Dossier Du Dopage

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Hors-série du magazine de vulgarisation scientifique datant de 1999 à propos du thème du dopage, juste après l'affaire Festina.

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La mouche du cocheout a commencé un peu comme dans les dessins animés, oil l'on voit des héros courir dans le vide avantque, ( rattrapés , par la gravité, lls se retrouvenl sous sa loi, c'est-à-dire en chute libre.C'est ainsi qu'en juillet derniet la Loi et ses gardiens ont fait une irruption, pour le moins brutale, sur une

,,r cne sportive où le dopage était comme suspendu dans le vide. Depuis, il ne s'est passé de mois sans qu'on dé-roLrvre, dans le cyclisme et ailleurs, l'" étendue " d'une pratique que, depuis des décennie5, tout le monde,'evertuait, san5 mal apparent, à croire inexistante.

Après la loi du silence est donc arrivée celle de la ve,1u I le dopage ne doit plus passer; le dopage ne pas-!i.r.r plus. Le but est noble; qui le critiquerait? Majs il reste à l'atteindre et c'est toute la question.

Elle tient, sur le fond, en une phrase : comment faire reconnaitre des limites à des êtres humains qui,( haque jout sont littéralement. conditionnés ' à les dépasser?

Tel est, au fond des choses, le dilemme, .edoutable, que nous expose dans ce numéro (p. I l2) ClaireCarrier, médecin du sport et psychiatre à I'INSEP C'est, en effet, dans le cadre de la préparation physique etpsychique à laquelle se soumet un sportif de haut niveau que le dopage peut en venir à êùe perçu, hors detout sentiment de faute, comme une conduite logique. ll est ce qui, dans une situation de crise - blessures,difficultés relationnelles avec l'équipe technique, baisse de forme, fin de carrière, etc. - vient, de façon magique,re5taurer la maîtrise perdue des risques inhérents à la performance. Ot comme nous l'explique Didier Primault,(p. 128), de telles crises, la vie des sportifs en est remplie.

Au plan du volet préventif de la lutte antidopage, on va donc devoir prendre acte de cette réalité perver-se : que la disponibilité à la déviance est installee au cceur mème du sporr de haut niveau, en tant que systèmeorganisé de production de performances ( r). Faute de ceja, I'erplication des risques à terme pour la santé, sigraves soient-ils - et pour ne considérer que cet axe de i'information préventive -, aura 5ans doute l'effi€acitéd'un cautère sur une jambe de bois. On voit en effet assez mal comment on pou.rait, en raison, convaincredu pire, à venir dans un futur toujours lointain, des gens qui, quotidiennement et avec l'approbation générale,sont positivement préparés à jouer avec l'angoisse de risques réels, et ceux-là, immédiats. Au demeurant, quisera en mesure de les en convaincre? Tous ceux qui concoctent et gèrent leur savante préparation bioloqiqueet psychique?

Quant à l'autre axe de la prévention - le respect de l'éthique sportive -, il conviendra d'en donner lacharge à des rhétoriciens chevronnés. 5'agissant par exemple d'expliquer les marchés du CIO ou les compli-ments, olympiens mais pas seulemenl adres:és en son temps à M. Honnecker, dopeur en chef de la jeunesseest-allemande, cette compétence ne leur sera pas inutile. ll conviendrait aus5i, dans les faits, qu'ils n'appartiennent ni à la population dépendante des somnifères et autres anxiolytiques, ni à celle qui triche dans quelquedomaine que ce soit, ni entin - et juste pour l'ironie de l'anecdote à celle qui s'est régalée d'un film récent danslequel l'exception française s'identifie à la potion magique.

Venons-en au second volet I celui de la répression. Dans la loi appelée à être votée au cours des semainesqui viennent, les médecins sont au cæur du dispositif. On peut d'emblée craindre qu'ils ne s'y sentent pas spon-tanément à l'aise. Les articles 3 bis et 3 ter les obligent, en effet - et au risque de sanctions disciplinaires -, àrntormer des antennes médicales spécialisées sur tout fait évoquant une pratique de dopage chez leurspatient5 sportifs. Outre qu'il 5'agit d'une première, car cette obligation n'est, encore à ce jour, assortie d'aucu-ne dérogation légale à la levée du secret médical, on voit assez mal avec quelle oreille ils seront à l'écoute deeurs malades : celle d'un médecin ou celle d'un supplétif? Et il est d'ailleurs possible que les patients, ne levoyant pas très bien eux-mêmes, raioutent à tous les risques avec lesquels ils jouent déià, celui d'éviter de\',rdresser à toute personne portant une plaque de cuivre sur son seuil. Au demeurant - et de façon annexel',rll,rire n'apparaît pas gagnée au plan technique : à l'indétectabilité, pour l'instant patente, de nombreux pro-(lirl\.rctuels, s'ajoutera sans doute, pour ceux de demain, un " meilleur " ciblage physiologique. On peut, (l,r[,nrent penser que le surdosage systématique des produits à l'ceuvre auiourd'hui, et dont les effets( lrll(lrx'\ \ernblent spectaculaires, cède le pas à des pratiques beaucoup plus fines et aboutissant à brouiller(l.rv.ùrt,r(tr cncore les pistes. Le débat sur la nandrolone physiologique apparaît à cet égard précurseur.

làce .ru cortège de la responsabilité vertueuse, il était tentant, dans cet édlto, de se donner le mauvais rôle :

r elLri de la nrouche du coche. Puis5e la réalité de demain lui brûler les ailes. J-p I

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le sjsi;;iE.Éditorial

Une ûeille histoirePAR PATNKX LAUREMédecin, chercheur à

la faculté de Nancy

Plusvih, pfts hautplusfort.Jusqdàquand ? 10PAR ltAil,rRANçOtt BOURGDirecteur de la jeunesse etdes sports de la ville de f.ive

Soupçonsde poids 19PAR IEAII.PIf,RRE DE MOIIDTNARDMédecin du 5port

BiochimieCommerTt

fonctirnnelemusdeP R soPHtt (OtSltE

GesmoléadesquidopentPAR DoRorHÉrBENOIT SROWAEYS

LesfaiEau quotidienPROPOS DE PATRICI( LAUiERECUII-U5 PAR laAN-P|ERRElcrKovrct

1 la dopedu futur tAPAR DonoTHÉt aÉ otTBROWAEYS :T EMMANUELMO}INIER

Les vertigineusestllconnuesdudopaç vPAR

'EAN.PAUI ESCAXDE

Professeur et chef du servicede dermatologie-vénérologieà l'Hôpital Cochin-Tarnier, Paris

Un labyrinthejuridique 50PAR CHARLES DUDOGNOResponsable de la formationcontinue au Centre de droitet d'économie du sport(CNRS - ERSo160), Limoges

ProduiÉ interdiB:cornmerTt

estetablielalisb UPAR MAT'lII<E MASHAÂt

&

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Cmtrôles: desvesiespourdeslanbrnes 66fÂr taunt 5(HAt<HLt

tt/hladsoudoÉ? 74PAR MA'THIAs RIMAI{I

Dopéset doileurs

La dope en driffies 80PÂR'EAN,CHRISTOPIIE BREILI.AlChargé d'études au Centrede droit et d'économie du sportlCNRS - ERS0160), Limoges

læsextasesoly,mpiquesde l'ex-StasiPAR OLIVITN ANUNO

Amaêus:en souffiancedegloirePAR cHRtsropHt taBBÉ,OI.IVIA R:CA'ENSET EMMANUEI MOXNIER

DumsortiesdenfancePAR AIICI ROLIAND

102

Les ÉseauxdefournisseursPAR RICHARD EUXY

Sons l'emprise112

sans pÉrÉtlent 120

tz

88

9t+

AvenirQuestionsautourdune loi 150PAN'IAN.PIENff KARAQUILI-OProfes5eur de droit à l'universitéde Limogesj Directeur du Centrede drort et d'économie dL, sport(CNRS . ER50i 60), Limoges;Membre du Tribunal ârbitraldu sport, Lausanne, Suisse

Une harmonisationdifficile 152PROPOS DT IEAN POCZOBUT,NECUEILLISPAR LAURT SCHAIC}ILIConseiller technique auprès deMâde-Ceorge Buffet, ministre de laleunesse et des Sports

Pour anêûerla courcefolle 156PAR TtAN-PAUt tSCAXDT

rr rJrIrjJPourquoi?

des sensPAR CLAIRE CANNIENMédecin du sport, psychiatre,INSEP, Paris

Uneclé<ision

PAn cHrtsropHr [aaBÉET OLIVIA RTCAs:NS

SportetstrrÉfiantPAR PATTICI( PINO

Les duretÉsde la canièresportive 128PAR DIDIER PNIMAUI.TRe5ponsablê administratif auCentre de droit et d'économiedu sport (CNRS - ERSo160i,Limoges;Secrétaire général de l'Uniondes basketteu15 européens

[aryent

PAR ARI{AUD ROUGERChargé d'études au Centrede d.oit et d'économie du sport(CNRS - ERSo150), Limoges

Le Tour de Franceest-iltopdur? 14PAX IEAX-PIENRE DT MONDÉ AND

dusportsæctacle 136

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Pour stinru er se5 caDac tesplr,,,siq Lres, i'hornnre .r

d'abor-d sponi.anentent p it isedans es ressorrrc-.s de la

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trad tionnelle. Tout aussspontanenrenl. on s'cst donctou nre vcrs dcs produits,

sans ccssa plus nomllreLtx,el parcs de toutes les Verlus.

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UNE VIEILLE HISTOIRE

i se doper signifieconsommer des pro-duits à des lins de per-

formance. il faut bien consta-ter que cette pratique

remonte à la nuit destemps et s'obserye par-tout. Il n'existe pas en ef-tet. d'aire géographiquequi n'ait. depuis des

lustres. sélectionnédes plantes aux ver-

tus stimulantes.Ephédra ou gin-

seng en Asie.coca. maté

ou gualanaen Amé-

rique duSud,

nolxde

cola.khatou laclned'iboga enAfrique. man-dragore. noix vo-nique. café en Euro-pe. l'éYentail est richeet très lârgement utilisé.

Dans les Andes Ie re-cours quotidien à la cocaest de règle. Vingt-cinq àtrente grammes de feuilles mâ-chées par jour (environ un demigramme de cocalne) senent àlutter contre la fatigue, la faim,

les méfaits de I'altitude et àgagner en force et en résistance.Pour preuve ce témoignage :

Robert-Louis Stevenson a rap-porté avoir !,u un Andin parcou-rir près de ,1t10 km sans absor-ber autre chose que des feui.llesde coca.

En Afrique, on mâche des ra-cines d'iboga. Elles stimulent.donnent des forces pour la chas-se. pour pâgayer et augmententla résistance au sommeil pen-dant les périodes de veille noc-tume. Plus près de nous. les po-pulations du TJrol. en Autriche.usent et abusent de I'alsenicpour lutter contre lâ fâtigue. se

donner bon teint. faciliter la res-piration et même l'embonpointchez les maigrichons. Un stimu-lant apparemment si efficacequ'on s'en sert aussi pour leschevaux et les mules !

LE' PNEMIERS PASDans les premières décennies

du XIXe siècle, le dopageconnaît un essor considérablesous la double influence desprogrès de la médecine et de la

traissance du sport moderne.Dans le domaine médical, lestravaux des chimistes ont per-mis d'isolerdes glucosides et desalcaloides comme la morphine,l'éphédrine ou la slrychnine.Ces substances pures sont beau-coup plus faciles d'emploi queles décoctions. forme sous la-quelle elles étaient .jusqu'alorsutilisées L€s doses, notamment.peuvent êtrc augnentées et mo-dulées à volonté.

Un pas supplémentaire estfranchi avec Berthelot : la syn-thèse des produits à partlr d'élé-ments organiques simples. Dèslors s'ouvre une longue pédode

- elle s'étendra jusqu'en 1960où les apprentis sorciers vontpouvoir s'en donner à cæurjoiepour créer de nouveaux dopantsdont, de surcroît, le mode d'ac-tion ne sera plus réduit à unsimple effet stimulant. L'empi-risme règne en maître. Toutesubstance donl on supposequ'elle améliore les perfor-mances physiques est immédia-tement testée comme dopant.Et le choix est vaste !

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VIN DES ATHLÈTESET AMPHÉTAMINES

Commençons par les dérivésd'anciens produits : opium. gin-seng, coca, éphédra. Parmi les

dérivés de l'opium. l'héroiïe est

en vogue dans les courses dechevaux au XIX" siècle. tandisque la morphine fait fureur enboxe el dans les disciplines d'en-durance. On la crédite d'ailleursdu premier mort par dopage : lecycliste gallois Arthur Linton,âgé de 29 ans, deux mois aprèsle Bordeaux-Paris 1896. LesRusses testent le ginseng lon de

counes de lond et lui prêtent ungain de 53 secondes sur un 3 000mètres. En France. dès 1863,

Angelo Mariani fait fortune. avec un vin stimulant à base de

I feuilles de coca Iraiches : le vint Mariani. Il le présente à un

concours sous le nom de < vindes athlètes > et remporte la mé-daille d'or! Quant à la cocaine,les militaires bavarois I'utilisent.dès 1883. pour diminuer la fa-

tigue lors deslongues marches

Le journalisteAlbertLondres en

décrit l'usage au moment duTour de France de 1924 : lescoureurs I'utilisent alors volon-

i/tiers sous forme de pommadei/ dont ils enduisent Ie fond de

lf leur cuissard. La cocaÏne pé-' nètre progresslvement par vore

cutanée et permet d'améliorerles conditions de course.

L éphédra, elle. sert de sup-port à la synthèse de la benzé-drine en 1931. C'est la premièredes amphétamines. Ces sub-stances diminuent la sensalionde fatigue, coupent la faim.poussent à I'action. favorisentl'éveil voire la volonté et laconfiance en soi. Les amphéta-mines font probablement leurentrée sur la scène du dopageaux Jeux olyrnpiques de Berlin,en 1936. On lit dals un rapportde la Société des Nations, paru

. en 1939. qu'elles améliorent de

I 30'/" la capacité de travail d'un

I sujet somrolent et fatigué. Maisle même râpport émet des ré-serves sur leur efficacité chez lesathlètes. Les amphétaminesvont pourtant être les stars desproduits dopants pendant plu-sieurs décennies : leur vente

llibre en France jusqu'en 1955,

leur pdx très abordable et uneréputation d'efficacité absolueselon les usagers sont autant defacteun qui expliquent I'univer-salité de leur consommationsportive. Pendant la SecondeGueûe mondiale, les amphéta-mines ont d'ailleun été utiliséespar toutes les lorces en présen-ce. Par exemple, le Ministry ofSupply en a distribué plus de 72millions de comprimés aux pi-lotes de la Royal Air Forceentle 1940 et 1943. Au Japon, lepersonnel des usines d'arme-ment a été gavé d'Hiporon et dePhilopan pour augmenter laproduction.

A la fin du conflit, les amphé-tamines diffusent très rapide-ment à l'ensemble de la société.Les soldats, qui en avaientconnu les avantages dans lescombats, trouvent logique d'enpoursuivre la consommation aucours de leurs activités civiles,qu'elles soient sportives ou pro-fessionnelles Aussi les rerouve-t-on dans tous les sports. Cer-tains en perfectionnent mêmela prise, comme ces cyclistes qui

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.ûiÉ.!r une seriûgue auto-in-É,rÊÈ pour s'administrer lerEh datrs le bras ou la cuisse

- rroir besoin de descendre

c rÉlo. Iæs accidents liés auxrçtÉtanines deviennent tou-ti:r de plus en plus nombreux,rw:ame celui de Jean MaléjacFdant le Tour de France 1955.-: parfois mortels, comme le: siballeur Jean-L.ouis Quadri,;r: meurt à l'âge de 18 ans en:S8 ou le cycliste danois KnudEnemark Jensen, lors des Jeuxollmpiques de Rome en 1960,àuché à l'âge de 21 ans pendantl'épreuve des 100 kilomètres surroute. De plus, aucun travailscientifique ne prouve leur effi-cacité dans I'amélioratior desperformances spoftives. Parexernple en 1959, une étudecompare deux groupes d'ath-lètes du Springfield College etobserve que ceux qui ont reçudes amphétamines augmententleun performances en enduran-ce de 88 % alors que ceux quiont reçu un placebo, c'est-à-direune substance sans effet. I'ac-qoissent de 132o/o I Et rc-vanche, la meme année, une

comparaison similaire chezdes nageurs, des coureu$ etdes lanceurs de poids conclutque les amphétamines amé-liorenl les p€rformances Cesrésultats, parmi d'autres, sou-lignent bien la perplexité de lacommunâuté médicale fâce àces produits

LE DOPAGE"PHYSIOLOGIQUE"

Pendant que les médecinss'interrogent, les sportifscontinuent à détoumer lesmédicaments de leurs indica-tions thérapeutiques au profitdu dopage. Depuis le débutdu siècle, grâce aux progrèsde la pharmacologie, la palet-te des substances dopântess'est élargie : strychnine, arse-nig camphre, nicotine, bémé-gride. digitaline, trinitrine.iode. etc. Tout cela a étéconsomné dans la plus gral-de inconscience,,. Lâ strych-nine. par exemple, souyentmélangée à de I'alcool et à dela cocain€. a fait son etrtréeolympique âu marathon desJeux de 1904. A chaque dé-

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"l,rp{.t", 1i Lr.r"{,r.r^iq*r..i a" v"-

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lu.;-Çhâ"jUN COUP DE FOUÊTVEGETALNombre de stimulant5 sont, àl'origine, des extrait5 de5i

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Îàillance. Ie vainqueur. ThomasHicks. est " remonté " par sonentraîneur à coup de brandy etd'injections de strychnine.Quant à l'arsenic. Îrès appréciéà la fin du XtXe siècle, les spor-tifs y recouraient sous forme deIiqueur de Fowler. Cefiains enabsorbaient un plein flacon parjour. alors que la dose thérapeu-lique se limitait à quelques

gouttes Léther, utilisé en méde-cine dès 1860. a été. un peu plustard. très prisé des cyclistes. Ilsl'absorbaient sous forme dssucre imbibé d'un mélange enquantités égales d'éther et d'al-cool à 90". Certains même n'hé-sitaient pas à se I'injecter à rai-son d'un gramme deux à troisfois par jour. De quoi réveillerun mort. De quoi aussi alerter

un public qui juge cette pratiquenettement déraisonnable.

Progressivement les dopantsse sont spécialisés. alors qu'onusait essentiellement de leursvertus stimulantes. euphori-santes ou anti-douleurs. En ef-fet. le Ëisonneme[t qui condui-sail à utiliser un produit s'estâffiné : on tente alors d'exploiterles dernières découvertes phy-

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n\.logiques. Mais pas toujoursj< tàçon idoine. Prenoûs, ,-xemple de la digitaline. Son-r:.age part du constat suivant :

:our bon athlète d'endurance aue fréquence cardiaque de re-p,os très lente, jusqu'à 35-40 bat-lements par minute. Chez un sé-dentaire. elle se situe plutôtetrtre 60 et 80. D'oùr le raccourcihasardeux : pouls lent égate per-lormance. Puisque la digitalinediminue la fréquence cardiaqueet de surcroît renforce et régu-larise le cceur, Ies sportifs en dé-duisent qu'il suffit d en consom-mer pour exceller en endurance.Tïès en vogue dans les années 50,elle sera ensuite vite abandonnéeen raison des nombreuses iûoxi-cations qu'elle provoque.D'autres médicaments à viséecardiovasculaire seront utilisés :

heptaminol. trinitrine. pentétra-zol. nicéthamide. dans des disci-plines très diverses comme la na-tation, le ski. le foorball. lecyclisme, I'alpinisme. etc.

Quant au dopage hormonal,les balbutiements en remontentà la fin du XIXe siècle. Depuislongtemps. on pressentâit queles testicules renfermaient lasubstance de la force rnasculine.En 1889. le physiologiste fran-çais Edouard Brown-Séquard arapporté une expérience origi-nale devant la Société de biolo-gie. Agé de 72 ans, il s'étair faitplusieurs iqections sous-cuta-nées de mélanges de sang vei-

neux issu de testicules. de sper-me et d'extrâits acquell'( de tes-ticules de chien ou de cochond'Inde. Il avait immédiatementressenti un accroissement de savigueur. de ses capâcités intel-lectuelles. de la qualité de sonsommeil, etc. L'ère du dopageaux stéroides anabolisants ve-nait de s'ouwù.

Les découvertes fondamen-tales, elles. viendront ultérieu-rement. En 1935, Emst Laqueurisole I'hormone s€xuelle mâle. latestostérone. Quelque tempsplus tard. Leopold Ruzicka etAdolf Butenand produisenl lepremier stéroide anatrolisant desynthèse, la déhydroandrosté-rone. Puis, dans la foulée, iis syn-thétisent la testostérole. Cestravaux sont couronnés par leprix Nobel en 1939. Tiès rapide-ment. la communauté sportivedétournent c€s produits au pro-fit de la performance. Le rap-port de la Société des Nationsde 1939, cité plus haut. présenteainsi le cas des footballeurs bri-tanniques de Wolverhamptonqui auraient obtenu des résul-tats extraordinaies glâce à dese)craits glandulahes administréspar leur entraîneur. En 1952. lesAméricains soupçonnent cer-tains athlètes soviétiques d'userde stéroides anabolisants. Detlxans plus tard. au cours du cham-pionnat du monde d'haltérophi-lie. un médecin russe vend lamèche à son homologue améri-

UNE VICTOIBE PAS COMMELES AUTRESEn 1959, Andr€s Gimeno (<i-contre) bat Michael Davies lo.tde la Coupe Davis qui opposel'Espagne à la Grande-Eretaqne.ll reconnaîtra avoir bénéficiépendant deux mois d'injectionsde fortes dos€s de testostérone.

cain John Ziegler : les Sovié-tiques utilis€nt de la testostérone.

Dès son retour aux États-Unis. Ziegler teste de faiblesquantités de ce produit sur lui-même et sur trois haltérophilesIl constate un irnponant gain en Ivolume musculaire et en force- IEn 1958. t'industrie pharmaceu- |

tique crée le lameux Diana-bol@. que Ziegler expérimenteen secret sur des athlètes. En-thousiasmé par les résultats, il sefait le chantre du recours auxstéroïdes anabolisants chez lessportifs. Quelques années plustard.les abus et les accidents en-gendrés par ces hormones, luiferont regretter publiquementcette attitude. Mais ces regretsviendront trop tard : ils n'aurontaucune incidence sur la consom-mation... Par exemple, lors dela Coupe Davis 1959, pendant lematch opposant I'Espagne et laGrande-Bretagne. l'EspagnolAndres Gimeno reconnaît avoirbénéficié pendant deux mois deI'injection de fortes doses de tes-tostérone pratiquée par le mé-decin du Roval Tènuis Club deBarcelone. En 1960. les anabo-lisants sont soupçomés d'être àl'origine de l'amélioration si-multanée des records mondiauxmasculins du lancer de disque.de marteau et de poids. Leurfructueuse carrière ne fait queconùnencer.

Elle prépare aussi I'arrivéeexplosive d'autres produits des]'nthèse qui font les unes d'au-jourd'hui : érlthopoiétine- hor-mone de croissance, perfluoro-carboner etc. f

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Le bois au piquetÊn 1920, Fr.nk !o't, ave< rn€ pe'<hc en b.m'bou, qul l rernph<é dcpult peu l. perche enbolr, fr.n<hlt lcs 4O9 m, En tkl non plur, le bolrn'. plur l. (ote. L€r plquett en pLttlqu€a?tlcrdé. ]rndent lâ <ourr€ plur rpe<ta<ul.l.e.Déronnôb borér, ll. €xlgent une protê<tlonrenforcéc du corpi et f.vodscnt lcr correul'pult.ântr, tel Albcrto Tombr.

ergonomie, biomécanique, psychologie, dié1é-tique, informatique) qui ont permis de stimuler lesconftontations. Aussi ces Jeux furent-ils d'un ni-veau exceptionnel avec une série de records dumonde en athlétisme notamment ; du saut en lon-gueur de Bob Beamon (8.90 rn. soit une progres-siou de 55 cm) inégalé pendant 23 anq au 400 mde Lee Evans parcouru er 43,86 secondes. untemps qu'il faudra 20 ans pour améliorer, de I'ex-ploit de Jim Hines, auteur d'un chronomètre de9.95 secondes sur 100 m, qui demeurera 15 ans ausomrnet de la hiérarchig au triple saut : record dumonde battu à neuf reprises successives (17.03 m).

TEFFETDE L'II{NOVATION TECHNOLOGIQUTDe tous les facteurs qui influent sur le niveau

des performanceq cornmençons par les effets desnouveaux malériaux et matériels.

Saut à la perche . . . Alvec les perches en bambou,le record du monde passe de 3.61 m en 1896 à4.77 m en 1942. soit une progression de 116 cmen 46 ans. Avec les perches en acier suédois, labarre ne s'élève que de 3 cm en 18 ans Grâce auxperches en fibre de verre plus résistantes et pluslégères. Sergueï Bubka et ses prédécesseurs ontporté le record à 6,14 m, soit un gain de 134 cmen 28 ans. Durant les trois premières années deleur utilisation, de 1961 à 1963.I'évolution â été de45 crn.

Sprlnt... Malgré son talent, Carl Lewis n auaitpu battre en 1991 le record du monde du 100mètres, en 9.86 secondes. sans ses chaussures àcoussins d'aû qui comportaient trois semelles s),n-thétiques amortissant les vibrations : à chaquefoulée. le pied du sprinter encaisse uo impactéquivalent à trois fois son poids. De plus, sous letalon, un coussin d'air absorbail les chocs et unelame en fibres de carbone faisait otfrce de ressort.A titre de comparaison. Jesse Owens vainqueurdu 100 m aux Jeux de 1936 en 10.3 secondes. avaitcouru avec des chaussures en cuir. sans slarting-blocks, se calant les pieds lors du départ en creu-sant un trou dans la piste en cendrée. Depuis ledébut des années 90.les matériaux composiles se

sont généralisés. Les quatre plus importants fa-bricants (Nike, Adidas, Asics Mizuno) se li\.rent à

une véritable guerre commerciale et technolo-gique. I-e modèle Zoon Super Fly de Nike com-prend des semelles en nylon. des pointes en car-bone et un talon en caoutchouc à picoti et, touten offrant un maximum de rigidité pour trans-mettre les impulsions, ne pèse que 210 grammesMichael Johnson en était équipé en 1996 lors de

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1E prodigieux record du monde du 200 m. Marie-;-'s Pérec, double championne olympique à At-;ata. sur 200 et 400 m. utilise le modèle MV 01 deR:ebok : 155 grammes de libres de carbone re---.1ur erts de pol''uréthane garantissant une résis-:ance moindre au vent et à l'air, d'où un gain d'unJentième de seconde.

\alation... En 1992. la firme Speedo a lancé.après cinq ans de recherche. un nouveau maillotpour les nageurs. Nommé ( Aquablade ). il esten polyuéthane et polyester et ses rainues à basede résine hvdrophobe augmentent la pénétmtiondans I'eau plus encore que la peau. même rasée.Grâce à une telle tenue dont la texture est voisi-ne de la peau du dauphin- l'avantage a été évaluéà 19 % de vitesse de pénétration supplémentairelors du plongeon et dans les virages. soit unedemi-seconde sur 200 m brasse par exernple-

Stt... Dès 1983. les piquets eo bois ont cédé laplace à des piquets en plastique articulés. Ce chan-gement a transformé une discipline d'adresse enun sport de combat, les piquets étânt boxés etnon plus esquivés- Avec une telle technique. laconrse. plus dynamique et spectaculaire. exige uneprotection reDlorcée des mains et de l'ensembledu corps (pantalon. masque. mâillot) et favoriseles courews puissants tels que AlbenoTomba. En1984. du matériel anti-vibations. permettant d'éli-miner les sources de freinage dues aux aspérités

L'homme auxchaussures d'orAux rcur d'Atlanta, Mlch.el lohnron pulvérlre lerc<ord du monde du 2(Xl rn et ser <hauguret dé-fr.yeDt h <h?onlquê. Scmclles €n nylo., tôlonten <aout<hooç polnter en carbone : légèrel,eller trânimettent à mervellle lei lmpulrloni.

de la neige et de faciliter la tenue dans les courbes.fut introduit. A partir de 1988. de nouvelles lignesaméliorèrent la glisse : semelles du ski en fibresKevlar. fibres de ceramique plus résistantes au-yvariatioDs de temFÉrature.

Cyclirme... Tiès instrumenté. ce spon a évoluéparallèlement arlx innovations : 1880. roue arriè-re propulsive avec transmission par chaîne: 1887.pneumatique par Dunlop: 1905. dérailleur (inter-dit jusqu'en 1936 sur le Tour car I'accessoire sub-stitue la ruse à la force): 1979, vélo profilé et aé-rodynamique; 1984. vélo Delta avec le guidon enforme d'aile d'avion (Fignon). casque profilé avecaileron à I'arrière (Moser). pédale automâtique(Hinault) ; 1985. roues lenriculaires légèrementconvexes (gain de puissance lié à I'aérodyramiqueaméliorée): 1986, appui lombaire sur la selle (di-minution de lâ dépense énergétique en soulageattla masse musculaire): 1989, guidon de triathlète(aérodynamisme. LeMond a devancé Fignon de8 secondes lors du Tour de France grâce à ce gui-

t3

Page 15: Dossier Du Dopage

..-1,

û\rnl: l()'.)i. f()llc\ !l hljLrrns r.ulprcssion tL,tele rleiluri)ul!nif\ ar!ia. f.rr L. ir\ri\iaralll (1c: rt\,rrl'l!'()nrnr!' 5peai|rl! \licltrliil pr'ut raar()ilr,i l ir.lh.' r... .. \l,r I r ' |...ri.t \-- -t -u.,l(rr,l. tri,rlhl.lc. \LLr L(quùl lrn(\\.nl 1c\.r\ilnt-lrar\ !t qui cLrrrrprcnd lcs ionlltrnnrlq-: elc. lrc:n.Li;: .r!!c\\rl\Le. ct lc lÈ\iir de ahrir)surr.ni d. \ i

tcisc i l.r ltLtiLJlcc JLI irrin .rlilr J !i\ ilcr ilLr a(rLr-

rcur Jù 'a rlr\unir. ( .r. rl.rmi.r r\ ilnna!\. lù iirirluù.. ..,' i1 . III.r'I.t|... I. .|\ i-r-1.t-.l.t.t ,\-.lc Jir.ltcLrr 'portit iur liL Lililiquc Llr iours; et lerLriLlon ronstitur uli llble.Ll dc li{[L] oir sont ltr)c-kJ.\ ùl lrln\lnis.\ deS doDnc.: ph\\ii.lllt\ ùl lh\\iL)l()gi(lrù\ \ur 1c p(jt.nli.l ll lc: r.lscnir dLt crru'riLrr. Do tcllç' rou\!lLlt!:\ n (rrt crrtltrrrnrcnt plr.Irirnqu;.l l!!ilrrcr li r\llrJlc de prLrlri.sirrn LiL

relorJ.lc l hcuit.\.li\tl (\()rr lc tllllcru lr

L'INVENTIONDE NOUVEAUX GÉSTES

PrrLrlicl,:nrrnt ll a.\ lnr{)\lllr)n\. Jc\ irnrLlliorrlior\ dù. !c'lc. lJ!hni!lue. \)JrL .()nlrihui i un.l(rr1. lrr).Jfr\\rL)| Ja. larl()rlnlirrcC.. I I 1-oittioniilf lc \!-l!i il Jf\r)lrltiu\ p(JLlr Lrhlei rl ol-tenir'unrriillr ur cr,.:liieirnt J. frnrlrilLirrl1 JrLnr 1 ;rir l-.rlIJrnr. 11.\ hr.t. tlu hurtr. Jcs jiurhe\ r\L r:Juitclru ilrl\inrLlnr !lr!,, (iilrl]itnr ()hrcc. lrttrer rccorJnLLo de l iliLrr.' !riia.' j Llû lilir) ir.rr \iil\ nirnliLlllclic l ç,i firsiri,rn.rlLûn!.r.ilr l.'rclrr. l)cs hon,lr

l1

La silhoûette du cy<llste r'est métamorphoiée:câsqu€ profilé, appui lombôire rur lô iellê,rouet lenti<ulaire5 ou à bàtonr, avant brasposés sur le guidon... (Chris Boârdma., auvélodrome de Man(heste., bat le re(ord dumonde de I heure ave< 56,l75l km.)

