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Le G8 empêchera-t-il la chute de l’économie mondiale ? U ne version « soft » de 1993, la deuxiè- me guerre d’Irak et la pneumonie aty- pique en plus… Ain- si se présente la version « Evian-les-Bains » du sommet annuel du groupe des sept pays les plus industrialisés, auxquels se joint désormais la Rus- sie, et qui se tient, du 1 er au 3 juin dans cette station de Haute- Savoie vouée à l’eau plate, à bon- ne distance d’Annemasse où des milliers d’altermondialistes s’effor- cent de conspuer un G8 qu’ils jugent « illégitime ». Il y a exactement dix ans, l’Euro- pe continentale subissait la plus grave récession qu’elle ait connue depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, la menace frappe à nouveau à la porte. Long- temps donnés en exemple, les Pays- Bas mordent la poussière de la croissance depuis six mois. L’Alle- magne, empêtrée depuis treize ans dans la facture sans fin de la réuni- fication, est dans la même situa- tion. Seule éclaircie pour la plus importante économie européen- ne : l’indice IFO du climat des affai- res a enregistré une légère amélio- ration en mai, ce qui pourrait éloi- gner la crainte d’une récession pro- longée de l’économie allemande. Le danger du « R » de récession pourrait être contenu, mais la cala- mité du «D» de déflation qui caractérise la baisse généralisée des prix revient sur l’avant-scène germanique. Un scénario que l’on croyait réservé au Japon, en panne depuis près de dix ans, en dépit de multiples nettoyages de sa vitrine financière et de l’injection massive de fonds publics. Ronald Rumsfeld, le secrétaire américain à la défense, aurait de quoi être satisfait. Sur sa carte d’état-major de la croissance mon- diale avec les huit pays réunis à Evian pour tête d’épingle, la « Vieille Europe » affiche, au mieux, une progression escomptée de 1 % du produit intérieur brut (PIB) en moyenne cette année. Le monde anglo-saxon (Etats-Unis, Royaume-Uni, Canada), en revan- che, affiche de meilleures perfor- mances avec un taux de croissance compris entre 2,1 % et 2,7 % en 2003, selon l’Organisation de coo- pération et de développement éco- nomiques (OCDE). Comble de l’ironie, au sein du G8, c’est Moscou qui dame le pion aux puissances occidentales. En croissance de 5 % pour les douze mois en cours, la Russie, qui a gran- dement profité de l’envolée du prix du pétrole avant le conflit ira- kien, offre à Vladimir Poutine un bien beau cadeau d’anniversaire pour ce natif de Saint-Péters- bourg, une ville dont on célèbre en grande pompe le tricentenaire. L’Amérique, qui a inventé les ver- tus du marketing, connaît la valeur des symboles. Après s’être rendu à Varsovie pour remercier la Polo- gne, l’un des porte-drapeaux de la « Nouvelle Europe » que cajole Washington et qui a su se ranger du bon côté lors de la guerre en Irak, George W. Bush aura honoré de sa présence la ville symbole de la Russie impériale où se seront retrouvés une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement. A côté de ces fastes, le sommet d’Evian paraît d’autant plus pâli- chon que le président des Etats- Unis, écourtant son séjour sur les rives du lac Léman, s’envolera pour Charm-el-Cheikh, en Egypte, afin de consacrer tout son temps à un « vrai » dossier : celui du Proche- Orient. Débarrassé, à l’issue d’un tra- ditionnel tête-à-tête, de l’encom- brant président américain et du « Vive la France » dont il a ironique- ment conclu son entretien au Figaro, Jacques Chirac aura tout le loisir de plaider la cause de l’Afri- que, inscrite pour la troisième année consécutive sur l’agenda du G8. Les revendications légitimes de ce continent marginalisé mérite- raient davantage qu’un simple suc- cès d’estime. Tout comme l’accès à l’eau et à l’assainissement, la lutte contre les pandémies, le soutien au Nouveau Partenariat pour le déve- loppement de l’Afrique (Nepad) ou encore le projet de créer un fonds mondial de lutte contre la famine lancé par le président brési- lien Luiz Inacio da Silva, l’un des représentants des treize pays du Sud invités à la table du Nord. L’ordre du jour très chargé et le temps minuté qu’entend lui consacrer la délégation présiden- tielle américaine ne militent pas en faveur d’avancées concrètes sur tous les sujets liés à la néces- saire solidarité avec les pays du Sud et qui appellent une réponse politique. Sur les questions écono- miques, les séquelles de la guerre irakienne, tout comme le manque évident de volonté de coordina- tion des politiques économiques, de part et d’autre de l’Atlantique, ne vont pas davantage dans le sens d’un accord réel sur le coup de pouce à donner à la relance de l’activité. Aggravés par les déficits publics sur lesquels les Etats-Unis ne sont pas en reste, la crainte qu’une bulle immobilière vienne prendre le relais d’une bulle tech- nologique à moitié dégonflée, la défiance que continuent à susci- ter marchés financiers et résultats d’entreprise désormais soumis au soupçon, enfin, la chute de près de 35 % du dollar en l’espace de dix-huit mois, une dégringolade sur laquelle Washington a bien du mal à cacher sa satisfaction, les déséquilibres de l’économie mondiale n’ont guère de chances de trouver à Evian le point d’an- crage et le regain de confiance qui conviendraient à ce sommet de crise. Dans le même temps, la planè- te doit affronter un nouveau mal médico-économique : le virus du SRAS qui devrait faire perdre à l’Asie au moins un demi-point de croissance cette année, soit près de 30 milliards de dollars. Sous réserve que l’épidémie ne s’éten- de pas. Invité lui aussi pour la première fois au G8, le président chinois Hu Jintao aurait sans dou- te préféré un autre contexte pour vanter les mérites d’un pays qui, jusqu’à présent, affichait cha- que année un record mondial de croissance. Une consolation tout de même : dans ce domaine au moins, ce sont la Chine et la Russie qui figu- rent en haut de l’affiche. Serge Marti Illustration Thierry Dalby Comble de l’ironie, c’est Moscou qui dame le pion aux puissances occidentales. En croissance de 5 % pour les douze mois en cours, la Russie a grandement profité de l’envolée du prix du pétrole Jean-Bernard Schmidt, le nouveau patron de l’Association européenne des investisseurs en capital-développement, souhaite la mise en place de dispositifs financiers et fiscaux homogènes p. IV A partir de 17 ans, les étudiants allemands cotisent pour leur retraite. Peut-être un exemple à suivre en France, où l’entrée dans la vie active est trop tardive… p. V OFFRES D’EMPLOI b SPÉCIAL CONSEIL/AUDIT Les organisations internationales veulent plus de transparence dans leurs comptes. Un marché qui ouvre aux cabinets les portes des programmes de développement p. VII b Les restaurateurs d’art se tournent vers le privé, face à la baisse des contrats publics p. VIII à évian, les chefs d’état auront du mal à relancer la croissance handicapée par le manque de confiance EUROPE FOCUS b Dirigeants b Finance, administration, juridique, RH b Banque, assurance b Conseil, audit b Marketing, commer- cial, communication b Santé b Indus- tries et technologies b Carrières inter- nationales b Multipostes b Collectivi- tés territoriales p. IX à XIV 4 spécialisations : Affaires Internationales Marketing Client Management de la Distribution Commerce Electronique Validation avec double diplôme : - Titre de l’ICD homologué par l’Etat à Bac+4 - Maîtrise de l’IMD - Université de Lille 2 Accès en 5 ème année au Grade européen Master - Des parcours individualisés selon le projet de chacun - Des expériences de longue durée en entreprise, en France et à l’étranger - La puissance d’un réseau d’anciens L’ICD, l’école de commerce du Groupe IGS, une autre vision du commerce Pour tout renseignement : 12, rue Alexandre Parodi - 75010 Paris Isabelle Nonis - 01 40 03 15 69 www.icdparis.com 2 cycles èmes Développement personnel et professionnalisation ÉTABLISSEMENT D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR TECHNIQUE PRIVÉ Admission à Bac+2/+3 EMPLOI ECONOMIE MARDI 3 JUIN 2003

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Le G8 empêchera-t-il la chutede l’économie mondiale ?

Une version « soft »de 1993, la deuxiè-me guerre d’Irak etla pneumonie aty-pique en plus… Ain-si se présente la

version « Evian-les-Bains » dusommet annuel du groupe dessept pays les plus industrialisés,auxquels se joint désormais la Rus-sie, et qui se tient, du 1er au 3 juindans cette station de Haute-Savoie vouée à l’eau plate, à bon-ne distance d’Annemasse où desmilliers d’altermondialistes s’effor-cent de conspuer un G8 qu’ilsjugent « illégitime ».Il y a exactement dix ans, l’Euro-

pe continentale subissait la plus

grave récession qu’elle ait connuedepuis la fin de la seconde guerremondiale. Aujourd’hui, la menacefrappe à nouveau à la porte. Long-temps donnés en exemple, les Pays-Bas mordent la poussière de lacroissance depuis six mois. L’Alle-magne, empêtrée depuis treize ansdans la facture sans fin de la réuni-fication, est dans la même situa-tion. Seule éclaircie pour la plusimportante économie européen-ne : l’indice IFO du climat des affai-res a enregistré une légère amélio-ration en mai, ce qui pourrait éloi-gner la crainte d’une récession pro-longée de l’économie allemande.Le danger du « R » de récessionpourrait être contenu, mais la cala-

mité du « D » de déflation quicaractérise la baisse généraliséedes prix revient sur l’avant-scènegermanique. Un scénario que l’oncroyait réservé au Japon, en pannedepuis près de dix ans, en dépit demultiples nettoyages de sa vitrinefinancière et de l’injection massivede fonds publics.Ronald Rumsfeld, le secrétaire

américain à la défense, aurait dequoi être satisfait. Sur sa carted’état-major de la croissance mon-diale avec les huit pays réunis àEvian pour tête d’épingle, la« Vieille Europe » affiche, aumieux, une progression escomptéede 1 % du produit intérieur brut(PIB) en moyenne cette année. Le

monde anglo-saxon (Etats-Unis,Royaume-Uni, Canada), en revan-che, affiche de meilleures perfor-mances avec un taux de croissancecompris entre 2,1 % et 2,7 % en2003, selon l’Organisation de coo-pération et de développement éco-nomiques (OCDE).Comble de l’ironie, au sein du

G8, c’est Moscou qui dame le pionaux puissances occidentales. Encroissance de 5 % pour les douzemois en cours, la Russie, qui a gran-dement profité de l’envolée duprix du pétrole avant le conflit ira-kien, offre à Vladimir Poutine unbien beau cadeau d’anniversairepour ce natif de Saint-Péters-bourg, une ville dont on célèbre engrande pompe le tricentenaire.L’Amérique, qui a inventé les ver-

tus du marketing, connaît la valeurdes symboles. Après s’être rendu àVarsovie pour remercier la Polo-gne, l’un des porte-drapeaux de la« Nouvelle Europe » que cajoleWashington et qui a su se rangerdu bon côté lors de la guerre enIrak, George W. Bush aura honoréde sa présence la ville symbole dela Russie impériale où se serontretrouvés une quarantaine dechefs d’Etat et de gouvernement.A côté de ces fastes, le sommet

d’Evian paraît d’autant plus pâli-chon que le président des Etats-Unis, écourtant son séjour sur lesrives du lac Léman, s’envolera pourCharm-el-Cheikh, en Egypte, afin deconsacrer tout son temps à un« vrai » dossier : celui du Proche-Orient.Débarrassé, à l’issue d’un tra-ditionnel tête-à-tête, de l’encom-brant président américain et du« Vive la France » dont il a ironique-ment conclu son entretien auFigaro, Jacques Chirac aura tout leloisir de plaider la cause de l’Afri-que, inscrite pour la troisième annéeconsécutive sur l’agenda du G8.Les revendications légitimes de

ce continent marginalisé mérite-raient davantage qu’un simple suc-cès d’estime. Tout comme l’accès àl’eau et à l’assainissement, la luttecontre les pandémies, le soutien auNouveau Partenariat pour le déve-loppement de l’Afrique (Nepad)ou encore le projet de créer unfonds mondial de lutte contre lafamine lancé par le président brési-lien Luiz Inacio da Silva, l’un desreprésentants des treize pays duSud invités à la table du Nord.L’ordre du jour très chargé et le

temps minuté qu’entend luiconsacrer la délégation présiden-tielle américaine ne militent pasen faveur d’avancées concrètessur tous les sujets liés à la néces-saire solidarité avec les pays duSud et qui appellent une réponsepolitique. Sur les questions écono-miques, les séquelles de la guerreirakienne, tout comme le manqueévident de volonté de coordina-tion des politiques économiques,de part et d’autre de l’Atlantique,ne vont pas davantage dans le

sens d’un accord réel sur le coupde pouce à donner à la relance del’activité.Aggravés par les déficits

publics sur lesquels les Etats-Unisne sont pas en reste, la craintequ’une bulle immobilière vienneprendre le relais d’une bulle tech-

nologique à moitié dégonflée, ladéfiance que continuent à susci-ter marchés financiers et résultatsd’entreprise désormais soumis ausoupçon, enfin, la chute de prèsde 35 % du dollar en l’espace dedix-huit mois, une dégringoladesur laquelle Washington a biendu mal à cacher sa satisfaction,les déséquilibres de l’économiemondiale n’ont guère de chancesde trouver à Evian le point d’an-crage et le regain de confiancequi conviendraient à ce sommetde crise.

Dans le même temps, la planè-te doit affronter un nouveau malmédico-économique : le virus duSRAS qui devrait faire perdre àl’Asie au moins un demi-point decroissance cette année, soit prèsde 30 milliards de dollars. Sousréserve que l’épidémie ne s’éten-

de pas. Invité lui aussi pour lapremière fois au G8, le présidentchinois Hu Jintao aurait sans dou-te préféré un autre contextepour vanter les mérites d’un paysqui, jusqu’à présent, affichait cha-que année un record mondial decroissance.Une consolation tout de même :

dans ce domaine au moins, cesont la Chine et la Russie qui figu-rent en haut de l’affiche.

Serge MartiIllustration Thierry Dalby

Comble de l’ironie, c’est Moscou qui damele pion aux puissances occidentales.

En croissance de 5 % pour les douze moisen cours, la Russie a grandement profité

de l’envolée du prix du pétrole

Jean-Bernard Schmidt,le nouveau patron del’Association européennedes investisseurs encapital-développement,souhaite la mise en placede dispositifs financiers etfiscaux homogènes p. IV

A partir de 17 ans,les étudiants allemandscotisent pourleur retraite. Peut-êtreun exemple à suivreen France, où l’entréedans la vie activeest trop tardive… p. V

OFFRESD’EMPLOI

b SPÉCIAL CONSEIL/AUDITLes organisations internationales veulentplus de transparence dans leurs comptes.Un marché qui ouvre aux cabinets les portesdes programmes de développement p. VIIb Les restaurateurs d’art se tournent vers le privé,face à la baisse des contrats publics p. VIII

à évian, les chefs

d’état auront

du mal à relancer

la croissance

handicapée

par le manque

de confiance

EUROPE FOCUS

b Dirigeantsb Finance, administration,juridique, RH b Banque, assuranceb Conseil, auditb Marketing, commer-cial, communication b Santé b Indus-tries et technologies b Carrières inter-nationales b Multipostes b Collectivi-tés territoriales p. IX à XIV

4 spécialisations :Affaires InternationalesMarketing ClientManagement de la DistributionCommerce Electronique

Validation avec double diplôme : - Titre de l’ICD homologué par l’Etat à Bac+4- Maîtrise de l’IMD - Université de Lille 2Accès en 5ème année au Grade européen Master

- Des parcours individualisés selon le projet de chacun- Des expériences de longue durée en entreprise,

en France et à l’étranger- La puissance d’un réseau d’anciens

L’ICD, l’école de commerce du Groupe IGS,une autre vision du commerce

Pour tout renseignement :12, rue Alexandre Parodi - 75010 ParisIsabelle Nonis - 01 40 03 15 69www.icdparis.com

2 cyclesèmesDéveloppementpersonnel etprofessionnalisation

ÉTABLISSEMENT D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR TECHNIQUE PRIVÉ

Admissionà Bac+2/+3

EMPLOI

ECONOMIEMARDI 3 JUIN 2003

Même aux Pays-Bas, la confiance n’est plus au rendez-vousAMSTERDAM

de notre envoyée spéciale’ qui fait, aujourd’hui,

son chemin aux Pays-Bas : « This is undutch » (« cen’est pas néerlandais »). La récession qui vient defrapper le PIB ? « This is undutch » ; l’assassinat en2002 de Pim Fortuyn, le leader populiste ? Les mésa-ventures d’Ahold, joyau national, troisième distribu-teur mondial, qui a gonflé ses profits ? « This is… ».

