m. 68 % 26 % 15 %
Part d’utilisateurs d’e.h. 0 % 3 % 15 %
% d’herbe dans la SFP 79 ± 13 91 ± 8 98 ± 5
% de pâture en été 44 ± 23 53 ± 27 59 ± 30
Tableau 1 | Caractérisation des exploitations étudiées par classes d’altitude (moyenne ± écart-type)
Efficacité de la surface fourragère en système laitier dans le canton de Fribourg | Production animale
77Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 74–81, 2012
La CAH a conduit à quatre groupes de pratiques, qui se
sont aussi traduits par quatre niveaux d’efficacité à l’hec-
tare, croissants des groupes A à D (tabl. 3).
Groupe A: petites exploitations extensives;
Il comprend la majorité des exploitations à plus de
1000 m et des exploitations à basse altitude qui pro-
duisent de petites quantités de lait, pratiquent la pâture
en été et utilisent peu de concentrés. La production lai-
tière des vaches est faible. La surface fourragère est
principalement constituée d’herbe, mais un tiers des
exploitations utilise de l’ensilage de maïs.
Groupe B: exploitations herbagères pâturantes;
Ces exploitations pratiquent la pâture en été. Elles uti-
lisent des quantités de concentrés plus importantes que
le groupe A ; la productivité laitière des vaches, y com-
pris par les fourrages est supérieure.
Groupe C: grandes exploitations herbagères peu pâtu-
rantes utilisant beaucoup de concentrés;
Ces exploitations ont une productivité des vaches supé-
rieure. Elles pâturent nettement moins et utilisent
davantage de concentrés.
Groupe D: grandes exploitations en basse altitude utili-
sant du maïs ensilage;
Les quantités de concentré distribuées sont inférieures à
celles du groupe C pour une même productivité laitière
des vaches. Ces exploitations sont majoritairement en
zone d’ensilage, affouragent du maïs et pratiquent peu
la pâture.
<650 650 à 800 >800
5000
10000
15000
Altitude (m)
Lait
/ ha
(kg)
8123
10028
12264
7446
8739
10428
5980
7231
8687
16128
14261
8739
Figure 2 | Distribution des individus en termes de lait/ha par classe d’altitude.
Les délimitations des boîtes représentent les 1ers, 2e (médiane) et 3e quartiles. L’ex-trémité des pattes se situe soit au dernier point soit à 1,5 fois l’espace interquartile en cas de valeurs extrêmes (figurées par des points).
variables modèle univarié m. multivarié
Variable Moy. ± e.t. ou % Lait/VL (kg) Lait/ha (kg) Lait/ha (kg)
Altitude (m) 733 ± 149 -344 *** -1296 *** -828 ***
PL totale (t) 226 ± 148 624 *** 948 ***
Lait/VL (kg) 6893 ± 1215 1455 ***
Lait fourr/VL (kg) 5261 ± 1097 1017 *** 1450 *** 1196 ***
Concentré/VL (kg) 777 ± 318 537 *** 264 ns
% d’herbe dans la SFP 91 ± 11 -279 *** -1054 ***
% de pâture en été 53 ± 28 -402 *** -949 *** -441 ***
Utilisateurs d’e.m. 33% 398 * 1792 ***
Utilisateurs d’e.h. 6% -428 ns -2469 ***
Tableau 2 | Effet d’une augmentation de 1 écart-type (e.t.) des variables explicatives continues ou de l’utilisation d’ensilage sur la productivité à l’hectare et sur la producti-vité par vache (modèles univariés; modèle multivarié, R2 = 52 %; erreur type résiduelle = 1753; n = 266)
*** P < 0,001; ** P < 0,01; * P < 0,05; ns P > 0,05.
Production animale | Efficacité de la surface fourragère en système laitier dans le canton de Fribourg
78 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 74–81, 2012
D i s c u s s i o n
Un effet marqué de l’altitude sur la productivité de lait
à l’hectare
L’altitude est une contrainte structurelle qui pénalise la
productivité de lait à l’hectare. Les deux facteurs rende-
ment et qualité des prairies sont raisonnablement impli-
qués. Le rendement des prairies diminue de 4 dt MS/ha
par 100 m d’élévation selon Mosimann (2005), ce qui se
traduirait par une perte d’efficacité potentielle d’envi-
ron 350 à 400 kg de lait/ha par 100 m d’élévation (en
considérant une qualité de l’herbe variant de 5,5 à
6,3 MJ NEL/kg MS, un rendement de transformation de
l’énergie en lait de 50 % et 3,14 MJ NEL/kg lait).
D’autres facteurs liés à l’altitude expliquent donc pro-
bablement les 870 kg de lait/ha perdus par 100 m d’élé-
vation dans notre étude. Le % de pâture en été a eu un
effet négatif sur l’efficacité à l’hectare, or ce pourcen-
y = 1,1879x + 3548,8
y = 1,1879x + 2812,5
y = 1,1879x + 1453,4
2000
4000
6000
8000
10000
12000
14000
16000
2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000
Lait
/ ha
(kg)
lait fourr / VL (kg)
< 650 m
650 – 800 m
> 800 m
Figure 3 | Effet du lait produit / VL grâce aux fourrages et de la classe d’altitude sur le lait par hectare (P < 0,001 et P < 0,001, R² = 43 %, erreur type résiduelle = 1912 kg de lait/ha).
L’interaction de pente n’est pas significative (P = 0,28) et a été exclue du modèle.
Figure 4 | Données moyennes de production de lait à l’hectare en fonction du type d’alimentation des VL, par classe d’altitude.
10212 a 10093 c
8979 c
9883 a
8831b
7329 b 7230 a
6293 a
0
2000
4000
6000
8000
10000
12000
< 650 m 650 – 800 m > 800 m
Lait
/ ha
(kg)
e.m. = ensilage de maïs
sec = sans ensilage
e.h. = ensilage d’herbe sans e.m.
n= 45 21 n= 28 79 3 n= 14 79 14
a,b,c intra-classe d’altitude, les valeurs sans lettres communes diffèrent significativement (P < 0,05).
Efficacité de la surface fourragère en système laitier dans le canton de Fribourg | Production animale
79Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 74–81, 2012
silage de maïs, sont modérées dans l’utilisation de
concentrés et obtiennent des productions laitières par
vache totales et par les fourrages élevées. Certaines
exploitations des groupes B et C, plus herbagères,
atteignent les mêmes performances que les plus effi-
caces du groupe D, probablement grâce à une gestion
optimisée de leur système de production. L’efficacité des
groupes pâturants (A et B) est décevante et loin de celles
d’exploitations très performantes en matière de pâture,
comme la ferme du Waldhof à Langenthal. Elle produit
115 000 kg de lait avec 17 vaches laitières (6780 kg/VL) sur
7 ha de pâture et avec environ 400 kg MS de concentré/
VL. Elle a atteint une production moyenne de 14 400 kg
de lait à l’hectare entre 2001 et 2006 (Thomet et al. 2008;
Thomet 2004). Ces performances s’expliquent par une
excellente maîtrise du système de pâture (contrôle des
hauteurs d’entrée et de sortie des parcs, complémenta-
tion réduite, vêlages groupés en fin d’hiver). Une marge
de progrès semble donc possible pour les exploitations
herbagères du canton de Fribourg. Ces systèmes pâtu-
rants requièrent une excellente technicité mais sont à
encourager pour leurs effets positifs sur la rentabilité et
la charge de travail (Gazzarin et Schick 2004).
La productivité laitière par vache: un réel critère d’effi-
cacité de la surface?
La productivité des vaches, lorsqu’elle s’appuie sur une
large proportion de lait produit grâce aux fourrages, a
un effet important sur le lait à l’hectare, quelle que soit
la classe d’altitude considérée. Cet effet de la proportion
de lait produit grâce aux fourrages a également été mis
en évidence par Weiss et al. (2008) pour 499 exploita-
tions de Bavière.
tage augmente avec l’altitude; une maîtrise insuffi-
sante des techniques de pâture pourrait induire une
sous-valorisation des potentiels de rendement et de
qualité des prairies. En basse altitude, les exploitations
de polyculture-élevage cultivent plus de prairies tem-
poraires; celles-ci sont d’excellente qualité et présen-
tent une bonne capacité de conservation. A cela
s’ajoute encore la facilité en plaine d’équilibrer fine-
ment les rations avec des fourrages humides (ex.
pommes de terre).
L’effet positif de l’ensilage de maïs sur le lait/ha n’est
observé qu’à plus de 650 m d’altitude (fig. 4). Ceci peut
s’expliquer par une baisse des rendements fourragers et
une baisse de la qualité de l’herbe avec l’élévation en
altitude (tabl. 4).
Des pratiques différentes pour des efficacités à l’hec-
tare différentes
Les quatre groupes de pratiques sont relativement indé-
pendants de l’altitude. Les exploitations les plus perfor-
mantes (groupe D) se trouvent toutefois en plaine. Elles
ont un atelier lait relativement grand, utilisent de l’en-
Groupe A B C D
n 50 82 86 48
Variables ayant servi à la constitution des groupes (CAH)
Lait/VL (kg) 5246a 6968b 7410c 7557c
Concentré /VL (kg) 509a 691b 998d 809c
% herbe dans SFP 93b 96c 94b 74a
% de pâture en été 72b 71b 33a 39a
Autres variables
Lait/ha (kg) 6913a 8346b 9122c 10798d
Lait fourr/VL (kg) 4177a 5515b 5315b 5859c
Altitude (m) 791b 763b 745b 601a
PL totale (t) 141a 212b 267c 274c
Part d’utilisateurs d’e.m. 32 %b 13 %a 26 %b 79 %c
Part d’utilisateurs d’e.h. 14 % 2 % 7 % 4 %
Tableau 3 | Caractéristiques des groupes résultants de la CAH
e.m. = ensilage de maïs; e.h. = ensilage d’herbe sans e.m.a,b,c,d Les valeurs sans lettres communes diffèrent significativement (P < 0,05).Les différents niveaux de bleu mettent en évidence les gradients de valeurs pour les variables de constitution des groupes.
Ration Lait/ha (kg) Ratio (%)
Plaine1/3 maïs 11 100 100
100 % herbe 10 200 92
Moyenne altitude
1/3 maïs 8600 100
100 % herbe 6800 80
Tableau 4 | Productivité théorique à l’hectare selon l’altitude pour deux types de ration, en simulant une baisse de rendement du maïs, une baisse de rendement et de qualité des prairies avec l’augmen-tation de l’altitude
Ration modulée sur une courbe de lactation standard et calculée à l’aide du plan d’alimentation PAFF-Agridea 2009, pour une vache multipare de 680 kg PV produi-sant 7500 kg de lait /an, intervalle vêlage de 365 jours. Les rendements sont issus des Données de base pour la fumure; les prairies sont équilibrées avec ray-grass en plaine (stade moyen = 4), et riche en graminées sans ray-grass en altitude (stade moyen = 4).
80
Production animale | Efficacité de la surface fourragère en système laitier dans le canton de Fribourg
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 74–81, 2012
Pourtant, une forte productivité de lait à l’hectare peut
être obtenue par la somme de faibles productions lai-
tières individuelles, comme le prouvent l’exemple du
Waldhof ou l’étude irlandaise en pâture intégrale de
Horan et al. (2005). Dans ce dernier essai, les Holstein de
génétique nord-américaine alimentées avec peu de
concentré (300 kg/VL/an) produisent environ 11 500 kg
de lait/ha avec 6700 kg de lait/VL contre 9800 kg/ha avec
7900 kg/VL lorsqu’elles sont alimentées libéralement
(1300 kg/VL/an). De plus, augmenter le chargement à
l’hectare réduit la production individuelle mais aug-
mente la productivité à l’hectare par une meilleure valo-
risation de l’herbe à disposition. En effet, restreindre
les vaches à 90 % de leur capacité d’ingestion permet
de valoriser 77 % de l’herbe à disposition contre 58 %
pour une capacité couverte à 100 % (Delagarde et al.
2006). Enfin, pour aller plus loin, la prise en compte des
interactions entre la génétique des animaux et le sys-
tème de production est un pas de plus pour l’améliora-
tion de l’efficacité (Horan et al. 2005, Delaby et al.
2009).
C o n c l u s i o n s
•• L’efficacité de la surface fourragère est fortement
influencée par l’altitude pour les exploitations laitières
du canton de Fribourg. Cependant, les pratiques des
agriculteurs ont elles aussi un effet important sur la
productivité à l’hectare. La production de lait par
vache grâce aux fourrages joue ainsi un rôle très
important sur l’efficacité à l’hectare, quel que soit le
système de production.
•• Aujourd’hui, les exploitations fribourgeoises avec un
atelier lait important, en basse altitude, et utilisant de
l’ensilage de maïs, semblent avoir une bonne maîtrise
technique de leur système. En revanche, les exploita-
tions pâturantes pourraient être plus performantes
par une amélioration de la gestion de la pâture et un
apport raisonné et limité de concentrés.
•• L’efficacité de la surface fourragère est un critère de
durabilité des exploitations car il reflète la valorisation
des ressources. Cependant, il ne doit pas être le seul
objectif des exploitants, le but final étant de trouver
un équilibre entre rentabilité, plaisir au travail et
respect de l’environnement. n
Figure 5 | Une mauvaise gestion du pâturage peut entraîner un gaspillage important de l’herbe: par exemple, lorsque la pression de pâtu-rage est insuffisante (refus) ou que les vaches pâturent de l’herbe trop haute.
81
Efficacité de la surface fourragère en système laitier dans le canton de Fribourg | Production animale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Efficiency of forage surface area
in dairy systems in the canton of
Fribourg, Switzerland
Milk output per hectare of forage
surface area is a means of measuring
the efficiency of dairy production. The
aim of this study is to identify which
factors are decisive in the variation of
surface-area productivity practised in
the canton of Fribourg in Switzerland.
The analysis is based on a survey of
266 dairy farms which was conducted
during the period 2002–2009. Altitude
is, as expected, a significant structural
factor, constraining milk output per
hectare because of lower grassland
yield and quality. Lowland farms which
use maize silage and moderate
amounts of concentrate are, on
average, more efficient. Some of the
grass-based farms achieve similar
levels of efficiency, but many still have
room for improvement. Although high
efficiency is attainable with individu-
ally-medium-yielding cows, a positive
correlation was observed between
milk output per hectare and cows’
forage-based milk yield. In conclusion,
it appears that irrespective of local
pedoclimatic factors and type of
system, surface-area productivity is
highly dependent on farmers’ ability to
optimise their own production system.
Key words: dairy production, produc-
tion system, forage, grassland, local
ressources, efficiency.
Efficacia della superficie foraggera del
sistema lattiero nel canton Friborgo
La produttività di latte per ettaro è un
criterio per valutare l’efficacia della
superficie foraggera del sistema
lattiero. Obiettivo di questo studio è di
evidenziare i suoi principali fattori che
determinano la variazione di produtti-
vità della superficie nel canton Fri-
borgo. L’analisi si basa su un sondag-
gio tra 266 aziende nel periodo tra il
2002 ed il 2009. Il livello del mare è,
come presupposto, uno dei principali
fattori strutturali che limita l’area di
produttività a causa della minore
qualità dei prati da foraggio. Le
aziende in pianura che usano insilato
di mais e moderate quantità di
concentrati sono in media più effi-
cienti. Aziende maggiormente erbag-
giere raggiungono parzialmente gli
stessi livelli di efficienza, ma molte di
loro presentano ancora margini di
miglioramento, anche se delle mucche
con una produzione individuale di latte
media possono raggiungere elevate
prestazioni. Pertanto la nostra inchie-
sta ha mostrato una chiara e positiva
relazione tra la produzione di latte per
ettaro e la produzione di latte indivi-
duale ottenuta da razione di base. In
conclusione, a parte i fattori pedo-
climatici, la produttività per ettaro
sembra fortemente influenzata dalla
capacità degli agricoltori di ottimizzare
il loro sistema di produzione, indipen-
dentemente dal tipo di sistema.
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 74–81, 2012
Bibliographie b Delaby L., Faverdin P., Michel G., Disenhaus C. & Peyraud J. L., 2009. Ef-fect of different feeding strategies on lactation performance of Holstein and Normande dairy cows. Animal 3, 891–905.
b Delagarde R., Delaby L. & Faverdin P., 2006. Le calcul de ration pour vaches laitières au pâturage. Rencontres Recherches Ruminants 13, 89 – 92.
b Gazzarin C. & Schick M., 2004. Systèmes de production laitière en région de plaine, comparaison de la rentabilité et de la charge de travail. Rap-port FAT 608, 1–12.
b Horan B., Dillon P., Faverdin P., Delaby L., Buckley F. & Rath M., 2005. The interactions of Strain of Holstein-Friesian Cows and Pasture-Based Feed Systems on Milk Yield, Body Weight, and Body Condition Score. Journal of dairy science 88, 1231–1243.
b Huguenin O., 2003. Production laitière à l’hectare, méthode de calcul et résultats du concours. Journée herbagère ADCF-SRVA 1054, Moudon.
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b Thomet P., 2004. Eine sehr hohe Flächenleistung erreicht. Bauernzeitung 28 mai 2004, 19.
b Thomet P., Hadorn M. & Wyss A., 2008. Flächenleistung Milch von drei Vollweide-Betrieben mit Kurzrasenweide im CH-Mittelland. Journée ADCF 52, Zollikofen, 106–109.
b Weiss D., Dorfner G., Auerswald K. & Thomet P., 2008. Flächenprodukti-vität – Milch von 499 bayrischen Betrieben. Journée ADCF 52, Zollikofen, 71 – 74.
82 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 82–87, 2012
I n t r o d u c t i o n
Pour une production optimale de pommes de terre, il
est réellement difficile, même pour un professionnel
expérimenté, de bien adapter la fumure azotée aux
conditions climatiques de l’année, aux propriétés du site
de culture ainsi qu’à la variété.
Compte tenu des interlignes larges et de son système
radiculaire faible et peu développé en profondeur, la
pomme de terre prélève tout au plus 60 % de l’azote dis-
ponible dans la couche arable (Vos 1997). Jusqu’à une
hauteur des pousses de 10 cm, les prélèvements d’azote
sont très faibles grâce aux fournitures du tubercule
mère. En revanche, ils sont très élevés durant les quatre
à cinq semaines qui suivent (Walther et al. 1996). Un
manque d’azote affecte fortement la productivité de la
pomme de terre. A l’opposé, trop d’azote disponible
entraîne un développement excessif du système foliaire;
il en résulte un retard dans le développement et la
maturation des tubercules. L’azote qui n’est pas prélevé
par les plantes peut se volatiliser sous forme d’azote
nitreux ou être lessivé sous forme de nitrate; il s’ensuit
une pollution de l’air ou de l’eau. Tant la directive sur les
nitrates promulguée par l’UE (1991) que le suisse-bilanz
introduit en Suisse ont pour objectif la maîtrise des
quantités d’azote et de phosphore au niveau des exploi-
tations pour satisfaire aux exigences des prestations
écologiques requises. La finalité de ces mesures, intro-
duites il y a plusieurs années, est la protection des res-
sources naturelles. Des améliorations ont été constatées
dans de nombreux pays. Les engrais utilisés dans l’agri-
culture contribuent à la pollution des eaux de surface et
se retrouvent dans les nappes phréatiques. Les agricul-
teurs d’aujourd’hui sont conscients de leurs responsabi-
lités. Ils cherchent à optimiser leur production, tant au
niveau des coûts que de la qualité. La nutrition des
plantes dépend de plusieurs facteurs dont certains ne
peuvent pas être influencés et d’autres partiellement
seulement. Les principaux facteurs qui entrent en ligne
de compte sont: le climat de l’année, la nature du sol, les
éléments nutritifs libérés par la minéralisation de la
matière organique, les techniques culturales, l’irrigation
ainsi que les besoins en azote spécifiques aux variétés.
