du Bridge Club de Nancy-Jarville N C N Y N U M É R O … · SOMMAIRE N U M É R O41 ONZIÉME A N N...

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S O MMAIRE 41 N U M É R O ONZIÉME A N N É E 2 0 0 5 Bridge Club de Nancy-Jarville T.S.B. route de Fléville 54140 Jarville-la-Malgrange Tournois de régularité : lundi à 20h00, mardi à 14h30, mercredi et vendredi à 20h30 Téléphone : 03 83 54 19 90 Code BRIDGTEL : EUT http://www.bcnj.fr/ janvier février mars Y N TEX N C S journal gratuit du Bridge Club de Nancy-Jarville @ @ . . . . . . . . . . . . La donne du mois Gérald Masini .............................. 2 Lapin dans la vallée, Ogre dans la purée Florent Langlais ....... 6 Questions pour un champion : Yves Costel ....................... 8 Le squeeze bulgare Marc Giraud ............................... 17 Eros et bridge Martine Cottoni ................................ 20 Concours d’enchères n 40 : résultats Jean-François Kieffer ..... 21 Résultats régionaux .............................................. 26 Concours d’enchères n 41 ....................................... 28 P Y ! Le temps est à la neige pendant que j’écris ces lignes, donc parfaite- ment de circonstance pour vous souhaiter la bonne an- née. Puisse 2005 vous apporter PE et PP en nombre suffisant pour vous permettre d’accéder, enfin, au classement que vous pensez mériter. Ces voeux viennent bien tardivement, tout comme ce numéro, mais j’ai une excuse : j’étais en rogne... na- vré... carrément démotivé. Que je vous raconte : his- toire de perfectionner les développements après une ouverture en mineure, mon partenaire et moi avons modifié notre système, qui a ensuite été dûment en- voyé à la Commission Nationale des Systèmes (CNS) pour validation. Fatalitas ! Plusieurs enchères ont été classées Conventions Inhabituelles (CI). Le verdict n’a rien de choquant en soi, puisqu’il est conforme au règlement, mais certains des arguments sont plu- tôt difficiles à avaler. Par exemple, dans le nouveau système, 1 remplace la réponse de 1SA sur une ou- verture de 1 , afin de faire jouer un éventuel contrat à SA par la main forte, et donc lui faire recevoir l’en- tame. Cette convention est classée CI « parce que ce type d’enchère (ne montrant pas une couleur ou plu- sieurs couleurs de 4 cartes ou plus ou hautement pro- positionnelle de manche) ne doit pas montrer une plage de plus de 4 points H. Ici, la zone est de 5 points. » En effet, j’ai indiqué dans mon envoi que la zone de l’enchère est celle de 1SA naturel, soit 6–10 H. Aïe, 1 point de trop. Reconnaissons que, zo- née à 6–9 H ou 7–10 H, elle perdrait son caractère hautement déstabilisant pour les adversaires. Bien fait pour moi, je n’avais qu’à mieux connaître le règle- ment. Il paraît d’ailleurs que celui-ci va changer la saison prochaine. À croire qu’il serait obsolète ou in- cohérent, mais je ne vois vraiment pas pourquoi... Bon, j’ai menti (un peu) : mes démêlés avec la CNS ne sont pour rien dans le retard, et je ne suis même pas colère non plus. Il fallait bien trouver un prétexte. Blague à part, les résultats des compétitions fédérales disparaissent du sommaire à partir de ce numéro. Il y a deux bonnes raisons à cela : ils avaient fini par mo- nopoliser un trop grand nombre de pages et, surtout, ils sont tous disponibles sur le site internet de la FFB, avec un luxe de détails que je ne peux pas fournir : fré- quences, feuilles de route, etc. Comment, vous n’avez pas internet? Mais vous allez y venir, car il faut bien vivre avec son temps. Alors, en attendant, demandez à l’un de vos amis, ou à votre club. À propos d’inter- net, toujours, le BCNJ s’est enfin offert une adresse à son nom, des plus faciles à mémoriser : www.bcnj.fr. Le comité du club ménage vos méninges ! Pour finir, je vous propose de continuer à faire con- naissance, si besoin est, avec le nouveau Comité de Lorraine : ce mois-ci, le vice- président, Paul Buchou, bien connu au demeurant pour sa jovialité et ses talents de joueur. Je ne vous cache pas que l’af- faire n’est pas tout à fait désin- téressée. Ayant publié la photo du président à la une du numéro 40, je ne voudrais pas m’attirer la rancune du deuxième person- nage du Comité en n’en faisant pas autant pour lui. J’en ai profité pour insérer habilement un compliment bien tourné ; on n’est jamais trop prudent !... Allez, à la prochaine, dans un peu plus de trois mois, si tout va bien. D’ici là, n’abusez pas des conventions inhabituelles. C’est mauvais pour la santé, j’ai testé pour vous... Gérald Masini

Transcript of du Bridge Club de Nancy-Jarville N C N Y N U M É R O … · SOMMAIRE N U M É R O41 ONZIÉME A N N...

SOMMAIRE

41N U M É R O

ONZIÉMEA N N É E

2 0 0 5

Bridge Club de Nancy-Jarville T.S.B. route de Fléville 54140 Jarville-la-MalgrangeTournois de régularité : lundi à 20h00, mardi à 14h30, mercredi et vendredi à 20h30

Téléphone : 03 83 54 19 90 Code BRIDGTEL : EUT http://www.bcnj.fr/

janvier février mars

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journal gratuitdu Bridge Clubde Nancy-Jarville

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La donne du mois ✑ Gérald Masini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2Lapin dans la vallée, Ogre dans la purée ✑ Florent Langlais . . . . . . . 6Questions pour un champion : Yves Costel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Le squeeze bulgare ✑ Marc Giraud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17Eros et bridge ✑ Martine Cottoni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20Concours d’enchères n

�40 : résultats ✑ Jean-François Kieffer . . . . . 21

Résultats régionaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26Concours d’enchères n

�41 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

PY !Le temps est à la neigependant que j’écris ceslignes, donc parfaite-

ment de circonstance pour vous souhaiter la bonne an-née. Puisse 2005 vous apporter PE et PP en nombresuffisant pour vous permettre d’accéder, enfin, auclassement que vous pensez mériter.

Ces vœux viennent bien tardivement, tout comme cenuméro, mais j’ai une excuse : j’étais en rogne... na-vré... carrément démotivé. Que je vous raconte : his-toire de perfectionner les développements après uneouverture en mineure, mon partenaire et moi avonsmodifié notre système, qui a ensuite été dûment en-voyé à la Commission Nationale des Systèmes (CNS)pour validation. Fatalitas ! Plusieurs enchères ont étéclassées Conventions Inhabituelles (CI). Le verdictn’a rien de choquant en soi, puisqu’il est conformeau règlement, mais certains des arguments sont plu-tôt difficiles à avaler. Par exemple, dans le nouveausystème, 1

�remplace la réponse de 1SA sur une ou-

verture de 1 � , afin de faire jouer un éventuel contratà SA par la main forte, et donc lui faire recevoir l’en-tame. Cette convention est classée CI « parce que cetype d’enchère (ne montrant pas une couleur ou plu-sieurs couleurs de 4 cartes ou plus ou hautement pro-positionnelle de manche) ne doit pas montrer uneplage de plus de 4 points H. Ici, la zone est de 5points. » En effet, j’ai indiqué dans mon envoi quela zone de l’enchère est celle de 1SA naturel, soit6–10 H. Aïe, 1 point de trop. Reconnaissons que, zo-née à 6–9 H ou 7–10 H, elle perdrait son caractèrehautement déstabilisant pour les adversaires. Bien faitpour moi, je n’avais qu’à mieux connaître le règle-ment. Il paraît d’ailleurs que celui-ci va changer lasaison prochaine. À croire qu’il serait obsolète ou in-cohérent, mais je ne vois vraiment pas pourquoi...

Bon, j’ai menti (un peu) : mes démêlés avec la CNSne sont pour rien dans le retard, et je ne suis mêmepas colère non plus. Il fallait bien trouver un prétexte.Blague à part, les résultats des compétitions fédéralesdisparaissent du sommaire à partir de ce numéro. Il ya deux bonnes raisons à cela : ils avaient fini par mo-nopoliser un trop grand nombre de pages et, surtout,ils sont tous disponibles sur le site internet de la FFB,avec un luxe de détails que je ne peux pas fournir : fré-quences, feuilles de route, etc. Comment, vous n’avezpas internet? Mais vous allez y venir, car il faut bienvivre avec son temps. Alors, en attendant, demandezà l’un de vos amis, ou à votre club. À propos d’inter-net, toujours, le BCNJ s’est enfin offert une adresse àson nom, des plus faciles à mémoriser : www.bcnj.fr.Le comité du club ménage vos méninges !Pour finir, je vous propose de continuer à faire con-naissance, si besoin est, avec le nouveau Comité de

Lorraine : ce mois-ci, le vice-président, Paul Buchou, bienconnu au demeurant pour sajovialité et ses talents de joueur.Je ne vous cache pas que l’af-faire n’est pas tout à fait désin-téressée. Ayant publié la photodu président à la une du numéro40, je ne voudrais pas m’attirerla rancune du deuxième person-

nage du Comité en n’en faisant pas autant pour lui.J’en ai profité pour insérer habilement un complimentbien tourné ; on n’est jamais trop prudent !...

Allez, à la prochaine, dans un peu plus de trois mois,si tout va bien. D’ici là, n’abusez pas des conventionsinhabituelles. C’est mauvais pour la santé, j’ai testépour vous...

Gérald Masini

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LA DONNEDU MOIS

GERALD MASINI�

A D 8 2�A R 7 6 4�A D V�9

N

S

EO

�R V 9 4�10�10 9 8 7 3�V 8 7

E S O NSteve Weinstein Shaolin Sun Bobby Levin Li Xin

– 1 � � –1�

– 4 � –4 � – 4SA –5 � – 6

�fin

Sud ayant entamé le 6 de Pique pour le 2 dumort et le 3 d’Est, vous remportez la levée avecle 9. Comment allez-vous essayer de gagner cepetit chelem?

AVEC L’AS DE TRÈFLE à perdre, l’im-passe à Carreau est condamnée à réus-sir. Ceci posé, il paraît raisonnable de ba-

ser la ligne de jeu sur l’affranchissement d’unedes couleurs rouges. Si vous choisissez Carreau(en négligeant le partage rédhibitoire 5-0), il nefaut pas oublier de couper un Trèfle au mort :Roi de Pique, Carreau pour le Valet qui tient et9 de Trèfle. La défense prend et rejoue Trèfle,par exemple. Vous coupez au mort avec la Damede Pique, et vous continuez par Pique pour le Va-let, Carreau pour la Dame, As de Carreau, Roide Cœur en jetant un Trèfle de la main, et Cœurcoupé avec le dernier atout de la main pour finiravec les deux Carreaux affranchis. Ce plan est ce-pendant voué à l’échec si l’un des flancs détientquatre Piques accompagnés d’au plus deux Car-reaux, car vous ne pouvez plus débloquer l’Asde Carreau avant de purger les atouts. Et commel’atout est votre seule moyen de revenir en mainpour accéder aux Carreaux maîtres...

Si vous choisissez de jouer sur l’affranchisse-ment des Cœurs, en mort inversé, il vous fautcommencer par couper un Cœur. Les Carreauxservent alors de remontée au mort, pour éviterde raccourcir ce dernier à l’atout : As de Cœur,Cœur coupé en main, Carreau pour le Valet,Cœur coupé du Roi (la couleur est affranchie si

elle est partagée 4-2 ou 3-3), puis Valet dePique et Pique pour purger les atouts en termi-nant au mort. Vous rendrez le 9 de Trèfle à lafin. Cette solution paraît intuitivement meilleure,puisqu’elle permet de gagner avec les atouts 4-1,et elle a d’ailleurs la faveur des probabilités.

La donne est tirée du 13 tour de la phase éli-minatoire des Olympiades d’Istanbul. Au coursdu match USA – Chine du groupe B du 4 open,Steve Weinstein a d’abord joué Carreau pour laDame, au lieu de couper un Cœur. Comme la dis-tribution des quatre jeux (tournés de 90°) ne luiétait pas favorable, il a chuté d’une levée :

�10 7 5 3�V 5 2�5 4�D 6 4 3�

A D 8 2�A R 7 6 4�A D V�9

N

S

EO

�R V 9 4�10�10 9 8 7 3�V 8 7

�6�D 9 8 3�R 6 2�A R 10 5 2

Notez que l’entame de l’As de Trèfle, suivie d’unsecond tour de la couleur ou d’un tour de Car-reau, qui prive le mort d’une rentrée vitale, batirrémédiablement le contrat pour les raisons ex-pliquées précédemment.

REVENONS AUX OLYMPIADES, pro-grammées du 23 octobre au 6 novembre,soit à peine quatre mois après les Cham-

pionnats d’Europe de Malmö, sans réelle inci-dence sur leur succès. En open, 72 équipes avec,pour la première fois, la Bosnie, la Géorgie etle Costa Rica, étaient réparties en quatre poulesde 18. Les quatre premières de chaque pouledisputaient la phase finale, en quatre tours parK.-O. Et le gagnant est... l’Italie. (c’est le re-frain !) Déjà tenante du titre, l’équipe Lavazza(Norberto Bocchi, Giorgio Duboin, Fulvio Fan-toni, Lorenzo Lauria, Claudio Nunes et AlfredoVersace) a battu en finale l’Orange Team desPays-Bas, de retour au premier plan mondial, lebronze revenant à la Russie. Grâce à cette per-formance, Lorenzo Lauria, Giorgio Duboin, Al-fredo Versace et Norberto Bocchi prennent, dansl’ordre, les quatre premières places du classe-ment mondial, devant Bob Hamman, qui était nu-méro 1 sans discontinuer depuis 1985.

Le premier tour de la phase finale (autrement ditles huitièmes de finale) semble avoir été celui de

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tous les dangers, puisqu’il vit la Suède, secondeà Malmö, se faire sortir par une surprenanteéquipe d’Irlande, l’Angleterre avec les jumeauxHackett (qui terminèrent pourtant en tête du clas-sement Butler) par le Pakistan, et la France parla Hongrie, nous allons y revenir. C’est égale-ment pendant ce tour que les Italiens disputèrentleur match le plus difficile, contre une équipeaméricaine emmenée par Zia Mahmood, toujoursen quête d’un titre mondial. Il fallut attendreles toutes dernières donnes pour que les joueurstransalpins arrachent la victoire, de 8 IMP, pre-nant ainsi leur revanche de la Bermuda Bowl, oùils avaient laissé le titre aux USA pour 1 IMP,dans les dramatiques conditions que l’on sait .La Corée du Sud participait pour la premièrefois à l’épreuve réservée aux dames, qui comp-tait 43 équipes réparties en deux poules. Commeen open, 16 équipes (les 8 premières de chaquepoule) étaient qualifiées pour la phase suivante.Mais, contrairement à l’open, la Russie (OlgaGalaktionova, Victoria Gromova, Natalia Kar-penko, Maria Lebedova, Tatiana Ponomareva etIrina Vasilkova) créa la surprise en battant lesUSA en finale, à l’issue d’un match très dis-puté, terminé sur le score de 271 à 259, soitune moyenne de 5,5 IMP échangés par donne.Les joueuses russes ont bien mérité leur victoirepuisque, pour en arriver là, elles ont dû se débar-rasser successivement de l’Allemagne (en hui-tième de finale), des Pays-Bas (en quart de finale)et de l’Angleterre (en demi-finale), soit la finefleur du bridge féminin mondial. Les Anglaisesse sont consolées en prenant la troisième place.L’épreuve des seniors se jouait en une phaseunique, un round robin au cours duquel cha-cune des 29 équipes engagées rencontrait unefois toutes les autres. Au final, l’or, l’argent et lebronze revinrent respectivement aux USA, omni-présents, aux Pays-Bas et à l’Allemagne.Et les Français dans tout cela ? Absents du pal-marès des trois grandes épreuves, ils n’ont guèredonné d’occasions de vibrer à leurs supporters.En open, désireux de faire oublier leur contre-performance de Malmö � , Franck Multon, Jean-Jacques Palau, Jean-Christophe Quantin, JérômeRombaut, Lionel Sebbane et Laurent Thuillezprirent la tête de la poule D dès le sixième tour,�

Voir le numéro 38.� �Voir le numéro 40, avec l’interview de Lionel Sebbane.

pour ne plus la quitter. Pour les funestes hui-tièmes de finale déjà évoqués, ils choisirent derencontrer la Hongrie, comme ils en avaient ga-gné le droit. Hélas, suite à une prestation en des-sous de leur valeur, les quatre « anciens » per-dirent le match à la dernière donne, en empaillantun grand chelem avec tous les As et tous les Rois.

Les dames, Danielle Allouche, Véronique Bes-sis, Bénédicte Cronier, Catherine d’Ovidio,Christine Lustin et Sylvie Willard terminèrent se-condes de leur poule, apparemment sans forcer,puis laminèrent la Grèce 186 à 96 pour commen-cer la phase finale. Leur parcours prit cependantfin au tour suivant, contre les Anglaises, au termed’un match dramatique — comme à l’habitude,serait-on tenté de dire — où, abordant le derniersegment de 16 donnes avec 41 IMP d’avance,elles en concédèrent 53 pour s’incliner 90 à 102.