Le pays doute. Depuis 1997, il faisait figure demodèle avec une croissance forte, un budget excé-dentaire, le plein-emploi et des relations sociales fon-dées depuis 1982 sur les « accords de Wassenaar ».Gouvernement, employeurs et syndicats avaientdécidé, alors, d’une union sacrée contre la faillite dupays, habitué à vivre de la manne du gaz naturel.

Le miracle n’en est plus un. Le PIB devrait progres-ser – au mieux – de 0,75 % cette année et de 1,75 % en2004, moins bien donc que celui de la zone euro. Lesfinances publiques sont en déficit (entre 1,6 et 1,9 %du PIB), le chômage à la hausse (5,5 % prévus en 2003et 8 % en 2004), tandis que les investissements pro-ductifs vont continuer à se contracter (– 3 % en 2003).L’inflation, essentiellement salariale, en décélération,

devrait se situer entre 2,5 % et 3 % cette année. Mêmeles relations sociales se tendent, les syndicats ayantindiqué que « le temps de l’action était venu ». Unegrève ? Au pays qui a fait sienne la civilisation du com-promis, on n’ose y croire. En revanche, une grandemanifestation est probable afin de mettre sous pres-sion le gouvernement qui vient d’être (enfin) consti-tué. Mais, après ce sursaut, comme l’indique JacquesSchraven, le patron des patrons néerlandais, « il seratemps de se réunir autour d’une table pour mettre lesproblèmes à plat. Les Pays-Bas entrent dans une nou-velle phase, qu’il reste à construire ».

Les attentats du 11 septembre 2001 et l’atonie mon-

diale qui s’est ensuivie auraient été l’élément détona-teur de la chute de cette économie très internationali-sée : les échanges commerciaux pèsent pour près de60 % dans la richesse nationale, avec l’Allemagne– en récession – pour principal partenaire. « En 2002,et ce fut une première, constate Jean-Paul Thuillier,chef de la mission économique à l’ambassade deFrance à La Haye, le commerce international a contri-bué négativement au PIB néerlandais. » En attendant

la reprise, Amsterdam aimerait activer les autresmoteurs de la croissance : la consommation et l’in-vestissement. Mais, comme ailleurs, la confiancen’est plus au rendez-vous. Le scandale Ahold et lachute de la compétitivité liée à un coût du travail éle-vé refroidissent les ardeurs des entrepreneurs quidevraient accélérer les restructurations dans lesmois qui viennent. Face à une pénurie de candidatssur le marché du travail – caractérisé par le fameuxsystème d’assurance-invalidité (WAO) qui accueilleprès de 1 million de personnes –, les employeursavaient retardé les ajustements d’effectifs.

Sur le front de la consommation, rien de plusencourageant. La chute de la Bourse – avec la baissedes fonds de pension –, l’effet de richesse liée à l’im-mobilier qui s’estompe vont provoquer une baissedu pouvoir d’achat des ménages (– 1,75 % en 2003).L’année s’annonce difficile pour le gouvernement quidevra lancer plusieurs réformes : modération salaria-le, marché du travail, contrôle des dépenses de san-té, etc. Autant de points pour lesquels la culture duconsensus sera nécessaire mais pas suffisante.

Marie-Béatrice Baudet

Il y a quelques jours, BNPParibas annonçait un bénéfi-ce net de 962 millionsd’euros au premier trimes-tre 2002, en repli par rap-port à l’année précédente,

mais nettement supérieur aux atten-tes… et obtenu grâce aux bonnesperformances enregistrées sur lesmarchés de capitaux ! C’est aujour-d’hui un des grands mystères queles économistes tentent d’éclaircir.Pourquoi et comment le systèmebancaire occidental est-il parvenu– dumoins jusqu’à présent – à résis-ter à la terrible crise financièresubie au cours des dernièresannées ?Chacun s’accorde pourtant à

reconnaître que la débâcle boursiè-re commencée en mars 2000 a

constitué par sa violence, par sonampleur, l’un des plus importantsséismes de l’histoire du XXe siècle.Mais l’explosion de la gigantesquebulle spéculative qui s’était forméesur les valeurs technologiques n’apour l’instant provoqué aucunecatastrophe majeure dans les rangsdes établissements de crédit. Desrumeurs ont certes couru, faisantétat de difficultés dans plusieursgrands établissements, mais bienmoins, toutefois, par exemple, quelors de la faillite du fonds spéculatifLTCM, à l’automne 1998.On est dans tous les cas bien loin

du cataclysme observé au cours desannées 1930, lorsque le systèmebancaire avait connu plusieursvagues de crises. En mai 1931, com-me le rappelle Isaac Joshua dansson livre La Crise de 1929 et l’émer-gence américaine (PUF, coll.« Actuel Marx-Confrontation »,1999), étaient annoncées les pertescolossales de la Creditanstalt, la ban-que autrichienne, suivie deux moisplus tard par une panique bancairegénéralisée en Allemagne. La défer-lante gagnant ensuite l’Angleterre,avec la suspension de la convertibili-té-or de la livre le 21 septembre. Aucours du dernier trimestre 1932, lesbanques américaines étaient brus-

quement confrontées à une ruéedes déposants. Le 3mars 1933, l’acti-vité bancaire était suspendue dansprès de la moitié des Etats. Le6 mars, le président Roosevelt pro-clamait une fermeture générale desbanques sur tout le territoire et ilsuspendait la convertibilité-or dudollar ainsi que l’exportation dumétal précieux. « Mars 1933, apo-théose des crises bancaires, marqueaussi la fin de la grande dépressionselon la chronologie officielle », rap-pelle M. Joshua.Selon certains économistes, il ne

s’agirait nullement d’une coïnciden-ce. La thèse développée par le PrixNobel Milton Friedman est que lesfaillites bancaires ont été à l’originemême de la grande dépression. Cesont elles qui ont provoqué une chu-

te dramatique de plus d’un tiers dustock de monnaie du début à la finde la récession, avec des conséquen-ces désastreuses pour l’activité éco-nomique. M. Friedman considèredu même coup que la responsabili-té ultime de la crise incombe à laRéserve fédérale américaine (Fed),coupable de ne pas avoir su éviterl’effondrement de la masse moné-taire et de ne pas avoir su fourniraux établissements de crédit lesliquidités dont ils avaient besoinpour leur survie. M. Friedman amême pu parler d’une politiquemonétaire « stupide ».Il s’agirait là d’une différence

essentielle par rapport à la situationrécente dans laquelle la Fed a faitpreuve d’une grande réactivité, aabaissé à de multiples reprises sestaux directeurs pour finalementramener le loyer de l’argent au jourle jour à 1,25 %, son plus bas niveaudepuis 1961. La politique éclairéed’Alan Greenspan, son président,aurait ainsi sauvé le système bancai-re d’un séisme annoncé. Les écono-mistes de CDC-Ixis soulignent àquel point il est essentiel d’arrêtervite une crise bancaire : « Des ban-ques en mauvaise santé sont un han-dicap considérable, puisque les entre-prises ne peuvent plus facilement trou-

ver de financements externes et qu’unrisque de cercle vicieux apparaît. Ladégradation de la situation des ban-ques les conduit à devenir plus restric-tives dans la distribution de crédit.Les emprunteurs, privés de finance-ment, sont alors eux-mêmes en diffi-culté, et il y a hausse du nombre dedéfauts ; ceci, à son tour, impliquedes pertes additionnelles du côté desbanques, un recul de la croissance, etun nouveau renforcement des restric-tions dans la distribution du crédit. »

C’est parce que la Banque du

Japon aurait trop tardé à réagir, audébut des années 1990, à l’explo-sion des bulles boursière et immobi-lière que l’économie nippone seraitaujourd’hui dans l’incapacité derebondir et que le système bancairede l’Archipel, comme le prouve lasituation critique du groupe Reso-na, n’est toujours pas assaini. C’estaussi parce que la Banque centraleeuropéenne semontrerait trop pru-dente, hésiterait trop à baisser sestaux que les banques allemandes– dont les structures sont prochesde leurs homologues japonaises,avec notamment des relations delong terme avec les entreprisesemprunteuses – se trouveraient

aujourd’hui au bord du gouffre.Au-delà d’une politique monétai-

re dans l’ensemble plus accommo-dante qu’en 1930, la meilleureappréciation et surveillance des ris-ques – notamment grâce au ratioCooke, qui préside aux destinées dela supervision bancaire depuis1988 – aurait aussi constitué unetrès efficace protection pour les éta-blissements de crédit. C’est aussi lecas des procédures de contrôleinterne pour toutes les opérationsde marché qui avaient été nette-ment renforcées après les scanda-les Barings (printemps 1995) ouLTCM (automne 1998). Ultime pis-te et pour le moins inattendue avan-cée par M. Greenspan pour expli-quer la résistance du système ban-caire à la débâcle boursière : l’exis-tence des produits financiers déri-vés. Grâce à eux et à la couverturedes risques qu’ils permettent, cesinstruments auraient permisd’amortir les effets dévastateurs dukrach… Les marchés dérivés – régu-lièrement décriés, accusés d’accroî-tre la volatilité des cours – sauvantle système bancaire de la faillite, cen’est pas le moindre des paradoxesde la crise financière actuelle.

Pierre-Antoine Delhommais

D O S S I E R

POUR EN SAVOIR PLUS

1Quelle est la situationde l’économiemondiale ?

Dans ses Perspectives économi-ques d’avril, l’Organisation de co-opération et de développementéconomique (OCDE) fait étatd’une « atonie » de l’activité dansla zone « plus longue que prévuface à de fortes fluctuations duprix du pétrole, à de sensibles réali-gnements des taux de change et àune érosion continue des cours deBourse ». Résultat, en 2003, la« croissance du produit intérieurbrut (PIB) de la zone OCDE nedépasserait que de justesse les1,75 % enregistrés en 2002 ».L’OCDE note également que,dans ce climat de faiblesse géné-ralisée, les écarts de croissancevont se creuser, notamment enEurope.Optimistes néanmoins, lesexperts de l’OCDE estiment quela baisse des taux d’intérêt et laréduction des surcapacités de pro-duction favorisent le retour de laconfiance. Les politiques monétai-re et budgétaire mises en œuvre,notamment aux Etats Unis, conti-nuent d’autre part de soutenirune demande non inflationniste.Pour peu que le baril de pétroledemeure en dessous de 25 dol-lars, l’OCDE estime qu’une crois-sance de 3 % n’a rien d’impossi-ble en 2004.

2Quel est l’effetde la haussedu dollar ?

L’euro s’est apprécié de plus de30 % par rapport au dollar aucours des 17 derniers mois. D’oùla plainte croissante des indus-triels européens, qui peinent àexporter. Le géant allemand desmédias, Bertelsmann, a imputéau taux de conversion euro-dol-lar une réduction de ses exporta-tions de l’ordre de 400 millionsde dollars par rapport à l’annéeprécédente. Pour Volkswagen, letaux de change a fait chuter sesventes aux Etats Unis de 3,9 % aupremier trimestre 2003.Ce ralentissement des exporta-tions aura donc une traductionmacroéconomique importante.

Les calculs de l’Observatoire fran-çais des conjonctures économi-ques (OFCE) établissent qu’unebaisse de 10 % du dollar aurait unimpact négatif de 0,8 % sur le PIBde la zone euro la premièreannée, puis de 1,6 % les deuxiè-me et troisième années.La baisse du dollar a, certes, poureffet positif de réduire l’inflationpar réduction mécanique de la fac-ture pétrolière, notamment, maisson gros inconvénient est d’entraî-ner un ralentissement économi-que en Europe. Les signes de défla-tion déjà perceptibles dans cer-tains pays pourraient en êtreaggravés.D’ores et déjà, la question d’unenouvelle diminution des taux de laBanque centrale européenne estposée, sachant que la baisse dudollar a annulé les effets positifsdes deux précédentes baisses.

3Y a-t-ilun risquede déflation ?

La réduction de la demande dansl’ensemble des pays de la zoneOCDE fait craindre aujourd’huiun risque déflationniste, soit unprocessus de baisse généraliséedes prix. La pression est aujour-d’hui forte sur les chefs d’entre-prise de conserver leurs marchésen rognant sur les marges demanière à provoquer une baisserégulière des prix.Au plan international, la Chine,avec sa capacité quasi illimitéede fournir une main-d’œuvre àbas prix, est tentée de continuerd’alimenter le marché mondialavec des marchandises aux prixrégulièrement bradés. AlanGreenspan, le président de laRéserve fédérale américaine, areconnu le 21 mai que le risquede déflation était « possible » auxEtats Unis, même s’il se faisaitfort de le juguler.En Europe, c’est l’Allemagne quiprésente le risque déflationnistele plus élevé. Une étude du Fondsmonétaire international de maiclasse le risque de déflation dansce pays à un haut niveau du faitd’un chômage croissant, d’un sys-tème bancaire affaibli et de tauxd’intérêt trop forts.

la politique

d’alan greenspan,

le patron

de la fed, aurait

évité une crise

QUESTIONS-RÉPONSES

Boussole

Pendant des mois, ladeuxième guerre en Irakqui n’en finissait pasd’éclater était fustigéecomme étant la cause detous les maux paralysant

l’activité économique : ralentisse-ment de la croissance au niveaumondial, panne de l’investissementindustriel, hésitations de la consom-mation des ménages, crainte du ter-rorisme… La guerre est aujourd’huibouclée, du moins dans sa premièreétape, mais la confiance n’est pasrevenue pour autant.De l’avis des observateurs, l’absen-

ce de coordination des politiqueséconomiques au niveau internatio-nal – principalement entre l’Europeet les Etats-Unis –,mais aussi au seinde l’Union européenne, est le princi-pal problème au redémarrage de lacroissance. Evoquant une tendancede fond, Jean-Paul Pollin, profes-seur d’économie à l’université d’Or-léans, estime ainsi que « les Etats-Unis ne prennent pas de gants pourreporter le règlement de leurs difficul-tés intérieures sur l’Europe. Ils creu-sent les déficits budgétaires et com-merciaux et la glissade du dollar lesavantage fortement ».

Ce jeu en solo des Etats-Unis estvigoureusement regretté par FredBergsten, directeur de l’Institute forInternational Economics (IIE), etThierry de Montbrial, président del’Institut français de relations inter-nationales (IFRI), qui ontmis en pla-ce un G8 fantôme, composé d’ex-perts, qui réaffirme la « nécessitéimpérative pour les chefs d’Etat mem-bres du G8 de faire la démonstrationde leur réconciliation et de résister àtoute tentative de règlement de comp-tes. Ils ne pourront le faire qu’en lan-çant de nouvelles initiatives qui mar-queront leur volonté et leur capacité àcoopérer ».La non-coordination au niveau

international empêcherait donc queles véritables problèmes – structu-rels – soient posés et donc traités.Mais pour Vincent Lahuec, écono-miste au département des études duCrédit agricole, les fragilités appa-rues en 2002 se sont aggravées en2003 : « Rien n’a changé, ni les comp-tes truqués et la crise de confiance quiles accompagne, ni l’endettement desagents économiques, ni les dernièresbulles qui tardent encore à crever, nila rechute de l’industrie. »Les trucages comptables demulti-

nationales comme Enron, World-Com, Tyco…, les défaillances coupa-bles des organismes de contrôle etdes agences de notation financière,ont engendré unmanque de visibili-té qui a accru la méfiance des inves-tisseurs. Au point que Patrick Artus,directeur des études de la Caisse desdépôts et consignations, remarqueque lemarché des actions est aujour-d’hui entièrement dans la main desarbitragistes et que les investisseursdemoyen et long terme sont décou-

ragés « par la variabilité des cours…Si un marché d’actions sert unique-ment de support à la spéculation, iln’a aucune utilité économique »,conclut-il. André Cartapanis, profes-seur à l’université de la Méditerra-née, ajoute que « les conséquencesdes bulles financières n’ont pas étéfranchement réglées ».

