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L E C I E L D A N S L A P E A U CRéATION THéâTRE 2013 en répétitions 21 janvier — 5 février 2013 TNP (Villeurbanne) 26 octobre — 6 novembre 2013 Théâtre de Poche (Grenoble) représentations 28 et 29 janvier 2014 Lavoir Moderne Parisien (Paris) 30 janvier 2014 Théâtre de la Belle Étoile (St-Denis) 6 et 7 février 2014 Chok Théâtre (St-Étienne) 23 mai 2014 Théâtre du Temple (Saillans, 26) La pièce éditée au Miroir qui fume à été sélectionnée au palmarès 2010 du Centre National du Théâtre La Compagnie les Montures du Temps est subventionnée par la ville de Villeurbanne Aide à la création du Centre National du Théâtre Coproduction Le Tricycle (Grenoble) Réalisation des décors par les ateliers de création de la Ville de Grenoble d’Edgar Chias par la Compagnie Les Montures du Temps

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Le ciel dans la peau dénonce le phénomène du féminicide au Mexique.

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L e C i e L d a n s L a p e a u

CréaTiOn THéâTre 2013

en répétitions

21 janvier — 5 février 2013 TNP (Villeurbanne)

26 octobre — 6 novembre 2013 Théâtre de Poche (Grenoble)

représentations

28 et 29 janvier 2014Lavoir Moderne Parisien (Paris)

30 janvier 2014Théâtre de la Belle Étoile (St-Denis)

6 et 7 février 2014 Chok Théâtre (St-Étienne)

23 mai 2014Théâtre du Temple (Saillans, 26)

La pièce éditée au Miroir qui fume à été sélectionnée au palmarès 2010 du Centre National du Théâtre

La Compagnie les Montures du Temps est subventionnée par la ville de Villeurbanne

Aide à la création du Centre National du Théâtre

Coproduction Le Tricycle (Grenoble)

Réalisation des décors par les ateliers de création de la Ville de Grenoble

d’edgar Chiaspar la Compagnie Les Montures du Temps

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2 Le CieL dans La peauEl Cielo en la piel, edgar Chias

JeuOdille lauria

intervention d’un chœur de femmes en fonction du lieu de représentation

Mise en scèneAnaïs Cintas— Cie les Montures du Temps

LuMièresNicolas Galland

MusiquePierrick Monnereau

scénographieSeymour Laval

Durée1H 20

représentations— dans le cadre du festival

« Hecho en Mexico » au Théâtre de l’Elysée à Lyon le 10 mai 2011 ;

— 30 novembre 2012 à l’espace Schoelcher à Seyssins (38) ;

— 14 / 15 février 2013 au Lavoir Moderne Parisien (75) ;

— 22 février 2013 à la Maison du Mexique à Paris (75) ;

— 29 / 30 / 31 mai 2013 dans le cadre du festival Europe et compagnies au théâtre des Marronniers à Lyon (69).

— 7 / 8 / 9 novembre 2013 au théâtre de Poche à Grenoble.

— 13 — 23 novembre 2013 au théâtre des Ateliers, Lyon

— 6 & 7 février 2014 au Chok Théâtre à Saint-Étienne

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« AU COMMENCEMENT Il faut que tu dises la vérité. Parler. Tout raconter. Tu ne peux pas. C’est difficile. Tu respires et tu retiens ton souffle qui s’estompe, qui s’échappe par cette blessure stupide qu’est la bouche ouverte. Poum. Poum. Poum. Le pouls. Lent et éteint. Plus exactement poum-poum, poum-poum, poum-poum, à contretemps, obstinément. Tu espères qu’on note ta présence. Que ce soit ton tour. Ce n’est pas ton tour. Tu respires et crac dans la poitrine. Douleur. Tu exhales et fff »

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edgar ChiasNé à Mexico en 1973, Edgar Chias est acteur, dra-maturge et professeur de littérature dramatique à l’Université Nationale Autonome de Mexico. Figure de proue parmi les jeunes auteurs mexi-cains Edgar Chias est membre du système natio-nal de créateurs au Mexique (fonca conaculta) et a été directeur académique du premier diplôme études en dramaturgie de l’instituto nacional de bellas artes.

La pièceLe ciel dans la peau est éditée en France aux Éditions du Miroir qui fume. Elle a été sélec-tionnée au palmarès 2010 du Centre National du Théâtre. Elle a été écrite sur le modèle d’une Rhapsodie, une composition musicale basée sur une thématique populaire, très poétique.

L’histoireDeux femmes, une d’aujourd’hui et une du temps du roi Salomon. Leur histoire n’est pas très dif-férente. Les deux font l’objet d’abus et de vio-lences. Les deux souffrent de ne pas appartenir aux privilégiées qui correspondent au canon dominants de la beauté. Leurs liens est le rap-port au livre. Chacune lit l’histoire de l’autre. Il s’agit d’un parcours tragi-comique dans la vie de deux femmes qui nous dévoile que la condition féminine change peu et mal.

Concrètement, il s’agit de l’histoire d’Esther, une jeune mexicaine qui lutte contre la mort dans un hôpital, après avoir été massacrée par son violeur. Le ciel dans la peau dénonce le phénomène du féminicide au Mexique et en Amérique centrale.

parti pris de mise en scèneC’est le collectif « l’Organisation » qui m’ a pro-posé de travailler sur une mise en espace lecture du texte d’Edgar Chias dans le cadre du festival 2011 « Hecho en Mexico ».

