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www.trends.be ÉCONOMIE ET FINANCES • 38 E ANNÉE • N°05 • 5,50 • P509559 • 31 JANVIER 2013 > Il menace les fabricants d’appareils photos, GPS, lecteurs MP3… Ses victimes tentent de riposter : avec quelles armes ? D D LE SMARTPHONE CE TUEUR EN SÉRIE Trop de BD tuerait-il la BD ? Planifiez votre succession en 6 étapes

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ÉCONOMIE ET FINANCES • 38E ANNÉE • N°05 • € 5,50 • P509559 • 31 JANVIER 2013

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Il menace les fabricantsd’appareils photos, GPS,lecteurs MP3…

Ses victimes tententde riposter : avecquelles armes ?

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LE SMARTPHONE

CE TUEUR EN SÉRIE

Trop de BD tuerait-il la BD ?

Planifiez votresuccessionen 6 étapes

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S T A R T E R : S M A R T F L A T S

APPARTS-HÔTELS CONNECTÉS«Notre ambition est d’être des pionniers dans l’hôtellerie alternative 2.0», explique Tarik Hennen. Cet avocat endroit de la concurrence reconverti dirige Smartflats avec son associé, Alexandre Szmaj, agent immobilier. Le duopropose des appartements et chambres meublés qui peuvent être loués comme une chambre d’hôtel, mais offrentla liberté d’un appartement. Leur spécificité: un mode de fonctionnement misant sur les nouvelles tech-nologies et la gestion à distance. «Nous avons décidé d’automatiser ce qui peut l’être, explique Tarik Hennen.Quand les clients sonnent à la porte, je peux leur ouvrir à distance, grâce à mon GSM. Ils peuvent bien sûr nousjoindre s’ils ont une question. Nous sommes disponibles, mais uniquement quand ils en ont besoin. Nous avons constatéque seuls 20% des clients demandent davantage d’attention. Cela nous permet de diminuer les frais fixes que re-présenteraient des concierges.» Une application est également en cours de développement: un ensemble de services(réserver un taxi, personnaliser le contenu d’un minibar) accessibles via des tablettes placées dans les chambres.Le premier «smart flat» a ouvert ses portes en juin 2012. Ils sont maintenant au nombre de sept. Une offre queleurs créateurs ont l’intention d’étoffer. «Notre premier objectif était d’avoir un bon taux de remplissage. C’est lecas au jourd’hui, il dépasse 85%. Notre prochain objectif est d’atteindre 20 unités, à Bruxelles et à Liège,d’ici la fin du premier trimestre 2013», explique Tarik Hennen. Pour cela, les fondateurs de Smartflats misent sur un modèle d’acquisition de biens immobiliers mêlant achat et location. Un patrimoine qu’ils rêvent d’internationaliser. z LARA VAN DIEVOET

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7CHAMBRES

sont aujourd’huiproposées par

Smartflats: unappartement à Liège,deux à Bruxelles ainsi

qu’un bed andbreakfast comptant

trois chambres et unappartement.

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Lorsque MegaUpload fut terrassé par le FBI au moisde janvier 2012, c’est toutela planète Internet qui futébranlée: les internautes

perdaient un service largement utiliséet les services concurrents se voyaiententrer dans l’ère de la chasse aux sor-cières. Nombreux furent les émules deMegaUpload à baisser le rideau ou àmodifier substantiellement leurs offresafin de s’acheter une bonne conduite surle fil. Du côté de Kim Dotcom, sulfureuxfondateur de MegaUpload, si les pre-miers mois furent consacrés à organisersa défense devant les tribunaux, très vitel’imbroglio juridique qui allait entourerl’affaire devait lui donner le champ libre.

C’est ainsi qu’il a annoncé, quelques moisaprès la mort de MegaUpload, que le 19janvier 2013 verrait la naissance du suc-cesseur: incroyable défi lancé à la facede ses opposants. Bien que beaucoupestimaient difficile la mise en place d’unetelle structure en si peu de temps, forceest de constater que le 19 janvier, fidèleà sa parole, Kim Dotcom a lancé son nouveau service de partage, simplementbaptisé Mega.

Mega-buzzMega c’est d’abord l’histoire d’un buzz

géant. Durant des mois, Kim Dotcom pré-vient, annonce, prophétise et prépare leNet à recevoir sa création génétiquementmodifiée. Ayant tiré les leçons de la débâ-

Le 19 janvier 2012, le site de partage de fichiers MegaUploadfermait ses portes, victime d’une opération du FBI sou-haitant se débarrasser du chef de file des téléchargementsillégaux. Un an plus tard, jour pour jour, Kim Dotcom,fondateur de feu MegaUpload, revient dans l’arène avec un nouveau site de partage : Mega.

cle MegaUpload, l’homme semble en effetavoir tout prévu pour éviter qu’on nepuisse l’attaquer par la suite. Pourtant,bien que Mega se veuille respectueux deslois en vigueur en matière de droit d’au-teur, sur Twitter, haut lieu de la provo-cation, Kim ne cesse de promettre queMega sera le cauchemar des ayants-droitset autres majors. Un double message quine laisse planer aucun doute quant auxintentions de Kim Dotcom: créer un siteéquivalent à MegaUpload, mais qui tiennesolidement la route au niveau légal.

Pour parvenir à ce miracle, Dotcomet son équipe exploitent une idée sim-ple, reposant sur le principe du cryp-tage au niveau de l’utilisateur. Lorsquevous déposez un fichier sur Mega et quevous souhaitez le partager, le site génèreune clé de cryptage que vous êtes le seulà connaître. Dès lors, il est impossiblede reprocher à Mega d’héberger desfichiers malveillants ou pirates puisquele site ne peut connaître le contenu d’unearchive, seul son «propriétaire» ayantla possibilité de la décrypter. Pour Mega,c’est l’absence de responsabilité par ignorance du crime! S’il faudra atten-dre quelques semaines (ou plus) pour vérifier si ce montage résiste à un assaut juridique, sur le papier l’idée semble(presque) imparable. En tout cas, lorsde sa présentation, elle fut présentéecomme l’argument massue qui allaitoffrir à Mega toutes latitudes sans risqueultérieur.

Mega-bien?Si tout le folklore entourant l’arrivée

de Mega est amusant et propice à unfeuilleton haletant, encore fallait-il que

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KIM DOTCOM LORS DE LA PRÉSENTATION DE MEGA LE 19 JANVIERSon message ne laisse planer aucundoute quant à ses intentions: créer un site équivalent à MegaUpload, mais qui tienne solidement la route au niveau légal...

La revanche de Kim M E G A F A I T D É J À D E S V A G U E S

BIZZINTERNET

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l’exécution soit parfaite et sans faille.Mega (https://mega.co.nz/#start) estdonc un service de stockage en cloudqui permet à chacun d’y déposer desfichiers afin de les stocker tout simple-ment, ou de les partager avec d’autresutilisateurs, où qu’ils soient sur la pla-nète. Premier coup d’éclat, Mega pro-pose gratuitement à chaque utilisateurinscrit un espace de stockage de 50 Go—là où la majorité de la concurrence(Google Drive, Dropbox ou Hubic) propose entre 2 et 25 Go. Reste que cetargument suffit à lui seul à attirer le chaland du côté de Mega.

Mega-stockageMega dégaine vite ses offres payantes,

dites «professionnelles». Si nous n’avonsaucune indication quant aux restrictions

de bande passante pour les comptes gra-tuits, les formules payantes détaillentun peu plus leur contenu. Ainsi à 9,99euros/mois, vous aurez droit à 1 To detransfert et 500 Go d’espace de stockage.A 19,99 euros/mois, vous passez à 4 Tode bande passante et 2 To de stockage.Enfin pour 29,99 euros/mois, c’est 8 Tode bande passante et 4 To de stockage.Précisons que visiblement, Mega nelimite pas la taille des fichiers stockéssur ses serveurs.

