e sommair et l’utilisation raisonnée des tourbières. · 2017. 5. 10. · Université Jean...

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F. Muller / Fédération des Conservatories d’Espaces Naturels Edité par : 2 Les pôles relais zones humides, 4 ans après leur création. 4 Un an de la vie du Pôle relais tourbières. 7 Les systèmes marécageux et tourbeux de l’Île de la Réunion. 12 Inventaire des tourbières de Margeride : un bilan. 14 Les invertébrés des tourbières de Bretagne. 16 Tourbière de Rebière-Nègre et lande du Gué. 17 La fête du marais à Blangy-Tronville. 18 Motion de l’IMCG 19 Coopération franco-slovène en faveur des marais et prairies tourbeux de Ljubljana (Slovénie). 20 La société internationale de la tourbe et l’utilisation raisonnée des tourbières. sommaire Octobre 2005 - Numéro 11 - 4 Le caractère remarquable de la flore des tour- bières est généralement le critère avancé pour défendre l'idée de leur protection. D'ailleurs, c'est bien cette qualité floristique qui est seule prise en compte dans la sélection des sites tourbeux destinés à être intégrés dans le réseau Natura 2000. Pourtant, une tourbière ne peut être réduite à une surface plus ou moins riche en plantes originales. Une tourbière, c'est aussi un volume de tourbe dont la construction s'éta- le sur plusieurs millénaires et qui conserve en son sein une masse considérable d'infor- mations sur l'histoire des paysages mais aussi des climats et des sociétés humaines qui l’ont façonnée. Le travail des scientifiques pour faire parler ces archives paléoenvironnementales est très peu connu du grand public, à l'exception peut- être de celui des palynologues qui déterminent et comptent les grains de pollen pour reconsti- tuer l'évolution de la végétation. Il convient de rappeler que beaucoup d'autres spécialistes s'intéressent aux données stockées dans la tourbe : les diatomologues étudient les dia- tomées, algues unicellulaires extrêmement sensibles aux variations des conditions écolo- giques locales dont la carapace de silice, la frustule, se conserve en milieu éditorial >>>

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Edité par :

2 Les pôles relais zones humides,4 ans après leur création.

4 Un an de la vie du Pôle relais tourbières.

7 Les systèmes marécageux et tourbeuxde l’Île de la Réunion.

12 Inventaire des tourbières de Margeride :un bilan.

14 Les invertébrés des tourbières de Bretagne.

16 Tourbière de Rebière-Nègre et lande du Gué.

17 La fête du marais à Blangy-Tronville.

18 Motion de l’IMCG

19 Coopération franco-slovène en faveur des maraiset prairies tourbeux de Ljubljana (Slovénie).

20 La société internationale de la tourbe et l’utilisation raisonnée des tourbières.

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Octobre 2005 - Numéro 11 - 4€

Le caractère remarquable de la flore des tour-bières est généralement le critère avancé pourdéfendre l'idée de leur protection. D'ailleurs,c'est bien cette qualité floristique qui est seuleprise en compte dans la sélection des sitestourbeux destinés à être intégrés dans le réseau Natura 2000.Pourtant, une tourbière ne peut être réduite à une surface plus ou moins riche en plantesoriginales. Une tourbière, c'est aussi unvolume de tourbe dont la construction s'éta-le sur plusieurs millénaires et qui conserveen son sein une masse considérable d'infor-mations sur l'histoire des paysages maisaussi des climats et des sociétés humainesqui l’ont façonnée. Le travail des scientifiques pour faire parlerces archives paléoenvironnementales est trèspeu connu du grand public, à l'exception peut-être de celui des palynologues qui déterminentet comptent les grains de pollen pour reconsti-tuer l'évolution de la végétation. Il convient de rappeler que beaucoup d'autres spécialistess'intéressent aux données stockées dans la tourbe : les diatomologues étudient les dia-tomées, algues unicellulaires extrêmementsensibles aux variations des conditions écolo-giques locales dont la carapace de silice,la frustule, se conserve en milieu

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P Ô L E S R E L A I S Z O N E S H U M I D E S

2 L’écho des tourbières / Octobre 2005 / N°11

T rois missions ont été assi-gnées en 2001 aux pôles

relais créés dans le cadre duPlan national d’action pour leszones humides :

1/ Recueillir et mettre àdisposition des connaissan-ces, en rassemblant les infor-mations et expériences sur lagestion des zones humides, enétablissant des annuaires desintervenants et en synthétisantl’ensemble des informations.

2/ Promouvoir les bonnespratiques, celles de la ‘ges-tion durable’, notamment enappuyant les politiques localesen faveur des zones humides eten animant le réseau des ges-tionnaires et autres acteursintéressés par ces milieux.

3/ Contribuer aux politiquesnationales : par l’évaluationdes résultats, l’information des

autorités sur les problèmes ren-contrés sur le terrain, l’élabo-ration de propositions pour unemeilleure cohérence et plusgénéralement pour unemeilleure politique en faveurdes zones humides.

La mise en œuvre de ces mis-sions a maintenant atteint unbon rythme, adapté en fonctiondes spécificités de chaque typede zone humide et de chaquepôle relais. Le travail deconcertation et de mutualisa-tion entre les 5 pôles-relais semanifeste de plus en plus pourtout ce qui concerne l’ensem-ble des zones humides. Laquestion de la poursuite de cesmissions et de l’avenir despôles relais se pose mainte-nant, à l’heure où les conven-tions quinquennales élaboréesen 2001 arrivent à échéance. Pour 2005, une lettre de mis-sion du Ministère de l’Ecologie

et du Développement Durableconfie aux pôles relais destâches nouvelles, en plus desmissions antérieures :

- la rédaction d’une synthèsed’une cinquantaine de pagessur chacun des types de zoneshumides concernées par lespôles relais. Elle sera spéciale-ment destinée aux élus et déci-deurs et présentera des exem-ples concrets d’expériences degestion ;

- une participation à un appelà projets portant sur les thèmes‘zones humides remarquables’,‘érosion’ ou ‘préservation descaptages d’eau potable’, en uti-lisant les possibilités offertes parla réglementation actuelle, ou entestant l’application à des sec-teurs bien précis d’articles delois récentes, comme celle sur ledéveloppement des territoiresruraux. Ces projets doivent êtreportés par des collectivités ;

Les Pôles relais zones humides, 4 ans après leur création.Francis Muller

anaérobie ; les carpologuesrecherchent les graines des plan-tes ; les paléobotanistes identifientles restes de plantes (sphaignes,carex, joncs…), dont les débriscomposent la tourbe ; les anthra-cologues travaillent sur les char-bons de bois ; d'autres chercheursencore étudient les macro-restesanimaux.

Mais les tourbières contribuentpar un autre moyen à la reconsti-tution de l'évolution des milieuxnaturels et des sociétés humaines :en effet, leur apparition est généra-lement le signe d'une modificationnotable dans le fonctionnementdes bassins versants,une modifica-tion qui ne peut trouver son origi-ne que dans des changements cli-matiques ou une intervention dessociétés humaines sur la végéta-tion, les sols et les écoulements.Aussi, des chercheurs travaillent àdater par le radiocarbone ledémarrage d'un grand nombre detourbières. Puis ils examinent lesdates obtenues et en interprètentla répartition au regard des don-nées paléoenvironnementales etarchéologiques disponibles. Dansle Massif Central oriental, ils ontainsi pu mettre en évidence deschangements climatiques maiségalement des moments de l'his-toire où l'emprise humaine sur lesmilieux naturels s'est accentuéesensiblement.

Les tourbières sont bien les gardiennes de la mémoire des paysages et des sociétéshumaines. A ce titre, elles méri-tent une protection forte, et cequelle que soit la qualité de leurflore, afin que soient conservéespour les générations futures lesarchives de notre histoire et decelles de notre environnement.

Hervé CubizolleMaître de Conférences - HDR

Université Jean Monnet,CRENAM UMR 5600 CNRS

6 rue Basse des Rives,42023 St-Etienne cedex 2

[email protected]

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Les revues des pôles relais zones humides ▼

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Octobre 2005 / N°11 / L’écho des tourbières 3

- la participation à l’élaborationdes référentiels technico-économiques Natura 2000 enzones humides.

Pour le second point (appel à pro-jets) et en ce qui concerne le pôlerelais tourbières, deux projets ontété avancés et seront développésdans les prochains mois :

* l’un, dans le massif du Jura,autour des lacs-tourbières et deleur problématique de niveau etde qualité des eaux, face auxcaptages et aux apports d’ef-fluents agricoles ou domestiques(collectivité porteuse : Parc natu-rel régional du Haut-Jura).

* l’autre dans la basse valléede l’Authie (entre Somme etPas-de-Calais) où se dévelop-pent des problèmes d’érosion etde préservation des milieuxnaturels remarquables (collecti-vité : Institution interdéparte-

mentale Pas-de-Calais/Sommepour l’Aménagement del’Authie, avec la participationnotamment des conservatoiresd’espaces naturels de Picardie etNord-Pas-de-Calais).

A l’avenir, l’une des orientationspossibles est d’ajouter à la fonc-tion de “centres de ressources”qu’assument les pôles-relaiscelles d’assistants à la créationde projets. Ils pourraient ainsirenforcer le rôle d’assistance àprojet et d’appui technique degestion et de restauration. Lademande est forte, mais il faudratoujours chercher une bonnecomplémentarité avec les autresacteurs des zones humides,notamment les gestionnaires etles Agences de l’Eau.

Des dossiers techniques précispréoccupent les pôles-relais etpourraient constituer des sujetsde leur travail futur, entre autres :

- le suivi des opérations agri-environnementales et de l’ap-plication de Natura 2000 (surce point, une stagiaire travailleau pôle relais tourbières en 2005pour évaluer les apports de ladynamique Natura 2000 sur lestourbières françaises) ;

- le suivi des effets des loiset de leurs décrets d’application,récemment promulguées ou encours de préparation (loi sur laprévention des risques naturels,loi sur le Développement desterritoires ruraux, loi sur l’eau) ;

- les bonnes réponses auxengagements de la Francedans des conventions interna-tionales et les politiques euro-péennes (conventions deRamsar, de Berne ; directive-cadre européenne sur l’eau, …).La convention de Ramsar a adop-té une résolution propre aux tourbières dont il faut suivre l’évolution de l’application ;

- la possibilité de prévoir unservice juridique sur les ques-tions concernant les zoneshumides. Un document com-mun aux cinq pôles relais serarédigé en 2005, rassemblant leséléments législatifs et régle-mentaires concernant cesmilieux ;

- la mise à disposition des ges-tionnaires de formations uti-les à la bonne prise en comptedes zones humides. Ces forma-tions seront à réaliser de préfé-rence par des structures spécia-lisées. Le pôle relais et d’autresorganes de la Fédération desconservatoires d’espaces natu-rels proposent à l’ATEN, pour2006, la mise en œuvre destages sur la phytosociologiedes tourbières et marais deplaine, sur la connaissance dumonde agricole, la mise enpâturage des sites naturels, etnotamment les zones humides ;

- les problèmes liés aux espèces envahissantes ou à pro-blèmes (moins nombreuses entourbières que dans d’autres zoneshumides, mais pas absentes).

