DP Daumier.indd

18
Daumier DOSSIER DE PRESSE Sommaire Communiqué de presse Renseignements pratiques Iconographie Présentation Parcours de l’exposition Glossaire Repères chronologiques Publication Daumier et ses héritiers sur Internet Pour compléter l’exposition : Les héritiers de Daumier Site François-Mitterrand Exposition du 4 mars au 29 juin 2008 Site Richelieu Galerie Mazarine 2 3 4 6 7 11 12 14 15 16 En partenariat avec

Transcript of DP Daumier.indd

Page 1: DP Daumier.indd

D

aum

ier

DOSSIER DE PRESSE

Sommaire

Communiqué de presse

Renseignements pratiques

Iconographie

Présentation

Parcours de l’exposition

Glossaire

Repères chronologiques

Publication

Daumier et ses héritiers sur Internet

Pour compléter l’exposition : Les héritiers de DaumierSite François-Mitterrand

Expositiondu 4 mars au 29 juin 2008Site RichelieuGalerie Mazarine

2

3

4

6

7

11

12

14

15

16

En partenariat avec

Page 2: DP Daumier.indd

COMMUNIQUE DE PRESSE

DaumierLa Bibliothèque nationale de France célèbre le « Michel-Ange de la caricature » à l’occasion du bicentenaire de la naissance de l’artiste (1808-1879). Une sélection de deux cent vingt pièces sur les quatre mille conservées au département des Estampes et de la photographie met en lumière l’évolution de l’écriture lithographique d’Honoré Daumier, aussi personnelle dans sa graphie qu’universelle dans le message contenu. Elle permet de comprendre comment ses innovations techniques et stylistiques, ses partis pris esthétiques l’ont inscrit dans l’histoire de l’art parmi les « maîtres de l’estampe ».

De la Monarchie de Juillet à la chute du Second Empire, la longue carrière du lithographe pour la presse est évoquée par des pièces phares telles que Le Ventre législatif, La Rue Transnonain ou la Page d’histoire, mais aussi par des pièces moins souvent montrées, prélevées au sein d’une vaste « comédie humaine » en noir et blanc. Rythmées par les dates des changements politiques et des lois sur la liberté de la presse, cinq périodes se dessinent, faisant alterner caricatures politiques et scènes de mœurs.

Daumier fait ses débuts comme caricaturiste politique dans La Caricature et Le Charivari, sous le signe d’une opposition à Louis-Philippe conduite par Charles Philipon, le directeur de ces deux journaux. Certaines planches le mènent bien au-delà de la caricature : La Rue Transnonain n’est autre qu’un tableau d’histoire en noir et blanc qui préfigure le courant réaliste pictural et s’impose comme un chef d’œuvre de l’histoire de l’estampe.

Les lois de septembre 1835 entravant la liberté de la presse l’obligent à se réorienter vers la caricature de mœurs. Le personnage de Robert Macaire et d’autres types de la société parisienne défilent sous les yeux des lecteurs du Charivari. Les grandes séries des années 1840 telles que L’Histoire ancienne, parodies de l’Antiquité, Les Bas bleus qui épinglent les femmes écrivains, Les Bons bourgeois, les Locataires et propriétaires et Les Gens de justice, concentrent le meilleur du caricaturiste de mœurs de la Monarchie de Juillet.

Les événements de 1848 redonnent à Daumier la liberté d’exprimer ses convictions républicaines dans la satire politique, grâce notamment au personnage de Ratapoil qui incarne le type de l’agent de propagande bonapartiste.

L’avènement du Second Empire signe le retour à la caricature de mœurs. Un véritable reportage lithographique de la vie quotidienne naît sous le crayon de Daumier. D’une grande modernité, les planches sur le monde du spectacle apportent un contrepoint aux études de plein air qui en font un précurseur des impressionnistes.

Après un régime autoritaire qui contrôle la presse, l’Empire libéral coïncide avec les dernières années de production de Daumier, pendant lesquelles, avec une économie de moyens saisissante, il se livre à d’ultimes attaques politiques.

Outre ce parcours chronologique, l’exposition est l’occasion d’entrer au cœur du processus d’élaboration de l’œuvre lithographique. De la matrice à l’épreuve du Charivari, en passant par les épreuves sur blanc, avec et sans légendes, celles destinées à la Censure ou encore coloriées, toutes les étapes de la fabrication des lithographies de Daumier sont évoquées.

2

Exposition

La BnF hors-les-mursAutour de la gravure : Exposition Goya graveur au Petit Palais du13 mars au 8 juin 2008Avec plus de 280 pièces dont certaines proviennent des collections de la BnF, l’exposition retrace le parcours de l’artiste, depuis ses premiers essais de graveur jusqu’aux audacieux Toros de Bordeaux de 1825. Petit Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8e

Page 3: DP Daumier.indd

Dates 4 mars - 29 juin 2008

Lieu BnF - Site RichelieuGalerie Mazarine

58 rue de Richelieu - Paris IIe

Métro : Bourse, Palais Royal, PyramidesBus : 20, 21, 27, 85, 74, 39

Horaires Du mardi au samedi 10h-19hDimanche 12h-19h

Fermé lundi et jours fériésEntrée : 7 euros , TR : 5 euros

Commissariat Valérie Sueur-Hermel, BnF, conservateur au département des Estampes

et de la photographie

Coordination Maud Calmé, BnF, service des expositions

Scénographie

Activités pédagogiques

Visites guidées

Massimo Quendolo

Pour les enseignants: visites guidées gratuites le mercredi hors vacances scolaires

réservation obligatoire au 01 53 79 49 49

Pour les élèves de collège et lycée: visites guidées le mardi, jeudi, vendredi à 10H et 11H30

tarif: 46 euros par classeréservation obligatoire au 01 53 79 49 49

Visites libres gratuites avec l’enseignant du mardi au samedi, réservation obligatoire

