Échappe-toi - [Ecole et collège de La Providence] · Puis, je me douche et me blottis sous ma...

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Échappe-toi ! 19h. Les interminables embouteillages. C’est ainsi tous les soirs en quittant l’étude du collège ! C’est toujours mon père qui passe me chercher. La radio est à fond. Elle diffuse un tube des Stones pour couvrir le bruit incessant des moteurs voisins. Je préfère… ça m’évite d’avoir à annoncer mes mauvaises notes. Au énième feu rouge, la sonnerie de mon téléphone retentit. Je l’attrape au fond de ma poche… c’est ma mère. « Allo ! - Allo, quand arrivez-vous ton père et toi à la maison, le poulet va griller ! - Mam’, nous sommes dans les bouchons, on va dire… d'ici une demi-heure. « Au feu du carrefour de la Libération, mon regard se fixe sur une affiche que les publicitaires venaient juste de poser. Un panneau publicitaire de l’Unicef sur la journée des enfants soldats. Au premier plan, un enfant-soldat, arme à la main semble prêt à tirer. A la maison, je me jette sur le poulet, bien grillé ma foi. Puis, je me douche et me blottis sous ma couette. Dix minutes plus tard, je descends chercher le PC de mon frère. Je m’installe à mon bureau et tchatche avec Alice. Comme le sommeil ne vient pas, je consulte le site de l’Unicef. Je vois la même affiche que sur le grand panneau publicitaire. Je clique sur une vidéo. La regarde une fois. Deux fois. Ma gorge se resserre à chaque fois. J’essaie de m’endormir avec l’histoire de Samir. En boucle. Je m'appelle Samir, j'avais dix ans quand ma vie a basculé. Des hommes sont entrés dans ma maison et ont tout cassé. Moi, je suis allé me cacher et j'ai entendu deux coups de fusil. Quand je suis revenu, mes parents baignaient dans une mare de sang, leur corps gisait sur le sol. J'étais tout seul et je n'avais pas un sou en poche parce qu’ils avaient tout pillé. Je suis resté dix jours sans bouger, juste devant la porte de la maison. Prostré. Errant dans la rue, un jour, j'aperçus un homme d'une trentaine d'années qui vint m'aborder. Il me demanda si j'avais besoin d'un travail. « Oui, m’sieur » acquiesçais-je d’un air timide. Il m'engagea. Simple mission. Je devais tuer des hommes pour gagner ma vie. Tard, trop tard, je découvris par la suite que cet homme recrutait en réalité de jeunes enfants pour Al-Qaïda. Pendant trois ans je ne fis qu'ôter la vie à des innocents. Sans réfléchir. C’était un jeu de gosse. Tuer. Jouer à la guerre pour de vrai. Comme un grand homme. Un jour j'ai été obligé de tuer un gamin de mon âge. Cette fois-ci, avant de mourir, il me regarda dans les yeux. Ses derniers mots tremblèrent : « Échappe-toi ! » Ces mots interrogèrent mon être, mon cœur et ma raison pendant plusieurs semaines. Merde, j’ai tué un enfant qui aurait pu être mon frère, mon pote… Un type comme moi, qui n’a rien fait mais qui est obligé de… tuer ou… mourir. Un matin, je surpris une conversation entre le chef et un soldat, ils parlaient de moi. « […] Est-ce que tu as discuté avec Samir à propos de l'exécution de ses parents ? - Non je n'en ai pas eu le courage... c’est que je me suis attaché à ce gamin…

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Échappe-toi !

19h. Les interminables embouteillages. C’est ainsi tous les soirs en quittant l’étude du collège ! C’est toujours mon père qui passe me chercher. La radio est à fond. Elle diffuse un tube des Stones pour couvrir le bruit incessant des moteurs voisins. Je préfère… ça m’évite d’avoir à annoncer mes mauvaises notes. Au énième feu rouge, la sonnerie de mon téléphone retentit. Je l’attrape au fond de ma poche… c’est ma mère.« Allo !- Allo, quand arrivez-vous ton père et toi à la maison, le poulet va griller !- Mam’, nous sommes dans les bouchons, on va dire… d'ici une demi-heure. «Au feu du carrefour de la Libération, mon regard se fixe sur une affiche que les publicitaires venaient juste de poser. Un panneau publicitaire de l’Unicef sur la journée des enfants soldats. Au

premier plan, un enfant-soldat, arme à la main semble prêt à tirer. A la maison, je me jette sur le poulet, bien grillé ma foi. Puis, je me douche et me blottis sous ma couette. Dix minutes plus tard, je descends chercher le PC de mon frère. Je m’installe à mon bureau et tchatche avec Alice. Comme le sommeil ne vient pas, je consulte le site de l’Unicef. Je vois la même affiche que sur le grand panneau publicitaire. Je clique sur une vidéo. La regarde une fois. Deux fois. Ma gorge se resserre à chaque fois.

J’essaie de m’endormir avec l’histoire de Samir. En boucle.Je m'appelle Samir, j'avais dix ans quand ma vie a basculé. Des hommes sont entrés dans

ma maison et ont tout cassé. Moi, je suis allé me cacher et j'ai entendu deux coups de fusil.Quand je suis revenu, mes parents baignaient dans une mare de sang, leur corps gisait sur le sol.J'étais tout seul et je n'avais pas un sou en poche parce qu’ils avaient tout pillé. Je suis resté dix jours sans bouger, juste devant la porte de la maison. Prostré.

Errant dans la rue, un jour, j'aperçus un homme d'une trentaine d'années qui vint m'aborder. Il me demanda si j'avais besoin d'un travail.

« Oui, m’sieur » acquiesçais-je d’un air timide.Il m'engagea. Simple mission. Je devais tuer des hommes pour gagner ma vie. Tard, trop tard, je découvris par la suite que cet homme recrutait en réalité de jeunes enfants pour Al-Qaïda. Pendant trois ans je ne fis qu'ôter la vie à des innocents. Sans réfléchir. C’était un jeu de gosse. Tuer. Jouer à la guerre pour de vrai. Comme un grand homme.

Un jour j'ai été obligé de tuer un gamin de mon âge. Cette fois-ci, avant de mourir, il me regarda dans les yeux. Ses derniers mots tremblèrent :

« Échappe-toi ! »Ces mots interrogèrent mon être, mon cœur et ma raison pendant plusieurs semaines.

Merde, j’ai tué un enfant qui aurait pu être mon frère, mon pote…Un type comme moi, qui n’a rien fait mais qui est obligé de… tuer ou… mourir.

Un matin, je surpris une conversation entre le chef et un soldat, ils parlaient de moi.« […] Est-ce que tu as discuté avec Samir à propos de l'exécution de ses parents ?- Non je n'en ai pas eu le courage... c’est que je me suis attaché à ce gamin…

Comment veux-tu que je lui dise que c'est moi qui ai tué ses parents. [...] »

J'étais enragé, bouleversé, en colère. Je n'avais qu'une idée en tête : fuir ce camp d’entraînement. Un seul mot raisonnait dans ma tête : VENGEANCE.

Je me mis à courir vers ma cabine, j'y attrapai mon ballotin pour repartir. Errance encore.J'étais seul, accablé de tristesse, misérable, loqueteux. Mon état était affligeant et désastreux. La drogue me manquait. Je sniffais tout ce que je trouvais. Après trois nuits de misère et de solitude, un homme en treillis me trouva à moitié mort :

« Que fais-tu ici ? Depuis quand es-tu là ?- J'ai fui mon travail car j'ai appris que mes supérieurs avaient tués mes parents et depuis, j'erre

dans ces rues désertes où le peu de personnes que je croise m'ignorent.- Pour qui travaillais-tu ?- Je ne préfère pas en parler... J'aimerais aller aux U.S.A, pour m'engager dans l'armée.- Je suis un soldat américain, je suis en mission ici. Mais hélas, mon opération touche à sa fin, et

je vais devoir rentrer chez moi. Veux-tu venir avec moi ?- Oui, mais que ferais-je là-bas ?- Tu t'engageras dans l'armée et tu deviendras un grand soldat.- Alors, j'accepte ! »Durant nos deux jours de voyage, cet homme qui s'appelait en fait John Mac O'Neil, m'apprit ce

qu'était vraiment l'armée et ce qu'on y faisait! Nous arrivâmes sur le sol américain et nous nous dirigeâmes vers la caserne mais j'étais trop jeune pour rentrer dans l'armée, je devais être majeur. Pendant sept ans, j'appris à vivre comme les Américains. Je passai mes journées chez John, et le soir il rentrait. Quelques mois après mon arrivée, je reçus ma carte verte qui prouvait ma nationalité américaine. Après ces sept années, je m'engageai dans l'armée. Ma formation dura deux mois, au bout desquels, je partis en mission en Afghanistan. Revenir là-bas, me procura de la pitié pour l'enfant que j'étais. Quand mon pied se posa sur le sol afghan, je sentis la rage monter en moi. Je n'avais qu'un seul objectif, tuer Ben Laden au plus vite pour le mal qu'il m'avait fait. Nous avions marché toute la journée pour se familiariser avec les lieux. Durant cette journée, j'avais beaucoup réfléchi. Ma décision était prise, j'agirai ce soir. J'avais déjà beaucoup d'informations, je savais ou il logeait et à quelle heure il était sans ses gardes. La nuit tomba, nous mangions tous en silence, ce qui me permettait de me concentrer sur ma vengeance.

Quelques heures après le couvre-feu, je sortis de ma chambre en passant par la fenêtre, en emportant avec moi un couteau et une arme à feu silencieuse. Je voulais faire souffrir Ben Laden comme il l'avait fait pour moi. Je marchais depuis environ 1h30 quand j'aperçus sa maison. Plus je m'approchais de la maison, plus je sentais la frayeur montée en moi. Je regardais devant la maison et je vis un homme assis sur un rockingchair en train de fumer un cigare. Mon cœur s'emballa quand en m'approchant, je pus reconnaître Ben Laden. Je m'approchais encore un peu mais tout d'un coup il se leva et me fixa. Nous restâmes ainsi de longues minutes, yeux dans les yeux. Je ne pus me retenir, je saisis mon arme et appuyai sur la détente, la balle partit, toucha Ben Laden au cœur. Il tomba sur le sol et une mare de sang se mit à couler le long de son corps. J'avais vengé mes parents. Et tous les martyrs de ce salopard. J'étais libre, heureux remplis de joie et serein. »

Trois heures du matin. « Ma chérie, tu ne dors pas à cette heure ? Je t’entends crier et pleurer depuis trois heures.

Que t’arrive-t-il ? »Je lui racontai l’histoire que j’avais vue sur l’ordinateur. Elle fut choquée par ce que je venais de lui

raconter et me chuchota :« Rendors-toi, tu te lèves tôt demain et moi aussi.- Tu sais maman, tu fais un métier inutile. Moi, un jour, je serai infirmière sans

frontière ».

Auteurs : Clémence Foucteau, Clara Lascaux, Pauline Hippolyte, Emma Valera, Madiane Reuiller.Photo : « Une visite militaire dans un village du Gabon ». Photo prise par M.Hippolyte

12 ans, apprenti assassin

Alors que je faisais, en salle info, une recherche sur les jeux olympiques, un site publicitaire apparut et en clignotant, il s'avéra que la publicité en question luttait contre l'enrôlement des enfants dans l'armée. Intéressés par ce sujet, je fis remarquer aux copains qu'on pouvait regarder des vidéos, à condition que Madame Pezé ne nous prennent pas en flagrant délit. C’est au risque d’une bonne réprimande que je cliquai sur « Play » : Fahim Hassam.

Neuf ans se sont écoulés. J'étais dans l'armée du Soudan, une unité constituée d'enfants soldats. Voici comment je fus enrôlé dans l'armée :

Une nuit, je me levai quand j'entendis un bruit en bas ; je descendis et je vis des hommes armés pointant leurs armes sur mes parents. On me frappa et je tombai dans les pommes. Je me réveillai dans un caniveau, rempli de haine en voyant une tache de sang sur mes vêtements en lambeaux ; je ressemblai à un gueux soudanais. Un individu m’aida à me relever en même temps qu’il me parlât d'un endroit où je pourrai me venger du meurtre de mes parents. On m'emmena dans un camp, dans la forêt. Il faisait chaud et humide et je vis des adolescents déambuler en portant munitions et armes.

C'était un endroit ravagé et comme j'éprouvais de la nostalgie, un docteur vint avec des seringues. Au début, j'avais mal à la tête, je titubais et mes jambes étaient comme du coton. Mais très vite, je repris des forces. En quelques minutes, j’eus envie de tout casser. On me donna un fusil et nous partîmes dans un village. Les habitants étaient dans la détresse, ils avaient faim. On m'a dit « vas-y» et sans réfléchir, je sortis une torche et j’enflammai les cases ; j'entendais des cris et des coups de feu mais ça ne me faisait ni chaud ni froid. Quand nous rentrâmes au camp, je réalisai que j'avais fait mes premiers morts. Je n'étais ni heureux ni malheureux mais j'avais envie de tuer encore pour venger mes parents.

Trois ans plus tard, l'homme qui me recruta auparavant nous proposa à mon unité d'aller combattre. En nous montrant les photos de nos «cibles», je reconnus tout de suite les assassins de mes parents et la haine ressurgit. La drogue qu'on me donnait habituellement me plongea dans un tel état de rage que j'en plantai mon couteau sur l'effigie des tueurs de me parents. Nous partîmes sur le champ, traversant la forêt qui nous séparait de la savane ; vers leurs repère. Ce fût un carnage, comme d'habitude. J'étais un train de brûler une maison quand je vis les «cibles» s'enfuir. J'épaulai et tirai une rafale : le premier homme s'écroula, le dos déchiqueté par les balles. Je rattrapai aisément le deuxième

qui s'était pris une balle dans la jambe. On le ramena au camp en le trainant dans la boue par les pieds ; il gémissait misérablement. Je me portais à sa hauteur :

« J'ai fini par t'avoir, enflure ! Dis-je.- Qui es-tu ? demanda-t-il en peinant.- Le fils de Moussa Hassam ! Criai-je.- Tu ne devrais par être mort, toi ? me répondit-il.- La preuve que non ! «.J'accompagnais ces paroles d'un coup de pied à l'estomac. Il se tordit de douleur et perdit

connaissance.De retour au camp, je me fis une nouvelle injection. J'étais dans un état où je voyais des

éléphants roses et des objets en formes de vagues de diverses couleurs quand j'entendis vaguement un cri. Je titubai jusqu'à la porte et j'aperçus des soldats progresser vers le camp. Un bruit sourd retentit sur le toit et un militaire atterrit sur le sol. Je tentai d'attraper mon fusil, mais je me ramassai lamentablement par terre et sombrai dans l'inconscience. Lorsque je me réveillai, j'étais allongé sur un lit dans une vaste salle. Tous mes camarades étaient couchés à côté de moi dans le même état. Je compris que je me trouvais dans un foyer de réinsertion. Ensuite, on me plaça dans une cure de désintoxication.

Ces sept ans furent terribles et j'estime aujourd’hui que cette exploitation des enfants n'aurait jamais dû exister, mais les jeunes sont les meilleurs combattants du siècle : ils sont plus énergiques que les vieux et résistent sans ressentir la douleur physique.

Notre petite bande était ensuquée, abasourdie devant cette violence. Amollis par ce témoignage, nous sommes sortis du CDI avec l'espoir que cet adolescent s'en sortirait. Puisque nous n’avions pas pu terminer la vidéo. Cette fois-ci, nous ne faisions pas les fanfarons dans les escaliers. Nous arrivâmes en cours de sport avec trente minutes de retard. Sans avoir fait notre recherche. Nous nous excusâmes auprès du tout jeune remplaçant en expliquant que nous avions vu un témoignage bouleversant… le témoignage d'un certain Fahim Hassam, un ancien enfant soldat.

« Ah !, vous êtes allés sur mon site… vous avez vu mon témoignage !

Auteurs : Fabien Pichard, Albert Bouffange, Thibaut de Louvencourt, Etienne Barillot

Carnet de Voyage

Un Russe vient d'arriver dans mon immeuble. Il est dans la même classe que moi et on s'entend très bien. Mais il a vécu une histoire aussi effrayante que passionnante. Il me la raconte sur le trajet de l'école. Bien qu'elle soit longue, j'étais complètement absorbé. A un tel point que nous traversons la route alors que le signal est au rouge. Je trouve qu'il faut du courage pour la raconter. Il en

parle mieux que personne. Je lui propose de nous asseoir sur un banc et de l'enregistrer sur mon dictaphone.

« Vas-y, Adrian, j'enregistre.

-Je suis originaire d'un petit village niché dans les monts Oural...

