Ecotours, Vecchio Asilo (p. 46), Chamina voyages, … · Les otages du « Ponant » sont libérés...

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SommaireRevue de presse 4

30 jours 5

Courrier 6

Débat/opinion 8• OGM: un projet de loi contesté

– Corinne Lepage– Philippe Joudrier

Actualités 10• Deux semaines de mobilisation• Le premier degré dans l’action• Les prochains rendez-vous• Sondage CSA• Fonction publique

Droits et libertés 17• JO de Pékin : jeux contestés

Éco/social 18• Hôpital en danger• Une crise globale et profonde• Chômeurs sous surveillance

Dossier 21• Réforme des retraites

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L’Université Syndicaliste, hebdomadaire du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13. Tél. standard :01 40 63 29 00). Directeurs de la publication : Serge Chatelain, Gérard Anthéaume. Tél. : 01 42 80 91 04. Rédacteurs en chef : Matthieu Leiritz, Alexis Chabot.Secrétaire de direction : Thérèse Bara. Collaborateurs permanents : Nicolas Béniès, Carole Condat. Régie publicitaire : Com d’habitude publicité, 25, rue Fernand-Delmas, 19100 Brive. Clotilde Poitevin, tél. : 05 55 24 14 03 - Fax : 05 55 18 03 73 - Site : www.comdhabitude.fr. Compogravure: C.A.G. Imprimerie : RPN, Livry-Gargan (93).C.P. N° 0108 S 06386. I.S.S.N. N° 0751-5839. Dépôt légal à parution. Conception : Voltaire & Associés, 15, rue de la Banque, 75002 Paris.

Photo de couverture : © Clément Martin. Prix du numéro : 1,30 €. Abonnement : 1) Personnels de l’Éducation nationale :France 28 € ; étranger et DOM-TOM : 42 €. 2) Autres, France : 39€ ; étranger : 53 €. Publicité : GMF (p. 2), MAIF (p. 7),Ecotours, Vecchio Asilo (p. 46), Chamina voyages, Arvel (p. 47), Canon (p. 48).

Entretien avec Alain Badiou

DossierRéforme des retraites

Métier 28• Circulaire de rentrée 2008• Projets de programmes de collèges• Documentalistes• CPE

Portrait 30• Annie Ernaux

Catégories 32• Hors-classes• Accès au corps des agrégés par liste d’aptitude• Questions-réponses : convocations au bac 2008• Mutations intra 2008

Fenêtre sur 34• Le rapport annuel

de l’Observatoire de la sécurité

International 36• Euro manifestation de Ljubljana• Afrique-Asie-Amérique latine

Culture 38• Livres-revues• Cinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions• Multimédia

Entretien 44• Alain Badiou

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Édito« Mieux vaut être riche et bien portant… »Alors que le pouvoir d’achatdes Français est déjà bien mal enpoint, le gouvernement poursuitsa course aux économies,multipliant les annonces – quitted’ailleurs à revenir ensuite surles plus décriées –, toujours dansle même sens, celui d’unaffaiblissement des droitssociaux. La semaine dernière,nous avons eu droit à l’annoncebrutale du désistement de l’Étatdans la prise en charge des tarifssociaux de la SNCF, remise encause abandonnée ensuite ;depuis, c’est au tour desallocations familiales de faire lesfrais des choix gouvernementauxen revenant sur les majorationsaccordées respectivement à 11 et16 ans, soit un manque à gagnerde 600 euros pour les familles. Quelques jours auparavantR. Bachelot, ministre de la Santé,laissait entendre que le coût desfrais d’optique pourrait incomberaux mutuelles ; de nombreuxassurés sociaux ont déjà renoncéà se soigner pour des raisonsfinancières ; qu’ils acceptent dene pas y voir clair !Pendant ce temps, le bouclierfiscal a été abaissé, lesbénéfices des entreprises duCAC 40 échappent pour unebonne partie à l’impôt. Pour lesuns, salariés, malades,bénéficiaires des minimasociaux, retraités et chômeurs,de nouvelles hausses des prix, denouveaux déremboursements, uncontrôle soupçonneux ; pour lesautres, des profits accrus. Laréforme version Sarkozy est bien

lancée : aurisque d’unerupture du pactesocial.

Fenêtre surLe rapport annuelde l’Observatoire de la sécurité

Frédérique Roletcosecrétaire générale

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4 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

REVUE DE PRESSETENDANCES

Rêvons d’un monde meilleur15 avril 2008

Parcours de flamme

Le dessin du mois

Charlie Hebdo, 9 avril 2008

10 avril 2008

SANS-PAPIERSMa fille s’est retrouvéeau mauvais endroit, au mauvaismoment, en pleine arrestationpolicière, celle de M. Chen :avec les policiers en luttecontre les parents, les voitures,les chiens (qui l’ont beaucoupimpressionnée), les cris. Elle arespiré les gaz lacrymogènes.Elle était choquée, ne pouvaitplus s’arrêter de pleurer. Elle aété recueillie par la directricede l’école maternelle, qui laconnaissait et l’a conduite àl’intérieur de son établissement.Le soir, elle n’a plus pleuré,elle m’a raconté qu’elle croyaitque c’était la guerre, a eu trèspeur, sans comprendre ce qu’ilse passait, elle s’est sentieen danger. J’ai dû lui expliquer,la rassurer, mais elle s’inquiétaitencore sur un point : avions-nousdes papiers ? Elle m’a posé cette question unequinzaine de fois... Il a falluexpliquer beaucoup de choses, cequ’étaient les sans-papiers,pourquoi la police les arrêtait,pourquoi nous n’étions pasd’accord avec ces arrestations,répéter que les policiersn’étaient pas des méchants,qu’ils continuaient de nousprotéger même si nous n’étionspas d’accord avec cesarrestations.

15 avril 2008

LA CGC ET L’UNSA PRÊTES À FUSIONNERFusionner la CGC et l’UNSA.L’idée avait déjà agité les deuxsyndicats il y a une dizained’années, à l’époque où Jean-Luc Cazettes présidait laconfédération de l’encadrement.En ces temps de réformede la représentativité, elle estrevenue au goût du jour. Selonune information parue hiersur le site Internet de L’Express,les deux centrales « devraientannoncer leur mariage jeudiprochain ». Officiellement,aucune d’elles n’a confirméla nouvelle.

Imaginons l’inverse. La flamme olympique arrive jusqu’à Pékinsans qu’une seule manifestation n’ait troublé son parcours. Des

dizaines de chefs d’État et de gouvernement entourent les dirigeantschinois dans les tribunes d’honneur. Le gotha politique mondial secongratule comme si de rien n’était, communie dans les hymnes, lesdrapeaux et la « fraternité » du sport... Insupportable. Ce serait tel-lement odieux qu’il suffit d’imaginer cela pour clore le débat. Il fal-lait, évidemment, manifester au passage de cette flamme. Il fautcontinuer à le faire, à chacune de ses étapes, partout où ce sera pos-sible, pour qu’il soit dit et clair qu’il n’y a pas plus d’acquiescementinternational à la répression qui s’abat sur les Tibétains qu’à la négo-ciation de toute liberté dans la Chine entière.Le reste n’est qu’indécence, « pause olympique » et autres fadaises,car qu’y aurait-il à dire contre ces protestations ? Qu’elles heurtentle nationalisme chinois ? Oui, bien sûr, puisque ce régime s’est ingé-nié à les présenter comme une nouvelle tentative d’affaiblir la Chineen la divisant. C’était inévitable, mais fallait-il se taire au motif queles dirigeants chinois allaient adopter cette ligne de défense ? Fallait-il oublier, par là, que la plus universelle des aspirations est la liberté,qu’il avait fallu des chars pour la tuer, place Tienanmen, et que le seulmoyen d’en faire renaître l’espoir est de la défendre, haut et fort ?La liberté n’est pas un tee-shirt. Elle ne peut-être promue que par desévolutions et des rapports de force internes, pas décrétée de l’exté-rieur. La liberté ne progressera en Chine qu’au moment où sesouvriers trouveront la force de se révolter contre leurs conditions detravail, s’organiseront en syndicats libres, s’allieront aux classesmoyennes ascendantes et à des courants de l’appareil dirigeant pourbriser les monopoles, politique et financier, du parti unique.Proche ou lointain, ce jour viendra. �

15 avril 2008

ÉLÉGANCERobe rouge ceinturée, rougeà lèvres, longue veste noire etbottes à talons : Rachida Dati n’apas sacrifié à son élégance pourvisiter le centre éducatif ferméde Lusigny. Elle traverse d’un pasassuré la cour boueuse del’ancienne ferme reconvertiepour accueillir les jeunes mineursdélinquants. Tout est là : élevéeà l’école sarkozyste, Rachida Datin’entend pas faire « profil bas ».Physique, elle va au front.S’installe bien droite surla chaise, en face des troisgaillards que le directeurdu centre a sélectionnéspour cette rencontre.

7 avril 2008

LES CHILIENNES PRIVÉESDE PILULE DU LENDEMAINLa présidente socialiste chilienneMichelle Bachelet a perduune bataille dans sa luttecontre les inégalités socialeset en faveur des femmes.À Santiago, le tribunalconstitutionnel a confirmé,vendredi 4 avril, l’interdictionde la « pilule du lendemain ».Dans le cadre d’un ambitieux plande planification familiale pourles secteurs les plus démunis,Mme Bachelet avait décidé, enseptembre 2006, que la piluledu lendemain serait distribuéegratuitement aux adolescentes àpartir de 14 ans, sans autorisationpréalable des parents, pouréviter des grossesses nondésirées. Chaque année, 38 000enfants naissent au Chili demères adolescentes. Cettedécision a été condamnée parl’Église catholique et des partisde droite, mais aussi par deshommes politiques du centre-gauche au pouvoir. [...] L’IVGest interdit au Chili(160 000 avortementsclandestins ont lieu par an).Contrairement aux pauvres, lesfemmes aisées peuvent s’offrirdes interruptions de grossessedans des cliniques privées, quiles déguisent en appendicite.

Supplément au no 665 du 5 avril 2008 - US MAGAZINE - 5

Un Monde sans pitié. Les salariés du journal Le Mondeen grève contre le « plan social » proposé par la direction.

15avril

Cours, camarade... La manifestation lycéenne contre les suppressions de postes d’enseignants rassemble 40 000 participants.

15avril

Pouvoir d’achat. La zone euro connaît une inflation record : 3,6 % sur un an alors que la BCE tolère un maximum de 2 %.

16avril

Arrachage législatif. Le Sénat vide de son sens l’amendement Chassaigne qui cherchait à protéger les culturestraditionnelles contre les plantations OGM.

16avril

Dialogue. Le ministre de l’Éducation qualifie de « fadaise idéologique » la revendication de moyens supplémentaires pour l’École.

16avril

Martinique. Aimé Césaire, dans le cœur de tous lesprofesseurs pour l’œuvre immense qui fut la sienne au réveil desconsciences. Le SNES Martinique a adressé ses condoléances à

toute sa famille dont il partage la profonde affliction.

20avril

Hommage.Lazare Ponticelli, le dernier « poilu », est mort à l’âge de 110 ans.

17mars

Tous ensemble.Grève nationale des enseignants du second degré.

18mars

My Carla is beautiful. À Londres, l’époux deCarla Bruni prône un renforcement de l’axe franco-britannique.

26mars

Justice sociale. Les handicapés manifestent pour obtenir un « revenu d’existence » décent.

29mars

My boat is free.Les otages du « Ponant » sont libérés par les forces spéciales françaises.

11avril

30 JOURSRepêchage. Les six membres de l’Arche de Zoé sont graciés par le président du Tchad.

31mars

Pour un monde moins pire. Le passage de la flamme olympique à Paris provoque de nombreux incidents.

7avril

Champ de mines. Le secrétaire d’État à l’Écologie qualifie de « concours de lâcheté et d’inélégance » les positions de J.-L. Borloo et J.-F. Copé sur les OGM.

10avril

Aimé Césaire«Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la

peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement,le désespoir, le larbinisme. » écrivait Aimé Césaire dans son Discourssur le colonialisme. Premier enseignant noir en Martinique, AiméCésaire avait fait son hypokhâgne à Paris. Là il avait rencontré LéopoldSedar-Senghor et fondé le journal L’Étudiant noir, où apparut pour lapremière fois le concept de « négritude » exprimant à la fois le rejet dusystème colonial, son projet d’assimilation culturelle, et la fierté d’uneidentité et d’une culture. Normalien, Aimé Césaire avait choisi d’en-seigner en Martinique et d’y créer la revue Tropiques. C’est alorsqu’André Breton découvre sa poésie et rédige la préface du Cahier d’unretour au pays natal. Césaire devient alors ce « nègre fondamental » quiinfluencera nombre d’intellectuels, à l’image d’Édouard Glissant. Aprèsla guerre, il est saisi par la politique : élu maire de Fort de France, il lerestera 56 ans. Député jusqu’en 1993, il lutte pour l’assainissement etla modernisation de la Martinique. Cette intense engagement politiquene lui fera jamais oublier la littérature : en 1948, il publie l’Anthologiede la nouvelle poésie nègre et malgache que préface Jean-Paul Sartre,il écrit pour le théâtre (La Tragédie du roi Christophe) et publie des essais,comme le Discours sur le colonialisme qui figurera au programme dubac français en1998. Son dernier acte politique avait été, en 2005, de pro-tester contre une loi « reconnaissant » les « aspects positifs » de la colo-nisation française. Jusqu’au dernier jour, Aimé Césaire aura été lagrande âme de la négritude et de l’engagement humaniste.

« Si j’aurais su,j’aurais pas venu... »

Devant les caméras deCanal+, Xavier Darcos a

besoin de trois essais pourconjuguer un verbe au passéantérieur puis renonce faceà une règle de 3 dont on pou-vait se douter qu’il la maniedifficilement en l’entendantjustifier les suppressions depostes par la baisse démo-

graphique. Un comble pour unchantre de la grammaire degrand-papa et un nostalgiquedes « leçons de calcul ».À moins que cela ne prouvetout simplement la stupiditédu socle commun et de sessacrosaints fondamentaux...

Roland Hubert

BILLET D’HUMEUR

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Capital. L’OCDE chiffre les pertes liées à la crise des subprimes à 422 milliards de dollars.

14avril

Silence, on tue. Le pouvoir chinois réprime durement les émeutes du Tibet.

10mars

6 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

DÉBAT Courriers

Les élèves ne sont pasdes tomates !C. M., Ardennes

Individualisation des rémunérations

Cuba si, cuba noL. C., Albertville (73)

Fidel

Si vous êtes un bon jardinier,vous arriverez sans doute àfaire pousser de belles

tomates, dont le prix de ventepourra refléter la quantité et la qua-lité de votre travail.Faire réussir les élèves est autre-ment plus difficile.D’abord, il faut se mettre d’accordsur ce que signifie ce verbe magique« RÉUSSIR » : atteindre un niveausolide, ou passer sans condition dansla classe supérieure ?La seule définition valable est à monsens la première, mais là que d’obs-tacles qui parfois se conjuguent :• manque général de motivationdans un contexte socio-économiquegrisâtre ;• élèves en difficultés, les uns mal-gré leur bonne volonté, les autresparce qu’ils refusent obstinémenttout effort ;• parents qui ne poussent pas suffi-samment au travail scolaire ;• administration complice du non-tra-vail (une élève de Sixième m’a dit un

jour : « Même si je ne travaille pas, jepasserai en Cinquième. Vous pourreztoujours m’empêcher de passer, laprincipale, elle, me fera passer »).Malgré tous ces obstacles, quellejoie, pour un enseignant, dont l’actionquotidienne est tout entière tenduevers ce but, de voir des élèves réus-sir sur des bases solides.Mais nous sommes désormais dansl’ère du soupçon : Et si tous ces profsne pensaient finalement qu’à leurs« avantages » ? Et si, pour lessecouer, on ne les payait qu’en fonc-tion du niveau atteint par leursélèves, ce qui se traduit en langageprésidentiel par « Ouvrir le chantierde l’individualisation des rémunéra-tions pour qu’il soit davantage tenucompte du mérite, de l’implication,de l’expérience, des résultats » ?Je serai tout de suite très franc : jefais partie de ceux qui auraient som-bré dans la mendicité si leur paieavait été proportionnelle aux notesde leurs élèves, surtout ces dernièresannées, dans certaines classes...

Fausses notes en sérieD., candidat au CAPES de documentation 2008

CAPES de documentation

Je réagis à la lecture de L’US Mag (supplément du n° 663du 23/02) p. 5, rubrique « 30 jours ». L’auteur de cetterubrique veut donner un résumé chronologique de l’actualité,

de manière très succincte : l’intention est louable.J’ai été choqué par la manière dont est présenté l’événementdu 19 février à Cuba: la passation de pouvoir entre Fidelet Raul Castro : « Lider Minimo. Castro libère Cuba ».Je vois là un trait d’esprit et une formule à l’emporte-piècequi cultive délibérément l’ambiguïté.C’est pratiquement le seul événement qui « bénéficie »de ce traitement : même Darcos, Parisot... ne sont pas vraimentépinglés. Et si l’on compare avec le traitement de l’agressiond’Israël à Gaza, là, ça devient insupportable : « Hiver chaud.Après son offensive, Israël se retire de Gaza ».Je demande simplement que l’on traite les sujets avec la mêmeneutralité et si c’est impossible, qu’on laisse les lecteurs de L’USse faire leur propre opinion.J’ajoute que contrairement à ce que l’on pourrait croire, je ne suispas un inconditionnel de Castro et qu’étant allé à Cuba, j’en ai vules contrastes, les réussites comme les insuffisances...Pour finir, je recommande aux lecteurs de L’US la biographieà deux voix de Fidel Castro par I. Ramonet.Amitiés syndicales à toute l’équipe.

ERRATUMI Sur « Le Point sur les salaires », supplément à L’US n° 665 du5 avril 2008.Page 7, rubrique « Congés maladie », paragraphe « Modalités », une ligne a étéomise.

Modalités :• Lettre du fonctionnaire au rectorat s/c du chef d’établissement le demandantaccompagnée d’un certificat (non détaillé car lu par l’administration) d’un généralistejustifiant la demande et précisant la durée (3 mois, 6 mois...).• Certificat très détaillé émanant d’un spécialiste à adresser sous pli cacheté auxmédecins du comité médical.

Attiré par les missions à la fois techniques et pédagogiquesd’enseignant documentaliste, je me demande, après lesépreuves écrites, si le métier que j’exercerai peut-être

correspondra vraiment à mes attentes. Pendant ma formation,j’ai réfléchi aux concepts info documentaires, à leurs enjeux surla pratique professionnelle et surtout sur la formation des élèves.Or, le sujet « Veille et risque informationnel », en techniquedocumentaire, positionne clairement le prof. doc. comme un prestatairede services (l’une des questions porte sur la veille documentaireà l’attention des personnels de l’établissement). Le sujet parle de« la place et du rôle des CDI et du documentaliste » : ne serions-nousplus « enseignants » et le lieu prendrait-il le pas sur la fonction ? [...]Je voulais aussi faire part de mon étonnement quant à l’épreuve surdossier « Commémorer, célébrer, conserver ». « Conserver »n’est-il pas antinomique pour des documentalistes censés fournirune information actualisée à leurs usagers ? J’ai été choqué parl’accumulation d’erreurs formelles (un document issu d’un blog aucontenu pour le moins contestable, un autre extrait sans éditeur nidate...). Pas très « professionnel » pour un CAPES de documentation !Quant au choix de la lettre de Guy Môquet et de l’allocution du présidentde la République pour illustrer ce thème, il m’a déstabilisé. Commentaborder cette épreuve lorsqu’on connaît toutes les polémiques qu’asuscitées cette affaire ? Qu’attendait-on des candidats ? Évaluait-onnotre capacité à être des relais institutionnels ?

L’INSTITUT DE RECHERCHES DE LA FSU,ORGANISE UNE RENCONTRE-DÉBAT :

Mai 1968à l’épreuve des sciences sociales

À LA SORBONNE, AMPHITHÉÂTRE RICHELIEUMERCREDI 21 MAI 2008

10 h-12 h : Le Chercheur et l’Acteur, avec Antoine Prost etAlain Geismar.14 h-15 h 30 : De près et de loin, avec René Bourrigaud etPatrick Silberstein.15 h 30-17 h : Comprendre Mai 68, penser ses critiques, avecGérard Mauger et Serge Audier.

Demandez le badge permettant l’entrée par mél :[email protected] ou par téléphone : 01 41 63 27 60 oula télécharger sur le site www.institut.fsu.fr

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8 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

DÉBAT opinion

LE SÉNAT VIENT D’ADOPTER EN SECONDE LECTURE le projet de loi sur les OGM. Ce vote, à la suite d’un débat qualifiéde « fantoche » par l’opposition, a mis fin à une vive controverse au sein de la majorité UMP. Les sénateurs ont vidéde son sens l’amendement du député communiste André Chassaigne qui stipulait que les OGM ne pouvaient êtrecultivés que dans « le respect des structures agricoles, des écosystèmes locaux et des filières de production sans

Le choix d’une voie laxiste

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OGM : un projet d

Corinne LepageAncien ministre de l’Environnement,

présidente de Cap 21

Les OGM à usage alimentaire posent de multiples questions :– d’ordre environnemental tout d’abord. La « coexistence » del’agriculture OGM et des autres formes d’agriculture est impos-

sible. La preuve en est que la législation communautaire considèrecomme non-OGM une plante contenant jusqu’à 0,9 % d’OGM. De sur-croît, l’importance de la pollution génétique est assez mal connue carles distances de contamination ont été largement sous-évaluées. Lesatteintes à la biodiversité sont évidentes à la fois par la banalisation etl’uniformisation des variétés retenues mais aussi par les résistancescréées par les plantes OGM. Enfin,comme il fallait s’y attendre l’utili-sation des OGM s’est accompagnéed’une augmentation importante del’usage des pesticides, plus 15 % deround up aux États-Unis ;– d’ordre sanitaire ensuite. Jusqu’en2001 ou 2002 les fabricants d’OGM ont usé de tous les stratagèmes pouréviter que des études soient menées pour apprécier l’impact des OGMsur la santé des rats qui les avaient consommés. Depuis, quelquesrares études ont été réalisées par les semenciers, durant seulement90 jours. Elles montrent des effets statistiquement significatifs sur lesanimaux mais sont cachées sous prétexte de secret industriel ;– d’ordre économique, enfin. Le développement des OGM implique labrevetabilité du vivant et l’appropriation, principalement par Monsantoqui détient plus de 80 % des brevets, des semences et l’obligation pourles paysans de payer chaque année une redevance avec un système quasipolicier pour pister ceux qui n’auraient pas acquitté leur dîme. À cetégard, la détresse des paysans indiens, la difficulté des agriculteurs mexi-cains dont les maïs sont massivement pollués devrait faire réfléchir tousceux qui pensent que les OGM sont la réponse à la famine.Or le projet de loi français, indispensable pour transcrire la directive,a choisi une voie laxiste.En effet, ce projet accepte l’idée de coexistence ce qui est un leurre.Il crée une haute autorité dont la composition laisse une majorité aulobby pro-OGM sans aucune règle concernant les conflits d’intérêtset qui exclut la société civile, reléguée à un second collège qui n’aurapas accès aux données et qui n’aura qu’un avis consultatif. Lesétudes sur la santé sont totalement oubliées et le principe de la com-munication obligatoire des études lorsqu’elles existent est exclulorsqu’il s’agit des études sur la santé. Enfin, la responsabilité n’est

pas reconnue puisqu’elle se limite à une forme de mutualisationpour les seuls agriculteurs en cas de pollution des champs voisins. Celasignifie tout simplement que la société française accepte de courir lerisque sanitaire des OGM et le risque économique général puisque lescompagnies d’assurances ont très clairement indiqué qu’elle n’as-surerait rien. En revanche, les faucheurs s’exposent à des peinescomparables à celles qui punissent les délits les plus importants dudroit pénal français.• Sur la forme ensuite. La violence des propos tenus à l’encontre de ceuxqui réclamaient plus d’études et plus d’informations avant d’acceptermassivement les OGM, démontre le poids du lobby pro-OGM auParlement français. C’est la première fois en effet qu’un sénateur,M. Legrand, a fait part des pressions qui s’exerçaient et que le prési-dent de l’Assemblée nationale a cru devoir, avec une brutalité inédite,s’opposer aux conclusions d’un comité d’experts, conclusions quin’allaient pas dans le sens qu’il souhaitait.Ce qui s’est passé aux États-Unis pour imposer de force les OGM, esten train de se passer en France.• Sur le plan démocratique enfin. L’espèce de référendum autour de laposition prise par la secrétaire d’État à l’Écologie démontre s’il en étaitbesoin l’exaspération des Français autour du sujet. Comment en effetadmettre, alors que 75 à 80 % des Français ne veulent pas d’OGM, quela représentation nationale impose cette technologie de force, en refu-sant les mesures de protection qui permettraient parfaitement de trans-crire la directive communautaire sans permettre pour autant la planta-tion à usage commercial des OGM. Il suffirait simplement que la

directive soit appliquée dans ses exigences sur les études préalables surla santé et que la responsabilité de ceux qui brevettent, produisent et uti-lisent les OGM, soit engagée en cas de préjudice de quelque nature qu’ilsoit. Il suffirait tout simplement d’appliquer le principe pollueur payeuraux OGM, ce qu’ont fait les Allemands (et c’est la raison pour laquelleil n’y a pas d’OGM en Allemagne). � Corinne Lepage

La détresse des paysans indiens, la difficulté des agriculteurs mexicains

dont les maïs sont massivement pollués devrait faire réfléchir tous ceux

qui pensent que les OGM sont la réponse à la famine.

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Supplément au no 665 du 5 avril 2008 - US MAGAZINE - 9

OGM ». L’amendement voté par le Sénat prévoit que le seuil correspondant au « sans OGM » sera fixé espèce parespèce par le gouvernement, sur avis du Haut Conseil des biotechnologies, créé par la même loi. Pour Greenpeace,ce texte « ne garantit pas l’avenir des filières sans OGM et ne protégera pas l’agriculture française de la contaminationgénéralisée ». Alors que l’Assemblée doit adopter le texte définitivement, le débat est donc loin d’être clos.

Philippe JoudrierPrésident du comité d’experts

biotechnologies à l’Agencefrançaise de sécurité sanitaire

des aliments (AFSSA)

Écouter la voix des scientifiques

de loi contesté

Dans tout ce débat, il est étonnant de constater lanon-prise en compte des nombreux travaux scien-tifiques réalisés sur les PGM depuis leur création

en 1984. On peut largement regretter que la parole des scienti-fiques (spécialistes des OGM) ait été totalement inau-dible dans ce débat où la passion l’emporte souvent sur la raison.Il est même clair que les responsables politiques, eux-mêmes, igno-rent la procédure longue et contraignante (CGB*, AFSSA*, AESA*)suivie par chaque PGM* avant de pouvoir être mise sur le marché.Ce devrait être une banalité que de rappeler que les réglementationsmises en place ont, depuis longtemps, pris en compte toutes lesquestions que se posent les citoyens. Celles-ci se préoccupent desconséquences environnementales liées à leur culture ainsi que cellesliées à leur consommation et tous ces points sont donc évalués trèssoigneusement avant leur mise sur le marché.Toutes ces procédures n’ont jamais été relayées par les diversesassociations d’opposants dont le seul fonds de commerce sembleêtre la peur ou l’utilisation d’arguments faisant appel à la penséemagique. Alors que les surfaces consacrées aux PGM progressentpartout dans le monde (114,3 millions d’ha en 2007), nous, pauvresFrançais, bardés de nos peurs, faisons figure de village gauloisrésistant à l’envahisseur se posant toujours la question de savoir sion doit faire des essais au champ et dans quelles conditions alors quetout cela est clairement établi, organisé depuis plus de 20 années,et donc bien avant l’apparition des premières PGM en grandeculture (1994). Ainsi alors qu’en 1997, il y avait plus de cent essais au champ, il n’yen avait plus que 13 l’an passé et aucun émanant d’ailleurs de larecherche publique. L’attitude des organisations militantes anti-OGM depuis 10 années a conduit d’ailleurs à un désert scientifiquedans ce champ des biotechnologies végétales et la France serait bienen peine de pouvoir seulement présenter à l’évaluation quelque PGMque ce soit en raison de nos pertes de compétences dans ce domaine.Ceci a conduit à l’inverse de ce qui était (peut-être) initialementsouhaité : nous sommes maintenant dépendants d’autres pour nos nou-velles semences.Car s’il est un point fondamental qui n’a jamais été compris par tousles opposants, c’est le fait « biologique » que nous avons eu, avons,aurons toujours besoin de nouvelles variétés.

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Depuis que l’homme s’est mis à cultiver, il a toujours utilisé des varié-tés de plus en plus performantes. Il l’a fait initialement et pendant dessiècles sur des bases empiriques. Les progrès des connaissances(notamment en génétique) au siècle dernier ont permis de réaliser unesélection de plus en plus raisonnée, ce qui a permis de mettre sur le mar-ché non seulement des nouvelles variétés améliorées pour leurs carac-téristiques agronomiques mais aussi pour leur valeur d’utilisation. Mais ces nouvelles variétés ont une « durée de vie » limitée. En effet,mise sur le marché avec des caractéristiques de résistance vis-à-vis del’un ou l’autre de ses ravageurs, elle doit être rapidement renouvelée carles ravageurs évoluent avec le temps et contournent la résistance initiale.Dès lors la seule question importante qui subsiste est : avec quelleméthode crée-t-on ces nouvelles variétés ?Avec une méthode d’amélioration conventionnelle dont on ne contrôlepas grand-chose de la nouvelle variété ou avec la méthode utilisantla transgenèse dont la nouvelle variété obtenue sera contrôlée soustoutes les coutures avant d’être mise sur le marché ?

Car qu’on le veuille ou non, il n’y a rien de mieux et autant contrôléqu’une PGM mise sur le marché ce qui, paradoxalement, en fait cequ’il y a de plus sûr pour l’environnement, l’agriculteur et le consom-mateur. � Philippe Joudrier

* CGB : Commission du génie biomoléculaire* AFSSA : Agence française de sécurité sanitaire des aliments* AESA : Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA en anglais)* PGM : Plante(s) génétiquement modifiée(s)

On peut largement regretter que la parole des scientifiques

(spécialistes des OGM) ait été totalement inaudible

dans ce débat où la passion l’emporte souvent sur la raison.

