Le CIEL dans la PEAU

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CRéATION THéâTRE 2013 Le Ciel dans la peau d’Edgar Chias par la Compagnie Les Montures du Temps / La pièce éditée au Miroir qui fume à été sélectionnée au palmarès 2010 du Centre National du Théâtre En répétitions du 21 janvier au 5 février 2013 au Théâtre National Populaire à Villeurbanne rEprésEntations les 12, 13, 14 février 2013 au Lavoir Moderne Parisien ; le 22 février 2013 à la Maison du Mexique La compagnie les Montures du temps est subventionnée par la ville de Villeurbanne

description

Rhapsodie pour la scène ecrite par Edgar Chias. Mise en scène d'Anais Cintas Avec Odille Lauria Traduction Boris Schoemann Editions Le Miroir qui Fume « AU COMMENCEMENT Il faut que tu dises la vérité. Parler. Tout raconter. Tu ne peux pas. C’est difficile. Tu respires et tu retiens ton souffle qui s’estompe, qui s’échappe par cette blessure stupide qu’est la bouche ouverte. Poum. Poum. Poum. Le pouls. Lent et éteint. Plus exactement poum-poum, poum-poum, poum-poum, à contretemps, obstinément. Tu espères qu’on note ta présence. Que ce soit ton tour. Ce n’est pas ton tour. Tu respires et crac dans la poitrine. Douleur. Tu exhales et fff »

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création théâtre 2013

Le Ciel dans la peaud’edgar chias par la compagnie Les Montures du temps

/

La pièce éditée au Miroir qui fume à été sélectionnée au palmarès 2010

du Centre National du Théâtre

En répétitions du 21 janvier

au 5 février 2013 au Théâtre

National Populaire à Villeurbanne

rEprésEntationsles 12, 13, 14 février

2013 au Lavoir Moderne Parisien ;le 22 février 2013

à la Maison du Mexique

La compagnie les Montures du temps

est subventionnée par la ville

de Villeurbanne

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LE CiEL dans La pEau— El Cielo en la piel Edgar Chias

JEu Odille lauriaMisE En sCènE Anaïs Cintas – Cie les Montures du TempsLuMièrEs Arianna Thönison Pierrick MonnereausCénographiE Seymour LavalduréE 1h 20

rEprésEntations— dans le cadre du festival « Hecho en Mexico » au Théâtre de l’Elysée à Lyon le 10 mai 2011 ;— le 30 novembre 2012 à l’espace Schoelcher à Seyssins (38).

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3 « AU COMMENCEMENTIl faut que tu dises la vérité. Parler. Tout raconter. Tu ne peux pas. C’est difficile. Tu respires et tu retiens ton souffle qui s’estompe, qui s’échappe par cette blessure stupide qu’est la bouche ouverte. Poum. Poum. Poum. Le pouls. Lent et éteint. Plus exactement poum-poum, poum-poum, poum-poum, à contretemps, obstinément. Tu espères qu’on note ta présence. Que ce soit ton tour. Ce n’est pas ton tour. Tu respires et crac dans la poitrine. Douleur. Tu exhales et fff »

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4 edgar chiasNé à Mexico en 1973, Edgar Chias est acteur, dramaturge et professeur

de littérature dramatique à l’Université Nationale Autonome de Mexico. Figure de proue parmi les jeunes auteurs mexicains Edgar Chias est membre du système national de créateurs au Mexique (fonca conaculta) et a été directeur académique du premier diplôme études en dramaturgie de l’instituto nacional de bellas artes.

La pièceLe ciel dans la peau est éditée en France aux Éditions du Miroir qui

fume. Elle a été sélectionnée au palmarès 2010 du Centre National du Théâtre. Elle a été écrite sur le modèle d’une Rhapsodie, une composition musicale basée sur une thématique populaire, très poétique.

L’histoireDeux femmes, une d’aujourd’hui et une du temps du roi Salomon.

Leur histoire n’est pas très différente. Les deux font l’objet d’abus et de violences. Les deux souffrent de ne pas appartenir aux privilégiées qui correspondent au canon dominants de la beauté. Leurs liens est le rapport au livre. Chacune lit l’histoire de l’autre. Il s’agit d’un parcours tragi-comique dans la vie de deux femmes qui nous dévoile que la condition féminine change peu et mal.

Concrètement, il s’agit de l’histoire d’Odile, une jeune mexicaine qui lutte contre la mort dans un hôpital, après avoir été massacrée par son violeur. Le ciel dans la peau dénonce le phénomène du féminicide au Mexique et en Amérique centrale.