Une fois votre compte créé, la gestionde l’espace est d’une simplicité enfan-tine. Dans l’onglet «Cloud Drive», deuxoptions sont disponibles : «nouveau dossier» ou «nouveau téléchargement». La première vous permet de créer dessous-dossiers pour éviter de vous retrou-ver avec des centaines de fichiers ran-gés pêle-mêle. La seconde sert à dépo-ser des fichiers. Vous allez chercher leou les fichiers que vous souhaitez dépo-ser, puis en validant, l’opération de récu-pération et de stockage débute. Une foisle téléchargement achevé, votre fichierapparaît dans votre Cloud Drive. C’està ce stade que vous pouvez, avec un clic

droit sur votre souris, accéder aux dif-férentes options de contrôle d’un fichier(Télécharger, Renommer, Déplacer,Copier, Supprimer ou Recharger). C’estaussi dans ces options qu’apparaît lafonction «Récupérer le lien» qui permetde récupérer le lien conduisant à votrefichier, que vous pourrez partagerensuite avec une tierce personne, Megaprenant soin d’ajouter à cette étape lamention:«Il est strictement interditd’utiliser le service Cloud Mega pourenfreindre les droits d’auteur». Mieuxvaut prévenir...

L’utilisation se veut très intuitive.Cependant Mega devrait rapidementaccueillir de nouvelles fonctionnalités(messagerie, calendrier, éditeur de texte)afin de rendre le service plus ergono-mique et pratique.

Mega-sécurité Reste la question de la sécurité, pièce

maîtresse autour de laquelle s’organisetoute l’infrastructure. Mega profite d’uneconnexion en https (sécurisée) et utilisedeux types de clés de chiffrement symé-triques et asymétriques. Les premières— de type AES-128 — sont parmi les plusperformantes et doivent protéger vosdonnées mise en ligne. Les secondes —de type RSA 2048-bit — sont stockées

au niveau du navigateur (d’ail-leurs Mega préconise l’utilisa-tion de Google Chrome) et per-mettent le chiffrement et ledécryptage des données viaJavaScript. Malgré toutes ces

protections, Mega se révèle loin d’êtreinfaillible (lire l’encadré), même si sonstatut de «Beta» lui permet de profiter,à ce stade, d’une certaine clémence.

Quelques jours après sa mise en ser-vice et malgré les problèmes de gestiondus à la forte affluence et les atermoie-ments techniques auxquels il doit faireface, Mega est une solution de stockageintéressante et prometteuse qui auraitsans doute mérité un temps de gestationet de développement plus long. Mais KimDotcom voulait frapper fort, ce qui n’estpas toujours compatible avec frapperjuste.

z BENOÎT DUPONT

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Rien ne sert de courirA vouloir créer l’événement en lançant un nouveau service un an après la fermeture deMegaUpload, l’équipe derrièreMega n’a pas pu résoudre tous les problèmes ou prévoir lesdifficultés. Ainsi Kim Dotcom s’est excusé publiquement pour les nombreux soucis rencontrés,qu’il justifie par une trop forteaffluence: «Mega est victime de son succès!», claironne-t-il. Plus problématique, l’apparition de CrackMega, un logiciel capablede cracker le chiffrement du siteMega et donc de contourner les sécurités. En outre, plusieursfailles, allant du XSS aux codessources en passant par des détailssur le chiffrement ont été déceléesdans le nouveau site. Bref toutn’est pas parfait, même si le statut«Beta» de Mega indique que les équipes travaillent encore sur

le site qui n’a profité d’aucuntest particulier avant sa miseen service. Les plâtres serontdonc essuyés par tout le monde!

... Pour y parvenir, le site exploite une idée toute simple, reposant sur le principe du cryptage au niveau de l’utilisateur.

Dotcom ?

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BIZZENTREPRENDRE

«L ’entrepreneuriat socialinclut les individus etorganisations qui pour -suivent avant tout unemission sociale, mais de

manière entrepreneuriale», expliqueSophie Bacq, docteur en scienceséconomiques et de gestion de l’UCL etprofesseur à la Northeastern University,à Boston. «Il s’agit de répondre à desbesoins sociaux qui ne sont pas biendesservis ou, dans un sens plus large, de

L A M I S S I O N S O C I A L E A V A N T L A R E N T A B I L I T É

Entrepreneuriat social: quels modes de gouvernance?Le challenge des entrepreneurs sociaux est de combiner mission sociale et rentabilitéfinancière. Et de s’assurer que ces objectifs soient atteints. Les modes de gouvernance des start-up sociales diffèrent-ils de ceux des entreprises classiques?LARA VAN DIEVOET

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viser l’amélioration de la société. Maisdans un état d’esprit entrepreneurial,orienté vers les opportunités, l’innova-tion et la prise de risque.» Sa définitioncomprend à la fois les organisations à butlucratif et non lucratif. «Certains estimentque seules des asbl peuvent être consi -dérées comme organisations entrepre-neuriales sociales, puisque leur missionsociale est inhérente à leur forme légale.Mais je considère que certaines sprlpeuvent prétendre à ce titre. Ce qui est

intéressant, c’est le lien entre missionsociale et rentabilité, dans la mêmestructure. En outre, les formes légalesque peut prendre une entreprise varientselon les pays. Il s’agit davantage d’unchoix stratégique que d’un critère»,explique-t-elle.

Priorité au socialMais, si une organisation entrepre-

neuriale sociale peut réaliser un profit,comment la différencier formellement

SOCCHA La sociétépromeut

la réinsertion professionnelle

de personnes en situation

de précarité.

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Begoodies : tricoter des liensC’est au cours d’un voyage en Asie,frappé par l’importance de l’activité artisanale des personnes âgées, quel’architecte Matthieu Busanacommence sa réflexion sur les rapports intergénération -nels. De retour à Bruxelles, il lanceBe Goody, avec sa sœur Marie, institutrice, et son frère Pierre,consultant en stratégie. L’objectifde l’asbl : lutter contre la précaritéet l’isolement des personnesâgées. Pour y parvenir, la fratrie a créé un e-shop qui proposebonnets, écharpes et plaids. Les pièces sont tricotées par des personnes âgées bénévolesappelées les Begoodies. Un moyen de «valoriser leur savoir-faire, leur donner l’opportu nitéd’arrondir leurs fins de mois via un défraiement, leur permettred’aider leur prochain et les faire se rencontrer via des après-miditricot», explique l’équipe.La production se fait en fonctiondes commandes. «Dès qu’unecommande est faite sur le site,nous contactons une de nos Begoodies. Si elle accepte la commande, nous lui apportons

la laine nécessaire. Quelques joursplus tard, nous passons chez elle récupérer le produit fini»,explique Pierre Busana. Des échanges qui sont autantd’occasions de tisser des liens etdonc de remplir l’objectif de l’asbl.«Notre statut d’asbl nous oblige à mettre en place un certainnombre de mécanismes de bonnegestion», précise le consultant. Ses fondateurs doivent, par exemple, s’assurer que les activités réalisées contrepaiement restent strictementinscrites dans le cadre de l’objetsocial poursuivi. «L’e-shop est une activité commerciale qui `nous permet de financer de micro-projets sociaux. Un pacte entre actionnaires stipule d’ailleurs qu’une partie de nos bénéfices doit être reverséeà d’autres associations, développePierre Busana. Nous portons une attention particulière à la cohérence de ces projets avec notre objet social. Nous allons par exemple soutenir des activités d’ergothérapie dans les maisons de repos.»http://www.begoody.be

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d’une entre prise classique? Selon SophieBacq, la différence doit être visible dansla prise de décision quoti dienne. «Quandil s’agit d’enga ger quelqu’un ou de faireun investissement, c’est l’objectif socialqui primera sur la rentabilité financière,pré cise-t-elle. On ne leur demande pasde s’habiller uniquement en fair trade ouen green, mais il faut que leur gestionquotidienne soit en cohérence avec leurobjet social.» Car le revenu de ces organisations estdavantage un moyen deréaliser leur objet socialque de faire du profit.«Si la mission socialen’est qu’un moyen devendre davantage enamé liorant son image,on n’est plus dans lecadre de l’entrepreneuriatsocial», précise Sophie Bacq.