.r-il r-.r1..:r-' l .-r.rr.' r\.,r'1 ,. 1

.lthlitisrn. .r.-n nalilli(jn l.e llnccmtnr dLr poicJ,

tic -.15' kr. n r\)1irlron. le !lo\1()urfù i l rirc .l. t.tJ lril !il!.nùr J\ ce .e qLlrJ'l Je 1r)ur L] clirn \uFplctmentilire. 1.-l m i l .\]ncricaLn l).lfn (J l']rien dcl,):j I l\ nt I i I i.)a,) I I L)

-ll I rn ) L De lr.ntainc.l-un--... 'l . ,: L R rt.i B,-t.. r't.t rn. .., .r

lri\c dL' f('lirli()n en r iLc.sc Lrn,:lrrt en ildr)l)tilûtlir tcrhnrqirc lgr rp:ti.ili:lc: Llu ntnrla:iu : lt (rL5

iours Jan\ I uirù.i. lur.ùr ilu icLl dr Lhithttu.iJ.mr l()Lu. S()n rcc()rd Jir nronllc.l-l.Ll ù. fil ir)u'lL,urs in.rcc.:sihlc.

Ln :liul rn hrLutcur. l cr Liiution Llrs tlchniLluc< llril nrontir lr huri c rlc-1S ccntintcttc:. .\ree le

lirùnliar .itul all ai\citLr.n i\'ri. ic ic' lrc Jc Lr,i\il!'dLl aorp\ citlirl trol.. lrLr dr:.us.lc la blrrrr. crqul llrf(r\ilit ilrr\ lllhlùtas LID fllr)ft rlùaunlù at limitrrit rr 1.t)- n 1t ncllLcur <iiuL. L. r,)ulùiiu \.ntfil,\..1t ..'rrJ. .\,.\-rJ. .i.-t.t . r

l,-.1...., jt.. J. L.. .l\ lri_1..,r.r,1...r,t.r.

l lrrc. lr ilrr,rri.J lrhlr:s.nrcnt Ju crntre d. !n\r-

Page 16: Dossier Du Dopage

QUAND LE SPORT MOD LE CORPS

Ha.Tï":Ë#isii-ii*mnd de football? Poser

-rdÎlui la question peut faire

ltrser ks épaules. Parmi lessrrç*xu du monde fnnçais,bente Lizamzu ou Didier Des-

-r'l$ ne sont-ils pas là pout-st'er que tout le monde a sa

=-re? Voire... Car, dans leur:auç: même et, plus largemen!]:dn du football de haut ni-Ér, ces joueun font déjà figuret€xception. Qu'on le veuille ou'qr, la réu5site dans le sport deîèut niveau est de plus en plusôffaire de puissance physique etde ésistance à un type d'effortque chaque spécialité impose,s€lon ses particularités. Même lefootball, prototype du sport uniwrsel,nyéchappepas.On sait depuis longtemps quel'activité sportive tmnsforme l'or-ganisme. La première manïesta- r

tjon de ce phénomène est labaisse du rythme cardiaque grâ-ce à un minimum d'entraîn+ment. De même, on sait qu'untravail spécifique sur les musclespeut modeler un corps selon lebut recherché. En iouant sur lescharges et l'intensité, on peutgrossir et rendre saillant un bi-ceps d€ culturiste ou affiner unquadriceps de coureur de demi-fond. ll s'agit d'un simple ùavailspecifique auquel le corps dechaque individu réagit.Mais depuis peu, la logique s'estinversée progressivement. sai-sons plus longues, matches réÉtés, entrainements plus intensifs,le sport €st passé d'un modèlebritannique de perfectionnementdu don à un modèle d'exploita-tion du corps. On s'épouvantait,à la vue des gyrnnastes des paysde l'Est ou de Chine dont la

croissance était bloquée, des épercussions que pouvaient avoirdes grosses doses d'enlraîne-ment sur la morphologie. Depuisquelques annees, alors que cesméthodes se sont répandues par-tout dans le monde, on constatechez nous les consâluences

qu'elles pewent avoir sur les

ieunes et les adultes.Car même si certaines fédéra-tions, comme celles de tennis oude football, n'aiment pas tropqu'on en parle, la recette d€ laréussite est désormais à peu prèsidentique partout : détection trèsprécoce et enûaînement intensif.Répéter et réÉter encore lesmemes gestes est peutêtre lavoie la plus simple ven le hautniveau. Elle est aussi la plus ris-quée, Lâ casse est énorme. Ceuxqui anivent au plus haut niveausont donc, en quelque sorte, lesrescapés d'une sélection féroce.

Techniquement doués, mais pasforcément les plus doués, ils sontd'abord les plus rôinants et lesplus forts. Brel, les mieux adaptésà un environnement qui a finipar générer son propre standard.La meilleure illustration de ceprocessus est peut€tre le tennisoù la taille moyenne des ioueursdu top 10 de I'ATP est passée, envingt ant d'l,80 m à 1,88 m.Devenus les armes n'l dejoueurs plus grands et plus puis-sants, le service - tous frappent àplus de 200 km/h - et l'accélén-tion du coup droit frappé à plat

ont imposé un standard pour lasélection des ieunes talents. A lamanière d'une course à l'arme-menL chaque fédéntion chercheà répondre en sélectionnant lesstÉcimens répondant aux ca-

, nons du moment. A tel point' que l'on fait passer une radio du, poignet aux ieunes espoirs pour

connaftre leur future taille adulte.Et qu'au sein de la Fédérationfrançaise on vous dise diplomati-quement .' ( On peut se demdndetsi l'on dait conseryer des ieunes quigagnent mats qui ne seront posdes qésnts ".Le processus est identique par-tout. tn rugby, la tEditionnelledivision du travail, qui permettaità chacun de trouver sa place, disparaît au profit de joueuB touttenain. Au saut à la perche, laréussite de Bubka a poussé tousles entrajineurs à enûainer desathlètes grands, puissants duhaut du corps et souples, aptes àmanier des perches très dures età se retoumer comme des gyrn-nastes au-dessus de la barre. Ensprint, la biomécanique ayantmontré qu'il failait être extrême.ment musclé pour ésister auxdistorsions provoquées par l'im-pact du pied sur la piste, on nevoit plus que des athlètes body-buildés. En lootball, si la resisÉn-ce et la puissance priment lataille moyenne des joueurg sur-tout ceux qui évoluent dansl'axe, grimpe. Car dans un ieu demoins en moins imaginatif, c'estencor€ la taille qui permet de fai-re la différence (en coup€ d'Euro-pe, les 3/4 des buts sont mar-qués sur coups francs dont unegmnde partie de la tête).5i à peu près tous recherchent lataille, chaque sport se distinguemalgré tout par un morphotypeparticulier C'est d'ailleurs biencette direction que les nouvellejpistes du dopagq que l'on ditbientôt capables d'améliorer laqualité et la quantité de tels outels muscles grâce au génie gé-nétique, risquent d'explorer

Matthias Riman€

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31

t5

Page 17: Dossier Du Dopage

Tout estdans le style

éc rve< lô dbdpllne, lôte<hnlque du clreau lmpotalt.ux athlèt€5 un effort dé<uplé Gtllmltrlt lâ hâûtêurdù $ut àI ,97 m. féYolutlon du gcrtê frr.nonter lr brrre dc,lE cm. ((l-<ontre, How.rd Haker, médallléd'o. .ur l.O. de I 920.)

té et la rotation du corps versI'avant. Depuis une trentained'anaées, la coune, d'abord recti-ligne poul obtenir la vitesse maxi-male, s'incurve ensuite pour per-mettre de franchir la barre sur ledos Ainsi, au moment de I'impul-sion. le sauteur atteint 9 m/s auIieu de 7J m/s en attaquant la bar-re de face. Dick Fosbury l'a inven-tée lors des Jeux de Mexico. lui a

donné son nom, le < FosburyFlop > et a conquis le titre ol]'rn-pique. S'il a Îâllu attendre quinzeans entre la recherche bioméca-nique théorique et la réalisationde ce saut. désormais tous enrou-lent la barre en lui toumant le dos

Grâce à une technique de nageinédite.45 des 100 mètres de cour-se sous I'eau- Denis Pankratov a

abaissé de 52 centièmes de secon- $de son record du monde en nage !papillon. I-a fédération intematio- EDale de natation a limité tes ondu- $lations sous l'eau au départ et au 'virage car dals sa recherche de vitesse, le nageuraurait accompli la totalié immergé.

Dans les laboratoires des centres d'entraîne-ment de haut niveau, les sportifs en action so fil-més par des caméras vidéo qui décortiquent leursmouvements, geste par geste, dixième de secoDdepar dixième de seconde. læ corps parsemé de pas-lilles colorées permenant de suiwe la trajectoiredu coude, du genou ou de la cuisse. Lordinateur,de son côté. calcule l'accélération. le temps depose du pied sur le sol ou l'amplitude des fouléesAinsi, chaque inperfection est identifiée et dé-bouche sur un enûaînement correcteur.

Une attention particulière est évidemment ré-servée aur muscles des att ètes. afin d'identifierleun points faibles et d'élaborer des prograrn:nesspécifiques de renforcement. Les membres del'équipe de France féminine de gymrastique au

16

sol, qui souffraient d'un déficit des muscles ex-tenseurs, ont vu ainsi leur détente verticâle amé-liorée de 10 centimètres, Les sprinterE lanceurset boxeu$ règle[t de celte façon leurs < musclesà explosion ". capables de libérer leur énergie enune fraction de seconde. Couplé à un ordinateur.un matériel mmpos€ d'appareils de force contrô-lés par des vérins hydrauliques évalue la puissar-ce développée par chaque muscle. ainsi que la vi-tesse d'exécution des mouvements, Le boxeurJean-Baptiste Mendy a ainsi augmenté sa massemusculaûe sans rien perdre de son punch.

LES TRAT{SFORMATIONSDE I'ENTNAiNEMENT

Au-delà du développement des connaissancesdans les domâines de la biologie, de la nutrition,de la psychologie, de la préparation mentale et

Page 18: Dossier Du Dopage

i

I

It

r u :tL:Je. les charges d'entraînement onturi.--. lE-. taucoup évolué et l athlète exploreiËlùtrriÈ !-rr potentiel à un niveau très élevé (r).

]G É!::rées 1950. un coureur de demi-fond,rrtr-:-li:-:i1 i accomplir 6 km par jour. Emil Za_-

ûErl :-::ri:l fisure de pbénomùne parcc qu'ill. ac..l=-: .r-ot quinzaine dc kilomèrres quotidien- |!=c-: :r.rnl lesJ. O. de lq5l. Vingr ans plu\ tard.ll. : Bedford. recordman du monde du,1

'r| =. parcourair 4u km chaque iour de la se.II:- -: :-iparlis en trois séquences : le matin.l;.c--.midi et Ie qoir. Désormais. une tclle dis.l

e-= ,-Lrnstitue la norme pour tous lcs spécialistes.æ :-.-:::cs de fond. En natation. le volume et l.irr_::s::é ont suivi la même progression :de 5 km::.a- -our dans les années 1950 à 20 km dans lesi::é.s 1990. L'Austrâlienne Shane Gould a été-:,. pionnièrc eû raison dc la quantité ct de la pré_ .1\.1é de la préparation : débuts à 3 ans 7 km quo_ i--:.ns à 10 anr 15 km à 15 ans. I

Ln tel surentraînement n'est évidemment pas

-n5 conséquence sur la morpbologie tJes sponifs.alnons le cas de Frankie Fredericks. spéciali\te:r 100 et 200 m. nn. racé. avec un style de coulseisitant l'admiration des connaisseurs le sprinter. doublé sa masse musculaire durant I'inteisaison-995,1996 et pulvérisé le record du monde en sal-.: du 200 m en 19.92 secondes Son conseiller. Lin-:ord Christie. avait. dix ans auparavanr, ct enquelques mois. expédmenté les méthodes des?od\'-builders et gagné 38 centièmes de seconde.Sersuei Bubka a multiplié les séances de bondis-:ement avec 120 kg sur les épaules car le saut à laç'erche exige la réuaion de qualités de vitesse pourla course d elan. de force pour plier une pcrcherres dure pulsque normalemenl rÈ\ervee à un 3lh_

r Cerorns m<<rns du sæn e!?uer( a,ng, 'ongne des pedornànces.::-tes choses ètales Drr a lleurs rnarer et, n arenaLx. ( à(conpàgne--tlr r ch,m'que) .5!-t le m€ntal. 201 teno-ainernenr. 20% .es p.àËpo-t--ons 8Énétjqu€s, l0% llrydène de vje.

Disciplin.3 (!pécialité6|

AttrlâbmalOmlooei.rthuiarrltrdlortpoadtF{t lcNrlationlm m fibr!Cydisnrrerd ds l'lsrt6

t896

t0'87 m2ltntt

2h5t50-ll n:II3môl

1'2"2

38lm 220

lètc de 120 k-s. de souplesse et de détente au mo-rnent des impulsions à donner. Aussi. les mensu_rations de l'Ukrainien ont-elles considérablementévolué durant sa carrière: en i998. on relevait37 cm de tour de biceps. ,15 cm des mollets. 60 cmdes cuisses. 113 cm de poitdne. Ainsi, Bubka abattu 35 fois le record du monde en salle et enplein air malgré une taille (1,83 m) er un poids(86 kg) moyens. Deux paramètres qui intervien-nent de plus en plus souvent dans la conquête dela victoire.

De décennie en décennie. la taille des individusdans Ia population générale augmente. Il en est deméme pour les champrons:2.03 m pour le nageurMichael Gross. l.9x m p6r, 1" Ianieur de jaùlorUve Hohn. le perchiste B ts ou le golfeur ErnieEls. 1.88 m pour le cvctisre lndurain que l on peurcomparer à la taille du premier détcnteur du rc-cord de l'heure. Henri Desgrange : 1.70 m. Selondes études biomécaniques. les nageurs doiventavoir.de grands bras pour favoriser leur propul-sion (envergure de 2,28 m pour Michael-Gràss)et un taux de gtaisse dans le corps supericur deI I 7o au moins aLLx aurre5 sponifs pour mieux flot-ler. La laille movenne des nageurs qui ont parti-crpe a quarre éJitions des J. O.. de I9ô8 à 19g0.augmente: en nage papillon. 1.79 m en 196g.1.92 m en 1980: en nage libre. l.g2 m en 196g.I.92 m cn i980. Dc mômc. rous lcs linalistcs Irvaient une taille superieurc aux autrcs nageurs. jet les rainqueurs une taillc plus clev"" que Ieslautres finalistes. Erl petit bassin et pour uneépreuve de sprint. une grande taille est tàvorableau plongeon et lors du virage car elle représenteun gain directement lié à Ia plus petite àistanceparcourue :3 cm supplémentaires d'envergure desbras permettent une économie d'énersiè de 5 àl0oo sur i00 m. I n nageureffefluanr g0-passages

de bras, obtient un gain final de 2.40 m. À I'oppo-sé. une grande taille augmente les résistancei

-hv-

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1964

1É8m3it2mæ

2htz l1'20mi85m28

52"9

,17 km 346

lqn

9'aa8m952rna6

2 h 8'5.,3m126m1l

18'21

56 kn 375

ProgrGd$on lel6/19$lm Yd

9'u3za|43tt5?0p

41,5

175

-

Page 19: Dossier Du Dopage

drcdynamiques et les petits nâgeus sont plus per-formants sur longues distances et en grands bas-sins. En aviron, i.l faut etre grand pour accroîtrel'amplitude du mouvement : au moins 1,90 m âuniveau intemational avec toutefois une limite à 2mètres, taille au-delà de laquelle le rameur seramoins à I'aise dam le bateau.

En cyclisme, le poids joue un rôle importantdans le calcul des cotts énergétiques. Lesmeilleurs grimpeurs sont souvent des poidsplumes car ils réduisent ainsi les forces dues à lagavité dans I'ascension des cols Sur terrain plat,cet avantage disparaît. Au contraire, ce sonl lesplus < lourds > qui sont les plus performants car ilsoffrent moins de résistance à l'air par kilogram-me alors que leur puissance est fonction dunombre de kg. Chez les coureurs de fond, le faitd'avoir de petits pieds constitue un atout car un tlexcedent de poids de cbaussure de 50 g majore la I

dépense énergétique de 1 7o.

Une grande variabilité du rapport entre per-formance et morphologie apparalt donc. Et ced'autant que la performance est la résultante deI'interaction de très nombreux facteurs i le défautd'un ou de plusieurs d'enhe eux peut être com-pensé par I'excellence d'autres pammètres C'estainsi que les sprinte$ vont calibrer leur corps enfonction des spécificités de leur discipline. Leursbras et leur poitrine seront plus déyeloppés queleurs cuisses et ce pour des impératifs de biomé-canique. En effet, depuis le début des années1980, les scientifiques ont démuvert que la posi-tion optimale pour un sprinter au moment du dé-part était la plus en avant possible. Comme c€ttepostule entralne un important déséquilibre lorsdes prenien mètres de course, il convenait derenlorcer la mwculature du haut du corps pour ai-der I'athlète à se ledresser plus vite. Désormaigtous les grânds spécialistes mondiaux sculptentleur corp$ selon ce modèle voisin des culturisteEavec des muscles composés à plus de 80 % de

18

fibres à contraction rapide contre 50 o/o pour unnon sportit

futQu'oÙ nA-r-oN?Dans un tel contexte, n'approche-t-on pas des

limites physiques et physiologiques du corps hu-mâin? Une certaine stagnation des records peuten effet être observée. chez les hommes commechez les femmes. Dans plusieurs disciplines, etmalgré I'apport technologique, et sous la condi-tion d'une lutte contre le dopage efficace, les li-mites de I'exploit sportif semblent proches (2). Lacourbe des performances tend à s'infléchir. Denomb'reux records datent de plus de dix âns.

Des biomécaniciens et des traumâtologues duspon oût calculé les seuils des athlètes : 9 m ausau: en longueur, le record actuel est de 8,95 m;le col du fémur d'un homme normal se briserait àla suite de l'impact d'un saut supérieur à 9 mètreslors de la réception. 2,50 m au saut en hauteur,2,45 m en 1998, câr les os et les terdons ne résis-teraient pas au-delà. Certaing estimant que I'bis-toire des records est finie, proposent de construircune nouvelle grille des performances au début dutroisième millénaire, le 1erjanvier 2001, en ne te-nant pas compte des records du XXe siècle. Lacrédibilité contestée de nombreux exploits passés

en raison du dopage et le souci d'acooître la fié-quence des performances pour dynamiser l'intérê!du public, des sponson et des télévisions fondentce projet, certes séduisaat mais diffrcile à mettreen æ$Te. E

2 - Vdr égil.rneft le aueâu 2 déjà cité ôit les doniéê ilhlsû€nt h dÈ

rersié de6 ryôme6 de ptlrSression lié! pour l€ 5m m, b lo(fi m et ler€cord dê l1êure cFllstê, à I'anivê dê nouvrâlD( produits dop.nts (PO,hormone dê ('oÈ!.nce),

Forr rlnruJi:J€.n-Fûrcob 8ôurr .rl€{rh.çr.. Gd{lr.t fud/.. éodo.iiqr. ôt$0,t, cofi.doi Plldqll. Co.prC.., nJl àrb, lr9û

Page 20: Dossier Du Dopage

souPçoNS DE POTDS

*rtD;ffi'51*:ff:ïî."ïché des anabolisants, les recordsnotamment des lanceurs (poids,disque, lavelot et marteaul erdes sprinters (100 m. 200 m et,100 m), ont subi des améliora-tions constântes que les seulesévolutions techniques ne peu-vent totâlement expliquer. he-nons l'exemple du lanceur depoids américatr Barry O,Briendont I'apparition sul les ta-blettes du record du mondecoihcide avec une verticâlisationde la pente des performancesmaximales

Bien sûr il inventa un nou-veau style en tournant le dos àl'aire de lalcer, mais surtout. luiet les collègues de sa génération,bénéficièrent les premiers des" engrais muscutaires > hormo-naux. ll avoua avoir pris desanabolisants mais minimisa ladurée de sa consoûmation_

I l-'amélioration destechniques n'explique

pas, à elle seule,l'évolution de certainesdisciplines comme lelancer de poids et le

sprint...

PAR JEAN-PIERRE

DE MoNDENARD

D'autres. moins < langue dePoids >>, expliquèrent ouyerte-ment que leur jet record étaitdépendanr de la chimie. Ainsi.le Suédois Ricky Bruch, spécia-lisle du lancer du disque et re-cordman du monde le 5 juillet1972 avec un esai à 68,40 m ré-vélait à l'époque qu'il devait sonrecord du monde aux anaboli-sa\ts i " Sans etLt, je n'aurais ja-mais dépassé les 67 mètes ,.

Pour bien préciser leur influen_ce. il ajoutait : o I'ai tenté de nepas en prenrlre pendant quelquesmois. Mes performances sontalors tombées à une moyenne dé-sqstreuse. J'ai repris mon traite_ment et depuis j'ai rempoûé suc-cessiveme soixante concours >

Même son de cloche chez leFrançais Arnjold Beer. ex-re_cordnratr et cbanpion de Francede poids qui afûrmait au milieudes années 1970: . Sil'on prendles dix meilleurs lanceurs dumonde, au poids, au disque, aujavelot a au marteo4 le pourcen_toge de ceux qui prennent desanabolisants est fort simple à dé-lerminer : c'est l00yo. Oui,100 7. ! ' Dans le milieu deshommes forts. on sait parfaire-ment que sans ânabolisants. onne fait pas le poids sur le plan in-teroalional. Poids étant orisdans le sens de masse coroo'rel-le. Pourbattre son record-hi"tu

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Page 21: Dossier Du Dopage

AVANT, APRÈS,..Transformatlon morphologiquerurPrenante de Flofence Griffith-lo)mêr : ên haut, en I 984 à LosAngeles, en bat aux r€ux deSéoul, en 1988.

Bruch s'alourdit de 25 kg encinq mois. De même, l'Améri-cain Tom Petranoff, sÉcialistedu javelot, prend 9 kg enquelques mois, progresse deplus de 11 mètres en un an etbat, avec 99,72 m, la meilleureperformance de tous les temps.

20

Autre cas exemplaire, Alessan-dro Anùei, le champion olym-pique de lancer de poids 1984 etrecordman du monde en 1987avec un jet de 22,91 m. Al'époque, il pesait 110 kg pourune taille de 1.91 n. Deux ansplus tard, en mars 1989, auxchamFionnats du monde en sal-te à Budapest, avec plus de10 kg de poids de corps enmoinq il ne prend que la 7e pla-ce avec 19,77 m, soit à plus de 3mètres de sâ meilleure perfor-mance. Aujourd'hui, I'Améri-cain Randy Barnes, le record-man du rnonde du lancer depoids avec une distance de23,12 m atteinte en 1990 pèse145 kg pour une taille de 1,94 m.Depuis cet exploit, il a étéchampion olympique à Atlântaen 1996 et contrôlé positif àdeux reprises aux anabolisants.Ces subata.nces aux multiples ac-tions - assimilation de chargesd'entraîtrement maximales, oxy-génation du sang gains de forceet de puissance, sont également$ès prisées pâr les sprinten

Ces demiers doivent en gran-de panie leurs qualités à la forcedes membres inférieurs dans lamesure où l'impact du pied surle sol doit être le plus bref pos-sible. De même, la musculaturedu haut du corps joue un rôlemajeur lon du départ afin de re-trouver le plus vite possible unefoulée harmonieuse et efficace.Comme pour les lanceurs, lâmorphologie des spriûers a prisdu volume à partir des années1 0. Avant cette période char-nière, [e poids du corp's oscillaitentre 60 et 70 kg. Ensuite il fal-lait prendre 10 kg et quelquescentimètres de tâi.lle pour êtleautorisé à grimper sur la plushaute marche du podiurn. Atitre de comparaison, le élèbresprinter nok Jesse Owens, qua-druple champion olympique en1936 à Berlh. pesâit 72 kg pour

sait qu'en raison de I'existencede plusieurs substânces indéce-lableq c€ n'est pas un argumentmassue. Depuis 1987 une autrehormone, l'érythropoiétine(EPO), en favorisant le trans-port de I'orygène des poumonsâux muscleE â pârticipé active-ment à I'amélioration des per-formances, notamment dans lessports d'endurance tels que cy-clisme et cowse de fond. En re-vanche. I'EPO n'induit aucunetransf ormation morphologiquechez I'athlète consommateur. D

1,?9 m alors 0". ,. ."""Ur.JDonovan Bailey, le demier lau- |réat olympique sur 100 m fait Ibouger t'aiguille jusqu'à 82 kg Ipour 1,83 m. Parmi les transfor- |mations morphologiques éton- |nantes dont on sait avec certitu- Ide qu'elles sont dues aux IsÎéroides anabolisants. citons Icelle de Ben Johnson qui. lors Ide sa 3o place aux J.O. 1984 pe- |

I sait 64 kg pour 1.80 m. Quatre I' ans plus tard, en 1988 à Séoul, I

avait engrangé 12 kg supplé- I

mentaires pour battre Carl Læ- |

wis De mênq la transformation I

de lAnglais Linford Christie neparalt pas très natwelle. En ef-fet, le chanpion olympique du100 mètres à Barcelone a pris

ftZ fg Oe muscle entre 1984 er1996. Pour une taille de 1,89 m,il est passé de 77 à 94 kg de l'âgede 24 ans à 36 ans Autre trans-formation surprenante, la mus-culature de la belle FlorenceGriffith-Joyner. En 1984 à LosAngeles, elle a une morphologieféminine avec des bras et desjambes aux contours arrondis,alors qu'en 1988 son morphoty-pe s'apparente à celui d'un

I homme avec des muscles byper-I trophiés et ciselés qui ne peu-

I vent être obtenus que par des

I hormones anabolisantes. Poursa défense, elle avance que lescontrôles ântidopage qu'elle asubis ont tous été négatifs. On

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Page 22: Dossier Du Dopage

ioclurier-)

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Musclelusqu'où peut-on pousser lamachine biologique humaine ?

Les faitsau quotidienlJeffrayant récit des programmesélaborés par les .. techniciens > dudopage. p. 4o

MoléculesStimulants, hormones : lesdopants d'aujourd'huis'attaquent aussi bien au foiequ'aux muscles... p. 30

FuturLe dopage génétique pourraitconduire à une véritable.. reprogrammation ,'de l'organisme. p. 4a

lnconnuesLincertitude reste totale quantaux risques à long terme sur la

santé des sportifs. p.54

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p.22

Page 23: Dossier Du Dopage

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Page 24: Dossier Du Dopage

.- le muscle A vued'ceilLer ctf€tr del'€ntrainêhent Ëtâùtent âux yêux. ËCe que le regard !appréhcnde n'est ;poùrtant qu'un€ Ëlnflmc pôrtle del Ftrahiforrnatlonr

=physlologlquer !qu'll êngendre.

Page 25: Dossier Du Dopage

I I n coup d'ceil sur la musculature du sPortifI I a" lr,-,, ,riu."u suffit souveot à le di.fféren-llf o.i ou **.* ou ormatrcÂe. ruur pcu quc

le regard s'attarde. la discipline de l'athlète peutmême se deviner sans mal. Larges épaules du ua-geur. mollets arrondis du cycliste : les effets deI'entraînement sautent aux yeu* Et pourtant, ce

que le regard appréhende n'est qu'une infime par-

tie des transformations physiologiques engen-drées par I'activité physique quotidienne. Car cet-

te demière peut aussi bien modifier le volumedes biceps que la nature des fibres musculain lalaille des réserves énergétiques ou la quanlitéd'enz,!'Ines nécessâires à leur consommation.

Sprint ou marathor. suivant sa discipline, l'ath-lète a aujourd'hui à sa dispositior des méthodesd'entraînement qui permettent d'améliorer avecprécision certains de ces paramètres physiolo-giqJ]€s. " te travaille en capacilé, ce matin,,.volusdéclarera-t-il entre deux échauffements, signi-fiant par là qu'en couant deux fois 5 000 mètresà une vitesse moyenne, il compte augmenler du-rablement ses résen'es énergétiquea

PouI atteindre son niveau optimal de perfor-mance, il est effectivement indispensable que lesportif développe c€ premier poinl. En prélevantdes échantillons de muscle sur des footballeurs, lephysiologiste suédois Saltin â ainsi montré que levolume et I'intensité de leurs cous€s étaient pro-portionnels aux réserves initiales d'un glucide, le

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glycogène. Un entraînement tel que le double5 000 m conduit à l'épuisement complet de ces

réserves dans les muscles sollicités. Tout se jouealors... au repos Une phase aussi importante quel'exercice lui-même. En effet, lorsque la périodede récupération est suffisamment longue, il s'yproduit un phénomène de surcompensation : lestock de glycogène y est non seulement reconsti-tué. mais légèrement augDenlé afin de mieux supporter le stress de l'épuisement énergétique. A lalongue, cette méthode permet de doubler la ca-

pacité de stockage de ce glucide dans le foie etles muscles entraînés.

