EcoRevue 2014

12
1 Q SAMEDI28JUIN2014 TP1 01 Production en atmosphère stérile chez Lilly à Fegersheim. (Photo DNA - Cédric Joubert) EcoRevue 2014 Supplément L’essentiel de l’Alsace active Anticiper Comprendre Observer L’économie numérique en Alsace Page 8 Le pôle sciences de la vie Page 6 et 7 L’activité des grands secteurs en Alsace Pages 4 à 11

description

Supplément des Dernières Nouvelles d'Alsace - Juin 2014

Transcript of EcoRevue 2014

1 QSAMEDI28JUIN2014

TP1 01

Production en atmosphère stérilechez Lilly à Fegersheim.(Photo DNA - Cédric Joubert)

EcoRevue 2014S u p p l é m e n t

L’essentielde l’Alsace active

Anticiper Comprendre ObserverL’économie numérique

en AlsacePage 8

Le pôle sciencesde la viePage 6 et 7

L’activité des grands secteursen AlsacePages 4 à 11

SAMEDI28JUIN2014P ÉCOREVUE 2014 2

TP1 02

Q Q ÉDITORIAL

L’ Alsace est sans doute plus qu’aucun autre territoire en Francedépendante de la bonne tenue des marchés européens et mon-

diaux. Pour au moins trois raisons.En premier lieu, l’écrasante domination des capitaux internationauxdans l’industrie. Même si les implantations nouvelles se sont nette-ment ralenties, la France n’étant plus aussi attractive que par lepassé, le stock d’investissements existant continue à porter l’écono-mie régionale, assurant plus de quatre emplois sur dix dans l’indus-trie. Il est significatif d’observer que plusieurs des grands projetsindustriels du moment sont bien le fait d’entreprises internationales.

Le second facteur d’exposition à la dynamique mondiale est la capa-cité exportatrice, elle-même très dépendante des investissementsinternationaux en particulier des entreprises allemandes. De cepoint de vue, l’Alsace est restée en 2013 le bon élève français, en têtepour le taux d’exportation per capita. La région demeure cependantencore trop tournée vers les marchés européens et singulièrementl’Allemagne. Elle devra fournir bien des efforts pour conquérir denouveaux marchés dans les économies émergentes.L’économie voisine allemande reste un moteur important de l’Alsacepour toutes ces raisons. Sans oublier l’envoi quotidien de plusieursdizaines de milliers de frontaliers, outre Rhin bien sûr, mais égale-ment en Suisse. Depuis quelques années, doutes et interrogations serelayent sur la capacité de la main-d’œuvre française à répondre auxexigences de compétence linguistique. On pense naturellement àl’allemand, mais on oublie parfois que la langue de travail des ma-jors suisses est souvent l’anglais international. Aujourd’hui, certainsemployeurs allemands ou suisses en pleine forme se plaignentamèrement de ne pas trouver suffisamment de candidats alsaciens àl’apprentissage ou à l’emploi.Cette triple dépendance est particulièrement sensible vis-à-vis del’économie allemande. Or, force est de constater que les deux pays,indissociables dans la construction européenne selon la vulgatepolitique, ont suivi des chemins bien différents pour rebâtir leurcompétitivité respective. Et, de fait, les deux «inséparables» donnentl’impression d’élargir jour après jour le fossé qui les sépare. Lanouvelle «politique de l’offre» forgée à Paris après hésitations etcontre-temps semble en effet bien éloignée du libéralisme décom-plexé et transpartisan installé par Berlin. L’actualité s’est fait unmalin plaisir à en offrir une nouvelle illustration dans le rendez-vous manqué d’Alstom avec Siemens.

ANTOINE LATHAM

Le très inconfortableentre deuxde l’économie alsacienne

EMPLOI Les effectifs de l’industrie ont continué à s’éroder

Le nord-est à la traîne

Nord-Pas-de-Calais-0,9

Picardie-1,4

HauteNormandie

-1,4BasseNormandie

-0,9Bretagne-0,6 Pays de

la Loire-0,2

Ile-de-France-0,1

Centre-0,9

Poitou-Charente-0,5

Aquitaine-0,1

Midi-Pyrénées0,2

Languedoc-Roussillon

-0,4

Auvergne-0,2

Limousin-1,4

Bourgogne-1,2

Champagne-Ardenne-1,4

Lorraine-1,2

Franche-Comté-1,1

Alsace-0,5

SaverneSarre-Union

-1,0

HaguenauNiederbronn

-0,5

Wissembourg-0,2

Strasbourg-0,3Molsheim

Obernai2,2

Sélestat0,7

Colmar-2,2

Mulhouse-1,3

Saint-Louis1,1

Rhône-Alpes0,1

Corse-0,2

Provence-Alpes-Côte-d’Azur-0,4

Source : URSSAF Info 43885 C. Guerittot 11/06/2014

Évolution annuelle des effectifs salariés du secteur marchandpar région et par zone d’emploi en %

France-0,4%

L’emploi des secteurs marchands s’est contracté de 0,5 % en 2013 en Alsace, un recul un peu plus fort qu’au plan national(-0,4 %). Pour la région, cela représente la perte de 2700 postes en un an. L’industrie, à elle seule, a détruit 2520 emplois.L’Urssaf qui publie ces chiffres a cependant noté une amélioration au dernier trimestre 2013, avec 0,2 % de salariéssupplémentaire, première hausse significative après deux années de baisses trimestrielle consécutives.

SOCIAL Bilan 2013 en Alsace

Selon l’INSEE, le chômagea cesséde croître

Sous le titre « Incertitudespersistantes », le bilan2013 que de l’économie al-sacienne que vient de pu-

blier l’INSEE contient malgré toutune bonne nouvelle. Même s’ilfaut l’entendre avec quelquesprécautions: l’Alsace est revenue,du point de vue du sous-emploi,à la situation qui était la sienneen 2009.

« Une légèreamélioration afavorisé la reprised’activité deschômeurs les plusrécemment inscrits »

« Le chômage a cessé d’augmen-ter en fin d’année pour se stabili-ser à 9 % de la population active.Fin décembre, 93200 personnesrestent inscrites à Pôle emploisans avoir travaillé ce derniermois. 4600 de plus que fin 2012.Le chômage des jeunes de moinsde 25 ans recule, celui des se-niors de 50 ans ou plus augmen-te encore de 14 %. En dix ans,leur nombre a doublé, leur partavait dépassé celle des jeunes en2010 pour atteindre 23 % cetteannée ».« Une légère amélioration a favo-risé la reprise d’activité des chô-meurs les plus récemment ins-crits. Le chômage de longue

durée, plus d’un an, concerne42 % des demandeurs, quatrepoints de plus qu’un an aupara-vant et approche maintenant leniveau national. Parmi eux,14750 sont inscrits depuis plusde trois ans. Les politiques d’em-ploi restent particulièrement ci-blées sur cette population. Passé

55 ans, 60 % des personnes auchômage le sont de longue durée,traduisant la complexité des finsd’activité », écrit Jean-PierreCourson dans la synthèse deChiffres pour l’Alsace (N° 21,mai 2014) consacré au bilan del’économie alsacienne.L’INSEE note que la reprise de

l’intérim a permis a davantage dejeunes hommes de trouver unemploi. Mais c’est de toute évi-dence le recours aux contratsaidés qui a permis de faire dimi-nuer la pression. Le nombre decontrats de professionnalisationa progressé de 1,6 %, les contratsuniques d’insertion de 6 % et lescontrats d’insertion dans la viesociale de 3,4 %. En revanche, lenombre de contrats d’apprentis-sage du secteur privé est passé de10767 à 9145, soit un vrai reculde 15,1 %. Un échec collectif alorsque les chambres consulaires etle conseil régional ont fait dudéveloppement de l’apprentissa-ge une priorité stratégique. Maisil est vrai que les conditions pourles employeurs se sont dégra-dées. Et le manque de visibilitéde l’activité n’incite pas les en-treprises qui le souhaiteraient às’engager dans le recrutementd’apprentis.Le contraste est saisissant si l’on jette un œil sur ce qui se passe enAllemagne et en Suisse. OutreRhin, le taux de chômage est pas-sé en un an de 5,5 % à 5,3 % de lapopulation active. Dans le Bade-Wurtemberg, locomotive écono-mique du pays avec la Bavière, letaux de chômage est de 3,4 %…En Suisse, le taux de chômage estpassé de 4,2 % à 4,4 % fin 2013pour l’ensemble du pays. Maisdans la zone riveraine de l’Alsa-ce, la Suisse du nord ouest, letaux de chômage est passé de4,2 % à 4,1 %. R

A.L.

Dans une agence de Pôle emploi à Strasbourg. PHOTO DNA MARCROLLMANN

Le tauxdechômageobservéenAlsace, 9%fin2013, reste inférieurde0,8pointauniveaunational. Les contratsaidésdiminuent lapressionsur les jeunes.

Supplément gratuit des

du 28 juin 2014

Le directeur de la publication : Francis HirnN° commission paritaire 66238 - ISSN 0150 - 391 X

Imprimerie DNACoordination rédactionnelle : Antoine Latham

Crédit photos : DNACouverture : Studio dessin DNA

REPÈRESALSACE

Les chiffres clés du territoire

Territoire et populationu L’Alsace couvre 8280 km², compte 904 communes et 1852325habitants, soit une densité de 223,7 habitants au km².