Le concept était le suivant, diriger une comé-dienne avec qui je n’avais jamais travaillé, sur un texte d’un auteur que je ne connaissais pas. Le sujet m’emballa immédiatement, il s’agissait de dénoncer à travers ce conte mexicain les fémi-nicides perpétués par les groupes de narco trafi-quants. Edgar Chias travaille son texte comme un poème musical à plusieurs voix. Le ciel dans la peau c’est le Mexique, c’est l’admirable capa-cité de résistance des femmes et des hommes évoluant dans l’enfer quotidien des règlements de compte des cartels de la drogue. Le travail avec Odille Lauria, comédienne mexicaine a dépassé le simple cadre d’une lecture classique. Odille est seule sur scène et incarne toute cette vio-lence, tous ces espoirs déçus d’un peuple livré à lui-même face à la corruption du pouvoir. Elle interprète avec beaucoup de talent de multiples personnages et utilise aussi la technique du conte pour raconter cette « histoire dans l’histoire » imaginée par le maestro Edgar Chias.

La mise en scène mobilise le travail corpo-rel, le conte, tandis que la musique illustre la violence des gangs et l’aliénation sexiste qui règne dans la culture « main stream » actuelle.

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synthèse du travail de résidence au TnpEdgar Chias utilise la narration scénique ou plus exactement la rhapsodie pour la scène, cette tradition de transmission orale des histoires depuis la nuit des temps pour éclairer l’histoire contemporaine, comme un miroir du passé qui éclaire le vivant. Dans le ciel dans la peau, l’in-terprète n’est pas seulement une jeune femme en train de mourir, ses agresseurs ou le person-nage principal de l’histoire qu’elle lisait dans le bus mais incarne aussi le rhapsode, ce chanteur de poèmes populaires, LE conteur dramatique. Lorsque l’on a compris cela on comprend alors les multiples références à Shéhérazade dans les mille et une nuits : la jeune fille mourante doit, c’est vital, nous raconter son histoire, c’est la seule façon pour elle de rester en vie, de se rac-crocher au réel. Les multiples allers et retours dans le passé prennent sens et pose la thèse du Ciel dans la peau : rien ne change, rien n’a changé ; les femmes du temps du roi Salomon jusqu’à aujourd’hui au Mexique et partout dans bien des endroits du monde sont dominées, uti-lisées (petit clin d’œil à Franca Rame) chosifiées.

Notre résidence au TNP nous a permis de découvrir cela et d’aller plus loin que la lecture que nous avions donné à l’Élysée un an aupara-vant. Au plateau nous avons du répondre aux défis que pose la pièce. Il y a non seulement urgence à raconter l’histoire de cette femme qui lutte contre la mort mais il y a ce lien constant avec le public grâce au travail du conteur. Le quatrième mur apparaît et disparaît et le public n’est pas passif mais témoin concerné de ce dont parle en sous texte Edgar Chias : la violence, le machisme et la misogynie de la société qui perdure au XIXe siècle. L’importance du choix des mots est primordiale, la pièce est écrite à la deuxième personne. Jamais le « je » n’apparaît. L’identification, la mimésis aris-totélicienne est donc impossible.

Notre parti pris ? Qu’une interprète seule au pla-teau joue tous les personnages, invente tous les lieux et fasse sans cesse le lien entre fiction et réalité, entre narration dramaturgique et adresse directe au public. Pour nous Le ciel dans la peau ne peux se jouer que dans la tête de la jeune fille qui meurt des suites de son agression et la scéno-graphie est son espace mental « où se découpent, brillants et nets les objets qu’inventent le délire de ta mémoire cassée ». C’est pourquoi nous avons voulu nous appuyer sur quelques petits acces-soires et axer le travail sur le symbole, le sug-géré et la performance physique. D’un tas de terre sortent les ordures du quotidien : c’est l’espace de l’agression, de l’agresseur. Encore une fois la terre, rapport organique à l’écrit lorsque la jeune femme « se regarde regarder sa mort ». Un pupitre référence musicale fait le lien entre le public et la comédienne. Le bus est seulement suggéré tandis qu’à la télé passe un énième télénovelas fatigué de dire les même lieux communs. On est au théâtre.

La compagnieLa compagnie de théâtre les Montures du Temps existe depuis 2003 et est implantée sur la com-mune de Villeurbanne dans le Rhône.

Depuis, six spectacles ont été créés : Hamlet Machine de Heiner Müller en 2005, Le Roi sur la Place d’Alexandre Blok en 2008 Une Femme Seule de Franca Rame et Dario Fo en 2009, Cerises et Grenades – Tribune pour trois femmes révolutionnaires en 2011–12, Le ciel dans la peau d’Edgar Chias en créa-tion ainsi que Sept roses plus tard, de Paul Celan.

La compagnie intervient et anime des ate-liers d’improvisations théâtrales dans des centre sociaux, des collèges et écoles du département.

Tous les vendredis sur Radio Canut, les Montures du Temps vous invite à découvrir des artistes et des textes dans son émission en direct, le Théâtre de la Gamelle.

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définition…

Les Montures du Temps.

Comme des montures de lunettes, d’épée, de bijou.

Qui rassemble. Qui maintien. Qui fixe.

Le théâtre comme envie de fixer l’Idée de son temps. L’Histoire.

Les Montures du Temps est une compagnie de théâtre témoin du 21e siècle.

Témoin critique qui interroge le monde, les Hommes et leurs actes.

Ancré dans le réel, le vivant, le concret.

Un théâtre en prise avec les questions actuelles, sociétales, morales, politiques.

Une po-éthique du combat.

Combat contre les évidences, le sens commun, les préjugés.

Une recherche constante de l’Humanité.

Une croyance en la communauté humaine.

Une compagnie qui place au centre de sa réflexion et de ses créations les notions d’Histoire, de théâtre et de politique.