Gouvernance diversifiéeMais comment s’en assurer ? «La

gouvernance est la mise en place demécanismes de supervision formels etinformels qui permettent de s’assurerque l’objectif ou la mission de l’entre-prise est bien atteint», répond SophieBacq. Dans les entreprises classiques,l’objectif premier est de réaliser unprofit, faire du business. «Certains vontle pousser à l’extrême, d’autres vont secontenter du minimum, mais cela restecentral», estime-t-elle. Différents outilssont mis en place pour mesurer cettecapacité à faire du profit. «Je pensenotamment aux actions et aux bilans,précise Sophie Bacq. Mais le mécanismede gouvernance par excellence est leconseil d’administration, qui contrôleque tout est bien mis en œuvre pourréaliser un profit en fin d’année.»

Quelle différence dans les organisa-tions entrepreneuriales sociales? «Leconseil d’administration peut être utilisécomme moyen formel de gouvernance,constate Sophie Bacq. Il veillera àn’oublier de contrôler ni l’accomplisse-ment de la mission sociale de l’organi-sation, ni sa saine rentabilité financière.Un des moyens de s’en assurer est defaire en sorte que la moitié des membresde ce conseil d’administration soientissus du monde social, l’autre constituéede financiers.»

Mais, comme l’explique la spécialistede la gouvernance en entrepreneu-

BEGOODY

L’asbl lutte à sa manière

contre la précaritéet l’isolement

des personnesâgées.

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BIZZENTREPRENDRE

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riat social, «la différence principaleréside dans le fait que le groupe depersonnes à qui l’entrepreneur socialdoit rendre des comptes est plus impor -tant que dans une entreprise clas sique.Ces stakeholders incluent les bénéfi-ciaires de l’organisation, ses employés,ses fournisseurs et plus lar gement lasociété dans son ensemble.» Afin derépondre aux deman des et attentes desparties prenantes et de contrôler systé-matiquement que les effets de l’organi-sation sur la société dans son ensemblesoient positifs, certains entrepreneurssociaux mettent égale ment en place desmécanismes informels de gouvernance.«Il peut s’agir de s’assurer que les four-nisseurs ne soient pas lésés, de vérifierla provenance des achats, d’implémen-ter une gestion des ressources humaineset une politique d’engagement cohéren -tes, de fonder sa culture d’entreprise surdes valeurs fortes – tout cela en maxi -misant le lien avec la mission sociale.» z

Sept questions à se poserSoccha : des conseillerset une charte

Soccha est une sprl. Mais une sprl dont l’objectifest social : promouvoir la réinsertion profession-nelle de personnes en situation de précarité. Poury arriver, l’équipe entreprend de former desdemandeurs d’emploi non diplômés à des tâchessimples en gestion de données et solutions admi-nistratives, pour les rendre opérationnels en cinqsemaines. Une partie de ces formations se dérouleau sein d’entreprises partenaires. Depuis lelancement de Soccha, en juin 2012, plusieurssessions ont eu lieu en Belgique et à Madagascar,menant à la formation de 77 personnes et àl’embauche de 23 d’entre elles dont 17 engagéesdirec tement pas Soccha, qui recrute ses employésdans ses propres formations. L’entreprise génèredes revenus en proposant à ses clients des servicesd’encodage, de nettoyage de données et desupport administratif. Les six premiers clients deSoccha évoluent dans des univers variés, puisqu’ils’agit d’Immoweb, Brussels Airlines, les FacultésNotre Dame de la Paix, la commune d’Uccle, l’en-treprise de consultance Adneom et le Chirec.L’équipe estime son chiffre d’affaires pour ces sixpremiers mois à 47.000 euros. «C’est uneconférence de la fondatrice de l’entre-prise américaine Samasource quinous a inspirés, se souvient YouriDauber, cofondateur deSoccha. Nous avons réaliséqu’il était possible de créerune entreprise à finalitésociale tout en générant desrevenus et, donc, sans dépendrede donations.»

«Un board of advisors mixte nous aidedans l’évaluation de notre projet et des processusà mettre en place», explique Youri Dauber. Unboard dont font partie le serial entrepreneurJean-Guillaume Zurstrassen, Jacques Spelkens,coordinateur RSE (responsabilité sociale desentreprises) pour GDF SUEZ Belgique et JeremyJacquet, administrateur délégué de l’entreprisede consultance IT Adneom. «Plus pratiquement,nous avons mis en place une charte signée parchaque personne rentrant dans la société, expliqueYouri Dauber. L’objectif est de pouvoir optimisernotre impact social direct et indirect maiségalement de sensibiliser les personnes travaillantpour ou avec nous. Nous attachons aussi beaucoupd’importance à l’esprit d’entreprise et aux valeursque nos employés partagent avec nos clients.»http://www.soccha.com

soccha

«Si la mission sociale

n’est qu’un moyende vendre davantage

en améliorant son image, on

n’est plus dans le cadre

de l’entrepreneu-riat social»

SOPHIE BACQ

Ashoka, organisation internationale de soutien aux entrepreneurs sociaux,est une référence dans le secteur. Elle publie un carnet de conseils,reprenant les questions-clés que devraient se poser les entrepreneurs qui développent un projet d’intérêt général.1. A quel problème social répondez-vous? Il est indispensable de pouvoir répondre clairement à cette question si vous comptez sur le soutien de partenaires ou d’investisseurs.2. Comment résoudre ce problème?L’objectif étant ici de pouvoir identifier aussi bien «les points de blocagequi empêchent la résolution de ce problème» que vos «leviers d’action».3. Quelle est votre valeur ajoutée?Analysez le marché, identifiez vos concurrents et leurs forces. Déterminezce qui va vous différencier et constituer un «avantage concurrentiel».4. Quelle est votre stratégie de développement?Pour déterminer votre stratégie, Ashoka préconise d’identifier l’intersectionentre les réponses à ces trois questions: Qu’est-ce qui vous passionne profondément? A quoi pouvez-vous être le meilleur? Qu’est-ce qui alimente réellement vos revenus?5. Quel est votre modèle économique?Il s’agit de trouver un de mode de financement, en cohérence avec votre missionsociale. Comment allez-vous générer des revenus ou lever des fonds? 6. Comment mesurez-vous votre impact social?Elaborez des indicateurs quantitatifs et qualitatifs pour le mesurer. «Ils peuventtraiter de l’impact direct de l’action (ex: le nombre de personnes touchées),mais aussi indirect (ex: l’amélioration de la vie du quartier).»7. Quelle est la meilleure organisation?Mode de gouvernance, culture d’entreprise, gestion des ressourceshumaines, infrastructure et gestion financière : définissez les modes de fonctionnement adaptés à votre organisation entrepreneuriale sociale.http://www.ashoka.be

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Quelles sont les entreprises du Hainaut à la croissance la plus rapide ?