Quant aux seniors, Paul Chemla, José Damiani(président de la Fédération Internationale deBridge), Albert Faigenbaum, Christian Mari,Jean-Louis Stoppa et François Stretz, ils furentlongtemps relégués aux alentours de la 8 place,par suite d’un début très médiocre. Ayant réussià remonter à la 3 place pour le dernier match, ilsne marquèrent cependant pas suffisamment pourla conserver, terminant 4 �� , à 3 PV seulement del’Allemagne.

L’histoire semble se répéter à chaque champion-nat. Il serait temps de faire quelque chose pourvaincre le signe indien, d’une manière ou d’uneautre. Notre seule et maigre satisfaction vient del’épreuve transnationale par 4 mixte, avec deuxéquipes à base française en demi-finale, Allix etAuken, malheureusement opposées. Au bout ducompte, Sabine Auken, Paul Chemla, Zia Mah-mood, et Catherine d’Ovidio se qualifièrent pourla finale, qu’ils remportèrent facilement, 173 à82, contre les Bulgares de l’équipe Batov.

Enfin, parallèlement aux Olympiades avaient lieules 2 �� Championnats du Monde Universitaires,remportés par la Pologne, devant la Belgique etles USA. Là encore, l’équipe de France (Olivieret Thomas Bessis, Julien Gaviard, Paul Segui-neau, Godefroy de Tessières et Adrien Vinay) dé-çoit, se classant 6 des 15 équipes présentes.

Ces Olympiades confirment, s’il le fallait,l’écrasante supériorité actuelle de l’Italie enopen. Elles marquent par ailleurs l’émergence

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d’équipes sur lesquelles il va sans doute fal-loir compter à l’avenir, telles que la Russie etles Pays-Bas, qui décrochent chacune deux po-diums. La fédération néerlandaise trouve ainsi lajuste récompense de la politique d’entraînementrigoureuse et ambitieuse qu’elle a mise en placeces dernières années (songez que deux joueursseulement de l’équipe de Malmö, Jan Jansma etLouk Verhees, avaient été sélectionnés pour cesOlympiades). Il faudra également surveiller laTurquie, présente en huitième de finale en opencomme en dames, et l’Égypte, dont les presta-tions ont été remarquées. La Pologne et surtoutde la Norvège accusent une nette baisse de ré-gime en open, ni l’une ni l’autre n’ayant passéles poules.Par ailleurs, le feuilleton de l’olympisme sembletout près de sa conclusion. En effet, les fédéra-tions des quatre grands jeux de l’esprit, bridge,go, échecs et jeu de dame, se sont associéespour obtenir le soutien du Comité InternationalOlympique dans la création de Jeux « Intellym-piques », qui pourraient devenir une réalité dèsles Jeux Olympiques d’Hiver de Turin, en 2006.En attendant, rendez-vous aux prochains mon-diaux à Vérone, du 9 au 24 juin 2005, avec, entreautres, la Rosenblum Cup (4 open) et la McCon-nell Cup (4 dames). Pour la première fois, toutesles épreuves seront transnationales.

UN PEU DE BRIDGE, quand même,pour finir. Les coups particulièrementbrillants sont si nombreux dans les bul-

letins quotidiens qu’ils donnent l’impression,sans doute à tort, que le niveau de jeu a été bienau-dessus de celui de Malmö. En voici quatreexemples, choisis parmi les plus faciles.

ENCHÈRE (open, 1/8 de finale)Match USA – Italie, donne 22, EO / E�

9 8 6 5 3 2����

A 6 2� A 10 7 2

E S O NBobby Alfredo Steve LorenzoLevin Versace Weinstein Lauria

1 � 1�

– 2 �2 � ?

À ce niveau, l’agressivité ne doit pas vous man-quer si vous voulez avoir une chance de fairebonne figure. Vous n’auriez pas dit 1 � ? En toutcas, dans l’autre salle, Zia Mahmood ne s’enest pas privé non plus, histoire de se positionnerimmédiatement, la vulnérabilité étant favorable.

Maintenant, bien que pauvre en points H et sansqualité à Pique, votre main reste intéressante,avec un fit quatrième par l’As, une chicane dansla couleur adverse et l’As de la couleur non nom-mée. Il ne s’agit pas d’empailler et le partenairepeut avoir de la réserve, alors autant lui indiquertout ça par un splinter :

E S O N1 � 1

�– 2 �

2 � 4 � � ���– 4SA – 6 �

Alfredo Versace ne se trouve guère impressionnéquand le surcontre lui apprend que son parte-naire détient l’As de Cœur, dans sa chicane. Despoints perdus, certes, mais qui lui apportent ladéfausse d’un Carreau. Et il n’en faut pas pluspour convaincre Lorenzo Lauria que le chelemest sur table, à juste raison :�

4�A 9 8�R 7 5�R V 9 8 6 3�

R V 10�6 3 2�10 9 8 4 3�5 4

N

S

EO

�A D 7�R D V 10 7 5 4�D V�D

�9 8 6 5 3 2����A 6 2�A 10 7 2

Dans l’autre salle, Norberto Bocchi, en Est, a ditnon pas 2 � mais 3 � , privant ainsi Zia Mahmood,en Sud, de la possibilité de faire un splinter. Cedernier s’est contenté de 5 � , contrat final, qui va-lut à l’Italie d’encaisser 11 IMP sur le coup.

ENTAME (open, tour 15 du round robin)Match Angleterre – Pologne, donne 2, NS / E�

R V 10 8 3 2� A V 5�

10 8 6� 9

E S O NDavid Apolinary Tom PiotrGold Kowalski Townsend Tuszynski

1 � 2�

3�

–3SA – – –

Avec une reprise de main sûre à Cœur, l’entameà Pique vient bien. Les adversaires n’ayant pascherché mieux que la manche, le partenaire de-vrait avoir aussi de quoi reprendre la main etpourra peut-être rejouer Pique quand vous au-rez encore l’As de Cœur. Mais l’entame peut trèsbien livrer la levée qui manque au déclarant, ousimplement faire perdre un temps à la défense,

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auxquels cas il vaut mieux essayer d’entamerpour le partenaire. Impossible de savoir en l’oc-currence, mais n’ayez pas peur de vous fier àvotre intuition. Si le partenaire vous en tient ri-gueur, changez-en ! Apolinary Kowalski, lui, achoisi d’entamer l’As de Cœur, suivi du Valet :�

7 5 4�D 7 6 4 3�R 7 3�V 7�

A 6�10 9�A 9 5 4�R D 10 6 2

N

S

EO

�D 9�R 8 2�D V 2�A 8 5 4 3

�R V 10 8 3 2�A V 5�10 8 6�9

Bien joué puisque, sur toute autre entame, le dé-clarant a le temps d’affranchir sa neuvième levéeà Carreau. Une de chute, heureusement pour lesPolonais, car, dans l’autre salle, Est jouait 5 � ,sans aucune chance telles que sont les cartes.

FLANC (open, 1/4 de finale)Match Pakistan – Italie, donne 3, EO / S

�A D 10 8 4�D 7 4 3�9 8 3�5

N

S

EO

�7 3 2�R V 5�7 5 4�R V 10 6

S O N EKemal Shoaib Alfredo Versace Kursheed Hadi Lorenzo Lauria

– – 1 � –2 � � ��� –– 2

�2SA –

3SA – – –

Est ayant entamé le Valet de Pique (sans doutesecond), quel est votre plan de jeu en défense?

Si vous vous contentez de fournir paresseuse-ment le 4 de Pique, Nord va retenir son Roi pourcouper vos communications et, dépourvu de re-prise de main, vous ne pourrez exploiter les le-vées affranchies par un deuxième tour de la cou-leur. Autant alors essayer de faire faire des levéesau partenaire et, comme Alfredo Versace, met-tez la Dame au premier tour. Nord ne peut pasprendre, car il laisserait ouverte la communica-

tion avec votre partenaire. Profitez-en alors pourtraverser les Carreaux du déclarant, que vouspourrez traverser à nouveau en reprenant la mainà l’As de Pique. Le jeu de Nord :�

R 9 6 � A 8 6�

A D 10 � A D 7 4

Dans l’autre salle, au même contrat, après deuxtours de Pique et quatre tours de Trèfle, Est s’estd’abord fait remettre en main à Carreau : sansPique ni Trèfle, il a dû rejouer le 10 de Cœur,pour le Valet, la Dame, et l’As du déclarant. Ils’est ensuite retrouvé une seconde fois en main àCœur, pour livrer la neuvième levée à Carreau.

JEU AVEC LE MORT (open, 1/8 de finale)Match USA – Italie, donne 10, T / E

�( V 9 6 )�6 4 2�A ( V 9 ) 5�D 8 6�

( 10 7 3 )�( A ) D ( 10 ) 5 3�2�R V 7 3

N

S

EO

�( A R 8 ) 5�R 9 8�( D 10 ) 8�10 9 4

�( D 4 2 )�V 7�( R 7 ) 6 4 3�A 5 2

Ce coup témoigne du grand talent des joueurs ita-liens et on ne peut pas vraiment prétendre qu’ilest facile, même à quatre jeux. Prenez la place deNorberto Bocchi, en Est, et essayez de gagner 4 �sur l’entame du 3 de Carreau. Vous avez quatreperdantes, deux Trèfles, un Carreau et un Pique...

Nord prend l’entame de l’As et rejoue atout pourle mort. Vous revenez en main par le Roi d’atoutet laissez courir le 9 de Trèfle. Nord encaisse laDame et rejoue encore atout. Vous faites alorssauter l’As de Trèfle de Sud, qui rejoue la cou-leur. Ayant encaissé vos deux Trèfles en écartantun Pique du mort, vous tirez l’As de Cœur (situa-tion en gras) en écartant un nouveau Pique. Nordne peut pas jeter un Carreau, sinon vous pourrezexpasser le Roi de Sud. Il jette donc un Pique,et Sud doit jeter un Carreau car, s’il jette aussiun Pique, le 10 du mort s’affranchit. Vous n’avezplus qu’à revenir en main à l’As de Pique pourcouper un Carreau, le Roi de Pique permettantd’aller chercher la Dame affranchie. Un superbesqueeze à l’atout, que la défense peut toutefoisannihiler en donnant un tour de Pique.

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GRE

DANS LA

PURee

LAPIN DANSLA VALLEE

L A

P I

N

L A

P I N

,

FLORENT LANGLAISL e Lapin était d’humeur maus-sade en arrivant au Club des Griffons. In-

quiet de ne pas le voir guilleret comme àl’accoutumée, je l’interrogeai sur les raisonsde sa sinistre figure. Il m’expliqua que, lematin même, il avait consulté son horoscopesino-tibétain astro-solaire, formulé en ces termesabscons : « couvrez-vous dans la vallée car il

n’est pas d’honneurs sanshonneur. » Qu’est-ce quecela pouvait bien signi-fier ? Était-ce simplementune mise en garde ou,pire, une menace?

Je ne compris pas toutà fait, mais je mesurail’étendue de son mal-être

lorsqu’il me confia avoir pris seulement quinzebiscuits au chocolat arrosés de deux bouteilles deGevrey Chambertin en guise de petit-déjeuner.Je m’inquiétai véritablement lorsqu’il ajouta, enpointant son long museau vers deux Griffons quipéroraient non loin de nous : « De surcroît, ce fatde Colin et cet obtus de Serpentaire m’exaspèrentau plus haut point. »

C olin le Corgi n’était effectivement guèreapprécié au club : c’était certes un bon

joueur, mais il était jeune et arrogant. Ses quoli-bets incessants avaient le don d’exaspérer n’im-porte quel stoïcien. Concernant le SerpentaireStricte, professeur émérite de bio-sophistrie,c’était pire : on l’abhorrait carrément, pour autantde raisons plus fondées les unes que les autres. Sile Lapin ignorait habituellement les sarcasmes del’un et de l’autre, et gardait sa bienveillance na-turelle, il semblait curieusement très affecté parleur présence aujourd’hui.

L’Ogre Obèse était également là, et c’est logi-quement qu’il s’associa au Lapin pour une partie

libre, tandis que le Ser-pentaire s’asseyait enface de Colin. L’Ogreprit place en Est et, àma grande surprise, nedit pas un mot ni ne for-mula aucune recomman-dation au Lapin. Je ne dou-tai pas qu’il avait remarquésa triste mine et qu’il nevoulait pas fournir l’étin-celle qui allumerait l’incen-die brûlant de s’embraser.

C’est en silence que cha-cun distribua quelques étuis.L’Ogre eut fini avant les autres

et donnait l’irritante impression de réfré-ner une incompréhensible satisfaction. Aprèsquelques robres où les deux camps se neutrali-sèrent, se présenta une donne que je reconnusimmédiatement .

Serpentaire Strict�D�A 8 4�8 6 3�A D V 7 3 2

Lapin Lamentable�5�R 10 7 6 5 3�D 9�10 9 8 4

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S

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Ogre Obèse�R V 10 8 7 4 3 2�2�10�R 6 5

Colin le Corgi�A 9 6�D V 9�A R V 7 5 4 2� �

Il me semblait que la satisfaction de l’Ogre aug-mentait au fur et à mesure de la progression desenchères, qui virent Colin, joueur futé s’il en est,parvenir au contrat de 6SA après un barrage àPique de l’Ogre. Celui-ci contra violemment etColin, par principe, surcontra.

« – Quelle présomption ! s’écria l’Ogre. Ne mecroyez-vous donc pas capable de vous empê-cher de faire ces douze levées auxquelles vousprétendez? »

J e fulminai : l’Ogre avait délibérément né-gligé de battre les cartes. Il savait que l’or-

gueil de Colin le conduirait à un chelem à SAet, connaissant les mains et le talent du Corgi, ilsaurait assécher son Roi de Trèfle pour éviter la�Voir Don Lapin donne la main (n � 40, pages 28–30).

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remise en main à Pique. Je me tus pourtant, et latournure des évènements me donna raison.

« – Mon surcontre ne signifie pas que je pensegagner, répondit le Corgi sur le ton de la provo-cation, mais je prétends que ce n’est pas vous quime ferez chuter.– Soit, renchérit l’Ogre, j’accepte votre mesquinet odieux chantage : si vous chutez par l’actiondivine de mon nullissime partenaire, je vous ac-corde le contrat surcontré. Par contre, si c’est moiqui vous fais chuter, vous me serez redevable dudîner de ce soir chez Fats O’Three... et au cham-pagne de surcroît !– S’il vous sied. À une condition cependant : sivotre nullissime partenaire, comme vous l’avezdit très obligeamment, apporte son éventuellecontribution à la chute du contrat, ce dont voussemblez fortement douter, il en sera récompenséet bénéficiera à vos frais de ce somptueux dînerqui semble tant vous tenir à cœur.– À vous l’entame cher partenaire, conclutl’Ogre en guise d’acquiescement. »

L ’entame fut bien sûr Pique et Colin, aprèsmûre réflexion, défila ses Carreaux avant

de présenter la Dame de Cœur dans la situationci-dessous.

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Ne sachant que faire, le Lapin se contorsionnaitsur sa chaise quand son horoscope du matin luirevint en mémoire : « couvrez le Valet car onne joue pas honneur sur honneur. » Se répétantla formule telle une litanie, il mit petit, puisquece n’était pas le Valet que le déclarant avait pré-senté. Corgi n’eut ainsi pas l’opportunité de re-mettre l’Ogre en main et chuta sereinement soncontrat d’une levée.

« – Brillant flanc, cher Lapin, commenta Colin.Si vous aviez couvert, jouer Cœur pour mon Va-let aurait obligé votre partenaire à défausser un

Pique, car il ne pouvait évidemment pas suppo-ser que j’avais une chicane à Trèfle alors quej’avais nommé Sans-Atout. J’aurais alors jouéPique pour qu’il m’offre As et Dame de Trèfle.Comme vous avez gardé la fourchette R 10 àCœur, un second tour de la couleur m’a collé aumort, sans solution gagnante... »

L’auteur de ces lignes a eul’inestimable privilège dedéjeuner récemment chezTroisgros, à Roanne, ets’en est trouvé légèrementinfluencé dans sa narration.

L ’Ogre devint cramoisi et s’apprêtait à ré-pondre qu’il aurait trouvé le bon flanc lors-

qu’il croisa la sévérité de mon regard. Il compritque j’étais prêt à dévoiler son infâme subterfugeet se fit un devoir de déployer des trésors d’ama-bilité envers un partenaire qu’il eût pourtant vo-lontiers (mais moi seul le savais) lapidé, étranglé,noyé, écartelé, et pis encore...

Hableau

onneurT

d'

Si le BCNJ brille régulièrement dansles finales de ligue et de comité, il neconnaît malheureusement pas encore lamême réussite dans les épreuves natio-

nales. Saluons donc comme elles le méritent lesperformances suivantes.� Le meilleur résultat de la saison est dû à

Anne Divoux et François-Michel Sargos, 3 ��du Paires Mixtes Excellence. Dans la mêmeépreuve, mais en catégorie Honneur, EdithLainé et Claude Kisner se classent 20 �� (sur 64).� En Coupe de France, l’équipe de Claude Eme-rique (avec Jean-Dominique Detona, PatrickStéphan, l’Uomo Mascherato, et le prompt ren-fort de Daniel Bosly et Ilkka Renno) s’estinclinée en quart de finale, contre l’équiped’Edouard Beauvillain, vainqueur de l’épreuve.� Tir groupé en Division Nationale 2 par Paires,où François-Michel Sargos, associé à PhilippeKœppel, et Philippe Chottin, associé à DanielBosly, assurent leur maintien en terminant res-pectivement aux 20 et 21 places (sur 48).� En Division Nationale 2 par 4, l’équipe deFrançois-Michel Sargos, toujours lui (avecJean-Marc Bihl, Philippe Chottin, PhilippeKœppel, Franck Riehm et Stéphane Teboul) dé-croche la 8 place (sur 16), et se maintient parla même occasion.