OGM, LE PRINCIPE DE PRÉCAUTION EST BAFOUÉLe débat parlementaire et l’adoption de la loi sur les OGM constituentun enjeu majeur et de plus seraient un point d’appui pour impulser enEurope une vraie réforme de l’Autorité européenne de sécurité desaliments et imposer le principe de précaution comme un élémentessentiel de la décision publique.Or le projet de loi débattu en ce moment même par les députésprésentait initialement des faiblesses et des contradictions ; de plusil a été largement modifié par les sénateurs tournant le dos auxconclusions du Grenelle de l’environnement. En effet le principe de pré-caution est bafoué : le texte, en consacrant la coexistence de cultureOGM et non-OGM, ne vise qu’à réglementer et à encadrer la contami-nation « inévitable » et constitue de fait un « droit à polluer ».La FSU déplore que les engagements du Grenelle et l’espoir suscitéaprès l’adoption du moratoire sur les cultures OGM soient ainsicontredits. Elle s’adresse aux parlementaires afin que soient respec-tés les conclusions du Grenelle et le point de vue largement partagédes citoyens et donc que la loi adoptée soit une loi de protection etnon pas une loi de contamination génétique de notre environnement.

Vendredi 4 avril 2008

LE POINT DE VUE DE LA FSU

Actions localesiFigeac (46)

Lundi 7 avril. Vers 17 h 30, uncomité d’« accueil » de près de200 personnes attendaitl’Inspecteur d’académie devant lelycée Champollion de Figeac où ilétait annoncé pour une réunion.Vraisemblablement informé del’importance de la mobilisation,de peur d’avoir à affronter lesbanderoles et la colère des parents(nombreux) et des personnels quirefusent les suppressions depostes et de classes qu’il estchargé de mettre en œuvre dans ledépartement, monsieurl’Inspecteur d’académie afinalement préféré renoncer à cedéplacement. Courageux mais pastéméraire.

Mantes-la-Ville (78)8 avril. Deux cents élèves etprofesseurs ont manifesté àMantes-la-Ville dans les Yvelines àl’occasion d’une visite du ministredu Travail, Xavier Bertrand, venusde quatre lycées du Mantois.

Sarkozy àCahors (46)8 avril.Ville en état de siège, touta été bouclé et le lieu derassemblementinitialement prévu étaitinaccessible. Pourtant plus de1 000 manifestants (une moitié delycéens : Clément Marot etMonnerville). Des enseignants, despersonnels de la DDASS, hôpitaux,SNCF et quelques agents EDF,GDF (qui avaient débrayé pourl’occasion à l’appel de la CGT, FSUet Sud). Le face à face a duré2 heures, sous les huées face à uncordon de mobiles qui empêchaitla foule d’être visible de lapréfecture où le Président tenaitson discours.

Evry (91)8 avril. 200 personnes, dont unemajorité d’enseignants, ontmanifesté devant la préfecture del’Essonne à Evry – à l’appel duSNES, de la CGT, de la CFDT, de FO,de la CNT et de la FCPE – à laquelleont également participé quelques

10 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

ACTUALITES DEUX SEMAINES DE MOBILISATIONS

TOUJOURS AUSSI DÉTERR

elayant les actions déjà lar-gement initiées par les per-sonnels depuis février après

les occupations des établisse-ments, les grèves académiques, lagrève nationale du 18 mars, leslycéens ont signifié dans la der-nière période l’importance desquestions éducatives et la fautemajeure que commet le gouver-nement en obérant l’avenir.

Déclarations provocatricesPourtant, après le 10 avril, leministre de l’Éducation s’estévertué à minimiser le succès dela journée et a multiplié les décla-rations provocatrices. Rien nenous a été épargné en matière de

poncifs, depuis les lycéens mani-pulés, le côté récurrent des mani-festations au printemps, les syn-dicats corporatistes. Utilisant tousles amalgames, Xavier Darcos aaligné des chiffres (taux d’enca-drement d’un professeur pour12 élèves, classes passant de 31 à32, alors que près de 20 % desclasses de Seconde sont à 35 etplus de 10 % globalement aulycée) dépourvus de sens, évitéde trop commenter la contestationde la réforme de l’enseignementprofessionnel, bien présente dansles mouvements.Recevant les organisationslycéennes, il a aiguillé la discus-sion sur le thème de la réformedes lycées, en esquivant touteréponse sur les postes et faisantquelques vagues promesses sur la

généralisation des baccalauréatsprofessionnels en trois ans, ten-tant d’opposer les lycéens auxpersonnels.

Un discours centrésur la réforme du lycéeCependant la FSU, le 14 avril,et le SNES, le 17, eurent droit àun ministre crispé, cachant malson embarras, martelant qu’il nereviendrait pas sur les postes,réitérant des propos tendant àsous-estimer le mouvement, cen-trant son discours sur la réformedes lycées qu’il souhaite lier audossier de la revalorisation dumétier enseignant. Nous lui avonsdit l’impossibilité de s’engager

dans une réflexion sur le lycéesans garanties sur le cadrage bud-gétaire et les objectifs de celle-ci.Quant à la revalorisation desmétiers de l’éducation et l’ou-verture de discussions sur la priseen compte de leurs évolutions entermes de formation, services,carrières, le sondage réalisé parCSA pour le SNES (voir page14-15), ne laisse aucun doute surleur nécessité. Le secrétariat

général du SNES a souligné quece besoin concernait l’ensemblede nos professions et l’incon-gruité qu’il y aurait à ne traiterqu’une partie des enseignants, aumépris des garanties et statutscollectifs. Le ministre en réponseà notre insistance s’est engagé àdonner des réponses rapides surles dossiers catégoriels commeles promotions hors-classe, leslistes complémentaires auxconcours 2008, la rémunérationdes heures supplémentairesd’autres catégories que les ensei-gnants, des situations d’établis-sements particulièrement cri-tiques qui lui seraient signaléespour la rentrée 2008.

Son cabinet devrait, dans les joursprochains, proposer une méthodede travail et lister des thématiquesde discussion, mais dans lalogique de « décélération del’emploi public », ce qui doit gar-der entière notre détermination.Il est clair en effet que lesattaques contre l’éducation, à tra-vers les suppressions de 2008 etcelles prévues dans le reste de lamandature, visent la qualité de

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PAROLES DE MINISTRE« J’aimerais aussi que l’on parle des syndicats, où sont-ils passés ceux-là, pourquoi est-ce que je me retrouve aujourd’hui confronté direc-tement à un dialogue avec les jeunes ? » Vendredi 11 avril, canal +

« Il faut peut-être que les syndicats arrêtent de pousser les élèvesdevant eux. » Vendredi 11 avril, canal +

« Je ne veux plus parler de ces questions de postes parce qu’il mesemble que tout le monde est d’accord sur le fait que ce n’est pas làque ça se joue ». Lundi 14, Europe

élus locaux et élèves, alors que seréunissait le conseil départementalde l’Éducation nationale (CDEN),qui doit préparer la prochainerentrée scolaire.

Lycée Genevoix,Montrouge (92)14 avril. Réunion à 18 heures aulycée avec enseignants de la ville,parents d’élèves, délégués de lalutte lycéenne et élus, dîner puisoccupation toute la nuit.

Lycée Camus, NîmesDébrayage quotidien des courspendant un quart d’heure pourinformer les élèves de l’avenirsombre de l’enseignement enFrance ; blocage de l’avenuePompidou, vendredi 11 avril de11 h 45 à 12 heures avec transportde la flamme de l’éducation etextinction symbolique de laflamme en fin de parcours.Organisation d’une pégouladerevendicative à l’ouverture de laféria de pentecôte.

ToulouseDes parents, élèves etprofesseurs, près de Toulouse,ont occupé les trois collèges etle lycée Victor-Hugo de Colomiersdans la nuit de mardi 8 àmercredi 9. Ces occupations ontmobilisé 120 personnes au lycéeVictor-Hugo et une quinzaine danschacun des collèges Jean-Jaurès,Léon-Blum et Voltaire. Lesoccupations, qui se sont dérouléessans incident, ont été précédéesde quatre débats publics mardisoir, en présence d’élus locaux. Leslycéens de Victor-Hugo ont votémercredi matin le blocus de leurlycée, dont le proviseur a décidé lafermeture administrative.

Romainville (93)Jeudi 10 avril. En plus de la grèveet de la manifestation à Paris, nousavons tenu une réunion publiquele soir en présence de MadameGuigou, de son élu PS et des élusde l’opposition municipale (PCF,LO, citoyen). Ce jour-là, le collègeHouel affichait 100 % de gréviste !Mardi 15. Cinq écoles primaires ettrois écoles maternelles fermées,participation massive deslycéen(ne)s du LP Liberté à lamanifestation à Paris ; manifestationà Romainville, mercredi 16.

Supplément au no 665 du 5 avril 2007 - US MAGAZINE - 11

10 000 jeunes manifestent à Paris. Créteil : 15 lycées bloqués.Versailles : 39 lycées perturbés. Paris : 11 lycées et un collègebloqués partiellement (source rectorale). Grenoble : Manifestation

entre 3 000 et 4 000 personnes, Toulouse 500, selon la police.

Philippe Court, directeur de cabinet de Xavier Darcos, reçoit le SNES.

8avril

Journée nationale d’action pour les zones A et C à l’appel duSNES SNEP SNUEP avec des modalités choisies par chaque académie,En région parisienne, appel à la grève de l’intersyndicale du second

degré, en convergence avec les lycéens de la FIDL et de l’UNL. La FCPE s’associeà la journée. Plus de 30 000 manifestants à Paris, Grenoble (5 500 à 9 000personnes selon les sources), Toulouse (1 500 à 3 000), Lyon (1 200 à 1 500),Valence (2 500), Chambéry (un millier) et Saint-Étienne (un millier).

10avril

Le ministre reçoit les lycéens, accepte de discuter réforme deslycées mais refuse de parler postes et rentrée 2008.

11avril

500 manifestants à Pau avec boycott du CDEN.

18 organisations syndicales enseignantes, lycéennes, étudiantes,associations de parents d’élèves et mouvements pédagogiques

appellent à deux journées de mobilisation : le 15 mai et le 24 mai.

Le ministre reçoit la FSU. Xavier Darcos affiche une volonté dediscuter sur les lycées et sur la carrière des personnels, mais pas sur lessuppressions de postes.

14avril

Appel à la grève dans le premier et le second degré pour lesacadémies de Paris Créteil Versailles. Entre 20 000 et40 000 personnes à Paris. Malgré le constat officiel de

31 établissements perturbés dans l’académie de Versailles, 35 dont 17 fermésà Paris, 16 lycées bloqués sur Créteil, le ministère annonce très sérieusement19 % de grévistes dans les trois académies. 55 % de grévistes en moyennedans le primaire selon le SNUIPP-FSU.

300 lycéens manifestent à Bordeaux, 100 à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), 200 à Grenoble malgré les vacances. 150 lycéens à Ribérac, àPérigueux, 200 à Bayonne, Pau...

15avril

Xavier Darcos reçoit la FIDL et l’UNL. Florian Lecoultre, pourl’UNL « sur notre principale revendication qu’est la question desmoyens, le ministre refuse de dialoguer avec nous, c’est une fin de

non-recevoir ».

16avril

Septième journée de manifestations à Paris en troissemaines. Plus de 20 000 manifestants, de multiples initiativeslocales et des rendez-vous pris pour le retour des vacances de

la zone C le 5 mai.

Le ministre reçoit le SNES (compte rendu : www.snes.edu).

17avril

Strasbourg. Manifestations lundi 21 à partir de 14 heuresdevant le rectorat lors de la venue de Darcos.

L’intersyndicale du premier degré définira les modalitésd’action d’une nouvelle journée d’action, nationale, le 15 mai.

21avril

Strasbourg. L’UNL appelle à manifester à 14 heures placeKléber.

Suite dans la prochaine US.

22 et 24avril

R MINÉS !l’enseignement, les garanties despersonnels, le droit à une scolaritéambitieuse pour tous. Depuis le« Conseil de modernisation despolitiques publiques », on sait ceque le vocable réforme cache. La loi sur la mobilité des fonc-tionnaires, le rapport Silicani,constituent des outils de politiquede diminution des effectifs defonctionnaires ; quant à la révisiongénérale des politiques publiques,elle se déploie désormais dans lesdifférents ministères, supprimantlà des services, là des missions,sans considération pour lesbesoins de la population.

Amplifier la mobilisationen convergenceavec les autres secteursCes attaques dans tous lesdomaines appellent des conver-gences renforcées et le SNEScomme la FSU ont, dans lapériode, multiplié les contactsavec leurs différents partenaires.Dans l’éducation, de nouveauxrendez-vous se préparent d’oreset déjà dans plusieurs départe-ments. La perspective d’une nou-velle grève nationale en mai aété mise en débat ; depuis, deuxréunions des fédérations de fonc-tionnaires ont eu lieu pourdébattre de la mobilisation face àla RGPP et au projet de la mobi-lité. La FSU y a dit sa volontéd’une action de grève, la date du15 mai devrait être retenue pourune grève sur les questions d’em-plois, salaires, statuts et missionsdu service public. Nous y veille-rons à la visibilité pleine desquestions d’éducation. De leurcôté, 18 organisations réunissantpersonnels de l’éducation,lycéens et étudiants, parentsd’élèves, mouvements pédago-giques ont lancé un appel à deuxjournées d’actions unitaires, le15 et le 24 mai. La FSU, sou-cieuse de rechercher l’unité a faitla proposition de la participationà la manifestation nationale du18 mai tout en soulignant la com-patibilité avec d’autres initiatives.Il s’agit, notamment pour lesecond degré, engagé dans l’ac-tion depuis plusieurs mois à l’ap-pel du SNES et de l’intersyndi-cale d’offrir des perspectives de

montée en puissance de l’actionet de mobiliser sur l’ensemble dela plate-forme : postes, métier,enseignement professionnel. Lerassemblement de tous à Paris le18 mai, personnels mais aussiparents et élèves luttant

ensemble, permettra, après lesinitiatives locales, la visibilité del’ampleur de la contestation etfera la démonstration de la déter-mination des personnels pour uneautre politique. �

Frédérique Rolet

ERRATUMLa photographie de l’action du 2 avril àLyon, parue dans L’US 665, nous a étégracieusement fournie par R. Chambodut,contrairement à ce qu’il a été indiqué :toutes nos excuses (Ndlr).

Collège Gay-Lussac,Colombes (92)« Le collège a été bloqué vendredi11 par un piquet de grève. La grèvea été votée majoritairementjusqu’à mardi. Vendredi 11,diffusion d’un tract dans la ville(bureaux de poste, centre de tri,gare, sécurité sociale, école etcollèges, commissariat) contre lacasse du service public. Lundi 14avril, trois collègues grévistesbloquent l’établissement où il n’y aaucun cours. Demain d’autrescollègues feront de même. »

Lycée Fustel-de-Coulanges,Massy (91)Mobilisés depuis le 20 marsdernier, à travers des sittings,des blocus, ou d’autres actionssymboliques comme l’organisationd’un faux enterrement des optionssupprimées et la participation auxmanifestations sur Paris »,les élèves du lycée Fustel-de-Coulanges de Massy ont étérejoints par leurs professeurspour organiser le blocus del’établissement le 15 avril.

St-Rémy-les-Chevreuse (78)La marche pour l’École au départdu collège de Chevreuse vers lamairie a rassemblé de nombreusespersonnes lundi 14 avril :professeurs; parents d’élèves ;enfants ; représentants de la FCPE.La bonne humeur et la volonté dechacun d’agir pour l’école ontpermis que cette marche sedéroule dans les meilleursconditions. Le tambour scandaitles pas. Les rues avaient étébloquées à la circulation par lagendarmerie... Nous sommes allésà la rencontre de Limours, Magnyet Gif. Une motion a été déposéepar le maire et ses conseillers pour« aider » les collèges et lycéesprésents (Gif ; Chevreuse ; Magny ;Limours).

Melun-Torcy (77)700 manifestants élèves à Melun àmidi, profs et parents sous lagrêle, lundi, 14 100 manifestantssont allés du Lycée de Lognes à lasous-préfecture de Torcy.Mme Maud Tallet, conseillèregénérale et maire de Champs-sur-Marne et un adjoint sont venusnous porter leur soutien. Nouveaurendez-vous posé pour le lundi dela rentrée 5 mai à 18 heuresdevant la sous-préfecture...

ACTUALITES

12 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

ACTIONLES ÉCOLES AUSSI !

Depuis la rentrée, le ministre annonce qu’il dévoilera ses propositions pour le second degréquand « le dossier du premier degré sera bouclé ». Suppression du samedi matin, nouveauxprogrammes, cours de « remise à niveau » pendant les vacances... autant de décisionscontestées par la profession.Nous avons demandé à Marianne Baby, secrétaire générale adjointe du SNUipp de faire le point.

L’US Mag : La mobilisationdans le premier degré semblese renforcer, et un front uni-taire se constituer. Peux-tu pré-ciser les points de désaccordavec le ministère et les princi-pales revendications duSNUipp ?

Marianne Baby : Les projets duministre suscitent la colère dansles écoles car, loin de répondreaux attentes en matière de trans-formation de l’école, ils vont àl’encontre des besoins des élèves.C’est en particulier les nouveauxprogrammes qui sont la cible descritiques. Alors que sont mis enœuvre des programmes modifiésen 2007, Xavier Darcos choisitune réécriture complète en s’ap-puyant sur des conceptions rétro-grades et dangereuses. L’alour-dissement en maths et en françaiss’opère au détriment des autresdisciplines, de la transversalité,dans un contexte de diminutionhoraire.Pourfendeur du « pédagogisme »et de son « jargon » le ministremet au placard des principes fon-damentaux sur les apprentissagesdes élèves construits sur desdécennies de pratiques et derecherche. Le SNUipp, avec 18autres organisations et de nom-breux chercheurs, comme le fontaussi deux anciens ministres del’Éducation (J. Lang et L. Ferry),exigent que le ministre « revoiesa copie ».

L’US Mag : Quelles sont lesperspectives d’actions qui sedégagent pour la rentrée desvacances de printemps ?M. B. : Dans les départementsqui se sont lancés dans l’actionavant les vacances, comme le

Doubs, les Pyrénées Atlantiques,et toute la région parisienne, lestaux de grévistes vont de 55 à70 % ! La présence très massivedes collègues à nos réunionsd’information syndicale laissepenser que la mobilisation seraforte à la rentrée. Le sentimentest très fort que la réforme menéeva toucher au cœur du métier.

Rien ne garantit aux enseignantsque leur avis sera pris en comptepour l’écriture définitive des pro-grammes. Ce qu’ils ont proposépour l’utilisation des heures dusamedi matin n’a pas étéentendu. Alors qu’ils demandentà améliorer la prise en charge dela difficulté scolaire sur le tempsde classe, les dispositifs mis enplace sont après la classe, voirependant les vacances. Les ensei-gnants ont envie d’être enfinentendus.Le 15 mai, jour où les pro-grammes doivent être soumis auCSE, le SNUipp appelle à unejournée nationale de grève etd’action. Le dimanche 18, c’estavec toute la FSU que le pre-mier degré manifestera à Paris.Enfin, le samedi 24, avec laFCPE, les mouvements pédago-giques, les autres organisationssyndicales, nous serons de nou-veau dans la rue pour des mani-festations départementales. �

Propos recueillis parRoland Hubert

SUPPRESSION DU SAMEDI MATIN :VOTE NÉGATIF DU CSE

Le Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE) a examiné le 20 mars le pro-jet de décret relatif à l’organisation et au fonctionnement des écolesmaternelles et élémentaires qui supprime le samedi matin du tempsscolaire dans les écoles maternelles et élémentaires, et instaure unhoraire obligatoire de 24 heures par semaine pour tous et la mise enplace de 60 heures annuelles d’aide invidualisée.Le SNUipp a rappelé les résultats de sa consultation (75 % rejettentl’ensemble du dispositif, 76 % ne croient pas que les 60 heures d’aideindividualisée permettront de régler le problème des 15 % d’élèves endifficulté, fort consensus pour demander plus de temps pour mieux tra-vailler en équipe) et ses propositions pour permettre la réussite desélèves et s’attaquer aux difficultés (aide aux élèves sur le temps desapprentissages, en s’appuyant sur les RASED par exemple). Dénonçantle risque de voir apparaître des « orphelins du samedi matin », la FCPEa exprimé son refus, d’une part, de voir disparaître l’équivalent de576 heures sur l’ensemble du cursus de l’école primaire et, d’autre part,d’une organisation de l’aide individualisée en dehors du temps scolaire.Résultat du vote :31 contre (dont FSU, FCPE et FO)19 pour (dont SGEN, SNALC et MEDEF)14 abstentions (dont SNPDEN et SE-UNSA)

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Lycée René-Cassinde Noisiel (77)Vendredi 18 avril. Nouvelhappening photographique : lesenseignants ont posé dans la courdu lycée pour la « photo declasse » de la rentrée prochaine,pour rappeler que, suite auxsuppressions de postes dansl’Éducation nationale, l’équipeenseignante comptera 4 profs enmoins en 2008-2009 pour deseffectifs qui eux restent constants.

Lycée R.-Rolland(Ivry, 94)

Lundi 14 avril vers 20 h 30, une qua-rantaine de lycéens ont pacifique-ment occupé la cour du lycée.Cette action est en grande partie laconséquence de l’exaspération dueau refus systématique de l’adminis-tration du lycée de leur accorderune salle afin de débattre démocra-tiquement des réformes de l’Éduca-tion et de leur mouvement.Les forces de l’ordre armées dematraques et de flashballs se sontdéployées vers 21 heures dans lelycée et à ses abords.Le calme déterminé des élèves, laprésence de parents, d’enseignantset d’élus ont permis d’éviter de tom-ber dans la provocation. Alors quecette action symbolique et pacifiquedes élèves traduisait leur volontéde discussion depuis le début dumouvement, l’attitude de blocagedu proviseur est à déplorer une nou-velle fois.Les personnels du lycée condam-nent cette nouvelle escalade dansle refus de dialogue et l’intimidationenvers les lycéens.

Supplément au no 665 du 5 avril 2007 - US MAGAZINE - 13

AMPLIFIER L’ACTIONLES PROCHAINSRENDEZ-VOUS

Si Xavier Darcos alterne déclarations provocatrices dans la presse et affichage de dialoguesocial, il n’offre aucune réponse aux attentes des personnels et des élèves. C’est pourquoi leSNES appelle à la poursuite et au développement des actions dans les zones A et B quireprennent les cours et propose en convergence avec les organisations lycéennes d’amplifierl’action au plan national dès la semaine de rentrée de la dernière zone (le 5 mai). D’ores et déjà,le SNES appelle à une journée nationale de grève le 15 mai dans le cadre d’une journée d’actionintersyndicale de toute l’éducation. Cette journée pourrait s’élargir à l’ensemble la fonctionpublique (décision des fédérations de fonctionnaires à la fin de la semaine).

– POUR le rétablissement des postes supprimés, en particulier par la transformation des heuressupplémentaires en emplois, le maintien des enseignements dispensés aux élèves,l’amélioration des conditions d’études.

– POUR la consolidation des trois voies de formation au lycée, l’arrêt de la généralisation desbacs professionnels en trois ans qui conduirait à la disparition des sections de BEP.

– POUR l’ouverture de véritables négociations sur la revalorisation des métiers de l’éducationquel que soit l’établissement d’exercice.

21 AVRIL AU 5 MAIDéveloppement des actionsdans les zones A et BPremières initiatives28 avril : Guadeloupe appel à la grève del’ensemble des organisations syndicales dans toutesl’Éducation avec les soutiens des parents d’élèves.

29 avril Gard : journée « département mort » et grève,Manifestation à 15 heures, à Nîmes.Lozère : journée d’action, déploiement debanderoles sur la façade des établissements(heure d’information syndicale, prises de coursretardées).

30 avrilHérault : Manifestation à Montpellier à17 heures devant la préfecture ; le SNES pose unpréavis de grève. Béziers : rassemblement à12 h 30, devant la sous-préfecture, avec laFCPE, mettre en place des actions« établissement mort » partout où les conditionsle permettent....

DÈS LE 5 MAIReprise de l’actionau plan national Du 5 au 9 mai en fonction de l’évolutionde la situation (contacts en cours avec lesorganisations lycéennes).

15 MAIGrève nationale

18 MAIManifestation nationaleà Paris 13 heuresDe nombreux trains, bus, TGV sont affrétés.Pour les TGV spéciaux (rames complètes)• Nice-Les Arcs-Toulon-Marseille-Aix-Avignon.

• Perpignan-Narbonne-Sète-Béziers-Montpellier-Nîmes.• Grenoble-Lyon Saint Exupéry-Mâcon aveccorrespondance depuis Annecy.• Saint Etienne-Lyon Part Dieu-Mâcon.• Valence ville.• Toulouse-Monttauban-Agen-Bordeaux-Libourne-Poitiers.• Brest-Morlaix-Plouaret-Saint-Brieuc-Rennesavec correspondance depuis Quimper-Lannion-Auray-Vannes.Des groupes ont été réservés d’Angoulême,Besançon, Vesoul, Annecy, Thonon, Chambéry,Nancy, Metz, Strasbourg, etc., sur des trainsréguliers.

Toutes les sections départementales FSUprennent des dispositions pour assurer letransport d’un maximum de manifestants.Inscrivez-vous auprès de la section académiquedu SNES ou de votre section départementaleFSU.Envoyez votre participation financière par chèqueà l’ordre du SNES en mentionnant au dos« manifestation ». Si vous n’êtes pas adhérent duSNES, le meilleur moyen de soutenir et financercette manifestation est d’adhérer et vousbénéficierez de 66 % de crédit d’impôt.

19 MAIDécisions sur lapoursuite de l’actionEn fonction des réponses du gouvernement...

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Le 17 avril, les quatre cosecré-taires généraux du SNES,Frédérique Rolet, Roland Hubert,Claudie Martens, Daniel Robinétaient reçus par Xavier Darcos.À l’ordre du jour, la mobilisationcontre les suppressions depostes à la rentrée 2008, laréforme des lycées (dont on nesait rien de plus à la sortie del’audience) et les évolutions dumétier enseignant. Toujours pasde calendrier, ni de propositionsprécises sur le sujet, seulementla promesse d’une « feuille deroute » pour la semaine suivante. Le SNES de son côté a remis auministre le résultat du sondageCSA et une série de fichesrésumant les attentes en termesde revalorisation et d’évolution

du métier. Les fiches comme lesondage sontdisponibles sur le site duSNES.

Sondage disponible enligne sur la page d’accueil

ACTUALITES

14 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

SONDAGE SNES/CSA

LE SNES PORTE PAROLELe SNES a commandé à l’institut CSA un sondage sur le métier enseignant et les orientationsdu rapport Pochard. Il ressort des résultats un fort sentiment de dévalorisationde la profession. Les réponses aux différentes questions font bien apparaître l’attachementaux missions centrales du métier, la perception d’une homogénéité de la profession quelles quesoient les conditions d’exercice et leur diversité. Loin du discours de l’institution sur lesruptures générationnelles ou la différence des métiers, en collège et en lycée, se dégage dusondage l’image d’unité, unité dans les objectifs, la volonté d’un cadrage national fort, la défensede la qualification comme du statut, le lien indissociable entre évolution du métier etconsidérations pédagogiques. Il apparaît clairement que les choix des collègues ne sont pasceux des rédacteurs du rapport Pochard.

Àun moment où le renouvel-lement de la professions’accélère avec l’augmen-

tation du nombre de départs enretraite, où la dégradation de nosmétiers se fait de plus en plusoppressante, où les projetsgouvernementaux suscitent uneprofonde inquiétude, le SNES avoulu, par ce sondage, pouvoirdisposer d’une vision claire etindiscutable des demandes desenseignants et de leurs réactionsface aux différentes hypothèsessur lesquelles travaille aujour-d’hui le ministère.

Une professiontrès homogèneLe premier constat important estle caractère très homogène de laprofession. Aucun décalage signi-ficatif entre les jeunes collègueset les autres, entre les enseignantsen collège et ceux des lycées, nevient perturber l’analyse des élé-ments majeurs de ce sondage.Par ailleurs, il marque un lienindissociable entre évolution dumétier et considérations pédago-giques.Le sentiment de dévalorisationest unanime pour arriver à unniveau jamais atteint : 93 % desenseignants considèrent que laprofession est plutôt dévalorisée.La demande d’une réelle revalo-risation du métier d’enseignantest donc claire et sans appel. Cequi est tout aussi clair est quecette revalorisation ne peut trou-ver sa réalisation dans le « tra-vailler plus pour gagner plus ».Les enseignants sont majoritai-rement opposés à un allongementde leur présence dans l’établis-sement, même contre une dimi-nution du nombre de leurs heuresde cours (78 % s’opposent à troisheures de présence en plus contre

une heure de cours en moins,62 % à deux heures de présenceen plus pour une heure de coursen moins). Par ailleurs 65 % desenseignants sont opposés à ceque leur temps de service soitglobalisé sur l’année scolaire.65 % des enseignants disent refu-ser de faire plus d’heures sup-plémentaires. Si, en lecture« macro », ce dernier résultat peutlaisser espérer au ministre la pos-sibilité de faire absorber par lesenseignants les nouvelles heuressupplémentaires, il n’en sera pasde même dans la réalité des éta-blissements. En effet, le nombred’enseignants refusant plusd’heures supplémentaires est telque l’adéquation entre les disci-plines des heures supplémentairesà absorber et celles des ensei-gnants prêts à les accepter va sans

aucun doute poser de sérieux pro-blèmes dans nombre d’établisse-ments.

L’urgence d’unerevalorisation financière...La revalorisation financière denotre métier apparaît la plusurgente aux yeux de 66 % desenseignants, devant la diminu-tion de la charge de travail(33 %). Les solutions proposées

par le rapport Pochard sontmajoritairement rejetées. 56 %jugent que la création de nou-velles indemnités ou l’aug-mentation des indemnités exis-tantes ne peuvent répondre àleurs attentes en matière de reva-lorisation, et 72 % émettent lemême avis concernant la reva-lorisation de la rémunération des

heures supplémentaires. À l’in-verse, la transformation de lahors-classe comme un échelonsupplémentaire de la carrière estplébiscitée (83 %). Ce dernierpoint n’est pas sans rapport avecles conditions de plus en plusopaques dans lesquelles estdéterminé le choix des ensei-gnants y accédant et l’insuffi-sance du nombre de possibilitésd’accès.

Fiche techniqueSondage exclusif CSA/SNES réa-lisé par téléphone du 25 au29 mars 2008.Interrogation d’un échantillonnational représentatif de 503enseignants du second degré del’enseignement public selon desquotas de sexe, âge, niveau dequalification, matière enseignée,établissement d’exercice et zoned’enseignement.

www.snes.edu

www.snes.edu

Plutôt dévalorisée

Diriez-vous que votre profession est plutôt valorisée ouplutôt dévalorisée dans la société actuelle ?