Renseignements et réservations au 01 53 79 49 49

Exposition virtuelle expositions.bnf.fr

Publication Daumier. L’écriture du lithographeSous la direction de Valérie Sueur-Hermel

192 pages et 220 illustrations Éditions de la BnF

Prix : 35 euros

Contacts presse Claudine Hermabessière, chef du service de presse

01 53 79 41 18 - [email protected] Coilly,

chargée de communication presse 01 53 79 40 11 - [email protected]

Daumier

3

Page 4: DP Daumier.indd

ICONOGRAPHIE - DaumierIconographie disponible dans le cadre de la promotion de l’exposition uniquement

Félix Nadar (1820-1910)Honoré Daumier - 1856-1858Épreuve photographique sur papier saléBnF, dpt Estampes et photographie

Le passé, le présent, l’avenir - 1834Lithographie, 1er état - 21,4 x 19,6 cm BnF, dpt Estampes et photographie

Le Ventre législatif. Aspects des bancs ministériels de la chambre improstituée de 1834Lithographie, état unique, avec la lettre - 28 x 43,1 cmBnF, dpt Estampes et photographie

Ah ! Tu veux te frotter à la presse - 1833Lithographie, état unique, avec la lettre 22,5 x 20,4 cmBnF, dpt Estampes et photographie

Rue Transnonain, le 15 avril 1834 - 1834Lithographie, état unique, avec la lettre - 29 x 44,5 cmBnF, dpt Estampes et photographie

Effet de lunes - Planche 25 de la série des Mœurs conjugales - 1840Lithographie, 2ème état, avec la lettre24,5 x 19,8 cmBnF, dpt Estampes et photographie

De ce côté-là vous voyez la tour St.Jacques la Boucherie!....Série Locataires et propriétaires - 1847Lithographie, 2ème état, avec la lettre25 x 22,9 cm (au motif)BnF, dpt Estampes et photographie

Recherche infructueuse de la planète LeverrierSérie Les Bons bourgeois - 1846Lithographie, 2ème état, avec la lettre25,3 x 22 cm (au motif)BnF, dpt Estampes et photographie

Vous avez perdu votre procès c’est vrai ..... mais vous avez du [sic] éprouver bien du plaisir à m’entendre plaiderSérie Les Gens de justice - 1848Lithographie, 2ème état, avec la lettre 23,9 x 18,3 cmBnF, dpt Estampes et photographie

Le Beau Narcisse. / Il était jeune et beau, de leurs douces haleines / Les zéphirs caressaient ses contours pleins d’attraits. / Et dans le miroir des fontaines / Il aimait comme nous à contempler ses traits / Quatrain intime de Mr Narcisse de SalvandySérie Histoire ancienne - 1842Lithographie, 3ème état, avec la lettre - 24,9 x 20 cmBnF, dpt Estampes et photographie

- Belle dame, voulez-vous bien accepter mon bras? - Votre passion est trop subite pour que je puisse y croire!Série Actualités - 1851Lithographie, 2ème état avec la lettre - 25,6 x 22 cmBnF, dpt Estampes et photographie

L’Orchestre pendant qu’on joue une tragédieSérie des Croquis musicaux - 1852Lithographie, état unique, avec la lettre26,1 x 21,6 cmBnF, dpt Estampes et photographie

Plaisanterie que se permettent maintenant les chevaux, dans le quartier des Champs-ÉlyséesSérie Actualités - 1858Lithographie, 2ème état avec la lettre - 25,8 x 20,3 cmBnF, dpt Estampes et photographie

La Loge - 1852Lithographie inédite, état unique, avant la lettre23,8 x 22,5 cmBnF, dpt Estampes et photographie

4

Page 5: DP Daumier.indd

Un léger zéphir annonçant l’arrivée du printempsSérie Actualités - 1855Lithographie, 2ème état, avec la lettre25,7 x 19,3 cmBnF, dpt Estampes et photographie

L’Equilibre européenSérie Actualités - 1866Lithographie, 3ème état, avec la lettre24,4 x 20,8 cmBnF, dpt Estampes et photographie

Galilée très-surpris du nouvel aspect qu’offre la surface de la terreSérie Actualités - 1867Lithographie, 2ème état avec la lettre24,3 x 21,2 cmBnF, dpt Estampes et photographie

Pauvre France!... le tronc est foudroyé, mais les racines tiennent bon!Série Actualités - 1871Lithographie, 2ème état avec la lettre23,4 x 19,3 cmBnF, dpt Estampes et photographie

La Mère est dans le feu de la composition, l’enfant est dans l’eau de la baignoireSérie Les Bas Bleus - 1844Lithographie, 1er état avant la lettre23,3 x 19 cmBnF, dpt Estampes et photographie

- Voyez donc un peu, Isménie!.... Comment le Gouvernement permet-il d’afficher de pareilles turpitudes?...Série Les Bas-bleus -1844Lithographie, 1er état avant la lettre23 x 18,3 cmBnF, dpt Estampes et photographie

En garde national / Vous aurez encore l’agrément d’être de garde dans quinze jours, et l’honneur d’être passé en revue à la fin du mois!...Série Les Beaux jours de la vie - 1845Lithographie, 1er état avant la lettre22,7 x 21,5 cm (au motif)BnF, dpt Estampes et photographie

N’approche pas la mèche de la lumière !... il va peut-être faire explosion !...Série Les Bons bourgeois - 1846Lithographie, 1er état avant la lettre25,7 x 22 cmBnF, dpt Estampes et photographie

N’approche pas la mèche de la lumière !... il va peut-être faire explosion !...Série Les Bons bourgeois - 1846Lithographie, 2ème état avec la lettre25,7 x 22 cmBnF, dpt Estampes et photographie

N’approche pas la mèche de la lumière !... il va peut-être faire explosion !...Série Les Bons bourgeois - 1846Lithographie, 2ème état avec la lettre, en modèle de coloris - 25,7 x 22 cmBnF, dpt Estampes et photographie