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QPOUR UN

CHAMPION

UESTIONSYves Costel, vous êtes le concep-teur du logiciel de bridge Wbridge5et vous participez régulièrementaux championnats du monde desprogrammes. Comment en êtes-vous arrivé là?

Je ne me suis pas réveillé un jour en me disant :« je vais écrire un programme de bridge » sinonje crois que j’aurais vite renoncé devant l’am-pleur de la tâche. En 1983, je jouais régulière-ment au bridge en club et je travaillais dans unesociété de construction métallique, à Troyes, oùje faisais de l’informatique scientifique et tech-nique (en Fortran). Ayant acheté un Apple II etne sachant que faire avec, j’ai essayé de pro-grammer quelques utilitaires de bridge. J’ai com-mencé par écrire un programme pour saisir desdonnes, les jouer et les enregistrer avec des com-mentaires — il fonctionne toujours d’ailleurs.J’en ai ensuite écrit un autre, pour générer desdonnes sous contraintes, puis je me suis intéresséà la résolution de problèmes à cartes ouvertespar la méthode alpha-bêta . Ce travail m’a oc-cupé quelques années car j’ai perdu beaucoup detemps en essayant de redécouvrir la roue, alorsque, de nos jours, la plupart des problèmes quej’ai rencontrés sont largement documentés surtous les sites internet dédiés à la programmationdes échecs. Il me restait à réaliser un programmed’enchères pour constituer un logiciel completde bridge. Comme je n’avais pas d’idée vraimentprécise sur ce que je voulais faire, je pensais que,en suivant un livre, ce seraitlong mais pas trop compli-qué. En fait, il s’agissait biende la partie la plus ardue. J’aicommencé par implémenterun système minimal basé surles enchères limites, un peucomme le minibridge, car je�Voir le glossaire page 16.

INTERVIEW RÉALISÉE PAR GÉRALD MASINILES 11 NOVEMBRE ET 3 DÉCEMBRE 2004

voulais pouvoir jouer très vite. Par exemple,les réponses à l’ouverture de 1 � étaient 2 � de6 à 10 points, 3 � de 11 à 12 points, 4 � de13 à 17 points, et le Blackwood au-delà. Lesseules conventions devaient être le Stayman et leBlackwood, et seul le contre de l’ouverture étaitd’appel. Curieusement, les résultats n’étaient passi mauvais. J’ai progressivement perfectionné cesystème, évidemment...

Qu’est-ce qui fait l’intérêt de votre logiciel pourun joueur de bridge?

Wbridge5 offre de multiples fonctionnalités,y compris celle de jouer au bridge contrel’ordinateur. Avec Bridge Moniteur, qui peutêtre gratuitement téléchargé depuis mon site ,la nouvelle version permet notamment de joueren réseau. Il est donc possible de jouer avecun partenaire distant, par internet, ou encore des’entraîner par paire, à condition de disposer dedeux PC connectés en réseau, ce qui devient deplus en plus fréquent. Comme le générateur dedonnes permet de créer des donnes suivant descritères fixés (points H, distribution ou séquenced’enchères), on peut, par exemple, générer unesérie de donnes où l’adversaire ouvre de 2 �faible et les jouer contre Wbridge5 : chaque

partenaire (humain) joue surun PC grâce à une copie deBridge Moniteur, tandis quedeux copies de Wbridge5font office d’adversaires,une troisième copie deBridge Moniteur jouant lerôle de serveur. Les parties�

Voir page 16.

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nom : Costel

prénom : Yves

né le : 26.06.1949

situation familiale : célibataire

profession : ingénieur en calcul

de structures chez le constructeur

de grues Potain

adresse : région lyonnaise

hobbies : sport, principalement à

la télévision maintenant !...

jouées sont enregistrées et peuvent ensuite êtreexaminées à l’aide de Wbridge5. On peut égale-ment revoir et jouer les donnes des grands cham-pionnats, disponibles, entre autres, sur BBO .Les fichiers de donnes de ce site sont dans unformat propriétaire, mais il existe un utilitaire �pour les mettre au format PBN, lisible parWbridge5. Dans sa version actuelle, Wbridge5devrait donc intéresser bon nombre de bridgeurs.

Sur quels systèmes Wbridge5 fonctionne-t-il etcomment peut-on se le procurer?

Wbridge5 fonctionne sous Windows 98, ME,2000, XP ou NT4. Son nom signifie du reste« Bridge sous Windows en Majeure 5 ». Cen’est pas terrible, mais il est trop tard pour chan-ger ! Des utilisateurs m’ont écrit qu’il fonction-nait également très bien sur Macintosh ou sousLinux, à condition de disposer d’un émulateur :Virtuel PC sur Macintosh, Wiene ou Cegeda sousLinux. La dernière version diffusée (2.9) est gra-tuite et peut être téléchargée depuis mon site.En revanche, je commercialise le moteur �� (sousforme de DLL), qui peut être utilisé par des tu-toriaux et autres programmes de bridge, comme�Bridge Base Online (http://www.bridgebase.com/), le cé-

lèbre site qui permet aussi de jouer au bridge en ligne.� �Disponible gratuitement sur le site de Wayne Burrows :

http://www.ebridgenz.com/download.htm.� � �Voir le glossaire page 16.

Bridge Lebel illimité et Gotobridge, avec les-quels j’ai un contrat — le contrat avec Goto-bridge se termine d’ailleurs cette année. Le mo-teur sert également de robot sur CanalBridge , unsite français de bridge en ligne.

En quoi Wbridge5 se différencie-t-il des autreslogiciels de bridge?

Avant tout, Wbridge5 est d’une grande fiabilité,dans le sens où ses plantages sont exceptionnels.Et son niveau de jeu égale celui des meilleursprogrammes actuels. Toutefois, ce n’est pas vrai-ment un didacticiel, permettant d’apprendre lebridge en partant de zéro. La plupart des logicielscommerciaux offrent un module d’initiation pourles débutants et une interface plus attractive. Ilsproposent généralement un plus grand nombrede conventions optionnelles, ainsi que des expli-cations plus détaillées sur les enchères. Souventégalement, ils donnent le choix entre plusieurssystèmes d’enchères (Acol, Majeure 5 , Trèfle dePrécision...), même si, en général, ils n’en jouentvraiment correctement qu’un seul. Pour le reste,Wbridge5 n’a rien à leur envier. Certaines de sesfonctionnalités n’ont pas d’équivalent, commetabler ou tournoi, cette dernière permettant defaire jouer les mêmes donnes par l’utilisateur etl’ordinateur, avec comparaison finale des résul-tats en IMP. À ma connaissance, Wbridge5 estaussi le seul programme à fournir des informa-tions sur la distribution des mains cachées pen-dant le jeu de la carte. Question souplesse et faci-lité d’utilisation, il est sans égal, en particulier ence qui concerne la saisie des donnes, mais je nesuis peut-être pas totalement impartial ! J’ai parexemple suivi les Olympiades d’Istanbul en di-rect sur BBO. Je pouvais saisir les donnes (moinsd’une minute suffit), les jouer en même tempsque les participants, et le programme me donnaitle par, en plus. Quand une donne durait un peu, jepouvais même essayer des variantes des enchèresou du jeu de la carte.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les pro-grammes concurrents?

Avec Wbridge5, il n’existe à ma connaissanceque quatre autres programmes qui jouent correc-�http://www.canalbridge.com/

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tement au bridge (au moins au niveau d’une3 Série), qui ne « trichent » pas (c’est-à-direne jouent pas en connaissant les quatre mains,comme le font Bridge Mate ou Endless Bridge)et qui sont originaux (c’est-à-dire n’intègrent pastout ou partie d’un autre programme). Jack estincontestablement le meilleur. Selon des tests ef-fectués par des amis, Wbridge5 est du mêmeniveau que la version commerciale de Jack,mais la version de Jack présentée aux compéti-tions est supérieure, car elle est ajustée en fonc-tion de l’adversaire, par exemple en incorpo-rant ses conventions d’entame. Si les concep-teurs des meilleurs programmes ont d’ailleurstous adopté ce principe, je ne l’ai encore jamaisfait pour Wbridge5 jusqu’à maintenant. Vient en-suite Bridge Baron , bien que la version de com-pétition soit la plus lente de toutes. La versioncommerciale, moins bonne, est en contrepartiebeaucoup plus rapide. Micro Bridge est certai-nement le programme le mieux réussi technique-ment. C’est en particulier le seul qui permetteà l’utilisateur de définir ses propres conventionsd’enchères. Enfin, Q-Plus est un peu faible aujeu de la carte mais intègre la plus grande va-riété de systèmes et de conventions d’enchères.À titre anecdotique, citons également GIB � , queson auteur, Matt Ginsberg, a abandonné à sontriste sort depuis ses performances décevantesaux championnats de Montréal, il y a deux ans.Il s’est orienté vers des activités plus lucratives,en créant la société On Time Systems, qui tra-vaille dans le domaine de l’intelligence artifi-cielle, pour l’armée américaine notamment.

Savez-vous de quelles res-sources disposent vos concur-rents?

D’une manière générale, lesconcepteurs des autres pro-grammes ont des ressources àpeine supérieures aux miennes.

Ils travaillent le plus souvent à deux, mais ilsdoivent en plus assurer la commercialisation deleur programme, ce qui leur prend la plus grandepartie de leur temps. Certains réalisent des tuto-riaux pour arrondir leurs fins de mois. Il y a uneexception, Bridge Baron. Cette société comprendsept personnes, dont quatre programmeurs, etne commercialise pratiquement qu’un seul pro-duit, le programme de bridge de même nom.Les autres concepteurs se demandent bien com-�Voir page 16.� �http://www.gibware.com/

ment ils se débrouillent pour boucler leurs finsde mois ! Il faut savoir que le marché des lo-giciels de bridge est très réduit et n’intéressepas les grands éditeurs. De mon point de vue,ce n’est d’ailleurs pas plus mal, car des semi-professionnels comme moi peuvent ainsi biens’amuser.

Pouvez-vous nous expliquer lafaçon dont estconçu un logicielde bridge, en sim-plifiant, bien sûr?

Les meilleurs programmes sont basés sur unprincipe de simulation : à son tour d’enchérir,le programme génère des mains cachées com-patibles avec les enchères déjà faites, résout lesdonnes ainsi obtenues à cartes ouvertes et produitl’enchère qui lui permet de marquer en moyennele meilleur score. De la même façon, pendanttout le jeu de la carte, le programme génèredes mains cachées compatibles avec la séquenced’enchères, les cartes déjà jouées et la signalisa-tion, résout les donnes correspondantes à cartesouvertes et joue la carte qui lui permet de réali-ser en moyenne le plus de plis. Les deux piècesessentielles de la simulation sont le générateurde donnes sous contraintes et le solveur à cartesouvertes. Le premier est particulièrement déter-minant pour la qualité du programme car il re-constitue les mains cachées. Il génère aléatoire-ment des donnes et ne garde que celles qui res-pectent les contraintes induites des enchères etdu jeu de la carte. Toutefois, dans de nombreuxcas, notamment à la fin du jeu de la carte, cescontraintes sont très restrictives : il faudrait gé-nérer des millions de donnes pour en obtenir unnombre significatif satisfaisant les contraintes.Comme ce n’est pas possible dans un laps detemps acceptable, la génération des donnes n’esten fait pas complètement aléatoire ! Le solveurutilise la méthode alpha-bêta , comme les pro-grammes d’échecs ou de dames. Le gros pro-blème est la vitesse car, comme je viens de l’ex-pliquer, chaque enchère et chaque carte jouée né-cessite la résolution des donnes fournies par legénérateur, de l’ordre d’une centaine en général.Et toujours pour rester dans des limites de tempsacceptables, chacune d’elles doit être résolue enmoins d’un dixième de seconde. C’est l’une desgrandes forces de Wbridge5, et seuls Jack et GIBfont aussi bien. Mais le point fort des meilleurs�Voir le glossaire page 16.

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programmes est le jeu du déclarant. Le jeu en dé-fense est plus faible car la méthode de concep-tion fait qu’un programme joue comme si la mainqu’il détient était connue du partenaire et desadversaires. Par exemple, dans le rôle d’un dé-fenseur placé avant le mort et dont c’est le tourde jouer, il peut tirer un As quand le Roi de lacouleur est au mort puisque, à cartes ouvertes,il ne donne pas de pli. Il livre ainsi souvent lecontrat au déclarant, qui pouvait avoir le choixentre plusieurs solutions pour gagner : faire sonRoi (évidemment), faire une impasse (qui ratait)dans une autre couleur, etc. Pour le jeu du dé-clarant, ce type de comportement est beaucoupmoins préjudiciable. En ce qui concerne les en-chères, le niveau des programmes est générale-ment moyen car il reste de nombreux problèmesmal, voire pas du tout résolus : l’évaluation dy-namique des mains en fonction des enchères dupartenaire et des adversaires, l’anticipation (pro-duire l’enchère qui facilite la suite de la séquenceou qui complique la tâche des adversaires), etc.Jusqu’à un certain stade, une enchère est déter-minée par des règles, qui peuvent être stockéesdans un fichier ou bien codées « en dur », dans lecorps même du programme. Ce stade est variableselon les donnes et le programme. Dans le casde Wbridge5, les règles s’arrêtent en général à ladeuxième enchère du répondant ; ensuite, c’estla simulation qui détermine le meilleur contrat,ou qui déclenche une tentative de chelem (sanspasser par les annonces de contrôles, une capa-cité que Wbridge5 n’a pas encore). D’un point devue pratique, les séquences dureraient trop long-temps si l’on utilisait encore des règles au-delàde deux tours d’enchères. Ce ne serait pas gênantpour les partielles, pas trop pour les manches,mais beaucoup plus pour les chelems. À noter

que les psychics sont interdits enchampionnat car, les deux parte-naires étant des clones et le jeuétant reproductible, il serait tech-niquement possible de détermineravec quel type de main le parte-naire fait un psychic.

Les mêmes méthodes s’appliquent-elles à la pro-grammation de tous les jeux?

La programmation des jeux fait appel à deuxgrandes familles de méthodes : la méthode alpha-bêta, que j’ai déjà évoquée et qui permet de ré-soudre les jeux à information totale , y com-pris les problèmes à cartes ouvertes au bridge,�Voir le glossaire page 16.

et les réseaux neuronaux , utilisés pour le back-gammon. La méthode alpha-bêta ne fonctionnepas pour le jeu de go car le nombre de coupspossibles à partir d’une position donnée est tropgrand pour que le programme puisse prévoir plusque quelques coups à l’avance dans un tempsraisonnable. En fait, ce jeu a un fort caractèrevisuel et les joueurs humains raisonnent plutôtpar reconnaissance de formes � , domaine danslequel le cerveau humain est pour l’instant bienplus performant, et de loin, que les meilleurs pro-grammes. Pour le poker, il semblerait que cer-tains programmes développés dans le domaineuniversitaire américain donnent de bons résul-tats. Reste le problème de faire jouer de l’argentà des ordinateurs !...

Quelles sont les principales caractéristiquestechniques de Wbridge5 ? En particulier, dansquel langage est-il écrit?

Wbridge5 est écrit enPascal Objet (Delphi),comme la moitié desprogrammes qui disputentles championnats, l’autre

moitié étant écrite en C++. Certaines parties dusolveur (les sous-programmes de bas niveau)sont écrits en langage d’assemblage pour desquestions de performance. J’ai eu beaucoup dechance, car j’ai commencé à programmer surApple II en Pascal UCSD et j’ai continué sur PCen Turbo Pascal. Delphi estarrivé fort à propos pourpermettre le portage sur Win-dows sans trop de douleur.S’il avait fallu complètementrécrire le programme, j’au-rais certainement renoncé.Comme je l’ai dit précé-demment, Wbridge5 est entièrement codé « endur ». En d’autres termes, ses connaissancesne sont pas stockées dans des fichiers qu’ilsuffit de modifier pour changer son compor-tement, sans avoir à toucher au programmelui-même. Je suis conscient que cette solutionn’est certainement pas bonne. Pour la plupartdes programmes concurrents, par exemple, lespremiers tours d’enchères sont définis dansdes bases de données. Wbridge5 n’a pas nonplus de capacité d’auto-apprentissage, à l’instardes réseaux neuronaux. J’ai lu (dans le forum�Voir le glossaire page 16.� �pattern matching dans le vocabulaire anglo-saxon de

l’intelligence artificielle.