Les partenaires médias :Une initiative de : Avec le soutien de :

Info et inscription : www.trendsgazelles.be

Deux manières de le savoir :

1. Lisez Trends-Tendances le jeudi 7 février 2013

Découvrez le classement complet et les portraits des nominés de la province du Hainaut.

2. Assistez à la remise des Trends Gazelles le mercredi 20 mars 2013 à Bruxelles

En une seule soirée, rencontrez toutes les nouvelles entreprises à la croissance la plus rapide et développez votre réseau d’affaires à la vitesse d’une gazelle.

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www.trendstop.be

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BIZZRECRUTEMENT

En 2012, le recrutement a encoreinnové. La candidature spon-tanée ou la petite annoncesemblent aujourd’hui de plusen plus dépassées. Les ré-

seaux sociaux comme Viadeo élargis-sent leur spectre. L’an dernier, la plate-forme française a passé le cap des 45 millions d’utilisateurs. Un progrès non négligeable mais qui n’est rien en comparaison de son concurrent direct LinkedIn qui devrait atteindre dansquelques semaines les 200 millions d’uti-lisateurs dans le monde. Mais LinkedInne se repose pas sur ses lauriers. En dé-cembre, il a lancé un nouvel outil de re-cherche: RecruitIn.

La recherche booléennepour se faciliter la vie

C’est l’outil par excellence du recruteur2.0 et LinkedIn l’a bien compris. Re-cruitIn, lancé par la société Clever Bis-cuit, permet en effet de chercher desprofils LinkedIn mais aussi Viadeo parexemple, sans avoir besoin d’être un spé-cialiste des fameux opérateurs booléenstrès complexes (Ndlr, type de langage bi-naire en informatique). L’outil est entiè-rement gratuit et simple. En fait, via Google, le chasseur de têtes peut faireune recherche spécifique sur LinkedIn,Viadeo et Xing. Cela permet d’avoir plusde 100 résultats et surtout d’aller au-delàd’un seul réseau traditionnel. En faisantune recherche par profil en incluant lediplôme ou le poste, le recruteur trouveraplusieurs candidats potentiels. «Cet ou-til me paraît très utile, explique Pierre deVillers, spécialiste des réseaux sociaux.Il permet de faire une recherche cibléemais en même temps il réduit le champ.

En gros, si le candidat n’a pas mis lesbons mots clés, vous ne le trouverez jamais. Je pense que dans un futurproche, tous les C.V. vont être référen-cés de manière efficace. C’est une desclés du recrutement efficace sur Internetet ce dernier passe par Google.»

En effet, aujourd’hui, la plupart des

recherches d’emploi ou de candidats se font via le moteur de recherches. «Ilfaut cesser de surestimer les connais-sances informatiques des recruteurs, explique François Meuleman, forma-teur en RH. Seuls 10 à 15% d’entre euxutilisent des plateformes spécialisées.Ils vont surtout sur Google. Dans cette

R É S E A U X S O C I A U X , N O U V E L L E S T E N D A N C E S

Les réseaux sociaux sont devenus des outils tant pour les candidats que les recruteurs. Plusieurs nouveautés sont apparues mais, pour les spécialistes du secteur, nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements du recrutement2.0. qui, en 2013, devrait s’étendre à toutes les professions.

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Le recrutement 2.0:

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masse d’informations, le référencementdu C.V. est très important. Car les recru-teurs se servent des moteurs de recherchepour gagner du temps.»

Le recrutement par mobile, une nouveauté de 2012

Toujours dans cette optique de gagnerdu temps, les spécialistes du secteurvoient dans les applications pour mo-bile une façon efficace de trouver soncandidat quasi en temps réel. L’annéedernière, ce type de recrutement a fait unetimide apparition en Belgique et enFrance et pourtant, il semble avoir del’avenir. Avec des personnes de plus enplus connectées en permanence via leurtablette ou leur smartphone, on peutavoir une réponse quasi directement.Pour le moment, en Belgique, les hy-perconnectés peuvent utiliser le jobboard(Ndlr, base de données d’offres d’emploi enligne) de Facebook via l’application mobile du réseau social. En France, deux applications pour mobile, Rue de l’Emploi et JobAroundMe, ont fait leurapparition. La première a conçu un jobboard entièrement mobile. De la sai-sie du C.V. du côté du demandeur d’em-ploi à la consultation de la «CVthèque»du côté de l’entreprise, tout se fait à par-tir de l’application mobile.

JobAroundMe a la même philosophie.Il s’agit d’une application basée sur lagéolocalisation des offres. Il suffit de direoù vous êtes et vous trouverez l’entreprisela plus proche qui cherche à recruter.Et vice-versa pour le DRH qui souhaitedénicher un candidat vivant à proximitédu lieu de travail ou qui connaît bien lazone géographique. Une application par-ticulièrement pratique pour le secteurde l’Horeca, la grande distribution, les ser-vices commerciaux,... «Je suis persuadéque les applications mobiles font partiedes nouvelles tendances à développer,commente Damien Van Achter, spécia-liste des médias sociaux et de la com-munication. De plus en plus de gens ontun smartphone et, avec la connectivité par-tout, cela sera encore plus facile d’accé-der aux offres d’emploi.»

Le recrutement innovant se démocratise

Grâce justement à la démocratisationdes smartphones, le recrutement via lesréseaux sociaux ou les applications mo-biles vont pouvoir s’ouvrir à un plus largepanel de professions. «Au départ, lorsquel’on parlait de recrutement via les ré-seaux sociaux, on pensait surtout à despersonnes qui évoluaient dans les métiersde l’informatique, de la communication

ou aux cadres supérieurs, commenteFrançois Meuleman. Aujourd’hui, lesautres corps de métiers font leur appa-rition sur le Net. Par exemple, lorsqu’unemployeur voit sur YouTube un sou-deur qui fait une démonstration vidéode son savoir-faire, il sait directement à qui il a affaire. Il n’ a même quasi plusbesoin de réaliser un entretien d’em-bauche. Tout ceci sera encore facilitélorsqu’on aura un réel rapprochemententre les réseaux sociaux, la messagerieet les moteurs de recherche comme esten train de le faire Google avec son ré-seau Google+. En un seul endroit, le re-cruteur saura tout sur le candidat. C’estla tendance pour l’avenir du recrute-ment.»

Avoir toutes les informations sur unepersonne à portée de clic faciliterait la viedes recruteurs mais, pour le moment, ilsdoivent se débrouiller en compilant lessources. «Personnellement, je fais unscreening de l’activité sur le Net d’un col-laborateur potentiel, explique DamienVan Achter. Quelqu’un qui poste desarticles intéressants ne peut pas êtretotalement ignorant. Mais par contre,je constate que les étudiants n’ont paspris conscience que ce qu’ils font sur leNet n’est pas sans conséquence. Pour eux, Facebook n’est pas professionnel.Mais lorsqu’on entre leur nom dans le moteur de recherches Google, ontombe directement sur leur profil Facebook. Il y a encore un grand travailde sensibilisation à faire au niveau de l’e-réputation.»

z VANESSA LHUILLIER

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efficace ?