Parti pris de mise en scèneC’est le collectif « l’Organisation » qui m’ a proposé de travailler sur une

mise en espace lecture du texte d’Edgar Chias dans le cadre du festival 2011 « Hecho en Mexico ».

Le concept était le suivant, diriger une comédienne avec qui je n’avais jamais travaillé, sur un texte d’un auteur que je ne connaissais pas. Le sujet m’emballa immédiatement, il s’agissait de dénoncer à travers ce conte mexicain les féminicides perpétués par les groupes de narco trafi-quants. Edgar Chias travaille son texte comme un poème musical à plu-sieurs voix. Le ciel dans la peau c’est le Mexique, c’est l’admirable capacité de résistance des femmes et des hommes évoluant dans l’enfer quotidien des règlements de compte des cartels de la drogue. Le travail avec Odille Lauria, comédienne mexicaine a dépassé le simple cadre d’une lecture

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classique. Odille est seule sur scène et incarne toute cette violence, tous ces espoirs déçus d’un peuple livré à lui-même face à la corruption du pouvoir. Elle interprète avec beaucoup de talent de multiples personnages et utilise aussi la technique du conte pour raconter cette « histoire dans l’histoire » imaginée par le maestro Edgar Chias.

La mise en scène mobilise le travail corporel, le conte, une scénogra-phie épurée, la vidéo, tandis que la musique illustre la violence des gangs et l’aliénation sexiste qui règne dans la culture « main stream » actuelle.

Synthèse du travail de résidence au tnPEdgar Chias utilise la narration scénique ou plus exactement la rhapso-

die pour la scène, cette tradition de transmission orale des histoires depuis la nuit des temps pour éclairer l’histoire contemporaine, comme un miroir du passé qui éclaire le vivant. Dans le ciel dans la peau, l’interprète n’est pas seulement une jeune femme en train de mourir, ses agresseurs ou le personnage principal de l’histoire qu’elle lisait dans le bus mais incarne aussi le rhapsode, ce chanteur de poèmes populaires, LE conteur drama-tique. Lorsque l’on a compris cela on comprend alors les multiples réfé-rences à Shéhérazade dans les mille et une nuits : la jeune fille mourante doit, c’est vital, nous raconter son histoire, c’est la seule façon pour elle de rester en vie, de se raccrocher au réel. Les multiples allers et retours dans le passé prennent sens et pose la thèse du Ciel dans la peau : rien ne change, rien n’a changé ; les femmes du temps du roi Salomon jusqu’à aujourd’hui au Mexique et partout dans bien des endroits du monde sont dominées, utilisées (petit clin d’œil à Franca Rame) chosifiées.

Notre résidence au TNP nous a permis de découvrir cela et d’aller plus loin que la lecture que nous avions donné à l’Élysée un an auparavant. Au plateau nous avons du répondre aux défis que pose la pièce. Il y a non seulement urgence à raconter l’histoire de cette femme qui lutte contre la mort mais il y a ce lien constant avec le public grâce au travail du conteur. Le quatrième mur apparaît et disparaît et le public n’est pas passif mais témoin concerné de ce dont parle en sous texte Edgar Chias : la violence, le machisme et la misogynie de la société qui perdure au XIXe siècle. L’importance du choix des mots est primordiale, la pièce est écrite à la deuxième personne. Jamais le « je » n’apparaît. L’identification, la mimésis aristotélicienne est donc impossible.

Notre parti pris ? Qu’une interprète seule au plateau joue tous les per-sonnages, invente tous les lieux et fasse sans cesse le lien entre fiction et réalité, entre narration dramaturgique et adresse directe au public. Pour nous Le ciel dans la peau ne peux se jouer que dans la tête de la jeune fille qui meurt des suites de son agression et la scénographie est son espace mental « où se découpent, brillants et nets les objets qu’inventent le délire de ta mémoire cassée ». C’est pourquoi nous avons voulu nous

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appuyer sur quelques petits accessoires et axer le travail sur le symbole, le suggéré et la performance physique. D’un tas de terre sortent les ordures du quotidien : c’est l’espace de l’agression, de l’agresseur. Encore une fois la terre, rapport organique à l’écrit lorsque la jeune femme « se regarde regarder sa mort ». Un pupitre référence musicale fait le lien entre le public et la comédienne. Le bus est seulement suggéré tandis qu’à la télé passe un énième télénovelas fatigué de dire les même lieux communs. On est au théâtre.