2005 sera donc l’année d’unbilan des pôles relais.L’évalua-tion qui sera faitedevra, pour être valable, êtreréalisée notamment sur la based’un audit externe. Il devraitmontrer dans quelle mesure lespôles relais ont véritablementtrouvé une place au service deszones humides de notre pays, etde ceux qui s’en préoccupent ouen dépendent. Leurs missionsfutures devront pouvoir s’adap-ter aux besoins changeants desacteurs et à l’actualité, mais lestrois missions initiales préciséesen introduction gardent toujoursleur intérêt.

Restera aux financeurs, et spécialement à l’Etat pourlequel de fortes incertitudes seprofilent, à poursuivre leur sou-tien financier important maiscomparativement très modeste,afin que les pôles relais puissentpoursuivre leur tâche dans desconditions correctes.

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4 L’écho des tourbières / Octobre 2005 / N°11

P Ô L E S R E L A I S Z O N E S H U M I D E S

Un an de la vie du Pôle relais tourbières

Etudes scientifiques : tente Malaise pour capture d’insectes au lac des Bouillouses (Pyrénées orientales).

Le conseil sur le terrain,dans la tourbière de Passonfontaine (Doubs).

Le conseil en séance au pôle relais.

Participation aux journées du GET 2004.

Rencontre Massif Central. Rencontre Pyrénées. La démarche “tourbières et marais des vallées du Bassin Parisien”.

Le conseil scientifique du pôle relais

Etudes scientifiques : examen des histosols au lac des Bouillouses (Pyrénées orientales).

Les participants à la rencontre du Massif Centralse sont retrouvés sur la tourbière du Pont Tord àPérols sur Vézère (Corrèze).

Une visite à la tourbière du lac d’Uzein(Pyrénées Atlantiques) dans le cadre de la ren-contre ‘massif pyrénéen’ de février 2005.

Les visites de terrain obligent à constater que des tourbières subissentencore des destructions volontaires. Drainage sur une tourbière àRhynchospore près de Laon (Aisne).

Suivi des recherches scientifiques menées en France sur les tourbières.

Actions du pôle relais par massif.Chacune des grandes régionsnaturelles françaises comporte desspécificités liées à ses tourbières,qu’elles soient dues à leur contex-te naturel ou humain. De plus, lesacteurs de ces tourbières ontbesoin de se retrouver pour échan-

ger leurs expériences, au-delàd’un cadre géographique trop étri-qué. Pour mettre en valeur le tra-vail réalisé et prévoir de nouvellesactions coordonnées, le pôle relaiss’intéresse successivement àdivers massifs riches en tourbiè-

res. Une fois les premières actionslancées, il s’agit aussi que ladémarche se poursuive. C’est lecas pour le Massif central d’unepart, pour les Pyrénées de l’autre,où des échanges continuent àavoir lieu depuis quelques années.

En 2005, un projet d’action estlancé pour les tourbières et maraisdes vallées du Bassin parisien,avec les acteurs locaux et en colla-boration avec le pôle relais ‘zoneshumides intérieures’.

Les correspondants gestionnairesdu pôle relais permettent aux scien-tifiques de disposer durablement desites d’étude. Les études permet-tent de mieux comprendre les tour-bières et de mieux les gérer, restau-rer ou préserver. Le Groupe d’étude

des tourbières permet de maintenirle contact avec des spécialistes dedisciplines variées ; sa rencontreannuelle est l’occasion de faire untour d’horizon d’une région richeen tourbières et des questions quis’y posent. Le conseil scientifique

du pôle relais est réuni deux foisl’an et se prononce sur les program-mes du pôle. Individuellement, sesmembres sont consultés pour lesquestions se rapportant à leursdomaines de compétence. Le pôlerelais suit aussi le Programme

d’étude des tourbières de Rhône-Alpes, qui est actuellement, à lasuite du Programme National deRecherche sur les Zones Humides,la plus importante étude coordon-née en cours dans notre pays sur lestourbières.

Participation aux journées du GET 2005.

Les pozzi de Marmano (Massif du Renoso, Corse).

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Octobre2005 / N°11 / L’écho des tourbières 5

La formation ONF 2005, dans l’Ariège.

Présentation du site de la tourbière de l’Isard aux forestiers.

Les gestionnaires de tourbièrespeuvent bénéficier de la documen-tation technique diffusée ou portée à connaissance par lecentre de documentation du pôlerelais. Mais le pôle propose aussides journées techniques adaptées

au thème ou aux publics concer-nés. Les stages pour l’ONF sontmaintenant devenus annuels (ets’ouvrent à d’autres publics vial’Atelier Techniques des EspacesNaturels). Notons aussi depuis unan la tenue de deux stages sur les

sphaignes (animés par PierreGoubet, des Herbiers universitai-res de Clermont-Ferrand) et d’unerencontre sur l’hydrologie destourbières, accueillie par la stationbiologique des Hautes-Fagnes(Belgique).

Les réunions annuelles des cor-respondants du pôle relais tourbiè-res permettent de faire remontertous les problèmes et solutionstrouvées à propos de la gestion deces milieux.

Les stagiaires au microscope à la station de Besse (Puy-de-Dôme). Groupe sur le terrain à la tourbière de la Barthe (Puy-de-Dôme). Les sphaignes récoltées sont examinées et identifiées.

Travail de terrain sur la tourbière de l’Aurochs.Une présentation des tourbières aux enseignants en formation à l’IUFM de Vesoul, sur la tourbière de la Grande Pile, St-Germain [Haute-Saône], juin 2005.

La réunion des correspondants tourbières de 2004 s’est préoccupée des plans de gestionet des contrats agri-environnementaux ou Natura 2000. Elle a aussi permis de visiter des tourbièresde la Manche et de rencontrer leurs gestionnaires.

Les correspondants tourbières sur la tourbière de Vauville (Manche).

Les stages sur les sphaignes permettent de connaître ces plantes hors du commun et leur rôle dans l’écologie des tourbières acides.

Rencontres techniques à destination des gestionnaires.

En Franche-Comté,au plus près du pôle tourbières.

Donnant ainsi plus de poids aux interventions du pôlerelais tourbières dans la région-même qui l’héberge,et en complément des actions réalisées sous laconduite d’Espace Naturel Comtois dans le cadre d’unPlan Régional d’Action pour les Tourbières, le Conseilrégional de Franche-Comté a confié au pôle relaistourbières diverses missions.

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6 L’écho des tourbières / Octobre 2005 / N°11

Les tourbières sont plus répandues hors deFrance que dans notre pays. Aussi les étu-des et actions qui y sont menées sont-ellesd’une grande utilité pour mieux travaillersur nos tourbières. Les rencontres sont aussiune occasion de faire connaître à l’étrangerce qui se fait en France. Stade extrême de la dégradation, le vent emporte les cendres

d’une tourbière brûlée et érodée, à 3200 m au Lesotho.

Réunion inter-pôles relais en mars 2005. Certaines mares de la forêt deFontainebleau (Seine-et-Marne) sont tourbeuses et concernent ainsi les deuxpôles relais ‘tourbières’ et ‘mares et mouillères’.

Réunion inter-pôles relais en salle à la RivièreDrugeon, février 2004.

Voyage et congrès du GroupeInternational de Conservation desTourbières (IMCG) en Afrique duSud. Comment un pays en voie dedéveloppement peut-il prendre encompte ses tourbières, dans uncontexte climatique et humain dif-ficile, grâce à la volonté opiniâtrede quelques défenseurs des équili-bres naturels ?

Les réunions inter-pôles relais permet-tent de coordonnerleurs actions, spé-cialement cellesconcernant tous lestypes de zoneshumides.

P Ô L E S R E L A I S Z O N E S H U M I D E S

Les contactsinternationaux.

Des interventions pour une bonne prise en compte des tourbières dans les politiques.

Les lois et les règlements natio-naux, les directives européennes,les politiques agricoles, et leurbonne application...

Ce sont là des éléments essentielsà la bonne prise en compte destourbières et autres zones humi-des. Elles occupent une partimportante de l’action des pôlesrelais, qui sont amenés à travaillerensemble et à conseiller lesinstances nationales concernéespar ces questions. A relayer, aussi,les remarques et propositions desacteurs de terrain. Ces actions setraduisent surtout par des réunionsen salle, peu ‘photogéniques’.Elles ne trouveront donc pas uneplace proportionnelle à leurimportance dans cet article imagé.

L’affiche des pôles relais, réalisée en plusieurs formats, a été diffusée pour faire connaître ces structures.

La restauration de cette tourbière des Hautes-Fagnes a nécessité la pose d’un mini-barrage.

Une rencontre en Hautes-Fagnes organisée par le pôle relais a permis de faire partager aux gestionnaires de tourbières françaises la longue expérience en matière de restauration hydraulique développée par nos collègues belges.

L’assemblée générale de la Sociétéallemande des tourbières et de latourbe (Deutsche Gesellschaft fürMoor- und Torfkunde - DGMT)s’est penchée sur la question del’ouverture des tourbières au public.

Le groupe de la DGMT près de Montjoie (= Monschau, Rhénanie-du-nord-Westphalie) en octobre 2004.

Panneau d’information au bord d’une tourbière de la RN des Hautes-Fagnes (Belgique).

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Octobre 2005 / N°11 / L’écho des tourbières 7

Les systèmes marécageux et tourbeux de l’Île de la RéunionOlivier MANNEVILLE*

L'île de La Réunion, département français

d'outre-mer appartenant à l'archipel des

Mascareignes, est une îleocéanique réputée pour

ses caractéristiques extrê-mes : cyclones très violents

et pluies exceptionnelles(plus d'un mètre d'eau enun jour, en février 1993),

relief abrupt (de - 2000 msous l'océan à 3000 m

pour un diamètre de 65km), activité volcanique

régulière et quasi annuelle.A 700 km de Madagascar,à 9000 km de Paris ou del'Australie environ, et pro-

che du 22° parallèle au sudde l'Equateur, la Réunion a

une superficie de 2500 km2.

L es biocénoses de l’île sontextrêmement intéressantes

pour l’écologue ; on y trouve unraccourci saisissant, un peuincomplet cependant, car il n’y apas de mangroves, des particula-rités des régions intertropicales :récif corallien, forêt ombrophile,savane, forêt et formation bassed'altitude, endémisme et spécia-tion, introduction de pestes végé-tales et dégradation des espacesnaturels. La forte densité de lapopulation (650 000 personnes)pourrait représenter une menacepour les équilibres naturels.

Un projet de parc national est encours d’élaboration, et concerne-rait les altitudes moyennes ethautes avec les habitats terrestresles mieux conservés. En effet, lamajeure partie de la populationvit sur le littoral ou sur les pentesbasses, ce qui a abouti à desdégradations importantes du cou-vert végétal. Il existe actuelle-

ment deux réserves naturellesnationales : celle de Mare-Longue, au sud et à basse altitu-de, qui englobe un sentier bota-nique, et celle de Roche-Ecrite,dans les hauteurs septentrionales ;une troisième est envisagée etconcernerait l’Etang de Saint-Paul, sur le littoral nord-ouest.

Rappel de quelques caractéristiquesgéologiques et climatiquesL'île de La Réunion date demoins de 10 millions d'années etcomporte deux massifs volca-niques, séparés par un replat(Plaine des Cafres, 1600 m) : lePiton des Neiges (3060 m), plusancien et actuellement inactif, et lePiton de la Fournaise (2600 m),encore actif, vers le Sud-Est. Lesroches sont donc essentiellementdes basaltes et des roches déri-vées, avec leur cortège de sédi-ments associés (galets et sablesdes plages, fleuves et deltas).