Production et secteursu L’Alsace assure 2,7 % du PIB national, soit 27986 euros parhabitant, à comparer à 25913 euros pour la France hors Ile-de-France. Le secteur marchand compte 535500 emplois, dont126900 pour l’industrie, 43400 pour la construction, 125400pour le commerce, l’hébergement et la restauration, 20600pour l’intérim et 219300 pour les autres services.

Création d’entreprises et défaillancesu En 2013, 13400 entreprises ont été créées, en hausse de 4,4 %par rapport à 2012. Près de 1500 défaillances ont été pronon-cées par les chambres commerciales, en baisse de 1,1 %.

Commerce extérieuru Les échanges extérieurs de l’Alsace totalisent 60,6 milliardsd’euros, 29,5 milliards à l’exportation, en progression de 2,1 %,et 31,3 milliards à l’importation. L’Alsace est au 5e rang desrégions exportatrices françaises, au 1er rang per capita.

À la Foire européenne de Strasbourg. PHOTO DNA - MICHEL FRISON

3 ÉCOREVUE 2014 QSAMEDI28JUIN2014

TP1 03

BÂTIMENT ET TRAVAUX PUBLICS Les perspectives 2014 sont orientées à la baisse

Meilleurqueprévu

L’an passé en Alsace, se-lon la Direction régiona-le de l’environnement,de l’aménagement et du

logement (DREAL), la mise enchantier de logements de tous ty-pes a atteint un niveau histori-quement bas. Avec 7 300 réalisa-tions, la baisse, qui affecteessentiellement le Bas-Rhin, estde 21 % par rapport à 2012.En matière de permis de construi-

re accordés, leur nombre (9 435),qui renseigne sur les futures mi-ses en chantier, affiche égale-ment en important repli (-25 %)par rapport à 2012. Le secteur dela maison individuelle est ici leplus touché avec un recul de30 %, qui s’équilibre entre lesdeux départements.Pour autant, à en croire l’enquêteannuelle de la Banque de Franceauprès des PME alsaciennes, cette

déprime de la demande n’a pastrop pesé sur les résultats desentreprises du bâtiment. Dans legros œuvre, où le recours auxintérimaires a continué de mar-quer le pas (-21 %), l’activité a étéproche de 2012 (+ 0,2%). Dans lesecond œuvre, qui a pareillementréduit le recours aux intérimaires(-5,8 %) tout en diminuant lesinvestissements (-11 %), la crois-sance est légèrement supérieure(+0,9 %).

En 2014 lesentrepreneurscraignent notammentun nouveaufléchissement de lacommande publique

Selon l’enquête de la Banque deFrance, les entreprises de travauxpublics ont bénéficié l’an passéd’un volume d’activité en haussede près de 6 %, soit un résultatsupérieur aux prévisions. Les in-vestissements en revanche ontpour cette branche enregistré unrecul global de 23 % alors que leseffectifs y sont restés plus oumoins stables (+0,6%).Concernant l’année en cours, lesentrepreneurs alsaciens du BTPinterrogés par la Banque de Fran-

ce, présentent généralement descarnets de commande orientés àla baisse. Ils s’attendent donc àune nouvelle contraction de l’acti-vité, tout particulièrement dansle gros-oeuvre et les travaux pu-blics.Année électorale aidant, ils crai-gnent notamment un nouveaufléchissement de la commandepublique, en raison des contrain-

tes budgétaires. En 5 ans, parexemple, les crédits publics con-sacrés à l’entretien et au renou-vellement du réseau routier natio-nal non concédé ont diminué deplus de 50 %. Ainsi la fédérationrégionale des travaux publics, quireprésente l’industrie routière,pronostique-t-elle une chute de 5à 6 % de son activité en 2014.Côté bâtiment, alors que les mises

en chantier ont continué à baisseren Alsace au cours du premiertrimestre (-6,3 %), on estime queles effets du plan d’investisse-ment gouvernemental en faveurdu logement et les mesures fisca-les pour les travaux d’économied’énergie n’auront pas d’effet bé-néfique sur l’activité avant2015. R

X.T.

Nouveaux immeubles de logements vus depuis la Passerelle Mimram et le Jardin des DeuxRives. PHOTO DNA - MICHEL FRISON

En2013,malgréun important reculdu logementneuf, lesecteurde la constructionamieux résistéqueprévuenAlsace.Cetteannée, lesperspectives restentorientéesà labaisse.

1,3 MILLIARD POUR ÉQUIPER L’ALSACEPrésenté fin décembre 2013, le volet « mobilités » du contrat deplan État-Région Alsace pour la période 2014-2020 a de quoimettredu baume au cœur des entreprises alsaciennes du secteur du BTP.Tousmodes de transport confondus ce programme, fruit d’une con-sultation entre les collectivités locales, prévoit 828millions d’eurosd’investissements cofinancés par l’État, la Région Alsace, les con-seils généraux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, les trois grandes villeset agglomérations, des fonds européens, des financeurs étrangers etdes opérateurs publics.Enmatière d’infrastructures ferroviaires l’enveloppe de 480millionsd’euros comprend notamment lamodernisation des nœuds ferro-viaires de Strasbourg et Mulhouse, la réouverture de la ligne Bol-lwiller-Guebwiller, lamodernisation de la ligne Niederbronn-Hague-nau et le raccordement de l’EuroAirport. Pour le domaine routier(277millions d’euros), on trouve la déviation de Châtenois, la rocadeSud de Strasbourg, l’achèvement de lamise à 2x3 voies de l’A35 àMulhouse, l’aménagement de la RN 83 entre Colmar et Sélestat ainsique la requalification de l’A35 dans l’agglomération de Strasbourg.Pour la voie d’eau ce sont 72millions d’euros de travaux qui sontplanifiés.« Il ne s’agit pas de bétonner l’Alsace,mais de l’équiper », a insistéPhilippe Richert, président de la Région, qui ajoute volontiers à cetteliste de travaux le contournement autoroutier Ouest de Strasbourg,soit 500millions d’euros d’investissements supplémentaires finan-cés par le secteur privé.

SAMEDI28JUIN2014P ÉCOREVUE 2014 4

TP1 04

TRANSPORTS Record de croissance à l’aéroport de Bâle-Mulhouse

L’aérienengrande forme

L’an passé, le trafic apoursuivi son envol àl’aéroport de Bâle-Mulhouse comme à

celui de Strasbourg-Entzheim.Avec 5,9 millions de billets ven-dus (+10%) le premier a battuson record pour la troisième an-née consécutive. Le second,pourtant pénalisé par l’arrêt desa principale ligne à destina-tion de Roissy a enregistré unetroisième année de croissancecontinue de sa clientèle(1,18 million de passagers ;+1,3 %).

Stabilité du traficTER après une fortecroissance

Dans les deux cas, ce sont lescompagnies à bas prix qui, enouvrant de nouvelles lignes ouen renforçant les plus courues,constituent les fers de lance dela croissance. Cette année ellesne sont pas moins de sept (con-tre 2 en 2012) à proposer desvols réguliers domestiques eteuropéens au départ de la plate-forme d’Entzheim, attirées no-tamment par des taxes d’aéro-ports parmi les plus basses deFrance.Depuis ce printemps, la listecomprend également la compa-gnie low cost britannique Easy-Jet, numéro un en Europe, quiréalise par ailleurs 54 % du tra-fic à Bâle-Mulhouse. Simultané-ment, sur la plateforme haut-rhinoise c’est son principalconcurrent, l’irlandaise Rya-nair, qui effectue son grand re-tour sans toutefois y ouvrir debase, un an après avoir fait demême à… Entzheim.Sur les rails, le niveau de traficdu TER Alsace, après une aug-mentation régulière ces derniè-res années, est resté identique àcelui de 2012 malgré les nom-breux chantiers de modernisa-tion ayant localement perturbéla circulation des trains, dontune fermeture totale de la ligneStrasbourg-Haguenau pendanthuit semaines. La SNCF, qui a

rouvert la desserte transfronta-lière Mulhouse-Müllheim endécembre 2012, a ainsi compta-bilisé 940 millions de voya-geurs-kilomètres, soit unemoyenne restée stable de prèsde 77 000 voyages/jour en se-maine.En 2014, avec la mise en serviceprogressive de nouvelles ramesRégiolis (11 sur une commandetotale de 24), la SNCF accroîtson offre de sièges tout en mo-dernisant son parc roulant.Si le bassin du Rhin a renouéavec la hausse du trafic fluvialde marchandises (+9%), essen-tiellement portée par la crois-sance des denrées alimentaires,des produits pétroliers (suite àla fermeture de la raffinerie deReichstett) et des produits mé-tallurgiques, l’activité s’avèreplutôt contrastée en 2013 dansles ports alsaciens.Pour les produits transportésen vrac, le port de Strasbourgaffiche une relative stabilité dest o n n a g e s t r a n s b o r d é s(7,956 millions ; -0,1 %) alorsque les ports de Mulhouse-Rhinet de Colmar-Neuf Brisach, qui

ont su gagner de nouveaux tra-fics (terreau de végétalisation,granulés de bois, etc.), ont pour-suivi le redressement opéré en2012, avec des trafics respectifsde 5,11 millions de tonnes(+3%) et de 1,61 million de ton-nes (+6%).