Comment bien référencer son C.V. ?Pour qu’un recruteur trouve facilement votre profil professionnel sur la toile, il faut qu’il soit bien référencé. Voici trois conseilsde base:Utilisez les mots précis. Il faut que votre C.V. reprenne les mots-clés qui serontentrés dans Google, comme par exemple «ingénieur», «projet», «trilingue»,«senior», etc.Intégrez des liens. Vous pouvez lier votre C.V. à un site professionnel reprenantvos réalisations. N’hésitez pas à poster également ce lien sur vos profils sur les réseaux sociaux. Avant de le faire, vérifiez tout de même que vous n’avezrien posté de compromettant sur la page référencée!Actualisez votre C. V. Pour qu’il apparaisse toujours en bonne position dans les moteurs de recherche, actualisez régulièrement votre profil même s’il s’agitd’une légère modification. Les moteurs de recherche considéreront alors que la page est active.

RUE DEL’EMPLOIL’applicationfrançaisepropose un«jobboard»qui prend encharge toutesles étapes, de la saisie du C.V. côtédemandeurd’emploi à larecherche deprofils côtéentreprise.

PG

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BIZZNÉGOCIATION

En2011, la vente d’une bâtissebourgeoise pour trois millionsde dollars à Greenwich Village (New York) a bien failline jamais avoir lieu en raison

d’un litige portant sur un vieux lave-lingeque les vendeurs avaient évacué. L’undes acheteurs a déchiré le chèque à septchiffres et en a brûlé les morceaux avantde quitter la pièce. Les vendeurs ont finipar céder en acceptant de baisser le prixde 300dollars.

Les négociations peuvent parfois s’avé-rer bien plus houleuses encore. FernHammond, un agent immobilier new-yorkais, a en effet vu une femme en colèrelancer de toutes ses forces un trousseaude clés au visage d’un homme. Sa ciblen’était autre que son mari. Elle étaitfurieuse parce qu’il avait accepté de ven-dre leur maison à un prix inférieur à lavaleur qu’elle lui attribuait.

Et, alors que certains ruent dans lesbrancards, d’autres perdent pied. Pre-nons l’exemple de Chris Robbins, urgen-tiste dans un hôpital de Boston. Jour etnuit, Robbins doit prendre des décisionsdifficiles où chaque seconde compte etoù la vie d’un patient ne tient parfois qu’àun fil. Pourtant, il perd toute contenancedès qu’il s’agit de négocier. Robbins avaitpostulé au sein d’un programme de for-mation clinique très sélectif, mais nesavait pas comment s’y prendre pourdemander les deux mois de congé néces-

saires à la formation. La seule idée d’uneconfrontation l’intimidait tellement qu’il n’a simplement jamais osé poser laquestion.

Les personnes telles que Robbins souffrent presque d’une phobie de lanégociation. Elles ne maîtrisent ni l’artde la compétition, ni celui de la collabo-ration. En psychologie, on parle d’évite-ment. Si leurs besoins de base sont satis-faits, elles signeront au bas de la page,simplement pour s’épargner touteconfrontation supplémentaire avec des personnes dont les objectifs et le style diffèrent des leurs. Mais cette aver-sion peut parfois coûter cher.

Intéressons-nous maintenant à Donald

Dell, l’un des premiers agents et spécia-listes du marketing sportif aux Etats-Unis. Dans son livre intitulé Never Makethe First Offer, Dell raconte avoir parti-cipé, à ses débuts, à une négociation ten-due avec le nouveau propriétaire de lamarque Head, spécialisée dans lesraquettes de tennis. Head avait signé uncontrat qui prévoyait de verser au gagnantde l’US Open et de Wimbledon une com-mission de 5% sur les ventes de raquettes.Le nouveau propriétaire voulait romprece contrat. Alors que Dell était en pleineargumentation devant certains dirigeants,le nouveau président est entré avec fra-cas dans la salle de conférence ens’écriant: «Nom de Dieu! Ce contrat est

Utiliser ses émotionsF A U T I L D I S S O C I E R L E S P E R S O N N E S D U P R O B L È M E P O U R A V A N C E R

Toute négociation dont les enjeux sontimportants est chargéeen émotions. Faut-il s’en défaire ou plutôtapprendre à s’en servir?

© HARVARD BUSINESS REVIEW/NEW YORK TIMES SYNDICATE

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GETT

YIM

AGES

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un scandale! Il gagne déjà 10 fois plusque moi qui suis pourtant le présidentde cette entreprise!» Personne n’a pipémot et tous les regards se sont tournésvers Dell. Après une courte pause, ce der-nier a rétorqué: «Mais Pierre, c’est parceque son coup droit est bien meilleur quele tien!» C’est ainsi que la glace a été bri-sée. Tout le monde a ri et les négocia-tions ont pu reprendre.

L’assurance dont Dell a fait preuve peutfaire toute la différence entre la signa-ture et la perte d’un contrat. Mais il nes’agit pas seulement de lancer un petitmot d’humour au bon moment. Il fautsurtout garder la tête froide lorsque lesesprits s’échauffent.

Théorie de la négociation et émotion

Jusqu’à récemment, l’essentiel de lalittérature traitant de la négociation consi-dérait l’émotion (positive ou négative)comme un obstacle à la conclusion d’ac-cords constructifs. Getting to Yes de RogerFisher, William Ury et Bruce Patton,ouvrage incontournable dans ce domaine,recommande carrément à ses lecteursde «dissocier les personnes du problème».

Certes, en matière de négociation, il faut identifier les intérêts majeurs, jau-

ger les différentes possibilités de retraitet évaluer la façon dont les autres par-ties envisagent leurs choix. Mais il nes’agit là que de la partie émergée de l’ice-berg. Le fait est que les passions jouentun rôle dans les négociations et la réso-lution des différends. Chaque aspectauquel on accorde de l’importance, qu’ils’agisse des résultats, du respect, du pou-voir ou encore de l’identité, est suscep-tible de provoquer des émotions fortes.Dès lors, il ne devient ni possible, ni sou-haitable de dissocier les personnes duproblème.

Le cœur du problèmeOn l’a vu, la créativité, par exemple,

revêt une importance particulière dansles négociations où les parties se trou-vent dans une impasse: pour certainespersonnes telles que Donald Dell, la négo-ciation apparaît en effet comme uneseconde nature. Elles parviennent àdécrypter l’état émotionnel des autres

parties et à réagir de façon efficace dansl’instant. Elles savent également que, lesémotions étant contagieuses, l’imagequ’elles renvoient influence considéra-blement l’humeur et le comportementdes autres. Elles peuvent en outre faireface à des situations complexes et obte-nir l’engagement constructif de personnesqui auraient pu se montrer réticentes end’autres circonstances.

Cette aptitude n’est pas innée. La bonnenouvelle, c’est qu’il est possible d’acquérirl’assurance et l’équilibre nécessaires,

mais cela implique de faire face aux élé-ments de la négociation qui stressent tantde personnes. Chacun réagit différem-ment à ces exigences en fonction de sontempérament, mais aussi des circons-tances. Cependant, nos recherches ontrévélé l’importance du modèle mentalde négociation de l’individu.

Dans le cadre d’une étude en cours,nous avons longuement interrogé 20négociateurs aguerris afin d’analyserleurs réflexions et leurs impressions surle processus. Si la plupart de nos sujetsétaient des managers justifiant au moins10 années d’expérience, quelques avo-cats et agents publics ont également par-ticipé à notre étude. Nous avons utiliséla méthode ZMET, mise au point parGerald Zaltman de la Harvard BusinessSchool et Olsen Zaltman Associate, etreposant sur une recherche interdisci-plinaire inspirée de la psychologie cog-nitive et des neurosciences affectives:Zaltman et ses collègues considèrent que

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lors de négociationsL O R S D E P O U R P A R L E R S O U , A U C O N T R A I R E , . . .

Jusqu’à récemment, l’essentiel de la littérature traitant de la négociationconsidérait l’émotion (positive ou négative)comme un obstacle à la conclusiond’accords constructifs.