A l'Ouest, certaines plages sontformées de sable blanc, d'originecorallienne, qui contraste vive-ment avec la couleur localepresque noire. Les reliefs encorejeunes sont impressionnants,pentes presque verticales, décou-pures et pics, cirques centraux, etsoumis à une forte érosion.Autour de la Fournaise, onremarque plusieurs décroche-ments verticaux concentriques,de 100 à 300 m de haut, qui cor-respondent aux rebords, nomméslocalement remparts, de plusieurscaldeiras. Son climat est de typetropical océanique, donc chaud et

relativement humide, avec degrandes différences locales sui-vant l'orientation aux vents domi-nants, venant du Sud-Est : unesaison fraîche de mai à novembreavec les alizés et une saison chau-de de décembre à avril avec lescyclones et de grosses pluies. Lestempératures moyennes men-suelles, au niveau de la mer,oscillent entre 20° et 26° C aucours de l'année et diminuentrapidement en montant en altitu-de, d'autant plus que les hauts despentes se retrouvent souvent dansd'épais nuages dès le début de l'a-près-midi.

Il gèle régulièrement l'hiver au-dessus de 1600 m, mais il n'y apresque jamais de neige, malgréle nom du point culminant. La pluviométrie annuelle varie de 1m (versant sous le vent, sur le littoral de St Gilles et St Leu) à 8 - 9 m (hauteurs au vent de Takamaka) ; certaines années,la Réunion frôle le record du monde avec 10 m d'eau pour12 mois. Ce fort gradient d'humi-dité allié à la forte dénivellationest à l'origine de la grande diver-sité des formations végétales.

Enfin, on y observe de très nom-breux fleuves torrentiels, appelésrivières ou ravines suivant leurimportance, parallèles les unsaux autres et descendant en lignedroite des sommets. Ils sont à secla plupart du temps, mais, devantécouler d'énormes pluies cyclo-niques certains jours, ils possè-dent un lit majeur très encaissépar l’érosion et parfois très large,de l'ordre du kilomètre pour lestrois rivières drainant les cirquesdu massif de la Fournaise, etdébouchent sur de grands deltaspleins de blocs et galets.

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E N F R A N C E

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8 L’écho des tourbières / Octobre 2005 / N°11

Caractéristiquesde la flore :L’ensemble de la flore (plantes àfleurs et fougères) de La Réuniondoit dépasser les 1600 espèces,dont environ 650 indigènes, 500adventices et naturalisées (intro-duites par l'homme plus ou moinsvolontairement) et le restant cul-tivées industriellement ou pourl'ornement et le potager. Les deuxdernières catégories proviennentdu monde entier et, si le fond dela flore est tropical, bon nombred'espèces tempérées y poussentbien, surtout en altitude.

Les espèces autochtones sontpresque toutes issues deMadagascar ou d'Afrique ; lessouches en sont arrivées il y aquelques millions d'années, pourcoloniser progressivement lesvolcans dénudés, grâce au vent, àl'océan ou aux oiseaux. Ces sou-ches sont soit restées inchangées(espèces à large répartition) oubien elles ont évolué pour donnerde nouvelles espèces cantonnéesà l'ensemble des Mascareignesou à l'une seulement de ces îles :ce sont ces endémiques qui fontune bonne partie de l’intérêtbotanique de ces îles. Environ200 plantes endémiques nevivent qu'à La Réunion, dont cer-taines excessivement rares.

A basse altitude, les espècesappartiennent souvent à desfamilles ou, du moins, à des gen-res inconnus en Europe, dontbeaucoup d’épiphytes, tandis quela flore d’altitude nous est beau-coup plus familière (Ericacées,Astéracées, Cypéracées).

Quarante espèces environ sontdevenues de véritables "pestesvégétales" et gênent le développe-ment des espèces indigènes et leurrégénération ; ce problème estgénéral dans tous les écosystèmesnaturels insulaires tropicaux quirésistent très mal à l’invasion d’espèces exotiques. Ces plantesinvasives proviennent de tous lescontinents, comme, par exemple,l’ajonc d’Europe, et le filaod’Australie ; dans les milieuxhumides, il s’agit surtout dusonge, Aracée d’Asie tropicale,

et de la jacinthe d’eau,Pontédériacée du Brésil. Enfin, denombreuses bryophytes profitentdu climat très humide, surtout deshépatiques et des sphaignes.

Diversité et étagement dela végétation : La diversité des climats locauxconditionne la grande diversitédes formations végétales : litto-ral boisé ou non, savane etbrousse d'épineux grillées par lesoleil (végétation secondaire),palmeraie secondaire et étangde Saint-Paul, forêt sèche rési-duelle réfugiée dans les zonesinaccessibles sous le vent, forêttropicale chaude humide ou boisde couleurs des bas très riche enligneux et fougères, cultures decanne à sucre, de vanille ou degéranium rosat, bois de tama-rins des hauts avec un bambouendémique, le calumet, plutôtsous le vent, forêt tropicale fraî-che humide ou bois de couleursdes hauts à fanjans et mahots,bois secondaire de filaos recolo-nisant les coulées de lave récen-tes, lande haute ou basse d'alti-tude à Ericacées et Composées(voir lCADET, 1980, et BLAN-CHARD, 2000, pour plus deprécisions).

Le tableau et le schéma ci-contre présentent la zonationaltitudinale de la végétation etpermettent de resituer les diversécosystèmes les uns par rapportaux autres et par rapport à l'alti-tude, l'orientation, la températu-re et la pluviosité annuellesmoyennes.

On y remarque tout d'abord latrès nette opposition entre leversant de l'île au vent (Sud-Est,face aux alizés) et celui sous levent (Nord-Ouest, à l’abri). Surle premier, plus humide, la forêthygrothermophile ainsi que leschamps de canne à sucre des-cendent jusqu'à la côte, tandisque sur le versant plus sec, àl'ouest, la ‘savane’ et la forêtsèche s'intercalent entre le litto-ral et cette forêt humide.

2

3

E N F R A N C E

Les fortes pentes et le substrat volca-nique fissuré et perméable ne sontpas globalement favorables à l’exis-tence de nombreuses zones humides,malgré une pluviométrie forte à trèsforte sur plus des trois quarts de l’île.Les quelques zones humides présen-tes, mis à part les plans d’eau sansvégétation qui existent également,peuvent être réparties en diverstypes, que l’on comparera aux zoneshumides de régions tempérées. Ilfaut préciser que, contrairement àl’île Maurice, il n’y a pas de man-grove à La Réunion, ceci à caused’un littoral trop jeune et trop abrupt,impropre à leur installation.

Tout d’abord, quelques grands marais arrière-littoraux sont liés aux secteurs desédiments assez fins, proches des grands deltas ; ils sont de type eutrophe,à forte productivité et fortement modifiés par les activités humaines, et joux-tent des plans d’eau plus ou moins vastes : étang de Saint-Paul, lagune du Golà Saint-Louis, marais et étang de Bois-Rouge. Ces sites présentent un certainintérêt pour l’avifaune migratrice ou nicheuse locale, ainsi que pour les pois-sons. Ils sont analogues à nos roselières et magnocariçaies, tourbeuses ou nonet présentent une légère halophilie. Le site de Grand-Etang, situé à basse altitude à l’intérieur des terres, présente un niveau d’eau très variable et seretrouve régulièrement à sec en saison sèche ; sa végétation est dominée parquelques végétaux peu caractéristiques.

Sur les replats de moyenne altitude et situés face au vent, comme dans la plaine des Palmistes, se développent des fourrés tourbeux inextricables et trèshumides à Pandanus montanus, Cypéracées, fougères et sphaignes ; il ytombe plus de 5 m d’eau par an, comme dans les habitats qui suivent. On pourrait les comparer à nos aulnaies ou pinèdes tourbeuses acides et oligotrophes. Plus haut encore, sur le versant nord-est du Piton de laFournaise et vers l’ouest, existent de petits lambeaux de prairies méso-oligo-trophes tourbeuses, gorgées d’eau à certaines périodes et nettement plussèches en surface à d’autres moments (le vent et le fort ensoleillement dumatin sont la cause d’une forte évapotranspiration) qui ressemblent à certainsde nos bas-marais à petits Carex. Enfin, entre 1000 et 2000 m d’altitude envi-ron et en divers endroits du secteur de l’ancien volcan (Roche-Ecrite, versantsdu Piton des Neiges, plateau de Bélouve-Bébour, …), s’observent des forma-tions végétales étonnantes que l’on nomme avounes. Il s’agit de landes hau-tes dominées par des Ericacées du genre Philippia, les branles. Elles sontpresque aussi impénétrables et aussi hautes que certains maquis, mais uneobservation du sol montre que la plupart d’entre elles se rapprochent plus deslandes tourbeuses à Ericacées ou des stades finaux des tourbières bombéesd’Europe ; en effet, on y trouve assez souvent des sphaignes se développantsur une couche de tourbe fibreuse ou ligneuse de plus d’1 m d’épaissseur et ilest possible localement de monter sur ce dépôt tourbeux bien solide. La diver-sité en plantes vasculaires y est relativement faible, à cause de conditions trèsacides et oligotrophes et aussi de la concurrence des branles.

Forêt hygrophile d’altitude à fougères arborescentes du genre Cyatheaet à Dombeya spp. ; Bébour - 1500 m.

Etagement de la végétation.

Les zones humides de la Réunion

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Octobre 2005 / N°11 / L’écho des tourbières 9

Quelques exem-ples de marais etzones tourbeuses

On illustrera par quelques exem-ples précis la diversité des systè-mes marécageux ou tourbeux deLa Réunion. A cause des condi-tions météorologiques imprévisi-bles (menace de cyclone ou nua-ges denses de l’après-midi),

je n’ai pas pu explorer ou photo-graphier tous ces sites de façonoptimale ; les données de labibliographie m’ont servi à com-pléter leur description (BLAN-CHARD, CADET).

L’étang de Saint-Paul, bordépar une cocoteraie plantée, com-prend un plan d’eau de superficievariable suivant les saisons,diverses ceintures de végétationde plus en plus atterries et unexutoire le reliant à l’Océan. Les

sols sont toujours gorgés d’eau etprésentent une alternance d’hori-zons limoneux ou formés dedébris végétaux à demi-décom-posés de type tourbe à roseaux.Cette zone humide est très prochede zones urbanisées ou artisana-les en expansion et risque doncune eutrophisation rapide ainsiqu’un grignotage périphérique.

