Dynamiques agraires, dans une zone de montagne du Nord...

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Étude originale Dynamiques agraires, gestion des ressources naturelles et différenciation des exploitations agricoles dans une zone de montagne du Nord Vietnam David Sadoulet. Jean-Christophe Castella, Vu Haî Nam, Dang Dinh Quang L e dia gnostic est un préalabl e à toute int ervention visant au déve- loppem ent d' une zon e agri cole donn ée [1-4]. L' étu de des dyna- miques agraires permet de décrypt er la d iversité actuelle des stratégies dévelop- pées par différ ents groupes d'acr eurs. Les n omb reuses expéri ences passées ont montr é qu e l' ét ap e du diagnostic est garante du succès de l' introdu ction d 'inn ovati on s te chniqu es et organisation- nelles [5]. L'agriculture de montagne du Nor d Viet- nam est caractérisée par une fort e d iversi- D. S adoulet : Programme SAM-Régional, 269, Kim Ma, Hanoi, Vietnam; Direction de la coo pé rat io n int ernationale et du dével oppement, Min ist ère de s Affai res étrangères, 20, rue Monsi eur , 75700 Paris 7, France. J.-C. Castella : Institut de recherche pour le dév eloppement (IRD), 213, rue Lafayet- te, 754 80 Paris 10, Fr ance ; Institut inter- national de recherche sur le riz (lRRI), Los Banos, Laguna, Philippines. <[email protected]> V.H. Nam : Centre géom atique et télédé- tection , Institut national de planificati on et proj ect ion agri col e, 61, Hang Chu o i, Hanoi, Vietnam. D.D. Quang: Départ ement des systèmes agraires, Institut national des sciences agronomiques, Thanh Tri, Hanoi, Vietn am . Tirés à part: J .-C. Cast el la, Programme SAM-R égional , Vietnam Agr ic ultural Science lnstitute. 269, Kim Ma, Hanoi Thème: Systèmes agraires. des formes d'e xplo itatio n du milieu n aturel. Ce tte diversit é se doubl ed 'une forte variabilité géographique à l'échelle de quelqu es kilomètres et d' une évolu tion très rapide des systèmes de pr oductio n, ce qui complique le diagnostic. Dans un tel contexte, Je volet « RégionaJ » du projet « Systèmes agraires de mo ntagne » (SAM) vise à po ser les bases méthodolo giqu es perm ettant de rendre comp te rapidem ent de la diversité des systèmes de product ion agricole d'un e zo ne, ainsi q ue de leurs dynam iqu es d'évolu tion [6]. La commu - ne de Xuat Hoa est l'un des sites de recherche du projet, sélectionné avec six autres commun es pour couvrir la diversité agro-écologique et le grad ient d'intégra- tion au march é observés à l'échelle de la province. La répli cation sur cinq aurres sites du diagnostic agraire présenté ci-des- so us doit permettre, d'une parr, d' évaluer les conditions d'extrapolation des résul- rats de recherche obtenus localemenr à l'échelle de la province et, d'autre parr, d'a cco m pagner la diffusion d es innova- ri on s pr oposées par le pr ojet SAM co m m e alt ern ati ve au x prariques jugées non viables. Méthode L'appr o che s u iv ie s 'a p p u ie s ur les concepts et théor ies de l'agriculru re com- par ée [7] . Elle con sisre à analyser les dynamiques des systèmes de prod uction agr ico le à l' int erface entre les transforma- rion s du milieu biophysique et de l'envi- ronneme nt socio-économique. Ce type de démarche nécessite l'inr égrarion des di fféren tes face ttes d' une réalité com- plexe ; c'est pourquoi nous avon s recours à l' app roche système. Les dyna miqu es spatiales ont ete SU IV Ies grâ ce à l'in rerpr étarion d 'un e série chro- nol o gique de p hotog rap h ies aériennes daranr respectiveme nt de 1954, 1977 et 1998. Le suivi l on g itudinal , sur plus de qu ar ant e ans, des modes d'exploit ation du milieu renseigne sur leur fon cti onn e- me nt actu el, leur extension spat iale er plus généralement sur la dynamiqu e des systèmes agraires. La comm une de Xuat Hoa a été divisée en rrois zones hom ogènes pour facilirer le travail d' enqu ête en évitant les co nfu- sions ent re contextes agro-écologique et soci o- éconornique différ ents. Le travail de terrain s'est déro ulé, pou r chaque sire d'en qu ête, en tro is phases : 1. Une ph ase d' en qu êt es hisror iques auprès de personnes resso u rces, âgées, pou r ce rne r les dynam ique s anci en nes d'exploirarion du m ilieu. 2. Une phase d 'enqu êtes plus précises sur la différenciation récente et actuelle des systèmes de produc tio n co n d u isant à d resser une première rypo logie servant de base d'échanrill onn age pour la derni ère phase. 3. Une ph ase d 'enqu ête d'exploit at ion s archérypiques, représentatives de chaq ue carégorie définie auparavant. Cah iers Agr icultures 2001 ; 10 : 307-18

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Étude originale

Dynamiques agraires,gestion des ressources naturelles

et différenciationdes exploitations agricoles

dans une zonede montagne du Nord Vietnam

David Sadoulet. Jean-Christophe Castella, Vu Haî Nam,Dang Dinh Quang

Le di agnostic est un préalable àtoute intervention visant au déve­loppement d' u ne zone agri coledonn ée [1-4]. L' étude des dyna­

miques agrair es permet de décrypter lad iversité act ue lle des stratégies dév elop­pées par différents groupes d 'acreurs. Lesn omb reuses exp é r iences p assées ontmontré que l' ét ap e du di agn ost ic estga ra n te du s uccès de l' introdu ctiond 'innovati on s techniques et organisation ­nelles [5].

L'agriculture de montagne du Nord Viet­nam est caractérisée par une fort e d iversi-

D. Sadoulet : Programme SAM-Régional,269, Kim Ma, Hanoi , Vietnam; Directionde la coo pé rat io n int ernationale et dudéveloppement, Minist ère de s Affai resétra ngères, 20 , rue Monsi eur, 75700 Paris7, France.J. -C. Castella : Institut de recherche pourle dév eloppement (IRD), 213, rue Lafayet­te, 754 80 Paris 10, France ; Institut inte r­national de recherche s ur le riz (lRRI), LosBanos, Laguna, Philipp ines.<j.castella@cgia r.o rg>V.H. Nam : Centre géomatique et télé dé­tection , Institut national de planificati on etproj ect ion agri col e , 61, Hang Chu o i,Hanoi, Vietnam.D.D. Quang: Départ ement des sys tè mesag ra ires , Institut national des scie ncesag ronomiq ues, Thanh Tri, Hanoi, Vietn am .