Or le glycogène est un carbuant essentiel pourles fibres musculaires Sa dégradation permet eneffet la synthèse, dès le début de I'exercice. demolécules d'âdénosine tri-phosphâte, plusconnues sous I'abréviation ATP Cette molécule

- résultant de I'association de trois phosphates,d'une base azotée (l'adénine) et d'un sucre, le ri-bose - fournit la plus grosse partie de l'énergienécessaire à la contraction des fibres musculairesen cédant I'un de ses phosphates

f.i

Action,repos...LorJque le repo3 e3tarsez long. l'athlètcp..vlcît nonæul.mellt àrê<onrtltu€r, maltaulrl à augm€ntarlet ré5êweténergétlque3né<erralrer à h<ontractlor de retflbres rnur<ulah€r(vuet, cl-coDtre, allmlorraopêélectronlque),

Le stock d'ATPdes fibres muscu-laires au repos esltrès faible. Quel quesoit le niveau d'en-traînement de l'ath-lète, il ne représenteen effet que 6 mmol

par kilo de muscle lrais enviion. Il est complétépar une petite réserve (20 mmol/kg) de créatinepbosphate aux mêmes propriétés. Disponibles dès

le début de I'exercice. ces stocks ne permettentqu'une dizaine de secondes de coniraclions et re-présentent la principale source d'énergie du cou-reur du 100 m. I-onque l'effort se prolouge, deux

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Gs è production d'ATP à partir de glymgèneùi n alors prendrc le relais

Le première, baptisée source anaérobie lac-ryÊ. est basée sur 1'hydrolyse du glycogènereculaire en acide pynuvique puis en acide lac-rqu€- Son principal atout? Elle couvre les be-r(ins énergétiques de la fibre musculaire en I'ab-

-nce d'oxygène. Iaissânt ainsi le temps auî:tème circulatoie de s'ajuster et d'oxygénersuffisamment lesmuscles en exerci-ce. Toutefois, plusle sprint est rapi-de. plus cette filiè-re est sollicilée etplus elle produild'acide lactique.Or dès que saconcenlration dé-passe 8 mmol/1. ilprovoque une di-minution du pHsanguin et muscu-laire. I-es proprié-tés contractiles d€sfibres musculairessont altéÎées. I'ef-ficacité de cer-taines enzymesresponsables de ladégradation duglycogène dimi-nue... ainsi que la

Après 5 mn, elles carburent

rant les prernières secondes de I'exercice. C€s der-nien doivent pour cela pénétrer à I'intérieur desmitochondries de la fibre musculaire, de petitscompartiments cellulâires qui contiennent toutes1es enzymes nécessaùes à l'orvdation (voir sché-ma). En termes d'énergie. cette réaction est beau-coup plus rentable que I'hydrolyse du glycogènepuisqu'elle conduit à la synthèse de 39 moléculesd'ATP au lieu de 3. Par ailleurs. lonque I'effort

se prolonge et queles réserves de gly-cogène diminuent,elle s'accompagnede I'oxydation deslipides qui fournitjusqu'à 45 molé-cules d'ATP

La part respecti-ve de ces lrois pro-cessus énergé-

= tiques vârie selon

g la discipline. Si un! coureur du 100 mt ou un haltérophile

! mobilise presquei exclusivement sesË stocks d'ATP et

créatine phospha-te. 60 % de l'éner-gie utilisée lorsd'un 100 m nagelibre proviennentde la filière anaé-

Plur l'Gre]!l.ê .e prolonge, plr|r lc murclc ert allmentéen orygène. Ser Ércryer ront .10'' dég..déer et

trânrfo.méê. ên énelgle danr dc petltr <ompaÉlmentl(ellulalrcr : ler mlto<hondrler (d-desrur).

production d'ATP Le résultat est visible : à I'is-sue de l'épreuve, les sprinteurs ont plus de mal àlever les genoux. " Il semble en fait que I'acidelactique ne soit pas directement responsable decette acid.ité, mais phttôt un témoin de I'efficacitéde ce processas, explique Jean-Marc Valier, phy-siologiste de I'Institut national du sport et del'éducation physique (INSEP). Quel que soit le"coupable", le spoftif a tuukfois tout intérêt àadnpter son organisme à lutter conÛe Ia chute depH : il rësistera miera à Ia fatigue musculaire etun nxstslhonien pourra se permetîe quelquesaccélérations sans en payer les conséquences pen-dant le reste de la course >

A mesure que I'exercice se prolonge, le muscleest de mieux en mieu,\ alimenté en oxygène. Ain-si. âu bout de 5 minutes de foulées. seuls 20% deI'AIP proviennent de la filière anaérobie. læ res-te est synthétisé à partir de l'orydation de I'acidepy'ruvique - issu de la dégradation du glycogène

- et d'une pârtie de I'acide lactique accumulé du-

robie. Processus qui ne foumit au conftaire qu'unpetit pour-cent de l'énergie du marathonien !

Sauf si notre coureur de fond accélère brutale-ment. La filière aérobie ne pourra pas fournirsut6samment d'AIP Le métabolisme anaérobieaugmente. produisant de I'acide lactique qui nesera orydé dans des rnitochondries fonctionnantdéjà à plein régime. Les lactates s'accumulent...et l'acidose commence.

COMMENT TÎAVAILLERtES FILIÈRES D'ÉNERGIE

Connaissant tout cela depuis les années 1970,médecins du spon et enrraincun ont mis au çnintdes méthodes permettant de travailler I'une oul'autre de ces filières. ou encore d'augmenter leseuil de tolérance à l acidiré. Le principe est rou-jours le même : l'intensité de I'exercic€ est calcu-lée de manière à stimuler l'un de ces paramètresun peu plus que d'habitude. forçant I'organisme às'adapter à ce niveau de stress Le calcul du volu-

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a€ d'entraînemenl nécessaûe à la progression de--athlète ne tie[Î évidemment pas du hasard. IlFasse par ull test d'effort qui permet de mesuler:-efficacité des métabolismes aérobies et anaéro-t'ies de l atirlète.

Le torse parsemé d'éleclrodes. un emboutd analyseur de gaz dans la bouche. le sportif estplaé sur une bic-vclette ergométrique ou un tapisroulant sur lequel il devra foumir un effort crois-saot. Après 10 minutes d'échauffement à 8 krrù/h.la vitesse du lapis augmente de 1 kfi/h toutes lesminuter Parallèlement. la consommation d'oxy-gène de I'athlète croît jusqu'à atteindre un palier.Cette valeur limite. baptisée VO, max, corres-pond à la puissance maximale développée par leProcessus aérobie.

Selon I'INSEP, qui de 1979 à 1995 fit passerquelque 8 000 tests d'effort aux meilleurs athlètesfrançais, la plus faible VO, max après celle du sé-dentaie (environ 45 ml p minute et par kilo depoids corporel) est celle des coureurs automobileset joueurs de volley : 53 n1,/rrnikg. læ sprinter. lefootballeur ou le nageur toument quant à eux au-toul de 57 à 60 ml/mnftg contre 80 mymn &g chezle marathonien. champion toutes câtégories de laVO. max.

Cètte valeur est assez représentative de la per-formance du sportif dans les sports d'endurance(marathon. cyclisme. ski de fond. aviron). ÉricJousselin. chef du département médical de l'IN-SEP rapporte ainsi le cas d'un marathonien qui.avec une VO2 max de 731 ml/mnÂg. bouclait ses42,1 km en 2h30. Après 18 mois d'entraînement,sa VO" max avait augmenté de 14 o/o : le sportifterminait son marathon en 2h13. Ce rype de pro-gression s oblient en courant.., mais pas o'im-porte coîrment. " Si I'on veut augmenter sa four-nilure d'énergie aérobie, donc sa vitesse, il fouttoujours travailler à 90 ou 100 % de sa VO, ma4explique Antoine Gaultier. maùre de conféiencesa l'UFRSTAPS de Caen. Pas facile de mesurer àvue de nez si l'on court bien à sa VO. max ? Aucontrale. Lorsque à l'issue du rest d'ehon le pa-lier de la consomrnation d'oxygène est atteint. lemédecin note la fréquence cardiaque du sponifet la vitesse à laquelle il couait ou pédalait. C'estelle qui sert de repère pendant l'effort.

o Si le sportif atteint sa VO. mox à 17 km/h,continue Antoine G aultier. il iuvaillera à 16 ott17 knlh sur d.es distances comprises entre 300 et1 000 m, répétées trois à dit lois avec des temps detécupérotion au moins égaux au temps de cour-se " Deux séances hebdomadaires suffisent alorspour développer la VO, mar.

Cet entraîoement par intewalles agit principa-lement sur le cceur. Pendant les phases d'effort.la pression élevée provoque une hypenrophie dumuscle cardiaque. Son épaisseur augmente. cequi lui permettra. pour une même fréquence debattements. d'éjecter davantage de sang. Lesphases de récupération provoquent quant à elleune dilatation des cavités. Au fil des entraîne-ments,le débit cardiaque auggnente donc. Elkboma ainsi montré que chez 8 athlètes ayanr suivi 16semâines d'entrainement le volume maximâl éjec-té par le cæur étail passe de 112 à 127 ml par bât-tement. Leur VO2 max. quant à elle. avait globa-lement augmenté de 16olo. L'entraînementaérobie provoque également l'ouyerture de nou-veaux capillaires sanguins au contact des pou-mons lâ diminution de l'épaisseur de la membra-ne alvéolo-capillaire, Ie tout contdbuant aumeilleur passage de l oxtgène dans le sang. Parailleurs. les capillaires sanguins se multiplient en-fin autour des muscles les plus sollicités. ce quipermet une [ourniture d orvecne plus imponanre.

LEs PERFORMAN(EsDE DEUX COUREURS DE FOND

A cette adaptaûon du système cardio-vasculai-re correspond une augmentation du potentielox,vdatif des cellules. Ainsi. suivant le niveau dusportif. deux mois d'exercices quotidiens peuventmultiplier les mitochondries des fibres muscu-laires. augmenter leur volume et accroihe de 30 à40 % t'activité de leurs enzJmes ox_vdatives. Unefois acquise. l'augmentation de la VO"max peutêtre maintenue par un enftaînement régulier. unefois par sernaine par exemple. A I'inverse.quelques semâines d'alitement. d'altitude ou desous-nutrition peuvent faire chuter cette valeurjusqu'à 40%.

La VO, max n'explique toutefois pas à elle seu-le les performances de l'athlète. Prenez ces deuxcoureurs de fond. Avec une VO. max de83 mJ./aur,/kg. le premier bouclait son 5 OUU m en14 ml 37. læ second le terminait en 13 mn 35 avecpourtant une consommation maximale d'oxygè-ne de 78 ml/mn/kg. Cette différence de perfor-mance s'explique par le pourcentage de puissân-ce aérobie que les deux sportifs sont capablesd'utiliser pendant l'exercice : 80 o/o pour le pre-mier.. . 92 o/o pour le second. Un exercice ne peuten effet être entièrement couru à la VO. max.Après quelques mhures. il esr en fair effeirué àune vitesse un peu inférieure. Cette demière peutelle aussi être déterminée par un test d'effort unpeu différent du précédent. Après 10 minutes

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Un testd'enduranceGrâ<e au teJt d'êffoÉ, on P€utrnerurer l'effl <aclté deJdlfférenter flllèret dep.odu<tion d'énergie <h€r unâthlète. Alor3 qu'll <ourt deplu. en plut vlte tut un t.PIsroulânt, aâ aonsomFôtlond'oxygèoe augmente.lsrqu'àattelndre un pallGr, b.PtlréVO, max. Celul-cl ref,ète blen :

l'cndùrûnce drr Jportlf . j^ ,-

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fé.ùâuffement à 8 km/h. la vitesse du tapis aug-Ete toutes l€s quatre minutes de 2 km,/h. Avatiàaque accélération, le sportif prend une minuteù repos Le médecin réalise alors un micro-prélè-rement sanguin. Puis le prolocole reprend, jus-

ç'à son arrêt par I'athiète lui-même.Cette gouttelette

p€rmet de mesurer laconcentration d'acidelactique dans le sang,lacratémie qui croîtproportionnellement àla vitesse de la counepuis augmente brus-quement. ce pointd'inflexion, baptiséseuil anaérobie,marque le début de ladiminution du pH deI'athlète. DansI'exemple précédent,ce seuil est atteint à17,5 kr/h pour lesportif à la plus gran-de VO, max... mais à21,5 km/h chez le se-cond. Concrètement.cela signifie que le pre-mier coureur com-mence à resseffir la fa-tigue musculairedécrite plus haut dèsqu'il atteint 18 krù/h...Décourageant ? Pas

Sl le3 phaser d'effort .ugmcrtent l'ép.l3ieufdu mur.l€ <ôrdl.quc, c€llcr de É.uÉr.tlon /

provoquent unc dll.tltlon dG Jêr crvltér, /Alnil, ôu fil der €nt.ôin€mcr*r, le déblt

<ôrdLque d'un 3portlf .ugmcntr.

Car plus I'acidose est retârdée, plus I'exercicemusculair€ est puissant et la pedormanceimportante.

Toutelois << à partir d'wt certain niveau de per-formance, I'augmentation de la charge d'entraî-nement n'a quasiment plus d'effet ni sut la VO2

mox ni sur le seuilanaérobie >, remarqueHenry Vandewalle,chef du départementdes sciences du sportde I'INSEP

I-e risque esl alors desolliciter un peu tropIes mûscles. lè systènrerespiratoire ou cardio-vasculaire. Tiop d'exer-cices, trop durs, destroubles relevés lroptard et c'est le suren-traînement. caractérisépar plusieurs semainesvoire plusieurs mois decontre-pedormances.

9 " Cette psthologie pro-g vient en général d'unâ déséquilibre entre la

charge de tavail et larécup ération du sportif,continue Henry Van-dewalle. Le kilométra-ge, I'intensité de ses

courses ont augmentépar exemple ou le spor-

tant que cela. < 1/ ert beaucoup plus facile d'aug-menter son seuil anaérobie que saYOrmax ..rassure Eric Jousselitr. Ce résu.ltat s'obtient parun entraînement < fractionné doux >.

LE SALAIREDU SUNENINÆNEMENT

Il s'agit par exernple d'alterner pendant une Iheure 5 à 8 minutes de course à une vitesse supé- ,lrieue à celle du seuil puis à une viresse injérieu- |re. Ainsi. pendant la première pbase. le sponifdi- I

minue volontairement son pH et oblige sonorganisme. dans un deuxième temps, à améliorerI'eflicacité des systèmes tampons qui résorbentI'acidité sanguine.

Si l'augmentation de la coosommatioû maxima-le d'orygène est surtout intéressante pour lessports d'endurânce, celle du seuil anaérobieconcerne aussi bien les marathoniens que lessprinteurs, les cyclistes sur piste ou les nageu6.

tif est stressé, ce qui l'empêche de récupérer sffi-sotnment après I'effon. Et les signes tle faigue s'ac-cumulent. " Lassitude, sommeil perturbé,fréquence cardiaque élevée, troubles du compor-tement, diminution du seuil de tolérance de I'aci-de lactique, récupération lente... le surentraîne-ment prend de multiples formes, pas toujoursévidentes à diagnostquer. Pour autant, I'athlète atoujoun des difficultés à mobiliser l'énergie dontil a besoin. Difficultés que I'on anribue d'abord...à un entrâînement insuffisant ! C'est au contraireen diminuant cr demier que commence le traite- \ment de cette pathologie somme toute fréquente 'chez les sportifs de haut niveau.

Effort et récuÉration. C'est par un dosage sub-til de ces deux phases que, séance après séance,I'athlète repousse les limites physiologiques deson organisme. Une mécanique de précision quipeut être délicatement réglée par I'entraînement.Jusqu'à atteindre le record. J

Le cæur battant...

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léculesdopentg#s-.nËiîlitï*';ii*''lle dans l'arsenal du dopage. Et en premi€r lieules amphétamines ces " amines de l'éveil " ingé-rées pour suppoder les efforts prolongés. Ce sontdes molécules chimiquement proches de deuxîeurotransmetteurs présents dans le cerveau : lanoradrénaline el la dopamine. Deux substancesqui jouent un rôle clé. respectivement, dans lescircuits centraux d'éveil et de " récompense " ducerveau. l-es amphétamines agissent sur les neu-rones de ces circuits et augûtentent les quantitésde dopamine et de noradrénaline disponibles

Alors que les indications thérapeutiques desamphétamines se sont cântonées dès les années1950 à la lutte contre le sommeil (dans les cas decatalepsies par exemple), elles ont rapidement ga-gné toutes les spécialités spofiives, du patinageau judo. en passant par I'escrime ou I'alpinisme.Sumommé ( toûton ", le Tonédron a fait fureuren France jusque dans les années 1980. Entre 1982et 1985, plus de quarante mille ampoules ont étévendues alo:s même que plus aucun psychiatrehospitalier ne prescrivait ce médicament : celui-ciétait en fait produit presque exclusivement pour

" faire couù les sportifs ). Ce détoutnement clan-destin fit d'aillews I'objet d'un procès en 1986. àLaon.

Bien avant, pourtant, 1'âpplication de la pre-nière loi sur le dopage (décret du 10 juin 1966)avail montré I'ampleur du phénomène : 32.5 7o

des cyclistes découverts positifs aux amphéta-mines en I 966. En 1 967. le noûbre chute à I 2.6 o/o

.

Si I'année suivante, seuls 4 % des coureurs furentépinglé; les autres o'en étaient pas moins " char-Eês ". o 4 Oor;, * utte interdiclian, commença klcourse pour ne pas êtreprÀJ, raconte le médecin dusport Jeao-Pieûe d e Mondenard. Avec un seulbut : trouver des molécules indécelsbles. ,

Ainsi les < modes " vont se sucéder. Après les

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amphétamines, des substances apparentées fontI'affate. Le groupe des piperidines reste indéce-lable jusqu'en 1974. I.es cyclistes se dopent doncavec " mémé ". " lili >. " riri ". sumoms du Méra-tran, du Lidépran et de la Ritaline (cette demièremolécule est aujourd'hui donnée à des enfants

" hyperkinétiques ", présentant des troubles del'attention). Mais ces molécules sont repéréeschez quinze stars du peloton par un biochimistebelge. Michel Debackere...

C'est le groupe de la pémoline. neuostimulantdifférent des amphétamines et counu depuis 1960.

qui prend alols le relâis. Ces substances permet-tent d'être " ni w ni connu , jusqu'en 1977. Pré-conisées en clinique contre les états d'asthéniephysique et psychique. vendues sous le nom deDeltamine en France, de Stimul en Belgique etde Cenfiamine en ltalie, elles dissipent elles aussi

la fatigue €n stimulanl le système nerveux cen-tral. On les retrouvera chez plusieurs champioDs

cyclistes belges en 1977. dont Eddy Merckx. Leftère de ce demier veûâit. à l'époque, de faire sa

thèse sur. .. le Stimul !

Les dégâts, sur l'organisme, des amphétamineset produits voisins sont considérables : insomnie,perte de I'appétit. déces par épuisement.... No-tamment parce qu'elles sont, le plus souvent, as-sociées à diverses substances : strycbnine, caféine(injectable ou en comprimés) ou enmre éphédri-ne. [a strychnine, puissante toxine neurologique,agit sur la moelle épinière et le bulbe rachidien,et entraine une sensibilité accnre. Grâce à son ac-tion, on augmente les réflexes, le tonus musculai-re. le rythne respiratoire, la fonction cardiaqueet la pression artérielle. L'éphédrine. extraited unJplante dénommée éf-lÉdra. a pour sa panreçu le sumom d'< amphétamine du pauvre ". Ses

propriétés sont nombreuses : l'éphédrine contrac-te les artères, augmente la tension artérielle, dila-te les bronches. excite le tissu musculaire. dilatela pupille et accloit le taux de sucre dans le sang.Précieux pour traiter les asthmeE les rhumes aveclarmoiements ou l'hlpoteBsion, ce stimulant, quidégage le nez et facilite la respùation, est très de-mandé par les pugilistes (pour éviter de respirerpar la bouche). Champions d'escrime, de ski defond, de natation, de volley, d'atblétisme y recou-rent largement. Vincent Rousseau, coureur desemi-marathon. a fait un choix plus radical : il asubi une intervention chirurgicale en 1993 de fa-

çon à augmenter le flux d'air dans son nez. Sans

1 compter l'utilisaliou massive des " bêtastimu-

I lants . (salbulamol. clenbulorol). médicamentsI destinés aux asthmariques. qui dilatent les

fl bronches et. sunout. peuvent avoir à haute dose de puissants effets anabolisants.. .

DEs MUSCTES EN BÉTONl€ sportif peut modifier dircctement ses capaci-

tés musculaires en ayant recours à des hormonesSynthé1isées par diverses glandes (hypophyse,surrénales...). les homrones sont libérées dans lesang et agissent ainsi à distance, sur les organes outissus dotés de récepteurs spéciiques. On en dis-tingue deux familles : les hormones protéiquei so-lubles dans l'eau. et les hormones stéroi:des. déri-vées du cholestérol et solubles dam les graisses

En premier lieu, les sportifs ont jeté lew dévo-lu sur les hormones arabolisantes, c'esÈà-dûe qui

. induisent une augmentation de la masse muscu-

I laire lquand la prise est couplée avec une alinen-Itation trës camée). Quatre d'entre elles occupenl

le devant de la scène du dopage : la testostérone(et les stéroides apparentés). la gonadotrophile

:

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3

'

re sept cents mg piu jour. soit plus de cent fois tadose thérapeutique admise.

Les athlètes n'hésitent pas non plus à s'injecterdes produits réservés aux malades comme lesdiabériques Ainsi. l insuline. hormone hlpoglycé-miante mais aussi anabolisânte fournie naturel-lement par le pancréas. fait " fuir la fatigue ". EIe 1agit en favorisant la captation du glucose par lefoie et les muscles. Ie stockage des graisses et lafabricarion des proteines. Elle favorise aussi lapénétration intracellulaire du potassium. Sas)'nthèse est réussie en 1965. Ses effets défatigantset anabolisants sont recherchés notamment parles culturistes. les joueurs de football américàin.les spécialistes du lancer ou d'haltérophilie. En1989, Jean Tèxier raconte qne < l,insuline est utili-sée par les bodvbuilder téméruires, afrn de stimu-ler la të.rcrion d hormone de croisçance parhvpoglycémie ,lr).

Dès les années 1960, la formule ( somatotropechoav -. contenant de l'hormone de croissanie(ou somatotropine) bovine. {ait son entrée dansles milieux sportils. Et ce malgré les risques deréactions allergiques ; elle n'est retirée du mar-ché qu'en 1983. Entre-temps, on consomme del'hormone extraite de cadavreg avec le risque decontracter la maladie encéphalique de Creutz-feldt-Jakob. Il faut attendre 1987 pour que lessportiB profitent des nouveaux produits obtenuspar génie génétique, par I'industrie pharmaceu-

La première de toutesLa tê.toitérone (ld JorJ fo.mê Grl3tallltée) .,êrtvlte vue détrônée par d'autres honnoner je hmème famllle, aux pouvoirr ônabolirântt plu,fortr et, surtollt, aye< molnr d,êffetj vldll;antr.

chorionique. l'insuline et l'hormone de croissance.A la suite du premier colloque européen sur le

dopage. qui s'est tenu en 1963 près de Grenoble,les comptes reodus furent publiés dans lâ re\ueofficielle de la Socié1é française de médecine dusport. avec. en deu{ième page. une publicité pourle " Du'.6r1h ". ll s'agissair ni plus ni moins quede nandrolone. stéroïde de synthèse proche de latestostérone. assimil ée à des " r inntnes prupresà amëliorer les performances ". Une incitation gra-ve quand on sait que ces produits sont incriminégentre autres. dans des cancers du foie. du rein-des testicules ou de lâ prostate...

" Ce sont les médecins qui ont fait pénétrer lesonabolisants dans le lport ,. dénonce Jean-pierrede Mondenard. Les stéroides ont vite diffusé danstoutes les disciplines Ce sont en effet de très bonsstimuiants de l'entraînement. qui améliorent no-tammetrt Ies fooctions cardiaques Ces hormonescumulent aussi d uutr.. utunrugeîl ÇiàiÉirecu.lent le seuij de farigue et renlorcenr la volon-'lte. Tant pis si elles ont aussi des effets secondaires 'virilisants - dus à leur actiort sur des récepteurssilués non seulement sur lcs musclÈs mais aussisurd'autres organes comme le cceur.la prostate etles testicules.

IJs doses injectées sotrt telles que des accidentscomme la rupture de tendom sugissent. Médailled'or d'haltérophilie aux J.O de Mexico de 1968.le Finnois Kaarlo Olavi Kaogasniemi est viclimeen 1975 d un grave accident. La barre de 160 ki-los qu'il tentait de soulever lui percute la tête. puisIa nuque : le muscle de son omoplate gauche acédé sous I'action conjuguée des anabolisants etde la cortisone. Devenu paraplégique. il confessedes prises quotidiennes d'anabolisants de cent voi-

I

B

Et même I'insulineEllê est nomôlêment Érervée .r dt.bétlqu€.<ertâlnt_ n'hérhent pas à se l'inlecter pourôctlvêr I'abrorptlon du gluaoa€ ou poutrtlmuler, par hypogly<émlc, l. jé<rÉtlond'hormone de crobtance.

| -j€ân Teeder loln saoi gjr hs onôdjirars, p.84, Jibefia l9æ.

3J

Page 35: Dossier Du Dopage

tique. Lhormone de roissance humaine biosyn-thétique est obtenue à panir d'une souche bacté-rienne génétiquement modifi ée. Prescrile conlreles retards de croissance chez l enfant ou pour re-parer les tissus lors de brûlures elle agit prbcipa-lement sur les os longs et les muscles squelet-tiques. Ces effets induisent un certain allongementdes madllaires chez les dopés. qui peut causer undéchaussement caractéristique des dents. Acontrcflb. des injections de somatostatine, en inhi-bant la producrion de l hormone de croissalce na-turelle. a transformé de jeunes fillettes soviétiqueseu naines (article consacré aux dopage des spor-tifs dans la Recherche n'157 - JuillerAoût 1984).

Le bénéfice recherché est ici encore I'accrois-sement de Ia masse musculaire, sans gain de poids.

L'hormone de croissance mobilise en effet les ré-serves lipidiques et fait donc fondre les graissesDans un opuscule clandestin édité en 1982 parOEM Publishing et intitulé " The UndergroundSterord Handbook ". un adepte confie : " QrielProduit! Insurpassable pour obtenir une augmen-

lisateurs peuu-ent espérer un gain de 15 à 20 kg endLr semaines si, touîefois ils peuvent ingérer 10 000calories par jour . . Les prises massives font courirles risques de diabète. de malaises cardiaques oude tumeu$, de développement anomal des mains,des pieds. de la face.

Introduite plus récemment. la gonadotrophinechorionique (hCG) n'est produite naturellementque par les femnes enceintes Détecté [a premiè-re fois lors d'un contrôle ântidopage en 1983. cecomposé stimule la production endogène de tes-tostérone. Il soutient la volonté et recule le seuilde fatigue, ce qui en fait un bon candidat pour. épauler " les achamés de l'endurance ainsi queles haltérophiles ou les joueurs de football améri-cain. o Des sponives ont utilisé la grossesse à sondébut pour améliorer leurs performances " dé-nonçait. en 1988. le Pr Renate Huch. du labora-toire de physiologie périnatale de la clinique uni-venitaire de Zurich. Êt pour cause : la grossesse

engendre des effets phvsiologiques similaires à

provoqués par l'entraînement. t'rroquu! rnsurpqssgote pour oDtentr une uugmen-tstion petmanente de la musalaure [ . . , ] Les uti-

ceux provoques par r enrrzrlncmenl. colllme l aug-mentation du volume du cæur. de la quantité de

sùrrrrmEs arunÊ(ItmnEcanÊDÂtEl'omllÉE tDlcAnol€rÉlcArÊsAmphétaminos Amin6 Ausmsîtert la quôntité de dooamino Psydrirtio.et appôlenié3 de syrTthèEs at de noradrénaline - deux Trorôh6 du sommeil

oourotansm€tteurs - dans ls cçveau. et do fdtontion.Stimuleflt le ûavail cardiaque, CouDe{aim.

Bâtabloqu!nt3 Moléculogdiverses.

Bloqu€r l'ac{ion do ls noisdr6n.linslibâéê par le systèmo nerveuxsympathiquô : 8b8iss$t lo rythmo€t le débit cârdiaqu6, coûtsactontl€s vabsêrux et l€a brona$€3.

tlyportonlioo 8rtâtsllo.Troubl€€ du ndhmecardaquo.Angine de poitsine.

BAa-2 stimulants Molécule6 Mimeni c€rtrines rctions Astbme {en aér6olsl.diverses, du svstàne nerveux svmpsthique l'lenacr dæoudlement,

{activont h3 ÉEptouÉ tÉta2a&énergiquel : dilatent 1e3 brcnchegr€laxêllt fdérus.Diminu€nt l. mass€ graisseussau Drofit de la mæc musculâias.

Celéine Dédvé Diminue fôctivité d'unc anzyme Stimulânts.d€ la xanthins. csllohiro: l. phosphodirstéras€, Fonto d€s grai!€€s,

Stimuls b systàms n€rvoux cantral.dilate les vaisseaux coronaires.flcil ê fûifsstion d€3 qraiss€s.

Corticolrophins Hormone Produite par la glsnde hypophyse Rhumatologie.IACIHI !€ptid@e'. ên râronsê au stress. Maladss.lbrsiqu€s,

Prcvoque la lbérstion decorticostérdrd6 dam la sanq.

Corticodéroid€s Holmone3 hoduits par les glande3 surrâllles Réætions allËghu€. oir{Gortkonq stéroild€s" €n rûroo3s à I'ATCH. iniamm.toir6.cortirol...) nahr6lla3 ou Mobilbût 1o3 protdn6 Asthme.

de svnthÈe. 6t dos graissôs. Augmênt€r*la glyémiê. AgÈsent surlê 3Ftùm€ n€rv€ux cantal.Diminuem bs léporceeiniammatoirG st immunitair€s.

34

Page 36: Dossier Du Dopage

T{AIU'E.IIM'ECnIIDAÉL'Of,GAII* DEATIOTIS

dê lurthàse. nêryeux symprdriqle {adive hs {vasoco$trkltsuBéceoteulsalpha€drénergiquesl: nasaux).cofitacte 1€5 vaissôaux ssnguins,augmfite h tenrion artÉrblle,dilate hE bronch€E

Homone Hormone prodrits pâr l61eins. lGsuffisar s rénâlxIEPOI slf,coprotéaqlg *' Fac{.ur ds croilsancs do€ dialy.É3

{sctuellemenf globul6 ruug€s: sctive Anémie des maladcsfabrhÉc par leir multiplication rt loul du sidâ ou d€s canc6r€ux,

mstnllion dalB ls moelle ogreuse.

Gonadobophine Homone P.oduite naùrrellem€{* drez les Fécondaion in vifo.àoriotliue {HOG) pÇlidfle'. fGmmês encêint€s, psr le phcenta. Stérilité.

Stimulê la production d€É hormoness€xuellcs, notammolÉ do l.lastostéron8 chaz I'homms.

Mokiwla dosyntlÈ€G coupl'É€à la portion activede l'hémoqlobino{obt€nue par

lni.c.tÉo dôn! l€ sang,€ll9 asÊurg - lout comm€l'hémoglôiîe d€6 globulq3 roug6 -le tlnsport d6 l'oxv(Èno dopuis16€ poumons iusqutux orgân€6et aux muada6.

globolaires ponclu€ll€s.Int€rvontions dtrg€nc!rv!r{ h dét€rminâliondu qroupê sânquin.

Hormonede Hormoaocroissance p€gtidkue*(so.n.tqtopirlg) lac.tuellement(GH ou SlH) tabiquée par

sén:€ (ÉnÉtiquel.

Stimule la c.oksance des03 phls (formation 8ccruode cartilaqe) et dæ musd€sMobilise les Érwes de graiesæ,

lGF.l (lnsulioo- Hormone hoduito prr le loie ên Rst€r& de croissô.lc!likê srowth pêptidhue' répons€ à l'hormoôs d€ dlez l'enfant.fastor 1, (actuellem€nt crobsânc€, donl elle complàtesomatomédirc A) fabriquée par l'action.

d9 svnfrà€ in€rt€, immérri8tomolt .n dissolv.rtcompoçées l'oxygène et en le déliwamd'atome€dcfûor auxmuscl6.et de carbonê.

sanguir€6 on drirurtioorygâration et sousanegdléEie.Déù!6se rÉpirstoiradec nouveau.nê.

Homon€s Agbsont sur 1e3 musdË,anabolÈônts stéroidcsrt hs os et la moelle oEs€use, Escar€s, bnilur6lnardrolone, de synthàse voiines Arabolisôllts plus puissants quo Géogoroso.stanozololl de la tsstodâone la t6lostÉrone, avoc mdns

d'e{id virilkant.Strydrnhe Aæloide vésétsl Bloque I'action de 18 gvcine tobsolètel

tirô dc la noix - un ncurcùansrettaùr inhibit€ur Convaletcence de maladievomhue, de l'ac{ivité nervcuse - dsns lè aiguè, 3ulmenagô,

coryoau ôi la no€lls épiîià.ê. frigidité...Pêul provoquê. d€g spasrn€qmusculâirG, d6 cfi Yubions

Coûtôle les caractèrG sexuels.Agit Eur nombre d'olganos,cn pârtidrlier le cerveau,l€ caaur rt la6 mu6cl6.