La compagnieLa compagnie de théâtre les Montures du Temps existe depuis 2003

et est implantée sur la commune de Villeurbanne dans le Rhône.Depuis, six spectacles ont été créés : Hamlet Machine de Heiner MÜLLER

en 2005, Le Roi sur la Place d’Alexandre BLOK en 2008 Une Femme Seule de Franca RAME et Dario FO en 2009, , Cerises et Grenades - Tribune pour trois femmes révolutionnaires en 2011/2012, Le ciel dans la peau d’Edgar CHIAS en création ainsi que Sept roses plus tard, de Paul Celan.

La compagnie intervient et anime des ateliers d’improvisations théâtrales dans des centre sociaux, des collèges et écoles du département.

Tous les vendredis sur Radio Canut, les Montures du Temps vous invite à découvrir des artistes et des textes dans son émission en direct, le Théâtre de la Gamelle.

Définition…Les Montures du Temps.Comme des montures de lunettes, d’épée, de bijou.Qui rassemble. Qui maintien. Qui fixe.Le théâtre comme envie de fixer l’Idée de son temps. L’Histoire.Les Montures du Temps est une compagnie de théâtre témoin du 21e siècle.Témoin critique qui interroge le monde, les Hommes et leurs actes.Ancré dans le réel, le vivant, le concret.Un théâtre en prise avec les questions actuelles, sociétales, morales, politiques.Une po-éthique du combat.Combat contre les évidences, le sens commun, les préjugés.Une recherche constante de l’Humanité.Une croyance en la communauté humaine.Une compagnie qui place au centre de sa réflexion et de ses créations les notions d’Histoire, de théâtre et de politique.

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7 L’équipe

odille Lauria débute sa formation à l’École Nationale d’Art Théâtral du Centre National des Arts, au Mexique. En France, elle fait des études à l’ERAC, Ecole Régionale d’Acteurs à Cannes, grâce au soutien de la met-teuse en scène Catherine Marnas et d’une bourse du Fond national pour la culture et les arts (FONCA). En 1999 Alors-Entonces, atelier franco-mexi-cain dirigé par Catherine Marnas joué au Mexique et au Conservatoire d’Art Dramatique à Paris.

En France, elle joue au Festival In d’Avignon en 1999 – Graciasa Dios dirigée par Boeglin, Calvo, Marnas. Puis en 2004 Les Bonnes, de Jean Genet, mise en scène de Bruno Boëglin au Théâtre de la Croix Rousse, à Lyon, à Nanterre au Théâtre des Amandiers et à Lausanne au Théâtre de Vidy. Avec la Compagnie Parnas elle joue Sainte-Jeanne des Abattoirs, de Bertolt Brecht et Le Banquet Fabulateur mise en scène de Catherine Marnas. Avec la Cie franco-mexicaine Le Miroir qui Fume, Toxique Azteca Songe de Fabrice Melquiot mise en scène de Manuel Ulloa-Colonia.

anaïs cintas crée la compagnie les Montures du Temps en 2003, elle met en scène Hamlet Machine de Heiner Muller joué en 2010 au Centre Culturel Théo Argence à Saint Priest dans le cadre des « temps forts » du théâtre. « Le roi sur la place » d’Alexandre Blok, sa deuxième création, est sélectionné coup de coeur 2008 du théâtre le Cabestan-Grand Pavois au festival off d’Avignon. « Une femme seule » de Dario Fo et Franca Rame est acheté et au programme de la journée du 8 Mars des mairies de Lyon et Villeurbanne. Après « le Ciel dans la peau » joué à l’Elysée dans le cadre du festival « hecho en Mexico » elle crée « Cerises et grenades, tribune pour trois femmes révolutionnaires ».

arianna thöni est technicienne et régisseuse lumière intermittente. En 2009 elle réalise les lumières pour une comédienne et metteuse en scène du Compagnonnage Théâtre.

L’année d’après elle intègre la compagnie les Montures du Temps en reprenant derrière Bénédicte Oubrier la création lumière d’Hamlet Machine au Centre Culturel Theo Argence à Saint Priest. Pour Une femme seule à l’Espace 44, elle propose une immersion lumineuse très douce et intime dans la vie de Maria, le personnage inventé par Franca Rame et Dario Fo, femme au foyer séquestrée par son mari. Elle conçoit les lumières de Cerises et Grenades à la salle Genton (lyon 8) et travaille actuellement à la création du ciel dans la peau.

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8 Liaisons – le journal de la manifestationInterview d’Odille Lauria et Anaïs Cintas par Cédric Bonfis.