Les conteneurs maritimesmarquent le pasEn revanche, en matière de con-teneurs maritimes, après douzeannées de croissance ininter-rompue, ce segment a connu en2013 pour la première fois unléger recul dans le port de Stras-bourg (406 393 unités équiva-lent vingt pieds ; -5,5 %). Unebaisse essentiellement due àl’arrêt fin 2012 des navettes fer-roviaires régulières à destina-tion du port du Havre.Le recul est encore plus impor-tant sur le site portuaire d’Ott-marsheim (ports de Mulhouse-Rhin) où le trafic conteneurs achuté l’an passé de 17 % à causenotamment de l’arrêt des expor-tations de PSA vers l’Iran. Col-mar-Neuf Brisach ne fait ici pasexception avec un recul de 7 %

de son activité conteneurs.Dans le domaine du transportroutier de marchandises, selonl’enquête annuelle réalisée parla Banque de France auprès desPME alsaciennes, les entrepri-ses de transport et les servicesauxiliaires ont enregistré unelégère croissance de l’activitéen 2013, respectivement 2 % et3 %, alors que les effectifs de labranche baissent.Après deux années d’attentis-me, les dépenses en matière deflotte ont augmenté l’an passéde 3,3 % alors que l’investisse-ment en faveur de l’entreposageet des services auxiliaires detransport a fait un bond de11 %. Cette reprise n’empêchepas la rentabilité d’un tiers desPME de transport de se détério-rer : « Plus de la moitié des en-treprises alsaciennes de trans-port routier ont été confrontéesà un recul des marges et à unesituation de trésorerie diffici-le », observent les experts de laBanque de France, guère opti-mistes pour cette branche en2014. R

X.T.

Sur le tarrmac de l’EuroAirport à Saint-Louis. PHOTO - ARCHIVES DNA

L’anpassé lesdeuxaéroportsalsaciensontbénéficiédudynamismedescompagniesàbasprixquidevrait sepoursuivre cetteannée.Ducôtédesportsrhénans, duTERetdu fret routier, lesbilansd’activité2013 restentplusmitigés.

ENRELIEFTOURISME Record de nuitées en 2013

Changement de braquet

LA HAUSSE NOTABLE de la clientèle internationale dans l’hôtellerie(+12%), ainsi qu’une affluence exceptionnelle sur les marchés de Noëlont fait de l’année 2013 un millésime à la hauteur des deux précéden-tes pour le secteur touristique alsacien. Alors que le Comité régionaldu tourisme (CRT) a dénombré un nombre stable de visiteurs, soit18 millions qui se partagent en 6 millions d’excursionnistes et 12 mil-lions de touristes (passant au moins une nuit sur place), les retom-bées économiques (1,5 milliard d’euros) ont toutefois affiché unecroissance de 5 %.Malgré une baisse des hébergements générés par les congrès et salons(-20 %), l’hôtellerie a été le principal bénéficiaire de cette dynami-que : en progression de 3 %, ce secteur a établi l’an passé un nouveaurecord de nuitées marchandes (6,4 millions contre 6,2 en 2011).L’augmentation résulte ici avant tout de l’engouement de la clientèleétrangère : ces quatre dernières années, elle n’a cessé de croître,augmentant de 25 % sur la période. En tête du top 5 on retrouve pour2013 les Allemands (671 000 nuitées), devant (454 000 nuitées), lesSuisses (258 000 nuitées), les Britanniques (153 000 nuitées) et lesvisiteurs en provenance des États-Unis (95 000 nuitées).

Une destination vélo de premier choixLe secteur du tourisme locatif (chambres d’hôte et gîtes) n’a pas étéen reste puisqu’il a vu sa fréquentation augmenter de 6 % l’an passé(288 000 nuitées) alors que les campings ont pour la troisième annéeconsécutive enregistré une chute des vacanciers (880 000 nuitées,-3 %).Pour la première fois une enquête de terrain menée par le CRT apermis de mieux cerner l’activité induite par les cyclotouristes. Leurnombre a été estimé à 2,3 millions et les retombées à 13 millionsd’euros. De quoi conforter les collectivités locales et structures d’ac-cueil qui ont décidé de mieux cibler à l’avenir cette clientèle réputée àfort pouvoir d’achat.Pour faire de l’Alsace une destination vélo de premier choix, plusieursinitiatives ont éclos depuis dix-huit mois, d’Alsace CyclHotel (offre deséjours itinérants à bicyclette) au jalonnement des véloroutes emblé-matiques, de Movelo Alsace (stations de location de vélos à assistanceélectrique) au Slow Up Alsace, un nouveau rendez-vous champêtrelancé dans le cadre des 60 ans de la Route des vins d’Alsace, qui aattiré en 2014 près de 25 000 participants, dont de nombreux cyclos.Pour la saison en cours, les indicateurs laissent présager des résultatscomparables à 2013. Dans ce contexte des plus favorables, la créationen mars dernier de la nouvelle Agence d’attractivité de l’Alsace, résul-tant de la fusion du CRT avec Alsace International et la marque Imagi-nealsace, doit permettre à la région de changer de braquet pour ren-forcer davantage ses atouts, secteur touristique inclus.

X.T.

Véloroutes, Slow Up, Alsace CyclHotel, Movelo Alsace, etc.:depuis 2013, les produits d’appel pour cyclos se multiplient.PHOTO DNA - F. DELHOMME

CONGRÈS Strasbourg veut devenir la deuxième destination de France après Paris

Réveiller le tourismed’affaires

EN 2013, L’ALSACE a accueilli 96rencontres d’affaires, dont 29d’envergure internationale, enbaisse par rapport à 2012 où l’Ob-servatoire du tourisme avaitcompté 108 manifestations.80000 nuitées sont dues à cesrencontres, en recul de 20 % l’andernier. L’évolution de ce marchédépend de la conjoncture, bienentendu, mais aussi de l’attracti-

vité de l’Alsace, de ses structuresd’accueil et de son efficacité àrecevoir. Depuis quelques an-nées, les équipes de congrès deColmar, Mulhouse et Strasbourgont uni leurs efforts pour organi-ser l’offre, sous l’égide des CCI.Alsameeting présente ainsi quel-que 400 salles dans la région.Les collectivités sont très cons-cientes de l’intérêt des congrès,dont les participants sont sou-vent plus prodigues que les tou-ristes ordinaires. Encore faut-ildisposer des outils d’accueil adé-quats. À Strasbourg, le plusgrand chantier actuellement en

cours est précisément celui del’extension et de la rénovation duPalais de la musique et des con-grès qui s’articulera à terme avecun nouveau site de foire-exposi-tion.

70millions d’eurosd’investissements àStrasbourgDébuté en août 2013, ce chantiera pris une tournure spectaculai-re. À la fin de cette année,8000 m² couverts supplémen-taires seront livrés. S’ensuivronten 2015 et 2016 la restructura-tion des grandes salles Érasme et

Schweitzer, cette dernière pas-sant de 900 à 1200 places. Untroisième amphi de 520 placessera créé. Le budget de cet inves-tissement est de 70 millionsd’euros. À mettre en regard desretombées économiques indirec-tes de l’activité congrès (hôtelle-rie, restauration, commerce) éva-luées à 100 millions d’euros pourune ville comme Strasbourg. Sonobjectif est de venir la deuxièmeville de congrès de France aprèsParis, en attirant d’avantage derencontres internationales, no-tamment scientifiques. Très dis-putées entre les villes de congrès

dans le monde, ces manifesta-tions ont l’avantage d’offrir desséjours un peu plus longs que lescongrès nationaux, avec des dé-penses per capita plus importan-

tes. Et les dirigeants du PMC sontconvaincus qu’un congressistebien accueilli aura tendance àrevenir en tant que touriste. R

A.L.

Le Palais des congrès de Strasbourg étendu et rénové, seraméconnaissable. PHOTO DNA LAURENT RÉA

Relancer le tourisme d’affai-res, aux retombées écono-miques majeures, est unenjeu pour l’Alsace.

SAMEDI28JUIN2014P ÉCOREVUE 2014 6

TP1 06

BIOTECHNOLOGIES Le pôle de compétitivité sous la loupe

L’écosystèmede lasanté,vecteurdedéveloppement

Le monde des biotechno-logies a sa Silicon Val-ley. Elle se trouve auxÉtats-Unis, dans la ré-

gion de Boston qui est aujour-d’hui la plus active au mondedans ce secteur. En terme d’im-portance, la vallée du Rhin seclasse juste après elle. « Avecses 700 entreprises des scien-ces de la vie qui emploient50 000 salariés, ses trois uni-versités, ses six Prix Nobel etses 15 000 scientifiques, la ré-gion trinationale est aujour-d’hui le deuxième Boston aumonde », affirme Didier From-mweiler, le directeur généraldu pôle de compétitivité AlsaceBioValley.De fait, entre Strasbourg, Bâleet le Pays de Bade, « il y a unfoisonnement de biotechs »,observe-t-il. À l’ombre desgrands noms de l’industriepharmaceutique, qui sont qua-siment tous présents (Roche,Novartis, Eli Lilly, Johnson &Johnson, etc), sont apparuesces dernières années de nom-breuses entreprises, en parti-culier des start-ups, qui tra-v a i l l e n t à l a d i f f u s i o nd’innovations thérapeutiquesissues de la recherche.