L’équipeOdille Lauria débute sa formation à l’École Nationale d’Art Théâtral du Centre National des Arts, au Mexique. En France, elle fait des études à l’ERAC, Ecole Régionale d’Acteurs à Cannes, grâce au soutien de la metteuse en scène Catherine Marnas et d’une bourse du Fond national pour la culture et les arts (FONCA). En 1999 Alors-Entonces, atelier franco-mexicain dirigé par Catherine Marnas joué au Mexique et au Conservatoire d’Art Dramatique à Paris.

En France, elle joue au Festival In d’Avignon en 1999 – Graciasa Dios dirigée par Boeglin, Calvo, Marnas. Puis en 2004 Les Bonnes, de Jean Genet, mise en scène de Bruno Boëglin au Théâtre de la Croix Rousse, à Lyon, à Nanterre au Théâtre des Amandiers et à Lausanne au Théâtre de Vidy. Avec la Compagnie Parnas elle joue Sainte-Jeanne des Abattoirs, de Bertolt Brecht et Le Banquet Fabulateur mise en scène de Catherine Marnas. Avec la Cie franco-mexi-caine Le Miroir qui Fume, Toxique Azteca Songe de Fabrice Melquiot mise en scène de Manuel Ulloa-Colonia.

anaïs Cintas crée la compagnie les Montures du Temps en 2003, elle met en scène Hamlet Machine de Heiner Muller joué en 2010 au Centre Culturel Théo Argence à Saint Priest dans le cadre des « temps forts » du théâtre. « Le roi sur la place » d’Alexandre Blok, sa deuxième création, est sélectionné coup de coeur 2008 du théâtre le Cabestan-Grand Pavois au festival off d’Avignon. « Une femme seule » de Dario Fo et Franca Rame est acheté et au programme de la journée du 8 Mars des mairies de Lyon et Villeurbanne. Après « le Ciel dans la peau » joué à l’Elysée dans le cadre du festival « hecho en Mexico » elle crée « Cerises et grenades, tribune pour trois femmes révolutionnaires ».

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7 Liaisonsle journal de la manifestationinterview d’Odille Lauria et anaïs Cintas par Cédric Bonfis.

Anaïs Cintas, metteuse en scène, et Odille Lauria, comédienne mexicaine vivant en France, sont arrivées au théâtre, ce matin, une demi-heure plus tôt pour une interview. Elles évoquent la pièce qu’elles présentent le soir même. Elles ont peu de temps. Plutôt que répondre aux questions, elles préfèrent nous dire ce qui leur semble essentiel pour comprendre la pièce.

Odille Lauria Le texte est cru, dur. Il faut savoir pourquoi. Pour comprendre ce qui est en jeu.

anaïs Cintas Ce n’est pas la langue qui heurte, c’est l’approche de l’auteur, sa manière d’aborder la réalité qu’ il veut montrer. De la donner telle quelle. Quelque chose que j’ap-pellerais spontanément ironie mais le mot ne convient pas. Et puis c’est un homme qui parle du viol, ce n’est pas commun.

Odille Lauria Au delà des féminicides, Edgar Chías donne à voir toutes la violence quotidienne que subissent les femmes. À commencer par les images de ces corps longi-lignes, de ces femmes blondes, qu’on voit par-tout en ville et dans les telenovelas, alors que mes compatriotes sont plutôt rondes, métis-sées.Pour une femme, même les compliments peuvent être des coups portés. Sur le marché, on ne te dira pas que tu es belle, on te dira

que tu es blonde. Comment se respecter, se trouver beau, quand on n’a pas de critères pour se reconnaître ainsi ? C’est comme si on n’avait pas le droit de se sentir beau quand on est mexicain, c’est-à-dire métissé. La pièce le montre sans détour. Dans les familles, on cherche toujours un ailleul espagnol. Ça fait chic. L’ indien est celui qu’on exploite, qu’on tue à la tâche. Son corps ne peut pas être beau. Le peuple mexicain n’existe que depuis cinq siècles. C’est très compliqué de dire ce que c’est qu’être mexicain.

anaïs Cintas Le trouble que peut provo-quer la pièce est accentué par les personnages qui disent « tu » au lieu de dire « je ». C’est très intéressant ce trouble dans la langue. C’est pour-quoi, j’ai voulu privilégier l’adresse directe au public. Ça permet de travailler ce rapport au conte, très fort dans la pièce, de faire entendre ce trouble dans la langue.

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« Dans la mise en espace du Ciel dans la peau, je voulais qu’Odille puisse lâcher le texte, qu’elle soit un médium de ce qui est écrit, avec un attachement aux sons, au sens et au silence. »

— Anaïs Cintas

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9 pHiLippe LaBaune, directeur artistiquedu Théâtre du Verseau écrit à propos de notre spectacle dans le journal « liaisons nº3 ».« elle est 8 000 : retours sur la mise en espace du Ciel dans la peau »

Elle s’habille. Boit. Nous regarde. Attend. Nous regarde.

Elle va parler. Mais pas sûr.

Sourcils bien levés au-dessus du regard.

Maquillage.

Poum poum.

À contretemps.

Il y a une tâche sur la jupe.

Se maquiller sans miroir. Et se défaire.

Presque dans le même mouvement.

Se démonter. Beauté du glissement d’un état à l’autre. Vite et lent à la fois.

Ça dure cinq minutes et il y a déjà tout le texte dedans.

Elle me dit tu. Me montre son ciel, les yeux dans les yeux. Qui t’es, tu ?

C’est la question. Centrale. De regard à regard. De tu à tu.

La langue bouge et fait des phrases qui glissent et dansent.

Parfois si vite que ça chavire presque. Baroque.

Suspence du retour à la ligne.