Anaïs Cintas, metteuse en scène, et Odille Lauria, comé-dienne mexicaine vivant en France, sont arrivées au théâ-tre, ce matin, une demi-heure plus tôt pour une interview. Elles évoquent la pièce qu’elles présentent le soir même. Elles ont peu de temps. Plutôt que répondre aux questions, elles préfèrent nous dire ce qui leur semble essentiel pour comprendre la pièce.

odille Lauria Le texte est cru, dur. Il faut savoir pourquoi. Pour comprendre ce qui est en jeu.

anaïs cintas Ce n’est pas la langue qui heurte, c’est l’approche de l’auteur, sa manière d’aborder la réalité qu’ il veut montrer. De la donner telle quelle. Quelque chose que j’appellerais spontanément ironie mais le mot ne convient pas. Et puis c’est un homme qui parle du viol, ce n’est pas commun.

odille Lauria Au delà des féminicides, Edgar Chías donne à voir toutes la violence quotidienne que subissent les femmes. À commencer par les images de ces corps longilignes, de ces femmes blondes, qu’on voit partout en ville et dans les telenovelas, alors que mes compatriotes sont plutôt rondes, métissées.Pour une femme, même les compliments peuvent être des coups portés. Sur le marché, on ne te dira pas que tu es belle, on te dira que tu es blonde. Comment se respecter, se trouver beau, quand on n’a pas de critères pour se reconnaître ainsi ? C’est comme si on n’avait pas le droit de se sentir beau quand on est mexicain, c’est-à-dire métissé. La pièce le montre sans détour. Dans les familles, on cherche toujours un ailleul espagnol. Ça fait chic. L’ indien est celui qu’on exploite, qu’on tue à la tâche. Son corps ne peut pas être beau. Le peuple mexicain n’existe que depuis cinq siècles. C’est très compliqué de dire ce que c’est qu’être mexicain.

anaïs cintas Le trouble que peut provoquer la pièce est accentué par les personnages qui disent « tu » au lieu de dire « je ». C’est très intéressant ce trouble dans la langue. C’est pourquoi, j’ai voulu privilégier l’adresse directe au public. Ça permet de travailler ce rapport au conte, très fort dans la pièce, de faire entendre ce trouble dans la langue.

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9 « Dans la mise en espace du Ciel dans la peau, je voulais qu’Odille puisse lâcher le texte, qu’elle soit un médium de ce qui est écrit, avec un attachement aux sons, au sens et au silence. »

— Anaïs Cintas

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10 Philippe Labaune, directeur artistique du théâtre du Verseau écrit à propos de notre spectacle dans le journal « liaisons nº3 ».« Elle est 8 000 : retours sur la mise en espace du Ciel dans la peau »

Elle s’habille. Boit. Nous regarde. Attend. Nous regarde.Elle va parler. Mais pas sûr.Sourcils bien levés au-dessus du regard.Maquillage.Poum poum.À contretemps.Il y a une tâche sur la jupe.Se maquiller sans miroir. Et se défaire.Presque dans le même mouvement.Se démonter. Beauté du glissement d’un état à l’autre. Vite et lent à la fois.Ça dure cinq minutes et il y a déjà tout le texte dedans.Elle me dit tu. Me montre son ciel, les yeux dans les yeux. Qui t’es, tu ?C’est la question. Centrale. De regard à regard. De tu à tu.La langue bouge et fait des phrases qui glissent et dansent.Parfois si vite que ça chavire presque. Baroque.Suspence du retour à la ligne.Grâce de l’hésitation. C’est fragile dessous, ça tremble.Le flanc hésite à se dire front.Frontal, oui.Tu respire. Tu est toujours là. Regarde-moi dans les yeux. Et danse.C’est pas joyeux, hein ? Tenu, tendu, lâché.Tu nous cause, je lui réponds avec les yeux. Elle est morte et vivante.Le corps se dessine sur le sol. Tu efface.Tu et tu baignés, éclaboussés de regards. Vifs.Elle est là.Morte et présente.Elles sont toutes là, les 8000. Mortes.Plus de tâche sur la jupe. Sec. Noir.

Ça fait boum.

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11 « Ta ville, ce panorama intense, ouvert, vaste, cette blague burlesque, c’est chez toi. Ta ville c’est la maison de la peur, l’endroit où tu dors et où ils ont tué l’autre, toutes les autres, tellement d’autres qu’on ne les compte plus. Ça sert à rien de compter. »

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contact

MisE En sCènE Anaïs Cintas [email protected]

diffusion, CoMMuniCation Chloé Richard [email protected]

photos Lise Eneau-Brun