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Temple B et D du Largo Argentina

Introduction

Les temples B et D que nous allons présenter ont été construits à l'époque républicaine. Ils sont regroupés dans une enceinte rectangulaire ou péribole (enceinte sacrée) appelée largo Argentina.

Contexte archéologiqueIls furent découverts au cours de travaux en 1926. Le site fut déblayé jusque dans les années 1930. Les temples C et D sont découverts par hasard au cours de travaux. Les deux autres (A et B) étaient déjà connus. Les sondages des temples se poursuivent jusqu'en 1928 mais même encore de nos jours. L'importance de la découverte annula le projet de construction prévu. Manquant de données précises pour les identifier, ils furent nommer à partir de lettres alphabétiques. Aujourd'hui, c'est un repaire à chat que les bénévoles viennent nourrir.

Contexte historiqueIl est important pour bien comprendre la suite de l'exposé de faire un point historique.A partir de la fin de la deuxième guerre punique jusqu'à la fin du IIIe siècle, Rome connaît une expansion de son empire vers l'Orient et le bassin méditerranéen. Les Romains fondent la province de Macédoine en 148 av. J.C. Dès 146 av. J.-C., ils s'emparent de Corinthe. Ils font de la méditerranée une mer romaine.La Méditerranée formait alors une aire culturelle hellénisée. En effet, les conquêtes d'Alexandre au 4e s. av. J.-C. avait fait s'étendre le monde grec de manière considérable. Dès cette période, la culture grec avait rayonnée dans toutes les directions. Elle attirait et inspirait tous les peuples de la Méditerranée et les Romains n'échappaient pas à la règle.La culture grecque leur est familière dès le IIIe s. Cependant, les conquêtes du IIe s. vont accélérer l'hellénisation des Romains. Les guerres permirent la prise de butins. Des oeuvres d'art grecques se retrouvaient exposées comme trophées à Rome. L'arrivée d'architectes, d'intellectuels et d'artisans grecs dans la capitale accéléra un peu plus l'hellénisation romaine.Il règne donc au moment de la construction de ces temples un climat de « grécomanie » intense à Rome.

Quel est l'intérêt de ces temples ? Quelle fonction avaient ils ? Étaient-ils attribués à une divinité ? Enfin, comment s'inscrivent-ils dans l'histoire du temple ?Présentation du plan.

I) Description

Le largo Argentina, localisation et historique :Le largo Argentina est une zone sacrée du champ de Mars. À l'époque républicaine, le champs de mars n'est pas intégré dans la ville. Il est à l'extérieur des murailles serviennes. César avait pour projet de faire une « grande Rome » et donc de relier le champs de Mars directement avec la ville. C'est finalement Auguste qui le reliera. Le champs de Mars est célèbre pour sa grandeur et le luxe de ses monuments. Il était décoré de nombreux jardins. Il

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était « digne des cités hellénistiques les plus riches et les plus raffinées ».La zone sacrée du largo argentina se trouvait dans la zone entre la via Florida, les Via S. Nicol dei Cesarini, Torre Argentina et le largo argentina. Elle est délimitée au Nord par l'Hecatostylum (portique de 100 colonnes) et les thermes d'Agrippa ; au Sud par les édifices en relation avec le circus Flaminius ; à l'ouest par l'ensemble des portiques et du théâtre de Pompée ; à l'est par une grande place à portique, le Porticus Minucia Frumentaria.

L'histoire de l'ensemble cultuel du cette zone sacrée est compliquée. Les fouilles n'ont pas été faites de manière très scientifique. La stratigraphie par exemple ne fut pas prise en compte. Cependant, on peut tout de même remarquer quelques phases :

Les édifices les plus anciens reposent sur le sol naturel (I).Le temple C était séparé du temple A par un vaste espace. C'était deux constructions autonomes. L'espace sera plus tard comblé par la construction du temple B. Des places furent créées plus tardivement devant les temples. Elles étaient surélevées de plusieurs gradins par rapport au sol. Les autels s'y dressaient au centre.A la suite d'un incendie, l'espace subit des transformations totales. La zone fut surélevée d'environ un mètre quarante. C'est que l'on appellera le sol (II). Un dallage en tuf fut alors mis en place. Le dallage unifiait les trois temples existants en un seul ensemble. Le tout était peut être entouré d'un portique à colonnes dont il reste des traces sur les côtés Nord et Ouest. Le nouveau pavement coupait les podiums des temples à mi-hauteur. A ce moment, le temple D fut agrandi sous sa forme actuelle et fut revêtu de travertin.Cela eut peut être lieu après l'incendie de 111 qui détruisit une grande partie de la ville.

Sur le nouveau dallage, dans l'espace vide entre A et C, fut construit le temple B.

les temples :

– temple B :localisation :Le temple B est donc construit entre le A et le C. La curie de Pompée bordait le temple B. César fut assassiné dans cette Curie en 44 apr. J.-C.

Datation :La datation du dallage est importante pour l'identification des divinités auxquelles les temples étaient dédiés. Une inscription de l'autel placé devant le temple C daterait du consul de 151 et il est recouvert de tuf comme le dallage. On peut donc supposer que le dallage et l'unification de l'ensemble et donc aussi la construction du temple b sont postérieurs à cette date. Ils datent donc de la fin du second siècle avt J.-C. C'est donc le temple le plus récent.