Grâce de l’hésitation. C’est fragile dessous, ça tremble.

Le flanc hésite à se dire front.

Frontal, oui.

Tu respire. Tu est toujours là. Regarde-moi dans les yeux. Et danse.

C’est pas joyeux, hein ? Tenu, tendu, lâché.

Tu nous cause, je lui réponds avec les yeux. Elle est morte et vivante.

Le corps se dessine sur le sol. Tu efface.

Tu et tu baignés, éclaboussés de regards. Vifs.

Elle est là.

Morte et présente.

Elles sont toutes là, les 8000. Mortes.

Plus de tâche sur la jupe. Sec. Noir.

Ça fait boum.

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10 « Le ciel dans la peau a été intelligemment mis en scène par une jeune française Anaïs Cintas et joué par Odille Lauria. »

— Nova Book Box[20 février 2013]10 | SAMEDI 9 NOVEMBRE 2013 | LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ

VOSLOISIRS

VOIRON 657e Foire de la Saint-Martin, dimanche et lundiDimanche 10 et lundi 11 novembre la Foire de la Saint-Martin envahira la ville ! 480 exposantsdéploieront leurs étales sur les rues et places de Voiron jusqu’au sommet de l’avenue Jules-Ravat. Au programme : des dégustations, du saucisson, des bonbons, des objets en toutgenre, des animaux et des animations durant les deux jours et notamment des parades, desdémonstrations… 45 manèges sont également installés entre le viaduc et l’hôtel de ville.Photo Le DL/Archives

> L’inauguration officielle est prévue dimanche à 11 heures.

ÇA SE PASSE CE WEEK­END En Isère

Journée axée sur l’écriture et la poésie, aujourd’hui, aumusée souterrain de La Mine Image à La Motte-d’Aveillans.De 10 h 30 à 12 heures, une visite sera guidée etcommentée par un ancien mineur. De 14 heures à 16heures, la journée se poursuivra par un atelier d’écritureouvert à tous les publics. Elle se terminera à 17 heures parune promenade poétique dans les différents lieux de la“Mine” en compagnie d’Emmanuel Merle. Photo Le DL/Archives

> Tarifs pour la journée : normal : 20 € ; réduit : 15 € (pour lesadhérents MPRA, du Musée, étudiants, chômeurs…)

LA MOTTE­D’AVEILLANS “Souterrain”,une journée à La Mine Image

Organisée par le Club aquariophile du Sud-Grenoblois(AASG38), une grande bourse aquariophile se dérouleradans la salle Émile-Zola de Champ-sur-Drac, demain àpartir de 13 heures. Plus d’une cinquantaine d’aquariumsont été mis à la disposition des aquariophiles spécialistesdans la reproduction de poissons, et ils vont proposer desmilliers d’espèces que ce soit d’eau de mer ou d’eaudouce, ainsi que des plantes ou coraux. Photo Le DL/Archives

> Ouverture des portes à 13 heures et fin des ventes à 17 h 50.Entrée gratuite. Contact : http://aasg38.free.fr/.

CHAMP­SUR­DRAC Bourse aquariophiledemain

Dernier soir aujourd’hui, au Théâtre de Poche à Grenoble,pour la pièce “Le ciel dans la peau” (traduite de El Cielo enla piel, du dramaturge mexicain Edgar Chias).La comédienne Odille Lauria, seule sur scène, incarnetous les personnages dont la jeune Mexicaine Esther etson bourreau. Les époques se mêlent de même : Estherfait la lecture d’un conte oriental relatant l’histoire d’unefemme, du temps du roi Salomon, qui, comme elle, connaîtla violence. Esther embrasse donc toutes les temporalités,toutes les douleurs assumées par les femmes. Elle devientla figure tout à la fois contemporaine et fantasmée d’uneShéhérazade dont la survie dépend de sa capacité àraconter : une métaphore qui pourrait s’appliquer authéâtre, finalement. DR

> A 20h30. Tarifs :14, 9 et 7 €. Renseignements et réservations :04 76 84 01 84 ou www.letricyclegrenoble.com

GRENOBLE “Le ciel dans la peau” auThéâtre de poche, ce soir

Après les vérifications techniques hier, le huitième Rallye de la Noix de Grenoble débuteréellement aujourd’hui sur les routes du Sud-Grésivaudan.Près de 150 équipages devraient s’élancer dès 7 heures pour une spéciale de Varacieux àMurinais, avant de rejoindre le parc fermé sur le Champ-de-Mars de Chatte. Ensuite, troisboucles de trois spéciales se dérouleront entre 12 heures et 22 heures. Photo Le DL/Archives

> Rens. sur www.sudgresiv.com

CHATTE Le Rallye de la noix, aujourd’hui

L’Association du skatepark de Grenoble (ASG) organise ce week-end le festival “Calamity Jam”,réservé aux filles BMX, roller, skate… Les meilleures Françaises de chacune de cesdisciplines seront présentes.Le Calamity Jam Festival, c’est aujourd’hui de 10 à 19 heures (11 heures à 13 heures : contestde BMX ; 14 heures à 16 heures : contest de roller ; 16 heures à18 heures : contest desnowboard ; concert en soirée). Demain de 10 heures à 18 heures (initiations gratuites etsessions libres, réservées aux filles). DR

GRENOBLE Calamity Jam festival ce week-end

GRENOBLEMuséomix au Muséedauphinois jusqu’à lundiLa recette de Muséomix est simple… Un musée, des créatifs,des développeurs, des communicants, des artisans ; le toutenfermé (ou presque) pendant trois jours, pour penser etcréer des innovations muséographiques. Et tout ça, c’estdepuis hier au Musée dauphinois de Grenoble.Dans l’ancien couvent de Sainte-Marie-d’en-Haut, les cer-veaux vont donc chauffer. Une soixantaine d’experts, les“muséomixeurs”, vont mettre savoirs et savoir-faire au servicede l’opération. L’objectif : créer des dispositifs, de nouvellesformes d’expositions. Décoder les peintures de la chapelle oualler fouiller dans les collections cachées, bref, mettre envaleur autrement les richesses du musée. Photo Le DL/Archives