La végétation se répartit en troistypes de groupements, dont cer-tains sont envahis ou dominés par

ETAGE(P = pluviosité)(T = température)

Rochers et sables d'altitude

MicrothermiqueHygrophile3m<P<8m /anT moy. <12°c gelées en hiver

MésothermiqueHygrophile1,8m<P<8m /anT moy. <17,5°c

MégathermiqueHygrophile1,8m<P<5m /anT moy. >17,5°c

MégathermiquexéromésophileP <1,8m /anT moy. 24°c

Milieux humides de basse altitude

Littoral forte régression de la flore indigène

1900-2700m- landes (branles) basses à arbrisseaux éricoïdes :Ericacées, Philippia et Agauria ; Composées, Senecio,Psiadia, Helichrysum et Stoebe ; Rhamnacées, PhylicaHypéricacées, Hypericum ; Fabacées, Sophora(la branle peut descendre jusqu'à 1000m)

1100-1900mriches en endémiques- bois de tamarin des Hauts (Acacia heterophylla) etbambou calumet (Nastus borbonicus), peu d’espèces- bois de couleur des Hauts à mahots (Dombeya-Sterculiacées), fougères géantes ou fanjans (Cyathea),nombreux arbustes et épiphytes

700-1100m - forêt de bois de couleur des Bas, dense, toujours verte,riche en ligneux (familles tropicales : Sapotacées,Ebenacées, Myrsinacées, Rubiacées, Flacourtiacées et Myrtacées) et en épiphytes (mousses et hépatiques,fougères, Orchidées)(végétation des deux versants semblables)

10-700m - forêt sèche endémique presque disparue, réfugiéedans endroits inaccessibles- savane secondaire à graminées et fourrés à épineuxcaducifoliés (Fabacées), faux poivrier et chokas, ricin,Albizzia lebbeck, Kalanchoë, Cactacées exotiques

- étang de Saint Paul (type oasis) avec plantes introduites(papyrus, jacinthe d'eau, faux-poivrier)- lagune du Gol à Saint Louis- cascades de Trois Bassins

- barrière corallienne et lagons localisés- plages de sables (filaos) à flore pantropicale ourocheuses assez dénudées

COTE SOUS LE VENT (Nord-Ouest) COTE AU VENT (Sud-Est)

1600-2700m - rares pelouses assez sèches- prairies tourbeuses (Cypéracées et Graminées) en mosaïque avec branles(végétation des deux versants semblables)

800-1600m- bois de couleur des Hauts (voir autre versant)- branles hautes, denses, tourbeuses et pauvres,(avounes) à Ericacées, fougères, Orchidées, sphaignes, lichens (parfois plus haut en altitude)- fourrés tourbeux à Pandanus montanus (8m d'eau), sphaignes, fougères et Cypéracées

0-800m- végétation secondaire riche en adventices et pestesde tous les continents - beaucoup de cultures de canne à sucre surtout et aussi de vanille, ananas, …- Grand Etang, à l'intérieur, à végétation très secondarisée

néant, car trop humide et exposé aux alizés

- étang de Bois-Rouge (au nord du delta de la rivière du Mat)

- côte rocheuse très hostile (vagues), colonisée par lesfilaos (Casuarina) ou les vacoas (Pandanus utilis),parfois coulées récentes

quelques rares plantes (Senecio) disséminées dans un univers minéral et volcanique très sec et à fortscontrastes thermiques (gel régulier durant la nuit)

Zonation altitudinale de la végétation naturelle ou secondaire à l’île de la Réunion

Les diverses ceintures le long de l’exutoirede l’Etang de Saint-Paul ; au premier plan,jacinthe d’eau et massette.

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10 L’écho des tourbières / Octobre 2005 / N°11

des espèces exotiques. Les for-mations aquatiques comprennentdes plantes immergées (Najasmadagascariensis, Elodea cana-densis, Potamogeton pectinatus)ou flottantes (Pistia stratiotes,Jussioea repens) et ont tendance àêtre complètement recouverteslocalement par la jacinthe d’eau,Eichhornia crassipes ; les forma-tions subaquatiques ont une florediversifiée et sont colonisées parde grands hélophytes, tels queCyperus papyrus, Phragmitesmauritianus, Typha domingensis etdiverses Cypéracées, qu’accom-pagnent localement Polygonumspp., le Songe ou Colocasia anti-quorum, Ipomoea cairica,Hydrocotyle spp. et une fougèreaquatique ; enfin, deux groupe-ments hygrophiles correspondentaux ceintures externes :

- tout d’abord une prairie humidedominée par les PoacéesPaspalidium geminatum etCynodon dactylon et laVerbénacée Lippia nodiflora

- ensuite s’installe un groupe-ment ligneux caractérisé pardeux Malvacées des genresHibiscus et Thespesia et par laprésence de diverses Fabacées etl’abondance de l’AnacardiacéeSchinus terebinthifolius ou fauxpoivrier, arbuste originaire duBrésil.

Les fourrés tourbeux à Pandanusmontanus, vacoa des Hauts oupimpin, recouvrent, d’après F.BLANCHARD, près de 5000 hasur les pentes nord et est de la

Fournaise, dans la plaine desPalmistes et dans les environsde Bébour.

Ces fourrés sont très souvent gorgés d’eau et difficilementpénétrables à cause de l’abon-dance des racines-échasses despimpins dominants ; ceux-ci ontun « tronc » ramifié et sont hautsde 3-4m. Ils accueillent égale-ment deux autres plantes au portde palmier, atteignant 6 m de haut et moins fréquentes :une fougère arborescente parmiles trois espèces de fanjans dugenre présentes sur l’Ile, Cyatheaglauca, et le palmiste des Hauts,Acanthophoenix rubra, qui estdevenu rare à cause de son utili-sation gastronomique. Dans lesstrates inférieures, on trouvediverses Cypéracées, dontMachaerina iridifolia dominan-te, avec ses feuilles en sabred’1m de haut, et Rhynchosporasp., la fougère ubiquiste à frondesdichotomiques Dicranopterislinearis et des tapis ou buttes desphaignes et autres cryptogames.Cinq espèces de sphaignes ontété reconnues à La Réunion.

Les prairies semi-tourbeusesd’altitude forment une mosaïqueavec les landes, au nom local debranles, et d’autres formationsligneuses basses, comme on peutle voir sur la photo du bassinsupérieur de la rivière de l’Est,au nord de la Fournaise ; la cou-leur brun clair correspond à l’état

de la végétation de ces groupe-ments à la fin de la saison sèche(fin décembre). Cette zone, diffi-cile d’accès, n’a pas pu être par-courue lors de mes deux voyages.Les stades pionniers peu recou-vrants sont caractérisés parLycopodiella affinis, diversesfougères héliophiles et mésohy-grophiles, diverses petitesCypéracées et Eriocaulon stria-tum, une petite monocotylédoned’un genre rarissime en Europe(tourbières d’Irlande). Les stadesplus évolués et fermés sont trèsnettement dominés par de nom-breuses espèces de Cypéracées etde Poacées pérennes, à la systé-matique encore confuse et dontcertaines sont introduites à partird’autres continents, y comprisl’Europe. Quelques buttes de

sphaignes parsèment ces forma-tions ; il n’a pas été observé deplantes carnivores à La Réunion.Dans les secteurs centraux deBélouve-Bébour et au nord dela plaine des Caffres, à l’est duPiton des Neiges, essentiellementdans l’étage mésothermique, serencontrent de grandes surfacesde fourrés éricoïdes, sur substratde tourbe acide très typique. Cesavounes humides, aux grandesbruyères de 3 à 5 m de haut et auxtroncs tortueux plus ou moinscouchés, sont vraiment impres-sionnantes à parcourir par tempsde brouillard et il faut faire atten-tion à ne pas quitter les sentierspour éviter de se perdre dans cepaysage sans visibilité. Quelquesautres ligneux, issus des bois ditsde couleur des Hauts, rompent la

Secteur du volcan de la Fournaise - 2000 m : landes basses au premier plan et zonestourbeuses des Hauts de la Rivière de l’Est en arrière-plan.

E N F R A N C E

Avoune sur tourbe à Bébour - 1600 m :branle élevée (Philippia), sphaignes,lycopode et lichens.

Vue générale de l’Etangde Saint-Paul avec tachesde papyrus

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Octobre 2005 / N°11 / L’écho des tourbières 11

monotonie des peuplements dePhilippia montana. Sur le sol jonché debranches mortes ou non, vivent de nom-breuses plantes d’ordinaire épiphytes :quelques Orchidées et de nombreusesfougères des genres Oleandra,Blechnum, Hymenophyllum. Autour dela base des troncs et sur l’humus, s’ob-servent en abondance des bryophytes,Sphagnum, Polytrichum, Campylopuset des hépatiques, tandis que les talus detourbe éclairés accueillent des lichensCladoniacées et Lycopodium clavatumssp. borbonicum (voir photos).

En conclusion…

La conservation des espèces végétalesendémiques et des formations végétalesuniques, typiques de La Réunion,nécessite des mesures de protectionforte, de type parc national ou réservenaturelle. Ceci concerne tous lesmilieux, mais une attention particulièredoit être portée aux zones humides debasse altitude, de par leur faible superfi-cie et les menaces potentielles de com-blement ou de pollution. Les zones tour-beuses d’altitude, moins accessibles etplus étendues, semblent moins mena-cées, mais il faut se méfier des plantesinvasives très diversifiées dans l’île.

Des études complémentaires sont àmener pour mieux caractériser les grou-pements végétaux et leur dynamique,pour comprendre le fonctionnementhydrologique des marais côtiers, pourmesurer la turfigenèse en altitude (desâges de 5000 à 15000 ans sont avancéspour le mètre de tourbe accumulé loca-

lement) et, aussi, pour poursuivre lesétudes palynologiques à partir des carot-tes de tourbe, afin de préciser l’histoirerécente de la couverture végétale del’Ile. La faune non vertébrée des zonestourbeuses d’altitude pourrait égale-ment déboucher sur des découvertesintéressantes.

Bibliographie succincte :

BARRE N., BARAU A. & JOUANIN C.Oiseaux de La Réunion. Les Editions du Pacifique, 1996

BERTILE W. La Réunion, atlas thématique et régional. Ed. Arts graphiques modernes, 1987

BLANCHARD F. Guide des milieux naturels. La Réunion, Maurice, Rodrigues. Ed. Ulmer, 2000

CADET Th. Fleurs et plantes de la Réunionet de l'île Maurice. Ed. Delachaux-Niestlé, 1989

CADET Th. La végétation de l’île de la Réunion.Thèse de l’Université d’Aix-Marseille,1980

CADET Th.Etude de la végétation des zones marécageuses de La Réunion. Ann. Fac. Sc. de Marseille, tome XLII,1969

Conservatoire Botanique de la Réunion.L'île de la Réunion par les plantes. Ed. Solar, 1992

KEITH P., VIGNEUX E. & BOSC P.Atlas des poissons et des crustacésd’eau douce de La Réunion. Muséum National d’Histoire Naturelle,Patrimoines naturels n° 39, 1999

ONF. Nombreux topoguides et plaquettesde sentiers botaniques.

PAILLER T., HUMEAU L. & FIGIER J. Flore pratique des forêts de montagnede l’île de La Réunion. Azalées éditions, 2000

WINTER M. Paysages et animaux de l'île de la Réunion. Azalées éditions, 1991

* LECA - Biologie D Université Joseph Fourier

BP 53 - F-38041 GRENOBLE CEDEX [email protected]

Fourrés tourbeux à Pandanus montanus et Cypéracées ; Plaine des Palmistes – 1300 m.

Bord de l’étang de Saint-Paul : papyrus,songe et faux-poivrier.

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12 L’écho des tourbières / Octobre 2005 / N°11

E N F R A N C E

Inventaire des tourbières de Margeride :un bilanChristine Lacoste, Anne Rémond*

L'inventaire des tourbièresde Margeride mené par le

Conservatoire départe-mental des sites lozériens

en 2001 et 2002 sur26000 hectares (du Mont

Mouchet au Signal deRandon) constitue une

étape pour la préservationet la gestion durable de

ces milieux. Ce travails'inscrit dans la mise en

œuvre du SchémaDirecteur d'Aménagement

et de Gestion des Eaux(SDAGE)(1) du bassin Adour

Garonne.