Tirés à part: J .-C. Cast el la, ProgrammeSAM-R égional , Vietnam Agr ic ulturalScience lnstitute. 269, Kim Ma, Hanoi

Thème: Systèmes agraires.

té des fo rmes d'explo itation du milieunaturel. Cette diversit é se double d 'uneforte variab ilité géograp h ique à l'échellede quelques kilomètres et d' une évolu tiontrès rapide des systèmes de production , cequ i com pliq ue le d iagnostic. Dans un telcontexte, Je volet « RégionaJ » du projet «

Systèmes agraires de mo nt agne » (SAM)vise à po ser les bases méthodologiquespermettant de rendre compte rapidem entde la diversité des systèmes de prod uct ionagricole d'une zo ne, ainsi q ue de leursdynam iqu es d 'évolu tion [6]. La commu­ne de X uat Hoa est l'un de s si tes dereche rche du pro jet , sélectionné avec sixautres communes pour couvrir la d iversitéagro-écologiq ue et le grad ient d 'intégra­tion au march é observés à l'échelle de laprovince. La répli cation sur cinq aurressites du di agnos tic agra ire présenté ci-des­sous doit permett re, d 'un e parr , d' évaluerles cond itions d 'extrapolati on des résul­rats de rech erche ob tenus localemen r àl'échelle de la province et, d 'aut re parr ,d'acco m pagner la d iffusion des innova­ri on s pro po sées pa r le pro jet SAMco mme altern ati ve au x prariq ues jugéesnon viables.

MéthodeL'appro che s u iv ie s 'a p p u ie s ur lesco ncep ts et théor ies de l'agri culru re com­par ée [7] . Elle consisre à a na lyse r lesdynam iques des systèmes de prod uctionagr icole à l' interface entre les transform a-

rion s du m ilieu biophysique et de l'envi­ro nneme nt soc io -éco no m iq ue. Ce typede dé marche nécessite l' inr égrarion desdi fféren tes face ttes d' une réalité co m­plexe ; c'es t pourquoi nous avon s recoursà l'app roch e système .Les dynamiques spa tiales o nt ete SU IVIesgrâ ce à l' in rerpr étarion d 'une série ch ro­nol ogique de photog rap h ies aériennesdar anr respectivemen t de 1954, 1977 et1998. Le suivi longitudinal, su r p lus dequ ar ante ans, des m od es d 'exploitationdu mili eu renseigne sur leur fon cti onne­ment actuel, leu r exten sion spat iale erplu s géné raleme nt sur la dynamique dessystèmes agraires.La commune de Xuat H oa a été diviséeen rroi s zones homogèn es pour facilirerle travail d 'enquête en évitant les co nfu­sions entre co n textes agro- écologique etsoci o- éco no rniq ue différents. Le tr availde terrain s'est dérou lé, pou r chaque sired'enqu ête, en tro is phases :

1. Une ph ase d 'enq uêtes h isr o riquesauprès de personnes resso urces, âgées,pou r ce rner les dynam iques anci en nesd 'expl oirar ion du m ilieu.

2. U ne phase d'enqu êtes plus précises surla différen ciati on récent e et ac tuelle dessys tè m es de p ro d uc tio n co n d u isant àd resser une première rypo logie servant debase d 'échanrillonnage pour la derni èrephase.

3 . Une ph ase d 'enqu ête d 'exploitat ion sarchérypiques, rep résent atives de chaq uecarégo rie définie aup aravant.

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: Riz : F 't: • inonae;"- ore

Systèmes de cul!~~.._manuellede dèfriche . brûlis(riz pluvial, igname et taro)

Systèmes de c'!ltu~..manuelle de défriche - brûlis(riz pluvial, igname et taro)

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C0;!yv ionnemenl

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Riz dedécrue

Riz de.. décrue

!- Riz irrigué

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Cultures de d étriche-brùlis

-y Culture attelèe : ~bulfleslbovins '

Zone inondable..-- . ..non mrse en

valeur

Les bas-fonds ont sans doute été colonisés pEirdes peuples venus de Chine au néolithique,....,ancêtres des Tay actuels, avec mise en valeur \.d'une riziculture de décrue, les pentes conti- 'nuant d'être exploitées en défriche-brûlis. Le ;=================~travail du sol et l'aménagement de diguettes,pour retenir une lame d'eau, a progressivementabouti é un terrassement des bas-fonds.

Maîtrise de l'eau: aménagementsde terrassesAu dèbut de notre ère, la charrue est introduitepar l'occupan t chinois [7]. L'utilisation de cetouti l a permis une colonisa tion des bas depentes, aménagés en terrasses, car la semellede labour limite les pertes d 'eau par lessivagedans les sols de bas de pente, qui sont plusgrossiers. Dans ce systéme, la productivité dutravail dans tes rizières a augmenté du fait dupassage à la traction attelée. Il y a eu concen­tration progressi ve de la force de travail dansles rizières et régression des cultures de brûlis.

Irrigation: extens ion des rizièresLa mise en œuvre d'une irrigation par gravité,é partir de la riviére est difficile é dater. Elle apermis une augmentation des surfaces , unemeilleure mai/rise de l'eau et donc des rende­ments plus élevés et plus stables. L 'extensionprogressive des riziéres a lieu à peu prés à lamême époque que l'installation des populationsd 'ethnie Dao, qui émigrent depuis la Chine àpartir du XVII" siècle et s'installent en haut despentes [8]. Le niveau d'aménagement hydrau­lique de la quatrième étape est celui que l'ontrouve au milieu de ce siècle à Xuat Hoa.

Défriche-brûlis sur les pentesUne agriculture de défriche-brûlis, associant leriz pluvial et la culture d 'ignames ou de tarosans mise en valeur des bas- fonds, existedepuis plusieurs milliers d'années avant notreère (Devienne S., communication personnelle).

Figure 1. Dynamiques des modes d'expl o it at io n du m i lie u et t ransf or m at ion de l'écosystèm ecu lt ivé.

Tableau 1

Dispositif d'enquête

Villages Phase 1 Phase 2 Phase 3(nombre)

Tay (7) 5 22 29Dao (1) 2 16 12Kinh (2) 17 8

Total 7 55 49

Survey design

Le nombre d 'enqu êtes par phase esr don nédans le tableau 1 pour chaqu e zo ne.Dans une premi èr e par t ie, no us pr ésen­rerons successivemen t les dynam iq ues derransfo rma rion du sys rèm e agraire àl'échelle de la petite régi o n agrico le afind e m ieux c o m p r e n d r e les modesd' exp loi l'ario n acru els d e l' écosysrèmecultivé, puis no us consid érerons l'éch ellede l'exploirarion agrico le po u r abo urir àune rypo log ie des sysrèm es de p rod uc ­l'ion rend anr com p re d es tr a jec roi resin d iv iduelles.

Évolutiondes modesd'exploitationdu milieuet dynamiquedes paysages agraires

La période pré-collectivisteFigure 1. Land use dy nam ics and ecosystem transfo rm at ions.

Le milieu de la commu ne de Xuar H oaesr exp loir é par l' ho mme depu is de s mil­lénaires el' exploit é en totalit é depu is plu­sieurs siècles (figure 1). Le paysage q u 'o npo uvair observer au sorrir de la SecondeG ue rre m o n di ale est donc u n paysagem od el é pa r l' hom m e . Les mod esd 'explo itatio n successifs som ca racr ér iséspa r leu r faib le r émun ération d u rravai l el'l'incertitude pe sanr sur les rendemenrs .La co llec re de produirs fores riers co mes­ribles (ig nam es sauvages , pousses deba m bou , chasse) sem ble avo ir joué u nrô le essenriel.