Ce manque de réorganisation et

la méfiance générale qui prévaut àl’égard desmarchés financiers, sinis-trés depuis deux ans, handicapentles entreprises qui cherchent à sedésendetter tout en développantleur activité. Si certaines voulaientnéanmoins investir, elles se heurte-raient à la raréfaction du crédit ban-caire, lui aussi devenu très prudent.Pire, cette stagnation qui a long-temps affecté l’industrie touche àprésent les services – traditionnelsamortisseurs de crise – tandis que,sur un autre registre, les pays émer-gents ne trouvent plus d’investis-seurs directs étrangers. La leçon dela bulle Internet a été si peu inté-grée que d’autres bulles se forment,telle celle qui prend toute sonampleur sur le marché immobilier(France, Grande-Bretagne…) où leprix des logements flambe.A cela s’ajoutent des risques

d’une autre nature mais lourds deconséquences économiques. Lapneumopathie atypique (SRAS) par-tie d’Asie – qui touche 24 pays – estconsidérée par certains comme unenouvelle crise asiatique, à l’instar decelle de 1997. Elle pénalise le touris-me, les échanges industriels et lecommerce au point de réduire lacroissance potentielle de la zone

d’aumoins un point de produit inté-rieur brut (PIB) au cours des six der-niers mois.En attendant un discours et des

initiatives communes, chaque paysmembre du G8 doit aussi affronterses propres problèmes. L’Allema-gne doit apurer son système bancai-re et éviter la généralisation desmêmes signes de déflation qui frap-pent le Japon. La France s’essouffleà mettre en place une réforme desretraites et peinera autant à réfor-mer l’assurance-maladie. Quant auJapon, la faillite de son système ban-caire ouvre la voie à une débâcleéconomique générale : le poids descréances douteuses représenteaujourd’hui 17 % du PIB. Au sein del’Union européenne, le pacte de sta-bilité et de croissance est devenuune fiction à laquelle les déficitsbudgétaires croissants ne permet-tent plus de croire.Le G8 fantôme mis en place par

l’IFRI et l’IIE ajoute que les Etats-Unis devraient quant à eux éviter tou-te relance fiscale, supprimer les bais-ses d’impôts déjà programmées quiérodent la marge de manœuvre dugouvernement fédéral et surtout« coopérer avec les autres pays du G8pour limiter les dégâts à court termede la dévalorisation du dollar ».Dans pareil contexte, il faudrait

bien de l’aveuglement aux ménagespour qu’ils ne s’interrogent pas surles risques qu’il y aurait à continuerde consommer au lieu d’épargner. Sice dernier rempart contre la réces-sion faiblissait, l’ajustement devraitêtre opéré alors dans la douleur de lacroissance négative et du chômage.

Yves Mamou

la méfiance

envers

les marchés

financiers bloque

la reprise

Le système bancaire occidental tient bon malgré tout

La relance de l’économie en pannede coordination internationale

>Les Théories des criseséconomiques, de Bernard Rosier(éd. La Découverte, coll. « Repères »,2003, 128 p., 7,95 ¤).> Une glorieuse stagnation, d’AlainCotta (Fayard, 2003, 180 p., 14 ¤).> Pourquoi limiter l’expansiondu capitalisme ?, de FrançoisFlahault (éd. Descartes & Cie,coll. « Essai », 2003, 10 ¤).

Source : OCDE *Prévisions

STAGNATION DE LA PRODUCTION EN 2003

0,4

0,3

1,5

1,6

0,8

0,3

2,4

0,9

1,0

1,8

1,0

2,5

1,0

1,2

1,9

1,1

4,0

2,4

2,4

3,0

Croissance de la production, % de variation du PIB

2001 2002 2003* 2004*Pays

Etats-Unis

Japon

Zone euro

Union européenne

Total de l'OCDE

II/LE MONDE/MARDI 3 JUIN 2003

A l’occasion du G8 d’Evian, leschefs d’Etat et de gouverne-ment manifestent leurs inquié-tudes sur l’évolution de l’éco-nomie mondiale. En quoi lasituation économique et finan-cière internationale peut-elleapparaître aujourd’hui commeatypique ?La principale source d’inquiétu-

de, on le sait, est la déflation,c’est-à-dire la situation queconnaît le Japon depuis au moinscinq ans : des prix stagnants ouen baisse, une croissance anémi-que, des instruments de politiqueéconomique affaiblis et des diffi-cultés bancaires qui amplifientles problèmes de croissance.Dans le même temps, les risquessont assez différenciés suivantles pays, ce qui explique en Euro-pe les difficultés de la Banquecentrale européenne, notammentau regard des problèmes bienconnus de l’Allemagne.On constate aussi que la repri-

se économique aux Etats-Unisdont on pensait qu’elle suivraitassez vite les coupes budgétaireset les premiers ajustementsmicroéconomiques, après l’éclate-ment de la bulle boursière, n’estpas aussi rapide qu’on l’avaitespéré.On parle moins à l’heure

actuelle de la crise en Argenti-ne. Est-ce à dire que ses effetssont en train de s’atténuer ? Lasituation économique des pays

émergents d’Amérique latineest-elle en voie d’amélioration ?Depuis le défaut de paiement de

la fin décembre 2001, la capacitéde l’Argentine à affecter, ne serait-ce que marginalement, la conjonc-ture et les marchés des membresdu G8 est nulle. De fait, elle fonc-tionne largement en vase clos,même s’il existe toujours un volantd’importation et d’exportation.Cela étant, au plan interne, la politi-que menée depuis un an a abouti àune stabilisation de l’inflation etdu taux de change du peso, puis àune reprise significative : apparem-ment la croissance pourrait attein-dre 4 % en 2003.Mais il ne s’agit pas pour le

moment d’une reprise durable.Pour commencer, la stabilité dutaux de change est conditionnéeau fait qu’il n’y a pas de service dela dette. Dès lors qu’il y aura res-tructuration et reprise d’un niveauminimal de service de paiements,les équilibres extérieurs serontaffectés. Surtout, le coût de la crisefinancière, au plan interne, estencore largement à partager, puisà absorber. Non seulement l’Etatn’a pas commencé à renégocier sadette, mais il a accumulé un nou-veau stock de bons du Trésor.Le système bancaire et une bon-

ne partie des entreprises sont tou-jours complètement insolvables, sibien qu’il ne peut y avoir de reprisedu crédit et de l’investissement. Lastabilisation est donc une très bon-ne chose dans la mesure où elleaméliore, à la marge, les condi-tions de vie catastrophiques de lapopulation. Le risque est que celaconduise le nouveau gouverne-ment de Nestor Kirchner à adopterune attitude trop confiante et àreporter la résolution des problè-mes sous-jacents. Dans ce cas, onpourrait avoir une rechute, danstrois ou quatre ans.De son côté, le Brésil est claire-

ment dans une bienmeilleure posi-tion : il a la capacité de sauter unou deux crans dans l’échelle desgrandes économies internationalesdans les prochaines années. Celaétant, il a connu lui aussi uneannée 2002 très dure : une énormebaisse du change et une croissancetrès faible pour la seconde annéed’affilée, le tout en passant plu-sieurs mois à la limite extrême dudéfaut de paiement. Aujourd’hui,les primes de risque sur sa dettesont revenues à des niveaux sup-portables et le change s’est réap-précié. Comme disent les techno-crates de Brasilia, « on a remis la

balle dans le jeu ». Reste que lespressions inflationnistes, dues à lachute du change en 2002, sont for-tes, ce qui oblige la banque centra-le à maintenir des taux d’intérêt éle-vés. Cela repousse d’autant la repri-se de la croissance, sans laquelleles marges de manœuvre du prési-dent Lula resteront ce qu’ellessont : excessivement étroites.Au-delà, on peut se demander si

le jugement actuellement très posi-tif des marchés n’anticipe pas tropsur la capacité du gouvernement àmettre en œuvre rapidement desréformes structurelles, en particu-lier sur les impôts et les retraitesdans le secteur public. Si ellesavancent moins vite que prévu, ous’il faut les diluer pour obtenir l’ac-cord du Parlement, on pourraitavoir un retour de bâton.D’ailleurs, dès qu’il y a ponctuelle-ment une mauvaise nouvelle,l’écho sur les marchés est immé-diat. En fait, ce pays vit un peu surle crédit politique de son prési-dent : c’est une bonne chose sicela peut aider à engager les réfor-mes sociales, mais c’est une res-source limitée !

Jusqu’à présent les pays d’Eu-rope centrale et orientale(PECO) présentaient une bonnerésistance au ralentissement del’économie mondiale. La crisepersistante en Allemagne ne ris-que-t-elle pas à terme de com-promettre cette tendance ?Les économies d’Europe centra-

le sont liées aux cycles ouest-euro-péens de manière étroite depuis lemilieu des années 1990. Les diffi-cultés allemandes ont déjà eu unimpact sur la région. C’est pour-quoi la capacité des PECO à résis-ter à cette mauvaise conjonctureest un bon signe quant au poten-tiel de convergence vers lesniveaux de développement despays de l’Union européenne.Dans le même temps, il y a un

vrai problème avec la Pologne :elle est désormais sur la voied’une déflation à l’allemande,avec une inflation faible ou négati-ve, des taux d’intérêt qui restent,

en termes réels, très élevés, unchômage qui croît et un secteurbancaire qui accumule à nouveaude larges pertes. Cet échec de lapolitique économique, et notam-ment de la banque centrale, esttriste : il a interrompu la dynami-que économique qui avait permisà Varsovie de faire la course entête pendant toute la premièrephase de la transition, entre 1990et 1998.En Asie, et en Chine plus parti-

culièrement, le syndrome respi-ratoire aigu sévère (SRAS) peut-il affecter de manière durable ledéveloppement économique decette partie du monde ?Le SRAS peut avoir une quantité

d’effets sur le comportement despopulations : il peut conduire àreporter des décisions d’investisse-ment, freiner la consommation,ralentir les flux touristiques, per-turber les relations interentrepri-ses entre les différents pays, accroî-tre les problèmes bancaires restésirrésolus depuis la crise de1997-1998. L’économie mondialeconnaît régulièrement des acci-dents comme le SRAS : on pour-

rait aussi évoquer la crise avec laCorée du Nord, les prix pétroliers,etc. Ce type d’événement a plutôttendance à révéler ou à amplifierdes difficultés antérieures, plutôtqu’à être en tant que tel un facteurde crise majeure. Ici, l’inquiétudevient à nouveau des pressionsdéflationnistes, d’autant plus sensi-bles que ces économies sont trèsvulnérables aux évolutions desprix internationaux et du change.La principale source d’optimis-

me reste évidemment la Chine, quicontinue de croître à 7 % ou 8 %par an, malgré des niveaux d’infla-tion bas, voire négatifs, depuis plu-sieurs années. Il reste donc à sur-veiller que les stabilisateurs quiassurent ces résultats – le secteurpublic, les banques, les investisse-ments directs étrangers – conti-nuent de fonctionner.

Propos recueillis parAlain Beuve-Méry

Morosité économi-que ou pas, lespays membres del’Organisation decoopération et dedéveloppement

économiques (OCDE) continuentdans leur ensemble de consommerchaque année davantage. Une don-née vitale pour l’économie mondia-le puisque, dans un pays comme laFrance, les ménages « consom-ment » près de 70 %du produit inté-rieur brut (PIB).Or, pour l’année en cours, la

« consommation privée » devraitcroître de 1,8 % pour l’ensembledes pays de la zone OCDE. La fin dela guerre en Irak a eu raison de cer-taines attitudes attentistes, tandisque « la baisse du prix du pétrole ren-dait du pouvoir d’achat aux ména-ges », explique Patrick Lenain,conseiller économique à l’OCDE.

Les allègements fiscaux et les bais-ses des taux d’intérêt ont amplifiécette tendance.En outre, à la différence des entre-

prises, les ménages ne pâtissent pasde l’appréciation de l’euro par rap-port au dollar. Au contraire. « Lesexportateurs de produits européensvers les Etats-Unis choisissent généra-lement dans un premier temps decomprimer leurs marges plutôt quede répercuter l’appréciation de l’eurosur les prix libellés en dollars ; ce quin’a donc pas d’incidence sur lesconsommateurs de la zone dollar.Tandis que les Européens profitent aucontraire de cette appréciation,d’autant que les monnaies de la zone

Asie évoluent avec le dollar », expli-que Patrick Lenain.Certes, tous ces facteurs ne se

sont pas répercutés à l’identiquesur tous les pays de la zone. AuJapon, la consommation continuede croître, mais très faiblement. Eten Allemagne, après une année2002 marquée par un recul, lesachats desménages devraient repar-tir à la hausse mais très faiblement.En France, « quel sera l’impact desmanifestations de mai et juin sur lesmentalités ? », s’interroge Jean-Pier-re Loisel, directeur du départementconsommation du Centre derecherche pour l’étude et l’observa-tion des conditions de vie (Credoc)

(Le Monde du 1er avril). « S’agira-t-ilde phénomènes libératoires quin’auront que des incidences ponctuel-les. Ou les Français prendront-ilsconscience du fait qu’il leur faut épar-gner pour leur retraite et réduire leurconsommation ? Je ne crois pas trop àcette seconde alternative », affir-me-t-il. Les conjoncturistes parta-gent cet avis et tablent sur une légè-re hausse des dépenses en France en2003 (+ 1,6 %, contre 1,4 % en 2002)et une poursuite en 2004 (+ 2,2 %).

’En France, comme aux Etats-

Unis, l’accroissement du chômagene semble pas non plus, pour l’ins-tant, affecter la propension desménages à acheter. En outre, dansces deux pays, comme dansd’autres, le renchérissement de l’im-mobilier a plus que compensé lesbaisses de valorisation des porte-feuilles de titres boursiers et, auxEtats-Unis, les diminutions de tauxdes prêts à l’immobilier ont apportéun ballon d’oxygène financier quelesménages ont utilisé. « Les renégo-ciations de prêts ont libéré l’an der-nier 100 milliards de dollars pourl’achat de toutes sortes de produits,des automobiles aux vêtements… »,peut-on lire dans le Wall Street Jour-nal du 28 mai.Selon des études initiées par Alan

Greenspan, avant qu’il ne soit prési-

dent de la Réserve fédérale américai-ne, il apparaît que pour des raisonspas complètement élucidées « unefamille dont le capital s’accroît grâceà la hausse du prix de son logementdépense plus qu’une famille dont lecapital s’accroîtrait par la hausse deson portefeuille boursier ».Ce phéno-mène va-t-il perdurer ? Eric Ver-gnaud, responsable des économiesdes pays de l’OCDE chez BNP Pari-bas, en doute. « On prévoit une

remontée des taux d’épargne chez lesménages américains, la consomma-tion va rentrer dans le rang », esti-me-t-il. Il annonce donc pour cettepartie du monde un taux de crois-sance de la consommation de 2,8 %,inférieur à celui anticipé par l’OCDE(+ 3,6 %). Une prudence qui témoi-gne néanmoins d’une certaineconfiance en l’avenir.

Annie Kahn

f Docteur en économie, Jérôme Sgard

est économiste senior au Centre

d’études prospectives et d’informations

internationales (Cepii).

Il est également professeur associé

à l’université Paris-Dauphine.

f Il a récemment publié L’Economie

de la panique, faire face aux crises

financières (La Découverte, 2002,

304 p., 25 ¤).

CHRONIQUE

Chirac sur trois fronts

en 2003, les

ménages des pays

de l’ocde vont

accroître

leurs dépenses

Jérôme Sgard, économiste senior au Cepii

« Aujourd’hui, tout le monde a peurde la déflation »

JÉRÔME SGARD

Les consommateurs continuent de soutenir l’activité

par Serge Marti

D O S S I E R

« Des accidents comme le SRAS,l’économie mondiale en est parsemée.