Description :Il est circulaire. Il possède un pronaos rectangulaire (vestibule ou entrée du temple). Son plan est périptère (Le périptère a six colonnes à chaque façade, antérieure et postérieure, et onze de chaque côté, y compris celles des angles.). Il repose sur un podium. Il est construit en opus caementicium. L' opus caementicium est composé d'un mélange de chaux et de sable qui sert de ciment à des éclats de pierre disposés régulièrement à l'intérieur du coffrage. Cette structure en béton peut recevoir un parement. Ici, des petits éléments en tuf sont taillés et liés au béton. Le tuf vient des carrières du Latium.

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La façade du podium comporte un escalier en travertin et des colonnes corinthiennes en tuf de l'Aniene (un tuf rouge d'une rivière du Latium). Les bases et les chapiteaux sont en travertin. Le travertin est une pierre calcaire et noble extraite des carrières du Tibur (Tivoli). Il y a des traces de stuc sur ces colonnes de tuf. Les chapiteaux sont corinthiens dans un style peu évolué.

Il subit différentes modifications.A l'origine, le pronaos était plus étroit et la cella plus petite à l'intérieur de la colonnade.Le podium est élargi au premier siècle av. J.-C. par une enveloppe concentrique. L'entrecolonnement fut fermé avec des murs en plaques de tuf. Les colonnes ont donc l'air de pilastres. La cella fut plusieurs fois agrandie. Dans un second temps, la façade externe fut complétement fermée par un mur en brique recouvert d'enduit. Sur l'enduit étaient appliqués des pilastres de stuc en correspondance avec les colonnes anciennes. Le podium fut encore une fois agrandi. Cette reconstruction de fit sûrement après l'incendie de 80 ap. J.-C.

Un fragment de frise en marbre grec fut découvert. Il porte un décor de rinceaux (motif d'arabesques, de feuilles ou de fleurs) et pourrait appartenir à la partie haute du temple.

Quatre fragments d'une statue féminine colossale ont été retrouvés entre le temple B et C : deux bras, une tête et des pieds collés. La tête et le cou mesurent 1,46 m ! Elle est faite en marbre grec. Les parties vêtues étaient peut être métalliques. Ce serait dans ce cas un acrolithe (statue de l'Antiquité généralement en bois, en ronde bosse et dont les parties vestimentaires étaient en pierre ou métal). Aujourd'hui, elle est conservée dans les musées du Capitole.

– temple D :

Location :Il occupe l'extrémité méridionale (du côté sud) de la zone.

Datation :Il date surement du deuxième siècle av. J.-C. pour sa phase la plus ancienne.

Description : C'est le plus grand. Le plan est une grande cella rectangulaire précédé d'un pronaos qui serait hexastyle (six colonnes en façade). Il est élevé sur un podium. Des marches permettent d'accéder au pronaos. Cependant, une partie seulement du temple a été mis à jour. Le reste est engagé sous la rue moderne.Le temple serait en opus caementicium, refait en travertin au premier siècle av. J.-C. Le podium est en travertin.

II) Attributions des temples :

Qu'est ce qu'un temple ?

Dans son sens primitif, un temple est un quadrilatère sans construction. C'est un espace imaginaire inauguré par la parole des augures selon le rite de l'effatio : l'augure traçait avec sa baguette (lituus) un espace où il prendra les auspices (étudier vol oiseaux). Les limites sont parfois matérialisées. C'est ainsi qu'étaient les temples les plus anciens.

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Le temple c'est aussi tout édifice consacré par un augure. Dans ce sens, la curie est un temple puisqu'elle fut consacré par un augure. Certains temples ne sont donc pas dédiés à des divinités. Enfin, le temple peut être un édifice religieux dédié à une divinité.

Quant est-il des temples B et D ?Comme on l'a vu dans l'introduction, les temples ont été nommés par des lettres. Cependant,

plusieurs interprétations ont été proposées par les historiens de l'art

Attribution du temple B :P. Boyancé attribue le temple B à Fortuna Huiusce Diei (la fortune de ce jour). Il aurait été édifié à la suite de la victoire de Vercelli sur les Cimbres par Q. Lutatius Catulus. Q. Lutatius Catulus était un général romain. Les Cimbres, les Teutons et les Ambrons, peuples germaniques étaient entrés en Italie par le Nord. Les Cimbres avaient battus les romains à plusieurs reprises avant d'être écrasés définitivement pendant la bataille de Verceil le 30 juillet 101 av. J.-C. L'archéologue italien, Filippo Coarelli soutient cette théorie. La statue retrouvée représenterait donc la Fortune.Le culte de la fortune : Fortuna est une déesse antique romaine qui distribue ses bienfaits au hasard. Elle correspond à la déesse grecque Tyché, protectrice des cités. C'est avant tout une figure allégorique. Le mythe de la Fortune est ancien. Comme tous les mythes, il connait différentes versions. Ici, elle aurait la capacité de faire ou défaire la fortune en une seule journée. La Fortune serait une déesse-mère. On la dit parfois nourrice et parfois fille de Jupiter.

Attribution du temple D :En 1968, Filippo Coarelli, archéologue italien montre que l'aera sacra devait être identifié avec la porticus Minucia vetus. À partir de là, il identifie le temple D comme celui des Lares Permarini voué par L.Aemilius Regilus et bâti par son cousin, M. Aemilius Lepidu. L. Aemilius Regilus promit un temple en 190 av. J.-C. lors d'une bataille navale contre les lieutenants d'Antiochus. Il était alors préteur. Le temple aurait été dédicacé par M. Aemilius Lepidu alors qu'il était censeur en 179 av. J.-C.