Plutôtvalorisée

Fiches disponiblesen ligne rubrique« actualité éducation »,« rapport Pochard ».

QuelquesChiffres clé93% des enseignants consi-dèrent leur profession dévalorisée.

78% des enseignants refu-sent qu’une partie significative desprogrammes soit définie locale-ment.

75% des enseignants refu-sent une diminution des horairesélèves contre une diminution deleur maxima de service.

73% des enseignants refu-sent une plus grande interventiondes chefs d’établissement dansl’évaluation des enseignants.

77% des enseignants jugentque la bivalence est une mauvaisechose.

72% des enseignants consi-dèrent que la revalorisation des HSne peut répondre aux attentes enmatière de revalorisation.

70% des enseignants sontdéfavorables à ce qu’une partie desobligations de service soit définie auniveau de l’établissement.

65% des enseignants ne sontpas prêts à accepter davantaged’heures supplémentaires.

83% des enseignants sou-haitent que la hors-classe soit trans-formée en échelon supplémentaire.

Supplément au no 665 du 5 avril 2007 - US MAGAZINE - 15

E DE LA PROFESSION...Mais pas surle dos des élèvesLes enseignants ne veulent pasd’une amélioration de leursconditions de travail qui soitpayée sur le dos des élèves : 75 %refusent une diminution dunombre d’heures de cours desélèves pour permettre aux ensei-gnants de bénéficier d’une dimi-nution de leur maxima de ser-vice. C’est une réponse très netteà ceux qui ne cessent de dire queles enseignants du second degréseraient « corporatistes » et n’au-raient pas l’intérêt des élèves aucœur de leurs préoccupations. Laréponse des enseignants à uneéventuelle diminution deshoraires des élèves en lycée estparticulièrement importante à unmoment où se prépare uneréforme dont l’un des objectifsest de générer d’importantes éco-nomies d’emplois dans l’Éduca-tion nationale.Le renforcement d’autonomiedes établissements est très lar-gement rejeté. Que ce soit dans ledomaine pédagogique (horairedes élèves et contenu d’ensei-gnement) ou que ce soit dans lesdomaines touchant la carrière,l’évaluation des enseignants, lesconditions de service et d’em-ploi tout élargissement de l’au-tonomie au niveau de l’établis-sement est rejeté. Ainsi 78 % desenseignants s’opposent à cequ’une partie significative desprogrammes puissent être définielocalement. 58 % y sont défavo-rables en ce qui concerne leshoraires des élèves. Cet écart surces deux items s’explique sansdoute par la volonté des ensei-gnants de disposer en termed’horaires d’une certaine margede manœuvre par exemple pourl’aide aux élèves en difficulté.70 % des enseignants sont oppo-

sés à ce qu’une partie des obli-gations de service soit définie auniveau local. Cela marque leuropposition à toute remise encause du caractère national et sta-tutaire de leurs conditions de ser-vice d’emplois et de rémunéra-tion.

Le refus d’un chefd’établissementtout puissantC’est aussi la perspective d’unrenforcement du rôle du chefd’établissement qui est, sansappel, refusé. 71% refusent toutélargissement de l’interventiondu chef d’établissement dans leprocessus d’affectation et demutation, 73 % dans l’évaluationdes enseignants, 79 % dans l’at-tribution ou la modulation deprimes ou indemnités. La volontésouvent exprimée par le ministèreet inscrite dans le rapport Pochardde voir le rôle pédagogique ethiérarchique du chef d’établisse-ment élargi se heurte donc à unetrès forte majorité d’enseignants.L’adhésion de 68 % des ensei-gnants à l’idée d’un conseil péda-gogique traduit la volonté desenseignants de disposer d’un outil

pour la réflexion pédagogiquecollective dans l’établissementet sans doute faire pièce à nombrede décisions souvent prises avecopacité. Mais tout dispositif quiplacerait ce conseil sous la dépen-dance du chef d’établissement ouqui constituerait une hiérarchieintermédiaire est massivementrejeté (78 % rejette la nomina-tion de ses membres par le chefd’établissement et 83 % rejettetout rôle dans l’évaluation desenseignants).La bivalence, dont la promotionest faite dans les choix ministé-riels depuis plusieurs années ainsique dans le rapport Pochard, estmassivement rejetée : 77 % desenseignants jugent que c’est unemauvaise chose.Ce sondage est clair à bien deségards. Il marque une exigenceforte d’une revalorisation bienéloignée « du travailler plus pourgagner plus », il marque uneexaspération croissante de laprofession face à la situationqui lui est faite aujourd’hui. Lerefus particulièrement clair detout élargissement de l’autono-mie au niveau local marque quela très grande majorité des ensei-gnants ne sont pas dans lalogique d’une recherche deréponses locales et individuellesà leurs problèmes et à leurs aspi-rations, et que c’est vers ladémarche collective qu’ils enten-dent se tourner. Le ministèreserait bien inspiré d’entendretous les éléments du message. �

Daniel [email protected]

Les enseignants doivent-ils bénéficier de davantagede possibilités de mobilité leur permettant de changer

d’activité à l’intérieur de la fonction publique ?

Concernant la hors-classe, êtes-vous tout à fait favorable,plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé

à ce que la hors-Classe constitueun échelon supplémentaire à la carrière ?

NON 14 % OUI 86 %

Sevran« Pourquoi le lycée Blaise-Cendrars, à Sevran (Seine-Saint-Denis), classé en “zone préventionviolence”, perd-il dix postes deprofs quand le prestigieux lycéeHenri IV à Paris n’en comptera quedeux de moins à la prochainerentrée ? » Subtile et sainequestion posée par Le Canardenchaîné du 16 avril. On pourraitencore se demander : pourquoi va-t-on y créer des classes mixtesES/L en Première et Terminale,avec des effectifs frisant les 35élèves par classe ? Pourquoi va-t-on encore supprimer uneclasse de Seconde ? Pourquoi va-t-on cesser d’y appliquer la cartescolaire, rempart pourtant efficacecontre la ghettoïsation ? Sont-ce làles mystérieux ressorts du PlanBanlieue ?

Mobilisation réussie en Girondemercredi 16 avrilPlus de 300 personnesreprésentants les établissementsde Gironde se sont retrouvéesdevant le rectorat où unedélégation intersyndicale a étéreçue... sans résultats sur lesrevendications concrètes despersonnels. Rendez-vous dès larentrée pour amplifier lemouvement.

Lycée Fragonardl’Isle-Adam Dans l’action devant la mairie

« Le tri sélectif selon Darcos :16 déchets non recyclables ».

ACTUALITES

16 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

LE LIVRE BLANC DE LA FONCTION PUBLIQUEVULGATE MANAGÉRIALE

Les propositions du livre blancremis le 17 avril aux ministresWoerth et Santini, sont celles

du rapporteur(1), qui ne peut se pré-valoir d’un accord au sein de laconférence sur les valeurs, les mis-sions et les métiers de la fonctionpublique. En revanche, emprun-tant beaucoup à la vulgate mana-gériale, les 40 propositions for-mulées s’inscrivent entièrementdans les orientations gouverne-mentales. Les ministres ontd’ailleurs indiqué vouloir s’en sai-sir afin d’élaborer un projet de loiqui pourrait être soumis au Parle-ment au début de l’année 2009.L’auteur considère qu’il convientde remédier à l’insuffisante pro-ductivité de la fonction publique,due à une gestion des personnelstrop automatique. Il faudraitdévelopper la délégation au sec-teur privé d’une partie des mis-sions de service public, voire enexternaliser une autre partie.Cette ouverture à la concurrencedes missions devrait s’accompa-gner du développement ducontrat au sein de la fonctionpublique.En premier lieu dans l’emploi :le recours à des agents contrac-tuels – de droit public (pour lesmissions régaliennes), de droitprivé (pour les autres) – seraitélargi. Aux situations aujour-d’hui prévues par la loi s’ajou-teraient celles liées au recrute-ment de personnes éloignées dessavoirs scolaires ou aux recru-

tements pour une carrière courte.En second lieu dans la gestiondes personnels, puisque chaqueaffectation donnerait lieu à uneconvention conclue entre l’agent,fonctionnaire ou contractuel, et sahiérarchie. Une telle conceptions’organise dans une fonctionpublique de métiers, chaque fonc-tionnaire appartenant à un cadrestatutaire au sein d’une filière (ily en aurait sept) et par un marchéde l’emploi public, chacun pos-tulant pour occuper un emploidéclaré vacant.Enfin, le rapporteur voudraitqu’un accord issu de négocia-tions ait force de loi.Ce sont aussi le recrutement, àfonder plus davantage sur les com-

pétences que sur les connaissances,et la rémunération, dont la partindiciaire ne devrait plus repré-senter que 75 % au lieu d’environ85 % actuellement, que le livreblanc propose de réformer en pro-fondeur. Silicani propose en outrede licencier les fonctionnaires encas d’évolution des missions oud’insuffisance professionnelle.Pour le SNES, l’intérêt généralexclut de soumettre le servicepublic et ses personnels auxrègles de la concurrence et à lalogique du contrat. Il est urgentde l’affirmer avec force. Signonset faisons signer, l’appel « le ser-vice public, notre richesse ». Sanstarder. � Anne Féray(1) J.-L. Silicani, conseiller d’État.

Lancé par plus de 60 personnalitéssyndicales, associatives et cher-cheurs, cet appel est un instrumentde mobilisation citoyenne pour leservice public.Les organisateurs de l’opération,FSU, CGT-fonction publique, Soli-daires, Attac, AC Le Feu, FondationCopernic, etc., l’ont rendu public le15 avril. La FSU vous appelle à lesigner et le faire signer en ligne surhttp ://serv ice-publ ic-notre-richesse.fr/ et à constituer des comi-tés locaux.Pour tout contact : [email protected]

LE SERVICE PUBLIC EST NOTRE RICHESSE

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Supplément au no 665 du 5 avril 2008 - US MAGAZINE - 17

HomophobieI

IntrusionUne certaine « Académie d’éducation et d’étudessociales » a envoyé dans les établissements sco-laires ses Annales 2006-2007, comportant notam-ment des textes de Tony Anatrella, prêtre, psy-chanalyste, consulteur du conseil pontifical pourla famille, connu pour ses prises de position contrele Pacs, et de Christian Vanneste, député du Nordqui avait été condamné après avoir tenu des pro-pos homophobes.Une note précise que « le choix de ce thèmed’année – la différence sexuelle et ses consé-quences –, est né en effet d’une inquiétude nonseulement sociale mais sociétale face à la pro-pagande pour le mariage et l’adoption homo-sexuels », et qu’il s’agit de « repenser une stra-tégie d’éducation des garçons et des filles » et devoir « quelle vision nouvelle [on peut] proposeraujourd’hui des rôles masculins et féminins ». L’AES, qui prétend promouvoir « toutes formesd’action soutenant l’éducation et les applicationspossibles d’une doctrine sociale chrétienne ethumaniste » défend en fait les positions catho-liques les plus traditionalistes. Les président,vice-président et secrétaire général d’Union pourla Vie, fédération d’associations anti-avortement,en sont d’ailleurs membres.Le SNES a dénoncé cette incursion des milieux reli-gieux dans l’école et demandé au ministère de l’ENd’inviter les chefs d’établissements et les docu-mentalistes à de grandes précautions avant demettre à disposition des élèves des ouvrages quin’ont pas été directement commandés par leséquipes pédagogiques.

Sans-papiersI

GrèveLancé le 15 avril, le mouvement de protestation desalariés sans papiers en Île-de-France s’est étendudepuis avec plus de 500 grévistes dans la restau-ration, la sécurité ou le secteur du nettoyage. Lessecteurs concernés sont confrontés à une pénuriede main d’œuvre expliquant le soutien apportéaux grévistes par les organisations patronales del’hôtellerie et de la restauration. La FSU en a appelésamedi à MM. Bertrand et Hortefeux, exigeantd’eux l’ouverture de négociations avec les syndicatset associations de défense des travailleurs immigréspour permettre les régularisations comme l’ontfait la Grèce, l’Espagne, l’Italie.De nombreux soutiens, se sont exprimés du côtédes politiques (PS, PCF, LO, Verts) et d’organisa-tions de défense des droits de l’homme (LDH etSOS racisme).

Il faut régulariser lestravailleurs sans-papiersde notre pays !Plus de 500 salariés « sans papiers » en grève le20/04. Et ce sont des dizaines de milliers qui tra-vaillent ainsi sans garantie aucune. Ils payentdes cotisations sociales, ils déclarent des impôts.Ils contribuent à la richesse du pays depuis desannées, occupant des emplois vacants. La FSU soutient ce mouvement et demande quecessent ce scandale et l’hypocrisie gouverne-mentale. Il faut régulariser les travailleurs sanspapiers de notre pays.

JO DE PÉKIN

Jeux contestés

DROITS ET LIBERTÉS

Alors que la Chine s’apprête à accueillirles jeux Olympiques, le gouvernementchinois poursuit ouvertement les

atteintes aux droits de l’Homme et à la libertédes peuples, en Chine et au Tibet où la policeet l’armée s’en prennent avec brutalité à larésistance tibétaine faisant de nombreuxmorts, blessés et arrestations.Cette attitude des autorités chinoises estincompatible avec ce que devrait être l’es-prit de cette rencontre sportive et l’accueildes JO à Pékin, et contredit les engage-ments pris lors de leur candidature en 2001.Face à une telle situation, l’émotion et lacontestation sont vives dans de nombreuxpays; elles se sont concrétisées par les mani-festations qui ont ponctué le passage de laflamme olympique à Paris, Londres, SanFrancisco... La FSU s’est adressée au gouvernement fran-çais en lui demandant de condamner lesexactions chinoises commises au Tibet etde faire pression sur les autorités chinoisespour qu’elles respectent et promeuvent l’en-semble des droits fondamentaux et notam-ment les droits syndicaux. Elle s’associe auxcampagnes menées par la CSI sur ces ques-tions, sur le respect des droits des travailleurs.Dans le cadre de son partenariat avec la sec-tion française d’Amnesty International, laFSU invite tous les personnels à signer lacarte-pétition commune (Amnesty Interna-tional, CFDT, UNSA Éducation, FSU)demandant le respect des droits syndicaux etd’un syndicalisme indépendant en Chine.La FSU soutient les huit revendicationsdéfendues par le Collectif Chine JO 2008(ACAT-France ; ADH ; Amnesty Interna-tional- France ; CSPT ; ECPM ; FIDH ;

LDH ; Reporters Sans Frontières ; SolidaritéChine) : 1. Libérer les personnes emprisonnées depuisles manifestations de Tian An Men (1989) ettous les prisonniers d’opinion.2. Mettre fin au contrôle de l’information, ycompris sur Internet.3. Suspendre les exécutions sur tout le terri-toire chinois en vue d’aboutir à l’abolition dela peine de mort.4. Supprimer la détention administrative. 5. Mettre un terme à la pratique systématiquede la torture.6. Permettre la constitution de syndicatslibres et indépendants.7. Supprimer l’article 306 du code pénal,qui permet la répression des avocats.8. Mettre fin aux expulsions forcées descitoyens de leur logement ou de leursterres. � Claudie Martens

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Sur le parcoursde la flamme à Paris.

Dictionnairesi

« Faire » de l’économieLes temps de crise – et elle prendtous les aspects d’une crise profonde– sont favorables aux dictionnairesd’économie. Ils devraient permettre dese retrouver dans le flux d’informa-tions et dans les concepts utilisés. Ilssont aussi divers que leurs auteurs,allant des «classiques» à ceux quise veulent iconoclastes, comme leclamerait le capitaine Haddock.

•Petit dictionnaire de l’économi-quement incorrect, de Grégoire

Duhamel qui se dit« de droite » dans sa préface et ledémontre tout aulong de ses défini-tions bien choisies.Tout n’est pas à reje-ter dans sa manièrede présenter les pro-blèmes. À « Euro », il

remet en cause un certain nombred’affirmations sans parvenir à unevéritable démonstration, se conten-tant de faire s’affronter une nouvelleaffirmation à une affirmation diffé-rente. La réflexion n’avance pas.Pourquoi avoir ouvert une rubrique«Ségolène Royal (et le PS) » ? Et pasSarkozy (et l’UMP) ? Ses choix poli-tiques prennent souvent le pas surl’analyse, c’est particulièrement netsur les entrées (« Maladie du fonc-tionnaire », « Fonction Publique »)traitant des services publics. Àconsulter pour savoir ce qu’unconseiller en fortunes privées peutpenser.Petit dictionnaire de l’économiquementincorrect, Grégoire Duhamel, ÉditionsGrancher, 222 p., 16,50 euros.

• Dictionnaire del’économie, dirigépar Pierre Bezbakhet Sophie Gherardi,rédactrice en chef auMonde. La plupartdes concepts clés decette science socialesont présents, sansomettre l’air du

temps qui souffle, le libéralisme détei-gnant sur la définition d’entrepre-neur ou de quelques autres. Plus sûrque le précédent, se voulant moinspolémique tout en ne rompant pasavec la vulgate économique actuelle.Il permet de vérifier ses connais-sances pour « faire » de l’économie,sans accepter pour autant l’ensemblede ses points de vue. Démonstrationest ainsi faite que l’économie, commescience sociale, est liée à la politique.Dictionnaire de l’économie, sous la direc-tion de Pierre Bezbakh et Sophie Ghe-rardi, Larousse, 656 p., 28 euros.

18 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

ECO/SOCIAL

Après le plan Hôpital 2007et la tarification à l’activité,l’hôpital est de nouveaudans le collimateur dugouvernement. Le rapportLarcher annonce en effetde nouvelles mesures quidevraient faire partie d’uneprochaine loi présentée àl’automne, dans le cadre d’uneréorganisation annoncéedu système de santé.

L’hôpital représente plus de40 % des dépenses de santé.C’est d’abord de ce point de

vue que le gouvernement lanceune nouvelle « réforme » dans ladroite ligne des précédentes.L’objectif, faire des économies.En gros, moins de lits, moins depersonnels, un recours au privétoujours plus important. La réor-ganisation territoriale se tradui-rait par de nouvelles fermeturesd’hôpitaux et de maternitéscomme c’est le cas aujourd’hui.Le statu quo n’est certes pas unebonne chose. Hôpitaux asphyxiés,manque de personnel, mauvaislien médecine ambulatoire/hôpi-tal... et, au-delà des prouessestechniques des équipes chirurgi-cales, des difficultés réelles pourassurer un service public de qua-lité pour tous. Mais une bonnepart des seize mesures préconi-sées pour réformer les hôpitauxinspire l’inquiétude.

RegroupementsLa principale est sans doute leregroupement des établissementshospitaliers sous la forme de com-munautés hospitalières de terri-toires fondées sur un projet d’ac-tivités médicales communes etdotées de compétences straté-giques. À la clé, une mutualisa-tion des moyens entre les hôpi-taux concernés. Sur un territoiredonné, il y aurait un hôpital deréférence, avec l’ensemble descompétences médicales, tra-vaillant en coopération avec deshôpitaux locaux qui pourraient serecentrer sur ...la gériatrie ou offrirdes consultations de spécialistes làoù ils manquent, et organiser lapermanence des soins.La participation des cliniques pri-vées à l’offre de soins devrait

évoluer, en définissant un nou-veau cadre contractuel de priseen charge du service public hos-pitalier. Les personnels hospita-liers à statut public sont mena-cés, dans le cadre d’une mise encommun de certaines missionsavec les cliniques privées.L’exemple de France Télécommontre que la coexistenceprivé/public s’est toujours tra-duite par la casse de ce dernier.Les cliniques privées se verraientdonc proposer un contrat de ser-vice public pour participer auxurgences, à la permanence dessoins et à l’accueil des patientsles plus démunis. En contrepartie,elles pourraient bénéficier du sou-tien financier de l’État, et versertoujours plus de dividendes auxactionnaires, des fonds de pen-sions qui ont mis la main surnombre d’entre elles. On peutégalement s’étonner que les cli-niques, souvent de petite taille,soient considérées comme desétablissements pertinents lors-qu’ils sont privés alors que cettemême taille est reprochée à desstructures identiques lorsqu’ellessont publiques.

GouvernanceLe rapport Larcher veut égale-ment voir évoluer les règles degouvernance interne de l’hôpitalen renforçant les pouvoirs dudirecteur d’établissement quideviendrait le seul responsable àl’hôpital. Ce gestionnaire, issu

du public ou du privé, devrait êtreun véritable «manager», nommépour une durée déterminée parles futures agences régionales desanté. Il sera assisté par un direc-toire et le conseil d’administrationsera transformé en conseil de sur-veillance. Il s’agit aussi de moder-niser le statut par l’octroi d’uneplus grande liberté d’organisationet de recrutement, en soumettantles personnels à la concurrenceet au productivisme d’actes. L’hô-pital pourrait devenir un établis-sement public de santé, avec unstatut nouveau défini par la loi etne serait plus soumis au code desmarchés publics.Le rapport propose également demettre les maisons de santé et leshôpitaux locaux à la dispositiondes professionnels de santé libé-raux dans certaines zones ruraleset périurbaines. Plutôt une bonnechose si cela devait permettre unexercice plus coordonné de lamédecine. On peut craindre que lemanque de médecins amène àtransférer dans ces maisons uncertain nombre de missions à despersonnels moins qualifiés.Ce rapport comme le rapport Rit-ter sur les Agences Régionalesde Santé façonnent l’armatured’un système de santé fonction-nant comme un marché. Ils s’ins-crivent dans la logique de laRGPP, et de la volonté présiden-tielle de se débarrasser du«modèle social français». �

Elizabeth Labaye

PRIVATISATION RAMPANTE

Hôpital en danger

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• 27 questions d’économiecontemporaine, sous ladirection de PhilippeAskenazy et Daniel Cohen,est ambitieux. Il veutmontrer que l’économiedoit servir à éclairer leschoix des citoyennes etdes citoyens. De « Lacroissance rend-elle heu-reux ? » – la réponse est non et sup-pose la définition de nouveaux indi-cateurs – à « Perspectives derecherche en politique de la concur-rence », l’article le plus intéressant,le plus neuf, en passant par les mar-chés financiers à la fois rationnels etabsurdes, la mondialisation et lesguerres, le marché du travail, laflexisécurité, ces rubriques commeles autres ouvrent des débats. Uncertain degré de rupture avec lelibéralisme ambiant, tout en accep-tant les contraintes de cette éco-nomie de capitalisme libéral, rend lalecture stimulante. À lire pour appro-fondir certaines questions et éviterles idées toutes faites quellesqu’elles soient.27 questions d’économie contemporaine,sous la direction de Philippe Askenazy etDaniel Cohen, Economiques 1/AlbinMichel, 536 p., 25 euros.

Revuei

Renouveau del’économie« Regards croisés surl’économie » – éditions LaDécouverte – est uneassociation qui réunit desjeunes économistes etsociologues pour renouveler lesrecherches sur ces sciences sociales.Ils et elles publient une revue dontle dernier numéro porte sur lafinance contemporaine. Des spécia-listes reconnus apportent leurcontribution à l’analyse de la criseactuelle.

Questions sur le livrei

Le livre en questionsRéunir un libraire, quatreéditeurs, un traducteur etpoète, un spécialiste d’in-ternet, une bibliothécaireet un diffuseur est en soiun tour de force. Pour ana-lyser l’avenir de l’objet-livre, une nécessité. Com-ment le faire vivre dans un contextede concentration de la presse – larestructuration du Monde est là pouren témoigner – et de l’édition. Ques-tion clé pour le futur de la culture.• Le livre : que faire ? R. Alberto,F.Combes, J. Faucilhon, E. Hazan, H. Korb,F. Salbans, A. Schiffrin, J. Vidal. Éd. Lafabrique, 95 p., 12 euros.

« STAGFLATION » AU NORD, ÉMEUTES DE LA FAIM AU SUD

Une crise globale et profonde

Supplément au no 665 du 5 avril 2008 - US MAGAZINE - 19

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Dérisoire est l’ultimatumlancé par le G7 – les gou-vernants des sept pays les

plus riches du monde –, réuni àWashington les 12 et 13 avril,aux banques internationales.Elles doivent publier, dans undélai de 100 jours – sinon quoi ?– leur degré d’exposition aurisque. Les agences de notation,quant à elles, sont somméesd’établir une échelle de notationdifférente pour les produits com-plexes qu’elles notent. Des déci-sions qui ne changeront rien àla profondeur de la crise. Elle nesuscite, pour le moment, aucuneréaction concrète commune deces pays. La politique sembleavoir perdu ses droits.

FMIPourtant, et pour une fois, le FMIa livré une analyse objective dela crise reprenant l’ensemble deséléments pour insister sur lespossibilités d’une dépressioninternationale à commencer parles États-Unis. Il a revu toutes sesprévisions de croissance à labaisse, y compris celle de laChine. Le rapport se termine parun appel à une politique derelance concertée au niveau mon-dial. Vœu pieu s’il en est, maisrévélateur de la perte de sub-stantifique moelle des politiquesd’inspiration libérale. Sans faired’autocritique explicite, le FMIvient d’opérer un tournant.

Banque mondialeComme la Banque mondiale.Confrontée aux émeutes de lafaim dans la plupart des paysclassés dans le tiers-monde, sonprésident Robert Zoellick a pro-posé, le 2 avril, d’épauler unenouvelle révolution verte visant àaugmenter la production agricoledans les pays les plus pauvres –une notion qu’il faudrait revoir.Proposition qui évite de tirer lesbilans des politiques d’ajuste-ment structurel mises en œuvredepuis les années 1980, à partirde la première crise de la dettequi touche le Mexique en août1982. Politiques à trois volets,déréglementation, privatisationet équilibre des financespubliques par la baisse des

dépenses, passant par la diminu-tion du nombre d’agents del’État. Dans le même temps, uneorientation générale était donnéevers le « tout à l’exportation »dans des pays où la production dematières premières domine. Etce, au détriment des culturesvivrières. On s’aperçoit aujour-d’hui, dans la crise, qu’un crimes’est commis contre ces popula-tions. L’héritage du colonialismen’y est pas étranger. Ainsi le Bur-kina-Faso consomme de labaguette, qu’il importe, au détri-

ment de ses traditions, et exportedes haricots verts. Les nécessitésliées au service de la dette – pourles pays d’Afrique, surtout unedette publique, vis-à-vis des Étatsanciennement colonisateurs quipourraient l’annuler – servent dejustification à cette nouvelleforme de domination.

Matières premièresL’augmentation actuelle du prixdes matières premières, résultatcomme le note le FMI de la spé-culation, a été un acteur déclen-cheur révélant toutes les déstruc-turations de ces économiesexposées au feu de la mondiali-sation libérale. Elles ont orientéleurs productions vers lesbesoins du marché mondial touten laissant les sociétés privati-sées réaliser le profit maximumsur le dos des populations. Il afallu cette révolte, ces grèves,ces morts pour que le mondeprenne conscience de la néces-sité de construire d’autres poli-tiques, de tourner les produc-tions agricoles vers les besoinsdes populations pour offrir à cespays une chance de manger àleur faim et de se développer.L’éthique rejoint ici les nécessi-tés économiques.

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Carte famille nombreuseI

ReculFace au tollé suscité par l’annoncedu désengagement de l’État en faveurdes tarifs sociaux de la SNCF, legouvernement à dû reculer. La carte« famille nombreuse » est nonseulement rétablie mais élargie auxfamilles monoparentales et auxfamilles modestes avec deux enfants,prise en charge par le budget de l’Étatgrâce à un dividende supplémentaireversé par la SNCF à l’État. Elle ne seradonc pas soumise aux aléas de lapolitique commerciale de la SNCF.Cette mesure avait été annoncée dansle cadre de la RGPP pour trouver deséconomies sur le dos des politiquessociales jusqu’à mettre à mal lapolitique familiale française.

Lu ça et làI

200 000dongs, soit 8 euros par mois : ce quedemandent 17 000 ouvriers d’uneusine de chaussures Nike dans le suddu Viet Nam, cela correspondrait à15% d’augmentation (Libé : 2/04/08).

5,1%Les syndicats allemands des employéspublics ont obtenu cette augmentationle 31/03, après plusieurs grèvesd’avertissement ; les conducteurs detrains ont obtenu… 11 % dans uncontexte de hausse de l’inflation (LeMonde, 2/04/08).

2,6 millions d’eurosCoût global du départ de DenisGautier-Sauvagnac, ancien présidentde l’UIMM ; l’organisation patronaledisposerait d’un trésor de guerred’environ 600 millions d’euros pour« entraide professionnelle » en casde grève (Le Monde, 22/03/08).

101,37 milliardsd’eurosGains des entreprises du CAC 40 en2007 (Le Monde, 22/03/08)

7,5 milliardsd’eurosGains d’Arcelor Mittal en 2007(Le Monde, 6/03/08).

1600 eurosSalaire mensuel d’un mécanicien del’usine sidérurgique de Gandrange(57, idem), qui sera bientôt fermée.

– 15%Baisse de l’aide publique française audéveloppement en 2007 (Libé, 6/04/08).

L’US Mag : Qu’est ce qu’uneoffre valable d’emploi ?S y l v e t t e U z a n - C h o m a t :« L’offre valable d’emploi »dérive de la notion « d’emploiconvenable » qui, depuis laConvention n° 44 de l’OIT(1)

adoptée en juin 1934, désigne« l’emploi que ne peut refusersans motif valable un chômeursecouru sous peine de perdre sesallocations ». Depuis une quinzaine d’années,les conditions se sont déjà forte-ment durcies. Alors que le décretantérieur excluait de l’emploiconvenable les emplois « ne pré-sentant pas un caractère de sta-bilité normale», la loi de 1993impose la flexibilité, et l’emploidoit désormais être accepté« quelle que soit la durée ducontrat de travail offert ». L’em-ploi convenable doit être com-patible à la formation du deman-

deur d’emploi, mais la loi du18 janvier 2005 a supprimé l’ad-jectif «antérieure» qui qualifiaitdepuis 1951 la « formation » : laformation de référence définis-sant l’emploi convenable peutdevenir éventuellement celle demoindre qualification, suiviedurant la période de chômage.La mobilité géographique peutêtre imposée au demandeurd’emploi par la loi de 2005 enfonction de sa situation person-nelle et familiale et « des aides à

la mobilité qui lui sont propo-sées ». Or certaines aides à lamobilité ont capacité de favoriserl’installation du chômeur repre-nant un emploi dans tout payseuropéen... Le projet de loi actuel s’assortiraitde deux obligations supplémen-taires. Celle d’une durée quoti-dienne de transport pouvant aller

jusqu’à deux heures, et dont onimagine les répercussions sur lavie sociale et familiale. Enfin,alors que la seule obligation sala-riale définie jusqu’à présent évo-quait un taux de salaire « nor-malement pratiqué dans la régionet dans la profession », les chô-meurs de plus de six moisauraient désormais l’obligationd’accepter un emploi rémunéré à70 % de leur emploi antérieur. C’est, à travers cette dernièrecondition, un formidable coup

porté à l’ensemble du salariatpour lequel le chômage accen-tuerait la pression à la baisse desrémunérations.

