Ecoutez le parc Beaulieu… · 40 Tribune de Genève | Samedi-dimanche 19-20 décembre 2015...

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Tribune de Genève | Samedi-dimanche 19 - 20 décembre 2015 40 Week-end en balade Contrôle qualité Ecoutez le parc Beaulieu… Le Collectif Beaulieu et Pré en bulle proposent une balade sonore dans cet écrin de verdure de la Rive droite Xavier Lafargue Textes Pierre Abensur Photos Q uiétude. S’il ne fallait qu’un seul mot pour qualifier le parc Beau- lieu, ce serait sans doute celui-là. Au cœur de la Rive droite, non loin de la gare et de la rue de la Servette, mais à l’abri des turpitudes du trafic, se niche un écrin de verdure. Si les gens du quartier l’apprécient, beaucoup de Genevois ne l’ont découvert que cette année, grâce à la Fête de la musique, qui y a enfin posé ses tréteaux. Désormais, ce jardin aux dimensions généreuses (65 300 m 2 ) se visite aussi smartphone en main. Histoire d’écouter ce que vos yeux contemplent, de faire parler les vieux murs, les arbres et les serres… Une vieille et belle histoire La voix qui vous accompagne est celle d’Estelle Sohier. Membre du Collectif Beaulieu, maître assistante à l’Université de Genève, au Département de géogra- phie et environnement, elle rappelle la genèse du projet: «Cela remonte aux Jour- nées européennes du patrimoine en 2014, qui avaient pour thème l’alimenta- tion. Leurs organisateurs nous avaient demandé de mettre sur pied des visites guidées dans le parc, et notamment des anciennes serres du Service des espaces verts que le collectif a reprises en main.» Elle a mené ces visites avec Marion Ernwein, alors doctorante et assistante dans le même département de l’UNIGE, et avec Joël, de l’association Les Arti- chauts. La Maison de quartier des Grot- tes, Pré en bulle, les a ensuite encouragés à enregistrer cette visite pour la partager dans le temps. Ainsi en juin, les prome- neurs ont pu profiter de la manifestation «Beaulieu en campagne» pour découvrir, casques sur les oreilles, l’histoire du parc. Mais que révèle cette nouvelle applica- tion pour smartphones? Une visite du parc en cinq points. A chaque fois des explications de trois à quatre minutes, avec en fond sonore des chants d’oiseaux ou des caquètements de gallinacées. C’est d’abord la naissance du domaine de Beaulieu et l’historique de la maison de maître datant du début du XVIIIe siècle, aujourd’hui reconvertie en école pri- maire. Sans dévoiler l’entier du message délivré par la narratrice, sachez néan- moins qu’il évoque les jardins à la fran- çaise et les terrasses du parc qui s’éta- geaient jusqu’à l’actuelle rue Baulacre. L’essor du Collectif Beaulieu La deuxième étape est dédiée aux fameux cèdres du Liban, les plus anciens plantés (en 1735) en Suisse, voire sur le continent, selon le livre Genève, ses parcs et promena- des (Ed Cabédita, 2005). Les trois autres volets sont consacrés à la reprise des anciennes serres et couches du Service des parcs et promenades de la Ville (ancêtre du SEVE) par le Collectif Beaulieu, dès 2010. Celui-ci regroupe une dizaine d’associations, qui animent cet espace de vie communautaire. Parmi el- les, Les Artichauts et leur projet «Semence de pays». Jojo le jardinier (interviewé dans le dernier volet) détaille la culture de va- riétés traditionnelles, paysannes, ancien- nes. Un patrimoine horticole et un savoir- faire que l’association fait vivre en propo- sant semences et plantons. Après avoir décrit l’histoire des fer- miers du parc et de ses animaux (oui, il y eut des vaches, des chevaux et de la vo- laille à Beaulieu), de l’orangerie, des ser- res et du rempotoire, notamment, Estelle Sohier fait l’éloge de cet espace ouvert au public, où l’on peut aujourd’hui croiser des poules, admirer des ruches, acheter plantons et légumes (selon la saison), etc. Un four à pain communautaire a même vu le jour l’an passé. Ce potager urbain sera bientôt flan- qué, dans la partie haute du parc, d’un verger, en cours d’élaboration par la Ville, où l’on trouvera quinze pommiers, poiriers, pruniers et cognassiers. Une re- naissance, puisque Beaulieu abrita des arbres fruitiers jusqu’en 1939. Seconde Guerre mondiale et Plan Wahlen oblige, ceux-ci laissèrent place à cette époque à d’autres surfaces de production agricole. Ce parc qui revit Beaulieu, c’est donc tout ça, mais bien plus encore. Il est loin le temps où l’on n’osait fouler ses pelouses. Aujourd’hui, durant les beaux jours, la pataugeoire et ses alentours se peuplent de visiteurs qui profitent notamment des chaises longues mises à disposition. Pique-niques et brun- ches s’organisent un peu partout. Sur le haut du parc, joueurs de foot ou de badminton et artistes du frisbee le dis- putent aux traditionnels pongistes. Plus loin, le tas de sable, le tourniquet et le toboggan font le bonheur des plus petits. Beaulieu, c’est encore une richesse ar- borée, certes un peu déplumée en cette saison. Outre les cèdres, il faut admirer les deux allées bordées de marronniers et de sophoras du Japon, mais aussi des es- pèces dont les noms font voyager: chêne rouge d’Amérique, tulipier de Virginie, pin de l’Himalaya, savonnier de Chine ou ce mystérieux arbre aux quarante écus. A découvrir baigné des chants distillés par les nombreux oiseaux qui s’abreuvent volontiers à l’étonnante fontaine surmon- tée d’une statue de Neptune. Ce parc possède, dans sa partie haute, deux allées bordées d’arbres. Le Collectif Beaulieu fait revivre les serres et a réintroduit des poules. La maison de maître (ci-dessus) est aujourd’hui une école primaire. «Une visite du parc en cinq points. A chaque fois des explications de trois à quatre minutes, avec en fond sonore des chants d’oiseaux ou des caquètements de gallinacées» Comment aller à Beaulieu Bus 8 (arrêts Grottes ou Canonnière, sur la rue du Grand-Pré) ou bus 5 (arrêt Baulacre, sur la rue du Vidollet). La balade sonore Lien pour télécharger l’application: www.beaulieu.tdg.ch On peut aussi télécharger l’appli par le biais des sites de Pré en bulle et izi.travel Pour les sportifs Remis à neuf en 2014, le parcours «proxitraining» offre sept postes pour la pratique du sport, disposés dans le parc. Remerciements Estelle Sohier tient à remercier Adriano Pitteri, de la radio LaFabrik, et Loyse Graf, qui ont œuvré à la mise en forme des sons et images de l’appli, ainsi que Didier Arnoux et Hélène Wuthrich, de l’équipe de Pré en bulle, moteurs du projet, et le photographe Alberto Campi. Adresses Pré en bulle et Collectif Beaulieu: www.preenbulle.ch Les Artichauts: www.artichauts.ch Avant de partir, quelques petits plus pour améliorer votre balade RUE DE MONTBRILLANT RUE DE VERMONT Parc des Cropettes Parc Beaulieu RU E B A U L A C R E 1 2 3 4 5 RUE DU V I DOLLET RUE DU GRAN D -PR É Nouveau verger Serres Pataugeoire Allée d'arbres Allée d'arbres IC 100 m Ecole (ancienne maison de maître) 1 Les cèdres du Liban 2 Espace horticole 3 Espace communautaire 4 Semence de pays 5 Téléchargez directement l’application sur notre site www.beaulieu.tdg.ch/