Il crée sa théorie en partant du pavement en tuf de la zone. À la même époque que ce pavement fut élevé sur le champ de mars un portique de colonnes nommé la Porticus Minutia Vetus. Elle fut édifié par le consul Marcus Minucius Rufus en 107 avt J.C. après son triomphe sur les Scordisques (peuples des Balkans).Il y aurait en fait eu deux Porticus Minuciae : la vetus (l'ancienne) et la frumentaria (celle du blé). Les interprétations quant à leurs emplacements divergent. La porticus Minucia de Minucius Rufus aurait été agrandie, peut être après l'incendie de 80 av. J.-C. Les deux parties du portique dans son nouvel aspect furent dotées des noms de porticus Minucia vetus et de porticus Minucia frumentaria. Pour Coarelli, la frumentaria n'est donc qu'un simple agrandissement de la vetus. Les dons de blé au peuple avait lieu à la Portica Minucia frumentaria.Les dimensions actuelles de la place ne sont que de 116m de longueur sur 58m de largeur. Cette proportion de 1 sur 2 est inhabituelle pour les Porticus. Celle de Metelli/Octavia fait environ 132 sur 119. Elle devait s'étendre plus loin vers l'est. Elle aurait peut être atteint 160m sur 120m. On a quelques restes encore visibles de la colonnade Via delle Botteghe

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Oscure.Le calendrier de Preneste nous apprend que le temple des Lares Permarini se trouvait devant le Porticus Minucia et qu'il fut consacré en 179 av. J.-C. Le seul temple qui semble avoir été édifié au 2e s. av. J.-C. est le D.Le culte des Lares est d'origine étrusque. C'est un culte domestique. Les Lares Permarini protégeaient les marins et leurs temples, dont l'un est connu sur le champ de Mars romain. les Lares permarini sont l’interprétation romaine des Cabires de Samothrace, assimilés à Rome aux Pénates troyens et aux Castores, divinités étroitement associées à la Concordia48.

Point sur la fonction votive des temples :Les deux temples ont donc une fonction votive (ils ont été réalisé après une victoire). La construction de temples votifs sont les actions les plus prisées par les triomphateurs des derniers siècles av. J.-C. Il était d'usage que les généraux victorieux consacrent une partie de leur butin de guerre à bâtir des édifices de Rome. Ces temples commémoraient le plus souvent des triomphes, c'est pourquoi on qualifie ces édifices de « monuments de victoire ». Ils constituaient un support de mémoire important notamment au moment de solliciter le vote des citoyens pendant l'élection des magistrats supérieurs. La plupart étaient construits à proximité du parcours triomphal et notamment dans le sud du Champs de Mars. (le cortège triomphal partait du Champ de Mars, passait près du cirque Flaminius, entrait dans la vile par la Porta Carmentalis, passait par le cirque Maxime, et par la voie sacrée montait au Capitole).La construction de temples votifs daterait des origines de Rome. Romulus aurait voué le temple de Jupiter Stator lors de sa bataille contre les Sabins.Le processus de construction durait souvent plusieurs années entre le voeu formulé sur le champs de bataille et la dédicace du temple. La construction et la dédicace étaient le plus souvent réalisées après un accès à la censure. Le fait de triompher semble avoir été une condition nécessaire pour mener à bien un vœu. Seuls cinq temples ont été construits après le vœu d’un général n’ayant pu accéder au triomphe après sa victoire.

F. Coarelli propose une autre interprétation pour l'ensemble de la zone sacrée. Il remarque que beaucoup des édifices ont un rapport avec l'eau ou avec le blé : Trois des quatre temples sont attribués à des divinités des eaux (Feronia, Juturne et les Lares Permarini). Les thermes d'Agrippa sont proches. L'ensemble des ruines a été identifiée comme les deux Porticus Minuciae. Or c'est là que se passaient les distributions de blé. Tout cela pousse Coarelli à identifier les édifices comme des bureaux administratifs liés à la gestion des aqueducs et à la distribution du blé. Une inscription d'Epagathus confirme l'interprétation. Elle indique que le bureau des eaux se trouvait à côté du sanctuaire de Juturne, le temple A.

III)Particularités des temples :

Quelle place ont les temples B et D dans l'histoire du temple ? Quelles sont leur particularités ?

L'histoire du temple est plus ancienne que celle de tout autre monument. À l'époque où l'Urbs ne connaissait pas encore les basiliques et les théâtres, les temples organisaient les premiers espaces et les premiers itinéraires de la Rome archaïque. C'est d'ailleurs là la première fonction des temples ; organiser l'espace. La légitimité de Rome est directement liée à la présence « physique » des divinités qui la protège. La présence de ces divinités est matérialisée par les temples. C'est pourquoi d'après Tite-Live, Camille imposa à ses

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concitoyens de ne pas quitter la ville après le Sac de Rome par les Gaulois en 390 avt J.C. Camille imposa de rester en plaidant l'impossibilité de quitter le sol consacré aux dieux protecteurs de Rome.

Les premiers temples romains s'inspirent des édifices étrusques. Ils se caractérisent par un plan carré ou rectangulaire. Un socle ou un podium isole l'édifice de son environnement. Un escalier extérieur permet d'y accéder. Le temple domine alors l'espace et se différencie des autres édifices. Une partie est ouverte devant la façade pour permettre à l'augure de prendre les auspices. Le plus souvent, le temple est orienté vers le Sud. Une statue de culte est située dans le fond de la cella.

Le temple D en est un exemple. Il reprend le plan italique traditionnel.

