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Le journal de l'IRD Éditorial n° 42 - novembre/décembre 2007 3,81 bimestriel ponsables des épidémies répertoriées depuis 2001, les chercheurs ont décou- vert qu’elles relevaient bien de la lignée A jusqu’en 2003, mais que les deux derniers épisodes, en 2003 et en 2005 au Congo Brazzaville, étaient le fait d’un virus appartenant à la lignée B. Une même analyse, menée à partir d’une autre séquence du génome viral codant cette fois-ci la nucléoprotéine (NP), a établi que les souches virales impliquées dans les épidémies de 2001 à 2003 appartenaient toutes à la lignée B, non à la lignée A. Selon les chercheurs, ces résultats contradictoires apportent en fait la preuve que les souches sauvages du virus Ebola ont la capacité d’échanger du matériel génétique via des phéno- mènes de recombinaison. Les souches virales responsables des épidémies sur- venues entre 2001 et 2003 au Gabon et au Congo Brazzaville résulteraient alors de la recombinaison génétique entre les souches de la lignée A (épidé- mies entre 1976 et 1996) et les P our comprendre les méca- nismes d’action du redou- table virus Ebola, les scienti- fiques recueillent des échantillons de matériel génétique (ARN viral) lors de chaque épidémie. Jusqu’à présent, Ils n’étaient parvenus à identifier que 12 séquences de gènes codant la gly- coprotéine (GP) 2 du virus et pensaient que toutes les épidémies, depuis la pre- mière en 1976, étaient le fait d’une même lignée de virus. Les récentes découvertes d’une équipe de l’IRD et du CIRMF remettent en cause cette hypothèse. Ces scientifiques ont collecté entre 2001 et 2006 des cadavres de primates au Gabon et au Congo Brazzaville. Sur sur dépouilles de gorilles et une de chimpanzé, ils sont parvenus à déceler les séquences d’ARN codant la glycoprotéine virale. Mais leur analyse phylogénétique a révélé que le virus appartenait à une nouvelle lignée du virus Zaïre 3 , laquelle a été baptisée lignée B4. En soumettant à l’analyse phylogénétique les séquences GP des souches virales res- L a question des changements globaux, climatiques et environnementaux, induits par les activités humaines a été mise sur le devant de la scène par deux événements récents : en octobre dernier, le Prix Nobel de la Paix était attribué au Groupe Intergouvernemental d’experts sur l’Évolution du Climat (GIEC) et à Al Gore, ancien vice-président des États-Unis d’Amérique « pour leurs efforts de collecte et de diffusion des connaissances sur les changements climatiques provoqués par l’Homme et pour avoir posé les fondements pour les mesures nécessaires à la lutte contre ces changements » ; en décembre s’est tenue à Bali la conférence de l’ONU sur les changements climatiques, qui s’est achevée par la conclusion d’un accord a minima lançant les négociations sur le futur régime “post-Kyoto” de lutte contre le réchauffement climatique. À travers le GIEC, un large consensus existe aujourd’hui au sein de la communauté scientifique sur la réalité de ces changements, en particulier dans les régions intertropicales et méditerranéennes où interviennent, en partenariat, les équipes de l’IRD. Cette réalité devient l’une des toutes premières urgences de nos partenaires, du Sud comme du Nord. Elle est au cœur de l’une des six thématiques prioritaires du contrat d’objectifs de l’institut. Quatre grands défis doivent être relevés dans cette thématique, par essence interdisciplinaire : la compréhension et la représentation dans les modèles de certains processus géophysiques et biogéochimiques encore mal connus, mais, a priori, Le changement climatique au cœur de l’agenda international Ebola Une nouvelle lignée du virus Des chercheurs de l’IRD et du CIRMF 1 ont mis en évidence l’existence d’une nouvelle lignée génétique du virus Ebola chez les grands singes. Leurs travaux révèlent en outre l’inattendu et inquiétant potentiel de recombinaison génétique du virus. par Pierre Soler Directeur du département Milieux et Environnement © A. Aing souches de la lignée B (épidémies 2003 et 2005 et mortalités des grands singes). Ce phénomène de recombinai- son génétique, jamais décrit dans cette famille de virus, apporte de nouveaux éléments quant à l’émergence des épi- démies. Il suggère aussi que des souches beaucoup moins pathogènes, et encore inconnues à ce jour, circule- raient dans la nature. Enfin, il contrarie la perspective d’élaborer des vaccins vivants atténués prémunissant d’Ebola. Le virus atténué pourrait en effet s’hy- brider avec l’une des souches sauvages du virus et ainsi donner naissance à un nouveau virus pathogène. 1. Centre international de recherches médi- cales de Franceville au Gabon. 2. Une structure moléculaire de l’enveloppe du virus, qui lui permet d’abuser les défenses immunitaires et de pénétrer et infecter une cellule. 3. Espèce la plus virulente du virus Ebola, res- ponsable de 88 % des cas mortels de la maladie chez l’homme. 4. Par opposition à la seule connue jusque-là, désignée comme lignée A. Contact Éric Leroy [email protected] En savoir plus T. J. Wittmann, R. Biek, A. Hassanin, P. Rouquet, P. Reed, P. Yaba, X. Pourrut, L. Real, J.-P. Gonzalez, et E. M. Leroy, First isolates of Zaire Ebolavirus from wild apes reveal new genetic lineage and recombinants PNAS USA, 2007 doi_10.1073_pnas.0704076104 Entretien avec Jean-François Girard Pas d’aide au développement sans recherche Vous venez d’être reconduit pour un troisième mandat à la présidence de l’IRD. C’est d’abord l’occasion de faire le point sur les trois années qui viennent de s’écouler avec la signa- ture d’un nouveau contrat d’objec- tifs entre l’État et l’Institut, la mise en place de l’Agence inter-établisse- ments de recherche pour le déve- loppement et la définition d’une « politique de site »? Si vous y ajoutez l’implantation du siège à Marseille, il faut reconnaître que l’Institut porte plusieurs chantiers lourds et structurants pour lesquels nous sommes seulement au milieu du gué. La continuité est nécessaire. C’est le sens de ce troisième mandat. Dans le secteur de la recherche pour le développement, les trois dernières années ont été marquées par une impulsion poli- tique clairement affirmée. En témoignent les conclusions des réunions du Comité interministériel de la coopération interna- tionale et du développement (CICID) de 2005 et 2006 conduisant à la création de l’Agence inter-établissements de recherche pour le développement (AIRD) et au rapprochement avec les universités et les autres organismes, le tout dans le cadre des lois de 2006 de programme pour la Recherche et de 2007 relative aux responsabilités et aux libertés des universités. L’autre chantier, la politique de site, s’ins- crit aussi dans ce rapprochement entre les établissements de recherche et l’Université. Un exercice approfondi d’analyse de nos forces avait été entre- pris en 2000 au moment de la mise en place du dispositif d’unités de recherche. En 2004 l’évaluation avait conduit au renouvellement du mandat d’une majo- rité des unités. En 2008 une nouvelle analyse en profondeur de notre disposi- tif s’imposait pour permettre l’évolution des lignes de force stratégiques, scienti- fiques comme géopolitiques. De plus, il convient maintenant de s’adapter aux nouveaux instruments de pilotage de la recherche qui se mettent en place : ANR, Aeres, pôles de recherche, pôles de compétitivité, réseaux thématiques de recherche… Ce sont des outils structu- rants de la recherche française qui nous imposent ces rapprochements avec nos partenaires, c’est tout le sens de la poli- tique de site. Comment concevez-vous l’évolu- tion des partenariats de l’IRD, en France, dans les pays du Sud et avec les pays du Nord ? Naguère l’aide au développement était seulement considérée comme une démarche de solidarité internationale. (suite page 2) Dans ce numéro Chronique de la mousson africaine Pendant trois années consécutives, une véritable coalition internatio- nale de chercheurs aura tenu la chronique de la mousson africaine. Tous les paramètres du climat, sur la terre, dans les airs et sous l’eau auront été scrupuleusement enre- gistrés puis analysés pour com- prendre et anticiper les soubre- sauts, parfois meurtriers, du climat ouest-africain. p.7 à 10 Tribune : Habilitation à diriger des recherches Lutter contre les préjugés Vivement recommandée par les uns, dédaignée par les autres, l’Ha- bilitation à diriger des recherches (HDR) marque une étape impor- tante dans la carrière des ensei- gnants-chercheurs. Doit-on passer ce diplôme, et à quoi exactement sert-il ? Une tribune sur ce diplôme “made in France”. p.16 Le journal de l'IRD Jean-François Girard a été renouvelé pour un troisième mandat dans ses fonctions de président de l’IRD par décision du Conseil des ministres du 26 septembre 2007. (suite page 15) Laboratoire de brousse pour les recherches sur le virus Ebola. Laboratoire de sécurité biologique du Centre International de Recherches Médicales de Franceville. © IRD/J.-J. Lemasson © IRD/J.-J. Lemasson

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Le journal de l'IRD

É d i t o r i a l

n° 42 - novembre/décembre 20073,81 €

bimestriel

ponsables des épidémies répertoriéesdepuis 2001, les chercheurs ont décou-vert qu’elles relevaient bien de lalignée A jusqu’en 2003, mais que lesdeux derniers épisodes, en 2003 et en2005 au Congo Brazzaville, étaient lefait d’un virus appartenant à lalignée B. Une même analyse, menée à partird’une autre séquence du génome viralcodant cette fois-ci la nucléoprotéine(NP), a établi que les souches viralesimpliquées dans les épidémies de 2001à 2003 appartenaient toutes à lalignée B, non à la lignée A.Selon les chercheurs, ces résultatscontradictoires apportent en fait lapreuve que les souches sauvages duvirus Ebola ont la capacité d’échangerdu matériel génétique via des phéno-mènes de recombinaison. Les souchesvirales responsables des épidémies sur-venues entre 2001 et 2003 au Gabonet au Congo Brazzaville résulteraientalors de la recombinaison génétiqueentre les souches de la lignée A (épidé-mies entre 1976 et 1996) et les

P our comprendre les méca-nismes d’action du redou-table virus Ebola, les scienti-

fiques recueillent des échantillons dematériel génétique (ARN viral) lors dechaque épidémie. Jusqu’à présent, Ilsn’étaient parvenus à identifier que12 séquences de gènes codant la gly-coprotéine (GP)2 du virus et pensaientque toutes les épidémies, depuis la pre-mière en 1976, étaient le fait d’unemême lignée de virus.Les récentes découvertes d’une équipede l’IRD et du CIRMF remettent en causecette hypothèse. Ces scientifiques ontcollecté entre 2001 et 2006 descadavres de primates au Gabon et auCongo Brazzaville. Sur sur dépouillesde gorilles et une de chimpanzé, ilssont parvenus à déceler les séquencesd’ARN codant la glycoprotéine virale.Mais leur analyse phylogénétique arévélé que le virus appartenait à unenouvelle lignée du virus Zaïre3, laquellea été baptisée lignée B4. En soumettantà l’analyse phylogénétique lesséquences GP des souches virales res-

L a question des changementsglobaux, climatiques

et environnementaux, induits parles activités humaines a été misesur le devant de la scène par deux événements récents : en octobre dernier, le Prix Nobelde la Paix était attribué au GroupeIntergouvernemental d’experts surl’Évolution du Climat (GIEC)

et à Al Gore, ancien vice-président des États-Unis d’Amérique « pour leurs efforts de collecte et de diffusion des connaissancessur les changements climatiquesprovoqués par l’Homme et pour avoir posé les fondementspour les mesures nécessaires à la lutte contre ces changements » ;en décembre s’est tenue à Bali la conférence de l’ONU sur leschangements climatiques, qui s’est achevée par la conclusiond’un accord a minima lançant les négociations sur le futurrégime “post-Kyoto” de luttecontre le réchauffementclimatique.

À travers le GIEC, un largeconsensus existe aujourd’hui au sein de la communautéscientifique sur la réalité de ces changements, en particulierdans les régions intertropicales et méditerranéennes oùinterviennent, en partenariat, les équipes de l’IRD. Cette réalitédevient l’une des toutes premièresurgences de nos partenaires, du Sud comme du Nord. Elle est au cœur de l’une des six thématiques prioritaires du contrat d’objectifs de l’institut.

Quatre grands défis doivent êtrerelevés dans cette thématique, par essence interdisciplinaire : la compréhension et la représentation dans les modèles de certains processusgéophysiques et biogéochimiquesencore mal connus, mais, a priori,

Le changementclimatique au cœur de l’agendainternational

E b o l a

Une nouvellelignée du virusDes chercheurs de l’IRD et du CIRMF1 ont mis en évidencel’existence d’une nouvelle lignée génétique du virus Ebola chez les grands singes. Leurs travaux révèlent en outre l’inattendu et inquiétantpotentiel de recombinaison génétique du virus.

par Pierre Soler

Directeur du département

Milieux etEnvironnement ©

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souches de la lignée B (épidémies 2003et 2005 et mortalités des grandssinges). Ce phénomène de recombinai-son génétique, jamais décrit dans cettefamille de virus, apporte de nouveauxéléments quant à l’émergence des épi-démies. Il suggère aussi que dessouches beaucoup moins pathogènes,et encore inconnues à ce jour, circule-raient dans la nature. Enfin, il contrariela perspective d’élaborer des vaccinsvivants atténués prémunissant d’Ebola.Le virus atténué pourrait en effet s’hy-brider avec l’une des souches sauvagesdu virus et ainsi donner naissance à unnouveau virus pathogène. ●

1. Centre international de recherches médi-cales de Franceville au Gabon.2. Une structure moléculaire de l’enveloppedu virus, qui lui permet d’abuser les défensesimmunitaires et de pénétrer et infecter unecellule. 3. Espèce la plus virulente du virus Ebola, res-ponsable de 88 % des cas mortels de lamaladie chez l’homme. 4. Par opposition à la seule connue jusque-là,désignée comme lignée A.

Contact Éric [email protected]

En savoir plus T. J. Wittmann, R. Biek, A. Hassanin,P. Rouquet, P. Reed, P. Yaba, X. Pourrut,L. Real, J.-P. Gonzalez, et E. M. Leroy,First isolates of Zaire Ebolavirus fromwild apes reveal new genetic lineageand recombinants PNAS USA, 2007doi_10.1073_pnas.0704076104

E n t r e t i e n a v e c J e a n - F r a n ç o i s G i r a r d

Pas d’aide au développement sans recherche

Vous venez d’être reconduit pourun troisième mandat à la présidencede l’IRD. C’est d’abord l’occasion defaire le point sur les trois années quiviennent de s’écouler avec la signa-ture d’un nouveau contrat d’objec-tifs entre l’État et l’Institut, la miseen place de l’Agence inter-établisse-ments de recherche pour le déve-loppement et la définition d’une« politique de site »?Si vous y ajoutez l’implantation du siègeà Marseille, il faut reconnaître quel’Institut porte plusieurs chantiers lourdset structurants pour lesquels noussommes seulement au milieu du gué.

La continuité est nécessaire. C’est lesens de ce troisième mandat.Dans le secteur de la recherche pour ledéveloppement, les trois dernières annéesont été marquées par une impulsion poli-tique clairement affirmée. En témoignentles conclusions des réunions du Comitéinterministériel de la coopération interna-tionale et du développement (CICID) de2005 et 2006 conduisant à la création de l’Agence inter-établissements derecherche pour le développement (AIRD) etau rapprochement avec les universités etles autres organismes, le tout dans lecadre des lois de 2006 de programmepour la Recherche et de 2007 relative aux responsabilités et aux libertés desuniversités. L’autre chantier, la politique de site, s’ins-crit aussi dans ce rapprochement entreles établissements de recherche etl’Université. Un exercice approfondid’analyse de nos forces avait été entre-pris en 2000 au moment de la mise enplace du dispositif d’unités de recherche.

En 2004 l’évaluation avait conduit aurenouvellement du mandat d’une majo-rité des unités. En 2008 une nouvelleanalyse en profondeur de notre disposi-tif s’imposait pour permettre l’évolutiondes lignes de force stratégiques, scienti-fiques comme géopolitiques. De plus, ilconvient maintenant de s’adapter auxnouveaux instruments de pilotage de larecherche qui se mettent en place : ANR,Aeres, pôles de recherche, pôles decompétitivité, réseaux thématiques derecherche… Ce sont des outils structu-rants de la recherche française qui nousimposent ces rapprochements avec nospartenaires, c’est tout le sens de la poli-tique de site.

Comment concevez-vous l’évolu-tion des partenariats de l’IRD, enFrance, dans les pays du Sud et avecles pays du Nord ? Naguère l’aide au développement étaitseulement considérée comme unedémarche de solidarité internationale.

(suite page 2)

Dans ce numéro

Chronique de la mousson africainePendant trois années consécutives,une véritable coalition internatio-nale de chercheurs aura tenu lachronique de la mousson africaine.Tous les paramètres du climat, surla terre, dans les airs et sous l’eauauront été scrupuleusement enre-gistrés puis analysés pour com-prendre et anticiper les soubre-sauts, parfois meurtriers, du climatouest-africain. p.7 à 10

Tribune : Habilitation à dirigerdes recherchesLutter contre les préjugésVivement recommandée par lesuns, dédaignée par les autres, l’Ha-bilitation à diriger des recherches(HDR) marque une étape impor-tante dans la carrière des ensei-gnants-chercheurs. Doit-on passerce diplôme, et à quoi exactementsert-il ? Une tribune sur ce diplôme“made in France”. p.16

Le journal de l'IRD

Jean-François Girard a été renouvelé pour un troisième mandat dansses fonctions de présidentde l’IRD par décision du Conseil des ministres du 26 septembre 2007.

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Laboratoire de brousse pour les recherches sur le virus Ebola.

Laboratoire de sécurité biologique duCentre International de RecherchesMédicales de Franceville.

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Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 42 - novembre/décembre 2007

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Act

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rubis retrouvés dans les basaltes alcalins,une roche volcanique où est récoltée lamajorité des saphirs bleus commerciali-sés dans le monde, restait incertaine. Pour en comprendre la géologie, plu-sieurs équipes internationales ontmutualisé leurs connaissances, en ras-semblant dans une banque de donnéesle rapport des concentrations isoto-piques de l’oxygène pour les corindonsde l’ensemble des gisements de typeplacers associés à des environnementsbasaltiques1. Mais pour déterminer avec

J usqu’à présent, on savait seule-ment que les gemmes de lafamille des corindons, à laquelle

appartiennent rubis et saphir, se for-ment dans les profondeurs de la litho-sphère, où règnent des pressions et destempératures très élevées. On supposaitque la plupart de ces pierres avaient étéarrachées à la croûte terrestre par unmagma en provenance du manteau,avant d’être transportées vers la surfaceet concentrés après érosion dans desplacers. Mais l’origine des saphirs et des

L e virus de Marburg est particu-lièrement redoutable. Lors dela dernière épidémie, il y a

deux ans en Angola, plus de 90 % despersonnes contaminées ont succombé àla fièvre hémorragique qu’il provoque. Ilfut identifié en 1967 à Marburg, enAllemagne, où il décima les employésd’un laboratoire après qu’ils eurent pré-levé les organes d’un singe vert prove-nant d’Ouganda. Longtemps, ses raresmanifestations sont restées circonscritesà l’Afrique orientale et australe. Mais en1998, une épidémie de plus grandeampleur a eu lieu près de Durba, enRépublique démocratique du Congo(RDC), entraînant une mortalité de 80 %parmi les 149 malades, suivie en 2005par l’épidémie angolaise, la plus sévère.

Le virus de Marburg, comme son cousinÉbola, appartient à la famille desFiloviridae. Et c’est en cherchant la pré-sence du virus Ébola chez les chirop-tères, que les scientifiques de l’IRD etleurs partenaires du CIRMF1 et du CDC2

ont mis en évidence le rôle de la rous-sette d’Égypte dans le cycle du virus deMarburg. Entre 2005 et 2006, ils ontprélevé 1 138 chauves-souris apparte-nant à une dizaine d’espèces sur 5 sitesde piégeages au Gabon et en RDC.Outre la présence du virus Ébola, lesscientifiques décidèrent de cherchercelle du virus de Marburg, tandis quel’Angola connaissait une épidémie à800 km seulement du terrain d’étude.Ils parvinrent ainsi à détecter des anti-corps dirigés contre le virus de Marburg

dans le sérum de 29 des 242 roussettesd’Égypte capturées. Par ailleurs, larecherche de fragments du génomeviral, pratiquée sur 283 spécimens deR. aegyptiacus, a montré que le foie etla rate de quatre d’entre eux conte-naient des séquences d’ARN appartenantà trois gènes différents du virus deMarburg. Ces résultats suggèrent forte-ment que cette espèce de chauve-sourisest porteuse du virus sans en développerles symptômes, la désignant ainsicomme le réservoir naturel de ce virus.Il semble que l’infection se transmettedirectement de la roussette à l’homme,peut être par le contact avec le sang oule liquide placentaire s’échappant pen-dant la mise bas des chauves-souris. Defait, la plupart des victimes de l’épidé-mie de RDC travaillaient dans une minequi était aussi le refuge d’une impor-tante colonie de roussettes d’Égypte.De même, les premières victimes del’épidémie angolaise furent des enfantsqui avaient récolté des fruits sur desarbres dans lesquels vivait une impor-

[email protected] - 213, rue La Fayette -F - 75480 Paris cedex 10Tél. : 33 (0)1 48 03 77 77Fax : 33 (0)1 48 03 08 29

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Directeur de la publicationMichel LaurentDirectrice de la rédactionMarie-Noëlle FavierRédacteur en chefOlivier Dargouge ([email protected])Comité éditorialJacques Boulègue, Jacques Charmes,Bernard Dreyfus, Nathalie Dusuzeau,Günther Hahne, Daniel Lefort, Christian Marion, Jacques Merle, Georges de Noni, Pierre Soler, Stéphane Raud, Gérard WinterRédacteursFabienne Beurel-Doumenge([email protected])Olivier Blot ([email protected])Ont participé à ce numéroOuidir BenabderrahmaneCorrespondants Jacqueline Thomas (Dakar) Mina Vilayleck (Nouméa)Photos IRD – Indigo BaseClaire LissaldeDanièle CavannaPhotogravure, ImpressionIME, 3, rue de l’Industrie, 25112 Baume-les-DamesTél. : 03 81 84 11 78ISSN : 1297-2258Commission paritaire : 0909B05335Dépôt légal : décembre 2007Journal réalisé sur papier recyclé.