L’US Mag : Qu’est-ce quel’offre valable d’emploi révèlede la fusion ANPE-Assedic ?S. U.-C. : Ces deux mesures exis-tent dans d’autres pays européens :en Allemagne, où l’obligation detransport quotidien est toutefoisréservée aux chômeurs sanscharge de famille ; en Belgique;en Grande Bretagne où l’obliga-tion de mobilité professionnelle,géographique et d’accepter unebaisse de salaire intervient à par-tir de la 13e semaine de chômage.Ils ont non seulement directementaccru la proportion de travailleurspauvres, mais ont créé desréserves de main-d’œuvre paupé-risée par éviction de l’assurancechômage avec report sur la soli-darité ou sur d’autres minimasociaux (invalidité).Le journal Les Échos en date du14 avril faisait état des espoirsque le gouvernement formulaitdans le fait que des prescriptionsprécises et chiffrées balayent lesscrupules des agents du servicepublic de l’emploi à sanctionnerles demandeurs d’emploi.Aujourd’hui 1200 à 1500 radia-tions « seulement » sont pronon-cées chaque mois par l’ANPEpour refus d’emploi, de formationou de visite médicale. Les sanc-tions proposées consisteraient ensuspension ou en diminution desallocations de chômage etdevraient augmenter la propor-tion de chômeurs découragés nemaintenant pas leur inscriptionà l’ANPE. Ils deviennent alorsstatistiquement invisibles.Se révèle ainsi ce que l’on com-prenait mal jusqu’à présent :comment la fusion ANPEAssedic arriverait à ramener à5% le taux de chômage. �

Propos recueillis par D. Rallet

(1) Organisation Internationale duTravail.

ECO/SOCIALLA PROCHAINE NÉGOCIATION TRIENNALE DE L’ASSURANCE CHÔMAGE sera précédéed’une conférence tripartite (6 mai) réunissant représentants de l’État et des parte-naires sociaux. Le gouvernement y présentera, avec l’offre valable d’emploi, unnouveau dispositif de contrôle de la recherche d’emploi qui devrait faire l’objetd’un projet de loi. Sylvette Uzan-Chomat, responsable nationale du SNU-ANPE (FSU),répond à L’US Mag.

Chômeurs sous surveillance

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DOSSIERRéforme des retraites

Un enjeu de société

Supplément au no 665 du 5 avril 2008 - US MAGAZINE - 21

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Dossier coordonné par Matthieu Leiritz et réalisé par Gracianne Charles, Anne Féray, Élizabeth Labaye et Daniel Rallet

Xavier Bertrand, ministre du Travail, entretient à longueur d’antenne le catastrophismeambiant, l’allongement de la durée de cotisation serait la seule solution pour sauver lerégime par répartition et donc l’avenir des retraites. Il feint d’en ignorer les consé-quences : la baisse des pensions et donc l’appauvrissement des retraités. La FSU, la CGTet Solidaires ont organisé le 29 mars une première journée de manifestations. La FSU

s’est prononcée pour une nouvelle journée d’action en mai avec les autres organisations syndi-cales. La mobilisation doit s’amplifier, si l’on veut mettre un coup d’arrêt aux régressions quiconcernent toutes les générations. Les jeunes, entrés plus tardivement dans la vie active, voientse profiler devant eux des années supplémentaires de travail sans être certains du montant de leurretraite. Les femmes sont les premières victimes des lois Fillon et Balladur, en raison de leurs car-rières plus heurtées et de leurs salaires souvent inférieurs à ceux des hommes. Les enseignants,avec la suppression de fait de la CPA, subissent des fins de carrière difficiles. Faudra-t-il partiravec des retraites diminuées ou rester plus longtemps au détriment parfois de sa santé ?Cette situation pèse sur la confiance dans le régime par répartition ; c’est ce que souhaitent le gou-vernement, ses alliés du Medef et de l’assurance privée, qui verraient bien chacun se construire« sa » retraite dans le cadre d’une société toujours plus inégalitaire.Pour le SNES et la FSU, il est urgent de débattre et de mobiliser, pour redonner la confiance dansl’avenir des retraites, pour empêcher les régressions en cours et à venir, et imposer de nouveauxdroits, pour affirmer que le financement des régimes par répartition est tout à fait possible, grâceaux gains de productivité et à un meilleur partage de la richesse produite. Les enseignants doiventprendre toute leur place dans cette bataille. �

Le « rendez-vous

de 2008 » fixé par la loi

Fillon (2003) s’est ouvert,

mais le gouvernement

s’emploie à ce que

le débat sur ses choix soit

occulté. Des rencontres

bilatérales sont

organisées, semble-t-il

pour la forme, donnant

le sentiment que

les choix sont déjà faits.

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Réforme des retraitesDO

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Quelquesrégressions

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IER Réforme

Effets de la réforme 2003

bonification (pour le seul aîné) sauf àjustifier d’un congé d’au moins quatre mois.Sa troisième fille naît en septembre 1979.Pour éviter une naissance prématurée, ellea besoin d’un congé maladie au cours de sagrossesse. Pour concilier vie familiale etvie professionnelle, Catherine choisitd’exercer à temps partiel pendant l’annéescolaire 1980-81, ce qui a des conséquencessur sa pension. Mais ne rentre pas dans lescompensations prévues par les textes ! �

(1) Réponse à la FSU, 31 janvier 2008

Catherine A., professeur de lettresclassiques à Montpellier prend saretraite à la rentrée 2007, quelques

mois avant ses 60 ans. En effet, mère detrois enfants, nées au cours de son activitéprofessionnelle, elle pensait bénéficier detrois annuités de bonification comme lerectorat de Montpellier le lui avait indiqué.Mais c’était ignorer la conceptionbureaucratique des juristes de Bercy.Ses deux filles aînées, nées en 1973, sontjumelles. À l’occasion de leur naissance,Catherine a pris les congés de maternitéprévus par la réglementation de l’époque,soit 12 semaines (quel que soit le nombred’enfants). Les vacances scolaires qui lesencadraient ont été bienvenues.Pour les deux jumelles, l’administration nelui décompte qu’une seule annuité debonification car pour le ministre, labonification a une valeur « compensatriced’un préjudice de carrière ». « Celui-ci estrattaché à la durée effective d’éloignementdu travail et est sans rapport avec le nombred’enfants en tant que tel »(1). La naissance dejumeaux ne vaut qu’une année de

CATHERINE, NOUVELLE RETRAITÉE

ETIENNE, PROFESSEUREN FIN DE CARRIÈRE

La réforme de 2003, selon François Fillon, a représenté « uneffort important demandé aux fonctionnaires ». Mesures les plusvisibles : l’allongement du nombre des annuités requises pourobtenir une pension au taux maximum et une décote fortementpénalisante. De quoi signifier aux plus jeunes d’entre nous que

la solidarité ne leur garantira pas une retraite suffisante, et qu’ilserait prudent pour eux d’épargner ou de racheter leurs annéesd’études.À cela s’ajoute la réforme des bonifications pour enfants qui,cherchant à en écarter les pères, a créé une régression pour

En 2003, seuls 32,6 % des certifiés travaillaientà temps complet au moment de liquider leurretraite. En 2007, ils sont 51,6 %. Cette proportionest appelée à augmenter. En cause, la findu congé de fin d’activité et la réforme dela cessation progressive d’activité. La CPA était,

avant 2003, possible à 55 ans et permettaitde travailler 50 % en étant rémunéré 80 %.Depuis 2004, les conditions d’accès se sont durcies(57 ans et 33 ans de cotisation au lieu de 25) etles conditions de rémunération moins attractivess’apparentent à celles d’un temps partiel amélioré.

CPA

Qu’est-ce qui t’a poussé à demander une CPA ?

J’ai eu la chance d’entrer dansl’Éducation nationale à 19 ans, commeIPESien(1). J’aurai donc les 41 annuités

de cotisations requises au moment deprendre ma retraite, dans trois ans. J’aienseigné pendant la plus grande partie dema carrière en classes post-bac : BTS,DECF et DPECF (diplôme d’étudescomptables et financières, diplômepréparatoire aux études comptables et

financières). Or dans le cadre de la« modernisation » de la filière DECF,l’enseignement des mathématiques a étésupprimé. Je me retrouve donc dans desclasses de Terminales STG et ES. Je nepeux m’empêcher de ressentir cela commeune rétrogradation, d’autant plus que lesclasses en question sont difficiles, tous lescollègues qui les ont peuvent en témoigner. Est-ce une question d’âge, ou les conditionsde travail se sont-elles réellementdégradées ? Toujours est-il que j’éprouveactuellement une certaine lassitude, pourne pas dire un stress permanent, à me battrepour essayer de faire passer un message àdes élèves agités et peu motivés. Par ail leurs, mon épouse qui étaitinstitutrice a pris sa retraite l’an dernier,nous avons de nombreux petits-enfants quinous sont souvent confiés, et j’aimeraispouvoir consacrer à l’une et aux autresplus de temps.

La CPA induit une baisse sensible de ta rémunération. Cela ne t’a pas arrêté ?Mariés très jeunes, nous avons eu tout desuite des enfants, mon épouse a commencéà travailler après trente ans, quand notredernière fille est allée à l’école primaire.

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3de 2003

pour les personnels enseignants

nationale en 2000, le sujet ne m’a paséchappé. Tout d’abord parce que, commebeaucoup, je n’ai commencé à enseignerque bien tard, 25 ans, après avoir travailléen tant que MA, télé-conseillère... Ensuiteparce que l’année 2003 a mis sous les feuxde la rampe le sujet des retraites : aprèstrois ans d’enseignement seulement, il fallaitdéjà que je m’intéresse à ma retraite. Oui, cen’est pas parce que j’enseigne les lettresclassiques dans un petit collège ardennaisque je suis passée à côté des réformes. Lecalcul fut alors vite fait : si je m’arrête à 60ans, je n’aurai que 35 ans de cotisation, etmalgré les 11 trimestres CNAV validés parles emplois que j’ai occupés au cours de mesétudes, j’aurai à 60 ans une décote de 20 %,et un taux de pension de 54 %.Alors, comme cela fut clamé haut et fort àl’époque, j’avais la possibilité de rachetermes années d’études. Oui, mais comme lesemplois que j’occupais ne suffisaient pas etparce que j’ai souhaité me consacrer

uniquement au concours l’année où je l’aipassé, j’ai dû contracter un prêt étudiant etbien évidemment, en début de carrière il afallu le rembourser. À cela s’est aussi ajoutéle fait qu’il fallait bien que je possède unvéhicule pour me rendre dans le petit collègeoù j’avais été affectée, car il n’était pasfourni avec le concours ; en plus la misèredes transports en commun ne me permetpas d’envisager une autre solution. Bref,beaucoup de frais pour mes premièresannées.Maintenant, je pense sérieusement àépargner, mais je n’arrive pas à obtenir mamutation, et, à force de faire de nombreuxkilomètres, puisque j’ai préféré habiter prèsd’une grande ville, ma voiture vieillit, elleaussi, et avec la hausse du prix del’essence... Bref, il va falloir que j’engagedes frais à ce niveau. Ah oui, et mon loyer a aussi pris 35 %en huit ans. Donc à ce rythme-là, quellesera ma retraite ? �

nombre de mères, particulièrement celles qui ont débuté leur vieprofessionnelle en tant qu’auxiliaires. L’application confine àl’absurde. La promesse non tenue d’une seconde carrière, ladégradation profonde de la CPA, l’absence de toute réflexion surles fins de carrière, les conditions de travail dégradées renvoient

le plus grand nombre à un arbitrage impossible : prolonger coûteque coûte son activité ou accepter une pension réduite (cf.tableau page ci-contre).Ces trois portraits illustrent le concret de la réforme desretraites pour les enseignants.

En 2003, 88 % des femmes ont au moins une bonification pour enfant(moyenne 8,7 trimestres). En 2006, elles sont 73,7 % (moyenne 7,6 trimestres).Depuis 2004 la bonification, attribuée pour un enfant né avant 2004, estconditionnée à l’interruption de l’activité d’au moins deux mois.Pour les enfants nés après, c’est l’interruption de l’activité ou sa réduction quisera compensée. La loi privilégie un modèle que les femmes suivent de moinsen moins souvent.

Bonifications pour enfantVotre salaire n’y suffit pas ! Pour racheter trois ans, à25 ans, il vous en coûtera 36 % de votre traitement annuelbrut. A 55 ans, 86,4 %.Même négociable par trimestre et avec des options moinscoûteuses (par exemple juste pour limiter la décote), le rachatdes années d’étude n’a pas fait recette : 40 dossiers déposésen 2004 et 2005 pour peut-être un million d’ayants droit.

Rachat des années d’études

Àencore 32 ans, je suis bien loin de laretraite, me direz-vous. Cependant,dès mon entrée dans l’Éducation

Avec un seul salaire de débutant, nousavons pris l’habitude d’adapter notre trainde vie à nos modestes moyens financiers.Actuellement je suis agrégé hors-classe,nous sommes propriétaires de notrelogement, sans crédit important àrembourser , et nous avons pu fairequelques économies. Malgré la retraitetrès faible de mon épouse (à peine plus desix cents euros par mois) et la perte dequarante pour cent sur mon salaire, nousavons fait nos comptes, nous devrionspouvoir nous en sortir. Après tout, l’argentn’est pas une fin en soi, et nous avonschoisi d’en sacrifier une partie pour unemeilleure qualité de vie. �

(1) Les étudiants recrutés sur concours aux IPESavaient le statut d’élève professeur. Les années àl’IPES sont prises en compte pour la retraite. LesIPES ont été supprimés à la fin des années 1970.

Travailler plus et gagner moins

Certifiés - taux de liquidation : montant de la pension par rapport au revenu d’activité72,0

71,5

71,0

70,5

70,0

69,5

69,02000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

Source : données du service des pensions MEN dépouillées par le SNES

Malgré une augmentation de l’âge de la retraite (les certifiés sont partis à 60,7 ans en 2007contre 60,3 en 2003) et une augmentation des annuités moyennes (de 34,1 à 34,6), le tauxde liquidation des pensions diminue.

ESTHER, JEUNE PROFESSEUR

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Réforme du Codedes pensionsLe salaire de référenceest celui des sixderniers mois, au lieudes trois années.

1964La loi du 9 juinreconnaît auxfonctionnaires undroit à pension.

Création d’unrégime communà tous lesfonctionnaires ;le code despensions enprécise les règles.

Au sein de la Sécurité sociale,le régime général del’assurance vieillesse ouvreun droit à pension de 40 %du salaire moyen pour120 trimestres cotisés. L’âgede la retraite est de 65 ans.

1853 19451924Petitechronologie

Pas pour les retraitésL’amélioration des pensions depuis le débutdes années 70 a permis de réduire la pauvretéchez les personnes âgées, dont le niveau de viemoyen est aujourd’hui à peine inférieur à celuides actifs. La réforme amorce une rupture his-torique : le nouveau mode de calcul desretraites plus l’indexation des pensions sur lesprix organisent selon les projections du CORun décrochage spectaculaire du niveau de viedes retraités par rapport à celui des actifs del’ordre de 20 à 30 points. Attention : cette baisse se produira malgré desdéparts plus tardifs en retraite, avec des reportspar exemple d’1,5 année pour les fonction-naires d’ici à 2020.L’appauvrissement de retraités est donc bienla perspective tracée par ces réformes.

Pas pour les femmesCes réformes pénalisent davantage les car-

rières courtes, discontinues et à temps partieldes femmes : la discrimination indirecte exer-cée à l’encontre des femmes est patente.Pour faire bonne mesure, le gouvernement apuni les femmes fonctionnaires en réduisant lesbonifications enfants (pourtant maintenuesdans le secteur privé).

Pas pour ceux qui entrenttardivement dans la vie activeL’allongement des études, vérifié pour l’en-semble de la population, mais plus parti-culièrement pour nos professions, est unemutation sociale profonde dont l’impact sur lespensions est ignoré. Aujourd’hui, pour les col-lègues ayant bénéficié des IPES ou d’un recru-tement précoce, l’impact de la réforme estmodeste. Demain, ce n’est plus 16 % d’unegénération comme aujourd’hui (liquidant saretraite) qui aura achevé des études supé-rieures, mais 30 % puis 50 %. Selon une note

récente du COR, les entrées plus tardives dansla vie professionnelle vont expliquer les 4/5 dureport de départ en retraite et l’allongement dela durée de cotisation seulement 1/5.Pour les jeunes générations recrutées auCAPES en moyenne à 26 ans, le taux plein neserait acquis qu’à 67,5 ans.Le gouvernement a fixé le rachat des trimestresd’études à prix d’or (voir page précédente),refusant de reconnaître l’impact de cette muta-tion sociale et l’effet positif de l’élévation desqualifications. Dans cette société, les rentierssont mieux servis.

Pas pour les chômeurs, les précaires,les carrières incomplètesLe gouvernement prétend déplorer le nombrecroissant des petites retraites, mais ce sont lesréformes qui fabriquent les petites retraites.Que sera la retraite des actuels Rmistes, descaissières d’hypermarchés, des vagues de chô-meurs et de précaires depuis les années 80 ?L’avenir pour ces travailleurs pauvres, ce n’estpas une pension, c’est un minimum social (leminimum vieillesse) aujourd’hui inférieur de25 % au seuil de pauvreté.

Pas pour ceux qui sont en difficulté avec leur travail Collègues ayant épuisé leur énergie dansdes conditions de travail difficiles, en manquede reconnaissance, passez votre chemin, le« travaillez plus longtemps », ce n’est paspour vous.Où ont été débattus tous ces choix de société ?Le paravent du vieillissement a été bien utilepour les masquer. �

« Décider librement » Un monde imaginaireL

es réformes reposent sur la promesse del’émergence d’un individu calculateur,qui se débat avec des règles très com-

pliquées et doit en permanence faire deschoix de vie et de carrière, dont il ne saura lapertinence... qu’au moment de prendre saretraite : on demande à cet individu de réus-sir la performance de faire les « bons choix »en situation d’incertitude puisque lesfameuses règles compliquées sont appeléesà évoluer.

Avec l’idéologie de la « retraite à la carte »,chaque assuré devient un cas particulier quiest rendu « responsable » de sa retraite. Le« bon » assuré fait les « bons » choix, parexemple, il va travailler plus longtemps pouravoir une meilleure pension. Le « mauvais »assuré est une sorte de « passager clandes-tin », qui, avec sa carrière courte, sa pénibi-lité au travail, sa situation de chômeur, ne« veut » pas travailler plus longtemps, etespère « profiter » du système (autrefois,

dans un autre monde, on aurait dit qu’ilcomptait sur la « solidarité » des autres assu-rés), mais qui grâce à la vigilance de nosréformateurs est sanctionné par la doublepeine (décote et 41 annuités).Dans ce monde imaginaire du « libre choix »,les contraintes sociales ont disparu ou sont lesmêmes pour tout le monde.Ce qui est en question, ce ne sont pas desrègles collectives, des normes sociales, deschoix politiques, non, la question, c’est vous. �

Réforme Fillon dans la fonction publique

40 %

30 %

20 %

10 %

Taux de pension à 60 ans avec 37,5 annuités80 %

70 %

60 %

50 %

0 %2003

75 %

61 %53 %

2012 2020

Depuis près de 25 ans, avec l’avènement du néo libéralisme, le discours dominant s’emploie à présenter le démantèlement dindividuelles de mise en concurrence. Le système des retraites n’y échappe pas. Passage en revue de quelques-unes de ce

« Des réformes équitables » Mais pour qui ?

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1993Réforme Balladur du régime général.15 ans après, les pensions ont diminuéde 20 %. C’est la première remise encause majeure des droits à retraite.Ceux-ci avaient enfin permis que letaux de pauvreté des retraités, 27 % en1970, rejoigne celui des salariés (6 %).

La loi Boulin porte letaux plein du régimegénéral à 50 % pour150 trimestres cotisés.

1971Les régimescomplémen-taires au régimegénéraldeviennentobligatoires.

1973Le droit à retraite durégime général estabaissé de 65 à 60 ans.Une décote est créée pourceux qui partant avant65 ans ne totalisent pas150 trimestres.

1983Livre blanc de Rocard

1991

« Inévitable » Allonger la durée d’activité

« Impossible » Accroître le financement

Pour imposer l’allongement de la duréed’activité, le gouvernement manie l’ar-gument du déséquilibre croissant du

système de retraites, le déficit estimé attei-gnant un niveau alarmant à l’horizon 2050 :3,1 % du PIB, soit l’équivalent de 125,5milliards d’euros 2006.Or, ces besoins de financement viennentd’être revus à la baisse par les dernières pré-visions du COR. Des gains d’espérance de

vie moins élevés, une évolution plus favo-rable de la fécondité et du solde migratoireramènent le déficit attendu à 68,8 milliardseuros, soit 1,7 point de PIB en 2050.Néanmoins, malgré ces nouvelles données,gouvernement et patronat s’entêtent à vouloirimposer un nouvel allongement de la duréed’activité, comme s’il n’existait aucun autrelevier d’action.Avec des prévisions démographiques pour-tant plus défavorables, les simulations effec-tuées en 2001 par le COR avaient à l’époquemontré qu’un maintien de la durée d’activitéà 37,5 annuités pouvait être financé par uneaugmentation d’à peine 0,4 point/an des coti-sations versées.Dans un contexte de croissance même modé-rée du PIB (avec des gains de productivité

évalués à 1,8 % en moyenne par an, les pré-visions du COR tablent sur un doublement duPIB à l’horizon 2050), une répartition diffé-rente de la richesse produite (la part dessalaires dans le PIB a baissé de 7 pointsdepuis le début des années 80), une remise encause des niches sociales dont bénéficient lesentreprises (évaluées à 1 point de PIB par laCour des Comptes en 2006), augmenteraientla masse des cotisations et permettraient decouvrir les besoins de financement.Aucun déterminisme économique ne peutjustifier le choix de l’allongement commevariable d’ajustement. Mais gouvernement etpatronat s’opposent à l’accroissement dufinancement, préférant multiplier nichessociales et fiscales au détriment de la col-lectivité.Malgré les sacrifices imposés aux salariés, lerefus de consacrer une part croissante de larichesse produite au financement des retraitesface à une population qui vieillit, ne peutdès lors générer qu’un creusement des inéga-lités et déboucher sur l’appauvrissement dela plupart des retraités. �

L’allongement de la durée d’activité pré-conisée par la réforme Fillon repose surune idée apparemment toute simple : on

meurt en moyenne plus tard, il faudrait donctravailler plus longtemps pour compenser lepoids que les gains d’espérance de vie fontpeser sur notre régime de retraite.C’est oublier ou feindre d’ignorer que lesvariables démographiques ne suffisent pas àdéterminer l’équilibre d’un régime de retraite,y compris par répartition : taux d’emploi, évo-lution des salaires, niveau de cotisations sontautant d’éléments constitutifs de l’équilibred’un régime de retraite et de leviers sur lesquelsil est possible d’agir.Dans un contexte de chômage massif, allongerla durée d’activité pour augmenter le nombrede cotisants est une solution inefficace: 54 %seulement des 55-59 ans ont un emploi, et60 % des actifs sont privés d’emploi aumoment où ils partent en retraite.Tandis que les dispositifs de gestion des fins decarrière ont été considérablement dégradés,

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que les négociations sur la pénibilité du travailrestent bloquées, l’allongement de la duréed’activité pour une retraite à taux plein va àl’encontre de l’aspiration de nombreux salariés(cf. le succès du dispositif longues carrières),et n’aboutit en pratique qu’à une baisse duniveau moyen des pensions et à une fragilisa-tion du compromis intergénérationnel.Alors que le partage de la richesse créée s’estfortement déformé au détriment des salariésdepuis le début des années 80, ceux-ci sont ànouveau sollicités tandis que leurs employeursrestent exonérés de tout effort contributif.Exhortés à travailler plus longtemps, sanc-tionnés par la baisse du niveau de leurs pen-sions, les salariés sont ainsi privés des retom-bées positives des gains de productivité surleurs conditions de vie.Au nom du bon sens « plus de cotisants, c’estmoins de retraités », la réforme Fillon masquele choix d’une régression sociale, d’un partagede la richesse qui exclut d’office ceux qui parleur travail ont contribué à la produire. �

Aucun déterminisme économique ne peut justifier le choix de l’allongement commevariable d’ajustement.

Les variables démographiquesne suffisent pasà déterminer l’équilibred’un régime de retraite,y compris par répartition.

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ement des systèmes de solidarité sociale comme inévitable, afin paradoxalement d’en sauver une part, et ce au profit de logiquess de ces fausses évidences, martelées sans relâche par l’idéologie conservatrice, mais qui ne résistent pas à l’analyse des faits.

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1999Rapport Charpin.

2000Création du conseild’orientation desretraites, chargéd’éclairer les enjeux.

2003Le projet de loi Fillon approfonditla réforme Balladur, impose auxfonctionnaires une augmentationdes annuités pour obtenir le tauxmaximum. Création d’une décote,qui pénalisera fortement les départstrop précoces au regard de la loi.

1997L’étude inter régimes du ministèrede l’Emploi et de la Solidaritéétablit que, pour la génération1930, le taux de remplacementdes salariés du privé est enmoyenne de 84 % quand il est de77 % pour les salariés du public.

1995Echec de la tentative decréation d’une caisse deretraites pour lesfonctionnaires de l’Étatprévue par le plan Juppé.

Entretien

« Partir dès que possible »Dominique Cau-Bareille est ergonome. Dans le cadre du CREAPT*, elle effectue une recherche

financée par le COR sur les fins de carrière des enseignants.Pour le secondaire, elle a travaillé sur la base d’entretiens semi-directifs

avec 25 professeurs de collège de plus de 50 ans.

L’US Mag : Qu’est ce qui a motivé votrerecherche ?Dominique Cau-Bareille : Au moment où l’on parlede retarder l’âge de départ à la retraite, comprendre cequi se joue dans les dernières années de vie profes-sionnelle est très important. Cette question est d’autantplus d’actualité que l’on constate que dans leur majo-rité les salariés, quels que soient les secteurs d’activité,souhaitent partir dès que possible. Élucider la problé-matique des fins de carrière, c’est à la fois identifier lesmécanismes de régulation mis en œuvre par les enseignants dans leuractivité professionnelle, leurs stratégies d’aménagements du tempsde travail, leurs choix pour tenter de préserver leur équilibre, leur santéou leur bien-être : passer à temps partiel, prendre la retraite anticipée,prendre sa retraite à l’âge prévu ou prolonger.

L’US Mag : Quels sont les éléments qui participentau désir de partir précocement ou de continuer à temps partiel ou à temps plein ?D. C.-B. : L’hypothèse construite dans une perspective ergono-mique est que ces choix dépendent à la fois de leur trajectoire pro-fessionnelle, de leur propre évolution (formation, motivation,santé...) et des évolutions du système de travail dans lequel s’estdéroulé leur parcours professionnel durant les 30-40 dernièresannées. Les parties prenantes de ce système de travail qui défi-nissent les conditions de travail des enseignants sont d’une partl’institution avec ses règles, ses contrôles, ses nombreuses réformes,les collègues en référence à la dimension collective du travail, etd’autre part les personnes auxquelles ils s’adressent, les élèves biensûr avec qui se joue la relation de formation et leurs parents.

L’US Mag : Même si votre recherche est encore en cours,pouvez-vous nous donner quelques éléments ?D. C.-B. : On note d’abord des stratégies d’aménagement dutemps de travail et du contenu du travail visant à limiter la chargede travail, souvent perçue comme lourde, vu l’accroissement deseffectifs des élèves par classe, l’augmentation des tâches admi-nistratives, les heures supplémentaires. Ainsi, de nombreusesstratégies progressives de retrait concernent les activités connexesà la situation d’enseignement : certains ne veulent plus être pro-fesseurs principaux, responsables de niveaux, participer à desateliers à la pause de midi, etc.C’est aussi un refus fréquent de faire des heures supplémen-taires, justifié par une fatigue plus importante pour assurer un ser-vice à temps plein en fin de carrière, quitte à se mettre en CPA siles injonctions des établissements sont trop fortes. Une autremanière de limiter la charge de travail, est la volonté de plus en

plus marquée de ne travailler que sur deux niveaux de classes. Aborder la question de la charge de travail, c’est aussi mettre aucœur du débat le rapport aux élèves et aux parents. Les enseignantssont unanimes pour dénoncer beaucoup plus de difficultés que dansle passé – à faire travailler les collégiens qui ont « de moins enmoins le sens de l’effort », des problèmes d’attention –, et à gérerl’hétérogénéité des classes. Les enseignants ont le sentiment que les élèves collaborent beau-coup moins que par le passé à l’enseignement : « Aujourd’hui, c’estquand même devenu extrêmement difficile d’arriver à motiver cesjeunes sur des objectifs de travail » regrettait l’un deux. Les ensei-gnants sont donc pris dans des exigences contradictoires : d’un côtédes élèves concrets, au rapport difficile avec le travail, de l’autre côtédes programmes qui préconisent l’enseignement des concepts abs-traits – et ceci dans un temps de plus en plus compressé. Cela génère un coût d’autant plus important que les enseignantsavancent en âge de telle sorte qu’ils sont conduits à adopter troisstratégies très douloureuses en fin de carrière : – déployerencore plus d’énergie dans le rapport aux collégiens pour cap-ter leur intérêt, – faire un maximum de travail en classe avec lesélèves sachant qu’ils s’investissent très peu à la maison, – etrenoncer à un niveau d’exigence estimé important du fait de leurexpérience professionnelle pour maintenir l’identité d’une dis-cipline, pour en préserver les fondements. Une amputation del’activité source de souffrance, de désespérance de certains,dans un contexte où les collectifs de travail se délitent « Ils neme méritent pas, ils ne méritent pas les efforts que l’on peut fairedans leur direction ». Ce renoncement est d’autant plus difficilequ’il est souvent associé à un sentiment d’impossibilité demaintenir un travail « de bonne qualité », posant la question del’identité professionnelle. Un sentiment qui peut être à l’origined’un désir de quitter un métier où l’on ne se retrouve plus, oùles renoncements deviennent trop conflictuels. Mais il ne s’agitlà que d’éléments globaux et partiels qui nécessitent encorebien des approfondissements.