Ce type d’événement sert le plus souventde révélateur de difficultés antérieures plutôt

qu’il ne constitue un facteur de crise majeure »

Source : OCDE *Donnée révisée par l'insee en mai

DES PRÉVISIONS GLOBALEMENT POSITIVES

1,4*

2,9

-0,6

1,4

3,8

3,1

1,2

2,3

1,6

2,8

0,5

0,6

2,2

2,3

1,4

1,8

2,2

2,9

1,4

0,7

2,3

3,6

2,2

2,7

Consommation privée, % de variation par rapport à la période précédente

2002 20042003Pays

Canada

France

Allemagne

Japon

Royaume-Uni

Etats-Unis

Union européenne

Total de l'OCDE

À , où se tient, du 1er au3 juin, le sommet des chefs d’Etat etde gouvernement du G8, élargi, parla volonté de l’Elysée, à treize deleurs homologues du Sud, JacquesChirac envisageait certainementd’aborder avec un pays en ordre demarche cet important rendez-vouspour la France, qui, l’année prochai-ne, en cédera la présidence « augrand frère américain ».L’actualité économique, sociale

et diplomatique en a décidé autre-ment, et c’est bien sur trois frontsen même temps – domestiquesautant qu’internationaux – que leprésident de la République va ten-ter d’exister. En donnant le senti-ment d’un singulier décalage. Com-ment, en effet, afficher une attitu-de volontariste sur la reconquêtede la croissance mondiale, l’un desmots d’ordre de ce sommet, quandon affiche soi-même de piètresrésultats économiques ?Avec une croissance à peine supé-

rieure à zéro depuis le début de l’an-née (0,3 % au premier trimestre) endépit d’une consommation quitient bon, des déficits publics quidevraient atteindre 3,6 % en 2003,enfin un chômage qui devrait s’ap-procher dangereusement de la bar-re des 10 %, polluant le dossier déjàexplosif des retraites, comments’étonner que, face à ces contre-per-formances, Jean-Pierre Raffarin aitpréféré s’évader quelques jours envenant contempler, sur place, lesbons points du modèle canadien ?L’Elysée et Matignon ont tenté

de passer en force sur le frontsocial avant de faire machine arriè-re sur au moins l’un des dossiersles plus conflictuels : l’éducation.Les retraites, c’est l’affaire person-nelle de Jacques Chirac, qui, pourceux qui s’en souviennent, faisaientpartie de ses engagements électo-raux. Le projet de loi sera soumis le10 juin à l’Assemblée nationale, unefaçon de confirmer la destinée politi-que d’un dossier qui n’est plus sujetà négociations. En revanche, pource qui est de la réforme du système

éducatif, le ministre de tutelle, LucFerry, est « invité » à reporter saréforme des universités. De mêmeM. Raffarin, qui, après avoir fait dela décentralisation l’un des possi-bles grandsœuvres qui auront mar-qué son passage à Matignon,concède le report à 2005 du trans-fert aux collectivités locales de100 000 personnels non ensei-gnants. Simple rappel : la décentra-lisation n’a jamais été un vœuexprimé par Jacques Chirac, qui nese découvre girondin qu’en foulantses terres de Corrèze.

Fragilisé sur ces deux fronts – éco-

nomique et social –, le président dela République a peu d’espoirs deprofiter du G8 pour redorer le bla-son diplomatique de la Franceauprès des Américains, les seuls quicomptent aujourd’hui. Les proposrassurants, confiés par GeorgeW. Bush au Figaro, ne sont qu’unrideau de fumée qui ne dissimulerien des difficultés qui attendentParis dans ses relations avec Wash-ington. Au passage, on remarqueraque l’hôte de la Maison Blanches’est bien gardé de répondre defaçon précise à la question desavoir si la France devait s’attendreaux représailles que lui promettentcertains membres de l’administra-tion américaine, en raison de sonrefus de participer à la deuxièmeguerre d’Irak.Les effets les plus visibles d’un

boycottage des produits françaisde grande consommation auxEtats-Unis peuvent s’estomper.Mais industriels comme prestatai-res de services confirment la chu-te, moins publique, des affaires etdes parts de marché, une déconve-nue que n’explique pas le seulralentissement de l’économieaméricaine. Washington n’a pasrenoncé à « faire payer » à Paris sarébellion. Le dossier des pays endéveloppement, dont l’Elysée veutplaider la cause à Evian, risqued’en faire les frais.

LE MONDE/MARDI 3 JUIN 2003/III

LE BUDGET DANS L’UNION

L’euro fort renchéritles subventions

Le capital-développe-ment est traditionnel-lement dominé par desacteurs anglo-saxons.C’est pourtant unFrançais, Jean-Bernard

Schmidt, partenaire associé etprésident de la société de capital-risque Sofinnova Partners, quiprendra le 5 juin la présidence del’association européenne du capi-tal-développement – l’EuropeanPrivate Equity and Venture Capi-tal Association (EVCA). L’organis-me regroupe 950 sociétés de capi-tal-risque, capital-développementet LBO (leverage buy-out) et repré-sente 80 % des professionnels dusecteur en Europe. Jean-BernardSchmidt sera le troisième prési-

dent français de cette organisa-tion créée il y a vingt ans à l’incita-tion de la Commission européen-ne, et dont le premier président,Christian Cleiftie, était aussi unFrançais, également président deSofinnova.Durant un an, M. Schmidt

consacrera environ le tiers de sontemps, estime-t-il, à cette fonc-tion. En cette période plutôt grisepour ce secteur d’activité, il s’estfixé trois messages à faire passer,trois cibles à convaincre.

Premiers visés : les compagnies

d’assurance, et les fonds de pen-sion. Pour que ces investisseurseuropéens, mais aussi et surtoutaméricains et asiatiques, accor-dent au capital investissement lemême intérêt qu’aux actions ouobligations, il souhaite « renfor-cer la transparence du capital-investissement » en informantdavantage sur les performanceset les règles d’évaluation. « L’EV-CA a été la première organisation àémettre un guide d’évaluation etde reporting ; l’Europe est en avan-ce sur les Etats-Unis, dans cedomaine, rappelle-t-il. Beaucoupd’opérateurs institutionnels ontinvesti pour la première fois dansce secteur en 1999-2000. Echau-dés, ils se posent des questions. Ilfaut les convaincre de jouer lacontinuité, le long terme, en faisantpreuve de rigueur. »Deuxième cible : les politiques.

« Il faut que l’Europe soitaccueillante au capital-risque,juridiquement et fiscalement. » Eten particulier qu’« elle devienneune plate-forme homogène ». Desdisparités importantes existent

en effet entre les Etats membresde l’Union. Le but de l’EVCA estdonc que les mieux- disants don-nent l’exemple aux autres. « Lestatut de la jeune entreprise inno-vante, annoncée par le gouverne-ment, met la France en tête despays européens pour le statut fis-cal accordé aux firmes de moinsde huit ans. L’EVCA va faire la pro-motion de ce statut au niveau euro-péen », cite par exemple Jean-Ber-nard Schmidt. Idem pour lesfonds communs de placement àrisque (FCPR). Ils pourraient ser-vir de base à la création de fondsd’investissement européens,dont les règles seraient les

mêmes dans tous les pays del’Union.Un objectif qui implique aussi,

troisième point de M. Schmidt, lacréation d’une Bourse européen-ne pour les sociétés innovantes.« Il ne peut y avoir de capital-ris-que sans marché boursier », affir-me M. Schmidt, qui devra, pouratteindre son but, convaincre unetroisième classe d’acteurs : lesfinanciers de la place européen-ne. Un Nasdaq à l’européenne esten effet une demande récurrentedes investisseurs, que les préroga-tives des places nationales ont jus-qu’à présent empêchés de menerà bien. « Maintenant que plus per-sonne ne s’occupe de ces marchés,c’est peut-être le bon moment pourcréer une bourse européenne desvaleurs de croissance, et être prêtdès que la reprise se fera sentir ! »Globalement, « l’Europe de la

technologie existe aujourd’hui »,estime Jean-Bernard Schmidt : lessyndicats d’investisseurs sont deplus en plus internationaux. Leportefeuille de Sofinnova étaitconstitué, il y a cinq ans, aux troisquarts d’investissements dans desentreprises française ; il ne l’estplus que pour un tiers aujour-d’hui. « Les équipes, tant en scien-ces de la vie qu’en technologies dela communication, sont composéesde plusieurs nationalités. Chaqueinvestissement nécessite des monta-ges juridiques complexes. La régle-mentation est en retard sur la réalitédes affaires », constate Jean-Ber-nard Schmidt. Un an de présiden-ce sera sans doute une trop cour-te période pour mettre un termeà ce décalage.

Annie Kahn

ROMEcorrespondance

Le front des retraitesn’est pas seulementchaud en France. Il l’estaussi en Italie. Le projetde loi-cadre, la « leggedelega », présenté par

le gouvernement Berlusconi,actuellement en discussiondevant le Parlement, a été bloquépar le ministre des affaires socia-les, Roberto Maroni. L’objectifannoncé de faire adopter lesmesures avant la fin du mois dejuin est ainsi remis en question.Plusieurs dispositions nouvel-

les sont, en effet, contestées parles syndicats qui ont retrouvél’unité perdue et brandissent lamenace d’une grève générale.L’arrêt (provisoire) du débatdevant le Parlement marque,pour eux, une première victoire.Le gouvernement va se réunirdans les jours qui viennent pourfaire le point, une difficulté sup-plémentaire car l’unité gouverne-mentale est elle-même fragile.Certains aimeraient une réformedes retraites plus profonde quecelle proposée aujourd’hui.Encore une fois, le débat s’orga-

nise autour des « retraites d’an-cienneté », cette prérogative de la

législation italienne qui permetde partir à la retraite avant l’âgelégal – 65 ans pour les hommes et60 pour les femmes –, une foisatteint un certain nombre d’an-nées de contribution. Au fil desréformes, cette possibilité a étéprogressivement atténuée et doitpratiquement disparaître quandla réforme Dini de 1995 fonction-nera à plein régime.Le gouvernement Berlusconi,

sans augmenter directement l’âgedu départ à la retraite, a pris desmesures pour inciter les salariésen fin de carrière à continuer detravailler. Plusieurs membres dugouvernement veulent aller plusloin et mettent à nouveau sur letapis l’idée, pour décourager lesItaliens décidés à bénéficier deleurs retraites d’ancienneté, d’ins-taurer à leur encontre une péna-lité fiscale. Un dispositif dont lesorganisations syndicales ne veu-lent évidemment pas entendreparler. Ils l’avaient déjà fait savoirlors de la présentation de la loi-cadre. Face à leur déterminationet à celle de l’opposition, le gou-vernement avait dû écarter cettehypothèse.Ce n’est pas la première fois

que ce projet de pénalité fiscalefait son apparition dans le débatsur les retraites. En 1994, SilvioBerlusconi l’avait déjà envisagé.La colère des syndicats ne se fitpas attendre. Plus d’un million depersonnes avaient défilé dans larue, provoquant la chute du gou-vernement, sept mois à peineaprès sa constitution. L’année sui-vante, la réforme Dini prévoyaituniquement la hausse progressivede l’âge de départ en retraite d’an-cienneté.A en croire les syndicats, le gou-

vernement tient véritablement àlancer sa réforme des retraites quideviendrait alors la quatrième endix ans, après les réformes Amato(1992), Dini (1995), et Prodi(1997). Ettore Combattente, secré-taire national du SPI-CGIL (retrai-tés) considère que c’est un textede trop : « Contrairement à ce quise passe actuellement en France,

nous avons déjà fait ce qu’il fallait,en Italie, pour en finir avec les diffé-rences entre secteur privé et sec-teur public. De même, la questiondélicate liée à la myriade de caissesqui existaient auparavant, a étérésolue, permettant une stabilisa-tion des coûts qui nous a mis àl’abri. »Le risque d’entraîner le pays

dans le gouffre a, en effet, été écar-té. Avant la réforme Dini, les prévi-sions les plus noires tablaient surun coût financier des retraites del’ordre de 20 % du produit inté-rieur brut (PIB) en 2000 et de 36 %en 2040… Aujourd’hui, il représen-te 14 %, un taux jugé acceptable.Selon Ettore Combattente, désor-mais, il ne s’agit plus que de conti-nuer l’harmonisation des diffé-rents régimes et de garantir unecouverture-retraite aux jeunesembauchés.Silvio Berlusconi ne l’entend

pas de la même oreille. Il vientencore de déclarer récemmentque les retraites seront l’une desquestions abordées au cours dusecond semestre 2003, alors quel’Italie assurera la présidence du

Conseil européen. Le ministre desactivités productives, AntonioMarzano, a ainsi ajouté que lesretraites concernent tout « uncontinent vieillissant ». Le gouver-nement italien a dans l’idée de réa-liser un « Maastricht des retrai-tes », afin d’orienter l’ensemblede l’Union européenne dans cedomaine.Pour les syndicats, le projet du

gouvernement est, encore unefois, un gage donné au patronat

qui ne cesse de réclamer d’allerplus loin dans la réforme. C’estdans cette optique qu’est perçuela proposition de baisse – jusqu’à5 points – des cotisations patrona-les sur les salaires des nouveauxembauchés. Si cette mesure étaitadoptée sans compensation, ellepourrait provoquer indirecte-ment, par la diminution des recet-tes pour les comptes sociaux– donc l’appauvrissement desprestations versées –, une baissedu pouvoir d’achat des nouveauxretraités.Une autre proposition est égale-

ment au cœur du débat, cellevisant à favoriser les retraitescomplémentaires, qui consisteraità mettre sur le même plan lesfonds de pension privés à adhé-sion individuelle et les fonds depension collectifs à la gestion des-quels participent les syndicats.Une manière, selon ces derniers,de porter préjudice au principe desolidarité qui prévaut, notam-ment pour les salariés-retraitésqui cotisent aux fonds collectifs.Les syndicats s’opposent égale-

ment au transfert – qui pourrait

être rendu obligatoire par la loi –aux fonds de pension du Tratta-mento di fine rapporto (TFR),c’est-à-dire la somme que l’em-ployeur est obligé de provision-ner pour la verser au salarié à lafin de la carrière. Ils jugent quel’état de la conjoncture boursièreet les spéculations potentiellessont des risques impensables àfaire prendre aux retraités.

Salvatore Aloise

le nouveau

patron

de l’association

européenne

des investisseurs

en capital-

développement

souhaite

la mise en place

de dispositifs

financiers et

fiscaux homogènes

Jean-Bernard Schmidt veut fluidifierl’Union de la technologie

f 1987 Il prend la tête de Sofinnova

à Paris. Il est également administrateur

de sociétés technologiques françaises

et américaines.f 1981 Il part à San Francisco et, trois ans

plus tard, y lance Sofinnova Ventures.f 1974 Ce diplômé de l’Essec, titulaire

d’une licence de sciences économiques

et d’un MBA de l’université Columbia,

à New York, entre à Sofinnova.

’ pénaliseles exportations européennes.Quand celles-ci sont déjà plus chè-res que les produits non euro-péens, le handicap devient quasiinsurmontable… à moins d’êtrecompensé par des subventionsqui permettent de ramener lesexportations européennes au prixdes concurrents. Un tel mécanis-me existe au profit des exporta-tions agricoles, subventionnéespar le budget communautaire.Naturellement, plus le différentielprix européen/prix mondial estélevé, et plus ces compensationssont sollicitées. C’est ce qui se pro-

duit avec la hausse de l’euro, à lafois défavorable aux exportationsnon subventionnées et budgétai-rement coûteuse pour celles quile sont.

Le mécanisme est simple. Lessubventions, pudiquement appe-lées « restitutions », sont verséesaux exportateurs de produits agri-coles pour compenser l’écartentre le prix communautaire et leprix mondial, en général plus bas.Ainsi, quand le marché mondialest à 100 et que le produit euro-péen est à 110, l’exportateur reçoitune restitution de 10 qui lui per-met de vendre à l’extérieur del’Union européenne (UE).

Le mécanisme se compliqueavec la prise en compte des fac-teurs monétaires. Le négoce inter-national est en dollars alors quele prix communautaire est eneuros. Ainsi, à prix communautai-re constant, l’écart avec le prixmondial en dollars peut changerdu seul fait des variations de pari-té. Avec une hausse de 10 % del’euro par rapport au dollar parexemple, le prix en dollars du pro-duit européen passe à 121 (110plus 10 %), et l’exportationdevient alors impossible sans aug-mentation de la restitution.

Le dispositif, créé en 1968 pourfaciliter la résorption des excé-dents agricoles, est efficace maiscoûteux. Bien qu’elles aient dimi-nué de moitié en dix ans, les resti-tutions représentent encore4,1 milliards d’euros dans le bud-get 2003, soit 4,1 % du budgettotal de l’UE. Il s’agit d’une enve-loppe prévisionnelle décidée lorsde l’élaboration du budget. Lemontant définitif s’ajuste auxtaux de change réels. Un europlus faible que le « taux budgétai-re » prévisionnel se traduit parune économie tandis qu’un europlus fort engendre une dépensesupplémentaire. Une augmenta-tion de 1 centime d’euro par rap-port au dollar entraîne une aug-mentation des restitutions de25 millions d’euros. Si elle se main-tenait tout au long de l’année,l’envolée de l’euro, de 20 % depuisjanvier, se traduirait donc par unsurcoût de 500 millions d’euros !