Le journal de l'IRD

Les travaux menés par des géologues de l’IRD

et leurs partenaires éclairent la genèse mal connue des saphirs et rubis associés aux basaltes. La découverteet l’étude d’un gisement primaire de pierres précieuses à Madagascar ont permis de confirmer ce qui n’étaitqu’hypothèse sur l’origine de ces corindons.

certitude l’origine de ces pierres pré-cieuses, il manquait encore aux cher-cheurs l’accès à un gisement primaire.Cette dernière pièce du puzzle vientd’être assemblée par des chercheurs del’IRD, du CNRS et de l’université d’Antana-rivo, qui ont découvert un tel gisementde rubis à Madagascar. Leurs travaux,combinant les données archivées2 auxinformations inédites, obtenues sur ceterrain, ont permis de déterminer préci-sément l’origine de tous les rubis etsaphirs retrouvés dans les basaltes alca-lins. Ainsi, l’origine magmatique dessaphirs retrouvés dans ces roches, s’est-elle vue établie. L’existence de xénolithesde syénite3 à saphirs confirme que cescorindons ont cristallisé à partir d’unmagma en provenance du manteau. Il aégalement été établi que 20 % dessaphirs et l’ensemble des rubis basal-

Ainsi naissent les rubis…

tiques sont d’origine métamorphiques,et que leur roche mère ne provient doncplus du manteau, mais de la croûtecontinentale profonde dans la zone detransition entre la croûte et le manteau.Ce type de gisement primaire se ren-contre dans des environnements àhaute pression et à température élevéequi forment des affleurements impor-tants dans les socles anciens, comme àMadagascar. ●

1. Gisements secondaires de pierres pré-cieuses formés par l’accumulation d’allu-vions fluviaux ou marins.2. Sur 150 saphirs issus de placers basal-tiques provenant de 13 pays.3. Roche composée à plus de 60 % de feld-spaths potassiques.

ContactGaston [email protected]

En savoir plusGiuliani G., Fallick A.E., Garnier V., France-Lanord Ch., Ohnenstetter D., Schwarz D.(2005): Oxygen isotope composition as atracer for the origins of rubies and sap-phires. Geology 33, 249-252.

tante population de cette espèce dechauves-souris frugivore.Cette découverte précise donc les zonesgéographiques potentiellement concer-nées par le virus de Marburg. Elle lesétend notamment à l’Afrique de l’Ouestet à l’Afrique Centrale, qui constituentune importante région de migrationpour les roussettes d’Égypte ●

1. Centre international de recherches médi-cales de Franceville (Gabon).2. Centre pour le contrôle et la préventiondes maladies (Atlanta, États-Unis).

ContactEric Leroy [email protected]

En savoir plusJ. S. Towner, X. Pourrut, C. G. Albariño,C. Nze Nkogue, B.H. Bird, G. Grard,T. G. Ksiazek, J.-P. Gonzalez, S. T. Nichol,E. M. Leroy (2007), Marburg Virus In-fection Detected in a Common AfricanBat, Plos One 2(8): E764, Doi:10.1371/Journal.Pone.0000764.

Des chercheurs de l’IRD viennent de découvrir qu’une chauve-souris frugivore, la roussette d’Égypte, est le réservoir naturel du virus de Marburg. Cette affection proche d’Ébola déclenche chez les sujetsinfectés une fièvre hémorragique foudroyante. Rousettus aegyptiacus est une espèce migratrice présente sur toute la partie subsaharienne du continent africain.

Gisement de Manumbo Vaovao à Madagascar, situé à 30 km à l’ouest d’Ilakaka et découvert enfévrier 2003. Aspect des puitsréalisés dans la terrasse alluviale et du village précaire installé dans le lit de la rivière Andongoza.

Roussetus aegyptiacus, une chauve-souris mégachiroptère frugivorecapturée au filet dans la région de Lambaréné au Gabon pour les recherches sur le réservoir du virus Ebola.

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Saphirs et les rubis de Madagascar.

Une chauve souris réservoir du virus de Marburg

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importants pour expliquer les modes de variabilité et le changement climatiques(grands programmes et campagnes dédiéesd’observation et d’échantillonnage,amélioration des modèles, …) ; la caractérisation et la quantification des impactsrégionaux, actuels et futurs(scénarios), du changementclimatique sur les événementshydro-météorologiques extrêmes,les ressources en eau, les écosystèmes terrestres et marins, les agrosystèmes, les ressources halieutiques et la santé humaine (réseauxd’observation pérennes, sitesateliers, bases de données in situet satellitaires, développement des outils de modélisation) ; la définition progressive de stratégies d’adaptation au changement climatique et les interactions et rétroactionscomplexes entre politiquespubliques, dynamiques sociales et économiques et impacts du changement climatique ; le développement de la rechercheet de l’expertise pour l’aide aux décideurs en matière de mesures de prévention (captureet stockage du CO2, énergiesrenouvelables, réduction des émissions liées à l’industrie et aux transports, réduction de la déforestation, économied’énergie dans l’habitat, taxationet réglementation, transferts de technologies propres).

Dans ces domaines, la formationet le renforcement des capacitésde recherche et d’expertise des communautés scientifiques du Sud demeure une prioritéabsolue pour l’IRD et pour les partenaires mobilisés à traversl’Agence inter-établissements de recherche pour le développement, AIRD. ●

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A vec 28 espèces connues, legroupe des piranhas carni-vores témoigne d’un succès

évolutif notable. Pour éclairer l’histoirede cette sous-famille depoissons qui vit exclusi-vement dans les eauxdouces d’Amérique duSud, les scientifiquesont rassemblé deséchantillons sur toutel’étendue de sa distri-bution. Ainsi, ils ontanalysé l’ADN de57 spécimens apparte-nant à 21 espèces, issus de 15 pointsde collecte répartis sur l’ensemble dusystème hydrographique sud-améri-cain. Et il est apparu que les espècesactuelles n’ont que quelques millionsd’années. Or, des fossiles proches mor-phologiquement des espèces actuellesde piranhas, précédemment décou-verts dans la région, laissent penser

que le groupe y vivait déjà il y a 25 mil-lions d’années. Les espèces actuelles

sont donc le

fruit d’une diversification récente. Enconfrontant ces données aux évène-ments qui ont affecté les écosystèmesaquatiques à l’échelle géologique, les

Les travaux menés par les chercheurs de l’unité mixte Caviaret leurs partenaires lient la grande richesse spécifique des piranhas à une incursion marine dans l’Amazone, il y a 5 millions d’années.

scientifiques ont établi le rôle fonda-mental des incursions marines dansl’apparition et la distribution des piran-has modernes. En effet, il y a 5 millionsd’années, l’océan Atlantique a envahila partie aval de l’Amazone et de ses

affluents située en dessous de100 m d’altitude ; l’eau salée

faisant disparaître alors bonnombre d’espèce, de pois-sons d’eau douce. Cestravaux montrent que des

populations de piranhas seseraient maintenues pendant la

période d’incursion marine dans lesparties amont des rivières situées à plusde 100 m d’altitude. Elles se seraient dif-férenciées en espèces suite à la frag-mentation de leur aire de distribution, etprobablement aussi sous l’effet decontraintes écologiques propres aux dif-férents bassins où elles restaient isolées.Après le retrait de l’océan, il y 3 millionsd’années, ces piranhas auraient finale-

Plant de riz présentant les symptômes de la bactériose à Xanthomonas oryzae pv. oryzae(Niger).

ment pu rejoindre la plaine del’Amazone qui aurait fait office de col-lecteur de biodiversité. ●

ContactsNicolas Hubert, Laboratoire d’ÉcologieMarine (Ecomar)[email protected]çois Renno, Unité Caractéri-sation et valorisation de la diversité ich-tyologique pour une aquaculture rai-sonnée (Caviar)[email protected]

En Savoir plus Hubert N., Duponchelle F., Nuñez J.,Garcia D.C., Paugy D., Renno J.-F. ,Hylogeography of the piranha generaSerrasalmus and Pygocentrus : implica-tions for the diversification of theNeotropical ichthyofauna, MolecularEcology, 2007, 16 (10), p. 2115-2136.doi:10.1111/j.1365-294X.2007.03267.x

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Et l’Atlantique façonna les piranhas

F l é t r i s s e m e n t b a c t é r i e n d u r i z

De nouvelles souches africainesDes échantillons de riz africains ont livré de nouvellessouches de Xanthomonas oryzae pv. oryzae agentresponsable d’une importante maladie du riz. L’équipe IRD dirigée par Valérie Verdier et travaillant sur l’interaction riz-Xanthomonas a, en outre, découvert que ces souches étaient génétiquement différentes des souches connues, toutes asiatiques.

L e flétrissement bactérien (enanglais bacterial blight) causépar la bactérie phytopathogène

Xanthomonas oryzae pv. oryzae (Xoo)est une maladie du riz occasionnant degraves pertes de récolte. Très connue etétudiée en Asie, cette maladie n’a étédécrite en Afrique de l’Ouest qu’audébut des années 1980. La prospectioneffectuée en 2003 au Mali, Niger etBurkina Faso, organisée par l’Associationpour le développement de la rizicultureen Afrique de l’Ouest (Adrao) et l’IRD, encollaboration avec l’Institut de l’environ-

nement et des recherches agricoles(Burkina Faso), l’Institut d’économierurale (Mali) et l’Institut national derecherches agronomiques du Niger apermis de prendre conscience de l’am-pleur de la maladie. Lors de cette pros-pection, en effet, tous les champs de rizvisités en présentaient les symptômes :brûlure foliaire jaune virant au blanchi-ment total de la feuille et flétrissementgénéralisé de la plante. Le pourcentagede plants de riz touchés varie, mais peutatteindre jusqu’à plus de 80 % selon leslocalités. Les échantillons prélevés auchamp ont permis d’isoler des bactériesappartenant au genre Xanthomonasoryzae : Xanthomonas oryzae pv. oryzaeet Xanthomonas oryzae pv. oryzicola,agent causal d’une autre maladie du riz,la bactériose à stries foliaires, isolé pourla première fois en Afrique de l’Ouest.Grâce à une collaboration avec l’Inrad’Angers et à différentes techniques debiologie moléculaire, les souches ontété mieux caractérisées. Les chercheursont ainsi découvert des différencessubstantielles entre les génomes afri-cain et asiatique de Xoo. Les souchesafricaines de Xanthomonas oryzae pv.oryzicola sont, quant à elles, assezproches génétiquement des souchestrouvées en Asie. Grâce au matérielvégétal développé par l’Institut interna-tional de recherche sur le riz(Philippines), les chercheurs de l’Adraoet de l’IRD ont pu tester les réactions delignées de riz aux souches africaines deXanthomonas oryzae pv. oryzae. Lesréactions de résistance (ou au contraire

de sensibilité) de ces lignées confron-tées aux différentes souches bacté-riennes, permettent de déceler l’effetde gènes de résistance et de cataloguerainsi les souches en « race ». Trois nou-velles « races » ont ainsi été décou-vertes, confirmant les différences géné-tiques observées avec les souchesasiatiques. Les principaux résultats surla caractérisation génétique et pathoty-pique des souches de Xanthomonasoryzae africaines figurent dans la thèsede Carolina Gonzalez, doctorantecolombienne de l’université de LosAndes, soutenue par l’IRD de 2003 à2006, et qui a rejoint depuis l’univer-sité nationale de Bogota (Jeune équipeassociée l’UR121 de l’IRD).La communauté internationale s’inté-resse à ces nouvelles souches de Xoocar l’amélioration du riz passe par lasélection de gènes de résistance adap-tés au contexte africain. La collabora-tion Adrao - IRD - centres nationaux derecherche dans cette sous régiond’Afrique de l’Ouest se renforce avec lesoutien du Generation ChallengeProgramm (GCP), consortium financépar différents pays et dont l’IRD fait par-tie via Agropolis depuis 2004. Un étu-diant béninois, Gustave Djedatin, est

accueilli dans les laboratoires montpel-liérains de l’IRD et soutenu par unebourse financée dans ce cadre. Sathèse porte sur l’étude du détermi-nisme génétique de la résistance auxsouches africaines de Xanthomonasoryzae pv. oryzae et est co-encadréepar l’équipe riz de l’UR121, l’universitéd’Abomey (Bénin) et l’Adrao. Enfin,l’analyse prévue du génome Xoo afri-cain devrait révéler de nouveaux fac-teurs de virulence et d’autres gènesspécifiques et pourrait permettre demieux comprendre l’origine et l’évolu-tion des souches africaines. ●

ContactValérie Verdier, unité Génome et déve-loppement des plantes (unité mixteCNRS, IRD, université de Perpignan), [email protected]

En savoir plusC. Gonzalez, B. Szurek, C. Manceau,T. Mathieu, Y. Séré, V. Verdier, Mole-cular and Pathotypic Characterizationof New Xanthomonas oryzae Strainsfrom West Africa. Molecular Plant-Microbe Interactions Vol. 20, No. 5,2007, pp. 534–546.

Prospection et collecte d’échantillons dans une rizière au Niger.

Le piranha Pygocentrus nattereri.

Serrasalmus rhombeus (ordre descharaciformes), un des plus grospiranha (50 cm).

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CarbonePiège fractalLa structure nanométrique fractale decertains sols volcaniques constitueraitun labyrinthe qui piège le carbone etl’azote, limitant les émissions de gaz àeffet de serre.Les sols volcaniques fixent trois àquatre fois mieux le carbone et l’azote,principaux constituants des gaz à effetde serre, que les sols contenant de l’ar-gile. La compréhension de ces méca-nismes de séquestration de C et Nnécessite la connaissance précise despropriétés physico-chimique des sols.L’étude des agrégats de sols à l’échellenanométrique a permis, à une équipede l’IRD1 de mettre en évidence unemorphologie particulière de ces sols quipeut être décrite en termes de structurefractale. La notion de géométrie frac-tale permet de caractériser des objetsprésentant des irrégularités à toutes leséchelles. Elle est intéressante pourdécrire les systèmes poreux comme lessols, car elle apporte des renseigne-ments sur la manière dont la matièreest organisée. Ainsi, la « dimensionfractale » caractérise la complexité del’organisation des agrégats.

LabyrinthesnanométriquesPar les techniques de microscopie élec-tronique à transmission et de diffusionde rayonnements appliquées à des solsvolcaniques de La Martinique, les cher-cheurs ont décelé la structure fractale deces agrégats. Ils sont en effet composésde petites particules d’allophane – argiled’origine volcanique – de taille infé-rieure à 5 nm, qui s’agrégent pour for-mer des objets plus gros s’assemblant àleur tour, jusqu’à des agrégats de plusde 100 nm. Cette structure tortueuseparticulière confère aux agrégats d’allo-phane une faible perméabilité. Cesstructures fractales peuvent être compa-rées à des labyrinthes, et les fluides,liquides ou gazeux, auront de grandesdifficultés à se déplacer à l’intérieur de laporosité des agrégats. Ils sont enquelque sorte piégés par confinement,et les échanges entre espèces chimiquessont peu nombreux. Les chercheurspensent que cette structure fractale àl’échelle nanométrique a une influencesur la capacité de ces sols à accumuler lecarbone et l’azote et donc limiterait lesémissions de gaz à effet de serre.

1. Unité Séquestration du carbone et bio-fonctionnement des sols : effets des modesde gestion des agro-écosystèmes tropicaux(SeqBio), IRD-Pôle de recherche agrono-mique de Martinique (PRAM).

Contact Thierry Woignier [email protected]

Agrégats departiculesd’allophane.

WEB http://www.mpl.ird.fr/SeqBio

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Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 42 - novembre/décembre 2007

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L es travaux et données récentessur l’épidémie d’influenzaaviaire à virus H5N1 posent la

question de son émergence dans desenvironnements et des situations épi-démiques très disparates. Les oiseauxsauvages porteurs de ce virus pour-raient en être un réservoir et/ou unhôte naturel, pourvoyeur ou victime.En tout état de cause, on peut envisa-ger que les zones de résidence de cesanimaux génèrent des réservoirs« secondaires » tant au niveau du sol,que des sédiments, ou encore des ani-maux aquatiques dont ils se nourris-sent, comme les paludines, gastéro-podes de mares. Le projet Écoflu envisage d’améliorer lesconnaissances épidémiologiques en sefocalisant sur l’écologie du virusinfluenza aviaire. Il s’attachera à caracté-riser des habitats et des conditions favo-rables au maintien du virus dans l’envi-ronnement et chez ses hôtes naturels. Ilintégrera ces connaissances fondamen-

tales de l’écologie virale dans unelogique d’épidémiologie opérationnellede gestion de crise et de surveillance.

De l’observatoire à l’éprouvetteAprès étude rétrospective des épizoo-ties pour comprendre les conditionsd’émergence et de diffusion de lamaladie, le programme sera réalisé àpartir de deux observatoires à grandeéchelle, la Dombes en France, où levirus H5N1 est apparu récemment, et lesite de Suphanburi en Thaïlande, où lamaladie est apparue de manière sai-sonnière en 2004, 2005 et 2006. Les conditions de persistance du virusinfluenza seront analysées in vitro enprenant en compte les interactionsvirus-sol-matière organique ainsi que lerôle des microorganismes indigènes oud’hôtes intermédiaires potentiels. Pourcela, il sera fait appel à des virusmodèles peu ou pas pathogènes (H5N2)

et un dérivé non réplicatif du virus

H5N1. Les principaux paramètres identi-fiés seront validés sur une souche duvirus H5N1 « naturel » en laboratoire dehaute sécurité (P4). L’ensemble des résultats sera intégrédans une démarche d’analyse du risqued’émergence, de diffusion et d’extinc-tion des virus influenza qui utilisera unsystème d’information géographiqueet une modélisation spatialisée. Enaccord avec le principe d’émergence depathologies inédites, il s’agit d’un pro-jet pluridisciplinaire qui associe viro-logues, microbiologistes, épidémiolo-gistes, biologistes des populations,modélisateurs et informaticiens, danslequel stratégies de recherche, don-nées, résultats et méthodes seront dis-cutés et analysés en commun.Écoflu est mené en partenariat avecl’équipe de Pattamaporn Kittaporn,professeur à l’université Mahidol, enThaïlande. ●

1. La première réunion du programme Écoflus’est tenue à Lyon le 5 avril 2007 avecl’ensemble des partenaires : UniversitéLyon 1 (P. Potier, D. Pontier, B. Lina), CNRS(P. Mavingui), École nationale Vétérinaire deLyon (A. Kodjo), INRA (H. Quiquempoix),CIRAD (F. Goutard) et l’IRD en Thaïlande(M. Souris, J.-P. Gonzalez) en partenariatavec le Centre d’excellence sur les maladies àvecteurs et les vecteurs, université Mahidol,faculté de Science (P. Kittayapong).

[email protected] Paul Gonzalez [email protected] Potier [email protected]

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Un nouveau projet de recherche, Écolologie du virus de l’influenza aviaire, Écoflu, financé par l’Agence nationalede la recherche, porte sur les facteurs environnementauxde l’épidémie de grippe aviaire à virus H5N1. Il vise aussi une meilleure connaissance de l’écologie du virus et de ses modes de diffusion1.

B é n i nOuémé 2025

L e 13 septembre dernierétait officiellement pré-

senté aux médias du Béninle projet de recherche scien-tifique Ouémé-2025. Ceprojet porte sur l’analyse dela dynamique et de la dispo-nibilité des ressources eneau du bassin de l’Ouémé àl’horizon 2025. Le bassin de l’Ouémécouvre près de la moitié de la superficiedu Bénin, draine 45 % des eaux de sur-face et reçoit environ 60 % de larecharge annuelle. Cette initiative ducomité Amma-Bénin (voir pages 7 à 10)rassemble de jeunes chercheurs béninoisen partenariat avec la direction généralede l’eau et le laboratoire de biogéogra-phie et d’expertise environnementale àla faculté des lettres, arts et scienceshumaines de l’université d’Abomey-Calavi. Outre ces deux institutions, leprojet associe également la faculté dessciences et techniques et deux unités del’IRD (UR012 LTHE et UR050 HSM). Ouémé-2025 fait partie de 5 projets retenus lors de l’appel à projets régional lancé dans le cadre du FSP Ripiecsa (voir

n°41 page 5) concernantle suivi climatique, notamment les stra-tégies pour consolider et renforcer lesréseaux d’observation.

E u r o p e – A m é r i q u e l a t i n e

Les bonnes pratiquesdu réseau EulanestLe 7 septembre 2007, un atelier organisé par l’IRD

dans le cadre d’Eulanest1 a réuni à Paris vingt-quatrereprésentants de programmes européens de coopérationscientifique et technologique avec l’Amérique latine.

L e projet Eulanest est unréseau européen de recherche(EraNet2) visant à coordonner

et renforcer la cohésion des pro-grammes européens de coopérationscientifique avec l’Amérique latine.Débuté en septembre 2006, le projetest mis en place pour une durée de4 ans par un consortium de 5 pays euro-péens (Espagne, Allemagne, Portugal,Norvège et France) et 8 institutions,dont l’IRD.Leader du premier Groupe de travail ausein de ce projet, l’IRD a notammentpour tâche de dresser un inventaire desprogrammes actuels de coopérationscientifique avec chacun des paysmembres du consortium, et d’en effec-

tuer l’analyse comparative. En paral-lèle, l’IRD réalise un travail d’identifica-tion des priorités et besoins en matièrede recherche dans les pays latino-amé-ricains. Ces éléments, croisés avec lesorientations majeures du 7e pro-gramme cadre de recherche et déve-loppement technologique de l’Unioneuropéenne, permettront de préciserdes axes prioritaires pour la coopéra-tion scientifique entre les deux régions.L’Atelier européen de bonnes pratiquespour le projet Eulanest, qui s’est tenu le7 septembre, s’inscrit dans la continuitédu travail d’inventaire et d’analyse com-parative. En présence d’un responsablescientifique de la Commission euro-péenne, les acteurs de coopération

scientifique et technique avec l’Amé-rique latine des cinq pays européensmembres du consortium Eulanest ontpu se rencontrer et débattre, opportu-nité unique pour poser les bases d’unvéritable réseau d’échanges.Les responsables de programme ontprocédé à une évaluation des différentsdispositifs de coopération, afin d’iden-tifier les similitudes et les complémen-tarités des programmes et de dégagerles meilleures pratiques. ●

1. European-Latin American Network forScience and Technology.2. European Research Area Network : actionde coordination des programmes nationauxou régionaux de recherche concernant unethématique ou une zone géographique.

ContactMiriam Cué,chargée de mission Eulanest,[email protected]

Dans le cadre du projet Amma, la hautevallée de l’Ouémé est très bien suivietandis que la moyenne vallée etl’Ouémé inférieur ne le sont pas. Leprojet Ouémé-2025 vise donc au ren-forcement du réseau d’observation« sol » et à l’amélioration de son suividans la moyenne vallée de l’Ouémé.L’objectif du projet est de comprendrel’hydrologie du bassin dans le contextedu changement climatique actuel etl’impact de ce dernier sur la disponibi-lité des ressources en eau du Bénin. ●

[email protected]

De gauche à droite: Norbert CossiAwanou, recteur de l’université,Bruno Bordage, représentant del’IRD au Bénin, Samari Bani, directeurgénérale de l’eau, et Arnaud BrunoZannou, Coordonnateur du ProjetOuémé-2025.