Manière dont on fait à Paris du saucisson de Lyon - 1855Lithographie inédite, refusée par la censure, 2ème état avec la lettre - 19,1 x 25,4 cmEpreuve sur blanc, en certificat de tirage : en b. à dr. « Certifie le tirage conforme/ Paris le 8 décembre 1855/ Destouches », et annotation manuscrite, d’un fonctionnaire du bureau de la censure « Dois-je autoriser ? C’est un bien vilain tableau à mettre sous les yeux du public et fait pour dégoûter à toujours de la charcuterie », réponse en h. à g. « 10 Xbre 55/ non par ordre du dir. »BnF, dpt Estampes et photographie

La République nous appelle, / Sachons vaincre ou sachons mourir !Planche de la série Actualités - 1870Lithographie, 1er état, avant la lettre24,5 x 22,3 cmBnF, dpt Estampes et photographie

La République nous appelle, / Sachons vaincre ou sachons mourir !Planche de la série Actualités - 1870Lithographie, 2ème état avec la lettreÉpreuve en gillotage 24,5 x 22,3 cm BnF, dpt Estampes et photographie

- On dit que les Parisiens sont difficiles à satisfaire, sur ces quatre banquettes pas un mécontent. Il est vrai que tous ces Français sont des RomainsSérie Croquis pris au théâtre - 1864Lithographie, 2ème état avec la lettre - 24 x 22,7 cmBnF, dpt Estampes et photographie

5

Page 6: DP Daumier.indd

Présentation

Peintre reconnu tardivement et sculpteur admiré de Rodin, Daumier fut avant tout un lithographe hors pair. En 1999, la rétrospective du Grand Palais faisait découvrir le talent de Daumier dans toute l’ampleur de ses moyens d’expression. L’exposition de la Bibliothèque nationale de France rend hommage au génie de la lithographie qui a su s’approprier ce médium de manière personnelle et originale. Issu de son métier de dessinateur de presse, qu’il pratiqua du début de la Monarchie de Juillet au déclin du Second Empire, l’œuvre lithographié de Daumier constitue la trame de sa carrière artistique et lui vaut d’être reconnu comme un maître de l’estampe.

Grâce à la loi sur le dépôt légal qui, dès 1817, s’applique au tout nouveau procédé d’impression qu’est la lithographie, la Bibliothèque nationale de France conserve la quasi totalité de l’œuvre lithographié de Daumier (4000 pièces) dans des épreuves sur blanc d’excellente qualité, qui contrairement aux épreuves courantes sur papier journal, dites « en Charivari », préservent toutes les qualités originelles du dessin lithographique de l’artiste. D’autres épreuves uniques ou rarissimes, entrées par dons ou par acquisition, complètent ce fonds. Épreuves avant la lettre, avec légendes manuscrites, annotées, coloriées, ces pièces recherchées par les collectionneurs de l’œuvre de Daumier, ont le mérite d’illustrer de manière démonstrative toutes les étapes du travail du lithographe en lien avec l’imprimeur, les auteurs des légendes, la rédaction du journal, mais aussi le bureau de la Censure.

Une sélection de quelque deux cent vingt pièces permet, d’une part, de suivre l’évolution de l’écriture lithographique de Daumier au fil de sa carrière de dessinateur pour la presse et, d’autre part, d’entrer au cœur du processus d’élaboration de l’œuvre lithographique. Au-delà de l’œil aiguisé du caricaturiste politique et du satiriste de mœurs, l’exposition met en valeur les innovations techniques et stylistiques, les partis pris esthétiques du lithographe qui font de Daumier un artiste de la modernité à part entière.

6

Page 7: DP Daumier.indd

Parcours de l’exposition

L’exposition s’articule autour de deux grandes parties : la première déroule le fil de la carrière du lithographe, de la Monarchie de Juillet à la chute du Second Empire, alors que la deuxième permet d’entrer au cœur de l’atelier du lithographe et de comprendre la genèse de la publication de la lithographie depuis le dessin sur la pierre jusqu’à sa parution dans les pages du journal.

Au fil de l’œuvre lithographié

Même si les thèmes abordés par Daumier offrent une matière intarissable, l’étude de sa création lithographique ne saurait s’affranchir de la chronologie. Par son lien à l’actualité politique et événementielle et par son aptitude à observer ses contemporains, le lithographe a épousé son époque en s’attachant à en extraire la modernité poétique. Selon le rythme des changements de régime politique et des lois sur la presse, cinq périodes scandent sa carrière.

Des premières lithographies aux lois sur la presse

Daumier fait ses débuts dans la presse, comme caricaturiste politique, au début de la Monarchie de Juillet. Ses premières planches sont publiées dans La Silhouette, hebdomadaire satirique illustré fondé en 1829, puis dans La Caricature et Le Charivari, deux journaux créés par Charles Philipon. D’abord marqué par l’influence de Charlet et de Raffet, Daumier commence à affirmer une écriture personnelle dans Un héros de juillet de même que dans la planche figurant Louis-Philippe en Gargantua qui lui valut un séjour de six mois de prison pour « offenses à la personne du roi ». Le motif de la poire, symbolisant Louis-Philippe, lui permet, avec la bénédiction de Philipon à qui l’on doit la création du motif, de poursuivre ses attaques contre le souverain. Cette opposition s’étend à l’entourage politique de Louis-Philippe dans la galerie des Célébrités de la caricature, une suite de portraits-charges des personnalités du juste milieu lancée par La Caricature en avril 1832. Daumier y affirme un style de plus en plus personnel. Le Ventre législatif, Ne vous y frottez pas et La Rue Transnonain, planches de dimensions supérieures aux autres, publiées dans l’Association mensuelle que Philipon avait créée en 1832 pour payer les amendes infligées au journal, mènent Daumier bien au-delà de la caricature. La Rue Transnonain n’est autre qu’un tableau d’histoire, « tableau qui, pour être peint en noir et sur une feuille de papier, n’en sera ni moins estimé ni moins durable » annonçait Philipon dans La Caricature. Cette page d’histoire sanglante, véritable allégorie réelle, préfigure le courant réaliste pictural.