Le mécanisme des restitutionsexiste pour la plupart des pro-duits agricoles mais à des degréset avec des objectifs différents.Dans le secteur de la viande bovi-ne par exemple, l’exportationextracommunautaire reste margi-nale. Les éventuels excédents deproduction sont soit stockés enattendant d’être remis sur le mar-

ché plus tard, soit exportés avecune aide. La restitution joue sonrôle originel d’amortisseur de cri-se. La hausse de l’euro rend sim-plement cette opération plus coû-teuse mais l’impact reste limité.

Le scénario est différent pour lesecteur des céréales. Le marchéest plus tourné vers l’exportation,mais les restitutions restent fai-bles car, depuis la baisse des prixdécidée en 1992 et 1999, les prixcommunautaires sont désormaisproches du prix mondial, souventdicté par les Américains. Lesexportations sont donc, a priori,très sensibles aux parités moné-

taires. Sauf que depuis deux ans,les marchés sont captés par lescéréaliers russes et ukrainiens quiproposent des prix inférieurs de30 % aux prix communautaires.Ainsi, quelle que soit la parité del’euro, les exportations européen-nes sont évincées par un écart deprix irrattrapable.

En revanche, l’effet de la haus-se de l’euro est important pourd’autres secteurs tributaires desexportations et des restitutions.Les deux tiers des crédits sont des-tinés aux exportations de pro-duits laitiers (1,57 milliard d’euros)et de sucre (1,25 milliard). Dansces secteurs, les restitutions sontmoins destinées à faciliter l’écou-lement d’une surproduction tran-sitoire qu’à permettre d’être pré-sent sur des marchés internatio-naux et exporter vers des pays àfaible pouvoir d’achat. En Breta-gne par exemple, certains produc-teurs de volailles produisent uni-quement pour les marchés du Pro-che et Moyen-Orient, mais cesexportations sont totalementdépendantes des restitutions.

La situation est plutôt embar-rassante pour la Commission. Surle plan interne, la hausse de l’eurolaisse place à un dilemme : soitaugmenter les restitutions pourmaintenir les courants d’exporta-tion, entraînant la colère desEtats membres non exportateurs,contraints de financer les exporta-tions agricoles d’autres Etatsmembres (notamment la France,premier bénéficiaire des restitu-tions), soit, à enveloppe constan-te, réduire les quantités d’exporta-tions subventionnées, sachantqu’un marché abandonné est unmarché perdu pour toujours, aurisque d’entraîner une crise par laréapparition d’excédents nonécoulés.

Sur le plan externe, cette haussede l’euro tombe on ne peut plusmal. Il va sans dire que les restitu-tions sont extrêmement critiquéespar nos compétiteurs et sont aucentre des négociations commer-ciales internationales. Déjà, en1994, les accords de Marrakechavaient imposé une baisse des res-titutions européennes de 36 %.C’est au moment même où la Com-mission s’apprêtait à proposer denouvelles baisses de restitutionsde 45 % qu’elle se voit presquecontrainte de les augmenter…

Nicolas-Jean Brehon

est enseignant en financespubliques à l’universitéParis-I-Sorbonne.

par Nicolas-Jean Brehon

alors que son

pays présidera

le conseil de

l’union durant

le second

semestre 2003,

silvio berlusconi

entend réaliser

un « maastricht

des retraites »

JEAN-BERNARD SCHMIDT

E U R O P E

« Si elle se maintenait

tout au long de l’année,

l’envolée de l’euro, de 20 %

depuis janvier, se traduirait

par un surcoût de 500 millions

d’euros pour les subventions ! »

Les syndicats italiens prêts à une grèvegénérale contre la réforme des retraites

« Contrairement à ce qui se passeactuellement en France, nous avons déjà fait

ce qu’il fallait, en Italie, pour en finiravec les différences entre secteur privé

et secteur public » , - ()

IV/LE MONDE/MARDI 3 JUIN 2003

Une monnaie com-mune entre l’Argen-tine et le Brésil ?Sorte de serpent demer monétaire, cet-te vieille idée, long-

temps jugée économiquementirréaliste en l’état, revient. La ques-tion avait déjà été soulevée dès lacréation du Mercosur en 1991 –union douanière conclue entrel’Uruguay, le Paraguay, le Brésil etl’Argentine –, puismise entre paren-thèses avec l’entrée en vigueur ducurrency board argentin dollarisé(1 peso = 1 dollar), jusqu’à la crisefinancière de 2001 où la valeur dupeso a été divisée par trois.Maintenant que ce verrou a sauté

et que la conduite de la politiquemonétaire est à nouveau du ressortde la Banque centrale argentine,dans un contexte différent, où uneplace prépondérante est ouverte-ment accordée au Mercosur et àl’Amérique latine par les gouverne-ments en place, « ce projet revientau goût du jour », analyse CarlosQuenan, économiste chargé de lazone à la Caisse des dépôts desconsignations (CDC-Ixis).C’est dans cette optique que les

deux poids lourds de l’Amérique duSud ont mis en place en février uninstitut chargé d’étudier les condi-

tions de création d’un serpentmonétaire – une bande de fluctua-tion à l’intérieur de laquelle évolue-raient le peso et le real –, à l’instardu système monétaire européenmis en place en 1979.Plus récemment, le gouverne-

ment argentin sortant – sans quecette ligne de conduite soit nécessai-rement suivie par le nouveau prési-dent, Nestor Kirchner – a enfoncé leclou par le biais de son ministre desaffaires étrangères, Martin Redra-do. Celui-ci estimait à l’occasiond’une visite à Brasilia, pendant l’en-tre-deux tours électoral, que laconvergence nominale observéeactuellement sur le marché deschanges entre ces deux devises mili-tait pour « que l’on se penche sérieu-sement sur la question ».Des déclarations accueillies par

des réactions en demi-teinte,notamment de la part d’HenriqueMeirelles, banquier central brési-lien, qui s’est empressé de tempérerces propos.De son côté, Carlos Que-nan rappelle que la parité apparen-te qui s’est établie entre le real et lepeso – 1 dollar valant 2,85 pesos et3,02 reales, soit une parité quasi-ment de un pour un – n’est pas for-cément compatible avec le taux dechange effectif réel qui prend encompte les évolutions de l’inflation.« Même si c’était le cas, c’est plus unequestion de soutenabilité de la paritéqui se pose. »La réponse à cette dernière ques-

tion repose sur une convergencedurable des fondamentauxmacroé-conomiques, notamment en termesd’inflation, de déficits publics et dedette externe, maux récurrents despays latins. « Certains progrès sontobservés, mais il reste beaucoup deroute à parcourir sur le chemin de lacoordination des politiques économi-ques et de la convergence des indica-teurs. Une zone monétaire n’estjamais acquise à l’avance », rappellel’économiste de CDC-Ixis.Au-delà, Hubert Kempf, profes-

seur à l’université Paris-I, pointe ledoigt sur la fragilité structurelle deséconomies latino-américaines, tantd’un point de vue monétaire que

financier. « Comment développerune union monétaire sans institu-tions adéquates et dans un cadre degrande vulnérabilité ? » Au préala-ble, il apparaît donc important pourBrasilia et surtout pour BuenosAires, de passer par une restructura-tion du système bancaire et finan-cier pour acquérir la crédibilité quileur fait défaut.

« L’expérience échouée du curren-

cy board à la mode argentine doitnous servir de leçon, insiste HubertKempf ; on ne décrète pas la crédibili-té en se fondant exclusivement sur dessignaux monétaires. » M. Quenanajoute qu’au stade actuel aucun desdeux pays ne peut espérer importerune crédibilité qu’il n’a pas, dans lamesure où « deux monnaies faiblesn’ont jamais fait une monnaie forte ».Pour gagner cette bataille de la crédi-bilité, il faudra se fixer des objectifs entermesde croissance et de fiscalité. Ets’y tenir au maximum.Ce qui milite en faveur de la créa-

tion d’unemonnaie commune entrel’Argentine et le Brésil, c’est lebesoin de renforcer l’intégration éco-nomique, commerciale et politiquede l’Amérique latine à partir duMer-cosur, alternative à la zone de libreéchange desAmériques (ZLEA). Pro-posée par les Etats-Unis, l’initiative

est de plus en plus ressentie par lesautochtones comme une tentativede Washington de faire main bassesur leurs économies.Mais les deux pays ne tireront pas

les mêmes avantages d’une éven-tuelle union monétaire. Si Brasiliareste le premier partenaire commer-cial de Buenos Aires, à hauteur duquart de son commerce extérieur,l’inverse n’est pas vérifié, la structu-re commerciale brésilienne étantbeaucoup plus diversifiée. En outre,étant donné la situation économi-que argentine, cette union impliqueun coût important pour l’économiebrésilienne, qui ne dispose pas desmarges de manœuvre suffisantes.Finalement, pour Carlos Que-

nan, la question est de savoir si« les Brésiliens et les Argentins vontse soumettre à la contrainte de lamise en place d’une union monétai-re précipitée pour préserver l’espa-ce naissant de libre-échange qu’estle Mercosur ». Au risque d’un reculpersistant de la crédibilité en casd’échec. « Il ne faut surtout pasminimiser la volonté politique duprojet – ce qui montre que les cho-ses ont changé à ce niveau – mais ilserait irresponsable de se donnerun délai rapproché d’exécution »,prévient-il.

Quentin Domart

Du bureau au tom-beau » – les slogansdes manifestantshostiles au planFillon témoignentde la colère de cer-

tains salariés devant la perspectivede rallonger encore une activitéque beaucoup trouvent déjà bienlongue. Mais ni le gouvernementni les syndicats ne semblent avoirenvisagé qu’une carrière, commeun bâton, possède deux bouts.Paradoxe : alors que la réformecontrarie le souhait des tra-vailleurs d’en finir au plus vite,aucune piste n’est suggérée pourcalmer l’angoisse des jeunes sou-cieux de commencer au plus tôt !Pourtant, les chances d’accom-

plir une carrière de 42 ans sont limi-tées dès le départ par l’entrée troptardive dans l’emploi. Selon Euro-stat, la part des jeunes de 15 à24 ans en emploi n’était en Franceque de 29,3 % en 2001, contre40,4 % en moyenne dans l’Unioneuropéenne (70,4 % aux Pays-Bas,55,6 % au Royaume-Uni, 46,5 % enAllemagne…). La tendance françai-se est historique : en 1975, plus desix hommes sur dix et près de cinqfemmes sur dix de cette tranche

d’âge étaient en emploi ; en 1997,ils n’étaient respectivement plusque quatre et trois et demi sur dix,relève l’Insee (Insee Premièrenº 821, janvier 2002).A qui la faute ? A l’allongement

de la durée des études, d’abord. En1946, moins de la moitié des jeu-nes de 14 ans et moins de 5 % desjeunes de 20 à 23 ans étaient scola-risés ; en 1996, neuf jeunes sur dixsont en cours d’études entre 16 et17 ans, huit sur dix à 18 ans, plusd’un sur deux à 20 ans, quatre surdix à 21 ans, deux sur dix à 23 ans…(Insee Première nº 488, septem-bre 1996).Mais cet allongement correspond

à la montée des qualificationsdemandées sur le marché du tra-vail : dans les années 1950, six jeu-nes sur dix débutaient leur carrièredans des emplois indépendants ounon qualifiés, et un sur dix dans unemploi qualifié (cadre ou profes-sion intermédiaire). Dans lesannées 1980, ils sont trois sur dixdans le premier cas et un sur troisdans le second. La prolongation desétudes garantit l’accès à un emploi,et surtout à un meilleur emploi.Enfin, à partir des années 1980,

l’ajustement du marché de l’emploi

à une économie en crise passe, ausein des entreprises, par le rejet desplus jeunes dans les « dispositifsd’insertion » et des plus anciensdans les « mesures d’âge ». Il n’y aplus qu'« une génération au tra-vail », celle des 30-50 ans, selon laformule d’Olivier Marchand etMireille Elbaum, chercheurs à laDares. Une gestion des ressourceshumaines qui n’est d’ailleurs pasétrangère à la violence de l’ajuste-ment que le financement des retrai-tes doit aujourd’hui subir…

En 1997 cependant, le taux

d’emploi des jeunes est reparti àla hausse. Il faut y voir, selon Jean-François Lochet, chercheur auCéreq et au Matisse-LES, qui acoordonné l’ouvrage Entrepriseset jeunes débutants (L’Harmattan,2003), l’effet de l’amélioration dela conjoncture, qui a bénéficiéaux jeunes. Mais aussi le résultat dugonflement des effectifs des bache-liers professionnels (plus de 7 %d’une classe d’âge en 2001), desapprentis, passés de 200 000 en 1994à 360 000 début 2001, et des jeunestravaillant parallèlement à leurs étu-des – 240 000 en mars 2001. La bais-

se du taux d’activité des jeunes peutdonc être réversible.Surtout si l’on suit le raisonne-

ment de Jean-François Lochet,pour qui « l’employeur ne s’intéressepas à l’âge en soi, mais à l’expérien-ce. Le problème du débutant est doncde passer par une période qui ait,aux yeux de l’employeur, valeur d’ex-périence. Mais l’opinion que se forgel’employeur varie d’un secteur àl’autre, d’une entreprise à l’autre. Ilexiste donc une multiplicité de filièresd’insertion, qui ne se résument certai-nement pas au simple passage d’unstatut précaire au contrat à duréeindéterminée ». Or les seuls modè-les de transition de la formation àl’emploi aujourd’hui reconnus parl’assurance sociale sont les contratsde travail classiques ou en alternan-ce.Ne pourrait-on imaginer de valo-riser, jusque dans le décompte decarrière, les longues phases de tran-sition que connaissent aujourd’huiles jeunes ?En Allemagne, explique Martine

Möbus, chercheur au Céreq, lesannées d’études au-delà de 17 anssont comprises dans le calcul desannuités ouvrant droit à la retraite.Les étudiants se voient même attri-buer une rémunération « virtuel-le », en pourcentage du salairemoyen réel, pour leurs trois premiè-res années d’études, et cette rému-nération entre en ligne de comptedans le calcul des points détermi-nant le montant de la pension fina-le. De plus, la moitié des étudiants,parce qu’ils étudient au sein du sys-tème dual, cotisent, comme tous lessalariés, aux caisses de retraite. Desalternatives sont donc possibles,même si ce dispositif n’empêchepas l’Allemagne de connaître, elleaussi, sa crise des retraites : l’âgelégal de départ y est déjà de 65 ans,et le chancelier Schröder voudraitimposer le passage à 67 ans…

Antoine Reverchon

PENSÉE ÉCONOMIQUE

Robert Barro,sceptique budgétaire

en allemagne,

les années d’études

effectuées après

l’âge de 17 ans

sont prises

en compte pour

le calcul

de la retraite

du pacte de stabili-té, notamment celles portant sur lalimitation du déficit public à 3 % duproduit intérieur brut (PIB), ren-voient implicitement à l’héritagekeynésien des années 1960, vade-mecum macroéconomique où ledéficit budgétaire favorise la crois-sance et réduit le chômage, tandisque la politique des revenuscontient les prix jusqu’au momentoù, une fois le plein emploi atteint,l’inflation menace. Or, dans lesannées 1970, le cumul du chômageet de l’inflation a conduit certainséconomistes à rompre avec le key-nésianisme pour réinventer lamacroéconomie. Ils se sont inspirésde divers courants d’idée, le moné-tarisme de Milton Friedman, l’éco-nomie néoclassique de la fin duXIXe siècle et même les textes plusanciens de David Ricardo. On parleà leur sujet de « nouvellemacroéco-nomie classique ». La publication,en 1974, d’un article de Robert Barrointitulé « Are government bondsnet wealth ? » (« Les fonds d’Etat

sont-ils facteurs de prospérité ? »),décrit leur approche budgétaire,qui, axée sur la notion d’« équivalen-ce ricardienne », nie l’efficacité despolitiques de relance.

Robert Barro naît à New York le28 septembre 1944. Il étudie la physi-que, puis s’oriente vers l’économie.Diplômé en 1969, il devient profes-seur, occupant à partir de 1987 unechaire à Harvard. Ses premiers tra-vaux le situent dans la mouvancenéokeynésienne dont les tenantsentendent dépasser le constat empi-rique du lien inverse entre le chôma-ge et l’inflation représenté par « lacourbe de Philips », en intégrant aukeynésianisme une analyse néoclas-sique des prix, ce qu’ils appellentl’étude des fondementsmicroécono-miques de la macroéconomie.