T u n i s i e

Cinquante ans de partenariatLes 18 et 19 octobre dernier, l’IRD célé-brait à Tunis le cinquantième anniver-saire de sa présence en Tunisie. L’institutavait convié à cette occasion ses parte-naires tunisiens à un séminaire de pré-sentation des programmes actuels et deleurs perspectives. Les activités scienti-fiques auxquelles contribue l’IRD enTunisie s’inscrivent dans le cadre despriorités nationales en matière de déve-loppement économique et social, et deprotection de l’environnement, dansune optique de développement du-rable. Environ 200 personnes ont parti-cipé à ce séminaire placé sous lepatronage du ministre tunisien del’Enseignement supérieur, de laRecherche scientifique et de laTechnologie. À cette occasion, unDVDrom réalisé par la Délégation à l’in-formation et à la communication etprésentant 50 ans de publications enpartenariat, a été diffusé.La coopération et les échanges scienti-fiques avec la Tunisie sont appelés àprendre de l’envergure tandis que lesinstitutions tunisiennes, partenairestraditionnels de l’IRD, devraient collabo-rer avec l’Agence inter-établissementsde recherche pour le développement.Jean-François Girard, le président duconseil d’administration de l’IRD, quiconduisait ces cérémonies d’anniver-saire, a donné une conférence depresse très suivie. Ses propos expli-quant que la coopération scientifiqueavec la Tunisie était devenue, au fil desans, « un partenariat symétrique », ontété largement repris dans les médiastunisiens.Parallèlement à cette célébration, unaccord de coopération en matière derecherche scientifique entre l’IRD et leministère tunisien de l’Enseignementsupérieur, de la Recherche scientifiqueet de la Technologie, a été signé. Ilporte sur la définition, la réalisation etl’évaluation de programmes derecherche conjoints, ainsi que leur valo-risation, les actions de formation à larecherche, le soutien aux équipes, laréalisation en commun d’expertises etla diffusion de l’information scienti-fique et technique. ●

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L e premier programme de rechercheconduit en quasi-totalité sous

l’égide de l’AIRD, l’Agence inter-établisse-ments de recherche pour le développe-ment1 est consacré à l’influenza aviaire.Il s’intitule Conditions d’émergence desvirus influenza et conséquences sur lespopulations humaines et animales, etregroupe des équipes scientifiques desprincipaux établissements de recherchefrançais ainsi que des équipes de paysdu Sud. Cinq organismes (CNRS, Inserm,Institut Pasteur, Cirad et IRD) se sontmobilisés pour mutualiser leurs moyenssur ce programme avec une dotationglobale de 2 millions d’euros sur 3 ans,

montant qui pourra être revu à lahausse en cours d’exécution. Le programme, qui a débuté enoctobre 2007, est structuré en 3 axesde recherche. L’axe « scienceshumaines et sociales », coordonné parYannick Jaffré, porte sur les politiquespubliques, les histoires environnemen-tales, les pratiques professionnelles etles conduites d’acteurs face au risqueaviaire. Il regroupe des équipes derecherche françaises et du Sud(Égypte, Niger, Inde, Thaïlande,Vietnam, Chine). L’axe «environne-ment et transmission », coordonnépar Michel Gauthier-Clerc, porte sur

l’écologie évolutive et la modélisationde la circulation des virus Influenzaaviaires dans l’environnement. Ilregroupe des équipes de recherchefrançaises et du Sud (Algérie, Tunisie,Sénégal, Thaïlande).Enfin l’axe « traitement et vaccin »,coordonné par Sylvie van der Werf etBruno Lina, porte sur les nouvelles stra-tégies thérapeutiques et vaccinales . Ilregroupe des équipes de recherchefrançaises et du Sud (Chili, Turquie,Cameroun, Côte d’Ivoire). ●

1. Voir Sciences an°39, mars-mai 2007.

contact [email protected]

L’AIRD et l’influenza aviaire

Spatialisation de l’émergence desfoyers épidémiques l’influenzaaviaire en Thaïlande (en haut janvier-février 2004 ; en bas juillet 2004 à mars 2005).

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Influenza aviaire et environnement

Élevage intensif de poulets en Thaïlande

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L e concept de rhizosphère est aucarrefour des domaines de labiologie intégrative des plantes,

des sciences du sol, de l’environnementet de l’écologie microbienne. Aussi lastructure choisie pour la conférence– dix-sept sessions aux thèmes transver-saux – est-elle propice aux échangestransdisciplinaires. Les recherches sur larhizosphère – compréhension de sacomplexité et de son rôle dans les éco-systèmes – sont encore largement fon-damentales, mais ouvrent des champsd’application multiples et des pers-pectives d’innovation agro-écologique

dans un contexte de développementdurable. La rhizosphère est reconnue comme unhot spot de biodiversité dans le sol,bio-réacteur essentiel dans le fonction-nement biogéochimique du sol, etinterface entre le sol et les racines desvégétaux. Ainsi, elle détermine largement lestransferts de nutriments et de pol-luants du sol vers les plantes et, parsuite dans la chaîne alimentaire. Entant que siège des activités micro-biennes, la rhizosphère constitue unsite d’intérêt pour la lutte biologique,

Le concept de rhizosphère – défini comme le volume de solautour des racines vivantes et soumis à l’influence de leurs activités – a eu 100 ans en 2004, année de lapremière Conférence Internationale Rhizosphère à Munich.Rhizosphère 2 s’est tenu à Montpellier du 26 au 31 août 2007avec la participation du Cirad, du CNRS, de l’Inra, de Montpellier SupAgro, de l’université de Montpellier 2 et de l’IRD1.

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 42 - novembre/décembre 2007

ainsi que la bio-remédiation des solspollués.Par ailleurs, la rhizosphère joue un rôlecentral au niveau des cycles du carboneet de l’azote, lesquels sont en lien avecdes problématiques environnementalescomme la séquestration du carbone etla production de gaz à effet de serre.Les sessions 2007 ont reflété ces diffé-rentes préoccupations. Il apparaît ainsique la plante développe un véritabledialogue moléculaire, non seulementavec ses symbiontes habituelles commeles bactéries fixatrices d’azote, maisaussi avec tous les acteurs du sol,comme les bactéries, les champignons,les amibes. Cette conférence a l’ambition de s’ou-vrir davantage en dehors de l’Europe etnotamment vers les pays du Sudcomme en témoigne la participation2007 : plus de 500 participants, dont70 % européens (contre 80 % en2004), 12 % asiatiques et les 18 %restant partagés entre Afrique,

Océanie et Amériques. À souligner une forte représentation denos partenaires sénégalais, particulière-ment actifs dans le domaine du fonc-tionnement des sols tropicaux (cycle del’azote principalement) soumis à defortes pressions anthropiques (salinité,culture maraîchères extensive, etc.).Rhizosphère 3 aura lieu en septembre2011 à Perth en Australie. ●

1. Laboratoire des symbioses tropicales etméditerranéennes, Unité mixte Sup Agro,Cirad, Inra, IRD ; unité, Séquestration du car-bone et bio-fonctionnement des sols : effetsdes modes de gestion des agro-écosystèmestropicaux.

Contact Alain Brauman (UR179, Seqbio)[email protected]

Enseigner l’entomologie médicaleTandis que l’entomologie médicale et vétérinaire françaiseconnaît un certain désengagement, les spécialistes de l’IRD

et des universités de Montpellier II et III se mobilisent dans divers enseignements. Cet effort doit être soutenu et développé pour maintenir les capacités scientifiques de la discipline.

U n récent rapport pointait ladéshérence de l’entomologiemédicale en France, comme

dans les pays en développement. Il insis-tait sur la nécessité de réinvestir la disci-pline. Anticipant sur ces recommanda-tions, les chercheurs de l’IRD

s’impliquent depuis plusieurs annéesdéjà dans une dynamique de formationtrès positive. Deux réalisations concrètes,allant au-delà des quelques heures decours habituellement dispensées dansplusieurs universités, illustrent cettemobilisation. En premier, un masterinternational d’entomologie médicale etvétérinaire (MIE), a été créé au Bénin enoctobre 2006 à l’initiative de Jean-MarcHougard de l’IRD. La deuxième promo-tion bénéficie du soutien de l’universitéMontpellier II, qui intègre désormais cemaster international dans son offre deformation. Une initiative similaire avaitvu le jour sous l’impulsion d’un profes-seur de l’université Montpellier III,Gérard Duvallet, à Bangkok (Thaïlande)en 2003. Ce premier Master of Science

(MSc) en entomologie s’est déroulé de2003 à 2006 inclus. Il est prolongé à larentrée 2007-2008 par un nouveau MScintitulé Infectious, Vector-Borne andFood-Borne Diseases: Evolution, Emer-gence, Spread and Control ouvert à lafois à l’université Montpellier II et à l’uni-versité Kasetsart.La deuxième réalisation repose sur larécente nomination d’un chercheur del’IRD, Vincent Robert, à la direction ducours Pasteur Arthropodes vecteurs etsanté humaine, aux cotés de Paul Reiter,directeur de l’unité insectes et maladiesinfectieuses à l’Institut Pasteur de Paris.Dès lors, ce cours est organisé conjoin-tement par l’Institut Pasteur et l’IRD. Il estaccrédité comme unité d’enseignementde 2e année du master Sciences de la vieet de la santé de l’université VersaillesSaint-Quentin-en-Yvelines. Au niveau doctoral, ce sont des entomo-logistes de l’IRD qui dirigent, depuis sa

création en 2004, le module optionnelde 30 heures intitulé Biologie et contrôledes vecteurs et proposé aux étudiants dedeux écoles doctorales des universitésMontpellier I et II. Enfin, dès 2008, lesentomologistes de l’unité de l’IRD,Caractérisation et contrôle des popula-tions de vecteurs, seront sollicités pourorganiser un module d’entomologie surles insectes d’importance médicale etvétérinaire en première année du masterBiologie Géosciences AgroressourcesEnvironnement de la faculté des sciencesde l’université Montpellier II, à hauteurde 25 heures de cours.

Partenaires

Des solanacées...au caféierQu’allait donc faire un spécialiste ducafé aux 4e rencontres du réseau inter-national des Solanacées (île coréennede Jeju, 9-13 septembre 2007) ?Réponse dudit spécialiste, Alexandrede Kochko1 : « La famille à laquelleappartiennent les caféiers – les rubia-cées – est phylogénétiquement prochedes rolanacées, famille de la tomate etdu tabac, par exemple ». Ainsi le pro-gramme comportait une cession spé-ciale dédiée au café. Alexandre deKochko y a exposé les travaux de sonéquipe ayant conduit au séquençage età la description du premier chromo-some bactérien artificiel (gros morceaud’ADN que l’on introduit dans une bac-térie et où ce morceau peut se répli-quer lors des divisions cellulaires) decaféier jamais séquencé. De nouvelleset prometteuses perspectives décou-lent de ces avancées, en particulierdans le domaine de l’étude de la diver-sité et pour une meilleure compréhen-sion des relations phylogénétiquesentre espèces de caféiers. Au cours decette même cession, les chercheurs depays producteurs de café (Brésil etColombie) ont fait le point sur lesrecherches menées dans leur pays res-pectif. Un chercheur de Nestlé a relatéles travaux montrant lesrelations de synténieou conservation del’ordre des gènesentre le génome dela tomate et celuidu caféier(Coffea cane-phora). Parailleurs les tra-vaux exposéssur les diffé-rentes solana-cées, principale-ment tomate, pommede terre, tabac, poivrons,ont permis aux chercheurstravaillant sur les caféiers d’élaborer denouvelles perspectives et d’intégrer lesinformations transférables des solana-cées vers le caféier, plante d’impor-tance économique. ●

1. Unité, Diversité et adaptation des plantescultivées, DIA-PC, unité mixte Sup Agro,Cirad, Inra, IRD

Contact Alexandre de [email protected]

B r é s i lIRD/EmbrapaUn séminaire de restitution des résul-tats de recherches issus du partenariatentre l’IRD et l’Embrapa-Cerrados, a eulieu le 29 juin 2007 à Brasilia. Il mar-quait la fin des affectations de deuxchercheurs IRD, Danielle Mitja et ThierryBecquer. Le projet IRD/Embrapa vise àanalyser les relations entre la biodiver-sité et le fonctionnement des sols,connaissances utiles à la gestion desagrosystèmes, comme les systèmesintégrants agriculture et élevage ou desécosystèmes dégradés, comme leszones d’exploitation minière.À cette occasion, l’IRD a solennellementremis à l’Embrapa-Cerrados les élé-ments de la production scientifique desix années de fructueuse coopération,soit un volume de synthèse accompa-gné des copies de 18 publications dansdes revues nationales et internationaleset de 77 présentations dans des sémi-naires et congrès nationaux ou interna-tionaux. ●

[email protected]@[email protected]

WEB http://www.montpellier.inra.fr/rhizosphere-2/

R h i z o s p h è r e

Tout un monde entre les racines

Étudiants en master d’entomologie au Bénin. ©

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Au-delà de cette mobilisation, il restebeaucoup à faire, car la relève desentomologistes ne peut être assuréeque si ces enseignements s’inscriventdans la durée et s’adressent à des étu-diants ayant des projets professionnelsréalistes. ●

[email protected]

Vincent Robert

[email protected]

Gérard Duvallet

[email protected]

Fleur de café, Coffea robusta.

© IRD/H. de Foresta

WEB www.sgn.cornell.edu/

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Les lauréats 2007Le thème « Sciences et développe-ment » retenu pour la journée desjeunes chercheurs 2007 a été l’occa-sion de présentations d’un très hautniveau, tant sous forme de communi-cations orales (une trentaine) que deposters (une cinquantaine). Commechaque année, les meilleures commu-nications ont été récompensées et plu-sieurs bourses d’études accordées.

• Arfang Diamanka Premier prix d’une valeur de 100 000 FCFA pour sa communication : « Micro-sporidies et myxosporidies parasites depoissons d’eau douce du Sénégal ».« Les maladies parasitaires constituentun danger potentiel pour l’ichtyofaune,surtout en conditions de pisciculture.Parmi les agents de ces maladies para-sitaires, les microsporidies et les myxo-sporidies constituent des groupes trèsredoutés, souvent identifiés, en casd’épizooties, comme cause directe demortalités massives chez les poissons.Ainsi, dans le cadre d’une large pros-pection sur les poissons cichlidés duSénégal, nous avons examiné 284 spé-cimens appartenant à 6 espèces. Nosrecherches ont déjà permis de mettreen évidence 4 espèces de microspori-dies et 17 de myxosporidies. Parmi cesdernières, quatre sont observées pourla première fois et représentent desespèces nouvelles pour la science. »

ContactLaboratoire de Parasitologie Générale,Département de Biologie Animale,Faculté des Sciences et Techniques,Université Cheikh Anta [email protected]

• Sékouna DiattaDeuxième prix d’une valeur de 50 000 FCFA pour sa présentation : « Apportdes biotechnologies à la productionfourragère : régénération in vitro deMaerua crassifolia, Forsk ». « Maerua crassifolia est une espècetrès appréciée par les animaux. Sesfeuilles sont aussi consommées parl’homme. Ses divers usages justifient sagrande importance. Seulement, elleprésente une faible régénération natu-relle due à une insuffisance de grainesviables. Une des solutions pourcontourner cette contrainte est l’explo-ration d’autres modes de propagation.C’est dans cette optique qu’une étudea été menée sur la régénération in vitrode Maerua crassifolia à partir de maté-riel juvénile (cotylédons embryonnaires,hypocotyles, racines et semis). »

contactLaboratoire d’Écologie végétale,Département de Biologie Végétale,Faculté des Sciences et Techniques,Université Cheikh Anta [email protected]

• Niokhor BakhoumPrix du meilleur poster, d’une valeur de50 000 F CFA pour son travail : In-fluence des conditions pédoclimatiquessur la diversité des bactéries fixatricesd’azote associées à Acacia senegal.

Form

atio

ns

Ben Toguebaye,Directeur de la

recherche àl’UCAD, Niokhor

Bakhoun etChristian Colin,

représentant del’IRD au Sénégal.

C o-organisées par l’UCAD, l’IRD etle Regroupement des étudiantsde 3e cycle, les Journées jeunes

chercheurs de Dakar offrent aux nou-veaux docteurs, doctorants et étudiantsdont les projets ont été retenus l’oppor-tunité de présenter leurs recherchesdevant un large auditoire. Conçues dèsleur première édition comme un outilde promotion et de diffusion derecherches novatrices auprès de lasociété, ces Journées n’ont pas dérogéà leur principe. Les multiples interven-tions portaient sur la santé, la nutrition,l’eau, les migrations, la pauvreté, l’envi-ronnement et la biodiversité, couvrantl’ensemble des problématiques dedéveloppement dans la région.Communications orales ou posters, lestravaux sélectionnés interpellent cher-cheurs et acteurs du développement,possibles relais auprès des médias et,par-delà, du grand public. À la pointede leur domaine, ces recherches consti-tuent non seulement l’antichambre dela recherche-développement des entre-prises, mais également une aide pré-cieuse à la décision en matière de pré-

Une génération entreprenante

vention sanitaire, de réformes sociales,de biotechnologies ou de préservationde l’environnement et de la biodiver-sité.Rompant avec les déclarations incanta-toires habituelles sur la nécessité desortir le savoir des laboratoires, lamanifestation se fait force de proposi-tion pour des problèmes souvent d’uneactualité brûlante. Marque de cetteinterdépendance sciences-développe-ment, l’IRD est engagé dans 6 des7 écoles doctorales de l’UCAD, précé-dant en cela le souhait de la ministresénégalaise de la Recherche scienti-fique, Yaye Kène Gassama Dia, de voirla science mise au service des prioritésnationales de développement. Parceque la publication à tout prix et le soucilégitime de carrière qui lui est attachén’est pas tout, « la volonté politique etsociale doit être suivie de résultatsconcrets de la part de la recherchefinancée », insiste le recteur del’UCAD, Abdou Salam Sall.Mais le rôle de la puissance publiquene doit pas se résumer à celui de simplefinanceur, d’autant que les possibilités

moins légitime d’objecter que celaconstitue une stratégie risquée qui, enprivilégiant une vision de court terme,pourrait bien desservir sa finalitémême. Les modèles alternatifs ne man-quent d’ailleurs pas. C’était tout l’objetdes interventions remarquées deGéraldine Karbouch sur les incubateursd’entreprises en France et de PapeNdiengou Sall sur le Fonds nationalpour la recherche agricole et agroali-mentaire au Sénégal (FNRAA, financépar l’État sénégalais, la Banque mon-diale, l’Union européenne et la Banqueafricaine de développement). Enjouant, chacun à leur manière, le rôledu maillon qui faisait jusque-là défautentre le chercheur et l’entrepreneur,ces dispositifs ont également révéléune dynamique propre à stimuler larecherche par la demande sociale. Dudîner-débat organisé par l’IRD sur lethème « Liaison des entreprises avec larecherche » est ainsi née l’idée d’unmodule de formation intitulé« Création d’entreprise », proposé auxjeunes chercheurs par l’École supé-rieure polytechnique de l’UCAD, avec àla clé un financement pour lesmeilleurs projets d’incubateur. ●

[email protected]

Placées sous le signe des relations entre science et développement, l’édition 2007 des Journées jeuneschercheurs, organisées les 11 et 12 juillet à l’universitéCheikh Anta Diop (UCAD), coïncidait avec le cinquantenairede l’institution dakaroise, soulignant, à dessein,l’importance des travaux de la nouvelle génération de chercheurs pour la société sénégalaise de demain…

de carrière à l’université restent limi-tées, créant un appel d’air préoccupantvers les établissements d’enseignementsupérieur étrangers. Près de 92 % dubudget de l’UCAD est consacré aux seulssalaires, privant, de fait, l’institutiondes moyens de sa politique novatrice.C’est tout le sens du volet formationdu soutien de l’IRD à l’employabilité desdiplômés par le biais de financements,mais aussi d’aide à la constitution deréseaux et au développement de l’en-seignement à distance.Avec l’adoption du système licence,master, doctorat et la quantificationqu’il permet de la charge de travailrequise pour l’étudiant, une partie del’enseignement peut désormais s’effec-tuer à distance, en particulier dans lesfilières où le travail en salle n’est pasindispensable. Les gains en termesd’espace sont évidents, libérant autantde locaux pour les cours de langues oud’informatique, devenus modules àpart entière. C’est avec le même objec-tif d’adéquation de la formation àl’emploi qu’il est prévu de mettre pro-chainement en place, dans la philoso-phie du master pro, une unité d’ensei-gnement « Projet professionnel » et,dans ce cadre, d’ouvrir l’UCAD aux pro-fessionnels-formateurs des domainesconcernés. Si adosser de la sorte les orientationsde la recherche aux besoins des entre-prises crée les conditions d’une poli-tique de stages adaptée, il est néan-

Titulaire d’un DEA de biologie animale, Samba Ka a bénéficié de 2002 à 2005 d’une bourse de l’IRD pour sa thèse sur les « Communautészooplanctoniques de deux lacs tropicaux (lac de Guiers etréservoir de Dakar Bango, Sénégal) : relations avec les facteurs environnementaux, le phytoplancton et les efflorescences cyanobactériennes »,soutenue en avril 2006. Entretien.

Dans quel contexte avez-vous pré-paré votre thèse ?J’ai effectué mes recherches sous ladirection de Marc Pagano à l’IRD et deCorinne Cuoc à l’Université de Pro-vence en collaboration avec OmarThiom Thiaw professeur à l’UCAD. Unepublication est déjà parue et plusieursautres sont en préparation.

Quels sont les origines et les objec-tifs de l’Association des doctorantset jeunes docteurs que vous avezcofondée en juillet 2006 ?Nous sommes partis du constat que lesjeunes docteurs rencontrent de sérieuxproblèmes d’insertion au Sénégal.Notre but n’est donc pas tant de cher-cher des bourses, ce que le Regrou-pement des étudiants de 3e cycle faittrès bien, que de favoriser la visibilité etl’insertion des jeunes chercheurs, desusciter un réseau, ne serait-ce que parla mise en place d’une simple base dedonnées, pour commencer. Nous avonsd’ailleurs en projet la création d’un col-lectif des anciens allocataires de l’IRD.