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I

)

Page 37: Dossier Du Dopage

sang et d'hémoglobine. Un avantage précieux no- de Cincinnati, a aupprenté de 150 o/o la force de ses

tamment pour le ski ou la cou6e de fond. Ia na- jambes en trois mois de " cures électriques ". Detation ou le patinage de vitesse. Ce recours a été même. Ben Johnson. qui a pris neuf kilos de

suspecté dès 1956 aux J.O. de Melbourne, quand muscle en quafie ans. outre ses exercices d'halté-on remarqua que dix des vingt-sir soviétiques mé- rophilie couplés à la prise d'anabolisants - d'oirdaillées étaienl enceintes. La Finlande et la RDA son sumom ( Benoïde "- subissait trois fois paront été aussi mises en cause en 1976. semaine des séances d'électrostimulation.

La liste des engrais musculaires ne cesse de s'al-longer. On recourt ainsi maintenant à de petitsfacteurs protéiques comme l'IGF-1 (pour insuli-ne growth factor-1). svnthétisé naturellement Parle loie en réponse à l hormone de sroissance...

Pour auta . les adeptes du gonllage ne délais-sent Das l'electrostimulation. Celie-ci consiste à

utiliser du couranl électrique pour faire " tra-vailler " les muscles. Cette excitatian électrique au

repos perrnet d'obtenir un gain de force non né-

i( gligeable. Les électrodes. petites plaquettes de

métal destinées à transmettre le courant. sont dis-posées en des points appelés points moteu6 (à lajonction d'un muscle et de son nerf moteur). L€rendement est exc€llent puisque la contraction se

fait sans raccourcissement du muscle. donc sans

môuvement du segment de membre sollicité. C€t-te électrogymnastique permel de développer levolume et la puissance de muscles comme le fontdes programmes de musculation. Elle a I'avantagede pouvoir cibler des fibres musculaires particu-lières. pour développer des efforts spécifiques.Lélectrostimulatio[ habitue le corps à exploiterdes réserves énergétiques et des muscles qu'il n'apas l'habitude de mobiliser. C'est pourquoi elleaméliore notamment les fins de courses (sur 400ou 800 m). Des Soviétiques assurent avoir obte-

)r nu des gains de force musculaire de 50 % aprèsvingt iouIS de séances (comprenant dix stimula-tions en 10 mn). Mieux. Jim Schnur. décathlonien

LES . CHEFS D'OR€HESTRE "Larsenal continue de se complexifier avec des

produits chargés d'orgartiser et d'orienter la mo-bilisation du corps. Les corticoïdes - des hor-mones stéroÏdes qui proviennent nâturellementdes surrénales sont précieux pour leur actionarti-inllammatoire. anti-allergique. mais surtoutrégulatrice de l'humeur. On peut les prendre directement ou agir sur leur sécrétion. qui est sous ladépendance d'une autre hormone. la corticotro-phine ou ACTH. Naturellement produite par laglande hypophvse. cette hormonc protéique a étédéveloppée pour traiter les arthrites rhumatoiides.Sous l'influence d'un stress, la mrticotrophine estlibérée en plus grande quantité par l'hypophyse,avec pour résultat de déverser dans le sang dessubstances dites " d'urgence u (comme I'adréna-line, sécrétée par les surrénales) grâce auxquelleslirrganismc pourra lutler contrc l agrcssion.

Restée . souterraine " entre 1960 et 1980. lacorticotrophine aida plus d'un à se sentir invin-cible. Dans le cyclisme. elle entre dans la compo-sition de la fameuse " friandise du Dr X " (conte-nant aussi de la cortisone et de la testostérone).Cette hormone. qui augmente la résistaoce à l'cf-Iort et calme les douleurs. aurait servi à l'Olym-pique de Marseille. selon le Dr Jean-Pierre Bour-geois. membre du groupe de travâil " médecins dusport et lutte contre le dopage ".

têsio€iérono, holmone d€ croissanca lGHllactoul dê nbération de l'hormolle de croissancc (GHRH)

Stiruhnt3 dq 3vdm. n.rv.ux cfitll (3ûtElmln , dcodn ,lIl.l c, aiahr. llcool, lmolitrmin.s, adifur, corriGoid.a

morDholosiqu6, llandrolone,tscloctÉonê,homoncdlcrobsancô

36

Page 38: Dossier Du Dopage

Les cortico-stéroldes eux-mêmes(cortisone. cortisol...)ont des effets antal-giques et anti-exsuda-tion. Euphorisants. ils ai-dent à lutter contre le stress etsont prisés par certains cyclistes

/tneÀara ti.".n., ,'.ridop. a tu

lcortiso[e pendant trois ans). Celafait des . bolides " aux vi-

/sascs bouffis er aux veux, len-amande. L'abus dË cesrsubstances

peut conduire âdes atrophies musculaires.des crampes. des troublesoculaires. des pertes desdéfenscs immunitaires- desembolies....

Pour " débrancher )l'organisme de ses signauxd'alarme. certains n'hési-tent pas à prendre desagents de blæage du systè-me nerveux dit " sympa-thique ". Dénommés bêta-bloquânts (nadolol.acebutolol), ces derniersservent en clinique contrel'hypertensioo artérielle.Dans I'usage dopant. ils

oo

s'opposent aux mécanismes d'adaptation à l'ef-fort. raleltissent la fréquence cardiaque et mas-quent les manifestations de I'hypoglycémie(sueurs, tachycardie. qui " font prendre dusuûe )). lls sont utilisés pour le confort psychiquequ'ils procurent - stimulant de I'attetrtion (tir à

I'arc, course automobile) et relaxants.

DAVANTAGE D'OXYGÈNEDans les enceintes sportives, I'inhalation d'oxy-

gène durant les épreuves apparaît périodique-ment depuis plusieurs décennies On la retrouvemême chez les footballeurs à la mi-temps des

règlements sportifs. MacEnroe put ainsiprendre " quelques bouffées " lors d'une exhi-bition au Mexique en 1987.

Autre < ballon d'oxvgène ". l'érythro-poiétine (EPO) est apparue dans lescercles sportifs dès 1987, alors qu'elleelait encore en experimenlation clinique

- sa mise sur le rnarché attendra l'annéesuivante. Normalement produite par les reins.

cette hormone protéique gagne la moelle des os.où elle slimule lâ production des globules rouges

La précision bêtallr relârent et rtlmulent l'.ttentloû : lG5 bêtà-bloquantr, qul ralentlJtent la fréquen<ecardlâqr€, ont fôlt leur entrée dônt dênombrêux rporti dê prédslon.

détenJeilllrmùnl-tôlrcr.

L euphorieen pilules

Ântl-dorlêur, ân'llttrcst, lei cortl-

cofdet à hâutedore provo-qselt un€atrophle dêrnua<lea êt uneffohdrê-

ment der

matchs : au stade Athletico de Madrid. les ves-

1] tiaires sont équipcs de masques â oxygène. No-

J ,..rn, qu.,.r*yg(ndron n e5! pas lnrerqlre par les

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Page 39: Dossier Du Dopage

ït)le

æ rT toc

(appelés aussi érylhrootcs). lssuc du génie qéné'tique ct utiliséc pour lcs insulfisants rénaux dialv-sés qui soufirent d lnénic chroniquc. lfPO cstrésenée en France à lusage hospitalier. \lai: son

action sur lùs globules rouges en lait un dopantde prenlier choi\. surtout pour les disciplinesd'cndurance lcourses ou ski de fond). Augfientcr le nombrc de giobules rouqcs. c'csl en cffctaccroitre l apporl dirxygène aux nr.rscles. La prised EPO doit alors ôtrc couplée'à cc11c dc fer. quicntre dans la compositir-rn de I hémoglobine. lepigmcnt rransportcur d'ox1gùnc contcnu par lcsglobules rouges. Lc médecin suédois Bjorn Ek-blom a releré une améliorltion dc l()91 de len-durance chez une dizaine d'athlètes sous EPO- quiont l impression " d avoir un turbo " I Dans iesan-t. l EPO disparait rirpidernent. tandis quc scs

'1. etlcts ciurent plusieurs scmaines... Arec. bien sûr.ie rcrcrs dc h médaille. L EPO. si elle est injrctée trop vite. peut engerdrer un slndrome grip-pal avec hvpeflhermie- frissons et douleurs nrus-cuhircs. Elle peut aussi provoqucr des embolies.Lln deuxième facteur dc croiss:rnce nlturel desglobules -sanguins. f intcrlcukinc 3 (produitc par lapeau et par les globules hlancsl. a déià fait sonentréc sur la scène du dopagc.

Autre solution;l aitittide. oit lair est raréfié enox_vgùnc. I)cs biologistes ont montré qu ellc pro-roquc unc lirbrication accrue d EPO naturclle.Lors de Ieurs sta.qes. les athlètes ont ain\i lré-

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quemment l'occasion dc passer clans deschambres rlites " d'altitudc ". oir l'air est identiqueà cclui trouré à.1000 m. pour dcs curcs dc dcuxou lrois scnaines. Les Allemands de l Est a\aientrésolu le problèrne en construisant à Leipzir unstade souterrain. placé sous un autre. qui possé-.Irit tne :rttnorphcr< c, rntr, rl(( (n

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mettait de reproduire les.lfets d une altitude deJ 0(X) mèrres

Les dopeurs sont très ilttcntifs irur perfor-mances des transporteurs artificiels d oxlsène. Enprtmiè!c lignc. lcs pcrlluorocarboncs (PFC). molécuies totalement artificiclles produitcs par lin-dustrie depuis les années -10. pour des usaqcs \.a-

riés (les " liéons " des anciens réfrigérateurs enlont partie). Ces composés ont I élonnante pro-priété de dissoudre l'oxlgène et de le rclargucr à

xrionté. La ciifficulté cst ici d obtenir une émul-ri n.l'thre cl .'(nlc - Jc PfC l,'ur l,,u\,,rrl injecter dans le sane. Ces produits. testés cn cliniquc. n oDt pas encore reçu en France d autorisatron J.'n)l\c çur lc mlrche. I c. urlliscr c\po.ç rdes risques d embolie gazeuse. Dcs hémotlobinesrccombinantes. labriquJcs par rénie uénétiquc.p()urraicnt aussi majorer la r itesse d orvgénationdcs tissus.

BROUIILER LEs PI5ÏE5Rrur clïaccr la trace dc substances illicites. tous

les diurétiques qui accélèrent l élimination des

Page 40: Dossier Du Dopage

produits sont efficaces (tels lEdecrine ou leksilixmrerdits depuis 1987). On a d'ailleun w. dans leTour d'Italie en 1968, des cyclisles qui, après avoirpis des diurétiques et uriné à l'abri des regârds in-disqetf se faisaient injecter de l'eau distillée dansla vessie avant de se présenter au contrôle !

Les diurétiques sont d'autant plus tentants pourc€ux qui ont intéret à être lége6 comme les ju-dokas, les lutteu ou les jocke)s. I-e but est ici decombattre dars une catégorie inférieue. " ,4pr?Jla pesée olfcielle, Ie concurrmt absorbe de grandesqwn{ttés de li4uide pour rcgsgnû quel4ues kilos etbénéficier d'un atout r, précise Patrick Laure (2).

Lo$ des Jeux ol)'rnpiques de Séoul (1988), le ju-doka Kerrith Broçn a ainsi été disqualifié pouravoir utilise du furosémid€ sous Drétexte de traiterson genou droit enflé.

n existe des duos inconioumables læ café per-met de masquer l'alcoot, car la vitamine PP qu'ilcoDtient. active sa dégradation (d'où la tladitioD Inon sportive:boire une grande tasse de café uoir /après s'êrre alcoolisé). Le fructose. à fone dose. /agit de mème. De même. les anabolisanrs peu-vent devenir invisibles sous probénicide. En effet,ce produit, connu pour soigner la goutte et lablennorragie, retarde l'élimination urinaire desstéroides Et rien ne remplac€ le chlorure d'am-monium (acidifiant urinaire et diurétique) pourmasquer les amphétamines, Les sels alcalils.quant à eux, favorisenl I'absorption des amphéta-mines au niveau du tube rénal et ainsi prolongentet renforcent leur activité. tout en évitant uncontrôle positif par augm€ntation du pH desulines

Iiès à la mode, la géatine (naturellement syn-thétisée dans les reim et le foie) est un dérivé azo-té. Présetrte surtout dans les mùscles, elle joue lmrôle clé dans le slockage et la libérâtion de l'éner-gie. Les viandes. les volailJes et les poissons sontdes sources imponantes pour sa fabrication quiavoisine u! gramme par jour. Une idée répanduefait de cette molécule un produit masquant :

quand des quaffités élevées de créatine dégadéepassent dans les urines les données des aûalysespeuvent etre faussées. D'autres vantent ses ver-rus énergéliques. < Ça permet de s'entalner plwdur a de récupêr* prur vte, assure Frânçois Ve6-ter, le médecin de l'équipe des Springboks,joueurs de rugby sud.-AtÀcaiÛs. Elle augmenteawsi ls rwsse muscrlaire ". Ce demier reconnaîttoulefois que le < pro duit n'at pas d,épouttu d'in-convénient et qu'il peul notamm.ent causer un pto-2 - voir h dês(riFio'l ro(afiùoles+ê dê G. PetêR dâr8 lts ,'1oi!ûra looÉdù r,n8, È 147, editjol l-a TaÀle Rondê, 1959.

blème de rétention des à4uadzs ". Lidée est que lesapports massifs de cette substance peuvent ac-croître les réserves énergétiques - la créatine estconsidérée à l'étranger comme une forme de com-plément alimentaire -mats n il n'en est ien, assu-re Jacques De Ceaurriz, directeur du Lâboratoirenational de dépistâge du dopage installé à Châte-nay-Malabry. Des régulations au sein de la cellulemusculaire s'oppose à une accumulqtion, et toutsurphs est éliminé. Mais on peut craindre que de

fortes consommations de ûéatine nuisent au cæutou au rein ù. En France. elle reste interdite dansI'alimentation ou comme complément nutritioB-nel. Pourtant la société Body-planet (basée àBesançon dans le Doubs) proposg vm intemet, dela ( pule créâtine " pour récupérer ( force eténergie "... -1

Forn s{ il\ror Ëlrc r

- lean-Pienr de Mondenald, DiliMnoir! és sursbnces et Fqaédb doDqrb !n Èciqt € Spfli,E, Masm, 199 I

- Jon.Pierre de Mondenard, Dlpo8e ourj€u, olynpique!, lotite /é@n

'€iser, hphorÀ 1996

- tàtri* L.uæ, b ôpogÊ, ruE 1995.

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1Ices publications. particip€nt à

des congrès. et se disent : tiens làon pourrait peut-être essal'cr.

J.-P. I: Les médecins dontvous parlez sont-ils rattachés à

des équipes sponiles?Patrick Laure : Pas nécessai-

rement. On a eu. en France. uncas qui n a jamais reconnudoper des athlètes: il étaitpartisan du rééquilibrage hor-monal. Il n était pas rattaché à

une équipc. Officiellement. ce

n était pas un dopeur.

.L"P. I ; Autrefois les prescrip-teurs de produits dopantsétaient les soigneurs: est-ce tou-jours vrai?

Patrick Laurc; Oui. Mais ilfaut parler de l entouragesportil au sens large : l'entraî-neur. le préparateur physique. lemanager pourquoi pas? Le diri-geanl du club. le soigneur. voireles parents. Cela ne signifie pas

42

LE MAILLON VISIBLEl'eremple de Ben lohnlonl'lllurtre : loEque leJ enieux3ont lmportôntr, le dopâgepcut impllquer pluiieursmembrc3 de l'êntourage duiportlf, Du foumisteur ausoign€ur, ler tâcheJ étnlentbien partôgéer.

que dans les faits ces Elens-làsont des dopeun. Mais ils le sontpotentiellement.

J."P. I : Est-cc qu au sein decette < chaîne > du dopage. il ya un partage des tâches?

Patrick Laure r Difficile de ré-pondre. On a I'exemple de BenJonhson- dont l'entrâîneur à

l'époque. Chârlie Francis. don-nait le produit à haules doses ctétait approvisiomé parle méde-cin de l athlète. Dans ce cadre-là. il v a\,ait effectivemenr par-tage des tâches. Dans laeénéralité. cela peut se passercotnme cela ou autrement. Dans

les pavs de l'Est. notamment enR.D.A.. il v avait une organisa-tion padaitement structurée dedopage des athlètes. avec descentres d'expérimentation surles enfants. des centres d'étudedes nouvelles molécules. descentres d'études sur la détecta-bilité des molécules dans 1es

u nes. et tout cela chapeautépar l'Etat,

J.-P. l: Existe-t-il des pro-grammes de dopage 'l

Patrick Laure: Oui e1 non.Tout dépend de la façon donton définit le dopage. Si l'on s entienr à sa délinition légale. c'est-à-dire aux produits inscrits surla liste. il est difficile de parlerde programme quand il s'agitde dopage artisanal. Sauf danscertaines disciplines extrême-ment spécifiques. comme leculturisme ct les disciplines deforce où- effecti!emen:. on faitdes cures pendant deux ou trois

&

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mois en mélangeant plusieursproduits. Mais s'agissant desportifs de haut niveau. il peuteffectivement y avoir des pro-srammes de dooase seloî-lâspécialité. Mainrenant, si l'onadopte une définition plus largeen parlant de conduite dopante- dans ce cas. ce qui compten est pas la nature du produitmais le comportement deconsommation d'un produitpour être performant - alors là.même au niveau artisanal. ilpeut v avoir des " pro-grammes >. Par exemple. lecoureur de marathon qui vaconsommer une dizaine d'am-poules d'arginine. six âmpoulesde magnésium, tant de compri-més d'autre chose. etc. pendanlun mois et demi âvant chaquecource.

J..P. I I Dans le cas du dopageartisanal. d'où vient la connais-sance des produits?

Patrick Laure : Du bouche àoreille. des tuvaux que l'on vaéchanger avec son médecit ouencore de petits ouvrages quicirculent sous le manteau. voired'Intemet tout simplement.

J..P. I I Si l'on prend les troisgrandes classes de dopantsactuelles EPq stéroides anabo-lisants. hormone de croissance.comment panache-t-on toutcela ?

Patrick Laure : Il faut d'aborddire que ces produits ne sont pasutilisés dâns toutes les disci-plines et que le programme vabien sûr dépendre des possibili-Îés financières et techniques del'usager lui-même.

J.-P. I : Imaginons que ce pro-blème ne se pose pas. Par quelproduit va-t-on commencer?

Patrick Laure: Si l'on pra-tique une discipline d'enduran-ce et avec les conseils tech-

niques et les produits néces-saites. on aura tendance à com-mencer par des produits com-me l'érvthropoïétine. Elle arelativement bonne presse : onsait maintenant à peu près lamanipuler en usage détourné.Par contre, s'agissant de pro-duits limites du type PFC ou hé-moglobine réticulée. on serabeaucoup plus réticent.

J..P. I : On évoque un pro-gramme de dopage qui consisteà séquencer dans l'ordre la pri-se d'anabolisants pendant unepériode de 2 ou 3 mois en pério-de d'entraînement, puis celled'hormone de croissance et en-fin celle d'EPO. Est-ce qu'un telmodèle a un sens?

Patrick Laure : Oui, dans unediscipline d'endurance. style cy-clisme. Cependant. il existe biend'autres modèles. notammentdals les disciplines de force. Enfait. il v a plusieun modèles pos-sibles avcc des produits qui sontinterdits dans certaines disci-plines et pas dans d'autres. Parexemple. dans le tir à I'arc. ils ajoute aux produits interditspar le CIO un certain nombrede produits qui. semble t-il. sontspécifiques : antidépresseurs.ântipsychotiques, anrihista-miques et sédatifs, hypnotiqueset tranquillisants. Or si l'on apris soin de les âjouter. c'esrqu'ils ont été ou sont utilisés Ama connaissance. il n'y a doncpas de programme d€ base ; onrecherche des effets adaptés àchaque discipline. Cela dit. pourreprendre le modèle que vousavez évoqué el si i'essaie de merattâcher à des cas concrets. ilfaut y ajouter un corticoide.

J.-P. I: A quel moment?Patrick Laure : Soit imrnédia-

tement avec les anabolisants:soit entre les anabolisants etl'hormone de croissance. Tôut

en sachant qu il s'agit là d'unprogramme très général. à la li-mite presque inopérant. car ilest inutilisable tel quel. Chaqueprogramme est en effet conçuen fonction de I'usager lui-même. I1 est personnalisé au ni-veau des produits et des posolo-gies : doses quotidiennes etdurée de prise.

J.-P. I : Comment définit-onles dosages et les posologies ?

Patfick Laure : C'est très em-pirique. au moins au début. lorsde l'apparition d'une nouvellemolécule. C'est la raison pourlaquelle. arec l'EPO. on a connu ip,tanl de ddcès vers 199(]. date oir I l on a commence à l'utiliser de I

façon rnassive dans les milieuxsportifs. Comme elle était dé-tournée de ses indications théra-peutiques. on ne connaissait pasles doses De façon générale, les

" expérimentateurs > partentdes doses thérapeutiques etcomme elles ne correspondentpas très bien. ils les doublent- lestriplent. etc. jusqu'à trouver labonne. Pour certains produits.comme I'EPQ la marge de ma-ncuvre est ccpendant très limi-tée. Quand on excède les doseson a des accidents Aujourd'hui.l utilisation de l'EPO semble cptioti mieux connue. mais cen est pas le cas des PFC. ou deI'hémoglobine réticulée ou dela somatomédine (IGF1).

J..P. l: Ces décès concer-naient-ils des cyclistes ?

Palrick Laure : Oui. des pro-fessionnels dans plusieurséquipes. On a rattaché cela àI'EPO. En fait on n'en sait rien-Mais c étair assez eitrange ; une \vingtaine de décès en un an et 'demi à peu près. donr les aurop- (sies concluaient notamment àdes thromboser à une hvpervis-cosité sanguine etc.. qui sont les /effets secondaires de I'EPO.

43

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J.-P. I : Dans la déterminationdu seuil limite. le seul critèrepertinent. c'est donc l'accidentgrave ?

Pâtrick Lâùre : Oui. l'accidentou I'hcident qui hdique que leseuil de tolérance est dépassé. tlI'est évidemment quand on ar-rive au claquage. à la thrombo-se ou au décès

J.-P. I: Ce que vous ditessemble impliquer l'intervention.au moins au départ - lors duchoix de nouvelles molécules -de gens capables de tenir desraisoBnements scientifiques re-lativement sophistiqués. . ..

Palrick Laùre : Initialementoui. pour des m&icaments quine sont pas encore commerciali-sés- comme I'interleukine 3 oul'hémoglobine réticulée. Uinter-leukine 3 aujourd'hui n'est en-core qu'une molécule expéri-mentale dont on ne sait mêmepas si elle Ya être utilisée com-me médicament. Or cela faitdéjà un ou deux ans qu'elle au-mit été détoumée au protit de laperformance en associationavec I'EPO ou d'âutres pro-duits. Il a donc bien fallu quequelqu'un y pense. puis qu'untechnicien s'en serve.

J.-P. I : Sur quels critères s'ef-lectue le choix de détoumer 1e1-

le ou telle molécule? La décou-verte que certaines ont. enprâtique médicale. des effets se-

condaires intéressants ?

Patrick Laure : Parfois. maispas toujours. Dans l'érythro-poïétine, c'est l'effet principalqui est recherché : la multiplica-tion des globules rouges, Dansla testostérone également :

l'anabolisme. la création de tis-sus musculaires. De façon géné-

rale. ce qui i éresse. c'est la re-cherche d'effets qui se

produisent à des doses. en géné-

ral. non thérapeutiques.

44

J.-P, I r Le mélaBge des pro-duits accroît le risque d'interac-tion médicâmenteus€ et d'effetsindésirables Ces risques sonl-ilspris en compte ?

Patrick Laure : L'essentiel. àma connaissance. est que l'usa-ger puisse atteindre son objec-tif. Pour un sportif : concourir.engraîger l'argent et les points.Les effets à long terme, a piorLon n'en a rien à faire. Quantaux effets à court terme- évi-demment on s'en préoccupequand ils sont majeurs Pour cer-tains produits. on se rendd'ailleurs compte que l'expé-rience des effets indésirabless'accroît avec celle de I'usagedélourné. S'agissant de Ia nan-drolone. par exemple, l'un desanabolisants les plus utilisés enEurope, les usagers eux-mêmesvous décrivent parfaitement lesdoses à utiliser en fonction dupoids Ceux qui ont travaillé unpeu plus la question sont parfai-tement aû courant des effets in-désirables. Ils savent qu'à par-tir de telle ou telle dose, ils

trisquent d'avoir un faciès un peuDllunaire. des rétentions hv-

ldriques. voire une gynécomas-tie mais ils connaissent les pro-duits qu'ils doivent prendredans ce cas. Il existe donc uneforme de gestion de l'interactionmédicamenteuse- mais limitéeau court lerme : il ne faut pasque des effets indésirables vien-nent entraver la recherche de laperformance. A long terme. celaconcerne la santé en tant quetelle. et en réalité les gens n'ypensent pas.

J.-P. I : Lâ prise de ces pro-duits dopants s'accompa$le-r-elle de mesures d'accompagne-menl particulières ?

Patrick Laure : C'est indis-pensable. Un sponif pourra biense boufier de testostérone. s'iln'augmente pas en même temps

ses apports protéiques etglucidiques et s'il ne pratiquepas un exercice physique adap-té. de la musculation intensivepar exemple. il n'augmeîteraja-mais sa masse et sa puissancemusculaires

J.-P, I : Au prix de rupturestendineuses parfois ?

Patrick Laure : Il arrive en ef-fet très souvent que les tendonsne suivent pas. Mais certainsproduits sont supposés amélio-rer leur résistance. Là on nage,en fait, en plein délire. On estdans le milieu flou entre l'effi-cacité réelle du produit et celleque I'usager lui prete. Au fond.c'est cette efficacité-là qui estimportante.

J.-P. I : Sous-enteûdez-vousque les produits dopants n'ontpas d'efficacité réelle ?

Patrick Laure : Non- bien sûr-

encore que I'on n'ait jamais pula démontrer formellement. Je

m'explique autrement. Prenonspar exemple les stéroides anabo-lisants. On trouve autant depublicâtions médicales et scienti-fiques qui démontrent que celamarche en termes de gains depuissance, de force etc. quedepublications qui démontrent lecontraire. Tout cela bien enten-du pour diflérentes raisons.Cependant. en 1993. I'OMS aémis la conclusion que danscertaines conditions cela pouvaitêtre efficace. Enfin plusrécemment. en 1996. un lravaila été effectué sur la testostéroneet a démontré son action eftecti-ve à des doses suprathérapeu-tiques et en conséquence aveclous les graves problèmes quecela pose,

J.-P. I: Est-ce que les gainsdus au dopage ont été évalués?

Patdck Laure : Oui. pour lesanâbolisants en termes de lever

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:E $ids. S'aexssant de l'érythro- sur la longue durée. a-t-on une:'r::line. des é\'aluations ont idée de leurs elfets cumulatifsi:j.(mcnr élé latlcs.5ur unc I surl'organr<mc?: :nr de ski Je lond dc 15 km. I Patri(k Laure: Non. ricn du-...r permcttrait tlc rlencr rlcur r(toul Ël c c\l un drlmc. On ne-'::rdlc\ à l arri\c(. soil unr dif \.ait d abord ricn dc cc qu il \e::rence de 20 places. A haut passe aux doses utilisées. EpO:lr eau bien sûr. oùr la microsc- 3. ,1 voire 5 fois les doses théra-

:..ndc comptc. peutiques: testostérone :20.30fois voire .10 fois les doses utili_

J.-P. I : Si l'on considère iies sées en médecine quand ce n'est:rogramme: de dopage. répétés pas pour certains 200 ou 300

fois. Tout cela à long terme asans aucun doute des effets gra-vissimes en termes de cancers.d'hépatitc. ctc. Mais pour lesconnaître. il faut qu'un médecin.confronté à ce tvpe de pro-blèmes. ait le réflexe de penserau dopage. dc l'identifier claire-ment comme la cause. et de pu-blier dans des revues de qualitéqui seront lues en France et à1'étranqer. On ne connaît doncque des cas et il est impossiblede généraliscr. Pour décelcr ceseffets à lonq termc. il faudraitdisposcr d'études épidémiolo-giques. 0r elles manquent pourdeux raisons : premièrement.elles sont très difficiles à mettreau point: deuxièmement, lemonde médical. au noins jus-qu à présent. se contrefiche dudopaee.

J,-P. l: En termes financie$.avez-\rous une idée des coû1sd un programmc de dopaec ?

Pirtrick l-aurc : Tout dépenddu produit. A na connaissance-un cvcle de base ibrmé d'hormo-rrc dc croissance ct d EPO re-vient aux environs de -300 000francs par an. C est un premierindice. Cela peut monter piushaut sclon l'orisine du produit.D une certaine façon. il vautd'ailleurs mieux que cela montc.Par exemple dc l'hormone decroissance vcndue sur le marchénoir à 80 francs I'ampouie. c'estextrêmement douteux: ce n'estvraiscmblablement que de la tes-tostéronc. Autrc cxcmplc. pourles culturistes qui concourcnt auniveau international. le dernier

LES OUBLIÉSDE LA PETITE REINEVers 199(r, le cyallrme â perdùune vlngtalne de coureursprofeJslonnela en ùn an etd€]nl. Ler dé<ès étaient dur àune thromboae ou une hyper-vls<otlté du Jang, effetrsc<ond.ires conns3 d€ l'EPO.

4S

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=I

I,IONSIEUR MUSCLEA TOUT PRIXLer prodrltr dopantr iont prltà d€r doser largem€nt.uÉrleures à <êller utlllréeren mllieu médl..l. Ler*érofder ânôbôllÉntrpcuvent volr leùr porologlemultlpllée par 2(X, ou 3OO!

mois de préparation revient ac-tuellement à 90 000 francs enproduits (bêtastimulants. anabo-ljsants e1 hormones léminines).Pour ceux qui concourent auplan national. c€ denier mois re-vient à 12 000 francs. Mais surunc année. Ies dépenses sont for'cémenl plus élevées. car il fauts'entrelenir avec o cures " detrois à quatre mois.

J..P.I: Entrc le prix officieldeces produits e1 leur valeur sur lemarché noir. quel est I'ordred'écart?

Patrick Laure : La dosed'EPO que l'on achète environ

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200 francs en milieu hospitalierpeut. sur le marché noir. mon-ter à 2 (X[) ftancs. en fonctiôn del'offre et de la demande. La tes-tostérone, dont le prix est de 7 à8 F l'ampoule en officire. se re-vend entre 100 e1 150 F. L HCG.l'hormone chorionique, se mon-naie de 300 à 500 F. pour une di-zaine de francs sur le marché lé-gal. Ceftains tarifs sont trèscurieu:i. Un usager me disait ré-cemment avoir trouvé une am-poule d'IGF1 sur le marché noirà 600 francs. Je pense qu'il s'estfait avoir. car I'IGFI n'en estmême pas au stade du médica-ment. Aujourd'hui, celte molé-cule n'est encore qu'expérimen-tale en médecine. Sa valeurréelle dépasse plusieun dizainesde milliers de francs

J.-P. I : Ces produits peuvent-ils être fabriqués de manièreclandestine?