Progressivement, Robert Barros’en éloigne, se rapproche desmonétaristes puis des thèses de la« nouvelle macroéconomie classi-que » énoncées principalement parRobert Lucas, Prix Nobel d’écono-mie en 1995. Cette théorie reposesur trois hypothèses fondamenta-les, dont la plus importante est cel-le des « anticipations rationnelles ».Exposée de façon systématiquepour la première fois en 1961 parJohn Muth, elle postule que lesagents économiques anticipent lesconséquences des décisions prisespar eux et par les autres acteurs del’économie, notamment l’Etat.

La deuxième hypothèse est celled’une vision dynamique dumarché,c’est-à-dire d’un ajustement conti-nu des prix. La troisième est unerelecture de la loi de Say, selonlaquelle la croissance de long ter-me, comme de court terme, dépendde l’offre, et non de la demande.Dans ce cadre, Barro actualise le rai-sonnement de Ricardo sur les finan-ces publiques. Pour Ricardo, il y aéquivalence dans le financementde l’Etat entre l’emprunt et l’impôt.

En effet, que les particuliers paientcontraints et forcés un impôt ouqu’ils souscrivent un emprunt atti-rés par la perspective du versementd’un intérêt, ils transfèrent en toutétat de cause une partie de leursressources à l’Etat, dont le rôle selimite à dépenser ce qu’il leur a pris.Il n’y a pas de différence économi-que entre l’emprunt et l’impôt, seu-lement une différence comptableet une différence sociale : compta-blement, en cas d’emprunt, le tauxd’épargne des ménages augmen-te ; socialement, l’accumulationd’une dette publique due à l’em-prunt modifie la répartition desrevenus.

La dette publique est souventprésentée comme un fardeauqu’une génération transmet à lagénération suivante. Pour Ricardo,cette assertion est absurde, cardans la génération suivante il y ales créanciers de l’Etat, pour qui ladette publique est une source derevenu par le biais des intérêts per-çus. En fait, l’existence de la dette

publique favorise la concentrationdes fortunes, les impôts ponction-nés sur les pauvres servant à payerles intérêts et à assurer une renteaux créanciers. Conclusion : le défi-cit budgétaire ne sert qu’à creuserles inégalités.

Pour contrer ce raisonnement,les keynésiens proposent de finan-cer le déficit non par l’épargne,mais par le crédit bancaire, et doncla création monétaire. Dans ce cas,pour Robert Barro, les ménagesépargnent quand même. Antici-pant une augmentation des impôtspour rembourser les banques, ilsaccumulent les actifs financiersqu’ils réaliseront aumoment de faireface à cet accroissement de la pres-sion fiscale. Il énonce donc ce queles économistes appellent le « théo-rème de Ricardo/Barro » : la désé-pargne publique – c’est-à-dire ledéficit budgétaire – engendre unsurcroît équivalent d’épargne pri-vée. Soit, autrement dit, toute aug-mentation de demande publiquediminue la consommation et lademande privées. On associe par-fois à ce théorème Jean-FrançoisMelon, économiste du XVIIIe siècleet collaborateur de John Law, pourqui l’Etat ne crée pas de richesses,ne donnant que ce qu’il a pris.

Si, le temps passant, Robert Barrotempère son enthousiasme pour lalogique des anticipations rationnel-les, il reste convaincu de la pertinen-ce de l’équivalence ricardienne etde l’inanité de l’action budgétaire,que ce soit par baisse des impôtsou augmentation des dépenses. Ilcompte parmi les « nobélisables »,d’autant qu’il appartient depuis1980 à la prestigieuse Société d’éco-nométrie et que ses articles dans lemagazine américian Newsweek ontassuré sa notoriété.

Jean-Marc Daniel est professeurà l’ESCP-EAP.

F O C U S

la création d’une

devise commune

entre brasilia

et buenos aires

permettrait de

renforcer le rôle

du mercosur, ce

marché commun

latino-américain

Les jeunes entrent trop tard dans la vie active

par Jean-Marc DanielL’idée d’un serpent monétairebrésilo-argentin refait surface

« L’existence de la dette publique

favorise la concentration

des fortunes »

Part de l'Argentine dans les échanges commerciaux brésiliens, en %

DÉGRADATION DU COMMERCE ENTRE LES DEUX PAYS

Source : MDIC

1992 93 94 95 96 97 98 99 2000 01 02

15

12

9

6

3

Importations Exportations

UN REBOND À PARTIR DE 1997

Source : Enquêtes Emploi, Insee

70

60

50

40

30

1975 1980 1985 1990 1995 00 01

Taux d'emploi des 15-29 ans, en %FemmesHommes

LE MONDE/MARDI 3 JUIN 2003/V

parutions

LIVRES

Vrais et faux risques> LE TEMPS DES CATASTROPHES, de François-Xavier Albouy(Descartes & Cie, 172 p., 15 ¤).

a ZOOM 2003. DISPOSITIFS EUROPÉENS ETINTERNATIONAUX D’ASSURANCE-CHÔMAGE, UnedicLancée en 1998 par l’Unedic, la série « Zoom » vient de s’enrichir de l’édi-

tion 2003, publiée en versions française et anglaise réunies dans un mêmevolume. Outre des fiches par pays européen sur les dispositifs d’assurance-chômage, la publication présente les systèmes au Canada, en Australie etaux Etats-Unis. L’ouvrage fait le point sur des thèmes de débat actuels :mobilités géographique et professionnelle, travail et âge, ainsi que stratégiede services dans les organismes d’assurance-chômage (348 p., auprès de ladélégation aux relations institutionnelles et internationales de l’Unedic,[email protected]). F. A.

a LE SALAIRE, ministère des affaires socialesComment est fixé le salaire ? De quels éléments est-il constitué ? Quels

en sont ses compléments (primes, etc.) ? Qu’advient-il de la rémunérationen cas de liquidation judiciaire ? Complété par des fiches, ce petit guide pra-tique, qui apporte des réponses très concrètes, intègre les questions d’actua-lité liées au retour à un smic unique au 1er juillet 2005 (La Documentationfrançaise, 2003, 143 p., 7,62 ¤). F. A.

a L’ODEUR DE L’ARGENT SALE, de Christophe-Emmanuel LucyL’auteur, journaliste, résume dans ce livre les résultats de ses années d’en-

quête dans les milieux économiques et financiers. Il rappelle d’une manièreplutôt pédagogique les techniques de blanchiment d’argent, soulignant leursophistication grandissante. En faisant l’inventaire de la panoplie antifraudeainsi que des coopérations internationales qui se sont développées, surtoutdepuis le 11 septembre 2001, son constat est clair : il est urgent d’agir plus pourne pas continuer à perdre le combat (Eyrolles, 2003, 300 p., 19 ¤). M.-B. B.

a SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES, NOUVEAUMANUEL, sous la direction de Pascal Combemale et Jean-Paul PiriouL’équipe de professeurs en sciences économiques et sociales qui a tra-

vaillé sur cette troisième édition continue son œuvre pédagogique. Le lexi-que (800 termes) clôture le livre où se côtoient, sur des dossiers majeurs telsque « La croissance et le développement », « Le changement social » et« Les enjeux de la mondialisation », de grandes signatures. Chapitre égale-ment intéressant : « Pour aller plus loin » qui passe en revue pour les étu-diants (au lycée ou à l’université) les théoriciens incontournables. M.-B. B.

Depuis le 11 septem-bre 2001, s’il est unmot qui a subi uneénorme décotedans les chancelle-ries – et surtout

dans les corridors de laMaisonBlan-che –, c’est bien celui de gouvernan-ce mondiale. Les Etats-Unis ontindubitablement modifié le coursde la régulationmondiale du capita-lisme en réorientant l’ordre du jourdiplomatique vers les enjeux straté-giques et militaires. Avec le sommetdu G8 à Evian, le débat reste ouvertsur la capacité du nouveau modèlede régulation impériale prôné parWashington à supplanter le contex-te de crise de régulation globale dela mondialisation et à marginaliserainsi lamontée en puissance de l’op-position altermondialiste.L’administration américaine a fait

savoir aumonde que l’ordre interna-tional n’a plus partie liée avec leparadigme de la gouvernance mon-diale consensuelle, dont les troispiliers reposent sur la stabilité éco-nomique des marchés financiers àl’échelle planétaire, la stabilité politi-que des compromis sociaux propresaux Etats démocratiques et la stabili-té légale d’un Etat de droit garantis-sant la propriété privée et les rela-tions contractuelles. La vision impé-riale de la régulation défendue parles « néoconservateurs » améri-

cains est principalement une ques-tion d’alliances économiques etmili-taires pouvant conduire à des réali-gnements d’envergure dans les lut-tes que se livrent des blocs rivaux.La régulation impériale répond

au contexte de crise économique etaux nouvelles formes de menacestratégique par une redistributionénorme de gains et de pertes. Elle secomptabilise avec les outils sophisti-qués de la prépondérance militaire,du contrôle politique, de l’impunitélégale et de l’accumulation des pro-fits. Alors que les mécanismesmêmes du marché exercent leurspressions sur toujours plus dedomaines de la vie en société à tra-vers le globe, les Etats leur donnentamplement le change. Certes, lespays du Nord bénéficient encored’un encadrement important desactivités marchandes, mais ceux duSud font une expérience bien pluscrue de la réalité dumarché. Le prin-cipe de précaution et les subven-tions déguisées aux exportationsfont l’objet de discussions sans finentre Bruxelles et Washington.En se donnant comme arbitres

suprêmes de la régulation impéria-le, la force militaire et la contraintedu marché contribuent au déficitcroissant de légitimité des fonctionsde coordination de l’Etat sur la scè-ne internationale. Lamise enœuvrede la nouvelle doctrine stratégiqueaméricaine ne consiste pas seule-ment à manipuler la morale à desfins de prééminence militaire, maisà étendre et à sécuriser les pressionsque fait subir aux populations l’ex-tension des mécanismes demarché.Lemanque de légitimité de la régula-tion impériale du capitalisme contri-bue à offrir les conditions requises àla militarisation du monde actuel.La régulation impériale est insou-

tenable. La belle affaire ! Qu’ontdonc à offrir d’autre les protagonis-tes d’une régulation globale ? Lesorganisations qui se trouvent aucœur de l’architecture multilatéralecréée à l’issue de la deuxième

guerre mondiale ont porté à boutde bras lamondialisation de l’écono-mie capitaliste. Tout comme lessymboles du consumérisme McDo-nald et Coca-Cola, ce sont d’abordelles qui ont prêté le flanc à la mon-tée en puissance de la contestationaltermondialiste.

A côté des mouvements de

contestation, tout se passe commesi les arcanes de la diplomatiepesaient aussi de tout leur poidspour atténuer la lucidité des analy-ses pouvant être produites au seinmême de ces organisations. Quelavenir sera par exemple réservé augrand projet que Jean-François Ris-chard, le vice-président pour l’Euro-pe de la Banque mondiale, a défen-du lors de la conférence sur la régu-lation globale qui vient de se tenir àl’université du Sussex, auRoyaume-Uni ? Selon lui, il faudrait rien demoins que remplacer les institu-tions traditionnelles du systèmeinternational par un espace politi-que d’un nouveau type constituéd’une vingtaine de « réseaux de trai-tement des questions mondiales ».En parallèle des organisations qui

reposent sur une délégation formel-le de l’autorité de l’Etat, opèrent unensemble d’institutions moins visi-bles mais non moins influentes surla marche quotidienne de l’écono-mie mondiale. Elles prennent deplus en plus la forme d’hybridesmondiaux, dont le caractère privéou public et le domaine de compé-tence restent le plus souvent incer-tains et contestables.Ce sont par exemple les grandes

agences de notation de titres de pro-priété Moody’s et Standard& Poor’s qui imposent le jugementcollectif du marché internationaldes capitaux sur la solvabilité desacteurs privés et publics les plusdivers qui y ont recours. L’absencetotale d’anticipation de la crise asia-tique en 1997 a fortement entamé lacrédibilité de leur prétention à juger

les débiteurs et, plus largement, lasanté de l’économie mondiale.Demême, avec la chute d’Ander-

sen, on a pu voir le principe d’auto-rité à l’œuvre quand les grandscabinets d’expertise-comptableengagent leur signature dans laconfiance requise pour établir unlien stable entre les détenteurs detitres de propriété et l’usage de cestitres à des fins productives. L’énor-mité du scandale Enron a fait explo-ser le mythe de l’expert désintéres-sé passant au crible les comptesd’une société privée pour le bénéfi-ce du bien public.La liste pourrait s’allonger. Quel-

les qu’elles soient, ces institutionsont en commun une logique defonctionnement managériale. Untel modèle de régulation globales’oppose certes à l’imposition d’unerégulation impériale. Mais il estencore loin de trouver un terraind’entente pour négocier un compro-mis crédible avec les mouvementsd’opposition altermondialistes. Sonambition de gagner une reconnais-sance publique et de s’inscrire dansla redéfinition de l’autorité interna-tionale fait la part belle à la logiquede privatisation, aux procéduresinformelles, à l’extension des domai-nes réservés de l’expertise, à la mul-tiplication des zones offshore de« non-gouvernance ». Le poidsbien réel et la portée intangible deces horizons cachés de la régulationglobale du capitalisme continuent ànourrir le sentiment de désaffectioncroissante des populations vis-à-visdes pouvoirs constitués. C’est ànous de les faire mieux connaîtrepour qu’ils ne se transforment pasen monstres hybrides n’offrant plusaucune prise aux citoyens.

e Les auteurs de ce textesont membres du Centre for GlobalPolitical Economy de l’universitédu Sussex (Royaume-Uni),qui a organisé du 29 au 31 maiune conférence internationalesur la régulation globale.

Les sommets des chefsd’Etat et de gouverne-ment des pays les plusriches restent des événe-ments majeurs de la vieinternationale et conti-

nuent de susciter demultiples atten-tes dans un monde en mal de gou-vernance. Ces rencontres, qui ontdébuté dans les années 1970 pouraborder les problèmes de coordina-tion des politiques économiques,ont contribué à corriger certainsdéséquilibres jusque dans lesannées 1980 et apporté un soutienpolitique utile aux négociationscommerciales multilatérales. Maisles maigres résultats depuis unedizaine d’années expliquent large-ment la perte de légitimité du G7 –devenu le G8 avec la Russie depuis1998.Le déclin du G8 tient à l’évolution

du contexte économique et politi-que de l’après-guerre froide, de l’in-tégration de nouveaux pays dansles échanges internationaux à lacréation de l’euro,mais aussi à l’évo-lution des sommets eux-mêmes.Ces rencontres ne sont plus guèrel’occasion de discuter des problè-mes économiques entre pairs etd’évaluer les politiques des paysmembres. Tout se passe commes’ils avaient conclu un « pacte denon-agression » afin d’éviterd’aborder les sujets épineux. Simul-tanément, le G8 s’est dispersé surdiverses questions internationales,certes importantes et parfois urgen-tes, mais sur lesquelles il n’avait pasnécessairement autant de compé-tences ou de légitimité. Le G8 a ain-si dispensé des recommandationsaux pays non membres, ou encoreadopté une rhétorique généreusemais sans grande conséquence surles problèmes de développement.La critique des altermondialistes,qui identifie le G8 à un club où lespays les plus riches de la planète dis-cutent de l’ordre du monde, n’estdonc pas sans fondements.Faut-il déclarer le G8 obsolète ?