A chaque coin de rue patrouillaient des partisans du tsar. Et dans une de ces rues vivait ma famille. Enfin, ceux qui restaient:Mon père avait été fusillé pour avoir tenté à plusieurs reprises de chaparder quelque nourriture; ma mère se prostituait afin de gagner un peu de sous. Ne vivaient dans la maison -plus que moi et ma petite sœur, Anastasia Mouchka. J’étais plutôt

pâle et maigrichon. En raison de mon manque d'hygiène, mes cheveux restaient désordonnés et longs. Seuls mes yeux verts mettaient de la couleur sur mon visage. La plupart de mes vêtements se déchiraient au fur et à mesure du temps. Les cheveux châtains d'Anastasia mettaient en valeur la couleur prune de ses yeux. Ses vêtements trop étroits la serraient et accentuaient ses problèmes respiratoires dus à la forte pollution.

Ce jour-là, je pris une décision importante. Je voulais quitter ce pays où les mots liberté et égalité sonnaient faux. La veille, pour avoir volé un petit pain, au lieu d'être frappé, je fus obligé de rouer de coups ma petite sœur. Je savais que j'avais de la famille en Pologne, que ce pays se trouvait à l'ouest et que je devrais traverser de grandes plaines inhabitées. Je pris dans mon sac ma maigre paye en tant que mineur, des loques pour nous deux, ma petite sœur sur mes épaules et nous partîmes.

Je jetai un dernier coup d'œil au village dans lequel j'avais grandi et descendis par le sentier utilisé par les bidasses. J'étais presque arrivé en bas du chemin quand j'entendis des pas derrière moi et sentis une main appuyer fermement sur mon épaule. Je me retournai et vis Alex et Anton, les deux frères dont j'étais le bouc émissaire. Le plus âgé dit:

« Alors comme ça, notre tête de Turc file à l'Anglaise... »

L'autre, le grand costaud sans rien dans le crâne, pouffa en entendant cette blague idiote, prit la petite, la posa sans ménagement sur le sol et m'assena un crochet du droit – dont je garde toujours le souvenir – qui m'envoya rouler par terre. Le gaillard voulu m'envoyer un nouveau coup mais il s'arrêta net, les yeux livides. Il s'écroula sur le sol et je vis avec effroi qu'un long filet de sang coulait le long de sa tempe. Je remarquai alors qu'Anton était dans le même état ; je voulus d'abord remercier mon sauveteur mais aperçus alors un soldat, fusil sur l'épaule, en train de dévaler le sentier. Je pris ma sœur dans un bras, le sac dans l'autre et mes jambes à mon cou.

Après avoir cavalé sur environ 1 km, je m'arrêtai, bus de l'eau et chuchotai à ma sœur :

« Et si je t'apprenais à marcher ? Ça nous faciliterait la tâche... »

Alors, tout en continuant à marcher, je tenais ma cadette par les deux mains et allais à chaque fois de plus en plus vite; Puis, un matin, Anastasia vint me réveiller et courut au loin. Je me réveillai et riais en voyant ma sœur perdre de temps en temps l'équilibre et tourner en rond autour d'un poteau. Je me levai pour jouer à l'attraper quand tout à coup...j'entendis une forte détonation. Ce bruit venait de l'endroit où se trouvait ma sœur auparavant, où il n'y avait plus qu'un cratère. Je compris alors ce qui s'était passé. Ma sœur était morte, touchée par une mine et le poteau était un signalement. Des souvenirs me revinrent alors en mémoire, comme le jour où la petite avait prononcé pour la première fois mon nom.

« Agnan »

Je marchais, droit devant moi « Agnan ». Je pleurais « Agnan ».Une sirène me fit émerger de mes songes. Un homme sortit de la voiture qui venait d'arriver et hurla aux hommes qui jaillissaient des camions :

« L'explosion venait d'ici ! Et toi jeune homme, comment t'appelles-tu?– Adrian Mouchka.– Et as-tu de la famille quelque part pour que je puisse te raccompagner?– Oui, en Pologne. »répondis-je.

Trois jours plus tard, j'arrivai à Varsovie, où ma tante et mes cousins avaient été prévenus de mon arrivée. Je vécus enfin heureux. Malgré les horreurs qui hantaient mes nuits, je me reconstruisais. Au bout de trois ans, nous décidâmes de déménager en France, ici, dans cet immeuble. » Enregistrement terminé.

Les aiguilles de ma montre avaient tourné deux fois. La cloche de la cathédrale sonnait douze coups. Je décidais de rester auprès de mon ami, à l'écouter, sur ce banc. Nos parents nous comprendraient bien. Ce jour-là, nous n'allâmes pas au collège.

Auteur : Alcide FRIOT

S.O.S, signé Abby

C’était un matin d’hiver, le feu brûlait dans la cheminée. La maison paraissait chaude, chaleureuse, accueillante. Je me pelotonnais dans le canapé pour lire un bon bouquin quand quelqu’un sonna… Mais qui pouvait bien frapper à la porte si tôt un samedi matin me dis-je. J’allai donc ouvrir la porte avec un peu d’appréhension. C’était en fait le facteur qui portait un coli à la main. J’appelai alors papa, qui arriva, signa l’accusé de réception et prit le colis.

« Ma puce, me demanda-t-il calmement, peux-tu m’ouvrir le paquet, je dois surveiller la dinde qui rôtit. »

Alors j’ouvris le colis et je découvris des gâteaux, des livres et plein d’autres trésors de Colombie. Tous les mois, Papa faisait venir des provisions de son pays natal. Mais ce jour-là, il y avait une chose en plus, une lettre un peu souillée où il était écrit :

« J’espère que la lettre que vous lirez sera assez dans français et que cette histoire ne vous rende pas folle vous.Je me nomme Abby, une petite colombienne de dix ans. Je vivais paisiblement avec mes parents et mon petit frère, Jada, dans une rue tranquille de Colombie. Je demeurais une des filles les plus heureuses du monde. Quand un malheur arriva : mon Papa mort. En un instant, une bombe a fait exploser son corps en millier de cendres. J’aimais beaucoup mon Papa, il me manque. Quelques jours après sa mort Maman m’avait soufflé : « Abby, tu seras forte car tu possèdes les yeux noisettes de ton père ». Depuis ce jour-là, je me suis dit que les malheurs ne reviendraient plus. Mais je me suis trompée car Maman droguée, violée et rongée de chagrin par la mort de Papa finit par le rejoindre dans son triste sort. Je reste alors seule avec Jada qui lui devient très malade, presque la mort. Je songeai longtemps et me demandai pourquoi infliger des malheurs à toute ma famille sauf à moi.

J’avais pensé une nouvelle fois bien trop vite car deux semaines plus tard après la maladie de Jada, on m’enleva.

J’avais peur, c’est sûr, mais ce fut pour Jada que je me fis le plus de sang d’encre. Finalement l’avait-on découvert caché ou demeurait-il toujours à la maison, seul ? Si oui, quelqu’un viendrait-il l’aider ? Mais si jamais personne n’arrivait… allait-il survivre ? Trop de questions se bousculaient dans mon esprit, je respirai un bon coup mais ma peur ne se calma pas. J’étais sûre que c’était ces maudits FARC qui enlèvent enfants et adultes pour les soumettre à des travaux quelconques. Je savais que les travaux seraient abominables, sans fin, tristes, ennuyeux… et nos quotidiens fait de misère, de faim et de nostalgie. Mais ce que j’ignorais ce fut le lieu. Un endroit tellement sale, insalubre, poussiéreux suivit d’une odeur nauséabonde et pestilentielle. La pièce où on m’emmena était submergée de noir, que l’on distinguait à peine le garçon, qui l’habitait. Couvert de guenilles, il demeurait silencieux avec ses bâtons dans les mains. Les FARC me laissèrent donc face à face avec le jeune homme. Assis par terre, il m’ignorait du regard. Ce fut juste le troisième jour que je tentai le tout pour le tout :« Que fais-tu quand l’on vient te chercher ? - Moi, je cultive dans les champs pour la drogue et toi ?- Je prépare des paquets que les gens commandent de pays lointain avec des spécialités colombiennes. Pour l’instant ça me convient !- C’est sûr qu’avec ton physique on ne peut pas faire grand-chose de toi !- Hé ! »Je le dépourvus d’une petite tape. Il ria. C’était la première fois que je le vis rire.« Peut-être que j’ai un physique qui ne semble pas à ton goût, mais cela ne veut pas dire que je ne peux pas me battre ou faire des travaux comme les tiens, répondis-je- Essaye alors ! «Il me tendit un bâton. Je fis non de la tête. Alors à ce moment je me rappelai de ce que m’avait dit Maman : « Tu seras forte Abby car tu possèdes les yeux noisettes de ton père ». Tout à coup je pris le bâton et commença à me battre avec le mystérieux garçon. Il semblait très fort. Mais au bout d’un combat acharné, il me lança :« Dis donc, tu caches bien ton jeux ! Tu es très douée ! »Je rougis et je m’assis au sol comme lui.«D’ailleurs c’est quoi ton prénom ?- Je m’appelle Sebastian et toi ?- Abby- Salut Abby !- Salut ! J’ai une autre question… Comment as-tu eu ses bâtons ?- Je les ramassais discrètement après mon travail… Mais chut, me chuchota-t-il en mettant son doigt devant sa bouche.

- D’accord, soufflais-je. Top secret ! »Il me sourit. Je l’aimais bien. Malgré sa présence, les jours restent monotones. Viens m’aider. S.O.S.

Abby »

Je repliai la lettre et faillis m’effondrer, comme j’avais lu la lettre à voix haute, Papa m’avait entendu. Il se précipita alors vers le téléphone et appela ses amis journalistes et militaires. Il me dit ensuite qu’il partait en voyage d’affaires et que je resterai à la maison avec maman. Je hochai la tête. Il partit alors quelques mois plus tard. Pendant son voyages Papa nous envoya de nombreuse lettres en nous expliquant qu’il allait bientôt rentré, que son pays avait beaucoup changé et en répétant sans cesse que l’esclavage était toujours présent sur notre Terre. Ce fut seulement trois ans plus tard que Papa revînt enfin mais cette fois-ci il n’était pas tout seul : Abby et Jada l’accompagnaient. Papa ne me révéla jamais de la façon dont ils les avaient sauvés car il avait décrété que tout le monde n’avait pas gagné la paix dans cette histoire (dont Sebastian). Mais ce qui était sûr et certain fut qu’une nouvelle vie allait commencer pour Abby et Jada.

Auteurs : Camille Moulin-Bernardie et Mathilde Hanauer

Déchirures...

La pendule de l'entrée affiche 18h30, lorsque je rentre des cours. Je relève alors le courrier quand mon attention se dirige sur une image du journal quotidien où y figure un enfant. A peu près de mon âge, il tient une arme dans la main. Un regard de tueur émane de ses yeux rouges. A la une, un titre choc. « Ces enfants qui n'ont connu que la guerre ». Ce qui alors me révolta. Mais comment s'exprimer dans ce monde fait de géants si cruels quand on n'a que treize ans...!? C'est alors que soudain, j'eus idée de commencer à noircir les pages de mon bloc-notes, en m'inspirant du peu que j’avais lu sur les guerres en Afrique, celles qui détruisent tant de vies humaines... je voulais écrire une histoire, me prenant moi-même pour un enfant de la guerre.

Voilà, j'habite ici dans une case du Soudan du Darfour au Nyala. Je vis seul avec ma mère, mon père étant parti alors que j'étais âgé de quatre ans. Il a été embauché de force par des gangs armés car autant que vous le sachiez, le Darfour est divisé en trois parties à causes des guerres ethniques et de religions. Soyons plutôt bref, en réalité je n'ai jamais réellement pu donner une image concrète de mon père. A l'heure actuelle où je vous parle j'ai huit ans et je vis chaque jour le même quotidien, tiraillé par des cris alarmants de haine et de rage, des chars qui défilent devant mes yeux si fragiles. Des départs furtifs vers d'autres frontières...

Un coup de feu vient de se faire entendre. Soudain, je me réveille brusquement. Eh bien non, je ne rêvais pas. Ce jour-là qui pouvait paraître si banal ne l'était peut-être pas. J'ai vu cette scène se passer des milliers de fois je crois que notre tour est venu... Ma mère faisait des galettes de terres notre seule ressources alimentaire. Ils apparurent dans l'antre de notre case, armés, prêts à tirer. Tout de suite, je compris ma situation : moi, Kougri, pauvre enfant du Nyala, livré seul à la dure cruauté de la vie. Dans ces cas, personne ne réfléchit. J'entendais des cris de douleurs et pris la fuite sans vouloir entendre un seul cri de plus de ma mère enragée. Je vis ma mère se faire emmener de force par des hommes bruts.

Cela fait maintenant plus d'une semaine que j'erre dans les rues des ghettos sans trop savoir où aller. J'essaye de rester en vie, de manger avec ce que je trouve avec toujours cette dernière image de ma mère se débattant dans les bras des bandits qui me hante. Je ne cesse de penser à elle. C'est alors qu’au détour d'une route je me cogne contre une femme. Tout de suite je me fis son portrait. Elle était sûrement des pays occidentaux, de couleur de peau blanche. Ce qui est plutôt mal vu sur le continent africain. Ils sont pris pour des gens riches qui viennent exploiter le peu de choses qui nous restent en général, ils sont installés puis vite renvoyés de là où ils viennent... Cette dame avait l'air vieille et marrante à la fois mais plutôt gentille.C'est alors qu'un homme étrange équipé d'une arme se dirige vers nous ou plutôt vers moi. Il m'adressa la parole d'une voix grave :« -Et toi, viens avec moi, tu n'as rien à faire de mieux que de traîner ici alors que tu pourrais servir... »La vieille dame comprit rapidement où il voulait en venir et prit ma défense :« Dis donc vous, cela ne vous gêne pas de déranger la reine d'Angleterre et son petit fils adoptif en pleine conversation ? »Je ne sais pas ce qui a pris à cette dame de m'aider alors que pour elle je n'étais rien. Ce mensonge qu'elle fit ne put m'empêcher de tirer un léger sourire. Je compris alors que cette dame venait de me sauver la vie. L'homme embêté répondit:« Ah mais rassurez-vous madame je ne voulais rien à cet enfant. »Il repartit bredouille, puisque c'est moi qu'il voulait en marmonnant :« Eh zut encore un de perdu. »De suite, la vieille dame m'ordonna de rentrer chez moi et de ne pas trop traîner en chemin. Je la regardai, l'air de ne rien comprendre à ce qu'elle me disait et lui dit :« Mais madame je n'ai pas de chez moi.- Je comprends, viens donc avec moi, je vais m'occuper de toi. »Elle me demanda alors de me suivre...

La vieille dame avait l'air pressée, elle se dirigea vers l'aéroport : le plus connu du Darfour. Cela fait maintenant plus de deux heures que la vieille dame nommée Monique me traîne à travers plusieurs endroits sans me dire plus de précisions. J'appris plus tard, que cette dame travaillait dans l'humanitaire. On monta alors dans un objet avec des ailes dont je ne savais le nom. Monique m'apprit plus tard que c’était pour voyager à travers le ciel. Une fois assis dans l'avion, je sentis Monique plus décontractée à mes côtés. Monique me regarda et se lança dans une discussion plus ou moins confuse. Elle m'expliqua alors qu'elle allait m'emmener dans son pays d'origine où elle vit actuellement. En France. Je ne compris pas tout à sa façon de parler, mais je compris une chose, je ne reverrais sûrement jamais mon pays natal : le Soudan. Elle voulait tout simplement me prendre sous ses ailes pour que j’aie une nouvelle vie meilleure que celle d'avant. Une nouvelle vie allait commencer. Une fois sur le sol français, il a fallu passer devant le tribunal et Monique a rempli un tas de papier. Rien que pour moi.

Quelques années plus tard…

Kougri est professeur d'école primaire et travaille à son tour dans l'humanitaire à ses heures perdues. Au Soudan pour les enfants orphelins. Monique, celle à qui Kougri ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui a été emportée par une longue maladie.Il est maintenant marié et père de deux enfants. Un beau jour, lors d’une manifestation de sans-papiers, Kougri entendit une voix qui ne lui était pas inconnue. La voix de sa mère qui parlait avec un groupe de personnes du même âge qu'elle. Kougri se dirigea vers cette femme qui ressemblait à sa mère, malgré les années de séparation... Son sang ne fit qu'un tour. Ils se regardèrent l'un est l'autre. Nul doute. Ils se sautèrent au cou et s'embrassèrent. Le vœu de Kougri avait été exaucé. Kougri qui veut dire « rocher » en soudanais. Celui qui peut être érodé mais celui qui est solide.

Mon réveil m'indique maintenant 23h00. Je dois impérativement aller me coucher avant que mes parents s'aperçoivent que je ne dors pas encore. Demain sera une autre journée... j’ai une évaluation de français et je n’ai pas révisé. Je me sens grandi ce soir, plus intelligent en ayant écrit une histoire de ce style… D’ordinaire, je joue à ma console dès que je rentre.