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Demi-finale Wbridge5 � Micro Bridge 8, pendant leschampionnats du monde de bridge par ordinateur, à Mont-réal, en 2002. Assis, de gauche à droite : Yves Costel, To-mio Uchida (concepteur de Micro Bridge) et son épouse.

rec.games.bridge, simes souvenirs sontbons) qu’il y avaiteu au moins unetentative de la sortepour les enchères aubridge. L’objectif étaitde créer un système

d’enchères avec les règles du jeu comme seulehypothèse de départ. Le programme jouait desmilliers de fois contre lui-même, comme cela sefait au backgammon, et le système d’enchèresmiracle devait émerger au final. Le résultat n’acertainement pas été convaincant car je n’ai plusrien lu sur le sujet depuis plusieurs années.Pour en revenir à Wbridge5, il a certainement lemeilleur jeu de la carte de tous les programmesactuels. Il est surtout très bon pour les contrats in-jouables, en fit 4-2 typiquement. Heureusementd’ailleurs, car cela lui arrive encore trop sou-vent ! Les enchères sont plus faibles, notammentparce que les donnes très distribuées sont malgérées. En outre, je ne suis pas encore parvenuà mettre au point une fonction d’évaluation desmains correcte, si ce n’est pour les contrats à SA,pour lesquels les points H classiques marchentbien. Mais, encore une fois, ce problème est gé-néral : même un joueur moyen comme moi éva-lue mieux sa main que la plus sophistiquée desformules actuelles. La simulation permet de sur-monter le problème, du moins en partie : mal-gré toutes les améliorations, Wbridge5 continued’ouvrir des mains qu’il devrait passer, et inver-sement. En intervention, c’est pareil !...

Réaliser un logiciel commeWbridge5 demande des connais-sances pointues dans nombre dedomaines, et tout particulière-ment en intelligence artificielle.À défaut d’avoir initialementune formation adéquate, il a bien fallu que vousvous formiez vous-même...

Je suis presque autodidacte en informatique, ettotalement en intelligence artificielle. C’est dureste le cas de tous les compétiteurs, à l’excep-tion de Stephen Smith, l’un des concepteurs deBridge Baron, qui est titulaire d’un doctorat en�Pour une étude très complète sur les différents évalua-

teurs existants, voir l’excellent site de Thomas Andrews :http://thomaso.best.vwh.net/bridge/.

intelligence artificielle dont le sujet est justementlié à la conception de Bridge Baron. J’ai d’abordtrouvé les informations dont j’avais besoin dansla littérature, mais j’utilise maintenant le web,qui est une formidable source d’enseignements,à condition de faire le tri et de lire l’anglais. Ladocumentation sur la programmation du bridgeproprement dite est relativement rare, mais ladocumentation sur la programmation des échecs,qui utilise des techniques similaires, ne l’estpas. On peut même télécharger les sources d’unprogramme très performant,Crafty , conçu par un profes-seur d’université américain,Robert Hyatt. Les compé-titeurs des championnatsdu monde des programmesd’échecs doivent d’ailleursfournir les sources de leurs programmes auxorganisateurs car certains d’entre eux obtenaientde bons résultats en se contentant d’utiliserCrafty avec des modifications mineures. J’aitoujours tout fait seul et je n’ai jamais ressentile besoin de demander l’aide d’un spécialiste enintelligence artificielle, car le domaine est tropspécifique. En revanche, j’ai longtemps cherchéquelqu’un pour m’aider pour les enchères, plutôtun théoricien qu’un champion. En effet, tout

en restant dans le cadre de laMajeure 5 , il existe beaucoupde variantes, dont certaines,quoique relativement simplesà implanter, donnent de bonsrésultats malgré tout. Je cher-chais donc quelqu’un ayantune grande culture bridgesqueet assez de souplesse d’esprit

pour être capable de révisions déchirantes, car onne peut pas tout mettre dans un programme (engénéral, ce sont les enchères à l’emporte-pièce,comme les splinters, qui sont le plus efficaces).Comme travailler par courriel est lourd à lalongue, il me fallait quelqu’un résidant dans larégion lyonnaise. C’était trop demander à un seulhomme et j’ai finalement renoncé. J’essaie deme perfectionner en suivant les discussions surla liste de diffusion francophone sur le bridge �et les commentaires des matches sur BBO.Soit dit en passant, les commentaires anglo-saxons sont très didactiques, contrairement auxcommentaires français...�http://www.cis.uab.edu/hyatt/hyatt.html� �Pour s’abonner, envoyer un message comportant unique-

ment le mot subscribe à [email protected].

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Ne pensez-vous pas que le fait qu’un jeu soit « ré-solu », en d’autres termes qu’il existe un pro-gramme quasiment imbattable par un humain,risque d’en émousser l’intérêt?

Le problème est effectif aux échecs, où certainsprogrammes vont jusqu’à adapter leur niveau àcelui de leur opposant, après l’avoir estimé. Ilfaut maintenant être grand maître mondial pouravoir une chance de systématiquement battreun programme d’échecs, même moyen. Mais leproblème ne se posera probablement pas avantlongtemps au bridge, et je doute même qu’il sepose un jour. Les programmes pourront progres-ser jusqu’à atteindre le meilleur niveau mondial,il sera toujours intéressant de jouer contre euxcar, et c’est l’un des charmes du bridge, un op-posant, même faible, a toujours sa chance sur unpetit nombre de donnes. Pour le jeu de la carte,on pourra peut-être s’approcher d’un déclarantoptimal, qui adopterait systématiquement lameilleure ligne de jeu (en faisant abstraction dela signalisation de la défense, qui peut être trom-peuse), mais ce sera sûrement bien plus difficilepour la défense. On pourrait également imaginerun système optimal d’enchères à deux. Dans lesannées 1980, Torbjörn Lindelöf avait d’ailleursdéveloppé par ordinateur unsystème appelé COBRA ,qui obtenait de meilleursrésultats que les experts auxconcours d’enchères... tantque les adversaires avaient le

bon goût de se taire. Malheureusement,la réalité est tout autre. En matièred’enchères compétitives, un système

peut très bien être efficace contre certains adver-saires et beaucoup moins contre d’autres. PourWbridge5, j’ai essayé de tester différentes va-riantes des enchères sur un grand nombre dedonnes, en faisant jouer le programme contre lui-même. J’aurais gardé le système qui aurait per-mis de respecter au mieux un certain critère dequalité. En l’occurrence, j’avais pensé choisir lepar de la donne. J’ai dû abandonner l’idée car,pour obtenir de bons résultats dans ce cas, il y atout intérêt à utiliser des enchères de barrage trèsconstructives, ce qui, en compétition, n’est pasforcément un choix judicieux.

De quelle façon exactement se déroulent leschampionnats du monde des programmes?

Depuis les championnats de Toronto, le dérou-�Computer Oriented Bridge Analysis

Voir http://www.bridgeguys.com/Conventions/Cobra.html

lement des matches est automatisé. Sur le mêmeréseau sont connectés un programme serveur, dugenre de Bridge Moniteur (qui a effectivementété utilisé dans la majorité des matches des der-niers championnats, à New York), deux copiesd’un programme en compétition (représentantune paire) et deux copies d’un autre programme(la paire adverse). Chaque copie fonctionne surun ordinateur séparé et ne connaît que son proprejeu, ce qui est plus satisfaisant, au moins pour lesspectateurs. Jusqu’en 2000, en effet, la conduitedes matches était manuelle et il était technique-ment nécessaire que les programmes connaissentles quatre jeux. Du coup, les matches duraientdeux fois plus longtemps, sans compter qu’ilétait difficile à faire comprendre aux non-initiésque, contrairement à un humain, un programmepeut connaître les quatre mains sans tricher pourautant. Les interventions des opérateurs des pro-grammes se limitent maintenant à la saisie dela signification des enchères alertées, si néces-saire. Les spectateurs peuvent assister à un matchen regardant l’écran de l’ordinateur du serveurou tout autre afficheur connecté au réseau. Pourl’instant, les organisateurs ne sont malheureu-sement pas parvenus à intéresser un service debridge en ligne, comme BBO, pour transmettreau moins les demi-finales et la finale, alors que lasaisie pourrait être facilement automatisée (dansune retransmission « classique », les enchères etles cartes jouées à la table sont saisies par un opé-rateur humain). Idéalement, un match nécessitedonc dix ordinateurs répartis en deux réseaux decinq machines (une pour le serveur et les quatreautres pour les copies des programmes qui s’af-frontent), plus un pare-feu pour prévenir toutetricherie. Faute de moyens suffisants, les matchesdes salles ouverte et fermée se déroulent nonpas simultanément mais consécutivement, sur unseul réseau de cinq machines. Une partie dure enmoyenne trois minutes, mais un logiciel commeBridge Baron peut mettre plus d’une minute pourjouer une carte. Pour ma part, en championnat,je limite généralement le temps de « réflexion »maximum de Wbridge5 à trente secondes.

Y a-t-il déjà eu des tentatives de tricherie?

Il n’y a jamais eu de cas avéré de tricheriegrossière, même quand les programmes connais-saient les quatre mains. Une tricherie serait detoute façon trop facile à détecter. En effet, les

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meilleurs programmesont un jeu repro-ductible : dans lesmêmes conditions, ilsproduisent la mêmeenchère ou jouent lamême carte. Il suffitde rejouer une partieen permutant deuxcartes des défenseurspour vérifier que lesenchères et les cartes

jouées ne changent pas. Il existe évidemmentdes façons plus subtiles de tricher. Ainsi,certains programmes sont déclarés n’utiliserpratiquement aucune signalisation en flanc. Or,il est facile de jouer en pair-impair ou en paritéinversée certaines couleurs suivant un critèreconnu seulement du partenaire, en fonctiondes cartes du mort, ou encore d’une formulecomplexe inutilisable par un joueur humain...

Comment seraient classés les meilleurs logicielsde bridge actuels?

Je dirais que les meilleurs programmes jouentglobalement au niveau d’une 2 Série Ma-jeure. Le jeu du déclarant est du niveau d’une1 �� Série, mais le reste est inférieur. Pendantles championnats de Maastricht, une associa-tion Jack-Wbridge5 a été battue 82 à 41 parune équipe de seconde division hollandaise, en32 donnes. Hans Kuijf, le concepteur de Jack,m’a raconté que son programme avait disputéd’autres matches contre des équipes humaines,avec un relatif succès. Wbridge5, de son côté,joue comme robot sur CanalBridge, avec lamême cotation que les autres joueurs. Il obtientrégulièrement des résultats proches de 60%, bienque n’étant pas réglé pour le tournoi par paireset jouant à un niveau faible pour des raisons derapidité.

Jouez-vous sur les sites de bridge en ligne,comme BBO justement, et, plus généralement,que pensez-vous du bridge sur internet?

Je joue épisodiquement sur BBO, CanalBridgeet Funbridge. Ce genre de site représente à monavis une grande chance pour le bridge, puisqu’ilpermet de jouer contre des adversaires humainsquand on veut et pendant le temps qu’on veut,sans même besoin d’une connaissance approfon-die du bridge. C’est un facteur important, pourles jeunes surtout, qui n’ont pas forcément l’en-vie ou le temps de potasser leur système d’en-

chères pour taper le carton. Le système minimumrequis pour participer à un tournoi de club est de-venu au fil du temps beaucoup trop compliqué.Quand j’ai recommencé à jouer, en 1980, monpartenaire et moi ne connaissions que les ouver-tures et les réponses aux ouvertures, et encore,pas complètement. Pour le reste, nous improvi-sions, ce qui suffisait pour faire bonne figure àl’époque. Un site international comme BBO per-met par ailleurs de rendre le bridge plus univer-sel, dans le sens où, à mon avis, un standard defait pour les enchères s’établira peu à peu. Sur unautre point, l’informatique a déjà révolutionné lebridge : la génération de donnes par ordinateura permis d’obtenir des distributions conformesaux probabilités, alors que les donnes distribuéesà la main sont en général trop plates car insuf-fisamment battues. En ajoutant à cela des en-chères plus agressives qu’il n’était d’usage il ya vingt ans, le jeu est devenu bien plus intéres-sant. On peut même imaginer que, à l’avenir, lescartes disparaîtront des grandes compétitions auprofit d’écrans d’ordinateur, comme au bridgeen ligne. La saisie des donnes pour les trans-missions au Vugraph serait supprimée et toutesles parties pourraient être systématiquement en-registrées, sans aucune erreur. Le jeu s’en trouve-rait accéléré, en épargnant aux joueurs les tâchesancillaires comme classer ses cartes, déplacer lechariot, faire les comptes...

Venons-en à votre parcours proprement dit.Comment avez-vous découvert le bridge?

J’ai commencé à jouer au bridgependant mes études d’ingénieurà l’ENSEM (École NationaleSupérieure d’Électricité et deMécanique) de Nancy. Je jouaisle plus souvent au Café de laCitadelle, qui jouxtait l’école,située Porte de la Craffe à l’époque. Pour la

petite histoire, le cercle desélèves louait une cave voûtée,déclarée comme club debridge, dans un des vieuximmeubles de la Grande Rue.Quelques tournois ont bien dûs’y dérouler, mais elle servaitsurtout de boîte de nuit trèsbien fréquentée ! Ce n’était

pas du goût du propriétaire, avec lequel le cercleétait en procès... J’ai repris le bridge dans lesannées 1980, à Troyes. Je n’ai jamais dépasséla 3 Série, mais je ne jouais pas très souvent.

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Depuis mon déménagement dans la région lyon-naise pour raison professionnelle, je joue en-core plus rarement, faute de temps pour prati-quer régulièrement avec le même partenaire, cequi, pour moi, fait réellement l’intérêt du bridge.Je dois avouer que le côté convivial du jeu memanque un peu...

D’où vous est venue votre passion pour les pro-grammes de bridge?

Je ne me suis réellement passionné pour les pro-grammes de bridge qu’en 1998, quand j’ai ap-pris par internet qu’il existait un championnatdu monde. Auparavant, ce n’était qu’un hobbyauquel je me consacrais de temps à autre. Ac-tuellement, il m’occupe 30 à 40 heures par se-maine. Ce que je gagne en commercialisant lemoteur de Wbridge5 m’a permis de prendre unmi-temps dans mon emploi principal, et ce com-promis me satisfait pour le moment. Commer-cialiser Wbridge5 dans son entier me demande-rait une somme de travail pour laquelle je n’aini le goût ni les capacités. Passer du temps surmon programme est plus un amusement qu’untravail et je le fais par plaisir, rarement par obli-gation. Cette activité ne me demande aucun sa-crifice et m’a, au contraire, permis de rencon-trer nombre de gens intéressants, dont mes adver-saires. Côtoyer pratiquement toujours les mêmespersonnes tous les ans, pendant une semaine,crée des liens...

Comment vous débrouillez-vous avec votre em-ployeur, et votre porte-monnaie, pour disputerles championnats?

Je n’ai pas de souci avec mon employeur pourprendre des congés pendant la période des cham-pionnats, d’autant plus qu’ils ont généralementlieu en été. Le voyage et le séjour sont entière-ment à ma charge. Mon premier déplacement,aux Bermudes, m’a coûté très cher, forcément.Sinon, quand il faut se déplacer à Menton, cen’est pas un problème. Faute de sponsor, les prixen espèces sont malheureusement supprimés de-puis les championnats de Montréal. En contre-partie, il n’y a pas de droit d’entrée, la locationdes ordinateurs étant financée par l’ACBL, la fé-dération américaine de bridge.

Bien qu’ayant été deux fois tout prêt de gagner,en 2000 et surtout 2002, Wbridge5 n’a jamais

remporté le titre mondial. Son élimination endemi-finale lors du dernier championnat vous a-t-elle mis un coup au moral?

En oubliant la première édition, où GIB pra-tiquait un système artificiel (Moscito) in-jouable pour un adversaire sans prépara-tion lourde spécifique, j’ai toujours l’impres-sion, à tort ou à raison, d’avoir raté la vic-toire de peu. C’est terrible ! Comme tousles parties sont enregistrées, les post mor-tem sont faciles. On peut penser qu’il suf-fit alors de corriger les erreurs grossières enrejouant les parties pour être en mesure degagner. C’est évidemment sans compter queles adversaires font de même. Le principeest cependant très stimulant et le moral re-vient vite. J’avais initialement adopté uneméthode de travail qui reposait sur une idéesimple : valider chaque modification impor-tante de Wbridge5 en faisant jouer la nou-velle version contre l’ancienne sur un grandnombre de donnes. Malheureusement, j’ai dûme rendre à l’évidence que cette méthoden’est que très rarement efficiente. Le pro-blème vient de la dispersion des résultats, quiest très importante au bridge . Obtenir un ré-sultat sans équivoque est exceptionnel. C’estfacile à comprendre quand on se rend comptequ’une décision qui n’est pas forcément cri-tiquable, comme une entame qui livre unchelem ou une défense à 4 � contre 4 � quichute, peut faire perdre 15 IMP. J’ai vu unmatch de 500 donnes se terminer pratique-ment sur une égalité alors qu’une version deWbridge5 menait de plus de 100 IMP après200 donnes. On peut bien sûr augmenter lenombre de donnes, mais l’analyse des cas oùse produit une différence devient alors trèslongue et fastidieuse. En plus, le fait qu’unversion batte l’autre ne signifie pas obliga-toirement que ses résultats seront meilleurscontre un troisième programme. Il n’y a pasde relation d’ordre au bridge : si A bat B etB bat C, on ne peut pas en conclure pour au-tant que A est meilleur que C. Il m’est arrivé,par exemple, de fabriquer une version agres-sive de Wbridge5 en relâchant les contraintesdes ouvertures de barrage. Cette version agagné de façon significative, mais est-ce queses résultats seront les mêmes contre un pro-gramme qui a une meilleure défense contrece type d’ouverture?...�Il existe un court article de John Manning sur le sujet :

http://www.cavendish.demon.co.uk/memories/john.manning.htm

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Pour finir, à moins que ce ne soit indiscret, quelssont vos projets pour l’avenir immédiat?