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l’être humain pense essentiellementen termes d’images, et non de motsisolés. Pour révéler la «structureprofonde» de la formation de la pen-sée, la méthode ZMET s’appuienotamment sur des images méta-phoriques choisies par les sujets, ainsique sur la façon dont ils les décrivent.

Environ deux semaines avant l’en-tretien avec les sujets de l’étude, nousleur avons demandé de rassembler sixà huit images qu’ils associaient à l’unou l’autre aspect du processus de négo-ciation. Ils pouvaient récupérer cesimages dans des livres ou des magazines,ou encore les dessiner. Lorsque nous lesavons rencontrés, nous avons constatéque les raisons de leurs choix étaientchargées... en émotions.

Nos résultats font écho à ceux d’uneétude récemment menée par AlisonBrooks et Maurice Schweitzer, de l’Uni-versité de Pennsylvanie. Lorsqu’ils ontdemandé aux participants quelles étaientleurs émotions lors de la négociation pourl’achat d’une voiture ou une augmenta-tion, c’est la nervosité qui a été le plussouvent citée. Pour analyser l’impact decette émotion sur l’efficacité de la négo-ciation, les chercheurs ont utilisé de lamusique afin de la provoquer chez leurssujets. Le groupe expérimental a ainsientendu les grincements stridents dufilm Psychose d’Hitchcock, tandis qu’ungroupe témoin a pu écouter des extraitsde la Musique sur l’eau de Haendel. Despaires ont ensuite été formées, à l’aided’un membre de chaque groupe, afin desimuler une négociation par messagerieinstantanée.

Les résultats ont été des plus étonnants.Les sujets nerveux présentaient desattentes moindres. Leur première offreétait inférieure et ils réagissaient plusvite aux contre-propositions, mettantainsi fin au processus de négociation plusrapidement. C’est donc sans surprisequ’ils ont affiché des résultats largementinférieurs. Selon Brooks et Schweitzer,si les émotions générées par un facteurde stress temporaire peuvent influencernégativement le comportement et lesrésultats d’une négociation, l’impact desémotions réelles peut s’avérer bien plusimportant.

En effet, après avoir analysé des cen-taines de pages d’entretiens (soit plus de

300.000mots au total), nous avonsconstaté que la négociation était perçuecomme un phénomène stressant en soi,et ce, pour trois raisons précises.

Tout d’abord, le manque de contrôle.On négocie généralement pour attein-dre un objectif qu’on ne pourrait réali-ser seul(e). Dans chaque cas de figure,d’autres personnes peuvent se mettre entravers du chemin menant à ce dont ona besoin ou que l’on croit mériter.

Ensuite, l’imprévisibilité. Toute per-sonne prenant part à une négociation seretrouve confrontée à de nombreusesinconnues – une source de stress consi-dérable. Impossible alors de prévoir àquel point les autres seront favorables

ou opposés à sa proposition. Elle nepourra ni imposer sa volonté, ni se lais-ser dicter sa conduite par autrui. Les cir-constances peuvent elles aussi évoluer.

Enfin, l’absence de feed-back sur lesperformances du négociateur. Au boutdu compte, le doute et la réflexion peu-vent facilement s’immiscer. Même encas d’accord, qui vous dit que vous n’au-

riez pas pu faire mieux? Là encore, ilest difficile de savoir si l’on a été troploin et mis à mal une relation impor-tante. Par conséquent, la grande majo-rité de nos sujets s’interrogeaient surleurs compétences et leur vulnérabi-lité. Le manque de feed-back finis-sait également par exacerber leursdoutes.

Se préparer à une négociation

Il ne s’agit pas de nier la complexitéémotionnelle de la négociation, mais

bien d’identifier ses doutes et ses pointssensibles. N’oubliez pas non plus que, sivos interlocuteurs semblent parfois toutà fait posés, ils peuvent, eux aussi, êtreenvahis par un tourbillon d’émotionsintérieures. Il est rarement dans votreintérêt de confirmer leurs pires craintes.Et si vous voulez qu’ils soient concen-trés, créatifs et positifs, vous devez vous-même adopter une attitude posée.

Afin de vous préparer émotionnelle-ment à une négociation efficace, nousavons mis au point un exercice en sixétapes. Vous constaterez qu’il ne s’agitpas ici de vous débarrasser de vos émo-tions, mais davantage de les exploiterafin de rester concentré(e), impliqué(e)et polyvalent(e).1. Quelles émotions voulez-vous res-sentir lors de la négociation? 2. Pourquoi? Ces deux premières ques-tions sont étroitement liées. Lorsque nousfaisons cet exercice en atelier de négo-ciation, les étudiants déclarent souvent

vouloir se sentir détendus, concentrés et confiants, car pour eux, ces émotionspositives constituent la clé de la passa-tion d’un accord. D’autres estiment qu’il est bon de se maîtriser, sans pourautant se montrer complaisant. Ils veulent être réactifs, voire sur le qui-vive, afin de disposer de l’énergie néces-saire pour avancer.

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BIZZNÉGOCIATION

Les négociateurs doivent être à la foiscalmes et alertes, proactifs et patients, et doivent garder les pieds sur terre tout en demeurant créatifs.

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Des discussions plus approfondiesrévèlent que la vérité est ailleurs: lesnégociateurs doivent être à la foiscalmes et alertes, proactifs et patients,et doivent garder les pieds sur terretout en demeurant créatifs. Mais toutcela semble contradictoire. Commentrester calme si vous êtes à l’affût dudanger? Idem pour la proactivité etla patience: soit vous prenez les chosesen main, soit vous attendez qu’ellesse tassent, mais comment faire les deuxà la fois? Quant au sens pratique et à lacréativité, il faut être sacrément douépour garder les pieds sur terre tout envisant les étoiles. C’est bien là tout l’in-térêt de nos questions. La plupart desétudiants finissent par s’apercevoir qu’aufil d’une négociation, il est clairementnécessaire d’identifier l’équilibre à attein-dre.3. Que faire en amont pour arriver àl’état émotionnel idéal? Cette questionétonne souvent, car rares sont ceux quipensent à la façon d’influencer positive-ment leurs propres émotions. Aprèsquelques minutes de réflexion, les sug-gestions pratiques fusent. Un étudiantrelate son expérience lors de la prépa-ration à un examen: «Ne pas s’énerveren répondant à toutes les questions à ladernière minute.» D’autres préfèrent laméditation. Certaines personnes suggè-rent d’écouter de la musique avant lemoment fatidique. Votre choix dépen-dra de l’état émotionnel visé. Si vous êtesde nature plutôt réservée ou n’avez pasassez confiance en vous, la bande origi-nale de Rocky pourrait vous donner lepetit coup de pouce nécessaire. Si d’au-cuns vous disent parfois trop rigide,mieux vaut peut-être opter pour le Clairde Lune de Debussy.