Aperçu de la parcelle d'essais de pommes de terre à Reckenholz en 2008. (Photo: ART)
Thomas Hebeisen1, Theodor Ballmer1, Roger Wüthrich1 et Brice Dupuis2, 1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich2Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil, 1260 Nyon
Renseignements: Thomas Hebeisen, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 74 50
Réaction à la fumure azotée de nouvelles variétés de pommes de terre admises à la liste officielle
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Réaction à la fumure azotée de nouvelles variétés de pommes de terre admises à la liste officielle | Production végétale
83
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 82–87, 2012
De nombreux travaux de recherche et de modélisation
ont permis de mieux comprendre la cinétique de l’azote
dans les sols, aussi en culture de pommes de terre
(Haverkort et MacKerron 2000). Vos et MacKerron (2000)
ont montré que le coefficient d’utilisation de l’azote
pouvait être amélioré par un fractionnement des apports.
Une adaptation de la fumure peut être faite sur la base
d’analyses complémentaires du sol (par exemple Nmin) et
des plantes. On peut ainsi mieux maîtriser la variabilité
des quantités d’azote disponibles dans le sol. L’influence
de la fumure azotée sur la qualité des pommes de terre a
été mise en évidence par de nombreux essais. Un excès
d’azote favorise la formation de tubercules gémellaires,
les cœurs creux ainsi que la sensibilité aux chocs comme
relevé notamment par Kolbe (2001).
Le but des essais des stations de recherche Agroscope
est de définir les besoins en azote des nouvelles variétés
de pommes de terre, qu’elles soient destinées à la
consommation en frais ou à la transformation indus-
trielle. Comme l’a relevé par exemple van Loon (1994), il
n’est pas possible de reprendre telles quelles les indica-
tions des sélectionneurs ou des instituts de recherche
étrangers, les conditions de culture étant différentes en
Suisse, notamment en ce qui a trait à la température,
aux précipitations, à la nature des sols ainsi qu’aux pra-
tiques culturales. De plus, il y a lieu de tenir compte des
conditions cadres particulières à respecter en matière de
protection des ressources naturelles.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Les essais destinés à déterminer les besoins en azote des
nouvelles variétés de pommes de terre de consomma-
tion ont été réalisés sur les domaines de Changins-Nyon,
VD (Cgs,) et de Reckenholz, ZH (Re) en 2008 et 2009. La
nature du sol des deux sites était semblable. A Changins,
la fumure de fond apportée en automne sous forme
d’engrais minéraux était composée de 80 – 100 kg P2O5,
300 – 400 kg K2O et 25 – 30 kg Mg, en conformité avec les
DBF (Sinaj et al. 2009). A Reckenholz, la fumure de fond
consistait en un apport de 25 t/ha de compost en
automne. Les sols des deux sites sont considérés comme
étant normalement pourvus en P et K et le pH est faible-
ment alcalin. Au point de vue disponibilité en azote, ils
sont qualifiés de «suffisants/normaux» (Sinaj et al. 2009).
En 2008, la plantation a eu lieu le 28 avril à Changins et
le 5 mai à Reckenholz. En 2009, les plantations ont eu
lieu les 6 et 7 avril. Chaque variété a été plantée en par-
celles de 50 tubercules à Changins et de 100 tubercules à
Reckenholz, dans un dispositif en 4 répétitions. L’espace-
ment sur la ligne était de 33 cm, ce qui correspondait à
une densité de plantation de 400 tubercules par are.
En 2008 et 2009, les stations de recherche
Agroscope Changins-Wädenswil ACW et Agro-
scope Reckenholz-Tänikon ART ont déterminé les
besoins en azote spécifiques aux variétés de
pomme de terre Gourmandine, Jelly, Laura ainsi
que Lady Jo par des essais au champ installés à
Changins-Nyon (VD) et à Zurich-Reckenholz. Lady
Jo n'a été testée qu'à Changins. Les procédés de
fumure azotée ont été échelonnés de 0 à 200 kg
N/ha. Toutes les variétés ont réagi aux doses
croissantes d'azote par des augmentations du
rendement total et du rendement commercialisa-
ble. Cependant, aucune augmentation significa-
tive du rendement n'a été observée au-dessus de
120 kg N/ha. La variété Gourmandine a produit un
rendement significativement supérieur à celui de
Jelly et Laura, tant en récolte totale qu'en récolte
commercialisable. Plus la fumure azotée était
élevée, plus la teneur en amidon des tubercules
était basse. En tendance générale, les pommes de
terre de tous les procédés ayant reçu une fumure
azotée se sont révélées légèrement plus sensibles
aux chocs que celles des témoins sans azote. La
teinte des pommes chips issues de tubercules sans
fumure azotée était plus claire que celle des
pommes de terre ayant reçu de l'azote.
C'est avec une fumure moyenne, comprise entre
100 et 120 kg N/ha, que les variétés Gourmandine,
Jelly et Laura ont fourni les meilleurs rendements
en marchandise commercialisable. Ces essais ont
confirmé l'influence importante des conditions
climatiques de l'année ainsi que celle des condi-
tions de croissance dans les différents sites sur la
productivité de la pomme de terre.
Les procédés de fumure azotée étaient les suivants:N0 = aucune fumure N // N_B80 = 80 kg Biorga Quick (12 %
de N organique N) // N80 = 80 kg N, N120 = 120 kg N, N160 =
160 kg; N200 = 200 kg N par ha sous forme de nitrate d’am-
moniaque (27,5 % N). Le premier épandage (40 kg N) a eu
lieu peu avant ou immédiatement après la plantation, le
second lorsque les plantes atteignaient une hauteur de
10 cm, et le troisième juste avant la fermeture des lignes.
Conditions climatiques et approvisionnement en eau en
2008 et 2009
En 2008, la plantation a été retardée à cause d’un mois
d’avril pluvieux. A Changins, l’essai a été irrigué début
juillet avec 30 mm d’eau. A Reckenholz, la répartition
des pluies fut plus favorable.
Production végétale | Réaction à la fumure azotée de nouvelles variétés de pommes de terre admises à la liste officielle
84 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 82–87, 2012
En 2009, les plantations furent très précoces grâce à un
mois d’avril plutôt sec. Les températures furent supé-
rieures à la moyenne d’avril à septembre. La répartition
des pluies fut très bonne à Reckenholz alors qu’à Chan-
gins il fallut procéder à 5 arrosages successifs de 30 mm
à partir de fin mai.
Niveaux Nmin très différents entre les deux sites
Les analyses d’avril à Changins révélaient de faibles
teneurs en Nmin, soit 20 kg N/ha en 2008 et 35 kg N/ha en
2009 (couche de 0 à 60 cm). A Reckenholz, les teneurs en
Nmin mesurées en mai étaient élevées en 2008 avec 88 kg
N/ha et très élevées en 2009 avec 169 kg N/ha. Les condi-
tions de minéralisation de l’azote du sol étaient opti-
males. Grâce aux faibles précipitations durant les mois
d’avril et mai, les pertes d’azote par lessivage ont été
vraisemblablement faibles.
Variétés et paramètres examinés
Ce sont les variétés de pommes de terre de consomma-
tion Gourmandine, Jelly et Laura qui ont été examinées
sur leur comportement en fonction de la fumure azotée.
Toutes trois se caractérisent par une très bonne producti-
vité, une bonne qualité culinaire ainsi qu’une bonne
aptitude à la conservation. Elles sont qualifiées de
mi-tardives à mi-précoces. La variété Lady Jo, de type mi-
précoce et convenant à la fabrication de pommes chips,
n’a été testée qu’à Changins.
En plus des évaluations agronomiques au champ, la
teneur en chlorophylle des feuilles a été déterminée à
Changins de manière indirecte par la mesure de l’inten-
sité de la couleur verte des feuilles au moyen du N-Tester
Hydro (une mesure par période de végétation). Le défa-
nage a été effectué chimiquement au cours de la der-
nière décade de juillet à Changins et de la première
décade d’août à Reckenholz. Le matériel récolté a été
calibré en trois classes: marchandise commercialisable
(42,5 – 70 mm), petit calibre (< 42,5 mm) et gros calibre
(> 70 mm). La teneur en amidon et la sensibilité aux
chocs (test par secouage) en fonction des différents
niveaux de fumure azotée ont été déterminées sur des
échantillons groupés. L’indice de taches plombées se cal-
cule à partir de la fréquence des dommages multipliée
par leur intensité notée sur des tubercules pelés (4 × 50
tubercules par procédé de fumure N). Un échantillon
moyen pour chacun des procédés a été mis en conserva-
tion, avec traitement au Talenton comme antigerminatif,
pour une durée de 135 jours. Le résultat du test de
conservation a été établi sur la base d’une notation
visuelle ainsi que d’une mesure de la perte de poids.
Fumure azotée (kg N/ha)
N0
N_B
80N
80N
120
N16
0N
200 N0
N_B
80N
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2009
Jelly Lady Jo LauraGourmandine
< 42,5 mm 42,5 à 70 mm> 70 mm Taux d‘amidon
Rend
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t bru
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/ha)
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182009
Fumure azotée (kg N/ha)
Gourmandine Jelly Laura
< 42,5 mm 42,5 à 70 mm > 70 mm Taux d‘amidon
Figure 1a | Rendement brut et teneur en amidon des différentes variétés en fonction de la fumure azotée à Changins en 2008 et 2009.
Figure 1b | Rendement brut et teneur en amidon des différentes variétés en fonction de la fumure azotée à Reckenholz en 2008 et 2009.
Fumure azotée (kg N/ha)
N0
N_B
80N
80N
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0N
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N_B
80N
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80N
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10
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182008
2009
Jelly Lady Jo LauraGourmandine
< 42,5 mm 42,5 à 70 mm> 70 mm Taux d‘amidon
Fumure azotée (kg N/ha)
N0
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80N
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Jelly Lady Jo LauraGourmandine
< 42,5 mm 42,5 à 70 mm> 70 mm Taux d‘amidon
Réaction à la fumure azotée de nouvelles variétés de pommes de terre admises à la liste officielle | Production végétale
85Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 82–87, 2012
lée sur l’ensemble des variétés a révélé une augmentation
du rendement brut de 25 % et du rendement marchand de
28 % par rapport au témoin sans azote pour une fumure de
80 kg N/ha seulement. En augmentant la fumure de 80 kg
N/ha à 200 kg N/ha, l’accroissement du rendement brut est
de 8 % et celui du rendement marchand de 9 %. L’effet
décroissant de l’augmentation de la fumure est visible
(fig. 1). Les résultats obtenus avec 80 kg/ha de Biorga Quick
ont été parfaitement identiques à ceux de la quantité cor-
respondante d’azote minéral, tant en rendement brut
qu’en rendement marchand. La variété Gourmandine s’est
révélée significativement plus productive que Jelly et Laura.
La moyenne des procédés sans aucune fumure azotée, sur
les des deux années d’essai, révèle un rendement brut sur
le site de Reckenholz qui est supérieur de 87 % à celui de
Changins; cette différence est de 63 % pour le rendement
commercialisable. Dans le groupe des procédés ayant reçu
une fumure azotée, les différences entre les deux sites se
situaient entre 25 et 40 %. Cet état de faits est probable-
ment à mettre en relation avec les plus grandes disponibi-
lités en Nmin et à l’approvisionnement en eau plus régulier
à Reckenholz qu’à Changins.
En moyenne des deux années d’essai et des résultats
des deux sites, la proportion de tubercules de calibre mar-
chand se situait à 73,6 % du rendement brut en l’absence
de fumure azotée et passait à 78 % avec une fumure de 80
kg N/ha. En augmentant encore la fumure azotée, on
s’attendait à une augmentation de la proportion de
tubercules en sur-calibre comme cela a été le cas dans les
essais de fumure 2005 – 2007 (Dupuis et al. 2009). Mais ce
phénomène n’a été visible qu’à Reckenholz. Sur les deux
lieux d’essais, les rendements bruts ont atteint leur maxi-
mum à un niveau de fumure N relativement bas. L’azote
supplémentaire est resté sans effet (fig. 1a et 1b).
Feuilles des plantes sans fumure N plus claires
Les mesures de teneur en chlorophylle faites au cours
des deux années d’essais révélaient une valeur de 502
en moyenne des quatre variétés dans le procédé sans
fumure azotée et de 589 dans les procédés avec fumure
azotée. Ces valeurs sont caractéristiques d’une relative
sous-fertilisation azotée. Cependant, l’intensité de la
couleur verte des feuilles peut aussi être liée à la variété.
Ainsi, les variétés Lady Jo et Gourmandine ont toujours
présenté des feuilles plus claires que les autres, indépen-
damment de la fumure azotée (fig. 2). La différence de
coloration verte entre les deux années d’essai était
faible (moyenne 2008: 563; moyenne 2009: 559). En ne
procédant qu’à une seule mesure par période de végé-
tation, les résultats n’étaient plus différenciables à par-
tir d’une fumure de 120 kg N/ha. Goffart et al. (2008)
mentionnent que ce type de mesure ne permet pas de
Pour les tests d’aptitude à la transformation industrielle,
les tubercules conservés à 8 °C ont été découpés en chips
et passés à la friture (3 min. à 170 °C). La coloration des
chips a été taxée d’après l’échelle de coloration de
Wageningen. La note 1 correspond à des chips quasi-
ment noires et la note 9 à des chips très claires.
Mises en valeur statistiques
Toutes les données ont été l’objet d’une mise en valeur
statistique globale afin de pouvoir mettre en évidence
d’éventuelles interactions intéressantes entre variétés,
fumure azotée, lieux d’essai et années. Dans les gra-
phiques, les résultats sont présentés séparément afin de
mettre en évidence les effets de l’année et du site sur les
disponibilités en eau et en azote dans le sol. La distribu-
tion normale des données traitées a été vérifiée. Les dif-
férences significatives ont été définies au niveau de pro-
babilité d’erreur de 5 %.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Influence des procédés de fumure azotée sur le rende-
ment brut et sur le rendement marchand
En moyenne générale, toutes variétés et procédés de
fumure N confondus, le rendement brut de la récolte 2008
a été inférieur de 45 % à celui de 2009. Ceci est vraisembla-
blement dû aux plantations tardives ainsi qu’aux condi-
tions de sol défavorables tant avant qu’après la plantation.
Le rendement brut moyen des variétés obtenu sur les deux
ans à Changins a été inférieur de 38 % à celui de Recken-
holz. La différence était particulièrement marquée en 2008
(fig. 1). La moyenne des procédés de fumure azotée calcu-
Verdeur des feuilles (chlorophylle) 0 100 200 300 400 500 600 700
Fum
ure
azot
ée (k
g N
/ha)
N0
N_B80
N80
N120
N160
N200
GourmandineJelly Laura Lady Jo
Figure 2 | Intensité de la coloration verte des feuilles des diffé-rentes variétés en fonction de la fumure azotée à Changins. Valeurs moyennes obtenues par des mesures effectuées une seule fois par période de végétation au moyen du N-Tester Hydro.
86
Production végétale | Réaction à la fumure azotée de nouvelles variétés de pommes de terre admises à la liste officielle
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 82–87, 2012
différencier les procédés en cas de consommation de
luxe de nitrate par les plantes. D’éventuelles différences
de niveau d’approvisionnement en N seraient plus faci-
lement identifiables vers la fin de la période de végéta-
tion. On sait que différents facteurs comme le sol, le
climat et les conditions de culture peuvent influencer le
résultat de ces mesures.
Les procédés de fumure N ont légèrement influencé la
sensibilité des tubercules aux chocs
Les tubercules des procédés sans fumure azotée ont pré-
senté le plus faible indice de taches plombées, soit 25. La
différence par rapport aux procédés avec fumure azotée
était modeste puisque ceux-ci n’ont atteint que 32 en
moyenne. Aucune différence n’a été constatée entre
variétés parmi les procédés avec fumure azotée. Ces
indices se situaient dans la partie inférieure de la catégo-
rie «sensibilité aux chocs moyenne», confirmant ainsi la
caractérisation de ces variétés dans la liste officielle
(Schwärzel et al. 2011).
L’aptitude à la conservation n’a pas été influencée par la
fumure azotée
En moyenne des quatre variétés, les tubercules prove-
nant des parcelles sans fumure azotée ont obtenu la
note de conservation 3,5 et ont subi une perte de poids
de 5,9 % après 135 jours de stockage. Les tubercules pro-
venant des parcelles à 200 kg N/ha ont obtenu une note
de conservation légèrement meilleure (3,1) et ont subi
une perte de poids de 5,8 %.
Les différences d'aptitude à la conservation ont été
plus liées aux propriétés des variétés et au climat de
l'année qu'aux effets d'une fumure azotée excessive.
A la fin de la période de stockage, les tubercules de
la variété Laura avaient perdu en moyenne 6,8 % de leur poids et ceux de Jelly 6,1 % alors que les tubercules de Lady
Jo avaient perdu 5,7 % et ceux de Gourmandine 4,9 %.
Pommes chips plus claires sans fumure azotée
Pour les deux années d’essai, et en moyenne des variétés
testées, les pommes chips produites avec des tubercules
provenant des parcelles sans azote ont obtenu la note de
coloration 5,4, soit une meilleure aptitude à la transfor-
mation que celles des procédés avec fumure azotée. Dans
ceux-ci, la note était de 5,3 pour 80 kg N/ha et de 5,0 pour
200 kg N/ha. Cette altération de la coloration des pommes
chips était la même pour les tubercules provenant des
deux sites d’expérimentation. Ces résultats ne concordent
pas avec ceux de Walther et Maag (1990) qui n’ont pas
constaté de différences dans la coloration des pommes
chips des variétés Bintje et Eba, quels qu’aient été le
niveau et la répartition de la fumure azotée.
C o n c l u s i o n s
Dans les DBF 2009, les normes de fumure N sont fonction
d’un certain optimum économique. C’est le meilleur com-
promis possible entre la production de bonnes récoltes
de haute qualité et le moindre risque de pertes d’azote. Il
en résulte que le rendement à Nopt est toujours inférieur
au rendement maximum. Ainsi, une fumure azotée ne
dépassant pas Nopt empêche qu’une quantité excessive
d’azote résiduel subsiste après la récolte et soit exposée
au risque de pertes par lessivage (Richner et al. 2010).
Nos essais confirment que la productivité de la
pomme de terre est fortement influencée par la quan-
tité d’azote disponible issu de la minéralisation de la
matière organique, selon la nature du sol et les condi-
tions climatiques de l’année dans le site considéré. Les
variétés de pommes de terre de consommation Gour-
mandine, Jelly, et Laura ainsi que la variété de transfor-
mation Lady Jo valorisent bien la fumure azotée. Elles
atteignent déjà de très bons rendements en marchan-
dise commercialisable à un niveau de fumure de 100 à
120 kg N/ha.