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Tribune de Genève | Samedi-dimanche 19-20 décembre 201540

Week-end en balade

Contrôle qualité

Ecoutez le parc Beaulieu…Le Collectif Beaulieu et Pré en bulle proposent une balade sonore dans cet écrin de verdure de la Rive droite

Xavier Lafargue TextesPierre Abensur Photos

Quiétude. S’il ne fallaitqu’un seul mot pourqualifier le parc Beau-lieu, ce serait sans doutecelui-là. Au cœur de laRive droite, non loin dela gare et de la rue de la

Servette, mais à l’abri des turpitudes dutrafic, se niche un écrin de verdure. Si lesgens du quartier l’apprécient, beaucoupde Genevois ne l’ont découvert que cetteannée, grâce à la Fête de la musique, quiy a enfin posé ses tréteaux. Désormais, cejardin aux dimensions généreuses(65 300 m2) se visite aussi smartphone enmain. Histoire d’écouter ce que vos yeuxcontemplent, de faire parler les vieuxmurs, les arbres et les serres…

Une vieille et belle histoireLa voix qui vous accompagne est celled’Estelle Sohier. Membre du CollectifBeaulieu, maître assistante à l’Universitéde Genève, au Département de géogra-phie et environnement, elle rappelle lagenèse du projet: «Cela remonte aux Jour-nées européennes du patrimoine en 2014, qui avaient pour thème l’alimenta-tion. Leurs organisateurs nous avaientdemandé de mettre sur pied des visitesguidées dans le parc, et notamment desanciennes serres du Service des espacesverts que le collectif a reprises en main.»

Elle a mené ces visites avec MarionErnwein, alors doctorante et assistantedans le même département de l’UNIGE,et avec Joël, de l’association Les Arti-chauts. La Maison de quartier des Grot-tes, Pré en bulle, les a ensuite encouragésà enregistrer cette visite pour la partagerdans le temps. Ainsi en juin, les prome-neurs ont pu profiter de la manifestation«Beaulieu en campagne» pour découvrir,casques sur les oreilles, l’histoire du parc.