Comment voyez-vous l’avenir desJournées jeunes chercheurs ?Deux objectifs étaient visés à travers l’or-ganisation des Journées : permettre àdes jeunes chercheurs de communiquerles résultats de leurs recherches à ungrand public et leur offrir un contactavec de potentiels employeurs. Le pre-mier objectif est largement réussi depuisquelques années. Cependant, le secondobjectif, l’insertion, n’est pas encoreatteint, selon moi. Alors même que toutle monde s’accorde à dire qu’il n’y a pasassez de chercheurs au Sénégal, l’uni-versité et les centres de recherchesnationaux ne recrutent pas depuis unedizaine d’années. Par exemple, l’UCAD

n’a pas recruté en masse (23 assistants)depuis 1999 et ce malgré le double-ment des effectifs d’étudiants. J’oseespérer cependant que les conditions derecrutement vont s’améliorer d’ici peuavec les projets de mise en placed’écoles doctorales à l’UCAD et la créa-tion des nouvelles universités. Lescentres de recherches (ISRA, ITA, etc.)devraient également faire un effort pour

recruter les jeunes chercheurs afin deredynamiser la recherche scientifique auSénégal. Il faut aussi, selon moi, encou-rager et favoriser la création de centresd’excellence régionaux. Autour d’évè-nements de ce type, pourquoi pas ?

Quels sont vos attentes vis-à-vis del’IRD ?Il me semble qu’un effort de valorisa-tion devrait être fait en direction desbénéficiaires les plus méritants. Les for-mations récemment mises en place parle département Soutien et Formationpour les doctorants qu’il soutient vontdans le bon sens.

Quelle place pour vous dans lasociété sénégalaise ?Avec trois autres docteurs (anciens allo-cataires de l’IRD) et un quatrième forméen Espagne, nous avons créé un cabinet

de consultance en environnement(étude d’impact, surveillance des écosys-tèmes, qualités des eaux). Nous sommesactuellement en pleine phase de pros-pection, même si nous n’avons pasencore obtenu véritablement de marchéet que nous manquons d’expérience.Pour ma part, je poursuis ma collabora-tion avec l’UR RAP (Réponses adaptativesdes populations et des peuplements depoissons aux pressions de l’environne-ment) de l’IRD sur un projet de recherche.Je suis également enseignant-vacataire àl’UCAD et je participe à des projets derecherche développés à l’Institut univer-sitaire de pêche et d’aquaculture. ●

Propos recueillis par OuidirBenabderrahmane

[email protected]

WEB http://www.ird.sn/JJC/2007/

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Après la thèse

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Page 7: Ebola Une nouvelle€¦ · Le journal de l'IRD Jean-François Girard a été renouvelé pour un troisième mandat dans ses fonctions de président de l’IRD par décision du Conseil

Pendant trois années consécutives, une véritable coalition internationale de chercheurs aura tenu la chronique de la mousson africaine. Tous les paramètres du climat, sur la terre,

dans les airs et sous l’eau auront été scrupuleusement enregistrés puis analysés pour comprendre et anticiper les soubresauts, parfois meurtriers, du climat ouest-africain.

Chronique de la mousson africaine

Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 42 - novembre/décembre 2007

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Une mobilisationsans précédentLa réflexion scientifique sur laconstruction d’un grand programmeinternational chargé d’étudier lescauses et l’impact de la grande sèche-resse, qui a touché toute l’Afrique del’Ouest au cours de la période 1970-1990, a démarré en 2001 au sein de lacommunauté française. Elle s’est rapi-dement internationalisée et concernemaintenant une communauté de plu-sieurs centaines de scientifiquestravaillant de concert au sein du pro-gramme Amma (Analyses multidiscipli-naires de la mousson africaine) – onestime à 600 personnes environ l’effec-tif total des équipes scientifiques ettechniques non africaines qui ont parti-cipé sur le terrain à la campagne d’ob-servations de 2006 – mais de nom-breux scientifiques européens n’ontpas eu cette chance et devront secontenter de faire parler en laboratoireles données récoltées pour améliorerles modèles qui serviront à prévoir lesévolutions futures de ce système clima-tique complexe. Comme décrit dansl’article ci-contre, la mobilisation de lacommunauté africaine a également étéexceptionnelle et la « communautéAmma » n’est pas loin d’atteindre lemillier de scientifiques de par lemonde. Amma constitue ainsi une pre-mière à bien des égards, au moins pource qui concerne une instrumentationconjointe de l’atmosphère, de l’océanet du continent pour étudier la dyna-mique d’un système climatique régio-nal sur plusieurs années.

ContactThierry Lebel, IRD, Laboratoire d’étudesdes transferts en hydrologie et environ-nement, UMR LTHE, coprésident ducomité scientifique Amma [email protected]

depuis que les séries climatiques

existent. Elle a eu un impact catas-

trophique sur la sécurité alimentaire

et les ressources en eau, le Niger ces-

sant de couler à Niamey en 1985 et la

superficie du Lac Tchad étant passé

de 25 000 km2 dans les années 1950

à 2 500 km2 aujourd’hui.

Certains processus inhibiteurs de la

mousson sont bien identifiés, notam-

ment le réchauffement de l’océan tro-

pical qui a atteint 0,5° depuis les

années 1950 en conséquence du

réchauffement de la planète et de la

disparition des forêts et savanes non

anthropisées. Pour autant, les inter-

actions complexes qui régissent la

variabilité de la mousson sont encore

mal appréhendées, c’est pourquoi sa

prévision, qu’elle soit d’échelle sai-

sonnière ou climatique, est encore

très incertaine. Le point bloquant

central sur la voie de l’amélioration

des modèles de prévision est le

our le non-spécialiste, la

mousson est une affaire

indienne. En réalité les

systèmes de mousson

sont de gigantesques brises de mer

d’échelle régionale, associées aux

contrastes thermiques et dynamiques

entre océans tropicaux et surfaces

continentales avoisinantes. L’Afrique

de l’Ouest, bordée par l’océan Atlan-

tique tropical n’échappe pas à ce phé-

nomène : son climat est régi par la

mousson d’Afrique de l’Ouest dont les

errements – qu’il est bien difficile de

prévoir – conditionnent la vie de

300 millions de personnes vivant sur

un espace de 7,8 millions de km2.

Depuis le début des années 1970 la

sècheresse frappe, notamment le

Sahel. Cette sècheresse, par son

extension spatiale, sa durée et sa

sévérité (jusqu’à 50% de déficit de

pluie au cours de la période 1970-

1990) n’a pas d’équivalent au monde

Mo

usso

n africain

e

our répondre à des

problématiques locales,

Amma-Afrique s’est doté

d’un plan scientifique qui

permet d’orienter la recherche sur

des thèmes majeurs pour l’Afrique

comme la désertification, la gestion

des ressources naturelles, la sécu-

rité alimentaire, les impacts socio-

économiques et environnementaux

du changement climatique, les stra-

tégies d’adaptation, la santé ou

encore la qualité de l’eau.

Ce réseau, issu et adossé à un pro-

gramme scientifique international

fortement structuré est une opportu-

nité pour les jeunes chercheurs afri-

cains souvent isolés. Des individus

et des équipes ont ainsi trouvé un

cadre régional pour échanger des

informations, fédérer les initiatives

et propositions individuelles et

gagner en efficacité dans la

recherche des moyens nécessaire à

la mise en œuvre de leurs projets.

Du point de vue opérationnel, le par-

tenariat est également au cœur du

programme d’observation d’Amma,

sa mise en œuvre passant nécessai-

rement par une implication effective

des institutions et des scientifiques

africains. La manifestation la plus

évidente de cette implication a été la

mise sur pied du centre d’opérations

principal Amma (AOC) au Niger. Mais

un peu partout dans la sous-région

des équipes ont eu l’opportunité de

participer pour la première fois à une

DeuxièmeconférenceinternationaleAmmaUn an après la fin de la campagne demesures intensives de 2006, qui a vuun déploiement instrumental excep-tionnel sur l’Afrique de l’Ouest asso-ciant avions et navires de rechercheaux moyens lourds déployés à terre,le temps est venu de tirer un premierbilan des recherches menées à partirdes données recueillies depuis ledémarrage des mesures en 2002.Après la conférence qui s’était dérou-lée à Dakar en décembre 2005, ladeuxième conférence internationaleAmma se tient à Karlsruhe enAllemagne au cours de la dernièresemaine de novembre. Une vingtainede sessions, plénières ou parallèles,vont permettre aux 300 chercheursattendus de discuter processus atmo-sphériques, continentaux et océa-niques, science intégrative, dyna-mique régionale de la mousson, cyclede l’eau régional, rétroactions dansle système couplé, impacts de lavariabilité de la mousson sur les res-sources agricoles et en eau, ainsi quesur la santé. ●

ContactsJean-Luc Redelsperger, CNRS, Centrenational de recherches mété[email protected] Van den Akker Bureau de Projet Amma [email protected]

campagne scientifique d’une telle

envergure. Les services météorolo-

giques nationaux et l’Agence pour la

sécurité de la navigation aérienne

(Asecna) ont mis 18 prévisionnistes à

la disposition du centre opérationnel

pour faire fonctionner durant 4 mois

la cellule de prévisions installée à

l’Acmad (African centre for meteoro-

loggy applied to development) avec le

soutien de Météo-France et de

l’Organisation météorologique mon-

diale. La composante opérationnelle

d’Amma a donc constitué une impor-

tante contribution à l’intégration

régionale de la recherche.

Malgré ces acquis, le problème de la

mobilisation des ressources hu-

maines, matérielles et financières

pour la mise en œuvre du plan Amma-

Afrique se pose toujours, de même

que la pérennisation des activités. De

récents appels d’offres permettent

d’envisager des actions sur le long

terme. L’Europe (DG Recherche) a

ainsi contribué à hauteur de 1.2 mil-

lions d’euros au volet « Impacts » des

projets du plan scientifique Amma-

Afrique pour la période 2007-2010.

Dix-sept institutions de recherche et

services opérationnels africains sont

soutenus par ce biais. Le fonds de

solidarité Ripiecsa, d’un montant de

3,5 millions d’euros mobilisés par le

ministère français des Affaires étran-

gères et européennes pour la période

2007-2010, constitue une deuxième

opportunité majeure pour initier

des recherches sur les interactions

climat-écosystèmes-sociétés. Amma-

Afrique a pour ambition de se main-

manque d’observations pertinentes

pour documenter simultanément

toutes les composantes de la mous-

son, des échelles régionales aux

échelles locales.

Amma comporte donc un programme

d’observation unique en son genre

visant à mettre en boîte le système

terre-océan-atmosphère, du sud du

Sahara jusqu’à l’équateur, du Soudan

jusqu’au milieu de l’Atlantique tropi-

cal et, verticalement, depuis les

Un plan scientifique africainLe réseau Amma-Afrique compte aujourd’hui plus de 200 chercheurs

et étudiants africains de différentes disciplines et de différents pays, ainsi quedes ingénieurs et techniciens des services opérationnels nationaux ou régionaux.

tenir au-delà de la phase initiale du

projet (2001-2009) afin de promou-

voir les recherches interdiscipli-

naires, à travers notamment une plus

grande implication des sciences de la

vie et des sciences sociales. Ce

partenariat devra tendre vers la

création d’un véritable pôle africain

de compétences sur l’environnement

et le développement durable en

Afrique. ●

ContactsArona Diedhiou, Laboratoire d’étudesdes transferts en hydrologie et envi-ronnement, UMR LTHE

[email protected]

Amadou Gaye, directeur du

Laboratoire de physique de l’atmo-sphère et de l’océan SimeonFongang, Université Cheikh Anta

Diop de Dakar – École supérieure

polytechnique.

[email protected]

Le radar météorologique Ronsard était chargé de couvrirle site de méso-échelle du Bassin de l’Ouémé (14 600 km2 ;9-10°N), dans le double but d’étudier la structure tri-dimensionnelle des systèmes convectifs pluviogènes et defournir un suivi en temps réel pour la réalisation desmissions aéroportées.

Préparation du lancement d’un radio-sondage à Cotonou.

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nappes d’eau souterraines jusqu’à la

tropopause à 20 km d’altitude. La

mise sur pied avec succès d’un pro-

gramme d’observation d’une telle

ampleur, fonctionnant plusieurs

années (2005-2007), est d’autant

plus remarquable qu’il se déroule

dans une région au climat difficile

pour les hommes et le matériel, avec

des infrastructures et des réseaux

opérationnels beaucoup moins déve-

loppés qu’ailleurs. ●

Stationmétéorologique deBanizoumbou (Niger).Le dispositifexpérimental d’Ammaest articulé autour detrois sites de méso-échelle, dont celui dela région de Niamey(13-14°N), qui couvre16 000 km2 et qui estsuivi par des équipesde l’IRD depuisl’expérience Hapex-Sahel en 1990.

Chronique de la mousson africainePendant trois années consécutives, une véritable coalition internationale de chercheurs

aura tenu la chronique de la mousson africaine. Tous les paramètres du climat, sur la terre, dans les airs et sous l’eau auront été scrupuleusement enregistrés puis analysés

pour comprendre et anticiper les soubresauts, parfois meurtriers, du climat ouest-africain.

Le journal de l'IRD

Front de poussière précédant uneligne de grain en période de mousson(Sénégal).

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Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 42 - novembre/décembre 2007

8

es journées SOP sont

sans fin. La détection

des situations intéres-

santes à documenter

repose en effet sur une veille météo-

rologique permanente menée depuis

le centre Acmad à Niamey, alimenté

par Météo-France en sorties de

modèles et images satellites via une

liaison dédiée mise en place à l’occa-

sion d’Amma. Lorsqu’un gros sys-

tème convectif est identifié comme

susceptible d’atteindre la zone cou-

verte par les avions de recherche

lors du briefing du soir, une équipe

scientifique se met en alerte et va

suivre avec les prévisionnistes l’évo-

lution de la situation tout au long de

la nuit. Pour poser les plans de vol, il

faut anticiper la trajectoire du sys-

tème et tenir compte du temps

nécessaire à la calibration pré-vol et

à la mise en température des instru-

ments embarqués. Le choix du type

de mission à effectuer ayant été pré-

déterminé lors du briefing du soir les

équipes scientifiques et techniques

(une centaine de personnes sont

concernées lorsque les 4 avions

volent en même temps) doivent par-

fois décider vers 3 ou 4 heures du

matin de poursuivre ou non la prépa-

ration de la mission. En cas de déci-

sion positive, les équipes techniques

instruments se rendent sur l’aéro-

port vers 4 heures, rejoints plus tard

par les équipes scientifiques et les

équipages, pour préparer les avions

qui décolleront entre le lever du jour

et la fin de la matinée, selon l’évolu-

tion météo. Lors du briefing de huit

heure qui se tient à la direction de la

météorologie du Niger, on prend acte

des décisions qui ont été prises (vol

en cours, en préparation ou annulé),

on procède à une actualisation de la

situation météorologique sur la base

du rapport des prévisionnistes venus

d’Acmad et on opère une présélec-

tion pour le lendemain et le surlen-

demain. Juste avant ou juste après

ce briefing des contacts sont établis

avec les équipes au sol positionnées

dans la sous-région, y compris sur

l’Atalante dans le golfe de Guinée,

afin de les avertir des vols en cours

(survol de leur site prévu ou non) ou

des résultats des vols du jour précé-

dent. En retour, ces équipes commu-

niquent le statut de leurs instru-

ments, un élément important pour

décider des missions à venir. Au

retour de leurs missions, les scienti-

fiques procèdent à une vérification

Un dispositifexpérimentalexceptionnelLa stratégie d’observation d’Amma estarticulée autour de deux grands axes :tout d’abord, la variabilité interan-nuelle de la mousson d’Afrique del’Ouest est forte et encore largementimprédictible, il faut donc documenterplusieurs années contrastées pourmieux la comprendre, ce qui a conduità construire un dispositif d’observationrégional des variables de base de 2002à 2010, dont plusieurs composantesont déjà fait l’objet d’articles dansSciences au S(n° 18, n° 32, n° 33,n° 34 et n° 35). Comme par ailleurs lesystème est multi-échelles et, en tantque tel, piloté par des interactionscomplexes entre des processus locaux,régionaux et globaux, il était nécessaired’étendre et resserrer les mailles du dis-positif pour étudier dans tous sesdétails un cycle annuel complet de lamousson. C’est ce qui a été fait en2006, avec, d’une part, l’augmentationde la cadence de mesures des instru-ments déjà en place (par exemple cer-taines stations sont passées de 1 radio-sondage à 8 sondages par jour) et ledéploiement de nouveaux instrumentsau sol tels que les radars et lidars sur lecontinent et navires de recherche surl’océan. D’autre part, l’observation insitu de l’atmosphère a été considéra-blement renforcée grâce à la mise enœuvre d’un programme unique en songenre de ballons et de cinq avions derecherche européens basés à Niamey età Ouagadougou, appuyé par un DC8 dela Nasa provenant du Cap-Vert. Cesavions ont sillonné le ciel d’Afrique del’Ouest de janvier à septembre 2006,traquant les nuages d’aérosols et lesgros systèmes convectifs pour étudierleur genèse et leur évolution en liaisonavec les observations réalisées au sol. Ce déploiement unique en son genre,coordonné par des équipes françaises,a fourni une moisson de données surlaquelle plusieurs centaines de scienti-fiques de plusieurs dizaines de labora-toires de par le monde vont travaillerau cours des années à venir. Ces don-nées ne sont pas en elles-mêmes suffi-santes car, aussi impressionnant soit-il,un tel dispositif ne peut pas échan-tillonner en permanence toutes lesvariables qui interviennent dans lefonctionnement de la mousson. C’estpourquoi la stratégie d’observations insitu a été élaborée en tenant comptedes apports des satellites, avec plu-sieurs missions récentes telles quel’Aqua Train et MSG – ou en préparationtelles que SMOS et Megha-Tropiques –et des possibilités offertes par la modé-lisation. ●

[email protected] LTHE

rapide du bon enre-

gistrement des

mesures du vol et

préparent une pré-

sentation rapide

pour le soir ou le

lendemain matin.

Le briefing du soir

est, en outre, l’oc-

casion pour tous les

scientifiques présents (plus de

600 personnes de diverses équipes

scientifiques et techniques sont

venues participer aux différentes

opérations de la SOP) d’être impli-

qués dans le suivi des opérations en

cours et l’analyse des missions réali-

sées. Le centre d’opérations multi-

sites (Niamey, s’appuyant sur des

relais installés au Bénin, au

Burkina-Faso, au Mali et au Sénégal)

mis en place pour coordonner la SOP

d’Amma est une première du genre

et s’est révélé être un centre de for-

a mise en place de la

mousson d’été en

Afrique, en réponse à

l’échauffement de la sur-

face continentale et au contraste de

température avec l’océan, est carac-

térisée par un déplacement en lati-

tude rapide de la zone de convection

de 5° N à 10° N sur une dizaine de

jours entre juin et juillet.

Sur les 40 dernières années, la date

de cette phase de transition est cen-

trée sur le 24 juin avec un écart-type

de 8 jours. Cette mise en place s’ac-

compagne d’un renforcement global

de la circulation atmosphérique au-

dessus de l’Afrique de l’Ouest (le

mouvement de convection, mouve-

ment vertical de l’air échauffé au

contact du sol, provoque une dépres-

sion qui crée un courant d’air

humide provenant du Golfe de

Guinée) ; le maximum d’activité des

systèmes convectifs africains sur le

Sahel intervient durant l’été.

La situation observée en 2006 dans

le cadre du programme Amma, sur

les côtes de Guinée où le phénomène

prend naissance, montre une pre-

mière saison des pluies qui débute

mi-avril. Une forte activité convec-

tive se développe en mai, suivie

mation « sur le tas » sans équivalent

pour les prévisionnistes des diffé-

rents centres météorologiques des

pays de la sous-région. La confronta-

tion et la synergie entre produits

météorologiques les plus modernes

et le savoir météorologique accu-

mulé par les prévisionnistes afri-

cains se sont révélées très enrichis-

santes pour ces derniers, mais aussi

pour les prévisionnistes de Météo-

France détachés à Niamey dans le

cadre de l’opération et, d’une

manière générale, pour tous les

chercheurs présents à Niamey. ●

[email protected]

[email protected]

[email protected]

Laboratoire d’études des transfertsen hydrologie et environnement, UMR

LTHE.

Frédérique Saïd, Laboratoire d’Aéro-

logie, Toulouse.

[email protected]

Le radar américain du MIT joue, pour le site de Niamey,un rôle identique au radar Ronsard installé sur le site de l’Ouémé.

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el

2006 : la mousson a pris du retardd’une diminution début juin et d’une

reprise ensuite. La convection dimi-

nue à nouveau entre le 25 juin et le

10 juillet. Cette baisse d’activité est

typique de la phase de transition

associée à l’établissement de la

mousson d’été. Centrée sur le

3 juillet, elle survient avec 10 jours

de retard par rapport à la date du

24 juin (10 % seulement des cas

sont postérieurs au 3 juillet). L’acti-

vité convective se développe ensuite

à l’échelle régionale sur le Sahel à

partir du 10 juillet environ et se

maintient à un niveau un peu supé-

rieur à la moyenne durant l’été.

En revanche, l’analyse de la circula-

tion des basses couches de l’atmo-

sphère, caractéristique de la mise en

place de la mousson d’été, montre un

renforcement plus précoce, vers le

25 juin. Ainsi bien que certaines des

conditions dynamiques et thermody-

namiques favorables au développe-

ment des systèmes convectifs d’été

aient été présentes à la date habi-

tuelle, il a fallu attendre la mi-juillet

pour entrer dans le régime de mous-

son continental. Ce retard a eu des

conséquences importantes sur l’hy-

drologie (la crue du fleuve Niger a

connu un retard d’un mois qui sera

rattrapé cependant dès la mi-août)

et sur le contenu en eau des sols et

la couverture végétale (évolution

similaire avec un déficit initial rat-

trapé assez rapidement en cours de

saison). Deux pistes préliminaires

sont proposées actuellement pour

expliquer ce retard dans la mise en

place de la mousson d’été : les inter-

actions locales air-mer avec l’upwel-ling du golfe de Guinée qui était en

retard d’une quinzaine de jours en

2006 par rapport à 2005, et un effet

de forçage à grande échelle dans les

Tropiques piloté par un renforce-

ment important de l’activité convec-

tive dans la mousson indienne et

asiatique. Ces deux mécanismes ne

sont pas exclusifs l’un de l’autre ce

qui illustre bien la problématique

multi-échelles d’Amma, la mousson

africaine étant pilotée par et rétro-

agissant sur la circulation atmosphé-

rique planétaire, alors que certains

facteurs régionaux – continentaux ou

océaniques – ont aussi leur rôle. Les

mesures simultanées des caractéris-

tiques de l’atmosphère, de l’océan, et

des surfaces continentales réalisée

par les campagnes Amma permet-

tront de mieux comprendre et hiérar-

chiser les causes du retard, ou de

l’arrêt prématuré (comme en 2000

ou 2003) de la mousson, avec l’es-

poir d’arriver un jour à prévoir ces

« accidents ». ●

Suivi de la progression de la mousson par les équipes de météorologuesde l’ACMAD.