Pour des raisons écologiques et économiques, la
fumure azotée prévue doit être épandue si possible en
plusieurs fractions. Ainsi, la quantité d’azote des apports
successifs peut être modulée en fonction des conditions
de minéralisation de l’année.
La fumure azotée des variétés Gourmandine, Jelly,
Laura et Lady Jo peut être calculée selon la formule 160
kg moins Nmin à 0–60 cm ou dérivée de la «méthode par
estimation» décrite dans les DBF. En général, les terres
consacrées actuellement à la culture des pommes de
terre possèdent une capacité de fourniture d’azote éle-
vée lorsque la température et l’humidité du sol sont
favorables. Des rendements élevés en marchandise com-
mercialisable de bonne qualité, tant pour la consomma-
tion que pour la transformation, peuvent être atteints
avec une fumure azotée relativement modeste. Toute-
fois, les années où le lessivage de l’azote a été important
au cours de l’hiver et la plantation tardive en terre peu
réchauffée, un renforcement de la fumure azotée peut
être justifié. n
87
Réaction à la fumure azotée de nouvelles variétés de pommes de terre admises à la liste officielle | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 82–87, 2012
Risposta delle nuove varietà di patate omolo-
gate alle variazioni nell'apporto d’ azoto
Nel 2008 e nel 2009, le stazioni di ricerca
Agroscope Changins-Wädenswil ACW e
Agroscope Reckenholz-Tänikon ART hanno
condotto diverse prove in campo presso i siti di
Changins-Nyon (VD) e Zurigo-Reckenholz
concernenti il fabbisogno di azoto (N) specifico
delle varietà Gourmandine, Jelly, Laura e Lady
Jo (solo a Changins). Gli apporti di N variavano
da 0 a 200 kg N/ha. Per tutte le varietà, un
aumento dell'apporto di N era associato a una
maggiore resa lorda e commerciabile. Nessun
aumento significativo delle rese si osserva con
apporti di N superiori a 120 kg/ha. La varietà
Gourmandine ha ottenuto una resa lorda e
commerciabile significativamente superiore
rispetto alle varietà Jelly e Laura. Più alto era
l'apporto di N e minori erano i tenori di amido
nei tuberi. L’apporto di azoto provoca una
sensibilità dei tuberi al danneggiamento
tendenzialmente superiore rispetto a quelli
senza apporto. Il colore alla frittura delle
patatine ottenute da tuberi di piante non
concimate risultava leggermente più chiaro di
quello dei tuberi di piante concimate.
Con un apporto di N compreso tra 100 e
120 kg/ha le varietà Gourmandine, Jelly e
Laura raggiungono un’elevata resa commercia-
bile. Queste prove confermano come il
potenziale di resa della patata sia influenzato
in modo importante dalle condizioni climatiche
annuali e dal sito di produzione.
Bibliographie b Dupuis B., Reust W., Hebeisen T. & Ballmer T., 2009. Stickstoffdüngung bei neuen Kartoffelsorten: Ertrag und Qualität. Agrarforschung 16 (11–12), 484–489.
b Goffart J. P., Olivier M. & Frankinet M., 2008. Potato crop nitrogen status assesment to improve N fertilization management and efficiency: past-present-future. Potato Research 51, 355–83.
b Haverkort A. J. & MacKerron D. K. L., 2000. Management of nitrogen and water in potato production. Wageningen, Wageningen Pers, The Nether-lands, 353 p.
b Kolbe H., 2001. Düngung zu Kartoffeln. Kartoffelbau 52 (3), 88–91. b Richner W., Flisch R., Sinaj S. & Charles R., 2010. Ableitung der Stick-stoffdüngungsnormen von Ackerkulturen. Agrarforschung Schweiz 1 (11 – 12), 410 – 5.
b Schwärzel R., Torche J.-M., Hebeisen T., Ballmer T. & Musa T., Liste suisse des variétés de pommes de terre 2012. Encart dans Recherche Agrono-mique Suisse 2 (11–12).
b Sinaj S., Richner W., Flisch R. & Charles R., 2009. DBF 2009. Données de base pour la fumure des grandes cultures et des herbages. Revue suisse d'Agriculture 41 (1), 1 – 98.
b Van Loon C. D., 1994. N-Düngung von Kartoffeln – Erfahrungen aus den Niederlanden. Kartoffelbau 45 (2), 58–60.
b Vos J., 1997. The nitrogen response of potato (Solanum tubersosum L.) in the field: nitrogen uptake and yield, harvest index and nitrogen concent-ration. Potato Research 40, 237–48.
b Vos J. & MacKerron D.K.L., 2000. Basic concepts of the management of supply of nitrogen and water in potato production. In: Haverkort A. J. and MacKerron (eds). Management of nitrogen and water in potato pro-duction. Wageningen, The Netherlands, p 15–33.
b Walther U., Schubiger F. X. & Jäggli F., 1996. N-Aufnahme durch Kartof-feln und Nmin-Gehalte des Bodens. Agrarforschung 3 (2), 61–64.
b Walther U., Maag W., 1990. Ertrag und Qualität von Kartoffeln in Abhän-gigkeit des Nmin-Gehaltes des Bodens sowie des Zeitpunktes und der Höhe der Stickstoffdüngung. I. Qualität der Knollen. Landwirtschaft Schweiz 3 (10), 567–575.
b Walther U., 1990. Ertrag und Qualität von Kartoffeln in Abhängigkeit des Nmin-Gehaltes des Bodens sowie des Zeitpunktes und der Höhe der Stick-stoffdüngung. I. Nmin-Gehalte des Bodens und Ertrag. Landwirtschaft Schweiz 3 (6), 323–30.
Reaction of newly registered potato varieties to
different nitrogen supplies
In 2008 and 2009, in field trials at the Changins-
Nyon (Vaud canton) and Zurich-Reckenholz sites,
respectively, the two research stations of Agro-
scope Changins-Wädenswil ACW and Agroscope
Reckenholz-Tänikon ART investigated the variety-
specific nitrogen (N) requirement of the potato
varieties Gourmandine, Jelly, Laura and Lady Jo
(the latter at Changins only). The N levels varied
from 0 to 200 kg N per hectare. All varieties reacted
to the increasing N supply with a higher gross- and
marketable yield. From an N-application level of
120 kg/ha onwards, however, no significant surplus
yields were demonstrated. The Gourmandine
variety produced significantly higher gross- and
marketable yields than Jelly and Laura. The higher
the N supply, the lower the starch content of the
tubers. Tubers from plants fertilised with N tended
to exhibit a slightly higher brushing susceptibility
than those from the non-fertilised treatment.
Crisps made from the tubers of non-fertilised
plants were slightly lighter in crisp colour than
those of the tubers of the fertilised plants.
The Gourmandine, Jelly and Laura varieties
produce high marketable yields at average N-appli-
cation levels of 100 to 120 kg N/ha. These trials
confirm the significant influence of the weather
over the year as well as the site conditions on
potato yields.
Key words: potato, N fertilisation, field experi-
ments, storability, crisp colour.
88 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 88–95, 2012
I n t r o d u c t i o n
Une évaluation des principaux facteurs agronomiques et
économiques contribuant à l’intérêt des cultures de
céréales fourragères avait montré la grande importance
du rendement physique de l’orge comparativement aux
autres espèces fourragères (Collaud 2000). La nécessité
de rendre cette culture plus compétitive par rapport au
blé fourrager avait notamment été soulignée. Les
contraintes économiques ont conduit les filières de pro-
duction à attacher une plus grande importance au choix
variétal pour assurer un bon niveau et une stabilité des
rendements, une qualité élevée de la production, mais
également pour pouvoir bénéficier rapidement du pro-
grès génétique. La Liste des variétés recommandées
d’orge pour la Suisse distingue trois groupes de variétés:
les variétés d’automne à deux rangs de grains sur l’épi,
celles à six rangs, dites escourgeon, et les variétés de
printemps à deux rangs (Levy et al. 2010). Collaud (2000)
a montré l’influence du facteur variétal sur le poids à
l’hectolitre et du poids de 1000 grains. Ces paramètres
peuvent également être influencés par la densité et la
date de semis, qui ont un effet sur le tallage. Collaud
(1995) a observé qu’une augmentation de densité avan-
çait l’épiaison et influençait négativement le poids de
1000 grains de l’orge de printemps, mais affectait peu le
poids à l’hectolitre. Aucune interaction n'était apparue
entre la variété et la densité de semis. En revanche, de
trop fortes densités favorisaient la verse, et donc le ren-
dement (Collaud 1993). Pour une même quantité d’azote
absorbée dans le grain, le statut de l’azote diffère égale-
ment d’un type à l’autre, avec une teneur plus faible en
azote pour les variétés à six rangs (Le Gouis 1992).
Pour valoriser pleinement le choix variétal et la
conduite des cultures d’orge, l’itinéraire cultural doit
être adapté aux objectifs de rendement et de qualité de
Le fait d’avoir six ou deux rangs de grains sur l’épi modifie les performances de l’orge d’automne, tant au niveau du rendement que de la qualité du grain.
Raphaël Charles, Jean-François Collaud, Lilia Levy Häner et Sokrat Sinaj,
Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 1260 Nyon
Renseignements: Jean-François Collaud, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 44 44
Avec la collaboration technique de V. Bovet.
Variétés, densité de semis et fumure azotée sur orge d'automne
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Variétés, densité de semis et fumure azotée sur orge d'automne | Production végétale
89
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 88–95, 2012
Afin de faire le point sur l’itinéraire cultural de
l’orge d’automne et plus particulièrement sur
les différences entre les orges d’automne à six
et à deux rangs, des essais ont été mis en
place entre 2005 et 2007 à Changins et à
Goumoëns.
Les variétés six et deux rangs se sont différen-
ciées au niveau du rendement, de la forma-
tion du rendement et de facteurs de qualité.
Une densité de semis entre 150 et 300 grains/
m² a généralement suffi. La variété six rangs
peut valoriser une densité supérieure dans
des conditions favorables de production. Les
deux types de variété ont réagi de la même
façon à la fumure azotée. Une fumure
renforcée a produit de hauts rendements
lorsque les conditions de croissance,
hydriques en particulier, étaient favorables.
Le rendement supérieur de la variété six rangs
s’explique par la formation d’un nombre
supérieur de grains. Chez la variété deux
rangs, un tallage plus élevé et des grains plus
lourds n’ont pas suffi pour compenser un
nombre inférieur de grains par épi.
La variété deux rangs a montré des concentra-
tions supérieures en protéines, en matière
grasse et en éléments minéraux. Ces para-
mètres ont été influencés par la fumure
azotée, tandis que la densité de semis n’a
exercé aucun effet. Ces données ont été
comparées aux valeurs de référence de la Base
suisse de données des aliments pour animaux
et des Données de base pour la fumure.
la récolte. L’orge étant généralement utilisée pour pro-
duire du malt (brasserie), la littérature est pauvre en réfé-
rences sur la production à des fins fourragères. Des essais
ont ainsi été mis en place pendant trois ans pour faire le
point sur les effets des facteurs variété, densité de semis
et fumure azotée sur les deux types de variétés d’orge.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Les essais ont été effectués de 2005 à 2007 sur les sites de
Changins (420 m) et de Goumoëns (660 m). Une variété
six rangs a été systématiquement comparée à une variété
deux rangs. En 2005, les variétés Fridericus (six rangs) et
Boréale (deux rangs) ont été utilisées à Changins, les
variétés Laverda (six) et Verticale (deux) à Goumoëns. En
2006 et 2007, Franziska (six) et Verticale (deux) ont été
choisies pour les deux sites d’essai. Les essais compre-
naient trois densités de semis (150, 300 et 450 grains/m²)
considérées respectivement comme faible, moyenne et
forte. Pour la fumure azotée, quatre variantes ont été
comparées: 0N, dose recommandée (Nrec), Nrec-40 kg/ha,
Nrec+40 kg/ha. Les parcelles expérimentales unitaires de
15 m² étaient disposées en split-split plot avec trois répé-
titions, dans l’ordre hiérarchique suivant: variété, den-
sité de semis, fumure azotée.
Les caractéristiques des sols (tabl. 1) ont été mesu-
rées selon les méthodes de référence des Stations de
recherche Agroscope (FAL et al. 2004). Elles ont été
prises en compte pour la fertilisation des éléments de
fond P, K et Mg (analyses de sol méthode AA+EDTA)
selon les Données de base pour la fumure DBF (Ryser et
al. 2001). La fumure azotée recommandée selon les
mêmes données de base atteignait 110 kgN/ha, sauf en
2007 à Goumoëns avec 90 kgN/ha. Les semis ont été sys-
tématiquement réalisés durant les derniers jours de sep-
tembre. Les autres interventions culturales (fumure de
fonds, protection des végétaux) ont été effectuées de
façon à éviter tout effet limitant. Une forte attaque de
jaunisse nanisante a toutefois conduit à l’abandon de
l’essai de Changins en 2007. Les conditions météorolo-
giques (tabl. 1) utiles à la compréhension des résultats
considèrent la période de croissance générative de
l’orge d’automne de mars à juin.
Les variables agronomiques suivantes ont été rele-
vées sur chaque parcelle d’essai et échantillon récolté:
rendement en grain (15 % humidité), nombre d’épis par
unité de surface, poids de 1000 grains et teneur en pro-
téines (FOSS 6500, FOSS NIRSystem, Inc., laboratoire
interne). Des variables supplémentaires de qualité ont
été analysées chimiquement sur des échantillons moyens
issus du mélange des trois répétitions. Les niveaux de
fumure intermédiaires Nrec-40 et Nrec+40 n’ont pas été
Production végétale | Variétés, densité de semis et fumure azotée sur orge d'automne
90 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 88–95, 2012
pris en compte. Les teneurs en éléments nutritifs N, P, K
et Mg sur grain et sur paille ont été mesurées selon les
méthodes de référence des Stations de recherche
Agroscope (FAL et al. 2004). La matière grasse (méthode
Berntrop), les acides gras poly- et mono-insaturés, les
cendres, la cellulose brute et la matière azotée (facteur
6,25 x N) ont été analysés sur les deux essais de 2006 par
le laboratoire ALP (Station de recherche ALP 2011).
Pour les paramètres agronomiques, des analyses de
variance en split-split plot (Gomez et Gomez 1984) ont
été réalisées séparément pour chaque essai et sur l’en-
semble des dispositifs. Les résultats présentés ici se
concentrent principalement sur les moyennes des essais
et sur leur interprétation statistique. Pour les para-
mètres de qualité, les trois niveaux factoriels et la prise
en compte des essais comme facteur de répétition ont
permis de compenser partiellement les échantillon-
nages moyens.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Conditions pédoclimatiques
En 2005, le sol était de type lourd à Changins, et moyen
argileux avec une teneur élevée en matière organique à
Goumoëns (tabl. 1). Des sols moyens silteux caractérisent
les autres essais. Les niveaux de fertilité en éléments fer-
tilisants étaient suffisants voire riches, sauf pour le phos-
phore et le magnésium avec un niveau médiocre en 2006
et 2007 à Goumoëns.
Les conditions météorologiques (tabl. 1) ont surtout
montré de fortes disparités de la pluviométrie en parti-
culier en 2006. Les conditions hydriques étaient favo-
rables à la croissance en 2005, le mois de juin était sec en
2006 faisant suite à trois mois particulièrement pluvieux,
le mois d’avril était sec en 2007. Les températures n’ont
pas montré de conditions particulièrement limitantes, ni
durant la période considérée, ni pendant l’hiver.
Année SiteClimat Sol
T moy. Préc. Argile pH M.O. P K Mg
°C mm % % mg/kg mg/kg mg/kg
2005 Goumoëns 13,0 189 28,8 7,0 5,6 88 124 169
Changins 14,1 247 51,0 7,4 4,1 57 220 284
2006 Goumoëns 13,1 338 24,3 6,8 3,0 38 137 113
Changins 14,3 330 22,5 7,8 1,8 104 147 155
2007 Goumoëns 13,6 227 22,5 5,7 2,6 39 154 85
Tableau 1 | Caractéristiques principales climatiques et physico-chimiques des sols des sites expérimentaux
0
20
40
60
80
100
0N Nrec-40 Nrec Nrec+40 0N Nrec-40 Nrec Nrrec+40
six rangs deux rangs
Rend
emen
t (q/
ha)
150
300
450
Figure 1 | Rendement en fonction des facteurs variété, densité de semis, fumure azotée. Moyenne des essais 2005 – 2007 de Changins et Goumoëns. Interprétation statistique selon tabl. 1.
Variétés, densité de semis et fumure azotée sur orge d'automne | Production végétale
91Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 88–95, 2012
s’expliquer par une texture optimale, un pH neutre, une
valeur élevée en matière organique et des conditions
climatiques propices à une minéralisation importante.
Trois essais ont montré que la fumure optimale pouvait
être renforcée (Nrec+40) permettant d’atteindre des ren-
dements élevés de 66 q/ha (Changins 2005), 109 q/ha
(Goumoëns 2006) et 93 q/ha (Changins 2006). Les condi-
tions climatiques printanières humides en 2006 ont été
particulièrement favorables. L’intérêt de corriger la
fumure azotée lorsque le rendement visé peut atteindre
un niveau supérieur au rendement de référence (60 q/
ha) est donc démontré ici (Sinaj et al. 2009, Richner et al.
2010).
Les deux variétés ont réagi à la variation de la fumure
azotée de façon similaire au niveau du rendement. Une
interaction significative a par contre été observée entre
la fumure et la densité de semis. L’effet de l’azote était
plus marqué pour une faible densité de semis, avec un
rendement particulièrement pénalisé en absence de
fumure azotée. A l’inverse, l’effet de l’azote sur le ren-
Rendement
La variété six rangs a fourni un rendement supérieur de
8 q/ha à la variété deux rangs (tabl. 1; fig. 1), ce qui cor-
respond aux résultats des tests de variétés (Levy et al.
2010). Comparée à une densité de semis de 450 grains / m²,
la densité de 150 grains/m² a conduit à un rendement
significativement plus faible. Dans trois des cinq essais,
une faible densité de semis était suffisante. Une densité
renforcée a permis d’obtenir un niveau de rendement
élevé en 2005 à Changins, tandis qu’une densité
moyenne était optimale en 2006 à Goumoëns. Sur ces
deux essais, ainsi qu’à Goumoëns en 2007, la variété et la
densité de semis ont interagi significativement (P = 0,07
en moyenne des essais). Seule la variété six rangs a valo-
risé la haute densité de semis en produisant un rende-
ment significativement supérieur.