Le sommet entre leaders des grands

pays doit-il être remplacé par unenouvelle institution de gouvernan-ce globalemieux adaptée au contex-te de la mondialisation ? Le G8pourrait regagner en légitimité s’ilretrouvait une certaine efficacité,en revenant à sa vocation premièred’évaluation et de coordination despolitiques économiques des paysmembres. Ce recentrage et ce rôleen apparence plus modeste pour-raient paradoxalement renforcer leG8, alors que l’ambition des agen-das et le lancement de nouvelles ini-tiatives en faveur des pays pauvresdonnent parfois l’impression d’unefuite en avant.La mondialisation accroît les

besoins de coordination et unemeilleure coopération entre lespays qui totalisent deux tiers du pro-duit intérieur brut (PIB) mondialpeut contribuer à la croissance glo-bale. La tâche est cependant deve-nue plus difficile car il ne s’agit passeulement d’aborder les politiquesmacroéconomiques, mais aussi

diverses réformes structurelles. Cet-te année, la parité du dollar, la sous-évaluation de la devise chinoise oula rigueur du pacte de stabilité quilie les pays de l’euro ont été large-ment débattues avant le sommet.Pourtant, les politiques qui permet-traient de renouer avec une crois-sance solide, comme l’assainisse-ment du secteur bancaire japonais,les réformes économiques dans cer-tains pays européens, ou l’arrêt ducreusement des déficits américains,sont en partie structurelles. Deréels progrès supposeraient que lespays membres renoncent à leur« pacte de non-agression ». La com-paraison et l’évaluation plus systé-

matique des politiques nationalesdans le cadre de la préparation dessommets pourraient contribuer àune telle évolution en soulignantles défis communs, comme levieillissement des populations, eten contribuant à identifier les politi-ques efficaces.La croissance des pays du G8

constitue aussi un enjeu global dansla mesure où elle peut contribuer àla réduction des pressions protec-tionnistes et à l’augmentation deséchanges avec les pays pauvres.Depuis les années 1990, un plusgrand nombre de pays en dévelop-pement ont adopté des politiquesd’ouverture pour tirer parti de lamondialisation, mais les plus pau-vres restent encore à l’écart du pro-cessus. C’est pourquoi un meilleuraccès auxmarchés pour les exporta-teurs de produits agricoles et indus-triels des pays en développementconstitue l’un des objectifs majeursdu cycle de Doha. Mais les négocia-tions multilatérales se heurtent à de

fortes résistances de la part despays riches, notamment l’Europe àpropos des subventions agricoles etles Etats-Unis sur la question de l’ac-cès aux médicaments innovants. Denombreux commentateurs ont sou-ligné le risque pour l’économiemon-diale, et au-delà, pour la gouvernan-ce globale, d’un échec du « cycle dudéveloppement ». Une fois encore,la rhétorique en faveur du dévelop-pement serait contredite par lesactes des pays riches !La présidence française souhaite

que le sommet d’Evian « lance unmessage de confiance à la croissan-ce ».Dans le contexte actuel, les pla-titudes euphorisantes ne suffiront

pas. En revanche, un soutien politi-que du G8 au cycle de Doha, quisupposerait une réelle volonté decoopération transatlantique, pour-rait faire du sommet un succès.Au-delà, Evian serait un plus grandsuccès si les pays membres s’enga-geaient résolument en faveur deréformes susceptibles de soutenir laconfiance des acteurs économiques.Le renforcement du gouvernementd’entreprise dans les différents payset la coopération pour améliorer laqualité de l’information comptablefigurent incontestablement parmices mesures et relèvent des domai-nes où le G8 peut avoir un impact.Les réformes structurelles évoquéesplus haut sont certes plus difficiles àaborder, mais les membres du G8pourraient néanmoins affirmer leurvolonté de mener les politiquesnationales appropriées.Le sommet d’Evian a un agenda

encore plus ambitieux ! Un pré-som-met doit permettre des consulta-tions avec des pays émergents etdes pays pauvres, avant que le G8n’aborde diverses questions dedéveloppement (santé, dette, accèsà l’eau, Nouveau Partenariat pourle développement de l’Afrique –Nepad). Espérons que cet agendachargé et que le désir de différentsparticipants d’annoncer de nou-veaux projets pour l’Afrique neconduiront pas à trop de disper-sion. Espérons que les pays mem-bres ne seront pas tentés d’utiliserla rhétorique en faveur du dévelop-pement pour masquer le manquede résultat dans les domaines oùleur coopération est importantepour l’économie mondiale. Dans lecas contraire, un échec pourraithâter la nécessaire évolution del’institution…

Frédérique Sachwald, responsabledes études économiquesà l’Institut français des relationsinternationales (IFRI), est l’auteurdu « Bon usage de lamondialisation, à paraître en juindans la revue Politique étrangère.

par Philippe Simonnot

sont de moinsen moins… catastrophiques, et pour-tant on en parle de plus en plus.C’est par cet intéressant paradoxeque commence l’essai de François-Xavier Albouy, spécialiste de l’écono-mie des assurances. Le paradoxe estappuyé sur des chiffres : la mortali-té due aux catastrophes est aujour-d’hui de l’ordre d’une centaine demilliers d’individus par an, alorsque, au cours du XXe siècle, elle étaitde 650 000 par an en moyenne. Cet-te réduction est d’autant plusremarquable que la populationmondiale est passée en un siècle de1 à 6 milliards d’individus.

Bref, comme le dit l’auteur, « lescatastrophes sont devenues une descauses mineures de mortalité ». Etpourtant elles nous hantent. Et demême sommes-nous obsédés parles problèmes de pollution, nous,habitants des pays riches, alors quela qualité environnementale de nosmégalopoles n’a cessé de progres-ser depuis les années 1950. Du res-te, comment aurions-nous pugagner autant d’années d’espéran-ce de vie en si peu de temps si l’eauque nous buvons, l’air que nous res-pirons et les aliments que nousingérons s’étaient autant dégradésqu’on nous le serine ?

A Voltaire qui voyait dans le trem-blement de terre qui avait frappé Lis-bonne (plus de 40 000 morts) unepure fatalité dans « Le meilleur desmondes possibles », Rousseau répon-dit, dans une lettre datée du 18 août1756, que « la nature n’avait pointrassemblé là vingt mille maisons desix ou sept étages, et que si les habi-tants de cette grande ville eussentété dispersés plus également et pluslégèrement logés, le dégât eût étébeaucoup moindre, et peut-êtrenul ». Et de lui poser cette question,encore fort actuelle : « Serait-ce à

dire que l’ordre du monde doit chan-ger selon nos caprices, que la naturedoit être soumise à nos lois, et quepour lui interdire un tremblement deterre en quelque lieu, nous n’avonsqu’à y bâtir une ville ? » Rousseau aété entendu. Les pays qui en avaientles moyens techniques et financiersont pris des mesures pour pallier cesrisques. Le résultat est remarqua-ble : 75 % des victimes de catastro-phes naturelles habitent dans lespays les plus pauvres, 23 % dans lespays à revenus intermédiaires, et2 % dans les pays riches.

Pourtant, nous ne disposons pas

de théorie du risque qui soit satisfai-sante, ce qui nous conduit à pren-dre des mesures qui provoquentelles-mêmes des catastrophes : ain-si l’interdiction du DDT en 1972 –une première application du « prin-cipe de précaution » avant qu’il soitformulé – va être la cause d’unerecrudescence du paludisme, quifera plusieurs dizaines de millionsde victimes. Il pourrait en aller demême pour les OGM. Le retard d’uti-lisation de ces techniques pourraitreprésenter un coût immédiat etimportant en termes d’espérancede vie, de qualité de nutrition et debien-être. Du reste, le coût margi-nal d’une vie épargnée grâce au trai-tement des décharges est supérieurà 137 millions de dollars alors qu’onrefuse de prendre en considérationdes investissements de sécurité surles routes au-delà de 3 millions dedollars par vie sauvée…

Le catastrophisme, qui permet devendre du papier journal, qui est « àla fois paralysant et confortable »,ne servirait-il pas à masquer desdrames bien réels ? C’est ce que sug-gère l’auteur, et il est difficile de nepas lui donner raison.

T R I B U N E S

Comment réguler le capitalisme ? par Mick Dunford,

Jean-Christophe Graz, Ronen Palan et Kees van der Pijl

« Le sommet d’Evian serait un grand succèssi les pays membres s’engageaient résolumenten faveur de réformes susceptibles de soutenir

la confiance des acteurs économiques »

Le G8 et le « pacte de non-agression »par Frédérique Sachwald

VI/LE MONDE/MARDI 3 JUIN 2003

Les « Big Four » font la couraux organisations internationalesLes cabinets d’audit et de

conseil vont-ils trouverun nouvel eldorado avecle contrôle financier desgrands organismes inter-nationaux ? On est, cer-

tes, bien loin des gros contrats dusecteur concurrentiel, mais, del’avis de tous, le marché frémitdepuis quelques années. Car lebesoin de transparence financière,qui met les entreprises au pied dumur, a rattrapé ces organisations :« Elles estiment désormais nécessairel’opinion d’un auditeur indépendantsur leur contrôle de gestion, constateFabrice Odent, associé chargé dusecteur public chez KPMG. De plus,elles cherchent de l’aide pour amélio-rer la performance de leur systèmed’information ou uniformiser les prin-cipes comptables en convergeant versles normes internationales. »

Ces projets représentent un mar-ché non négligeable, qui pousse lescabinets à se positionner : « Ce sontaujourd’hui des cibles, comme lesgrands comptes, pour lesquelles nousavons bâti une offre commercialestructurée », précise Gilles Pedini,associé responsable des administra-tions centrales au sein d’Ernst& Young.

Mais le nerf des affaires ne repo-se pas tant sur l’audit des comptesdes organismes internationaux quesur le contrôle des programmes dedéveloppement qu’ils financent.« Les appels d’offres les plus impor-tants viennent, en ce moment, de laBanque mondiale et de la Commis-sion européenne, explique Jean-Pier-

re Crouzet, président du conseild’administration de RSM Salustro-Reydel. Nous conduisons actuelle-ment des audits à Madagascar,d’une part sur un programme derénovation des infrastructures routiè-res, d’autre part sur un programmede lutte contre le sida, tous deux sub-ventionnés par la Banque mondiale.Ces opérations sont des relais de crois-sance intéressants. »

Dans l’octroi des appels d’offres,les « Big Four » (Deloitte, Ernst& Young, KPMG et Pricewaterhouse-Coopers) ne tiennent pas forcémenttoujours la corde. Fin 2001, c’est unepetite société de conseil, SterWen,employant 23 consultants, qui a étéchoisie par la Cour des comptes fran-çaise pour réaliser l’audit des systè-mes d’information de l’Organisationdes nations unies (ONU). L’agencemandate en effet trois pays – la Fran-ce, l’Afrique du Sud et les Philippines– chargés, via leurs institutions finan-cières, de veiller au contrôle descomptes pour une période de sixans. SterWen a raflé la mise devantles Five de l’époque et un gros cabi-net hexagonal : « Je pense que le coûtde notre prestation, bien inférieur àcelui de nos concurrents, a largementpesé dans la balance », reconnaît Fré-déric Thomas, un des deux associésfondateurs.

Globalement, les organisationsinternationales rémunèrent les mis-sions environ 30 % de moins quedans le secteur privé. Néanmoins,les grands réseaux du conseil et del’audit font tout pour ne pas êtreabsents de ce marché. « C’est une

bonne opportunité pour prendrecontact avec des partenaires profes-sionnels et des clients potentiels àl’étranger », indique Jean-PierreCrouzet. « Lesmissions sont très inté-ressantes, formatrices et motivantespour nos collaborateurs », relèveGilles Pedini. Aussi les cabinets sesont-ils organisés pour répondre àcette demande. KPMG a constituéune équipe spécifique d’une dizainede personnes, basée à Genève.Chez Ernst & Young, une quinzainede personnes dans les grandsbureaux européens sont dédiées àcette activité.

Bonne connaissance de la mar-che d’une administration et ouver-ture d’esprit pour comprendre ces

« tours de Babel » que sont les orga-nisations internationales, voilà lesqualités demandées aux collabora-teurs, qui doivent aussi faire preuvede solides capacités rédactionnel-les. « Les rapports requièrent desefforts de synthèse et de pédagogietrès différents de la certification des

comptes d’une entreprise », souligneJean-Pierre Crouzet. Selon ThierrySénéchal, directeur du départe-ment Evaluation des politiquespubliques chez Mazars, les interve-nants ont intérêt à être rodés auxtechniques d’entretien. « Au-delàde la mise en place d’indicateurs deperformance et de résultats destinésà mesurer les coûts de gestion, l’auditd’un programme d’aide, c’est uneinvestigation sur le terrain qui impli-que des discussions en profondeuravec l’ensemble des partenaires impli-qués pour vérifier que les fondsalloués soient utilisés à bonescient… », explique-t-il.

Nathalie Quéruel

NEW YORKde notre correspondante

Toute planétaire qu’ellesoit, l’Organisation desNations unies ne pèsepas plus, en termesbudgétaires, qu’unerégion française de

taille moyenne. Dans ces conditionsson contrôle financier ne devraitpas être très compliqué. C’est comp-ter sans la nature de l’ONU, sa dis-persion en satellites, agences,bureaux, opérations spéciales.

L’ONU n’a pas de comptes conso-lidés, soupirent les spécialistes. Etpersonne ne connaît précisément lenombre de personnels employés(on l’estime à 50 000 agents dans lemonde). Contrôler les comptes del’ONU, c’est sauter de l’examen dufonds de pension des employés(85 000 bénéficiaires, 21 milliards dedollars d’actifs) à celui du compteouvert pour financer « l’applicationde l’accord de cessez-le-feu à la fron-tière tadjiko-afghane » : 20 000 dol-lars y sommeillent depuis 1996 !

Le système a été renforcé sous lapression des donateurs qui, de plusen plus, demandent des rapports spé-cifiques sur l’affectation de leurargent (certains pays comme lesEtats-Unis ont même mis en placeun ambassadeur et tout un serviceconsacré au seul suivi de la gestionde l’ONU). Depuis 1994, un « bureaudes services de contrôle interne » esten action. Il emploie 179 personneset se flatte d’avoir mis au jour desfraudes et erreurs de gestion s’éle-vant à 254 millions de dollars depuis

sa création. Il a une équipe d’enquê-teurs et un numéro vert. En un an, lenombre d’affaires signalées aubureau est passé de 433 à 538.

L’audit externe est réalisé par uncomité des commissaires aux comp-tes. Il est constitué de trois institu-tions nationales élues par l’Assem-blée générale en respectant larépartition géographique. Depuisjuin 2001, la Cour des comptes fran-çaise est chargée de la certificationdes comptes de l’ONU, avec seshomologues des Philippines etd’Afrique du Sud. Le comité publieun rapport biennal et des annexessur chacune des 16 entités sous sacompétence (la plupart des agencesde l’ONU, mais pas le Programmealimentaire mondial ou l’Organisa-tion mondiale de la santé, qui ontleurs propres audits externes).

Les trois commissaires se répartis-sent le travail à l’amiable. Au total,ils effectuent une centaine de mis-sions par an. La France vient de finirl’audit de l’Unicef (budget 1 milliard

de dollars). Elle a en portefeuille lesmissions de maintien de la paix auKosovo et en Erythrée. Unconseiller-maître et un conseillerréférendaire sont détachés en per-manence à New York. Selon les mis-sions, il leur arrive de demanderl’aide d’un juge administratif oud’un officier du ministère de ladéfense. Ils ne recourent qu’excep-tionnellement à des consultantsextérieurs.

Côté résultats, tout est public.Dans son dernier rapport dejuillet 2002, le comité des commis-saires a relevé les « ficelles tradition-

nelles » des bureaucraties, commedit un expert. Les services del’ONU engagent les dépenses sansavoir de projet spécifique maispour bloquer les crédits, par exem-ple. Ils jonglent avec les contratsd’emploi du personnel (en troisans, un employé a bénéficié de 12contrats, financés par cinq sourcesdifférentes). La base logistique del’ONU à Brindisi (Italie) a été invi-tée à « indiquer plus clairement »quelles sont les fonctions des 40agents recrutés pour « compléterses effectifs autorisés ».

Parmi les « perles » épinglées, ontrouve l’histoire de ce consultantde la Cnuced qui occupait illégale-ment deux bureaux du palais deGenève et passait des centaines decoups de fil à l’étranger en détour-nant une ligne. Les commissairesrelèvent aussi les « lacunes » de lagestion financière de la Cour inter-nationale de justice, notammentdans les rémunérations et frais dedéplacement des juges, et un gas-pillage dans ses dépenses en publi-cations (pour un jugement de 1992,la procédure a été publiée huit ansplus tard).

La section des investigations dubureau de contrôle interne a, elle,mis au jour des affaires criminel-les, comme le trafic de visas impli-quant des fonctionnaires du HCRà Nairobi (Kenya). Elle a trouvédes cas de personnels locauxoctroyant des marchés à des entre-prises auxquelles ils étaient liés.

Un haut responsable de la Minuk,la mission au Kosovo, a confié la ges-tion de 61 dépôts de carburant à unhommes d’affaires local moyennantle versement de 350 000 dollars enespèces. A Belgrade, les enquêteursont découvert qu’un Américainavait détourné 5 millions de francs :alors que les compagnies aériennestransportaient gratuitement lesbagages de la mission de maintiende la paix, il facturait un surcoût àl’Organisation.