Favoriser le transfertde technologie

Rien qu’en Alsace, le pôle decompétitivité en recense envi-ron 250 qui œuvrent pour unegrande partie dans le domainedes technologies médicales.Les autres, une centaine envi-ron, sont actives dans le déve-

loppement de médicaments.Cette économie se nourrit évi-demment de la recherche, trèsféconde dans la région. De partet d’autre du Rhin, plusieursmilliers de scientifiques tra-vaillent en effet dans les labo-ratoires des cinq universités dusecteur : Karlsruhe, Fribourg,Bâle, Mulhouse et bien sûrStrasbourg, « 49e meilleureuniversité au monde pour lessciences de la vie et 16e enchimie selon le classement deShanghai », souligne DidierFrommweiler. La capitale alsa-cienne, rappelle-t-il, accueilleégalement « la deuxième forcedu CNRS en France après le

campus de Gif-sur-Yvette » (Ile-de-France).De la collaboration de tous ceschercheurs et de ceux de l’IN-SERM, aussi très présents, sontnés plusieurs pôles d’excellen-ce, comme par exemple l’Insti-tut de génétique et de biologiemoléculaire et cellulaire (IGB-MC), l’Institut de recherchecontre les cancers de l’appareildigestif (IRCAD), l’IHU (institutde chirurgie mini-invasive gui-dée par l’image) ou encore Icu-be, spécialisé dans la rechercheen informatique, en imagerie eten robotique. Sans oublier Al-sace Tech, né du regroupementde toutes les grandes écoles de

la région.Au fil des années, tout un éco-système s’est développé autourde cet univers afin d’aider leséquipes de recherche à valori-ser leurs découvertes. En Alsa-ce, cette mission est notam-ment assurée par la SATT(société d’accélération dutransfert de technologie) Co-nectus « qui gère la propriétéintellectuelle des laboratoireset identifie des industriels »susceptibles d’être intéresséspar les innovations qui en sontissues, explique M. Frommwei-ler.Elle est surtout développée parle pôle de compétitivité Alsace

BioValley, Sa mission, expliqueson directeur général, consisteen effet à « accélérer la crois-sance industrielle » en favori-sant les collaborations entre lemonde de la recherche et celuide l’entreprise et en accompa-gnant les chercheurs qui déci-dent de commercialiser uneavancée scientifique (lire ci-dessous).

La plus grande usine-écoled’EuropeLes promesses de cet écosystè-me en terme de développementéconomique sont telles que lespouvoirs publics ont accepté definancer des infrastructuresd’excellence, à l’image parexemple du projet EASE (Euro-pean Aseptic and Sterile Envi-ronment Training Center).Grâce au programme des inves-tissements d’avenir, Illkirch-Graffenstaden accueillera en2016 la plus grande usine-éco-le d’Europe (et la deuxièmeplus grande dans le mondeaprès celle de Caroline du Nordaux États-Unis) dédiée aux mé-tiers de production en salleblanche. Ce centre sera en me-sure de former chaque année4 000 futurs collaborateursdes industriels de la pharma-cie, de la chimie et de l’agroali-mentaire.Cet investissement de près de28 millions d’euros, qui seragéré par l’Université de Stras-bourg dans le cadre d’une so-ciété anonyme, contribuera à« faire de l’Alsace le meilleurterrain d’implantation en Euro-pe » pour les biotechs, expli-quent ses promoteurs.C’est dans la même optiquequ’en 2018, une plateforme dé-diée aux technologies médica-

les verra le jour à côté du nou-vel hôpital civil de Strasbourget des futurs locaux de l’IHU,inventeur de la chirurgie mini-invasive guidée par l’image.« Nous allons développer unhôtel d’entreprises pour héber-ger les start-ups, indique DidierFrommweiler. Elles bénéficie-ront sur place de toutes lescompétences pour concevoir,développer et tester les techno-logies de santé de demain ». C etype d’infrastructures répond àun réel besoin. Il y a aujour-d’hui dans la région, précise ledirecteur du pôle, « 120 entre-prises innovantes dans lestechmeds ».Et d’autres sont appelées à voirle jour. Les projets collabora-tifs, qui dépassent largementles frontières, y contribueront,à l’image, par exemple, de celuiqui actuellement est en train dese concrétiser : l’Université deStrasbourg, l’INSERM, le Centreallemand de recherche contrele cancer, l’Université de Hei-delberg-Mannheim et Sanofisont en train d’implanter àStrasbourg une plateforme in-novante pour le développe-ment de médicaments.Cet écosystème et les moyensdéployés pour lui permettre dese développer devraient se tra-duire, espère Didier Fromm-weiler, par la création de 2000emplois et de 30 entreprisesd’ici 2018. C’est en tout casl’objectif affiché très officielle-ment par Alsace BioValley, quirevendique la création, depuis2005 de 3266 emplois directset indirects, de 62 entrepriseset de 473 projets de rechercheet développement collabora-tifs. R

ODILE WEISS

L’IHU -Strasbourg a développé une nouvelle discipline: la chirurgie mini-invasive guidée parl’image. DROITS RÉSERVÉS

L’Alsace,Bâleet leBade-Wurtembergsontdevenusunvéritable terreaupour lesentreprisesdebiotechnologies. Les starts-upinnovantes, quiycôtoient lesgrandsnomsde l’industriepharmaceutique, continuentàcroîtreetà semultiplier. Lepôlede

compétitivitéAlsaceBioValley, estimequ’ellespourraient créer, rienquedans la région, 2000emploisd’ici 2018.

Alsace BioValleyà l’interface

SANS LUI, LE MONDE de la re-cherche et celui de l’industrieauraient certainement beau-coup plus de mal à se parler. Aufil des années, le pôle de com-pétitivité Alsace BioValley s’estimposé comme un partenaireessentiel des universités, deslaboratoires et des entreprisesqui travaillent dans le domainedes biotechnologies.Le cluster, qui « un des septpôles français dans le domainede la santé et un des trois devocation mondiale », rappelleson directeur général DidierFrommweiler, réunit aujour-d’hui 115 membres.Il consacre l’essentiel de sonbudget de 1,8 million d’euros àfavoriser le développement denouveaux courants d’affaires

afin d’« accélérer la croissanceindustrielle » du secteur. Enparticulier dans les domaines« qui présentent les plus gran-des perspectives d’essor », à sa-voir « la robotique médicale,les systèmes de délivrance demédicaments, la chirurgiemini-invasive, les dispositifsmédicaux transplantables etles outils de simulation et demodélisation », liste le diri-geant.

PartenariatsinternationauxPour cela, Alsace BioValley adéveloppé de nouveaux outils.« Nous accompagnons parexemple les entreprises pourqu’elles soient en capacité delever des fonds, surtout pourleur deuxième tour de table quiest souvent le plus difficile ».Le pôle propose aussi « de nom-breux services pour aider (ses)membres à vendre plus et àmieux acheter ».Il s’efforce également de leurouvrir de nouvelles perspecti-ves, en leur offrant une vitrine

dans les salons spécialisés et,surtout, en nouant des partena-riats internationaux. L’an der-nier, Alsace BioValley a ainsisigné un accord de coopérationavec le Massachusetts LifeSciences Center. Cet accordavec le célèbre cluster de Bos-ton « permettra de mettre enplace des financements bilaté-raux pour des projets d’innova-tions thérapeutiques », indiqueDidier Frommweiler. La pre-mière entreprise de la région àen bénéficier sera Transgene,qui pourra ainsi poursuivre ledéveloppement de ses médica-ments contre le cancer.« Nous avons également concluun partenariat avec le Centrequébécois du médicament etnous sommes en train de déve-lopper le même modèle avecl’Allemagne et le Japon », préci-se le directeur général.Parallèlement, souligne-t-il,« nous avons la volontéd’agrandir la taille du pôle, ennous ouvrant aux industrielshors santé, comme par exemplel’horlogerie, capable de produi-

re des pièces de très petitetaille, ou encore la plasturgie.Nous aimerions inciter des in-dustriels qui travaillent pourl’automobile à se rapprocher dusecteur des biotechs ».La structure, qui n’exclut pasd’élargir ses frontières géogra-phiques vers l’ouest, veut ainsicontribuer aussi à renforcerl’attractivité du territoire. « No-tre objectif, insiste M. Fromm-weiler, est de faire venir desentreprises pour qu’elles profi-

tent de l’écosystème » car « icinous avons tout : les patients,les laboratoires de recherche,les plateaux techniques et l’ex-cellence dans des secteurs depointe » (lire ci-contre).Cette stratégie commence selonlui à payer. Exemple : « Une en-treprise spécialisée dans le con-ditionnement de la médecinechinoise est actuellement entrain de s’implanter au pôled’innovation d’Illkirch ».En fait, résume Serge Bischoff,

président de Rhenovia Pharmaet adhérent d’Alsace BioValley,« nous essayons de promouvoirla notion d’intelligence collecti-ve ». L’idée consiste à « se re-grouper pour développer desoffres cohérentes pour lesgrands comptes. Si les entrepri-ses alsaciennes se regroupaientpour travailler ensemble, nousserions tout à fait compétitifsavec n’importe quel centredans le monde ». R

O.W.

Selon Didier Frommweiler, Alsace BioValley a contribué depuis 2005 à la création de 3266emplois directs et indirects et de 62 entreprises.. PHOTO DNA – JEAN-CHRISTOPHE DORN

Le pôle de compétitivitéAlsace BioValley a dévelop-pé de nouveaux outils pouraider les entreprises inno-vantes à concrétiser leursprojets et renforcer l’attrac-tivité de la région.