Moins vous avez de temps pour vouspréparer émotionnellement, plus vousdevez l’utiliser à bon escient. Imaginezque vous planchiez sur votre budget tri-mestriel lorsque, soudain, le téléphonesonne. A l’autre bout du fil, c’est la per-sonne avec laquelle vous êtes enlisé(e)dans un processus de négociation diffi-cile. Au lieu de rentrer immédiatementdans le vif du sujet, vous pourriez sim-plement répondre: «Je suis content(e)de vous entendre. Laissez-moi juste letemps de terminer ici et je vous rappelledans trois minutes.» Vous pourrez ensuite

vous étirer et inspirer profondément.Vous pourriez même suivre l’exempledes athlètes et visualiser la meilleure devos performances, en combinant la justedose de calme et de réactivité.4. Que pourriez-vous abandonner aucours de la négociation? Les points sen-sibles varient d’une personne à une autre.Ce qui glisse sur la carapace de l’un peuttrès bien hérisser le poil d’un autre. Sicertains négociateurs font preuve d’unepatience infinie, d’autres s’irritent lorsqueles discussions s’éternisent. Repensez àune situation où vous n’avez pas donnéle meilleur de vous-même. Que s’est-ilpassé et pourquoi? Avez-vous perduvotre sang froid? Votre concentrationétait-elle moindre? A quel moment duprocessus le problème a-t-il fait surface?Veillez à tirer les enseignements néces-saires de votre expérience. La critiqueconstructive et sincère de vos collèguespeut aussi s’avérer utile.5. Que pouvez-vous faire au milieud’une négociation pour retrouvervotre équilibre? La réponse la plus évi-dente serait de faire une pause. Sortezquelques minutes pour vous vider l’es-prit. Cela permettra de remettre lescompteurs à zéro et de mettre fin à toutdébat stérile. Lorsque vous quittez lapièce, vous pouvez chasser vos penséesnégatives en changeant de conversation.Si, en pinaillant sur le moindre détail d’uncontrat, vous vous retrouvez dans uneimpasse, tentez d’orienter la discussion

sur des principes et questions plusvastes, voire sur certains élémentsdu processus. Le simple fait dereprendre le contrôle peut vous

aider à vous recentrer.Si vous remarquez des signes de

colère ou de nervosité, prenez uneprofonde inspiration. Il s’agit peut-

être d’un conseil récurrent, mais il estvraiment efficace. Lorsque vous êtestendu(e) ou fatigué(e), votre respira-

tion ralentit. La simple ré-oxygénationdu sang fait des merveilles. Après tout,

vous êtes un être humain. Comme l’arévélé l’étude menée par notre collègueAmy Cuddy, les émotions que vous res-sentez sont considérablement affectéespar ce que vous faites de votre corps.Lorsque vous êtes debout, avec les piedsécartés et les bras détendus, le taux detestostérone, l’hormone qui stimule laconfiance et incite à prendre des risques,augmente, et ce, que vous soyez unhomme ou une femme. Autre élémenttout aussi important: cette position dimi-nue le taux de cortisol, l’hormone asso-ciée à la nervosité. Cette «position deforce», comme l’appelle Cuddy, est uneforme d’automédication saine. Si vousgardez cette pose ne fût-ce que quelquesminutes, ses effets bénéfiques durerontbien plus longtemps.6Que voulez-vous éprouver au termede la négociation? Lorsque nous posonscette question pendant les ateliers, lesétudiants répondent spontanément: «Sou-lagés!» Cela reflète bien le stress qu’ilséprouvent lors de la négociation. D’au-tres répondent: «Satisfaits», leur satis-faction portant à la fois sur les résultatset leur prestation. Cette dernière réponseindique qu’ils ont bien compris que toutn’est pas prévisible ni totalement souscontrôle au cours d’une négociation. z

Kimberlyn Leary est professeur de psychologie

en psychiatrie à la Harvard Medical School et

psychologue en chef au sein de la Cambridge

Health Alliance. Julianna Pillemer est cher-

cheuse au Center for Creative Leadership de

Colorado Springs, et a côtoyé Teresa Amabile

et Michael Wheeler à la Harvard Business

School. Michael Wheeler est professeur de pra-

tique de gestion à la Harvard Business School

et auteur de l’ouvrage intitulé «The Art of

Negotiation», édité chez Simon and Schuster,

dont la publication est prévue cette année.

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BIZZZOOM

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Elie Bleu, les écrins chicsqui emballent

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ANTOINE MORENO

PG

145.000EUROS

C’est le prix de vente d’un cabinetElie Bleu pour montres doté

de 100 modules rotatifs. Une piècesur mesure de deux mètres de longen ébène de Macassar commandée

par un client russe.

2.000PIÈCES

sont fabriquées annuellement par l’entreprise de Genevilliers

pour un chiffre d’affaires qui varieentre 3 et 4 millions d’euros. Trois

quarts des résultats financiersproviennent de l’étranger où

la marque s’appuie sur l’image du luxe «made in France»

et un réseau de 200 points de vente. Elie Bleu a ouvert

en 2006 une boutique en nompropre à Moscou puis

à Hong Kong en 2009.

Du cousu mainPour la complimenter, on dit qu’elle est à la tabletterie ce qu’Hermès est à la maro-quinerie. Une manière de dire que la marque française Elie Bleu conçoit ses coffretset étuis de luxe au croisement de la marqueterie et de l’ébénisterie dans un espritd’excellence. Certifiée «Entreprise du Patrimoine Vivant» — un label d’Etat quirécompense le savoir-faire artisanal ou industriel à la française —, elle met un pointd’honneur à ce que ses produits conçus pour loger des cigares, des bijoux, desboutons de manchette ou des montres soient réalisés dans les matériaux les plusrecherchés. Dans les ateliers de Gennevilliers, près de Paris, 35 artisans de haut volsont chargés de poncer l’ivoire de mammouth, bichonner l’ébène de Macassar ougainer de galuchat les écrins maison. Compter entre 2.000 et 4.000 euros en moyennela pièce.

Séduire les joailliersLorsque la société est créée en 1976, elle prend ses quartiers au Faubourg Saint-Antoine, berceau historique des ébénistes et fabricants de meubles. Un quartier del’Est parisien qui manque déjà singulièrement de glamour... Aussi, lorsque LaurentFuchs reprend en 1998 les commandes de la firme avec l’intention d’upgrader au plusvite le label, il décide d’ouvrir une boutique chic près de la place Vendôme, haut lieude la joaillerie. Un choix calculé. Partant du principe que si les clients fortunés sontprêts à dépenser des sommes considérables pour une rivière de diamants ou ungarde-temps de prestige, ils sont prêts à acquérir un contenant exclusif pour lessublimer. Bien vu: de nombreuses commandes sur mesure vont provenir des grandesboutiques de luxe avoisinantes et de leurs habitués.

Obama et Benoît XVI comme clientsFournisseur officiel de l’Elysée pour les cadeaux protocolaires, le tabletier rejoint laliste des vaisseliers, confituriers ou fromagers désignés par l’entourage du présidentde la République pour entretenir les (bonnes) relations diplomatiques. Unebonbonnière à miel pour l’épouse du président Obama, un ouvrage pour abriterune édition rarissime des Penséesde Pascal pour Benoît XVI, et, parce qu’on n’estjamais aussi bien servi que par soi-même, une boîte à cigares en sycomore pourSarkozy lui-même, du temps de son mandat...

Le créneau des «humidors»L’amateur de cigares ne se contente pas de savourer ses Montecristo, il lesconserve pieusement dans des «humidors».Elie Bleu en a fait son fonds decommerce avec plus d’une centaine de coffrets à tabac à son catalogue.Duclassique à l’exotique, du patriote (ornements sous forme de drapeaux) auvintage (déco inspirée des étiquettes cubaines), il faut compter entre 1.900 et6.300 euros la pièce. Les boîtes de collection Che se parent de la célèbre photo

du Commandante réalisée par Alberto Korda et les Vanités les affublent de têtede mort, parfois sertis de cristaux Swarovksi. Le tabac tue? Mais avant il peut ruiner...

Une histoire de famille et de luxeDans la famille Fuchs, je demande le président du Conseil d’administration, Laurent,mais aussi les administrateurs Arthur ou Adrien. La société Elie Bleu est une affairede famille dont le lien avec les produits de luxe est inscrite dans les gènes grâce à Nina Ricci pour la lignée maternelle et Fragonard, la marque de parfums de Grasse,du côté paternel. Confortable descendance.