A la fin du IIe siècle, on assiste à un processus d'hellénisation des formes architecturales. Cela s'inscrit dans le contexte des conquêtes romaines en Grèce. Les généraux vainqueurs de l'Orient et de la Grèce trouvent que l'architecture de l'Urbs ne traduit pas assez la puissance et la splendeur par rapport au modèles hellénistiques. Ainsi, l'urbanisme de Rome va totalement se transformer pendant le IIe siècle pour devenir une véritable métropole d'empire et enfin rivaliser avec les capitales des royaumes hellénistiques.

Le temple rond du forum boarium est un bon exemple de cette hellénisation des formes. Il fut construit par des ouvriers grecs et des matériaux grecs dans la première moitié du Ier s. av. J.-C. (donc plus tard que le temple B)/ Il est directement inspiré du « tholos » grec. Il possède une colonnade périphérique et des chapiteaux corinthiens. Son style d'ornementation est très classicisant. C'est le témoignage le mieux conservé d'une véritable transplantation de l'architecture grecque à Rome.

Cependant, l'influence grecque va se mêler aux traditions étrusco-italiques. C'est le triomphe du compromis. Vitruve définit ce concept dans De Architectura (IV, 8, 5). Il nomme cette évolution « tuscanicorum graecorum operum communis ratiocinato ». Cela signifie « système mixte qui procède de pratiques étrusques et grecques ». C'est un mélange équilibré entre les deux traditions qui s'enrichissent mutuellement.Le marbre est abandonné au profit du tuf stuqué et du travertin. Le podium et l'escalier frontal s'impose de nouveau. Les ordonnances s'inspirent surtout de l'art grec. De plus en plus, les temples abritent une statue de culte en marbre, souvent de type acrolithe où seules les extrémités sont en marbre.

Le temple rond B est un très bon exemple de ce compromis. Le temple reprend la forme du « tholos » grec et l'adapte en ajoutant les principes étrusco-italiques. En effet, il abandonne le marbre (seulement pour la frise) au profit du tuf, du stuc (colonnes) et du travertin. Il adopte le plan grec périptère mais possède un porche à fronton (pronaos). C'est une faute selon le canon grec mais cela suit le plan traditionnel italique. Il possède bien un podium et un escalier frontal.

Les romains du IIe siècle avt J.C. ont fait appel à des artistes athéniens. Leur production puisant dans la Grèce ancienne s'appelle le « néo-attique ». Durant cette période, on assiste à une spécialisation des styles en fonction des sujets traités. Pour les statues de culte par exemple, les artistes néo-attiques vont utiliser un style classicisant : le visage est idéalisé pour exprimer la sérénité de la divinité. Il n'y a aucune marque brutale, le visage est lisse,

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apaisé. La tête retrouvée près du temple B s'inscrit dans cette démarche. On peut la rapprocher d'une autre tête caractéristique du néo-atticisme, celle de la Junon du Capitole. Elle date du IIe s. av. J.-C. et elle est conservée aux musées capitolins.

Le temple d'Honos et Virtus (honneur et vertu) est un autre exemple de ce compromis. Vitruve nous apprend qu'il fut commandé par Marius à l'architecture romain Mucius. Ce temple reprend l'architecture ionique mais ne possède pas de colonnade postérieure. Il reprend en fait un schéma italique ancien que l'on appelle le « périptère sans posticum » (Le périptère a six colonnes à chaque façade, antérieure et postérieure, et onze de chaque côté, y compris celles des angles. posticum = vestibule de derrière).

Le temple B préfigure la structure du panthéon par la présence du pronaos en plus du tholos.

Conclusion :Les temples B et D sont deux temples votifs marqueurs de leur époque. Ils intriguent par le le débat qu'ils créent autour de leurs attributions. Ils s'inscrivent dans l'histoire du temple. Le temple B représentant un bon exemple du compromis stylistique entre deux traditions qui marquèrent Rome. Il influencera la structure du Pantheon un siècle plus tard.

Vocabulaire :

Tegula : La tegula était dans l'Antiquité une tuile plate qui servait à couvrir les toits, faite ordinairement d'argile cuite au four, mais aussi, dans certains bâtiments somptueux, de marbre ou de bronze, et quelquefois dorée.

Imbrex : Durant l'Antiquité romaines, tuiles creuses semi-cylindriques qui étaient placées au-dessus des joints des tegulae.

Stylobate : Un Piédestal supportant une colonnade, comportant moulure, base et corniche régnant sur le pourtour d’un édifice.

Antéfixe : est un motif placé sur les toits ou corniches d'un édifice à l'extrémité d'une rangée de tuiles ou d'une partie saillante d'une toiture, par exemple pour orner ou pour masquer. Parfois une fonction de protection pendant l'Antiquité romaine.

Opus signinum : L’opus signinum est un mortier romain imperméable. A parfois une couleur rougeâtre. Employé en revêtement de sol, il peut être parsemé de tesselles polychromes, d’éclats, de plaquettes de marbre.

Hypocauste : système de chauffage.

Praefurnium :désigne la partie des thermes correspondant au système de chauffage de certaines pièces notamment le tepidarium et le caldarium, laconicum (étuve sèche) et sudatorium (étuve humide). Le praefurnum désigne également le foyer lui-même ou le conduit dans lequel on insère le combustible.

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Architrave : est une partie de l'entablement qui porte horizontalement sur les colonnes, dans l'architecture antique et les styles qui s'en inspirent.

Caldarium : est la partie des thermes où l'on peut prendre les bains chauds.

Tepidarium : est la partie des thermes où l'on peut prendre les bains tièdes.