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elLe briefing météo du soir, ultimeétape avant la prise de décisionpour les missions aéroportées de lanuit et de la journée suivantes.

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el

Chacun des avions de recherche est aménagé, à l’extérieur avec des capteurs,

à l’intérieur avec des systèmes d’acquisition et d’analyse. La visualisation des données en temps réel permet au chef de mission

d’aménager le plan de vol en fonction des situations atmosphériques rencontrées.

Intérieur de l'avion britannique.

Une journée en périodespéciale d’observation

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Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 42 - novembre/décembre 2007

9

Mo

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n africain

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ContactSerge Janicot, Labora-toire d’océanographie etdu climat : expérimenta-tion et approches numé-riques (Locean)

[email protected]

Opérations ballons

es ballons à volume

constant (BVC) développés

par le Cnes et le

Laboratoire de météoro-

logie dynamique (LMD) sont des petits

ballons pressurisés de 2.5 mètres de

diamètre volant à niveau constant

entre 1 000 et 1 500 mètres. Ils sont

équipés de capteurs météo

et d’un GPS, et renvoient

leurs mesures via le sys-

tème Argos. Entre mi-

juin et mi-juillet, 15 BVC

ont été lancés depuis

Cotonou (Bénin) ;

le vol le plus long

a couvert plus

de 7 000 km en

15 jours au-des-

sus du continent.

À une période où peu de moyens

aéroportés furent déployés, les BVC

ont montré leur apport pour observer

le début de la saison des pluies et

surtout la dynamique et la thermody-

namique de la basse troposphère

associées au flux de mousson.

Dans le cadre d’une collaboration

franco-américaine, des chercheurs

du Cnes, du Centre national de la

recherche scientifique (CNRS)

et du National Center forAtmospheric Research (NCAR/

USA) ont lancé 8 « ballons-

dr i f t sondes »

depuis Zinder au

Niger entre le

15 août et le

15 septembre

2006.

Ces ballons dérivent avec les vents

stratosphériques (20 000 m d’alti-

tude) jusqu’au large des côtes atlan-

tiques de l’Amérique et larguent

régulièrement des « dropsondes »

qui mesurent les profils thermodyna-

miques de l’atmosphère. Près de

160 dropsondes ont été lâchées par

les ballons driftsondes fournissant

des mesures intéressantes sur les

ondes d’est africaines, les systèmes

orageux et les cyclones tropicaux.

Elles ont permis d’étudier notam-

ment les perturbations africaines

ayant donné lieu aux cyclones

Florence, Gordon et Hélène puis de

suivre ceux-ci lors de leur pérégri-

nation sur l’Atlantique.

Enfin les ballons stratosphériques

ouverts (BSO) ont été déployés à

Niamey (Niger). Ces vols de ballons

du Service d’Aéronomie du CNRS,

conduits dans le cadre d’une cam-

pagne associant les deux projets

européens Scout-O3 et Amma,

avaient pour but d’étudier le trans-

port vertical de la troposphère vers

la stratosphère associé aux sys-

tèmes convectifs (orages) particuliè-

rement intenses en été dans la

région. La campagne a vu 7 vols BSO

entre le 31 juillet et le 25 août de

ballons emportant de 100 à 150 kg

d’instruments français, anglais, ita-

liens, norvégiens et américains, lan-

cés le plus près possible d’un sys-

tème orageux. Après quelques

heures de vol, séparation et des-

cente sous parachute, les nacelles

étaient récupérées au Burkina-Faso.

À cette occasion, 29 sondages

d’ozone ont également été effectués

par le Danish MeteorologicalInstitute, dont six équipés pour la

première fois d’un hygromètre stra-

tosphérique russe et d’un appareil

américain de mesures des particules

de glace. Le bilan de l’ensemble est

une démonstration non ambiguë, une

première à l’échelle internationale,

de l’existence d’une violente injec-

tion d’air des basses couches, de

poussière désertique, de cristaux de

glace et d’eau jusqu’à 19 km dans la

stratosphère par les orages associés

à la mousson africaine. ●

Pour la première fois dans une expérience internationale, les trois composantes “Ballons” du Centre national d’études spatiales (Cnes)ont été simultanément mises en œuvre, permettant ainsi d’étudier différents

niveaux de l’atmosphère inaccessibles aux avions scientifiques, trop proches du sol dans les zones de relief ou situés à une altitude trop élevée.

Station de radiosondaged’Agadèz, Niger, 17° N

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Lancement d’un ballon stratosphérique (site de Niamey). Alors que le ballon commence à s’élever, on distingue traînant encore au sol la chaîne de mesure qui, en vol, peut pendre jusqu’à 100 m sous le ballon.

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Préparation du lancement d’un sondage ozone (site de Cotonou).

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Le réseau de radio-sondage remis à niveaue programme Amma a entrepris de remettreen état le réseau de radio-sondages gérédans la région par l’Agence pour la sécuritéde la navigation aérienne en Afrique et à

Madagascar (Asecna), en mettant l’accent sur des zonescritiques où les données sont rares ; une action qui incluela mise en place de systèmes de télécommunicationsmodernisées et une automatisation de la collecte et del’échange de données. Les radiosondages demeurent lesseules observations in situ des profils atmosphériques réa-lisés selon un protocole homogène, une ou deux fois parjour, sur l’ensemble du globe. Ils constituent la matièrepremière indispensable à l’alimentation des modèlesmétéorologiques.Cette opération a été un succès à plusieurs niveaux• À partir de mi 2005, un réseau de 17 stations a fonc-tionné à raison de 1 ou 2 sondages par jour ; en périodespéciale d’observation, la cadence a pu atteindre 8 son-dages par jour faisant de l’Afrique de l’Ouest la région dumonde la mieux observée sur cette période.• Les services météorologiques africains et l’Asecna dispo-sent maintenant d’un réseau moderne qui pourra conti-nuer à fonctionner au-delà d’Amma et ainsi approvisionnerle réseau de la veille météorologique mondial. Alors que les années précédentes, 45 % des données col-lectées dans la sous-région étaient reçues dans les centresmétéorologiques mondiaux, le programme Amma a permisun taux de réussite d’environ 95 % en Afrique de l’Ouestmalgré une augmentation de la fréquence de mesures :4 fois par jour en moyenne et à certaines périodes d’obser-vations, jusqu’à 8 sondages par jour sur 6 stations,(Cotonou et Parakou (Bénin), Abuja (Nigéria), Tamale(Ghana), Niamey et Agadez (Niger)). Ce travail a mobiliséles ressources humaines de la plupart des services météo-rologiques nationaux des pays concernés et constitue unvéritable succès pour l’Asecna.Des études préliminaires suivies à Météo-France (CNRM)

ont déjà montré l’impact positif de ces données de radio-sondages additionnelles dans l’amélioration de la prévision

du temps dans cette région lorsqu’elles sont assimiléesdans les modèles. Il importe donc de continuer cette étudeafin de déterminer le réseau optimal pour observer et com-prendre la variabilité du climat dans cette région. Le défiest de mettre en place une stratégie de mobilisation desressources, acceptée et endossée par les institutions afri-caines pour pérenniser ce réseau de radiosondage. ●

ContactsSerge Janicot, UMR [email protected] Redelsperger, CNRM

[email protected]

Pas de repos la nuit pour les équipes opérant sur les radars : les gros systèmes convectifs sontsouvent noctambules.

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ContactsArona Diedhiou, UMR LTHE

[email protected]

Ballons à volume constant

Claude Basdevant

[email protected]

Driftsondes

Philippe Drobinski

[email protected]

et Jean-Luc Redelsperger

[email protected]

Scout-Amma

Anne Garnier

[email protected]

Jean-Pierre Pommereau

[email protected]

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Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 42 - novembre/décembre 2007

10

L’eau, ressourcesous-exploitée et menacéeDepuis le début de la période sèche(1968), on note une baisse globale desvolumes en eau disponibles en Afriquede l’Ouest, tant en surface qu’en pro-fondeur : les fleuves Niger et Sénégalont vu leur débit baisser (de 40 % pourle premier, 60 % pour le second), le lacTchad a failli disparaître, la plupart desnappes sont en baisse rapide, de nom-breuses mares et zones humides mena-cées, alors même que la populationcontinue d’augmenter rapidement (de3 % par an en moyenne, 3,5 % auNiger).Mais au Sahel, on remarque que lesruissellements sont en augmentationtrès sensible, du fait des changementsd’usage des sols ; en effet, le déboise-ment et la mise en culture exposent lesol à nu, et provoquent son encroûte-ment, ce qui accroît ruissellement etérosion. Ainsi, le débit de certainsaffluents de droite du Niger a aug-menté de 10 à 35 % durant les deuxdernières décennies. Par ailleurs, danscertaines zones endoréiques sahé-liennes, on observe un accroissementdu nombre des mares, de leur taille etde leur durée, et de ce fait, une remon-tée de la nappe phréatique (plus de20 cm par an depuis 10 ans). Dans leszones sédimentaires, il existe donc degrandes potentialités grâce aux eauxsouterraines, plus fiables que le fleuveNiger (où la construction de barragesest à réaliser avec beaucoup de précau-tions afin d’en limiter les impacts néga-tifs en termes sanitaires et hydro-agri-coles. De petits périmètres peuventêtre alimentés dans tous les villages pardes puits creusés sans apport extérieur. C’est dans les zones de socle que laressource est à la fois rare, difficiled’accès et en nette diminution du faitde la baisse des pluies. L’avenir y pas-sera probablement par des retenuescollinaires pouvant stocker quelquessemaines l’eau des rares évènementspluvieux. ●

ContactLuc Descroix, Laboratoire d’études destransferts en hydrologie et environne-ment, UMR [email protected]

essentiels du cycle de l’eau dans

l’océan, dans l’atmosphère et à la

surface existe, bien qu’il faille l’affi-

ner, et les modèles de simulation

associés sont performants. Pourtant

des progrès importants sont à faire

aux interfaces de ces trois domaines,

notamment à l’interface continent-

atmosphère, qui joue un rôle clé mais

mal connu dans les processus de

mousson. Un fort stockage d’eau dans

le sol et la végétation en fin de mous-

son sur la zone soudanienne semble

induire une mousson plus active la

saison suivante, mais l’ensemble des

mécanismes impliqués sont encore à

élucider.

Le dispositif expérimental a été

conçu de manière à documenter les

processus-clés de ces interactions,

aux échelles régionales (> 105 km2)

et locales (< 100 km2), et à la méso-

échelle (104 km2), qui permet

d’envisager le couplage des études

dans l’atmosphère et sur le conti-

nent, puisque les résolutions de

travail des modèles y deviennent

compatibles.

Le groupe de travail international

qui coordonne les études sur le cycle

de l’eau a réalisé un premier exer-

cice de simulation pour la pluie du

28-29 août 2005 qui a touché les

trois sites de l’expérience. La com-

paraison des résultats des modèles

atmosphériques et hydrologiques qui

ont simulé cet événement et son

impact sera présentée à la seconde

conférence internationale Amma en

novembre 2007 en Allemagne. ●

ContactChristophe Peugeot, LaboratoireHydroSciences Montpellier (HSM)

[email protected]

n Afrique, les fluctuations

climatiques se manifes-

tent essentiellement sous

forme de variations de la

pluviométrie et donc de l’intensité du

cycle hydrologique sur le continent.

Le lien entre la dynamique de la

mousson et le cycle de l’eau continen-

tal se joue en deux endroits. En pre-

mier lieu dans l’atmosphère libre qui

peut atteindre une épaisseur de

15 km. La convection profonde qui s’y

développe (ascendances engendrées

par l’énergie emmagasinée dans cette

région du globe lors de l’été boréal)

est à la source des précipitations. En

second lieu, au niveau de la couche

limite planétaire dont l’épaisseur

varie de quelques centaines de

mètres à 2 ou 3 kilomètres selon la

saison et les moments de la journée.

Au sein de cette couche limite, la

couche de surface, de quelques

dizaines de mètres d’épaisseur, est le

siège des échanges gazeux (vapeur

d’eau, CO2, azote) et énergétiques

entre la surface continentale et

l’atmosphère, largement contrôlés

par l’activité biologique et le couvert

végétal. La connaissance de ces flux

est fondamentale pour comprendre

et quantifier les rétroactions de la

surface continentale sur les proces-

sus atmosphériques, notamment la

convection et donc la pluviogénèse,

mais aussi la dynamique de la végéta-

tion et ses interactions avec le cycle

hydrologique.

À cette fin, un important dispositif de

mesures a été mis en place sur les

différents types de couverts repré-

sentés au sein de chacun des trois

sites de méso-échelle du programme

Amma, formant ainsi un échantillon-

nage homogène le long du gradient

éco-climatique latitudinal de l’Afrique

de l’Ouest. Il permet, en particulier, la

mesure directe des flux de vapeur

d’eau (évapotranspiration), de cha-

leur sensible (échauffement de l’air

par le sol) et de CO2 dans la couche

de surface. Le graphique montre par

exemple le basculement du rapport

des flux de chaleurs latentes (évapo-

transpiration) et sensible sur une

jachère à l’arrivée de la mousson

2006 au Niger. Ceci illustre comment

l’énergie reçue est utilisée avant tout

pour ré-évaporer la pluie dès que la

mousson est installée. Le suivi des

précipitations, des composantes du

bilan radiatif, du flux de chaleur et du

profil d’humidité dans le sol, ainsi que

des paramètres du cycle végétatif,

complète le dispositif. Il existe très

peu de systèmes d’observation de ce

type dans le monde, en particulier en

Afrique, qui soient aussi complets,

couvrant à la fois l’énergie, l’eau, la

végétation et le carbone, et représen-

tatifs spatialement et tem-

porellement. Les données

ainsi produites sont cru-

ciales pour la paramétri-

sation et la validation des

modèles à différentes

échelles, du local au

régional, que ceux-ci

soient orientés vers le

climat, l’hydrologie ou

l’écologie. Le dispositif de

stations éco-hydro-météo-

rologiques AMMA pourra

également participer aux

réseaux d’observation de

couverture continentale

ou planétaire, sur lesquels

s’appuie la modélisation

climatique ou environne-

mentale globale. Il appor-

tera enfin aux pays hôtes

(Bénin, Niger, Mali) des

informations précieuses

pour l’élaboration des politiques

internationales de maîtrise des gaz à

effet de serre. ●

[email protected]

Laboratoire HydroSciences Mont-pellier (HSM)

[email protected]

UMR LTHE

[email protected]

Centre d’études spatiales de la bio-

sphère (UMR Cesbio)

Puits au Mali.

Pas une goutte ne passe inaperçue

Le cycle de l’eau dans tous ses états

‘intensité des entrées

d’air océanique humide

sur le continent, la trans-

formation en précipita-

tions et l’abondance des pluies au sol

caractérisent la vigueur de la mous-

son. La surface continentale amortit

ce signal pluviométrique en restituant,

avec un certain retard, une partie de

l’eau à l’atmosphère (évaporation

des sols et transpiration de la végéta-

tion) ou à l’océan (écoulement dans

les rivières puis les fleuves), et en

stockant une partie dans les réser-

voirs souterrains. Les nappes souter-

raines, les rivières et lacs, et l’océan

sont des réservoirs essentiels pour

les activités humaines. Il est impor-

tant de comprendre leur dynamique

et leur vulnérabilité. Cycle de l’eau et

bilan d’énergie sont par ailleurs

étroitement liés. L’étude du cycle de

l’eau est donc un axe central des

études du programme Amma. Une

bonne connaissance des mécanismes

La variabilité du cycle de l’eau et les mécanismesassociés sont au cœur de la compréhension

de la mousson africaine.

Évolution des flux de chaleurssensibles (rouge) et latente (bleu)sur jachère, à l’arrivée de lamousson 2006 au Niger (pluie ennoir). En fond : pluie interceptéepar la végétation herbacée.

Mesure des flux turbulents et radiatifs sur jachère, Niger.

Implantation de la station bioclimatique localisée à 10 km au nord de Bamba (17,03°-Nord 1°24-Ouest) en rive gauche du fleuve Niger.Enfouissement des capteurs d’humidité et de température du sol selon un profil vertical de 5 à 250 cm.

La région du mont Hombori,point culminant du Mali,

en juillet (à gauche)et en août (à droite).

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Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 42 - novembre/décembre 2007

« Cette expertise relève d’unedémarche volontariste du Mali,

pays de la région le plus engagé dans lalutte contre le trachome. Elle a été com-mandée à l’IRD par le ministère de la Santédu Mali et par l’Institut d’ophtalmologietropicale d’Afrique. Et ces deux comman-ditaires ont participé, grâce à des subsidesde l’Union européenne et de la Banquemondiale, à son financement.Les acteurs et partenaires impliquésdans la lutte contre le trachome se sontmontrés intéressés par les travaux desexperts, du fait même que le processusde l’expertise ait lieu dans le pays. Ils sesont d’ailleurs spontanément appro-priés l’ensemble de la démarche.

Un plan d’action de 5 ansL’expertise a abouti à un plan d’actionde cinq ans pour la lutte contre le tra-chome au Mali. Ses conclusions insis-tent beaucoup sur l’importance desmesures relatives à l’hygiène et à l’envi-ronnement. La mise en œuvre de cesrecommandations va concerner le tra-chome, mais aussi d’autres maladiescomme les diarrhées de l’enfant, quipèsent d’un poids très lourd sur la mor-bidité infantile. Il est légitime d’espérerque tous les changements à venir ferontdiminuer le trachome et améliorerontde façon globale la santé des enfantsqui vivent au sud du Sahara.Le fait que le Mali ait été le premierpays de la sous-région à s’engager

11

L e paludisme à Plasmodium falci-parum est la maladie parasitairequi tue le plus dans le monde,

et particulièrement en Afrique subsaha-rienne. Dans la majorité des zones d’en-démie, sa prévalence ne recule pasdepuis des décennies, notammentparce que le parasite développe desrésistances aux médicaments, et le

Une expertisecollégiale, et après ?

dans le processus de lutte, et en parti-culier dans la distribution de l’azi-thromycine, un antibiotique, en cam-pagne de masse sur une large échellegéographique, lui permet d’assumerun rôle de leader et de faire bénéficierles autres pays de l’expérienceacquise.

Étendre la lutte à la sous régionLa diffusion aux autres pays del’Afrique subsaharienne a commencé àse faire par le biais de l’Organisationouest africaine de la santé (OOAS), quirassemble tous les coordonnateurs desprogrammes de lutte contre la cécitédes pays de la Communauté écono-mique des États d’Afrique de l’Ouest.Dans le futur, l’extension géographiquede la lutte contre le trachome à desrégions entières, et pour certains payscomme le Mali ou le Niger, à l’en-semble du territoire, impliquera de plusen plus une collaboration régionale etun échange d’expériences. Cela se faitau travers de la réunion annuelle del’Alliance de l’OMS pour l’élimination dutrachome cécitant d’ici l’an 2020, quirassemble les acteurs du monde entier,et pour la sous-région au travers desréunions régulières de l’OOAS.

Une évaluation à inventerCependant, la pratique actuelle desexpertises collégiales ne prévoit pas de

1. Jean-François Schemann a dirigé le départe-ment de recherche et santé publique del’Institut d’ophtalmologie tropicale d’Afrique(IOTA) entre 1994 et 2001. Pendant cettepériode, il a effectué de nombreuses études surle trachome. Il a ensuite coordonné l’expertisecollégiale de l’IRD sur cette affection.Actuellement, il est conseiller technique auprèsdu directeur de la population et des migrations,chargé des questions de santé des migrants.

Contact Jean-François Schemann [email protected]

Jean-François Schemann, coordonnateur de l’expertisecollégiale sur le trachome menée par l’IRD et restituéeaux autorités sanitaires maliennes en avril dernier,revient sur ce travail, sur son utilité et sur les suites que l’on peut en attendre1. B o l i v i e

Atelier SIG

et vulnérabilitésurbainesL’équipe de recherche Pacivur a forméune quinzaine de fonctionnaires dugouvernement municipal de La Paz àl’utilisation des bases de données etdes SIG pour l’évaluation de la vulné-rabilité territoriale. Cette formation,qui s’est déroulée du 27 au 31 aoûtdernier, faisait suite à une expertisemenée par cette même équipe un anplus tôt et qui pointait les difficultésd’échanges d’informations entre lesdifférents services du gouvernementmunicipal de La Paz (GMLP) chargés de lagestion des risques au sein des terri-toires municipaux de la capitale poli-tique de la Bolivie. L’atelier a bénéficiédu soutien de l’unité de recherches etde statistiques du gouvernement muni-cipal, et de l’expérience acquise dansl’organisation d’une formation dans lecadre d’un projet Spirales, à Quito en2006.L’objectif était de résoudre des pro-blèmes de construction et d’échangesde données au sein des services dugouvernement municipal, tout en lesoptimisant pour produire une cartogra-phie utile pour la prise de décision entermes de planification préventiveurbaine. Pour y parvenir, la formations’est appuyée sur une base de donnéesen cours de construction par l’équipePacivur sur le thème de la mobilité etde l’accessibilité et ses conséquencessur la vulnérabilité territoriale de larégion urbaine pacénienne. Provenantdu partenaire municipal, ces donnéesétaient donc déjà familières aux partici-pants et plus pédagogiques dans laperspective d’une formation.L’atelier a ainsi répondu à un desobjectifs de formation du programmePacivur, en traitant à la fois d’aspectsconceptuels et techniques pour abou-tir à une meilleure planification pré-ventive urbaine. Il a également permisaux équipes, aussi bien celle dugouvernement municipal de La Pazque celle de l’IRD, de mieux seconnaître et d’échanger leurs don-nées, ce qui facilitera les collaborationsde recherche dans le cadre du pro-gramme Pacivur/GMLP. ●

ContactsRobert D’Ercole [email protected]ébastien Hardy [email protected]

Séminaire de restitution à Bamako de l’expertise collégiale Lutte contre le trachome. Le trachome frappe près de 80 millions de personnes, c’est la deuxième cause de cécité dans le monde. Elle sévit particulièrement dans les régions d’Afrique subsaharienne.Notamment liée à l’hygiène et à la qualité de l’eau, elle résulte d’infections répétées dès le plus jeune âge par un organisme appelé Chlamydia trachomatis.

suivi ni d’accompagnement desactions. Il serait très utile de réfléchir àdes modalités d’évaluation des suiteset conséquences des expertises. Cetteréflexion pourrait être étendue auxprogrammes de recherche pour ledéveloppement lorsqu’ils se veulentopérationnels. Il nous manque desprocédures d’évaluation des projetsinitiés. La recherche reste ainsi souventen amont des actions de développe-ment et n’est pas en prise directe sureux. » ●

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D

virale, etc.) dans le sérum avant l’utilisa-tion dans le laboratoire constitueaujourd’hui de lourdes contraintes. Les chercheurs de l’IRD ont déterminé lacroissance des parasites dans différentsmilieux de culture. Le parasite se multi-plie aussi bien sinon mieux dans quatremilieux alternatifs dont deux dépour-vus de sérum humain3. La densité para-sitaire et l’hématocrite sont deux desfacteurs importants qui doivent êtreajustés pour la croissance optimale duparasite in vitro. Sur la base de ces données, les cher-cheurs de l’IRD proposent un protocolecommun qui pourrait être adapté, nonseulement pour le test isotopique,fondé sur l’incorporation d’un élémentradioactif4, mais également pour lesautres tests de chimiosensibilité in vitrodits non isotopiques, qui sont en traind’être mis au point. ●

1. Le milieu de culture du parasite est com-posé de RPMI 1640 supplémenté par 10 %de sérum humain provenant des sujets nonimmuns et tamponné par le bicarbonate desodium et l’HEPES ([N-(2-hydroxyethyl)pipe-razine-N’-(2-ethanesulfonic acid)]).2. pH neutre, asepsie totale, atmosphère modi-fiée (concentration de dioxyde de carboned’environ 5 % et concentration d’oxygèneentre 1 et 19 %) et température constante de37°C. 3. RPMI 1640 supplémenté par du sérum dechèvre ou par du sérum de veau fœtal, et GITsans sérum (mélange des milieux IMDM et F-12supplémenté par un extrait du sérum bovin).4. L’hypoxanthine tritiée dans les nucléopro-téines du parasite.