7 ÉCOREVUE 2014 QSAMEDI28JUIN2014

TP1 07

BIOTECHNOLOGIES Le pôle de compétitivité sous la loupe

LeadersdedemainDefymed, inventeur dupancréas bio-artificiel

Defymed représente unespoir considérablepour toutes les person-nes atteintes du diabè-

te de type 1. Cette jeune sociétéde biotechnologie strasbour-geoise, créée en 2011 par deschercheurs du Centre européend’étude du diabète (CEED), tra-vaille à la mise sur le marchéd’une thérapie cellulaire qui de-vrait permettre aux insulino-dépendants d’oublier leur ma-l a d i e , d e v iv r e p r e s q uenormalement sans passer parune greffe du pancréas -néces-sairement associée à un lourdtraitement antirejet.La start-up entend exploiter leproduit de près de vingt ans derecherches, en l’occurrence undispositif implantable dans le-quel il est possible d’injecterdes cellules insulino-sécrétives.Les chercheurs du CEED ont eneffet mis au point une membra-ne suffisamment hermétiquepour protéger les cellules enquestion du système immuni-taire du receveur mais tout demême assez perméable pourleur permettre de secréter del’insuline en fonction des be-soins de l’organisme.« Aujourd’hui, explique Séveri-

ne Sigrist, la présidente de Defy-med, nous sommes en phased’études précliniques. Les pre-mières études cliniques de-vraient démarrer fin 2015 sur15 patients à Montpellier et àOxford ». L’entreprise qui em-ploie aujourd’hui six personnesa d’ores et déjà levé 1,2 milliond’euros pour préparer ces es-sais.La start-up prépare déjà l’ex-ploitation commerciale de sondispositif. L’idée, indique Séve-rine Sigrist, qui vient d’être élueprésidente d’Alsace BioValley,serait de conclure un accord delicence ou de codéveloppementavec une société pharmaceuti-que susceptible de produire etde commercialiser les cellules.Les perspectives sont considé-

rables. En 2012, rappelle la pré-sidente, 25 millions de person-nes dans le monde vivaient avecle diabète de type 1 et leur nom-bre augmente chaque année.Les bénéfices réalisés avec lepancréas bioartificiel permet-traient à l’entreprise d’explorerd’autres terrains. « Nous pou-vons adapter les membranes,explique la chercheuse. Notredispositif pourrait donc êtreétendu aussi aux maladies hé-patiques, rénales, à l’hémophi-lie voie même à la maladied’Alzheimer ».

Rhenovia Pharma, leaderde la biosimulation dusystème nerveuxEn sept ans d’existence, Rheno-va Pharma s’est imposée dansson domaine. Aucune autre so-ciété dans le monde n’est alléeaussi loin dans la biosimulationdu système nerveux central quecette entreprise mulhousienne,créée en 2007 par une équipeinternationale d’experts enneurosciences.La technologie qu’elle a déve-loppée « permet de reproduiresur ordinateur les mécanismescellulaires du cerveau et de latransmission nerveuse », expli-que son président Serge Bis-choff. Rhenovia Pharma peutainsi « voir ce qui se passe dansle cerveau » d’une personne at-teinte d’une maladie neurodé-générative comme Alzheimerou Parkinson, neurologiquescomme l’épilepsie ou psychia-trique comme la schizophrénieet donc « mieux comprendre lesmécanismes des crises, leur ge-nèse ou encore leur durée »,précise M. Bischoff.À partir de ces données, souli-gne-t-il, « nous pouvons testerl’effet d’un médicament, antici-per les risques d’effets secon-daires ou d’interractions molé-culaires et identif ier demeilleures cibles thérapeuti-ques ». En clair : participer audéveloppement de nouveauxtraitements sans passer parl’expérimentation sur les ani-maux.« Notre business modèle, préci-se le dirigeant, consiste à déve-lopper des partenariats avec desindustriels ». Rhenovia a d’oreset déjà mis ses simulateurs auservice de grands noms de l‘in-dustrie pharmaceutique, ce quilui a permis de réaliser jusqu’àun million d’euros de chiffred’affaires.L’entreprise, qui compte 13 sa-lariés, s’efforce également dediversifier ses sources de reve-nu. Elle a ainsi adapté ses logi-ciels aux besoins de l’industrieagroalimentaire (pour étudier

les propriétés des aliments surle système nerveux) et de ladéfense. « Nous avons dévelop-pé un simulateur d’armes chi-miques avec la DG Armementafin de monter un programmede recherche d’antidotes », an-nonce le dirigeant.Pour lui, c’est clair : RhenoviaPharma a « des perspectives dedéveloppement énormes. Nousne cessons de découvrir de nou-veaux modes d’action » suscep-tibles de générer de nouvellesapplications. Mais pour pour-suivre sur sa lancée, l’entrepri-se a besoin de fonds. Elle prépa-re d’ailleurs un troisième tourde table de deux millionsd’euros, ouvert à de nouveauxinvestisseurs. Elle dispose,pour les convaincre, d’un nou-vel argument. Elle vient de rem-porter le concours mondial d’in-novation 2014 pour une autrede ses découvertes : un timbretransdermique électroniquedestiné aux malades d’Alzhei-mer.

CellProthera, pionnier de larégénération cardiaqueCela a l’air presque trop beaupour être vrai, mais pourtant çafonctionne. il est aujourd’huipossible de régénérer le myo-carde après un infarctus sévère,

et ce à partir d’une simple injec-tion intracardiaque de cellulessouches sanguines. Le procédé,développé par l’Institut de re-cherche en hématologie ettransplantation (IRHT) de Mul-house a en tout cas permis cesdernières années à six patients,dont trois étaient condamnés àune transplantation cardiaque,de retrouver la santé.Son président, le Pr PhilippeHénon, a du coup décidé de dé-velopper et de diffuser « ce trai-tement de rupture qui constitueune alternative à la transplan-tation cardiaque ». C’est ainsiqu’est née en 2008 la sociétéCellProthera.Depuis, la start-up mulhousien-ne qui emploie aujourd’hui 14personnes travaille au dévelop-pement d’un automate d’expan-sion cellulaire, qui permet demultiplier les cellules souchesprélevées dans le sang des pa-tients pour constituer les gref-fons qui sont ensuite injectésdans le cœur.« L’objectif, explique le Pr Hé-non, est de proposer un traite-ment accessible à la majoritédes patients à mauvais pronos-tic. L’automate que nous prépa-rons avec l’aide de Bpifrancepermet de faire cinq greffons àla fois ». Après avoir levé

17,4 millions d’euros, la sociétés’apprête à démarrer un essaiclinique international de phaseII sur 44 patients. Pour le me-ner à bien, « nous devons trou-ver 10 millions d’euros. Soit viaune augmentation de capital,soit par une entrée en bourse »,indique son directeur généralJean-Marc Jeltsch.Si tout va bien, CellProthera de-vrait obtenir son autorisationde mise sur le marché fin 2017.Vu l’attente que suscite le dis-positif, en particulier aux États-Unis et au Japon, « nous gagne-rons de l’argent dès la premièreannée », assure M. Jeltsch. Lesperspectives à plus long termesont carrément vertigineuses.« En 2022, estime le dirigeant,nous devrions dépasser 2 mil-liards d’euros de chiffre d’affai-res avec seulement 7 % du mar-ché ».

ProTip Medical, inventeurdu larynx artificielProTip Medical s’est rendue cé-lèbre en 2013, lorsqu’une équi-pe des Hôpitaux Universitairesde Strasbourg a réussi une pre-mière mondiale : l’implanta-tion d’un larynx artificiel surun patient atteint d’un cancer.Cette réussite était pour la start-up strasbourgeoise le résultatd’un long développement. Lasociété y travaillait depuis sacréation en 2004 par le PrChristian Debry, chef du serviced’oto-rhino-laryngologie desH.U.S.Elle est aussi le produit d’unlourd investissement. ProTip adû lever au total 7 millionsd’euros pour financer les re-cherches et les essais cliniques.Cet engagement s’est en toutcas révélé payant. « En cours deroute, nous nous sommes renducompte que le larynx artificielpouvait être utilisé aussi pour

les troubles de la déglutition »qui peuvent apparaître après unAVC ou lors d’une maladie neu-rodégénérative, explique sonprésident Maurice Bérenger. Lemarché potentiel s’est dès lorsconsidérablement élargi. « EnEurope, 400 000 patients dé-clarent chaque année des trou-bles de cette nature », constatele dirigeant.Le développement effectué« avec un laboratoire aéronauti-que pour le matériau, avec l’IN-SERM pour le traitement de sur-face et un institut de Grenoblepour le travail sur la voix » a aufinal abouti à la mise au pointde deux implants commerciali-sables, précise M. Bérenger.Résultat, « nous sommesaujourd’hui en phase de pré-commercialisation. Nous fai-sons des essais sur l’homme ».La société, elle, est déjà profita-ble. Elle a réalisé l’an passé unchiffre d’affaires de 6 millionsd’euros, grâce à son activité surle marché allemand.« Nous cherchons actuellemententre 5 et 8 millions d’eurospour attaquer le marché améri-cain », précise M. Bérenger.« Avec nos 15 salariés, précise-t-il, nous pouvons assez vite nousoccuper du monde entier ». R

ODILE WEISS

Maurice Bérenger,ProTip. PHOTOS DNA – LAURENT RÉA

Parmi lesnombreusesbiotechsalsaciennes, quatre sont sur lepointde transformer la viedecentainesdemilliersdemalades.Ensemble, ces start-up, lauréatesdeprixprestigieux, ontdevantellesunmarchéqui sechiffre enmilliardsd’euros.

Séverine Sigrist,Defymed.

Serge Bischoff,Rhenovia Pharma.

Philippe Hénon,CellProthera.