Auteurs : Améline Touzalin, Hema Seraly, Pauline Pasquier, Lucie Marot

© UNICEF/HQ04-0309/NesbittLe carnet d'un enfant du camp de Kalma, dans le Sud-Darfour

D’une vie à une autre

Lors d'une soirée pyjama, mes amies et moi étions assisses sur mon lit avec des sucreries et des boissons. Lorsque Delphine voulu boire sa canette de jus d'orange, Mathilde raconta une blague tellement hilarante qu'elle en lâcha sa canette. Je courus chercher un chiffon pour éponger la tâche. Louison, prise d'un fou rire, tomba sur la télécommande allumant ainsi la télévision sur un reportage de CLDM TV présenté par Catherina Roberto. Delphine voulut prendre la télécommande quand Mathilde s'interposa et l'attrapa. Nous écoutâmes quelques mots de ce reportage et nous fûmes captivées...

Ce reportage parlait d'une femme ayant vécu une enfance difficile. Cette jeune personne se nomme Schéhérazade : dix ans auparavant.Son histoire a commencé un jour de pluie, en Inde dans la région de Kolkata. Schéhérazade Oxbowy avait 14 ans, elle vivait avec son père dans une maison infortunée où sa mère l'a abandonnée à l'âge de deux semaines. Son père, Ali, travaillait dans une petite usine locale où il gagnait quelques malheureuses roupies en tant qu'ouvrier. Schéhérazade n'allait à l'école que deux après-midis par semaine, le reste du temps elle s'occupait de la maison.

Un matin automne, des sergents recruteurs vinrent parler à son père. Après une longue discussion, ils sortirent de la cuisine en s'exclamant «On vous attend dehors».Son père s'agenouilla auprès de sa fille et dit : «Ne t'inquiète pas, tout se passera bien». Puis il

l'embrassa et s'en alla sans qu'elle n’ait le temps de prononcer un seul mot.Schéhérazade resta seule pendant plusieurs semaines sans nouvelles de son père malgré toutes ses lettres envoyées.Un après-midi, après avoir reçu un télégramme du secrétariat de l'armée lui expliquant le décès de son père lors d'une bataille acharnée, elle partit fondre son chagrin sur un banc au parc le plus proche.

Un homme, d'un certain âge, entendit un gémissement plaintif. Il se dirigea en direction de Schéhérazade. Il s'assit à côté d'elle et lui demanda :

« Que t'arrive-t-il mon enfant ?- J'ai besoin d'être seule ! Laissez-moi ! cria-t-elle d'un ton aigri.- Je pense que tu devrais m'en parler, ça te soulagerait.»Schéhérazade, tellement déboussolée, finit par se confier. Elle lui expliqua sa mésaventure en

marchant. Sur la route, il lui fit une proposition qu'elle accepta.Quelques jours plus tard, cette jeune fille innocente devint prostituée. On découvrit que l'homme

du parc était en fait un proxénète.Plusieurs mois s'écoulèrent. Sur son lieu de travail une nuit, lors d'une mésentente avec l'un de

ses «clients», elle se fit battre. Une jeune femme d'une trentaine d'années, passant par hasard, l'aida à se redresser et l'emmena dans le bistro du coin. Là-bas elles discutèrent autour d'un chocolat. La jeune femme expliqua à Schéhérazade qu'elle s'appelait Catherina Roberto et qu'elle était journaliste. Catherina lui proposa de l'héberger pendant quelques temps, en attendant de trouver une solution. Le lendemain matin, la journaliste lui recommanda d'aller voir la police pour expliquer son histoire. Schéhérazade mit du temps à accepter l'idée mais finit par y aller.

La jeune journaliste fut si touchée par l'histoire de cette adolescente qu'elle décida de l'adopter.Aujourd'hui, Schéhérazade est devenue une avocate de renom pour les enfants.

Ce fut, administrativement, une longue attente, mais qui en valait le coup car cela lui permit de faire cette école de droit dont elle rêvait et d’écrire son histoire.

A la fin du reportage, nous fîmes toutes les quatre choquées par l'histoire de Schéhérazade Oxbowy. Mes amis me virent effondrée puis vinrent me consoler. Ne cessant de pleurer ma mère accourut, nous câlina et nous prépara un chocolat chaud. Et nous allâmes nous coucher.

Auteurs : Clarisse RAYNAUD, Delphine CHARGY, Louison PELTIER, Mathilde LEJAULT

Caroline Chargy

Je t’a…

Samedi dernier, nous attendions Agathe, sur la place Charles-VII. Une fois de plus, elle était en retard. Nous discutâmes un peu dehors puis nous sentîmes quelques gouttes d'eau sur nos

cheveux. Agathe arriva et nous prîmes alors la mûre décision de nous réfugier dans la médiathèque. Riche idée puisque nous nous souvînmes, qu’à la demande du prof de français, nous devions emprunter un livre pour les vacances. En nous chahutant bêtement, Manon se cogna sans gravité contre une étagère. Celle-ci trembla et trois quatre bouquins tombèrent. Manon les ramassa et par curiosité, feuilleta celui à la couverture rouge et blanche. Elle se tut. S’assit. Et nous lut.

Leïla, c'est moi. Je suis Afghane mais j'habite à Paris depuis dix ans. Maintenant, je vis une vie sereine et paisible, mais ça n'a pas toujours été le cas...

[…] Dix ans plus tôt…« Leïla, nous avons une grande nouvelle à t'annoncer, annonça mon père, légèrement

soucieux. Comme tu le sais, nous sommes pauvres. Regarde-nous ! Nous portons des guenilles et nous n'avons à peine de quoi nous nourrir. Comme tu es en âge de te marier, nous t'avons trouvé un mari. Il s'appelle Adick, il a quarante-cinq ans, il habite à Kaboul et il est très riche. Il te rendra heureuse. »

Je sortis brusquement de la pièce en pleurant. Je marchais dans les rues de mon village lorsque j'aperçus un vieillard qui mendiait. Il était tout loqueteux et abominable. Il faisait peine à voir. Ce pays est vraiment horrible, il laisse son peuple dans la misère et ne les aide pas. Je décidai alors d'aller voir mon meilleur ami Ali. Par pudeur, nous ne nous sommes jamais avoué notre amour naissant. J'y allais toujours en cachette car un tel flirt n'est pas permis en Afghanistan. Si je m’étais fait prendre, on m’aurait lapidée. Je me jetai dans ses bras et lui expliquai la situation.

« Je crois que j'ai une idée... Pour te protéger, nous allons fuir le pays. Mais nous allons traverser beaucoup d'épreuves. Tu devras même te faire passer pour un garçon. Si tu acceptes, tu ne pourras plus retourner en arrière. Nos destins seront liés à jamais... il faudra que nous soyons forts.

- Oui, compte sur moi. Je te fais confiance.- Nous partirons cette nuit. »

Ali avait tout arrangé. Cette nuit-là était claire. Un passeur nous attendait. Nous montâmes dans son camion et notre nouvelle destinée commença. Je m'étais déjà fait passer pour un garçon pour que le passeur n'y voie que du feu. Nous continuâmes notre route jusqu'à la frontière afghane. Nous ne sûmes pas combien de temps nous avions roulé. Une fois arrivés à la frontière, des soldats nous firent descendre du camion. En criant :

« Descendez du camion ! Vite ! Vos papiers !- Ce sont mes enfants, ne leur faites pas de mal.- C'est bon vous pouvez passer, vos papiers sont en règles. »Nous étions transis de peur. Nous avons longuement remercié notre passeur. « C'est normal, j'ai des enfants. Tu m’as dit que tu t’appelais Laslo mais quel est ton vrai

prénom ? J'ai tout compris, tu es une fille ! Dis-moi la vérité.- Je m'appelle Leïla, j'ai fui mon village car mes parents voulaient me marier, expliquai-

je. »

On continua notre route, quand tout-à-coup, nous aperçûmes au loin des soldats armés jusqu'aux dents. Les militaires arrivèrent et nous commençâmes à accélérer. Ali me lança précipitamment :

« Pars Leïla, nous nous retrouverons un jour. Je t'a... » Et Ali sauta du camion. Je hurlai :« Nooooooon ! Aliii ! »Je voulus sauter avec lui mais le passeur me rattrapa. « Sois forte ! Ali aurait voulu que tu rejoignes la France. Honore son sacrifice ! »

Dix ans plus tard...J'ai une vie, mais Ali me manque toujours autant. Je repense à ce moment où, Ali a risqué

sa vie pour moi. Qu’avait-il voulu me dire?

Un dimanche matin, alors que je me baladais sur les Champs-Élysées, un homme à la peau brune m'interpella. J’eus un moment d’hésitation puis…

« Leïla c'est moi, Ali… tu te souviens ?- Ali! Tu m'as tellement manqué, je croyais que tu étais mort !- J’ai fait de la prison politique. J’ai été torturé. J’ai profité d’un reportage, diffusé

internationalement, pour m’échapper. Je te raconterai. Pendant tout ce temps, je n'ai jamais cessé de penser à toi, je ne t'ai jamais oubliée, non jamais. Mais tu sais comment est la vie alors, sans espoir de te retrouver, j’ai fini par rencontrer une jeune femme à Paris.

- Moi non plus je ne t'ai pas oublié. Je suis mariée aussi. J’ai deux petits garçons. On va boire un pot ?

- Oui, tu te rappelles de ce moment quand j'ai sauté du camion ? Je n’avais pas eu le temps de finir ma phrase… Il manquait les trois dernières lettres.- La vie nous as conduit vers d’autres destinées mais… »Et ils s’embrassèrent de tendresse, longuement, les larmes intarissables…

J’avais mal aux fesses sur les fauteuils en cuir de la médiathèque. Nous ne nous étions pas même rendu compte que la nuit était tombée tant nous fûmes absorbées par cette histoire que nous lisait Manon.

Alba se leva soudain et sembla prise de panique…:« Les filles, la médiathèque va bientôt fermer, il faudrait peut-être se dépêcher «.En effet, pas d’âmes qui lisent dans les rayons. Et seuls les néons verts de sécurité

éclairaient les allées.« Les filles, qui a un portable parce qu’on est vraiment enfermées ! »

Auteurs : Alba Pinna, Agathe Braconnier, Manon Delavault

La Vengeance d’un frère

Aujourd’hui, je suis “mort“ et ce que je vais vous raconter est mon histoire.Je m’appelle Mike Flurry et j’ai vingt-quatre ans. Je suis né le 20 août 1988 à New York. J’ai une sœur, Lara, et un frère, Mason. Ma mère est canadienne et mon père américain. Il a déserté l’armée puis s’est réfugié au Canada. Là-bas, il a changé de nom et a rencontré ma mère.Le 3 août 2012, je suis allé visiter la Colombie. Je contemplais la cathédrale Primada à Bogotá, la capitale, quand soudain une femme hurla de peur… La foule s’écarta pour laisser apparaître un guérilléro harnaché de bombes. Des Colombiens essayaient vainement de le raisonner, mais trop tard…

Les bombes explosèrent… La cathédrale s’écroula… Je levai la tête… Je vis les pierres tomber… Et puis plus rien…

Trois jours plus tard.Ding dong.« Je vais ouvrir ! »J’ouvris la porte, et je vis le postier.« Je suis bien chez Monsieur et Madame Flurry.- Oui.- Vous êtes Monsieur Flurry ?- Non, je suis Mason, son fils.- Ok. Je vous laisse un recommandé du ministère.- Merci, au revoir. »Je vis la lettre et, naïf, je crus à une lettre des impôts.« Maman, criai-je, j’ai une lettre pour toi ! »Elle ouvrit la lettre, et cria d’effroi, j’étais tellement surpris qu’elle crie que je ne bougeai pas d’un poil. Ma sœur accourut et me rejoignit très vite. Maman lâcha la lettre et tomba en pleurant. J’allai la récupérer et la lut avec ma sœur…« - Lara, Lara réveille-toi ! Je voudrais venger Mike.- Mais comment. On ne pourra jamais aller là-bas et puis on ne sait pas se battre.- Fais tes bagages, on prend la voiture de maman. »

Deux semaines plus tard.Nous étions arrivés en Colombie. Pendant que nous cherchions un hôtel, nous découvrîmes les ruines de la Cathédrale. Devant un hôtel qui nous intéressait, un homme nous interpella :« - Eh, les jeunes voulez cocaïne pas chère, nous dit-t-il avec un accent étrange et un mauvais langage Américain.- Non, merci Monsieur.- Il vous plait, il vous plait, yé enfants, yé pas maison, yé que cocaïne et sucre.- On vous a dit “ non“ Monsieur.- Il vous plaît, yé vends aussi armes pas chères, pas chères. »Je chuchotai à l’oreille de Lara :« - On pourrait peut-être en prendre là ?- Oui, ça serait sans doute moins cher. »

Je dis alors à l’homme :« Qu’avez-vous comme armes ?- Yé Kalash, Dragonov, Marakov…- Ok, nous prenons deux Dragonov et deux Marakov.- Ok, Ok suivez mi. »Nous allâmes jusqu’à un entrepôt rempli de meubles. Les armes se trouvaient derrière un lit, dans un grand coffre.« Elors, elors dos Dragonov y dos Marakov. ça vous fera six cents dollars.- Ok, tenez. »Je lui donnais l’argent et pris les armes. Quand soudain, il prit Lara et dit :« - Mais yé la prend avec mi para mes yénéraux. »Je ne pus rien faire car il avait une arme pointée sur moi. J’ai bien essayé de prendre un des deux pistolets, mais il me menaça… Je ressortis avec les armes dans un grand sac. J’étais très énervé, je voulus sortir les armes et tirer partout, mais je me raisonnai. Je me renseignai le plus possible sur la

guérilla pour trouver leur “quartier général“. Internet, c’est cela qui m’a le plus aidé, car là-bas, prononcer le mot guérilla, c’est comme en faire partie. J’ai trouvé grâce à « google map », un entrepôt qui me semblait très bien gardé dans la forêt. Si c’était là-bas, je pouvais en même temps tuer les généraux et sauver Lara.

Trois heures plus tard.Je venais de louer une voiture et je me rendis en forêt vers l’entrepôt. A la radio, il y avait une veille chanson de rock américain : « Fortunate son ». Je roulais en ayant une boule au ventre et en me demandant ce que ça faisait de tuer une personne, si je retrouverais Lara vivante et si on avait bien fait de venir. Mais je ne pouvais pas faire demi-tour, maintenant qu’on y était, je devais sauver Lara.Je pénétrais dans la zone de l’entrepôt, je pris, dans la voiture un pistolet et le vieux couteau suisse de mon père. C’était mon seul souvenir de lui. Je cachai la voiture derrière le plus grand arbre de façon à la camoufler. Je vis un homme armé d’une arme automatique. Je me cachai, et quand il passa devant moi, je l’égorgeai. Sur le coup, j’eus froid à l’intérieur et chaud à l’extérieur, puis j’eus la fameuse boule au ventre. Je me sentis mal à l’odeur et à la vue du sang qui venait de cet homme que je venais d’égorger, mais il fallait le faire et surtout ne pas abandonner. Je dissimulai le corps derrière un buisson et m’équipai de ses habits de révolutionnaire. En dessous des miradors, il n’y avait pas de grillage, je m’allongeai donc et passai par dessous pour pénétrer dans l’entrepôt. Le bâtiment que j’avais pu observer sur Google Map, n’avait pas du tout la même allure, il ressemblait plutôt à une base militaire mais pourtant c’était bien des révolutionnaires. Je traversai la base, tandis que des soldats parlaient en espagnol, ce qui m’inquiéta car je ne parlais pas un mot de cette langue. J’arrivai vers l’entrepôt quand je vis les deux généraux de la guérilla. L’un deux m’interpella en parlant anglais, je n’avais pas compris pourquoi en anglais :« Va au lieu d’exécution, pour emmener cette fille qui se refuse à la prostitution ! »Je regardai la fille et reconnus Lara, j’étais soulagé de la voir en vie. Je l’empoignai et déguerpis. En chemin, je lui dis d’aller tout droit et si un d’entre nous deux tombait ou quoi que ce soit, l’autre devait aller jusqu’au plus grand arbre, là où était cachée la voiture. Nous marchions quand d’un seul coup ma main lâcha celle de ma sœur. Un obus venait d’éclater. Lara se retourna mais elle ne vit que l’explosion. Elle courut jusqu’au mirador, se glissa en dessous, et rejoignit la voiture. Quand elle fut arrivée en dessous de l’arbre, elle aperçut un homme qui fouillait à l’intérieur. C’était Mason !« Comment as-tu fait pour t’en sortir ?- Le souffle de l'explosion m'a projeté au loin, ensuite j’ai vu l’armée colombienne arriver, et j’ai remarqué une sortie où il n’y avait pas de garde. J’y suis donc allé.- J’ai eu très peur, je te croyais mort.- Oui, mais il faut faire vite, prends le deuxième sniper dans la voiture, on va sur la colline. »Après ces retrouvailles assez surprenantes, nous montâmes sur la colline. Là-haut, nous nous allongeâmes, puis nous visâmes en direction de l’entrepôt où étaient réfugiés les généraux. Mais, au dernier moment je dis à Lara :« Lara, est-ce que ça en vaut vraiment la peine, après tout, si on tue les généraux aujourd’hui, il y en aura de nouveaux demain.- Tu as sans doute raison, mais maintenant nous sommes là et nous avons fait tout ce voyage pour Mike, on ne va tout de même pas abandonner maintenant, pas si près du but.- Oui, il faut finir ce que nous avons commencé. »Nous visâmes donc chacun un général. Nous suspendîmes notre respiration, puis nous tirâmes sans hésitation. Je touchai ma cible en plein cœur et celle de Lara fut touchée à la tête. Plusieurs soldats colombiens se retournèrent dans notre direction. Nous nous enfuîmes en prenant la voiture.« - Je ne me sens pas bien, me dit Lara.- T’inquiètes pas, moi aussi ça me la fait la première fois.