ContactLeonardo Basco, unité Paludologie afro-tropicale, [email protected]

P a l u d i s m e

Standardiser le test dechimiosensibilité in vitroLe parasite responsable du paludisme développe des résistances aux principauxtraitements utilisés. La surveillance de sa chimiorésistance est essentielle pour adapter les programmes de lutte contre la maladie. Jusqu’à présent elle reposait sur des tests délicats à mettre en œuvre et à calibrer. Des chercheurs de l’IRD proposent une méthode de culture du parasite standardisée,permettant une comparaison directe des résultats du test des différents laboratoires.

Field application of in vitro assays for the sensitivity of human malariaparasites to antimalarial drugsLeonardo K. Basco, OMS, 191 pages (disponible gratuitement pour les chercheurs tra-vaillant sur le paludisme auprès de l’OMS)

L’auteur tente de définir la place du test de chimiosensibili-té in vitro dans la recherche actuelle sur les médicamentsantipaludiques et dans l’épidémiologie de la chimiorésis-tance du paludisme. L’ouvrage présente les méthodes (non standardisées) dutest de chimiosensibilité in vitro développées ces 30 der-nières années pour les quatre espèces de Plasmodium spé-cifiques de l’homme, et analyse les différents facteurs (mi-lieux de culture, sérum, volume d’hématies, tempsd’incubation, atmosphère, etc.) qui modifient la réponse invitro des parasites aux médicaments. L’auteur propose des protocoles techniques qui pourraientservir de base à une méthode standardisée du test de chi-miosensibilité in vitro appliqué sur le terrain. ●

moustique vecteur (anophèles) auxinsecticides. Le suivi de la chimiorésis-tance de P. falciparum, bien qu’indis-pensable à toute stratégie de lutte,reste peu pratiqué dans les zones d’en-démie, tant la mise en œuvre des testss’avère délicate.Le test de chimiosensibilité in vitro, unedes techniques existantes, suppose la

culture de Plasmodium falciparum pré-levé chez un sujet impaludé, dans unmilieu très particulier1 et sous des condi-tions très strictes2. Après 24 à 72 heuresde culture, on détermine la concentra-tion du médicament qui tue 50 % desparasites, par rapport à ceux qui ne sontpas exposés au médicament. Les résul-tats peuvent varier en fonction desconditions dans lesquelles se déroule letest. Aussi, des scientifiques de l’IRD etde l’Oceac, en collaboration avecl’Institut de médecine tropicale du ser-vice de santé des armées et un réseaude centres de recherche en France et enAfrique francophone, ont évalué desprotocoles du test in vitro dans un butde standardiser et optimiser cet outil delaboratoire. S’affranchir de l’utilisationde sérum humain dans le milieu de cul-ture est une piste intéressante. En effet,trouver des sérums du groupe sanguinAB+ de sujets résidant dans une zoneindemne du paludisme, rechercher despathogènes sanguins (VIH, hépatite

L’IotaInstallé à Bamako depuis 1953, l’Institutd’ophtalmologie tropicale d’Afrique a suc-cédé à l’Institut du trachome de l’AOF, initia-lement établi à Dakar. L’institut, qui avaitintégré l’Organisation de coopération etde coordination pour la lutte contre lesgrandes endémies, fait partie du sys-tème sanitaire du Mali depuis la disso-lution de cette organisation interÉtats en 2000.Centre collaborateur de l’OMS pourla prévention de la cécité, l’Iotamène des actions dans ledomaine des soins oculaires de niveau tertiaire, de larecherche et de la formation.Il joue un rôle majeur dansla lutte contre la cécité au-delà des frontières de lasous-région. ●

Lutte contre le trachome en Afriquesubsaharienne – Trachoma control in Sub-Saharian Africa, Éditeurs scientifiques,Anne-Marie Moulin, Jeanne Orfila,Doulaye Sacko, Jean-François Schemann,IRD, 296 pages + 1 cédérom, 15 €.

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Le centre ville de La Paz, Bolivie.

WEB http://www.ur029.ird.fr

Les participants de l’atelier de formation Bases de données et SIG lors de la clôture de la rencontre, La Paz.

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loppement et de réactivation cellulaireliés à la pratique de la culture in vitro.Cet appareil est également utilisé parMyriam Collin (IRD, Laboratoire d’histo-logie commun) et le sera sans doutepar Stéphane Dussert. ●

1. Avec une contribution de l’IFR Génomiqueet biologie intégrative des plantes (AgroM,Agropolis, Cirad, CNRS, Inra, IRD, universitéde Montpellier 2, université de Perpignan)2. Montpellier RIO imaging regroupe, autourd’équipements communs, l’Inra, le Cirad,l’IRD, l’UM 2, l’Inserm, le CNRS, le CHU deMontpellier, le Réseau national Génopole, leCEA, l’AgroM, Montpellier Languedoc-Roussillon génopole et le Cancéropole du

Grand Sud Ouest. Réservations directes enligne sur le site MRI :http://www.mri.cnrs.fr/index2.php

ContactsJean-Luc Verdeil,[email protected]ève Conéjéro, conejero@ supagro.inra.fr

J ean -Luc Verdeil, chercheur enbiologie cellulaire et moléculaireau Cirad, nous fait les honneurs

du Plateau d’histologie et d’imageriecellulaire végétale (Phiv) dont il est res-ponsable. Cet espace commun, ouvertà quelque 3 000 personnels scienti-fiques, est accueilli dans les locaux duCirad du Campus de Lavalette àMontpellier. Cette plateforme mont-pelliéraine, sans équivalent en France,est l’un des sites du Réseau inter-orga-nismes de Montpellier (RIO imaging2).Le Phiv développe des protocoles expé-rimentaux pour l’observation des cel-lules végétales à partir de ceux qui exis-tent pour les cellules animales. Decouleurs pimpantes, les locaux se distri-buent en salles dévolues à la prépara-tion des échantillons, au traitementinformatique des images, ainsi qu’àtrois sortes de microscopes de pointe età leur environnement informatique.Le Leica DM 6000, financé par l’Inra, leCirad et l’institut fédératif de recherche(IFR) Génomique et Biologie Intégrativedes Plantes, est un microscope utilisantla fluorescence, couplé à une caméraet comportant les options les plus évo-luées par rapport aux besoins en histo-logie. Plusieurs équipes l’utilisent.Patrick Doumas (Inra, UMR DiaPC), quitravaille sur la carence en phosphatechez Arabidopsis thaliana (plantemodèle, Crucifères) en relation avec ledéveloppement racinaire, réalise ainsil’analyse de l’ex-pression d’ungène impliquédans ce phéno-mène après hy-bridation in situsur racine entièrepar une sé-quence du gèneaugmentée d’unmarqueur. My-riam Collin (IRD),responsable dulaboratoire d’his-tologie IRD com-mun à plusieursunités de re-cherche, y effec-tue le suivi desmanipulat ionsd’immunolocali-sation (détection des protéines dans lestissus) et d’hybridation in situ (détec-tion des ARN dans les tissus). Quant àStéphane Jouannic (IRD, unité derecherche Palmiers), Jean-Luc Verdeil etMarc Larthaud (Cirad), leur rôle estl’analyse d’images pour la quantifica-tion, la caractérisation de cellules et lareconstitution en 3D, avec commeobjectif la compréhension de la dyna-mique du développement du méris-tème apical du palmier à huile. Desprotocoles sont mis en place en liaisonavec l’unité mixte Amap.Unique en France, le Real TimeMicroscope (financement Cirad/IFR

Génomique et Biologie Intégrative desPlantes) permet de visualiser les cellules

vivantes, sans colora-tion, sans perturbation, sans destruc-tion. Il a une résolution de 100 nano-mètres (1 nanomètre = 10-9 mètre)proche de celle des microscopes élec-troniques. Seule la lumière réfractéepar les membranes des cellules ou desorganites (noyau, mitochondries,...) estcaptée. Les images sont numériséespuis traitées par les logiciels adéquatsqui permettent ensuite de calculer lavitesse et la trajectoire des particules.Cela permet de voir que les cellulesvégétales sont beaucoup plus dyna-miques que ce que l’on pensait !Stéphane Dussert (IRD, unité mixteDiaPC) a le projet de l’utiliser pour voirles effets, sur les cellules d’embryonsde caféiers, de plusieurs modes dedéshydratation couramment utilisés encryobiologie. Afin d’observer le phéno-mène biologique en direct, l’équipe aconçue et testée, de concert avec lescollègues attachés au Phiv, uneenceinte spéciale permettant decontrôler l’hygrométrie dans la zoned’observation.Le système multiphoton quant à lui esten fait composé d’un microscope bi-photon et d’un microscope confocal.Le premier comporte un laser solideinfrarouge en lieu et place des lampesclassiques. Il est possible de suivre desprotéines intéressantes sans tuer lescellules grâce au rayonnement infra-rouge, moins énergétique et très

fugace (unefemtoseconde =10-15 seconde).Cet équipementest encore enphase de miseau point, mais à terme il per-mettra de suivreles premièresétapes du pro-cessus d’infec-tion des cellulesde la légumi-neuse aqua-tique Aeschy-nomene par labactérie sym-biotique dugenre Brady-rhizobium jus-

qu’à la constitution du nodule fixateurd’azote (Éric Giraud, IRD, unité mixteLSTM). Pascale Talamond, IRD, unitémixte DiaPC) tire parti de l’outil pouridentifier la présence de moléculesinstables de type complexe (caféine/acides chlorogéniques) dans les cellulesde caféier, molécules impossibles àdétecter par les techniques physico-chimiques classiques. L’objectif du microscope confocal laissefiltrer uniquement la lumière du plande mise au point et cela procure uneimage très nette. Il suffit de faire varierla mise au point pour acquérir unereconstitution en 3D. Le laser utilisé enmode confocal est gazeux ; il excite lescellules pendant un temps court et ne

Reconstitution en 3 dimensions d’un méristème de palmier à huile poursuivre le développement des feuilles.

Le microscope multiphoton repousse leslimites de l’observation : il permet de suivredes réactions métaboliques sans tuer lescellules, et d’acquérir une reconstitutionen 3 D des échantillons. Financé parl’IRD et la Région1, c’est la piècemaîtresse du Plateaud’histologie et d’imageriecellulaire végétale (Phiv)à Montpellier et seul deson genre dans larégion Languedoc-Roussillon.

Passeur de lumière primé au FiFi 2007

T ous les deux ans, le Festival internationaldu Film de l’Insecte – organisé par l’Officepour les insectes et leur environnement

(Opie-Languedoc-Roussillon) – rassemble autourdu thème de l’insecte une mosaïque d’acteursvenus de tous horizons : scientifiques, associations,

institutionnels, professionnels de l’audiovisuel et de la Culture, grand public.Pour sa 7e édition (4-7 octobre 2007, Prades), Fifi accueillait en compétition21 films représentant huit pays : France, Hongrie, Angleterre, Suisse, Finlande,Macédoine, Italie, Autriche. « Passeur de lumière », coproduit par l’IRD, figure aupalmarès 2007, il a reçu le prix du jury Jeune. Depuis sa sortie en 2005, ce filma déjà reçu plusieurs prix. Il témoigne de la lutte contre la cécité des rivières ouonchocercose, engagée depuis plus de trente ans en Afrique de l’Ouest et quiconcerne désormais l’ensemble du continent africain : 260 000 bénévoles, les« passeurs de lumière », distribuent dans tous les villages le médicament quiévite de devenir aveugle. ●

Racine vivante d’Arabidopsisthaliana (Crucifères) en microscopiephotonique. L’expression du gènede développement racinaire est repérée par la coloration bleueplus intense dans la partie centralede la racine.

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Voyage en 3 D dans la celluleClub jeunes N iger

Érosion des sols au SahelAutour d’un événement climatiquelocal, les élèves du club JRD de Niameyont mené une véritable étude scienti-fique sur la dégradation de l’espace etle changement climatique au Sahel.Le 6 septembre 1998, après des pluiestorrentielles, les mares surplombant le vil-lage de Léli Mamane Nialé débordaient,formant un oued, ou kori, dévastateur. Leprogramme du club JRD de Niamey était,pour l’année écoulée, l’étude des causesnaturelles et anthropiques de la catas-trophe, ainsi que ses conséquences pourles villageois. Les membres du club1, tousélèves de seconde au lycée La Fontaine,se sont employés à déterminer le volumeactuel de la ravine. Ils ont utilisé des outilsscientifiques modernes, des photos satel-lites de la région, un GPS différentiel etmême un drone Pixy prêté par une unitéde recherche travaillant au Niger. Avecl’aide de chercheurs2, ils sont parvenus àévaluer le volume actuel du kori à500 000 m3, trois fois supérieur audéplacement initial. Au total, ils ontestimé que 750 000 tonnes de sableavaient été entraînées dans le lit dufleuve Niger4.

En suivant les conseils d’une ethnologue5,les élèves ont aussi mené une enquête,interrogeant des riverains sur les circons-tances et les répercussions de l’événe-ment. Les entretiens se sont déroulés enlangue zarma, parlée à l’ouest du Niger, lalangue maternelle de la plupart desélèves. Les villageois ont évoqué lesconséquences subies, destruction derécoltes, disparition des mares en amont,les craintes pour le futur, mais aussi pluspositivement la possibilité de cultiver lemanioc par irrigation dans la partie avaldu Kori. Les témoins ont aussi mentionnéles causes supposées du cataclysme, ledéboisement, le surpâturage, la pluieeffectivement très intense ce jour-là.Ainsi, cet événement catastrophique etses stigmates bien visibles ont faitprendre conscience aux élèves des inter-actions entre les hommes et leur environ-nement, dans un sahel fragilisé depuis ledébut des années 1970 par la sécheresse.Une pluie très intense peut avoir unimpact terrible sur le paysage et la vie deshabitants quand elle se combine à unedégradation des sols, liée à la surexploita-tion de l’espace. La sécheresse qui règneau Sahel et la très forte pression démo-graphique que connaît le Niger risquentde conduire à une augmentation dunombre d’événements de ce type. ●

1. Encadrés par les professeurs de SVT Annede Bessé et Ali Ousseyni, ainsi qu’un profes-seur d’anglais.2. Jean-Louis Rajot de l’unité Sols, Usagesdes terres, Dégradation, Réhabilitation(SOLUTIONS) et Luc Descroix du Laboratoired’étude des transferts en hydrologie et envi-ronnement (LTHE).3. L’ensablement du fleuve est le thème dedeux thèses co-encadrées actuellement parl’IRD au LTHE.4. Anne Luxereau, du Muséum Nationald’Histoire Naturelle, au sein de l’unité Sols,Usages des terres, Dégradation, Réhabilitation(SOLUTIONS).

Contact Gilles Besançon [email protected]

WEB http://www.ird.ne/evenements/liste_evenements.htm#cj07

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http://fifi.opielr.org/Palmares-FiFi-2007.html

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les tue donc pas. Plusieurs équipesdébutent leurs observations en cettefin 2007. Éric Giraud, sur les bactériessymbiontes de légumineuses (voir ci-dessus). Mais aussi Diana Fernandez etDaniel Ramiro (IRD, unité mixteRésistance des plantes aux bioagres-seurs), pour le suivi, dans les feuilles decaféier, de laprogression duchampignonparasite res-ponsable de larouille orangée,de la mise enplace des struc-tures d’infectionintracellulaire duparasite et desréactions de résis-tance et de sensibi-lité de la plante.Daniel Grimanelli (IRD,Laboratoire Génomiqueet développement desplantes) étudie les formesde reproduction asexuéechez les plantes et visualiseles stades de la méiose chez lemaïs. Frédérique Aberlenc etFabienne Morcillo (IRD, unitéPalmiers) réalisent la détection parimmunolocalisation – dans les tissus depalmiers dattiers – d’hormones, de pro-téines et de modifications de l’ADN,impliquées dans les processus de déve-Cellules d’un faisceau vasculaire

de feuille de palmier dattier (coloréespar fluorescence). En haut à droite, une cellule en début de division au cours du processus de callogenèse(production in vitro de plantes à partir d’un cal de feuille).

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recensement de la colonie et à larécolte d’échantillons biologiques. Unprélèvement sanguin a ainsi été prati-qué, dans le but de doser les ratiosd’isotopes stables de l’azote et du car-bone qui renseignent sur la positiondes individus dans la chaîne alimentaireet l’origine des proies. Des échantillonsde plumes ont également été récoltéspour mesurer la teneur en métauxlourds du milieu. ●

1. Henri Weimerskirch, CNRS, Centred’études biologiques de Chizé ; Mathieu LeCorre, université de la Réunion, et FrancisMarsac, IRD - unité Thetis.

Contact Francis [email protected]

(Fregata minor) est un candidat dechoix pour une telle mission. Sa popu-lation est particulièrement regroupéedurant les 5 mois qui encadrent sapériode de reproduction, elle niche àterre et se nourrit au large, mais sur-tout consomme les mêmes proies que

les thons : anchois, calmars, petits crus-tacés, exocets (poissons volants)... Lafrégate du Pacifique dispose de carac-

T els des avions espions, desoiseaux ont été équipés decapteurs électroniques em-

barqués. L’idée originale consiste àenregistrer leurs déplacements au-dessus de l’océan, afin de localiser leszones riches en proies. En effet, ceszones correspondent le plus souvent àdes « oasis de nourriture » quicontrastent avec la pauvreté ambiantede l’écosystème tropical et vers les-quelles se concentrent également lesthons. La fréquence des phasesd’alimentation des oiseaux, la distanceparcourue, la plus ou moins grandeconvergence des individus verscertains lieux sont autant d’indices qui,combinés à des mesures du milieueffectuées par satellite (température,teneur en chlorophylle) et aux résultatsdes pêches par les thoniers, ren-seignent sur la distribution des res-sources en proies, les stratégies déve-loppées par les oiseaux pour en tirerprofit et le degré d’interaction avec lespêcheries. Parmi les oiseaux marins présents surAldabra, la frégate du Pacifique

Le suivi électronique des oiseaux de l’atoll d’Aldabra, une réserve intégrale des Seychelles, devrait éclairer les chercheurs sur la productivité de l’écosystème marin du sud-ouest de l’Océan Indien, zone thonière par excellence.Lors d’une récente mission, des frégates ont été équipées de balises Argos.

Des oiseaux espionnent les thons

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téristiques intéressantes pour cettemission. Son envergure d’un mètrequatre-vingt, pour un poids d’un kilo-gramme seulement, lui confère uneportance exceptionnelle, et donc unecertaine capacité d’emport d’instru-ments. Elle a par ailleurs la particularitéde ne pas plonger pour attraper sesproies qu’elle happe en surface (sonplumage n’est pas imperméable et sespattes ne sont pas palmées). Les proiesdont elle se saisit sont concentrées ensurface par l’effet de chasse d’autresprédateurs situés sous la surfacecomme les thons. La frégate joue donc

un précieux rôle d’indicateur des inter-actions spatiales entre prédateurssupérieurs. Dans une expérience antérieure menéesur l’île d’Europa, au sud du canal deMozambique, trois types de capteursavaient été posés sur des oiseaux : unebalise GPS miniature, un altimètre et unaccéléromètre (mesure de vitesse) four-nissant une représentation 3-D de l’ac-tivité des oiseaux. Mais ce dispositif,qui enregistre les informations, néces-site la récupération régulière desoiseaux. Lors de la récente expédition1

sur Aldabra, où la topographie rend larécupération des volatiles peu aisée, illui a été préféré un système Argos télé-transmettant les données. Treize frégates en phase de reproduc-tion (7 mâles et 6 femelles) ont étééquipées de balises Argos, posées denuit puisqu’il faut approcher les

oiseaux pendant qu’ils sont au nid pourles perturber le moins possible. Enoutre, les scientifiques ont procédé au

Quoi de neuf docteur ? Quoi de neuf docteur ? Quoi de neuf docteur ? Quoi de neuf docteur ?Philippe Cury, directeur du Centre de recherchehalieutique méditerranéenne et tropicale (CRH,IRD/Ifremer/université Montpellier 2) à Sète, a soutenuson habilitation à diriger des recherches le 9 juillet2007. Biologiste océanographe, Philippe Cury s’estinvesti dans la gestion écosystémique des ressourcesmarines, domaine pour lequel il a développé, en col-laboration avec ses collègues physiciens, modélisa-teurs, statisticiens, chercheurs en sciences sociales et

économistes, des concepts écologiques et promu activement de nouvellesapproches intégratives. Les concepts originaux, aujourd’hui largement utilisésen océanographie des pêches, sont liés aux contraintes évolutives et à lamanière dont elles affectent le fonctionnement des écosystèmes marins. Ilsont stimulé la communauté scientifique internationale par la promotion denouvelles idées sur la structure et le fonctionnement des écosystèmes marins.Philippe Cury dirige le groupe Ecosystem Approach to Marine Resources duréseau européen d’excellence, Eur-Oceans. Depuis 2004, il a structuré lesactivités du CRH autour du thème de l’approche écosystémique et de la ges-tion des ressources marines. Son action porte aussi sur l’enseignement vial’organisation d’écoles d’été pour étudiants et boursiers ou d’un programmemaster pour quatre universités françaises. Philippe Cury a travaillé en partenariat avec des collègues de nombreux paysdu sud : Sénégal, Afrique du Sud, Namibie, Côte d’Ivoire, Ghana,Mauritanie, Chili, Maroc. Son implication dans le réseau d’excellence Eur-Oceans est la reconnaissance de son investissement à long terme dansl’océanographie écosystémique. L’ensemble de ses travaux lui a valu l’obten-tion de trois grands prix scientifiques (Prix scientifique national Philip Morris1991 des Sciences de la vie, médaille de la Société d’océanographie deFrance 1995 et médaille Gilchrist 2002 en Afrique du Sud – première attri-bution à un étranger). Il rédige actuellement un livre grand public sur lespêches qui paraîtra en 2008.