* Centre de recherches et d’études sur l’âge et les populations au travail.

De nombreuses stratégiesprogressives de retrait concernentles activités connexes à la situationd’enseignement : certains ne veulentplus être professeurs principaux,responsables de niveaux, participerà des ateliers à la pause de midi, etc.

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2008

Manifestation nationale à Paris.Mais la CFDT, la CGC et la CFTC venaientde signer le 15 mai un accord avec legouvernement. Fillon peut faire adopterla loi, en y incluant des concessionsqui ne remettent pas en cause la logiquerégressive de l’ensemble.

25 mai 2003Le gouvernement devrait faireconnaître ses choix pour lerendez-vous de 2008. Il a déjà faitsavoir que, pour lui, l’allongementde la durée d’assurance à 41 ansen 2012 n’était pas négociable.

Mi-avril 2008

Pour la FSU, lerégime de retraitespar répartition doit

être amélioré pour prendreen compte les nouvellessituations (études, emploi,conjugalité ou parenta-lité...). De nouveaux droitssont donc indispensables.

La FSU revendique laprise en comptegratuite d’études pourla durée d’assuranceL’allongement de la durée des études répondaux besoins de la société. Mais l’entrée plustardive dans l’emploi rendra impossible pourde nombreuses professions un départ à 60 ansavec une retraite à taux plein. Le rachat actueldes années d’études, très onéreux, ne peutêtre une solution.La FSU revendique également la validation despériodes de précarité qui pèsent lourdement surle niveau des retraites.

La FSU exige le rétablissement desbonifications pour enfants sans conditionElles ont été supprimées pour les enfants nés àpartir du 1er janvier 2004, et les nouvelles moda-lités pour les enfants nés avant 2004 excluentde nombreuses situations. Or les femmes sontpénalisées dans leur carrière par l’éducation desenfants qui leur incombe de fait majoritaire-ment. Les congés parentaux et temps partiels dedroit sont le plus souvent pris par les femmes.Dans la fonction publique, la loi instaure laprise en compte gratuite des périodes non tra-vaillées dans la limite de trois ans pour lesenfants nés ou adoptés à partir du 1er janvier2004, mais pas pour les enfants nés avant cettedate. La FSU revendique également l’extensionde cette mesure, des droits nouveaux pour ceuxqui ont élevé seuls leurs enfants. La réversiondoit être étendue aux couples pacsés.

La FSU demande la reconnaissancede la pénibilitéL’usure amène nombre de personnels à vou-loir « partir dès qu’ils le peuvent », souventau détriment de leurs droits à la retraite. Cer-taines catégories peuvent partir à 55 ansmais, pour la majorité, il n’y a aucune priseen compte de la pénibilité, de la dangerosité,des horaires décalés, qui devraient ouvrir ledroit de partir en retraite avant 60 ans. Ilfaut aussi envisager de nouvelles formes

d’exercice des métiers prenant en compteles âges et les expériences acquises, et déve-lopper des perspectives de mobilité.

La FSU souhaite une véritable CPADepuis la loi Fillon, les modalités de la ces-sation progressive d’activité (CPA) ne per-mettent plus cette transition activité /retraite.La FSU souhaite de nouvelles modalitésreprenant les aspects positifs de l’ancienneCPA et avançant d’autres propositions pourl’améliorer et l’assouplir, en fonction desbesoins.

Accroître les financements :c’est possible et nécessaire Pour la FSU, il faut accroître la part de lavaleur ajoutée destinée aux salariés. Lesrégimes de retraite sont financés par des coti-sations prélevées sur les salaires, mais desévolutions dans leur mode de calcul sont néces-saires pour une plus grande justice sociale.La taxation des revenus financiers et des patri-moines doit permettre d’inscrire plus de soli-darité dans le financement. �

La FSU estime que seul le système par répartition garantit sur le long terme unniveau de retraite lié aux revenus d’activité et la solidarité entre les générations. Ainsila parité de niveau de vie entre actifs et retraités était globalement réalisée à la findes années 80. La FSU est attachée au code des pensions dans la fonction publique. Ellese bat contre toutes les régressions en cours et à venir, et se prononce pour le droità un départ en retraite à 60 ans avec un taux de remplacement de 75 %, soit 37,5 annuitéspour une retraite complète.

Que revendiquentles autres organisations syndicales ?

Tous les syndicats sont hostiles à l’allongement de la durée de cotisations à 41 ans, mais avecdes nuances. Si la CGT, Solidaires et FO le refusent clairement, la CFDT estime que cet allon-gement ne peut se réaliser aujourd’hui en raison du faible taux d’activité des seniors. Tous exi-gent que soit stoppée la dégradation du taux de remplacement, tombé à 43 % du salaire brut pourle régime général du privé, sans forcément en tirer les mêmes enseignements.Pour le Medef, l’augmentation de la durée de cotisation est peu efficace car, selon lui, les salariésanticipent leur fin de carrière et se « démotivent ». Il plaide donc pour un relèvement de l’âge légal,de 60 ans à 62 ou 63 ans.En terme de financement, la CFDT estime qu’il faut une hausse des cotisations vieillesse conco-mitante à une baisse des cotisations Unedic (dont le régime est excédentaire) ; la CGT et FO esti-ment que cela ne suffirait pas et que l’indemnisation des chômeurs en subirait les consé-quences. Les deux syndicats proposent une taxe sur les bénéfices non réinvestis (FO), unecotisation employeur sur la valeur ajoutée (CGT).

13 mai 2003Plus d’un million demanifestants à l’occasiond’une journée de grève dansla fonction publique.

Que voulons-nous ?

Pour des retraites solidaires

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Commander à :Institut de recherches de la FSU,

204, rue Romain-Rolland,93260 Les Lilas, [email protected]

INRP, vendredi 16 maii

ColloqueOutils conceptuels didactiquespour l’apprentissage de la langueétrangère, du français et desmathématiques en Sixième :aspects théoriques et mise enœuvre pédagogique.

Vendredi 16 mai 2008de 9 h 30 à 17 h 30 à l’INRP, LyonCette quatrième journée d’étudess’adresse à tous ceux qui s’inté-ressent à la didactique des languesétrangères, du français et desmathématiques en milieu scolaire.Elle est organisée par l’équipe derecherche INRP-ICAR « De l’école aucollège : Enseigner / Apprendre unelangue étrangère en Sixième »(coord. L. Audin).Professeur invité : Danielle Bailly,professeur émérite de linguistique(UFR d’études anglophones, Univer-sité Denis Diderot, Paris 7).Inscription gratuite avant le 9 maià [email protected](Préciser nom, prénom, courrier,fonction précise, institutiond’appartenance, lieu d’exercice,discipline).

14 et 15 mars à Parisi

Le colloque surles Questionssocialement vives enhistoire géographieDans un contexte où les programmesdeviennent eux-mêmes une ques-tion sensible, le thème du colloque futd’une actualité quasi brûlante.Il fut donc une belle occasion deréunir plus de 160 collègues autourd’historiens, didacticiens, ensei-gnants et chercheurs à l’INRP, tra-vaillant autour de ce thème.Conférences et ateliers qui se sontsuccédés pendant ces deux jours ontpermis de poser les enjeux de cessujets dans l’enseignement de l’his-toire géographie.Nous remercions les participants del’intérêt qu’ils ont montré tout aulong du colloque, nous donnant àpenser qu’il était parvenu à son but :rassembler la profession, réfléchirensemble sur les finalités de notrediscipline, reprendre en main notremétier en maîtrisant les probléma-tiques qui traversent l’histoire et lagéographie enseignées.Dès maintenant, certains documentssont en ligne sur le site :http://www.snes.edu/observ/spip/spip.php?article3672.Et prochainement, un compte renduplus détaillé du colloque. Les actesdevraient être publiés d’ici la fin del’année.

28 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

MÉTIERCIRCULAIRE DE RENTRÉE 2008

DéréglementationL

’organisation de la rentréeest traditionnellement cadréepar une circulaire à destina-

tion des recteurs. Celle pour2008 qui vient d’être publiée auBO n° 15 du 10/4/2008, sansaucune concertation préalable,passe sous silence toute forme derecommandations pratiques.Seules les orientations politiquessubsistent, déclinées en 10 prio-rités. Les établissements devrontdonc « faire » avec leurs moyensdans le contexte de suppressionsmassives d’emplois, même ens’affranchissant de la réglemen-tation en vigueur. Le texte estun condensé des choix idéolo-giques inscrits dans le désenga-gement de l’État et la réductiondes dépenses publiques : orien-tation fondée sur la seule décou-verte de l’entreprise et l’orien-tation active, nouveau dispositifd’alternance pour les élèves àpartir de 15 ans (DIMA), réduc-tion de l’éducation prioritaire auplan Espoir Banlieue, dévelop-pement du bac pro 3 ans et

extension des labellisations« lycées des métiers », exten-sion des classes bilangues etmise en place, « dans la mesuredu possible », des groupes decompétences en LV, introduc-tion d’un enseignement d’his-toire des arts, assouplissementde la carte scolaire, généralisa-tion de l’accompagnement édu-catif avec tous les risques d’ex-ternalisation...Certaines orientations, commepar exemple l’« avancée signifi-cative de la parité filles garçonsdans les séries scientifiques ettechnologiques », relèvent del’effet d’affichage. Ainsi il nesuffit pas de déclarer que lenombre d’emplois d’enseignantsréférents doit être à la hauteurdes besoins, qu’une formationdoit être offerte aux AVS ou unappui pédagogique aux ensei-gnants pour que la qualité de lascolarisation des élèves handica-pés soit garantie. De même,comment croire que la lutte« contre toutes les violences et

toutes les discriminations, notam-ment l’homophobie » est unepriorité absolue quand les éta-blissements perdent tant d’adulteset que les choix opérés dans lesnouveaux programmes de col-lège ne permettent pas « deprendre conscience des discrimi-nations, de faire disparaître lespréjugés, de changer les menta-lités et les pratiques » ?En revanche, rien n’est dit surles contenus, la mise en œuvre oule bilan des réformes (ST2S, STGpar exemple).La circulaire prétend par ailleursredorer, de manière artificielle,l’image de la France à l’occasionde la présidence française del’Union européenne.Ce ne sont pas des établissements« pavoisés » aux couleurs del’Europe, une journée « Fête desLangues », une semaine de« l’Europe à l’école » qui serontde nature à gommer les effetsdésastreux de la rentrée 2008. �

Roland [email protected]

Les projets de programmesd’arts plastiques, éducationmusicale, lettres, histoire-géo-

graphie, technologie et EPS serontsoumis à consultation de la pro-fession du 21 avril au 9 juin, surle site Eduscol. Aux mêmes dates,une consultation en ligne est aussiannoncée pour les programmesde mathématiques, physique,SVT : ils seraient de nouveau encours de toilettage « afin d’ensimplifier l’usage pour les ensei-gnants », ce qui nous fait craindreun allègement des contenus. La consultation durera « le tempsqu’il faudra », avait promis laDGESCO. Force est de constaterque ce temps sera court ! Le SNES a demandé que laconsultation ne s’effectue pas seu-lement en ligne, et que les col-lègues puissent être réunis. Il n’atoujours pas obtenu de réponse.À noter : certains groupes d’ex-perts chargés d’élaborer ces pro-

jets de programmes ont refusé derecevoir le SNES, alors que paral-lèlement certains groupes de pres-sion étaient reçus…Les collègues ont tout intérêt à sesaisir de cette consultation, afinque la confection des pro-grammes ne soit pas réservée àquelques experts. Les éventuellesréunions organisées par les IPRdoivent être l’occasion dedébattre des contenus, de leurfaisabilité, de proposer amende-ments et réécritures, et non pas

de réfléchir simplement à leurmise en œuvre.Les contenus enseignés sont unvéritable enjeu de culture com-mune, c’est pourquoi le SNES adécidé d’élaborer sa propre consul-tation dans toutes les disciplines(suppléments à L’US et consulta-tion en ligne sur le site des obser-vatoires : http://www.snes.edu/observ/spip/). �

Sandrine Charrier,Valérie Sipahimalani

[email protected]

PROJETS DE PROGRAMMES DE COLLÈGES

Coup d’envoi de la consultationen ligne

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CPE Audience au ministèreU

ne délégation du secréta-riat de catégorie CPEaccompagnée de Daniel

Robin (cosecrétaire général) aété reçue le 16/04 au ministèrede l’Éducation par la sous-direc-trice de la Direction Généralede l’Enseignement Scolaire. LeSNES avait vivement sollicitécette rencontre suite aux décla-rations du directeur M. Nem-brini sur RTL, faisant état d’untravail de réécriture de la circu-laire de fonction des CPE(1982).Sur ce point précis il nous a étérépondu que les propos tenusavaient pour objet d’évoquerplutôt la formation des CPE...Nous avons souligné que leSNES n’accepterait pas que lecontenu du cahier des charges

Le SNES avait vivement critiquéle nouveau dispositif du cahierdes charges IUFM : évaluation

par compétences très réductrices,alourdissement du service des sta-giaires, absence de prise en comptede la spécificité des certifiés docu-mentalistes et des CPE. Le minis-tère avait promis l’élaboration d’an-nexes spécifiques. Le SNES a faitdes propositions sur les contenus deformation des enseignants docu-mentalistes, est intervenu sur cettequestion à deux reprises depuis sep-tembre au ministère mais les sta-giaires sont en cours d’évaluationsans qu’aucun texte ne soit paru.Dans ce contexte, l’IG EVS a faitdes déclarations qui ont suscitéinterrogations et réactions : « laconception d’une politique docu-mentaire, gérer et faire fonctionnerun système d’information docu-mentaire... relevant de la compé-tence 3 (maîtriser les disciplines etavoir une bonne culture géné-rale) ». Un peu succinct. Plusinquiétant, ce cahier des chargescomporte trois points inadaptés à laprofession de documentaliste :« Organiser le travail de la classe/Évaluer les élèves / Concevoir etmettre en œuvre son enseigne-

ment ». « Nous l’avons signalé auministère et la récente note de ser-vice permet de porter l’apprécia-tion ». Non concerné « pour cer-taines des dix compétences ». Cetteinterprétation du BO n’est pas fon-dée : le texte ne précise nullementque cette appréciation concerneraitles enseignants documentalistes.Après le protocole d’inspection, où« nous contribuons à la formationdes élèves », est-ce une nouvelle

tentative de remise en cause ducœur du métier de professeur docu-mentaliste ? Le sujet du CAPESexterne a suscité aussi beaucoupde critiques. Veut-on nous assimi-ler à des conservateurs de lamémoire institutionnelle ? La cir-culaire de 1986 est toujours le seultexte officiel qui définisse lesattentes institutionnelles par rap-port à la profession, avec commepremière mission celle d’assurer

« une initiation et une formationdes élèves à la recherche docu-mentaire ». Les stagiaires en docu-mentation doivent donc être évaluéssur leurs futures missions pédago-giques. Deux enquêtes du SNESont débouché sur le rappel de larevendication d’une inspection spé-cifique. On comprend toujoursmieux pourquoi. �

Le groupe [email protected]

soit un prétexte pour remettreen cause les missions actuelles etleur philosophie. Nous avonsrappelé notre attachement à voirpréserver le positionnementactuel des CPE qui leur permet

d’être des interlocuteurs recon-nus et crédibles pour tous lesacteurs de la communauté édu-cative, tout particulièrement lesélèves, leurs familles et les pro-fesseurs.

Le ministère s’est engagé àconsulter les organisations syn-dicales en préalable à toutemodification, affirmant qu’àl’heure actuelle seule la réflexionsur le cahier des charges IUFMse poursuivait. À propos du pro-jet de circulaire sur l’absen-téisme, nous avons protestécontre l’absence totale deconcertation préalable et sur laphilosophie du contenu qui tra-duit une vision principalementrépressive de ce phénomène.Nous avons un net recul duministère sur ce point. Forma-tion, missions et absentéisme :trois enjeux sur lesquels le SNESa toutes les raisons de rester vigi-lant ; les CPE peuvent comptersur lui. �

Catherine Gourbier

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DOCUMENTALISTES

Certifiés en documentation : non enseignants ?

Supplément au no 665 du 5 avril 2008 - US MAGAZINE - 29

30 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

L’œuvre d’Annie Ernauxrepose sur une exigence devérité et d’engagement dansle réel. Ainsi, son premierroman était aussi le dernier.Elle refuse depuis lors derecourir à la fiction et livreune écriture directe,faussement simple, quitraque les signes les plusconcrets de la réalité intimeet sociale, ce qui a fait d’elle,aux yeux de certains, unécrivain « scandaleux ».Une enfance dans un milieupopulaire, des études vécuesà la fois comme unelibération et une trahisondes siens : c’est le sens deLa place, ce portrait du pèrequi lui vaut le prix Renaudoten 1984, et d’Une femme,son pendant maternel.La vie d’une femme, de soncorps, de son désir, de sonaliénation : depuis Lafemme gelée jusqu’àL’événement, dans lequelelle raconte son avortementà l’âge de vingt ans, c’est leleitmotiv majeur qui parcourtl’œuvre essentielle d’uneenseignante de lettres dontles ouvrages sont aujourd’huilus dans le monde entier.À travers les expériencesles plus intimes (le désir,le deuil, la maladie) et leportrait des êtres les plusproches, elle interroge ainsila mémoire collective d’uneépoque et, en ce sens, Lesannées apparaît à beaucoupcomme le sommet de sonœuvre : chansons, films,livres, idées, événementspolitiques, des années 40 ànos jours, renvoient chacunà sa propre mémoire ;en parallèle, les souvenirsd’enfance et d’adolescencelivrent l’expérience la pluspersonnelle, ponctuée parl’évocation de photographiesd’Annie Ernaux auxdifférents âges de sa vie.Du grand art. Échange avecAnnie Ernaux autour de motsclés qui résument son œuvre.

AUTOBIOGRAPHIE« Aucun “je” dans ce qu’ellevoit comme une sorte d’auto-biographie impersonnelle – mais“on” et “nous” – comme si, àson tour, elle faisait le récit desjours d’avant. » (Les Années)J’ai eu conscience en écrivant celivre qu’il s’agissait d’une autreforme d’autobiographie. Mais jen’ai jamais fait d’autobiographieau sens strict, même si mesouvrages précédents étaient à lapremière personne. J’ai toujourseu l’impression que je me ser-vais d’un aspect de ma vie – larelation familiale, une passion,un avortement – pour creuserquelque chose qui relevait plus ducollectif que de l’intime. C’étaitl’intime pour dire en même tempsle collectif.Dans Les années, le « je » estcontenu dans le « on », le« nous », le « elle » et aussi, biensûr, à l’intérieur de l’écriture. Ence sens, c’est bien une autobio-graphie impersonnelle dont, je

crois, il n’y a pas d’exemple. Denombreux textes autobiogra-phiques balancent entre le « je »et le « elle » mais cette manièrede faire, à travers une vision à lafois intime et collective, n’existaitpas. Je me demandais si ce travailétait recevable, si le lecteur allaittrouver sa place. J’avais peur quece livre passe pour une expéri-mentation formelle et qu’il n’y

ait pas cette rencontre nécessaireavec l’histoire du lecteur.Bien sûr, je suis l’héritière de latradition autobiographique, maisje m’en démarque. Chez Rous-seau, le « je » est synonyme desingularité. Personnellement, jeveux faire passer dans la forme ceque j’ai de commun avec lesautres. C’est un parti pris et unedémarche qui s’ancrent dans toutmon travail. Cela s’explique parma rencontre avec les travaux dePierre Bourdieu. La lecture desHéritiers ou de La distinctiondans les années 70 m’a beaucoupmarquée. J’ai la convictionintime, philosophique, que l’iden-tité de l’être est formée de mul-tiples influences ; qu’elle est tra-versée par l’historique et le social.C’est une façon d’aller à l’en-contre de l’individualismeambiant.

CORPS« Mais nous n’étions pasadultes. La vie sexuelle restaitclandestine et rudimentaire,hantée par “l’accident”. Nuln’était censé en avoir une avantle mariage. » (Les années)Dès que j’ai songé à écrire, alorsque j’étais étudiante, j’avais enviede parler du plaisir féminin maisj’étais dans l’impossibilité de lefaire. À l’époque il était aussiimpossible d’en parler. DansL’événement, je raconte monavortement à vingt ans. Lesjeunes filles enceintes étaientconfrontées à une extraordinairesolitude. La seule solution était depasser par des circuits parallèles,par la clandestinité...

ÉCRIRE« Voie étroite, en écrivant, entrela réhabilitation d’un mode devie considéré comme inférieur,et la dénonciation de l’aliénationqui l’accompagne… je voudraisdire à la fois le bonheur et l’alié-nation. » (La place)L’écriture est pour moi un ins-trument de lutte et l’occasion dereplonger dans une matière col-lective faite d’images, de scèned’individus rencontrés.Cette veine sociologique et eth-

PORTRAITLa parution du nouveau livre d’Annie Ernaux, Les années, cette « autobiographie impersonnelle et collective », est saluéecomme un événement par la critique : synthèse des thèmes et des engagements qui sont les siens depuis Les armoires videsparu en 1974, Les années embrasse la vie de l’auteur d’un regard sans nostalgie où la mémoire commune et l’histoire d’unefemme se mêlent avec une intensité sans égale.

Les mots d’Annie Ernaux

« J’ai toujours

eu l’impression

que je me servais

d’un aspect

de ma vie pour

creuser quelque

chose qui relevait

plus du collectif

que de l’intime. »

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Supplément au no 665 du 5 avril 2008 - US MAGAZINE - 31

nologique me vient aussi sûre-ment d’un rapport à la littératurequi a dû me faire problème,considéré comme illégitime. J’aieu très tôt conscience, dans monitinéraire d’écriture, que le lan-gage n’a pas la même fonctionpour moi que pour une personneissue d’un milieu culturel privi-légié. C’est au travers du langageque s’effectue le changement demonde et de classe. L’écrituren’est pas quelque chose de donné.C’est une conquête. Je n’ai pasune vision enchantée des mots. Jeles considère comme une matière.Et certains mots, comme diraitEluard, me sont « mystérieuse-ment interdits ».

ÉTUDES« Plus encore qu’un moyend’échapper à la pauvreté, lesétudes lui paraissent l’instru-ment privilégié de lutte contrel’enlisement de ce féminin quilui inspire de la pitié, cette ten-tation qu’elle a connue de seperdre dans un homme… quilui fait honte. » (Les années)Il y a désaliénation, et en parti-culier du féminin, par les études,qui ont été une voie de promotionsociale. Mais cela s’inscrivaitdans un projet éducatif globaldans les années 50-60 : les étudesallaient apporter le mieux-être,le progrès matériel, « les enfantsen sauront plus que leursparents ». Plus personnellement,les études étaient un moyen degagner ma liberté, de ne pascompter sur le mariage et de pou-voir m’assumer.Pendant longtemps, on pensaitque les études empêcheraient lesfilles de trouver un mari et les ren-daient un peu folles. On disait decertaines, qu’elles « étaient alléestrop loin » ! C’était l’expression

d’une intériorisation de limitesnaturelles à ne pas franchir.

FEMME« Lutter pour le droit desfemmes à avorter, contre l’in-justice sociale et comprendrecomment elle est devenue cettefemme-là ne fait qu’un pourelle. » (Les années)Cette deuxième moitié du ving-tième siècle paraît miraculeusepour les femmes comme moi, quiont eu vingt ans en 1960. Imagi-ner alors ce que la femme seraitvingt ans plus tard était impos-sible. Il y a eu une accélérationextraordinaire. Entre mes vingtans et mes quarante ans, noussommes passés d’un siècle à unautre. Dans Les années, j’ai vouluretranscrire aussi l’histoire d’unegénération charnière qui est pas-sée de l’assujettissement du corpsà son exposition.

IMAGE OU PHOTOGRAPHIE« Toutes les images disparaî-tront… Elles s’évanouironttoutes d’un seul coup commel’ont fait les millions d’imagesqui étaient derrière les frontsdes grands-parents morts il y aun demi-siècle, des parentsmorts eux aussi. » (Les années)Je n’avais pas eu l’idée au départd’utiliser des photos dans Lesannées mais au final c’est ce quien fait la singularité. Les des-criptions de photographie me per-mettaient d’objectiver quelquechose du temps, de l’époque, dela condition sociale. J’ai porté unregard distancié sur ces photos. Jeles ai regardées et j’ai essayé deretrouver la mémoire de cet ins-tant ; à quoi pense cette enfant ?comment se représente-ellel’avenir ?

MAI 68« 1968 était la première annéedu monde... Rien de ce qu’onconsidérait jusqu’ici comme nor-mal n’allait de soi. La famille,l’éducation, la prison, le travail,les vacances, la folie, la publicité,toute la réalité était soumise àexamen... » (Les années)Je ne comprends pas qu’il y aitactuellement une telle chargecontre Mai 68, qui est réduit à« jouir sans entraves » et serait la

cause de la perte d’autorité desparents ou des professeurs. Il fautse replonger, du côté enseignantpar exemple, dans ces années-là :pour la première fois, on mettaiten question des pratiques quiétaient alors considérées commeimmuables. J’ai fait mes stagesde CAPES en 1966-67 et ondemandait simplement aux élèvesde reproduire ; il n’y avait aucunquestionnement sur le publicauquel on s’adressait, sur leursorigines sociales. En 1968, on faitsauter le couvercle du consente-ment, de l’assentiment, de lahonte qu’on ressentait quand leconcierge de la cité universitairenous surprenait dans le bâtimentdes garçons et nous disait : « C’estpas beau ce que vous faites, Mes-demoiselles ». 1968 s’est passé, ilne faut pas l’oublier, aussi dansles usines. On parlait d’autoges-tion. La parole n’était pas mono-polisée.

MÉMOIRE« Comme le désir sexuel, lamémoire ne s’arrête jamais.Elle apparie les morts auxvivants, les êtres réels aux ima-ginaires, le rêve à l’histoire. »(Les années)J’ai accompli dans ce livre untravail de remémoration dont lepoint de départ est un travail surdes images de ma mémoire maisqui vise à restituer le monde telqu’il était autour de moi. J’ai

cette faculté de pouvoir m’im-merger dans une période. C’estun travail mental d’oubli de soitotal. Je me suis par exempleplongée pendant plusieurssemaines dans ma mémoirede 1968.J’ai revu des conseils de classe,des élèves, des cours ; réentendudes collègues... et ensuite lesmots résument, synthétisent, sur-gissent. Je me souviens et je faisdéfiler les dates, les années.C’est à la fois moi dans lemonde et le monde à traversmoi.Vivre et vieillir, c’est se dire« qu’est-ce qu’il reste ? ». Il restece que l’on a fait mais au fondc’est impalpable. Même leslivres, c’est du « pratico-inerte »comme dirait Sartre. �

Propos recueillispar Carole Condat

et Alexis Chabot

« J’ai voulu retranscrire aussi l’histoire

d’une génération charnière qui est passée de

l’assujettissement du corps à son exposition. »

ACCÈS AU CORPS DES AGRÉGÉS PAR LISTE D’APTITUDE

L’effet de ciseauxDCGi

ClassespréparatoiresLe SNES est intervenu une nouvellefois auprès du cabinet du minis-tère de l’Enseignement supérieurpour que les professeurs ensei-gnant dans les classes DCG (diplômede comptabilité et gestion) bénéfi-cient des dispositions appliquéesen CPGE : maxima de service spé-cifiques, prime, pondérations... Ladirectrice adjointe du cabinet arépondu que le ministère souhaiterégler en effet toutes les situationsparticulières du post-bac des lycées(autres que CPGE et BTS).

Allocations familialesi

Une arnaque de plusÀ compter du 1er mai 2008, les règlesde majoration des allocations fami-liales versées seront modifiéesselon un décret en cours de parution.Actuellement, les allocations fami-liales sont versées aux familles,sans condition de ressources, jus-qu’à ce que les enfants aient20 ans ; elles sont majorées à 11 ansde 33,80 euros et à 16 ans de60,16 euros.Le gouvernement a décidé desupprimer ces deux majorationsau profit d’une seule, de 60,16euros, versée à 14 ans. Selon laCNAF, qui a émis un avis négatifsur le décret, l’économie sera de138 millions d’euros en annéepleine au détriment des famillesdont les allocations en moyennepasseraient alors de 4 918 eurosentre les âges de 11 et 20 ans à4 331 euros entre 14 et 20 ans. La règle consistant à ne pas ver-ser de majoration pour l’enfant leplus âgé d’une famille de deuxenfants est malheureusementmaintenue : il n’y a pas de petiteséconomies pour ce gouvernement !L’affaire de la carte famille nom-breuse sur laquelle le gouverne-ment à dû cependant reculer l’amontré récemment.Cette nouvelle mesquinerie ren-contre l’hostilité syndicale et celledes associations familiales. La FSUs’est adressée au ministre xavierBertrand pour demander le retraitde ce décret et réaffirmer son refusd’une mise d’une mise sous condi-tions de ressources des allocationsfamiliales, mesure envisagée par legouvernement.Attention : les dispositions ac-tuelles restent applicables auxenfants qui en bénéficiaient avantle 1er mai (y compris enfants attei-gnant 11 ans avant cette date). Ilsne seront donc pas concernés par lamajoration unique.

CATÉGORIES

32 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

Les bouleversements opérésdepuis 2005 par le ministèreont des conséquences désas-

treuses. L’attribution des avis parles chefs d’établissement et l’ins-pection s’effectue sans principe.Malgré l’important travail des élusdu SNES dans les CAP qui limitel’arbitraire et corrige des injus-tices, il n’en reste pas moins queles modalités de gestion imposéescontre l’avis unanime de toutesles organisations syndicales abou-tissent à priver d’une légitimepromotion des milliers decollègues. La dévalorisation denos métiers en est accentuée et estvivement ressentie.