Les caricatures de mœurs sous la Monarchie de Juillet

La loi sur la liberté de la presse du 29 août 1835 qui entraîne la disparition de nombreux journaux parmi lesquels La Caricature, contraint Daumier à abandonner la satire politique au profit de la caricature de mœurs. Le Charivari publie ses lithographies sous forme de séries comme Caricaturana qui décline les escroqueries de l’affairiste filou, Robert Macaire, et correspond, selon Baudelaire, à « l’inauguration décisive de

7

Page 8: DP Daumier.indd

la caricature de mœurs. » D’autres types de la société parisienne défilent sous les yeux des lecteurs du journal (Types parisiens, Mœurs conjugales, Émotions parisiennes) et les grandes séries des années 1840 telles que L’Histoire ancienne, parodies de l’Antiquité, Les Bas bleus qui ridiculisent les femmes écrivains, Les Bons bourgeois, les Locataires et propriétaires et Les Gens de justice, concentrent le meilleur du caricaturiste de mœurs de la Monarchie de Juillet. Alors que thèmes et motifs de prédilection apparaissent (transports en commun, intempéries, coin de rues, scènes nocturnes…), le style lithographique atteint sa maturité. D’un point de vue technique, de larges aplats d’encre noire rehaussés de griffures à la pointe ou à la pierre ponce émaillent les planches de cette période.

La révolution de 1848 et la Deuxième République : caricatures politiques

Les événements de 1848 redonnent à Daumier la liberté d’exprimer ses convictions républicaines dans la satire politique. Plusieurs planches de cette période parmi lesquelles Le Révérend Père Capucin Gorenflot et Le Dernier conseil des ex-ministres représentant le retour de la République chez elle, retiennent l’attention de l’historien Jules Michelet qui compte parmi les admirateurs de l’artiste. A côté des portraits-charges de parlementaires (Les représentants représentés) qui font suite aux Célébrités du juste milieu, un nouveau personnage naît de l’imagination de Daumier : dans les lithographies précédant le coup d’état du 2 décembre 1851, Ratapoil incarne le type de l’agent de propagande bonapartiste.

Vie publique et vie quotidienne sous le Second Empire

L’avènement du Second Empire signe le retour à la caricature de mœurs. Entre les Actualités, les Croquis divers (parisiens, d’été, d’hiver, de chasse, musicaux, dramatiques, pris au théâtre, etc.) et les séries des années 1851-1865, c’est un véritable reportage lithographique de la vie quotidienne de l’époque qui naît sous le crayon de Daumier. On retrouve les thèmes et motifs mis en place sous la Monarchie de Juillet alors qu’un intérêt particulier pour le monde du spectacle apporte un contrepoint aux études de plein air, à Paris et dans la campagne des environs, qu’il continue de développer avec une virtuosité et une inventivité qui en font un précurseur des impressionnistes à part entière. Cette période est marquée par son renvoi du Charivari, entre 1860 et 1863, et sa collaboration passagère en 1862 au Boulevard, dirigé par Carjat. L’écriture lithographique, telle qu’elle apparaît dans les pièces de la courte suite A la brasserie, devient libre et franche, les aplats de noir griffés des années 1840 cèdent la place à l’expressivité du seul crayon lithographique.

Le déclin du Second Empire : allégories politiques

Après un régime autoritaire qui contrôle la presse, l’Empire libéral coïncide avec les dernières années de production de Daumier, pendant lesquelles il se livre à d’ultimes attaques politiques. Davantage tournées vers la situation internationale, ses lithographies de la série des Actualités de la fin des années 1860 mettent en scène une série de personnages allégoriques (Temps, Mort, Paix, Guerre, Diplomatie,…) qui, avec une économie de moyens saisissante, dénoncent les menaces extérieures et notamment la montée de la militarisation de la Prusse. La politique intérieure suscite des planches consacrées à la liberté de la presse et au droit de vote. L’ « année terrible » voit la publication de planches dans lesquelles le recours à des symboles de plus en plus forts et à des allégories de plus en plus macabres laissent deviner l’étendue de l’amertume de l’artiste.

8

Page 9: DP Daumier.indd

Dans l’atelier du lithographe

Autour d’une presse lithographique, prêtée par le musée des Arts et métiers, et grâce à des épreuves rarissimes, souvent uniques, la deuxième partie de l’exposition se concentre sur la fabrication de la lithographie, depuis le dessin sur la matrice jusqu’à la publication dans le journal. Elle permet de comprendre le va-et-vient des tirages entre l’atelier de l’artiste, celui de l’imprimeur et le bureau des légendeurs, et de décrypter le jargon des experts de l’œuvre lithographié de Daumier en confrontant les différents types d’épreuves : sur blanc, en Charivari, avant lettre, en certificat de tirage, coloriées, etc.

Dessin et pierres

Un seul spécimen de dessin préparatoire à une lithographie vient, à titre d’exception, infirmer la tradition selon laquelle Daumier dessinait directement sur la pierre. C’est ainsi, en effet, qu’il procédait dans l’immense majorité des cas, ne se fiant qu’à sa légendaire mémoire visuelle, sans modèle aucun, à l’exception des bustes de célébrités modelés en terre par ses soins. Pour avoir été le plus souvent réutilisées après le tirage et négligées ensuite, les pierres lithographiques préservées sont extrêmement rares. La Bibliothèque nationale de France en conserve trois, toutes réalisées en 1862 pour Le Boulevard qui en publia onze.