La gestion et la protectiondes écosystèmes aqua-

tiques et des zones humi-des représentent en effetl'un des objectifs majeursdu SDAGE Adour Garonnequi définit dans ce cadre

un certain nombre dezones vertes, caractérisées

par des milieux aqua-tiques remarquables. La

montagne de laMargeride, massif riche entourbières, constitue l'unedes zones vertes du bassin

Adour Garonne.

L'inventaire réalisé a permis :

•de définir le périmètre dela zone verte "tourbières

et micro-tourbières deMargeride",

•de connaître la réparti-tion géographique des

tourbières,

•de décrire la dynamiqueglobale de ces habitats

naturels, leur valeur patri-moniale ainsi que leur

état de conservation etleur évolution possible.

Quelques chiffres

P armi 350 zones humides par-courues au cours des 2

années de prospection, 224 tour-bières ont été effectivementinventoriées et cartographiées surle terrain (seules les tourbières deplus d'un quart d'hectares ont étérépertoriées). Les tourbières pré-sentes sur la zone prospectée ali-mentent les bassins versantsAdour-Garonne et Loire-Bretagne et couvrent au total unesurface de 1239,43 hectares.

La surface moyenne des tourbiè-res recensées est importante et 74 % d’entre elles ont une super-ficie supérieure à 1 ha.

15 habitats naturels(2) humidesdont 6 habitats strictement tour-beux, ont été répertoriés sur l’en-semble des sites prospectés.

Parmi ces 6 habitats tourbeuxrépertoriés, 2 sont d’intérêtcommunautaire(3) et 3 sont prio-ritaires(4).

5 espèces végétales protégéesau niveau national et 8 d'inté-rêt patrimonial (espèces rarespour la région, voire au plannational, espèces en régression,protégées dans certaines régionsfrançaises) ont été recensées.

(1) Les SDAGE, élaborés dans le cadre de la

loi sur l'eau du 3 janvier 1992, définissent, à

l'échelle de chacun des grands bassins hydro-

graphiques français, les orientations d'une

gestion équilibrée et globale des milieux

aquatiques et de leurs usages.

(2) Habitats naturels : zones terrestres ou

aquatiques, naturelles ou semi-naturelles,

définies par des caractéristiques géogra-

phiques, abiotiques (= liées au milieu phy-

sique) et biotiques (= liées aux êtres vivants)

spécifiques.

(3) Habitats d'intérêt communautaire : habi-

tats en danger de disparition dans leur aire de

répartition naturelle ou dont l'aire de réparti-

tion naturelle est réduite (par suite de leur

régression ou en raison de leur aire intrinsè-

quement réduite) ou habitats constituant des

exemples remarquables de caractéristiques

propres à l'une ou à plusieurs des grandes

régions biogéographiques (alpine, atlantique,

continentale…)

(4) Habitats d’intéret communautaire priori-

taires : habitats en danger de disparition et

pour la conservation desquels la Communauté

porte une responsabilité particulière, compte

tenu de l'importance de la part de leur aire de

répartition naturelle comprise dans le territoi-

re visé par la Directive "Habitats"

Les habitats d'intérêt communautaire et com-

munautaires prioritaires sont définis dans le

cadre de la Directive "Habitats" du 21 mai

1992 dont l'objet est d'assurer la conservation

de la biodiversité dans l'Union Européenne.

Surfacetotale

en tourbières

Surfacemoyenne

des tourbières

Surfaceminimum

Surfacemaximum

1239,43 ha 5,53 ha 0,26 ha 55,15 ha

Superficies des tourbières :

Répartition des tourbières :

Nombre de tourbières inférieures à 1 hectare

Nombre de tourbières de surface comprise entre 1 et 5 ha

Nombre de tourbières de surface comprise entre 5 et 10 ha

Nombre de tourbières supérieures à 10 ha

58

94

41

31

Bovins Highland.

Tourbières Giraldès.

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Octobre 2005 / N°11 / L’écho des tourbières 13

Valeurpatrimoniale Le secteur étudié revêt une valeurpatrimoniale importante du fait,notamment, de la diversité deshabitats naturels présents. La plupart des tourbières sont desurcroît composées d'une mosaïqued'habitats naturels et comprennenten règle générale au moins 1 habitat d’intérêt communautaireou communautaire prioritaire. Une ou plusieurs espèces végéta-les protégées ont été observéesdans 158 des tourbières réperto-riées (70%) et 169 tourbièreshébergent des espèces d’intérêtpatrimonial.

Rappelons que les tourbières ont,d’une manière générale, unevaleur écologique fonctionnelleimportante (rôle dans la purifica-tion de l’air et de l’eau, stockagedu carbone, stockage de l’eau,régulation des débits des coursd’eau…). De par leur origine etleur singularité, elles ont aussiune forte valeur scientifique,pédagogique et paysagère.

Facteurs influençant l’évolution de la zone d’étude Ces facteurs sont très divers.Certains ont une fréquence d'ap-parition élevée avec, soit relative-ment peu d'impact, soit un impactconséquent ; d'autres sont raresmais ont un effet important voireirréversible.L'état de conservation généraldes tourbières est moyennementsatisfaisant du fait notammentdes nombreux cas de drainage.La dynamique de fermeture desmilieux est très présente avec lacolonisation ligneuse par desespèces telles le Pin sylvestre(Pinus sylvestris), le Pin à cro-chet (Pinus uncinata), le Bouleaupubescent (Betula pubescens),diverses essences de Saules(Salix spp.). Les impacts négatifsliés au pâturage concernent 82sites sur les 192 pâturés (piétine-ment et surpâturage).

Les tourbières sont générale-ment composées de nombreuxhabitats naturels et sont sou-vent intégrées à des zoneshumides beaucoup plus vastes.Les habitats naturels présentssur un site sont imbriqués,agencés dans l'espace enmosaïque dans des proportionsdifférentes et ont des sensibili-tés variables aux activitéshumaines et plus particulière-ment aux activités pastorales.

Dans tous les cas, les tourbièresrestent des milieux fragiles

dont la gestion est indissociabled’une approche extensive. Desinterventions peuvent êtrenécessaires pour maintenir ourétablir un fonctionnementécologique satisfaisant maisseront toujours envisagées avecle maximum de précautions.

*Conservatoire Départemental des Sites Lozériens

11, rue d’Aigues-Passes 48000 MENDE04 66 49 28 78

[email protected]

Nom vernaculaire

BOULEAU NAIN

ROSSOLIS À FEUILLES RONDES

MALAXIS DES MARAIS

SAULE DES LAPONS

LAÎCHE DES BOURBIERS

Canneberge à petits fruits

Canneberge

Gentiane pneumonanthe

Laîche pauvre en fleurs

Laîche puce

Lycopode en massue

Orpin velu

Saxifrage en étoile

Nom scientifique

Betula nana

Drosera rotundifolia

Hammarbya paludosa

Salix lapponum

Carex limosa

Vaccinium microcarpum

Vaccinium oxyccocos

Gentiana pneumonanthe

Carex pauciflora

Carex pulicaris

Lycopodium clavatum

Sedum villosum

Saxifraga stellaris

Facteurs

débroussaillage manuel

pâturage

coupe, abattage, déboisement

drainage

modification du fonctionnement hydraulique

écobuage

atterrissement

fermeture du milieu

plantation

route

création de piste

Nb de tourbières concernées

1

192

23

88

22

6

26

86

16

7

7

Impacts

+++

- à ++

- à ++

- - -

- -

- -

-

- -

- -

- à - -

- à - -

Remarques

impact négatif : 82impact positif : 101

1 cas avec des impactsnégatifs liés aux réma-nents laissés sur place

soit 731,75 ha avec desimpacts très variables

(sur les 1239,43 hacartographiés : 60%)

traces plus ou moinsrécentes sur les sites

identifiés et très ponc-tuelles (touffes)

fermeture réelle : 44fermeture potentielle : 42

Espèces protégées (en majuscules) ou d’intérêt patrimonial répertoriées sur la zone d’étude :

Linaigrette.

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14 L’écho des tourbières / Octobre 2005 / N°11

E N F R A N C E

Les invertébrés des tourbièresde BretagneAlexandre FRANÇOIS et Gabriel HAGUET*

Connaître pourmieux gérer : lesinvertébrés sousla loupe !

E ntre 2000 et 2004, le Grouped'ETude des Invertébrés

Armoricains (GRETIA) a réaliséson deuxième Contrat Nature"Connaissance et suivi des inver-tébrés continentaux deBretagne". Ce contrat de 4 anscomprenait trois volets : l'état desconnaissances sur les invertébrésen Bretagne, le suivi d'espècespatrimoniales et ce qui nous inté-resse ici : l'étude des peuple-ments d'invertébrés des tour-bières et landes humides inté-rieures de Bretagne.

Plusieurs objectifs avaient étéassignés à cette étude. En pre-mier lieu, il s'agissait de réaliserla synthèse des connaissancesdisponibles sur les invertébrésdes tourbières, à partir de labibliographie régionale, nationa-le et européenne mais surtout demettre en place une vaste campa-gne d'échantillonnage dans larégion. La connaissance de ladiversité des invertébrés fréquen-tant les tourbières était basée jus-qu'à présent sur des études ponc-tuelles, dans différents sites tour-beux, surtout dans le Finistère. Il nous paraissait donc nécessairede mener une étude sur plusieurssites en simultané et basée sur unprotocole paramétré et reproduc-tible, à la fois en haute et en basseBretagne. D'autre part, afin d'a-voir une vision large des arthro-podes dans ce milieu, nous noussommes penchés, en plus desordres classiquement étudiés, surdes groupes taxonomiques plusrarement pris en compte commecertaines familles de Diptères etde Coléoptères, les Araignées, lesPlécoptères ou les Trichoptères.

En second lieu, nous avons misen évidence l'intérêt patrimo-nial de certaines espèces pourun maximum de taxons. En s'at-tachant à leur écologie et à leurrépartition (selon les informa-tions disponibles), les espèces enlimite d'aire, caractéristiquesd'habitat ou rares (petites popula-tions, faible répartition régionale)ont été identifiées.D'autre part, pour quelques grou-pes systématiques, notre analysea montré l'existence de cortègesd'espèces caractéristiques desformations végétales prospectéesainsi que des sites, voire de cer-taines périodes de l'année (entreavril et octobre).

Enfin, nous souhaitons que ce tra-vail puisse trouver son applicationdans la gestion des tourbières.L'expérience acquise au cours decette étude, combinée aux travauxd'autres structures avec qui nouséchangeons sur ce thème, doitpouvoir être accessible. Elle peut

intéresser directement les organis-mes impliqués dans la conserva-tion des tourbières de plaine del'ouest de la France, mais aussid'autres régions, dans la mesureoù les méthodes utilisées ici sonttransposables à d'autres types detourbières.

Taon, Chrysops sp. Photo : F. Herbrecht.

Les 4 sites étudiés

et les districts

phytogéographiques

de Bretagne

Basse Bretagne

Haute - Bretagne - Maine

Basse - Loire

Basse -Bretagne

Nasse à émergences Photo : A. François.