Gagner le prochain championnat du monde, maisc’était également mon objectif en 2003, 2002,2001 et 2000 ! En tout cas, je ne m’imagine pasarrêter un jour. Je crois que j’essaierai toujoursd’améliorer mon programme. C’est un travailsans fin, pour les enchères particulièrement...

En espérant que cette fois serala bonne, merci d’avoir acceptéde répondre à ces questions.

MICROGLOSSAIREJeu à information totale : jeu où chaque joueurconnaît toutes les informations : échecs, dames, etc.mais aussi problèmes de bridge à quatre jeux.

Langage d’assemblage : langage le plus proche dulangage binaire (constitué de séries de 0 et de 1) com-pris par le microprocesseur d’un ordinateur. Il est ré-servé à l’écriture de petits programmes dont la rapi-dité d’exécution est cruciale.

Méthode (ou tri) alpha-bêta : méthode com-munément utilisée en programmation des jeux àinformation totale. Elle permet de choisir le meilleurcoup à un instant donné, sans avoir à explorer chacunedes possibilités jusqu’à son terme. La programmationd’un jeu complexe, comme le bridge, nécessite gé-néralement l’utilisation combinée de plusieurs tech-niques d’intelligence artificielle : voir, par exemple,l’excellent article de Matthew Ginsberg sur GIBdans le Journal of Artificial Intelligence Research(GIB: Imperfect information in a computationallychallenging game, Volume 14, 2001, pages 303–358,http://www-2.cs.cmu.edu/afs/cs/project/jair/pub/volume14/ginsberg01a.pdf).

Moteur : cœur du logiciel, qui en réalise la fonc-tion principale (enchères et jeu de la carte pourWbridge5), indépendamment des « accessoires » (in-terface graphique, gestionnaire de fichiers, etc.), de lamême façon que le moteur, enchâssé dans la carros-serie, assure la propulsion d’une automobile.

Réseau neuronal (ou réseau de neurones) : en-semble de petites unités de traitement interconnec-tées tendant à imiter le fonctionnement des neuronesdu cerveau humain. Un réseau se configure lui-mêmepar apprentissage, classiquement à partir d’exemplesdont les résultat sont connus : le réseau modifie sesconnexions jusqu’à produire un résultat conforme auxdonnées fournies. Pour tout savoir sur la question,voir le livre écrit sous la direction de Gérard Drey-fus, Réseaux de neurones : méthodologie et applica-tions, paru aux Éditions Eyrolles, en avril 2004 (se-conde édition, revue et corrigée, avec un CD ROM).

CHAMPI onn

ats

DU

monde de BRIDGE

par ordinateur

LES

(World Computer-Bridge Championship)

sont organisés à peu près chaque

année depuis 1997 par la Ligue Américaine

de Bridge (ACBL), sur une initiative d’Alvin Levy.On peut trouver un panorama complet des pro-grammes existants sur le site internet de HansKuijf (http://www.jackbridge.com/ewkprt.htm). Envoici les principaux, qui participent régulièrementaux championnats, avec les noms de leurs concep-teurs et les sites internet qui leurs sont dédiés.

Blue Chip Bridge (Grande-Bretagne)� Ian Trackman, Mike Whittaker� http://www.bluechipbridge.co.uk/

Bridge Baron (USA)� Stephen Smith, Tom Throop, George Yanakiev� http://www.bridgebaron.com/

GIB (USA)� Matthew L. Ginsberg� http://www.gibware.com/

Jack (Pays-Bas)� Hans Kuijf� http://www.jackbridge.com/

Micro Bridge (Japon)� Tomio et Yumiko Uchida� http://www.threeweb.ad.jp/~mcbridge/

Q-Plus Bridge (Allemagne)� Hans Leber� http://www.q-plus.com/

Sabrina (France)� Pierre Cormault� http://perso.wanadoo.fr/pierre.cormault/

Wbridge5 (France)� Yves Costel� http://perso.chello.fr/yvescostel/

Pendant le round robin des championnats du monde deMenton, en 2003. De gauche à droite, assis : Yves Cos-tel, Wim Heemskerk (Jack), Martin Pattenier (Jack), HansLeber (Q-plus), Hans Kuijf (Jack). De gauche à droite,debout : Alvin Levy (l’organisateur) et deux spectateurs.

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PALMARES

DES CHAMPIONNATS DU MONDEDE BRIDGE PAR ORDINATEUR

Le site internet de l’organisateur, Alvin Levy(http://www.ny-brindge.com/allevy/computerbridge/) ,donne des informations détaillées sur chaque édi-tion des championnats. Wbridge5 a participé auxsix dernières et n’a jamais terminé en dessous dele troisième place des round robin de qualification.Voici le palmarès complet.

✰ 1997 : Albuquerque (USA), 5 concurrents

1 Bridge Baron 7 (USA)2 Q-Plus Bridge 4.4 (Allemagne)3 Meadowlark Bridge (USA)

✰ 1998 : Chicago (USA), 7 concurrents

1 GIB (USA)2 Q-Plus Bridge (Allemagne)3 Bridge Baron 8 (USA)

✰ 2000 : Bermudes, 8 concurrentsPremière participation de Wbridge5 : voir Wbridge5aux Bermudes, dans le numéro 22.

1 GIB (USA)2 Wbridge5 1.9 (France)3 Micro Bridge 9 (Japon) / Bridge Buff (Canada)

✰ 2000 : Maastricht (Pays-Bas), 9 concurrentsWbridge5 perd en demi-finale sur un grand chelem à50%, alors que son adversaire, Meadowlark Bridge,se contente de la manche.

1 Meadowlark Bridge (USA)2 Q-Plus Bridge (Allemagne)3 Wbridge5 (France) / Jack (Pays-Bas)

✰ 2001 : Toronto (Canada), 6 concurrentsVoir Psychic à Toronto, dans le numéro 29.

1 Jack (Pays-Bas)2 Micro Bridge (Japon)3 Wbridge5 (France)

✰ 2002 : Montréal (Canada), 7 concurrentsWbridge5 perd la finale contre Jack pour 1 IMP :voir ...et pour 1 IMP de plus, dans le numéro 34.

1 Jack (Pays-Bas)2 Wbridge5 (France)3 Micro Bridge (Japon) / Q-Plus (Allemagne)

✰ 2003 : Menton (France), 9 concurrentsSabrina, logiciel du français Pierre Cormault, entreen lice pour la première fois. Largement en tête desa demi- finale contre Bridge Baron avant les 9 der-nières donnes, Wbridge5 finit par perdre 47 IMP,pour échouer de 4 IMP : voir Crochet à Menton,dans le numéro 37.

1 Jack (Pays-Bas)2 Bridge Baron (USA)3 Wbridge5 (France) / Micro Bridge (Japon)

✰ 2004 : New York (USA), 8 concurrentsWbridge5, second du round robin qualificatif, perden demi-finale 118 à 157 contre Jack, qui sera cham-pion du monde pour la quatrième fois consécutive.

1 Jack (Pays-Bas)2 Bridge Baron (USA)3 Wbridge5 (France) / Micro Bridge (Japon)

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EZE BU

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GIRAUD

La donne fascinante quifait l’objet de cet ar-ticle a été composée parle Bulgare Manol Iliev.Elle a été initialementpubliée dans le numéro4 (juillet 2001) du ma-gazine Rules of the hoodde Kiril Sadonkov, quitient un club de bridgeà Sofia. Une solution

très synthétique est également disponible sur lesite internet du magazine américain The BridgeWorld , à la rubrique esoterica.Mais découvrons sans plus tarder cette donne bi-zarre, où les flancs sont squeezés dans les quatrecouleurs � et où, en outre, le plan de jeu seconstruit au fil des informations révélées par lescartes adverses (on parle de squeeze show up enbon franglais). Le problème consiste à gagner lecontrat de 3SA en Est contre toute défense —quelles que soient les distributions adverses donc— après l’entame de la Dame de Carreau :

�R 2�A 10 9 3 2�R 5�A 10 9 3

N

S

EO

�A 10 9�V 5 4�A 9 4 3 2�R 2

La forme de la donne semble assez banale, maisles nombreuses symétries entre les mains d’Est etd’Ouest aiguisent la curiosité. Ceux qui s’essaie-ront à trouver la solution par eux-mêmes devronts’armer de patience... et d’une dotation consé-quente de papier et de crayons. Pour les partisansdu moindre effort, voici les beautés cachées de ladonne, révélées en première exclusivité françaisepour les lecteurs de N@NCY [email protected] mouvements dans l’analyse ci-après nelaissent aucun choix d’alternative pour atteindrel’objectif du minimum de neuf levées : nous lesappellerons « mouvements obligatoires ».

LEVÉES 1, 2 ET 3

1 Prendre au mort du Roi de Carreau est le pre-mier mouvement obligatoire. À défaut, il n’yaurait plus de ligne gagnante à 100%.

2 Le second mouvement est également obliga-toire : Cœur vers le Valet. Si les deux adver-saires fournissent ou si Nord défausse, il y a�

http://www.bridgeworld.com/� �Squeeze dit saturé, dont les variantes sont très bien dé-

crites par Don Kersey dans le numéro d’août 2003 du ma-gazine The Bridge World (volume 74, n � 11).

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neuf levées faciles en développant les Cœurs.Nous supposerons donc un partage 5-0 desCœurs pour la suite, Nord jouant le 8 pourvotre Valet, tandis que Sud défausse.

3 Un deuxième tour de Cœur, vers le 9, pris parun des honneurs de Nord, est maintenant obli-gatoire. Ce dernier ne pouvant toucher ni auxCœurs ni aux Trèfles, il doit ensuite retournerCarreau (levée 4) ou Pique (levée 4a).

LEVÉE 4 ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★

Nord ayant joué Carreau, vous prenez de l’As :

1 levéepour NS

3 levéespour EO

�R 2�A 10 3�(5)�A 10 9 3

N

S

EO

�A 10 9�5�(A) 9 4 3�R 2

4.1 Si Sud fournit (ou bien s’il a écarté un Car-reau sur le second tour de Cœur), vous avezle temps d’affranchir une neuvième levée àCarreau, puisque vous possédez encore deuxarrêts dans chaque couleur noire, dont deuxreprises de la main.

4.2 Si Sud défausse, Nord avait un 5-5 rouge.Avec ses trois Cœurs et trois Carreaux, illui reste donc trois cartes noires. Vous jouezalors Pique pour le Roi et Trèfle pour le Roi : Si Nord défausse à Pique, il était initiale-

ment 0553 : il suffit de continuer par Trèflepour le 10. S’il tient, le compte est bon.Sinon, quoi que Nord retourne, il livreune levée. En particulier, s’il encaissedeux Carreaux, l’As de Pique vous permetd’encaisser le troisième de la main. Si Nord fournit à Pique mais défausse àTrèfle, il était initialement 3550. Vous dé-veloppez la neuvième levée en rejouantimmédiatement Trèfle vers A 10 9. Si Nord fournit à Pique et à Trèfle, il luireste une carte noire. Vous encaissez l’Asde Trèfle et l’As de Pique, terminant enmain, tandis que Nord doit défausser unefois. S’il jette un Cœur, vous le mettezen main à Cœur, après avoir tiré l’As, etil doit vous rendre un Carreau. S’il jetteun Carreau, c’est à Carreau que vous lemettez en main cette fois, pour l’obliger àjouer dans la fourchette à Cœur.

LEVÉE 4a ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★

Reste donc le cas où, en main à Cœur au troi-sième tour, Nord rejoue Pique. Vous prenez duRoi, en ramassant au passage la Dame ou le Va-

let, forcé par le 9 de la main, et vous avez atteintle cœur du problème :

1 levéespour NS

3 levéespour EO

�(R) 2�A 10 3�5�A 10 9 3

N

S

EO

�A 10 (9)�5�A 9 4 3�R 2

Vous donnez vous-même un tour de Carreau :Nord fournit (levée 5a) ou non (levée 5b).

LEVÉE 5a

Nord ayant fourni, donc, vous prenez de l’As :

6a.1 Si Sud fournit à Carreau, vous donnez unautre tour de la couleur : Si les Carreaux étaient 3-3, les deux qui

vous restent sont affranchis. Si Sud défausse, Nord avait quatre Car-reaux (et cinq Cœurs) à l’origine. Il doitgarder son Carreau maître pour ne pas af-franchir votre cinquième et rejoue Pique.

Vous faites l’impasse au Valet. Si elleréussit, vous avez vos neuf levées.

Sinon, Sud prend et continue dans unenoire . Vous encaissez alors toutes voslevées noires en finissant en Est. Dans cefinal à trois cartes, Nord tombe à nou-veau sous la pression d’un strip squeezedans les rouges :

� ��

A 10 3� �� �N

S

EO

� ��

5�9 4� �

Obligé de garder deux Cœurs et un Car-reau, il est remis en main à Carreau pourjouer dans la fourchette à Cœur.

6a.2 Si Sud n’a plus de Carreau, Nord déte-nait un 5-5 rouge et vous n’avez plus qu’àcontinuer de la façon décrite à la levée 4.2.

LEVÉE 5b ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★

Traitons le deuxième cas de la cinquième levée :Nord défausse sur le tour de Carreau — Sudavait donc cinq Carreaux au départ. Vous duquez(mouvement obligatoire) :

2 levéespour NS

3 levéespour EO

�2�A 10 3�(5)�A 10 9 3

N

S

EO

�A 10�5�A 9 4 (3)�R 2

�S’il continue Pique et que Nord défausse, vous pouvez

évidemment affranchir un Carreau tant qu’il reste le Roi deTrèfle en reprise de main. La solution décrite a l’avantagede fonctionner dans tous les cas, y compris celui-ci.

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Sud prend et, dépourvu de Cœur, ne peut rejouerdans la fourchette à Pique, ce qui vous donneraitvotre neuvième levée. Il doit choisir choisir entreun gros Carreau (levée 6b) et un Trèfle (levée 6c).

LEVÉE 6b

Commençons par le cas le plus facile. Sud joueun gros Carreau, que vous duquez (mouvementobligatoire) :

7b Sud continue Trèfle et vous gagnez la levéedu Roi, ramassant au passage un des hon-neurs, la Dame par exemple.

8b Maintenant, vous encaissez l’As de Carreau :

3 levéespour NS

5 levéespour EO

�(2)�A 10 3� �

�A 10

N

S

EO

�A 10�5�(A) 9�2

Si Nord n’a gardé que deux Cœurs, vousjouez As de Cœur et Cœur, en vous débar-rassant du 9 de Carreau inutile. N’ayant lui-même plus de Carreau, Nord ne peut que re-jouer Pique, vous donnant l’As, ou Trèfle,dans la fourchette A 10.

Si Nord a gardé trois Cœurs, vous tirez l’Asde Pique en écartant un Cœur du mort : Si Nord n’a plus de Pique, il a deux Trèfles

avec ses trois Cœurs. S’il jette un Cœur,vous jouez As de Cœur et Cœur, commeprécédemment. S’il jette un Trèfle, vous ti-rez l’As de Trèfle avant de lui donner lamain avec le 3 de Cœur pour l’obliger àrejouer dans la fourchette A 10. Si Nord fournit à Pique, il lui reste au plusun Trèfle. Vous faites alors l’impasse auValet de Trèfle : si elle réussit, vous avezvotre contrat, sinon Nord doit rejouer dansla fourchette à Cœur.

LEVÉES 6c ET 7c ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★

Revenons une nouvelle fois en arrière, à la levée6b, Sud rejouant non pas Carreau mais Trèfle :vous prenez la levée du Roi, forçant au passageun des honneurs manquants — disons la Dame,comme à la levée 7b — avec le 9.

Vous encaissez maintenant l’As de Carreau enécartant un Pique (mouvement obligatoire), cequi conclut la préparation d’un double squeezesimultané, dont voici la position :

2 levéespour NS

5 levéespour EO

�(2)�A 10 3� ��A 10 3

N

S

EO

�A 10�5�(A) 9 4�2

Sud détient deux Carreaux (puisqu’il en avaitcinq au départ) et Nord doit garder trois Cœurs(sinon vous l’achèveriez en jouant As de Cœur etCœur). En d’autres termes, sur les douze cartesdes flancs, il en reste cinq rouges, ce qui laissela place pour sept noires, soit trois cartes au plusdans l’une des deux couleurs noires.

Vous avez ainsi les éléments pour analyser la hui-tième levée. Ayant attentivement observé les dé-fausses de vos adversaires, vous savez qu’ils sontréduits soit à un maximum de trois cartes à Piqueà eux deux (levée 8c), soit à un maximum de troiscartes à Trèfle (levée 8d).

LEVÉE 8c

Vous tirez l’As de Pique (mouvement obliga-toire), en écartant un Trèfle du mort :

2 levéespour NS

6 levéespour EO

� ��

A 10 3� ��

A 10 (3)

N

S

EO

�(A) 10�5�9 4�2

8c.1 Si Nord défausse, vous jouez As de Cœuret Cœur : il encaisse deux levées à Cœurmais il doit ensuite jouer dans la fourchetteà Trèfle.