Patrick Laure : Ce n'est pasimpossible et cela peut rappor-

ler gros. Avec un investisse-ment initial d'environ 5 000 F entestostérone-base. matériel dechimie et réactifs il n'est pas trèsdifficile de produire chez soi desstéroides anabolisants qui rap-porteront 500 000F au marchénoir. Il suffit des connaissancesadéquates en biochimie aux-quelles s'ajoutent celles dequelques astuces. Le caséchéant. si ces connaissancesmanquent. vous pouvez écoulerla testostérone-base au marchénoir à un prix de l'ordre de12 000 F le kilo. Des rumeursont circulé selon lesquelles cegenre de trafic se pratiquaitdans les pavs de l'Est.

J.-P. I : Mais ces produils debase sont normalement réservéà l'industrie pharmaceutique :

leur circulation doit êtrecontrôlée...

Patrick Laure : Normalementoui. Comme le sont les stupé-fianls depuis 1961. J

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t*n,',,La dopedu

futurAu XXIe siècle, l'organisme( reprogrammé r' produira-t-il lui-mêmeles substances quiaccroîtront de façondurable ses capacités?C'est ce qu'on peutredouter.

PaR ItoRorHÉE BE oFBRowaEys

EÎ EUMA UEL llo ixER

::,I{i{i#f rx;Mi!'sf infonctionnement de l' organisme, expliqtse Gér ardDine, directeur de I'Institut de biotecbnologiesde Tioyes et chef du service d'hématologie. ,Ayec

le genie genétiquz et des molécules comme I'EPOou I'hormone de croissance, on intervient désor-msis au ceur même des communications cellu-laires. On effecnæ une vëitable reprogrammarionbiologique de I'organisme, qui augrnente de façondurable le potentiel physiologi4ue disponible "

Ainsi, avec l'injecton d'érlthrcpoïétine recom-binante (c'est-à-dire obtenue par génie géné-tique). on < reprogranme > la moelle osseusepour qu'elle fabrique beaucoup plus de globulesrouges que préw. Cela permet d'augmenter letaux d'hémogobine, donc le transport d'ox-ygène,

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paramètre majeur intervenant dans l'effort mus-culaire. De même.l'interleukine 3 (ll3), factew decroissance qui intervient sur les cellules souchesde la moelle osseuse, comnence elle aussi à mon-trer son efficacité dans le dopage (en cocktail avecI'EPO). Moins specifique que l'EPq e e agit aus-si sur la production des lymphocy'tes et des pla-quettes. Quant au facteur SCF (pour Stem CellFactor car il active les cellules souches de la moel-le), il est déjà utilisé en milieu sportit alors queson autorisation de mise sur le marché (AMM)n'est pas encor€ déliwée (il sert pour I'instant uni-quement dans les autogreffes ou les thérapiescellulaûes).

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La démarche est donc désormais d orienter l'in-génierie cellulaire au profit de I'effo pré\.'u. ln-jecter de l'hormone de croissance chez des adultes(où les taux naturels sont très faibles) aboutit ain-si à faire " cracher " aux cellules hépatiques desfacteurs de croissance. comme I'IGF1. dont lespropriétés anabolisalÎes intéressent les sportifsIl s'agit de manipuler I'organisme pour qu'il ac-croisse de lui-même son propre potentiel. Et pourcela. tous les facteurs de croissance peuvent êtreréquisitiomes : ceur qui fonl croitre les vaisseaurcomme ceux qui augmentent Ia poussée des neu-rones la prolifération des tissus osseux ou tendi-neux. S il s avère que plusieurs d'entre eux puis-

sent avof une utilité dans l'accloissement des per-formalces sportives. nul doute qu ils seront utili-sés. o Dans Etelques années, on disposera de fac-teurs de croissance neurologiques, tasa aires,mtuculaires, pemtatant une modi.fication anificiel-le eî durable du fonctionnement d'un organe. Lestechniciens du sport vont pouvoir faire collerchaque dopage au cahier des charges précis d'uneperJitrmance exigée,. prévient Gérard Dine. quisouhaiterait voir s'instaurer dès à présent un dé-bat sur l utilisation prévisible dans le spon de cesmolécules D'autant qu'elles seront difficilementdétectables. car rapidement détruites par l'orga-nisme. D'ores et déjà. les rnédecins disposent de

49:

Ij,-J

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Une solution : I'autogrefleDes protéln€3 re<omHlaDter ro.rt d'orê3 êtdqà utllBéer pour rép.rer des tlsu3 abîmér,commc le <nrtll.g€ du g€nou (lcl ên ôÉhror<o-ple). On prélèye un bout de c.rtllôge, on ampllflc ir yrtro Ie développentent dêl ccllrller, pul3on |ct rélDlecte âr iportlf,

15 à 20 molécules recombinantes de ce type. desprotéines obtenues par génie génétique. La lepti-ne. par exemple, qui régule le stockage des acidesgras D'autres sont utilisées pour réparer des tissusabîmés. " Pour un footballeur de 35 ans dont les

I cartiLages de genou sont abrusés à 30oÀ, il est dé-i sormais possible de prélever un bout de cartilage,

, d ampltfier in wtro le developpement dcs cellules

ç ) avet un facteur de crcissance. puis de les rèinjeter' I par autogreffe sur le sporrif -. indique Gerard

I Dine. Une tecbnique qui consiste. en somme. à

faire pousser du cafiilage hors de I'organismeavant de le réimplanter. Or dans cette < repro-grammation du cartilage ,, qui permet au sportifde se reconstituer artificiellement. le dopage n'eslpas loin. En effet, une telle thérapie cellulaûe seravraisemblablement étendue pâr la suite auxmuscles. aur tendons...

Ces facteurs de qoissance ont pourtart un han-dicap. Obtenus pour la plupart par génie géné-dque. ils coûtent cher. Pour Jacques de Ceaurriz.directeur du laboratoire de dépistaee du dopage.., on peut attendre une vraie révohttion avec la miseau point de petits peptides artifr.ciels dits " mimé-tiques " capables de plagier I'action d'hormones >.

Ces molécules très sirnples sont faites d'environdix à quinze acides aminés. Elles peuvent doncêtre produites par synthèse artificielle. sans avoir

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recours à l'ADN. Nick Wrighton. biochimistechez ATfymax en Californie. annonce eû juillet1996, dans la revue Science, la découverte de cespeptides dits EMP (Erythropoietin Mimeric Pep-tide) capables de mimer I'action de I'EPO. Com-me loutes les hormones. I'EPO agit en se fixantsur des récepteun spécifiques distribués sur lescellules cibles de la moelle osseuse. < Bien queces peptides aient une formule chimiEte complète-ment drfércnte de celle de I'EPO, ils ont le mêmeej&t ". explique Michel Audran. chercheur à I'uni-versité de pharmacie de Montpellier. < Ils indui-sent Ia dimérisation (accolement) de deux récep-teurc à la sutface des cellules cibles de la moelleosseuse exactement comme le fait l'EPO. > Ces É-c€ptews comportent deux parties : I'une à I'inté-rieur. l'autre à I'extérieur de Iâ cellule. C'est lechaînage de la partie exteme de deux récepteu$qui produit le signal transmis dans la cellule. se-Ion un mécanisme qui n'est pas encore complète-ment élucidé. Les chercheurs de I'lnstitut R.W.Johnson de recherches pharmaceutiques, situédans le New Jersey. ont eu l'idée de lier deux pep-tides EMP par uu < pont > chimique. La molécu-le ainsi obtenue s'est révélée 1 000 fois plus effi-cace. que ce soit irl vitro ou in liva Un résultatqu'ont dû noter avec intérêt les sociétés pharma-ceutiques. En effet. disposer d'un produit bonmarché. capable de se substituer à I'EPO dals letraitement des anémies. ouyrirait de nouvellesperspectives à la fois thérapeutiques et commer-ciales. " La société lanssm possède un produit dece tvpe en développemert. précise Raynald Ga-reau. biochimiste canadien travaillant à I'univeni-lé de Trois fuvières. La Jo(iltl A mgen. qui com-mercialise I'EPREX (EPO recombinsnte) fait deson côté une étude clinique sur un prodLrit concur-rent, qui serait une sorte d'EPO " retard , ne né-cessita t q 'une injeaion tous les quinze jours aulieu de trois fois par semaine. " ajoute Michel Au-dran. Citons enfin la firme Ortho Biotech. qui segarde bien de communiquer ses derniers résul-tats en la matière.

VARIATIONSAUTOUR D'UNE HORMONE

L'hormone de croissance. dont tous les méca-nismes d'action ne sont pas encore connus, failelle aussi l'objet d intenses recherches. pour com-preodre et corriger les retards de croissance chez1'erfant. < La plupaft des sociétés qui produisentI'hormone de croissance recombinante (GH), c'està-dire Pharmacia- Uplohn, N ovo-Nordis k, SanofiLilly, Serono, s'activent pour trouver des produits

É

Page 51: Dossier Du Dopage

It:i ,1pt:il,l:enr t:s cft1\ Agir au cæur des os a.e .'. uiliiliJi.ilÏi,lc Ia 0H. ott tlpt tuh-

,,nr,", ,t,.,lr)),i ",,'" Lô moelle orreute, où nairrent ter globules rcaliser. rn reproduisanr. lânoutnr, devralt rester l,une d€j albler par génre ulnetrqu< un<rxplrque Fric Birrh. favoatei dêsdop€urr. o{*iri,'.àir.i,"il', de, prorcrnc <lc jiaison JcmeJecin eencticrcn au facteurs de ciolsran<e;i; ;;;;;ù;i;:

Centre de recherchc rrrr globules rouqe3 (Gomme le fâit déià !r I tc rrur lllone / rI

r, .roi"rn..- il:H*U l'érvth';oPoiéu".i "t

à-éi1".". ur"iri;Jip"'t GH ti,rcull en Pt,tndePurpan iJe loulous( -

d oxygène àul muJ(let p't !? lrce i ltn! prcûtne

rna'rrnacia-uprohnl. premier a.re de recherche : metlte sa dufte de t" rrrii::rT;,1]1"::,Ë;,:i:aqir sur les récepteurs de cette hormone. Lors_ f.t. l.t,n.mone i" crn,rron.".r, une pctite molé_qu elle se fire sur les cellules du tbie- r'hormune de ."1. q;i ;;;" ;" ;;sser à traven le f'tre rénal sicroissance lnteragit avec deux morécules du re- .'. i.riplr i.. irne protéire plus grosse. parccpteu er provoque reur dimérisarion' c est cet- t interneoiaire J'un un.u'nuour'r:Jqiip" o:Éiirc dimcrisati\,n qui c(t a l'orisjnË de lr reponrc Si.,l, , ,"iirjri,ï"ns Jer cslluler de papillr.rncelluhire. a.rec pour cttcr lrin;rpf,l laproduclion un. pr'nion Oïôi'corl.1nl pour la parlie cxter_'lufacreurde$oissrnceIGF'.'Ceyitcontlit,ion la_,i;.é;;;,;;,,;;r-à_dire ce'e qui esr suscep_qrisenblc ecersqire er suffisnnrc pour tléclett, tUf. a. r.ii.. a if,àrmone de croissance. < Ccs,her lt 17an5r1ar1.nn rlu tignal. trore Eric Bieth. ,"ttut", ," ,in, ,rriris i prorluire en. très grandeTotrt produrt capoble,le dtmlriter lea, riu,uu,, iî,,i;;:,;;;;,,';;,;,,:,::,,:";::,":;' 'i::T:::,:r,::;i:;,i,:::,,'T,',?;:,,0Jïïï,,ï,!1,1,:ï;!,::r/rdar o Pour l'heure. aucun cardidat. capabre de sigi, ir p."i"",-, d-une molécule identique à iamimer l'action dc l hormone de croissancè. n a été p-iei"i a. rt"iro"iumurn. ? Ricn ne permetofficictlemenr annonce. Le peprrde de srnthèse ;"";r.r;;;;;i;ffirmer. Mais ceue moléculeI'l::1" ". .cm,hlc doni pr. p.,ur ,tcnriin.. Lcs :.",nr-r" ,...rpll,. *. à;;,n*-... Ë;.;;;';*r;;.porlrt\ cn mal de nouveaules de\ronr arrendre. qu. ..,,. .ot..ri.'i;ti.;;r-r;;i.;;ii;;;::;.::

Deuxième stratégie : laciliter le transport de ti,rn l.f,o.*on. J. .ioissance de I.organisme: ill hormone de croissance. C'est ce que I équip. ,.nrui..ui,lu:iin:!n ro,t ri.n. " rn ftnrre Genen-

5l

Page 52: Dossier Du Dopage

,ecr, estime-t-il, va Jans doate sortir tès prochai-nemenl une substance équivqlente, qu'elle a déjàexpéimentée chez l'animal, "

La comaissance de certaines formes de nanis-me liées à des déliciences génétiques dewait dé-boucher sur uue meilleure connaissance des ré-cepteurs de I'hormone de croissance et de ses

modalités de fonctionnement. On comprend doncpourquoi les gènes des rares personnes - deuxcents cas dans le monde - atleintes du sytdromede Laron (nanisme avecdysmorphie) sont pré-cieux ! En effet, le syn-drome est dt à une mu-tation du gère codâ[tpour le récepteur del'hormone de croisance.Uindividu continue deproduire normalemenlcette hormone, mais ellereste sans effet sur la sé-

crétion d'IGF1, dont lestâux dans I'organismerestent très bas. Ident!fier gènes et protéinesimpliqués dans la crois-sance va ouwir la voie à

de nouvelles substancesaux très larges applica-tions thérapeutiques.Substances qui- parions-le. finiront à leur tourdals le sac des sportifs.

La révolution des peptides

proposant un produit contenant une substance se-

crétagogue de I'hormone de croisance et que 1'onpeut acheter par correspondance. 69 dollars lekilo. Ce produit appelé Secreragogue-one o qui se

convenit en acide gamma-hy droxy-butyique, sti-mule la production nsitrelle de l'hormone decroissance, améliore la santé mentale et physiqueainsi que le sommeil prolond ". lit-on sw la pagede garde qui insiste sur le côté naturel de I'hor-mone censée être surproduite. Manæuvres sé-

mantiques sur le thèmeambigu des produits sur-naturants. " Pour moLc'est un produit bidon.estime Michel Audran.on ne sait pas ce qu'il y adedar* "

DOPER T.Es GÈilEsCe procesus de trans-

formation progressivede la physiologie elle-même est déjà tellementprofondément amorcéque de nombreux ex-perts comme MichelRieu, protesseur de phy-siologie à la faculté demédecine Cochin-PortRoyal de Paris, affirmentqu'" à l'évidence, on enviendra à activer ou àsupprimer I'expression

ilolns chct qu€ l'ÉPlO, le pêptlde aÉmchleryttûopolelln ûût l.tk pcpt d. (E[P) tcr.ft

mllle tols plur efflcace. Commc I'EFO, ll rc flretur le' réGêptcuE po.tér prr lês <êalulêi de lâmoGll€, €t le' â<<ole deur à desr. (En yert, le

peptlde EMB .ntr€ lei dcur .é.ept.u6.)

I

Une demière stratégie, enfn, consiste à utiliserdes rnolécules secrétagogues, qui stimulent dansl'organisme la sécrétion d'hormones Lhormonede croissance est produite par I'hlpophyse. c'estdonc sur cette glânde, ou plus en amont sur I'hy-pothalamus, que les rnolécules induisant une sé-crétion d'hormone de qoissance agissent, On saitdéjà slnthétiser de petites molécules artificiellesde deux. trois ou cinq acides aminés. qui provo-quent cette sécrétion. Lhexarelin, âutre molécu-le ayant cette propriété. lavoriserait également laproduction d'ACTH et de cortisol. deux hor-mones utilisées par ailleurs dans le dopâge dessportifs L€s chercheus du département de méde-

cine de I'unive$ité de Virginie (Etats-Unis) étu-dient de leur côté le comportement du MK-677.qui présente I'avantage d'être administré par voieorale.

Si la recberche médicale avance à pas mesurés.certains commerçants, eux, ont châussé les bottesde sept lieues On trouve déjà sw intemet un site

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de gènes par thérapie génique >, . Se laissera-t-or.tenter? Injectera-t-on des gènes capables de faireproduire par I'organisme lui-même les produitssusceptibles d'améliorer les performances ? Plussimplement, il derrait être un jour possible d'<. a.l-

lumer ) ou dL éteindre > des gènes par action bio-chimique sur leur promoteur. sorte d'interrup-teur ou séquenc€ régulatrice. Là aussi, la tentationpourait nâître de jouer avec I'ADN des sportifsPour l'heure. ces possibilités relèvent encore dela science fiction. les thérapies géniques n'ayantpas donné de résultats à la hauteur des espoirsqu'elles suscilent. " Le dopqge gënëtique. je com-mencerai à y croire quarul la mucoviscidose seravaincue ,, , teûpère ainsi Michel Audran. Létudedes gènes et protéines impliqués dans les maladiesmusculaires héréditaires. corlnne la myopathie deDuchenne. devrait pourtant permeltre de mettreà plat tout le fonctionnement d'un muscle. < Celodonnera les outils pour modifier à volonté chaquecomposont >. estime Gérard Dine, -.t

Page 53: Dossier Du Dopage

{liocn;mie

Les uertigineusesinconnues du dnpageQuand, en médecin, on pose les questionspertinentes sur le dopage multidrogued'aujourd'hui, on en arrive au constat que lesrisques sont d'autant plus élevés qu'on ignoretout des effets produits sur l'organisme.

PAR JEAN-PAUL EscA DE

I I faut ètre résolument socratique lorsque l'on aborde le problèrne du dopage

I et de la santé. Socratique en ce scns que le plus sage est bien de proclamer:| - Tout <e qtte ie sais c est que ie ne vis rien ".

Cenes le Joumal Officiel de la République frangise du 17.juin 1998 a bel et bienpublié un lableau des classes de substances interdites €t des méthodes intetditesMais pour ce qui est de la réalité de la pratique dopante. comme des effets positiiset négatifs des produits dopants sur la performance. comme des effets positifs etnégatifs des produits et méthodes sur la santé à lons terme. force est de recon-naître- qu'en dehors de quelques études ponctuelles et souvent assez vagues ilfaut ordinairement se rabattre sur des " on dit ". des rumeurl des propos obtenusde seconde inlention. Face à la situation. une attitude objective ne peut que faireconclure : " Norrs vtnulrittts bien satoir Le qrti v pas:ie traiment, tnais nous ne lesqvQns pas >.

Nous le sarons d'autant moins que chaque affaire -de dopace prend immanqua-blement une orientation biolosique pure et débouche sur une querelle d'expertsqui se conclut par une mise en cause régulière des méthodes d'identification et derepér'age dcs substances considérées comme dopantes au sein des liquidesbiologiques.

II v a plus : dans ces conditions. l âccent est toujours mis sur l utilisation diar pro-duit. Or. ce qui fait la gravité du dopage à l heure actuelle. c'€sr. pense-r-on etsarts doute àiuste litre.l intrication de produits multiples en des protocoles concoc-tés par des scientifiques dont il faudrait .justement se poser le problème des rap-ports qu'ils entretiennent avec la science. Les montages actuellement effectuésconsistenl à combiner. en apparence de manière astucieuse. diverses moléculespour qu elles se renïorcent l'une l'autre et conrribuent à une action cohérenteconduisant imrnanquablement à l amélioration de la performance.

On admire beaucoup trop et beaucoup trop vite ces " bricoleurs du dopage > :

chaque médecin. chaque pharmacologue. chaque biolosisle. sait bien que.lorsqu'ilpose le cravon et revient à la pratique sur l être humain. le manieur de drogues setrouve souvent fort dépounu. L introduction simultanée dans un organisme deplusieufi drogues aboutit en effet à des résultats souvent forr éloignés de ceux quiélaient espérés.

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Le dernierparcoursDes études leproùvcnt, l'erpérancede vie, danr <ertainesdlJ(ipllnei sportlver,ert plua ba$e qued.nr la populâtlon9énérale- Le cycllsmen'ert pas épargné.((i-desslli, lejobJèque. de Tomtiûpion, le 20 iuillct1967,)

Sur le papier. ilepuis très longtemps. le canccr est 'aincu

et k)ur., 1", j"t.;i,r;:égalÈment. Dans la pratique. il en va bien autrement. Dans la même lisne. il \ a unegrande nai\eté à imaginer quc la sciencc, du dopaqe serart una,.i.o.a aruataalors que la thérapcutiquc des maladies scrait encôre <jans un flou lotal. En târt. lesapprentis sorcicrs du dopage ne sont parés d une aura de sarants quc parce quetrop de naiveté empêche de se poser ies questions iondanrentales.

.. En.ce qui concerne le dopaee multidrolue. la quasi_toralité rles problèmes quel'on derrait se poser demeure pour l instant sans aucune réponse. i)u.en est_ii clel'action perccprible dans l'immédiat l eu cn esr il de ce que l.on pcut appeler la( sortie d âctioû ':) Et. bien cnrendu. qu'en est-il. enlin. des etfeti a ton!ierrnc,lDans l'immédiat. l'action théoriquement bénéfique pour la performanù des as_sociations de molécules n'est rien moins qu ér'idente.

On peut soulenir au contraire que les effets néfastes de l.association de plusleursmolécules en vue du dopase contribue à une baisse de la Derformance.

Un slogan permct de résumer la siturtion : Lerain,lttet,rr'r,tttrlopc.ntti\cehtiqri uuruit dû gagner l étair nrssi ".

li faut en effet travailler sur l'hvpothèse suivante : sur di)i athlètes <lopés et pre_scnts au même moment dans la compétition. combien bénéficieront àu dopagepour améliorer leurs pertbrmaaces. combien ver1o11 lsg15 performances dimi_nuer ct combien n auront linalcmcnt aucun cftit. ni bénéfique ni malétiquc,)

L'expérimentation humaine est heureuscment interrliic et la réponse à cesquestions ne sera pas immédiate à obtenir. Mais il iaut poser avec jnsistance lesquestions et-se donner comme préoccupation première : pouriluoi les contre_pcr_tbrmances chez des sujets dopés'l

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Une des réponses pourrait etre le problème de la " sortie d'actioû " des produitiChacun connaît, en lkr d'action d'une molécule pdse dans un but thérapeutique.des effet paradoxaux qui sont à l'inverse de ceux qu'occasionnait la moléculependant sa période de plus grande activité. Le retour à la normale ne se fait passans réaction adverse de I'orgânisme. Il en est ûès certainem€nt de même dans ledopage. et Ia multiplicité des produits pris ensemble rend plus probable encore lasurvenue de ceûe situalion.

Reste à se poser cette question : Dans l'immédiat- existe-t-il ou non Ia posibili-té de voir se créer des lésions ou des désordres biologiques grâves ?

Là encore, de nombreuses enquêtes, dont on commence à réclamer la mise enceulre. permettront de comprendre à panir d'accidents sur les slades ou en com-pétition et qui.jusqu'à présent, étaient mis trop commodément sur le compted'accidents inprévisibles Cancer. vieillissement anériel. infections virales hépa- l. , t

tites toxiques obésité, todcomanie. etc. : on cornmence non seulement à compterles morts mais à demander des comptes à ceur qui auruient pu hâter leur sun'e-nue au traven de ces drames médicau.r.

On peul estimer que bientôt un certain nombre de champions demanderontdes comptes à ceux auxquels ils ont demandé de les doper et qui leur auront valuquasi uniquement des désillusions et des maladies CFayes.

Dans cette situâliorià. les bilans médicaux complets qui seront effectués per-metûont seuls de localiser les dégâts là où ils se situent. au moment où ils se met-tent en place. La justification de la médicalisation du dopage se situe là. Les mé-decins qui en disconviement se préparent des jours sombres.

UNCOI{NUE MAIEUREEn fait. si l'on en sait si peu sur les effets maléliques du dopage c'est que, par-

delà la naiveté qui consiste à admettre que dans un organisme les produits do-pants ne font qu'ajouter l'un à l'autre leurs effets bérléfiques. il v a encore unmanque flagrant dâns les connaissances : les études pharmacologiques des molé-cules actives se tbnt à doses thérapeutiques sur des sujets essentiellement ma-lades. Les premiers essais sur sujets sains se font toujours sur de petùs nombresde personnes et à des doses qui sont convenables,

Or, qu'est véritablement le dopage ? C'est l'utilisation simultanée de moléculessurpuissaltes à des doses souvent inimaginables. doûrées - et c'est là l'essentiel -à des athlètes en plein effort et qui. fait encore essentiel. sont souvent sumaturés.

Réellement, le fait le plus impoflant est bien que l'introduction des nouveauxproduits superdopants. l'éry.thropoiétine. I'hormone de croissance. les interleukinespar exemple autorisent une véritable sumaturation du corps humain.

tz

UneévolutionpernicieuseAb3tra<tlon f.lte de3.. a<cldenttlmprévlribler ., on<ommence àdénombrêr lêiûàlâdler gravcJ,dont lâ suryenue a prêtre hâtée pô? l.prlsê d€ p.odultidopânts. <l-.ontr.,Gellulet <ancéaeutetdu rêln holnaln.

Page 56: Dossier Du Dopage

MORÏ DES CHIFFRES INOUI ANTSt'est un secret de oolichinelle\que les ioueun dË tootball-néricain " se chargent ". Auxlgnes de cocaihe euphorisantes€t stimulantes qui passent par lesnarines d'environ 40 (h des

Fueurs, ilfaut aiouter - pour nepas sentir les coups - amphéta-mines et antalgiques et, pour. déménager " les défenses, deskilos de muscles mode inanabolisants.Ainsi l'usage des produits do-panlr rend les joueuB de plus enplus fortJ et rapides. Les choc5redoublent de violence, les accidents graves se multiplient et lalongévité en prend un sérieuxcoup. Lyle Alzado, l'un des foot-balleurs américains les plus per-formants et les plus violenqmort en mai 1992 d'une tumeurau cerveau à 43 ans, après avoirconfessé un usage ma55if destéroides et d'hormone decroissance, disait que 90 0,6 des

ioueurs qu'il côtoyait < tou-chaient au truc >-

Régulièremen! dans les pagessportives des iournaux américainssont publiées des stati5tiques surla santé de ces nouveaux gladia-teurs. Par exemple, la duréemoyenne de la canière d'unioueur pDfessionnel est passéede 7 ans en 1973 à 4,7 ans en1983 et à 3,2 ans en 1993. En1983, l'espérance de vie d'unfootballeur était de 57 ans contre7l ans pour un citoyen américain

moyen. Plus récemm€nt, en1993, d'autres chiffres tout auss!ala.mant5 ont été foumis par lequotidien USA lodoy: " L'espêrance de vie des anciens joueursdépasse à peine les cinquante-cinq ans. Leur longévité est laplus bassede toutes les profes-sions aux Etats-Unis : la moitiéd'entre eux sont décédô à qua-rantesept ans, les deux tjerssubissent une blessure grave qui,dans la plupart des cas, laisse desséquelles majeures. "Déjà en 1905, la saison s'étaitsoldée chez les professionnels pardix-huit mortJ et 159 blessesgraves. Le président des État-Unis de lépoque, ThéodoreRoosevelt avait averti : " le foot-boll devro être réformé ou suppri-mé " Les instances du footavaient alors aiouté des protec-tions telles que le casque de cuiret les épaulières en mousse. Au-jourd'hui, personne ne se révolteconfe une telle hécatombe, niles joueurs, ni les dirigeants, ni lesresponsables politiques, ni lesspectateurs. Les jeux du cirqueéclatent de santé.Du côté du Tour de France, la du-rée de vie actuelle semble un peuplus longue mais n'est quandmême pas très attrayante. lus-qu?ux années 1940, les forçatsde ta route se < piquaient " sur-

taine d'années au début du siklepour atteindre encore une de€en-nie sur le Français moyen aumoment du 2e conflit mondial.En comparaison, avec l'étonnan-te conservation de leurs aînés, lescontemporains des annéesAnquetil et suivantes ont unrisque anormalement élwé d'êtrelâchés avant l'heure par leurcæur ou leurs artères. Un risquetrès supérieur à celui de la popu-lation générale. Tel est le resultatd'une étude que nous avons me-née avec la collaboration de deuxstatisticiens de l'institut Curie 0).La mutation des années 60 a ren-du plus dangereuse la pratiquedu cyclisme de compétition. Ona couru de plus en plus, de plusen plus vite, mais aussi de plus enplus chargé. lusqu'à la guerre, ledopage ne concemait que lesjours de comÉtition qui nedépassaient pas, par saison, lasoixantaine, alo6 que pendant lapériode Hinault de 1974 à 1987,certains stakhanovistes du coupde pédale s'alignaient dans plusde 200 counes par an! Demême, d'un dopage folkloriqueau coup par coup, on est pasÉ àune pÉparation scientfi que,basée sur des " cures o deplusieurs semaines, infl uençantefficacement le rendement dumoteur humain.

tout à l'eau de,ouvence et s'oc- lealPierre de Mondenardtroyaient ainsi u n sacré bon u5 de

I - M. d€ pncon'l, ( euand tê spon na ,. lÊlongéùté, culminant à une ving- rv,,*l olse"oÈIJr. rs-t'lov;bii tgag' -

Nous ne sommes plus là dans le cadre d'un dopaee éphémère répondant au be-soin le temps d'une compétition. mais à une modification profonde. durable etpérenne du corps humain. qui l'autorise. en cas d'efforts demandés. à aller beau-coup plus loin que l on pouvait imaginer qu'il ne Ie iâsse jusqu à présent.

C est bien ccla qu'il faut comprendre et qu il faut répétcr sans cesse et partout :

en lui-mêmeorgalllsme. sumâture

encore la . machine ' et detelmes

ce sens. 11ne pas mésestimer le rôle épouvantable que peulent aloirsur la santé des molécules en apparence inoffensiles: sur un orqanisme sumâtu-ré. en plein effort. frasilisé par quantité de médicaments prescrits sans nécessitéthérapeutique. l'adjonclion d une molécule de plus peut entminer des désastres.

Parmi les désastres à redouter il v a également celui de toxicomanie. Le problè-me n'est pas tellement d'évoquer là l'usase du cannabis dont on ne sait pas trèsbien s il est utilisé , ce qui est le cas dans ceftaines affaùes - comme réel produit

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dopant ou si. au contraire. il serl. comme l'affirment certains spoflifr à calmerl'athlète auquel on a fait prendre des produits excitalr qui l'excirent trop...

Non.le problème de la loxicomanie n est pas simplement celui de l'usage du can-nabis. du palfium ou de la cocaihe. ni même du désormais célèbre < pol belse >. Ilest beaucoup plus celui des conduites toxicomaniaques induiles par 1a pratiquedu dopage.

Comment imaginer qu'un athlète qui. depuis qu'il est junior. prend régulière-ment des produits pour améliorer sa performalce. cessera du jour au lendemainlorsqu'il arrêtera son actirité sportive ?

On commence à murmurer. puis à rnontrer du doigt un ce(âin nombrc d'athlètesautrefois de haut niveau. dopés plus qu'il ne convenait. et qui aujourd'hui. long-temps après leur retraite sponive. ne sont toujours pas parvenus à " décrocher ".

Sans doute. cette conduire toxicomaniaque représente-t-elle une des préoccu-pations les plus lourdes pour l'avenir.

PNANQUES FOII(LORIQUESC'est dans ce contexte des cotrduites toxicomaniaques qu'il faut resituer un

certain rombre de pratiques folkloriques ou ddiculo-techniques qui font florèsaujourd'hui.