Avant la lettre

Les épreuves avant la lettre correspondent à un premier état sur les deux ou trois habituellement rencontrés dans l’œuvre lithographié de Daumier. Les modifications apportées au dessin sur pierre étant rarissimes, la différence entre les états résulte de la lettre. Le deuxième état est celui de son ajout comprenant le titre de la série, le numéro de série, le nom et l’adresse de l’imprimeur ainsi que la légende et le troisième découle, le cas échéant, d’une modification apportée à la lettre (nom de l’imprimeur ou légende). Le tirage du premier état avant la lettre n’excédait pas trois exemplaires. La beauté des noirs veloutés caractérise ces toutes premières impressions qui permettent d’apprécier pleinement le génie du lithographe.Trois types d’avant-lettre sont exposés : celui, le plus fréquent, des planches publiées dont le premier état a été suivi d’un deuxième avec la lettre ; les avant-lettre demeurées inédites qui n’ont jamais été ni légendées ni publiées, et enfin les avant-lettre portant des annotations manuscrites de la main de Daumier.

La lettre ou l’élaboration de la légende

Contrairement à son contemporain Gavarni qui les rédigeait avec complaisance, Daumier n’est pas, à quelques rares exceptions, l’auteur des légendes qui figurent sous ses dessins. Il se contentait parfois de noter dans la marge inférieure une explication laconique du sujet représenté, mais le plus souvent sa planche était livrée vierge de toute annotation au Charivari qui la confiait à un journaliste chargé d’en rédiger la légende. Quelques planches provenant du précieux « recueil Laran », du nom du conservateur qui fit l’acquisition, en 1928, de 92 épreuves avec légendes manuscrites, permet de comprendre comment se déroulait cette étape du légendage.Certaines lithographies ont été publiées avec deux ou trois légendes différentes. De tels exemples d’états successifs de modification de légendes sont présentés dans l’exposition.

9

Page 10: DP Daumier.indd

Les autorisations de tirage et la censure

Entre une et trois épreuves du second état avec la lettre étaient imprimées sur papier mince dont l’une, revêtue du certificat de tirage de l’imprimeur qui s’engageait à ce que l’ensemble du tirage soit conforme à la présente épreuve, était adressée à la Censure et les autres au Dépôt légal. Quelques pièces exposées portent les annotations du bureau de la Censure dont la réponse définitive se matérialisait par un laconique « oui » ou « non » signé et daté.Parmi les lithographies censurées, à cause du dessin lui-même ou de sa légende, certaines l’étaient pour des raisons politiques évidentes alors que d’autres pouvaient l’être pour un simple motif commercial.

La diffusion éditoriale

La publication dans Le Charivari est l’ultime étape qui assura aux lithographies de Daumier une large diffusion. Le quotidien illustré de quatre pages a été fondé par Charles Philipon en décembre 1832 et a cessé de paraître en 1937.Le sous-titre du Charivari, « journal publiant chaque jour un nouveau dessin », met en avant le caractère exceptionnel de ces trois cent soixante-cinq dessins par an. Contrairement à La Caricature, les lithographies étaient imprimées directement en page 3 avec le texte imprimé de la page 4 au verso. Daumier y a collaboré pendant quarante ans : sa première planche a paru le 24 janvier 1833 et la dernière le 24 septembre 1872. Il contribua largement au succès du périodique en fournissant environ 3500 planches lithographiées et plusieurs centaines gravées sur bois. L’inverse est également vrai : la diffusion importante du journal a permis à Daumier de se faire connaître auprès d’un large public (les chiffres de tirage oscillent entre 1000 et 3000 exemplaires selon les années).L’adoption, en 1870, par Le Charivari, du gillotage, procédé d’impression photomécanique, a été préjudiciable à la dernière partie de l’œuvre lithographié de Daumier (environ 270 planches reproduites par ce procédé). La comparaison entre un tirage lithographique classique et une impression par gillotage rend d’autant plus évidente l’importance d’un tirage lithographique de qualité.

A côté de la diffusion dans la presse, certaines lithographies de Daumier étaient éditées sur papier blanc et réunies en albums afin de toucher une clientèle d’amateurs. Cette pratique commerciale a été initiée par l’imprimeur Aubert. En 1839, il éditait sur blanc les cent lithographies de la série Caricaturana consacrée à Robert Macaire. Des épreuves coloriées par des coloristes suivant un modèle, dont plusieurs spécimens sont exposés, étaient également mises en vente.

10

Page 11: DP Daumier.indd

Glossaire LithographieProcédé inventé entre 1796 et 1798 par l’allemand Aloÿs Senefelder et diffusé en France vers 1815. Après la gravure en relief ou en creux, la lithographie est une technique d’impression à plat. Elle est fondée sur la répulsion naturelle de l’eau face à un corps gras. Sur une pierre calcaire polie et plus ou moins grainée, on dessine à la plume ou au crayon. Le gras de l’encre ou du crayon est fixé sur le support grâce à un apprêt chimique de sa surface à l’aide d’une solution acidulée et de gomme arabique. Sous la presse à imprimer, l’encre grasse d’imprimerie est acceptée face à la trace grasse du dessin et rejetée partout ailleurs où la pierre est seulement mouillée.

Gillotage Procédé de photogravure créé, en 1850, par Firmin Gillot.À partir d’un dessin au trait réalisé sur une pierre lithographique, dont le cliché est reporté sur une plaque de zinc mordue à l’acide et encrée à plusieurs reprises, il permet d’obtenir une matrice utilisable en typographie, en même temps que le texte. 270 estampes de Daumier ont été produites selon cette méthode, publiées essentiellement dans Le Journal amusant (1864-1866) et Le Charivari (1870-1872).

ÉpreuveExemplaire imprimé à partir d’une matrice.Des épreuves peuvent être réalisées tout au long du travail. Elles portent différents qualificatifs.

- épreuve d’état : tirée en cours de travail, elle permet au graveur d’apporter des corrections

- épreuve avant la lettre ou avant-lettre : ne comportant que la figure, avant toute inscription écrite sur ou sous l’estampe

- épreuve avec lettre- épreuve annotée : comportant des annotations manuscrites

ÉtatUne étape dans le tirage d’une estampe avant une modification. Chaque correction apportée, même minime, fait passer l’estampe d’un état à un autre, numéroté 1er état, 2ème état, etc.