8c.2 Sinon, il reste encore à Nord deux cartesnoires en plus de ses trois Cœurs. Vousfaites alors l’impasse au Valet de Trèfle.Admettons qu’elle échoue, car vous auriezneuf levées dans le cas contraire : Si la seconde carte noire de Nord est un

Pique (maître), il peut l’encaisser, tandisque vous défaussez le 3 de Cœur du mort,mais il doit finir par se jeter dans la four-chette A 10 à Cœur.

Si Nord n’a plus de Pique, il n’a pas plusde solution : il continue de son dernierTrèfle, pour l’As du mort, mais vous leremettez en main avec le 3 de Cœur pourl’obliger à rejouer dans la fourchette àCœur.

LEVÉE 8d ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★

Dernier retour en arrière, à la levée 8, pour le casoù les flancs restent avec un total d’au plus troisTrèfles, dont le Valet — puisque vous avez cap-turé la Dame à la levée 6c. Vous tentez l’impasseà Trèfle (mouvement obligatoire) :

2 levéespour NS

5 levéespour EO

� ��

A 10 3� ��A 10 3

N

S

EO

�A 10�5�9 4�2

— 19 —

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Considérons les cas où Sud défausse :8d.1 Si Nord a deux Trèfles, il a donc un Pique

avec ses trois Cœurs. Vous jouez As deTrèfle et Trèfle, affranchissant du mêmecoup le troisième Trèfle du mort : Nordest ensuite obligé de vous rendre l’As dePique ou bien de rejouer dans la fourchetteà Cœur.Notez la méthode intéressante utilisée àplusieurs reprises, et qui ressemble au pasdu tango : un pas en arrière, suivi de deuxpas en avant. Elle est combinée avec lapromotion d’une levée, tout en refusant deprendre la levée sûre de l’As de Pique, quigarde la couleur.

8d.2 Si Nord a trois Trèfles, il n’a plus de Pique.Vous mettez donc un petit du mort pour leforcer à rejouer dans une des deux four-chettes, à Trèfle ou à Cœur.

Si c’est Nord qui défausse, il lui restait troisCœurs et trois Piques. Le 10 de Trèfle vous four-nit la septième levée, puis :8d.3 vous jouez successivement l’As de Trèfle,

l’As de Cœur et un petit Cœur, Nord devantvous donner l’As de Pique pour terminer.

Enfin, si les deux adversaires fournissent:8d.4 Si le 10 de Trèfle tient, il y a dix levées sur

table.

8d.5 Si Nord remporte la levée avec le Valet, ildoit rejouer Trèfle, sinon vous avez direc-tement neuf levées. Vous encaissez alorsl’As et le 3, en défaussant un Carreau et unPique de la main :

3 levéespour NS

7 levéespour EO

� ��A 10 3� �� �

N

S

EO

�A�5�9� �

Si Nord détient encore trois Cœurs, vousle mettez en main avec le 3 de Cœur. Si Nord n’a gardé que deux Cœurs, vousjouez As de Cœur et Cœur pour qu’ilvous rende l’As de Pique de la main àla treizième levée.

En conclusion, le squeeze bulgare combine plu-sieurs techniques de mise en place d’un squeezeà quatre couleurs en décomptant le nombre totalde cartes dans chaque couleur, sans avoir à fairele moindre pari sur les distributions adverses.Puisse cet article vous permettre de briller la pro-chaine fois que vous serez confronté à une donnedu même type à la table !...

E

R

O

S

E

T

B

R

I

D

G

E M A R T I N E C O T T O N I

Le bridge passe pour un jeu anodin,Détente, plaisirs et petits riens.Mais les cartes jouent de vilains tours,Elles sont des paillettes d’amour.

�Vous acceptez un partenaire,Un bel homme, et son savoir-faire.Son jeu consiste à dire sa flammeA une belle et jolie Dame.Devant vous, il va faire des chosesEt vous offrir plus qu’une rose.Il vous observe de près, de loin,Cache ses mains et même ses points.Il sait qu’il a de beaux atouts,Se fait héros rien que pour vous.Il est revêtu de couleursDe grandes marques, c’est un honneur.Cet homme bien né n’aime pas le rouge,Il n’a qu’un cœur, celui qui bouge.Il vous invite pour la danse,Débute le bal, il est en transe.Il vous déclare qu’il a un as,Plutôt en noir, le rouge l’agace.Il est puissant, jaillit en piqueEt se fait roi, c’est magnifique.Il vous effleure et pose la dame.Il la caresse, c’est une femme.Cet homme de classe a des valets,Des dix, des neuf dans son ballet.Il vous alerte, n’a pas tout dit :Huit, sept, six, eux n’ont pas grandi.Il jette des cinq, des quatre, des trois,Ils sont tous au service du roi.Sur son majeur dansent des mineures.Vous admirez toutes ses impasses,Remises en main, et ses expasses.Un maître est toujours long à pique.Là, le jeu devient érotique :Voilà qu’il sort son singleton,Madame, relevez le menton !Sur la table, il resserre vos plis.En tout honneur, il est ravi,Il a enfin baisé la reine,Remis sa manche sans trop de gêne.Il vous sourit, vous mène au chelem.Vous faites la morte, cela il aime.Sachez, Madame, que dans ce jeuLe bridgeur allume le feu,Devient Eros sans vous le dire.Dans vos cartes il sait bien lire,Mais vous, l’élève si coquine,Mal éduquée, un peu maligne,Sachez qu’il y a d’autres toursDe passe-passe, qu’au jeu chaque jourJouez avec subtilité.Mettez vos atouts de côté.

�Madame, dans ce jeu anodinVous risquez d’autres jeux lutins...

— 20 —

..

..

. .

. .

présenté par Jean-François Kieffer

CONCOURSD'ENCHÈRES

4 0

En exclusivité mondiale, le dernier descendant de la prestigieuse lignée des LapinsLamentables a accepté de sortir de sa retraite pour commenter ce concours. Lièvre”LiLu” Lucide, bien connu sous le pseudonyme de Jean-François Kieffer, sévit en-core régulièrement sur internet, et BBO en particulier. Nous avons respecté sa vo-lonté d’anonymat, que vous comprendrez aisément en lisant la suite. Mais ne vousfiez pas aux apparences, ce rongeur possède un joli palmarès : vice-champion deFrance dans la catégorie Espérance en 2001, 27 ! de la Ronde de Terrier du mardi12 avril 2002 et, surtout, double vainqueur de la fameuse Carrot’s Cup en 2003 et2004. Dès que ses plantations de carottes lui laissent un peu de temps, c’est un vé-ritable accro des cartes. Il en est à plus de trois paquets par jour. C’est beaucoup,mais il ne peut s’empêcher de ronger les trèfles, et rares sont ses partenaires qui nemangent pas leurs cartes dès qu’il entame... Les deux premières donnes sont tiréesdu concours d’enchères de José Le Dentu dans la Revue Française de Bridge, numé-ros 242 (octobre 1978) et 221 (avril 1977) respectivement, la troisième du tournoide régularité du BCNJ du 19 mai 2004, la quatrième du concours d’enchères de larevue de la Ligue Américaine de Bridge, The Bridge Bulletin(mai 1998), et la cinquième et dernière de la DN1 par 4 de 2002.

➊ ➋ ➌ ➍ ➎Pierre Audebert . . . . . . . . . . . . 2

�3SA 6SA 4SA

�5

Thierry Bineau. . . . . . . . . . . . . 3�

3SA 6SA 4SA�

VAlain Bonhomme . . . . . . . . . . 2

�– 6SA 5

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Serge Bosquette . . . . . . . . . . . . 2�

3SA 4SA 5�#�

RPatrick Boutet . . . . . . . . . . . . . 2SA 3SA 4SA 5

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Antoine Bovet . . . . . . . . . . . . . 2�

3SA 6SA % �5

Jacques Brethes . . . . . . . . . . . . 2�

3SA 4SA 5�&�

6Alexandre Broca . . . . . . . . . . . 3

�3SA 6

�5�'�

VThierry Buttin . . . . . . . . . . . . . 3

�3SA 6SA 4SA

�5

Élie Cali . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3�

3SA 4SA 5�#�

VMarc-Michel Corsini . . . . . . . 3

�– 4SA 5

� �5

Nicolas Courtel . . . . . . . . . . . . 2� % 6SA 5

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Olivier David . . . . . . . . . . . . . . 3� % 6

�5�&�

VSylvie Egret . . . . . . . . . . . . . . . 3SA 3SA 6SA % �

6André Fovet . . . . . . . . . . . . . . . 3

�3SA 4SA 5

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Hervé Gilbert . . . . . . . . . . . . . . 2� % 4SA 5

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Marc Giraud . . . . . . . . . . . . . . . 3�

3SA 4�

5�'�

RLudovic Graff . . . . . . . . . . . . . 2

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�5

David Harari . . . . . . . . . . . . . . 3�

3SA 6SA 4SA�

VHervé Jung . . . . . . . . . . . . . . . . 3

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DEtienne Klajnerman . . . . . . . . 2

�3SA 4SA 5

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Jean-Claude Kochersperger . 3�

3SA 4SA 4SA�

8Rémi Legras . . . . . . . . . . . . . . . 3

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5Manuel Lucas . . . . . . . . . . . . . 2

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6SA 4SA�

8Simon Magnis . . . . . . . . . . . . . 2

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RDaniel Matjasic . . . . . . . . . . . . 2

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VStéphane Messika . . . . . . . . . . 3

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�#�8

Fabien Miomandre . . . . . . . . . 3�

3SA 6SA 5� �

5Jacques Olivier . . . . . . . . . . . . 3

� % 4SA 6� �

5Sébastien Pélisson . . . . . . . . . 3

� % 4SA 4SA�

5Pierre Périssé . . . . . . . . . . . . . . 3

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VChristian Pham Van Cang . . . 2

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DGérard Pham Van Cang . . . . . 3

�– 4

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Jean-Claude Regnault . . . . . . 2�

4�

4SA 5�'�

VJean-Pierre Rocafort . . . . . . . . 2

�3SA 6SA 5

� �5

Jean-Luc Rousset . . . . . . . . . . 2� % 4SA 4SA

�6

François-Michel Sargos . . . . . 2� % 6SA 5

�'�6

Jean-Dominique Sarrola . . . . 3�

3SA 5SA 5�#�

DLionel Sebbane . . . . . . . . . . . . 3

�3SA 6SA % �

5Christophe Schneider . . . . . . . 3

�3SA 5SA 5SA

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Kenneth Takeda . . . . . . . . . . . . 2�

3SA 4SA 4SA�

DMarc Vaisset . . . . . . . . . . . . . . . 2SA 3SA 4SA 4SA

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Guy Vivens . . . . . . . . . . . . . . . . 3SA 3SA 4SA 5�#�

DWbridge5 . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

� % 4SA 4SA�

5

À l’aide, je suis squeezé ! Fi-gurez-vous que, dans un mo-ment d’infralucidité où monego dépassa mes oreilles, et àforce de flatteries psychiques, j’ai accepté decommenter un prestigieux concours d’enchères.Le rédac’chef doit aimer les montagnes russes,puisque je succède au grand, à l’incomparable,à l’inégalable, à l’unique Etienne Klajnerman.(sauF oMisSion?) La truffe gonflée à bloc, le cer-velet à vide, je me suis retrouvé angoissé face àla feuille blanche, proche de la renonce, jusqu’àcette idée lucideuse : et si je lisais vos réponses?

Un moment soulagé devant vos droites lignes, ladétresse m’attendait au tourment : on m’imposaitde coter le tout. Alors, comme François-MichelSargos avait proposé des doubles cotes, j’ai tri-coté sec pour ne pas reproduire la cote à strophedu numéro 39. Non, décidément, il fallait trou-ver mieux, en double hommage à Sylvie Egret,seule voix féminine parmi quarante-quatre, et auBridge Club des Nains de Jardin, pour qui esttaillée ma cotation : chaque réponse vous permetde gagner des centimètres (entre 0 et 30) qui,une fois additionnés, vous donneront votre tailled’adulte. Et, grande première, la rédaction a dé-bloqué un budget spécial pour doter le moins pe-tit d’entre vous de sa hauteur en carottes...

➊ EO/N (match par 4)�A

� A R 5 2�6 3 2

� A V 7 5 3

N E S O– – 1 � –

1�

– 1 � –1� – ?�

4 ( forcing

Commençons par un cas d’école, avec une ma-jorité de seize Prof pour qui 3 ) est « l’enchère

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. .

du livre » (Sébastien Pélisson). André Fovet dé-taille : « je réponds toujours à une question pré-cise de mon partenaire. Maximum et fitté, jesaute à 3 ) . » Certains Prof (en début de car-rière ?) doutent un peu : « tant pis pour la qua-lité médiocre des Carreaux » (Lionel Sebbane),« j’aimerais pouvoir dire 2 ) ... mais est-ce for-cing? » (Jean-Claude Kochersperger) Tous s’ac-cordent cependant sur le fait qu’il vaut mieux in-diquer sa distribution (1435) et sa force (15–17).

À l’opposé, on trouve Sylvie “Blanche Neige”Egret, accompagnée du Joyeux Guy Vivens,qui « plante la manche la plus probable, Nordayant passé : 3SA. » Notre héroïne s’explique :« soyons pragmatiques, le partenaire a sûrementun demi-arrêt à Pique sur ce coup. » On es-père qu’en face ne campe pas un Grincheux, oualors qu’il assure, question Carotte. Elle a quandmême un petit doute en fin de réponse : « mon Assec a mauvaise mine. » Sur BBO, serait-il encoretemps de cliquer sur undo?

On ne la fait pas aux Dormeurs (sept voix quandmême), qui soupirent mollement 2 � . DanielMatjasic se réfugie derrière « le partenaire (quilui) doit encore une enchère » et Nicolas Cour-tel « fittera au prochain tour. » Quelle confiance !Mais y aura-t-il bien un prochain tour? Un seul ala franchise de reconnaître son apathie, AntoineBovet : « je ne vois rien d’autre pour l’instant. »Rrr... zzz ! Refermez les volets, s’il vous plaît.

Au même palier, on trouve sept autres Timidesvoix pour 2 ) . Jean-Pierre Rocafort : « encore unAs de trop... mais trop d’incertitude pour s’en-gager plus radicalement. » François-Michel Sar-gos : « faute de mieux, j’annonce mon honneurtroisième, même s’il est un peu petit. » Ce n’estpas grave, ils sont habitués, au BCNJ. EtienneKlajnerman : « dans mon système... » Il y a unesuite, mais je n’ai pas trouvé le décodeur, dé-solé. Vu la réputation de ces trois Timides-là,on pourrait croire qu’il s’agit de l’enchère juste.Mais Ludovic Graff tempère : « c’est une bonneenchère d’attente, » tandis que Hervé Gilbert serassure comme il peut : « l’enchère permet de sedécrire sans risque puisque la 4 ! forcing resteautoforcing, même après passe. » Hé, partenaire,tu t’en souviens, hein?

N’y a-t-il que des gens de petite taille dans ceconcours ? Heureusement non, la forêt avoisi-nante participe aussi. Cinq lapins bondissent à3 � , en fins gourmets : « les trois Carreaux ché-tifs sont un peu justes pour un fit » (FabienMiomandre). Hervé Jung doit avoir des origines

normandes, puisqu’il explique : « 3 ) montreraitmieux ma distribution. » Trois taupes mettent uneCarotte dans leur Cœur et disent 2 � , une bonnebase pour une salade. Enfin, revenons dans lamaisonnette pour terminer avec quatre Atchoumà 2 � (quatre cartes à Pique ?) ou 2SA (du jeu,réparti ?), car seul un gros rhume de cerveaupeut expliquer ces enchères : le partenaire arri-vera bien à interpréter les postillons !...

3�

. . . . . 30 cm (16 voix) 3SA. . . .10 cm (2 voix)2�

. . . . . 25 cm (7 voix) 2 � . . . . . 5 cm (3 voix)2 � . . . . . 20 cm (7 voix) 2SA. . . . 2 cm (2 voix)3 � . . . . . 10 cm (5 voix) 2

�. . . . . 1 cm (2 voix)

Je tiens à préciser aux fidèles lectrices queces mensurations n’ont aucun caractère sexuel,même s’il est vrai que chez vous, les humains,on n’enchérit pas de la même manière au repos.

➋ EO/S (match par 4)�A R D

� R V 6�5

� A R D V 10 3

S O N E1 � – 1

�?

Cette main est un vrai casse-oreille pour nousautres rongeurs : faut-il s’extasier devant une sibelle brochette de Trèfles, ou faut-il être atterrépar l’unique petit Carreau ? Laissons tranquillesles trois Dormeurs qui passent habilement : « y’apas le feu au lac ! » (Marc-Michel Corsini) D’ac-cord, mais passer c’est reculer pour mieux y sau-ter et, entre temps, la pénurie de Carreau risqued’enflammer la donne. Il paraît opportun de rap-peler que le vénérable tabloïd que vous avez enmain n’organise pas un concours de sieste.

Manuel Lucas cumule les lapineries à cinqTrèfles : « si ça ne rentre pas, je ne serai sûre-ment pas contré. 3SA est à 0 %. » L’abus de cettecharmante herbe semble lui avoir grisé la truffe,tout comme à Jean-Claude Regnault, extralucideà 4 � : il est vrai que marquer dans sa colonnefait toujours plaisir lorsque les ogres se viandent,mais je ne saurais trop conseiller une telle tech-nicité, réservée aux animaux protégés par leursquatre pattes-bonheurs.