- Il faut se dépêcher, l’enterrement de Mike est dans deux jours.- Nous prendrons donc l’avion. »Nous nous dirigeâmes vers l’aéroport de Bogotá. Arrivés là-bas, nous abandonnâmes la voiture et les armes sur le parking puis nous prîmes le premier avion pour New York.

« Aujourd’hui, c’est mon enterrement, ma mère est déjà arrivée avec ma sœur et mon frère. Beaucoup de personnes sont là. Je suis dans un cercueil en bois de cerisier. Et, au moment où on me fit descendre, je sus que ce n’était pas mon jour. »

Tout d’un coup le cercueil s’ouvrit et la tête de Mike apparut ! Tout le monde courut vers lui. Il était ébloui par la lumière. Il venait de se réveiller du coma. Quand sa mère se rapprocha de sa tête, il lui dit :

« Je veux bien un McFlurry. »

Auteurs : Xavier Desperiez ; Augustin Boury ; Mathis Brillu ; Tobias Colin

L'arme d'une amitié

C'est les vacances et comme d'habitude papa m'emmène chez papi. J'aime bien papi, surtout quand il me raconte des histoires. Une fois arrivée, je cours jusqu'au salon et saute dans ses bras.Il rigole, j'aime bien quand il rit, on dirait qu'il s'étouffe avec du chocolat chaud.Puis, papa dut partir.Papi se tourne vers moi et déclare en souriant« Tu veux une histoire ma petite Élodie ?- Oh, oui papi !- Alors approche, je vais t'en raconter une ».

« Alors c'était un jeune garçon âgé de treize ans, qui s'appelait Bastien. Il partait avec ses parents pour la première fois en Afrique...- Eh, il s'appelle comme toi papi !- Oui, je sais ».

« Nous étions là depuis une semaine quand tout à coup, nous entendîmes des étranges bruits comme des bombardements. Mon père glissa sa tête dans l'entrebâillement de la fenêtre et vit des gens courir dans tous les sens en hurlant. Papa se tourna. Il eut un regard grave et regarda maman. Celle-ci blanchit et commença à réunir nos affaires en vitesse. Ensuite, elle me prit la main et nous sortîmes le plus vite possible de l'hôtel.Dehors, une foule monstrueuse, des cris de panique et une chaleur étouffante nous prîmes par surprise.

Nous nous élançâmes dans cette foule et sous la pression, nos mains se lâchèrent. On me bouscula et je fus projeté à terre. Ma mère cria mon nom puis, plus rien.Je me réveillai quelques heures plus tard avec une migraine folle. J'avais reçu un coup à la tête ! Lorsque j'entrouvris les yeux, je vis six jeunes garçons tenant des armes. Ils me levèrent brusquement et m'obligèrent à les suivre. C'est alors que je vis que la ville était dévastée !Les bâtiments étaient en ruines, les arbres brulés, les rues détruites et des débris ornaient le sol.Pourtant, le jour de mon arrivée, je fus impressionné par son animation. La mairie, qui était le plus bel édifice et où une cohue attendait à l'entrée, les marchands qui hurlaient de tous leurs poumons pour attirer l'attention et vendre leurs produits dans les allées. Mais tout cela était fini ! »

Deux mois plus tard, j'étais devenu un enfant soldat ! Pourtant je n'arrivais pas m'habituer à ce que j'étais devenu. Les autres ne m'acceptaient pas en raison de ma couleur de peau et ma famille me manquait énormément.Seule une personne m'acceptait : Salim. Nous avions fait connaissance pendant des séances d'entrainement de tirs. Il était un garçon de quinze ans, orphelin, ses parents avaient été tués par des soldats.Un jour; nous étions de patrouille. Je discutais avec Salim quand tout à coup, j'entendis des bruits, comme des coups de feu. Salim me poussa et commença à tirer à tirer lui aussi.Les balles fusèrent et certains enfants tombèrent à terre, morts. J'étais horrifié ! Je ne pouvais pas utiliser mon arme sous la terreur. Le combat réel n'avait rien à voir avec les entraînements. C'était monstrueux ! C'était décidé: je partais.Le soir même, je pris les maigres ressources qui me restaient et je partis sans bruits en évitant les gardes. J'étais presque à la sortie du camp, quand je sentis une présence derrière moi. Mais au lieu de me faire insulter comme le font les autres, une voix familière m'interpella. C'était celle de Salim.« Tu comptes aller où comme ça ?- Partir. Je rentre chez moi.- Rentrer chez toi ? Et comment comptes-tu faire ? Traverser la Méditerranée à la nage ?- Non... Mais je ne veux pas rester ici et devenir un tueur.- Tu vas partir seul, dans la nuit et sans savoir où tu vas ?- Non. Tu viens avec moi !Il me regarda et d'un sourire il annonça :- Ok, on part ! »

Nous marchâmes depuis deux heures, quand nous vîmes la ville de Béjaïa. Nous nous faufilâmes de rue en rue jusqu'au port. Cachés derrière les conteneurs, nous restâmes aux aguets jusqu'à l'arrivée du prochain ferry. Il arriva enfin et nous attendîmes que les passagers montent pour nous mélanger avec eux. Une fois sur le pont, un contrôleur nous interpella :« Vos papiers » !Salim me rassura d'un clin d'œil et prit le relais.« C'est notre père qui les a, il est là-bas avec le manteau rouge. »Celui-ci se tenait à l'autre bout du pont, il était trop loin pour que le contrôleur puisse l'atteindre.Il nous regarda à tours de rôle puis après un long silence il s'exclama :« Bien, allez-y. Bon voyage !- Merci m'sieur. »Heureusement pour nous, il était naïf.Enfin le bateau démarra et s'éloigna du port. Petit à petit nous ne vîmes plus les lumières de la ville. Nous nous réfugiâmes dans la cale, là où se trouvait tout le matériel du bateau de croisière. Nous attendîmes toute une journée avant d'arriver à destination. J'étais soulagé de nous ne fîmes pas pris. Une

fois le pied à terre nous partîmes en direction de la ville. On se dirigea vers le commissariat de police et après un long interrogatoire et une longue explication, ils appelèrent mes parents.

Quand ils arrivèrent, ma mère en pleure me prit dans ses bras ainsi que mon père et me serrèrent très fort. Je leur présentai Salim qui était devenu comme un frère. Or il ne pouvait pas rester, en raison de son origine. Il était considéré comme émigré clandestin. Et après tout ce qu'on avait vécu on ne pouvait pas me l'arracher.Je relevai subitement la tête et me tourna vers mon père, en lui suppliant de faire quelque chose. Il s'avança vers moi et me dit :- On ne le laissera pas repartir. Et il regarda ma mère avant d'ajouter :- Si Salim est d'accord nous l'adoptons. Salim eu un grand sourire mais malheureusement le problème restait le même. Alors mes parent sortirent le grand jeu et employèrent un avocat. Quelques jours plus tard Salim passa devant le juge. A la fin de l'audience qui m'avait paru durée une éternité, Salim s'avança vers moi et murmura à l'oreille la réponse.

Je regarde papi qui tout à coup semble plein d'émotions.« Ca va papi »?Mais en le voyant souciant je décide de m'accrocher à son coup et de le serrer très fort.« Cette histoire, c’est la mienne, celle de mon enfance. »La question sortit toute seule de ma bouche :« Et Salim ? »Il me regarde en souriant et me donne un bisou.

Auteurs : Iris Marquis, Marine Dagneau, Cémentine Touzalin, Bonnie Smith, Fanny Cabrit

Mort instantanée

Ce matin je me réveille, doucement dans ma chambre ensoleillée. Je suis pressé par le temps. En effet je dois me rendre chez mon amie Léonie. Pour me réveiller je me décide à becter. Vers 10 heures je me rends chez mon amie. Je sonne à la porte, elle arrive enfin après quelques minutes d'attente.

- Salut ma belle tu vas bien ?- Ca va et toi ?- Bien merci.- Tu rentres ? On se boit un coca. Regarde Léonie, ça passe à travers la dalle !Soudain un vieux carnet poussiéreux attira mon attention, sa vieille peau était toute cramée et

usée, sûrement par un long voyage.« Mettons-nous à l'aise et commençons la lecture, proposa Simon. »

« Je me nomme Malek Bouzouk, Je vis en Syrie au 33, rue de Bagdad. J'écris ce soir car tôt dans l'après-midi, j'ai vu mon père se faire assassiner par des hommes de Bachar El-Assad. Je me mis à courir, dégringolant les marches deux par deux. Là, je vis ma mère, ma sœur.- Maman grouille-toi, papa s'est fait tuer et le type est derrière nous. Cours, cours !J'ouvris la porte. Un homme ; un couteau ; ma chute ; ma mère ; le sang ; ma sœur ; notre vie gâchée ; le dernier regard de ma mère ; l'adrénaline ; la fuite. Nous courûmes à travers la ville pour échapper à nos poursuivants. Regarde on va se cacher là.- Chut, fait pas de bruit. C'est bon, ils viennent de passer.- Tu te souviens quand j'avais huit ans et que maman nous offraient des cadeaux chaque vendredi dans

le magasin de jouets dans la rue d'à côté.- Oui je m'en souviens j'avais eu une poupée que j'adorais.- Moi j'avais eu un camion de pompiers.- C'était la belle vie !- Grave !- Et aussi le mois dernier, quand papa a gagné trois mille euros à la loterie et qu'il nous a emmenés au restaurant le plus cher de la ville.- Et notre première sortie au cinéma avec la découverte des pop-corn.- Viens, partons on n’a plus rien à faire ici … »

2 ans plus tard en France.« On n’aurait jamais dû partir de la Syrie.- Si, nous étions obligés, Bachar El-Assad veut notre peau pour une raison que j'ignore.- Et moi je te ferais dire qu’on est dans un coin pommé dans le sud.- Zahia, préfèrerais-tu être sous un pont ?- Bon calme-toi. Puisque c'est comme ça je m'en vais.- Et tu vas devenir quoi ?- Je ne sais pas, je deviendrais strip-teaseuse s'il le faut.- Et bah bon vent !- C'est ça au revoir.- Mince qu'est que j'ai fait !- Bon j'ai plus qu’à me trouver un coin pour dormir ».Les rues étaient mornes et tristes. Moi aussi je regrettais la Syrie. Je trouvais un coin miteux à côté d'une église vieille et misérable qui se trouvait en face d'un bar tabac. Je ne pus m'endormir cette nuit-là tellement ma tristesse et ma peine étaient grandes. J'essayais de retrouver ma sœur vers midi je me décidais d'acheter quelque chose à manger.C'est ici que je vis ma sœur pourchassée par deux personnes. Elle fut rattrapée. J'accourus pour l'aider mais je me fis assommer. Quand je revins à moi j'étais dans une ruelle. Je mis une minute avant de reprendre mes esprits et constater que ma sœur n'était plus là. Une semaine plus tard rien n'avais changé ma sœur était toujours introuvable, seul le temps avait changé. Un temps triste, brumeux, froid, humide, et soudain et comme un miracle je vis une silhouette au loin ressemblant à celle de ma sœur.« Waouuuh ! Je m'y attendais pas du tout. »

« C'est horrible ce qu'il lui est arrivé.- Mince on est en retard !- Il est quelle heure ?- 12h00- Ah oui effectivement, oh pas grave on loupera un peu de cours.- Oui bon viens on y va ».

Auteurs : Pierre-Yves de Reviers, Arthur Wender, Nicolas Descoutures, Baptiste Picaud.

Opération Walkyrie II

Mon père était rentré seulement hier soir et je n’avais pas eu encore l’occasion de lui parler de sa mission. En effet, hier toute la famille était au rendez-vous pour l’accueillir ; il faut dire qu’après un an de mission en Afghanistan, on était bien content qu’il soit de retour à la maison. Malgré sa balafre et ses cicatrices, je reconnaissais bien son sourire confiant et rassurant que mon père arborait auparavant. Mais j’avais tout de même l’impression que son séjour en Afghanistan l’avait changé. Il était moins bavard et plus renfermé, je le soupçonnais de me cacher quelque chose.

J’allai donc le questionner :« Dis p’pa, pourquoi t’es rentré seulement maintenant ?- Tu sais Mikaël, la guerre ce n’est pas toujours facile, on ne peut pas prévoir les évènements,

mais l’essentiel c’est que je sois revenu, non ?- Mouais, mais ton copain Mike il est où ?- Il n’a pas eu autant de chance que moi, dit John en désignant sa prothèse, il est mort, sous les

yeux de son fils.- Jake était là-bas ?- Il n’avait plus d’endroit où aller, sa grand-mère, chez qui il vivait a été placé dans une maison

de retraite et sa mère est morte d’un cancer il y a 2 ans.- Mais où va-t-il aller maintenant qu’il n’a plus de famille ?- Il va rester chez nous pendant quelque temps et après on verra. On va le chercher dès demain à

l’aéroport. «Le lendemain, Jake s’est installé à la maison, et après quelque jours, je lui demandai s’il voulait

bien ma raconter ce qui c’était passé en Afghanistan. Il commença son récit.

« J’avais réussi à rejoindre mon père grâce aux économies de ma grand- mère mais je n’osais pas me montrer de peur qu'il me renvoie en Amérique. J’allai donc voir ton père, John, le seul officier que je connaissais dans le camp. Il m’a caché pendant un mois jusqu’à ce que mon père me découvre. Alors il convoqua John dans sa tente et parlèrent une heure durant. J’étais dehors en les attendant quand je vis John sortir et fus brusquement aveuglé et propulsé dans la tente voisine. C’est dans l’explosion de cet obus que ton père a perdu son pied. En sortant des décombres, je vis le corps inerte de mon père. Ne savant que faire, je fuis.

Je marchais dans le désert, sans destination précise et me remémorais avec nostalgie les moments passés en compagnie de mes parents. Suite à ce déboire, la détresse et la solitude commençaient à se faire ressentir. J’étais submergé par la haine envers les acteurs de ce crime. Je ne savais pas si c’était la peur ou la faim qui me rongeait mais dans mon ventre une boule se formait. J’arrivais devant un bâtiment à l’allure de blockhaus, entouré de barbelés qui empêchaient tout passage. Deux gardes en faction armés jusqu’aux dents, déambulaient le long de la forteresse. J’interpellai l’un d’eux grâce aux quelques mots persans que ma mère m’avait enseignés. Deux jours plus tard, j’étais dans le dortoir pendant que les préparatifs de la mission visant à détruire le camp américain commençaient. Je ne compris pas tout mais en saisis l’essentiel. L’opération se déroulerait à la tombée de la nuit, ils tueraient un grand nombre de soldats et emprisonneraient des officiers, utiles pour des négociations futures. Je devais agir. Il fallait que je trouve le moyen de rejoindre le camp américain pour prévenir John. J’élaborai d’’élaborai d’abord un plan pour que mon évasion reste inaperçue. Je positionnai des édredons sous la couette et mon MP3 sous l’oreiller. J’escaladai ensuite le toit où un sniper surveillait le camp. Je me cachais derrière un bloc de béton et à son passage lui brisai la nuque. Je lui dérobai ensuite ses fléchettes paralysantes. J’en envoyai une dans la tête d’un taliban dans son pick-up, prêt à quitter le

camp, puis je sautai à la place du conducteur, je l’embarquai avec moi pour ne pas alerter les talibans. Je m’arrêtai à une centaine de mètres du camp américain et finis le chemin à pieds. Heureusement que j’arrivai car le camp était presque vide. Seuls étaient présents une escouade de soldats et des blessés. J’allai donc dans la tente de John où il se trouvait en convalescence, je vérifiai d’abord qu’il était seul et entrai avec prudence. Ton père était allongé en train de lire un livre. Il sursauta quand il se rendit compte de ma présence et me dit :

«Salut Jake qu’est-ce que tu fais là ?-Ce soir, à la tombée de la nuit, les talibans vont attaquer et prendre des otages. Rapatrie les

forces !-Non Jake, c’est pas vrai, tu n’as pas fait ça, tu n’es pas allé chez les talibans ?-Si et tu devais être content car j’ai sûrement évité qu’une catastrophe se produise.-Evidemment que je suis content mais c’est tellement dangereux. De toute façon, c’est fini tu n’y

retourneras pas tu seras rapatriée dès demain en Amérique. «Les troupes étaient de retour, le camp se préparait. La tombée de la nuit arriva rapidement. Tout

était silencieux quand tout d’un coup un cri déchirant brisa le silence. C’était un obus qui frôla l’infirmerie et détruisit toute une rangée de tentes. Les américains s’étaient postés de manière à encercler la trentaine d’ennemis et surgirent soudainement des dunes de sable où ils étaient cachés. La bataille fût close très rapidement, et le bruit des armes cessa pour laisser place au profond silence de la nuit. Aucun taliban n’avait survécu. En revanche nous n’avions aucune perte à déplorer seulement quelques légères blessures.