Un effet significatif de la fumure azotée a été
observé dans chaque essai. Le rendement significative-
ment le plus élevé a été obtenu une fois par une fumure
réduite (Goumoëns 2005, Nrec-40, 62 q/ha). Ceci peut
Tableau 2 | Rendement et composantes du rendement en fonction des facteurs variété, densité de semis, fumure azotée. Moyenne des essais 2005 – 2007 de Changins et Goumoëns. Niveau de significativité et ppds correspondante
Rendementq/ha
Episnb épis/m²
Grainsnb grains/épi
Grainsnb 1000 grains / m²
Poids 1000 grainsg
PHLkg/100l
Protéines% MS
Variété - V
6 rangs 74,9 502,3 31,4 1,58 47,1 65,4 10,5
2 rangs 67,0 637,7 20,4 1,25 53,2 66,8 11,3
** 7,3; * 5,1 ** 82,5; * 56,7 ** 2,4; * 1,6 ** 0,14; * 0,1 ** 0,6; * 0,4 ** 0,9; * 0,6 ** 0,4; * 0,3
Densité – D
150 65,8 499,2 25,8 1,29 51,0 66,0 10,9
300 71,5 576,3 26,1 1,43 49,9 66,1 10,9
450 75,5 634,7 25,7 1,53 49,7 66,2 10,9
** 6,5; * 4,9 ** 75,6; * 56,3 p=0,83 ** 0,12; * 0,09 ** 0,7; * 0,5 p=0,38 p=0,61
Fumure N – F
0 60,2 526,6 24,7 1,20 50,2 65,8 10,1
Nrec -40 N 69,6 1,40 49,9 66,0 10,6
Nrec 74,8 613,5 27,0 1,49 50,4 66,2 11,2
Nrec +40 N 79,1 1,58 50,2 66,5 11,8
** 5,7; * 4,3 ** 59,2; * 44,3 ** 3,1; * 2,4 ** 0,11; * 0,08 * 0,6 ** 0,6; * 0,4 ** 0,4; * 0,3
Interactions
V x D p=0,07 p=0,30 p=0,38 * p=0,54 p=0,15 **
V x F p=0,16 p=0,44 p=0,30 ** * p=0,47 *
D x F * p=0,13 ** * ** ** *
V x D x F p=0,58 p=0,28 * p=0,44 ** p=0,87 p=0,22
E x V x D x F * p=0,94 p=0,50 ** ** p=0,89 p=0,11
*Significatif (p < 0,05). ** hautement significatif (p < 0,01).
Production végétale | Variétés, densité de semis et fumure azotée sur orge d'automne
92 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 88–95, 2012
dement était réduit pour une densité de semis élevée.
Cette interaction a pu être observée sur plusieurs essais
de façon significative ou tendancielle. Elle démontre
l’effet compensatoire que peuvent avoir la densité de
semis et la fumure azotée l’une par rapport à l’autre, en
termes de valorisation des ressources du sol notamment.
Formation du rendement
Les deux variétés ont réagi à la variation de la densité de
semis de façon similaire sur la formation des épis pour
l’ensemble des essais (tabl. 2). Le peuplement était signi-
ficativement plus dense pour la variété à deux rangs avec
26 % d’épis supplémentaires. La capacité de tallage
généralement supérieure des variétés à deux rangs (Le
Gouis 1992) est donc confirmée. La fumure azotée a
favorisé la formation d’épis (tabl. 2). Cet effet était plus
marqué pour la variété six rangs dans certains essais
(interactions variété x fumure hautement significatives
en 2005). La fumure a parfois interagi avec la densité de
semis, l’azote étant plus efficace sur la formation d’épis
pour les plus hautes densités de semis (interactions den-
sité × fumure hautement significatives en 2005, et signi-
ficatives en 2006 à Goumoëns; p = 0,13 en moyenne des
essais). Baethgen et al. (1995) confirment que la fumure
azotée favorise la formation d’épis tout en précisant
qu’un apport très précoce n’a d’effet que sur le tallage.
La variété six rangs a produit un nombre de grains signi-
ficativement plus élevé (tabl. 2). L’augmentation de la
densité de semis a favorisé la formation de grains par
unité de surface, le nombre de grains par épi restant
stable. L’azote a favorisé la formation de grains supplé-
mentaires par épi et par unité de surface. La variété six
rangs a eu tendance à montrer davantage de variabilité
au niveau du nombre de grains en fonction de la densité
de semis (interaction significative variété x densité) ou
de la fumure azotée (interaction analogue). En situation
de faible densité de semis, l’augmentation de la fumure
azotée a permis d’accroître le nombre de grains par épi
pour la variété six rangs. Le nombre de grains dépend
toutefois de facteurs de compensation en fonction du
nombre d’épis par unité de surface et du nombre de
grains par épi (Beathgen et al. 1995).
Le poids de 1000 grains était significativement supé-
rieur pour la variété deux rangs (tabl. 2). L’augmentation
de la densité de semis a allégé le poids des grains. L’effet
de la fumure a varié en fonction de multiples interac-
tions. Grasshoff et D’Antuono (1997) ont montré que le
poids des grains était négativement corrélé avec le
Tableau 3 | Composition chimique élémentaire en fonction des facteurs variété, densité de semis et fumure azotée. Moyenne des essais 2006 de Changins et Goumoëns. Niveau de significativité et ppds correspondante. Valeurs de références tirées de la Base de données pour les aliments pour animaux (Agroscope ALP 2011)
*Significatif (p < 0,05). **hautement significatif (p < 0,01).muFA = acides gras mono-insaturés. PuFA = acides gras polyinsaturés.
Matière azotéeg/kg MS
Matière grasseg/kg MS
MUFAg/kg MS
PUFAg/kg MS
Cendresg/kg MS
Cellulose bruteg/kg MS
Variété
6 rangs 101,3 18,1 2,4 10,5 24,1 44,8
2 rangs 112,5 19,2 2,9 12,4 27,7 40,8
p=0,10 * 0,53 p=0,08 p=0,06 * 0,85 * 3,39
Densité
150 105,6 18,0 2,6 11,3 26,3 43,5
300 107,0 17,8 2,7 11,5 25,9 43,8
450 108,2 20,1 2,6 11,5 25,7 41,1
p=0,58 p=0,60 p=0,77 p=0,60 p=0,65 p=0,24
Fumure N
0 100,9 18,9 2,7 11,6 26,5 44,2
Nrec -40 N
Nrec 113,0 18,4 2,6 11,3 25,4 41,4
Nrec +40 N
** 3,07 ; * 2,02 p=0,69 * 0,04 * 0,2 * 0,77 * 1,76
Base de données pour les aliments pour animaux
116,3 26,0 3,7 15,9 26,0 48,4
Variétés, densité de semis et fumure azotée sur orge d'automne | Production végétale
93Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 88–95, 2012
rée par NIRS (tabl. 2). La teneur en matière grasse était
significativement plus élevée pour la variété deux rangs
(tabl. 3). Ce résultat était également observé au niveau
des teneurs en acides gras poly- (PUFA) et mono-
insaturés (MUFA). La fumure azotée a contribué à ré-
duire ces teneurs. La teneur en cendres était plus élevée
pour la variété deux rangs (tabl. 3). Ce résultat peut être
mis en relation avec les teneurs en minéraux générale-
ment plus élevées de ce type de variété (tabl. 4). La
variété six rangs, qui a de plus petits grains, a montré
une teneur en cellulose plus élevée. La fumure azotée a
réduit la teneur en cendres et en cellulose. La densité de
semis n’a eu aucun effet sur ces variables de qualité dont
les teneurs ont été influencées uniquement par la
variété et la fumure azotée.
Seules les valeurs obtenues en situation de nutrition
azotée suffisante (Nrec), peuvent être directement com-
parées à la Base suisse de données des aliments pour
animaux (Station de recherche Agroscope ALP 2011). Les
teneurs en matière azotée et en cendres étaient simi-
laires, tandis les teneurs en matière grasse, et en parti-
culier en acides gras poly-insaturés, étaient plutôt infé-
nombre de grains formés, ce dernier paramètre étant
favorisé par la fumure azotée. Ce travail a aussi montré
l’importance du nombre de grains formés pour obtenir
de hauts rendements. Baethgen et al. (1995) indiquent
que le nombre de grains par épi et le nombre de grains
par unité de surface étaient les seules composantes pou-
vant être clairement associées au niveau de rendement.
Paramètres qualitatifs
Le poids à l’hectolitre était significativement plus élevé
pour la variété deux rangs (tabl. 2). Dans la plupart des
essais, l’effet de la fumure azotée s’est révélé positif, sur-
tout si la densité était élevée (interaction densité ×
fumure hautement significative).
La teneur en protéines était significativement plus
élevée pour la variété deux rangs (tabl. 2). La fumure
azotée a renforcé systématiquement la teneur en pro-
téines, en particulier pour la variété deux rangs (interac-
tion variété x fumure). Réalisées sur un échantillonnage
réduit, les analyses chimiques de la matière azotée
(tabl. 3) et de l’azote du grain (tabl. 4) ont montré des
résultats concordant avec la teneur en protéines mesu-
Tableau 4 | Teneurs en éléments minéraux en fonction des facteurs variété, densité de semis et fumure azotée. Moyenne des essais 2005 – 2007 de Changins et Goumoëns. Niveau de significativité et ppds correspondante. Valeurs de références tirées des Données de base pour la fumure (Sinaj et al. 2010)
Teneurs dans le grain (% MS) Teneurs dans la paille (% MS)
N P K Mg N P K Mg
Variété
6 rangs 1,61 0,365 0,463 0,118 0,46 0,095 1,499 0,057
2 rangs 1,82 0,391 0,488 0,121 0,53 0,088 1,173 0,056
** 0,08 ; * 0,05 ** 0,014 ; * 0,008 p=0,07 * 0,002 p=0,09 p=0,46 p=0,12 p=0,81
Densité
150 1,73 0,377 0,478 0,118 0,50 0,089 1,329 0,053
300 1,73 0,378 0,477 0,120 0,50 0,089 1,307 0,058
450 1,70 0,379 0,470 0,122 0,50 0,096 1,370 0,059
p=0,46 p=0,96 p=0,28 p=0,20 p=0,94 p=0,67 p=0,56 p=0,28
Fumure N
0 1,58 0,379 0,482 0,121 0,45 0,099 1,285 0,061
Nrec -40 N 1,67 0,48
Nrec 1,77 0,377 0,469 0,119 0,52 0,084 1,387 0,052
Nrec +40 N 1,84 0,54
** 0,06; * 0,04 p=0,54 ** 0,012; * 0,009 p=0,09 ** 0,04; * 0,03 ** 0,012; * 0,009 p=0,13 ** 0,005; * 0,004
Données de base pour la fumure
min. 1,53 0,41 0,39 0,094 0,35 0,05 1,18 0,024
max. 2,00 0,52 0,78 0,141 0,71 0,15 2,34 0,071
référence 1,74 0,44 0,53 0,129 0,51 0,12 1,56 0,071
*Significatif (p < 0,05). **hautement significatif (p < 0,01).
94
Production végétale | Variétés, densité de semis et fumure azotée sur orge d'automne
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 88–95, 2012
rieures. Ces basses teneurs peuvent être expliquées par
les rendements élevés obtenus en 2006, bien que res-
tant fortement variables en fonction des conditions
pédoclimatiques. Ces comparaisons illustrent les écarts
entre des situations singulières et les valeurs moyennes
de référence pour la Suisse. En dépit de ces différences,
les effets des facteurs étudiés restent valables.
Eléments minéraux
Les teneurs en éléments N, P, K, Mg ont beaucoup varié
selon les essais, avec quelques effets significatifs des fac-
teurs (tabl. 4). La variété deux rangs a généralement pré-
senté des teneurs plus élevées en minéraux. Toutefois,
les quantités prélevées par le grain (rendement × teneur)
n’indiquaient aucune différence significative entre
variétés. La densité de semis n’a pas eu d’effet significa-
tif sur la teneur en éléments minéraux. La fumure azotée
a entraîné des teneurs en azote plus élevées dans la
paille et dans le grain. Les autres éléments minéraux ont
subi une légère dilution, parfois significative, à mettre
en relation avec l’effet de la fumure azotée sur le niveau
de rendement. Aucune interaction entre facteurs n’a été
observée.
Par rapport aux données de base pour la fumure les
plus récentes (Sinaj et al. 2009), les valeurs moyennes
observées se situaient généralement entre les valeurs
minimales et maximales. Si les résultats pour l’azote
étaient proches de la valeur de référence, les teneurs en
autres éléments atteignaient des valeurs plutôt proches
des valeurs minimales, tant pour la paille que pour le
grain. Elles étaient même inférieures à cette limite pour
le phosphore dans le grain. Ni la variation des teneurs
entre sites, ni leurs valeurs absolues n’ont pu être expli-
quées par les analyses de sols. Les teneurs en phosphore
dans le grain étaient toutes comparables, mis à part à
Changins en 2005 où elles étaient un peu supérieures
(sol lourd, niveau de fertilité jugé satisfaisant).
Pour un niveau de rendement similaire, les deux essais
de 2005 n’ont pas montré de différence au niveau de la
teneur en phosphore du grain, malgré une fertilité du
sol considérée comme riche à Goumoëns. En 2006, les
teneurs dans le grain étaient identiques, alors que le sol
de Goumoëns était évalué comme médiocre et celui de
Changins comme riche. La difficulté de relier la teneur
en phosphore du sol extrait selon AA+EDTA et la teneur
en phosphore des plantes indique que cet extractant
n’est pas suffisant pour piloter l’état nutritionnel des
plantes. Ces résultats mettent aussi en évidence l’étroi-
tesse de la marge entre les valeurs minimales et maxi-
males du phosphore dans les données de référence.
C o n c l u s i o n s
•• Les variétés six et deux rangs se sont différenciées au
niveau du rendement, de la formation du rendement
et de facteurs de qualité.
•• Le rendement supérieur de la variété six rangs a été
expliqué par un nombre supérieur de grains.
•• Le tallage supérieur de la variété deux rangs et des
grains plus lourds n’étaient pas suffisants pour
compenser le nombre inférieur de grains.
•• Le comportement plus variable de la variété six rangs
et sa réaction favorable à une densité de semis élevée
peut être valorisée lorsque les conditions de croissance
sont particulièrement favorables.
•• Le fractionnement des apports d’azote en fonction
des variétés et des conditions pédoclimatiques
pourrait valoriser la capacité supérieure de tallage et
les grains plus lourds des variétés deux rangs, ainsi
que le nombre supérieur de grains formés par les
variétés six rangs. n
95
Variétés, densité de semis et fumure azotée sur orge d'automne | Production végétale
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 88–95, 2012
Varieties, seeding rate and nitrogen fertiliza-
tion on winter barley
In order to take stock of winter barley
cultivation and especially the differences
between six and two-row genotypes, field
trials were implemented between 2005 and
2007 at the locations Changins and Goumoëns.
Six and two-row varieties differed in yield
level, yield formation and quality factors.
Seeding rates between 150 and 300 seeds / m²
were generally sufficient. Six-row variety can
benefit from a higher density under favorable
growing conditions. Both variety types reacted
similarly to nitrogen fertilization. An increased
fertilization produced higher yields when
growing conditions were favorable, especially
water availability.
The superior yield of the six-row variety was
explained by a higher number of grains
produced. Higher tillering and heavier grains
by the two-row variety were not sufficient to
compensate for a lower number of grains per
spike.
The two-row variety showed higher protein
fat and minerals contents. These parameters
were influenced by nitrogen fertilization,
while plant density had no effect. These data
were compared with reference values of the
Swiss Feed Database and of the Guidelines for
Fertilization Practices.
Key words: winter barley, seeding rate,
nitrogen fertilization, two-row variety, six-row
variety.
Varietà, densità della semina e concimazione
azotata su orzo autunnale
Per fare il punto sull’itinerario colturale
dell’orzo autunnale e, in particolare sulle
differenze tra orzo autunnale a sei e a due
file, tra il 2005 ed il 2007 sono state condotte
delle prove a Changins e a Goumoëns. Le
varietà a sei e a due file si sono differenziate
in termini di resa, della formazione di essa e
fattori di qualità. Una densità di semina tra
150 e 300 semi / m² è generalmente suffi-
ciente. La varietà a sei file, in condizioni di
produzione favorevoli, è in grado di valoriz-
zare una maggiore densità. Ambedue i tipi di
varietà hanno reagito allo stesso modo alla
concimazione azotata. Una concimazione
rafforzata riusciva a produrre un’elevata resa,
se le condizioni di crescita, idriche in partico-
lare, risultavano favorevoli.
La resa superiore della varietà a sei file si
spiega attraverso la formazione di un numero
superiore di semi. Nella la varietà a due file
un accestimento maggiore e dei semi più
pesanti non sono stati sufficienti per compen-
sare un minor numero di semi per spiga.
La varietà a due file ha mostrato delle
concentrazioni superiori in proteine, in
materia grassa e in elementi minerali. Questi
parametri sono stati influenzati dalla conci-
mazione azotata, mentre la densità della
semina non ha esercitato alcun effetto.
Questi dati sono stati confrontati con i valori
di riferimento della Banca dati svizzera degli
alimenti per animali e le linee direttive per la
concimazione.
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96 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 96–103, 2012
I n t r o d u c t i o n
Les pucerons peuvent causer de lourds dommages à de
nombreuses cultures agricoles en aspirant le suc des
plantes ou en leur transmettant des maladies. La régula-
tion des pucerons à l’aide de leurs prédateurs naturels
est une méthode de lutte respectueuse de l’environne-
ment. Idéalement, elle permet de réduire les pertes de
récolte et d’éviter d’avoir recours aux pesticides (Östman
et al. 2003).
Lorsque plusieurs prédateurs des pucerons sont en
présence, seules les larves mangent les pucerons, les ani-
maux adultes eux se nourrissent de pollen et de nectar.
C’est pourquoi on essaye dans différents pays de stimuler
les prédateurs des pucerons de manière ciblée en déve-
loppant les espaces vitaux fleuris afin d’améliorer la lutte
contre les ravageurs (p. ex. Lövei et al. 1992; Wyss 1995).
En Suisse, les espaces vitaux floraux sont très répandus
dans le cadre de la compensation écologique, les prairies
extensives représentant largement la majeure partie de
la surface concernée (OFAG 2010). Cette étude avait pour
objectif d’étudier quel attrait les prairies extensives exer-
çaient sur les prédateurs des pucerons des céréales et ce,
à proximité immédiate des plantes de céréales. Deux
types de prairies extensives ont été considérés dans
l’étude. Le premier est celui des prairies extensives domi-
nées par le cerfeuil sauvage. Cette plante remplit
quelques conditions importantes pour pouvoir être
considérée comme attrayante par les prédateurs des
pucerons et notamment par les syrphes. Ainsi, ses fleurs
comme toutes les fleurs à ombrelles possèdent une
courte couronne, ce qui facilite l’accès au pollen et au
nectar (Gilbert 1981). De plus, elles fleurissent dès avril,
ce qui favorise le développement précoce de la popula-
tion des prédateurs de pucerons. Le deuxième type de
prairies extensives est un type dans lequel le cerfeuil sau-
vage apparaît tout au plus de manière sporadique. Enfin,
des parcelles de blé ont également été étudiées à titre de
comparaison avec les prairies.Les pucerons ont divers prédateurs: outre les insectes,
on peut citer les araignées et les champignons. Cette
étude s’est concentrée sur les syrphes, les coccinelles
(fig. 1) et sur les chrysopes, parce que ces organismes, au
stade adulte, se nourrissent exclusivement ou tout au
moins occasionnellement de pollen et de nectar. De plus,
les insectes volants, prédateurs des pucerons, jouent
souvent un rôle significatif dans la régulation (Schmidt
et al. 2003).