Les additifs alimentaires et les banes chocolatées ont fait unjou rire toute laFrance lorsqu'on les a invoquées comme responsables de dopaee.

En fait. le recoun aur additifs alimentaires est pourtant devenu une préoccupa-tion réelle et le délire (le mot n est pas trop fort) envahit toutes les couches de lapopulation. y compds parmi les sponifs les plus jeunes. Lidée qtel'o ou consmtitson corps en mangeait " est une idée forte. et poul ce faire. combien d individuspeu scrupuleux incitent les sponifs les plusjeunes à consommer tout et n'importequoi pour renforcer leur corps.

Dans la même lignée. les ( perfusions de récupération " après la compétiriorsemblent s'être imposées comme une pratique banale. Et 1 on entend des médecinsprotester avec véhémence en mettant en avant le fait qu'aucun produit interditn'est utilisé. Même si cela est le cas. la méthode doit êrre proscfite de façon force-née. D'abord. les perfusions ne sont jamais innocentes et d'autre pan. il n'est pasun médecin qui ne sache qu'à multiplier les perfusions on crée finalement une pa-thologie lourde chez un certain nombre de personnes. par surinfection en particu-lier et vùale é\'idemment.

Mais il faut. pour conclure. reveair au problème de base. On aurait pu. dans cetarticle. rédiger un document " scientifique " où auraient été présentés les effetsconnus de chacun des produits dopants et les effets pré!'us de leur addition. oirauaient été mis en avant les risques inhétents à chacune des molécules. que l onaurait ensuite additioû!és pour montrer quel daleer se prépare poul les sportiJsa)"ant recouls au dopage.

D'un point de rue scientifique. cette façon de laire aurait été malhoDnête. Il faut.si l'on veut aujourd'hui être scientifique en matière de dopage. admettre quenous ne savons quasiment rien. et de la réalité du dopage dans la population spor-dye er de la pharmacologie des associations comme de la pharmacocinétique desproduits utilisés. Nous ne savons rien non plus des microtraumatismes biolo-giques créés dans l'immédiat. ni des phénomènes de ( sortie d'acrion , du pro-duit. ni des phénomènes à long lerme-

Tout ce que l'on sait c'est que la situation ne peut être que gavissime et qu'il fauttravailler pour apprendre à sortir du ronroa traditionnel et des discussions en-flamnées et empoisonnées autour d'un cas touchant une vedette. discussions qui.si elles font couler de Ia salive. n'apportent rien au corpus scientifique.

Il faut travâiller sérieusement et scientifiquement le dopage. Pour le moment.tout ce que nous savo$. c est que nous savons... très peu, J

UltimesvictoiresOublléer lettouffr.ncer : le 26mal 1963, TomSlmp5on vlent derempo?ter lcBordeâux-P.ds, l.corrre la plur longuedu monde. LcB.itônnlque<onnaitrô d'âutre'vlctolrer agtnt der'éGrouler en 1967,lâ<hé pâr le ceur enplelne ar<€nrlon dumont V€ntout.

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les cJe Jer Jurtelr r I

IJJJJ] ICJ

LabyrintheLa complexité de l,arsenatiuridique transforme la lutteantidopage en un jeu de piste.

p.60

ContrôlesLes raisons profondesde leur inefficacité. p.66

Et OUSS' : produtts lnterdlcs s comment êst étebtte le llrte. (p. 64)Irlalades ou .topésl (p,74)

Page 59: Dossier Du Dopage

il., l*,t.s de Ja lutte

UnjuridiqueDans la lutte contre ledopage, la réglementationau sens large ne pêche paspar défaut mais plutôt parexcès. ll en résulte unsystème juridiquehétéroclite, très compliquédans son fonctionnementcomme dans sonapplication.

PaR CflaRrrs DUDoGNoN

ntre sport et droit. la relation est toujoursd'autant plus intense que des affaires vien-nent la manifester. Que celles-ci surviennent.

et simplement en parcourant le journal. on dé-cou!.re que cette relatioD existe à travers le Jour-nal Officiel. les recueils de jurisprudence. les rè-glements des lédérations sportives. Du coup, on se

trouve projeté sur I'étemelle question des évolu-tions relatives du droit et des mceurs. Appliquéeau dopage. elle se résume au constat suivant : ledopage est interdit. il ne cesse de se praliquer.D'où Yient l'écart ?

Pour répondre. il faut étudier commeot l'enca-drement juridique de la lutte confte le dopage estsusceptible de révéler les limites du droit. lesdifficultés d'édiction et d application d'uneréglementation.

læ problème,faut-il le souligner. est compliqué.I-e dopage est en eifet tout à la iois un fait de so-ciété (et pas seulement sportive). une quesrion desanté publique, un problème d'éthique sportive...Autant d'aspects. autant d'angles d'approche.

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d'une conr ocation au contrôle ei sujel convoqué.le iour de lépreu\e...

Le dopage fait en effet l objet d une réglcmcn-talion 1rùs importaDlc. si cc n cst inflationnislc.Les léqislateurs. que ce soit au plan national ou in-ternational. public ou prir é. sont Jéeion. Les or-ganisations iniertationales non goulenlemen-tales- tels le Comité intcrrlational ohrnpique et les[sdclatr,rn. rnt( malionaic.. le' lcJcrrtion: rialio.nales. lcs États clans le cldre de lcur lécislation

.'ins et lécislateurs. par exentple lorsqu un nou- ou de conventions internationâles. ou encore des

lËu(x) DE PltrEET DÊ POURSUITE

I)ins ics fails. force est cl abord de constiiter la- ,mplcxité de la réglcmcùtalion aù sens larsc.-lic peut donner à la lutte conlrc le dopage les,. urcs d un i(u J( pr'te el J un l-u d( lôur,ult<

Jeu de piste. quand il faut rechercher le bon " lé-lislatcur " et. corrélativement. les règlcs (cie fbrrd.I d( pr u(. dur( , applrc,rhl(ç. jcu de pour.uit...luand dillércn1s acteur! sc courcnl après:midù-

reau produit est mis sur le marché: ou pour\o\(ur!. ulili\.rlcur\ ( I enquilel .: \oir(. pon<ur

organisations tnterqour ernententales. inlen iennell1. Dans ia lutle anlidopa{e. chacun a son

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E'a tia'

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l,Ë.q

Page 61: Dossier Du Dopage

champ de compétenc€$ sa sphère d'action respec-tive. Il en résulte que la réglementation applicableest à prcmière lue pléthorique, voire nébuleuse.Posée en termes d'efficacité mais aussi. et sansqu'il y ail contradiclion. de sécurité juridique. laréflexion est déroutante. sinon âlarmante. D'oùune première série de questions, dont la perti-nence ne fait guère de doute : qui doit (et peut) ré-glementer? Quelles sont les règles applicables àI'occasion d'un < contrôle médical positif > danstelle ou telle compétition ? VoiIe lors d'un contrô-le inopiné ?

Un tel état de fait n'est au fond pas pour sur-prendre.Il n'est i,? fre que la résultante de I'or-ganisation du sport et de la montée en puissancede certâins de ces enjeux, Pris daas son ensemble.le dispositif normatif n'est que la traduction juri-dique de la construction institutionnelle el univer-selle du spon, d'une part, et des interventions, ju-gées nécessaires, des aulorités publiques, d'autrePart.

UN IMPÉNATIF SPORTIFlæ C.I.O., avec son code médical. et les fédéra-

tions intemationales. avec leurs réglementationsspécifiques, posent les règles qui encadrent la ré-pression du dopage à l'occasion des compétitionssportives qu'ils organisent ou chap€autent. Ils'agit, pour le C.I.O., des Jeux olynpiques et, pourles fédérations internationales, des différentschampiomats internationaux et compétitions ins-crites sur le calendrier intemational.

Iæ champ d'application de ces réglementationsest restreint et leur portée r€lative. l,es effets sontlimités en vertu des principes qui régissent la com-pétence (réglementaire et bien évidemmeot dis-ciplinaire) de ces instances sportives intenatio-nales Seules sont concernées les penonnes qui se

[ouvent sous leur autorité : licenciés et membresafûliés

Dans ce cadre, la réglementation du C.I.O. tientpourtant une plâce privilégiée. Elle sert de réfé-rence. tant poul les instanc€s sportives (souvent.par nécessité) que les États (peut-être, par réalis-me), dans I'harmonisaûon des points clés des dif-férentes réglementations antidopage.

Les fédérations sportives nationales, dont lerôle dans I'organisation et la promotion du sportest capital. disposent elles aussi, de règlementsspécifiques Ces instituûons se trouvent cep€ndantdans une situation très particulière et parfois in-confortable. car leur autonomie norma(ive estréduite.

En effet. étânt âtnliées aux fédérations interna-

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tionales, elles ne peuvent édicter de réglementa-tions qui ne soient en conformilé avec celles deces fédérations Par ailleurs elles doivent bien évi-demmeû respecter les règles établies par l'État ausein duquel elles exercent leurs missiots. Or. lesmnlraintes peuvent varier d'un État à I'autre, se-loa la législation de chacun. le degré de précisionde cette dernière et les exigences et obligationsqu'elle consacre,

Toute fédération nationale se retrouve doncdans la nécessité de concilier au moins deux ré-glementations : c€lle de I'ordre sportil internatio-nal et celle de l'ordre juridique étatique. Il s'ensuitde nombreuses possibilités d'achoppement, quece soit au niveau des conditions d'organisationdu contrôle médicâI, des différentes procéduresinstiluées par exemple sur le plan disciplinaire,du qualtum des sanctions...

En cas d'opposition ou d'incompatibilité, forcerevient cependânt, sur le territoire nâtional, àI'ordre juddique étatique. læs instances sportivesnationales ne sauraieît, bien évidemment. déro-ger aux dispositions d'ordre public et nolammentà celles qui portent sur les droits et garmties en fa-veur des penomes poursuivies. hécisons au pas-sage que. sùr ce point. certaines réglementationsfédérales ont considérablement évolué âu pointde présenter, pour certaines d'entre elleq de sé-rieuses garanties (respect des droits de la défen-se, par exemple).

UNE AFFAIRE D'ÉTAT(s)Tous les Etats ne traitent pas de manière iden-

tique la question du dopage. Loin s'en faut. Lessystèmes de répression varient selon les principesqu'ils consâcrent et selon les relations (en général,de collaboration) entretenues par les différentsacteurs publics et privés

Certa.ins Etats, comme la France, ont choisi delégiférer afin de dé6nù et d'aménager un cadrejuridique spécifique à lâ lutte contre le dopâge.Ces dispositions font I'objet de tertes particuliersou sont intégées dars un texte plus générâl por-tant sur le spofi. D'autres, à l'image de I'Alle-magne, du Royaume-Uni ou encore de la Suisse,n'onl pas souhailé. pour différentes raisoDs suiwecel exemple. La répression est alors laissée auxseules instances sportives sur la base de leur (s) ré-glementation (s) et/ou s'opère dans un cadre juri-dique non spécifique tel par exemple,la législâ-tion sur les stupéfiants

Lexpérience française atteste toutefois de ladifficulté à légiférer en matiè:e de dopage. Ainsi.la loi du lerjuin 1965, tendant à la répression de

Page 62: Dossier Du Dopage

l'usage des stimulants à I'occasion des compéti_tlons sporti!es. s'est très rapidemenr révéléi in-aoaptee sur rln plan techaique. De ce fait, elle aete peuappliquée. La loi du 28 jui-n t989 a ensui_re subshtué la voie disciplinaire à la voie pénale.concernant les sportifs poursuivis pour fait de

i.:P.uC. tory:I*: d'un nouveau chantier iégis_

lu'{ *.*3t I998 rémoigne à elle seule, si beùinetart. de la nécessilé de faire encore évoluer lesystème.. .

._?T * *9..9. ,i toi de t 989. Ie dopage est dé.mr comme l utilisation de substanc€s ou de Dro-ceoes_de nâture à modiôer aflificieliement lei ca_ Ipaotes ou a masquer l'emploide substa[ces ou de Iprocedes ayanr certe propriéré. L.uritjsation de Ireres subslances et procédés est inrerdite au cours Joes.compétrhons et manifeslatjons sDorlives orpa_ irusees ou agréées par des fédérationi sponives.iulen we d-y participer I

_ Un régi.me de responsabilité objective es insri_

rue.-r.e Jall de dopage est érabli par la seule pré_sence. dans les prélèvements effectués. de iub_stances prohibées lou pourcenaines d.entre elle\par^te otpasement de nofitres quantitalives). Lâusre des substances interdites est aujourd.hui dé-rermrnee par-l ârrête du 7 octobre 1994. modifiépar,celur du l2 novembre 199g. L.annexe dudit ar_

J:re. remplacée par celle de l.arrêré de lggg éra_

blte sur la base de la lisle de la convention contrere oopage du Cons€il de l.Eulope du L6 novembrelvôe (stc). pose une ûste par classes La tiste dessubstances r esl doDc pas exhaustive. par l.iltro_onc on_de la notion de substances dites apparen-rees. contn[emenl à Ia liste originelJe de lô94,

.. La lor de 1989 er ses différents tenes d.applica_

hon mertenl en place un dispositif assez lourd et:omptexe.

Le niveau de coditcarion er le degré derormâtrsme sonl très élevés. En témoignènt lecontentieux qui se développe et les nombreusesantrutatlons de sanctions disciplinaires pour vices I

:.._11:::ort. Mais. ici. te probième rient peut_ I

etre m-orns dans les exigences. dès lors qu:elles

::l: l_u:t't::.r el correcrement formutéàs. queoans ta gesuon proprement dite des diflérentes;c_trons et procédures.

, Le système tente de concilier. avec une inésale \

reussrte. droils fondamentaux de la DerronnË ", \

etlcactté de la lune cotrtre le doDase. l,. fu bj 9. 1989 prévoir rrois rypei de .anction :

l^fa!!lfes sanctions disciplinaiies prises par lescommrssrons de discipline des fédeiationi spor_

l:::::Ili,: tes sanctions administratives pro_qoncees par le ministre chargé des sponsi enfin.tes sanctrons pénales. Ces dernières ne s.appli_

quent. en principe. qu aux pourvoyeurs et lnsti_gare.urs ta tol avant opté pour Ia dépénalisation dei uttttsahon de substances et de procédés dopans.

FOUN UNE RÉGLEMENTATIONUIi VERSE[r.E

_ Un panorama. méme rapide. des lenes et insti_

rultons qut.ceuvrent à la lutte contre le dopagetatt ressortir les nombreuses difficultés renco-n_rreçs en Ia Inanere-

, Le syslème itrslirutionnel et Dormatif recèle enrur-meme ses proprËs Iimites. Elles liennent à Iâc.onstruction, meme du mou!emenr sponif et de

1::^i::: lundlgue. Iarmi les timites de ce demier,:r.olgns Ja

portée relative des réglemeolations desreoeratlons inlerDationales et leur incenaine va_leur,lundtque. les limites territoriales de l.ordreJundrque elatique et la traditionnelle faiblesse duqrolr totemabonal public.

- La conclusion s impose d.elle-méme, Seule une

regtementation universelle serait de natue à com_Dallre.elhcaceme_nl ce fléau. quels que soient leSpr-obtemes qu elle ne manquerait pas de géné-rcr... r.es obstacies juridiq ues. mais aussipoli_uquer sonl en effet très imponants et le de;seinnent un peu de l'utoDie

,Reste que. sous cértaines conditions. une telle

r€gtem"entation pourrait répondrc aux at tentesuss otrrerents acteurs el ( couer " à Ia dimensionInrematronale et inrerdisciplinaire tau sens spài_rûJ-du dopage._[â position et l.autorité du C.i.O..I ltrstttulron du Tribunal arbitral du sport. l.organi_sation inlcmatjonale du sport. Ies lentalives d.har_momsatton des différentes réglementalions sousI rmputslon notarnmeDt du Conseil de l.Europeer de I UNESCO. sonr aulaDt de données àprelore en compte dans une telle démarcbe.

convrenl au plus vile. notammenl. de donnerune,définition commune de ce que l.on doit en_reqore p dopage. d'élablir une lsre de rétdreo_ce rndrscutable des produits et procedés prohibés

iI,l..e-nlsfeer u1 latme de sanctions applicabte

a rous I en.va de la crédibiiité de Ia lutte antido_

l:i:,:':l1 :i:'ple.s ayant dé&ayé ia chroniqueo mrs en e!,rdence l.iDcobéreoce du syslèD0e.

,, L lb].:,tr .^I ambitieux er l.entreprise semée

o embuches. Chaque discipline a ses panicularitéser ses propres règles. mais le sport àans s.,n en-

::.T?l:.r:po:: s1' les mêmes pilien et principes

l::_,,Ln :. ooi,

9. ,arvegarder. Si Ie dôpage.est

111911a,u nom ju grincipe d.égaliré. l.égatiie desspoftts devant la répressioD doit ètre assulée. A

moms que le_projet soit condarnné à rester dal]s leoomarne de la scienc€_fiction juridique...

63

Page 63: Dossier Du Dopage

PRODUITS INTERDITS:COMMENT EST ETABLIE LA LISTEI Pour la mettre à iour, on procède Souvent à Îois principaux processus : une

tâtons. En prenant lurtout én compte la nocivité remontée d'information en pro-

J"ip,oà,iii. -'- -- F-- ;:T:"i.::f:Ë*jiiii[1:,

pnn Meunrce MnsxAcr. i:ljiii'"t:i"*liîff:i;dopant; des indices (prescrip-

â es critères généraux qui dé- de substances et procédés do- tions médicâles, vols) signalantlL.finissent le dopage sportif pants du CIq liste qui consti- I'augmentation de la consom-sont assez simples à énoncer. tue lâ référeDce pour la pluparl mation de certaines substances;Est ainsi considérée comme des fédérations sportives dans le des rapports émanant des labo-substance dopânte toute sub- monde, età laquelle le ministère ratoires acqédités par le CIOstarce susceptible de porter at- français de la Jeunesse et des (il y en a 27 à ce jour, répartisteinte à la santé physique ou Sports s'est rallié récerment (il dans le monde entier). Les cher-psychique de I'athlète, ou qui en avait une légèrement diffé- cheurs de ces laboratoires trou-porte préjudice à l'élhique mé- rente). L€ CIO l'â établie pour vent parfois dâtrs les articlesdicate et à l'éthique du sport. la première fois en 1967, et en spécialisés des molécules issuesCes principes, qui concernent publie une mise àjour chaque de la recherche pharmaceutiquenon seulement des substances aDnée au 31 janvier. Elle est susceptibles d,être uiilisées enmais aussi des procédés (dopage l'æuvre de la sous-commission guise de dopants Mais ce qui sesanguin par exemple), guident " Dopage et biochimie du passe le plus souvent, c,est queles autorités (fédérations spor- spon ' au s€in de la commission I " 1s 1a66yoloire d.éEcE, dans unetives, CIO - Comité interDatio- médicale du CIO. dont le prési- | analyse chromntographique sui-nal ol1'rnpique -, gouverne- dent est le prince de Belgique I te à un contrôle, de nouveauxments, etc.) pour établir des Alexandre de Merode etle di- | pÀrs

". précise p. Schamasch. On

listes de produits ou méthodes recreur médical le docteur I cherche alon à identifier les mo-dont I'utilisation par les sportifs Pâtrick Schamasch. lécules correspondantes, quiest interdite. La liste du CIO répartit les sont en général des substances

Dans la pratique, l'étâblisse- substances interdites ou sou- connues par ailleurs. < Desmé-ment d'une telle liste est loin mises à cerlaines restrictions thod.es biochimiques classiquesd'être simple. Une première dans des classes de molécules permettent en gênéral de déter-difficuhé tieot aux critères de d'activité chimique ou pharma- miner assez facilement La classenature éthique, dont I'interpré- cologique sirnilaire : stirnulants pharmacologique à laquelLe ap-tation peut varier beaucoup anabolisântg narcotiqueg diuré- partient la Tnolêcule en quzstion;d'une personne à une autre. Un liquer corticostéroiiCes, anesthé- si cette substance se rcttache àjusqu'au-boutiste pourrait, par siques locaux, etc. Dans chaque une classe prohibée, onexemple, considérer que tous les catégorie sont explicitement llzterdl >, dit P Schamasch.cyclistes d'une coune devraient incluses un certain nombre de Et si elle n'appartient à aucu-se désaltérer aux mêmes mo- molécules, mais la nention ne des classes prédéfinies, onments, avec les mêmes boissons cruciale ( et substances appa- examine ses propriétés pharma-contrôlées et en absorbant les rentées > clôt à chaque fois cologiques et leur compatibilitémêmes quantités... De telles l'énumération. avec les critères généraux du dodifférences d'appréciâtiol mises Comment une molécule page. Les molécules suspectesà part, d'aulres difficultés, no- vient-elle s'ajouter à c€tte liste? étant le plus souvent des molé-tamment d'ordre scientifique, tr faut tout d'abord que le nom cules pharmacologiques détour-interviennent. de la molécule suspecte vienne nées de leur usage médical. < i/

Prenons I'exemple de la liste sur le tapis P Schanasch voit ici existe en général une abondante

64

Page 64: Dossier Du Dopage

';34?2'+s

t

a

littérawre scientifique sur laquel-le on peut s'appuyer >. affirmeChristiane Ayotte, responsabled'un laboratoire de recherchesur le dopage à I'université duQuébec, accrédité par le CIO.Elle cite en exemple le clenbuté-rol, un bêta-2 agoniste pouvantavoir des effels anabolisants etqui est parfois administré illéga-lement aur animaur de bouche-rie.,, D6 7y

"rrt 4" dopage au

cknbutérol s'étnnt propagées auCanada, nous avons exqminé lalittéruture scientifrque, puis misau point une méthode dedétection; nous avons alors sou-mit le cas à la sous-commissiondu CIO, ce qui a conduit à l'in-terdiction du clenbutérol jnsteavanl les Jeux olvmpiques deBqrcelone r,.

Mais la littérature scientifiqueexistante ne suffit pas touiours.

" Avant d'interdire les anaboli-sants, on était pendant quelquesannées dans le flou. raconte C.Ayotte, cat les sportifs utilisaient

jusqu'à mille fois les doses thé-

rapeutiques ;, . Des quantités quin'avaient donc pas été testéeslors des essais cliniques... Unautre exemple est celui de !çg-féine, dont la concentrationmaxinale adnise dans I'urine aété établie en 1983 à 15 mg/litre,puis abaissée à 12 rng/litre.

" Pour déterminer les seuik ad-missibles de caféine, certainsmembres du CIO onl réslisé desexpérimentations sur eux-mézrzs ". dit P Schamasch. Surla créatine. acide aminé dont les1âtut dopant est ercore incer-tain, P Schamasch précise que leCIO a commandité plusieursétudes, auprès de laboratoiresaccrédités et autres acteurs ud-versitaires ou médicaux.

Toutefois. les expérimenta-tions systématiques semblentêtre plus I'exception que la règle.Iæs laboratoires liés au dopageont. il est vrai. d'autres chats àfouetter : << NorrJ Jotnmes toussaturés par la mise au point deméthodes de détection phr sen-sibles ou relatives à des molé-

PAS SI CONNU QUE CELA...Le nombre des sub$anceichimiques utiliséês pour ledopâge ne ceire d'augmenter.Ot le temps et les moyensmanquent pour testea leurpouvoir réel sur l'améliorationdes performance5 rportives.

cules d'introduction récente ". dilC. Ayotte. De plus. les cher-cheurs ont à peu près renoné àtester l'effet des molécules surI'amélioration des performancessportives : ( C'est trop dificile àdémontrer, affiIme C. Ayotte. e,on se concentre donc davantagesur la nocivité des substances ,.Le temps et les moyens man-quent dans cetle cou$e aux ar-mements où les spécialistes dudopage ont toujours quelquesmolécules d'avance. Une solu-tion ne serait-elle pas de renon-cer aux listes de substances in-terdites, et de les remplacer parune liste des seules substancesaulorisées, comme le suggèreChristiare Ayotte ?

6S

Page 65: Dossier Du Dopage

*L., limæs de lo lune

Tout est conçu pour al-ier vite- s'il le fâut-c'est par hélicoptèreque les précieuxéchantillons voyagentjusqu'au laboratoirenational de dépistagedu dopage. à Châte-nay-Malabry (Hautsde Seine). Sur plâce. lepersonnel esi sur labrèche. Les équipes se

r€laient jour et nuitpour fournir des résul-tats en 2.1 à 4u heures.

Au total. 108 testsurinaires ont ainsi é1é

pratiqués en juillet

Plus discrets, pluspuissants, les nouveauxproduits échappent auxoutils actuels d'analyse.

Pour un sportif bienconseillé, se doper tout en

restant négatif auxcontrôles devient un ieud'enfant ou presque...

#æwro'ffw#ffiæm r

des vessiespour

des lanternesit 1-' ne fin d'après-midi sur le Tour de France.:i.l: g A l'arrivée de l'étape. cinq coureurs décou-:': vrent leurs noms affichés sur le camion de

contrôle. læur urine est collectée puis répa ie endeux flacons. immédiatement mis sous scellés.

PaR LauRÊ ScHr-cxu

demier. Des contrôles financés par la Société du se soignent. soit certt qui ne font pas gaffe, soit cetu

Tour de France. qui y a colsacré plusieu$ millions qui sont ntal conseil1ls ", précise Gérard Dine,de francs. Le résultat ? Zéro posilif sur le Tour. hématologue. président de l'Institut de biotechno-La présence de produit dopant n'a été décelée logie de Tioves.chez aucun c-vcliste. Sur les dizaines de milliers d'échantillons testés

Un Tour de France " propre " ? Chacun sait de par le monde dans les laboratoires accréditésbien sûr. aujourd'hui. qu'il n'en est den. Le 8 par le CIO (aujourd'hui au nombre de 27. en in-juillet 1998 éclatait l'atfaire Festina, avec la dé, cluant celui de Rome provisoirement suspendu).couverte de centaincs de doses d'amphétaminer le pourcentage de positifs tourne autour de

66

d'anabolisants et d'érlthropoiétine transportéespar le soigneur de l'équipe Festina. Willy Vo€t. C€demier reconnaitra l'existence d'un dopage orga-nisé au sein de son équipe. Sans que ses coureursne soient pour autant inquiétés lors des

épreuves.,.o C'est une mascara-

de ". dénonce le médecindu sport Jean-Pierre deMoîderÊtd. < Le contô-le antidopage n'est pasperfornunt. Les sponifsdisposeront toujoursd un gouffre de possibili-tés pour trichet et pssset àlravers ,.

ll n'est pas le seul à ti-rer des conclusions aussinégatives " Tout le mon-de a bien contpris que,depuis trois ou quotreqns. ceux qui se fontprendre sont soit cettr qui

Page 66: Dossier Du Dopage

résultatslimpides

{zalnes de milliersantldopage

chaque annéele rnonde, le tasr de

dépôrJe à pelne<ent. Plutôt qùe

l'étendue réellecer rt.tistlquerllmlter de.

de <ontrôl€ â(tùels-

Page 67: Dossier Du Dopage

I quelqu un chÈz lur ou,lans sa chan

I puisque la loi l intcrdit. Lcs contrôlcrrcprË.<nrcnr J rrllcur\ quc r, " ï**iffil;:ii"iHL:i:,ïii;iiiiiTiÏ"i,llll,iiïil ltits ctrtcnt ott

rno*raro"aa, I,,.:i ;iiJ;i:,il;::1i:.',i il:J:i::$i::; jl If I i::ffi,:i's:$:i:i;.'jJ:;i;j,l$ï;iï |l'cr\throprriÉlin( u lhormonc dc croissance. Ipour nc citer qu cur..ont indct(ctJhlu\ dans lcs I.: .ïiïl ilï,l: iiol,',!,')i,,,, o,,,, ",.",,,n. IItticyre. Ctfu uatu r ln outt( nttitrc dc5 prorluit: . Icrplrquc Ccrard Dinc. L ctolurion et rcllc quc le ItoDlrtil( a titL'pogc,,lntsttltte tst httltr en brerhe If,u l(: hi, neLhn, '1,'Èic. -. ExPlicltiùn : Ie milieu rJu Idopagc est passv rJc l cre dc la cltimic. drns l<. Ianners lgbu. à cclle dc Ia biochimie. dans le' an- |nrcs l97U-19*u. A prircnt. lcs prorJuit: ront issus

Idu uenrc ecnctique. Ce qui rcnd lc\ lËchniqucs

IE

a

Les iimites de Ja Junequclques pour-cent. parlois moins (voir l'articlede J.C. Breillat dans ce numéro). " Sur I000échLrnrilbns analtsés en 1998, on u entiron 350 po-

ririli précise Jacques de Ceaurriz. directeur dulaboratoire de Châtenay-Malab4'. le scul recon-

nu par le CIO en France (qui traite aussi des

échantillons en provenance du Luxembourg et

rie l'Autriche). Mais ort rt tt pus 350 prcduits tlur.s.

On t tle tour... ". Et pas spécialement des sponifsde haut niveau : pour l'année 1997. 88 o/o des spor-tifs contrôlés positifs évoluaient à l'échelon départemental ou régional.

De fait. un dopé bie n ilrformé a de multipleschances de passer au lrarers des contrôles. La pre-mière faille tient à leur organitation même. Enprincipe. tout est très codifié : conditions de pré-lè\'ement. volumc des échatrtillons - au moins 75

millilitrcs d urinc répartis dans deuri llacons. l unpour l analvse. l'autre pour une éventuelle contre-expertise -. mise sous scellés... Mais la Pratiquelaisse partbis à désirer. Claude'Louis Gallien. pré-

sident de la Comnission nationale de luttc contrelir dopagc ct ,/ice-présidenl du Comilé nationalollmpique ct sportif français. le reconnaît volon-

tier:: 11tt t pLt! ktujt,ttt\

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-q

sPectrométrie de masse)

rigtlureux,'Uneporteou-Eçwestàmêmededétecterv€rte aux échanges d u ne

-

dans les urines les sub-

et autrcs pratiqucs dou-

-

stances dites < exogènes >.

oteclcs tnillions, on epeut ææ rure humain. Il est laciie de re-pas Joire cela ti la bonne ffibËæ.:?1il: pérer les stimulants cornme

franquenetouneil,'ua.'Wilesamphétamines.oubienclr,. déplore-t-il encorc. eS=f-iÆ _'.] le cannabis. les analgé-

La5itua1ioneStpi'"ho,'GK{|v,siqueslesbêtabloquantset

uuge..'Quontl,,j,,,"MnaturellementdanSlec()rpS

compé1iti0n.1orsdesÉautresnaIcotiquc5...Soitcontra)les inopinés (qui

-

tout de même. au bâs mot.

tcuscs..cerleJ12{rj./uô'i7VquinesonlpaspIésen1es

iep.unmérlecinverraità(#"!E'!!;'Èdeleurséquir'alentshu.

l.liiîlïïi;i, Ëlllli; sur la loi des scellés... n""li:,'i,:ï:3::'"'o'"iaire un orelèt,ement en Danr lcrtettes,le P.élèv€ment €t-l€- Déjà. l'affaire se corse':'1- - '':. -. ,- '' tranrDort de. é<hantlllonr d'urlne obélt-plcinc narurs. là ou lc 5por. ilïT'fau" .;9r", *acter. La prât|que era Pour dcs Produits comme

iif {t s cntrûincr I lmpL}s- po-rroi, pri, ut;utoire, et jer <ai de lâ teslostéronÈ. En soi. la

rible aussi Llc conlrùler rulrtltutlon d'urlne oni été rappotté3. détection de cette hormone

68

Page 68: Dossier Du Dopage

!É < heurte à aucu[ obstacie techdque. De peti--É :.rille. comme toutes les hormones stéroïdes.::É je repère facilement avec les oulils d'analvse:4i:iques. La difficulté est autrc. Comme elle est:riuile en temps normal par le sportif. il esl im-rrisible de déduire de sa seule présence dans les

:.-:nes qu il.v a dopage. La solution? Se référer à

::. normes. Depuis lc début dcs années 19E0.le

--lO a ainsi fixé le taux maximal admis. rapponé à

-r autre composé voisin. l épilestostérone. On:cnsidère qu il v a dopage si le rapport testosté-:Jne sur épitestostérone est supérieur à 6 (il est

' oisin de 1 cbez un homme en bonne santé). Deslrortifs ont alols trouré la parade en s injectant.:e l épitestosaérone. qui n a aucun cffct anaboli-vnl. drn: lc scul hut r.le rerenir à un rapp(,fl in-:érieur à la norme fatidique.,. Les corticoïdes.iux- ne sont même pas recherchés. Leur détec-tion - qui commence à étre serreusement enr isa-

sée - denanderait dc fairc appcl à une lechniqucJe chromatographie différente de celle utilisécpour les stéroiles anabolisants. Le problème estqu il,. sont inlcrdit. par voie senrralc. mais autori-:és par voie locale. et qu il est fort ditïicile deprouver l origine d'un produit retrour'é dans lesurines...