> Dimanche à partir de 16 heures et lundi, de 10 heures à 18 heures,restitution publique.Plus d’infos sur : museomix2013.musee-dauphinois.fr

Aujourd’hui et demain (de 9 heures à 18 heures), les“Cannibal Marmots”, l’équipe grenobloise de roller derby,organisent à la Halle Clemenceau, “J’irai jammer sur vostombes”, un tournoi de roller derby où s’affronteront huitéquipes françaises. Pour poursuivre dans la culture derbysamedi soir, l’association “Retour de Scène” propose desconcerts à la Bifurk dès 20 heures. Indie-pop, electro-popet stoner metal sont au programme. Photo Isabel GOMEZ

GRENOBLE Tournoi de roller derby ceweek-end à la Halle Clemenceau

La Maison Bergès – Musée de la Houille Blanche invite àdécouvrir les photographies d’Anne-Marie Louvet. Il y avingt ans, elle avait photographié 38 entreprises deGrenoble et de sa couronne, retenues alors comme lesplus performantes dans la région. Vingt ans plus tard,Anne-Marie Louvet a choisi de retourner sur ces mêmessites afin de voir l’évolution industrielle et urbanistique desentreprises. Photo Le DL/Archives

> Maison Bergès – Musée de la Houille Blanche, à Lancey.Tél. 04 38 92 19 60, site Internet : www.musee-houille-blanche.fr

VILLARD­BONNOT “Recadrages”à la Maison Bergès

Michaël Gregorio mêlehumour et imitations, osantpasser de Brel à Piaf oudes Rolling Stones à JohnnyHallyday.Et il trouve encore desréserves pour innover avecdes voix nouvelles (Shakira,Raphaël…) Photo Le DL/Archives

> Au Summum de Grenoble cesoir, à 20 h 30.Réservations aux points de ventehabituels.

GRENOBLE Gregorioce soir auSummum

Les livres et les auteurs sont à l’honneur ce week-end àL’Atrium au Fontanil-Cornillon (1 ter, rue du Moulin, en pleincentre-bourg), avec le 13e salon Fontalivre. Ce samedi de14 à 19 h : invitation à voyager par le livre, la lecture et lacréation artistique, rencontres avec les auteurs. À 19 h :coktail-dégustation gastronomique. Ce soir à 20 h : concertd’Audrey Antonini. Âgée de 32 ans, elle est auteur,compositeur et interprète ; ses influences sont variées, dublues un peu sombre à la poésie la plus claire, et sa voixprofonde a ce qu’il faut d’entraînant pour chanter lespetites choses sucrées de la vie. Tarif : 10 €.06 67 49 03 72. Suite de Fontalivre demain dimanche, de 9à 12 h : à l’Atrium, tout près du marché hebdomadaire duFontanil, venez flâner autour des étals, et partager votreplaisir du “café livres” avec des amoureux de livres, decartes postales et de disques. Pendant que L’Atriumaccueille ce marché aux livres, Fontalivre se poursuit sousla halle du marché Photo Le DL/Archives

LE FONTANIL­CORNILLON Fontalivre,aujourd’hui et demain

LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ |MERCREDI 6 NOVEMBRE 2013 | 13

GRENOBLEETSESQUARTIERS

Du jeudi 7 au vendredi9 novembre, se jouera

au Théâtre de Poche, lapièce "Le ciel dans lapeau" (traduite de "El Cie­lo en la piel", du dramatur­ge mexicain Edgar Chias).Déjà jouée auparavant, lapièce n’en connaît pasmoins, actuellement, unerecréation dont la nou­veauté consistera, entreautres choses, à intégrer unchœur de femmes consti­tué de comédiennes ama­teurs ou de totales néophy­tes. À cet effet, la metteuren scène Anaïs Cintas meten place des ateliers ausein desquels des femmes,de tout âge, se rencontrentet apprennent à s’écouter.

Ces différentes indivi­dualités féminines vien­

nent faire écho à l’argu­ment de la pièce, exposéd’abord par la metteur enscène et la comédienneOdille Lauria. Cette der­nière, d’origine mexicaine,explique pourquoi un hom­me, Edgar Chias, a pu sesaisir d’un sujet aussi pro­fondément féminin. Pèred’une fille, le dramaturges’est ému de constater que,dans le bus, les hommes nesemblaient pas faire la dif­férence entre les corps desfemmes, allègrement tripo­tés, et de vulgaires ban­quettes. S’ajoute le fléaudu « féminicide » : motqu’il a bien fallu accepterau Mexique au vu descorps de femmes – de jeu­nes ouvrières – retrouvéssans vie, mutilés, sans mo­

tif apparent. Des gangs denarcotrafiquants qui fe­raient du meurtre de cesfemmes une sorte de rite depassage. La comédienneOdille Lauria, seule surscène, incarne tous les per­sonnages dont la jeuneMexicaine Esther et sonbourreau. Les époques semêlent de même : Estherfait la lecture d’un conteoriental relatant l’histoired’une femme, du temps duroi Salomon, qui, commeelle, connaît la violence.

Adèle DUMINY

Théâtre de Poche jeudi 7,vendredi 8 et samedi9 novembre à 20 h 30(tarifs : de 7 à 14 €).Tél. : 04 76 84 01 84 ouwww.letricyclegrenoble.com.