SondageDans le récent sondage CSA/SNES, 2/3 des collègues considè-rent que l’augmentation des rému-nérations est une urgence et 83 %considèrent que la hors-classe doitdevenir un nouvel échelon dansune carrière type.Le ministre reste pourtant sourdsur le fond. Pire, les contingentsde promotion 2008 ne sont tou-jours pas arrêtés et le ministrerefuse même de s’engager surl’augmentation que nous avonsacquise l’an passé. C’est inaccep-table et en l’absence de contin-gents de promotion, il est de sur-croît impossible de réunir dans lesdélais prévus les CAPA des corpsà gestion déconcentrée (certifiés,CPE, PEGC, PEPS, PLP)*. Avecle SNEP, nous avons donc à nou-veau interpellé le ministère à l’oc-casion du CTPM du 17 avril.P.-Y. Duwoye, secrétaire général, aindiqué « qu’il ne se préparait aucunmauvais coup à ce sujet par rap-port à 2007 » mais aucune date n’aété donnée pour la publication desarrêtés interministériels. Il est grandtemps de passer aux actes et d’allerplus loin en augmentant encore de

La CAPN chargée d’examinerles propositions de nomina-tion du ministre, établies à

partir des propositions desrecteurs à l’issue des CAPA quise sont tenues ces dernièressemaines, devrait se réunir du20 au 22 mai prochains. Lescollègues retenus à l’issue desCAPA peuvent donc encore nousenvoyer la fiche syndicale accom-pagnée d’une copie du CV et dela lettre de motivation s’ils nel’avaient pas fait pour la CAPA.Le nombre de promotions pos-sibles est de 1/7 des titularisationsprononcées au 1er septembre 2007et dépend donc des postes mis auconcours en 2005-2006. L’effetde la baisse des postes mis aux

concours est donc différé de deuxans. Cette année, il se fait doncsentir très fortement avec 304 pos-sibilités(*) soit – 66 par rapport àl’an dernier et, la politique gou-vernementale s’étant poursuivieet amplifiée, cette baisse va sepoursuivre de manière certainesur les deux prochaines années etpeut-être plus si nos luttesactuelles n’aboutissent pas.Dans ces conditions, les recteurs,encouragés par le ministère, ontlimité le nombre de leurs propo-sitions et donc les nouvelles pro-motions, puisque de nombreuxcollègues antérieurement propo-sés et non promus faute de pos-sibilités suffisantes ont étécontraints d’être de nouveau can-

didats. La déception est doncforte parmi les collègues quiétaient parvenus à faire acte decandidature et à compléter leurCV malgré les nombreux bugs etles difficultés liées à I-Prof.La baisse des recrutements quiest engagée ne peut que heurter lademande forte et légitime dereconnaissance des qualificationspar un accès au corps des agrégéspar concours ou par liste d’apti-tude. Raison de plus pour s’en-gager dans les actions en courssur le budget et sur le métier. �Didier Pihoué, [email protected]

(*) Le détail et les évolutions par dis-ciplines ont été publiés dans L’USn° 662 du 8 février 2008.

HORS-CLASSES : L’accès à la hors-classe constitue pour la majorité des collègues laseule possibilité d’amélioration salariale en fin de carrière.

Promotions 2008 en stand bymanière significative les ratios.Le nombre de promotions est eneffet fixé par un ratio (PRO/PRO)appliqué au nombre de promou-vables (effectif du corps du 7e au11e échelon au 31 décembre 2007).L’amélioration du ratio PRO/PRO passant pour les certifiés de4,23 % à 5,37 %, pour les agrégésde 3,23 % à 5,70 % a permis l’anpassé d’augmenter respective-ment de 25 % et de 50 % lenombre de promotions. Ces tauxde promotion restent très infé-rieurs aux autres catégories de lafonction publique.

ExclusionsLes CPE comme les PEGC en ontété exclus, ce que le SNES adénoncé. Toutes les catégories, ycompris les CO-Psy qui sont privésde hors-classe, ne sauraient êtreécartées de mesures significativesen matière de débouché de carrière.

Il est temps que leministre entende lesdemandes que nousavançons pour recons-

truire des carrières attractivespour tous. �

Nicole Sergent

* N’oubliez pas de faire parvenir auxsections académiques du SNES la fichesyndicale de promotion. La CAPN desagrégés devrait se réunir début juillet.

Reconstruiredes carrières effectivespour tous

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MUTATIONS INTRA 2008

Après la fermeture des serveurs

Un document plus completsera publié en mai.1. Puis-je refuser une convoca-tion pour faire passer uneépreuve du baccalauréat ?Quand la convocation émane durectorat (SIEC pour la RP), vousdevez l’accepter, car l’évaluationfait partie des missions des ensei-gnants. Si vous êtes dans l’im-possibilité de le faire (erreur surla discipline, double convoca-tion..), mais aussi motif de santépar exemple, faites une démarcheauprès du rectorat en passant parvotre chef d’établissement. Leplus tôt est le mieux. Vous nedevez pas être convoqué si vousêtes stagiaire IUFM... Exigez tou-jours un ordre de mission écrit.

Contactez le SNES académiqueen cas de litige.Vous n’êtes pas en droit de refu-ser une convocation au motif quele centre d’examen est dans unétablissement privé, mais vouspouvez exiger qu’il n’y ait aucunsigne religieux dans la salle oùvous évaluez.2. Comment sont indemniséesles évaluations des épreuves enCCF et les TPE ?L’indemnisation de ces évalua-tions, réalisées en interne sou-vent, n’est pas explicite dans lestextes réglementaires. Les situa-tions varient donc d’une acadé-mie à une autre, voire d’un éta-blissement à l’autre : indemnitésrectorales, HSE... Les rectorats

tentent de limiter, voire de sup-primer ces indemnités, alorsmême que le nombre de situa-tions se multiplie (TPE, capacitésexpérimentales, expression etcompréhension orale en LV aubac STG, etc.).Le SNES rappelle que toute éva-luation pour le baccalauréat est lefait d’examinateurs qui doiventêtre rémunérés à ce titre. Il fautcontinuer à l’exiger. C’est uneraison de plus pour demander queles examinateurs soient extérieursà l’établissement. Calendrier du bac, autres ques-tions www.snes.edu ou http://www.snes.edu/clet/

Mireille Breton,[email protected]

QUESTIONS-RÉPONSES

Convocations au bac 2008

La fin de la période de saisiedes vœux (fermeture des ser-veurs SIAM via i-prof)

s’échelonne jusqu’au 28 avril,selon les calendriers rectoraux. Vérification du formulaire deconfirmation, pièces justificatives,procédures administratives...L’ensemble des informationsnécessaires a été publié dansL’US n° 665 du 5 avril dernier(p. 6) et est accessible en ligne surnotre site www.snes.edu, espace

« Mutations 2008 », rubrique« Mouvement intra ».

Ne pas oublier de retourner lafiche syndicale de suivi indivi-duel à la section académique duSNES concernée par ce mouve-ment intra. La fiche (US spéciale« mutations intra 2008 ») est aus-si téléchargeable sur notre site. Lafiche permet de mieux informerchacun de ses résultats : seulsles syndiqués et les collègues qui

nous l’ont envoyée recevront uneinformation personnalisée (barè-me, affectation proposée...). Nepas oublier de signer la formuleautorisant les élus à recourir àl’informatique. L’intérêt de cha-cun est donc de se syndiquer leplus vite possible et de conserversoigneusement le code et le motde passe figurant sur la carte syn-dicale. �

Christophe [email protected]

ÉPREUVE FACULTATIVEDE MUSIQUE AU BACCALAURÉATUn sujet (film d’Hitchcock)nécessite l’emploi d’une banqued’extraits vidéo et d’un lecteur DVDlors de l’épreuve.Dans certaines académies, ces« banques » sont crééescollectivement par les collègues etles IPR ; dans d’autres, les IPRdemandent à chacun de créer sapropre banque d’extraits sur unDVD, avec le risque que certainsformats vidéo ne soient pascompatibles avec le matériel prévule jour de l’épreuve !Le SNES demande quel’administration fournisse (sur DVD)une banque d’extraits au moinsacadémique, voire nationale.Il est inadmissible par ailleurs quel’administration demande auxexaminateurs d’apporter leurordinateur personnel pour fairepasser l’épreuve !Nous interpellons l’inspectiongénérale et la DGESCO.

Le bac est le faitd’examinateursqui doiventêtre rémunérésà ce titre.

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LE RAPPORT ANNUEL(1) DE L’OBSERVATOIRE DE LA SÉCURITÉ ET DE L’ACCESSIBILITÉ DES ÉTABLISSEMENTSD’ENSEIGNEMENT POUR 2007, à partir d’enquêtes et de bases de données renseignées par les établissements,pointe négligences, insuffisances et avancées dans un domaine de plus en plus vaste et réglementé.

Sécurité et prévention dansles établissements : où en est-on ?

34 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

FENÊTRE SUR LE RAPPORT ANNUEL DE L’OBSERVATOIRE D

Il veut peser sur les décideurs, donner auxusagers et aux personnels des moyensd’agir pour faire respecter leurs droits et

améliorer la sécurité et le bien-être de tous.

Structure métalliqueCe rapport annuel de l’Observatoire de lasécurité et de l’accessibilité constate desavancées mais encore beaucoup de pointspréoccupants : la sécurité dans les collègeset les lycées n’est pas encore entrée dans lesfaits. Quelques exemples :Constitué après l’incendie du collège detype Pailleron, l’Observatoire fait le bilan dela question des établissements à structuremétallique. S’il ne reste plus de « Paille-ron », il est néanmoins préoccupant que 49établissements répertoriés à bâtiments métal-liques n’aient pas fait mention de travauxmajeurs, à ce jour. Une enquête est en courspour obtenir des précisions sur leur situation.Qui dit sécurité dit d’abord sécurité incen-die. Et pourtant le taux d’avis défavorablesdes commissions de sécurité reste importanten lycée (plus de 16 % des établissementsayant répondu) : les installations techniquesne sont pas aux normes. Les exercices d’éva-cuation exigés par la réglementation ne se

font pas dans 1 collège sur 4, 1 lycée sur 4et 1 LP sur 3, ni les exercices de nuit dansles internats. C’est pourtant la responsabilitédu chef d’établissement qui est engagée.Si la connaissance des risques majeurs del’environnement progresse ainsi que l’éla-boration des plans de mise en sécurité(PPMS), il reste que la moitié des établis-sements situés dans des zones classées« risques technologiques » ne sont informésni des dangers encourus ni des mesures àprendre.Pour ce qui concerne plus directement la viequotidienne à l’école, un dossier importantsur les sanitaires dans les écoles élémen-taires met en évidence une question sou-vent occultée qui a des conséquences desanté publique.

PrioritéD’une manière générale, face à la quantitéde situations et de contraintes à gérer auquotidien dans un établissement scolaire,tout ce qui a trait à la sécurité, à la santé,à l’hygiène passe trop souvent au secondplan... jusqu’à ce que se pose un problèmeou que survienne un incident, voire unecatastrophe.

Il faut exiger du chef d’établissement quetout soit mis en place pour faciliter, pourles personnels et les élèves, l’appropriationdes exigences réglementaires. La commis-sion Hygiène et Sécurité a tout son rôle àjouer en ces domaines. La mise en sécuritédes personnes, le souci de leur bien-être autravail et dans la vie quotidienne de l’éta-blissement favoriseront la réussite des élèves.Les domaines de préoccupation sont nom-breux : les équipements sportifs, lesmachines, les produits dangereux à mani-puler, la formation aux premiers secours,les sanitaires, l’accessibilité...Ce dernier chantier est particulièrementimportant puisque la loi de 2005 sur le han-dicap fait obligation aux collectivités demener à bien pour le 1er janvier 2011 tous lesdiagnostics de mise en accessibilité concer-nant écoles, collèges et lycées, les travauxdevant être terminés avant le 1er janvier 2015.Les travaux multiples de l’Observatoire four-nissent une aide efficace sur de nombreuxsujets liés à la sécurité. Utilisez leurs res-sources. � Michèle Olivain

(1) Le rapport 2007 de l’Observatoire est dispo-nible sur http://ons.education.gouv.fr

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E DE LA SÉCURITÉ

Supplément au no 665 du 5 avril 2008 - US MAGAZINE - 35

L’Observatoire Nationalde la Sécurité

et de l’Accessibilitédes établissements

d’enseignement

Rapide historique1994 : Mise en place d’une Commission,présidée par M. SCHLERET, sur la sécuritédes établissements, en particulier à struc-ture métallique. Un premier rapport aété rendu public le 19 avril 1994, dénom-brant 7 % d’établissements à risque.

1995 : Création de l’Observatoire natio-nal de la sécurité des établissementsscolaires, par décret n° 1995-591 du 6mai 1995. Depuis, un rapport est remisannuellement au ministre de l’Éducation.

1996 : Le champ de compétence del’Observatoire est élargi aux établisse-ments d’enseignement supérieur, décretn° 1996-690 du 7 août 1996.

2007 : Les compétences de l’Observa-toire s’étendent aussi aux questions d’ac-cessibilité, décret n° 2007-1722 du 6 dé-cembre 2007.Sont concernés tous les établissementsscolaires du premier et du second degré,publics et privés sous contrat, ainsi que les

établissements publics d’enseignementsupérieur et les établissements relevantdu ministère de l’Agriculture.

Ces textes sont intégrés dans la partieréglementaire du Code de l’éducationLivre II, Titre II, Chapitre IX, articles D239-25 à D239-33.

Interview

L’US : Quel bilan tirez-vous de ces quatorzeannées à la tête de la Commission puis del’Observatoire national de la Sécurité ?J.-M. Schléret : En 14 ans, on peut mettreau crédit de l’Observatoire des progrèsnotoires dans le domaine de la sécuritéincendie. D’abord, un renforcement de laréglementation et une prise en compte del’état des bâtiments.En 1994, la situation était encore préoccu-pante, avec 7 % des bâtiments publics etprivés (1800 sur 30000) qui posaient pro-blème. Chiffre en dessous de la réalité, carles commissions de sécurité étaient moinsexigeantes qu’aujourd’hui.Par ailleurs, les collectivités territoriales ontconstruit, reconstruit ou rénové beaucoupd’établissements. Certes, le geste architec-tural a parfois primé sur la recherche de lasécurité – on en a vu les conséquences aumoment de la tempête, par exemple –, mais,talonnées par l’Observatoire dont c’est lerôle, les collectivités ont remédié à la situa-tion de la quasi-totalité des constructionsmétalliques, soit par reconstruction, soit parréhabilitation lourde.Mais il reste encore des points noirs dans lasécurité des constructions: la maintenance, lesuivi de l’entretien. Trop rarement pris encompte dès la conception, ils posent des pro-blèmes au quotidien d’entretien, de circulationd’élèves... L’Observatoire avait chiffré à aumoins 15€/m2 les provisions nécessaires pourrépondre à ces préoccupations… Il existe ence domaine de grosses disparités entre terri-toires: chacun aurait tout intérêt à mutualiserles connaissances et les pratiques.

L’US : Quelle est l’originalité de ladémarche de l’Observatoire pour l’Edu-cation nationale ?J.-M. S. : L’Observatoire a constitué unebase de données directement renseignée parles chefs d’établissement, en toute confi-dentialité. Cette base leur sert de tableaude bord et permet donc, dans un domainecomplexe, d’avoir une vision plus complètede la situation de leur collège ou lycée. Auniveau de l’Observatoire lui-même, la diver-sité des membres favorise le croisementd’expériences, de regards qui enrichissentses travaux. Cette interpénétration accroît laforce des recommandations qui sont expli-citées dans chaque rapport annuel et des

propositions de réglementation ou de for-mation qui y figurent.L’extension des missions de l’Observatoireà l’accessibilité, et aux problèmes de mise ensécurité pour l’accueil d’élèves handicapés,ouvre un grand chantier qui ne fait que com-mencer. La date butoir de mise en confor-mité est le 1er janvier 2015. D’ici là, l’Ob-servatoire insiste sur la rigueur de ladémarche : ne pas attendre, ne pas se pré-cipiter, engager dès que possible les tra-vaux, refuser les annonces démagogiquesmais imposer aux collectivités une pro-grammation contrôlée qui inclut les dia-gnostics et les modifications à intégrer pourrépondre à tout type de handicap.

L’US : Comment concevez-vous le rôle del’Observatoire dans le développementd’une « culture » de sécurité ?J.-M. S. : Il existe des textes qui rendent obli-gatoire une formation à la sécurité. Mais ondemande tout et encore plus aux enseignants,à l’école. Or c’est la société tout entière qui estconcernée par une vraie sensibilisation, parexemple au développement durable ou à laprotection : il faut une bonne évaluation desrisques, naturels, sismiques, technologiques,qui concerne l’école dans son environne-ment –, mais également terroristes (aspectsouvent tabou). L’école, en raison de laconcentration d’élèves et de l’impact média-tique d’une éventuelle situation de crise peutdevenir une cible privilégiée.Le premier rôle de l’Observatoire estd’abord un rôle d’alerte. Son indépendancelui permet d’agir sans dramatiser, mais sansminimiser – et sans compromission. Il inter-pelle chacun à son niveau de responsabilité,aussi bien les ministères que les parentsd’élèves, les responsables d’établissement oules représentants des personnels que les col-lectivités territoriales. En même temps, l’Ob-servatoire fournit une aide à tous les acteursde la sécurité : il élabore des démarchespour mieux informer, armer les responsableset coordonner les actions.L’Observatoire est donc une institution ori-ginale – enviée par nos voisins en Europe où,mis à part le domaine des risques majeurs,il n’y a pas de véritable coopération. Et enFrance, il reste encore beaucoup à faire...

Propos recueillis par M. Olivain et Th. Reygades

Jean-Marie SchléretPrésident de l’Observatoire national de la SécuritéVice-président de la communauté urbaine du Grand NancyPrésident du Conseil National Consultatif des Personnes HandicapéesAncien député (1993-1995) et ancien conseiller général de Meurthe-et-Moselle

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36 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

INTERNATIONALIEi

Enseignement supérieurLa réunion du Comité enseignement supérieurde l’Internationale de l’Éducation se tenait aucentre interuniversitaire de Dubrovnik, fondéen 1971. Le bâtiment a dû être reconstruit,après les bombardements serbes de 1991.L’enseignement supérieur croate est unsystème binaire, reposant sur sept universitéset dix instituts polytechniques quifonctionnent en complémentarité. Parmi lessujets abordés, le comité souhaite que despositions fermes en faveurs des financementspublics soient arrêtées et que soientclarifiées les limites des partenariats publicprivé. Trop souvent, les constructions ourénovations de bâtiments scolaires offrentdes conditions avantageuses aux entreprisesprivées, qui en font supporter les risqueséconomiques à la puissance publique.Le changement climatique est-il une questionsyndicale ?Au-delà de la dénonciation des entreprisespolluantes et de la valorisation desdémarches équitables, le syndicalisme doitinterroger ses propres pratiques(déplacements, photocopies) et intégrer lespréoccupations environnementales dans ladéfense des conditions de travail. Enfin,l’internationale de l’éducation coorganiseavec l’association européenne des étudiantsune grande campagne sur la mobilité desétudiants, http://www.letsgocampaign.net/.

Portugali

Marche de l’indignationÀ l’appel des syndicats FENPROF, FNE et dedix autres organisations, 100 000enseignants du pré-primaire à l’enseignementsupérieur parmi les 140 000 enseignants enposte ont manifesté à Lisbonne le 8 mars afinde protester contre la politique du ministèrede l’Éducation en matière de carrière. Enligne de mire, l’évaluation des enseignants.« Une attaque en règle contre la dignitédes enseignants » déclare Ana, militanteà la FENPROF.Rentrée 2007 : le ministère a mis en place unsystème d’évaluation avec introduction denouveaux critères rejetés par la profession. Ils’agit des progrès réalisés par les élèves etdu taux d’absentéisme des élèves. Cela s’estfait sans la moindre consultation préalableavec les représentants des personnels. Laforte mobilisation du 8 mars a permis dedébloquer en partie la situation. Le ministèreretire certaines modalités d’évaluation et desnégociations sont à présent entamées avecles syndicats dont la détermination semanifeste par le maintien de leur pland’action.

EURO MANIFESTATION DE LJUBLJANA

Pari tenuL

jubljana, samedi 5 avril. Ils ont voyagé enbus depuis l’Italie, l’Autriche, l’Alle-magne, la Slovaquie, la Pologne, la Hon-

grie, la Roumanie et la Bulgarie. Ou en aviondepuis la Belgique, la France, l’Espagne et lePortugal. Ils répondent à l’appel de la Confé-dération européenne des syndicats (CES)qui organise pour la première fois une Euromanif dans un pays récemment entré dansl’UE (2004). À l’offensive pour les salaireset le pouvoir d’achat. Non à la modérationsalariale prônée par les grands argentiers etpar la BCE (Banque Centrale Européenne).Augmenter les salaires, améliorer les condi-tions de travail : une priorité pour les tra-vailleurs européens. Les enseignants, dontune délégaton de la FSU, regroupés sous labannière du Comité Syndical Européen del’Éducation (CSEE), fédération de la CESpour le secteur de l’éducation, sont engagésdans cette initiative.11 h 30 : alors que les manifestants commen-cent à arriver dans la ville, une délégation estreçue par le Premier ministre slovène JanezJana. Ljubljana n’a pas été choisie au hasard.Un conseil informel (ECOFIN) des ministresde l’Économie et des Finances se tient àquelques kilomètres de la capitale et, desconclusions des travaux, ressort le même mes-sage : exhortation à la modération salariale.13 heures : sur la rue Linhartova le point derendez-vous du CSEE. Préparation du maté-riel, ballons, drapeaux, badges, banderoles etcasquettes. Ils sont 50 enseignants de Bul-garie, du syndicat SEB à rejoindre le cortègeen cours de préparation. Kounka rappelleque les luttes engagées par les enseignants ennovembre et décembre ont été dures : « Lesalaire moyen est de 170 euros, et on aobtenu une augmentation de 100 euros parmois, c’est encore insuffisant ».14 heures : sur la grande avenue Slovenskacesta, le cortège du CSEE, multicolore, mul-tinational (11 pays sont représentés) prendforme. Bannières du CSEE « Les enseignantspour l’Europe sociale ». Le soleil est de lapartie, l’ambiance détendue. On remarque les

ballons bleus des enseignants italiens de laFLC-CGIL. Les enseignants slovènes d’ES-TUS viennent compléter les rangs. 750 ensei-gnants au total. Pari réussi. Les enjeux natio-naux ont l’air comme transcendés.14 h 15 : départ de la manifestation. Un par-cours de 1,3 km pour rejoindre le podiuminstallé au centre ville. La délégation venue deRoumanie (FSLI + Spiru Haret) en impose depar son énergie « Tous ensemble, tousensemble » chantent les collègues roumains.Tout au long du parcours, on échange aussi surles mobilisations engagées au plan national.15 h 30 : à la fin du parcours, aux abords duPalais des Congrès, les responsables des syn-dicats se succèdent à la tribune après despauses musicales. Toutes les interventionssoulignent le besoin impérieux de poursuivreles luttes en cours afin de permettre à tous debénéficier des fruits de la croissance. Trentemillions de travailleurs en Europe, un sursept perçoit un bas salaire. On parle de plusen plus de travailleurs pauvres et les discri-minations salariales persistent.« L’écart salarial entre un homme et unefemme est de 15 % et rien n’indique que cetécart va diminuer » rappelle la CES.16 heures-16 h 30 : les manifestants vontrejoindre leur bus ou reprennent le chemin del’aéroport. « La participation remarquée desenseignants est un signe encourageant pourla vitalité syndicale du secteur, tant au niveaueuropéen que national » signale MartinRomer, secrétaire général du CSEE. Lesenseignants ont en effet formé la plus impor-tante délégation sectorielle européenne del’Euro manif. Cela s’explique avant tout parl’importance des enjeux de la manifestationdes enseignants qui sont eux aussi touchés deplein fouet par les politiques de rigueur sala-riale, d’austérité et de restrictions budgé-taires (suppressions d’emplois).L’Euro manifestation représente bien plusqu’une démonstration de solidarité entre tra-vailleurs européens. En avant pour uneEurope sociale. Le message est passé. �

Odile Cordelier

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35 000 manifestants

Supplément au no 665 du 5 avril 2008 - US MAGAZINE - 37

AFRIQUE-ASIE-AMÉRIQUE LATINE... Depuis quelques semaines, pas un jour sans émeutes contre la faim ou la vie chère,dans 37 pays en développement, particulièrement l’Afrique (Cameroun, Mauritanie, Burkina-Faso, Côte-d’Ivoire,Sénégal...), mais aussi l’Égypte, Haïti, le Mexique, l’Indonésie, la Thaïlande, le Pakistan, la Colombie, l’Argentine, etc.

Révoltes contre la faimL

e coût pour les pays en développementdes importations céréalières avait déjàaugmenté de 37 % en 2007, il augmen-

tera de 56 % en 2008. Les transports desdenrées alimentaires augmentent avec le prixdu baril de pétrole.L’effet, sensible dans les pays développés,est bien plus prononcé dans les pays endéveloppement où la part des revenusconsacrés à l’alimentation est de 50 à 60 %,contre 10 à 20 % dans les pays riches. Unesénégalaise disait avoir besoin de 5 000francs CFA au lieu de 2 000 il y a quelquessemaines pour faire son marché. Au Bur-kina Faso, l’huile est passée de 500 à800 francs CFA. Les révoltes de la faim prennent des formesspécifiques en fonction des situations natio-nales : émeutes avec pillages et morts(Haïti), actions coordonnées de coalitionsde la société civile contre la vie chère auBurkina Faso, qui a vu son activité para-lysée par une grève générale les 8 et 9 avrilà l’appel des syndicats, en tête desquelsla Confédération générale du travailburkinabé.Cette hausse des prix des produits alimen-taires a un impact dévastateur sur la sécuritéde nombreux peuples, sur les droits syndi-caux et sur les droits de l’Homme : l’arméedoit surveiller les champs et entrepôts enThaïlande et au Pakistan.

Sonnette d’alarmeLa FAO, agence de l’ONU pour l’alimenta-tion mondiale, avait déjà tiré la sonnetted’alarme à Rome en 2006 lors d’une confé-rence sur l’état de l’insécurité alimentairedans le monde. Causes mises en avant :l’augmentation de la population mondiale(de 4 milliards en 1975 à 6 milliards en2000), particulièrement en Inde et en Chineoù croît la consommation de viande, les dérè-glements climatiques et le développementde biocarburants.Pourtant, Jacques Diouf, directeur général dela FAO, constate qu’au stade du développe-ment actuel, la planète pourrait produire ledouble de l’actuelle récolte mondiale decéréales (déjà en hausse de 2,6 pour centpar rapport à 2007).Or 854 millions d’êtres humains sont gra-vement sous-alimentés. « Ce massacre quo-tidien par la faim n’obéit donc à aucunefatalité. L’actuel ordre du monde n’est passeulement meurtrier. Il est aussi absurde.Le massacre a bien lieu dans une normalitéglacée », déclarait Jean Ziegler, ancien porteparole de l’ONU pour l’alimentation, le8 avril 2008 lors du forum consacré à laquestion « quelle agriculture pour quellealimentation ? ».

LibéralisationLa libéralisation du commerce internationalentraîne l’accroissement de la spéculationsur les denrées alimentaires, facteur de haussedes prix, la dérégulation des tarifs agricoles ;les politiques des institutions internationales(OMC, FMI et BM) sont des causes déter-minantes des tensions actuelles. Pourcontraindre les pays du Sud au rembourse-ment de leurs « dettes », FMI et BM les ontpoussés à développer les cultures d’expor-tation au détriment des cultures vivrières,en ont fait des pays importateurs d’autantplus vulnérables que le prix du pétrole monte.Au Sénégal par exemple, le riz arrive deThaïlande (qui n’en exporte à l’heure actuellequasiment plus) alors que de grandes surfacessont en friche autour du fleuve. La situationactuelle risque d’empirer avec les accords delibre échange bilatéraux ou birégionaux (TLCTraité de libre-échange EU), ALE (Accord delibre-échange), APE (Accord de partenariatéconomique de l’Union Européenne) quipriviligient les intérêts des multinationalescontre celui des peuples.Les gouvernements contiennent la haussedes prix en abaissant les droits de douane etles taxes comme la TVA. Ils peuvent envi-sager de réduire leurs exportations alimen-taires. Ces mesures peuvent entraîner unenouvelle hausse mondiale des prix, tout enétant légitimes pour « sauver » les popula-tions à court terme.Selon Jacques Diouf, les cinq années à venirvont être difficiles. Le temps qu’il faut au Sudpour développer une souveraineté alimen-taire. L’aide au développement doit aug-menter et s’orienter davantage vers l’agri-

culture. Une conférence mondiale des paysdonateurs sur la sécurité alimentaire auralieu du 3 au 5 juin à Rome : elle vise àrecueillir 1,7 milliard de dollars : « La prio-rité sera d’organiser un transfert massif desemences et de fertilisants. Si les dirigeantsmondiaux ne prennent pas de mesures radi-cales, les émeutes s’étendront ».Comme les syndicats du Burkina Faso sousl’égide de la CGTB, au sein de coalitionscontre la vie chère, il faut organiser la résis-tance pour contraindre les gouvernements àremettre en cause le choix politique de lalibéralisation tous azimuts sous les auspicesdu FMI et de la Banque mondiale (BM), àprotéger les consommateurs contre les spé-culateurs qui se livrent à des trafics sur la qua-lité et la quantité des produits, à contrôler lesprix des produits de grande consommation età relever salaires et pensions. Ils appellent àlutter avec l’ensemble des composantes de lasociété civile pour le droit à la souverainetéalimentaire : que chaque peuple puisse choi-sir son type d’alimentation et d’agriculture.Afin de réduire les conséquences désas-treuses des politiques de libéralisation et deprivatisation à l’extrême, l’assemblée géné-rale des Nations Unies a décidé de créer et derendre justiciable un nouveau droit del’Homme : le droit à l’alimentation qui va depair avec le droit de chaque pays à contrôlerles importations et le devoir de mettre fin àtoute forme de dumping alimentaire.Le G8 aura lieu à Okaïdo du 5 au 7 juillet :faisons en sorte que les dirigeants mondiauxprennent les mesures radicales qui stoppe-ront le massacre des populations du Sud parla faim. � Dominique Giannotti

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CULTURE Livres/Revues

À LIRENotre sélection� UN CLASSIQUE

Les deux auteurs se sont faitune spécialité de l’analyse desinégalités, de leurs interactionspour en déduire une descriptiondes classes sociales et des

groupes sociaux. Ils l’actualisent unenouvelle fois dans cette collection depoche qui se veut une encyclopédie denotre temps. Un « classique » per-mettant de prendre la mesure de notresociété et des combats nécessairescontre toutes ces inégalités socialesà commencer par l’école. N. B.• Le système des inégalités, Alain Bihr,Roland Pfefferkorn, Repères/La Découverte.

� UNE DÉFINITION CONTESTABLEL’Occident ? Une notion étrangequi n’est pas géographique maiscorrespond à un type de sociétéqui s’universalise – une des carac-téristiques fondamentales sui-

vant l’auteur de concept – sous le nomde mondialisation, avec la nouveautécomme deuxième composante et l’es-prit de critique comme troisième. Onest loin de la définition bushienne et desa notion de « défense de la démo-cratie » construisant un monde bar-bare, la face sombre de cette notion.Un petit livre qui fera réfléchir pourcontester ce « concept ». N. B.• L’Occident expliqué à tout le monde,Roger-Pol Droit, Seuil, 103 p.