Lisa Eggenschwiler1, Maya Senn1, Adele Ferrari1, Andreas Egli1, 2 et Katja Jacot1 1Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich2Haute école zurichoise de sciences appliquées (Zürcher Hochschule für angewandte Wissenschaften, zhaw),
8820 Wädenswil
Renseignements: Lisa Eggenschwiler, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 74 13
Attractivité des prairies extensives pour les prédateurs des pucerons
E n v i r o n n e m e n t
Figure 1 | La majorité des espèces de coccinelles d’Europe centrale se nourrit de pucerons. (Photo: ART)
Attractivité des prairies extensives pour les prédateurs des pucerons | Environnement
97
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 96–103, 2012
Les prairies extensives représentent la
majeure partie des surfaces de compensation
écologique en Suisse. La présente étude avait
pour objectif d’analyser l’attractivité des
prairies extensives pour les insectes volants,
prédateurs des pucerons des céréales, et ce à
proximité directe des plantes de céréales. Du
blé en pots a été placé sur quatre sites
différents du Plateau suisse au printemps
2010, dans une prairie extensive dominée par
le cerfeuil sauvage, dans une prairie exten-
sive caractérisée par une présence tout au
plus clairsemée de cerfeuil sauvage et enfin,
dans une parcelle de blé. Les syrphes adultes
étaient les plus fréquents dans les prairies
extensives dominées par le cerfeuil sauvage,
tandis que le nombre de coccinelles adultes
ainsi que le nombre d’œufs de syrphes et de
coccinelles dépendaient uniquement de la
présence des pucerons. Les chrysopes, autres
prédateurs des pucerons, n’ont été identifiés
qu’en petit nombre. Selon cette étude, les
prairies extensives en soi n’attirent pas une
quantité particulièrement grande de préda-
teurs des pucerons. Les prairies de plantes
fleuries attrayantes peuvent toutefois
stimuler considérablement les prédateurs des
pucerons.
On s’attendait à ce que les résultats de l’étude montrent
que les prédateurs des pucerons aux stades où ils se
nourrissent de pollen et de nectar sont plus fréquents
dans les prairies dominées par le cerfeuil sauvage, et que
les stades de prédateurs se nourrissant de pucerons sont
plus nombreux sur les plants de céréales situés à proxi-
mité immédiate.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Organisation de l’expérience
Trois types de parcelles ont été sélectionnés sur les
quatre sites de Lenggenwil (SG), Niederhelfenschwil
(SG), Wildensbuch (ZH) et Zollikofen (BE): une prairie
extensive dominée par le cerfeuil sauvage (fig. 2), une
prairie extensive où le cerfeuil sauvage apparaissait
tout au plus de manière sporadique et une parcelle de
blé. Dans chacun de ces espaces vitaux, trois surfaces
de 1 m² ont été mises en place en ligne droite à 20 m
de distance les unes des autres. Une surface d’essai a
été pourvue de neuf pots de blé d’automne, une autre
de neuf pots de blé d’automne infestés par les puce-
Figure 2 | Surface d’essai avec pots de blé dans une prairie domi-née par le cerfeuil sauvage à Niederhelfenschwil. (Photo: ART)
Environnement | Attractivité des prairies extensives pour les prédateurs des pucerons
98 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 96–103, 2012
Prairies extensives dominées par le cerfeuil sauvage
Prairies extensives Champs de blé
Syrphes
Œufs 17 9 18
Larves 37 41 38
Cocons 2 4 5
Adultes 92 38 45
Coccinelles
Œufs 164 84 87
Larves 4 0 0
Cocons 0 0 0
Adultes 58 32 64
Chrysopes
Œufs 0 3 3
Larves 0 0 0
Cocons 0 0 0
Adultes 5 4 0
Pucerons 11 181 11 363 10 044
Tableau 1 | Somme des syrphes, coccinelles, chrysopes et pucerons observés et comptés dans toutes les surfaces d’essai, cumulée pour les six dates de relevés par espace vital
VariableSyrphes Coccinelles
DL LR Valeur P LR Valeur P
Espace vital 2 5,36 0,068 2,51 0,285
Surface d’essai 2 9,98 0,007 256,90 < 0,001
Espace vital × surface d’essai
4 24,26 < 0,001 1,57 0,815
Tableau 2 | Influence de l’espace vital (prairies extensives dominées par le cerfeuil sauvage, prairies extensives sans dominance du cerfeuil sauvage et champs de blé) et de la surface d’essai (pots de blé avec et sans pucerons, végétation en place à titre de témoin) et interaction sur le nombre de syrphes et de coccinelles adultes. DL = nombre de degré de liberté, LR = Likelihood ratio, n = 4
Surface d’essaiSyrphes Coccinelles
Espace vital Valeur P Valeur P
Témoin
Cerfeuil sauvage-Champ de blé < 0,001 0,973
Cerfeuil sauvage-Extensif 0,011 0,996
Champ de blé-Extensif 0,029 0,996
Blé sans pucerons
Cerfeuil sauvage-Champ de blé 0,332 0,481
Cerfeuil sauvage-Extensif 0,133 0,738
Champ de blé-Extensif 0,570 0,701
Blé avec pucerons
Cerfeuil sauvage-Champ de blé 0,831 0,583
Cerfeuil sauvage-Extensif 0,151 0,112
Champ de blé-Extensif 0,219 0,034
Tableau 3 | Différences du nombre de syrphes et de coccinelles adultes entre les espaces vitaux (prairies extensives dominées par le cerfeuil sauvage, prairies extensives sans dominance du cerfeuil sauvage et champs de blé) au sein des différentes surfaces d’essai (pots de blé avec et sans pucerons, végétation en place à titre de témoin), n = 4
Attractivité des prairies extensives pour les prédateurs des pucerons | Environnement
99Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 96–103, 2012
Immédiatement après la fin de l’essai, une heure a été
consacrée à attraper les syrphes à l’aide d’un filet dans
chaque espace vital. Ils ont ensuite été déterminés pour
avoir une vue d’ensemble des espèces représentées et de
leur fréquence approximative.
Les analyses statistiques ont été effectuées à l’aide
du programme R 2.11.1. Pour les analyses, on a employé
le generalized mixed effect model (GLMM) avec la fonc-
tion Poisson-Link. Pour les données qui n’étaient pas
réparties normalement, on a utilisé le test Friedman.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Pendant les six relevés, un total de 346 syrphes, 493 coc-
cinelles et 15 chrysopes ont été comptés (tabl. 1). Etant
donné leur petit nombre, les chrysopes n’ont pas fait
l’objet d’une évaluation statistique. Pour les syrphes, on
a compté principalement des larves et des animaux
adultes, tandis que pour les coccinelles, outre les ani-
maux adultes, le nombre des œufs était particulièrement
important. Le nombre le plus élevé d’individus dénom-
brés dans les trois groupes étudiés était de 379 et a été
relevé dans les prairies dominées par le cerfeuil sauvage,
suivies par les champs de blé (260 individus) et enfin les
prairies extensives avec présence sporadique de cerfeuil
sauvage avec 215 individus (tabl. 1). Le nombre total de
rons, et enfin dans la troisième surface d’essai, la végé-
tation a été laissée telle quelle à titre de témoin. L’or-
donnance des trois surfaces d’essai était à chaque fois
l’effet du hasard.
Relevés d’insectes
Les relevés ont débuté le 27 avril 2010 (jour 0) et se sont
poursuivis les jours 14, 21, 26, 28 et 38 par beau temps.
Le relevé d’une surface d’essais consistait à observer l’es-
pace vital pendant dix minutes au-dessus des pots
jusqu’à hauteur des yeux, puis à compter les insectes
dans les pots et la végétation pendant quatre minutes
(ou huit minutes dans le cas des surfaces de blé atta-
quées par les pucerons). Lors des observations, les cocci-
nelles, les syrphes et les chrysopes ont été répartis en
différentes catégories: «Traversée de l’espace vital», «Vol
plané» (uniquement pour les syrphes), «Atterrissage»
(atterrissage ou décollage à l’intérieur de la surface d’es-
sai) et «Prise de nourriture» (aspirer du nectar, se nourrir
de pollen). Les individus des différents groupes (cocci-
nelles, syrphes et chrysopes) ont été comptés séparé-
ment en fonction de leur stade de développement (œufs,
larves, cocons et adultes immobiles). Les pucerons ont
eux aussi été comptés. Lorsqu’il n’était pas possible de
compter tous les pucerons pendant le temps imparti,
leur nombre était estimé.
0
2
4
6
8
10
12
14
16
Témoin Blé sans pucerons
Blé avecpucerons
Nom
bre
de s
yrph
es (
1 m
-² ×
60
min
.)
Surface d'essai
Cerfeuil sauvage
Extensif
Champ de blé
Figure 3 | Nombre de syrphes adultes (moyennes et écarts-types, n = 4), observés dans trois espaces vitaux différents (prairies extensives dominées par le cerfeuil sauvage, prairies extensives sans dominance du cerfeuil sauvage et champs de blé) et dans des surfaces d’essai (pots de blé avec et sans pucerons, végétation en place à titre de témoin), 10 min. par ob-servation et par surface d’essai, additionné pour six dates de relevés.
Environnement | Attractivité des prairies extensives pour les prédateurs des pucerons
100 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 96–103, 2012
pucerons comptés était de 32 588, sachant qu’il n’y avait
pratiquement aucune différence entre les trois types
d’espaces vitaux étudiés.
Influence du type d’espace vital sur les syrphes
Le type de surface étudiée avait une influence significa-
tive sur le nombre de syrphes adultes (tabl. 2). Les sur-
faces de blé attaquées par les pucerons étaient par
exemple les plus visitées (fig. 3). De plus, on a constaté
une interaction significative entre l’espace vital et le
type de surfaces étudiées (tabl. 2): dans les relevés sur les
prairies dominées par le cerfeuil sauvage, le nombre de
syrphes était très élevé (fig. 3; tabl. 3). Les syrphes adultes
étaient deux fois plus fréquents dans les prairies domi-
nées par le cerfeuil sauvage que dans les deux autres
types d’espaces vitaux étudiés (tabl. 1). Dans les observa-
tions de l’espace aérien, seul le comportement «Prise de
nourriture» était significativement influencé par l’es-
pace vital (p = 0,035) et par la surface d’essai (p = 0,006):
la majeure partie des individus a été observée dans les
Syrphes Coccinelles
Prairies extensives dominées par lecerfeuil sauvage
Prairies extensives
Champs de blé
TotalPrairies extensives
dominées par lecerfeuil sauvage
Prairies extensives
Champs de blé
Total
Traversée 37 11 5 53 0 0 0 0
Vol plané 14 7 4 25 - - - -
Atterrissage 25 17 32 74 2 0 4 6
Prise de nourriture 11 3 0 14 0 0 0 0
Tableau 4 | Nombre de syrphes et de coccinelles adultes enregistrés lors des observations dans toutes les surfaces d’essai dans les trois espaces vitaux (prairies extensives dominées par le cerfeuil sauvage, prairies extensives sans dominance du cerfeuil sauvage et champs de blé) réparti par activité, 10 min. par observation et par surface d’essai, cumulé pour six dates de relevés
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
Témoin Blé sans pucerons
Blé avecpucerons
Nom
bre
de c
occi
nelle
s (1
m-²
× 6
0 m
in.)
Surface d'essai
Cerfeuil sauvage
Extensif
Champ de blé
Figure 4 | Nombre de coccinelles adultes (moyennes et écarts-types, n = 4), observées dans trois espaces vitaux différents (prairies extensives dominées par le cerfeuil sauvage, prairies extensives sans dominance du cerfeuil sauvage et champs de blé) et dans des surfaces d’essai (pots de blé avec et sans pucerons, végétation en place à titre de témoin), 10 min. par observation et par surface d’essai, additionné pour six dates de relevés.
Attractivité des prairies extensives pour les prédateurs des pucerons | Environnement
101Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 96–103, 2012
(fig. 3). Les résultats des relevés avec le filet confirment
ce point: seule une partie des syrphes capturés dans les
prairies dominées par le cerfeuil sauvage a des larves qui
se nourrissent de pucerons, alors que c’était le cas de
presque tous les syrphes dans les champs de blé (tabl. 5).
Comme les parcelles de blé n’offrent pratiquement
aucune nourriture pour les syrphes adultes, les individus
capturés sur ce type de surfaces étaient probablement à
la recherche d’un endroit où pondre leurs œufs. Les
syrphes capturés dans les prairies dominées par le cer-
feuil sauvage en revanche étaient semble-t-il attirés
essentiellement par les fleurs.
Comme on pouvait s’y attendre, les œufs et les larves
de syrphes ont été observés presque exclusivement dans
les surfaces qui abritaient des pucerons. Ce point est
également attesté par la littérature (p. ex. Ambrosino et
al. 2007). Le nombre d’œufs, de larves et de cocons de
syrphes n’était par contre pas plus élevé dans les prairies
dominées par le cerfeuil sauvage que dans les deux
autres espaces vitaux (tabl. 1). Hickman et Wratten
(1996) sont arrivés à un autre résultat. Ils ont en effet
constaté une ponte plus importante des syrphes en pré-
prairies dominées par le cerfeuil sauvage (tabl. 4). Cela
montre que la fréquence locale des syrphes peut aug-
menter en fonction de la présence de plantes fleuries
appropriées (Wyss 1995). De même, Gilbert (1981) a
constaté une préférence des syrphes pour les plantes à
inflorescence en ombrelle. Les fleurs à inflorescence en
capitule constituent une autre famille de plantes dont
certaines espèces peuvent attirer les syrphes comme la
centaurée jacée, le bleuet ou l’achillée, qui, outre leurs
fleurs qui attirent les adultes, sont également colonisées
par les pucerons qui offrent de la nourriture aux larves
(Boller et al. 2004; Suter et Keller 1990).
Le nombre plus faible de syrphes dans les prairies
extensives étudiées avec une présence tout au plus spo-
radique de cerfeuil sauvage peut s’expliquer par le fait
que les espèces de plantes sont moins attrayantes, par
l’offre moindre en fleurs, ou par l’effet de dilution dû à
la présence de pucerons sur des plantes situées en
dehors des surfaces d’essai.
Dans les champs de blé, les syrphes adultes ne trou-
vaient pratiquement pas de nourriture, c’est pourquoi
leur nombre était nettement inférieur sur ces surfaces
Lenggenwil Niederhelfenschwil Wildensbuch Zollikofen
Espèces de syrphes CS EX CB CS EX CB CS EX CB CS EX CB
Cheilosia sp. 2 0 0 15 1 1 1 2 0 0 1 0
Chrysotoxum intermedium 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0
Episyrphus balteatus* 2 0 0 0 0 0 0 0 3 0 2 0
Eristalis tenax 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 0
Melanostoma scalare* 1 1 4 0 0 5 1 0 0 0 0 0
Myathropha florae 0 3 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0
Sphaerophoria scripta* 1 0 0 0 1 0 0 1 2 0 1 0
Syrphus ribesii* 1 0 1 0 0 2 0 0 0 1 2 1
Xanthogramma pedissequum* 0 0 0 0 0 0 2 0 1 0 0 0
Nombre d’espèces 5 2 2 1 2 3 3 2 3 3 6 1
Nombre d'individus 7 4 5 15 2 8 4 3 6 3 8 1
Nombre d’individus se nourrissant de pucerons
5 1 5 0 1 7 3 1 6 1 5 1
Tableau 5 | Syrphes capturés au filet dans les trois espaces vitaux (CS = prairies extensives dominées par le cerfeuil sauvage, EX = prairies extensives sans dominance du cerfeuil sauvage et CB= champs de blé) sur les quatre sites. La capture au filet a duré une heure par site. Les espèces dont les larves se nourrissent de pucerons sont marquées d’une étoile
102
Environnement | Attractivité des prairies extensives pour les prédateurs des pucerons
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 96–103, 2012
sence de tanaisie et de phacelie. Cela pourrait venir de la
part plus importante de protéines contenue dans le pol-
len de tanaisie et de phacélie.
Influence du type d’espace vital sur les coccinelles
Indépendamment de l’environnement immédiat, les coc-
cinelles ont été trouvées presque exclusivement dans les
surfaces d’essai qui comportaient des pucerons (tabl. 2;
fig. 4). Parmi les parcelles de blé, le type de surface «blé
avec pucerons», comportait plus d’individus que les prai-
ries extensives avec une présence tout au plus spora-
dique de cerfeuil sauvage (tabl. 3). Il se peut que dans
ces prairies, l’offre de pucerons ait été si élevée sur diffé-
rentes espèces de plantes que les coccinelles ne sont pas
concentrées sur les surfaces d’essai avec pucerons. Le
nombre de coccinelles trouvées n’a pas été influencé par
la dominance du cerfeuil sauvage (tabl. 2; tabl. 3). Ces
résultats se recoupent avec ceux de Majerus et Kearns
(1989), qui déclarent que les coccinelles se trouvent dans
tous les espaces vitaux terrestres tant qu’elles y trouvent
une nourriture appropriée. Les plantes qui sont infestées
tôt par des pucerons non problématiques peuvent ainsi
devenir une source de proies importante pour les cocci-
nelles. De tels types de plantes se trouvent dans les
espaces vitaux comme les prairies, les haies, les ourlets et
les jachères. Contrairement aux prédateurs volants des
pucerons, les prédateurs vivant au sol comme les carabes
ont un rayon d’action souvent plus réduit et leur
influence dans la culture située à proximité des bandes
de repli est plus importante (Collins et al. 2002).
C o n c l u s i o n s
•• Le cerfeuil sauvage ne possède pas une valeur fourra-
gère élevée, mais représente une réserve de fleurs qui
convient à de nombreuses espèces de syrphes.
•• Les prairies extensives ne contribuent pas en soi à
promouvoir les prédateurs des pucerons considérés
dans l’étude. Lorsqu’elles sont de bonne qualité, elles
sont toutefois de grande valeur pour la diversité des
espèces en général.
•• La ponte des syrphes et des coccinelles était influen-
cée positivement par la présence de pucerons, mais
pas par l’espace vital environnant.
•• Les mélanges de semences pour les bandes d’auxi-
liaires devraient contenir de préférence des espèces
végétales dont la floraison est appropriée et qui sont
infestées tôt dans l’année par des pucerons non
problématiques. n
103
Attractivité des prairies extensives pour les prédateurs des pucerons | Environnement
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Attractiveness of extensive meadows
for aphid predators
Of all ecological compensation areas in
Switzerland, extensive meadows
occupy the largest surface area. The
aim of this study was to investigate
the attractiveness of extensive
meadows for flying cereal-aphid
predators, specifically in the immediate
vicinity of cereal plants. On four sites
in the Swiss Midlands in spring 2010,
wheat in pots was in each case placed
in a cow-parsley-dominated extensive
meadow, an extensive meadow with
an at-most-sparse presence of cow
parsley, and a wheat field. The adult
hoverflies were most numerous in the
cow-parsley-dominated meadows,
whilst the number of adult ladybirds as
well as the number of hoverfly and
ladybird eggs were dependent solely
on the presence of aphids. As further
aphid predators, only a few lacewings
were counted. According to the
findings of this study, extensive
meadows per se do not attract an
especially high number of aphid
predators. Meadows with attractive
flowering plants can significantly
support aphid predators, however.
Key words: Anthriscus sylvestris,
Syrphidae, Coccinellidae, Aphididae,
cereal fields.
Attrattività dei prati estensivi nei
confronti degli antagonisti degli afidi
Di tutte le superfici di compensazione
ecologica presenti in Svizzera, i prati
estensivi sono le più estese. L'obiettivo
del presente studio era analizzare
l’attrattività dei prati estensivi per gli
insetti alati antagonisti degli afidi, in
particolare nelle immediate vicinanze
delle piante di cereali. In quattro siti
dell'Altopiano svizzero, nel corso della
primavera del 2010, sono state
collocate piante di frumento in vaso in
un prato estensivo sia con elevata
presenza, sia in uno estensivo con
scarsa presenza di cerfoglio selvatico,
come anche in un campo di frumento.