LettreInscriptions imprimées en marge de l’estampe, à l’exclusion de la signature ou du monogramme de l’artiste et de toute information manuscrite. Il peut s’agir d’un titre, d’une explication, d’une date, d’une devise, d’une dédicace ou du nom de ceux qui ont participé à la réalisation de l’estampe.

Les étapes du tirage des lithographies de DaumierLes épreuves d’essai se déclinent, au minimum, en deux états :

- 1er état avant la lettreLes premiers tirages sont effectués à 1, 2 ou 3 exemplaires sur un papier blanc, assez fort, avant la lettre, à titre d’essai. Une épreuve est donnée au journaliste chargé de rédiger la légende.

- 2ème état avec la lettreTirées à 1, 2 ou exceptionnellement 3 exemplaires sur papier mince, ces épreuves sont destinées à la correction éventuelle de la légende, au certificat de tirage (on parle d’épreuve certifiée conforme au tirage ou d’épreuve en certificat de tirage) et au visa de la Censure. Si la Censure a donné son accord, on procède au tirage définitif.

Les épreuves définitives se présentent sous deux formes :- Les épreuves sur blanc, épreuves de qualité, tirées à un petit nombre d’exemplaires

(20 à 150 épreuves selon les sujets), parfois réunies en albums pour des collectionneurs et parfois coloriées.

- Les épreuves destinées à la publication dans les journaux (1 000 à 3000 exemplaires). On parle d’épreuves du Charivari ou d’épreuves en Charivari.

11

Page 12: DP Daumier.indd

Repères chronologiques

Daumier Repères historiques et culturels

1798 Invention de la lithographie

1808 26 février : naissance à Marseille de Honoré-Victorin Daumier, fils de Jean-Baptiste Daumier, vitrier et poète, et de Cécile-Catherine Philip.

1815 Les Cent joursRestauration de Louis XVIII

1816 Arrivée de la famille Daumier à Paris

1820 Premier emploi d’Honoré Daumier comme saute-ruisseau chez un huissier.

1821 Commis chez un libraire du Palais-Royal

1822 Elève d’Alexandre Lenoir, peintre et archéologue.Dépôt légal de sa première lithographie: Le DimancheS’inscrit à l’Académie Suisse et à l’Académie Boudin

1824 Charles X succède à Louis XVIII

1825 Devient l’assistant du lithographe Zéphirin Belliard

1829 Habite en face du Palais de justice. Création de La Silhouette, premier hebdomadaire satirique illustré en France.Ouverture du Grand magasin de caricatures et de nouveautés lithographiques, galerie Véro-Dodat, tenue par Gabriel Aubert et Charles Philipon

1830 Aubert publie plusieurs caricatures politiques de Daumier. La première, datée du 22 juillet, s’intitule Passe ton chemin cochon.

5 juillet : Charles X proclame les Quatre Ordonnances – dont une soumet la presse à une censure rigoureuse – suscitant une révolte qui emporte le régime.27-29 juillet : les Trois Glorieuses. Louis-Philippe au pouvoir. 4 novembre : Philipon fonde La Caricature 2 décembre : assouplissement de la censure

1831 Gargantua Répression de la révolte des canuts lyonnais

1832 23 février : Daumier et Philipon condamnés à 6 mois de prison pour « excitation à la haine et au mépris du gouvernement du roi ».26 avril : dans La Caricature, première planche de la galerie des Célébrités du juste milieu.31 août : Daumier est enfermé à Sainte-Pélagie.

Lancement par Philipon de la publication L’Association mensuelle destinée à payer les amendes de La Caricature.Création par Philipon du Charivari : journal publiant chaque jour un dessin

1833 27 janvier : Daumier sort de prison et va loger dans un phalanstère d’artistes.

1834 Le Ventre législatif, La Rue Transnonain, publiées dans L’Association mensuelle 14 avril : émeute populaire contre le régime.

1835 Commence sa collaboration hebdomadaire au Charivari et abandonne la caricature politique pour la caricature de mœurs.

Attentat contre Louis-Philippe entraînant le rétablissement de la censure. Disparition de La Caricature. Le Charivari se reconvertit dans la satire sociale.

1836 Création du personnage de Robert Macaire pour la série Caricaturana Émile de Girardin crée La Presse

1838 Croquis d’expressions

1839 Mœurs conjugales, Types parisiens, Émotions parisiennes, Les Baigneurs

Invention de la photographie

12

Page 13: DP Daumier.indd

1840 Les Bohémiens de Paris, Robert Macaire

1841 Physionomies tragi-comiques, Histoire ancienne

1843 Les Chemins de fer, Les canotiers parisiens, Les Beaux jours de la vie Fondation par Édouard Charton de L’Illustration

1844 Les Bas-bleus, Les Étrangers à Paris, Les Philantropes du Jour

1845 Les Gens de Justice, Pastorales Charles Baudelaire publie le Salon de 1845 dans lequel Daumier est mentionné.

1846 Épouse Marie-Alexandrine Dassy, dite Didine, jeune couturière. Ils habitent l’île Saint-Louis, 9 quai d’Anjou.Les Bons bourgeois, Les Papas

1847 Locataires et propriétaires, Tout ce qu’on voudra, Les Baigneuses

1848 Gagne le concours pour la représentation allégorique de la République: La République nourrit ses enfants et les instruit.Les Alarmistes et alarmés, Les Divorceuses, Les Représentants représentés (L’Assemblée constituante)

24 février : une révolution chasse Louis-Philippe ; la République est proclamée ; la liberté de la presse est rétablie.juin : insurrection ouvrière réprimée. Cavaignac porté au pouvoir10 décembre : Louis-Napoléon Bonaparte élu Président de la République

1849 Les Femmes socialistes, Les Représentants représentés (L’Assemblée législative)

1850 Crée le personnage de Ratapoil qui apparaît pour la première fois sur la planche des Actualités

31 mai : loi réduisant le suffrage universel16 juillet : loi restrictive sur la liberté de la presse rédigée par Thiers