Le lendemain, tout le monde planifiait l’opération Walkyrie 2 visant à détruire le général taliban. Les soldats étaient sur le pied de guerre ; des armes arrivaient de partout, elles étaient chargées dans les jeeps. En cinq minutes, le camp se vida. J’étais débarqué sur le sable et rejoignis le camp taliban. Le plan consistait à repérer le général et à donner le départ de l’opération. J’étais dans la tour nord et me rendais à la salle de réunion. Ma disparition était restée inaperçue. Dans un couloir je croisai le fils du général et me demandai ce qu’il allait advenir de son sort. Il allait sans doute périr avec les autres. Je dis alors qu’il serait comme moi, sans père, à la différence que le sien était extrémiste et n’avait pas honte de tuer des innocents. Alors je lui dis :

« Samir ?-Oui, qu'est-ce qu'il y a ?-Heu, je ne savais pas trop quoi lui dire, il ne fallait pas l'alerter, je lui dis donc : je crois que je

vais partir, viens avec moi «Sans mot, il me suivit, et quand nous sortîmes du camp je crois qu'il commença à comprendre ce qu'il se passait. Je fis discrètement le signe à un soldat américain qui se tenait embusqué. L'opération était lancée.

Une fusillade faisait rage, les derniers talibans restants tentaient en vain de sauver le peu de bien qu’il leur restait. Je pense qu’aucun ne survécut. Ce n’était pas ça qui m’importait mais le garçon dans le sable qui était sûrement aussi désespéré que moi quand je découvris la mort de mon père. Finalement, nous n’étions pas si différents, seuls nos nationalités et nos camps nous différenciaient. Je ne revis jamais Samir et me sentais malgré moi coupable de son malheur.

Durant trois jours, je partis, en compagnie de ma mère. Elle m'avait retrouvée peu après l'opération à la recherche de nos ancêtres, car ma mère était d'origine afghane et ses parents avaient migré vers les États-Unis. Elle m'avait retrouvée au camp, et pleura longuement quand elle apprit la mort de mon père. Mais un jour, plus tard, elle se reprenait et faisait face au deuil qui l'accablait. Nous nous rendîmes dans le village de son enfance et y trouvèrent ses amis de jeunesse, certains voisins et

amis de ses parents, mais pas son grand-père qu'elle aimait tant. Il était mort, six mois plus tôt. Nous récupérâmes ses quelques biens et richesse puis retournâmes au camp, pour réunir les dernières affaires de mon père et pour assister à son enterrement, car c'était son choix il voulait être enterré dans le pays où il avait à la fois tué mais aussi sauvé de nombreuses vies.

Dans l'avion j'étais au côté de militaires, qui étaient tous ravis de retourner dans leur patrie. Arrivé en Amérique, je fus accueilli tel un héros par les autorités ainsi que le président qui s'était rendu en personne à l'arrivée des militaires. Il prononça un discours touchant au sujet des militaires tués et des blessés.

Je me demandais pourquoi ma mère était partie en Afghanistan et aussi si mon père était au courant. Peut-être avaient-ils l'intention de se séparer. Ma mère avait décidé de rester plus longtemps en Afghanistan. Elle me confia ce qu'elle voulait faire là-bas mais je ne le révèlerai pas. »

« Une fois que Jake eut fini son récit, un long silence se fit ressentir. Je ne pouvais pas comprendre ce qu'il ressentait, moi j'étais avec toute ma famille, j'étais comblé de bonheur même si parfois j'avais des coups de mou. Les jours suivants, Jake et moi partagions de nombreuses choses et rigolions beaucoup, je pense qu'il devait être heureux de pouvoir se confier à quelqu'un de son âge. Au retour de la mère de Jake, nous fîmes une grande fête. Jake allait retourner vivre avec sa mère.

Aujourd'hui, trois ans après cette histoire je vois encore Jake toutes les semaines mais bientôt je ne le verrai plus, il s'est engagé dans l'armée et deviendra sûrement un brillant agent comme son père. Quant à moi, la guerre, c'est pas trop mon truc je voudrais plutôt devenir avocat.

Auteurs : Paul-Henri DELAPRIERRE et Xavier FAUCONNEAU

Retour de l'enfer

Nous sommes Paul Moine et Jonathan Fordham, deux journalistes reporters de guerre, en mission en Afghanistan. Au cours d'un reportage au nord du pays, sur la vie des populations dans les villages du désert, nous avons rencontré Salim, un jeune garçon de 11 ans, qui revenait tout juste de l'enfer. Il a accepté de nous raconter son histoire.

L’aube.Un beau matin comme les autres. Mon père s'est levé vers 7h30 du matin pour aller

travailler à la plantation. Ma mère et moi sommes allés acheter quelques légumes avec le peu d'argent que mon père gagnait. Mon père était maigre, il avait du mal à travailler dans les champs, donc il devait faire des repas copieux. Mais ce n'était pas facile car nous vivions dans la misère.

Mais un soir, mon père n'est pas rentré. Très nerveux, nous sommes restés éveillés toute la nuit pour l'attendre. J'avais le pré-sentiment que quelque chose de grave était arrivé. Au petit matin, nous nous sommes rendus à la plantation, et là nous avons vu le cadavre de mon père étalé sur le sol. Tout en lambeaux, on le reconnaissait à peine. D'après les explications des travailleurs, il avait sauté sur une mine antipersonnelle. Toute la région en était couverte depuis les derniers bombardements et le passage des miliciens... Ma mère ne pouvait plus s'arrêter de pleurer. Moi, j'avais de la haine, mais je ne savais pas exactement contre qui.

Les gens du village commencèrent à creuser un trou pour l'enterrer. Nous n'avions même

pas de quoi payer un cercueil. Maintenant sans notre père, l'argent ne rentrait plus et il y avait peu de de travail au village. La vie est devenue très difficile. Avec les économies de mon père, nous avons pu manger pendant un mois. Nous ne cessions plus de penser à lui. Ma mère ne faisait confiance à personne, et vivait dans la peur. Un jour, il a fallu dérober de la nourriture au marché du village. Nous avons vécu ainsi durant six mois. Personne n'avait vu que nous volions.

Mais un jour, la marchande a aperçu ma mère voler quelques légumes. Elle cria: « Au voleur, au voleur ». Et le malheur et la honte s’abattirent sur nous. Soudain, deux policiers ont surgi et ont emmené ma mère dans un camion. Ravagé par la douleur, je regardai ce camion s'éloigner et je n’eus plus jamais de nouvelles de ma mère. J'étais donc tout seul et désespéré. J’espérais qu'elle reviendrait mais jamais le miracle n'arriva. Elle avait été mise en prison, car le vol était puni comme un crime. Je devais survivre seul, tout seul. Je ne pouvais plus voler car je risquais d'aller en prison. Il fallait que je trouve un travail mais personne ne m'aidait car j’étais devenu « un fils de voleur ». Je n'arrêtais pas de penser à ma mère. Une semaine passa presque sans manger. J'avais très faim. Je marchais péniblement dans la rue. Puis soudain je me suis effondré de fatigue, car je n'avais pas de réserve. Tout le monde passait à côté de moi comme si je n'existais pas. J'étais fatigué et sans aucun espoir.Mais au bout d'un long moment, je ne sais exactement combien de temps, un vieillard à la barbe blanche et au regard bleu et gentil, s'arrêta près de moi et m'aida à me relever. Je lui fis comprendre que j'avais faim. Il m'accompagna chez lui. A ce moment-là, je sentis un peu de chaleur et de courage revenir en moi. Sa femme et sa fille me proposèrent immédiatement à manger ; je dévorai comme un loup, cela faisait si longtemps …. L'homme qui m'avait sauvé me regardait et semblait vouloir connaître mon histoire.« Que t'est-il arrivé mon garçon pour être si maigre et désespéré ? As-tu de la famille dans la ville ? - Non, Monsieur ….. Mon père est mort et ma mère est en prison pour avoir essayé de me trouver un peu de nourriture ».Et je lui racontai toute mon histoire. Il était très malheureux pour moi.Il décida de m’héberger jusqu'à ce que je trouve un travail.

Un matin, comme tous les matins, je suis parti dans les ruelles, parmi les échoppes à la recherche d'un emploi. Soudain au bout d'une rue un peu à l'écart, il y avait quatre hommes, armés jusqu'aux dents, qui me barraient la route. Avant que je m'enfuie, ils me capturèrent et m'emmenèrent dans un camion. J'étais ligoté. Il y avait déjà plein d'enfants et d'adolescents dans ce camion, qui comme moi, avaient été emmenés de force. La route me parut interminable. Nous arrivâmes dans un camp en plein désert où des dizaines d'enfants étaient armés jusqu'aux dents. Quand je descendis du camion j'entendis une voix rauque et menaçante derrière moi : « Ici tu tues ou tu es tué ». Je compris que j'étais dans un camp d'entraînement pour devenir un enfant soldat. On me renferma dans une cellule dont les fenêtres étaient fermées par des bambous. Dans un coin, on avait à boire et un peu à manger.

On me mit tout seul dans cette cage, car j'avais refusé de prendre les armes et de m'entraîner à tuer. J’avais une idée en tête : m'échapper le plus vite possible. Il fallait trouver une solution avant qu'il ne soit trop tard. Je compris qu'il fallait attendre la nuit pour s'échapper car les gardes étaient beaucoup trop nombreux. J'attendis la nuit. Deux gardes étaient devant la porte, donc il fallait m'échapper de l'autre côté de la cage. Alors j'ai eu l'idée de creuser un trou sous la grille de la petite fenêtre pour passer en dessous. Après je n'aurai plus qu'à courir. Quand le moment arriva je mis mon plan en action. Je tordis les bambous qui empêchaient de m'échapper, je creusai et je me faufilai entre les deux dans le petit passage. Je marchai tout doucement. Je me trouvai en face de la grille surélevée par des fils barbelés. J'avais peur d'être repéré par les gardes. Je n'avais aucune chance, sauf de

creuser à nouveau pour me frayer un passage entre les barreaux de la grille. Je m'échappai en courant dans le désert. J'étais en plein milieu de nulle part mais j'étais libre. Après plusieurs heures de marche, je me suis endormi sur le sable.A mon réveil, il faisait jour. Je montai sur une colline qui se dressait devant moi pour mieux voir où j'étais. J'aperçus mon village à une dizaine de kilomètres. Malgré la fatigue, je m'y suis rendu mais je suis arrivé au village en piteux état. J'avais soif et faim. En retournant chez le vieillard qui m'avait sauvé la vie, je croisai des hommes qui disaient être des journalistes français. En me voyant ainsi, ils m’interrogèrent :« Qu'est-ce que tu fais dans cet état ? D'où viens-tu ?»Je leur racontai mon histoire.

Salim nous a bouleversés. Son histoire incroyable était celle de centaines d'autres enfants afghans, orphelins, malades, amputés par les mines antipersonnel, enrôlés de force pour devenir soldats à l'âge de 11 ans des enfants soldats. Nous avons décidé de la filmer et d'envoyer son histoire et notre reportage pour qu'il soit diffusé dans notre émission en France.

Un an plus tardSalim a été emmené dans un centre médical, puis à l'école.Il commence à lire et il s'est fait plein d'amis. Il ne vole plus sa nourriture. Sa rencontre avec les journalistes lui a redonné espoir. Il sait que sa mère et son père seraient fiers de lui. Dans son école, il apprend le métier de mécanicien et dans quelques temps, il pourra commencer à travailler. Enfin.

Auteurs : Jonathan Fordham et Paul Moine

Saigon Hanoï ou la route de la mort

Ce mois de juin avait été très sec et je rentrai d'une chaude journée de travail. Heureusement, des nuages pluvieux s’annonçaient à l'horizon. J'ouvris la porte et pris le courrier quand soudain… mon sang se glaça en voyant l'insigne : « US Army «. Mon fils ainé, John, était mort en Irak. Il avait marché sur une mine. Tout à coup, une vague de souvenirs m'envahit. Et je repensais alors à ce petit vietnamien.31 ans plus tôt1970HanoïVietnamInfirmière Bradley

Les balles sifflaient autour de ma tête. Mais je n'avais qu'un seul but, cet enfant couché par terre. Je le recueillis et l'amenai dans un hôpital de fortune. Il avait dix ans et était très maigre et affaibli. Ce garçon portait des guenilles et un haillon en guise de short. Lorsqu'il se réveilla, il me demanda mon nom. Je le rassurai et l'interrogeai : comment était-il arrivé ici ? Il me répondit :

« Je m'appelle Kim Dung et je viens de Saigon. J'ai fui à Hanoï car Saigon était devenu trop dangereuse. En effet je me rappelle, nous marchions tranquillement dans le quartier pauvre de la ville. Des mendiants vêtus de nippes et de loques, dépourvus d'argent, demeuraient silencieux tels des fantômes dans la nuit. Sans crier gare l'un d'eux se leva et, armé d'une arme blanche nous menaça. Mes

parents refusèrent de lui donner quoi que ce soit. Ce qui devait arriver arriva : mes parents me crièrent de courir le plus loin possible. Je tournai à un coin de rue et les attendis. Le temps passa et je commençai à m'inquiéter. Ils ne revinrent jamais, après un furtif coup d'œil je compris que c'était fini, mes parents était mort.

Depuis, la peur me tenaillait et j'ai fui vers Hanoï. Trois mois plus tard, j'arrivai enfin au quartier sud de Hanoï. Quand soudain je perçus un frémissement et le sol trembla, je me retournai. Ce que je vis dépassa tout mon entendement : un hélicoptère d'attaque et un char d'assaut flanqué d'un régiment de G.I's américains. Je pris mes jambes à mon coup et montai sur le toit le plus proche ; une poursuite s'engagea. Je ne comprenais pas pourquoi les soldats voulaient me tuer. Lorsque je vis un espace si infime, si petit dans une maison… j’eus du mal à m'y infiltrer. Hors d'haleine je repris mon souffle. Ça y est, je les avais semés ! Je restai immobile quelques minutes qui me parurent interminables, osant à peine respirer.Bombes.Explosions.Destructions.Tirs.

Ce qui se passa à ce moment-là, je ne le compris que plus tard. Ce n'est juste que grâce à un réflexe inouï que j'arrivai à sauter par la fenêtre. Je fus projeté et là... Plus rien, le néant, je tombai inconscient. Là je fus recueilli par vous.»

Voilà comment j'avais connu ce petit garçon. Maintenant il vit dans le luxe et l'opulence, il jouit d'une existence paisible et privilégiée. Il habite une villa de luxe près de Santa Monica Beach. Si je sais tout ça, c'est qu'il est mon fils, je l'ai adopté.

Auteurs : Timothée Barthès ; Antoine du Peyroux

Six ans chez les Talibans

Tous les mercredis, mes amis et moi avions l’habitude de nous retrouver tantôt chez les uns, tantôt chez les autres, pour jouer aux jeux vidéo. Ce mercredi de janvier, juste après Noël, nous étions existés parce que Johan venait de se faire offrir un jeu de guerre sur les Talibans.Sauf que sur place…en regardant mes copains massacrer les Talibans avec le bouton de la manette, un frisson parcourut mon corps en mémoire de la veille au soir.

« Les gars, je le trouve trop géant le jeu mais quand même, dire que la guerre existe en vrai. Hier soir, sur Arte, j'ai regardé un reportage sur un ancien enfant-soldat. Terrible !

- Vas-y, raconte pour voir si on pleure !- Ok, fermez les yeux et imaginez que je suis cet enfant soldat et que je témoigne sur cette

horreur… Allez Alexandre, pose la manette et ferme les yeux…

Je m'appelle Selim Duma. J'ai quatorze ans et je vie à Khatlon, un petit village au Tadjikistan. Je suis plutôt têtu et ambitieux pour mes futurs projets. Je souhaiterais étudier en France, malgré la situation dans laquelle je me trouve.

Je suis tranquille, frivole des malheurs qui pourrait m'arriver, je me sens bien à l'abri, dans mon cher petit village, entre deux chaînes de montagnes. Je ne ressemble en rien aux autres garçons du village, je porte un maillot de foot délabré, distribué par les soldats, auquel je tiens beaucoup et un short bleu. Dans mon petit village, il n'y a pas d'école et c'est pour cette raison qu'avec mes amis nous essayons tant bien que mal d'apprendre à lire et à écrire, avec les plus expérimentés de notre village.