[email protected]

Francisco Santana da Sylva a sou-tenu sa thèse de doctorat à l’école doc-torale de l’université de Bretagne occi-dentale le mercredi 28 novembre2007.Il était affecté en France dans l’unité deservice Chronos (US028). Il vient de l’uni-versité fédérale et rurale de Per-nambuco (UFRPE) à Récife, Brésil. Cettethèse, soutenue par une bourse del’IRD, portait sur : Biologie, pêche etdynamique de la population de muletsblancs (Mugil curema, Valenciennes,1836) de Pernambuco – Brésil. SonDirecteur de thèse était JacquesClavier, professeur à l’université deBretagne occidentale et son directeurscientifique Éric Morize, chargé derecherche à l’IRD.

Paulina Lopez a soutenu sa thèse le29 novembre 2008 à l’université Mont-pellier 2 sur l’Impact de la variabilité cli-matique sur la cryosphère du Campode Hielo Norte : apport de la télédétec-tion. Cette doctorante chilienne a bénéficiéd’une bourse du Département Soutienet Formation de l’IRD. Son travail a étéencadré par Pierre Chevallier, YvesArnaud et Bernard Pouyaud, cher-cheurs de l’unité Great Ice.Contact : Pierre Chevallier,[email protected]

Wilson Suarez a soutenu sa thèse le29 novembre 2008 à l’université Mont-pellier 2 sur Le bassin versant du fleuveSanta (Andes du Pérou) : dynamiquedes écoulements en contexte glacio-pluvio-nival. Ce doctorant péruvien abénéficié d’une bourse de l’IRD. Son tra-vail a été encadré par Pierre Chevallieret Bernard Pouyaud, directeurs derecherche de l’unité Great Ice.Contact : Pierre Chevallier, [email protected]

Mbaye Tine a soutenu sa thèse le9 novembre 2007 à la Station Méditerra-néenne de l’environnement littoral (Sète)sur le sujet Mécanismes d’acclimatationet effets sélectifs liés aux variations desalinité chez le tilapia, Sarotherodon

melanotheron (Téléostéen, Cichlidae).Ses travaux ont été co-encadrés parFrançois Bonhomme (université deMontpellier 2) et Jean-DominiqueDurand (IRD, unité RAP, Dakar).Contact : Mbaye [email protected]

Laurie Vuillet a soutenu sa thèse le 3décembre 2007 à l’université Mont-pellier 2 sur le sujet Caractérisation desbactériophytochromes identifiés chezRhodopseudomonas palustris etBradyrhizobium. Eric Giraud, Cher-cheur IRD au Laboratoire des symbiosestropicales et méditerranéennes est sondirecteur de thèse.Contact : Eric Giraud, [email protected],http://www.mpl.ird.fr/lstm

Ecosystèmes d’upwellingL’unité de recherché ECO-UP de l’IRD organise lesymposium international Eastern boundaryupwelling ecosystems: integrative and compara-tive approaches du 2 au 6 juin 2008 à La Palmas(Canaries). Tous les détails et inscription sur lesite internet.

WEB http://www.audiovisuel.ird.fr

http://fifi.opielr.org/Palmares-FiFi-2007.htmlWEB http://www.upwelling-

symposium.org

Performances de long-courriers

Les informations transmises par les balises posées sur les frégates ont permisde construire des cartes de répartition de leurs trajets en mer, lesquels décri-vent une large boucle de 800 km de diamètre suivant le sens des aiguillesd’une montre. La durée des vols, sans se poser, va de 2 à 17 jours, avec unemoyenne de 11 jours, ce qui rehausse les données publiées jusqu’alors de 6 à 8 jours, et le plus long trajet parcouru a totalisé plus de 3 000 km !

Fou à pieds rouges (Sula sula).

Capture d'une femelle de frégatedu Pacifique (Fregata minor).

Après mesures et prélèvements, unfou à pieds rouges est relaché.

Parade nuptiale chez la frégate du Pacifique ; le mâle gonfle son sac gulaire rouge vif.Une femelle au centre est reconnaissable à sa gorge blanche.

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Observation des oiseaux à la jumelle.

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Conserving coffee genetic resources,Complementary strategies for ex situconservation of coffee (Coffea arabica L.) genetic resources.A case study in CATIE, Costa Rica, Engelmann T., Dulloo M.-E., Astorga C.,Dussert S., Anthony F. (dir.), Bioversityinternational/IRD/Catie, 62 pages, 20 €

Les graines de ca-féier, comme denombreuses plantestropicales, ne peu-vent être conservéesen chambre froide.L'IRD, conjointementavec le Catie (CentroAgronomico Tropicalde Investigation yEnsenãnza), et avecle soutien financier du BRG (Bureau desressources génétiques, Paris) et de l'IPGRI(International plant genetic resourcesInstitute, Rome) a lancé en 1996 un pro-gramme de recherches pour mettre aupoint la cryoconservation des graines decaféier. Cet ouvrage présente le premierexemple d’application de cette techniquedans une banque génétique située dansun pays du Sud et qui s’inscrit dans lecadre d’une stratégie de conservation dela biodiversité.

Irrigation Water Pricing The GapBetween Theory and PracticeComprehensive Assessment of WaterManagement in Agriculture Series, No. 4,Édité par François Molle, IRD, et J. Berkoff,consultant indépendant, Cabi, 360 pages,140 €

De nombreux es-poirs ont été placésdans la tarificationde l’eau pour aider àréguler et rationali-ser sa gestion. Maiscelle-là a souventété appliquée àl’échelle nationale eten négligeant lesdifférences écono-miques et environ-nementales régionales. Presque quinzeans après les conférences de Dublin et deRio qui considéraient l’eau comme unbien économique, cette publication passeen revue les politiques qui ont aidé àgérer les ressources en eau et en irriga-tion. Les études de cas présentées offrentun nouveau regard sur les politiques ac-tuelles en évaluant leurs objectifs et leurscontraintes, et en démontrant que sou-vent l’ignorance du contexte régional aconduit à leur échec. Ces analyses de-vraient contribuer à éviter des réformesdispendieuses et malvenues, et aider àélaborer des politiques de gestion del’eau fondées sur une bonne compréhen-sion des facteurs qui influencent leur effi-cacité Contact : http://www.cabi.org

L’anthropologie face à ses objetsNouveaux contextes ethnographiquesSous la direction d’Olivier Leservoisier etLaurent Vidal, Éditions des archivescontemporaines, 300 pages, 32,00 €

L’histoire de l’anthro-pologie est scandéepar des débats de na-ture épistémologiqueet méthodologiquesur les conditions dedéploiement de sonregard. Dans cet ou-vrage, les auteursprônent une rééva-luation de ce qui,dans la démarche de l’anthropologue, re-lève d’un nécessaire souci réflexif. Face àde nouveaux contextes, (multiplication desituations conflictuelles ; expressions mul-tiformes de la « trans-nationalisation »des religions, des codes culturels et deséconomies ; références au passé revisi-tées...) l’objectif de ce livre est de s’inter-roger sur les conditions actuelles del’exercice ethnologique et, au-delà, decontribuer à dresser un état des lieux dela discipline. Les textes présentés mettenten scène et en débat, la triple figure del’enthropologue : savant, expert et mili-tant. Ainsi, en réfléchissant sur leur rap-port avec les données collectées, l’enquê-te et l’enquêté, la demande qui leur estformulée, les auteurs explorent de façonrenouvelée les figures archétypales del’anthropologue .

L’avortement en Amerique latine etdans la CaraïbeAgnès Guillaume et Susana Lerner,Ceped, IRD, Colegio de méxico, 24 pages+ CDR, 15 €

Cette publication listetous les ouvragesparus entre 1990 et2005 sur le thème del’avortement en Amé-rique Latine et dans laCaraïbe et proposeune analyse théma-tique divisée en neufchapitres qui corres-pondent chacun à dif-férents aspects liés àla problématique de l’avortement dans larégion.

Wildlife and emerging zoonoticdiseases: the biology, circumstancesans consequences of cross-speciestransmission.J.E. Childs, J.S. Mackenzie et J.A. Richtéditeurs, Springer, 524 pages, 199 €.

La faune sauvage etles pathogènes qu’elleporte sont la source dela plupart des mala-dies infectieuses émer-gentes en Afrique.Nombre de facteursconcourent à l’appari-tion et à la dissémina-tion d’un pathogène :évolution des relationshôte-pathogène ; démographie, compor-tements et technologies ; facteurs envi-ronnementaux, accès aux infrastructuresde soin, etc.Cet ouvrage propose aux spécialistes desdifférents domaines intéressés, un largepanorama de l’émergence de patho-gènes, en particulier provenant des ani-maux sauvage : mécanismes évolutifs,biologie, pathologie, écologie, histoire,exemples d’émergences, surveillance,prévention et contrôle. Les chapitresconsacrés au virus Ebola ainsi que celuisur les hantavirus ont notamment été ré-digés par des chercheurs de l’unité IRDConditions et Territoires d'Emergence desMaladies dirigée par Jean-Paul Gonzalez.

Bibliografia crítica da saúde indígenano Brasil (1844-2006)Dominique Buchillet, Abya Yala, Équateur,614 pages, 32,50 $ (www.abyayala.org)

La Bibliographie cri-tique de la santéindienne au Brésil(1844-2006) présente3 222 références bi-bliographiques et ré-sumés de recherchesmenées parmi les po-pulations indiennesdu Brésil en épidé-miologie, en écologiehumaine, en paléopa-thologie, en entomologie médicale, enmédecine, en génétique, en anthropolo-gie physique/biologique, et en anthropo-logie sociale, culturelle et de la santé, ennutrition, en microbiologie, etc. L’ouvrageconstitue un document de référence pourles chercheurs qui s’intéressent à la biolo-gie de ces populations et, plus précisé-ment, à la question ethnicité et santé. Elles’adresse également aux professionnelsde santé en leur fournissant un outil deréférence dans le cadre de leur pratiqueclinique auprès des populations indiennesdu Brésil.

Touaregs du Nigerle regardd'EdmondBernus

60 photographies d'Edmond Bernus,IRD/Éditions Grandvaux, 95 pages 24 €

Ce livre est un témoignage exceptionnelsur les Touaregs du Niger. Edmond Bernuscommença ses recherches sur lesTouaregs au Niger dès 1962 comme géo-graphe à l'Institut. Il eut très tôt undouble regard : celui du géographe pré-occupé par le développement des pays etdes peuples, mais aussi celui de l’ethno-logue qui dépasse les apparences, le côté« exotisque » pour véritablement s’inté-grer et partager la vie de ses hôtes.Préface de Caroline Bernus et introduc-tion de Marceau Gast, directeur de re-cherche honoraire au CNRS.

La Diams’pora du fleuve Sénégal,sociologie des migrations africainesSylvie Bredeloup, Presses universitaires duMirail/IRD, 300 pages, 26 €

Des comptoirs officieux où se négo-cient les précieux cailloux, des activi-tés de façade destinées à masquerdes transactions illégales, des villessurgies de nulle part, des commu-nautés qui se composent en fonc-tion de cette économie très spé-ciale : c’est une étrange histoire quecelle des diamantaires de la vallée duSénégal qui nous est donnée à lireici. Sylvie Bredeloup analyse la façondont le trafic des diamants fait naître

de nouveaux espaces d’échanges et decirculation.

Du soin au rite dans l’enfanceDoris Bonnet et Laurence Pourchez,IRD/érès Éditions, 320 pages + DVD, 30 €

Réunissant les travaux d'anthropo-logues, de psychologues et d'histo-riens de la petite enfance, cet ouvra-ge présente les différents soins etrites parentaux entourant la nais-sance et la prime enfance dans lemonde. L'observation des soins auxjeunes enfants (allaitement, sevrage,toilette, etc.) et des rites qui les ac-compagnent tout au long de leurcroissance permet d’aiguiser notreregard sur la diversité des normes so-

ciales et culturelles et d'adapter les modesd'intervention des acteurs médico-sociauxou éducatifs au sein d'une famille oud'une communauté. Le travail des socio-logues sur la petite enfance s’inscrit au-jourd’hui dans une réflexion sur l’évolu-tion de la famille et sur les nouvellesformes de parenté dans le monde. Les« techniques » de soins et les rites associésà la petite enfance évoluent avec ces re-compositions familiales et identitaires. Lesauteurs montrent ici que ces techniques se« nichent » dans des politiques identitairesou s'intègrent à de nouveaux savoirs. Ons’aperçoit alors, que ces « pratiques deroutine » revêtent une dimension poli-tique, jusque là sous-estimée.

Les facteurs de la contraception(au Sénégal, au Bénin, au Togo,

en Côte-d’Ivoire, Burkina-Faso, au Cameroun) au tour-nant du siècle

Groupe international de parte-naires population-santé (Grips),Ceped, collection « Regards

sur », 60 pages chaquevolume 15 €

Série d’analyses compara-tives de la planification fa-miliale – évolution de la fé-

condité et de laplanification familiale,pratiques contracep-tives et déterminants deces pratiques – auBénin, au Togo, auBurkina-Faso, en Côte-d’Ivoire, au Sénégal etau Cameroun (6 vo-lumes).

P r x K a d i m a Dictionnaire peul du corps et de la santé

L inguiste, Henry Tourneux a menédans le nord du Cameroun uneétude sur les conceptions et

représentations du corps et de la maladieen fulfulde (langue peule). Il a aussiabordé la terminologie de la psychologieet les valeurs de la société, dans lamesure où, en fulfude, elles sont misesen rapport avec le corps. L’ouvrage est detype encyclopédique et les entrées sontillustrées d’extraits d’interviews ou autrescitations. Ce dictionnaire vise principale-ment à faciliter la communication entrepersonnels de santé et patients, notam-ment concernant la prévention du sida etde la lutte contre le paludisme. La coha-bitation de deux médecines largementantinomiques – la médecine tradition-nelle locale et la biomédecine occiden-tale – crée en effet de difficiles problèmesde communication. Prenons l’exemple du

terme sonndaaru. Les personnels descentres de santé modernes en font unsynonyme exact de tuberculose. En réa-lité, sonndaaru a un champ sémantiquebeaucoup plus large : il signifie « touxrebelle, quelle qu’en soit la cause ». Ilpeut donc s’agir d’une simple bronchiteou d’une bronchite chronique. L’appli-cation, par les personnels de santé, de cemot «sonndaaru » à toutes les phases dela tuberculose – même à celles où il n’y aplus de toux notable –, rend donc leurdiscours particulièrement opaque pourles patients. D’un autre côté, leur méde-cine traditionnelle désignent des mala-dies non répertoriées en tant que tellespar la médecine occidentale.

Dans la région la plus septentrionale duCameroun, le Diamaré, l’emploi de plusd’une cinquantaine de langues locales(pour 2,5 millions d’habitants) rend indis-pensable le recours à une langue « offi-cielle » susceptible de permettre la com-munication inter-ethnies. La langue peuleest cette langue. Elle ne reflète en effetpas uniquement la culture peule du Maliou du Niger. Par le biais de l’assimilationculturelle et religieuse, de nombreusesethnies sont devenus peules au cours desdeux derniers siècles. En retour, celles-ciont apporté à la culture peule une partiede leurs conceptions et de leurs pra-tiques. On peut donc considérer, de cepoint de vue, que la langue peule du

Diamaré est une synthèse, un syncrétismedes traditions peules et des traditions ori-ginaires de la région. C’est pour cetensemble de raisons que l’auteur a rédigéson dictionnaire dans cette langue.L’ouvrage compte environ 1 500 entréesprincipales, dont 375 verbes, et plus de700 sous-entrées. Il présente, dans l’ordrealphabétique des mots peuls, les connais-sances populaires liées au corps et à lasanté. Un index bilingue français-peul lecomplète, pour permettre au lecteurdébutant en peul, de trouver facilementles informations qu’il recherche. ●

contact [email protected]

Institutions et Développementsous la direction d’Elsa Lafaye deMicheaux, Éric Mulot et Pépita Ould-Ahmed, Presses Universitaires de Rennes,322 pages 18 €.

Dialogue des terrainset des disciplines ausein des sciences so-ciales, cet ouvrages’inscrit dans une vo-lonté d’élaborationcollective d’une ré-flexion institutionnalis-te sur les pays en déve-loppement. Il est lefruit d’un séminaire derecherche Institutionset développement (Matisse-CNRS, Paris,2001-2006). Il souhaite permettre au lec-teur de comprendre les analyses théoriquesdes différentes formes de développementéconomique (théories de la croissance,anti-développement) et les discours des ins-titutions financières internationales. Cecipasse par un travail de clarification des po-sitions théoriques et idéologiques, face à lavague montante du néo-institutionnalismeen sciences sociales. Au-delà de contribu-tions purement théoriques, l’ancrage enéconomie politique est clairement affirmédans des textes analysant les changementsinstitutionnels à l’œuvre dans des pays ourégions particuliers (Afrique de l’Ouest, LaRéunion, le Mali, la Russie, l’Iran etl’Équateur).

Conservación contra nature, Las IslasGalápagosChristophe Grenier, IFEA, IRD, EdicionesAbya Yala, 463 pages www.abyayala.org

Traduction espagnolede Conservation con-tre nature, les îlesGalapagos (IRD).

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Cœur d’AfriqueGorilles, cannibales et Pygmées dans le Gabon de Paul du ChailluSous la direction de Jean-Marie Hombert et Louis Perrois, CNRSÉditions, 288 pages, 35 €

Paul du Chaillu, 17 ans, débarque en 1848 àLibreville, un comptoir français sur la côte dugolfe de Guinée, qui vient d’être créé à peinecinq ans plus tôt. Il passera plus de dix ans auGabon en trois séjours successifs. En 1855, re-venu d’Amérique où des missionnaires pres-bytériens l’avait envoyé pour compléter sonéducation, ce jeune homme courageux vas’aventurer, seul, au plus profond de la forêtéquatoriale, chez les Fangs, les Nkomis, les Eshiras et les Punus.C’est avec une énergie étonnante qu’il y découvre et chasse lesgrands singes ; étudie les Pygmées et les ethnies réputées canni-bales ; collecte de multiples spécimens de la faune et de la flore afri-caines alors très peu connues. Enfin il écrit sur ses voyages des livresà succès. Cet explorateur franco-américain pionner au Gabon de-meure étrangement méconnu du public d’aujourd’hui. Une équipede chercheurs franco-gabonais entreprend, dans cet ouvrage abon-damment illustré de gravures anciennes mais aussi d’images ac-tuelles, de rendre justice à ce personnage hors normes du XIXe siècle.

Le 1er octobre dernier, Ama Tutu Muna, ministre de la Culturedu Cameroun a remis à Henry Tourneux (unité de rechercheActeurs et systèmes de santé en Afrique) le prix Marcel Kadima dans la catégorie « Langues ». Ce prix lui estattribué par l’Organisation internationale de la francophoniepour son Dictionnaire peul du corps et de la santé.

De l’anthropologie de l’autre à la reconnaissance d’une autreanthropologie. Journal des anthropologues, n° 110-111,190 pages 22 €.

Discipline fondée surl’analyse de la diffé-rence, l’anthropolo-gie a cependant dumal à la prendre encompte en sonpropre sein. Dans cenuméro du journaldes anthropologues,Elisabeth Cunin etValéria Hernandezproposent, dans ledossier qu’elles ont coordonné, de resti-tuer la diversité des points de vue tellequ’elle s’exprime dans divers contextessociopolitiques et intellectuels. « Plutôtque de reproduire une logique d’altérisa-tion – non plus de nos objets mais del’anthropologie –, nous tentons le parid’une réflexion multilocalisée sur les re-présentations et les pratiques de l’anthro-pologie, en prenant comme point d’an-crage initial l’Amérique latine. »

Mpomo le prince de la granderivière, épopée nzimé du CamerounCharles Binam Bikoi, IRD/Karthala,470 pages 32 €

L’histoire de Mpomoest une longue épopéeque le chercheurCharles Binam Bikoi arecueilli par fragmentschez les Koozimés, dela bouche du griotDaniel Minkang. Aprèsune patiente reconsti-tution, il nous en offreaujourd'hui le textedans toute son am-pleur. L’histoire est celle de Mpomo, un en-fant extraordinaire, dernier-né de Zyèm, unfondateur de clan, lui-même benjamin de lapremière famille humaine qui s'est désunieet dispersée. Mpomo vient au monde inves-ti d'une quadruple mission : restaurerl'ordre et la justice, établir la paix, décapiterla sorcellerie, réunifier la grande famille desdescendants de Zyèm, Bèm et Yamé-kanaqui, selon les Koozimé, n'est autre que l’in-divise humanité. D'un chapitre à l'autre, lelecteur découvre les figures épiques quipeuplent le « pays de la grande rivière ».Charles Binam Bikoi, est directeur de re-cherche et professeur, spécialiste de l’étudedes civilisations anciennes et de la traditionorale. Il est actuellement secrétaire exécutifdu Centre régional de recherche et de docu-mentation sur les traditions orales et pour ledéveloppement des langues africaines.

Comunidades negras en el PacífìcocolombianoOdile Hoffman, IFEA, IRD, Ediciones AbyaYala, 310 pages

Traduction espagnolede l’ouvrage Commu-nautés noires dans lePacifique colombien(IRD/Karthala). www.abyayala.org

Développement durable ?Doctrines, pratiques, évaluationsJean-Yves Martin (éd.), Chù biên (trad.)

Traduction en vietna-mien de l’ouvrage pu-blié par l’IRD en 2002.Les contributions ré-unies dans cet ouvrageabordent les différentsaspects du développe-ment durable.