SAMEDI28JUIN2014P ÉCOREVUE 2014 8

TP1 08

INTERVIEWLes espoirs d’unjeuneentrepreneur

Fouzi Louahem est directeur desÉditions du bout des doigts quiont créé en février 2013 le maga-zine de cinéma numérique gra-tuit Bande à part, à lire sur ta-blettes et smartphones. Lemensuel dédié au cinéma fran-çais, produit à Neudorf, a étépartenaire de la Quinzaine desréalisateurs au Festival de Can-nes. Fouzi Louahem rêve decroissance rapide et pense que laFrench Tech Alsace peut les yaider.

DNA - Où en est aujourd’huiBande à part ?Fouzi Louahem - Nous comptons10 000 téléchargements par moissur l’AppStore et Google Play etenviron 20 000 lecteurs, majori-tairement en France, mais aussi àl’étranger, notamment dans despays francophones.Bande à part qui se veut un «ma-gazine amoureux» du cinémafrançais, différent de ce qui exis-te, a décroché deux distinctionsaux Digital Magazines Awards, àLondres, en novembre 2013. Il aaussi été retenu par Apple dans lebest of des applications 2013.

- Pouvez-vous expliquer ce quevous entendez par « magazinenumérique enrichi » ?- Cela consiste à réinterpréter lescontenus traditionnels, ceux dupapier, de la vidéo, de la radio, duweb, pour les optimiser pour unelecture sur tablette multimédia. Ils’agit de proposer une nouvellefaçon de lire qui marie le texte, lavidéo, le son, la photo, en misantsur une forte interaction avec lelecteur.

- Que peut apporter la FrenchTech Alsace à une petite sociétécomme la vôtre, créée par quatreassociés et qui compte quatresalariés ?- Nous sommes une start-up etnous avons besoin de synergiesici, de nous associer à d’autresentreprises pour progresser dansl’édition numérique. La FrenchTech peut nous aider à grandir,nous voulons profiter de l’impor-tance que prend aujourd’hui lapublication numérique pourtablettes, en France et à l’interna-tional.Nous recherchons des partenairesfinanciers : la demande est aurendez-vous, nous avons desprojets de création de trois nou-velles publications, notammentdans le domaine de la musique etdu sport, et nous avons besoin degrandir.

- Strasbourg restera votre portd’attache ?- Oui, parce que nous avons unregard précis sur les forma-tions proposées : nous avonsformé des étudiants, nous lesavons pris en stage et nous lesavons embauchés. C’est une desrégions où il y a le plus d’agenceweb, le travail graphique y est fortgrâce à la Haute école des arts duRhin. Il y a un terreau propiceau développement des Éditionsdu bout des doigts.

CH.B.

Q@ www.ebd-agence.fr

Fouzi Louahem, cofondateurdes Éditions du bout desdoigts et de Bande à part.

NOUVELLES TECHNOLOGIES Candidature alsacienne au label national French Tech

LeShadoket leKM0,auxdeuxbouts de la chaîne

La French Tech Alsace doit-elle avoir pour symboleun coq stylisé portant lacoiffe alsacienne ou une

cigogne en plein vol ? La querellepeut paraître futile. Elle témoi-gne pourtant de la nécessité dedonner corps à une candidaturecommune, associant véritable-ment acteurs mulhousiens etstrasbourgeois du numérique.Pour Robert Herrmann, prési-dent de la CUS et désormais pré-sident du Pôle MétropolitainStrasbourg-Mulhouse, la candi-dature alsacienne qui fédèredeux grandes villes est originale.Encore faut-il que la volonté poli-tique de jouer en équipe soit pro-longée sur le terrain. Ce seratout le travail du cabinet parisienCMI qui assistera le Pôle métro-politain pour monter le dossier.

Un projet tourné versles entreprises àMulhouse, plusculturel à Strasbourg

Les deux projets de « lieux to-tem », emblématiques de la can-didature alsacienne, le Shadok àStrasbourg et le KM0 à Mulhou-se, témoignent de deux manièresd’appréhender l’économie nu-mérique : très tournée vers lesentreprises et l’initiative privéeau sud ; très tournée vers la cul-ture, l’art et les usages numéri-ques au nord. Les projets se com-plètent ; de la capacité à faireconverger ces démarches dépen-dra la réussite de la French TechAlsace, au-delà de la candidatureau label.Le KM0 a été imaginé par sixhommes, un universitaire (Gé-rald Cohen), un architecte(Guillaume Delamazure) et deschefs d’entreprises (PatrickRein, Olivier Zeller, Michel Levy,Romain Spinali, également pré-sident du pôle de compétencesnumériques Rhénatic). Ils ontconçu un avenir pour l’un desbâtiments de briques rouges del’ancienne SACM, posés le longde la voie de chemin de fer et quel’on aperçoit depuis le train, enarrivant à Mulhouse.Ce qu’ils proposent pour le bâti-ment 23 de l’ancienne SACM(près de 6 000 m² sur trois ni-veaux) tourne autour de l’idée dela mise en réseau des acteurs du

numérique : la création d’une« École de la ligne numérique »qui pourrait accueillir dèsl’automne une quinzaine de jeu-nes en quête d’un projet profes-sionnel, un « un job center »mettant en lien des entrepriseset des jeunes (étudiants ou non)pour des missions ponctuelles ;un restaurant ; une « place demarché » (où des projets de start-up en quête de financementsp o u r r a i e n t ê t r e m i s e navant). A l’étage, ce bâtimentqui offre des espaces ouverts deplusieurs centaines de m² entiè-rement équipés de prises et ré-seaux, pourrait accueillir des en-treprises du secteur numériqueen quête de locaux ou de locauxsupplémentaires. Le second etdernier étage recevrait SEMIA(incubateur d’entreprises), E-nov Campus (Université de Hau-te Alsace) et Rhénatic.« Ce qui enrichit, c’est le croise-ment et la mise en relation »,insiste Romain Spinali. LeKM0 ne devra pas susciter destransferts. « L’objectif est decréer et de faire venir de nouvel-les activités ».

KM0 : un premier lot, le1er septembre 2014Jean Rottner, maire de Mulhouseet vice-président de la M2A, l’ag-glomération, est partant et mê-me un peu pressé : pour lui, lareconversion du bâtiment 23 quis’inscrit dans un ensemble bienplus vaste (50 000 m² de l’an-cienne SACM encore disponibles)constitue un enjeu importantpour l’avenir de la ville. Et unepromesse de la campagne desmunicipales. « Le premier sep-tembre, il faudra un premier lot, c ’es t l ’ob jec t i f que nousfixons ». Romain Spinali penseque le délai est tenable, que lacréation de l’école, le déménage-ment de Rhénatic et l’installa-tion de quelques entreprises dis-posées à composer avec destravaux à venir est possible. Maisil reste d’ici là à lever des obsta-cles (lire ci-contre, à droite).Si à Mulhouse Jean Rottnercompte s’appuyer sur l’initiativedes six du KM0, à Strasbourg, leShadok est né à la CUS et réalisépar elle. C’est une affaire publi-que.Géraldine Farage porte ce projetet aura en charge l’animation dulieu avec une équipe de six per-sonnes ; elle vient de la directionde la culture de la ville et tra-vaille en étroite collaboration

avec Marc Dondey ; directeur deprojet Entreprises créatives.

Shadok : ouverture enmars 2015Le Shadok doit ouvrir ses portesen mars 2015, sur trois niveaux,dans le quartier de l’ancien môleSeegmuller entre Neudorf et Es-planade, dans le bâtiment desDocks. Les débats ont longtempsporté sur la vocation artistiquede ce lieu. Aujourd’hui, sa con-figuration est établie : un espacede convivialité au rez-de-chaus-sée (500 m²), un espace d’expo-sition de 700 m² au premier éta-ge, un espace de coworking et unstudio de production au deuxiè-me étage constituent quelques-uns des éléments clés du projet.Un lieu dédié au numérique.« Mais nous préférons parlerd’un lieu dédié à l’évolution tech-nique de la cité, aux usages nu-mériques du grand public et desexperts », précise Géraldine Fa-rage. Marc Dondey insiste :« nous voulons sortir l’innova-tion de la traditionnelle appro-che technologique. Elle s’ap-puie aussi sur le design, lesnouveaux médias, les jeux, letravail des graphistes et des ar-tistes ».Alors qu’à Mulhouse on mise surl’installation d’entreprises auKM0, à Strasbourg, le Shadokexistera par la promotion desusages et l’animation du lieu :Alsace Digitale gardera la Plage,lieu de coworking à Rivétoile,tout à côté, mais prolongera sesactions en faveur du travail col-

laboratif au Shadok. Les archi-tectes et designers de l’AVLab,fablab de la rue de la Douane(création de prototypes avec latechnique de l’impression 3D)devraient démanger au Sha-dok. Des artistes seront en rési-dence, des animations type Bar-Camp ou start-up week-endtrouveront leur place dans cenouveau lieu.Le Shadok prolonge l’intentionde développer l’innovation par lelien entre entreprises créativeset entreprises numériques, toutcomme les appels à projets Tan-go et Scan ; il s’inscrit aussi dansun réseau plus large dont feront

partie d’autres lieux, à l’échellede la ville : le site de la COOP auPort-du-Rhin et la Manufacturedes tabacs à la Krutenau, où il estenvisagé de créer un Pôle d’en-treprenariat créatif et solidaire,avec une pépinière d’entrepri-ses. Si toutefois la Ville de Stras-bourg acquiert ces bâtiments.La French Tech inscrit le KM0 etle Shadok dans un même dé-fi. Il n’est pas déplacé d’imagi-ner que le Shadok devienne leKM1, deuxième élément d’un ré-seau que l’équipe du KM0 es-père créer à travers l’Europe et lemonde… R

CHRISTIAN BACH

Géraldine Farage montre l’immeuble des Docks à Strasbourg, dont la partie centrale seraoccupée par le Shadok. PHOTOS DNA – CHRISTIAN BACH

Lacandidaturede l’Alsaceau label FrenchTech, quidoit permettrededévelopper l’économienumériqueetde faireémergerdes start-up, s’appuienotamment surdeux« lieux totems », leShadokàStrasbourg,leKM0àMulhouse.Deuxprojetsqui traduisentdeuxapprochesdunumériqueetqu’il va falloirmarier.