Au Théâtre de Poche, atelier organisé par la metteur en scène pour former un chœur de femmes.

THÉÂTRE | Du jeudi 7 au vendredi 9 novembre, une pièce poétique et engagée

“Le ciel dans la peau” par Anaïs CintasLIBRAIRIE DE LA FNAC“La Vie à Côté”

Ü Rencontre avec Louis, libraire à la Fnac, pour son coup decœur de l’automne. Il s’agit de “LaVie à côté”, le premier romande l’Italienne Mariapia Veladiano. « Ce livre raconte l’histoirede Rebecca, explique le libraire. C’est une jeune fille issue dela grande bourgeoisie, avec un père absent et une mèremurée dans le silence. Sa laideur exceptionnelle la tient horsdu monde, protégée par une domestique, sa famille ne lasoutient pas, et sa vie semble cernée par le vide. Une tante val’initier au piano et un talent immense va se révéler, boulever-sant tout ce qu’elle avait imaginé. »« C’est un livre assez triste mais profond et passionnant,ajoute Louis. L’héroïne va apprendre peu à peu à s’émanciperà travers ce nouveau langage, au-delà du carcan familial et dela malédiction qu’elle porte sur son visage. J’ai trouvé ceroman particulièrement fort, servi par une écriture très belle etpleine de pudeur. »“LaVie àCôté”, deMariapia Veladiano, éditions Stock, 224 pa-ges, 19 €.

COUP DE CŒURDU LIBRAIRE

Les photographes ducollectif Diverticimesexposent, jusqu’au16 novembre, à Grand’Place,une trentaine de leursphotographies.De 9 h 30 à 20 h. Placecentrale (Cour des érables).

Des photosà Grand’Place

Les planches du théâtre Prémol accueilleront, samedi etdimanche, à 17 h 00 et 20 h 30, la compagnie Du Jour quiinterprétera “Araberlin”.Une pièce de Jalila Baccar qui traite de la peur del’étranger et de sa culture.Infos : Tél. : 04 76 33 38 25Mail : [email protected].

VIE culturelle

La pièce “Araberlin” bientôtau théâtre Prémol

La MJC Allobroges organise dans ses locaux les 23 au23 novembre de 10 h 30 à 17 h 30 un stage de clownanimé par Gérald Garnache, magicien comique, quis’adresse à toute personne motivée par une envie delâcher prise et de s’amuser de soi et de ses complexes.Tarif : 60 € le week-end (+ 10 € d’adhésion annuelle à laMJC). Infos au 06 52 81 27 73 ou au Tél. : 04 76 42 56 96 –www.mjc-allobroges.fr.

Faites le clown à la MJCPeu d’artistes peuvent se

vanter d’être passés troisfois au Ciel, non seulementsans jamais décevoir leursfans, mais qui plus est enfaisant à chaque fois un peuplus fort… Elyas Khan estde ceux­là. Il est heureux deprésenter son premier al­bum solo, “Brawl in paradi­se”. Installé à Berlin, Elyas aconçu et réalisé cet albumtout seul. Le résultat est à lahauteur des espérances : enplus de cette voix unique,incroyable et de ce jeu deguitare très new­yorkais,Elyas Khan expérimente,innove, bidouille, sans ja­mais perdre de sa redouta­ble efficacité.

En première partie de soi­rée et avant la sortie d’unpremier album, “Joy Well­boy”, duo composé de la

chanteuse­compositriceJoyAdegoke et du réalisateurWimJanssens,a fait lebuzz.

Dimanche 10 novembre à17 h 30 au Ciel (Régie 2C),rue Condillac. Tarif : 9/12€.www.regie2c.com

Elyas Khan présente son album solo “Brawl in paradise”. Photo DR

MUSIQUE | Le 10 novembre à 17 h 30

Elyas Khan au paradis

Samedi prochain à 20 h 30,le Théâtre de Grenoble, en

partenariat avec la Curieuseaccueilleront le groupe Nomad, venu fêter à Grenoblesesdixansd’aventuremusica­le.

UneatmosphèresurréalisteImpossible de caser No Maddans un style bien précis.Autourde lachanteuseElodieLordet, lescuivres,violons,ac­cordéons se débattent et voustransportentdansununiversàla Tim Burton où la valse, lajava, leklezmer,sedépoussiè­rent et reprennent de nou­veaux atours.

Leur dernier album, Eldora­do, est une série de 11 thèmesmusicaux orchestrés et mis enscène comme des courts­mé­

trages. À l’écoute, on se sentun peu comme des enfants sefaisant conter des histoiresfantastiques dans un greniermystérieux.

Une atmosphère surréaliste,servie par une orchestrationacoustique d’une grande in­ventivité.

Amateurs de films fantasti­ques et féeriques ou tout sim­plementdecuriositémusicale,leThéâtredeGrenoblesera lecadred’uneréelledécouverte.

Ils seront accompagnés enpremière partie par les greno­blois d’Holy Bones, mêlant laguitare blues à l’univers “tim­burtonesque”, lui aussi…OVNI musical également àsuivre.

ChristopheCADETÀ l’écoute, le public se sent un peu comme des enfants se faisant conter des histoires fantastiques dans un grenier mystérieux.

CONCERT | Une découverte au Théâtre de Grenoble samedi

No mad : la musique du “fantastique”

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11 puBLik’arT

Le peTiT BuLLeTinnadja pobel [Lyon 18 novembre 2013]

La comédienne Odille Lauria interprète son ou plutôt ses rôles avec une grande justesse et fluidité. Elle passe du rire aux larmes, de la blonde au voyou, avec grande habileté et capte aisément l’attention du public. On ne peut perdre une miette de son jeu, notamment quand elle invite les spectateurs à la fête, ou plutôt à la fiesta en leur distribuant des bières, alors qu’elle se déchaîne sur le sable et que la musique latino emplit la scène. Elle peut aussi

bien se réfugier dans la maison construite en pièces détachées que boire à grandes gorgées les pieds dans le seau, courir dans le sable en criant sa rage, ou lire le livre faisant le lien entre les deux personnages.