Frigidarium : est la partie des thermes où l'on peut prendre les bains froids.

Tubuli : ce sont des conduits situés dans l'épaisseur des murs des thermes par où la fumée des foyers s'échappent.

Entablement : la partie supérieure de l'ordre antique comprenant : l'architrave, la frise et la corniche.

Opus sectile : est réalisé avec des plaquettes de marbre ou de pierre de couleur, parfois de verre coloré, découpées et assemblées de façon à constituer un dessin souvent figuratif.

Prytanée : est l'équivalent de nos hôtels de ville.

Péristyle :est une galerie de colonnes faisant le tour extérieur ou intérieur d'un édifice, en dehors de son mur d'enceinte.

Opisthodome :L'opisthodome était, dans les temples de l'antiquité grecque, une partie distincte, tout comme le pronaos (ou portique) et le naos (ou sanctuaire). L'opisthodome était placé dans la portion postérieure du temple.

Astragale :L'astragale est une moulure arrondie, sorte d'anneau ou de boudin, séparant le chapiteau de la colonne.

Triclinum :Dans la Rome antique, salle à manger à trois lits, sur chacun desquels se plaçaient trois convives.

Corniche :Une corniche est un couronnement continu en saillie d'une construction.

Larmier : est la partie saillante transversale basse de la charpente d'une corniche, d'un bandeau ou d'un appui de fenêtre en façade qui a pour fonction d'éviter l'infiltration de l'eau de pluie par la cannelure en creux appelée goutte d'eau.

Modillon :est un élément d'architecture qui sert à soutenir une corniche, un avant-toit ou un balcon. Il se différencie du corbeau par le fait qu'il est sculpté.

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Denticule :Les denticules sont des motifs ornementaux très utilisés dans l'architecture grecque classique, l'architecture romaine et l'architecture néoclassique.Les denticules sont formés de découpures rectangulaires pratiqués sur un large listel.

Crépis :Enduit de plâtre ou de mortier, non lissé, dont on revêt un mur

Cavea :édifice dédié à toutes les étapes de la production du vin, depuis l'arrivée du raisin, jusqu'au conditionnement des fûts et des bouteilles,

Orchestra :Dans le théâtre grec antique, l'orchestre est un espace presque toujours en demi-cercle, parfois en cercle complet, comme à Épidaure, Dodone, Érétrie, situé devant la skènè et utilisé pour les évolutions du chœur.

Curie :La Curie Hostilia, la Curie Julia et la curie de Pompée étaient des lieux de réunion du Sénat romain.La curie était une assemblée locale des cités de l'empire romain, dirigée par les décurions.

Odéon :est le nom de divers édifices de la Grèce antique affectés aux exercices de chants, aux représentations musicales, aux concours de poésie et de musique.

Archivolte :Ensemble des ornements, sculptures ou baguettes qui encadrent une arcade en soulignant les contours supérieurs et inférieurs des voussoirs ou claveaux de l'arc.Par extension, ensemble des voussures d'encadrement d'une porte ou d'une baie.

Atlante, caryatide :est une statue de femme souvent vêtue d'une longue tunique, soutenant un entablement sur sa tête, remplaçant ainsi une colonne, un pilier ou un pilastre. Atlante est le masculin.

Balustre :est une colonnette de forme renflée, généralement assemblée à d'autres colonnettes par une tablette à hauteur d'appui.

Bothros :désigne une fosse ou un puits à offrande, souvent présent dans leurs temples.

Diptère :une construction à portique ayant une double rangée de colonnes  Le diptère a huit colonnes de front, tant à la partie antérieure qu'à la partie postérieure.

Atrium :est la pièce centrale de la maison, ouverte au centre du toit pour recueillir les eaux de pluie par le compluvium et laisser entrer la lumière.

Tablinum :est une pièce de l'habitation étrusque puis romaine, située au fond de l'atrium.

Insula :L’insula est le nom donné à l'un des types de logement de la Rome antique.L’habitat à Rome se divise principalement en deux grandes catégories :Les membres des familles appartenant aux milieux dominants possèdent de belles propriétés, les domus.Quant à la seconde grande catégorie d’habitat, l’insula, il s'agit d'une maison à plusieurs étages conçue pour loger plus modestement de nombreuses familles sur de petites superficies.

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Hypostyle :Le terme « hypostyle » vient du grec ancien hupostulos et signifie en « supporté par des colonnes ».

style pompéien :Au XIXe siècle, les fouilles de Pompéi et des sites apparentés d'Herculanum, de Stabies et d'Oplontis mettent à jour un grand nombre de fresques, d'une période qui couvre du IIIe siècle av. J.-C. à l'année 79. L'archéologue allemand August Mau (1840-1909) répartit, en 1882, les peintures pompéiennes selon des catégories formelles et chronologiques, au nombre de quatre, qu'il nomme Style[1].

cubiculum :désigne particulièrement les chambres funéraires dans les catacombes romaines.

palestre :La palestre était, dans la Grèce antique, le lieu où l'on pratiquait la lutte et les autres exercices physiques.

fanum :Un fanum (pluriel fana ou fanums) est la forme typique du temple gallo-romain. Ce type de temple est une évolution des temples celtiques, qui en bois au départ, se sont peu à peu monumentalisés.

acrotère :socle placé sur le fronton et destiné à soutenir des petites statuettes.

opus incertum :(appareil irrégulier) est réalisé avec des petits moellons en pierre de dimension et de forme irrégulières.