Douze Prof, style Gérard Jugnot dans Les Cœu-ristes, contrent. « Par 4, il me semble hors dequestion de faire l’enchère débile de 3SA » as-sume Hervé Gilbert, Simon Magnis précisant :« voyons s’il vaut mieux jouer 3SA ou 5 � . »

Même s’ils envisagent tous de planter 3SA au

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..

. .

. .

prochain tour de manivelle, et même s’il est tou-jours bon pour les atterrissages d’après matchde faire participer le partenaire, une grosse mi-norité de vingt-sept Simplets trouvent quelquescharmes à l’enchère directe de 3SA : « j’ai neuflevées » (Pierre Audebert, et je ne serais guèreétonné que nous ayons affaire à un matheux),« gambling, nanti de huit levées » (AlexandreBroca, Maths Spatiales), « tant que je n’ai pasperdu cinq Carreaux et l’As de Cœur, je peuxfaire mon contrat » (Lionel Sebbane, Maths Abs-traites). Heu... des Grincheux pourraient faire re-marquer que cinq levées suffisent pour faire chu-ter 3SA, mais le bridge international n’est sansdoute pas encore à leur portée...

Certains Simplets se montrent pragmatiques :« je ne peux pas vraiment détecter si nous te-nons les Carreaux » (David Harari), « tant pissi les adversaires font neuf levées avant moi »(Jean-Claude Kochersperger), « contre ou passene pourrait qu’aider les adversaires à trouverl’entame à Carreau » (Etienne Klajnerman, quinous avait habitués à pire).

Pour finir, 1 cm de malus à Guy Vivens : « 3SA,surtout si Lièvre Lucide est à l’entame ! » Je saisbien qu’il est vivement recommandé d’entamerhors tour quand on a l’infortune de jouer en facede ce générateur aléatoire d’entames, mais nesommes nous pas ici en face d’une exception sta-tistique selon la théorie des carottes vacantes?...

3SA. . . .30 cm (27 voix) passe . . . 15 cm (3 voix)Guy . . . . 29 cm 5 � . . . . . 10 cm (1 voix)� . . . . . . 20 cm (12 voix) 4 � . . . . . 5 cm (1 voix)

➌ P/O (match par 4)�A R 8 5

� A R D 4�R D 6 3

� 10

O N E S1 � – 1

�–

2 � – 2 � –3 � – 3

�–

4�

– ?

Jusqu’ici, tout allait bien. Finalement, commen-ter les boulettes des autres est plus agréableque d’avoir à justifier les siennes. Mais cettemain m’a donné beaucoup de poils à retordre,la séquence d’enchères étant nettement troplongue pour pouvoir être intégralement mé-morisée. Surchauffe sous les bonnets, c’est lagrinche généralisée : « pourquoi commencer parannoncer les Carreaux?... » (Alexandre Broca),« j’aurais inversé les enchères à Cœur et àPique... » (Etienne Klajnerman), « je n’aurais

pas dit 3 � ... » (Pierre Audebert, Hervé Jung,Rémi Legras, Gérard Pham Van Cang et LionelSebbane) Et vos justifications, bande de nainssatisfaits ? L’endormi Manuel Lucas semble unpeu plus honnête : « je ne sais pas si j’auraisfait les mêmes enchères, mais je sais pas nonplus si je ne les aurais pas faites !... » Dansla même lignée elliptique, dix-neuf Joyeusesvoix vont à 4SA Blackwood. Heu... Blackwood?Oui, B - l - a - c - k - w - o - o - d ! Seul André Fo-vet prend la peine d’expliquer cette épellationd’origine contrôlée : « 4SA ne peut être compriscomme quantitatif puisqu’il y a eu un fit (différé)à Carreau. » Diantrequiche ! Je suis prêt à pa-rier ma virginité contre 10 000 PE que nombrede partenains Simplets grimaceraient à la vuedu carton 4SA, comme le sous-entendent HervéJung : « j’aurais dit 4 � au lieu de 3 � pour pou-voir poser le Blackwood » ou Rémi Legras, quiévite l’enchère : « au moins, je ne pose pas deproblème au partenaire. »

Trois lapins nains fittent à 6 � , mais se justifient :« le Blackwood ne servirait à rien... 6 � semblemeilleur (au pire en 6 et 1) que 6 ) ou 6SA, etle 10 de Trèfle est une belle carte. Avec quatreCarreaux, le partenaire peut rectifier à 6 ) »(Pierre Périssé). Alexandre Broca est égalementun adepte de la lucidité. Je résume : « c’est unedonne calibrée pour le cousin du Lapin Lamen-table, qui commente : 6SA est moins bon, fautede communication vers la main des Trèfles. »

Dois-je vraiment commenter le 4 � des deux Ti-mides qui continuent à tourmenter leur partenaireaprès ses trois enchères à Trèfle et son annonced’une pièce à Carreau? Ce n’est plus un interro-gatoire, c’est le retour de la Nainquisition !

Deux autres marginains tentent 5SA, pas entiè-rement nainsensé : « question à l’atout Trèfle de-mandant au partenaire de nommer le grand che-lem si ses Trèfles sont autonomes » (ChristopheSchneider), « je voudrais jouer 6, mais je ne saispas encore trop si c’est à Trèfle, à Carreau ou àSA » (Jean-Dominique Sarrola, qui transfère sys-tématiquement toutes les décisions délicates à sapartenaire).

Il reste donc dix-sept petits doigts qui sautillentau fond de la classe : moua, Madâââme, moua !Enfin, c’est tout ce que Sylvie “Blanche Neige”Egret distingue, elle qui sèche au tableau : « 6SA,je ne vois pas autre chose, désolée. » C’est pro-bablement un lycée techno, vu qu’il y a uneseule élève pour dix-sept Prof. Un redoublantexpérimenté maugrée : « 6SA, assez tergiversé,

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..

. .

. .

on va s’égarer » (François-Michel Sargos). Lio-nel Sebbane, blouson noir : « 6SA, si mon parte-naire possède A R D V sixièmes à Trèfle et l’As deCarreau, je l’étrangle ! » Antoine Bovet : « 6SA,certes un peu paysan. » Autant pour moi, il s’agitplutôt d’une filière agricole. Enfin, Daniel Mat-jasic s’est fêlé le bonnet en sautillant trop prèsdu radiateur : « il y a peut-être 7SA si le parte-naire détient A R D V x x à Trèfle. » Même sansl’entame de l’As de Carreau, il faut une positionmiraculeuse pour engranger 13 levées.

Bon, silence là-dedans, la moutarde me monte àla truffe ! Même un rongeur de première annéel’aurait trouvée, celle-là. Rhââ lovely ! Je vaisenfin pouvoir vous saquer, en ne cotant que 20pour ce 6SA mal justifié. Écoutez votre parte-naire : 1 � ... 2 � ... 3 � ..., du Trèfle dans une mainfaible, puis 4 ) . L’enchère ne pouvant indiquerune courte, elle indique, bon sang, mais c’estbien sûr, l’As. Regardez amoureusement voscartes pour bien suivre. À partir de là (commele dit un de mes cousins, Didier des Champs),le partenaire ne peut avoir les Trèfles pleins, oualors c’est un sacré pleutre. À partir d’ici, peut-iln’avoir que D V 10 septièmes ? Il lui resteraitcomme condiments � D V � V x ) A x : ça n’ar-rive que dans les films d’horreur (Freddy III : lesgriffes de la nuit des herbivores maudits contre leretour du chasseur affamé, Éditions Plomb)...

Si vous êtes du BCNJ, enlevez-vous 5 cm, car ils’agissait d’une révision. La donne a en effet étéjouée à la maison, Ouest détenant :

� V 6 � 7 3 ) A 5 � A D V 8 7 5 4

6 � . . . . . . . . . . . 30 cm (18 voix)6SA . . . . . . . 20 cm (2 voix) 5SA . . 15 cm (3 voix)4SA BW . . 18 cm (19 voix) 4

�. . . � 5 cm (2 voix)

➍ P/O (match par 4)� �� A D 9 8 3�

A D 10 5� V 9 6 4

O N E S– 1 � 1

�2 �

4�

– – ?

Toute ma considération va à Pierre Périssé, quiest le seul à avoir découvert le thème de ceconcours : « on peut quasiment jouer 6 � surles quatre premières donnes. » Je constate avecplaisir que cette revue (à faible tirage, maisà fort ramage) réhabilite enfin les minorités.Les temps changent. À paraître, dans l’autrerevue, à la rubrique polémiques : « parité mi-neures / majeures : pour ou contre ? » en février

2005, ou 2050, je n’ai pas bien compris la datedécidée par Philippe Toffier.

Revenons à nos petits moutons. Toute ma sidé-ration va à Jean-Luc Rousset, qui est le seul àpenser que 4SA est un « Blackwood à Trèfle. »Les indiens auraient-ils un campement si près denotre forêt ? En tout cas, ce comanche-là resteclairvoyant : « je ne sais pas trop où je vais,mais j’y vais... » Espérons qu’il ne croisera pasla route des quinze nains qui rentrent du boulot,pour qui ce 4 Roudoudoux est « l’exemple typede 4SA nébuleux. Le passe du partenaire est for-cing et encourageant, je peux jouer le chelemdans la couleur qu’il préfère » (David Harari).Christian Pham Van Cang enfonce le sioux : « cen’est pas un Blackwood, évidemment, juste unintérêt pour les mineures. » Dommage qu’aucunn’explique la différence entre 4SA et contre, en-chère de style patate chaude choisie à la table deSylvie “Blanche Neige” Egret. Lionel Sebbaneconfirme : « je ne suis pas certain de gagner uncontrat, laissons le partenaire décider » en com-pagnie de Daniel Matjasic : « mieux que 4SA, jeveux bien jouer 4 �+* avec une main plate enface. » Heu... si je peux me permettre, le parte-naire n’aurait-il pas déjà contré avec une tellemain? Et mon contre ne risque-t-il pas d’être in-terprété comme une décision, vu son passe? J’enperds mon lapin, moi.

Alain Bonhomme prend la défense de notre gaihuron : « 5 � , oui, je sais, c’est p’tit bras... 4SA,c’est quoi, au fait? » Bras raccourci, certes, maispas pygmée pour autant, disons Timide, commeJean-Dominique Sarrola : « 5 � , je devrais sansdoute en mettre 6, mais je n’ose pas. » Alors, au-cun Joyeux n’ose? Si, Jacques Olivier : « j’ai dumal à envisager une main où le partenaire necontre pas et où le petit chelem ne rentre pas.Après 5 � , mon second choix, le partenaire ris-querait de déclarer un grand chelem à 50 %. »

Alors 5 � , enchère de Grand Joyeux ? Ah quenenni : elle indique juste « une chicane à Pique,partenaire, choisis ton chelem » (Elie Cali). Ahque oui : « je propose 6 � , 6 ) ou 6 � , voire ungrand chelem » (Serge Bosquette). ChristopheSchneider met tout le monde d’accord : « 5SA,qui demande au partenaire de choisir sa couleurau palier de 6. 5 � est trop optimiste et 4SA troppessimiste. » Mais que fera-t-il s’il entend 6SA?Mystère et boules de gnome...

Pour finir, mes craintes se confirment avec deuxpeaux-rouges en tenue légère (pagne et toma-hawk), qui défient les bonnets rouges à 5 ) :

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..

..

. .

. .

« j’annoncerai peut-être mon fit à Trèfle au toursuivant » (Etienne Klajnerman), « je me décris »(Stéphane Messika). Quitte à innover, n’oubliezpas vos sagaies la prochaine fois : on embrocheraquelques lutins et on se fera un baby-foot.

Bon, pour coter tout ça, j’ai additionné les IV desrépondants, puis j’ai pondéré, malaxé, etc.

4SA non Blackwood. . . . . . .30 cm (15 voix)5 � . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 cm (13 voix)� . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 cm (4 voix)5�

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 cm (5 voix)5SA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 cm (1 voix)6 � . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 cm (2 voix)4SA Blackwood . . . . . . . . . . . 5 cm (2 voix)5�

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 mm (2 voix)

➎ T/S (match par 4)Qu’entamez-vous en Sud?�

6 4� A 9 7 5�

R V 10 8� R D 6

S O N E1�

– – 1SA– 3SA fin

Finissons avec la grande spécialité du LiLu, unproblème d’entame. On a eu la bonté de m’ex-pliquer ce qu’il fallait entamer, avec les quatrejeux en prime, avant de me livrer vos réponses. Jevous le dis tout de go, je n’y vais pas par quatrechemins, je ne tourne pas autour du pot, je melance : tous ceux qui n’ont pas trouvé l’entamearchi-évidente de la Dame de Trèfle sont rétro-gradés ! Vous pouvez consulter le site de la FFB,qui vous le confirmera : « aujourd’hui, votre clas-sement serait 1 , ! série Truffe. Suite à un incidenttechnique, vos PP ont été échangés contre desactions Eurotunnel, à 100 contre 1. »

Je détaille la main du partenaire : il ne possèderien de chez rien, sauf six Trèfles par le Va-let. Ne râlez pas, on vous avait prévenus toutau long du concours : « les Trèfles, c’est pasdes nèfles ! » (Lièvre Lucide) Emmanuel de Cha-tillon qui, à l’époque, avait soumis la main à laliste de diffusion francophone sur le bridge (surinternet), explique : « entamer neutre, c’est trèsbien, mais on aura du mal à continuer à jouerneutre chaque fois que l’on prendra la main. »Un grand bravo, donc, aux six qui ont posé laDame de Trèfle sur la table : Alain Bonhomme,Patrick Boutet, Hervé Jung (« l’entame neutre esttentante, mais que défausser sur quatre tours dePique ? »), Jean-Dominique Sarrola (« comme àla télé ! »), Christian Pham Van Cang, Kenneth

Takeda et Guy Vivens. Et haro sur les quatre bon-nets d’âne qui entament neutre à Pique : « je re-cule pour mieux sauter mais, au moins, j’auraivu le mort. » (François-Michel Sargos, qui va sur-tout voir son nouveau classement en 4 Série Pro-motion !)

Gérard Pham Van Cang a dû demander conseil àPasse-Partout, son cousin de Fort Boyard, et en-tame l’As de Cœur, de peur de refiler 3SA+ 4au Père Fourasse. L’infortuné Thierry Buttinenvisage le gros lot, avant de se désengager :« 5 de Cœur. Entamer la Dame de Trèfle me pa-raît trop engagé et le reste est exclu. » L’entameà Cœur est d’ailleurs majoritaire (quinze voix) :« première tentative d’échapper à la remise enmain » (Jean-Pierre Rocafort), « j’espère trouverla couleur cinquième chez le partenaire » (Lio-nel Sebbane), « j’espère simplement que le parte-naire n’a pas V 10 x x (x) à Trèfle » (Etienne Kla-jnerman, from the back seat).

Restent quinze voix pour l’entame à Carreau (le8, le Valet ou le Roi) bien que, ayant ouvert de1 ) , un pingouin ait réveillé par 1SA à droiteet un manchot en ait planté 3 à gauche. Maisqu’importe, qui entame Carreau n’est pas capot.Manuel Lucas résume : « le partenaire a peut-être la Dame » puis se distingue : « évidemment,s’il a l’As de Trèfle, j’ai raté l’entame... » Oui,l’entame est ratée, mais envisager l’As de Trèflec’est, comment dire... Simplet et Joyeux à lafois ? Jean-Claude Regnault est philoprof : « sile partenaire n’a rien, j’assure égal... » Nico-las Courtel néglige le côté obscur des mineures :« si le déclarant à besoin des Trèfles, j’espère enfaire deux, plus deux Carreaux et l’As de Cœur. »Dois-je vraiment vous préciser la cotation?...

D � . . . . . . . . . . . 30 cm (6 voix)� 5. . . . .15 cm (15 voix)

�. . . . . . 5 cm (18 voix)�

6. . . . .10 cm (4 voix) � As . . . 1 cm (1 voix)

Si vous lisez encore ceslignes après mes commen-

taires, félicitations, vousêtes de bonne constitution.

J’espère que vous avez pu at-teindre une taille respec-

table et je laisse le soin aurédac’chef de totaliser les

notes pour envoyer sa hau-teur en carottes au plusvénérâble d’entre vous...

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RÉSULTATS

TOURNOIS DU CHALLENGE

COUPE ROLLON GADELLE (12.09.2004)

Le Challenge Lorrain compte désormais un nouveautournoi, dédié à la mémoire du président Rollon Ga-delle, qui nous a quittés en décembre 2003. Pro-grammé une semaine avant le tournoi de Thionvillequi, jusqu’ici, débutait traditionnellement le Chal-lenge, il en reprend la formule de patton suisse. Pourcette première édition, 36 équipes se sont affrontéesdans la salle des fêtes de Plappigny, sous l’arbitragebienveillant de Philippe Bonnier et Maurice Fontaine.Au final, l’équipe de Michel Metz devance de 6 IMPcelle de Pascal Robert, notre nouveau président de co-mité, et s’adjuge la plus haute marche du podium.Après la remise des prix dans les locaux du BridgeClub de Longeville-lès-Metz, la soirée s’est terminéede mémorable façon par un fastueux buffet, qui s’estprolongé fort tard, pour le plus grand plaisir du der-nier carré de convives.