Une belle et percutante rhapsodie qui ouvre les yeux sur des réalités qu’on ne veut pas voir. Anaïs Cintas de la Compagnie Les Montures du Temps et Odille Lauria transmettent avec brio le texte percutant d’Edgar Chias.

Elle est face à nous, les pieds dans le sable, sa bicoque en bois juste derrière elle. Il fait chaud et elle ne nage pas dans l’opulence. Le ciel dans la peau est tout ce qui lui reste. Cette jeune femme raconte sa douleur, ce qui est entré dans ses entrailles, avec une voix qui lui demandait à répétition si ça mouillait. Son maquillage fiche

le camp, son visage se déforme quand elle se remémore son viol, cette négation d’elle-même, sa mise à mort. Odille Lauria parfaite, poignante, ne nous laisse pas une minute pour entrer dans le spectacle ; déjà nous sommes avec elle et Edgar Chias, ce jeune auteur et dramaturge mexicain dont elle restitue les mots tranchants.

Les TrOis COupsextrait de la critique de Michel dieuaide

Tu te prénommes Esther. Tu n’es pas belle. Tu as été violée. Tu luttes sur un lit d’hôpital pour tenter d’échapper à la mort inexorable. Tu ne caches rien de ce qu’il t’est arrivé. Mots crus. Paroles saccadées. Respiration courte. Cœur qui chavire. Tu témoignes avec distance, avec les mots d’un auteur masculin, sous la coupe encore de ton violeur qui t’a massacrée. Sang, urine, merde, sexe. L’entame du spectacle

bouleverse. Tu as les pieds nus dans le sable, si facile à creuser pour y enterrer un cadavre. Tu mets le désordre dans tes vêtements, dans ton maquillage, dans ta coiffure. Tu accomplis sous nos yeux un rituel pathétique de sacri-fice. Ces premiers moments sont magnifique-ment maîtrisés par Odille Lauria et atteignent les sommets du tragique avec une simplicité émouvante.

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May i introduce Yourself [MiiY]Yasmine i.[20 novembre 2013]

Le pari de la compagnie était de faire jouer Odille seule, et de ce fait, qu’elle incarne ces nombreux personnages, en oscillant entre adresse directe au public et narration dramaturgique. Pari réussi ? On peut le dire car même si on se sent parfois surmené par l’action, ou démuni face à

la  furtivité des propos engagés dans le spectacle, on ressent avant tout le courage, le parti pris et la nécessité de la compagnie de parler d’un sujet difficile de manière intelligente, sans se laisser submerger par le pathos et l’émotion.

Bon choix.

Le THéâTre du BLOgMireille davidovici

Évitant tout pathos, la pièce offre une partition musicale à Odille Lauria dont le léger accent mexicain renvoie à la réalité de son pays natal. Elle passe d’un personnage à l’autre, sans rupture entre la poésie du conte et l’atrocité du crime perpétré contre la mourante car c’est dans la tête de cette dernière que tout se joue » où se découpent brillants et nets les objets qu’inven-tent le délire de ta mémoire cassée. » Le texte adressé à la deuxième personne au public ramène le sort de la jeune femme à un destin multiple et l’atrocité de son viol, décrit par le menu, perd de

sa  crudité réaliste pour s’inscrire dans la longue série des féminicides.

Une mise en scène fluide permet à l’actrice de prendre ses personnages à bras le corps et de se déployer dans un décor hybride parsemé de quelques accessoires dont une cabane de bidon-ville et un poste de télévision qui passe en boucle un télénovelas insipide.

Cette sobriété donne toute son importance à un texte d’une facture complexe qui est ici habilement décrypté.

« La CLé des Langues » ens LyonMarie du Crest, chroniqueuse littéraire, spécialiste du théâtre contemporain

Odille Lauria est une magicienne comique et tragique, la figure du destin implacable : C’était son tour. Le tragique dont elle recouvre son corps solide, énergique, d’une toile ensanglan-

tée. Disparition de la comédienne, disparition de la fille violée, torturée et assassinée. Le chœur des six femmes colorées rejoint alors le plateau et entonne un dernier lamento. Noir.

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rO rOsanOmilitante du Yosoy132

« Le Ciel dans la peau » est une pièce dramatique, révolutionnaire et engagée qui a lutté pour être représentée en France et qui, malgré des cas de censure, a réussi à voir le jour devant le public français. Son sujet : le féminicide et la violence contre la femme au Mexique.

La traduction en français du texte d’Edgar Chías ainsi que l’adaptation et la mise en scène réalisées par Anaïs Cintas récréent la réalité mexicaine et submergent le spectateur dans l’at-mosphère d’un bidonville, de la désolation, du danger, de la solitude.