� RIRE PHILOSOPHIQUELes blagues recèlent-elles desleçons philosophiques ? Peut-onillustrer les grandes questions pardes histoires se voulant drôles? Et

pourquoi font-elles rire ou sourire. Lesdeux auteurs se sont offert le luxe denous faire rire tout en proposantquelques lignes directrices d’interroga-tions pour présenter quelques philo-sophes importants. Le rire est une chosesérieuse. Ils le montrent. N. B.• Platon et son ornithorynque entrent dansun bar. La philosophie expliquée par lesblagues [sans blagues?], Thomas Cathcart etDaniel Klein, Seuil, 254 p.

� INTERROGATIONS EXISTENTIELLESDostoïevski déporté en Sibérie aurait luHegel, en compagnie de son gardien.Quelle œuvre? On peut imaginer. C’estce que fait Földenyi, théoricien de l’artpour dénoncer le gris envahissant notremonde, d’un monde qui ne sait plus s’ou-vrir aux autres refusant de se remettreen cause, d’accepter d’autres culturesque la sienne, celle de l’écrit, de cettehistoire se voulant rationnelle alors quejustement l’irrationnel, l’imaginationpermet la création. Une lecture de Hegelproblématique, fausse quelque fois maisle projet vaut la peine d’être défendu. Unpetit livre qui se relit pour essayer de

percevoir le message. N. B.• Dostoïevski lit Hegel en Sibérie etfond en larmes, Lazlo F. Földenyi, ActesSud/Un endroit où aller, 55 p.

38 - US MAGAZINE - Supplément au no 665

Cohn-Bendit prétend que Mai 68 c’est fini.Que nous avons gagné. Sans préciser lenous. Il a tort et raison. Raison parce que la

période ouverte s’est refermée dans lesannées 1980, tort par l’intermédiaire du dis-cours du candidat Sarkozy justifiant sa stratégieantisociale par le recours aux mythes associés à Mai 68. Ilétait donc nécessaire de faire un retour sur ces années. Deuxlivres-encyclopédies sur ces années soixante porteuses de révo-lution et de métamorphoses sociales le permettent. Le premier,La France des années 1968, traite dans l’ordre alphabétique,faisant se succéder Allemagne et Anarchismes, se veut complet,traitant à la fois des questions politiques, sociales, économiqueset idéologiques. Une somme. Concurrencé par 68 une histoirecollective (1962-1981), classant dans l’ordre chronologique cette fois les mêmes pro-blèmes. La confrontation permet de se rendre compte de l’actualité de cette période. Cha-cun des deux se situe dans cette période longue ouverte par Mai 68, se terminant dansla vague libérale des années 1980. Philippe Artières, un des responsables de ce livre,publie dans le même temps 1968 années politiques, ciblant son propos sur quatreimages, Gabrielle et Christian, Pierre Overney, les Vietnamiens et les paysans, manièred’entrer, pour la jeune génération, dans ces années apparaissant étranges et d’un autremonde. Henri Weber, ancien dirigeant de la LCR et actuel sénateur socialiste, en pro-

fite pour rééditer Faut-il liquider Mai 68? paru à l’occasion du trentième anniversaire. L’avant-propos origi-nal fait la part belle au discours du candidat Sarkozy pour signifier la nécessité du retour sur ces années. JeanQuellien et Serge David ont choisi de centrer leur description – photos à l’appui – sur Caen pour élargir notrechamp de vision trop souvent confiné à Paris. L’intérêt ici réside dans la révolte des ouvriers de la SAVIEM,la filiale poids lourds de Renault, en janvier de cette année-là. Un document nécessaire. � Nicolas Béniès• La France des années 1968, sous la direction d’Antoine Artous, Didier Epztajn et Patrick Silberstein, Syllepse, 901 p.;68 une histoire collective, sous la direction de Philippe Artières et Michelle Zancarini-Fournel, La Découverte, 847 p. ;Faut-il liquider Mai 68? Henri Weber, Le Seuil, 217 p.; Mai 68 années politiques, Philippe Artières, Éd. Thierry Magnier;Caen 68, Jean Quellien et Serge David, Éditions du bout du monde.

RETOUR VERS LE FUTUR

Mai 68 deuxième !

Archéologie, Histoire et Œuvres d’art

Exposition et catalogue de cette exposition, « Rome et les Barbares », combat plusieurs idéesreçues sur les guerres opposant l’Empire romain et ces peuples nomades, entre le Ier et leVIe siècle de notre ère. Les spécialistes réunis comme les objets représentés permettent de

tenter de mettre en place les pièces manquantes d’un vaste puzzle aux origines de notre histoireet de celle de l’Europe. S’il fallait en tirer une leçon, c’est que le brassage des populations, l’ac-cueil de l’autre, de l’immigré, est une chance essentielle pour la survie des civilisations et nonpas une remise en cause. � N. B.• Rome et les Barbares. La naissance d’un nouveau monde, catalogue de l’exposition au Palazzo Grassi àVenise, jusqu’au 20 juillet, Skira, 700 p., 890 illustrations en couleurs et 110 en noir et blanc, 80 euros.

Histoire, Mémoire, Souvenirs et Photographies

Paris sous l’Occupation continue de vivre. La Ville ne se préoccupe guère de ses occupants. Elleest hors du temps. André Zucca, bénéficiant de pellicules couleurs Agfa – les questions tech-niques sont expliquées par jean Baronnet – a réussi à figer des moments de cette vie. Une

manière de réaliser un travail de mémoire loin de tout pathos. Certes, l’auteur a travaillé pour desjournaux collaborationnistes et il est visible qu’il ne veut pas rendre compte des difficultés maisplutôt des mondanités, de la superficialité de cette vie. Pourtant, il est de ces photos assez remar-quables comme celles réalisées à Belleville en 1944. De plus, l’Occupant est omniprésent. Une expo-

sition à voir, un livre à consulter pour reconstruire le climat de cette période. � N. B.• Les Parisiens sous l’Occupation, photographies en couleurs d’André Zucca, Jean Baronnet pour les commentaires, préface de Jean-Pierre Azéma traçant les contours du contexte, exposition à la Bibliothèque historique de la Ville de paris, 22, rue Mahler, Paris 4e,jusqu’au 1er juillet, catalogue coédité par Paris bibliothèques/Gallimard, 176 pages, 200 illustrations, 35 euros.

LA LITTÉRATURE EXPLIQUÉEFolio publie une nouvelle collection, « Foliothèque », pour présenter des œuvres et desauteurs dans leur contexte et en perspective pardes références aux autres arts. Un moyen de fairecomprendre ces œuvres littéraires aux adoles-cents. Albert Camus se trouve particulièrementexposé, avec La Peste mais aussi Le Premier

Homme, le roman qu’il était en train d’écrire aumoment de sa mort, fortement autobiographique.Pierre-Louis Rey le commente en dressant le por-trait de cette Algérie dans laquelle a vécu Camus,des œuvres qui l’ont influencé, tableaux, poé-sie… Une sorte de renaissance.• Le premier Homme d’Albert Camus, commenté parPierre-Louis Rey, Folio thèque/Gallimard.

NOS COLLÈGUES PUBLIENT� ENSEIGNER !L’auteure, enseignante, envoyéedans un EREA (établissement régio-nal d’enseignement adapté) à Parisà la suite d’une mesure de cartescolaire, nous fait vivre intensémentsa première année d’enseignement avecces élèves franco-africains en grandedifficulté scolaire dont certains sont SDF,sans-papiers ou ne mangent pas à leurfaim, et qu’elle ne veut plus quitter.• Grand écart. Petites notes prises lesoir après la classe, Agnès Forette.La chambre d’échos. 93 p.http://www.lachambredechos.com

� PARTIR, MOURIR ?« Ceux qui brûlent » – Harraga –désignent, au Maroc, ceux qui met-tent le feu à leurs papiers avantd’émigrer. Khaled en fait partie etson parcours devient emblématique detous les émigrants obligés de s’en sor-tir par tous les moyens. Cette figurepermet à l’auteur à la fois d’exprimer sarévolte et de construire un polar curieux.• Harraga, Antonio Lozano, ÉditionsL’Écailler/L’atinoir, 153 p.

� INCONTOURNABLELa Petite Encyclopédie de Culturegénérale aspire à mettre en com-mun l’apport de l’histoire, de la phi-losophie politique, du droit, de lascience politique mais aussi de la litté-rature et des arts. En 600 articles, de«Administration » à « Zweig », elle pro-pose savoir factuel et analyse, complé-tés par citations et bibliographie.• Sous la direction d’Alexis Chabot, Édi-tions Ellipses, 1050 pages.

� RÉFLEXIONS SUR L’ESTHÉTIQUEComment concevoir la danse,la musique, le théâtre? Com-ment analyser cet espace ?Ouvert ou fermé ? Plastiquerépond l’auteur dans le sensde modeler, façonner cette

création qui se veut critique pour sedifférencier. Du coup se trouve interrogéle superficiel et son rapport avec lefonds, sorte de prolongement/remise encause de l’esthétique de Hegel cepen-dant qu’un mauvais procès est fait àMarx, comme trop souvent. Intéressanten ce que Michel Guérin pose de nou-veaux problèmes, ouvre de nouveauxchamps de réflexions. Aujourd’hui oùil semble bien que la création patine etpas seulement pour des questions definancement, il vaut la peine d’interro-ger toutes nos notions. N. B.• L’espace plastique, Michel Guérin, ÉditionsLa Part de l’Œil, Collection Théorie, 119 p.

� FAIRE DE L’HISTOIRECe livre, Des Anglais dans laRésistance, a été interdit de tra-duction par le gouvernement bri-tannique lors de sa parution en1966 pour ne pas froisser le

Général de Gaulle. Pourtant, commel’indique La grande vadrouille, le Spe-cial Operations Executive (SOE) a jouéun rôle essentiel dans les opérationsde la France libre. Cette histoire a étélongtemps tenue secrète. L’auteurpermet de l’appréhender. L’histoirede la Résistance reste à faire. N. B.• Des Anglais dans la Résistance, Le servicebritannique d’action, SOE en France 1940-1944, Michael R.D. Foot, Tallandier, 800 p.

� L’ART DU CONTELes histoires d’amour sont mar-quées par l’absorption de l’undans l’autre et de l’autre dansl’un. Peut-on en retrouver legoût ? Et quel en est le goût ?

C’est à ces questions et à d’autres querépond Bernard Quiriny, nous entraînantdans son monde avec ses règles, pasplus délirantes que celles de notremonde prétendument réel. La préface– fausse et vraie comme il se doit – deEnrique Vila-Matas permet aussi defaire connaissance avec cet auteur.• Contes carnivores, B. Quiriny, Seuil, 247 p.

� DE LA RÉALITÉ ET DE LA FICTIONComment se construit une fiction? Quelrapport entretient-elle avec la réalité?Avec la biographie de l’auteur? C’est àces questions que voudrait répondre –dans ces entretiens avec son éditeurZoltan Hafner – Imre Kertèsz, né en 1929et écrivain en 1961. Il a longtemps écritdans une petite chambre de bonne sousun régime qui ne pouvait pas le recon-naître, ni reconnaître ses histoires dedéportation. Il met en lumière la néces-sité de la fiction pour approcher uneautre réalité, celle qui se trouve au-delà

des apparences. Une grande leçonde littérature et de vie.• Dossier K., I. Kertèsz, Actes Sud, 205 p.

Notre sélection UN MONDE À DÉCOUVRIR

L’art du conteE

n France, où il s’était installé en 1951fuyant le péronisme – il ne sera naturaliséFrançais qu’en 1981 et par François

Mitterrand –, Julio Cortazar, l’un des plusimportants littérateurs du XXe siècle à l’instar de James Joyce, est un peuoublié dans notre pays. Son influence, pourtant, reste considérableaujourd’hui encore sur toute la littérature latino-américaine. Il a su uti-liser l’art particulier du « conte » provenant de la tradition sud-améri-caine, via notamment Borges – un maître argentin –, pour la transfor-mer de l’intérieur, en faire un labyrinthe pour le lecteur, à la fois pourle perdre et pour lui permettre de se retrouver en « coagulant » – le termeest de lui – les situations et les personnages. Il veut faire apparaître uneautre réalité derrière celle des apparences. Utilisant le fantastique au quo-tidien, celui que nous vivons lorsque nous dialoguons avec nos morts,lorsque le temps se distend sous l’effet d’on ne sait quel phénomène,pour nous balader dans des espaces-temps différents, organisés suivantd’autres paramètres de ceux du monde dit réel. Paradoxalement, il res-tera lié à Buenos-Aires, la Ville où il avait grandi – par un hasard despostes occupés par son père, il était né à Bruxelles, il en garderacomme un zeste d’accent – récupérant le langage de la rue, créant unvocabulaire et une grammaire spécifiques. Il veut aussi un lecteuractif, prenant en main son propre cheminement à travers l’œuvreécrite. Une œuvre ouverte. Au sens fort du terme. Sollicitant et l’ima-gination du lecteur et sa capacité à créer, proposant, suivant les moda-lités de lecture, plusieurs fins. Cette transformation de l’espace/tempss’effectuera à la fois à partir de Marelle, l’un de ses romans les plusaboutis, avec une troisième partie remettant en cause les deux premières,obligeant le lecteur à choisir son début. Et de la nouvelle – du conte –El Perséguidor traduit en français par L’homme à l’affût, mais à l’af-fût du futur, de ce qui ne s’est pas encore réalisé, de ce qui n’a pas étéjoué, écrit, dansé demain. À partir de là, il insistera beaucoup plus surles caractères, sur les trajectoires des êtres humains.La réunion, dans la collection Quarto, de toutes les Nouvelles, histoireset autres contes propose une série de lectures inépuisable. La première,la plus simple – apparemment du moins –, chronologique, pour suivreles transformations d’un style mais aussi des préoccupations de l’auteurpassant de l’esthétisme à des interrogations politiques. Le conte, L’hommeà l’affût, du recueil Les armes secrètes, représente une nouvelle orien-tation pensée par Cortazar, se faisant critique de son œuvre, une sorte dedédoublement à l’origine même de ce conte. La responsable de cette édi-tion, Sylvie Protin, propose d’autres itinéraires balisés par l’auteur quiavait transformé l’ordre de présentation pour leur donner une autresignification. Une nouvelle lecture devient possible, puis une troisième,une quatrième... – ainsi entraîné, le lecteur pourra dessiner son propreparcours – pour s’interroger sur notre propre attitude, sur notre univers,sur le monde qui nous entoure, pour faire surgir d’autres relations,d’autres manières de voir le monde, et pas seulement celui de Cortazar.Les clichés, tous les clichés volent en éclats, tous les discours tout faitset même les mots de tous les jours. Le temps lui-même ne sait plus oùil en est, ni comment il marche. Justement, chez lui, il ne marche pas,il se disloque. L’espace-temps se construit, c’est celui que nous voulonset non celui est imposé par les critères de la société bien pensante. Larévolte est première, c’est elle qui conduit toutes les interrogations.Il utilise l’écriture automatique des surréalistes et le jazz – qu’il dira avoirdécouvert en même temps –, la psychanalyse et la volonté d’étonner lelecteur pour le faire réfléchir, le faire sombrer à des hauteurs inespérées. Lire Cortazar, c’est retrouver une inquiétante familiarité. Pas seulementpour s’interroger, douter mais aussi pour prendre du plaisir à la lecture,pour découvrir de nouveaux horizons, un champ des possibles qui s’élar-git, luttant contre la marchandisation, contre la culture du résultat lié à celibéralisme ambiant destructeur de toutes les libertés de l’imagination. Révolte et imagination sont les deux mamelles de cette œuvre multipleet qui se veut multiple. Un appel à l’intelligence dans le même temps.Et ces contes sont sûrement la part la plus originale d’un écrivain ori-ginal jusqu’au bout de sa barbe. � Nicolas Béniès• Nouvelles, histoires et autres contes, Julio Cortazar, Quarto/Gallimard, 1100 p.

� APPRENTISSAGE DU FASCISME1969. Lycée de Palo Alto enCalifornie. À l’occasion d’uncours sur la Seconde Guerremondiale, Ben Ross, jeune pro-fesseur d’histoire, décide deprojeter à ses élèves un filmsur les camps de concentration. Àl’issue de la projection, partagésentre l’incompréhension et la stu-peur, les élèves font part de leursinterrogations : comment cela a-t-ilété possible ? Comment les Alle-mands ont-ils pu ignorer l’extermi-nation programmée de millions dejuifs? Il décide de mettre la classe àl’épreuve ou comment leur fairecomprendre, grandeur nature, lesmécanismes du nazisme. Sloganfédérateur, règles strictes, tenue irré-prochable, respect du chef, senti-ment de supériorité : en quelquessemaines, la classe du professeurRoss se transforme en un véritablegroupuscule fasciste qui fait régner laterreur dans le lycée. Un incident metfin à l’expérience et conduit chacun àprendre conscience de l’extraordi-naire pouvoir de l’endoctrinement.Le lecteur – qui plus est quand il estenseignant ! – est perplexe et inter-rogatif : un tel scénario est-il plau-sible ? Cette expérience a-t-elle deréelles vertus pédagogiques ? Leprofesseur n’est-il pas allé troploin ? Pourrions-nous la reproduireaujourd’hui ? Carole Condat• La Vague, Todd Strasser, Éditions J.C.Gawsewitch, 220 p.

Au début des années trente, KonstantinDalmatov et son amant, le célèbrecinéaste Alexandre Mansourov, revien-

nent en URSS, après un séjour passé aux États-Unis. Leur relation ayant été découverte,Dalmatov ne pourra tourner les comédies musi-cales dont il rêve, qu’en acceptant de collabo-rer avec la police politique. Mansourov mortempoisonné, Dalmatov, dont le premier film aété apprécié par Staline, demandera à sonactrice principale, Lidia Polyakova, del’épouser. Chacun trouvant avantage à cetarrangement de façade, une respectabilité pourl’un, le confort pour l’autre, finissant par créerentre eux une vraie intimité.Comment faire œuvre créatrice quand on vitdans l’insécurité et la peur de la répression– l’homosexualité est, depuis 1934, considéréecomme un crime passible de prison et les pré-misses des grandes purges de 1936 se mettent

DVD• Immigration forcée

Ce documentaire, Partir ou mou-rir, tourné à Dakar, donne laparole aux Sénégalais partisclandestinement en chaloupespour rejoindre l’Europe. À tra-vers les récits, des clés pour

appréhender les conditions de vie d’unpeuple victime de la mondialisation.Après l’esclavage, la colonisation, ladette, ce sont les accords de pêchequi jouent contre le développementdu pays. Gérard Anthéaume• Un film édité par le Comité pour l’annu-lation de la dette du tiers-monde (CADTM).Rens. : www.cadtm.org. Possibilité d’in-tervention dans les classes sur demande.

JAZZ• Filmer le free

Le trompettiste Wadada LeoSmith fait partie de cetteétroite cohorte des musicienscontinuant à se réclamer dufree jazz, le jazz des années 60et celui de 68 en particulier.Pas toujours facile, ni simple.

Une volonté de liberté s’exprime chezlui, avec un grand souci de la forme.Comment le filmer ? Comment rendrecompte, par l’image, de cette musique ?Jacques Goldstein l’a vu en noir et blanc,un souci politique sans doute, façonaussi de souligner les références aublues d’un musicien ne voulant pasoublier ses racines. Caméra à l’épaulepour épouser les configurations de sesimprovisations et faire partager l’im-prévu. Il arrive que les images satu-rent. Pourtant, quelque chose passe,une Éclipse pour reprendre le titre de ce

film, dans la collection « FreedomNow », une revendication de cettemusique vivante. N. B.• Éclipse, un film de Jacques Goldstein, LaHuit, distribué par DG Diffusion/Spirale.

• RetrouvaillesMichel Petrucciani nousa quittés brutalement,un jour d’hiver, le 6 jan-vier 1999, après unetournée de concertsépuisante. Non stop tra-vels with Michel Petruc-

ciani, de Roger Willemsen, proposé dansce DVD, The Art Of Jazz, Michel Petruc-ciani, nous permet de la revivre. Et derencontrer Stéphane Grappelli, RoyHaynes toujours actif, Charles Lloyd undes premiers employeurs de Michel et…Charlotte Rampling. Le filmage n’est pastrès original mais retrouver le pianistefait passer tout le reste. Le téléfilm quisuit est un complément, Michel et son trioen concert à Stuggart le 8 février 1998qu’on ne peut regarder sans un pince-ment au cœur. N. B.• Non stop travels with Michel Petrucciani& Trio live in Stuggart, Dreyfus Jazz.

• Notre histoire, notre cultureBlue Note ! Ce nom résonne comme undes synonymes du jazz, de ce jazz desannées 50 et 60 appelé aussi « HardBop » dont les Jazz Messengers serontles emblèmes. Ce label avait été fondépar deux Juifs allemands fuyant lenazisme en 1939, enregistrant les pia-nistes de Boogie Woogie et SidneyBechet. Un petit succès de départ avecla version de Bechet sur Summertime,

puis les vaches maigresjusqu’à Horace Silver et lasuite. C’est cette histoireque raconte – avec l’ac-

cent yiddish de Alfred Lion et FranckWolff – ce film de Julian Benedikt bras-sant une grande partie de notre patri-moine culturel. Pour savoir commentsortir du domaine de la marchandise, ilfaut suivre ces deux producteurs ne fai-sant confiance qu’à leurs oreilles.N. B.• Blue Note, A Story of Modern Jazz, un filmde Julian Benedikt, EuroArts/Harmonia Mundi.

JAZZ• Les Big Bands à la mode…de chez nous !

L’école de musique dePetite Camargue, sous ladirection de PhilippeGuyon, a constitué le…

Big band de Petite Camargue. Sansfaire beaucoup de bruits – ils et ellessont pourtant 29 –, son 4e album vientde sortir. Plus ambitieux – le titre mêmele prétend, d Click –, il fait la part belleaux compositeurs contemporains dejazz et a invité quelques jazzmen deMontpellier, pour un album qui faitaimer de nouveau ces grandes forma-tions, le jazz lui-même. N. B.• Rens. 04 66 88 87 40, [email protected]

en place –, comment chanter les mérites de lasociété socialiste quand on travaille sous lacontrainte permanente (tout est contrôlé, del’écriture du scénario jusqu’au montage) ? Cefilm retrace ce parcours ponctué d’audacesartistiques et de peurs, mêlant au récit delongues scènes de comédies musicales à lagloire de la société socialiste, du métro mos-covite et du combat que mènent les deux jeunesgens pour assouvir leur appétit de création.Lorsque, profitant d’un séjour en Tchécoslo-vaquie, Dalmatov voudra retourner aux États-Unis, c’est son épouse qui le met en gardecontre les menaces des autorités soviétiquesprêtes à le détruire intellectuellement. Ilsreviendront dans leur datcha. À l’arrivée de laPerestroïka et à l’occasion d’une rétrospectivede leurs films, la datcha sera envahie par la

télévision, les vieux réflexes de peur repren-dront le dessus.Bien qu’Igor Minaïev n’ait pas voulu faireune œuvre autobiographique, le scénarioemprunte certains traits à Eisenstein, à sonassistant Grigori Alexandrov et à l’épouse dece dernier Lioubov Orlova. Ce sont deuxprestigieux acteurs soviétiques Igor Dmi-triev et Tatiana Samoilova (l’inoubliableinterprète de Quand passent les cigognes)qui incarnent Dalmatov et Poliakova âgés. Lerôle de Dalmatov marque les débuts du jeunecomédien Serguei Tsyss au cinéma. Il obtien-dra pour ce rôle le prix d’interprétation mas-culine au festival d’Anapa.Magnifique épopée sur fond de comédiemusicale, Loin de Sunset Boulevard est unereconstitution réussie de l’histoire du cinémasoviétique des années trente, quand le pou-voir tentait, malgré le contrôle réducteurqu’il opérait sur les productions, de mainte-nir une tradition prestigieuse et hollywoo-dienne. � Francis Dubois

• Loin de Sunset boulevard. Un film de IgorMinaiev. Sortie en salles le 7 mai 2008.

CULTURECinéma/Théâtre/ Spectacles/ExpositionsLE CINÉMA SOVIÉTIQUE FAIT SON HHIISSTTOOIIRREE

SovietllywooddHollywood en URSS

40 - US MAGAZINE - Supplément au no 665

LIRE LES JAZZEric Dolphy ? Un innovateur dans lesmondes de cette musique atypiquequ’est le jazz. Saxophoniste alto, flûtiste,clarinettiste-basse qu’il a quasimentintroduit dans le jazz moderne, com-pagnon de Charles Mingus, de John Col-trane, il a été de tous les feux d’artificede ces années 60. Il fallait bien, pour lemoins, retracer son parcours, ses tra-jectoires. Guillaume Belhomme s’y estattaché donnant l’impression d’avoirtout écouté de cet intrépide capablede classicisme et ne résistant pas aucharme pervers de la flûte. Un livrenécessaire. Une redécouverte capitale.Chez le même éditeur, Philippe Roberts’est attelé à présenter 110 albumsessentiels pour entendre la « GreatBlack Music » et il commence fort jus-tement par Billie Holiday. Il mêlejazz, rap, soul, hip hop à juste rai-son donnant quelques points derepères nécessaires pour situeret l’album et l’artiste. À suivresans hésitation. N. B.• Eric Dolphy, Guillaume Belhomme ;Great Black Music, un parcours en110 albums essentiels, PhilippeRobert, Le mot et le reste, Formes,133 p. et 247 p.

RENCONTRES• Passé et avenirLa Maison des métallos, anciennemutuelle des métallurgistes, est devenueun établissement culturel dynamique,dirigé par Gérard Paquet. Son riche passésolidaire et fraternel s’articule à desrecherches et des expérimentations denouvelles formes de mutualisation etde réciprocité entre les champs artis-tiques, scientifique et social, proposéespar Daniel Le Scornet. Ph. L.• 94, rue J.-P.-Timbaud, 75011. 01 48 05 88 27,www.maisondesmetallos.org)

Le 10 mai, depuis2006, est unejournée officiellede commémo-ration nationaledes « Mémoiresde la traite né-grière, de l’esclavage et de leursabolit ions » et 2008 fêtera le160e anniversaire de l’abolition del’esclavage. Le musée Dapper (35 bis,rue Paul-Valéry, Paris 16e) organisedes rencontres pour faire partagercette histoire (du 2 au 18/05).

TRAVAIL DE MÉMOIRE

L’US magazine : En troisième année duConservatoire, vous aviez déjà adapté et montéun Shakespeare ?Pauline Bureau : Effectivement, nous avionsprésenté Un songe, une nuit d’été, une adap-tation du Songe que nous avions repris auThéâtre du Ranelagh puis en tournée au Marocet qui a été une aventure forte et fondatrice pournotre compagnie. L’US magazine : Vous revenez à Shakespeareavec Roméo et JulietteP. B. : Après avoir travaillé sur des textesd’auteurs contemporains, nous avons lu beau-coup de pièces pour décider de notre prochainecréation. Le choix s’est porté sur Roméo etJuliette comme une évidence. Nous avions lesentiment que ce texte nous parlait de notremonde aujourd’hui. Une sensation qui n’a pascessé de se confirmer au cours du travail.Roméo et Juliette, c’est la fin d’un cycle. Lafaillite d’une société qui transforme la révoltede jeunes gens en fait divers ou en enjeu poli-tique. C’est l’histoire d’une génération à qui on

n’a pas donné sa place et qui finit par en mou-rir. Je crois qu’aujourd’hui, c’est lisible. Nousavons traduit le texte de Shakespeare au plusprès de notre langue d’aujourd’hui en respec-tant sa poésie, sa grossièreté, ses niveaux delangage.L’US magazine : Roméo et Juliette a été créé àChalon-sur-Saône et va être donné pour unmois au Théâtre de la Tempête. C’est la consé-cration !P. B. : On joue aussi à Colmar et à Antony. Cequi est intéressant pour nous, c’est de créer unspectacle en sachant qu’il va avoir une vie surplusieurs mois et rencontrer des publics diffé-rents. C’est très excitant !L’US magazine : Quels autres auteurs avez-vous envie de monter ?P. B. : Plein ! La liste serait trop longue. Je tra-vaille sur deux projets d’adaptation pour lasaison prochaine : un livre de John Marsden,Lettres de l’intérieur et un roman d’ArnaudCathrine, La disparition de Richard Taylor. �

Propos recueillis par Francis Dubois

Ont participé à la conception de ces pages : Nicolas Béniès, Francis Dubois, Pierre Heumetz, Philippe Laville, Micheline Rousselet.

Mémoires de Mai 68En mai 1968, Jacques Kraemer tourne avec leThéâtre Populaire de Lorraine dans les petitesvilles de la région où ils donnent Le Menteurde Corneille. S’associant à la grève générale, ils réa-lisent des spectacles d’intervention dans les usinesoccupées. « C’est ainsi que je suis né à l’écritureavec cette première pièce Minette la Bonne Lorrainequi allait devenir un des spectacles emblématiquesde l’après-Mai 68 » se souvient-il. 40 ans après, ilécrit et monte Agnès 68, « une façon de faireretour sur ces fameux événements », au moyend’une pièce « dans laquelle j’ai mis beaucoup de mavie du temps de 68 ». En 1968, donc, une troupetourne dans le sud-ouest de la France avec L’Écoledes Femmes. Rivalités amoureuses, confrontationsidéologiques vont enflammer les rapports entrel’acteur/metteur en scène communiste, émule deVilar, incarnant Arnolphe, et le comédien, plutôt gau-chiste, qui joue Horace, tous deux amoureux de lajeune actrice qui interprète Agnès. Le Théâtre et laRévolution, le sexe, l’amour, l’aliénation, la libéra-tion, débats vus avec le recul de l’Histoire et à tra-vers le prisme de l’intime. Philippe Laville• Chartres, Studio des Épars (6, place des Épars) du 21/04 au31/05, rés. : 02 37 28 28 20, Festival Off d’Avignon, Théâtredu Balcon, du 10/07 au 1/08, avec Philippe Canales, MarionLubat et Simon-Pierre Ramon. Jacques Kraemer est disponiblepour des rencontres-animations avec des groupes scolaires.