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Octobre 2005 / N°11 / L’écho des tourbières 15

4 années : 4 phasesAprès une première année (2001)consacrée à réaliser un état desconnaissances à partir de labibliographie rassemblée, c'estpendant la deuxième année(2002) qu'a été appliqué le proto-cole commun aux quatre tourbiè-res. Ces quatre sites ont été choi-sis en fonction des quatre dis-tricts phytogéographiques recon-nus en Bretagne. Chaque tourbiè-

re comprenait trois stations fixes(zone de tourbière à sphaignes,lande humide à Molinie etEricacées, saulaie tourbeuse) oùétaient disposés les mêmes lotsde pièges et où étaient utiliséesles mêmes techniques de chasseactive. On a donc placé, par site,15 pièges Barber, 3 nasses àémergences, 3 pièges jaunes et 1tente Malaise, sans oublier lepiège lumineux qui a fonctionnédeux fois sur chaque tourbière.

Pour compléter ces méthodes, lefilet fauchoir, la nappe montée, letroubleau et l'aspirateur à boucheont permis d'échantillonner diverses strates végétales et lesgouilles pendant des temps défi-nis. Les six mois de fonctionne-ment du protocole ont fourni plusde 1300 piluliers de prélèvement.En 2003, le tri de ces prélève-ments a nécessité plusieurs moisde séparation des 36 taxons(tableau) à la loupe binoculaire.

Chaque individu a été comptabi-lisé (77 000 au total !) de sorteque les informations d'abondancedans les pièges sont disponiblesmême pour les groupes qui nepourront être identifiés à l'espèce.Les araignées, les cloportes, leschironomes et les staphylins sont,par exemple, les taxons les plusreprésentés dans les pièges. Plusieurs membres bénévoles etstagiaires du GRETIA nous ontprêté main forte durant cettephase.En 2004, des membres perma-nents et bénévoles du GRETIA

ont pris en charge l'identificationd'une grande partie des taxons,aidés d'autres spécialistes fran-çais et étrangers, portant à 25 lenombre de personnes impliquéesdans cette phase de l'étude. Enfin,après l'analyse des résultats, unrapport a été remis à nos parte-naires en décembre 2004.

Partageonsnotre expérienceDans le but de sensibiliser lesacteurs de l'étude et de la gestiondes tourbières, mais aussi legrand public, nous avons réaliséplusieurs posters dont une partiea été présentée aux RencontresAnnuelles du Groupe d'Etude desTourbières et au FestivalInternational du Film de l'Insecte.De plus, nous souhaiterions rédi-ger un document technique pré-sentant un protocole type, destinéaux gestionnaires de sites tour-beux, modulable en fonction desproblèmes de gestion posés, desenjeux éventuels de conserva-tion, du budget et du tempsimparti.

Souhaitons que ce travail contri-bue à renforcer la reconnaissancedu rôle essentiel des invertébrésdans les zones humides et inciteles gestionnaires et amateurs detourbières à regarder de plus prèsici, la chenille qui sait déjouer lespièges de la Drosera, là des four-mis qui construisent leur nid dansune butte de sphaignes, et biend'autres encore !

Groupe d'ETude des InvertébrésArmoricainsBâtiment 25

ERT Biodiversité Fonctionnelle etGestion des territoiresCampus de Beaulieu

35042 Rennes CEDEXTel (Rennes) :02 23 23 51 14

Tel (Centre-Bretagne) :02 96 21 67 81

E-mail (Rennes) :[email protected],

E-mail (Centre-Bretagne) :[email protected]

Taxons (nombre de familles étudiées)

Araignées

Gastéropodes

Isopodes terrestres

Ephéméroptères

Plécoptères

Trichoptères

Neuroptères

Dictyoptères

Orthoptères

Hémiptères Homoptères

Hémiptères Hétéroptères

Coléoptères (7)

Hyménoptères Symphytes

Hyménoptères Apocrites (3)

Lépidoptères

Mécoptères

Diptères (11)

La Dolomède, Dolomedes fimbriatus Photo : A. François. Le criquet palustre, Chorthippus montanu Photo : A. François.

Chiffres-clefs et avancéesgénérées par cette étude :

- 993 espèces identifiéessur 19 000 individus étudiés- 508 espèces observées dansles tourbières bretonnes pourla première fois - une base de donnéesrassemble des informationssur 2226 espèces dont 1358présentes en Bretagne.- 22 espèces qualifiables detyrphophiles (fréquentantrégulièrement les tourbières,NDLR)- au moins 23 espèces nou-velles pour la Bretagne- une espèce nouvelle pourla France (ColeopteraStaphylinidae)- une espèce nouvelle pourla science (ColeopteraStaphylinidae), en cours dedescription.

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C e site de landes et de tourbiè-res, localisé à proximité du

bourg de Peyrelevade, sur lePlateau de Millevaches, bénéficiedepuis 2003 de la dynamique etdes moyens d’intervention du pro-gramme Loire Nature. La tourbiè-re de Rebière-Nègre jouxte laVienne, quelques kilomètres enaval de ses sources, à environ 750m d’altitude. Agée d’environ 9000ans, c’est une des plus vieillestourbières du Limousin.

En août 2003, la municipalité dePeyrelevade, propriétaire de lamajeure partie du site, a signé unbail civil de 10 ans, à l’euro sym-bolique, portant sur 28 ha de lan-des et tourbières, au bénéfice duConservatoire des EspacesNaturels du Limousin.

Le Conservatoire a pu ainsi seconsacrer à l’élaboration du plande gestion du site en 2004.Les inventaires réalisés ont mis enévidence la grande diversité desmilieux tourbeux et para-tour-beux sur le site : on y rencontredivers stades d'évolution d'unetourbière, des prairies à Molinie,des mégaphorbiaies …La diversi-té des sols (l'épaisseur de tourbevarie de 20 cm à plus de 3,5 m) etdes modes de gestion passés (fau-che ou pâturage selon les parcel-les) sont à l'origine de cette diver-sité. La présence d'une belle landesèche sur une dizaine ha, sur lapetite colline du Gué, renforceencore l'intérêt écologique du site.Au niveau faunistique, on peutnotamment citer la présence de laSarcelle d'hiver et du Pigeon

colombin en période de nidifica-tion, ce qui, pour le Limousin, estremarquable. Des complémentsd'inventaires seront nécessairespour mieux connaître l'intérêt faunistique du site.

Le plan de gestion a été l'occasionde retracer un historique de l'ex-ploitation de la tourbe sur le site.Il était en effet important de bienle comprendre pour mieux appré-hender la gestion future du site.Cette tourbière, déjà exploitéedurant la seconde guerre mondiale,a été la dernière du Limousin àavoir fait l’objet d’une exploitationindustrielle de la tourbe, jusqu'aumilieu des années 90. On peutaussi signaler une plantation de pinsylvestre qui a affecté de façonsignificative le fond tourbeux.

Les travaux de restauration et de gestion envisagés par le plan de gestion sont essentiellement le bûcheronnage de restauration et le rétablissement d'un pâturageextensif sur les landes et les tour-bières, une gestion par fauchagepour les mégaphorbiaies et lesprairies à Molinie, aménagementd'un petit sentier de découvertepour faire découvrir ce site augrand public (l'immédiate proxi-mité du bourg, du camping et duvillage de gîtes municipal renfor-ce l'intérêt de ce projet)…

L'élaboration du plan de gestions'est faite en partenariat avec lamunicipalité de Peyrelevade. Leconservatoire a également déve-loppé de nombreux contacts avecl'APPMA de Peyrelevade-Tarnac,

acteur important sur ce site, ainsiqu’avec plusieurs propriétairesprivés.

Le plan de gestion finalisé, leCREN Limousin a entrepris,début 2005 un premier chantier debûcheronnage de restauration surla tourbière de Rebière-Nègre.L'objectif est ici de restaurer latourbière, qui n'étant plus pâturéedepuis une trentaine d'années, sereboise naturellement (pins syl-vestre, bouleaux...) et donc s'assè-che... Cette constatation rejointcelle du conservatoire départe-mental des sites lozériens qui pré-conise ce mode de gestion dansl'objectif de limiter les processusde vieillissement des milieux tour-beux. L'intervention a égalementun intérêt paysager puisqu'ellepermet de mieux découvrir latourbière depuis un chemin fré-quenté par les promeneurs.

Les travaux réalisés par l’équipetechnique du Conservatoire, asso-ciée pour cette occasion à uneentreprise locale de travaux agri-coles, a permis de réaliser dubûcheronnage avec exportationsur environ 1 ha. Les motivationsdu CREN Limousin pour que l'ex-portation des rémanents soit effec-tuée sont identiques à celles denos homologues lozériens, àsavoir : éviter la dégradationphysico-chimique du milieu et

la modification du niveau tro-phique. Le chantier s’est réalisédans des conditions difficiles. Lesol étant gelé, sa dégradation parle tracteur a été quasi-nulle. Lecoût du chantier s’est élevé à envi-ron 9000 €. Ce coût, qui peutparaître élevé, correspond cepen-dant à la réalité d’une restaurationsur un milieu non géré depuis plusde 35 ans. Entre l’importantequantité de bois à bûcheronner etun accès à recréer pour les trac-teurs (avec dispositif de franchis-sement de deux anciens fossésdatant de l’extraction de tourbe),le travail n’a pas manqué sur lechantier !

Fin 2005 et début 2006, d’impor-tants travaux vont se poursuivresur la tourbière : bûcheronnagede restauration sur 2 ha supplé-mentaires (dont une forte éclair-cie dans une plantation de pinsylvestre réalisée sur la tourbièredans les années 70 et qui est ensituation d’échec), pose d’uneclôture fixe qui permettra la créa-tion d’un parc d’une dizained’ha. La mise en place d’un pâtu-rage bovin ou équin sur la tour-bière pourra ainsi débuter durantla saison de végétation 2006.

Tourbière de Rebière-Nègre et lande du GuéPeyrelevade (Corrèze)Rédaction du plan de gestion et premiers travauxde restauration dans le cadre de Loire NatureJoël Boeufgras*

G E S T I O N

Conservatoire régional des Espacesnaturels du Limousin

6 ruelle du Theil, 87510 [email protected]

Brûlage

Plantation sur fond tourbeux

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Octobre 2005 / N°11 / L’écho des tourbières 17

S itué à proximité de la communauté d’agglomération

d’Amiens Métropole, le GrandMarais de la Queue situé à Blangy-Tronville constitue l’un des plusbeaux marais tourbeux à proximitéd’Amiens et bénéficie d’un arrêtépréfectoral de protection de biotope.Le Conservatoire des Sites Naturelsde Picardie est gestionnaire de cettepropriété communale de près de 15 ha depuis 1995. Ce bas-marais alcalin constitue unimportant réservoir de biodiversité.Plus de 30 espèces de libellulessont présentes dont la Cordulie àcorps fin. La flore n’est pas en resteavec 234 espèces dont l’Utriculairenaine, la Renoncule grande douveou encore le Liparis de Loesel.Outre les interventions de gestionqui ont permis peu à peu de réouvrir le marais et d’en assurerl’entretien par fauche ou par pâtu-rage, le site a été équipé depuis2002 d’un sentier de découverte.