C est lacc à la troisième catégorie de dopants.iclle de l'EPO ou de l'hormun< Jc croi\sancc.qu'éclate l impuissance des contrôles. Ces sub-stances onl un point commun : ce sonl des hor-moncs protciques. dont la oature cbimique e:tdonc très différentc dc ccllc dcs stéroidcs anaboli-sants. De grosse taille. elles sont impossibles àidentifier avec les techniques classiques de chimie.Qu à cela ne tieme : on pourrait révéler leur pré-sence par d autres méthodes. immunologiques.\{ais c'est pour se heurter alors à une série d'obs-taclcs. læ prernier est que ces substance: " recom-binantes '. c'est-à-dirc produites par des bactéric:grâce au génie génétique. sont très proches sinonidentiques. à celles produites naturellement parle corps humain. Le deu)iième obstacle est quelcur durie dc r ic dans l organisme est très coune. \Jc l orJre de quclquer heure. ou quclques jours.lEnfin. Ics tau\ natur cls sonl tres r arrahles d'un I

individu à l'autre. et modifiés par divers para'mètres comm€ l'effort. le stress. la fatigue..." Ditc qua c e [tldéraaable est en fait uu abus delargaga résume Jacques de Ceaurriz. Brel si?4 orrpeut les délecter. nruis ( est ini,tulligible ".

Prenons le cas de la fameuse EPO. ou é41hro-poïétine. lbici 9 ans qu el)e figure dans la iistedes produits interdits par le CIO. Aujourd'hui. uncvcliste dopé à I EPO rcstcra pourtant négatif

É

De jour comme de nuitlorr d'épreuyer comrne le Tour de Flôn(e o! laCoupe du monde, l'.nalyse re fôlt en continu,pour un premler résultat ên 24 h. Obie<tlf :rêpérer der centainer de prodult3 dopartr detoute nâture, tân3 lndl<ation préalabl€...(Lâboratolr€ natlonâl de dépiitage du dopâge.)

aux contrôles. Ccrtes. des contrôles sanguins ontbien été mis en place par I'UCI et par la îédéra-tion internationale de ski. Mais il ne s'agit en riende contrôles antidopage. seulement d une mesu-re de préventioa des risques. Ce n'est pas la prised'EPO. mais l hématocrite. c est-à-dire la concen-tration en lllobulc( rouses du sang. qui e{t me\u-re chez les crclistes. Che.z un humme jeune prali-qurnt unc acli\ile ph\sique rég.uliere. I

I hemalocril., esl r oi:in de .l.l oo rpour JA oo chç7 |un honme àge er sedentaire t. La pri:e d'EPO. qui I

stimule la production des globules rouses. aùg-

69

Page 69: Dossier Du Dopage

contrôles. Tout comme la prise

AE Iomente l'hématocrite. Des expériences ont ainsimontré que des injections d'EPO à raison de 30unités par kilo et par sernaine. pendant une curede six semaines. pouvaient faire grimper I'héma-tocrite de 4.1 % à 49.5 '/.. LUCI a choisi de fixerla barre à 50 % (47 % pour les femmes). Au-delà.le coureur ne disputera pas l'épreuve. Mais unhématocrite supérieur à 50 7o ne prouve en rien laprise d'EPO: une déshydratation peut par

I exemplc proroquer Ic mème effel. A lin\erse. il'esl parfailement possihle de doser ses prises

d EPO de manière à rester en dessous du seuilfatidique. D aucuns n'hésitent pas à fustig€r ce

type de contrôle. l'accusant d entrainer de.faclounc " légalisation " de I'EPO : " Ce n'est pns de lolnte contre le doptge. c'ev dc la htnue conscienceà bon prft... ,

De la même manière. une cure d'hormone decroissance. d'interleukine 3 ou d'lGF1 passera in-aperçue aux contrôles. Tout comme la prise

Un combat à armes inégalesChrornâtogrâphle, Jpe<trométde de màirc...Lcr apparcllr let plût modetnei restentlmpultranta facc aux nouvelles génératlonr demoléculg dopantcr, lsruer du génle génétlque.

d'autres hormones de nature protéique. comme laLH ou I'ATCH. qui ont l'intéressante prop étéd'augmenter la production naturelle de stéroidesanaboJisants par le corps humain...

Résultat; " Les laboratoires recherchenr des\uhstnn(t qtp let slnmfs ne prennent lat. rèsumcJean-Pierre de Mondenard. et les sponifs utilisentdes substattces que les laboratoires ne trouventpds ,. Le médecin sportifn'hésite pas à en conclu-rc gue . des nlilliotls de ftancs sotrt rit].li mis à lopouhelle. Et <ela dure depuis des années ".

Il est un fait que les laboratoires antidopagesont peu armés. rnême lorsqu'il s agit de recher-

70

cher des substances dopantes détectables. Leurmission est complexe : rechercher dans quelquesmillilitres d udne - pour un coût lacturé à 1200francs par <chantillon -. la pré:cnce de centarnesde principes actifs interdits. sans aucune orienta-tion préalable. . Cette nùssiott devient presque"irréelle" lorsque. à ces inrpératifs unal,t,tiques.s'ajoute lobligotiott de rendre les résultats, sou-vent en rttoitrs de 21,herles... ". déplore Marie-Florence Grenier-Loustalot. direcleur du Servicecentrald'analyse du CNRS. dars un rappon rcmisen décembre dernier au ministère de la Jeunesseet des Sports (1). Souvent créés dans des condi-tions relâtivement précaires. avec les Jeux olvm-piques ou de grander competitions internatio-nales comme mannes ponctuelles. les laboratoiresde dépistage du dopage se sont modernisés. Ilsont sophistiqué leur appareillage. En deux ans. lebudget du laboratoire de Châtenav-Malabrv a td-plé. passant de 7 millions en 1997 à 21 millionscettc année. Mais les progrès accomplis sur leplan analvtique ont creusé d autres omières. Pournombre de substances. il a fallu fixer des seuils.Et comme chacun sait. un seuil compone toujoursune pan d'arbitraire ... " On est ptrssé de ltuettesde théâtre à tles ktngues vues et ph,s personne nesait où il en est ". dénonce Jean-Pierre de Mon-denatd. " Les anahses sotû beaucoup phts fiablesqu'on veut bien la dire. rétorque Claude-LouisGallien. Elles opparaissent (lticables cnr on cçsoied'éviter I' arhitraire ".

LA PORTE OUVERTEAUX CONTESTATIONS

En tout cas. cerlains sportifs ne manquent pasde mettre en avant ces faiblesses. s'iis tombentsous le coup d un résultat positif (voir l encadré).Ils contesteront d'autant plus lacilement que l'en-jeu financier est important. Ils seronl d'autant pluspoussés à le fairc quc d'une analvse à l'autre. pourun même échantillon d urine. les marges d eneurpeuvent être de 25 o/o. Que d'un pays à l'autre.les taux de positifs détectés par les laboratoiresagréés peurent fâcilement vader de I à .l (alorsque la rnoyenne est d'un peu plus dc 1 u/o. le tauxn'atteignait pas 0.5 % pour le laboratoire deRome. suspendu par le CIO à la suite des affairesde dopage dans Ie Calcio Italien). Et que lesconditions de prélèvement elles-mêmes poussentparfois à coltester la validité du contrôle...

Même si elles restent assez épanes. des pistesde recherche sont expkrrées pour améliorer l effi-

| - Ræoo( d€ synrhese d€ expe'ise collêclve ,0opà8e er pl?ùques

sponlYes ), déc€mbre 1998.

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Page 70: Dossier Du Dopage

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||D omme d,aut et le iudoka\Diamel Bouras, prij positif enoctobre 1997 à la vèille

'des

championnats du monde deBercy, a toujours clamé son in_nocence et plaidé le doute scien_tifique. La substance incrimineê?La nandrolone, une hormonestémide de synthèse. Deux Dro-duits issus de la dégradatiori decette hormone onaété décelésdans ses urines : la 19 norandro_stérone (19.M) et la 19 norétio-cholanolone ('19-NE). Et ce, àdes taux oscillant autour de l0nanogrammes par millilitre-Suspendu pour'un an par la

De fait, les femmes enceintesproduisent bel et bien de la nan_drolone : on reùouve les deuxmétabolites l9-NA et l9-NÊdans leurs urines, à des taux de

' t a Z nglmt en Éoyenne. éhËles hommes, on suspecte aussisa.p.re!en!e. " Tout técemment, lemedecin lrunçois Louis Dehennin,c meme qui avait mis en évidence

lo prèsence de nondrobne chez lotemme mceinte, o constoté aue lonondrchne existoit à t'état dettoces chez I'homme ", raoDoftele médecin du sport jean_pienede Mondenard.Le tout est de savoir en quellesquantjtés. Dans l,étude d; De_hennin, sur 30 cat " l,un attei.gnait sans doryge Z ndno-grommes \ de métabolites dansles urines, précise lean_pierre deMondenard. . Une fqible svnthè-se de nondrolone au niveoi destesticules chez I'adulte est théoti_quemmt concevable; elle estmême waisemblable, mais à moconnoissonce, elle n'o jomois étémontrèe de loçon directe. Ce qui oete mis en évidence, c'est lo p;é_sence dons les urines de métobo-lites qui Nuroient détivet de tonondrolone.., ou d'autres moa-cules voisines ! ,, étomue le oré_sident de la commissioi natiàna_le de lutte conùe le dooaoe.Claude-Louis Galtien. fi aÉ pour-suvre que de toute façon, hor_m6 " des obseryotions exceDtion_nelles et lès cont(j'tées, les'tauxse situent tÈs laryement en des-sous du seuil de rcference. lls sont

fixe le seuil des deux métabolitesde la nandrolone à Z nano_grammes/ml. Elle indique aussiqu'entre 5 et l0 ml, le laboratoi_re doit faire état de la détectionde faibles quantités et préciser latechnique d,analyse emplovée.Reste que ce seuil est contôté

, ruspenou pour un an par la

; commtss,on antidooaoe du mi_nistère de la ;eunesse Ét des

, Sports, puis pour deux ans par laI rcoerdtron antemationale dei judo, Djamel Bouras conteste- sâ

'prin€ipale ligne de défense ? Lescomposés reùouvés dans sesurines pouraient venir d,unesécrétion naturelle.

10, 20, ou 30 tois ptus faibles...,.Depuis 1996, en effet. une notetransmise par le CIO aux labora_toires de dépistage du dopage

permeftant de reprendre lacompétition le l9 mars-

Page 71: Dossier Du Dopage

cacité des confôles. Plusieun ont donné lieu à des

effets d'annonce, non concrétisés (comme la né-thode de détection de I'EPO du professeur Fran-cesco Conconi. depuis mis en cause dans les af-faires de dopage du Calcio). D'autres sont enpasse d'être opérationnelles... A conditiou. bienstr. d'y mettre Ie prix. C'est le cas pour la testo-stérone. Une nouvelle technique permet de dis-tinguer la forme artificielle, synthétisée à partirde stérols de plantes, de l'hormone humaine. C'estle rapport entre les deux isotopes naturels du car-bone.1zC et l3C. qui ûahit I'origine du produit. Latecbrique a déjà fait ses preuves dans le domainedes fraudes. pour déterminer la provenance destupéfiarns et remorler les filières. En France,elle est explorée depuis plusieurs amées par legroupe de M. Becchi. du service central d'analysedu CNRS. Une poignée de laboratoires antido-page dans le monde dispose déjà de l'appareilla-ge nécessaire. Celui de Châtenay-Malabry vientde l'acquédr, pour un cott d'ur peu plus d'un mil-lion de francs. Des tests onl déjà été faits à Tokyopour lesjeux de Nagano (sans que le CIO ne l'ins-cdve pour autant dans son règlement)... Pourqrael coit2 . Celn devrait poxer nr quelEtes cen-taines de francs en pltrs pour un contôle. estimeJacques de Ceaurriz, Celte technique ne peut pasêtre utilisée en routinq mak seulernmt pour confir-nation ,. D'avtar.t qu'elle demande plusieursétapes de purification. et donc, au départ, une cer-taine quantité d'urine : 10. 20 millilitres voire plusselon le produit recherché.

. HORS DE PRIX .D'autres gardent I'idée d'une délection directe

de I'EPO. Certes ce dopant est éliminé très vitepar les urines. Mais cela n'est plus perçu commeun obstacle incontournable. Détecter I'EPO. neserait-ce que dans les deux joun qui suivent Ia pri-se. paraît inléressant : l'affaire Festina a bien mon-tré que les cures peuvent se faire au cours descompélitions. Or les EPO " recombinantes ". fa-briquées par génie génétique. ne sont pas lesclones exacrs de I'EPO naturelle. I-a différence est

minime. elle touche aux glucides portés par la mo-lécule. La mettre en évidence tient de la gageu-re : dans le corps humain. I'EPO circule déjà sous

une vingtaine de formes différentes, et toujoun enquantités infimes.. . o Une équipe suédoise a ptrbliéune méthode de détection. mais elle est très com-plexe et ne marche par â 1A? % ". souligne MichelAudran. de la faculté de pharmacie de Montpel-lter 1. " On ne peut pos l'appliquer en contrôle an-

tidopage, b méthode prend un minimum de deur

72

joun à temps plein sur chaque échanrillo, " I-", Imatologue Gérard Dine n'est pas plus optimiste : I" La dérection directe de I EPO ou tl aurres fac- |teurs de croissance? Dans les conditions acnælles Ic est impossible en rourine, et hors de prix : entre I5 000 et I 5 000 francs pout un contrôle, pour un Iproduit. Or il 1'en a déià I5 ou 20 sur le marché ". I

La solution? [ faut des analyses plus vastes lls Isont nombreux à tenir Ie même discours " L ana- |lyse rraditionnelle des urines. par des méthodes Iph|sico-chimiques a longremps érë présenÉe com- |nre la tenaille qui anathe totç les clous C'ëtair m

Ipeu naif ". itJge lacques de Ceaurriz. [æ directeur

I

du laboratoire français en est persuadé. " illcut I

mettre de nouveaux garde-fou5 avec des tess d'im- '

pocts biologiques ". A\trement dit. ne plus se fo-caliser sur le dopant lui-même. mais analyser lesang. à l'affùt d'indices biologiques qui pounaientrévéler la prise de produits interdits. Or de tels( marqueu$ > sarguins existent pour I'EPO. Enparticulier ceux liés au captage du fer. Car en ac-tivant la production des globules rouges, l'EPOaugmeDle aussi leurs besoins en fer. qui entredans la composition de l'hémoglobine. Ce qui élè-ve le taux sanguin de rnarqueurs isus des globulesrouges, les récepteurs solubles à la tra$ferrine. Laméthode a été étudiée. à Montpellier. par MichelAudran. en association avec des chercheun pari-siens et québécois. A la demande de la justice.Richard Virenque et ses coéquipierc de Festinaont dt s'y soumettre. Mais l'approche ne peut quesuspecter fortement la prise d'EPO par unfaisceaux d'arguments et non la prouver.. . " C ?Jt

validé scientifiquement, crédible, mais le problèmeest qu'il s'agit d'une preuve indirecte, on ne peutclonc pas l'utiliser dans les réglementations ac-lrel/es ". précise Claude-Louis Gallien. S'il estpossible de suspecter le dopage. impossible de lesânctionner...

Le système contrôle-sanction a-t-il fait sontemps ? Le tout nouveau suivi biologique dessportifs. dans lequel se sont lancés. depuis no-vembre demier. Ie rninistère de la Jeunesse et des

Sportr les six équipes professionnelles françaÈesde c.vclisme et plusieurs autres féd&ations, réponden tout cas à une tout autle logique (voir l'encadrépage 123). " ilsv5 svons voulu différencier tout ce

qui esl prévention et sw,^eillance médicale du sys-

tème répressif, qui hti, passe par les contôles " ex-plique Jean Poczobut. conseiller technique au-près de Marie-George Buffet. Ces examenssanguins himestriels - facturés 500 à 2000 fuancs

par bilan, contre I 200 francs pour un contrôle uri-naire classique - ont été conçus dans une logique

Page 72: Dossier Du Dopage

c-G-

La piste des isotopesDepuls peu, une te<hnlque de me5ure derisotopeJ du carbone peut dévoiler la prise detertortérone rynthétlque. Mals etle demand€de grandes quântltés d'urlne et ne devrôltpâs être utlliiér en roûtine.

de surveillance médicale. lls de\ raielli. si ies fi-nanccs suilcn1. être étendus au\ l5(X) sportils quiigurcnl à l'heure actuelle sur la iiste nationalc dchaut nilcau - pour un budgct dc 16.5 nrilljons deirancs.

En attendant. les contrôies urinaires classiquesou1 encore de beau\ iours devant eut. Le minis-tùrc dc'la Jcunessc el des Sports comptc bico lcsintcnsificr. notamment en dchors des compéti-lions. " Des di?osiions o t été ptise\ dans lu nou-| (lk h'i Pt' r tttp !4 t

' 'n ;'lr\ iu,..|i ltt' \t '!i t I t t -

'u,,t! tnt'ritti:. tt rltt? ptt\ttutl? ttt Ttti,tt,ttdiscuter la lrrlrdill -. se Iélicite Jean Poczohut. LeLahoratorr. dc Chât<na\-Nldlahn drrrart traitcr.ettc annéc 1000 à 2llï) lichantillons supplénen-raires. LUCI pré\'oit quant à elle 125{X)contrôles

<rr 1909. prrur un huJq(t d< 5lIl000 tranc\ \ul\\c\.Dcs contrôics pour quoi faire .)Pou. détecter lc

pvc l " le n oi iarnis drr, co,ar -. précisc l héma-ioltrgue Gérarcl Dinc - Lcs contrôles c/rrssiqiicssont itttli.rpettsubles prnu le.s ltroduirs tluneereut,accrsslô/cr ù lu ntusse sponite ". Les licenciéssporlifs représentent 13 millions de personnes. Etc-est pour eu\ que l approche antidopase clas-sique est la moins disculable. argumcnlc Claudc,Louis Gailicn. Car ccux qui sc d()pcnt cn anla-rcuts - t1( l1r?nn(nt ltas lc I EPO ou tlt I hornonede croissunce, nutis n intportc qutti. des it11phën-ntittts. Llu prn btlge. u lù les ctttttritles sott très dis-J!/.1-tl ". Reste qu cn l itat actucl. lcur nombrcesl tcl quc la plupari dÈs sportifs n onl jamais étésoumis à aucun tesl.

PouR EN s voR Pr.u5 :-Jeàn-Pi€rre de Moôdenard . Dopoge ëux Jeur olfipiques: Io ûicherÈ(ompensæ, AmphorÀ I 996.

- Claudelou s GâJlien. le dopdge en guestiont, numém sÉcial de trance

lq n' 31. Novembr€ 1998.

Page 73: Dossier Du Dopage

Les limites de la iuue i

eptembre 1998. ArmandMégret, médecin au seinde la Fédération française

de cyclisme, vieût d'être nom-mé parmi les membres du grou-pe de travail interministériel

" Médecine du sPort et lûte an-

MALADES OU DOPES ?I Auiourd'hui, le sport Qe haut niveau estmédicalisé à l'extrême. A tel point que l'on peutparfois se demander qui se soigne et qui se dope.

LE DILEMME DU MÉOECINPour avoir prescit des <orticoidesà un cycliste, le DrArmandMégret s'est retrouvé .u (entred'unê polémique sYmPtomatique.Act€ médicalpour soigner unebronchite ou dopage ?

tidopage ". lnstigateur. avec leDr Dine. du suivi biologiquelongitudinal auquel doivent se

soumettre désormais les cY-

clistes professionnels. I'hommeest respecté. Il va polrtant se re-trouver au centre d'une polé-

74

PaR MAt-rHtas RTMANE

mique slmptomatique. A Peineintronisé. il se voit accusé

d'avoir prescrit des corticoidesà un coureur avant le départ duTour de France 1997. lntero8é.le Dr Mégret assume sa Pres-cription : ( 1/ ne r a git pas d'unacte de dopage. L'état de monpaient i$tifr{tit pour raisons thë-

rapeutiques {une bronchite) /aprise de ces produits, générale'ment prescrits par les ORL surdes patients atteints de sirutsitesaiguès ". Pour le c-vcliste. soigné

sans résultat aux antibiotiques.o rester à la maison était inima-ginabte ,. Éctaboussé. le DrMégel a dû démissiomel de sa

fonction.L histoire est édifiante. Êlle

résume toute la problématiquedes soins au sein du spofi de

haut niveau. Prescription deproduits dopants aux effets eu-phorisants et stimulantsconnus(1). difficulté de soignerefficacement un athlète lout enrespectant la loi. agacementd'un cycliste qui ne peut se per-mettre de prendre sa maladie enpatience. approbation d'un mé-decin qui ne s'est pas senti ca-pable de refuser un remède o ra-dical " à un c.vcliste qui auraitpourtant été mis en arlêÎ de tra-vail s'il avail été instituteur oupublicitaire : tout y est. Avec enfiligrane la question centrale :

doit-on se passer de l'efficacitéde médicaments pour une vraiemaladie dont il est difficile devenir à bout? La loi. qui définitle dopage de fait par le biaisd'une liste précise de médica-ments interdits ou contenant

des substances prohibés. Y ré-pond : c'est oui.

En novembre dernier. Lau-rent Blanc. le joueur de I'OlYm-pique de Marseille. s'en estplaint. Ne pouvant veBir à boutd'un rhume pelsistant. il Pestaitcontre I'interdiction de prendredes médicaments. selon lui.mieux adaptés L argument n'estpas nouYeau. En 1979, Parexemple. Francesco Moser met-tait sa défaite daff le TouI d'Ita-Iie sur le compte de I'impossibi-lité à soigner une conjonctiviteavec les médicaments adéquatsAujourd'hui encore, il arriveque des sportifs se plaignent de

la longueur de la liste des médi-camenls interdits. Ils ont raison.même si on peut objecter à

beaucoup d'entre eux qu'ils sontles premiers à avoir contribué àla médicalisation extrême dusport de haut ni\€au. Mais il est

bien vrai qu'ils doivent redou-bler d'attention face aux médicaments prescrits, JacquesPiasenta. I'entraîneur de lachampionne d'Europe du 100 mChristine Arron. confied'ailleun (voir l'intewiew P 78)qu'il doil lui-même vérifier lesmédicamerts que prennent ses

athlètes. Certains de leurs mé-decins traitants n'étant absolu-ment pas au fait de 1a liste rou-ge. qui figure pourtanl dans leVidal.

uN PROGRÈ' POUE Lr,SSOINS DE TATHLETE

En ce domaine aussi. mieuxvaut donc être uo bon profes-sionnel pour réussir ! Tous les

spoftifs ne s'en offusquentd'ailleurs par Appelée à témoi-gner par la presse au début de

I'affaire Bouras. la judokate

I - llsaSbsâit de dipros!ène iniectâbl€ etdede(âdrofl ell comprimê, produiE comemnt des

conicoides, Ce$e slbrÀnc€ €st in:êrdite en(!i d'àbsolFion pàr voi€ 8en&âlê. mais lolérée

rous fonne d'htlfàtio$ lotâles evec une iutti-îcâtloi ûerâpeutjque.

Page 74: Dossier Du Dopage

à\

une ÉrmiïËÈÉlLDÉMr\

Lillehammer, en 'lévÂet 1994,829bdes

- skleurs de fond étalent

' pres{rlts: !e

r 56igné5 " Sourasthme, dos5ielr- mé{iiaux à t,appul. Au- , prêtnler-cbef des-, ..:: - Dédicameâtj

75

Page 75: Dossier Du Dopage

L., r**, de lo luaecharnpionne olympique Marie-Claire Restoux estimait mêmeo normal pour un sportif de hauniveat de connaître la liste d.es

ptoduits inzrdits ,.PoUtr des in-dividus lamilien de la diététiqueou des produits ergogéniques,très soucieux de leur corp's. cetteexigence ne semble pas exagé-rée. D'autant que I'argument del'impossibilité de se soigner parpeur d'un contrôle posilif est de-venu largement caduc depuisI'instauration de la justificationthérapeutique (en France, parI'anêté du 3 juin 1991). Grâce àcette exception, certains pro-duils peuvent être prescrits sansque les sportifs ne craignent desanctions, à la seule conditionqu'il n'existe pas d'équivalentnon dopant et que la mention< J > apparaisse sur le produitchoisi. Blessé au genou, JoseLuis Cbilaven,le gardien de butparaguayen qui fit tremblerl'équipe de France de foolballen huitième de finale de la Cou-pe du monde, a ainsi pu jouerioute la compétition sousinfilfation.

La justiûcation thérapeutiquea été un véritable progrès pourles soins de I'athlète de haut ni-veau. On se souvient qu'un na-geur américain. Rich DeMont,lors des Jeux olympiques deMunich, en 192. fut privé de lamédâille d'or du 400 m nagelibre après un contrôle positil

Une vraie injustice : asthma-tique authentique, il avait réelle-ment besoin de prendre le médi-cament pourtant interdit.Malheureusement pour lui, lajustification thérapeutiquen'existait pas encore. Quelquesautres ont âussi pâti de ce videdans le dispositif de la lutte an-tidopâge. Ce n'est plus Ie cas au-jourd'hui. Bien au contraire. Lajustification thérapeutique estmême devenue une belle < hy-pocrisie )'. comme nous I'a ré-

76

cemment confié Jean Langloi:présideut de la section santé pu-blique au sein du Conseil Dational de I'Ordre des médecins.Depuis son instauration, il arri-ve en effet que fleurissent desépidémies bien étranges On se

souvient, par exemple, qu'en1993. l'asthme s'abattit sur Ie pe-

,.

loton cycliste (Rominger, l-ndu- |

rain. Zulle.,.) atteignant mème Iquelques footballeurs, rugby- I

men ou skieus.

LE PARAPLUIETHÉRAPEUTIQUE

Coupables ? Ab6olument pas !

Contrôlés positifs au_qglbu14-mol pour la plupa , ils pou-vaient présenter ure justifica-tion thérapeutique... Enfin,presque tous. Contrôlé positilen mai 1993. Indurain n'avaitmême pas cet argument à fairevaloir pour sa défense, puisquela commission de justificationthérâpeutique de la Fédérationfrançaise jugea son dossier(allergie au pollen) un peu léger.Il fut pourtant disculpé au moisde septembre suivant, Stimulântrespiratoire prescrit en cas despasmes broochiquer,k_q4bU,la--mol peut aussi être ulile pour lessportifs en quete d'un coup defouet : en dilatant les bronches,il augmente la capacité pulmo-naire, le transport de I'orygèneet donc la puissance musculairc.En février 1994. lors des Jeuxolympiques de Lillehammer.82 o/o des skieun de fond étaient< soignés ) pour asthme. Tousavaient évidemment. sous lamain. un dossier médicâl en bé-ton pour bronchospasmes in-duits par I'effort au froid. Saufque les tests faits pour la justifi-cation thérapeutique sont réali-sés dans I'atmosphère d'un la-boratoire et ne pouvaient doncpas jauger le bien-fondé de lademaade..,

Cinq ans plus tard. rien n'â

changé. La iustifica,,"t,OUr"- |peutique est toujous largement Idétournée de son obiet- De Inombreux médecins e'xercant Idans le football adm.,,.n,.'o"l Iexemple. qu'ils ont bien au ma Ià refuser une infiltrarion à un Iioueur feignant une blessure Iaprès s'etre aperçu de la sensa- |tion d'euphorie qu'elle lui avait I

appûrtée la première fois Clau- |de-Louis Gallien, président de I

la Comrnission nationale de lut- J

te contre le dopage. relève éga-lement dans le numéro spécialdl Magazine de l'équipe deFrance olympique : Le Dopageen questions, que si 37 o/o descontrôles positifs ellectués enFrance durant I'anné e 1997 pot-taient sur la prise de stimulants,le pourcentage retombait à 20 o/o

après examen du dossier justifi-cation thérapeutique. Restentl7 o/o de << patients > qui cou-raiert plus vile. ou pouyaientcontinuer de courir. gâce à unebéquille chimique.

Est-ce bien logique ? Un ma-lade n'a-t-il pas droit à un arletde travail ? Même les chevauxde coùse sont interdits de com-pétition lonqu'ils sont sous trai-tement médical. Mais le sport dehaut niveau obéit désormais àdes impératifs financiers dontles atblètes se font, pour diffé-rentes raisons. les esclavesconsentants. Fatigue, maladie etblessure y sont proscrites, saufcas extrêmes de blessure invali-dante. Le Dr Jousselin, pairondu service médical de t'Insep,reconnaît que le plus difficile est

I de " laire accepter la fatigue carI il y a toujours un objecrif à phts

\ou moins long terme ". Ce n'estpas un hasard si près de 20 o/.

des consultations réalisées àl'Institut portent sur des pro-blèmes d'asthénie. Un rapportinterne 'note d'ailleurs que lafaible demande d'anti-asthé-nique et produits de confort est

Page 76: Dossier Du Dopage

- .\lrd - ld cot$équetrce de l ac-. des Édecins.1...) Certains

' ,ttfs onr ert effet la ntouvaisc' ::ttude de rëclanter des atrti-as-':,:tques ktrs de cycles d entraî-.rcnt intet5ifs. Cete demattde!arlois s|stét1ltrûque et rient à

. t)1o|1tet1l de l e tfoî cur qui.:icùe Lc nrëdecitl pour établit'

-'.a ]1rogrtulunoion pharmace: i q ue' anrtuel le supe i pt t s tti tit

- .i progrcnutlotiolr des cr.cles: antruînenrctu ,-

Brel c est le monde à l enren.)n loudrait . prér'enir . médi-

--llement et gommer la fatigue:r)ur nc pas ar oir à guérir )es

:in5équences du surentraine-:rent. lbus les slaffs médicaux.:c lcur propre iniliatile ou sous

.,r prcssion de leur environne-:lÈnt- sont confronlés à cette lo-:lque de soutien à la performan-.'e. très répandue dans le sportde haut nileau. A la questionrniriale " conurcnt un sporrif deluut niveau peut-ilse soig (r? ".L)n peut donc répondre : .. l-eplLts sinrplernent dtt nonde "dans la majorité des cas. mêmes'il faur prendre ceftaines pré-cautions d enploi. Mais pourcoller aux réalités du sport dehaut nireau. il iaudrait peut-êlreposer 1a question dilïéremmenten se demandant oii s arrête lesuivi médical et quand débutele dopase'l Là. la réponse estbien plus compliquée tant lafrontière est devenue ténue. Alel poinr qu on en rient au-jourd hui à parler de " médica-ments de la pcrformancc ".ceux-là lout à fait légaux.