opus caementicium :est une maçonnerie faite de mortier et de pierres de toute sorte (déchets de taille par exemple) et qui a l'aspect du béton.

opus reticulatum :est une forme de mur de parement antique romain fait de petits moellons de forme pyramidale (environ 15 cm de côté) en pierre, posés sur un angle. La partie intérieure des moellons était taillée en biseau pour une meilleure insertion dans le mortier.

opus quadratum : est la technique romaine de construction murale qui utilise des blocs de pierre parallélépipédiques (pour le grand appareil de 70 × 40 × 40 cm) en assise horizontale.

opus spicatum :dit aussi « appareil en épi de blé » (du latin spica, épi) — est réalisé avec des briques ou des pierres plates posées inclinées sur la tranche et disposées alternativement en épi : en zig-zag.

mortier de tuileau :Le tuileau est formé de tuiles ou de briques broyées. Il entre dans la composition du mortier antique romain dit mortier au tuileau.

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doucine :est une moulure formée de deux arcs de cercle, un convexe superposé un arc concave. Aussi appelé "talon".

scotie :est une moulure semi-ovale concave se trouvant au pied d’un fut de colonne et formée de deux portions de courbe.

listel :Partie lisse d’un fût de colonne occupant l’intervalle des cannelures

tore :En architecture, un tore correspond à une moulure ronde, semi-cylindrique, entourant le pied d'une colonne ou d'un pilier.

temple périptère : temple entouré d'une colonnade.

temple pseudo-périptère : ressemblant à un périptère, à un bâtiment entouré de colonnes, mais il s'agit de semi-colonnes accolées aux murs  

hérôon :est un édifice d'architecture gréco-romaine dédié à un héros ou à une héroïne et construit au-dessus de la tombe ou du cénotaphe de celui-ci

Temple B et D du Largo Argentina

Plan :

Introduction :

– Contexte archéologique de la découverte des temples– Contexte historique de Rome et de son hellénisation

I ) Les temples B et D

– La zone sacrée du Largo Argentina : localisation et historique.– Les temple B : localisation, datation et description architecturale.– Le temple D : localisation, datation et description architecturale.

II) Les problèmes d'attribution des temples.

– Rappel : Qu'est ce qu'un temple ?– L'interprétation de l'historien P. Boyancé quant à l'attribution du temple B.– L'interprétation controversée de l'histoirien F. Coarelli sur l'attribution du temple D.– Point sur la fonction votive des temples.– Interprétation de F. Coarelli sur l'ensemble de la zone sacrée.

III) Quelle place ont le temple B et D dans l'histoire du temple ?

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– Origine du temple– Le temple D : un plan italique traditionnel– Influence grecque : le temple Boarium.– Le temple B est l'exemple du « tuscanicorum graecorum operum communis ratiocinato ».

Conclusion.

Gaëlle LamoureuxAnaïs Guédon

Bibliographie :

Pour les illustrations :

<http://fr.centralemontemartini.org/percorsi/percorsi_per_sale/sala_macchine/area_sacra_di_largo_argentina/statua_colossale_di_divinita_femminile_piedi > (consulté le 15 novembre 2011).

<http://fr.wikipedia.org/wiki/Largo_di_Torre_Argentina >(consulté le 13 novembre 2011).

<http://condor.depaul.edu/sbucking/296A05_over20.htm> (consulté le 18 novembre 2011).

< http://lieuxsacres.canalblog.com/archives/rome_romaine__italie_/index.html > (consulté le 19 novembre 2011).

<http://archive1.village.virginia.edu/spw4s/RomanForum/GoogleEarth/AK_GE/AK_HTML/TS-067.html> (consulté le 20 novembre 2011).

Archéologie :

Filippo Coarelli, guide archéologique de Rome, coll. Hachette, France, nov. 1994, (ISBN 2-01-235428-9).

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Jean-Claude Golvin & Frédéric Lontcho, Rome antique retrouvée, éditions errance, 2008, (ISBN 978-2877723657).

Architecture :

Pierre Gros, L'architecture romaine, les monuments publics, Paris, Picard, 1996, (ISBN   2708405004 ).

Jean Maury & René Percheron, Itinéraires romains, Paris, 1975, (ISBN 2852440210).

John B. Ward Perkins, Architecture Romaine, Éditions Gallimard/ Electa, Milan, 1994, (ISBN 978-2-07-015015-1).

Histoire du temple :

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Jean-Luc Bastien, Les temples votifs de la Rome Républicaine : monumentalisation et célébration des cérémonies du triomphe. <http://www.unicaen.fr/puc/ecrire/ouvrages/roma_illustrata/02roma_illustrata.pdf >(consulté le 15 novembre 2011).

Alain Schnapp (dir.), Préhistoire et antiquité, histoire de l'art, flammarion, Paris, 1997, (ISBN 2-08-010783-6).

Adam Ziolkowski, article, mélanges de l'école française de Rome, Année 1986, volume 98, numéro 98-2. Document en ligne. < http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1986_num_98_2_1516 >(consulté le 15 novembre 2011).

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Introduction générale:Les temples A, B, C et D du Largo Argentina se situent à Rome [préciser], leur étude nous apporte une large compréhension de l'évolution et des influences de l'architecture romaine à partir du III siècles jusqu'au Ier avant JC.En quoi les temples du Largo Argentina sont ils symptomatiques de l'architecture de la 2nd moitié et de la fin de la période républicaine?Dans un premier temps nous ferons un historique de cette période en passant en revue les éléments historiques, politiques et culturels qui ont pu influencer l'architecture romaine et également les découvertes liées plus particulièrement au Largo Argentina. Nous procèderons ensuite à une description et une analyse des temples A et C puis D et B.