Pour autant, lors des sorties ou deschantiers nature organisés par leConservatoire, peu de personnessont présentes. Il s’est donc agi deréfléchir avec la commune aumoyen de faire connaître le maraiset l’action du Conservatoire.

Pour cela, l’école et l’AssociationBlangy Culture se sont révéléesêtre des relais locaux efficaces.D’une part, car les élèves partici-pent régulièrement à des chantiersnature (ceci étant un bon moyend’associer les parents, une partie deces derniers est en effet présentepour assurer l’encadrement), d’au-tre part car l’association a réaliséfin 2004 une exposition sur la litté-rature et le marais.Très vite, l’idée d’organiser unévénement festif autour du marais,en relation avec la kermesse desécoles, s’est imposée. Après plu-sieurs réunions en mairie associantles élus, les associations locales,les parents d’élèves et les institu-teurs, le projet d’une fête dumarais était acté.Le programme de cette manifesta-tion était centré autour de la valo-risation des produits issus dumarais. En plus de la traditionnellesortie nature permettant de présen-ter le patrimoine naturel et le rôledu Conservatoire, différents ate-liers ont présenté le travail réalisédans le marais par une structured’insertion et par le lycée agricoledu Paraclet. De nombreux échan-ges ont ainsi eu lieu autour ducompostage issu de la fauche de la

végétation herbacée (des sacs deterreau étaient offerts aux partici-pants de la journée), et autour dupâturage afin de montrer qu’il esttechniquement possible de menerun pâturage sur des milieux diffici-les avec de bons résultats en ter-mes de paysage et de patrimoinenaturel. Enfin, un dernier atelier,co-animé par un habitant de lacommune, a été consacré à unedémonstration de tourbage avecdes outils traditionnels. Après ce début d’après-midi passédans le marais, un retour en calè-che vers le lieu de la kermesse étaitproposé. Le spectacle préparé parles élèves abordait la vie dans lemarais hier et aujourd’hui. Durantl’après-midi, les personnes présen-tes ont pu visiter l’exposition sur lalittérature et le marais. Le repascomposé en grande partie de pro-duits issus de l’agriculture biolo-gique et de vaisselles biodégrada-bles ne dénotait pas dans cette jour-née. Après celui-ci, ce sont près de120 personnes qui suivaient uneflûtiste et la calèche dans laquelleavait pris place les enfants pouraller découvrir à la tombée de lanuit l’ambiance si particulière dumarais, moment propice pour selaisser conter une histoire…

Du dire des personnes présentes,cette fête a été un succès. L’objectifde faire se rencontrer les différentsacteurs locaux (chasseurs,pêcheurs, élus, habitants) et lesgestionnaires pour échanger autourd’un événement festif a été atteint.Une nouvelle fête du marais aurad’ailleurs certainement lieu en2007. D’ici là, les activités « tradi-tionnelles », sorties et chantiersnature devront permettre d’entrete-nir cette dynamique.

Notre démarche et les espacesnaturels que nous gérons ne sont etne doivent pas être déconnectés ducadre socio-économique local. Letravail réalisé par le Conservatoireautour de ses mots clés « connaît-re, protéger, gérer, valoriser » per-met très souvent aux acteurslocaux de se réapproprier des lieuxsouvent marginalisés et ainsi derecréer du lien social autour de cesespaces. C’est aussi à cette condi-tion que nous assurerons la péren-nité de nos actions.

La fête du marais à Blangy-Tronville (Somme), un exemple de l’implication des acteurs locaux.Yann Dufour*

Exposition “Littérature et marais”.

Atelier compost 11 juin.

G E S T I O N

Conservatoire des sites naturels de Picardie

Place Ginkgo - Village Oasis80 044 Amiens Cedex 1

[email protected]

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18 L’écho des tourbières / Octobre 2005 / N°11

T raduction depuis le site internetde l’IMCG www.imcg.net:

Francis Muller, pôle relais tourbières(Fédération française des conserva-toires d’espaces naturels)

L’IMCG est une organisation mon-diale de spécialistes des tourbièresqui sont spécialement impliqués dansla conservation des habitats tour-beux. Durant le colloque qui s’esttenu lors de son assemblée généralebisannuelle, à Paarl (Afrique du sud)le 26 septembre 2004, la motion sui-vante a été adoptée.

Les taux croissants de gaz à effets deserre dans l’atmosphère modifient leclimat. Le problème est lié à la mobili-sation de carbone stocké de longuedate, lors de l’utilisation de combusti-bles fossiles, et à la destruction ou laréduction de la biomasse présente sur laTerre (forêts). Afin de réduire les émis-sions de gaz à effet de serre, il est pré-conisé de remplacer les combustiblesfossiles par des substituts renouvela-bles. L’IMCG se préoccupe de ce que latourbe est de plus en plus promue entant que combustible renouvelable.

Cela s’est déjà traduit par :- l’exclusion de la tourbe, dans ladirective européenne 2003/96/EC, deshydrocarbures devant être taxés pourla production d’énergie ;- la classification, par la Suède et laFinlande, de la tourbe en tant que ‘com-bustible lentement renouvelable issu dela biomasse’, associée à des réductionsde taxes et à des ‘certificats verts’ ;- la préconisation, par la Fédération deRussie, d’un remplacement du pétroleet du gaz par des combustibles issus dela biomasse, incluant la tourbe ;- la demande de la Fédération de Russieà bénéficier d’un soutien de 20 millionsde dollars américains de la part duFonds pour l’Environnement Mondial(FEM), volet ‘Changements clima-tiques’, pour soutenir son Programmepour les Energies Renouvelables, enprésentant la tourbe comme une res-source renouvelable.

Ces assertions de ‘renouvelabilité’manquent de fondement scientifiqueet sont basées sur un usage suggestifdes termes et sur de faux arguments.

En utilisant le terme « biocombustible», le groupe de pression de la tourbevise à différencier lexicalement latourbière des autres combustibles fos-siles et à l’associer aux cultures éner-gétiques à courte rotation, comme lapaille et les roseaux. Le préfixe « bio-» signifie « associé à la vie ». En effet,la tourbe est « associée à la vie » dansla mesure où elle est issue d’organis-mes vivants. Mais, en ce sens, tous lescombustibles fossiles organiques sont« associés à la vie ». En science, la bio-masse est définie en tant que massed’organismes vivants (bio = vie) oupoids vivant (Odum 1971). La tourbecombustible n’est pas de la biomasse,étant donné que la tourbe provientgénéralement de plantes qui sont mor-tes voici des milliers d’années.

Autre postulat : le caractère renouvela-ble de la tourbe. La tourbe est effecti-vement renouvelable : il s’en formetoujours actuellement, comme il s’enest formé depuis des centaines demillions d’années. Mais cela ne distin-gue pas la tourbe des autres combusti-bles fossiles, des gisements de ligniteet de charbon étant également toujoursen formation aujourd’hui.Ce n’est pas la ‘renouvelabilité’ (c’est-à-dire le fait que la tourbe puisse serenouveler) qui est à prendre en comp-te d’un point de vue climatique, maisla vitesse de renouvellement (c’est-à-dire le temps nécessaire à sa forma-tion). Brûler du charbon signifie relâcher du carbone qui pendant desmillions d’années n’a pas fait partie del’atmosphère et de la biosphère. La tourbe utilisée comme combustibleest vieille de milliers d’années.

La vitesse de renouvellement du char-bon et de la tourbe est si faible que leurrenouvellement ne signifie rien pournotre société. S’agissant de l’effet deserre, se renouveler signifie impliquer

des sources d’énergie qui soient réali-mentées aussi vite qu’elles sontconsommées (=courte rotation).De plus, le fait qu’un type de combus-tible soit renouvelable ne signifie pasqu’il soit vraiment renouvelé. Si lecombustible n’a pas la possibilité de serenouveler, l’utilisation d’un combus-tible renouvelable contribue autant àl’effet de serre que n’importe quelcombustible non renouvelable.Après qu’une tourbière ait été exploi-tée, on argue souvent à tort que l’accu-mulation de tourbe va recommencer etque les gaz à effet de serre vont à nou-veau être accumulés. Cela pourrait eneffet être le cas, mais les taux concer-nés représentent seulement une frac-tion de ceux émis en brûlant d’épais-ses couches de tourbe.

L’argument le plus fréquemment utili-sé pour défendre la renouvelabilité dela tourbe combustible est qu’on extraitchaque année moins de tourbe qu’il nes’en accumule par an. Cet argumentest faux pour différentes raisons :- Dans quasiment chacun des paysd’Europe, en Europe en général et surtoute la terre, il y a plus de tourbièresqui disparaissent qu’il ne s’en forme.A côté de l’extraction de tourbe à pro-prement parler, d’énormes pertes sontoccasionnées dans les tourbières pardes usages agricoles, sylvicoles etextractifs. En considérant la tourbecomme un combustible renouvelable,tous les gains (toute l’accumulation detourbe dans un pays ou une région)sont comparés à tort avec seulementune partie des pertes (celles issues del’extraction de tourbe).- Beaucoup de tourbe qui s’accumule‘ailleurs’ n’est pas disponible pourl’exploitation, pour des raisons tech-niques ou de conservation. La tourbenon disponible n’est pas une ressour-ce, et ne peut pas servir à équilibrer lespertes liées à la combustion de tourbe.- L’extraction de la tourbe ne fait pasque consumer de la tourbe, elle détruitaussi les écosystèmes accumulant dela tourbe. A moins que la tourbe ne serégénère activement sur les sites

exploités, la ressource finira par dimi-nuer. Et c’est la situation classique surterre. La superficie de tourbièresexploitées qui ont été restaurées entant qu’écosystèmes accumulant de latourbe est négligeable, et hors de pro-portion par rapport aux superficiesdégradées par l’extraction.- Les tourbières dont on met en avant laséquestration de CO2 pour équilibrerles émissions de CO2 venant de la com-bustion de tourbe faisaient déjà partiedu bilan carboné bien avant l’augmen-tation, liée à l’homme, du niveau deCO2 dans l’atmosphère. Elles faisaientet font partie du système de puits natu-rels qui compense les sources naturel-les. Ces sources naturelles compren-nent les émissions de méthane (CH4)des tourbières naturelles.- L’extraction et la combustion de tour-be créent une source supplémentairede gaz à effet de serre. Pour que l’effetde serre soit nul, des sources supplé-mentaires exigent des puits supplé-mentaires. L’extraction de tourbemobilise de nouvelles sources de car-bone sans créer les nouveaux puitscorrespondants. Sous cet angle aussi,la combustion de la tourbe n’est pasdifférente de celle du charbon.La combustion de la tourbe n’est pasune activité neutre sur le climat. Ilpourrait y avoir des raisons honnêtesd’utiliser localement la tourbe commecombustible - en prenant en compteles nombreuses autres qualités destourbières - mais la ‘renouvelabilité’ne fait pas partie de ces raisons.Les conventions internationales recon-naissent de plus en plus l’importancedu stockage mondial de carbone et lafonction de séquestration des tourbiè-res (Convention de Ramsar de novem-bre 2002, Convention sur laBiodiversité de février 2004). Nousincitons les organismes concernés àcorriger les contradictions et à empê-cher que la combustion de tourbe nes’accroisse du fait de son caractèreprétendument renouvelable.