Nei prati a elevata popolazione di
cerfoglio selvatico era maggiormente
riscontrabile la presenza di esemplari
adulti di sirfidi, mentre il numero di
coccinelle adulte e di uova di sirfidi e
coccinelle dipendeva unicamente dalla
presenza di afidi. Il numero di crisope,
quali ulteriori antagonisti degli afidi
era limitato. In base a questo studio i
prati estensivi non sembrano attrarre
di per sé un numero particolarmente
alto di antagonisti degli afidi. Tuttavia,
in quelli dove sono presenti piante
fiorite attrattive gli antagonisti
possono essere sostenuti in maniera
determinante.
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 96–103, 2012
Bibliographie b Ambrosino M. D., Jepson P. C. & Luna J. M., 2007. Hoverfly oviposition response to aphids in broccoli fields. Entomologia Experimentalis et Applicata 122, 99–107.
b Boller E. F., Häni F. & Poehling H.-M., 2004. Ökologische Infrastrukturen – Ideenbuch zur funktionalen Biodiversität auf Betriebsebene. IOBCwprs. 211 p.
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b Gilbert F. S., 1981. Foraging ecology of hoverflies – morphology of the mouthparts in relation to feeding on nectar and pollen in some common urban species. Ecological Entomology 6, 245–262.
b Hickman J. M. & Wratten S. D., 1996. Use of Phacelia tanacetifolia strips to enhance biological control of aphids by hoverfly larvae in cereal fields. Journal of Economic Entomology 89, 832–840.
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tera, Syrphidae). In: Proceedings of the 45th New Zealand Plant Protec-tion Conference. New Zealand Plant Protection Society, Rotorua, 60–61.
b Majerus M. & Kearns P., 1989. Ladybirds. Naturalists' Handbooks. 103 p. b OFAG, 2010. Rapport agricole 2010. Office fédéral de l’agriculture, OFAG, Berne. 268 p.
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104 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 104–111, 2012
I n t r o d u c t i o n
Le recul marqué de la biodiversité, les multiples atteintes
à l’environnement dans les zones cultivées et la surpro-
duction ont conduit la politique agricole suisse à intro-
duire en 1999 les prestations écologiques requises (PER).
Celles-ci obligent les agriculteurs, entre autres, à exploi-
ter 7 % de leur surface agricole utile (SAU) comme sur-
faces de compensation écologique (SCE) pour contribuer
à la préservation de la biodiversité. En 2001, les PER ont
été complétées par l’Ordonnance sur la qualité écolo-
gique (OQE) visant à améliorer de manière ciblée la qua-
lité et la mise en réseau des SCE.
Les instruments agro-politiques actuels n’ont pas
suffi à stopper le recul constant de la biodiversité (Lachat
et al. 2010). Une offre trop faible en surfaces proches de
l’état naturel, surtout en zone de plaine, une qualité
botanique et structurelle des SCE insuffisante et le
Véronique Chevillat1, Oliver Balmer1, Simon Birrer2, Verena Doppler3, Roman Graf2, Markus Jenny2,
Lukas Pfiffner1, Christine Rudmann1 et Judith Zellweger-Fischer2
1Institut de Recherche de l’Agriculture Biologique, 5070 Frick2Station Ornithologique Suisse, 6204 Sempach3Agrofutura, 5070 Frick
Renseignements: Véronique Chevillat, e-mail: [email protected], tél. +41 62 865 04 12.
Plus de surfaces de compensation écologique et de meilleure qualité grâce au conseil
E n v i r o n n e m e n t
Le conseil avec approche globale permet d’utiliser à son maximum le potentiel écologique et économique des exploitations agricoles. (Photo: Lukas Pfiffner)
Plus de surfaces de compensation écologique et de meilleure qualité grâce au conseil | Environnement
105
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 104–111, 2012
manque de mise en réseau des biotopes sont autant de
déficits et de points à améliorer. Aujourd’hui, seules
25 % des SCE remplissent les critères de qualité selon
l’OQE (OFAG 2010).
Une des raisons expliquant le manque d’efficacité
des mesures agro-politiques en faveur de la biodiversité
réside dans les fausses incitations du système de paie-
ments directs actuel. Avec la future politique agricole
2014–17, les prestations pour la promotion de la biodi-
versité devraient être honorées de façon plus ciblée.
Un conseil avec une approche globale, personnalisée
et surtout proche de la pratique, incluant les aspects
écologiques, économiques et spécifiques de l’exploita-
tion, augmente la disposition de beaucoup d’agricul-
teurs à s’engager pour la compensation écologique.
Dans le cadre du projet «Les paysans marquent des
points, la nature gagne en diversité», lancé par l’Institut de
recherche de l’agriculture biologique (FiBL) et la Station
ornithologique suisse de Sempach en 2008, nous avons
développé une méthode de conseil avec une approche
stratégique globale basée sur le modèle argovien (Lüthy et
al. 2002). Nous avons analysé comment ce type de conseil
agissait sur les compensations écologiques de 24 exploita-
tions mixtes dans la région agricole intensive du plateau
suisse et avons testé les hypothèses suivantes:
Un conseil incluant une approche stratégique glo-
bale est bien accepté par les agriculteurs et contribue à
l’augmentation de la quantité et la qualité des mesures
de compensation écologique.
A moyen terme, le conseil a des conséquences avan-
tageuses sur l’économie d’exploitation.
M a t é r i e l e t m é t h o d e
Début 2009, 24 exploitations ont été choisies, situées en
zone de plaine ou de colline dans les cantons de Berne,
Soleure, Lucerne, Schaffhouse et Zurich, avec une surface
agricole utile variant de 17,3 à 34 ha (en moyenne
23,5 ha). 11 exploitations produisaient selon les directives
de Bio Suisse et 11 selon celles d’IP-Suisse, 2 n’étaient pas
labellisées mais remplissaient les PER. La part de terres
ouvertes par exploitation variait de 12,9 à 90,8 % et s’éle-
vait en moyenne à 44,2 % (médiane). Pour chaque exploi-
tation, le type de culture et la taille de toutes les parcelles
(y compris des SCE annoncées) ont été répertoriés, de
même que la qualité et la mise en réseau selon l’OQE. Les
éventuelles contributions cantonales ou communales de
protection de la nature ont aussi été répertoriées.
Les prestations des exploitations pour la biodiversité
ont été évaluées grâce à un système de points développé
dans le cadre du projet (Jenny et al. 2011). Les effets sur
Face au déclin de la biodiversité dans les
zones cultivées, les surfaces de compensation
écologique (SCE) exigées pour les prestations
écologiques requises (PER) se sont avérées
peu efficaces. Ces surfaces ne remplissent
souvent pas leur rôle en faveur de la biodi-
versité, en raison de la qualité écologique
médiocre et de l’emplacement inadéquat. Les
résultats de notre étude montrent qu’un
conseil personnalisé pourrait remédier
efficacement à ces lacunes, même sur des
exploitations agricoles intensives du plateau
suisse. Les conseillers ont pu convenir d’un
catalogue de mesures avec tous les exploi-
tants participants, augmentant en moyenne
les SCE de 8,9 à 13,5 % de leur surface
agricole utile (SAU). La qualité des SCE selon
l’Ordonnance sur la qualité écologique (OQE)
devrait également s’accroître de 3,3 à 8,5 %
de la SAU. En outre, il est possible d’at-
teindre cette amélioration substantielle des
prestations écologiques sans créer d’impacts
préjudiciables à la production ou à l’écono-
mie d’exploitation, en augmentant même les
recettes de CHF 3500.– et la marge brute
comparable de CHF 3491.– en moyenne par
exploitation.
Environnement | Plus de surfaces de compensation écologique et de meilleure qualité grâce au conseil
106 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 104–111, 2012
l’économie d’entreprise, le bilan de fumure et la charge
de travail ont été calculés avec le programme BetVor
d’Agridea.
Le système de points et la visite de l’exploitation ont
permis d’évaluer les forces et les faiblesses ainsi que le
potentiel de développement pour la biodiversité. Les
espèces indicatrices typiques pour chaque exploitation
ont été déterminées à l’aide d’un instrument multi-choix
(Graf et al. 2010) et ont servi de base pour expliquer à
l’exploitant les mesures spécifiques de promotion dans
les SCE et dans les cultures. Les objectifs des programmes
cantonaux et des projets de réseau OQE ont également
été pris en compte. Les propositions de mise en valeur se
concentraient en premier lieu sur l’amélioration de la
qualité des surfaces SCE existantes et, dans un deuxième
temps, sur le déplacement ou la mise en place de nou-
velles SCE de haute qualité.
Les conseillers ont expliqué en détail les mesures
proposées aux chefs d’exploitation. Ils leur ont égale-
ment exposé les conséquences sur le bilan de fumure, le
bilan de fourrage grossier, la charge de travail et la
marge brute comparable de l’exploitation. Ils leur ont
expliqué la marche à suivre pour inscrire les SCE dans un
réseau OQE et recommander des mélanges de semences,
variétés d’arbres et d’arbustes et les adresses où se les
procurer. Ces informations complètes ont permis aux
exploitants de décider des mesures à mettre en place et
de leur ordre de priorité. Le catalogue de mesures, dési-
gné ci-après comme «convention», a été signé par les
deux parties. Le conseil était gratuit et une contribution
a été octroyée pour l’achat des semences et du matériel
de plantation. Les conseillers accompagneront les
exploitants dans la mise en place des mesures avec le
soutien professionnel nécessaire jusqu’à la fin du projet
(2015).
R é s u l t a t s
Des conventions ont pu être signées avec les 24 exploita-
tions. Avant le conseil (nommé ci-dessous «état initial»),
les exploitations avaient en moyenne 207,5 a de SCE,
représentant 8,9 % de leur SAU. A l’état initial, les prai-
ries extensives constituaient le type de SCE le plus
répandu (60 % des SCE), suivies des arbres fruitiers à
haute-tige (20 %) et des haies (8 %). Les conseillers ont
proposés en moyenne 41 % de SCE supplémentaires par
Types de compensation écologique (abréviation) Etat initial Proposition Convention
Jachères florales (JAFLO) 4,3 ±2,9 18,2 ±4,9 17,9 ±7,8
Jachères tournantes (JATOU) 0 0 0
Ourlets sur terres assolées (OSTA) 2,4 ±1,4 25,1 ±4,7 21,0 ±5,9
Prairies extensives (PREXT) 124,1 ±12,0 139,9 ±13,7 155,2 ±10,5
Prairies peu intensives (PRPIN) 7,9 ±5,3 3,7 ±3,5 0,2 ±0,2
Pâturages extensifs (PAEX) 3,8 ±3,0 17,9 ±7,5 22,3 ±10,2
Pâturages boisés (PABOI) 0 0 0
Surfaces viticoles avec biodiversité naturelle (VIBN) 0 0 0
Surfaces à litière (SULIT) 1,5 ±1,5 1,9 ±1,6 1,7 ±1,5
Haies, bosquets et berges boisées (avec bande herbeuse) (HABER) 15,6 ±4,2 30,9 ±6,6 34,7 ±7,9
Fossés humides, mares et étangs (FOMET) 0,6 ±0,4 0,6 ±0,3 0,8 ±0,4
Surfaces rudérales, tas d'épierrage, etc. (SURUD) 0 0,2 ±0,2 0
Murs en pierres sèches (MUPIE) 0 0 0
Autres surfaces de compensation écologique (AUSCE) 2,5 ±2,5 3,6 ±3,6 4,0 ±2,6
Arbres fruitiers à haute-tige (AFHTI) 42,5 ±5,5 47,8 ±7,2 56,1 ±8,4
Arbres indigènes isolés et allées (AINDI) 2,4 ±1,1 2,4 ±0,9 2,5 ±1,1
Bandes culturales extensives (BCE) 0 0 0
Total 207,5 ±13,3 292,2 ±22,5 316,5 ±28,8
Tableau 1 | Surfaces de compensation écologique en are par exploitation (moyenne ± SE). Etat initial = avant le conseil, proposition = pro-posé par les conseillers, convention = convenu. 1 are par arbre, selon l’Ordonnance sur les paiements directs
Plus de surfaces de compensation écologique et de meilleure qualité grâce au conseil | Environnement
107Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 104–111, 2012
A l’état initial, 37 % des SCE remplissaient les critères de
qualité selon l’OQE et 42 % faisaient partie d’un projet de
réseau OQE (fig.1). 44 % des SCE ne remplissaient ni les
critères de qualité ni n’étaient inscrites dans un réseau.
Selon les conventions, la part de SCE sans qualité ni réseau
devrait s’abaisser à 15 %. 63 % des SCE devraient atteindre
la qualité et 83 % se trouvant dans le périmètre d’un
réseau devraient y être inscrites. La part de la SAU avec
qualité OQE augmente de 2,6 fois par rapport à l’état ini-
tial et celle inscrite dans un réseau de 3 fois (fig. 1).
Selon les conventions, c’est surtout la qualité des
prairies extensives, des arbres fruitiers à haute-tige et
des haies avec bandes herbeuses qui devrait augmenter
(fig. 2). Proportionnellement, cette augmentation est la
plus marquée pour les pâturages extensifs (4,7 fois plus),
suivie des haies avec bandes herbeuses (3,8 fois), prai-
ries extensives (2,4 fois) et arbres fruitiers à haute-tige
(2,1 fois). Les surfaces dans un réseau OQE augmentent
en parallèle (fig. 3).
Les contributions annuelles pour les compensations
écologiques (OPD et qualité OQE incluse, réseau OQE
exclu) augmentent en moyenne de CHF 3500.– à
CHF 7988.– par exploitation (fig. 4). 15 exploitations
faisaient partie d’un réseau OQE. Les contributions pour
la mise en réseau OQE s’élevaient à CHF 537.– par exploi-
tation avant le conseil et ont pu être augmentées jusqu’à
rapport à l’état initial. Les conventions comprenaient
finalement 52 % de SCE supplémentaire par rapport à
l’état initial, soit 11 % de plus que proposé par les
conseillers (tabl. 1).
Parmi les nouvelles SCE, les conseillers ont proposé
principalement des ourlets sur terres assolées, des prai-
ries extensives, des haies avec bandes herbeuses, des
pâturages extensifs et des jachères florales. Ils ont aussi
particulièrement encouragé le changement d’exploita-
tion des prairies peu intensives en prairies extensives.
Les exploitants se sont montrés plutôt sceptiques par
rapport aux ourlets fleuris. Sur les 22,7 a proposés par
exploitation, seuls 18,6 a ont fait l’objet de convention.
Ce fut malgré tout le type de SCE ayant le plus aug-
menté proportionnellement à l’état initial, parce qu’il
était pratiquement inexistant avant le conseil. Par rap-
port à la proposition, le nombre d’arbres fruitiers à
haute-tige a fortement augmenté, de même que la
surface de prairies extensives, de pâturages extensifs et
de haies avec bandes herbeuses. Comparés à l’état ini-
tial, les ourlets sur terres assolées ont le plus augmenté
proportionnellement (8,8 fois), suivis des pâturages
extensifs (5,9 fois) et des jachères florales (4,2 fois).
D’après les conventions, les exploitations atteignent en
moyenne 13,5 % (±1,1 % SE) de compensation écolo-
gique sur leur SAU.
Figure 1 | Part moyenne (± SE) des surfaces de compensation écologique pour les 24 exploitations à l’état initial et d’après les conventions. Sont représentées les sommes de toutes les SCE, des SCE avec qualité OQE, celles mises en réseau OQE et celles sans qualité ni mise en réseau. 1 are par arbre, selon l’Ordonnance sur les paiements directs.
*Pour calculer la part de SCE mises en réseau, seules les 15 exploitations se trouvant dans le périmètre d’un réseau ont été considérées.
0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
14%
16%
Total Qualité Mise en réseau* Sans qualité ni mise en réseau
% S
CE p
ar e
xplo
itatio
n
Etat initial
Convention
Environnement | Plus de surfaces de compensation écologique et de meilleure qualité grâce au conseil
108 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 104–111, 2012
CHF 2204.– par exploitation grâce au conseil. Sur les
24 exploitations, les mesures convenues devraient géné-
rer des contributions supplémentaires à hauteur de
CHF 104 600.– (dont env. CHF 20 600.– pour les contribu-
tions réseau). Les marges brutes calculées (avec et sans
participation à un réseau OQE) augmentent en moyenne
de CHF 3491.– par exploitation.
D i s c u s s i o n e t c o n c l u s i o n s
Les agriculteurs sont nettement plus disposés à mettre en
place des mesures pour encourager la biodiversité lorsqu’ils
reçoivent un conseil avec une approche stratégique glo-
bale et personnalisée (fig. 5). Cela démontre aussi que les
mesures de promotion sont rentables financièrement.
Figure 2 | Types de surfaces de compensation écologique avec qualité OQE à l’état initial et d’après les conventions. Moyenne ± SE des 24 exploitations. 1 are par arbre, selon l’Ordonnance sur les paiements directs. Abréviations: voir tabl. 1.
Figure 3 | Types de surfaces de compensation écologique dans un réseau OQE à l’état initial et d’après les conventions. Moyenne ± SE des 15 exploitations situées dans le périmètre d’un projet de réseau. 1 are par arbre, selon l’Ordonnance sur les paiements directs. Abréviations: voir tabl. 1.
-20
0
20
40
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80
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120
140
PREXT PRPIN PAEX HABER AFHTI
SCE
par e
xplo
itatio
n (a
)
Etat initial
Convention
0
20
40
60
80
100
120
140
160
JAFLO OSTA PREXT PRPIN PAEX SULIT HABER AUSCE AFHTI AINDI
SCE
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xplo
itatio
n (a
)
Etat initial
Convention0
20
40
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120
140
160
JAFLO OSTA PREXT PRPIN PAEX SULIT HABER AUSCE AFHTI AINDI
SCE
par e
xplo
itatio
n (a
)
Etat initial
Convention
Plus de surfaces de compensation écologique et de meilleure qualité grâce au conseil | Environnement
109Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 104–111, 2012
ploitation sans pour autant entraver la gestion et la pro-
duction. Un conseil avec une approche globale dans le
domaine de la protection de la nature permettrait donc
d’atteindre les objectifs fixés par l’OFAG, soit 65 000 ha
de SCE en zone de plaine. En ce qui concerne les SCE de
haute valeur avec qualité OQE, l’amélioration est encore
plus marquée, passant de 3,3 % à 8,5 % de la SAU.
Etonnamment, 16 des 24 exploitations ont souhaité réali-
ser plus de SCE que ne l’avait proposé le conseiller.
La part de SCE des exploitations avant le conseil était
inférieure à la moyenne suisse pour la zone de plaine qui
s’élève à 10,4 %. Grâce au conseil, la part moyenne des
SCE augmente de 8,9 % à 13,5 %. Cette augmentation
substantielle a des effets positifs sur l’économie d’ex-
Figure 4 | Contribution moyenne (±SE) en CHF par année pour la compensation écologique (contributions 2009 selon l’OPD & la qualité OQE) pour les 24 exploitations, respectivement pour 15 exploitations (contributions réseau OQE).