• Une exploitation étagéede l'écosystèmeAu m ilieu du xx- siècle o n o bserve u nsys rème agraire dual. Il se ca racré rise parune exp loi ra rio n éragée de l' écosystème(bas-fo nds er versa n ts) avec des sysrèmesde c u lt u re différent s prariqu és par lesgroupes et h niq ues Tay er Dao (figure 2).Le système d e cu ltu re rizi co le, dans lesba s-fonds, peur êt re ca racrérisé com m eSU it :

- monoculture, à un cycle an n ue l su ivi rd'une ja chère pâtur ée de 3 mois, pra­tique d u rep iquage;

- rrava i1 du sol à la cha rrue (b uffles) ;- reprod uct io n de la ferrili ré par les eauxd e ru issell e m e n l' e l' rra n s fe rr pa l' le sbuffles depuis les penres ;- m aît rise de l'eau plus o u m oin s sati sfai­sanre se lon la posirion ropograp h ique desrizi ères.Sur les penres o n observe deux ryp es desyst èm es de cultu re su r abattis-b rûli s :- u n système à ur ilisarion courre d uch amp défr iché . Ils so nr pratiq u és par lesagricu lte u rs irinéranrs. Il s'agir de mono­cu ltures de maïs et de riz pe ndan t deux àrrois ans;

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Figure 3. Land use map of Xuat Hoa commune in 1954,

Espace exploité par lessystèmes de production

.. nomades .. Dao

Espace exploité par lessystèmes de production

sédentaires Tay

o PâturagesRivièresAutres utilisations

"- ' Cours d'eau- , limites communes

o Rizièreso Forêts

Friches arbustiveso Cultures sur pente- Routes

Systèmes de cul/ure à utilisation courte du sol : riz et maïsHabitat proche des parcelles de riz pluviaf

Chasse. cueil/eNe en forêt

Systèmes de culture de défriche!brûlis :riz, maïs et manioc

HabitationJardin-vergers

Élevage (volailles, porcins , buffles)

\\\\

~ - -­

, .. ."

Buffles: traction attelée,Transfert de fertilité

Riz d'été/Jachère pâturée d'hiver

Reproduction de la fertilité :•Alluvionnement• Stabulation nocturne d'hiverdesbuffles sur les rizi ères

Figure 3. Carte d'occupation des sols de la commune de Xuat Hoa en 1954 .

Figure 2. Un système agraire dual fondé sur l'exploitation de deux unités de paysages dis­tinctes par les deux groupes ethniques Tay et Dao .

Figure 2. A dual agri cuttural system based on the exploi tation of Iwo distinct landscape units by thetwo ethnie groups Tay and Dao,

La période collectivisteLa pér iode des coopératives a été Je cad red'une modification imporranre du moded'expl oitation de l'espace et des rapportSso ciaux. Entre 1958 et 1962, de nou­veaux villages sonr créés sous l'impulsiondu programme nat ional de s éd en tar isa­tion des ethnies mino ritaires. S'y regrou­pent des familles descendues des versanrsalen tour qui pouvaient ain si être mieuxconrrôlées par les autor ités locales et par-

• Deux principaux systèmesde productionDu fait d'un accès inégal aux différentsétages de l'écosystème, les deux groupesethniques Tay et Dao onr développé dessystèm es de production dissemblables.L'impact sur les pa ysages de ces deu xmodes d 'exploitation du milieu est nette­ment visible sur la carre d'utilisation dessols de 1954 (figure 3) .

- Le système de production sédenraire(Tay) qui prévaut dans la parrie Ouestde la commune, et où l' agricultures'organise aurour des bas-fonds rizicoles.Elle combine l'exploitation du bas despenres en culture manuelle avec celle desrizières en culture att el ée légère avec uneemprise très limit ée sur la for êt .

- Le système de production itin érant(D ao) est très marqué dans la parrie Estde la commune. Les familles so nr regrou­pées en petits hameaux aurour des terresqu 'elles exploitent. La proximité descham ps permet une su rveillan ce efficaceconrre les animaux sauvages. Les zonesd 'habitation so ne déplacée s, en généralrous les trois ans quand les brûlis devien­nenr m oins productifs, laissanr derri èreelles des jachères arbustives.Au moment de la Seconde Guerremondi ale, ce systèm e itinérant est encrise du fait de l'augmentation de lapopulation 05 hab.Zkrrr' alors qu 'il estconsidéré comme viable pour des d en­sités de 4 hab.lkm 2) et de s lourds pré­lèvements imposés par Je système colo­nial [7, 9] .

- un système à utilisation longue desparcell es défrichées. En gén éral aprèsdeux à trois années de céréales, la fertilit érésiduelle est « cap tée » par un cycle demanioc pluriannuel.Pour ces deu x systèmes, l'outillage estmanuel et le remps de travail qui doit êtreconsacré au désherbage limite "étenduedes surfaces de ces systèmes de culture. Laferrilir é est reconstituée par une jachèrearborée de lon gue durée (15-30 ans) .

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tlClpe r aux coopératives q ui venaientd 'être créées . Ces fam illes, dont la pra­tique tradi tionnelle étai t l'abarris-brûlis,se so nt alors converries à la rizicult u reinten si ve da ns les va llées ir r ig uées .L'accès des fam illes Dao aux di fféren tsétages de J'écosystèm e est alo rs ide nti queà celui des Tay, avec tou tefois l'arrribu­l'ion de surfaces de rizières plus r éd uitespour les Dao.La transition vers la p ropri été co llectived e b iens de p ro ductio n se m ble s'êtrefaire en douceur.- En tre 1958 et 196 0 on assiste à unegénéralisation des pratiq ues d'e nt raide déjàtrès répand ues auparavanr. Le travail encom mu n permetrair d 'opt im iser l'utilisa­tion de la main-d'œuvre lors des poin tesde travail, et donc d 'étend re les sur facescuJrivables, en particuli er sur les penres ;- le contexte hisrori que de la périoded 'après guerre de libération et la propa­gan de de ce rre épo q ue Ont sa ns dou tefacilité le process us;- le jeu social au niveau local a renforcéla solidarité pour l'accès à l'eau d'irriga­tion et la gestion des systèmes irrigués.Par la modificat ion rad icale des rap po rtSde product ion, la collectivisation a per­m is un e révo lution agrico le avec, dans

Encadré 1

un premier tem ps, le pass age à de uxcycles de riz par an (1962) . Les innova­tions de la Révolution Verre (encadré 1)ont é té intro du ites dans un secondtem ps (I967). L'act ivité agricole coopé­ra t ive s'est don c organisée au tour desbas-fon ds alors qu e la pro duc tion privéese concentra it sur les pentes : riz pluvialpou r les fam illes non autos uffisantes,maïs et man ioc pour alimenter un éleva­ge po rcin pr ivé (figure 4).Le système de gestion de la coopératives'es t progressivement bureau cratisé per­dant en flexibilité. La cro issance dém ogra­phique a aussi contr ibué à la d iminutionde la valeur du poi nt de travail. L'activitécoopérative ne parve nai t plus à couvr ir lesbesoins essentiels des fami lles, même avecun ap po int de produits fore st iers. Lescoopératives ont alors exploité les pentesouvran t le paysage aurour des plaines rizi­co les pa r de larges parcelles de b rû lis(zone O uest de la figure 5). Les friches delongue du rée perrne rraien r néanmoins larégénérat ion forestière.Assez ra pidement , les agricu lte u rs Ontpartagé leu r te m ps en t re un tr ava ilcoopé ratif, le matin et l'après-midi , etun travail p rivé de co llec te en forêt el'de cultures de brûlis, à m idi et le soir,

Tableau 2

par fo is le ma tin avant le travail en com­mun . Les déplaceme nt s éta ient assezno m b re u x (a u m oi ns q ua t re a llers­reto ur s par jour) e t, co mp te ten u durel ie f, limi tai ent la zo ne exp loi tab leau to ur d u villag e en cult ures de brû lis.Cel a a eu pour con séquen ce une im por­tante régéné ra t io n forestière dan s leszo nes élo ignées de la coopéra tive. À lafin des années 70 , le co uve rr fo restierétai t de nse et âgé dan s la partie Est dela com mu ne (figure 5).