1851 20 mars : première rencontre de Daumier et Jules Michelet. 2 décembre : coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte

1852 Actualités, Croquis musicaux février : rétablissement de la censure2 décembre : proclamation de l’Empire

1854 De nombreuses planches des Actualités évoquent le conflit russo-turc.

1853-1856 : guerre de Crimée

1856 Les croquis dramatiques

1860 Philipon congédie Daumier du Charivari. Daumier se consacre à la peinture.

1862 S’installe à Montmartre. Fournit des lithographies au Boulevard dirigé par Carjat.

Mort de Philipon

1863 Retour de Daumier au CharivariÀ la brasserie

Salon des refusés

1864 Fournit 100 lithographies au Charivari soit deux par semaine.Les Baigneurs

1867 Lithographies anti-impérialistes dans Le Charivari Exposition universelle

1868 Rencontre Gambetta chez Carjat 9 mars : loi favorable à la presse

1870 Refuse la Légion d’honneur

Page d’histoire, dans Le Charivari du 16 novembre

Guerre franco-allemande4 septembre : proclamation de la République

1871 Se retire à Valmondois. Compose ses dernières planches politiques

26 janvier : signature de l’armistice franco-allemand26 mars-28 mai : La Commune de Paris

1873 Presque aveugle il ne peut plus dessiner

1874 Achète la maison de Valmondois grâce à la générosité de Corot 1ère exposition impressionniste

1878 27 avril - 15 juin : exposition Daumier, galerie Durand-Ruel. Exposition universelle

1879 11 février : mort de Daumier, enterré civilement au cimetière de Valmondois.

1880 Transfert de sa dépouille au Père-Lachaise.

13

Page 14: DP Daumier.indd

Publication

Format : 22 x 27 cm192 pages220 illustrations en noir et blanc et couleursPrix public : 35 eurosÉditions de la BnF

Destiné à devenir un ouvrage de référence, ce livre réunit les contributions de Ségolène Le Men, Michel Melot et Philippe Kaenel, spécialistes de l’œuvre de Daumier, ainsi que de Valérie Sueur-Hermel, commissaire de l’exposition. À travers une sélection de 220 lithographies sur les 4000 qui composent l’œuvre, il met en lumière l’évolution de l’écriture lithographique de Daumier et permet de comprendre comment ses innovations techniques et stylistiques, ses partis pris esthétiques lui ont non seulement valu d’être reconnu de son vivant comme le « Michel-Ange de la caricature », mais l’ont également inscrit dans l’histoire de l’art parmi les maîtres de l’estampe.De la monarchie de Juillet à la chute du Second Empire, la longue carrière du dessinateur de presse est évoquée par des œuvres phares, telles Le Ventre législatif, La Rue Transnonain ou la Page d’histoire, mais aussi par des pièces moins connues, prélevées au sein d’une vaste « comédie humaine » en noir et blanc. Des épreuves rarissimes, souvent uniques, issues des collections du département des Estampes et de la photographie de la BnF, entraînent le lecteur au cœur du processus d’élaboration de l’œuvre, en retraçant toutes les étapes de la fabrication des lithographies, depuis le dessin sur la pierre jusqu’à l’épreuve publiée dans le journal.

14

DAUMIERL’écriture du lithographe

Catalogue sous la direction de Valérie Sueur-Hermel

Page 15: DP Daumier.indd

Daumier et ses héritiers sur Internet http://expositions.bnf.fr

Un site consacré à Daumier et ses héritiers accompagne l’exposition (ouverture en mars 2008). Il comporte :

Trois expositions virtuelles- Daumier, l’art du lithographe, en lien avec l’exposition du site Richelieu ;- Les héritiers de Daumier : l’héritage de Daumier chez les caricaturistes

contemporains, en lien avec la présentation du site François-Mitterrand ;- Daumier au lycée : une sélection des meilleures caricatures lycéennes

depuis trente ans. Cette exposition virtuelle est conçue par le CLEMI, Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information, qui conserve le dépôt légal des journaux lycéens.

Le dossier de l’exposition met en évidence l’articulation de l’œuvre de Daumier avec son époque, passant de la caricature politique à la satire de mœurs au rythme de l’évolution de la liberté de la presse. Le lecteur pénètre par ailleurs dans l’atelier du lithographe à travers toutes les étapes de la fabrication des lithographies de Daumier. Enfin, le dossier souligne l’engagement commun de Daumier et de ses héritiers.

En images- Des feuilletoirs regroupent une partie de l’iconographie par thèmes,

certaines caricatures pouvant être observées à la loupe. - Des rencontres avec quelques dessinateurs contemporains rendent

compte à travers des entretiens filmés, des relations que ceux-ci entretiennent avec l’œuvre de leur illustre prédécesseur.

Dossier pédagogiqueConsacré à Daumier et plus largement à la caricature, ce dossier a été conçu avec le CLEMI. Il propose une rapide histoire de la caricature, en définit les techniques et procédés. Il remet l’œuvre de Daumier en perspective dans son contexte historique et propose des activités pédagogiques qui s’appuient sur les documents exposés, voire sur d’autres parties du site pédagogique de la BnF (les caricatures de Zola ou de Victor Hugo…) et mettent en relation l’œuvre de Daumier et de ses héritiers sur un même thème ou un même procédé.

Repères Cette rubrique regroupe notamment des éléments biographiques, des informations sur les différents journaux avec lesquels Daumier a collaboré, des repères chronologiques ou bibliographiques.

Manifestation pédagogique

Dans le cadre de la collaboration du CLEMI avec la BnF autour de l’exposition Daumier, et à l’occasion de la Semaine de la presse à l’Ecole, est organisé au Grand Auditorium le 20 mars 2008 un forum-débat sur le thème : liberté d’expression et dessin de presse. Il s’agira d’une rencontre entre professionnels des médias, lycéens, et personnels de l’éducation.