Motion de l’IMCG(Groupe International pour la Conservation des Tourbières)destinée à l’Union Européenne, aux Nations Unies et auFonds pour l’Environnement MondialA propos du caractère prétendument renouvelable de la tourbe en tant que combustible

T O U R B E S & T O U R B I È R E S

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Octobre 2005 / N°11 / L’écho des tourbières 19

I N T E R N AT I O N A L

Coopération franco-slovène en faveur desmarais et prairies tourbeux de Ljubljana

(Slovénie)Francis Muller

L ongé par une rivière qui pos-sède 7 noms, au fil de ses per-

tes et résurgences dans le réseaukarstique de l’ouest de laSlovénie, le marais de Ljubljana(Ljubljansko barje) apparaîtcomme une vaste étendue d’allu-re bocagère aux portes de la capi-tale du pays. Sa surface est de150 km2, et il s’étend au pied decollines escarpées et très boisées,le profil caractéristique duTriglav et de ses trois pics rappe-lant, au nord, la présence desAlpes juliennes, extrême avancéeorientale des Alpes.

Une coopération franco-slovèneimpliquant les conservatoiresd’espaces naturels français et uneONG slovène (CKFF : centre decartographie de la faune et de laflore) s’est établie à partir de1998, et s’est d’abord portée sur laprotection des mares karstiques dupays avec une ONG slovène.Lorsque nous avons envisagé depoursuivre sur un autre site lacoopération pour la protection dela nature, notre choix s’est portésur ce marais.

Quelques motsd’histoireDurant des millénaires, cette plai-ne était occupée par un vaste lac,retenu ici par des alluvions de larivière Save. Ce lac s’est comblépeu à peu. une tourbière et desmarais se formant lentement dansla dépression. L’homme s’est

alors installé dans le site, il y a6000 ans, des fouilles ayant per-mis de retrouver les pilotis d’habi-tations et une roue en bois de frênevieille de 5200 à 5600 ans.Longtemps, l’influence humaineest restée modérée. A l’époqueromaine, une route l’a ensuite tra-versé ; une partie du marais alongtemps servi à un pacageextensif, les franges du bassin,proches des villages, ayant connules premiers drainages. Durant lesdécennies suivant un décret del’impératrice Marie-Thérèse en1769, la tourbière a été fortementatteinte, un réseau serré de canauxde drainage ayant été établi, enplus d’une rectification des coursd’eau. Les inondations sont deve-nues moins fréquentes, plus prévi-sibles. La colonisation par l’hom-me pouvait dès lors s’étendre. A laplupart des endroits où elle sub-sistait en surface, après ces draina-ges et une intense activité d’ex-traction, la tourbe s’est minérali-sée, seuls quelques témoins detourbière active subsistant. Il s’a-git là d’un processus que l’ontrouve malheureusement en denombreuses régions d’Europe.

Ainsi, il ne reste que très peu demilieux pleinement naturels dansles marais de Ljubljana, mais lesite est occupé par une mosaïquede prairies (presque toutes inon-dées durant quelques jours uneou deux fois l’an), de fossés bor-dés d’arbres, de quelques bas-marais et roselières et, selon quela pression agricole ait été locale-

ment forte ou non, des cultures(maraîchères près des agglomé-rations ou maïs, en extension) ouquelques friches.

Pourquoi s’intéresser à unetourbière qu’il faut bien qua-lifier de dégradée, si on lacompare à son aspect initial ?En fait, on se retrouve dans uncas où le milieu, bien que trèsmodifié, a trouvé un autre inté-rêt naturel : la flore nous offrede vastes tapis printaniers deFritillaire pintade Fritillariameleagris, estivaux deLinaigrettes et Orchidées(Dactylorrhiza incarnata, D.maculata, Liparis loeselii,Orchis palustris) et automnauxde Parnassie des maraisParnassia palustris. Quelquecent espèces d’oiseaux ynichent, dont 200 couples derâle des genêts, et bien d’autresy sont de passage ou en hiverna-ge. Parmi les amphibiens, onrelève la présence du Tritoncrêté italien Triturus carnifex etdu Crapaud vert Bufo viridis, etles papillons comprennent degrandes populations del’Hespérie du marrubeCarcharodus flocciferus et laprésence de Fadet des laîchesCoenonympha oedippus.

Nous avons aussi là un site qui aconservé à une grande échelledes activités traditionnelles agri-coles, qui sont actuellement peufréquentes en Europe occidenta-le : petites parcelles dont le foinest étalé sur des séchoirs origi-naux dispersés dans la campagne,variété des occupations du sol…La proximité immédiate deLjubljana, la capitale, est aussi unélément qui pousse à s’intéresserau site, tant par la menace queconstitue son extension que parl’intérêt pédagogique qu’il peutreprésenter pour les scolaires etpour la population en général.L’idée, datant déjà de quelquesannées, d’établir un parc naturelautour des marais, a repris corpsrécemment, chacune des sixmunicipalités concernées, dont laville de Ljubljana, ayant délibéréfavorablement à sa création.

La Fédération des conservatoiresd’espaces naturels a contribué,grâce à l’obtention de fondsCocop (Ministère des affairesétrangères) puis de fonds du ser-vice des affaires internationalesdu Ministère de l’écologie et dudéveloppement durable, à desateliers sur place, destinés àinformer les différentes catégo-ries de la population, et à

La rencontre, au marais de Lavours (Ain), des porteurs du projet slovène et des gestionnaires et administrations français.

Une vue des marais de Ljubljana. Photo CKFF.

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Page 20: e sommair et l’utilisation raisonnée des tourbières. · 2017. 5. 10. · Université Jean Monnet, CRENAM UMR 5600 CNRS 6 rue Basse des Rives, 42023 St-Etienne cedex 2 herve.cubizolle@univ-st-etienne.fr.

La Société internationalede la tourbe et l’utilisationraisonnée des tourbièresDaniel Gilbert*

Le 12e congrès international de l’International

Peat Society (SociétéInternationale de la Tourbe- IPS) s’est tenu du 6 au 11

juin 2004 à Tampere(Finlande) grâce à l’organi-

sation sans faille de laFinnish Peatland Society.

Le thème principal de ce congrès « Wise use of

peatlands » ou « Utilisationraisonnée des tourbières »

en dit long sur la tendancemondiale actuelle en matiè-

re d’extraction, ou plusgénéralement d’utilisation

des tourbières.

Ce titre traduit en effet,sinon des actions, du moins

la volonté de prendre mieuxen compte l’aspect « dura-ble » (ou justement « non-durable » !) de l’exploita-

tion de la tourbe.

Ce congrès de grande ampleur aété l’occasion de confronter lespoints de vue des scientifiquesavec celui des exploitants au tra-vers de 12 thèmes :- Stratigraphie, inventaire etconservation des tourbières,- Flux de carbone dans lesmarais et tourbières,- Utilisation de la tourbe à desfins énergétiques,- Utilisation de la tourbe pourl’horticulture,- Utilisation de la tourbe et des tourbières en agriculture,- Propriétés chimiques, physiqueset biologiques de la tourbe,

- Utilisation des tourbièresaprès extraction,- Utilisation de la tourbe pour la balnéologie et la médecine,- Exploitation forestière en tourbière,- Aspects socio-économiques etculturels autour de la tourbe etdes tourbières,- Tourbe et tourbières tropica-les,- Gestion agricole durable dessols tourbeux.

La France était représentée à cecongrès par différentes structures: entreprises exploitant ou utili-sant la tourbe, universités et insti-tuts de recherche. Plus particuliè-rement, le groupe de chercheurstravaillant au sein du projets euro-péen RECIPE (REconcilingCommercial exploitation of peatwith biodiversity In PeatlandEcosystems), dont font partie deschercheurs des universités deRennes, Orléans et Besançon, apu à cette occasion présenter lespremiers résultats de ses travaux :caractéristiques biochimiques dela tourbe, bilan des flux de carbo-ne à la surface d’une tourbière àsphaignes, approche socio-éco-nomique des tourbières françai-ses. Ce dernier aspect, réalisé encollaboration avec le Pôle RelaisTourbières, est en cours de finali-sation et fera l’objet d’une publi-cation sous la forme d’un cahierscientifique et technique du pôle.

*Université de Franche-Comté,[email protected]

des échanges franco-slo-vènes . Les équipes techniques,des élus et des agriculteurs slovè-nes ont pu découvrir, lors de deuxvoyages guidés par le pôle relaistourbières et ses correspondants,les problèmes et les solutionsdéveloppées dans les zoneshumides de quatre régions du NEde la France et de la régionCentre. Lors de deux voyages enSlovénie en 2004 et 2005, leurshomologues français se sont faitprésenter, toutes les probléma-tiques du marais de Ljubljana etdes autres zones humides dupays. Les représentants de deuxsites français ont trouvé maintspoints communs avec le site slo-vène : celui de la vallée duDrugeon (Doubs), qui retrouvaitlà des rivières rectifiées, un pay-sage en partie comparable avecses prairies à fritillaires ; et lemarais de Lavours (Ain), égale-ment confronté, sur une grandesurface, à des problèmes d’atter-rissement et à des mutations agri-coles. Plus une volonté similairede faire connaître le site et sesparticularités au public, en déve-loppant des sentiers ou des cent-res d’interprétation.

Le cheminementdes Slovènes versun parc natureln’est pas aiséLes fonds manquent, un projetLIFE nature leur a été deux foisrefusé, et des partenaires restentà convaincre. Pour les Françaisassociés à ce projet, outre l’inté-rêt de la découverte de la cultu-re slovène, Ljubljansko barje

apporte un reflet décalé dans letemps de situations auxquellesils peuvent ou ont pu faire face.Il apporte aussi un regard sur undéfi pour une utilisation optima-le, à trouver et à réajuster sanscesse, de bon usage d’uneancienne tourbière dont on saitqu’on ne pourra rétablir sonaspect et sa fonctionnalité d’antan, mais où le choix doitêtre fait entre la préservationd’un « paysage culturel »(Kulturlandschaft, comme disent les Allemands) d’unegrande variété, propice à denombreuses espèces animales etvégétales, ou une évolution versla banalisation d’un grand site.L’expérience slovène vaut d’être suivie et encouragée, ellepourra donner des idées pour lesmarais de notre pays.

(1) Le mot karst vient de cette région (“kras”

en slovène) située aux confins de la Slovénie,

de l’Italie et de la Croatie.

(2) Une brochure bilingue slovène-anglais

avec résumé en français présentant

“Ljubljansko barje” a également été éditée

avec le soutien des fonds français. Elle peut

être obtenue auprès du pôle-relais tourbières.

Envoyer au pôle relais une enveloppe grand

format timbrée à 1,45€ à votre adresse SVP.

Le marais, proche de montagnes de 1000 m d’altitude, voit s’imbriquer divers usagesagricoles.

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I N T E R N AT I O N A L

L’écho des toubières est édité par la Fédération des Conservatoires d’Espaces Naturels, dans le cadre de l’ani-mation du Pôle relais tourbières du Plan d’Action pour les Zones Humides. Directeur de la publication : Jacques Rousseau-Dufour - Rédacteur : Francis Muller - Documentation :Sylvie Raboin - Cartographie : Samuel Delorme - Conception - Réalisation : JC.AUGÉ - Impression : Simon- ISSN 1286-031X

Pôle Relais Tourbières - 32, Grande Rue - 25 000 Besançon - Tél. 03 81 81 78 64 - Fax 03 81 81 57 32 Mél : [email protected]ères.org