La libéralisationprogressivedes années 1980-1995

Vers la fin des années 70, on assiste àune fragilisation du cadre disci plinaire,face à l'agg ravat ion des prob lèmes ali­mentaires, et à la tension de plus en plusvive avec la Ch ine voisine, qui aboutit àla guerre en 1979. Le nombre de brûl isp rivés sur les pe ntes se mu ltip lie, démon­tram à rous les po tentiali tés de p roduc­tion sur ces su rfaces.À par rir de 1982, un e série de réformesd u systèm e coo péra tif a abo u ti à so ndémantèlem en t progressif (tableau 2).

Réformes politiques et dynamiques agraires à Xuat Hoa

Policy reforms and agrarian dynamics in Xuat Hoa

Impactde la Révolution Vertesur les systèmesde culture rizicoles

Deux cycles de riz :- augmentation des exportationsen éléments min éraux, doncbesoins de fertilisationorganique ;- mod ification des systèmesd'élevage et parcage de nuit;

nécessité d 'un outild'enfou issement (charrue chi­noise) ;- irrigation nécessa ire; limitede cette double culture , peud'investissement dans cettepériode .Dans un second temps: chan­gement de variétés pour desriz à hauts rendements, àcycle plus court , plus exi­geants en fertilisation et plusfragiles . Chimisation progres­sive de la protection phytosa­nitaire .

Dates

1982Contrat100

1986Contratajusté

1990Contrat la

1994Allocationdes terresde pentes

Modifications desrègles d'organisation

- Privatisation del'o rganisation du travail,mais prélèvementsforfaitaire s (quotas)- Privatisation des buffles

- Privatisation des fru itsdu travail (le foncierreste collectif)

- Réappropri ation desrizières des ancêtrespar les Tay- Nombreux laissés-pour­compte de la distributiondes rizières

- Réappropriationprog ressive des terresde pentes (en fo nctiondes brûlis ouvertsdurant les périodesprécédentes)

Conséquence à courtterme sur l'agriculture

- Exploitation minièredes pentes par les brûlis- Augm entationprogressive du cheptel(buff les/bovins)

- Réduction dessurfaces de brûlis, findu riz pluvial- Passage à deuxcycles partout oùl'irrigation le permet

Augmentation del'in vestissementdans les bas-fondsMigr ations vers le SudVietnamBrûlis à jachères courtes

- Investissementsimportants dans lesplantations (vergers)- Diversification agricol e- Motorisation, capitali-sation sur les rizières

Impact écologique

- Disparition rapidede la forêt âgée- Érosion- Inondati ons catastrophiquesen 1986 et 1996

- Limites géog raphiquesde la forêt explo itablesont atteintes- Limité par les disponibilitésen eau et les ouvragescollecti fs

Buffl es dans la forêtcausent des dégâts sur brûlis ,conflits, dégradent la forêtet sont un obstacleau développementdes cultures pérennes

---- Relative régénérationdu couvert for estier- Problèmes de protect ionphvt osanitaire liés àl' intensification des rizières

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Figure 5. Land use map of Xuat Hoa commune in 1977.

Figure 4. Land use systems du ring the cooperative period (1962-1982).

Les aspec rs essenrie1s de ce processus d elib éralisarion de l'agri culture, so nr pr é­senrés ci-dessous :- les mod ificat ion s profondes des règlescolle ctiv es de foncrionnemenr du secreu ragricol es sem blenr issues de rappons d eforce locau x, Elles enrérinenr général e­menr de s p rariqu es déjà largemenr dév e­loppées. Les décision s srrarégiques el' lesrègles admi n isrra rives éd ict ées au nive aunati onal el' région al sem blenr avoir é ré

sys réma riq ueme nr réinrerprérées locale­menr e l' assez so u ve n t co n ro u rnées .L ' e xempl e le plu s s pec rac u la ire es rl'appl icat ion en 1986 dans la co m mu ned 'un système pr ivé, avec propriéré co llee­rive de la terre, qui n 'apparaît pas dan sles aur res é ru d es e ffe c ru ées dan s larégion. Il est l'l'ès proche du Contrat 10,réforme agrico le lan cée par le gouverne­menr cenr ra l en 1988.- L'exp loit at ion de l' écosystème a pro­gressivem e01' évolué, selon rrois étapes :• o prim isario n de la productivit é du rra­va il : ex pa nsi o n rrès rapide de s br ûl isav ec a ba n d o n ra p ide des p arcell eslorsque les rendem enrs d iminuaienr. Ladisponibil iré en ter res de penre sem blairinépuisable;• avec l'épuisemenr des surfaces d éfri ­chables vers 1986, passage à des sysrèmesv i sa n t un e a ug m e n ta t io n d esproducrion s à l'unit é de surface: passageà deux cycles , uti lisa tio n d'inrranrs su rles rizières er augrnen rarion du cheptel(fu m u re) ;• à part ir d e 1990, la sécu riré fon cièresur les rizièr es, puis sur les pen l'es , favo­ri se d 'une parr l 'in vesri ssement e nma i n- d 'œ uv re e l' une augmenrati onrapide de la prod uctio n et d 'autre panles invesri ssem enrs à moyen el' lon grermes (figure 6).Face aux ch an gem enrs rapides des règlesd' organisarion co llective, les agriculteu rs001' donc dév elopp é des modes d'expl oi­tati o n du mi lieu qu i répondaienr a uxcontext es spéc ifiq ues à cha que pér iod e.C es d erniers peu venr êrre carac rérisés parla renrab iliré relati ve des différenres pro­du cti on s . le cap iral disp onibl e , lesco n na issa n ces re c h n iq u es, les règl esloc ale s, e rc. L' im pact sur l'environne­menr d es d yn amiques agraires qu i endécoul enr est considérable. Ain si ,l'exploitation m ini ère des penres de 1982à 1986 a presque ép u isé le « capiralfor êr » d e la com m u ne (figure 7). Lesgrands ar b res 0 01' é té co upés pour êtrevendus ou srockés pour reconsrru ire lesmai sons. C erre prarique a contribu é àret ard er la régén érarion foresrière.

Sédentarisation de Dzaodans certains bas-fonds:

Disparition del'étagement .. ethnique»

Forêt:

• Systèmes de culture de défriche/brûlis

• Collecte (bois. produits non ligneux, etc.), chasse

• Sous-utilisation des terres éloignées etreconst itution d'un couvert arboré climacique

D Rizières de basfonds Forêt jeune • Zones résidentielles

D Rizières en terrasses D Bois, arbres épars D Mosaïques

D Cultures sur pente • Friches arbustives (brûlis. jachères)

Forêt secondaire D Pâturages /'V' Cours d'eau

D Forêt dégradée • Rivières Routes

D Forêt de bambous Autres utilisations - , Limites communes

HabitationJardin-vergers

____________ ____ ____ ~:~~!!: .I~?~a!l!es: ?.~r:~".s: _~u.~I:~~ • __• __.

Riz d'été/Jachère pâturée d'hiver• Pas de fertilisation- - - - - - - - - - - - - - - - - . - - - - -. _- -. - - . - - -. - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - -- - - - - - - --- - - -- -- - - - -- - -

Riz de printemps/Riz d'été/Jachère pâturée d'hiverProgres sivement, mise en œuvre des techniques de la Révolution verte:• Fertilisation (engra is minéraux. engrais verts. fumier). variétés à

haut potentiel de rendement, insecticides et pesticide s.