Romain Spinali, un des porteurs du projet KM0, dans un des grands espaces du premier étagedu Bâtiment 23 de la SACM.

KOECHLIN À MULHOUSE, PIÉPLU À STRASBOURG

NOMS.-KM0(kilomètre0) faitallusionaupassé industrieldeMulhouseetà laconstructionparKoechlinde lapremière lignedechemindefer inter-nationale (Strasbourg-Bâle) inauguréeenseptembre1841.LeShadokaétéretenuenréférenceausensde l’humouretde l’autodérisiondespetitspersonnagesde lasérie téléviséeauxquelsPiépluavaitprêtésavoix.LesShadoksétaientà leurmanière…des inventeurs.GESTION.-Lebâtiment23de l’ancienneSACMàMulhouseet lesdeuxbâtimentsvoisinsquidevraientaccueillirà termeleKM0deviennentdébut juillet lapropriétéde laM2A, l’agglomérationdeMulhouse.Lerégimejuridiquesous lequelserontexploités lesbâtimentsestencoreendiscussion (SCI, location, location-vente).ÀStrasbourg, lesmursduSha-dok (2 000m²dugrandbâtimentdesDocks)appartiennentà laCUS, lelieuestexploitépar laVilleenrégiedirecte.LaCUSaacquis lesmurs(5,7millionsd’euros), laVilledeStrasbourg lesaéquipés (545 000euros)SITES.-Pourensavoirplussur leShadokàStrasbourg :www.sha-dok.strasbourg.eu/ ,onytrouvenotammenttoutes les infossur lesani-mationsàvenir.Pourensavoirplussur leKM0:www.km0.info/ (il existeaussideuxapplicationsdédiéesàce lieusurGooglePlayet l’AppStore.

COMMENTAIREUnehistoire à raconter...

CE QUI MANQUE À LA FRENCH TECH ALSACE, aujourd’hui, c’estune histoire. Et une séance de storytelling.Il faut que les agitateurs d’idées de la Plage Digitale, les entrepre-neurs et créateurs de services numériques fédérés par le pôle decompétences Rhénatic, les villes de Strasbourg et de Mulhouse, laM2A et la CUS écrivent un scénario.Un récit où chacun des acteurs de la French Tech Alsace trouve saplace et peut tenir son rôle ; une histoire compréhensible du grandpublic, du jury en charge l’attribution du label convoité, compré-hensible aussi à l’international pour contribuer au rayonnementde l’Alsace numérique.Écrire un code génétique commun au KM0, très orienté vers lesentreprises, et au Shadok qui croise culture et numérique avecpour objectif de s’appuyer sur les usages ; commun à Rhénatic, à laPlage digitale, à l’Université de Strasbourg et à l’Université deHaute Alsace ; commun à Mulhouse l’industrielle et à Strasbourgl’européenne n’est pas une chose facile.Mais de la capacité à convaincre tous ces acteurs qu’ils sont enga-gés dans la même histoire et de la capacité à convaincre ailleurs enFrance, en Europe et dans le monde qu’il y a une démarche co-construite et commune dans le domaine du numérique et de l’inno-vation dans la région, dépend la réussite de la French Tech Alsace.

CHRISTIAN BACH

9 ÉCOREVUE 2014 QSAMEDI28JUIN2014

TP1 09

MÉTALLURGIE La mécanique se défend sur un marché très concurrentiel

Un tissu régionalcontrasté

De gros investissementschez SEW Usocome prèsde Brumath, Trumpf àHaguenau, ou Kuhn à Sa-

verne, chez Punch Powerglide àStrasbourg. Un site structurant,celui de PSA Peugeot Citroën, con-solidé dans le Haut-Rhin (lire page11). Ce sont, en quelques exemplesconcrets, les côtés positifs de lagrande famille de la mécanique,de la transformation des métauxet de la filière automobile en Alsa-ce.

L’emploi a cédébeaucoup de terrain

Plus inquiétantes sont les évolu-tions constatées chez Steelcasepour son usine de Wisches, dansla très sensible vallée de la Bru-che, ou dans le triste dossier-feuilleton de Caddie. Le fabricant

de chariots de supermarché estune nouvelle fois aspiré dans unezone de turbulences et de grandeincertitude. Dans ce cas commedans quelques autres, ce sont lesemplois qui risquent de faire lesfrais de décisions de gestion ha-sardeuses et d’une concurrenceimpitoyable.La métallurgie alsacienne au senslarge apparaît ainsi comme lethéâtre d’histoires très contras-tées. Avec le sentiment, partagépar de très nombreux employeurs,et pas seulement les leaders patro-naux, que l’industrie françaisedoit se battre avec des semelles deplomb. « On n’est pas là pour pleu-rer. Nos entreprises se battent tousles jours pour innover, trouver desmarchés. On souhaite simplementqu’on les remette d’équerre parrapport à d’autres pays, commel’Allemagne. À partir de là, ellesseront plus compétitives et pour-ront embaucher », commentait il ya quelques jours Henry Baumert,président de l’Union des indus-

tries et métiers de la métallurgie(UIMM) en Alsace. Dans la métal-lurgie, comme dans d’autres bran-ches industrielles, les dirigeantsse plaignent amèrement de la fai-blesse du taux de marge, qui pèsesur l’investissement productif, laprospection à l’exportation et lesefforts d’innovation.À la mi 2014, les industriels decette branche n’ont pas le senti-ment d’avoir encore bénéficié deseffets du « pacte de responsabilitéet de solidarité » mis en place parle gouvernement, qui prévoit desallégements de charges significa-tifs pour les entreprises. Le créditd’impôt compétitivité emploi (CI-CE) est certes opérationnel, per-mettant d’économiser 4 % descharges de personnel pour la mas-se salariale en dessous de 2,5 foisle SMIC. Mais les accords compéti-tivité-emploi ont fait flop, pourl’instant.En 2014, à l’examen des statisti-ques URSSAF, les industries métal-lurgiques ont cédé du terrain dans

l’emploi, comme l’ensemble dusecteur productif alsacien(126900 emplois) qui perdu 2 %.La métallurgie et les produits enmétal (12700 postes) a cédé 1,8 %,la fabrication de machines etd’équipements (14800 postes) aperdu 1,1 % et la fabrication dematériels de transport (15 300postes) a lâché 4,1 %… Si l’intérimsemble reprendre des couleurs,une bonne partie de ces servicesétant appelés par ces branches in-dustrielles, la visibilité reste fai-ble.Au niveau national, la Fédérationdes industries mécaniques affi-chait en début d’année un certainoptimisme, avec une perspectivede croissance de 2 % en 2014,grâce aux exportations. Rien nedit que ces projections se confir-meront dans un environnementinternational peu favorables auxentreprises françaises. Beaucoupse plaignent d’un taux de changede l’euro trop élevé. R

A.L.

Aménagement d’un nouvel atelier pour la nouvelle génération de boîtes de vitesses automatiques chez Punch PowerglideStrasbourg. PHOTO DNA MARC ROLLMANN

La transformationdesmétauxestundespoints fortsde l’industriealsacienne. Ellebénéficied’importants investissementsmaisdoit faire faceàde lourdesmenaces.

SAMEDI28JUIN2014P ÉCOREVUE 2014 10

TP1 10

VITICULTURE Tiré par une reprise des ventes à l’export

Le vignoblerésiste

Le vignoble alsacien n’estpas en crise comme pour-raient le laisser croire lesdifficultés récentes de cer-

tains négociants. « Des cas parti-culiers », relativise FrédéricBach, directeur de l’Associationdes Viticulteurs d’Alsace (AVA).Les données du Conseil interpro-fessionnel des Vins d’Alsace (Ci-va) confirment une reprise del’export, qui représente 26 % dela commercialisation des vinsd’Alsace en volumes.