Temple B du Largo Argentina

1- Introduction

Le temple B du Largo Argentina date des années 100/90 av JC son commanditaire était Q. Lutatius Catulus il serait dédié à l'aedes fortunae huiusce diei c'est à dire à « la fortune de ce jour ». Il s'agit du temple le plus récent de l'aire sacrée il se situe en deuxième position coté nord. Il est facilement identifiable par son plan rond.

2- Description

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Le temple est constitué d'une cella circulaire de 9, 54m de diamètre et d'une colonnade périphérique sur haut podium de 19,20m on y accédait par un escalier frontal.La colonnade est constitué de 18 colonnes dont la hauteur est de 11m et dont le fût d'un diamètre au minimum d1,10m est en tuf , la base, le chapiteau et la corniche esten travertine, les cannelures du fût sont arrondies en haut et les chapiteaux corinthiens sont taillées en deux pièces. On en sait peu à propos de l'entablement.

3- Analyse

L'influence etrusco italique: Au IV eme av JC siècle Rome est une métropole étrusque très active, cette époque a jouer un rôle tout à fait fondamentale dans l'élaboration des formes architecturales actuelles, les temples de style etrusco italique sont des temples de plan généralement rectangulaire c'est une caractéristique que ne possède pas le temple B du Largo argentina, en revanche il possède un podium que le surélève lui donnant une position privilégiée ainsi qu'une colonnade périphérique corinthienne, il instaure une distance avec le reste de l'aire et lui donne une position dominante. Il est également doté d'une unique entrée par un escalier frontal et axial. La partie anterieur est aussi ouverte du moins jusqu'à une certaine époque (puis remaniement) ce qui permet une vision panoramique. Il n'est pas orienté au sud tout comme les autres temple de l'aire, pour le temple B d'après moi peut être dans un soucis d'homogénéité avec les temples antérieurs, et pour les autres temples peut être en raison de leur alignement et de la présence d'autres bâtiments. On trouve parmi ces caractéristiques la position de la statue de culte située généralement au fond de la cella au somment de l'une des médianes et face à l'entrée axiale, la tête et le bras d'une statue monumentale ont effectivement été retrouvés leur position dans la cella était probablement celle mentionnée ou peut être était elle au centre. La traduction de ces caractéristiques n'est évidemment pas seulement architecturale et esthétique mais surtout liturgique. Le porche à fronton représente une innovation, il ne correspond pas du tout au canon grec mais c'est plutôt logique dans le cadre d'une rangé de temples italiques comme c'est le cas dans l'area sacra du Largo Argentina.

L'hellénisation: C'est caractéristiques etrusco italique vont être concurrencées à partir du II ème siècle av JC par un processus d 'hellénisation de l'architecture, Rome s'hellénise entre autre grâce à la conquête de l'Italie mais aussi par à l'intermédiaire des Étrusques eux même.

Ce processus démarre après la prise de Corinthe en 146 av JC. Les ensembles architecturaux sont jugés moins évocateurs de puissance et de force que les ensembles hellénistiques. La reprise des architectures et les nouvelles constructions deviennent alors un moyen de faire valoir son autorité dans un contexte de rivalité des éléments de la classe dirigeante.On observe une vague de migration des artisans et des architectes grecs, l'exploitation du marbre pentélique passe lui aussi du coté italien.Cependant cette hellénisation soudaine des formes pourrait presque s'apparenter à une acculturation et de ce fait elle finit par s'essouffler et finalement un retour aux formes traditionnelles s'opère. Mais cela ne s'effectue pas par un brusque retour en arrière, on observe plutôt l'aboutissement de ce que Vitruve appel un « style mixte qui procède de pratiques étrusques et grecques ». C'est de cette periode de compromis et d'enrichissement mutuel de deux cultures qu'est issus le temple B du Largo Argentina.C'est après avoir expliqué tout ce processus que l'on peut analyser une autres partie des caractéristiques du temple B.

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Tout d'abord son plan rond directement inspiré des Tholoi grecs comme ceux de Delphes, Epidaurus et Olympie tous du IV ème siècle avant JC, ces structures combinent de manière différente les ordres dorique ionique et corinthien. Les temples sont tous investit de colonnes qui ne sont plus seulement des éléments porteurs, les colonnes rythment l'apparence extérieur et concours à la sacralité du bâtiment. Dans le temple B le tuf et le travertin prennent la place du marbre, le travertin était alors réservé au parties nobles de la modénature, telles que les bases et chapiteaux des colonnes, ainsi que l'entablement.

La rationnalité et la symétrie vitruvienne: En ce qui concerne les normes et les dimensions du temple lui même et sur un autre point de vue qui est celui de Vitruve. Les colonnes du temple B ne s'accordent pas tout à fait avec les standards vitruviens elles sont trop grandes et trop larges, leur hauteur est de onze mètres pour un diamètre minimal de 1,10 m ce qui donne un ratio au plus bas de 11 pour1 alors que ceux de Vitruve sont à 10 pour 1. De même la longueur des colonnes est plus importante que le diamètre de la cella qui est de 9,54 metres. Le diamètre du podium est de 19,20 mètres et sa cella en accord avec les principes vitruviens a été établie à 3 cinquième du diamètre total. Le temple B n'est ainsi pas un parfait model de symétrie et de beauté rationnel tel que le voudrait Vitruve mais il évoque un certain équilibre des formes, la hauteur des colonnes en comparaison au diamètre de la cella devait participer à une impression d 'élancement du bâtiment et à une certaine majesté du temple, on retrouve la encore cette dimension sacré de la colonne. De plus la largeur des colonnes est plus importante que les proportions exigées par Vitruve sont sans doute un élément qui concourait à assoir solidement l'édifice et à ajouté à cette élancement des colonnes une certaine puissance et peut être était ce que recherchait les commanditaires en plus de l'offrande faite au dieu, d'affirmer leur puissance et leur grandeur.