1.... .2cycles

\Iniranls chimiques

Figure 5. Cart e d'occupation des sol s de la com m une de Xuat Hoa en 1977.

Figure 4. Explo itation de l'écosystème cult ivé à l'époqu e des coopératives (1962-1982) .

Cahiers Agricultures 2001; 10 : 307-318

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Figure 7 . Carte d'occupation des sols de la commune de Xuat Hoa en 199B .

Figure 6. Exploitation actuel le de l'écosystème cultivé à Xuat Hoa.

Les modes d'exploitationactuels du milieu (figure 6)

- Les bas-fonds sont enco re exclu sive­me nt cu ltivés en riz. Le mode d 'exploita­tio n s'es t intensifié en tr avail (dés he rbageet fertilisat ion organique so ignés) et , plu ssens iblement en core, en capi tal (q ua n titédinrran rs. motori sati on pour certa in sexp loi tants) . Les su rfaces cultivé es du rantdeux saisons par an sont lim itées par lesdi sponibilités en eau sur le ter ritoi re dela commune.- Le bas des pentes est encore exploité demanière traditionnelle (jardins, vergers),- Les pentes connaissent un e explo ita­tion de plu s en plus intensive et , peu t­être, durabl e. L'exploitation m ini ère deforêts dégrad ées fait aujourd'hui place àdes plantati on s pérennes. Cependant, cesévo lutions vers des systèmes agro -fores­tier s so nt enco re trOP récentes pour m ar­quer le paysage (figure 7).

Conclusion

Ces évolu tio ns des modes d 'exploitati ondu mili eu se SOnt accompagn ées d 'uneintense d iffér en ciati on d es sys tèmes deproduction , qui a aujo ur d' hu i des consé­quences sur l'accès des fam illes aux terrescultivables.

On peut interpréter la dynamique histo­rique d es systèmes agraires exp osée icicomme la succession de quatre mod esd' exploitation du milieu (figure 8 etencadr é 2), correspondant à trois éta pesdan s l'évolution du système agrai re (figu­re 9) .- A va n t l'indépend an ce , un moded 'exploitati on peu inrensif de l'écosystè­me : rizières à un cycle avec une den sitéd e rep iqu age faible, systèm es de cu lturede défriche-brûlis à friche forestière surles penres. Le systèm e agraire est caract é­risé par l'accès privilégié d 'un seul gtou­pe ethn ique aux bas-fonds.- Penda nt la période des coopératives,l'activité ag rico le se concentre dans lesbas-fonds grâce à l'introduction desin nova t io ns de la révolution verre . Lesys tè me agra ire es t carac té risé par unso us -e m p lo i d es ter re s de pentes auregard des cap acités du milieu et de lamain-d 'œuvre di sponible. On obse rveun e relar ive régén érarion forest ière dansla zo ne Es t de la com m u ne (figure 7) .- Au fur et à m esur e de l'accroissementd ém ogr aphique, la production rizicolepar habitant a diminué, puis est devenueinsuffi sante, alo rs m ême que le milieu se

Zones résidentielles

Mosaïques

(brûlis, jachères)

Cours d'eau

Routes

Limites communes

• Plantation d'abricotiers

• Intensification par l'élevage porcin (mais , manioc)

Culturesde brûlissur forêtdégradée

• Maïs 3 ans/friche 6 ans• Manioc 2 x 3 anslfriche 6 ans

HabitationJardin-vergers

Élevage (volailles, porcins, buffles)

o Rizières de basfonds 0 Forèt jeune •

o Rizières en terrasses 0 Bois, arbres épars 0Cultures sur pente • Friches arbustives

D Forêt secondaire 0 Pâturages l"

o Forêt dégradée Rivières

o Forêt de bambous Autres utilisations

IntensllicationSurfaces par actif très variables

Investissemenl en capital : imrants et travail (IMilisation organique , désherbages .. .)Motorisation de la traction , mécanisation de la récolte

cycles2

\Intranls chimiques

Furnie':Y •,.

Figure 6. Current land use systems in Xuat Hoa.

Figure7. Land use map of Xuat Hoa commune in 1998.

Cahiers Agricultures 200l 10: 307-18

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Figure 8. Successive agrarian systems.

Figure 8. Chronologie d es sys tè mes agraires.

trouve sous-exploit é. Les ressou rces natu­l'elles sonl' préservées mais « les gens ontfaim! » À la fin des années 70, Je revenuissu du travail collectif esr devenu margi­nai dans l'économie des fam illes el' lesyst ème coopératif dans son ens embleemre en crise. Les cha mps pri vés cul rivésen abattis-brûlis se som rapidernenr éren­du s sur les penres, bénéficiant d 'une pro­du crivir é du travail bien su pé rie ure àce lle d es rizi è res de ba s-fonds. Enquelques an nées la qu asi-rotal ir é d esl'err es de pemes esr d éforesr ée au cou rsde ce qu e l'on peur app eler un e « courseau x brûlis » . Ce mode d 'expl oirarionrran siroire que l'on o bserve au débur desan nées sa esr essenriell ernenr motivé parl'appropri arion foncière des l'erres d epenres. Il esr associé à une sous-explo ira­rion des rizières.- Progressivem enr , on assiste à l'émer­gence d 'un nouveau mode d 'explo itationdurable, caract érisé par l' inrensificarionel' la pérennisarion des sysrèmes de culru­re de penres. T ou res les fam illes ne peu­vent rourefois pas mettre en œ uvre cemod e d 'exploirari on à forre capiralisarion(figure 6).Sur le lon g terme, on observe donc un enerre au gm enrarion de la producri virépar trav ailleur en même rernps que ladiminurion de la surface. Ce p rocessusd' inrensifi carion se manifesr e par lamodification de s modes cl'expl o irariondes bas fonds (r évolution verre, niveaud 'ourillage, mororisarion ), el' l'inrensifi­cation de l'exploirarion des penres avec lepassage à des sysrèmes de culrures per­manenres agro- foresrières el' le d évelop­pemenr de l'élevage de monogasrriques.

Légende de la figure 9

1. Régénération forestière2, Dégradation du couvert forestier3. Savanisation - extension des pâturag es4. Aménag ement de rizières5. Augm entation des friches6. Inchan gé7. Extension des défr iches-brûlis8. Urbanisation

Figure 9. Land use chang e map 01 Xu at Hoacomm une.

Figure 9. Carte des cha ngem ents d'occupa­tion de s sols de la co m m u ne de Xuat Hoa.

2000

90-actuelRetour terres

ancêtres

Agriculturefamiliale

DiversificationAgroloresterie

"····.G.

19901980

67-82Coopérativesregroupées

Changement d'occupation des sols

1954-1977

1970

e

Système agrairecollectiviste

Bas-tonds/bas de pentes collectifsVersants : brûlis privés

19601950

Système agrairepré-indépendance

Système dualTay-Dao

,:.... ," .. :-::1 1977• f . .....: _

" J ~ . ·.... ' .-i,.i

Occupation des sols

; :.,.:., 1954...... : , .... .."