Figure 5 | La transmission des connaissances nécessaires motive les agriculteurs à réaliser nettement plus de mesures de compensation écologique et de meilleure qualité. (Photo: Verena Doppler)
0
1000
2000
3000
4000
5000
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Etat initial Convention
Subv
entio
ns p
ar e
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n (C
HF)
Subventions écologiques sans mise en réseau
Subventions pour mise en réseau0
1000
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3000
4000
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Etat initial Convention
Subv
entio
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itatio
n (C
HF)
Subventions écologiques sans mise en réseau
Subventions pour mise en réseau
110
Environnement | Plus de surfaces de compensation écologique et de meilleure qualité grâce au conseil
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 104–111, 2012
Les SCE inscrites dans un réseau OQE ont triplé. Motivés
par le conseil, quelques exploitants ont même initié un
projet de réseau OQE dans leur commune. Les surfaces
inscrites dans un réseau et les recettes qui en découlent
auraient donc été encore plus conséquentes si toutes les
exploitations, et pas seulement 15, avaient eu la possibi-
lité de participer à un tel projet.
Une compensation écologique de qualité permet
aux agriculteurs d’améliorer leur revenu sans nuire à la
production. Cela montre qu’une situation win-win entre
production de denrées alimentaire et promotion de la
biodiversité (fig. 6) est possible même dans une région
intensive comme le Plateau suisse.
Un facteur clé essentiel réside dans le conseil et la for-
mation, pour lesquels les cantons sont en première ligne
responsables. Actuellement, l’accent est mis essentielle-
ment sur la production agricole. En maints endroits, l’éco-
logie et la biodiversité jouent un rôle marginal dans la
formation et ont dernièrement été reléguées, une fois de
plus, au second plan. Il est vrai qu’il existe des offres de
formation facultative, mais celles-ci sont peu utilisées. En
fin de compte, une intégration appropriée de la protec-
tion de la nature et de l’écologie dans la formation de
base et la formation continue, ainsi que dans la vulgarisa-
tion agricole, est indispensable pour atteindre les objec-
tifs de la biodiversité de la politique agricole suisse. n
Remerciements
Nous remercions tous les agriculteurs participant à cette étude, Bio Suisse, IP-Suisse et les partenaires cantonaux pour leur collaboration, ainsi que la Fondation MAVA, la Fondation Sophie et Karl Binding, la Fondation AVINA, la Fondation Ernst Göhner, la Fondation Vontobel, la Fondation Dreiklang, l’Office fédéral de l’environnement et l’Office fédéral de l’agriculture pour leur soutien financier.
Figure 6 | Les surfaces de compensation écologique hébergent des espèces indicatrices: le demi-deuil (Melanargia galathea) – une espèce indicatrice attractive et représentative des prairies extensives fauchées tardivement. (Photo: Lukas Pfiffner)
111
Plus de surfaces de compensation écologique et de meilleure qualité grâce au conseil | Environnement
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 104–111, 2012
Bibliographie b Birrer S., Balmer O., Graf R. & Jenny M., 2009. Biodiversität im Kulturland – vom Nebenprodukt zum Marktvorteil. Mitteilungen aus dem Julius Kühn-Institut 421, 21–29.
b Burfield I. & von Bommel F., 2004. Birds in Europe: population estimates, trends and conservation status. BirdLife International, Cambridge. 374 p.
b Graf R., Bolzern-Tönz H. & Pfiffner L., 2010. Leitarten für das Landwirt-schaftsgebiet: Erarbeitung von Konzept und Auswahl-Methoden am Bei-spiel der Schweiz. Naturschutz und Landschaftsplanung 42 (1), 5–12.
b Graf R., Birrer S. & Pfiffner L., 2009. Leitartenkarten für das Landwirt-schaftsgebiet. Schweizerische Vogelwarte, Sempach und Forschungsins-titut für biologischen Landbau FiBL, Frick.
b Jenny M., Fischer J., Pfiffner L., Birrer S. & Graf R., 2011. Leitfaden für die Anwendung des Punktesystems. Biodiversität auf Landwirtschaftsbetrie-ben im Projekt «Mit Vielfalt punkten». Schweizerische Vogelwarte, Sem-pach & Forschungsinstitut für biologischen Landbau, Frick. 22 p.
b Lachat T., Pauli D., Gonseth Y., Klaus G., Scheidegger C., Vittoz P. & Wal-ter T., 2010. Evolution de la biodiversité en Suisse depuis 1900 - Avons-nous touché le fond? Collection Bristol; Forum Biodiversité Suisse. Editions Haupt, Berne.
b Lüthy M., Egloff T., Hofmann A., Meier C., Schaffner D., Schmid W. & Schmidlin J., 2002. Ökobeiträge und gesamtbetriebliche Bewirtschaf-tungsverträge. In: Umwelt Aargau, Sondernummer 13, 18–41.
b Kanton Aargau, Abteilung für Umwelt, Aarau (éd.). b OFAG, 2010. Rapport agricole 2010 de l'Office fédéral de l'agriculture. Office fédéral de l'agriculture (OFAG), Berne.
b Roth T., Amrhein V., Peter B. & Weber D., (2008). A Swiss agri-environ-ment scheme effectively enhances species richness for some taxa over time. Agriculture, Ecosystems & Environment 125, 167–172.
Whole-farm advisory increases quality
and quantity of ecological compensa-
tion areas
The areas of ecological compensation
(AEC) required for farms receiving
subventions have so far delivered
modest results against the loss of
biodiversity in cultivated landscape of
Switzerland. Insufficient ecological
quality and inadequate locations of
these areas are to blame. The results of
our study show that whole-farm
advisory can efficiently improve the
situation even on intensive farms of
the Swiss plateau. All participating
farms were willing to sign contracts
that will increase the mean AEC from
8,9 to 13,5 % of their agricultural area
in use (AAU). Crucially, the quality of
the AEC according to the ordinance on
ecological quality increases from 3,3 to
8,5 % of the AAU. This substantial
improvement of the ecological perfor-
mances can be reached without
negative impacts on production or
farming income. On the contrary, the
gains and profit contributions increase
by CHF 3500.– and CHF 3491.– per
farm, respectively.
Key words: agriculture, advisory,
biodiversity, ecological compensation
areas, green box, cross-compliance.
Maggiori superfici di compensazione
ecologica e di migliore qualità grazie alla
consulenza
Di fronte al declino della biodiversità nelle
zone coltivate, l’imposizione di superfici di
compensazione ecologica (SCE), necessarie
per accedere ai pagamenti delle prestazioni
ecologiche (PER), si sono rivelate poco
efficaci. Spesso le superfici di compensazione
ecologica (SCE) non adempiono il loro ruolo
di salvaguardia della biodiversità a causa
della qualità mediocre o dell’inadeguatezza
del luogo. I risultati del nostro studio
dimostrano che è possibile supplire in modo
efficiente a queste mancanze con una
consulenza personalizzata – anche nelle
aziende agricole dell’Altopiano svizzero
gestite in modo intensivo. I consulenti hanno
concordato un catalogo di misure con tutti
gli agricoltori partecipi, aumentando così in
media le SCE dell’ 8,9 %-13,5 % della loro
superficie agricola utile (SAU). Anche la
qualità delle SCE, secondo l’Ordinanza sulla
qualità ecologica (OQE) dovrebbe aumentare
del 3,3 – 8,5 % della SAU. E’ inoltre possibile
conseguire questo miglioramento sostan-
ziale delle prestazioni ecologiche senza
causare impatti pregiudizievoli alla produ-
zione o all’economia aziendale, aumentando
pure il fatturato di CHF 3500.– ed il margine
lordo mediamente di CHF 3491.– per
azienda.
112 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 112–114, 2012
Afin que les porcs et les autres animaux de rente soient nourris conformément à leurs besoins et de façon écolo-gique et économique, il est indispensable d’avoir des connaissances sur les nutriments et les valeurs nutritives des aliments pour animaux. (Photo: Olivier Bloch)
Monika Boltshauser1, Annelies Bracher1, Michael Böhlen2, Francesco Cafagna2 et Andrej Taliun2
1Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, 1725 Posieux2Université de Zurich, Department of Informatics, Database Technology Group, 8050 Zurich
Renseignements: Annelies Bracher, e-mail: [email protected], tél. +41 26 407 54 12
La banque de données suisse des aliments pour animaux www.feedbase.ch
E c l a i r a g e
La banque de données suisse des aliments pour ani-
maux «www.feedbase.ch» de la Station de recherche
Agroscope Liebefeld-Posieux ALP-Haras, accessible sur
Internet depuis 2007, est actuellement en plein remanie-
ment. Au cours des prochaines années, son contenu et
sa technologie continueront d’être développés. Objec-
tif: en faire une source d’informations incontournable
dans le domaine des nutriments et des valeurs nutri-
tives des aliments pour animaux.
Des connaissances approfondies sur les nutriments et les
valeurs nutritives des aliments simples et des fourrages
grossiers de même que sur les besoins des différentes
espèces animales sont indispensables pour nourrir les
animaux de rente agricoles conformément à leurs
besoins et aussi de façon écologique et économique. La
banque de données sur les aliments pour animaux
contient des informations sur plus de 600 aliments
simples et fourrages grossiers commercialisés en Suisse
et destinés aux animaux de rente agricoles. Elle est conti-
nuellement actualisée et élargie, ce qui en fait un instru-
ment de référence interactif très précieux s’adressant à
un large public-cible.
La majeure partie des données sont accessibles gra-
tuitement sur Internet. Cependant, des fonctions sup-
plémentaires sont disponibles sur abonnement. Celui-ci
propose une fonction permettant de télécharger les
données sur les aliments sous la forme de tableaux Excel,
un accès à une version en ligne des apports alimentaires
recommandés pour les ruminants (Livre vert) et pour les
La banque de données suisse des aliments pour animaux www.feedbase.ch | Eclairage
113Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 112–114, 2012
porcs (Livre jaune) de même que des programmes utiles
permettant de calculer les valeurs fourragères des ali-
ments simples et des fourrages grossiers, les prix de
parité et les teneurs des rations pour porcs.
En plus, feedbase.ch est connectée à E-Feed par le
biais de la plateforme d’apprentissage Moodle de la
Haute école bernoise. E-Feed est un programme d’ap-
prentissage en ligne portant sur les aliments pour ani-
maux (catalogue des aliments pour animaux) et destiné
à la formation des ingénieur-e-s agronomes et des vété-
rinaires. Ainsi, non seulement les étudiant-e-s disposent
de valeurs actuelles provenant de feedbase.ch, mais
l’ensemble des utilisateurs-trices ont accès par le biais
d’E-Feed au catalogue des aliments pour animaux, qui
est une mine de renseignements supplémentaires.
Développement technique
Chargé des aspects et du développement techniques
de la banque de données, le groupe Database Techno-
logy du département informatique de l’Université de
Zurich est un partenaire compétent. Dans le cadre d’un
projet d’une durée de trois ans subventionné par le
Fond national suisse, des travaux de recherche sont
entrepris dans le cadre de thèses, de travaux de Bache-
lor et de Master sur la technologie des banques de
données. L’élargissement à une «Data Warehouse tem-
porelle» doit faire de feedbase.ch une vaste source de
données dotée de nombreuses fonctions innovatrices.
Pour simplifier, on peut se représenter la structure
actuelle des données dans feedbase.ch sous la forme
d’un dé avec trois axes principaux, à savoir les nutri-
ments, l’espèce animale et le type de fourrage.
Viennent désormais s’y ajouter le temps et le lieu et
plusieurs niveaux d’agrégation vers le bas allant
jusqu’à l’échantillon (fig. 1), ce qui donne une struc-
ture des données temporelle et multidimensionnelle
qui permettra une requête et une analyse des infor-
mations en fonction du temps et du lieu.
Figure 2 | Résultat de la requête avec des données géographiques, temporelles et statistiques sur les fourrages secs, altitude > 1000 m, années de récolte 2005 à 2009.
Nutrimentsespèce animale
type
d'a
limen
t
Lieu
Temps
Figure 1 | Structure des données temporelle et multidimensionnelle.
Eclairage | La banque de données suisse des aliments pour animaux www.feedbase.ch
114 Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 112–114, 2012
Enquête à la carte sur les fourrages secs
Les premières applications concrètes ont été élaborées
dans le cadre d’un travail de diplôme (Kruse 2011) et
d’un travail de Bachelor (Zoppi 2011). L’objectif a
consisté à développer une application Web dans laquelle
les données géographiques de l’enquête annuelle sur
les fourrages secs, effectuées par AGRIDEA (Boessinger
2011), sont évaluées et représentées graphiquement.
C’est le numéro postal d’acheminement (NPA) qui est
utilisé comme paramètre indicatif. Dans l’application,
on peut sélectionner non seulement le type de fourrage,
la méthode de conservation, les nutriments, le canton,
l’altitude, l’année et la saison de récolte (fig. 2), mais
aussi, dans une seconde étape, le type de représenta-
tion graphique.
Une fois la requête effectuée, le résultat consiste en
un tableau présentant différentes valeurs, une carte sur
laquelle les sites de provenance des échantillons sont
signalés, un graphique indiquant soit la dispersion des
valeurs sur l’axe du temps soit une courbe des valeurs
médianes de même qu’un tableau de statistique descrip-
tive. Si l’on active une fonction statistique supplémen-
taire, des valeurs, dont l’écart-type se situe au-dessous
ou au-dessus de la valeur moyenne, sont mises en évi-
dence sur la carte par des couleurs. Cette fonction per-
met une reconnaissance visuelle des profils susceptibles
de mettre en lumière d’éventuels effets régionaux sur la
qualité des fourrages. Toutefois, les possibilités d’inter-
prétation ne s’arrêtent pas là. Le nouveau modèle de
données ouvre de vastes possibilités, par exemple l’ana-
lyse de tendances régionales qui peuvent servir à la défi-
nition de critères de zonage ou au développement de
références pour de nouvelles catégories alimentaires
(fig. 3). Mais on peut aussi envisager des connections
avec des cartes climatiques et d’autres données SIG.
Précieuse source d’informations
Le développement ultérieur de la banque de données
des aliments pour animaux permettra d’améliorer son
contenu qui représente une source d’informations pré-
cieuses susceptibles de répondre à des questions que
peuvent se poser aussi bien les milieux scientifiques que
la pratique. D’autres sources de données sont explorées
afin d’étayer plus largement encore feedbase.ch, mais
cela ne suffit pas à en garantir la qualité, son actualisa-
tion notamment est une tâche permanente importante
et une présentation conviviale facilitera son utilisation.
La mise en service de la première version élargie est pré-
vue pour 2012. Toutefois, toutes les fonctions prévues ne
seront pas disponibles dès le lancement de la nouvelle
version. Dans le but de répondre le plus largement pos-
sible aux désirs et aux besoins des utilisateurs-trices,
nous nous réjouissons de recevoir vos suggestions. n
Bibliographie b Boessinger M., 2011. Zur Verfügung gestellte Einzeldaten zur Dürrfutter-
enquête 2005 – 2010. b Kruse K., 2011. Development of a Database System Based on Geographical
Information. Facharbeit am Institut für Informatik, Université de Zurich. b Zoppi S., 2011. Online Computation of up-to-date Summaries in the Swiss Feed
Database. Bachelorarbeit am Institut für Informatik, Université de Zurich.
Figure 3 | Modélisation des données avec une régression selon Kernel: teneur en matière azotée (RP) dans le fourrage sec, canton de Fribourg, altitude 600 – 899 m, années de récolte 2005 à 2009 (Zoppi 2011). RMSE = root mean square error.
190
160
130
100
70
Temporal Value Distribution
01 2005 07 2005 01 2006 07 2006 01 2007 07 2007 01 2008 07 2008 01 2009 07 2009
RP
RMSE
Régression selon Kernel
t
m
115Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 115, 2012
P o r t r a i t
Cela ne s’invente pas! C’est en 2008, Année internatio-
nale de la pomme de terre, que Brice Dupuis prend ses
fonctions de chef du «Projet pomme de terre» à Chan-
gins, quittant pour cela sa Belgique natale – où le pré-
cieux tubercule jouit du prestige que l’on sait!
Depuis son engagement à ACW, il partage son temps
entre la recherche proprement dite, les indispensables
interactions avec l’interprofession et la gestion de son
équipe. Une seule culture, un seul domaine de recherche,
mais un engagement diversifié, complexe et rempli de
défis, touchant à la fois aux pathologies et aux tech-
niques culturales: «La culture de la pomme de terre est
compliquée, c’est déjà un défi en soi», commente Brice
Dupuis. «Comme elle se produit par multiplication végé-
tative, cela augmente la pression des maladies et impose
de régénérer fréquemment le matériel de base. Et c’est
justement la complexité de cette culture en pleine
expansion dans le monde qui en fait tout l’attrait».
Une activité basée sur les échanges
Le Projet pomme de terre comporte trois volets – étude
variétale, certification et recherche – qui interagissent
les uns avec les autres. Cette relation permanente et ce
dynamisme se répercutent à différents échelons: à Chan-
gins même, où les échanges sont nombreux, mais aussi
au sein d’Agroscope, puisque les essais variétaux et des
tests techniques spécifiques (notamment l’aptitude à la
friture) sont conduits conjointement avec ART. D’autres
échanges encore ont lieu avec l’interprofession (swisspa-
tat et swisssem) et des institutions telles que la HAFL
(anc. HESA), qui collabore actuellement à un projet
visant à améliorer le contrôle de la bactérie Dickeya. L’un
des objectifs de ce projet est l’évaluation de la sensibilité
des variétés de pommes de terre à cette bactérie; à
terme, l’idée est de proposer un outil d’évaluation pour
la sélection variétale. «Pour l’instant, aucune technique
n’existe au niveau international pour cette évaluation»,
remarque Brice Dupuis. En outre, le chef de projet et son
équipe participent à la European Association for Potato
Research à travers divers groupes de travail thématiques,
ce qui leur permet de rester à la pointe de la recherche
européenne.
Né à Ath, entre Bruxelles et Lille, dans une région
productrice de pommes de terre, Brice Dupuis a grandi
et fait ses classes à Bruxelles. Jeune citadin, il reste
cependant en contact avec la campagne, passant régu-
lièrement ses vacances chez ses grands-parents agricul-
teurs. Après ses études à la Faculté des sciences agrono-
miques de Gembloux, il décroche un premier emploi
d’une année au CIRAD (Centre international de
recherche agronomique pour le développement), sur
l’Ile de la Réunion, où il doit trouver un moyen de quan-
tifier la bactérie pathogène Ralstonia solanacearum
dans le sol. Ensuite, durant 6 ans au Centre wallon de
recherches agronomiques, il travaille sur les Dickeya
(déjà!) ou encore sur la lutte contre le mildiou en pro-
duction bio – tout en accomplissant un diplôme en ges-
tion du développement.
A l’aise en Suisse, pays multilingue comme la Bel-
gique, Brice Dupuis apprécie tout particulièrement les
activités de montagne, été comme hiver. Il rentre régu-
lièrement en Belgique, où il a gardé de nombreuses
attaches et supervise la rénovation de sa maison – un
autre défi!
Sibylle Willi, Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Changins-
Wädenswil ACW,1260 Nyon
Brice Dupuis relève le défi de la pomme de terre!
116
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 116–119, 2012
Actualités
Fondation de la Société européenne d’agroforesterie
La Société européenne d’agroforesterie a été fondée le
16 décembre 2011. La manifestation a eu lieu au Minis-
tère français de l’agriculture en présence de 200 repré-
sentantes et représentants venus de douze pays, tandis
qu’une centaine de personnes supplémentaires suivaient
la réunion en direct sur Internet.