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Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 42 - novembre/décembre 2007

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Avec la mondialisation, cela change. Iln’y a plus d’un côté les pays riches et del’autre les pays pauvres, mais un conti-nuum, et la notion de pays en dévelop-pement recouvre des situations très dis-parates. Ce n’est plus seulement lasolidarité internationale qui motive l’aideau développement, mais un ensembled’impératifs comme la sécurité, autantcelle des pays du Nord que celle des paysdu Sud, face aux changements clima-tiques, aux besoins d’énergie, aux mala-dies émergentes ou aux migrations inter-nationales. Dans ce contexte on assiste,sur des bases redéfinies, à un renforce-ment de l’aide au développement dansde nombreux pays et au sein de l’Unioneuropéenne en particulier. De plus, danstous les cas, à Paris, à Bruxelles ou àLondres, on souligne maintenant qu’il nepeut plus y avoir d’aide au développe-ment sans recherche.Le dispositif de recherche en France,avec les différents organismes et lesuniversités, est tel qu’aucun d’entre cesacteurs ne peut prétendre à lui seulrépondre à l’ensemble des questionsde recherche posées par le développe-ment. Il nous est donc nécessaire deresserrer nos partenariats et de nouerde nouvelles alliances pour faire face àl’importance de la demande.Jusqu’à présent, deux organismes (leCirad et l’IRD) étaient spécifiquementdédiés à cette recherche pour le déve-loppement. Or, les autres établisse-ments français de recherche se consa-crent également au développementsans pour autant que cette finalité soitorganisée et apparaisse en tant quetelle dans la stratégie globale de cesétablissements. Amplifier l’effort etrendre plus lisible l’ensemble des

actions françaises de recherche pour ledéveloppement, telle est la mission quia été confiée à l’IRD par le CICID qui pré-cisait dans ses conclusions (mai 2005) :« l’IRD évoluera vers un rôle d’agencede moyens et collaborera en prioritéavec le CNRS, l’Inserm et lesuniversités ».L’IRD doit donc renforcer son ouverture etses partenariats en France, d’où le mou-vement qui encourage toutes les unitésde l’IRD à établir des alliances avec lesuniversités et les autres établissementsde recherche au sein d’unités mixtes derecherche. Au-delà de la France, nouscherchons également à opérer des rap-prochements avec nos partenaires euro-péens, afin que la recherche pour ledéveloppement devienne un sous-ensemble à part entière de l’espaceeuropéen de la recherche.Dans le même temps, de nouvellesinfluences géopolitiques apparaissentet notre partenariat avec les pays duSud a besoin d’évoluer. Les pays émer-gents prennent part à l’aide au déve-loppement et les rapports de forcechangent, désormais les relations Sud-Sud sont importantes, le Brésil se rap-proche des pays lusophones d’Afrique,la Thaïlande cherche à établir desréseaux régionaux. Notre présencedans ces pays depuis de nombreusesannées nous permet de jouer un rôlede catalyseur de ces rapprochementsessentiels pour le développement despays du Sud. Dans tous les cas, notrecontribution à la formation deshommes et à la création de moyens derecherche reste une priorité.

Ces évolutions ont abouti à la mise en place sous l’égide de l’IRD

de l’Agence inter-établissements derecherche pour ledéveloppement.

Comment doit évo-luer l’AIRD, notam-ment ses moyens ?L’AIRD est un dispositifjeune. Elaborée aucours de l’année 2006,l’Agence fonctionnedepuis le 1er trimestre2007. Avec ce proces-sus, nous nous inscri-vons parfaitementdans le mouvementd’évolution « desgrands organismes derecherche vers un modèledavantage fondé sur celuid’agences de moyensfinançant des projets »1.Pour assurer la pérennité del’Agence, certes les moyensvont compter, mais le plusimportant, c’est quel’Agence « inter-établisse-ments » soit un véritable outil collectif.En fonctionnant par mutualisation desmoyens des membres fondateurs del’Agence, en 2007 sur neuf mois, nousavons réuni 4 millions d’euros auxquelsse sont ajoutés 14 millions collectés àl’extérieur. Dix-huit millions pour la pre-mière année de fonctionnement, cen’est pas si mal ; mais la crédibilité del’Agence reposera surtout sur notrecapacité à réunir de façon durable lesétablissements du Nord et du Sud quiparticipent à la recherche pour le déve-loppement. Des financeurs externes, lesministères, l’ANR, mais aussi des fonda-tions privées observent avec intérêt ceque nous sommes en train deconstruire.

Certains craignent qu’à terme, lafonction d’agence prenne le pas surle rôle d’opérateur. Souhaitez-vouspour l’Agence un statut indépen-dant de celui de l’IRD ?L’Agence est dotée d’instances : conseild’orientation, comité de coordination,secrétariat exécutif. Le bilan de la pre-mière année est encourageant. Le pro-blème du statut se posera dans l’avenir,mais nous ne sommes pas obligés de lerésoudre tout de suite. L’Agence nepeut pas se concevoir si elle ne disposepas de l’ensemble de « plateformes »

que sont nos partenariats au Sud etnos représentations, je veux dire cellesdu Cirad, de l’IRD, des instituts Pasteur,des instituts du ministère des Affairesétrangères. L’avenir de l’Agence, plusque sur un statut, repose sur une proxi-mité avec le terrain et ses réalités, parl’entretien de ces plateformes.L’AIRD est une agence non dotée, c’estdonc surtout le service offert, par leréseau de présence, de partenaires, laconnaissance du terrain, qui construirasa légitimité. Le MRC britannique offreun exemple d’agence fournissant à lafois du financement et des services, quidémontre qu’il est parfaitement pos-sible d’être à la fois agence de moyenet opérateur. L’essentiel à terme est derenforcer la recherche pour le dévelop-pement.Dans dix ans, ce ne seront plus seule-ment les 2 300 personnes de l’IRD quel’on comptabilisera comme participantà la recherche française pour le déve-loppement, mais plus de 10 000 per-sonnes. L’important, c’est que lesforces qui se consacrent à la recherchepour le développement augmentent etque ces forces s’organisent. ●

1. Lettre de mission de Nicolas Sarkozy, pré-sident de la République, adressée à ValériePécresse, ministre de l’Enseignement supé-rieur et de la Recherche.

NominationsStéphane Raud estnommé directeur dudépartement Exper-tise et Valorisation(DEV), à compter du1er octobre 2007.Docteur en sciencesdes matériaux, Sté-phane Raud a effec-tué une première partie de carrière dansle monde de l’entreprise, avant derejoindre le ministère des Affaires étran-gères en tant qu’attaché pour la scienceet la technologie, successivement àTunis et à San Francisco. Depuis 2004, ilétait délégué régional à la recherche età la technologie pour la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur.

Günther Hahne est nommédirecteur du départementSoutien et Formation descommunautés scientifiquesdu Sud (DSF) à compter du15 novembre 2007. Bio-chimiste, Günther Hahne adirigé pendant quatorze ansun laboratoire de biotechno-logies végétales, au sein de l’Institut debiologie moléculaire des plantes du CNRS

à Strasbourg. Il a été directeur scien-tifique et directeur général adjoint del’Adrao, organisme de recherche inter-national appartenant au groupe GCRAI,de 2001 à 2003, puis il a dirigé le bureaurégional du CNRS à Tokyo. Il arrive duministère de l’Enseignement supérieur etde la Recherche, où il était conseillerscientifique pour les relations internatio-nales auprès du directeur général de laRecherche et de l’Innovation. ●

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E n t r e t i e n a v e c J e a n - F r a n ç o i s G i r a r d

Pas d’aide au développement sans recherche

S e r r e a m a z o n i e n n e d e M o n t p e l l i e r

Acclimatation réussie !I naugurée le 30 juin dernier, la

serre tropicale du parc zoologiquede Lunaret (Montpellier) est la

plus grande de France. Quelqueschiffres suffisent à s’en convaincre :2 600 m2 d’emprise au sol, 14,50 m dehaut avec une volière de 17 m, 300 m2

de cheminement public, sept zones cli-matiques et cinq biotopes caractéris-tiques de l’Amazonie, plus de 500 ani-maux et 3 500 végétaux répartis en300 espèces. Mais au-delà de l’esthé-tique indéniable du lieu, il y a une

aventure botanique. Des chercheurs del’unité Botanique et bioinformatiquede l’architecture des plantes ontaccompagné cette aventure presquedepuis le début. Claude Edelin, bota-niste tropical du CNRS, résume lesgrandes étapes pour lesquelles ils sontintervenus en tant que conseillersscientifiques. « Tout d’abord une listed’espèces a été élaborée par croise-ment entre une liste scientifiquementidéale et les réalités pépiniéristes. Il fautsavoir qu’il n’a pas été possible d’assu-

rer la fourniture enplantes exclusivementamazoniennes. » Ensuiteles botanistes se sont ren-dus chez le pépiniéristeaux Pays-Bas afin de choi-sir sur pied les individusen cours d’acclimatationet aptes à figurer dans laserre. À cette occasion,une fiche signalétiqueindiquant l’état initial dechaque plante a été rédi-gée. L’implantation pré-

WEB http://amap.cirad.fr/fr/index.php

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cise des arbresdans le bâtimenta fait l’objet deréunions animéesoù les botanistesdevaient rappelerque ces orga-nismes vivantsnécessitent laprise en compte de la luminosité, dutype de sol, de l’hygrométrie, etc.« Certains arbres tels que Inga jinicuilou Pachyra insignis ont enregistré descroissances impressionnantes depuisleur insertion en avril (près de 4 m pourle premier) tandis que le Tabebuia (unebignone arborescente) a fleuri dès sonarrivée. Des plantes de sous-bois ontdéjà donné des fruits dont les grainescommencent à germer, c’est bonsigne ! », s’enthousiasme Claude Edelin.Alors pari réussi ? « Il faut voir com-ment les végétaux passeront l’hiver... ».Le chercheur, suivant en cela les sou-haits de la Municipalité, a prévu demettre à contribution la serre en tantqu’outil pédagogique dès cette année

en y emmenant ses étudiants enlicence de biologie des organismes(université de Montpellier 2). Ilsdevront établir un bilan à partir desfiches signalétiques établies avant legrand départ des pépinières hollan-daises vers Montpellier. ●

ContactClaude Edelin, unité mixte CNRS/Cirad/Inra/IRD

Botanique et bioinformatique de l’ar-chitecture des plantes (Amap),[email protected]

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Tout sur la désertificationLe nouveau dossier Suds en ligne consa-cré à La désertification dans tous sesétats est accessible sur le site internet del’Institut. En huit chapitres, le dossierapporte une mine d’informations sur lesaspects biologiques, économiques etsociologiques de ce phénomène dedégradation des terres qui touche plusde 400 millions de personnes principale-ment en Afrique et en Asie :● Qu’est-ce que la désertification ?● Les causes de la désertification● Les processus de dégradation des terres● Les coûts économiques de la déserti-

fication● Un problème d’environnement● Un problème de développement● La lutte contre la désertification● La Convention des Nations unies

Contact Catherine [email protected]

WEB http://www.mpl.ird.fr/suds-en-ligne/desertif/index.html

Inaugurationd'une Maison des Sciences etdes Technologiesau Viêt-nam le 6 mars 2007.(Académie desTechnologies,Cirad, CNRS, InstitutPasteur et IRD).

Signature d'accords de coopération avec l'Oceac au Cameroun (a), le ministère tunisien de la recherche (b) et le Conseil national de la recherche au Brésil (c).

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Sciences au Sud - Le journal de l’IRD - n° 42 - novembre/décembre 2007

L e diplôme d’Habilitation àdiriger des recherches estdéfini réglementairement par

l’arrêté du 23 novembre 1988, modifiéen 1992, 1995 et 2002. « L’habilitationà diriger des recherches sanctionne lareconnaissance du haut niveau scienti-fique du candidat, du caractère originalde sa démarche dans un domaine de lascience, de son aptitude à maîtriserune stratégie de recherche dans undomaine scientifique ou technologiquesuffisamment large, et de sa capacité àencadrer de jeunes chercheurs… »

L’HDR apparaît comme une singularitéfrançaise. En effet, il n’existe nulle part ailleursdans le monde de diplôme équivalent.Mais, à quoi donc sert-il ? En dehors desaspects hautement symboliques –puisque l’HDR a succédé au doctoratd’État – l’habilitation à diriger desrecherches a aujourd’hui trois fonctionspotentielles : permettre de concourir surles postes de professeurs d’université,reconnaître un niveau de compétencescientifique internationale, et diriger desrecherches. Ces trois fonctions peuvent

pour l’individu qui décide de présenterune HDR, elle a des répercussions impor-tantes pour l’équipe, voire pour l’institu-tion qui héberge le candidat.. ●

Vivement recommandée par les uns, dédaignée par les autres, l’habilitation à diriger des recherches (HDR) marque une étape importante dans la carrière des enseignants-chercheurs.Doit-on passer ce diplôme et à quoi exactement sert-il ? Une tribune sur un diplôme “made in France” .

Diplôme national de l’enseignementsupérieur, l’HDR est accessible aux titu-laires d’un doctorat. Elle est délivrée,d’une part, par les universités, d’autrepart, par les établissements d’enseigne-ment supérieur public figurant sur uneliste établie par le ministre en chargede l’enseignement supérieur. Créée en1984, elle ouvre notamment l’accès aucorps des professeurs des universités etpermet d’être rapporteur ou directeurde thèse. L’HDR n’est cependant pasobligatoire pour devenir professeur desuniversités par la voie de l’agrégation.

naturellement intéresser les personnelschercheurs et ingénieurs de recherchede l’IRD. Concentrons-nous sur la der-nière fonction car, outre son importance

H a b i l i t a t i o n à d i r i g e r d e s r e c h e r c h e s

Lutter contre les préjugéspar Jean-François GUÉGAN, Bernard GODELLE et Bernard DUPRÉ

Tribune

Claudine CAMPA lors de la soutenance de son HDR sur la Biosynthèse de métabolites secondaires chez les plantes tropicales et métabolismedes acides chorogéniques chez les caféiers, le 7 octobre 2005 à l’institut des sciences de l’ingénieur de Montpellier.

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L e nombre d’habilitationsdans une équipe et, a priori,dans un institut, est un élé-

ment pris en compte à la fois par lesécoles doctorales et par le ministère encharge de l’enseignement supérieurpour les unités mixtes de recherchesous contrat avec lui. En effet, l’élé-ment de référence pour le calcul dutaux d’encadrants par unité est lenombre des docteurs d’État et cher-cheurs habilités. Autrement dit, un directeur derecherche non habilité n’est pas comp-tabilisé. Si la loi autorise les directeursde recherche d’établissements publicsde recherche à être directeur de thèseau titre de leur compétence scienti-fique, ceux-ci ne sont pas pour autantcomptabilisés comme encadrants. Lefait que des établissements publics derecherche, comme l’IRD, acceptent quedes directeurs de recherche non habili-

tés puissent diriger des thèses est lié àla reconnaissance du statut de direc-teur de recherche attribué par l’établis-sement. Mais cette notion est relative car auCNRS et à l’Inra le passage dans le corpsdes directeurs de recherche est assu-jetti à l’obtention préalable de l’habili-tation à diriger des recherches. Onobserve aujourd’hui cette même ten-dance à l’IRD. Mais à quoi sert ce calculdu pool d’encadrants habilités parunité ? Dans la plupart des écoles doc-torales des sciences de la vie et de laterre, les directeurs d’unités derecherche, en concertation avec lespersonnels impliqués, doivent faireremonter au conseil scientifique deleur école doctorale une liste de sujetsde thèse qui seront potentiellementmis au concours de l’école doctoralepour l’attribution d’une allocation derecherche du ministère.

Or le nombre de sujets, fixé par l’écoledoctorale de rattachement, dépendétroitement de la quantité d’habilita-tions dans les équipes, généralement1 sujet pour 4 (comme à Montpellier)à 5 chercheurs habilités. De même,lors du concours d’attribution, onretrouve ce même ratio d’allocationsattribuées aux équipes. À un niveauhiérarchique supérieur, l’attributiondes allocations de recherche par leministère de tutelle dépend aussi dunombre d’encadrants habilités dansl’école doctorale. Ici encore, le nombrede directeurs de recherche n’est pasun critère retenu pour le calcul dunombre de sujets et d’allocations derecherche potentielles par équipe etpar école doctorale. Avec cette règle, on voit la très nettevolonté du ministère d’imposer degrandes équipes constituées d’unnombre important d’encadrants habili-

tés. Chaque enseignant-chercheurapte à passer son habilitation ou,comme à l’école doctorale Sibaghe, àdemander une accréditation sur troisans, doit se rendre compte que cetteétape est importante pour sa proprecarrière mais aussi pour l’équipe àlaquelle il apportera ainsi une possibi-lité supplémentaire d’allocation derecherche.Le nombre de thèses d’État et de cher-cheurs habilités à diriger desrecherches représente aujourd’hui laseule mesure du potentiel d’encadre-ment d’une unité de recherche, d’uninstitut, voire d’une école doctorale.Les directeurs d’unités de recherchedoivent donc inciter leurs enseignants-chercheurs non encadrants à soutenirleur habilitation, car de la qualité et dela quantité d’encadrants habilitésdépend aussi l’avenir de leur proprestructure.. ●

En savoir plusJean-François GUÉGAN, directeur derecherche à l’IRD, habilité à diriger desrecherches, directeur-adjoint de l’unitémixte Génétique et évolution des mala-dies infectieuses, membre du conseilscientifique de l’école doctoraleSibaghe.Bernard GODELLE, professeur à l’univer-sité de Montpellier 2, directeur del’école doctorale Sibaghe.Bernard DUPRÉ, directeur de rechercheau CNRS, docteur d’État, directeur del’Observatoire Midi-Pyrénées à Toulouse,membre de l’école doctorale Sciencesde l’Univers, de l’Environnement et del’Espace (Toulouse 3).

● http://www.sibaghe.univ-montp2.fr/● Textes de loi :http://guilde.jeunes-chercheurs.org/Textes/Habilit/Habilit.html ouhttp://habilitation.rech.free.fr/loi.html ● Eléments de discussion par les jeuneschercheurs dans le cadre des États géné-raux de la recherche : http://habilita-tion.rech.free.fr/proposition_HPR.pdf

Des retombées bénéfiques pour les équipes de recherche

Qui peut diriger des recherches ?

L’ article 17 de l’arrêté du7 août 2006 relatif à la for-mation doctorale limite le

nombre de configurations possibles pourl’encadrement des étudiants en thèse :« Les fonctions de directeur ou de codi-recteur de thèse peuvent être exercées :● par les professeurs et assimilés au sensdes dispositions relatives à la désignationdes membres du Conseil national desuniversités ou par des enseignants derang équivalent qui ne dépendent pasdu ministère de l’Éducation nationale ;par les personnels des établissementsd’enseignement supérieur, des orga-nismes publics de recherche et des fon-dations de recherche, habilités à dirigerdes recherches ;● par d’autres personnalités, titulairesd’un doctorat, choisies en raison de leurcompétence scientifique par le chefd’établissement, sur proposition dudirecteur de l’école doctorale et aprèsavis du conseil scientifique de l’établisse-ment. »1

Jadis la possibilité d’être « adjoint » d’undirecteur de thèse dûment habilité per-

mettait à de nombreux jeunes cher-cheurs et maîtres de conférence de faireleurs premières armes dans l’encadre-ment de doctorants. Mais cette situationétait équivoque puisque la condition dedirecteur-adjoint n’avait aucune recon-naissance auprès des tutelles universi-taires qui, par ailleurs, exigent du candi-dat à une HDR qu’il ait encadré desétudiants en thèse. Si les textes généraux ne font aucunemention de la possibilité d’une directionadjointe, en revanche l’article 17, lui,offre bien la possibilité d’une codirectionpar un chercheur non habilité (d’autrespersonnalités, choisies en raison de leurcompétence scientifique). Mais dans lesfaits, ce cas fait figure d’exception. Ainsi,pour diriger ou codiriger une thèse, il estdésormais pratiquement impératif d’êtredétenteur d’une habilitation. Dans leparcours d’un enseignant-chercheurfrançais, cette HDR tendra donc à devenirun diplôme inévitable, s’acquérant entre3 et 7 ans après le recrutement. Pour larédaction du dossier d’habilitation, lesécoles doctorales insistent fréquemment

sur les encadrements de stages deMaster ou de thèse et recommandent debien indiquer les articles scientifiquesrédigés en commun avec les étudiantsencadrés. En effet, l’expérience montreque les mémoires d’habilitation qui pré-sentent une liste importante d’étudiantsencadrés, mais sans co-rédactions d’ar-ticles, sont moins souvent retenus. À l’université de Montpellier, afin depallier cette contradiction entre lanécessité d’avoir encadré des thèsespour soutenir une HDR et la difficulté àle faire officiellement, le Conseil scienti-fique de l’école doctorale 167 Systèmesintégrés en biologie, agronomie, géo-sciences, hydrosciences et environ-nement (Sibaghe) a instauré un systèmed’accompagnement original à la prépa-ration de l’habilitation à diriger desrecherches. Si de telles mesures d’ac-compagnement sont actuellement peurépandues, la mise en place d’une poli-tique d’autonomie des universités pour-rait pousser d’autres établissements àtrouver leurs propres solutions.. ●

1. JO n° 195 du 24 août 2006 page 12468texte n° 22.

À Montpellier, l’accréditation avant l’habilitation

P our préparer les jeuneschercheurs à l’habilitation,l’école doctorale Sibaghe,

Systèmes intégrés en biologie, agrono-mie, géosciences, hydrosciences etenvironnement, a imaginé un systèmetransitoire intitulé Accréditation pourdiriger des recherches (ADR).Le jeune chercheur accrédité1 est asso-cié à l’encadrement d’une thèse diri-gée par un chercheur senior habilité ; ilen devient donc codirecteur et s’en-gage à soutenir son habilitation dansles trois ans. L’accréditation n’est pasrenouvelable.Ce système original a l’avantage d’im-pliquer le chercheur senior qui accom-pagne le chercheur accrédité dans sapréparation à l’HDR.Dès lors, la soutenance de l’habilita-tion à diriger des recherches n’est plusseulement une question individuelle,elle devient également de la responsa-

bilité du personnel habilité, un enjeuet une stratégie d’équipe.À Montpellier, le conseil d’université– après avis du conseil scientifique del’école doctorale – donne l’accrédita-tion ; le chercheur accrédité possèdealors les mêmes droits qu’un cher-cheur habilité.À la session de printemps 2007,12 chargés de recherche de l’IRD ontobtenu leur accréditation à l’écoledoctorale Sibaghe (avec demande decomplément pour deux autres dos-siers).Cette politique montpelliéraine per-met à l’école doctorale de gérer àmoyen terme le flux des nouveauxhabilités et ainsi de prévoir le renouvel-lement du corps encadrant.. ●

1. Il doit, pour être accrédité, justifier de 12à 15 publications dans des revues scienti-fiques internationales.

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