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1 ·· .. · .,,: ..... . J\ :1 -\ ,,;:

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Principales

périodes , 54-58 58-60 ': 60-67 ,Régiessociales:Indépendance Entraide:Coopératives:

et politiques : : villageoises :

• Transitionsentresystémes agraires

Cahiers Agricultures 2001; 10: 307-18

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Encadré 2

Une étude historique rapide des cond i­tions de pro duction avant l' indépendan­ce montre déj à l'existe nce de rapportssociaux inégalitaires, sans dou tes exacer­bés par le système colonial, par les prélè­vements imposés er la place do nnée auxnotables locaux dans l'administrat ion dela colo nie [15] . Par exemple, l'accès aufon cier est très inégal avec des surfacesvariant de 1 à 10.La collecrivisarion a largement contribuéau n ive lleme n t des inéga li tés éco no­miques en tre les mé nages agrico les,même s'i l est probable qu e des phéno­mènes sociaux autres que ceux décr its iciaient permis à certai ns de prendre ou degarder une prééminence sociale, qui a puavoir des conséquences par la suite, Al'au be des rransforrna rions de la décennie1980 , on obs erve assez peu de diffé­rences ent re sysrèmes de prod ucrion ,sans doute bien moindre qu'à la mise enplace du système coop ératifLes d ifférences soci ales q ue l'o n pe urobserver actuellemen t sont appar ues, oupou r cerrai nes réapparues, dep uis led ébur des années 80. On peu r regrou­per les more u rs de la différen ciat ionselon trois catégor ies: l'i néquiré du sys­tèm e « forfa irai re » mi s en place en1982 (cont rat 100) ; l'accaparernenr de

Différenciationdes exploitationsagricoles et diversitédes systèmesde production

On observe par ailleurs une for te tendanceà l'individualisation des modes d 'exploita­tion du milieu en fon ctio n des moyensdont d ispose chaq ue famille . Ces ten­dances lou rdes : individ ualisation, cap ta­tion de man nes (forêts, projets gouverne­ment aux, etc ), réinrerprération locale despolitiques, jouent sur les modes de miseen valeur du milieu et par conséq uent surla partition de l'espace. EUes ne som pasencore visibles sur la figure 7, mais ellesmarque m déjà le paysage.La divis ion de l'espace est de plu s enplus ma rquée au fur et à mesure que lesécarts socio-écono m iq ues se creusententre catégories sociales.

1998

1998

1998

o

1977

1977

1977

1954

1954

1954

Cahiers Agricultures 200 1 ; 10 : 307- 18

Surfaces (ha)3,5

32,5

21,5

10,5

o

Surface s (x 1.000 ha)

Surfaces (x 1.000 ha)3

2,5

2

1,5

1

0,5

o

Surfaces (ha)600

500

400

300

200

100

0

1954 1977 1998

5

4

3

2

o

4. Surface moyenne des par cell es de b rûl is

3 . Évolution des su rf aces de f r ich es

2. Évolution des surfaces de cu ltu re de pe nte

1. Év olut ion de s surfaces de forêt

Réduction des périodes dejachèreOn constate sur le graphe 3 quel'impact des brûlis sur l'état dela fo rêt est b ien plus marqu épendant la période 77-98 quedurant la précédente . La crois­sance des surfaces de frichesproportionnellement plus im por­tante que ce l les déf o resté estémoigne d'une rédu ct ion despériodes de jachère. La forêt n'aplus le temps de se régénérer ...

La tragédie des communs.. .

Le graphe 4 montre une aug­mentation im portante de la tailledes parcelles à la pér iode collec­tiviste. Les brûlis sont gérés col­lectivement dans la zone prochede la coopérative permettant unerégénérat ion progress ive enauréoles (figure 5). La « courseaux brûlis » de la période suivan­te, conjuguée à des densités depopulation bien supér ieures àcelles des années 50 conduisentà l'épuisement de la ressourceforestière.

Une intense déforestationLe graphe 1 montre l' ampleur dela déforestat ion. En 1998 il nereste plus que 15 % des surfacesde forêt présentes en 1954, soit12 % de la surface totale de lacommune . Ces chiffres agrégéscachent cependant des disparitésen termes de qualité des couvertsforestiers. La réduction en quanti­té s'est accompagnée d'unedégradation en qual ité avec ladispa rit ion totale d e la forêtsecondaire pou r faire place à desformations dégradées (graphe 3).

La pratique de la défriche­brûlis mise en cause...L'histoire agraire de la communede Xuat Hoa montre que ce phé­nomène a plusieurs origines(pratiques de la défriche -brûlis,abatage de bois préc ieu x, etc.)selon les périodes consid érées etles zones géograph iques. L'aug­mentation des surfaces de brûlisau cours des 40 dernièresannées a joué un rôle indéniablesur la déforestation .

Transitions agraires et dynamiques écologiquesLes graph es ci-cont re sont prod uits à partir de l'analyse SIG des figures 3,5 et 7 présentées précédemment.

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rentes, né es de l'e xploitat ion m inière d ela forêt et d e certai nes nou velles ac tiv i­tés ; l' appro p riatio n du foncie r des bas­fond s, réap pa rit ion d 'inégal ités a nci en ­ne s.

• Le contrat 100 : perversitéd'un système qui semblait équitableLe co ntra t 100 a m arqué la mise en placed ' u n nouveau système d e ré pa rti ti on deste rres de bas- fo nd et de red istribut ion desfruits du trav ail sur les rizières:- att rib u t io n des su rfaces de rizière aup rorata d u no mbre de bouches à nou rrirpar fami lle , po ur ga ra ntir u n ap prov i­sio n nement ali m enta ire suffi sant;- p rélèvemen t d 'un ren dement objec t ifde stiné à pa ye r les in rranrs et à ré mu né­rer le travail ccop érari f :- rém unérat ion du t ravail su r les r izières ,er des autres t ravaux co o pérat ifs (irr iga­tion , soins au che p tel , erc .), en compta­bili sant les po ints de trav ai l.Ce système se m b lait sim ple e t éq ui ta ble.Les famill es aya nt bea uco u p de bouchesà no u rr ir avaient la possi b ilité d 'ob ten irun sur plus de riz pl us im portan t. E n réa­lité, c' est exac te ment l'i nverse q ui s'es tproduit :- La très forre p rod uc tivité du travail dedéfrich e-b rûlis n 'a pas in cité les fami lles àinvestir du tem ps de trav ail pou t so ignerleurs rizières. Les « rendements objecrifs »

ont don c été tou r juste at teints.- Les fam illes di sposant de peu d 'act ifsrela t ive ment au no m b re de bouch es ànourrir On t eu à cul t iver des surfaces derizière par act if im portantes. E lles Ont eud u mal à faire face aux pé riode s critiq uesdes pointes de travail, ce qui les o bligeaità bâcl er le travail sur les rizières pour res­ter sync hroni sées avec les au tres fami lleset ainsi bénéfici er de l'ir rigatio n. E lles Ontd onc so uve nt abo u ri à des re ndeme ntsmé d iocres .- Le sys tème d e ré m u néra tio n du tr a­va il coll ecti f fo nd é su r les po ints de tra­vail éta i t désava n tage ux po ur l esfam illes pauvr es en mai n- d 'œuv re . Eneffet, le t ravail étai t payé p ropo rt ionnel­lement au temps th éo riquem ent passé,e t non pas à la richesse créée . La so us­éva lua tio n systém at iq ue du te mps d etra va il su r les rizi èr es a eu po u r effet unt ran sfert d es fruit s du tra vail d e cesfam illes « d éfavorisées » par leur co m po­si tio n dé mogra ph iq ue , vers d es famillesaya n t suffisa mment d e m a in-d'œu vrepour s'occuper d es autres tâches d e lacoo péra rive . Ai nsi, pa rad oxa lem ent, lesrevenus d es ac t ifs aya nt à cu ltive r bea u­cou p de riz ièr es étaien t plus fai b les er