Pâques au milieu de mars ! Une fois parsiècle ! Le plus du plus – un quasi-mois sarkozien du travailler plus –, le

1er mai tombe, le terme est bien choisi, lejeudi de l’Ascension. Soit un jour de congéen moins ! Une des conséquences non pré-vues de ce télescopage de calendrier, quandle soleil a rendez-vous avec la lune, est deperturber le festivalier. Ainsi Jazz sous lespommiers, sis à Coutances, dans la Manche,s’est réglé sur le jeudi de l’Ascension etcommence le 26 avril. Une manière de sou-haiter son 27e anniversaire. Les organisateurs

en profitent pour faire de ce 1er mai un rendez-vous incontournable. WayneShorter, avec son quartet tout d’abord. À 74 ans, il arrive encore à étonnerpar sa sonorité originale construisant un univers spécifique. Il n’a rienoublié, rien retenu, tout inventé. Une légende vivante et bien vivante. Géral-dine Laurent, au saxophone alto, représente l’avenir du jazz, de ce jazz quise conjugue au féminin comme il se doit. Une sonorité venant de chezOrnette Coleman, des compositions originales et une volonté d’en découdrepour aller à l’aventure et creuser de nouvelles pistes. Il faut écouter son albumréalisé pour Dreyfus Jazz, avec son Time Out Trio. En « live » elle est encoreplus éblouissante. Ce jour-là, les choix seront difficiles. Les couples risquentde se séparer. Ou d’avoir une indigestion !Martial Solal fêtera une fois encore ses 80 ans, pour démontrer qu’il fait corpsavec le piano et nous étourdir une fois de plus. Dave Douglas, trompettistele plus inventif de sa génération, Airelle Besson, trompettiste elle aussi, Chris-tian Vander pour son hommage à Coltrane – hommage qui prendra aussi laforme d’une pièce de théâtre, A Love Supreme d’Emmanuel Dongala, dansune mise en scène de Luc Clémentin –, centième de Stéphane Grappelli, jazzfusion avec Mike Stern, musiques cousines, dimanche en fanfares, ren-contres entre jazz et cirque, jazz et BD, jazz et chanson française, conférences

– Trajectoire de Sidney Bechet que je présenterai – seront aussi de cette fête.Une place sera laissée aux amateurs, aux spectacles de rue, au blues avecMighty Sam McClain, aux créations et... aux 200 saxophonistes que AndySheppard, en résidence à Coutances, voudrait réunir pour un concert excep-tionnel. Des découvertes sont possibles et nécessaires. Le 1er avril a commencé celui du Mans, « Europa dzaz », se terminant le 11 mai.Les légendes y sont nombreuses, Ron Carter, Michel Portal – il invite lesaxophoniste Tony Malaby –, Dave Liebman au soprano, une voix du siècle,John Abercrombie, guitariste des grands espaces, comme les nouveaux talents,Alban Darche et ses cubes – gros, moyen et petit animant la scène du jazz nan-tais –, Jean-Charles Ricard, un saxophoniste entre Steve Lacy et Dave Lieb-man, sans compter ceux d’Europe, de Finlande notamment cette année, des créa-tions, comme celle de l’accordéoniste Daniel Mille... Entre deux régions – lesPays de Loire et la Basse-Normandie –, six départements et 29 villes pour 60scènes, pour faire aimer des musiques contemporaines liées au jazz.Une gymnastique dans le temps et dans l’espace est nécessaire pourl’amateur(e). Tout dépend de ses goûts et deses désirs, de ses envies de découvertes.Chaque festival propose son lot de« vedettes » – un mot grossier dans lesmondes du jazz qui n’en connaît plus depuisMiles Davis – et de nouveaux venus, sanscompter les spectacles décalés. Ainsi« Nantes Agglo » propose « Hip Hop ses-sion 4 », avec des expositions, des concerts,des spectacles de danse, des conférences... �

Nicolas Béniès

• Jazz Sous les Pommiers, du 26 avril au 3 mai, rens.02 33 76 78 50, [email protected] ;Europa djaz, du 1er avril au 11 mai, rens. 02 43 2378 99, [email protected] ; Nantes Agglo, du 11 au6 avril, www.hiphopsession.com

ENTRETIEN AVEC PAULINE BUREAU, créa-trice de la compagnie La Part des Anges, avecquinze comédiens et créateurs techniquesissus du Conservatoire national (promotion2004), désireux de poursuivre ensemble une aventure théâtrale. Elle meten scène Roméo et Juliette de Shakespeare dont elle a écrit, avec BenoîteBureau, la traduction et l’adaptation. Création à Chalon-sur-Saône, auThéâtre Firmin Gémier d’Antony et à l’Atelier du Rhin à Colmar, et auThéâtre de La Tempête du 24 avril au 25 mai.

Actualité de Shakespeare

Actualité culturelle sur InternetChaque semaine, sur le site du SNES, à l’adressewww.snes.edu/snesactu/sommaire.php3 rubrique culture,de nombreux compléments aux articles de ces pages,avec toujours les échos des mobilisations des profes-sionnels de divers secteurs culturels menacés par lesconséquences des orientations gouvernementales de cul-ture du « résultat » et de désengagement de l’État rédui-sant le budget, démantelant l’action culturelle, précarisantla création… Et toujours l’actualité cinématographique,théâtrale, chorégraphique, musicale… dans les théâtrespartenaires… débats et conférences, actions, collèguescréateurs, festivals… Également accessible en perma-nence, pour les syndiqués (avec le mot de passe de la carteSNES), la base « Réduc’SNES » de la centaine de théâtresacceptant de faire bénéficier les syndiqués d’un tarifréduit, dans diverses régions…Vous connaissez d’autreslieux pouvant accepter d’être partenaires, d’autres ini-tiatives culturelles de qualité à soutenir ? Contactez-nous.

[email protected] des jazz

Àla base, c’est un journalpersonnel ou un carnet devoyage, accessible à tous

et alimenté en contenus par uneou plusieurs personnes. Il pré-sente des éléments écrits, visuels,audio ou vidéo, avec possibilitéde commenter les billets publiés.

L’une des particularités du blogest que le visiteur de passage peuty laisser des commentaires, avecson nom ou son pseudonyme, etrelier à son propre blog. Lier sonblog à celui d’une personne abor-dant les mêmes thématiques peutl’inciter à venir lire et entamerune discussion. Pour les « fans »,la discussion est essentielle, onanime généralement un blog pourêtre lu et partager ses opinionsavec les visiteurs ; on les inter-

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CULTUREMultimédia

Blog ou site, telle est la question ! Sans

pelle, en espérant qu’ils réagi-ront. Pourtant, certains sont muspar d’autres motivations, commele désir de s’épancher, d’envoyerdes nouvelles à leurs proches oula volonté de se montrer, généra-lement sous un jour positif. Maison peut aussi concevoir un blog

pour des usages commerciauxou... pour servir une cause, et onpeut même imaginer des usagespédagogiques.La mise à jour ou blogging, nor-malement quotidienne, nerequiert pas de compétence tech-nique. Des logiciels commeBlogger, Movabletype ou Ublog,accessibles via le Web, permet-tent de créer et de maintenir faci-lement un blog. Les informa-tions « postées » sont affichées

dans l’ordre chronologiqueinverse. À l’origine sites per-sonnels, les blogs sont de plusen plus nom-breux, des mil-lions, et sophis-tiqués ; ils fontleur apparitiondans le monde del’entreprise. Pour ouvrir unblog, il suffit des’inscrire sur l’un desnombreux services gra-tuits : Blogger, Canalblog,HautetFort, Over-Blog, Word-press... On fournit une adressee-mail, un mot de passe, un pseu-donyme et c’est parti ! L’incon-vénient, c’est qu’on ne peut pasorganiser les pages, préformatées,aussi librement que celles d’unsite personnalisé. �

POUR NE PAS ALLER TROP LOIN

Dans l’espace public, il faut veiller au droit d’auteur, au droit à l’image… Nousavons donné quelques informations sur ces questions lors de précédentsdossiers (notamment http://www.adapt.snes.edu/spip.php?article462).Certains aspects sont complexes, d’autres évoluent rapidement (cadrelégal, accords entre ayants-droit et État), consultez les dossiers spécifiquesdu ministère, comme «La blogomania, je blogue, tu blogues, nous blo-guons…» sur http://www2.educnet.education.fr/legamedia ou l’entréeLegadico, très complète, http://www2.educnet.education.fr/sections/legamedia/legadico5097/.Ainsi, la mise en ligne de photos d’élèves est déconseillée, voir http://www.education.gouv.fr/bo/2003/24/MENE0301227C.htm (« j’appelle […]votre attention sur les risques que comporte la diffusion sur internet de pho-tographies d’élèves, dès lors que ceux-ci sont identifiables […] veiller à ceque ces mises en ligne, lorsqu’elles sont souhaitées par l’établissement,soient réservées à un réseau interne, non accessible au grand public »).

LES BLOGS : VOIR ET SAVOIR PLUS• Le blog au CDI, compte rendu d’animation, par le CRDP de Versailles :

http://www.crdp.ac-versailles.fr/modules/smartsection/item.php?itemid=70.

• Le blog, quelles utilisations en établissement ? Un dossier très completsur SavoirsCDI : http://savoirscdi.cndp.fr/pedago/Blogs/Blogaccueil.htm.

• Les blogs professionnels, publication facilitée, mutualisation, veille, encore undossier SavoirsCDI : http://savoirscdi.cndp.fr/pedago/blogs/blogveille.htm.

• Plaquette de prévention éducative par le CRDP de Versailles : http://catalogue.crdp.ac-versailles.fr/memotice_blog_notes.pdf.

• Outils de création de blogs, présentation de plateformes d’hébergementet de blogiciels, au CRDP d’Aix-Marseille : http://eprofsdocs.crdp-aix-marseille.fr/Outils-de-creation-de-blog.html.

• Exemple de blogging pédagogique parmi d’autres, des élèves publient

leurs réactions sur les blogs d’auteurs dans le cadre d’un prix littéraire oudialoguent avec des écrivains rencontrés : http://www.ytak.fr/ (CathyYtak) ou http://dorotheepiatek.hautetfort.com/ (Dorothée Piatek).

• Des documentalistes utilisent l’environnement Netvibes, http://docsdocs.free.fr/spip.php?article382&var (J. Valladon) et http://www2.netvibes.com/clotclot#Lettres (C. Chauvin).

• Un blog SavoirsCDI constitue un outil d’échanges entre documenta-listes : http://wwwcrdp.ac-rennes.fr/savoirscdi/blog/.

• Blog d’un lycée en luttes http://hwallonengreve.blogg.org/.• Blog consacré à la didactique de l’information et à la mythologie

française : http://esmeree.fr/lestroiscouronnes/ (P. Duplessis).• Dossier de L’US Magazine (2006) :

http://www.adapt.snes.edu/spip.php? article452.

La facilité et la réactivité, le blog

NOS SITES DU MOIS• Christine Dioni a étudié les évolutions parallèles que suivent les «métiers»d’élève et d’enseignant sous l’influence des TIC à travers les pratiques docu-mentaires : http://edutice.archives-ouvertes.fr/edutice-00259563/fr/• Résultats de la commission RIP de mars 2008 : http://www2.educnet.education.fr/sections/contenus/cmm/resultcmm190308• Des images gratuites et libres de droit : Imagine http://imagine.ac-montpellier.fr/index.php?larg=983&stop=1&une=0 et le lycée de Font-Romeu http://www.lycee-fontromeu.com/rubrique.php3?id_rubrique=307• Un ouvrage numérique remarquable, « introduction à l’environnement et audéveloppement durable », sur ce site : http://www.uved.fr•Musagora, autour des langues et des civilisations grecque et latine :http://www.musagora.education.fr/• Callioprofs, site spécialisé en littérature jeunesse et enseignement deslettres au collège : http://www.callioprofs.com/.

DE PLUS EN PLUS DE COLLÈGUES ALIMENTENT LA TOILE : site de professeur, plus ou moins narcissique ; sited’établissement, plus dans une démarche d’équipe mais parfois sous la pression du proviseur ou du principal, avec unerubrique par matière pour cours en ligne, cahier de texte, devoirs et corrigés, éventuellement les notes des élèves sile site est sécurisé par des mots de passe fiables ; avec le danger de « flicage » des enseignants ; un blog pour un projet

© Philémon P.

Un site Web personnalisé ?

Supplément au no 663 du 23 février 2008 - US MAGAZINE - 43

s y rien connaître ? Mais pour quoi faire ?

Un site est un ensemble depages liées, situées sur unmême serveur et gérées par

un webmaster, des liens hyper-textes permettent la navigationd’un document à un autre. Oncompte plus de 40 millions desites aujourd’hui contre 20 mil-lions en 2000. Un site peut être lavitrine d’une activité, une présen-tation de produits, avec ou sansvente, être construit pour des finspersonnelles ou familiales, oupour être lu par tout le monde...Quel volume ? Si le site est neuf,il est très probable que vous neconsommerez qu’une dizaine de

méga-octets. Pour du texte, onfait beaucoup de pages avec1 Mo. Images non optimisées,vidéos, bases de donnéesconsomment beaucoup d’espacedisque. Dans ces cas, vous choi-sirez une offre de 1 à plusieurs

giga-octets, type de volume quis’est démocratisé. Au-delà de1500 visites par jour, vous opte-rez pour un serveur dédié.Le nom de domaine est une suitede caractères (lettres, chiffres)permettant d’identifier facilementle site (monsite.com ou mon-site.fr, par exemple). Il vousreprésentera et une erreur pour-rait compromettre votre réussite.Un nom de domaine doit êtredéposé, en pratique loué à uneentreprise sérieuse pour éviterdes surprises au bout d’un an.Les sites sont visibles via un pro-tocole qui se nomme HTTP(Hypertext Transfer Protocol).L’hébergement est votre lieu destockage sur Internet. Votrehébergeur n’est pas nécessaire-ment votre fournisseur d’accèsau réseau. Les offres gratuitesimposent parfois des publicités.Si vous souhaitez utiliser desoutils spécifiques comme Spip(qui permet une rédaction col-lective), vérifiez que votre héber-geur a une offre techniquementcompatible ou peut vous lamettre en place. �

DES OUTILS GRATUITS POUR NOVICES

Avec aides en anglais•Google Page Creator http://pages.google.com/ Page Creator est un nouveau service en ligne gratuit de création de pagesWeb, intéressant pour débuter. Seul préalable pour s’inscrire : se créerun compte de messagerie Google-Gmail. Des modèles, assez jolis, sontproposés. On écrit avec un « éditeur html » simple, semblable à untraitement de textes, avec zones d’écriture à remplir et boutons à cli-quer. Ça marche bien, la mise en ligne est immédiate, le résultat grati-fiant, et sans pub. Uniquement en anglais pour l’instant mais utilisationintuitive : un clic sur [publish] et la page est publiée ! Espace limité à100 Mo, c’est souvent suffisant.•Weebly http://www.weebly.com/Présentation très visuelle, des icônes explicites partout, on s’y retrouvesans peine. Une aide en français sur http://infrench.weebly.com. Lesite repose, comme Google Page Creator, sur la technologie Ajax, qui rendla navigation très facile. Inscription rapide, ergonomie remarquable,vaste choix de modèles, au design soigné. On ajoute ou on enlève despages d’un simple clic et, pour les remplir, on utilise un astucieux [glis-ser-déposer] à partir de modules tout faits : texte seul, texte avecphotos, sous-titre, etc. Ce système permet aussi d’insérer facilement desalbums FlickR (site gratuit de partage de photos), des Google Maps(service gratuit de plans et cartes en ligne), des formulaires de contact,des vidéos YouTube (site d’hébergement de vidéos)... La limite de tailleest là aussi de 100 Mo. Cet outil convivial, très bien conçu, sans pub,orienté débutants et grand public est notre préféré.• À découvrir, dans le même style, avec navigation agréableet résultat très abouti : Synthasite http://synthasite.com/,SiteKreator http://sitekreator.com/, Webjam (forum d’aide en français)http://www.webjam.com/.

Avec aides en français• E-Monsite.com http://www.e-monsite.com/Nettement moins convivial que les précédents, son seul avantage est d’êtreen français. Le niveau gratuit ne propose que deux modèles, très basiques,à personnaliser. Il faut un peu de temps pour s’orienter dans le dédale desmenus. Le chargement des rubriques est lent et un gros bandeau de pubau milieu de la page d’administration gêne la navigation. Détail déplaisant,des pubs sont imposées. Accepte 99 photos.•One Line Creation http://www.onlc.fr/Prise en main aisée, navigation sobre, on réussit assez vite à créer sa pre-mière page, vaste choix de modèles. Il vaut mieux réduire les photos avantenvoi, car elles sont limitées à 500 Ko et au nombre de 22. En version gra-tuite, on se voit infliger, là encore, des publicités sur les pages créées.• Vous pouvez aussi utiliser les outils des fournisseurs d’accès, liés à leursoffres d’hébergements (Orange…), n’imposant pas toujours de publi-cité, aux fonctionnalités variables, parfois à deux niveaux, débutant et«confirmé».Ce n’est pas tout… Il y a bien évidemment des logiciels commerciaux per-formants, dans des gammes de prix variées et des logiciels libres et gra-tuits, simples ou performants. Ce dossier n’a pour objectif que de vousdonner des pistes pour débuter. Dans le domaine libre et gratuit, rap-pelons qu’un module de Mozilla (N-Vu, actualisé séparément en Kompo-Zer) permet la réalisation de pages Web puis la mise en ligne avec un logi-ciel serveur ftp comme FileZilla. Nous traiterons dans un prochaindossier de la réalisation d’un site collaboratif utilisant une base dedonnées, avec Spip. Pour trouver des logiciels libres, Framasoft reste labonne adresse : http://www.framasoft.net avec http:// www.framasoft.net/rubrique368.html pour les éditeurs de html dont KompoZer.

i

pédagogique (comme un échange entre établissements) ou pour entamer des discussions (blog « citoyen »...). Les blogs sont aussi d’excellents outils pour fédérer des luttes sociales, d’autant qu’on peut y intervenir depuisun téléphone portable sans attendre que le webmaster soit disponible et bien installé face à un ordinateur ! Des outilsen ligne gratuits permettent de construire site ou blog sans logiciel à installer ni code à écrire, l’idéal pour les néophytes.

• Articles d’Yves Cauet• Liens du thème principal de Vassilia Margaria et Jean-Pierre Hennuyer.

Pages réalisées par Alain Prevot pour Adapt-SNES – 46, avenue d’Ivry,75641 Paris Cedex 13 – 01 40 63 27 70, alain.prevot@adapt. snes.edu

Ces articles sont soumis à la licence Creative Commons,la reproduction exacte et la distribution intégrale sont permises

sur n’importe quel support, à autant d’exemplaires que vousle désirez, pourvu que cette notice et les mentions de copyright soient

préservées, et à l’exclusion de toute utilisation commerciale.

Tous les articles multimédias parus dans L’US Magazine, des centaines detests de cédéroms éducatifs, de nombreux liens, le catalogue des publications

d’Adapt (commande en ligne possible) sur http://www.adapt.snes.edu

• Dossier d’Adapt (2005) :http://www.adapt.snes.edu/spip.php?article155.

•Deux exemples avec un collègue http://geobiodidac.free.fr/enseignants/cours.htmet un établissement http://escaut.portail-svt.com/

LES SITES :VOIR ET SAVOIR PLUS

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44 - US MAGAZINE - Supplément au no 665 du 5 avril 2008

convictions et des idées.Si on entend par « humanités » l’ensemblecomplexe qui contient les langues et leslittératures (anciennes et contemporaines),l’histoire, la philosophie, on peut identifier« formation littéraire » et « exercice desdisciplines relevant des humanités ». Cettenotion, ainsi comprise, n’a rien d’obsolète.Il faut enseigner, à tout le monde, lefrançais littéraire et son histoire, deslangues dans une visée non purementpragmatique (avec accès à la littérature parconséquent), l’histoire et la philosophie.

L’Université Syndicaliste : Leschiffres du ministère indiquentqu’actuellement, moins de 10 % desélèves du second cycle s’oriententen filière littéraire ; de sorte que laquestion semble posée de savoir s’ilfaut sauvegarder cette filière et àquoi sert une formation littéraireaujourd’hui. En ce qui vousconcerne, pouvez-vous nous direquel a été votre parcours ? Parailleurs, considérez-vous obsolètecette notion d’« humanités » etquelles disciplines jugez-vousindispensable d’enseigner dans cetteperspective humaniste ?Alain Badiou : Mon parcours aété commandé par le choix, fait enseptembre 1954 (un autre monde),de m’orienter vers les lettresplutôt que vers les sciences.J’avais fait la Terminalescientifique (math élém. àl’époque), puis j’ai passé le bac« philo » à la session deseptembre. Et j’ai, assezbrusquement, décidé que j’entraisen khâgne, et non en taupe. Aprèsquoi : ENS, agrégation dephilosophie, lycée de Reims,faculté de Reims, puis Paris VIIIpendant trente ans, pour finir,mouvement circulaire, par êtreprofesseur à l’ENS. Cela dit, je n’ai jamais abandonné lapratique des mathématiques, y compris,dans certains domaines, à un haut niveau.Une formation littéraire estfondamentalement l’organisation d’unrapport souple et complet à la langue(dimension expressive), d’une relationintérieure aux arts écrits (poésie, roman,théâtre...), et, par leur médiation, auxautres arts, d’une connaissance éclairée del’histoire humaine et de ses productionsdiverses, et d’une disposition, critique etengagée à la fois, dans le monde des

L’US : Votre pensée s’appuierégulièrement sur lesmathématiques. Selon vous, quellesarticulations faut-il envisager entreles disciplines littéraires et lesdisciplines scientifiques ?Diriez-vous, à ce propos, que laphilosophie est une matièrelittéraire ? Comment concevez-vousl’organisation de sonenseignement ?A. B. : L’articulation entre lesdisciplines littéraires et lesdisciplines scientifiques passesimultanément par l’histoire(contexte idéologique ou culturelde la création scientifique) et parla philosophie (fonction dessciences dans la construction desdifférents types de rationalité).En particulier, il faut enseignerl’histoire des sciences, de façonordonnée et convaincante. Maisenfin, pour articuler deuxdomaines, et sauf à les diluerdans une vision informe des« ensembles culturels », il fautqu’ils existent à l’état distinct.Des enseignements purementlittéraires sont indispensables. Laphilosophie en fait partie, car sonrapport dialectique à la langueest irréductible. Ce n’est quedans la scolastique analytique ou

le cognitivisme borné qu’on nourrit lephantasme de la philosophie commescience, ou de la « naturalisation » del’esprit (même si connaître lefonctionnement du cerveau est un objectiflégitime et intéressant des sciencesnaturelles). Pour toutes ces raisons, il fautcommencer l’enseignement de laphilosophie dès la Seconde, voire plus tôt.Il est bien connu que les questionsphilosophiques passionnent déjà lesenfants de quatre ans... Cet enseignementne peut se borner à une initiation courte

ENTRETIEN

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Il faut accepter le principe qu’un

enseignement véritable crée de la

liberté : il constitue une sphère

indépendante, et retarde ou même

entrave délibérément les contraintes

externes de la vie salariée.

Alain Badiou répond aux questions d’Elisabeth Cassou-Barbier

« On désire l’abaissementintellectuel de la jeunesse »

Le vent qui souffle sur la société et l’école est moins celui de l’esprit que d’un utilitarismeétroit. Comment penser et défendre la place des humanités dans l’enseignement

aujourd’hui, c’est ce que nous avons demandé à Alain Badiou, philosophe,dramaturge et romancier, professeur émérite à l’École normale supérieure où il préside

le Centre international d’étude de la philosophie française contemporaine (CIEPFC).

Supplément au no 665 du 5 avril 2008 - US MAGAZINE - 45

ou purement historique. Le péril est qu’onveuille remplacer la philosophie par une« histoire des idées », de surcroîtnormative, voire par une sorte d’éducationcivique améliorée. Examiner cettequestion du biais des débouchésprofessionnels est mortel. À ce compte,du reste, pour combien d’enfants oumême d’étudiants est-il avéré que lesmathématiques, la mécanique céleste, lagéographie des continents ou le marketingont été décisifs pour leur activitéprofessionnelle ?Et quand autrefois la classe dephilosophie (avec ses neuf heures dephilo) était dominante, fallait-il enconclure que tous ces jeunes gens etjeunes filles avaient besoin de laphilosophie pour leur future profession ?La vérité est que la pression exercée surles enseignements littéraires est une

pression idéologique maquillée en« nécessité » professionnelle. Il s’agit queles enfants ne goûtent jamais à la penséedésintéressée ou critique, et soient tousdans le servage de l’organisationcapitaliste du travail. Et cela au momentmême où tous les moyens sont réunispour qu’il en aille autrement. Car on peutaujourd’hui bien plus facilement qu’il y acinquante ans organiser une formationcomplète de tous. Bien entendu, il fautaccepter le principe qu’un enseignementvéritable crée de la liberté : il constitueune sphère indépendante, et retarde oumême entrave délibérément lescontraintes externes de la vie salariée.Mais c’est ce que les pouvoirs dominantsne veulent pas.

L’US : Dans votre expérience de professeur,avez-vous été amené à modifier votreenseignement pour des raisons pédagogiquesparce que le public aurait changé, ou bienl’École Normale Supérieure est-elle restée unsanctuaire où se reproduit l’élite ? Pensez-vousqu’il existe une politique délibérée en Francepour faire en sorte que l’école soit de moins enmoins le lieu où se développe l’esprit critique ?A. B. : J’ai toujours essayé d’avoir unpublic hétérogène. Depuis mes débuts àReims, j’ai organisé des cours « ouverts »,

avec un public qui n’était jamaisuniquement étudiant, encore moins asservià un cursus. Le langage adopté est alors engrande partie modifié par l’assistance, surlaquelle il se calque peu à peu. Je n’aijamais vécu ces expériences comme des« trucs » pédagogiques. En particulier, cescours, encore aujourd’hui, sont desmatrices de ma pensée, les ressources oùje puise pour mes livres. Et on trouveabsolument de tout dans l’assistance. Lerésultat est certainement que je ne parlepas comme il y a quarante ans. Mais celent mouvement est immanent, je n’en aiaucune théorie.Cela dit, l’ENS, bien que j’y sois en poste(comme émérite) n’est pas ce qui définitmon public, au moins depuis que je ne suis

plus tenu de participer à la préparation àl’agrégation. Ce n’est pas l’élitisme quime soucie le plus. C’est le côtéconventionnel et étroit de la majorité desélèves, ainsi que l’incroyable tassementvers le haut de leur origine sociale. L’ENSn’est plus un haut lieu de la critique et dela liberté d’esprit. Elle façonne del’identique et de l’approprié.Le formatage dominant n’a pas grandeallure. Et c’est d’autant plus frappant queces élèves sont sélectionnés, instruits etcompétents. C’est l’étincelle de l’espritqui fait défaut. J’ai souvent dit que lesétudiants en DEUG de l’université deSaint-Denis m’inspiraient davantage. DéjàDerrida m’avait prévenu. « J’avais fini parhaïr les élèves », m’avait-il dit à magrande surprise en parlant de l’ENS.Mais bien entendu, comme toujours, il y ade brillantes exceptions, avec lesquelles jetravaille avec joie.Je l’ai dit plus haut : on désirel’abaissement intellectuel de la jeunesse,et qu’elle soit préparée à la servitude duhaut salariat. Alors, que faire ? « Rejeterses illusions, et se préparer à la lutte. » �

Il faut commencer l’enseignement de la philosophie

dès la Seconde, voire plus tôt. Cet enseignement ne peut

se borner à une initiation courte ou purement historique.

Né en 1937, Alain Badiou est le filsde Raymond Badiou, résistant SFIOet maire de Toulouse de 1944 à1958. Normalien, agrégé dephilosophie, il enseigne dès sacréation en 1968 au Centreuniversitaire expérimental deVincennes (aujourd’hui UniversitéParis VIII). Il est professeur àl’École normale supérieure de larue d’Ulm et directeur deprogramme au Collègeinternational de philosophie.Également romancier etdramaturge, il a travaillénotamment avec le metteur enscène Antoine Vitez. Militantpolitique, il assure le secrétariat del’Organisation politique fondée en1985. Il dirige avec Barbara Cassinla collection philosophique« Ouvertures » aux éditionsFayard.Parmi ses principaux ouvrages :• Théorie du sujet, Le Seuil, 1982.• Conditions, Le Seuil, 1992.• Abrégé de métapolitique,

Le Seuil, 1998.• Le siècle, Le Seuil, 2005.• Logiques des Mondes, Le Seuil,

2006.• De quoi Sarkozy est-il le nom ?

Lignes, 2007. • Petit Panthéon portatif,

La Fabrique, 2008.

Alain Badiou lors d’unemanifestation en juin 2005

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Supplément au no 665 du 5 avril 2008 - US MAGAZINE - 47

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un ouvrage indispensable à notre fonction d’enseignantsPetite histoire des collèges et des lycéesPour prendre du recul face à la réalité de l’en-seignement secondaire dont nous sommes lesacteurs principaux, voici un éclairage historiquequi nous permet d’en percevoir les grandes évo-lutions récentes et plus anciennes et de mieuxsaisir les enjeux d’aujourd’hui.En tant qu’ancien responsable du SNES soussept ministres de l’Éducation nationale, DenisPaget fait une synthèse originale des recherches en histoire de l’éduca-tion (Antoine Prost notamment) à laquelle il ajoute son point de vue desyndicaliste et de pédagogue.Où l’on voit que l’enseignement secondaire n’a jamais cessé de se trans-former ni d’être au coeur de débats tantôt fondateurs tantôt biaisés...Denis Paget, coédition Institut de Recherche de la FSU / éd. du Temps, avec la participationd’Adapt-SNES, 160 p., 14 euros, mars 2008.

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Histoire de la glaciologie Préfaces d’Isabelle Autissier et d’Erik OrsennaFrédérique Rémy retrace la lente progression dela connaissance de la glace et des glaciers, del’Antiquité mais surtout du XVIIIe siècle jus-qu’aux récentes révélations des carottages surle climat de la planète.Cet ouvrage, écrit dans une langue claire etsimple, est accessible à tout public, même nonscientifique.

Isabelle Autissier et Erik Orsenna qui ont navigué dans les terres aus-trales rendent hommage, dans leurs préfaces, à l’auteur qui leur «a ouvertl’univers de la glace».Frédérique Rémy, coédition Adapt-Vuibert, novembre 2007, 19 euros.

Vient de paraître

L’auteur : longtemps chargé de la responsabilité des programmes et des questionspédagogiques au sein du SNES-FSU, Denis Paget a également animé un séminairesur la culture scolaire au sein de l’Institut de recherche de la Fsu dont les résultatsont été publiés dans le livre Aventure commune et savoirs partagés (Syllepse/Nou-veaux Regards, 2006).