Dans l’interprétation de l’actrice Odille Lauria, qui se veut parfois grotesque, moqueuse et vulgaire, repose toute la puissance de l’enjeu dénonciateur. Elle cherche à interpeller et établir un lien avec le public européen qui pourrait dés-tabiliser les plus sensibles mais qui contextualise de manière vraisemblable la situation sociale de la femme au Mexique en évoquant la famille, la pauvreté, la fête, la discrimination, les médias, la corruption, le gouvernement…

Dans cette pièce, le langage devient un personnage lui-même. Odille, seule sur scène, incarne avec habileté plusieurs rôles : celui d’Esther, une jeune mexicaine de notre temps et une femme du temps du roi Salomon. L’argot contemporain mexicain et français se mêlent donc à la langue soutenue des livres sacrés. Mais la gravité du problème n’en est pour autant pas

effacée. À travers les différents niveaux de fic-tion, l’auteur et la metteuse en scène interrogent sur la condition de la femme depuis des siècles. Ils décrivent la disparité des genres, la supério-rité de l’homme (roi, scribe) déjà présentes dans les livres anciens et l’impunité, la violence et la déshumanisation dans nos villes. Les histoires de ces femmes se confondent dans la transposition des temps de la narration. Mais pas seulement là. Dans la vie réelle, le ciel vers lequel on lève les yeux est le même qu’on soit en France, au Mexique, en Chine ou en Argentine.

Anaïs Cintas et Odille Lauria, en débat après la représentation de samedi dernier, expriment et apportent une réflexion sur la portée de ce texte, qui après tout, pourrait très bien s’adapter à la réalité d’une femme dans n’importe quel pays. Car être née femme présuppose un « défaut » et un malheur dans nos sociétés où les valeurs sont souvent perverties.

Un nœud dans la gorge, des images de vio-lence et de meurtre, et les chiffres sur le fémi-nicide au Mexique m’oppressaient après avoir quitté le théâtre.

À quelques jours de la commémoration de la Journée internationale pour l’élimination de la violence contre la femme, le 25 novembre, il semble opportun de revendiquer et d’applaudir la vocation sociale de la compagnie, de l’auteur, du théâtre.

Le grand jOurnaL du Mexiquejeanmy Cochois

Les mots sont crus, les positions sans équivoques mais la métaphore permanente permet d’aborder ce sujet, on ne peut plus dramatique, avec une souplesse didactique bienveillante.

Le mérite de Anais Cintas d’avoir accepté de mettre en scène cette difficile pièce est d’autant plus grand qu’elle vient se confronter à l’extrême dicho-tomie de la sexualité des femmes et des hommes!

Allez-y, on en ressort pas intact !

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14 nOuVeLLes répLiquesiris gamme Visibilité de Troupes théâtrales émergentes et articles de presse sur l’actualité théâtrale [18 juin 2013]

Monter un spectacle sur le féminicide au Mexique. Mettre en scène un texte d’Edgar Chias, auteur contemporain mexicain exigeant. Diriger une actrice seule en scène. Voici le projet d’Anais Cintas, metteuse en scène de la Compagnie Les Montures du temps.

Montrer l’horreur est tenté chaque jour par les artistes, et c’est une chose difficile.

Ici, c’est en plus montrer l’horreur dite par des mots brûlants, ceux d’Ed-gar Chias, dans une langue franche, revolver, qui captive immédiatement.

L’actrice laisse sa place au texte dès le début du spec-tacle, sa résonance, sa rondeur et ses cris.

Elle n’en rajoute pas, elle transmet la matière du récit : le sang, l’urine, la merde et la salive : les fluides de la violée, le Styx de toutes les jeunes filles retrouvées mortes à la frontière nord, dans le désert mexicain.

Odille Lauria prend parfai-tement sa place d’actrice : elle ne prétend pas, ne se substitue pas aux victimes. Elle donne à voir, à imaginer et à douter de cette atroce réalité tant elle est exprimée avec étrange profon-deur, vérité. C’est ainsi que le propos est le plus poignant : quand il est sincèrement confié au public, sincère et mat.

Où nous trouvons nous ? Entre la chambre d’hôpital et la ville vibrante mexicaine, entre l’autobus et le désert.

La mise en scène suggère ses décors, on les ressent plus qu’on ne les voit, mais ils sont bien

plus puissants ainsi, que dans un réalisme qui serait journalistique, documentaire, insuppor-table alors.

Au sol, une télévision diffuse une telenovela, elle est recouverte d’une bâche transparente, elle accompagne le déroulement des scènes, mélodie populaire pathétique, intrigue sucrée et drames de pacotilles.

En contraste, à 1 mètre de l’écran, on suit les pas d’une jeune fille mexi-caine, de sa vie à la mort, avec la porte aux enfers au milieu, le viol.

Avant, il y a l’errance des plaies, le corps qui flotte au dessus du lit d’hôpital, se regardant lui même, observant les chirurgiens recomposer le puzzle de son propre corps, là, juste en dessous.

Quelle jeunesse, quelle fraîcheur dans ce jeu d’actrice, quelle générosité dans cette mise en scène pourtant sobre, quelle maîtrise dans ce texte parfaitement bien compris, parfaitement bien ressenti et partagé.

À aucun moment on est guidés dans un sentiment à avoir, ou une sensation de dégout qu’on devrait ressentir :

nous sommes libres, face à la scène, d’imaginer le désert nord et ses tortures sous le sable.

C’est là la réussite de ce spectacle : lais-ser maître l’auteur de son texte, l’actrice de son impulsive expression et l’horreur de son serpen-tement vicieux.

Le tout dans une orchestration précise, et fort bien pensée.

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15 « Ta ville, ce panorama intense, ouvert, vaste, cette blague burlesque, c’est chez toi. Ta ville c’est la maison de la peur, l’endroit où tu dors et où ils ont tué l’autre, toutes les autres, tellement d’autres qu’on ne les compte plus. Ça sert à rien de compter. »

— Odille Lauria,extrait de la pièce

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Compagnie Les Montures du Temps

Direction, Mise en scèneAnaïs Cintas — [email protected]

Diffusion, coMMunicationChloé Richard — [email protected]

photosLise Eneau-Brun

graphisMeClovis Girard — huitiemeetage.com