leurs fam illes étaien t les plus en d ifftcu l­té .- Com pte tenu du m anque d e tem pspou r trava iller les riziè res, ces [arnilles« d éfavori sées " par leu r co mpos it iondémographique n 'o nt pas pu cu ltive r debr ûl is, pourtant beaucou p plus rentablesà ce tte pér io de . E lles o n t do nc assuréun e product ion m in imale (ce rta inementin su ffisante) pour l'ensemble de la co m­mu nauté e t n 'o nt pas pu s'ass urer un epro ducti o n p ri vée co mme ceu x qu iava ient un e ma in- d 'œuvre plus impo r­tan te par rappo rt au no m bre de bo uchesà no urri r.- À c e t te ép o que, ce rtai n es d e cesfami lles riches en ma in- d'œ uv re défri­chaie nt de grandes parcelles très ferti leset commen çaien t à pratiquer des ac tivi tésà rentab ilité di fférée (p lantati o ns ag rofo­resrières, élevage porci n associé à la cul­ture du ma ïs) , d an s un e stra tégied'a pp rop riatio n des terres de pente etnon de vente, car les d éb ou ch és éraie ntencore peu no mbreux.Ainsi , du rant l'ap pli ca ti on du co n t ra t100 , de s di ffé ren ce s socia les se SOntc réées, q u i se so n t ens ui te acce nt uéesde ma nière impo rtan te d an s les an néesqui Ont suivi.

• Une agricultured'accaparement des rentesEntre 19 82 et 199 5, ce rta ins exploitantsont bén éficié de surplus de reven us, quel'o n peu t assimiler à des rentes différen­tielles :- su rp lus de re ndeme nt sur les pe ntesentre 1982 et 1986 . La resso urce a étérapide men t épuisée co mp te tenu d e lapo pulati on qui l'ex ploi ta it en systèmes decu l ture de d é fr ich e-brûl is (riz , m aï s ,manioc, taro) ;- exp loitatio n du bo is préc ieux en tre1982 et 1990, pour les fam illes ayan t dela main -d 'œuvre ;- supplément de rémunération , au débutd es a n nées 90, p o ur les ex p lo ita t io nsayant p la nté de s abr ico tie rs dès ce t teépoque (an nées 80) ;- à u n deg ré moind re, l'accapar ernen r parcertai ns de terr es de pe nce enco re à hautpo tentiel de produ crivir é, permerranr parexemple de cult iver du taro .E n 199 0, on ass iste à un m ou vementsp ontané de réa p pro p ria t io n des terresco llec t ivisé es en 1960. C haq ue fami JJerécupère alors les rizière s de ses ancêt reset les di stribue aux chefs de fam ille héri ­tie rs en re prena nt les inégali tés d u systè­m e q u i ava it p récédé l'indépendan ce . Lemorcel lement entre héri tiers, différe nt

se lon la descendance des familles, vientto u tefo is co m plexifier la si tua t ion fo n­ciè re.Sur les pentes, la règle de concessio n desterr es po u r d e lon g u es d urées a uxfam illes est mi se en œ uv re à pa rt ir d e1994 . Les fam illes Ont ai ns i ob tenu dest i t res foncie rs sta b les . T o urefo is , lesrèg les locales d 'att ribut ion de la ter re,dé rivées du d ro it d' usage tr adit ion nel, seSOnt lim itées à acco rde r aux fami lles lessu rfaces qu 'elles ava ient déj à exp lo itéesau pa rava nt, y co mpris les jac hè res. Ai nsi,la red istribution des terr es de pente n 'afa i t q u'e n té r iner le s inéga li rés e n t refam illes cr éées entre 198 2 er 1986 selonleur accès au d éfr ich em ent.Ce tte évo lu tio n des d ifférences sociales(figure 10) pe u t exp liquer la d ifféren cia ­tio n socia le d epu is le dé b u t d esan nées 80 par les de ux fac teurs su ivants:- l'abondan ce relat ive de main -d 'œuvrepa r rap p o rt au no m bre d e bo uc h es ànourrir dan s les an nées 80, princ ip ale­menr entre 1982 et 1986 ;- la su rface de rizièr e hé rité e des a ncê rresau d ébut des an né es 9 0 (sur face d esancê tres X morcellem ent lié aux hé ri tagessuccessi fs).La d otati o n en ca p i ta l accumulé a udé trim ent des ressources fores rières auco u rs d e la d e rn iè re d écennie er l'accè saux riziè res de bas- fon ds d érerrninen rdo nc po u r u ne large part les str at égiesde pro ducr ion ac tue lles er leu r di versi té(figure I l ) . C es él éments SOnt essenti elsà prendre en co m p te , à la fo is po urmod él iser le fonc t ion ne ment d u systè­me ag ra ire e t pou r or ien te r les act ionsde d ével op pement.

Conclusion

Apport de l'étudeen terme scientifique

Les relarions de subsid iarir é ent re po u­voir nati onal Ki n h e t pouvo ir loca l T aysemb lent déj à anciennes. E lles t rouventsans dou te leur so urce dans la d ifférenced' écosystèmes : les règles mis es au po intpou r le Delra SOnt ai nsi adap tées aucontexte bien d iffér ent des m ontagnes.Le phé nomène d e réinrerprérarion localedes poli riques n a tiona les , obse rvé icida ns le cas d e la comm u ne d e X ua r H oa,esr généra lisable à l' ensemble de la pro­vince [5] . Ce d écalage en tre les décisionsdu pouvo ir ce ntra l e t leu rs m odali tés

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vail a permis de définir différents indica­teurs permettant de suivre ces processusdan s le cad re d 'une étude com parativemenée à l' échelle de la province. C esindi cateurs qualitati fs Ont été intégrés àun modèl e rnulri-agenr qui a permis deles valider et d 'évalu er leur importancerelative dans les évolutions passées. Cemodèle informatique, une fois ada pré enjeu de rôle, permet de tester différentsscénarios avec les acteurs locaux visant àune meilleure gestion co llective de l'envi ­ronnement fondée sur une connaissancefine des réalités locales [13].

___ ;cM.=ar:.:c"",ha=n:.:d=is=at::.:io::.nc:d:.:e=.s .:.:ri=zié=r~

Réappropr iationrizières des

ancêtres. .

1990 19941 1 1

__..L TYPE F

r:--:----,----,-,-"'l.-- - - - - - -- TYPE A .. _.