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PartnerzzTitulaire de brevet chercherepreneur...Le 8 janvier, le SPF Eco-nomie a octroyé à l’éco-nomiste Maria Iergucz(62 ans) un brevet pourson invention : un sys-tème grâce auquel il estpossible d’ajouter, dansdes paquets de chips,des sauces via des pe-tits pots, des sachets oudes tubes. «Les chipstraditionnels prennentun goût de fromage ouencore de jambon parl’ajout d’additifs chi-miques, explique MariaIergucz. Mon systèmepermet d’agrémenterde sauces naturellesdes chips faits à base de pommes de terre oude légumes. Le brevetoctroyé à l’économistelui donne le droit d’ex-ploiter son invention à titre exclusif en Belgique pendant 20ans. «Les grandesmarques ne sont pas intéressées par monproduit, les moléculeschimiques étant meil-leur marché. A monâge, je n’ai plus l’ambi-tion de développer leproduit. Je demande unprix modeste pour moninvention et cherche unrepreneur intéressé par les produits natu-rels. C’est un bon inves-tissement parce que le bio gagne du terrainet que le chips a depuislongtemps fait sespreuves. De plus, si les grandes marquesvenaient à être intéres-sées, elles devraientpasser d’office par ledétenteur du brevet...»

0493 189 128 [email protected]

Est-il encore intéressant pour mon employeur de mettre en place un bonusnon récurrent lié aux résultats?

Depuis le 1er janvier 2008, les employeursqui relèvent du champ d’application dela loi du 5 décembre 1968 sur les

conventions collectives de travail et lescommissions paritaires peuvent mettre en placeen faveur de leurs travailleurs (qui relèventégalement de cette loi) un système d’avantagesnon récurrents liés aux résultats.On entend par avantages nonrécurrents liés aux résultats unbonus qu’un employeur octroieà ses travailleurs ou à une partiede ceux-ci sur la base de critèresobjectifs collectifs dont laréalisation n’est pas manifeste-ment certaine au moment de l’introduction decelui-ci (par exemple l’augmentation d’unpourcentage déterminé du chiffre d’affaires, laréduction d’un pourcentage déterminé dutaux d’absence,...). Chaque employeurpeut prendre l’initiative d’instaurer desavantages non récurrents liés auxrésultats. Il peut même être introduitpar l’employeur avec effet rétroactif,à condition qu’un tiers de la période deréférence ne se soit pas encore écoulé(soit pour 2013 au plus tard pour le 30avril 2013).En 2012, le bonus maximum quipouvait être accordé était limité à 2.430 euros bruts. Dans ce cadre, le traitement social et fiscal était par-

ticulièrement intéressant puisque l’employeurdevait uniquement verser une cotisationpatronale spéciale de 33% sur le montant payé,qu’aucune cotisation personnelle de sécuritésociale n’était due et que ce montant étaitexempté d’impôts.A partir du 1er janvier 2013, le montant

maximum qui peut êtreaccordé passe à 3.100 eurosbruts. Cette bonne nouvelleva cependant de pair avecune mauvaise car unecotisation de solidarité de13,07% sera due par les tra-

vailleurs sur ce bonus en plus de celle de 33%déjà à charge de l’employeur. On notera que la loi prévoyant cette cotisation de solidarité supplémentaire a été publiée

sans dispositions transitoires, ce qui signifieque celle-ci est également due pour

les plans d’avantages non récurrentsliés aux résultats mis en place avantle 1er janvier 2013 mais payés en 2013.L’octroi d’un bonus non récurrent

lié aux résultats est donc moinsintéressant qu’auparavant. Cependant,il devrait conserver son intérêt dansla mesure où le montant payé devraitrester exonéré d’impôt (les disposi-tions fiscales devraient être adaptéesà ce nouveau montant prochaine-ment). z

Bonus: est-ce que j’y gagne?

Vous avez une question ?

Envoyez-nous un e-mail

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78 31 JANVIER 2013 | WWW.TRENDS.BE

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PUB & MARKETINGBIZZ

WWW.TRENDS.BE | 31 JANVIER 2013 79

Le célébrissime Super Bowl qui se déroulera ce 3 févriern’échappe pas à la tendance émergente du marketing 3.0.Considéré comme l’événement sportif le plus regardé aux

Etats-Unis, la finale du championnat de football américain a ras-semblé, l’année dernière, plus de 110 millions de téléspectateurs.Autant de personnes que les annonceurs chérissent de plus en plusétant donné la grande mode actuelle qui consiste à considérer Monsieur Tout-le-monde comme un partenaire à part entière dela marque en le faisant notamment participer au processus créa-tif (lire Trends-Tendances du 17 janvier dernier). Déjà amorcée l’année dernière avec les chips Doritos qui invitaient les internautesà concevoir eux-mêmes LA pub qui serait diffusée lors du SuperBowl, la tendance s’intensifie en 2013 avec des initiatives qui placent véritablement le public au cœur de la personnalisa-tion publicitaire. Avec sa grande opération digitale baptisée www.cokechase.com, Coca-Cola invite par exemple l’audience àchoisir la fin du spot qui sera diffusé le 3 février et où s’affrontentd’ores et déjà différentes bandes hautes en couleur dans un dé-sert américain.

Mais au-delà de ces désirs réels de crowdsourcing, c’est surtoutla puissance de frappe participative du grand public que lesmarques recherchent dans cette nouvelle «complicité». Car, de

plus de plus, la majorité des spots qui seront diffusés ce jour-làsont déjà postés sur YouTube avant l’événement, dans l’espoir qu’ilssoient partagés par les fans de la marque et créent ainsi déjà le buzz«pré-Super Bowl». Il est vrai qu’au prix de la diffusion durant lematch — 4 millions de dollars pour un seul spot de 30 secondes! —les marques ont tout intérêt à maximiser le potentiel de visibilitéde leurs pubs.

C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes. Et forcément dans les vieilles idées qu’on puise la «nouveauté». Preuveen est avec Coca-Cola (encore) qui ressort le fameux «break time» etl’homme hypra-sexy qui l’accompagne pour son produit Light. Diffu-

sée au milieu des années 1990, cette pub-culte met-tait en scène un bellâtre torse nu, épié par des em-ployées subjuguées, sur le thème de I just wantto make love to you (on ne vous traduit pas les pa-roles) de la chanteuse Etta James. Une quin-zaine d’années plus tard, Coca-Coca Light remet le couvert (ou plutôt la canette) avec lemême genre de mannequin aux abdos de rêve etexactement la même chanson explicite qui il-lustre cette fois un autre scénario où un groupede copines pique-niquent dans un parc en matantun beau jardinier. Rien de très original, donc,mais un joli lifting qui sera assurément partagé

sur les murs facebookiens d’une nouvelle génération de filles accros auxréseaux sociaux. Pas bête.

L ’ É V É N E M E N T D E L A S E M A I N E

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C’est sans aucun doute le spot le plus créatif de ce début d’année 2013. Pour le marché néerlandaisde Volkswagen, l’agence DDB a imaginé une pub magnifique qui pourrait gagner aisément l’ensembledu continent euro-péen.

Le pitch? Unchien se prend tout«simplement»pourla nouvelle VW et adapte son comportement en consé-quence, à coups d’accélérations et d’aboiements subtilement motorisés. Un petit bijou d’inventivité — à savourer sur notre site internet — qui sublime merveilleusement la bande-son canine.

z FRÉDÉRIC BRÉBANT

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Le chien qui se prenaitpour une voiture

Copié-collé light

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