Alors que les nuits étaient à l’ordinaire plutôt calmes, celle du dernier mardi de juin bousilla à jamais ma vie.Je dormais sur ma natte, rêvassant à mes premières amours. Soudain un premier coup de feu retentit. Les Talibans, en un instant, massacrèrent tous les hommes du village et embarquèrent femmes et enfants. Je vis ma mère traînée par ses longues tresses brunes, à terre, entraînée de force dans un camion. Comme un sac de poussière. Je savais que si j’essayais de la sauver, ils me tueraient. Il me fallait vivre, pour ma mère. Pour maman. J'ai essayé de me cacher pour finir par m'endormir d’épuisement, de frayeur derrière la fontaine à une centaine de mètres du village.

Lorsque je me suis réveillé, je suis retourné au village. Désolé, abandonné. Dépouillé. Aucune trace de vie, à par des dépouilles un peu partout et des maisons qui poursuivait leur perte dans les flammes.J'avais faim, froid et la solitude et la peur m'envahissaient. Le village n'était plus que ruine, seules les fondations de quelques maisons étaient debout. Un tas de cendre par-ci, du sang par-là. Des membres humains éparpillés, des corps déchiquetés… peut-être ceux qui s’étaient rebellés…Juste à côté de ce qu’avait été ma maison, un Taliban gisait dans son sang. Il serrait encore son fusil. Je le pris pour me protéger d'éventuelles frappes.

Deux lunes plus tard, je marchais depuis belle lurette, le soleil me tapait sur le dos, les images de l'extermination du village me revenaient sans cesse en tête. Où était maman ? J'étais titubant et mes forces m'abandonnaient. Je finis par m'assoupir.

A mon réveil, tout tremblant, la lumière m'éblouit et je compris assez vite où je me trouvais. Dans un camion taliban avec d'autres enfants.

Quelques heures plus tard, on nous transporta à l'intérieur d'une grotte. Drôle de lieu pour rassembler des enfants ! Etais-ce une école ? Un orphelinat ? On nous guida vers un homme sacrément fort et musclé… sans doute être le chef. Il me regarda et m'interrogea :

« D'où viens-tu?- De Khatlon monsieur, répondis-je franchement.- C'est impossible, je pensais qu'il n'y avait aucun survivant.- Pas derrière la fontaine, connard !- Tu as du cran petit, et j'aime ça, tu es enrôlé. »

Voilà des années, au moins six ans, que je travaillais pour les Talibans. J’étais devenu un vrai soldat. Mais il m'obligeait à prendre de la drogue, qui me donnait des pulsions nerveuses. Il fallait que je m'en aille pour une vie libre. J'essayais de réduire les doses de drogue qu'on me donnait. Avec ma volonté… impossible alors la drogue me poussa au pire.

Une nuit, alors que les gardes pionçaient, j'attrapais une kalachnikov et m'enfuis avec une jeep en la poussant dans la descente.

Alors que j'essayais de rejoindre la capitale de l'Afghanistan, j'entendis un bruit d'hélicoptère, puis enfin une jeep. Une équipe de soldats sortit d'un VAB (véhicule d'avant blindé). Ils m'entourèrent et pointèrent leurs armes vers moi. J'essayais de faire entendre auprès de ces personnes qui semblaient de nationalité américaine, que je voulais devenir soldat. De l’autre côté. Pour défendre les populations. Ils m'emmenèrent dans leur campement, on me posa des tas de questions sur les Talibans et leurs cachettes. Des années passèrent. Je suis aujourd’hui dans l’Armée américaine.

A la fin de mon histoire, mes copains ne reprirent pas le jeu.« On verra mercredi prochain, commença Marin.- Ok, on peut peut-être rédiger le brouillon de la nouvelle pour le cours de français ?- On prend quoi comme titre ?- La prof, elle a dit qu’on choisira un titre à la fin.- C’est vrai renchérit Alexandre, n’empêche qu’on pourrait prendre « Six mois chez les

Talibans ».

Auteur: Johan Raveau, Marin De Cacqueray, Quentin Vauquelin, Alexandre De Medlege

Une enfance volée

Aujourd'hui lundi, Camille et moi sommes autorisées à rester sur la cour de récré au lieu d'aller en étude. C'est le prof de sport qui est absent.« Dis donc t'es super fatiguée, tu t'es couchée à quelle heure ?- Je me suis couchée à minuit et demi car je discutais avec une adolescente afghane sur Facebook.

Shauzia et Sohila étaient de pauvres petites jumelles de cinq ans qui vivaient dans un village près de Kaboul en Afghanistan avec leurs parents. Un jour, une camionnette s'arrêta. Un homme descendit. Il captura les deux fillettes. C'était un taliban. Elles passèrent trois jours, enfermées dans la camionnette. Elles arrivèrent dans une forêt, c’était un camp d’enfants soldats. Elles descendirent de la camionnette. C’était un endroit sombre, délabré et les n’étaient pas plus grandes que trois mètres carré. Il y avait pleins de talibans. Le jour de leurs dix ans, Sohila fut tuée par une mine. C’est alors que Shauzia voulut s’engager comme démineuse et elle découvrit combien c’était un métier difficile et dangereux. Durant trois mois, elle suivit une formation de démineuse avec un jeune homme prénommé Kaseem et âgé de onze ans.

Un jour alors qu’ils venaient d’enlever une mine, ils s’arrêtèrent pour se reposer et Kaseem déclara :

« Je…je t’aime ! »Shauzia surprise par cette déclaration, attendit quelques instants pour annoncer :

« Moi aussi, je t’aime. »Le patron, monsieur Weera débarqua dans le champ et leur cria de retourner au travail.

Alors qu’ils venaient de pénétrer dans un terrain miné Shauzia s’arrêta pour observer le terrain et Kaseem continuait d’avancer lorsque Shauzia lui cria de s’arrêter. Mais il ne l’entendit pas et fit un dernier pas qui lui couta la vie. Shauzia, anéantie, s’enfuit vers Kaboul. Elle passa trois semaines à errer dans les rues de la ville, lorsqu’un jour deux touristes s’arrêtèrent devant elle et parlèrent une langue qui lui était inconnue. Ils lui firent signe de les suivre et lorsqu’ils arrivèrent devant l’orphelinat, un long moment passa avant que le directeur lui explique que ces deux touristes souhaitaient l’adopter et l’emmener avec eux à Paris.

C’est alors que nous vint l’idée d’en faire une nouvelle. Alors que nous montions au CDI, la sonnerie retentit et nous fûmes obligées d’aller en maths.

Auteurs: Camille Roques-Casanovas et Camille Brochet

L’enfer paradisiaque

Ce jour-là, le jeudi 5 janvier 2012, je gagnai un magnifique voyage suite à un jeu télévisé. Une semaine en Papouasie, ce pays paradisiaque situé en Indonésie, dans l'Océan Pacifique. Arrivée dans cette région, je déballai mes valises et je partis en direction de la plage dans mon superbe bikini rose pétant. Sur le chemin je rencontrai une fille au charme dévastateur, cependant deux doigts lui manquaient. Je lui priai de me raconter son histoire.

Je me prénomme Zarina, j'ai 13 ans et il y a un an j'étais prisonnière du gang des Xérès. Jusqu'à mes 11 ans, ma vie me semblait parfaite, j'allais à l'école où l'on m'enseignait l'écriture et la lecture. J'étais heureuse. Le jour de mon onzième anniversaire, ma famille me pria d'aller faire une balade. Lors de mon retour une sensation horrible me glaça le sang : la maison avait été saccagée, c'est alors que mon regard se figea sur le corps inerte de mes proches. La joie et le bonheur avait été remplacés par la tristesse et le malheur. Deux hommes surgirent, m'agrippèrent et me balancèrent dans leur fourgon. Trois heures plus tard, nous arrivions à destination. Le conducteur descendit de la voiture, m'emmena avec lui dans une pièce lugubre et s'adressa a moi d'un ton froid et méprisant : « Dorénavant tu feras la cuisine et le ménage, si tu désobéis nous t'apprendrons ce qu'est la docilité.Il m'indiqua alors un endroit mystérieux qui n'était autre que la cuisine. Dénuée de pensées, je me mis au travail. Néanmoins, cette seconde vie me semblait être un enfer …

Cinq jours plus tard, je rencontrai un garçon de mon âge nommé Tracy. Il était beau, avait les yeux d'un ange et un visage parfait. Après avoir longuement discutés, nous avons décidé de nous enfuir de cet endroit abominable où des enfants-soldats partaient faire la guerre, sans jamais revenir et où ils se sacrifiaient pour une cause que nul ne connaissait. Nous attendîmes avec impatience la tombée de la nuit. Nous sommes alors partis, sans bruit, dans l'espoir de trouver une vie meilleure. Sur la route, nous avons rencontré une patrouille de jeunes soldats avec qui nous avons très vite sympathisé. Ils nous racontèrent alors le plaisir que leur procurait cette sensation qui n'était que la « puissance «. Soudain, nous entendîmes un bruit et, sans transition, les enfants tirèrent !! La peur nous a envahis et nous partîmes en courant. Pris de fatigue, mes jambes n'arrivant plus à me porter, je chutai dans un ensemble de détritus. Je sentis une atroce douleur dans mes doigts. Cependant Tracy me montra une lueur à l'horizon. Il m'entraîna à cet endroit qui semblait être un camp d'infirmiers...« Et alors que s'est-il passé? s'enquit Lola.-Un médecin nous repéra, nous offrit son aide, et m'annonça que mes doigts étaient infectés, dans ce cas la seule solution était l'amputation … Après l'hospitalisation, le médecin nous prit sous son aile Tracy et moi ...»

Quelque peu bouleversées, nous avons proposé à Zarina de nous baigner ensemble. Durant toute la durée de notre séjour, elle nous accompagna dans nos loisirs. Depuis, nous communiquons par msn.

Auteurs : Ambre Métais, Yuna Strube, Chloé Chenu Gabireau

Un secret à révéler

C'était une belle journée ensoleillée, il n'y avait pas de souci, la vie coulait comme un long fleuve tranquille pendant que je me juchai à ce mur d'escalade dans ce gymnase si paisible. Tout à coup je lâchai prise, mon pied dérapa, je me senti attirée vers le fond comme un frêle oiseau malade qui dégringole. Mon ami accouru mais trop tard : j'étais déjà secouée par un flot de sanglots. Ce garçon me dit:

« Mais pourquoi tu pleures? Ce n'est rien comparé à tout le sang que j'ai vu couler dans ma vie.- Comment ça, sanglotais-je ?- Viens, je vais te raconter dans un coin du gymnase... »

Alors voilà.Tout a commencé dans ma ville natale, Chikira, au japon. On venait de perdre la maison familiale à cause de la construction d'immeubles modernes. Mais comme ma famille déclinait de partir, ils se sont fait incarcérés. Les soldats ignoraient mon existence. Alors, je n'avais qu'un seul choix : partir. La vie allait s'ouvrir devant moi en m'offrant affliction et exultation. Je partis donc à la recherche de mon destin. Soudain, alors que je traversai les montagnes, -dont le nom m'échappait- une avalanche se déclencha.Elle emporta mes précieux papiers d'identité que j'avais si méticuleusement gardés jusqu'à aujourd'hui.

Après avoir traversé plusieurs frontières de pays inconnus, avec mon lawonka - véhicule à trois roues, anciens mais rapide utilisé au Japon- je m'arrêtai un peu en le garant le côté. J'avais faim. A une vingtaine de mètres, j'aperçus un arbre rongé par l'hiver avec un fil auquel pendait un brin de viande crue, je ne pus y résister même si d'ordinaire je détestais le loup (je n'avais surtout jamais gouté la viande empoisonnée)... Je me mis en route. Quelques secondes plus tard des bruits me parvinrent. Je n'osai pas me retourner, j'accélérai de plus en plus, les bruits de pas se rapprochèrent, je continuai de courir, la peur me paralysait, mon cœur battait si vite que l'étouffement devint une pression insupportable. Tout à coup, je fus saisi par une angoisse terrible… un bras m'entoura le cou. Tout bascula, le ciel s'effondra et je m'évanouis. Quelques temps plus tard j'entraperçus un filet de lumière qui s'éteignit aussitôt. Je sentis que l'atmosphère était sous pression. J'étais dans un avion. Je m'aperçus que deux bras d'hommes me saisissaient. J'ouvris les yeux et avais l'impression de retourner dans le passé : les gens (la plupart étaient des enfants) efflanqués et enguenillés, ils étaient sous le commandement d'un homme imposant dont la carrure était grande. Je fus transporté dans une basse-fosse qui, par contre était exiguë. Le soir venu, je ne parvins pas à m'endormir. Je ne savais même pas où j'étais.

Le lendemain, je me trouvais dans une salle remplie de personnes de mon âge. On m'avait sans doute transporté ici ce matin alors que je dormais encore. Devant moi, se trouvait un ample bureau recouvert de papiers. La salle était sombre. L'homme imposant que j'avais vu hier se mit face à moi, de l'autre côté du bureau. Son regard était pénétrant : il cachait la mort, la gloire, le tourment du temps qui passe. Il me fit un sourire qui ne venait pas du cœur et me lança :

« Papiers, s'il vous plaît! »Je fus bouche bée. Derrière moi, se trouvait un garçon et une fille puis encore derrière quelques

dizaines d’enfants soldats. Ça y est, je savais où j'étais. Comme je ne donnais pas suite à sa question, le « colonel », comme l'appelaient certains, se dirigea vers une armoire, l'ouvrit, et me donna d'un geste brusque de faux papiers. En effet, il fallait absolument être en possession de papiers d'identité, qu'ils soient vrais ou faux, pour appartenir à un camp d'enfants soldats. L'après-midi, nous sommes partis décimer des personnes à travers la région. Nous nous étions entrainer ce matin, mais là, c'était pour de bon. J'avais ce désir, comme les autres, de tout chambouler, tout casser, tout tuer. Peut-être avais-je été drogué. Je m'étais lié d'amitié avec le garçon qui était derrière moi tout à l'heure, près du bureau. On avait vu le sang couler tout l'après-midi. Mon copain s'appelait Rhino. J'entendis un bruit derrière le

feuillage de l'immense forêt. Une fille en sortit, et je m'apprêtai à la fusiller. Je calai bien ma mitraillette, ferma un œil. La fille ne bougea pas. J’abaissai mon arme et remarqua qu'elle était belle. Rhino me souffla:

« C'est la fille du colonel »Je me figeai et m'inclinai, perturbé et mécontent de moi. Elle s'appelait Natacha. En fait, je me

liai aussi d'amitié avec elle. Au dîner, elle m'apprit qu'elle détestait son père, violent et ridicule. Elle avait essayé plusieurs fois de sortir de ce camp, mais n'en n'était pas parvenue. Le lendemain, alors qu'il faisait encore noir dehors, en me réveillant, tout me paraissait calme. Je me levai et vit que la porte de ma cellule était ouverte. Je pus sortir dehors. Était-ce un rêve où étais-je réellement libre? Sur le chemin, je croisai Natacha et Rhino. Ils me regardaient, le cœur rempli d'espoir. Natacha me dit:

« Tu as réussi! Tu t'es échappé, comme nous, de cet enfer! »Rhino m'adressa un léger sourire. Je pleurai de joie, trop content d'être sorti de cette prison, cette torture, où le monde me paraissait mort, où mes mains, d'habitude si agiles pour le dessin, avaient gardé ce talent, mais pour me servir d'un fusil. Alors, on se mit à courir, vénérant la nuit pour qu'elle ne disparaisse pas, de façon à ne pas être vus. On courait vers la liberté. Puis, brusquement, je me réveillai. Je regardai autour de moi mais ne vit ni nuit, ni lune. Simplement les murs de cette cellule. Les mûrs, les mûrs, les mûrs...

Le lendemain, un avion vint se poser près du camp. Une vingtaine de personnes y pénétrèrent, d'autres en sortirent. Tous étaient des enfants soldats transportés d'un endroit à un autre. Je regardai cet étrange engin. Sans pour autant que je m'en approche, il me paraissait comme un moyen de fuite idéale. Natacha me rejoignit dehors. Elle pensait sans doute la même chose que moi. Elle voulait partir. L'avion resta vide un moment, le temps que les nouveaux-venus explorent leurs bâtiments et que les anciens préparent leurs bagages. Il monta alors en loi un nuage d'espoir. J'essayai de me faufiler dans cette immense bête blanche. Natacha me suivit, en silence. Nous nous cachâmes dans des placards réservés aux valises. Les enfants montèrent, je retins mon souffle. L'avion décolla. Nous ignorions où nous allions. On savait qu'une seule chose: nous avions abandonné Rhino. Une larme me coula sur la joue mais je m'en remis aussitôt.