La modénature: La structure du Tholoi combine de manière différente les ordres dorique, ionique ou corinthien, dans chaque cas l'ordre corinthien est confiné aux piliers et colonnes de l'interieur de la cella, cependant pour les temple rond de Rome l'ordre corinthien n'est utilisé que pour les colonnades extérieurs et le temple B ne fait pas exception. L'ordre corinthien stylistiquement représente l'influence de la fin de la période hellénistique une preuve supplémentaire que la situation historique que nous avons établie précédemment. On en sait peu à propos de la forme de l'entablement mais il s'agissait probablement d'un entablement en travertine et d'une frise taillée en marbre pentelic, la corniche aurait pu être ornementée de tête de lions taillées.Pour ce qui est de la base et le couronnement du podium on observe avec l'hellénisation des formes l'introduction d'un élément d'origine grecque et qui est l'usage de la doucine droite que l'on observe sur le podium du temple un temps mais qui sera ensuite normalisé, car cet usage tend à disparaître au profit d'une doucine renversée caractérisée par l'allègement des moulures et l'affinement du listel terminal en position de couronnement. (Images podiums)Les chapiteaux corinthien du temple B représente une interprétation originale des models grecs asiatiques, mais qui présente un intérêt non négligeable pour l'évolution ultérieur du motif. Le redoublement des caulicoles paraît constituer l'aboutissement d'une recherche décorative, ici, la décoration contribue à renforcer la structure porteuse du chapiteau et la verticalité des deux gaines jumelles, soulignées par de profondes cannelures, exprime leur fonction portante. (Image du chapiteau)

Les modification postérieurs: Plus tard peut être à l 'époque de Pompé ou d'Octave le temple

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a subit certaines altérations la principal en sans doute le déplacement des murs de la cella entre les colonnes qui apparaissent alors comme des demi colonnes dans un arrangement pseudo-périptère. La statue de culte est alors déplacée au fond de la cella élargit et le périmètre du podium est élargit avec un anneau additionnel. Au même moment un pronaos à 4 colonnes a été rajouté sur le front. Deux murs latéraux aux extrémités du podium de chaque coté des marches servaient surement de support à des statues. Finalement sans doute à l'époque de Domitian un mur de brique a été construit dans les entrecolonnements dissimulant les colonnes originales.

4- Comparaisons

Le temple rond du forum Boarium: est le mieux préservé des temples corinthiens à Rome du Ier siècle av JC. Aujourd'hui il se trouve dans un petit parc entre le lungotevere et la rue du theatre de Marcel. C'est un édifice grec construit par des ouvriers grecs avec des matériaux grecs. Il est est pourvu d'un crépis à degré, ses colonnes de marbre corinthien se dresse entre la rivière et le parc adossé à un quai. La colonnade périphérique à bases attiques supportent un toit en bois posé directement sur les chapiteaux corinthiens lui donnant l'apparence d'une hutte. Malgré cette apparence, les raffinement des détails et la magnificence de ses matériaux et la beauté du site nous apparaissent aisément. Il est sans doute le temple le mieux conservé dont on dispose et l'indice de plus flagrant de la transplantation de l'architecture grecque à Rome. La différence avec le temple B du Largo Argentina se situe d'abord au niveau de l'entrée, la colonnade ne s'interrompt par pour former un porche d'entré, de plus la toiture du temple est posé directement sur les chapiteaux là ou il y avait probablement un entablement sur le temple B, de plus ces chapiteaux sont soi directement importés ce qui expliquerais la finesse des finitions soi plus fin de part leur réalisation par des artisans grecs. Comme le temple B il est trop grand si on se réfère aux mesures de Vitruve.Le Forum Boarium fut réalisé aux frais d'un commerçant Octavius Herrenus, cela témoigne de l'importance des marchands et de leur rôle central dans la société romaine, les hommes politiques ne sont plus les seuls grands commanditaires, le marchand joue aussi un rôle dans l'implantation de l'hellénisme.

Le temple de Vesta à Trivoli: le temple de Vesta est presque contemporain de celui du forum Boarium il imite les mêmes models mais il c'est adapté au matériaux locaux et à la version locale de l'ordre corinthien. Ici on innove avec les mur en béton de la cella et on remplace les degrés grecs par un podium mouluré. Le temple de Vesta correspond également en tout point au proportion idéal de Vitruve, on pourrais donc considérer que du point de vue de la symétrie il est plus aboutit que le temple B, un exemple les colonnes mesurent 7,10 m pour une cella de 7,10 m de diamètre. Il est composé de 18 colonnes et d'un entablement avec frise décorée de tête de bœuf, de guirlandes, de rosettes et de paterae. Le temple de Vesta est similaire au temple B et comme lui il représente une qualité différente de savoir-faire et de matériaux.

5- Conclusion

Le temple B du Largo argentina s'inscrit dans une période bien établie qui coïncide a la fin d'une hellénisation systématique des formes pour un compromis intelligent entre tradition etrusco italique et raffinement hellénistique.