Corine Lesnes

BRUXELLESde notre bureau européen

Depuis le 1er janvier,les dépenses defonctionnement dela Commission,comme l’ensembledu budget des Com-

munautés européennes, sont sou-mises à un nouveau règlementfinancier, censé limiter les risquesde fraudes, mais aussi permettreune meilleure utilisation des fondscommunautaires.

En proposant au Conseil et auParlement de l’adopter, la Commis-sion Prodi s’est efforcée de tenircompte des recommandations des« sages », dont le verdict avait pré-cipité la chute de la CommissionSanter, en mars 1999. Ceux-ci, réu-nis au sein d’un comité d’expertsindépendants, avaient constatéqu’« il [devenait] difficile de trou-ver quelqu’un qui ait le moindre sen-timent d’être responsable » à laCommission.

Les « sages » avaient conseilléde revoir le règlement financier,fondé sur un système centralisé decontrôle a priori des dépenses.Pierre Lelong, membre du comité,expliquait ainsi que le systèmeétait une vraie « passoire » et qu’ilavait contribué à l’émergence del’affaire Cresson : un contrôleurfinancier avait pu valider « l’em-bauche, irrégulière, du dentiste deChâtellerault, comme “visiteur scien-tifique” de la Commission ».

La Commission Prodi souhaiteque les directeurs généraux se sen-tent désormais responsables desdépenses qu’ils ordonnent. Lerèglement financier a placé sousleur responsabilité le contrôle apriori, donc décentralisé, mais aus-si une partie de l’audit, qui a étéintroduit à la Commission, dans lebut de vérifier que les objectifs ontété atteints.

Il existe désormais un service

d’audit interne central, chargé defaire des enquêtes horizontalesdirigé par Jules Muis, un Néerlan-dais qui travaillait précédemmentà la Banque mondiale et qui nerend de comptes qu’au commissai-re Neil Kinnock, responsable de laréforme administrative. Mais des

unités décentralisées, chargées defaire des enquêtes verticales, sontencore en fonction. Elles sont pla-cées, pour leur part, sous l’autoritéhiérarchique des directeurs géné-raux, dont elles doivent critiquerles services.

Cet organigramme ne satisfaitpas totalement Alain Marcilhacy,membre du comité de suivi desaudits créé par la Commission. Cetancien vice-président de la Confé-dération européenne des institutsd’audit interne remarque que « lesdirecteurs généraux n’auront peut-être pas envie de rendre publics lesdysfonctionnements mis au jour parles auditeurs », soulignant que« l’auditeur doit être indépendantde celui qu’il contrôle »…

Rafaële Rivais

le bureau

de contrôle a déjà

mis au jour pour

254 millions de

dollars de fraudes

déjà en vigueur,

le règlement

financier devrait

permettre de

limiter les risques

de corruption

à l’instar

des entreprises

privées,

les organismes

internationaux

veulent rendre

la tenue de leurs

comptes plus

transparente.

les cabinets

d’audit

s’intéressent

à ce marché

susceptible de

leur ouvrir les

portes des

programmes de

développement

qui gagneraient

en un meilleur

contrôle de

l’usage des

deniers publics

Dépenses de l'Union européenne en 2002, en % Dépenses de l'ONU, en %

DES BUDGETS COLOSSAUX

39,145

FonctionnementDépenses de personnel

Actions structurelles

Politiquesinternes

Actions extérieuresDépenses administratives

Equipement

Information-communication

Actions pour ledéveloppement

Actions politiques(tribunaux internationaux,maintien de la paix, droits de l'homme)

Dépenses agricoles

TOTAL :2,625 milliardsde dollars

35

5,5

1,7

13,3

23,7

16,77

85

TOTAL :96 milliards d'euros

Source : Commision européenne et ONU

Les difficiles comptes de l’ONU Nouvelles règles à Bruxelles

Globalement,les missions sont

rémunérées environ30 % de moins quedans le secteur privé

Le comitédes commissaires

a relevé les « ficellestraditionnelles »des bureaucraties

EMPLOI

agendaa DÉVELOPPEMENTL’association 4D, Iddilee (Initiatives pour le développement durable,

les interactions locales et les échanges d’expériences) et le Réseau actionclimat France organisent un colloque « Le développement durable enactions : Initiatives locales et engagement citoyen », le 5 juin à l’Institutd’études politiques de Paris (27, rue Saint-Guillaume, 75006 Paris).Renseignements : sites www.iddilee.tk ou Carlos de Freitas :

01-44-93-00-70. E-mail : [email protected]

a JEUNESLe colloque national de l’association Jeunesse et entreprises, présidée

par Yvon Gattaz, aura lieu le jeudi 19 juin à Paris (AGF, 37, rue Saint-Marc, 75002 Paris) avec pour thème principal : « Jeunes et métiers de l’in-dustrie ». De nombreux patrons seront présents et une table ronde seraau cœur des débats : « Comment rendre attractifs les métiers de l’indus-trie pour les jeunes ? ». Renseignements : [email protected]

Ils sont à peine mille enFrance. Une poignée d’irré-ductibles à s’affairerautour d’un tableau demaître de l’école du Nord,d’un vitrail gothique ou

bien d’une fibule mérovingienne.L’objectif ? Retrouver l’éclat et lesens original de l’œuvre, altéréspar la lumière, l’humidité, lesinsectes, et… les retouches humai-nes survenues au gré des change-ments de goût et de mœurs. Exem-ple ? « Les repeints de pudeurrecouvrant le décolleté d’une courti-sane jugé pas assez chaste », souritMarie Berducou, à la direction dela maîtrise des sciences et techni-ques conservation-restaurationde l’université Paris I.Au contraire de l’Italie ou de

l’Europe du Nord, la corporationest récente en France : les premiè-res formations datent de 1973.Dans l’ombre de leurs confrèresconservateurs et régisseurs, lesrestaurateurs se retrouvent par-

fois affublés du statut d’« atta-chés de conservation », avec dessalaires au rabais, de l’ordre de1 200 euros par mois ! Un peu mai-gre lorsque l’on sort de quatreannées d’études (cinq à partir dela rentrée 2004) poussées en physi-que-chimie des matériaux et ensciences humaines, effectuées desurcroît au terme d’une sélectiondrastique (10 % d’admis). « On estobligé d’établir une cote mal tailléeà partir d’un statut d’empruntn’ayant rien à voir avec le métier »,regrette Anne Cartier Bresson,directrice de l’atelier de restaura-tion et conservation des photogra-phies de la Ville de Paris.Décrocher un emploi de vacatai-

re dans le secteur public est à ceprix. « Musées, patrimoine classé :le ministère de la culture génère80 % de l’activité des restaura-teurs », rappelle Marie Berducou.La restauration des collections per-manentes des 36 musées natio-naux (hors Musée du Louvre)représente un budget annuelmoyen de 2,75 millions d’euros,celle des collections des millemusées territoriaux 2,1 millions.En moyenne, 4 500 chantiers derestauration sont conduits chaqueannée par la direction des Monu-ments historiques.Mais les commandes publiques

stagnent. « Depuis deux ans, le bud-get restauration de l’Etat se tasse etles titularisations de postes se raré-fient », constate Olivier Omnès,président de l’association desanciens élèves de la section restau-ration de l’Institut national dupatrimoine (INP, ex-Institut fran-çais de restauration des œuvresd’art). La loi de décentralisation,qui va transférer les fonds publicsde restauration de l’Etat vers les

directions régionales des affairesculturelles, attise les craintes. « Larestauration des cathédrales ou desmusées n’est pas porteuse auprèsde l’électorat. On peut donc crain-dre un désengagement des collecti-vités territoriales », estime DavidAguilella-Cueco, président de laFédération française des conserva-teurs-restaurateurs.

’Autre préoccupation : la concur-

rence internationale. Au-delàd’un seuil de 130 000 euros, l’attri-bution d’un marché public de res-tauration doit en effet faire l’objetd’un appel d’offres européen. Or,« les restaurateurs français seregroupent peu et manquent d’ex-pertise, notamment en comptabili-té. Au contraire des Italiens et desAllemands, mieux organisés »,explique France Dijoud, directriceadjointe du Centre de rechercheet de restauration des musées deFrance. Résultat, les stucs de lagalerie Apollon du Louvre sontdepuis septembre dernier restau-rés par une équipe en provenancede Rome.

Mais la restauration ne s’arrêtepas à la magnificence du patrimoi-ne classique. Les besoins émer-gents concerneraient plutôt lesvases de grand-mère et les instru-ments de mesure du XVIIe siècle,même si, estime Anne Jacquin,diplômée 2001 de l’INP, « il fautcinq à sept ans pour se constituer unportefeuille de clientèle régulière ».« Le textile et le mobilier percentsous l’influence des restaurateursprofessionnels qui remplacent lesartisans », souligne Geneviève Gal-lot, directrice de l’INP. « La valeurvénale du patrimoine industriel etscientifique augmente. D’importan-tes collections privées sont en trainde se constituer, renchérit MarieBerducou. Certaines compétencessont très recherchées, par exemplepour se charger des premières machi-nes à calculer de Pascal, des films,mais aussi des objets en polystyrèneou en résine époxy. »Avis aux restaurateurs ayant

conservé leur âme d’enfant : ilparaît que le plastique des premiè-res poupées Barbie se dégrade…

Geoffrey Marain-Joris

la profession

s’inquiète

de la baisse

des commandes

publiques

et de l’ouverture

des gros chantiers

à la concurrence

européenne

europe

Dernier moisconnu

LE MARCHÉ DU TRAVAIL FRANÇAIS

Source : Insee, Dares, CNAF, Unedic

Chômeurs de moins 25 ans(en milliers)

Chômeurs de longue durée(en milliers)

Emplois précaires (en milliers) :

Intérim

Contrats en alternance

Femmes

Hommes

Horaire

Mensuel

Contrats aidés dans le secteurmarchand

Contrats aidés dans le secteurnon marchand (hors emplois-jeunes)

697 (mars 03)

Variationsur un an

417,8 (mars 03) + 7 %

+ 6,1 %

1 197 + 2,9 %

1 448 + 0,03 %

6,83 (juillet) + 2,4 %

1 154,27 (juillet) + 2,4 %

1 084 310 – 1,15 %

576,2 (avril 03) – 3,6 %

639,5 (mars 03) – 4,2 %

413,9 (avril 03) – 32,8 %

266 (avril 03) – 11,5 %

Salaire net médian (en euros constants) :

Allocatairesdu revenu minimum d'insertion

Smic (en euros )

flash apec/« le monde » flash céreq/« le monde »

Répartition des projets professionnels énoncés en octobre 2001par les aides-éducateurs, en %

LES EMPLOIS-JEUNES PRÉPARENT LEUR « SORTIE »

Source : Panel aides-éducateurs-Céreq

25Enseignement

Pas de projet

AutresSecrétariat, comptabilité, gestion

Métiers de la fonction publique

Informatique

Métiers du secteur sanitaireet social

Métiers du sport,de l'animationou de la culture

8

10

11

17

69

14

a AVEC LE RELÈVEMENT DU NIVEAU D’ÉDUCATION, la croissance dans le secteurdes services et l’évolution des attitudes, le taux d'emploi des femmes serapproche de celui des hommes. Entre 1996 et 2001, il est passé à 54,9 %(+ 5 points environ), tandis que celui des hommes atteignait 73 % (+ 3 points).

a L'ÉCART HOMMES/FEMMES, même s'il se réduit, reste important dans lagrande majorité des pays. En Suède, le taux d'emploi des femmes repré-sente 96 % de celui des hommes, malgré le recul relatif du nombre defemmes actives dans ce pays.

a À L'ÉCHELLE DE L’UNION, les femmes travaillent surtout dans le secteur desservices (83 % de l'ensemble des femmes occupées, contre 58,9 % des hom-mes), alors que les hommes se trouvent surtout dans l'agriculture etl'industrie.

Les restaurateurs d’art s’allient au patrimoine privé

(1) personnes travaillant moins de 30 heures

Hommes + femmes

Moins de 25 ans

Evolution de l'emploiau 4e trim. 2001 (en % sur un an)

Part de l'emploi salarié

Part de l'emploi à temps partiel

Hommes + femmes (15-64 ans)

Hommes + femmes (55-64 ans)

Durée du travail salariéà temps plein (h/semaine)

Evolution du coût du travail(en % sur un an - 4e trimestre 2002)

Taux de chômage( en %)

Part de chômage de plusd'un an ( en %)

LES INDICATEURS SOCIAUX INTERNATIONAUX « LE MONDE »/EUROSTAT

EURO 12 ALL. BELG. ESPAGNE FRANCE ITALIE PAYS-BAS ROY.-UNI E.-Unis JAPON

Structure de l'emploi

Taux d'emploi (en %)

83,1 88,9 84,6 80,6 89,2 72,6 88,3 88,1 n. d. n. d.

16,4 20,3 19,4 8,0 16,2 8,6 43,8 24,9 13 (1) 23(1)

0,9 – 0,2 0,5 1,8 1,5 1,3 1,8 0,9 - -

61,8 65,7 59,7 58,4 62,9 55,4 74,5 71,5 74 69

3,7 3,3 3,8 4,4 3,7 3,7 4,5 3,6 3,2 n. d.

17 9,8 19,1 23,1 21,1 27,7 7,6 12,3 11,8 n. d.

8,7 8,9 7,8 11,5 9,1 9,0 3,6 5,0 5,8 5,3

39,6 39,4 39,3 40,4 37,7 38,5 38,9 43,3 n. d. n. d.

2001 2001 2002 2002 2002 2002 2002 2002 2000 2000

20012001 2001 2002 2002 2002 2002

47,0 50,4 49,6 34,3 32,7 58,8 32,7 23,1 6 25

34,6 37,7 25,8 38,8 33,8 28,6 42,0 53,3 58 63

(jan. 03)(mars 03) (mars 03) (mars 03) (mars 03) (mars 03) (mars 03)(mars 03)

2000 2002 2000 2000

(fév. 03) (jan. 03)(mars 03)

84,3

17,9

0,9

63,8

3,6

15,5

7,9

40,1

44,4

2001

2001 2001 2002 2002 2002 2002 2002 2002 2000 20002001

2001 2001 2001

1er trim.2002

2002 2002 2002 2002 20022001

38,2

UE 15

Opinion des entreprises européennes sur la formation de leurs cadres, en %

LES ENTREPRISES VEULENT DES CADRES MIEUX FORMÉS

Source : APEC. Pour plus d'informations : www.apec.fr * NSP : Ne se prononcent pas

Ont besoin de formation NSP*N'ont pas besoin de formation

1

11

1

19

2

18 22

1

25

1

27

2

27

1

33

Espagne

Allem

agne

Pays-Bas

Belgique

Luxembourg

France

Italie Ro

yaum

e-

Uni

88 80 80 78 74 72 71 66

Source : Eurostat

LES FEMMES DE PLUS EN PLUS ACTIVES

Taux d'emploi des femmes (15-64 ans)1996 2001

0

10

20

30

40

50

60

70

80

UE-15

Allem

agne

Autriche

Belgique

Espagne

Finlande

France

ItalieGrèce

Irlande

Luxembourg

Pays-Bas

Portugal

Royaume-Uni

Suède

Danemark

E M P L O I

a LES CADRES d’Espagne, d’Allemagne et des Pays-Bas ont plus fréquem-ment besoin d’une formation que ceux des autres Etatsmembres de l’Unioneuropéenne (UE). Cette nécessité est davantage ressentie par les entreprisesdu secteur des services (81 %, contre 76 % pour l’ensemble des secteurs).

a DANS LE SECTEUR DU COMMERCE comme dans celui du bâtiment, les entre-preneurs considèrent moins souvent que leurs cadres nécessitent une for-mation (respectivement 72 % et 73 %). La part des entrepreneurs de l’indus-trie et des transports estimant que leurs cadres devraient recevoir une for-mation est proche de la moyenne européenne.

a DÈS LEUR RECRUTEMENT VIA LE DISPOSITIF « Nouveaux services, emplois-jeunes » à l’éducation nationale, les aides-éducateurs ont été amenés àse projeter dans l’avenir puisqu’ils n’avaient statutairement pas vocationà rester dans leurs fonctions au-delà des 5 années prévues dans leurcontrat.a ENSEIGNEMENT, métiers du secteur sanitaire et social, de l’animation, dusport ou de la culture, informatique : les deux tiers des aides-éducateursvisent des emplois proches des différentes activités qu’ils exercent oucôtoient dans les établissements scolaires. Les projets individuels demeu-rent, eux, fortement liés au niveau de diplômes.

VIII/LE MONDE/MARDI 3 JUIN 2003