« Chikidé ! me souffla Natacha. Je sais où on va! »- Quoi? soufflais-je du plus bas possible, de peur d'être entendu.- Oui, nous allons à Humasaca, une autre ville de Guinée, j'ai entendu parler le pilote, tout à

l'heure. Ma mère habite là-bas. C'est une ville où il n'y a pas de camp.- Ce qui veut dire que les enfants qui sont dans l'avion avec nous sont redéposés dans leur

famille?- Oui, c'est ça. Ou plutôt une famille d'accueil. »Natacha me serra dans ses bras. Je pleurai de soulagement. Le soir venu, l'avion se posa

directement sur le Terre d'Humasaca colorée par le soleil couchant d'automne. Nous descendîmes discrètement par une trappe ouverte derrière nous une fois l'immense oiseau blanc vide. Natacha dût retourner chez sa mère. Je me trouvai seul, sans destination possible. Des semaines passèrent et je fus placé dans un orphelinat. Puis inscrit aux cours d’escalade en guise de thérapie. J’avais bien remarqué déjà ton agilité et ta jolie chevelure.Et là, aujourd’hui, je te parle.

Je versai une larme. Il vit que j'avais de la peine pour lui. Alors, il approcha doucement sa bouche de mes lèvres, et tenta un baiser tout timide.

Auteurs: Astrid Plumereau-Orry et Améline Grellier

Je veux être libre !

J'habite un petit village de Bretagne près de la mer. Cette semaine, Marie revient. Elle est infirmière du collège mais aussi pour médecins sans frontière. Il y a quelques mois, la jeune femme est partie en Afghanistan aider les victimes de la guerre. Aujourd'hui, c'est la rentrée et Marie raconte son histoire aux élèves du collège. Mes amies et moi sommes assises et attendons patiemment son arrivée. Mais surprise ! Elle n'est pas seule : un nouveau-né dort dans ses bras… nous découvrons alors son histoire.

Karim a vu le jour dans une famille afghane qui vivait dans le dénuement le plus complet. Son père était rebelle. Il cachait des armes dans le double fond de l'unique armoire de la maison pour préparer une attaque contre les Talibans avec l'aide des insurgés du quartier. Sa mère restait au foyer avec Karim, ne pouvant sortir à cause des Talibans. Elle était épuisée par son accouchement récent. La jeune maman avait eu de la chance. Contrairement à la plupart des femmes, Nooria avait enfanté avec mon aide. En général, les futures mères n'avaient pas ce privilège. Elles accouchaient dans d'atroces souffrances. Beaucoup mourraient en couches ou perdaient leur enfant à la naissance. Cette famille vivait pauvrement mais arrivait à s'en sortir grâce aux petits boulots du père, Mohamed.

Dimanche. Nuit noire. Soir de l'attaque. Il revint. Couvert de sang:« Fuyez ! Ils arrivent … Partez sans moi, vite... «

Puis dans un dernier souffle :« Je vous aime « Et regardant Nooria dans les yeux, il murmura : « Prends soin de notre fils « Nooria éclata en sanglot et s'agenouilla près de son mari mort sur le pas de la porte.

Lentement, elle prit l'enfant dans ses bras, rassembla les seuls biens qu'ils possédaient, prit les maigres provisions qui restaient et sortit. La jeune femme se retourna, jeta un dernier coup d'œil à sa vie d'avant et serra Karim contre elle.

Nooria s'enfonça dans les ruelles obscures et désolées. La mère n'entendait que le souffle léger de son fils. L'atmosphère était lourde et pesante, comme le calme après la tempête. La jeune femme trouva enfin un refuge après plusieurs heures d'errance. Elle posa son bébé sur le grabat situé dans un coin de la pièce. Le taudis suintait l'humidité. Il était sombre et dégageait une odeur pestilentielle, dû à la moisissure qui recouvrait la totalité de la pièce. Des rongeurs entraient par les nombreuses fissures de la bâtisse en ruine. On ne distinguait que leurs minuscules yeux rouges qui luisaient dans l'obscurité. Nooria frissonna. Elle devait trouver une solution pour survivre. Vite. Il fallait que Karim quitte ce pays de misère et de désolation. Tel était la dernière volonté de Mohammed. « Mais comment faire avec les talibans à nos trousses ? »

Elle court, serre son fils contre son cœur. Il pleure. PAN ! PAN! Des bruits résonnent à ses oreilles. Des balles fusent dans tous les sens. Nooria entend tout. Les cris, les pleurs, les sanglots, le souffle de ses poursuivants tout près d'elle. Son cœur tambourine à toute vitesse. Dans sa course, trébuche. Se relève. Retombe. Son genou saigne. La jeune femme est couverte d'écorchures. Heureusement, Karim n'a rien. C'est tout ce qui compte. Ses cheveux lui fouettent le visage. Il faut qu'ils y arrivent. Coûte que coûte. Pour Karim, pour Mohamed. Elle arrive enfin au lieu de rendez-vous, m'aperçoit et s’élance dans ma direction. Je l'attends près d'un arbre, fébrile. La maman me donne son enfant et crie :

« Prends Karim ! Cours ! Ils arrivent... il est tout ce qu'il me reste, prends soin de lui... »Les Talibans nous aperçoivent et courent vers nous.« Nooria, viens avec nous ! Vite ! » m'exclamai-je.Elle riposta :« Partez ! Je vous rejoins. Je vais faire diversion. »Je courus de toutes mes forces. Soudain, un coup de feu plus habile que les autres retentit

dans la nuit noire. J'entendis un cri perçant qui me glaça le sang, me retournai, fus prise de terreur.Seule la lune argentée éclairait le corps ensanglanté de Nooria. Avec le peu de vie qui lui restait, elle chuchota :

« Ne relâche pas tes efforts, mon fils... Bats-toi car personne n'est jamais écrasé par la défaite sauf ceux qui ont perdu l'espoir. ». Puis, tournant son regard vers les cieux, la mourante acheva d'un ton enflammé :

« J'ai exaucé tes dernières volontés, Mohamed... »Tout cela s'était passé en quelques secondes. Cependant, nos traqueurs se rapprochaient dangereusement. Je m'engouffrai dans le pick-up qui m'attendait. Nous partîmes à toute vitesse.

Marie pleure à chaude larmes. La plupart des élèves l'imitent, bouleversés. Nous ne savions pas que de telles horreurs peuvent exister. Je lève la main, curieuse :

« Marie, comment as-tu su que tu devais aller chercher Karim ?- Après avoir trouvé un refuge, Nooria est venue me voir pour me parler de sa misère,

mais surtout de Karim. Elle était paniquée. Elle voulait que j'emmène le bébé en France avec moi. Nous avons donc conclu un rendez-vous. Elle espérait qu'il ait une vie meilleure.

- Que vas-tu faire maintenant ?- Je vais m'en occuper et offrir à ce petit bonhomme la vie que ses parents voulaient pour lui. ».

Auteurs : Mathilde du Puy de Goyne, Clélie Tanché, Emmie Valleise, Célia Roger

35 kg d'espoir

Moi, Amine, 15 ans, je vivais désormais une vie paisible, maintenant que la guerre était finie... Mais parfois, dans mes pensées, mon passé que j'essayais d'enfouir le plus loin possible au fond de mon cœur, remontait et me faisait verser quelques larmes...

6 mois plus tôt

Le professeur de maths faisait toujours crisser ses craies sur le tableau, barbouillé de calculs qui m'étaient pour la plupart purement inconnus...L'école était pour moi un ennui perpétuel, qui ne faisait que me gâcher beaucoup de mes journées. J'étais à moitié endormi, quand soudain, on frappa à la porte, comme d'habitude, chaque élève se levait, y compris les plus turbulents, soucieux de ne pas écoper de graves sanctions.C'était le directeur qui se tenait là, sur le pas de la porte.Il me fixa, pendant une demi-seconde, avant de prendre la parole :« - Mr Ben Belkacem, suivez-moi s'il vous plaît... »Sans dire un mot, je m'étais levé et j'avais suivi le directeur. Nous traversâmes un dédale de couloirs avant d'arriver à une porte orné de l'inscription 'Direction'. Je ne comprenais pas, qu'avais fais-je de mal ? Mais le principal interrompit ma rêverie en me faisait comprendre par un simple signe de main que je devais m'assoir.De sa voix stridente, il prit la parole :« - J'ai reçu un appel téléphonique du front...Ils étaient vers Syrte, ils ont subi de lourdes pertes en essayant de prendre le centre-ville. »Au fur et à mesure, je commençais à comprendre, mais je ne voulais pas y penser, encore moins y croire. Sans attendre, le directeur marmonna, d'une voix morose et sincère :« - Votre frère est mort. Désolé. »C'était comme si on m'avait donné un énorme coup dans la tempe. J'étais abattu, tel un bébé à qui on retire sa mère. Mon frère ne pouvait pas mourir, il avait libéré Ras Lanouf, repris Adjabiya, et attaqué Benghazi, il était trop fort pour mourir, trop jeune aussi...« J'ai cru comprendre que votre mère était décédée elle aussi, je vous ai donc immédiatement placé dans une famille d'accueil étant donné que votre père est lui aussi sur le front. Vous rejoindrez cette famille dès demain ».En sortant de la pièce, il ajouta :« Il n'y a pas de victoire sans sacrifice mon enfant ».

23 jours plus tard

J'étais à Misratah, je n'avais rien avalé depuis plus de vingt-quatre heures maintenant, je devais peser moins de 35 kg. Dès le 3ème jour, j'avais fui ma famille d'accueil, j'étais parti, j'avais marché, longtemps et désespérément à la recherche de mon père, dont on n'avait reçu aucune nouvelle depuis plus d'un mois. Heureusement, à l'entrée de la ville, un insurgé m'avait pris sous son aile, ne pouvant m'abandonner. De temps en temps, on pouvait entendre quelques rafales d'armes automatiques, qui n'atteignaient jamais leurs cibles. Soudain, un bruit assourdissant retentit, tout en creusant un impact dans le mur situé juste derrière moi … J'avais failli mourir ! Pas le temps de rêver, je me mis derrière un mur, bien à couvert. Heureusement, les militaires avec qui j'étais avaient pu localiser l'endroit d'où provenait le tir. Un homme qui devait être le chef, s'approcha d'un trou dans le mur pour observer l'avenue qui nous faisait face, et tout au bout, l'endroit où se trouvaient les ennemis, dans un immeuble à 300 mètres au moins de notre position à vue d'œil. Derrière moi, des insurgés discutaient entres eux, je crois qu'ils étaient en train de prévoir une riposte, quand un homme d'environ 45 ans, le plus âgé d'entre eux certainement, prit la parole.

« J'irai, j'irai les tuer, donnez-moi un lance-roquettes, qu'on en finisse. Vous êtes trop jeunes pour mourir, j'ai fait une grosse partie de ma vie, vous avez encore la vôtre à faire … ».Il prit l'arme, invoqua Allah, puis sortit, à découvert en tirant une roquette, ce qui produisit un bruit d'une puissance extraordinaire, puis s'écroula, la tête contre le sol … Du sang coulait sous son cadavre inerte. Il était mort. Ce ne fut seulement qu'à ce moment que je compris que la guerre était la pire des horreurs, et que les hommes étaient fait pour s'aimer, pas pour se battre. Une vision m'apparut, je voyais mon père, à la place de l'homme qui venait de mourir, répétant les mêmes paroles et faisant les mêmes gestes. Et si mon père avait fini de la même façon... Le bruit du lance-roquettes avait couvert celui de la balle tirée en pleine tête sur ce pauvre homme par un tireur embusqué. Cependant, qu'Allah remercie cet homme brave qui venait de mourir sous mes yeux, il avait détruit l'immeuble d'où les balles fusaient, à l'autre bout de la rue. Ce fut un calme qui s'installa, personne n'osa parler, restant abasourdis par le drame qui venait de se dérouler...

3 jours plus tardJe commençais à devenir insensible à tous ces cadavres, ce malheur et cette violence perpétuelle qui s'étalait sous mes yeux. Cela faisait maintenant trois jours que je combattais contre les milices de Kadhafi dans Misratah. Non seulement, tous les jours il y avait des morts, mais les habitants souffraient aussi, alors qu'ils étaient purement innocents. Ici, on entendait dire que plus au Nord de la ville, les kadhafistes avaient enlevé des enfants à leurs parents, des femmes avaient été violées... La population souffrait, les femmes faisaient des kilomètres pour aller chercher de l'eau à peu près potable. Les conditions de vie étaient dégradées et il manquait de tout, il n'y avait pas de pain, pas de viande, pas d'essence, et bien d'autres choses encore, ce qui rendait la vie impossible.Mon escouade avait réussi à trouver une Jeep avec un réservoir à moitié plein, ce qui était déjà exceptionnel ! On patrouillait dans la ville, tout en étant précautionneux et sur nos gardes, car, nul part dans cette ville on ne pouvait être en sécurité. Nous croisâmes une autre Jeep, sur laquelle flottait le drapeau des rebelles. Notre conducteur et celui de la Jeep discutèrent ensemble dans un dialecte tribal dont je ne saisissais pas un traitre mot. Notre chauffeur nous traduisit enfin la conversation :« Ils ont repris l'ouest de la ville, ils arrivent droit vers nous... Avec des tanks, des avions, des véhicules blindés, on a déjà de lourdes pertes dans cette zone. Plus de 25 hommes, déjà... »Plusieurs hommes commencèrent à prier en marmonnant quelques phrases à travers leurs barbes… Un de ces derniers, que j'avais remarqué depuis le début, sortit une photo et me la tendit... J'étais stupéfait... Je me reconnus parfaitement, devant ma maison natale de Adjabiya, à mes côtés se trouvait un homme dont le visage me disait quelques chose, mais vaguement, et de l'autre côté, mon père. Mais comment cet homme, dont je ne connaissais rien, pouvait détenir une photo de nous ? «Comment avez-vous obtenu cette photo ?» lui demandai-je. Est-ce que vous nous connaissez ? Qui êtes-vous ? Connaissez-vous mon père ? Et mon frère ? Vous le connaissez aussi ?» Que de questions qui fusaient dans ma tête ! Dans cet univers si violent, une lueur d'humanité perla des yeux de l'homme, il pleurait. L'émotion était insoutenable. « Ecoute-moi» dit-il. «J'ai rencontré il y a six mois, dans un hôpital de Syrte, un homme courageux, qui, juste avant de mourir, m'a donné cette photo avec le nom de sa famille. Depuis plusieurs jours que je t'observe, j'ai enfin compris que le ciel m'avait mis sur le chemin de ce frère tant recherché. Tu peux être fier de lui.» Incroyable scénario pour moi. Jamais je n'aurais imaginé cela 6 mois plus tôt, dans le bureau de ce professeur, m'annonçant cette terrible nouvelle. « Mais de mon père, as-tu des nouvelles ?

- Mes larmes ne sont pas pour les morts mais pour les vivants ! Vivant ! Ton père est vivant ! Caché dans un village du sud, c'est ce que ton frère m'a confié avant sa mort»

Abasourdi, j'étais submergé d'une émotion incroyable. L'espoir revenait, la vie réapparaissait pour moi au bout de ces six mois si sombre qui avaient pour moi un enfer.

Un mois plus tard, la guerre était finie. J'avais retrouvé mon père dans une petite maison d'un village du sud où nous allions pouvoir enfin vivre, après cet enfer, revivre...

Auteur : Gabin Gautereaud

La destinée

Je vais vous raconter la tragique histoire d'Abdallah et de Kassem que j'ai lue dans le quotidien « 20 minutes ». Cette histoire se déroule en Afghanistan, puis au Pakistan.

Abdallah, un enfant de 16 ans vit avec son père, étant orphelin de mère. Chaque matin, il va cultiver le maïs avec son père et revient chez au coucher du soleil. Quoiqu’analphabète, il aime la culture de la terre et la considère plus comme un passe-temps que comme une corvée. Abdallah et son père se nourrissent très modestement mais ils sont heureux. Quelques fois, pendant leur temps libre, Abdallah et son père jouaient à cache-cache ou au chaturanga, un cousin asiatique des échecs.

Un jour, le père d'Abdallah partit labourer comme chaque jour les champs et sauta sur une mine antipersonnel. En entendant le bruit, Abdallah accourut vers son père à qui il manquait tous les membres. Le père d'Abdallah, agonisant, supplia son fils de vendre les champs pour éviter qu'il lui arrive la même chose. Après avoir terminé sa phrase, le père d'Abdallah mourut. Abdallah resta dans la maison familiale jusqu'à l'aube. Le matin, Abdallah put facilement vendre la maison qui appartenait à la famille depuis plusieurs siècles. Étant devenu clochard, Abdallah rencontra sur sa route des recruteurs d'enfants soldats qui travaillent pour Sultan Hamid, un opposant des talibans. Au début, Abdallah ne voulut pas s'engager avec cette milice, craignant de devoir tuer des personnes. Sultan Hamid, voyant Abdallah hésitant, lui donna des stupéfiants en lui faisant croire que c'est un bonbon. Abdallah, sous l'emprise de la drogue, accepta de devenir enfant-soldat.