Mais que révèle cette nouvelle applica-tion pour smartphones? Une visite duparc en cinq points. A chaque fois des

explications de trois à quatre minutes,avec en fond sonore des chants d’oiseauxou des caquètements de gallinacées. C’estd’abord la naissance du domaine deBeaulieu et l’historique de la maison demaître datant du début du XVIIIe siècle,aujourd’hui reconvertie en école pri-maire. Sans dévoiler l’entier du messagedélivré par la narratrice, sachez néan-moins qu’il évoque les jardins à la fran-çaise et les terrasses du parc qui s’éta-geaient jusqu’à l’actuelle rue Baulacre.

L’essor du Collectif BeaulieuLa deuxième étape est dédiée aux fameuxcèdres du Liban, les plus anciens plantés(en 1735) en Suisse, voire sur le continent,selon le livre Genève, ses parcs et promena-des (Ed Cabédita, 2005).

Les trois autres volets sont consacrés àla reprise des anciennes serres et couchesdu Service des parcs et promenades de laVille (ancêtre du SEVE) par le CollectifBeaulieu, dès 2010. Celui-ci regroupe unedizaine d’associations, qui animent cetespace de vie communautaire. Parmi el-les, Les Artichauts et leur projet «Semencede pays». Jojo le jardinier (interviewé dansle dernier volet) détaille la culture de va-riétés traditionnelles, paysannes, ancien-nes. Un patrimoine horticole et un savoir-faire que l’association fait vivre en propo-sant semences et plantons.

Après avoir décrit l’histoire des fer-miers du parc et de ses animaux (oui, il yeut des vaches, des chevaux et de la vo-laille à Beaulieu), de l’orangerie, des ser-res et du rempotoire, notamment, Estelle

Sohier fait l’éloge de cet espace ouvert aupublic, où l’on peut aujourd’hui croiserdes poules, admirer des ruches, acheterplantons et légumes (selon la saison), etc.Un four à pain communautaire a mêmevu le jour l’an passé.

Ce potager urbain sera bientôt flan-qué, dans la partie haute du parc, d’unverger, en cours d’élaboration par la Ville, où l’on trouvera quinze pommiers,poiriers, pruniers et cognassiers. Une re-naissance, puisque Beaulieu abrita desarbres fruitiers jusqu’en 1939. SecondeGuerre mondiale et Plan Wahlen oblige,ceux-ci laissèrent place à cette époque àd’autres surfaces de production agricole.

Ce parc qui revitBeaulieu, c’est donc tout ça, mais bienplus encore. Il est loin le temps où l’onn’osait fouler ses pelouses. Aujourd’hui,durant les beaux jours, la pataugeoire etses alentours se peuplent de visiteurs quiprofitent notamment des chaises longuesmises à disposition. Pique-niques et brun-ches s’organisent un peu partout.

Sur le haut du parc, joueurs de foot oude badminton et artistes du frisbee le dis-putent aux traditionnels pongistes. Plusloin, le tas de sable, le tourniquet et letoboggan font le bonheur des plus petits.

Beaulieu, c’est encore une richesse ar-borée, certes un peu déplumée en cettesaison. Outre les cèdres, il faut admirerles deux allées bordées de marronniers etde sophoras du Japon, mais aussi des es-pèces dont les noms font voyager: chênerouge d’Amérique, tulipier de Virginie,pin de l’Himalaya, savonnier de Chine ouce mystérieux arbre aux quarante écus. Adécouvrir baigné des chants distillés parles nombreux oiseaux qui s’abreuventvolontiers à l’étonnante fontaine surmon-tée d’une statue de Neptune.

Ce parc possède, dans sa partie haute, deux allées bordées d’arbres. Le Collectif Beaulieu fait revivre les serres et a réintroduit des poules. La maison de maître (ci-dessus) est aujourd’hui une école primaire.

«Une visite du parc en cinq points. A chaque fois des explicationsde trois à quatre minutes, avec en fond sonoredes chants d’oiseaux ou des caquètements de gallinacées»

Comment aller à BeaulieuBus 8 (arrêts Grottes ou Canonnière, sur la rue du Grand-Pré) ou bus 5 (arrêt Baulacre, sur la rue du Vidollet).La balade sonoreLien pour télécharger l’application: www.beaulieu.tdg.chOn peut aussi télécharger l’appli par le biais des sites de Pré en bulle et izi.travelPour les sportifsRemis à neuf en 2014, le parcours «proxitraining» offre sept postes pour la pratique du sport, disposés dans le parc.RemerciementsEstelle Sohier tient à remercier Adriano Pitteri, de la radio LaFabrik, et Loyse Graf, qui ont œuvré à la mise en forme des sons et images de l’appli, ainsi que Didier Arnoux et Hélène Wuthrich, de l’équipe de Pré en bulle, moteurs du projet, et le photographe Alberto Campi.AdressesPré en bulle et Collectif Beaulieu: www.preenbulle.chLes Artichauts: www.artichauts.ch

Avant de partir, quelques petits plus pour améliorer votre balade

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Parc Beaulieu

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Les cèdresdu Liban

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Semence de pays5 Téléchargez directement l’application sur notre sitewww.beaulieu.tdg.ch/