L’agroforesterie permet d’augmenter la productivité
tout en ménageant les sols, en clôturant le cycle de l’eau,
en promouvant la biodiversité et les auxiliaires et en
liant le CO2.
La société a pour but de mettre en réseau les spécia-
listes de différents pays européens et de faire en sorte
que les conditions-cadres de la politique agricole euro-
péenne soient tout au moins conçues de manière à ne
pas empêcher la mise en place de parcelles agrofores-
tières. La Suisse est représentée par le groupe d‘intérêts
Agroforst, instauré par Mareike Jäger (AGRIDEA) et
Felix Herzog (Agroscope ART) (www.agroforst.ch /
www.agroforesterie.ch).
«La combinaison des pommiers et des céréales permet d‘obtenir des marges brutes plus élevées» (exemple de la Suisse orientale). (Photo: ART)
l’évaluation en collaboration avec la Haute école zuri-
choise de sciences appliquées (ZHAW) à Winterthour.
L’emploi et le test détaillé des appareils ont montré
qu’ils étaient très fiables tant du point de vue de leur
fonctionnement que du point de vue des résultats
obtenus. Ces derniers permettent de tirer des conclu-
sions quant à l’affourragement et au déficit de la ration
en composants structurels. Les conseillers en affourage-
ment et les vétérinaires disposent ainsi d’un nouvel
outil leur permettant une identification précoce des
troubles du métabolisme. L’utilisation accrue de cette
technique permettra d’obtenir des informations actua-
lisées, plus précises sur la question de la ration «respec-
tueuse des besoins des ruminants» et sur les «seuils
d’alarme» correspondants. La méthode d’enregistre-
ment s’est avérée solide, fiable et facile à utiliser. Diffé-
rents travaux d’optimisation sont en cours pour per-
mettre la vulgarisation du produit.
Franz Nydegger, Markus Keller, ART, Lorenz Gygax, Zentrum für tierge-
rechte Haltung von Wiederkäuern und Schweinen, ART
Capteur de mastication pour vaches laitières
Rapport ART 748
Le nouveau capteur de
mastication sert à enre-
gistrer l’activité de mast-
cation et de l’alimenta-
tion des ruminants. Cet
appareil permet de saisir
et d’évaluer les activités
de mastication et d’ali-
mentation dans le cadre
d’essais scientifiques. Il
permet aussi d’étudier
ces différentes activités
de façon très détaillée chez les vaches dans les condi-
tions pratiques et d’en tirer des conclusions sur les
risques potentiels de troubles du métabolisme. La sta-
tion de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
et l’entreprise MSR Electronics GmbH ont développé le
capteur de rumination et les logiciels nécessaires à
Rapport ART 748
Capteur de mastication pour vaches laitières
Saisie automatique de l’activité de mastication et d’alimentation pour le contrôle sanitaire
Auteurs
Franz Nydegger, Markus Keller,ART, Lorenz Gygax, Zentrum fürtiergerechte Haltung vonWieder-käuern und Schweinen,ART
Wendelin Egli, MSR ElectronicsGmbH, CH–8444 Henggart
Octobre 2011
Le nouveau capteur de mastication sert àenregistrer l’activité de mastication et del’alimentation des ruminants. Cet appareilpermet de saisir et d’évaluer les activitésde mastication et d’alimentation dans lecadre d’essais scientifiques. Il permet aussid’étudier ces différentes activités de façontrès détaillée chez les vaches dans lesconditions pratiques et d’en tirer desconclusions sur les risques potentiels detroubles du métabolisme.La station de recherche Agroscope Recken-holz- Tänikon ART et l’entreprise MSR Elec-tronics GmbH ont développé le capteur derumination et les logiciels nécessaires àl’évaluation en collaboration avec la Hauteécole zurichoise de sciences appliquées(ZHAW) à Winterthour. L’emploi et le testdétaillé des appareils ont montré qu’ils
étaient très fiables tant du point de vue deleur fonctionnement que du point de vuedes résultats obtenus. Ces derniers permet-tent de tirer des conclusions quant à l’af-fourragement et au déficit de la ration encomposants structurels. Les conseillers enaffouragement et les vétérinaires disposentainsi d’un nouvel outil leur permettant uneidentification précoce des troubles dumétabolisme. L’utilisation accrue de cettetechnique permettra d’obtenir des informa-tions actualisées, plus précises sur la ques-tion de la ration «respectueuse des besoinsdes ruminants» et sur les «seuils d’alarme»correspondants. La méthode d’enregistre-ment s’est avérée solide, fiable et facile àutiliser. Différents travaux d’optimisationsont en cours pour permettre la vulgarisa-tion du produit.
Impressum
Edition:Station de recherche AgroscopeReckenholz-Tänikon ART,Tänikon, CH-8356 Ettenhausen,Traduction:ART
Les Rapports ART paraissentenviron 20 fois par an.Abonnement annuel: Fr. 60.–.Commandes d‘abonnementset de numéros particuliers:ART,Bibliothèque, 8356 EttenhausenT +41 (0)52 368 31 31F +41 (0)52 365 11 [email protected]: www.agroscope.ch
ISSN 1661-7576
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
A c t u a l i t é s
117
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 116–119, 2012
Alimentation des porcelets fraîche-ment sevrés
ALP actuel 42
En sevrant les porcelets à
un âge où ils n’ont ingéré
que de petites quantités
d’aliments solides, on va
à l’encontre du principe
que chaque changement
d’alimentation doit se
faire pas à pas pour que
l’appareil digestif ait le
temps de s’adapter. C’est pourquoi les porcelets sevrés
souffrent souvent de maladies digestives. Ils mangent
peu pendant les premiers jours et perdent du poids
jusqu’à ce qu’ils aient appris à ingérer de l’aliment solide
et de l’eau. Après cette période de jeûne, ils ont tendance
à compenser leur déficit énergétique en mangeant des
quantités élevées de nourriture avant que leur appareil
digestif ne soit habitué au changement alimentaire, ce
qui peut provoquer des diarrhées.
Les mesures suivantes aident à éviter les problèmes liés au
sevrage:
•• Il faut encourager les porcelets à manger et à boire dès
le premier jour du sevrage en continuant à leur offrir
l’aliment complémentaire pour porcelets sous mère
pendant plusieurs jours et en mettant à disposition
suffisamment de places à l’auge. Les porcelets mangent
mieux si l’aliment est présenté sous forme liquide.
•• Si des diarrhées apparaissent fréquemment après le
sevrage, le recours à un aliment diététique ayant une
teneur réduite en protéines et en minéraux et conte-
nant un acide organique ainsi qu’une teneur élevée en
fibres aide à prévenir cette maladie.
•• Comme les porcelets souffrant du froid sont plus
sensibles aux diarrhées, une aire de repos chauffée est
importante, surtout lorsqu’ils mangent peu pendant les
premiers jours après le sevrage.
Andreas Gutzwiller, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux
ALP
ALP actuel
Alimentation des porcelets fraîchement sevrésFiche technique destinée à la pratique
nº 42 | 2011
Auteur
Andreas GutzwillerStation de rechercheAgroscope Liebefeld-Posieux ALPTioleyre 4, Case postale 64CH-1725 [email protected]
Département fédéralde l'économie DFEStation de rechercheAgroscope Liebefeld-Posieux ALP
ALP fait partie de l'unité ALP-Haras
Schweizerische EidgenossenschaftConfédération suisseConfederazione SvizzeraConfederaziun svizra
En sevrant les porcelets à un âge où ils n’ontingéré que de petites quantités d’alimentssolides, on va à l’encontre du principe quechaque changement d’ali-mentation doit sefaire pas à pas pour que l’appareil digestifait le temps de s’adapter. C’est pourquoi lesporcelets sevrés souffrent souvent de mala-dies digestives. Ils mangent peu pendant lespremiers jours et perdent du poids jusqu’àce qu’ils aient appris à ingérer de l’alimentsolide et de l’eau. Après cette période dejeûne, ils ont tendance à compenser leurdéficit énergétique en mangeant des quan-tités élevées de nourriture avant que leurappareil digestif ne soit habitué au change-ment alimentaire, ce qui peut provoquerdes diarrhées.Les mesures suivantes aident à éviter lesproblèmes liés au sevrage:
• Il faut encourager les porcelets à mangeret à boire dès le premier jour du sevrage encontinuant à leur offrir l’aliment complé-mentaire pour porcelets sous mère pendantplusieurs jours et en mettant à dispositionsuffisamment de places à l’auge. Les porce-lets mangent mieux si l’aliment est présentésous forme liquide.• Si des diarrhées apparaissent fréquem-ment après le sevrage, le recours à un ali-ment diététique ayant une teneur réduiteen protéines et en minéraux et contenantun acide organique ainsi qu’une teneur éle-vée en fibres aide à prévenir cette maladie.• Comme les porcelets souffrant du froidsont plus sensibles aux diarrhées, une airede repos chauffée est importante, surtoutlorsqu’ils mangent peu pendant les premi-ers jours après le sevrage.
Oliv
ier
Bloc
h,A
LP
Impressum
Editeur:Station de rechercheAgroscope Liebefeld-Posieux ALPwww.agroscope.ch
Rédaction:Gerhard Mangold, ALP
Mise en page:RMG Design, Fribourg
Impression:Tanner Druck AG,Langnau im Emmental
Copyright:Reproduction autorisée souscondition d’indication de la sourceet de l’envoi d’une épreuve àl’éditeur.
ISSN 1660-7589
alp actuel 42_fr.indd 1 23.12.11 13:20
Un fourrage de bonne qualité pour les chevaux
ALP actuel 41
Pour des raisons nutritionnelles, la ration du cheval doit
principalement se composer de fourrage de qualité irré-
prochable et riche en structure, comme le foin, le hay-
lage (ensilage sec) et la paille. Ceci est valable pour les
chevaux de toutes races, du cheval de loisir au cheval de
haute performance. Le cheval est particulièrement sen-
sible aux aliments avariés et contaminés. C’est pourquoi
la qualité hygiénique compte parmi les critères les plus
importants pour les aliments pour chevaux. Une alimen-
tation riche en fourrage et adaptée aux besoins, ainsi
qu’une excellente qualité contribuent au maintien de la
santé, à l’occupation ainsi qu’au bien-être du cheval. La
présente fiche technique informe sur les points suivants:
•• Caractéristiques d’un fourrage de bonne qualité
•• Critères d’évaluation
•• Évaluation sensorielle
•• Valeurs indicatives pour le foin, le haylage et la paille
•• Entreposage du fourrage
•• Questions fréquentes
Ueli Wyss, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP
ALP actuel
Un fourrage de bonne qualité pour les chevauxFiche technique destinée à la pratique
nº 41 | 2011
Auteurs
Ueli WyssStation de rechercheAgroscope Liebefeld-Posieux ALPTioleyre 4, Case postale 64CH-1725 [email protected]
Brigitte StricklerHaras national suisse HNSLes Longs-Prés, Case postale 1911580 [email protected]
Département fédéralde l'économie DFEStation de rechercheAgroscope Liebefeld-Posieux ALP
ALP fait partie de l'unité ALP-Haras
Schweizerische EidgenossenschaftConfédération suisseConfederazione SvizzeraConfederaziun svizra
Pour des raisons nutritionnelles, la rationdu cheval doit principalement se compo-ser de fourrage de qualité irréprochableet riche en structure, comme le foin, lehaylage (ensilage sec) et la paille. Ceci estvalable pour les chevaux de toutes races,du cheval de loisir au cheval de haute per-formance. Le cheval est particulièrementsensible aux aliments avariés et contami-nés. C’est pourquoi la qualité hygiéniquecompte parmi les critères les plus impor-tants pour les aliments pour chevaux. Unealimentation riche en fourrage et adaptéeaux besoins, ainsi qu’une excellente qua-lité contribuent au maintien de la santé, àl’occupation ainsi qu’au bien-être du cheval.
La présente fiche technique informe surles points suivants :
• Caractéristiques d’un fourragede bonne qualité
• Critères d’évaluation –Évaluation sensorielle
• Valeurs indicatives pour le foin,le haylage et la paille
• Entreposage du fourrage• Questions fréquentes
Oliv
ier
Bloc
h,A
LP
Impressum
Editeur:Station de rechercheAgroscope Liebefeld-Posieux ALPwww.agroscope.ch
Rédaction:Gerhard Mangold, ALP
Mise en page:RMG Design, Fribourg
Impression:Tanner Druck AG,Langnau im Emmental
Copyright:Reproduction autorisée souscondition d’indication de la sourceet de l’envoi d’une épreuve àl’éditeur.
ISSN 1660-7589
alp actuel 41_fr.indd 1 26.10.11 14:33
A c t u a l i t é s
118
M e d i e n m i t t e i l u n g e n
www.agroscope.admin.ch/medienmitteilungen
Actualités
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 116–119, 2012
26.01.2012 Des étables propres pour protéger l’environne-ment L‘ammoniac dégagé par les activités agricoles pollue
l’environnement. Quelles sont les mesures les plus effi-
caces pour réduire les émissions? Cette question a fait
l’objet d‘une conférence organisée par Agroscope et
réunissant des représentants de la recherche, des milieux
politiques et agricoles, le 26 janvier à Zurich.
06.02.2012Ravageur redouté du maïs, Diabrotica réapparaît au nord des Alpes!Diabrotica, la chrysomèle du maïs, ravageur de quaran-
taine, est réapparue en juillet dernier au Nord des Alpes,
dans les cantons d’Uri et de Lucerne, alors qu’aucun
insecte n’y avait été capturé depuis une année. Ces
insectes ont vraisemblablement été introduits par des
transports depuis l’Italie du nord. Une première mesure
pour empêcher le développement d’une importante
population de cet insecte au Nord des Alpes est d’inter-
dire la culture du maïs deux années de suite sur la même
parcelle. Cette mesure a déjà été prise par les cantons du
Tessin et d’Uri.
www.agroscope.admin.ch/communiques
Informations actuelles de la recherche
pour le conseil et la pratique:
Recherche Agronomique Suisse paraît 10 fois
par année et informe sur les avancées en
production végétale, production animale,
économie agraire, techniques agricoles,
denrées alimentaires, environnement et
société. Recherche Agronomique Suisse
est également disponible on-line sous
www.rechercheagronomiquesuisse.ch
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AgRARfoRSchung Schweiz
RecheRcheAgRonomiqueSuiSSe
Talon réponse à envoyer à:Rédaction Recherche Agronomique Suisse, Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: info@rechercheagronomiquesuisse.chwww.rechercheagronomiquesuisse.ch
NOUVEAU
Nom / Société
Prénom
Rue/N°
Code postal / Ville
Profession
Date
Signature
Recherche Agronomique Suisse/ Agrarforschung Schweiz est une publica-
tion des stations de recherche agronomique
Agroscope et de leurs partenaires. Les parte-
naires sont l’office fédéral de l’agriculture
ofAg, la haute école suisse d’agronomie de
zollikofen heSA, AgRiDeA Lausanne &
Lindau et l’ecole polytechnique fédérale de
zurich eTh zürich, Department of agricultural
and foodscience. Agroscope est l’éditeur.
cette publication paraît en allemand et en
français. elle s’adresse aux scientifiques,
spécialistes de la recherche et de l’industrie,
enseignants, organisations de conseil et de
vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux,
praticiens, politiciens et autres personnes
intéressées.
119
Informationen: www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Actualités
Recherche Agronomique Suisse 3 (2): 116–119, 2012
M a n i f e s t a t i o n s
Février 2012
23. – 26.02.2012Agroscope à Tier & Technik 2012Agroscope ACW, ALP et ARTSt.-Gall
Mars 2012
13. – 14.03.201218. Arbeitswissenschaftliches KolloquiumAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTTänikon
16.03.201220 Jahre Integrierte Produktion im AckerbauAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTReckenholz, Zurich
23.03.2012Jahrestagung der SGPWSchweizerische Gesellschaft für Pflanzenwissenschaften Agroscope Reckenholz-Tänikon ARTReckenholz, Zurich
29.03.2012AGFF-Generalversammlung/FrühlingstagungAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTLandwirtschaftliches Zentrum Liebegg, Gränichen
Avril 2012
13.04.20127. NATUR Kongress 2012Agroscope Reckenholz-Tänikon ARTCongress Center, Bâle
19.04.20127e réunion annuelle du Réseau de recherche équine en SuisseHaras national suisse HNSAvenches
Mai 2012
09. – 10.05.2012Landtechnik im AlpenraumAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTFeldkrich, Autriche
L i e n s I n t e r n e t
Archive des rapports de test des tracteurs
www.traktorentest.ch
Les rapports de test des tracteurs édités par la station de
recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART livrent
des informations intéressantes sur les caractéristiques
des anciens tracteurs (performances et consommation).
Tous les rapports de test depuis 1971 sont désormais dis-
ponibles sur Internet.
Mars 2012 / Numéro 3
•• Produits et services d’alpage – offre dans quelques
régions ciblées en Suisse, Rosa Böni et Irmi Seidl, WSL
•• Structure de population et diversité génétique des
races ovines suisses, Alexander Burren et al., HAFL
•• Le changement climatique influence le bien-être des
vaches laitières, Jürg Fuhrer et Pierluigi Calanca, ART
•• Effet à long terme des engrais organiques sur les
propriétés du sol, Alexandra Maltas et al., ACW
•• Effet à long terme des engrais organiques sur le
rendement et la fertilisation azotée des cultures,
Alexandra Maltas et al., ACW
•• Nouvelle méthode pour déterminer les pertes par
brisures, Joachim Sauter et al., ART et Université de
Kassel
•• Une action commune pour le sol, Bruno Arnold et
André Chassot, Agridea
La zone d’estivage en Suisse repré-sente un tiers environ de la surface agricole utile. Les produits et ser-vices d’alpage constituent une source de revenus pour l’économie alpestre. Des chercheuses du WSL ont mené une enquête sur l’offre des produits et services d’alpage dans six régions de Suisse. (Photo: Gabriela Brändle ART)
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o
Informations: www.agroscope.admin.ch/manifestations
Freitag, 16. März 201220 Jahre Integrierte Produktionim AckerbauForschungsanstalt Agroscope ART - Reckenholz
http://www.agroscope.admin.ch/Fachtagung-Ackerbauoder Priska Gassmann Tel: 044 377 7253 [email protected]
Anmeldung undInformation
Fachtagung
23 - 26 février 2012, Tier & Technik, Saint-Gall
Agroscope – Compétitifs grâce à la recherche
Des spécialistes d’Agroscope présentent des travaux relatifs à
«La qualité et la sécurité du cidre doux» – Nouvelles métho-des pour l’identification de contaminations et l’améliorationde la conservabilité des jus de pommes (dégustation).
«Mon toit, source de chaleur» – Séchage économe enénergie du foin avec le rejet thermique issu de l’installationphotovoltaïque.
«Des poulains d’avenir» – Calcul du degré de parenté comptetenu des caractéristiques de performance du cheval.
Lieu:
Le stand d’Agroscope se trouve dans la halle 3.1,numéro du stand 3.1.31
www.agroscope.ch
Département fédéralde l'économie DFEAgroscope
Schweizerische EidgenossenschaftConfédération suisseConfederazione SvizzeraConfederaziun svizra