15

Page 16: DP Daumier.indd

Les héritiers de Daumier4 mars - 4 mai 2008

Les héritiers de Daumier poursuivent la même entreprise que leur illustre prédécesseur : réintroduire la force subversive du dessin de presse dans le jeu du commentaire d’actualité pour nous donner à voir la face grotesque ou grimaçante du monde. Nombre de caricaturistes d’aujourd’hui ont bénéficié de l’influence du célèbre lithographe. À travers près de 160 reproductions de dessins, l’exposition instaure un dialogue visuel entre des œuvres de Daumier et celles de dix-sept auteurs contemporains, parmi lesquels Tim, Plantu, Cabu...

Le bicentenaire de la naissance d’Honoré Daumier (1808-1879) est l’occasion de (re)découvrir ce génie du dessin. Monumental, son œuvre dessiné se déploie sur près de 4000 lithographies animées du style « le plus expressif qui soit » (Paul Valéry). Se livrant à la satire sociale pour échapper aux foudres de la censure, Daumier s’est fait, à travers un travail foisonnant, l’historien de son temps. Quelle descendance cette œuvre a-t-elle produite ?

Qu’ils le mentionnent ou non, nombre d’entre eux ont bénéficié de l’influence de Daumier, « père » et « frère » de tous les dessinateurs selon Wolinski. Si Tim a nettement revendiqué cet héritage à travers citations et hommages, d’autres ont employé des procédés graphiques et iconographiques présents dans l’œuvre du lithographe et développé des idées et des thèmes qui lui étaient chers. Profondément engagés, les caricaturistes de presse, de Daumier à Plantu, ont souvent défendu un socle de convictions communes : la liberté de la presse, toujours mise à mal par la censure, le pacifisme et l’anti-militarisme, une république idéale présentée en attachantes allégories.A contrario, Daumier a usé de la satire politique comme d’une arme contre les tenants de régimes qu’il condamnait. A ce titre, il a influencé les représentations individuelles ou collectives des hommes politiques et contribué à mettre au point une série de procédés repris par les dessinateurs d’aujourd’hui : portrait charge, métaphores du jeu et du théâtre, pastiches, recours à des personnages-types...Du point de vue social, c’est toute une communauté de thèmes cruciaux qui persiste dans la presse et rapproche les grandes séries de Daumier de dessins contemporains : la justice et les affaires, la bourgeoisie et ses formes de domination, la crise du logement, la place des femmes, l’enseignement et son organisation.

COMMUNIQUE DE PRESSE

Exposition

16

Page 17: DP Daumier.indd

Les dessins reproduits ici ont été choisis, pour certains, parmi les collections d’originaux du département des Estampes et de la photographie qui ces dernières années s’est enrichi de fonds de dessinateurs comme Effel, Micha ou encore Tim, dont les archives ont été généreusement données en 2004 et 2006. Les unes et pages de journaux satiriques (Charlie-Hebdo, Hara Kiri notamment), successeurs modernes du Charivari et de la Caricature, proviennent, quant à elles, des fonds d’imprimés du département Droit, Economie, Politique. Cette sélection d’illustrations donne lieu à une vaste fresque murale en accès libre dans l’allée Julien Cain.

Exposition

Les héritiers de Daumier

4 mars - 4 mai 2008

BnF - Site François-Mitterrand Quai François-Mauriac, Paris XIIIe

Allée Julien Cain Du mardi au samedi 9h > 20h dimanche 13h > 19h lundi 14h > 20h Fermé lundi matin et jours fériés. Entrée libre

CommissariatGeoffrey Girost, BnF, conservateur au département Droit, Economie, PolitiqueDominique Versavel, BnF, conservateur au département des Estampes et de la photographie

Contacts presse Claudine Hermabessière, chef du service de presse 01 53 79 41 18 - [email protected]

Isabelle Coilly, chargée de communication presse 01 53 79 40 11 - [email protected]

17

Page 18: DP Daumier.indd

Iconographie disponible dans le cadre de la promotion de l’exposition uniquement. Utilisation limitée à deux visuels pas support, hors couverture et 1/4 de page max. pour les illustrations de Tim (Copyright ADAGP).

Tim. Daumier, Ratapoil et Louis-Philippe devant le musée du LouvreDessin original conservé au département des Estampes et de la photographiePhotographe Michel Urtado

Plantu. «Je ne dois pas dessiner...»Paru dans Le Monde, janvier 2006

Tim. Daumier lisant le Canard EnchaînéDessin original conservé au département des Estampes et de la photographiePhotographe Michel Urtado© ADAGP

Daumier. « Ah tu veux te frotter à la presse !»Paru dans La Caricature, 3 octobre 1833Lithographie originale conservée au département des Estampes et de la photographie

Tim. Bombs over ThanhhoaParu dans The New York Times, le 7 janvier 1972Photographe Michel Urtado© ADAGP

Plantu. Hommage à DaumierNovembre 1999

Cabu. Giscard. Paru en une de Mords-y-l’oeil, en février 1981Photographe Michel Urtado

Tim. D’après Gauguin. Paru dans L’Express, 12-18 septembre 1966. Dessin original conservé au département Estampes et photographiePhotographe Michel Urtado© ADAGP

Daumier. Le Ventre législatif. Paru dans L’Association mensuelle, en janvier 1834. Lithographie originale conservée au département des Estampes et de la photographie

Daumier. Brigand de propriétaireParu dans Le Charivari, le 26 mai 1847. Lithographie originale conservée au département des Estampes et de la photographie

Daumier. «Une femme comme moi… remettre un bouton ?»Paru dans Le Charivari, le 23 mai 1844. Lithographie originale conservée au département des Estampes et de la photographie

Cabu. «Du foot dans les yeux, de la merde dans l’assiette !». Paru en une de Charlie-Hebdo, le 19 juin 1996Photographe Michel Urtado

ICONOGRAPHIE - Les héritiers de Daumier