TYPE B_______~~ ;,~~;;~====:::=~ I ca~ilahsation lr; TYPE C -

Plantation precoce d'abricotiers- profite de cours élevés

1982 19861 1 1

/----_ TYPE E

--'-- - --1'---- - - ---1.. TYPE D

Capital accumulé, hors rizi ères

Surface de rizi ères

Apport de l'étudepour le développement

Les diagnostics réali sés dans la provincede Bac Kan au début des années 90 ,péri ode où la course à la défriche-brûlisavait att eint so n paroxysme, anti cipaientune crise environnemental e majeuredans la pro vince. Elie ne s'est pas pro­du ite . le s ag r icu l te u rs ayant, pourl'essentiel, développé des syst èmes plusintensifs - mais qui semblent du rables ­d'exploitation des pentes. De nom­breuses expli cations de cette évolutionpeuvent être avancées, mais l'allocationde s terres a sa ns doure é t é le facteu rdé clenchant pr inci pal.Pourtant ces systèm es intensifs sontsouvent coûteu x en capital (associat ionmaïs-élevage porcin ) et/ou à rentabilitédifférée des investissements en travail dedép art (arbo ricu lture, aménagements derizières) . C erta ins ag riculteu rs son t don cexclus de ce tt e évolution . Ils n 'ontju squ'à pr ésent d ' autre a l te rn a ti vequ'une exploi tation ag ricole des pentes.M ais leur accès restreint aux ressourcesfo ncières combiné à un accroissementrapide de la populat ion les entraîn edans le cercle vicieu x de la réductiondes périodes de jachère, de l'érosion, dela d éforestation er des rendementsdé cro issants [1 4]. Pour inverser cettetend ance, circonscrite dans qu elqueszones géographiques depuis la disrribu­t ion d es terres de pentes, il est urgentde proposer des alternatives techniquesdurables. Ces zones et les popul ationsqui en dépendent pour leur pr oductionagri cole de subs istan ce sont les ciblesprivilégiés du volet « Systèmes de cultu­re » du projet SAM qui travaill e en par­tenari at avec le volet « Régional » afind'assurer la reproduct ibilité écologiquee t écon omique de leurs systè mes deproduct ion [5, 14] •

Xuar H oa a montré l'existence de proces­sus de différencia tion très marqués depui sle début de la d écollectivisarion. Ce rra-

POLARISATION:Accroissement desdifférences sociales

.,

..

TYPE A : Combinaisonde surface de rizièreset arboricullure importantes. Peu de cultures annuellesde brûlis.TYPE B : Surfacede rizièresmoyennes. productions à rentabilité trèsdifféréesur les pentes (arboriculture).TYPE C : Surface de rizi ères importantes, capitalisation progressive el plantation d'arbres, évolution vers TYPE A.TYPE D : Manque de riz important. Productions de vente à renlabilité différée sur les pentes (élevage de porcs . manioc).TYPE E : Surface de riz moyennes, production sur les pentes à rentabilité peu différèe (manioc, taro).TYPE F : Peu de rizières, peu de capital. Travail à l'extérieur. endettement.

Figure 10, Proce ssu s de différenciation des syst èmes de production et typologie actuelle,

Figure 11. Typologie des sys tè mes de production agricole de la commune de Xuat Hoa : pôlesd'agrégation et polarisation .

Figure 10. Farming systems differenciation process and current typol ogy .

Figure 11. Farming systems typology in Xuat Hoa commune: aggregat ion pol es and polarizat ion .

locales d'exécu t ion est à l'origin e denombreux dysfonctionnements [II , 12J,Par ailleurs, l'étude de la comm une de

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Summary

Land use changes, natural resources man agement and farming systems differentiation in a mountainous areaof North VietnamD. Sadouler, j..c. Castella, V.H. Nam, D.D. Qu ang

A diagnostic study has been conducted in the mountainous province of Bac Kan , Vie tnam, in 1999 and 2000.Land use changes have been investigated as weil as their impact on landscape evolution and diversit y of p ro­duction systems. ln -depth surveys were conducted with farmers and local development stakeholders in orderto assess the role of socio-economic transformations as driving force of land use changes (Table 1). The bisto­rical pathway begin s in th e 1950 's with a dual agricultural sys tem based on differentiated access of the twomain ethn ic groups: Tay and Dao, to the two main landscape units: lowlands and uplands respectively (Figures1 and 2). The main crop is irrigated paddy in the former system and shifting cultivation of upland ri ce, maizeand cassava in the latter. Tben, co ll ectivizat ion, associated to in troduct ion of the Green Revolution innovations(box 1). allowed intensification of the lowland where ail agricultural activities were concentrated (Figu re 4).The forest co uld regenerate on the slopes unti l the malfunctioning of cooperatives led more and more hungryfarmers to explo it it through shifting cultivation aga in. Between 1980 and 1995, a stepwise economical liberali­zat ion process (Table 2) led some farmers to intensify the paddy cultivation in the lowland, whereas otherg roups relied m ainly on the min ing explo itation of natural resources to develop their new household economy(Figures 6 and 8). A farming system differentiation model has been proposed for this period of intens ive envi­ronmental degradation, which is based on the ratio "ho useho ld labor force/ umber of mouths to teed " up tothe early 1990's, then on modalities of the lowland allocation process (Figure 10). ft explains the current far­ming system diversity in the light of recent economie and institutional t ransfo rm ations: distribution of produc­t ion means to farmers, land entitlement, new governance systems (Figure 11).The interpretation of a chronological series of aerial pictures from 1954, 1977 and 1998 shows a tremendousim p ac t of land use chang es on ecological dynamics, especially on deforestation (Figures 3, 5, 7, 9 and bo x 2).Howe ver, one can now observe through field surveys a reverse trend of relative forest recovery thanks to therecent forestland allocation to households and governmental reforestat ion programs. But this trend is not yetperceptible on the latest land use maps.Finally, the analysis of farming systems strategies in a highly dynamic biophysical and socio-economic envi­ronm ent was used to better target the interventions of development ag encies and national extension servicesworking in the area. Viable alternatives to slash and burn practices ha ve to be developed rapidly and propo­sed to the numerous farmers who rely exclusively on the uplands [7]. Even though the ecological and econo­mie benefit of th ese new techniques is proved, th ey will need to be accompanied with rele van t o rgan izationalinnovations to secure a large adoption among highlanders. Beyond the understanding of past changes, thepurpose of this diagnostic study is thus to better target with relevant innovations the different farmer's typesidentified d ur ing the on-farm survey.

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Remerciements

Les auteu rs tienne nt à rem erci er les auto­rités de la commune de Xua t Hoa pour lesou tie n qu'e lles on t apporté aux travauxde terrain ainsi qu e le comité popula irede la prov ince de Bac Kan po ur so n irnpli­catio n dans les tr avaux de recherche etles act iv ités de développemen t en cou rs.MM. Tran Dinh Long et Le Quoc Doanh,dir ect eur s adjoints de l' Institut nat ionaldes sciences agronom iques ont guidé etfacilité les travau x présentés ci-dessus .Qu'ils en so ient rem erci és.

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Résumé

La commune de Xu ar Hoa, dans la province montagneuse de Bac Kan , Viet­nam , a fait l'objet d'une étude diagnostic sur les dynamiques agraires passées etleur influence sur la diversité actuelle des syst èmes de production agricole. Desenquêtes approfondies auprès de différents acteurs du d éveloppement local eragriculteurs ont permis d 'évaluer l'impact des transformarions socio - éco rio­miques sur les modes d 'exploirarion du mili eu. Un modèle de différenciationdes exploitations agricoles est proposé. Il est fondé su r le rario « nombred 'actifs/nombre de bouches à nourrir par foyer " pui s sur les modes de distribu­tion des terres de rizières au début des années 90 . L'inrerpr ération d'une sériechronologique de photographies aériennes associée à de nombreux relevés deterrain ont permis d 'évaluer les conséquences des dynamiques passées sur l'envi­rorinernenr : érar de la forêt , viabilité des systèmes de culture. etc . Enfin l'ana­lyse des strat égies de production des différents rypes d 'exploitations agricolesidentifi és doit permettre de mieux cibler les actions de développement.

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