Revenons au bridge proprement dit, avec un joli coupde flanc « comme dans les livres » tiré du match ayantopposé l’équipe Emerique à l’équipe Sargos (P / S) :

�9 5 3�8 3�R 10 6 2�R 10 8 7

N

S

EO

�V 8 7 4 2�R V 10 7�8�D 4 3

S O N E1�

2SA – 3 �3 � – 4

� �– – –

2SA indique classiquement un bicolore mineur.Certes, le saut de Nord à 4

�est inquiétant mais, fort

de votre opposition en majeure, vous avez contré, carvous n’êtes pas du genre à vous laisser impression-ner. Votre partenaire n’étant lui-même pas du genreà s’embarquer sans biscuit, il doit bien détenir une,voire deux levées de défense. Enfin, et surtout, vousn’avez pas envie que le dit partenaire défende à 5 � .Celui-ci entame l’As de Trèfle, justement (le 5 enSud), puis continue par l’As de Carreau (le 4 en Sud),suivi du 3, pour le 6 du mort. Vous coupez du 2 de

Pique, Sud fournissant le Valet de Carreau. Votrecamp a trois levées, et maintenant?...

Il paraît urgent de rejouer atout pour priver le mortde coupes à Cœur, et vous mettez la main sur le 4 dePique. Mais réfléchissez bien encore...

Ouest ayant six Carreaux (il a rejoué le 3 après l’As,en parité du résidu) et probablement cinq Trèfles, Sudest 5521, avec les gros honneurs majeurs manquants :

�A R D 10 6 � A D 9 5 2

�V 4 � 5

Si vous jouez à cartes ouvertes, Sud aussi : il vaprendre au mort avec le 9 de Pique, faire l’impasseau Roi de Cœur, tirer l’As de Cœur, couper un petitCœur au mort, encaisser le Roi de Trèfle pour défaus-ser un Cœur de sa main, couper un Trèfle avec son6 de Pique, puis de nouveau un Cœur au mort. Il nelui restera alors en main que la tierce majeure d’atoutaccompagnée du 10 et, jouant du mort, il pourra récla-mer le reste. La levée du 9 de Pique est providentiellecar elle lui permet de faire l’impasse à Cœur tout enpréservant deux atouts au mort pour couper, commesi vous aviez rejoué Cœur ou Trèfle.

En fait, pour empêcher le déclarant d’accéder au mortsans gaspiller de levée, il faut l’obliger à prendre lalevée d’atout de sa main, et donc jouer le Valet dePique, et non le 4 : Sud pourra bien remonter au mortpar le 9 de Pique pour faire l’impasse à Cœur, mais lemort ne disposera alors plus que d’un seul atout pourcouper les Cœurs perdants.

Facile, sur le papier. Moins à la table, puisque ni le dé-fenseur de la salle ouverte ni celui de la salle fermée,pourtant 1 ���� Séries majeures, n’ont trouvé le retouret mérité d’être cités ici. Le joueur de la salle ouvertesemblait en tout de cause avoir une plus juste appré-ciation de ses capacités : il n’a pas contré 4

�!

PV PC1 Michel Metz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119,30 217

Cornu, Dourson, Ippolito, Peter, Pougnand2 Pascal Robert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113,40 147

Chassagne, Divoux, Favé3 Claude Emerique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103,40 115

Detona, Masini, Stéphan4 Nathalie Dobritz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101,00 95

Dobritz, Gross, Sampy5 Suzanne Cawley . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100,00 81

Grosy, Ingelbert, Thomsen6 Nathalie De Cargouët . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99,10 69

Buron, Kœppel, Renno, Sargos7 Francis Mochel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98,30 60

Beureux, Challand, Chatelain8 Hubert Muller . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96,20 52

Leycuras, Roques, Vernet9 Bernard Lambert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95,70 43

Dohet, Grosselin, Roques10 Monique Adam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95,50 37

Houdot, Parant, Péruvien, Still11 Christophe Bachelier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91,60 30

Corbarieu, Gieysse, Lecannelie12 Claude Simon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91,10 23

Bressaglia, Davidson, Thillens13 André Lévy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89,20 13

Bouchholtz, Delarue, Mack

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THIONVILLE (12.09.2004)

Une semaine après la Coupe Rollon Gadelle, 34équipes se retrouvaient à Thionville pour un nouvelaffrontement. Elles auraient même sans doute été plusnombreuses si la taille des locaux l’avait permis. Ga-geons que la direction et l’arbitrage sans reproche dePhilippe Bonnier n’est pas pour rien dans ce succès.

PV PC1 équipe Suzanne Cawley. . . . . . . . . . . . . . . . . 135,20 2262 équipe Michel Roques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123,90 1533 équipe Geneviève Deutsch . . . . . . . . . . . . . . 121,10 1194 équipe Bernard Demange . . . . . . . . . . . . . . . 116,80 985 équipe Monique Frédéric . . . . . . . . . . . . . . . 114,50 826 équipe Nicole Colin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114,00 697 équipe Jean-Dominique Detona. . . . . . . . . . 112,10 598 équipe Claude Charpentier . . . . . . . . . . . . . . 110,90 509 équipe Marie-Christine Dupont . . . . . . . . . . 110,80 41

10 équipe Maryse Corazzi . . . . . . . . . . . . . . . . . 110,30 3311 équipe Hector Janssen . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109,40 2412 équipe Jean-François Godard . . . . . . . . . . . . 105,50 11

SAINT-NICOLAS-DE-PORT (26.09.2004)

Curieusement, le premier tournoi par paires de la ré-gion ne réussit guère aux joueurs les mieux classés,ce que confirme cette fois encore le classement des75 paires présentes, après une unique séance de 30donnes, arbitrée par Christian Filliot.

% PC1 T. Dubus - M. Roques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66,62 3652 Mlle C. Favé - F. Langlais . . . . . . . . . . . . . . . . 63,30 2523 A. Glasser - B. Herbeth . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63,06 2024 Mme O. Lecannelie - Ch. Bachelier . . . . . . . 61,00 1715 Mme M.-Th. Thiébault - J.-P. Dufour . . . . . . 61,05 1506 Th. Dobritz - J. Gross . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58,83 1347 Mme A. Grosselin - B. Lambert . . . . . . . . . . . 58,89 1208 Mme M. Thillens - M. Fontaine . . . . . . . . . . . 57,79 1099 M. & Mme R. Gross . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57,76 100

10 Mme Th. Querniard - C. Pierson . . . . . . . . . . 56,91 9211 Mme N. Veilex - Ph. Chateaux . . . . . . . . . . . . 56,84 8612 C. Emerique - P. Stéphan. . . . . . . . . . . . . . . . . 56,08 7913 G. Charton - M. Zabouri . . . . . . . . . . . . . . . . . 55,79 7414 Mme A.-M. François - F. Bonneaux . . . . . . . 55,76 6715 J. Mangeot - B. Noël . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55,60 6316 M. & Mme D. Henry . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55,58 5817 Mmes L. Grosjean - P. Roques . . . . . . . . . . . . 55,39 5318 Ph. Regnaud - R. Vey . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55,32 4919 Mmes C. Chapuis - J. Dufour . . . . . . . . . . . . . 55,08 4320 Mme T. Wajnberg - I. Georges . . . . . . . . . . . . 54,80 4121 M. & Mme J.-C. Villevieille . . . . . . . . . . . . . . 54,37 3622 Mme A.-M. Triqueneaux - R. Colin . . . . . . . 54,23 3223 Mme L. Péruvien - G. Houdot . . . . . . . . . . . . 54,04 2824 Mme M. Dehaspe - J.-C. Helfenstein . . . . . . 53,81 2225 Mmes P. Leclercq - M. Souchal . . . . . . . . . . . 53,70 1726 Mmes G. Brand - G. Rauch . . . . . . . . . . . . . . . 53,36 9

METZ (10.10.2004)

Malgré une légère baisse d’affluence (117 pairescontre 126 la saison passée), ce tournoi reste, deloin, le plus important de la région et un rendez-vous incontournable pour les bridgeurs lorrains. Lesquelques problèmes qui avaient un tant soit peu gâtél’édition 2003 ont été corrigés et l’après-midi s’estdéroulée de la meilleure façon, pour la plus grandesatisfaction des participants. Un coup de chapeauaux organisateurs, donc, ainsi qu’à l’arbitre, Cathe-rine Chansel, toujours impeccable, qui ont su gérer

au mieux les cinq tournois mis en place pour ac-cueillir tout ce monde. Les joueurs messins effec-tuent un joli tir groupé dans les toutes premièresplaces, même s’ils laissent la victoire à une paire spi-nalienne. À noter, une deuxième séance extraordi-naire de Pierre-Yves Cunat et Pierre-Jean Guardiolle,à 75,89%, qui leur a permis de remonter dans le pelo-ton de tête après une première séance très médiocre.

% PC1 Mme G. Haudeville - L. Piraud . . . . . . . . . . . 66,53 5052 P. Buchou - F. Langlais . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65,13 3523 Mme A. Dohet - M. Roques . . . . . . . . . . . . . . 62,88 2824 Mme M. Pivoteau - J. Klajnerman. . . . . . . . . 61,92 2405 P.-Y. Cunat - P.-J. Guardiolle . . . . . . . . . . . . . 61,42 2126 Mme M. Jeitz - F. Crucifix . . . . . . . . . . . . . . . 61,20 1907 J.-D. Detona - G. Masini . . . . . . . . . . . . . . . . . 60,93 1728 M. & Mme P. Seurin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60,12 1599 J.-M. Delavet - H. Muller . . . . . . . . . . . . . . . . 60,10 146

10 M. & Mme Ch. Streiff . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60,05 13611 Mme A.-M. François - F. Bonneaux . . . . . . . 59,63 12712 N. Sarantakos - T. Van Der Lann . . . . . . . . . . 59,42 11913 A. Glasser - B. Schreiber . . . . . . . . . . . . . . . . . 58,47 11214 Mme O. Lecannelie - Ch. Bachelier . . . . . . . 58,30 10515 C. Emerique - P. Stéphan. . . . . . . . . . . . . . . . . 58,10 10016 Mmes R. Bosly - K. Contarini . . . . . . . . . . . . 58,00 9417 F. Billuart - J. Riehl . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57,88 8818 J. Bertoni - G. Scherentz . . . . . . . . . . . . . . . . . 57,78 8319 Mmes N. Bonnier - E. Caille . . . . . . . . . . . . . . 57,75 7820 Ph. Kœppel - F.-M. Sargos . . . . . . . . . . . . . . . 57,08 7421 W. Page - D. Winter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57,05 6922 Mmes M.-M. Jeandel - M.-F. Schaff . . . . . . . 56,20 6623 J.-P. Delmas - Y. Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . 56,16 6124 A. Grosselin - B. Lambert . . . . . . . . . . . . . . . . 55,98 5825 Mme C. Corsini - P. Wolff . . . . . . . . . . . . . . . . 55,51 5326 B. Oulerich - J.-J. Strohmenger . . . . . . . . . . . 55,38 5027 Mmes A. Gilkin - M. Vroone . . . . . . . . . . . . . 55,29 4528 Mme N. Leycuras - P. Bressaglia . . . . . . . . . . 55,23 4229 Mme M.-Th. Thiébault - J.-P. Dufour . . . . . . 54,31 3730 Mme Th. Querniard - C. Pier son . . . . . . . . . 53,84 3331 Mmes M. Rémy - B. Winczewski . . . . . . . . . 53,79 2832 M. & Mme B. Demange . . . . . . . . . . . . . . . . . 53,43 2433 Mme E Græwert - M. Muller-Hauser . . . . . . 53,35 1734 Mme M. Adam - J. Still . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52,99 9

ÉPINAL (11.11.2004)

Chaque année, en Lorraine, le 11 novembre estl’occasion de célébrer les vainqueurs de la GrandeGuerre, mais aussi ceux du tournoi d’Épinal, qui a tra-ditionnellement lieu à cette date. Belle affluence en-core pour cette édition, avec 72 participants, qui onteu la surprise de découvrir une salle en cours de ré-novation. Une ambiance chaleureuse, et bon enfant, atoutefois fait vite oublier le confort quelque peu spar-tiate. Après une séance de 32 donnes, arbitrée par Ca-therine Chansel avec sa compétence habituelle, et lebuffet qui a suivi la promulgation des résultats (clas-sement au serpentin), on a pris rendez-vous pour l’an-née prochaine, histoire de pouvoir au moins admirerla remise à neuf des locaux !

% PC1 Ph. Chottin - B. Lacour . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66,68 3472 Mmes G. Haudeville - F. Noël . . . . . . . . . . . . 65,93 2413 Mme C. Charpentier - O. Monge . . . . . . . . . . 64,72 1914 Mme M. Dehaspe - J.C. Helfenstein . . . . . . . 60,23 1625 Mme C. Favé - M. Chassagne . . . . . . . . . . . . 62,70 1416 Mme Th. Querniard - C. Pierson . . . . . . . . . . 57,21 126

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Éditeur : Gérald Masini ([email protected]) Correspondant compétitions : Daniel Belut Tirage : Pierre-Jean GuardiolleTous droits de reproduction réservés pour tous les textes © Gérald Masini et N@NCY TEX@S 2005

N@NCY TEX@S 41 janvier - février - mars 2005 http://www.bcnj.fr/Nancy_Texas.html

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EPINAL (suite)7 Mme C. Dietz - B. Schreiber . . . . . . . . . . . . . 62,45 1138 Mme O. Lecannelie - Ch. Bachelier . . . . . . . 56,55 1049 Mme B. Becker - G. Masini . . . . . . . . . . . . . . 60,74 94

10 Mme I. Maidorn - W. Page . . . . . . . . . . . . . . . 60,03 8711 M. & Mme R. Gross . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58,32 8012 Mmes V. Schong - N. Woda . . . . . . . . . . . . . . 57,76 7413 Mme M.-R. Streicher - L. Piraud . . . . . . . . . 56,96 6814 Mmes M. Corazzi - M. Rémy . . . . . . . . . . . . 56,70 6315 M. & Mme G. Trivaudey. . . . . . . . . . . . . . . . . 56,00 5816 Mmes G. Brand - G. Rauch . . . . . . . . . . . . . . 55,65 5317 Ph. Kœppel - F.-M. Sargos . . . . . . . . . . . . . . . 55,39 4818 Mmes E. Laine - A.-M. Triqueneaux . . . . . . 55,09 4419 M. Jacquot - D. Rauscher . . . . . . . . . . . . . . . . 55,09 4020 Th. Dobritz - J. Gross . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54,84 3521 A. Glasser - B. Herbeth . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54,08 3122 B. Brengard - P. Robert . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53,83 2623 Mme D. Bourguignon - D. Lajeunesse . . . . 53,83 2124 Mme N. Leycuras - H. Muller . . . . . . . . . . . . 53,73 15

ONCOURSD'ENCHÈRES

NUMERO 41

➊ P/E (match par 4)� �� R 6 5�

R 10 2� A 10 9 8 7 6 3

E S O N1�

1�

2 � 2�

– – ?

➋ T/E (tournoi par paires)�A 10 6

� D�D 7 5

� A 10 9 8 6 3

E S O N1 � 3 � ?

Faites-vous la mêmeenchère par 4?

➌ NS/E (match par 4)�A 5 3 2

� 10 6�V

� A 10 9 8 6 2

E S O N– 1 � 1

�?

➍ P/O (match par 4)�R 8 7

� R 10 7 6 4�A V

� D 6 2

O N E S1 � 2 � 3

�–

3SA – 4 � –4�

– 4 � –?�bicolore

�–�

➎ T/S (match par 4)Qu’entamez-vous en Sud?�V 2

� A 10 4�A D 6 3

� A V 10 5

S O N E1SA – – 2

�– – –

Une nouvelle figure du BCNJdisparaît. Natif d’Avignon, enaoût 1936, Elie De Ciaves a dé-buté comme ingénieur dans lestravaux publics, participant no-tamment à la construction d’aé-rodromes, au Niger et à Mada-gascar, et de grands ensembles,à Mantes-la-Jolie et à Meaux. Passé directeur deTradilor, il s’installa à Nancy en 1983, où il ter-mina sa carrière dans l’entreprise de construc-tion S.A.E.E. Ramelli. Membre du club dès sonarrivée, il eut notamment Jacques Grison, Mar-cel Krezpicki, Patrick Stéphan, Alain Cunat etClaude Poincelot pour partenaires de prédilec-tion. Grand amateur de partie libre, de barbu etde yam, il n’en négligeait pas pour autant sonautre passion, le golf. Elie est décédé en no-vembre dernier. Que sa compagne, Martine Mo-rel, sa fille Jennifer, sa belle-fille Emmanuelle,ainsi que toute sa famille veuillent bien accepternos plus sincères condoléances.

Le Comité de Lorraine a hélas perdu deuxautres de ses membres dans les mois passés.René Chambon, qui fut président de l’A.B.N. deLaxou (devenu le Vandœuvre Bridge Club), puisChristian Streiff nous ont quittés prématurément.Connu autant pour ses qualités de joueur quepour sa carrure et son bagout, ce dernier laisse ungrand vide dans le bridge du nord de la Lorraine.Que leurs proches à tous deux soient assurés denotre profond soutien dans cette terrible épreuve.