Une semaine plus tard, Abdallah embarqua dans un camion rempli de jeunes mercenaires pour aller combattre les talibans. Sur le champ de bataille, Abdallah rencontra Kassem, 16 ans qui combattait pour les talibans. Le lendemain, Abdallah et Kassem devinrent inséparables. Chacun d'eux réfléchit pour élaborer un plan et ainsi fuir les crimes commis en ce moment en Afghanistan par les deux belligérants, Sultan Hamid et les talibans.

Ayant fui les combats jusqu'au Pakistan voisin, Kassem dit alors à Abdallah « C'est depuis deux ans que je combats Sultan Hamid pour gagner de l'argent depuis le meurtre de mon père par le Sultan Hamid ». Abdallah lui dit alors « Moi aussi, mon père est mort, mais en sautant sur une mine antipersonnel posée par les talibans ». Après avoir terminé leur discussion, Abdallah et Kassem décidèrent de passer la nuit dans un jardin public abandonné. Le matin, ils se réveillèrent et trouvèrent à

leurs pieds 100 billets de roupie. Ayant ramassé l'argent, Abdallah et Kassem décidèrent d'aller à la poursuite de la personne qui avait perdu cette telle somme. N'ayant pas trouvé le propriétaire des 100 roupies, Abdallah et Kassem décidèrent de garder la ladite somme jusqu'au matin ou ils iraient au service municipal des objets trouvés. Le matin, ils demandèrent à une personne où était située la mairie. Cette personne, qui avait une voiture, leur proposa de les emmener à la mairie, ce qu'ils acceptèrent. Arrivés à la mairie, Abdallah et Kassem demandèrent à l'inconnu pourquoi il les suivait. Il leur dit alors que depuis deux jours, il recherchait 100 billets de roupie. Abdallah et Kassem dirent à l'inconnu qu'ils avaient trouvé une telle somme dans un parc public abandonné. L'inconnu leur dit qu'il était bel et bien passé par là et avoir même vu deux jeunes qui leurs ressemblaient et qui dormaient sur un banc délabré. Ayant compris que c'est bien l'inconnu qui est le propriétaire des 100 roupies, Abdallah et Kassem lui donnèrent son argent.

Pour les remercier, l'inconnu, qui était un journaliste et qui s'appelait Hassan, leur déclara qu'il va publier le récit de leur vie respective dans le journal où il travaille. Ils acceptèrent sa proposition et chacun d'eux commença à raconter sa propre histoire. Le lendemain, jour de publication du journal contenant leur biographie, la quasi-totalité des 177 163 321 habitants du Pakistan avait acheté le journal. Mais les talibans pakistanais n'étaient pas de cet avis. Ces derniers décidèrent de s'attaquer à toutes les librairies qui vendaient le journal de Hassan. Dans la maison où habitaient Kassem, Abdallah et Hassan explosa une voiture piégée. Kassem et Abdallah furent gravement blessés et Hassan mourut sur le champ. L'attaque fut même revendiquée par les talibans pakistanais, qui étaient si fiers de ce qu'ils avaient fait. Après avoir été soignés dans des conditions déplorables, Kassem et Abdallah décidèrent d'aller jusqu'à Karachi. Là, ils montèrent clandestinement dans un cargo en partance pour la France. Quand le cargo arriva en France, Abdallah et Kassem descendit du navire la nuit, pour ne pas se faire repérer. La nuit, ils trouvèrent sur leur route un clochard qui leur dit où se trouvait l'association de défense des réfugiés politiques. Ayant un interprète afghan, l'association put comprendre l'histoire d'Abdallah et de Kassem déposa leur dossier à la préfecture en dans le but que Abdallah et Kassem obtiennent un titre de séjour en tant que réfugiés politiques, maintenant qu'ils ont 18 ans. Grâce à l'association, Abdallah et Kassem purent rester en France et tout le monde put savoir leur histoire.

Voilà, je vais prendre un café pour me changer les idées.

Auteur : BENKHELIFA Mohamed

Bassecou

Ce matin, c'est la grève il n'y a pas cours. Je me retrouve avec Antoine devant la télévision, lorsque la télécommande tombe en panne. Nous sommes bloqués sur la chaîne d'infos en continue qui diffuse un documentaire sur la République Démocratique du Congo actuellement en guerre. Un jeune homme raconte ce qui a bouleversé sa vie.

« Je m'appelle Bassecou. Jusqu’à présent, je n'ai jamais voulu me remémorer ces souvenirs qui me rappelaient les horreurs, que j'ai vécues en République Démocratique du Congo pendant la guerre, alors que je n'étais qu'un enfant. Comme tous les jours, pendant les vacances, je me retrouvais sur le terrain vague du village de Ramba Chintanga avec mes amis Salimou et Bambo. Nous avions un rêve en commun : jouer dans l'équipe nationale de République Démocratique du Congo. Alors tous les jours nous nous entraînions au football. Mais un jour, ma vie bascula. Une fois la partie terminée, ballon à la main, je pris le chemin du retour. Arrivé chez moi, comme d'habitude je criai à mes parents :

« Salut papa ! Salut maman ! »Quand soudain, un bruit déchira mes tympans. Puis une voix, très lointaine me cria :

« Cours Bassecou, cours »

La voix se tut et je me figeai. C'était la voix de mon père. La deuxième détonation me fit réagir. Je courus tout droit. Et, comme attiré par une force, je me retrouvai devant la maison de ma grand-mère. J'ouvris la porte sans prononcer un mot. Je m'assis sur ses genoux et je pleurai pendant un long moment. Quand j'eus fini de lui raconter ce qui s’était passé, elle se leva sans un mot et prit une petite bourse où il y avait ses économies. Elle me la donna et me dit de partir rejoindre mes cousins sur les rives du lac Kutu. Elle m'expliqua que mes cousins me recueilleraient sans aucun doute et que je ne devais pas m'inquiéter. Je partis donc dans la direction que ma grand-mère m'indiquait. J'avais toujours mon ballon à la main.

Après une très longue marche dans la chaleur et sous un soleil de plomb, une explosion retentit. Je courus jusqu'au village le plus proche qui n'était plus que chaos et désolation. Les ruines fumaient encore. Il y régnait une atmosphère froide. On n’entendait que les cris de souffrance des personnes blessées et des quelques vagabonds qui traînaient dans la rue. Après un petit temps de repos, je me décidais à quitter le village.

La nuit tombée, je m'arrêtais pour dormir sur un petit tas de paille. Je serrais très fort mon ballon ; c’était ce ballon qui me donnait la force d'avancer. Apres une nuit douloureuse, je mangeais mes provisions. Là, soudain j'en étais sûr quelqu'un ou quelque chose me regardait. Je déposai par terre un petit bout de pain, et m'éloignai puis me dissimulai derrière des ruines. Alors un petit garçon sauta sur mon petit bout de pain et le dévora. Comme je m’approchai il s'enfuit. Je lui criai :« Reviens, ne t'enfuis pas, j'ai d’autres choses à te donner Il s'approcha méfiant et me répondit :- J'ai faim.- Tiens un bout de pain.- Comment t'appelles-tu ?- Mustafa. Je peux jouer avec ton ballon ?- Oui, bien sûr. Je lui lançai le ballon et nous jouâmes pendant au moins une heure, puis je lui dis. - Où sont tes parents ?- Ils sont morts devant moi, des soldats les ont tués.- Veux-tu venir avec moi chez mes cousins ? - Oui je veux bien.- Alors, suis-moi. On y va. »Nous reprîmes la route tous les deux, il courait gaiement devant moi.

A la tombée de la nuit, nous aperçûmes un barrage de soldats qui bloquait la route pour aller au village. Un détour était impossible car nous manquions de vivres. Pour nous faufiler, nous devions attendre la nuit profonde. Nous nous faufilâmes entre les branchages. Soudain, un tir retentit et Mustafa s'effondra par terre. Une balle perdue avait éraflé son épaule. Après avoir porté Mustafa jusqu'à un arbre, je courus en direction du village. Je profitai de la diversion des habitants pour rentrer dans le village pour trouver de l'aide. Je trouvai un marchand avec sa charrette, je l'appelai pour lui demander de l'aide mais il continua sa route avec indifférence. Je le suppliais de s'arrêter, puis quelques mètres plus tard, il fit demi-tour et me demanda pourquoi j'avais besoin de son aide. Je lui demandais de sauver mon ami et de nous emmener au village de mes cousins, ce qu'il fit avec une mauvaise volonté. Nous retrouvâmes Mustafa, il m’aida à le mettre sur sa charrette. Puis il nous emmena au village. Ce périple nous sembla durer une éternité mais nous finîmes par atteindre notre but.

Arrivés au village, nous cherchâmes la maison de mes cousins, ils étaient en train de manger Je ne les avais vus que deux fois mais je les reconnus du premier coup d'œil. Nous rentrâmes et j'expliquai à mon oncle notre terrible histoire. Ils soignèrent Mustafa. Puis un soir, mon oncle me dit, qu'il voulait bien nous garder, nous irions à l'école, par contre, nous devions participer aux tâches de la maison et rapporter un peu d'argent. Un jour que nous rentrions de l'école avec Mustafa, mon ballon n'était plus dans le placard. Dehors, un bruit retentit. Je sortis et vis mon ballon dans les bras d’un garçon. C'était Salimou accompagné de Bambo, il habitait chez leurs grands-parents à cause de la guerre. Nous fîmes une partie de football et décidâmes de créer une équipe de football. À quatre, Salimou, Bambo, Mustafa et moi. Plus tard nous jouâmes contre d'autres équipes et nous gagnâmes beaucoup de matchs.

Voici mon histoire. Ses yeux se remplissaient de larmes.

Le documentaire est terminé mais il est déjà l’heure pour Antoine de partir.Depuis ce jour-là, nous avons un autre regard sur ce qui se passe dans le monde. Après avoir lu cette histoire, nous espérons que votre regard changera comme le nôtre.

Auteur : Quentin BOUARD, Antoine LEBIHEN

Les Fils De Rafa

Aujourd'hui, un copain m'a invité chez lui. En entrant dans sa chambre, je me suis mis à jouer à «Call Of Duty Modern Warfare 3». Mon ami m'a dit :« Tu sais, Michou, ce jeu est inspiré de la réalité ; même des enfants comme nous vont à la guerre dans certains pays. - Ah bon ? Es-tu certain que cela arrive vraiment ?- Je vais te le prouver avec des documents issus d'internet ».Alors, Jean-Claude alla sur Internet et me montra des images, des vidéos et des textes vraiment très choquants. De retour chez moi, frustré par ce que m'avait montré Jean-Claude, je décidai d'écrire un livre pour dénoncer et montrer les horreurs que vit un enfant-soldat au quotidien. Alors, je me suis mis à écrire une nouvelle à l'aide de vrais documents. Cette nouvelle sera racontée à travers un personnage nommé « Tilone » …

« Salut, moi c'est Tilone Abed Atieh. J'ai quinze ans. Je suis un enfant-soldat ; des soldats Israéliens ont tués mes parents sous mes yeux et m'ont enrôlé de force dans l'armée, malheureusement, je ne suis pas le seul dans ce cas. Toutes les semaines, des adultes nous attachent, mes compagnons et moi pour nous faire des piqûres de drogue pour éviter que nous nous rebellions. Mais, heureusement, j'ai réussi à m'échapper puis j'ai rejoint la Shebab pour me venger des Israéliens. Notre camp militaire est établi dans la ville de Rafa. Dans cette ville, il règne un climat tendu. Il est difficile de s’y déplacer car il y règne une tempête de sable quasi-permanente. Tout allait bien, on patrouillait régulièrement dans la ville pour la sécuriser ; jusqu'au jour où on a dût partir de cette ville pour aller guerroyer contre l'armée Israélienne à la frontière de Gaza. Nous dûmes traverser des petits déserts et de grandes routes sèches et arides en Jeep. Cela nous pris quelques heures mais ce dur trajet n'était rien à l'idée de guerroyer. On aperçut au loin les premiers bâtiments Israélien puis, plus rien. Nous étions aveuglés ; des coups de feu surgirent de partout. Nous avions été pris dans une embuscade. Dans cette embuscade sanglante, je reconnus les assassins de mes parents ce qui provoqua en moi une tristesse et une fureur que je n'avais pas ressentie depuis des années. Mes compagnons, armés de AK-47 étaient en train de repousser l'embuscade pendant que je tirais sauvagement sur les assassins de mes parents. Nous réussîmes à repousser l'embuscade mais cela fut rude. A la fin, il ne restait plus qu'une dizaine de mes compagnons et

moi-même alors qu'une centaine de mes coéquipiers avaient péri au combat. Après cette sournoise embuscade, nous installâmes un campement rudimentaire à quelques kilomètres de la frontière. Pendant une nuit fraîche, alors que nous dormions tous, un petit groupe militaire d’Israéliens a surgi dans notre camp et nous a tous capturés puis, plus rien. Mes compagnons et moi nous nous sommes réveillés dans une camionnette grillagée de l'armée Israélienne lorsque j'aperçus le panneau : « PRISON DE LA VILLE DE BEERSHEBA ». Des Israéliens nous ont déchargés de la camionnette puis nous ont mis en cellule.

Trois semaines passèrent ….

Un matin, dans notre cellule, alors que mes compagnons et moi nous nous réveillons, le sol se déroba sous nos pieds. Nous vîmes Moïse, Abraham et Jésus, trois de mes compagnons qui n'avaient pas été enlevés et qui étaient venus à notre rescousse. Ils avaient creusé des souterrains sous la prison afin de nous délivrer et nous emmenèrent hors des souterrains à plusieurs centaines de mètres de la prison. En sortant des souterrains, je dis à Jésus :

– « Jésus, tu es notre sauveur ! »– « C'est surtout grâce à Moïse et Abraham et quelques autres volontaires qui ont creusés les

souterrains; je me suis juste contenté de placer les explosifs sous votre cellule. Comment s'est passé votre lugubre séjour en prison? »

– « Très mal, les gardiens nous traitaient comme des chiens, ils nous mettaient des coups de fouets à chaque fois que l'on ouvrait la bouche, de plus, ils nous donnaient pour nourriture un bout de pain rassis par jour. Ces trois semaines ont été longues. »

– « Nous allons vous indiquer notre campement le plus proche pour vous mettre à l'abri. »– « D'accord nous vous suivons. »

Abraham me donna une carte ou était indiqué le campement. Je dus donc emmener les miens à ce campement. Une fois arrivé, j'aperçus des tentes entourées d'une muraille en bois et quatre tours de guets où il y avait des guetteurs armés de snipers. On attribua une tente à mes compagnons et moi. Un mois plus tard, un camion nous ramena dans notre ville d'origine, Rafa. A l'arrivée, les citoyens de la ville nous attribuèrent un tonnerre d'applaudissements. Quelques heures plus tard, notre chef nous appris que le groupe de la Shebab de cette ville allait être démantelée suite au nombre impressionnant de soldats que nous avons perdus au cours de cette mission. Cette triste nouvelle m'acheva, je dis au revoir à mes compagnons qui m'avaient aidé et soutenu tout au long de mon engagement dans la Shebab. Puis je partis, triste et malheureux, vagabonder dans les rues de Rafa. Après plusieurs jours de vagabondage, une association me recueillit et me proposa d'être adopté par une famille européenne. N'ayant rien à perdre, j'acceptai. En attendant qu'une famille veuille bien de moi, l'association me fit séjourner dans son orphelinat. Au bout de trois mois, on m’apprit qu'une famille voulait bien m'adopter, Toutes les démarches administratives de mon adoption prirent un an. Puis je jour « J » arriva, je vis pour la première fois la famille qui m'avait adopté, ils étaient venus à la bande de Gaza juste pour moi. En les apercevant, je fus touché par une émotion qui m'était inconnue, elle ressemblait à une immense vague de chaleur qui m'envahissait progressivement. Après les présentations, ils m'emmenèrent à l'aéroport où l'on prit un avion en direction de Paris. Une fois arrivé à Paris, je fus émerveillé par toutes ses grandes rues et ses immenses bâtiments que l'on nomme « building ». Après une courte visite de la ville nous arrivâmes dans un quartier de Paris avec des façades en pierre sculptées et de magnifiques balcons fleuris. Ma nouvelle famille et moi rentrâmes dans un des bâtiments et ma famille s'exclama :

– « Bienvenue chez toi, tu fais maintenant partie des nôtres ! Une nouvelle vie s'offre à toi! »

– « Alors P'pa et M'man, mon histoire vous à plus? »– « Oui mon petit cœur, elle était très bien ton histoire. »– « Mais vous savez, dans mon histoire tout se finit bien mais dans la réalité, généralement

les choses ne se finissent pas aussi bien... »– « Oui on sait, mais il ne faut pas que ton histoire soit trop choquante, donc tu as bien fait.

»– « Merci de m'encourager. Dès demain, je montre mon histoire à Jean-Claude! »

– « Si tu veux, je suis sûr qu'il va adorer. »Alors, dès le lendemain matin, je me rendis chez Jean-Claude qui lut mon histoire et depuis, il ne regarde plus les jeux vidéo de guerres de la même façon...

Auteurs : Benjamin Fournier/ Alphonse Bui