Les entreprisesdoivent se bouger etélargir leurs horizons

Sur les quatre premiers mois del’année, les ventes à l’étrangertoutes AOC confondues, ont aug-menté de 3 %. « On progresseconsidérablement à l’export. Nosstocks n’ont jamais été aussibas », atteste Jérôme Bauer lep r é s i d e n t d e l ’AVA . Ave c980 000 hl, les volumes de larécolte 2013 étaient déficitairespar rapport à la moyenne desdernières années (1 150 000 hl).« Les gros marchés traditionnelscomme la Belgique ou l’Allema-gne sont en forte hausse avecrespectivement +9 % et +6 %. EnSuède, l’Alsace voit ses ventesbondir de près de 11 %. Seuls lesPays-Bas sont en repli de 5 %,« mais c’est un marché difficile,intéressé par des produits à basprix », analyse Jean-Louis Vé-zien, directeur du Civa.Sur les marchés lointains, l’Alsa-ce, comme les autres vignoblesfrançais, a vu ses ventes plongeren Chine (moins 25 % pour lesvins tranquilles en 2013) suiteaux enquêtes anti-dumping etanti-subventions contre les vinseuropéens. Des procédures auparfum de représailles suite aucontentieux sur l’importation depanneaux solaires chinois, réglédepuis.Simple accident conjoncturel ?La Chine reste un eldorado pro-metteur, comme en témoigne laprésence du plus influent criti-que chinois du vin au récent sa-lon professionnel Millésimes àColmar. Et l’export constitue lameilleure stratégie anti-crise dela viticulture alsacienne. « Au ni-veau des besoins globaux, il y aun déficit des disponibilités de

vins blancs, avec les modestesrécoltes des derniers exercices enbourgogne et dans le Borde-lais. C’est plutôt une bonnechose pour l’Alsace qui a lesmoyens d’approvisionner le mar-ché », justifie Jean-Louis Vézien.La région vend en moyenne1 070 000 hl, soit plus de142 millions de cols, dont 25 % decrémant.Les représentants de la profes-sion sont convaincus que le salutdu vignoble vient de sa capacité àconquérir le monde. Le Civa en-courage les entreprises à se bou-ger pour aller sur les marchéslointains.La promotion dans lespays tiers bénéficie d’aides euro-péennes.Le marché français est en panne(lire co-contre), mais il y a plusinquiétant : le problème de la va-lorisation des vins. « Il n’est pasnormal qu’avec des stocks aussitendus, des opérations commer-ciales aient lieu dans la grandedistribution à des prix défianttoute concurrence », fulmine Jé-rôme Bauer. Le secteur de la GMSabsorbe encore plus de 50 % desventes. Si les cours du vrac sesont un tantinet raffermis avec lafaible récolte (un peu moins pourle riesling), cette évolution posi-tive ne se retrouve pas au niveaudes prix de vente en bouteilles.« En Bourgogne, les tarifs desvins flambent suite à la petitevendange. Les producteurs alsa-ciens ont fait beaucoup d’effortsqualitatifs en diminuant les ren-dements. Ils méritent mieux »,estime Frédéric Bach.« Certaines entreprises pas assezdiversifiées à l’export, dépendentpour leur trésorerie de la grandedistribution, qui fait du vin unproduit d’appel et tire les prixvers le bas », explique un porte-parole de la viticulture. La guerredes prix des grands opérateursen GMS ne doit pas être l’arbrequi cache la forêt.

« On fait le meilleurvin dumonde »En Alsace, les ventes directes à lapropriété représentent 28 %. Lesvignerons ont la chance de pou-voir jouer la carte de l’oenotouris-me, avec la Route des Vins. « Leweek-end de la Pentecôte, les 100producteurs impliqués dans lepique-nique chez vigneron, ontaccueilli près de 20 000 person-nes dans leur caveau. Le slowup en a déplacé 25 000 », jubilele président du Synvira Pierre

Bernhard. Le vrai frein aux ambi-tions commerciales du vignoblealsacien réside plutôt dans l’ab-sence d’image de marque collec-tive. « On fait le meilleur vin dumonde et on croit que la planètenous attend », soupire Jean-Louis Vézien. Le salon profes-sionnel Millésimes Alsace devraitaider à combler ce déficit de noto-riété. Sa 2e édition a réuni mi-juin à Colmar autour d’une cen-taine de producteurs, la fine fleurinternationale des sommeliers,des journalistes spécialisés etdes guides des vins. Le présidentde l’AVA espère que cette vitrinedes terroirs alsaciens aura desretombées sonnantes et trébu-chantes pour les entreprises. R

I.N.Le vignoble alsacien, ici autour de la flèche colorée de l’église de Turckheim, peut compter surle potentiel de l’œnotourisme pour accroître sa notoriété et ses ventes. PHOTO DNA - CLAUDE OPPEL

Depuis ledébutde l’année, l’export (re) donnedescouleursaumarchédesvinsd’Alsace,maisplus inquiétante, l’érosiondes

ventesenFrancesepoursuit.

UN MARCHÉFRANÇAIS EN PANNE

Sur lemarché français, lemarasme persiste. L’Alsacecontinue de perdre du terrain.Sur les quatre premiersmois del’année, les ventes se sont légè-rement rétractées de 0,4%. Avecl’effet boule de neige, ce reculconstitue aujourd’hui une ten-dance lourde.En 10 ans, sur la période2003/2013, la baisse enmétro-pole a atteint 5,4%. « L’Hexago-ne stagne au niveau des ventes.On sent que les Français subis-sent encore la crise économi-que », note Pierre Bernhard,président du Syndicat des Vi-gnerons indépendants.

11 ÉCOREVUE 2014 QSAMEDI28JUIN2014

TP1 11

AUTOMOBILE PSA Peugeot Citroën Mulhouse

Unestratégiepour2020

Pendant toutes ces an-nées qui ont vu grandirles difficultés du sec-teur automobile, l’Alsa-

ce a craint pour le devenir del’usine PSA de Mulhouse. Avecdes effectifs qui ont fondu au fildes années (16 000 emploisdans les années 80 et 7 000encore à ce jour), les analysesqui faisaient apparaître unesurcapacité de production auto-mobile en Europe, les inquiétu-des soulevées par le passage àun monoflux industriel, les ob-servateurs pouvaient légitime-ment se poser des questions surla destinée du site de Mulhouse.Fermeture pure et simple à plusou moins long terme, transfor-mation en site de délestage pourl’usine historique de Sochaux,plusieurs options étaient ouver-tes et surtout les plus pessimis-

tes.Puis ces derniers mois, l’envi-ronnement a bougé autour del’usine. Grâce à la volonté com-mune des dirigeants de PSA etdes élus locaux, au premierrang desquels, Jean-Marie Boc-kel, président de Mulhouse Al-sace Agglomération, secondépar son vice-président en char-ge des questions économiques,Olivier Becht, maire de Rix-heim.De ce travail en commun est néle projet de SEMPAT (baptisé« Porte sud » au sein de l’usi-ne), qui devrait aboutir avant lafin de l’année 2014.« Nous faisons un pari sur l’ave-nir. Nous n’avons pas de certitu-de absolue, mais le fait de nepas empêcher l’avenir, c’est trèsbien », explique Jean-Marie Boc-kel, conscient depuis longtemps

de la fragilité de la situation.La SEMPAT est une sociétéd’économie mixte patrimonialequi va acquérir une partie desterrains de PSA Mulhouse. L’in-térêt de cette opération résidantdans la diminution des coûtsfixes de l’usine et l’améliorationde sa compétitivité. Cette aideapportée à PSA Mulhouse enga-ge financièrement les collectivi-tés (Mulhouse Alsace Agglomé-ration, le conseil général duHaut-Rhin et le conseil régionald’Alsace).

Acquisition d’icila fin de l’année

En effet, l’achat de ces terrainss’élève à 18,5 millions d’eurospour un total de 58,4 hectaresacquis (sur les 320 hectaresqu’occupe le centre de produc-tion.Le montage juridique de cettesociété patrimoniale arrive àson terme.Les collectivités seront action-naires de la société ainsi quePSA à hauteur de 15 %. SEMPATsera en charge de la gestion.PSA, qui continuera à occuperune petite partie de cette surfa-ce, paiera un loyer. Le reste sera

transformé en zone économiqued’intérêt régional.Ce projet, validé par PhilippeVarin en décembre dernier, n’apas été remis en cause par lenouveau management du grou-pe et son actuel président CarlosTavarès. La cession définitivedu terrain concerné à la Sociétépatrimoniale SEMPAT va doncpouvoir se faire, avant la fin del’année 2014.

Mais d’ores et déjà, le site deMulhouse a établi sa stratégie2014-2020 autour de cette pers-pective. Des partenaires sontappelés à venir la rejoindre, carl’usine a pour objectif de deve-nir plus compacte et plus flexi-ble. Les terrains qui seront ac-quis par la SEMPAT pourront lesaccueillir.Par ailleurs, la somme dégagéepar la vente de ces terrains sera

injectée par PSA dans l’usine.D’où l’annonce faite le 13 juindernier par Corinne Spilios, di-rectrice de PSA Mulhouse d’uninvestissement de 300 millionsd’euros consentis par le groupepour moderniser totalementl’usine alsacienne. Des chiffresqui donnent une vraie raisond’espérer un avenir plus sereinpour l’établissement alsacien. R

F.Z.

Sur une ligne de montage chez Peugeot Citroën à Mulhouse. PHOTO DNA – FZ

Lescollectivitésalsaciennes finalisent la créationde laSEMPAT,nouvel outil dont l’objet estd’assurer lesbasesde

PSAMulhouseenAlsace.

L’ENJEU DES EMPLOIS INDUITSPSAPeugeot-CitroënMulhouse a une importante influence terri-toriale. Les statistiques de l’Insee estiment qu’on compte un emploiinduit pour 5,5 emplois directs et indirects. Près de 15 000 emploissalariés sont liés de près ou de loin à l’activité de l’établissement.Quant à la filière automobile dans son ensemble, le Pôle Véhicule duFutur compte pour l’Alsace 41 938 salariés, qui se répartissent àraison de 45%dans le Bas-Rhin et 55%dans le Haut-Rhin. Ce chiffred’élève à 45 305 pour la Franche-Comté.Le pôle Véhicule du Futur, labellisé pôle de compétitivité en 2005,travaille à améliorer la compétitivité des acteurs de la filière. À cejour, le pôle a financé 110 projets dont 20 projets européens.