DEUX LOGTQUESS'AFFRONTENT

On peut considérer logiquede recourir à ces crgogéniquesou produits facilitant la récupé-ration pour mieur supporter les

charges d entrainement et decalendrier toujours plus folles.On peut aussi estimer qu il s agit

;:

UNE ATTELLE CHIMIQUECertains produits (omme les corti<oïdes sont autorisé5 en applicationlocale. Le ga.dien de but paraguayen lose Luis Chilavert, blesré augenou, a ainsi pu iouer la demière Coupe du rnonde sous infiltration.

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Page 77: Dossier Du Dopage

ATTENTION :

DOPANTSDifficile de surveiller,

au quotidien, lesmédicaments absorbéspar les athlètes...lacques Piasenta,entraîneur de ChristineArron, témoigne.

Propos recueillispar Matthias Rimane

lhlthlas Rlmânê : Pouvez-vous nous décrire le suM médicalde vos athlètes ?

,acquer Platcnta : Ên trauma-tologie, je travaille avec le PrSaillant. Concemant des pro-blèmes de santé plus couranqcomme une angine ou unegripp€, il n'est pas facile detrower une solution. Mesquatoze athlètes voient leurmédecin de famille. Malheureu-Sement, il anive ùois ou quatrefois par an qu'il leur prescrive desproduits interdiq par mânqued'information, alors qu'il leur aaffirmé que le médicament nerisquait pas de les rendre positifsà un conùôle anùdopage! Cesmédecins donnent à peu pÈ lesmêmes médicamentJ à tout lemonde, alo6 ils ne compren^nent pas. Pour eux, ce n'est pasdu dopage. Mais nous n'avonsdroit à aucune eneur. AloO mesathlètes signent un engagement

sur l'honneur pour éviter de fairedes conneries.

tl.n : Lequel?

,a.quer Pl.rênt. : Je vous lisl'article concemant le dopage :

o En incoryorcnt le groury d'en.toînement Jocques Piosento, ieceftitie n'owi jonois pis de pm-duit dorynt et je m'engoge, dvantde prmdre toute substance,produit ou médicoment à avoir leréflexe de vérifrer, avec n:rj,n enûoî-neur lacques Piasenta, ou en sonabsence wec le médecin fédénl,qu'il ne figurc pos sur la liste ac-tualisæ dæ sÉcialités plnrmoceu-tiques contenant des substancesdoryntes pu iée por le ministèrede lo leunesse et des Spotts.

I'mtmds réolku da performoncaexclusivemmt grôce à mu quolitésnaturelles, ù la quolité de mon

entraînement et à mo motivotionà me dépossu. ,

M,n. : Vous prenez vosprécautions !

lâc$rc. Pl.5sfia : Oui. ,€ leurai même marqué en plus :

< Faites ottention, sochez quemême des ptduits utilisés por IeFmnçis moyen comme leGurcnson est sur lo liste. un orcndîffirîE pstrltes, de coltuioies,

- de suwsitoires pour les brcnchites

f, ou un étot gippL comme te Dé-

â cadron. frgurcnt sw Ia liste. fr6ezà que I'enbolloge ne nentionne posâ, nettement oue lo Dise de ce nédi-I cament produit uh résultat positil o: un contrôle ontidopoge. Méfrez-

va.r des produits diététiqua, descompléments alimentoires, del'appolitkn de nouvelles boissonséneryAiques qui pewent contenirdes substonces dopontes. > Le< Redbull > en conùenl parexemple. n Méfrez-vous de I'inho.lation passive de fumée susceptibkde donnet un contôle positif. 'Vous allez dans une boftependant 3 heures, vous powezl'êtr€ deux-$ois iours apÈ.

M.R. : ll n'y a jamais eu d'eneurde la part de vos athlètes ou dela vôtre?

,acqu6 Plascnt I Ce n'e5t pasune garantie pour moi, J'ai tou-joun peur que l'un d'eux faseune connerie mais bon... Tousles ans, i'ai deux-trois athlètes quiratent leur saison parce qu'ils ontcontracté une grippe huit joursavant le championnat de France.Voilà, mais bon, c'est comme ça.Faut l'accepter.

d'une " conduite dopante " qui par les sportifr comme Ies bêta-mène au wai dopage. Les deux bloquants" sont deyenus tlès pri-logiques s'affrontent actuelle- sés des archers. des pilotes de F1ment. Quoi qu il en soit. le fait . ou des pousseurs de bobsleigh.est là:le sport de haut niveau \Depuis deux ans. des coureuAactuel esr un uniren médicalise Jde marathon urilisent du Prozacà l'exlrêBe. où l'on ne sait plus. ( . à deu( ou trois lois la dose. quiparfois. qui se soigne et qui se lleur procure une euphorie lesdope. Il r a quelques annde! des laidant à supporrer lé. longue<médicamenrs apparemment très ldistances Récemment. on a ap-éloignés des effets recherchés pris que certains cvclistes s'in-

jectent du débridat en intramus-culaire à dix fois la dose pourbénéficier des " bienfaits " deI'antisoasmodioue I destiné à<-------'=---1--sorgner les maux de ventre) qucontient. Faudra-t-il en ariver àinterdire tout médicam€nt auxathlètes de haut niveau. au dé-triment de ceux qui sonl réelle-ment malades. pour venh à boutdu dopage ?

78

Page 78: Dossier Du Dopage

ojreJrl

sr ropelJtJ

ChiffresDe l'haltérophilie à la natation : lepalmarès français des contrôlesantidopage, discipline pardiscipline. p. 80

AmateursNotre enquête inédite dévoilel'étendue de pratiquessouterraines, loin des podiums.

P.94

Et oussi : Dures sorttesd'entance. O. l02)

d'un dopage érigé enaffaire d'Etat. p.88

FournisseursLes .. filières '' de la dope :

détournements de produits,laboratoires clandestins,

Ex-Stasi

internet... p.106

Page 79: Dossier Du Dopage
Page 80: Dossier Du Dopage
Page 81: Dossier Du Dopage

aul fédérations les plus importantes ou à cellesqrii ont un secteu professionnel développé. Tôut

.juste peut-on s'étonner qu'en 1997. la fédérationfrançaise de pétanque et dejeuprovençal n'ait faitl'objet d'aucun contrôle. alors qu'avec près de

-500 000 ticenciés. c'est une des dir plus grosses

fédérations.On relève. en second lieu. que 23 d'entre elles

ont fait l'objet d'au moins 50 contrôlel seuil à par-tir duquel on peut estimer que le maniement desstatistiques n est pas trop altéré par des " acci-dents " de parcours.

S âgissant des sports les plus visés par les

contrôles (tableau -l). on ne sera pas surpris que lecycLisme ait fait largement la course en tête avec707 contrôles. Il a été âitrsi contrôlé lârgemetrtdeux fois plus que l'athlétisme, son suivant im-médiat I Il représente même à lui seul. en 1997.plus de 18 % de l'ensemble des contrôles. De la

1. Contrôles et cas positifs sn Ftanco

tsl.lg€z rgSr 1986 1988 1990 1992 19t 1996 1998

2. Nombre de câs positifs pal année

TF*'

1994 1S6 1998

3. Contrôles ei cas positifs dans le monde

(.iE % c!! politih: ibd€ cont6h.

même îaçon. on notera la présence de disciplinestrès ciblées, comme l'haltérophilie. alors qu'ennombre de pratiquantE elles ne font pas partie des

fédérations majeuer A la différence. le tennis n'aeu à subir que 30 contrôles, bien qu'avec plus d'unmillion de licenciés. il s'agisse de la deuxième fé-dération sportive française.

il,,tu,,riiitnnn[i1980 r9t2 1S4 1$6 rS 1g'0 €!n

2

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2

s 96 & c.s poqittr!

Page 82: Dossier Du Dopage

I- IAssistan(e lvlédicaledu Tour de France

lssistance Medicàle

En tête du pelotonLe <'rcllsrne eJt la <lble nùméro un dù<ontiôlc antldoprge. Avec 7Oz<ontrôl€r en 1997, ll reprér€nte à lulreul plui dê lt de l'enJêmbl€ de3contrôlcr en Franc€, solt d€ux folsplu. que l'athlétl5mê, ron 3ùly.ntlrnrhédlat, ((l-d€'rus, lorJ du lourdê Fr.DGr 1998.)

4. É(Ërations les plu! conirôlé€s en i997

-

gsg ffi luairme313

-nrn Foo6r1

26b

-5!

H.hÉrophifc160 ffi Nctldontst {x snru

-E gcketarl

toz Ë!F cymn.ûtiqu€tot ËF Tnrtnonsg æ Jidos7 Ë!F RuÉv84 Ë!3 CrrxÈl(avltæ 1!3 UfOUp ud.lr hd..d. {r. ..gYÛ rdqtr. d.77 q spoirr do sLcê

r.'t"!B nt{dc;

æ * voncse ilF r.une65 {Ë Aviron60 * T.nnis dr t!bl.

FUYF-/

@l

Les chifftes relâtifs au nombre de cas positifspar fédération (rableau 5) n'appellent pas grandcommentaire. si ce n'est que 33 d'enûe elles onteu au moins une affafue à traiter et que I'haltéro-philie se distingue singulièrement. Plus pertinentest le taux de contrôles posilifs (tableau 6). Sur-prise ! Le cvclisme ne décroche pas loin s en faut.l€ bonnet d âne. Bien entendu. cela doit ôtrc tcm-

5. Cas positits par tédération en 1997*

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5a5t5350

S cor!F escrl t*S XalAntË Uoto"nairn.* volev-itrr

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15

8

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1

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* Hanôdl

E lrtat*im. A p€rtir dê 2 clr priid!

1

83

Page 83: Dossier Du Dopage

6. Cas poaitifs (9o) par fédÉration (19{17)

310 æ Spodt ù dæ3,m S1 Hrltùel466 æ Fooô.,2.12 G GWmrtro æ ftorocadnnctÆ iE GoI1,52 EË l'ltrbt5É l{û6on1J3 € ÆtlÉdanc0,99 S Ttltd{or016 3 sd0 At*or0 BdÇt|r;0 Cnoà.|{rpf0 E!.dmr0 q'tnmr6çt!o ftrgbY0 T..nbd!t bL0 !ryd

péré du fait de I'impossibilité de détecter des sub-stances comme I'EPO mais cela permet tout demème de relativiser cenaines choses...

LES TYPES DE CONTRôLEs EÎ{ 1997Tour le monde convient que les différents types

de contrôles sont loin d'avoir tous la même effi-cacité. Les contrôles inopinés (les sportifs ne sa-vent pas qu'ils vont être contrôlés) seront ainsibien plus susceptibles de déboucher sur une cer-taine vérité que les contrôles non inopinés. Dansle premier cas, les intéressés n'auront en effet pasle loisir de tenter de s'y soustraire, ou d'avoir re-cours à des méthodes ou produits masquants D€la même façon. les scientifiques sont unanimespour affirmer que la prise de produits dopants aplutôt lieu pendant les périodes d'entraînementque lols des comÉtitions.

Le coûtrôle le plus efficace sera donc effectuéhors compétition et de façon inopinée. lûve$e-ment. il vaudra mieui éviter de prévenir à l'avan-ce qu'un contrôle aura lieu lors d'une compétition. Pour s'en convainoe. il suffit de regarder lenombre de cas posilifs relevés lors des derniersgrands rendez-vous planétaires sportifs : Jeuxolympiques d'Atlanta eo 1996, 2 cas positifs pour

a

I 9.1? contrôles (0.1 o/.t, -u* Ou urooo. O. too,lball eD 1998. :5ô conrrôles er aucun cas positif ! |

Qu'en a-t-il eté en France. etr l9s7 ? Si l'on ne IcoDsidère que les coutrôles effecrués sur des spor- Irifs françaii (pour des raisons évidenter l.t tpor- |ûfs étrangen ne sont pratiquemeDt jamais contrô |lés bors compétition en France). on s'aperçoit I(tableau 7)que plus des deux tiers des contrôles Iotrr éré non inopitrés. à l occasion d'une competi- |tion. c'est-à-dire selon la méthode la moins effi- |cacr ! Les contrôles inopinés hors competition ne IreprésenteDt. quant à eux. que 26 o/o du total. I

S agissaDt des deux autres modalités (inopire I

eu compétition et non inopiné hon competition).la faiblesse de leur nombre s'explique d'elle-même. Il est très rare que des contrôles soient ef-fectués à I'improviste lors d'une compétition (laplupart des compétitions sont susceptibles d'êtrecontrôlées) et l'intérêt d'avertir qu'un contrôleva avoir lieu lors d'un entraînement ne saute pasaux yeux. Seul un quart des contrôles sont doncréaiisés selon la proédure la plus adaptée à la re-cherche des infractions. Encore faut-il garder àl'esprit que bon nombre de contrôles inophés nele sonl que de nom. PouJ l'anecdole. un médecindu ministère de la Jeuûesse et des Sports availl'habitude de venir à I'INSEP eflectuer ses prélè-vements inopinés.... à jour et heure fixes ! Oaimagine aisément la portée de telles opératioDs

Si I'on analyse à présent les contrôles selol letype de compétitions au cours desquelles ils on!eu lieu. on constate (tableau 8) que, mis à part les30 % de contrôles hors compétition que I'on re-trouve ici.les opérations ont eu lieu majoritaùe-ment (41 o/o) lors de compétilions nationales I-esépreuves régionales et hternationales n'ont étéconcerrées que dâns. respectivement. 13 70 et16 % des cas Même s'il est loin de se cantonner ausport de haut niveau.le phénomène du dopage est

7. Contlôlô! rur rpo.tifu fr.nçsi3 en 1997

10s,7gl5.00

=

Lon lllophef,r coqÉùtion

6û,C3%

Page 84: Dossier Du Dopage

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Page 85: Dossier Du Dopage

8. Contrôles sur les spoÉifs françaisselon le type de oompétitaon (1997)

9. Fédérations ayant eu lo moins docontrôl€s inopinés on 19971

æ,

s"so* E m"uron

Sport3 dê drce

l$vltG/dbma

0,009( UFotEp .Aul!(int5oconffilG ru totll

10. Fédérations ayant subi l€ plus decontrôles inopinés en 1997r

56.0096

5a3896 rAu moir:Ocû0ffiIc! dl tot l

1 1. Sub3tances détectées chezles sportils fÎanç8i! èn 1997

Anabolissûts26%

--_.-.Ërreësbrd

-

sffid

tour de méme potentiettemenl ptus pres.", alle spon d élire. Les rentations ia prèssion du re-lsultal ou de l'argent et les moyens d'acces aux Iproduits interdirs'v sont en effei décuplés. Il n esr Iàonc pas illogiquè que les compétitiàns de haut Iniveau (nationales et intemationales) soient phls Ivisées tout en sachant que la pan des épreuves in- |ternationales est. de /acto. réduite du simple fait Iqu elles soDt moins oombreuser I

n n'est égalemenl pas inintéressant d examiner Iquel est le son des différentes disciplires sponives Iau regard des modes de contrôle. Comme plus

I

haut. l observation ne pone que sur les [édéra- |

tions ayant fait l'objet d'au moins 50 contrôles en199. et ce. afin de ne pas biaiser les résultats Surcette base (23 fédérations). seules 6 ont un tar.Lx decontrôles inopinés supérieur à 50 7o. Si I'on s'at-tarde sur les 5 disciplines ayant les taur les moirsélevés (tâbleau 9). il est flagrant d'y retrouver desdisciplines qui figurent parmi les plus exposées(athlétisme, ryclisme. triathlon) alon que l'on s'in-terroge sur le taux record de 0 % s'agissânt deI'UFOLEP ! Dans le cas du cyclisme, cela tientprobablement au fait que. d'une part. ces sportifssont déjà très coDtrôlés en compétition et que.d'autre pan. lorganisation itinéranle el continuede ce sport rend extrêmement difficile lescontrôles inopinés La remarque vaut également.dans une moindre mesure, pour I'athlétisme.D'ailleurs un coup d'æil au palnarès inverse (ta-bleau 10) montre que les sports les plus contrôlésinophément sont principalement des sports col-lectifs dans lesquels. les phases d'eûtrahemenlétanl programmées de façon régulière tout auIong de la saison. il est plus aisé de proéder ainsi(on notera toutefois que le football, avec 22,36 7o

de contrôles inopinés. n'est que 18e sul 23). Enrapprochant ces résultats du nombre de cas posi-tifs par fédération. on peut avancer I'hypothèseque les disciplines ayart à la fois un faible taux decas positifs et une forte proportion de contrôlesinopinés figurent parmi les moins touchées par ledopage. A ce petit jeu, le volley-ball, l'escrime et.à un degré moindre. la natalion seraient les bonsélèves de la clase.

LEs'UBSTANCE5 DÉTECTÉEsUn petit lour du côté des substânces détectées

lon des conrôles positifs s'impose. Quels produitsont la faveur des tricheurs ou, plus sûrement,quelles substances les techniques actuelles de dé-tection permettent-elles de mettre au gand jour?

En 1997 (tableau 11). au palmarès des classes

de produits dopants, les stimulants (amphéta-

*sqr"

)

86

Page 86: Dossier Du Dopage

12. Substanc€s détec{ées chez les 3portifs trançaisaprè3 déduction des iustifications th6rapeutiquæ {97}

.19 cas, revient au salbutamol _ en X 13. Ca3 positifs au cannabis pa; fédération {97}principeréservéâffihmatques

nines. éphédrine, salbutamoi,... ).rrivenl en tête. Suivent les stuDé-iants (cannabis. dexr ropropo

"yple- ft:<-...) et les anabolisanrs (nandro- '

rûDe . testostérone, stanozolol.. .. ).ks diuétiques et les bêtabloquântssont beaucoup moins présents. parluite de lew intérêt limité dans bonnombre de disciplines. Toutes;lasses confondues. la palme, avec

- talonné par le cannabis (46 cas) -dont f interdiction relève plus del'éthique que de son powot dopant

et la nandrolone (3L cas). Bien en-tendu. ces résultats sont en grandepartie faussés par le fait que dessubstances comme I'EPO ne sontactuellement pas détectables...

Si I'on considère maintenant cetterépartition. après prise en comptedes justifications thérapeutiques(tableau 12),les stimulants sont dis-tancés par les anabolisants, et sur-tout par les stupéfiants. ce qui est lGgique daus la mesure où les produiapouvant iairc l'objet d'une tellejus-tification sont principalement desstimulânts (40 JT pour le seul sal-butamol).

ED.ûn, pour l'anecdote, on noteraque la voile et l'haltérophilie ont étéles disciplines les plus touchées res-pectivement par le cannabis et lanandrolone (tableaux 13 et 14).

Il faut s'y résoudre : tous ces ré-sultats ne doment certainement pasun reflet exact de l'ampleur du phé-nomène du dopage en France. Lesméthodes de contrôles utilisées etl'état des techniques de dépistagemasquent malheureusement sansdoute en grande partie l'étenduedes dégâts. Ici comme ailleun l'ar-gent est le nerf de la guerre. Espé-rons que I'augmentation substan-tielle. en 1999 (+ 58%). des créditsalloués par le MJS à la lutte contrele dopage, ainsi que la mise en pla-ce progranmée d'un véritable suivimédical des sportifs de haut niveaupermettra de faire avancer leschoses. -.1

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14. Cas positifs à la nandrolone par fédération (971

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'ttlhio.r lpodlv! er lyl'nill! d, û.v.fl "

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87

Page 87: Dossier Du Dopage

Les extasesolympiques

de I'ex-Stasie dopage d'État - en clâir I'organisation.I'encouragement et 1a prolection de la tli-cherie au plus haut niveau de l Etat - a é1é

taires, la logique d'alié-nation que réalise dansles faits la prise d'unproduit dopant n'a étéorganisée de façonaussi rationnelle et sys-tématique. Preuvesdésormais à l'appui.

PaR OL|VTER BRU o

Sans preuves formelles et en se basant sur des té-moignages indirects. Boissière n'en dévoila pasmoios toute la perversité du système sportif est-allemand. dans une interiew parue dans L'É,qui-pe du 8 Septembre 1973.

Avant que la décennie ne s'achève, une nageuseest-allemande, Renate Vogel. recordwoman dumonde du 100 m brasse. qui s'étail enfuie de sonpays. renforça les soupçons. Son fiancé. rendusoupçonneux par les transformations morpholo-

Nulle part plus quedans les Etats totali-

pratiqué en Union soviétique. en Bulgarie et. sansdoute à des niveaux de décision plus subalternes,dans d'autres pays de I'ancien bloc de I'Est. On necomaît cependant aucun exemple de cette pra-tique à avoir été mis en place de façon aussi cy-

. nique et délibérde qu'en

lRépublique - démocra-

I tique - d Allemagne. dansles vingt années qui ontprécédé sa disparition entart que nation.

En 19?2. les nageusesde R.D.A. ne ramenèrentaucun tire des Jeux ol''rn-piques de Munich. L an-née suivaîte. aux cham-pionnats du monde denalation, à Belgrade. ellesgagnèrent plus de la moi-tié des 14 médailles d'ormises en jeu. Un grândnombre d'observateursfurent très vite pe$uadésque de tels succès

1976, trois ans après le mondial de Belgrade. lesJeux olJmpiques de Montréal permettaient auxnâgeùses de R.D.A. d'enlever tous les tites ollm-piques sauf ceux du 200 m brasse et du relais 4 fois100 m.

Les denandes de I'Est triomphaient aussi enatblétisme oir elles enlevaient 9 titres olympiquessur 14 et en aviron avec 4 litres sur 5. Sur I'en-

semble des Jeux. 40 mé-dailles d'or revenaient à laR.D.A. en 1976, 47 en 1980et 37 encore en 1988. Cer-tai$ n'étaient pas dupes desn explications " fournies parles autorités est-allemandessur 1e hiatus existant entreleur sport iéminin et leursport masculin : supérioritéde I'organisation socialiste.importance du rôle de lafemme dans la société socia-liste. Dès septembre 1973.Guy Boissière, un entraîneurfrançais de natatioo. avaitmis à jour des argumentsmoins politiquement cor-rects. mais plus chimiques.

n'avaient pu être obtenus que par tricherie. En ef-fet. pendant que les filles de R.D.A. battaient lesrecords mondiaux eo rafale, l'équipe masculinedu pays se contentail, elle, de résultâts hononblesà l'ombre d'un seul grand nageur, Roland Matthes

Cette différence de valeur entre garçons et fillestrahissait - pensait-on déjà - un dopage basé surI'utilisation de produits anabolisants, hormonesmâles dont on sait que Ies effets sur la puissatrcemusculaire des femmes sont spectaculaires. En

88

Page 88: Dossier Du Dopage
Page 89: Dossier Du Dopage

giques de Renate. avait fait analyser les pilules de

" yilapine5

" qu'on lui domait : des anabolisants.Des athlètes. des nageuses, des entraîneurs de

nombreux pays s'inquiétèrent. s'insurgèrenÎ. ErIvain. Ni le Comité international olympique. niles fédérations intemationâles des sports concer-nés ne daignèretrt accorder d'intérêt à ces soup-

çons La R.D.A., comme tous les pays socialistes.était un défenseur fidèle de I'olympisme et ellefut choyée en tant que tel. L'un de ses labora-toires fut accédité par le C.l.O et le rnédecin-chefqui dopait les nageuses de R.D.A. devint membrede la commission médicale de la Fédération in-ternationale de natation.

LA CHUTE DU MURIl fallut attendre la chute du mur de Berlin en

1989 et. un p€u plus tard.l'ouvertue des archivesde la police secrète de la dictature communiste.pour que soit confirmé le cynisme d'un systèmesportif devenu le jouet de la guerre toide et de laraison d'Elat.

L'envers du décor révélait un univers sordide.

diennes d qnabolisants sotrs fonne de comprimésdélivrés par l lnstiuu de mëdecine sportive deKreisca. près de Dresde ". A dlr ans. elle était en-trée dans une école de spofi: à 15 ans, on l'invi-tait à prendre des " vitamines " en pastilles. En1978. les médecins la sortirent en catastrophe del'équipe sélectionnée pour les championnats dumonde de Berlin-Ouest : ils avaient trouvé destraces d'anabolisants dans ses urines alors que ladernière dose qu ils lui avaient administrée re-montait à 137 jours

Les vrais ennuis ne commencèrent toutefoisqu'en 1983. Ch stiane donna lejour à une fille.Jennifer, qui soutfoait de spasmes fiévreux dès Ianaissance. ce qui nécessita un traitement hospila-lier d'un an et demi. Elle apprit que l'équilibrehormonal de son bébé avait été profondémentpenurbé par la consommation répétitive d'anabo-lisants qui lui avait été imposée pendant sa car-rière. " Je n ai pas trop à me plaindre. ajolJtattChristiane Knacke. car les detu enfants de Barba-ra Krause, ru re grande nageuse de sprint à ceneépoque. sont nés avec un pied bot et Andrea Pol-

La prcmière, Christiane Knacke, a lack a fait une fawse couclLe ".raconté. En 1977. Christiane, pe- WOndgfWOmgn D'autres champions ont détaillétite blonde joufflue. battait le re- A|tr l.o. de Montréât, en le fonctionnement du système : lecorddumondedu 1Ûlm papillon. 1976, les nâ9êu5e5 de ta sauteur à skis - et médecin deDouze ans plus tard. son témoi- R'D.A' enlèYent tous let I'équipe - Hans Georg Aschenba-gnâge corro'borair les accusarions 1l*tflt:P!":i t:!r - ch àt i'ancien présid;t de la Fé-àe Àenate vogel : n Tous tes spor- liîit"i.'f?"i ?ffi.ïÏ.,- deration est-ailemande de judo.dfs considétés comme des espoirs Komel6 Ender, nrâlallÈ' Hans-Juergen Noczenski, parlentreçoivent des triples doses quoti- d'or du l(x, m p.plllon,) d une même rorx " La prépara-

a'1

Page 90: Dossier Du Dopage

tuu biologique, le dopage faisaient partie intégrun-z de la préparation >. IJs enfants étaient droguéseDs qu'eux-mêmes ou leurs parents Ie sachent. dit-.Lschenbach qui ponctue son propos par unàillre : " Pour un champion olympique. il v a eu ly,tu moins 350 invalideJ " el qui précise : " DeJ J

gJmnastes ont été contraintes de porter un corsetdès 18 ans tant on a usé leur colonne vertébrale etleurs tendons On a infiltré les genotx des skieursde fond de 14 ans usés par un entraînement trop in-tensil D'autres étaient lessivés mentalemenr. >, E;n-Er. " on interdisait aux meilleu\ d'arrêter tant qued autres ralents n'avaient pas été trouvés pour lesremplacer ,. AinsiWolfgang Hoppe, championolvmpique de bobsleigh à deux à 31 ans, n'a pasété autorisé à arrêter malgré " une colonne verté-brale de septuagénaire ". Ainsi encore RolandVatthes. usé de tendinite aux épaules. futcontraint de tager et de souffrir aux Jeux deVontréal.

La chute du mur de Berlin puis I'instruction deproc€s dans I'Allemagne réunifiée ont permis dedétailler l'éÛange entreprise sportive de la R.D.A.Des poursuites déclenchées par un couple d'an-ciens champions. Wemer Franke, biochimiste etmembre de la Commission nationale d'enquêtesur les archives de la Stasi. et son épouse BrigitteBerendonk. qui réussirent à s'approprier des do-cuments des archives secrètes. ont accéléré laconnaissance de ce procesus criminel d État.

Les sportifs étaient testés avant les grandescompélitions internationales au laboratoire de

Elles accusent...ll . f.llu ôttêndre l. <hutc ds mur d€ B€?lln ctl'lnrtructlon der procè3 dlnr l'Allcrrl.gnêréunmée pour qùe les rponlvcs, enfln,pul.ient témolgner. (ldesrur, ler nageorerChdrtl.nê Kh.<ke (à g.u<he) êt Blrglt ùtâtr.

Kreischa accrédité par le C.I.O. Là. on s'assuraitque loute trace de dopage avait disparu. Ainsi.peu de temps avant les championnats d'Europede Bonn en 1989, quatre nageuses. Kdstin O o.Daniela Hunger. Dagmar Hase et Heike Friedri-ch, laissaient encore apparaître aux contrôles defortes concentrations de testostérone : 17 pourOtto. 12.5 piur Hunger, 10 pour Hase et 8.8 pourFriedrich (l). On leur donna donc des proâuitsmasquants : elles rapportèrent dix médailles àelles quatre ! l,a méthode de dopage est simple :

stéroïdes à longueur d'année et. deux semainesavant les épreuver cure de lestostérone - en rai-sou des possibilités de dosage et de I'impossibilitéscientifique de faire la pafi entre la testostéronefabriquée par le corps et les appods extérieurs

Rares furent les sportifs d'Allemagne de l'Estqui parviûent à couper au dopage. La patineuseKatârina Witt s'y refusa toujoun. Mais une équipeféminine d'aviron, qui n'acceptait pas les prisesd'hormones, fut droguée à son insu à coups defaux . jus vitaminés ".ln décision de doper venait d'erl haut. Un rap-port de la Stasi fait état de la décision d'explorerdiverses procedures : prises d'anabolisants. d'an-tidépresseurs et électro-stimulâtion. Des cen-taines d'enfants de moi:rs de quinze ans fiuent do-pés aux anabolisants, baptisés pudiquementproduits de soutier. pour la plus grande gloire du

" socialisme ".La R.D.A n'était pas reconnue politiquement

par la plupart des pays ocridentaux; les compéti-lions ollmpiques derenaient Ies seules occasions

| - R Lppon le$onêron€-+it€stosrerone. un nppofl de plus de 6 conrù-ue un dopa$ aux Fur du comhi imemadonal olyrnpque.

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Page 91: Dossier Du Dopage

pour elle de faire lever ses couleurs et jouer sonhlmne à la face du monde On drogua ainsi touteune jeunesse pour voir des stades entiers, des lri-bunes officielles bondées de cbefs d'État se tenirau " garde à vous ". quand résonnait I'h)'rnne etmontait le drapeau.

L€ sport. de surqoît, était utile en tant qu'armeidéologique. Il n démontrait > la < supériorité )du système sur celui de I'Ouest. Manfred Ewald.le patron du sport de R.D.A affirmait ainsi que,, seules les performances comptent et pour celatoutes les possiblités doivent être uùlisées ". Lesportif était ull soldat : sa santé pouvait douc pas-ser au second plan,

læs décisions sportives les plus importantes - etdonc celle de doper - étaient pdses directementpar le Bureau politique du parti comnuniste. sousla direction du maître du pays Erich Honecker.

Ouand tout cela avait-il commencé ? Les pre-mières directives qui encourageaient le dopageétaient apparues en 1968. Cette ânnée. la Stasialait opéré une râpide prise en main du systèmesportif : très vite. la police secrète avait noyautéle spon. contrôlé et étendu les progammes de dGpage et... s'était assurée du secret absolu sur cespratiques te Q. G. du dopage était installé à Ber-lin, au 21 Czamikanerstrasse, siège de l'Institutcentral de médecine sportive. Placés sous la di-rection de Dieter Hamemann s'activaient 2 000

employés dont 600 médecins.

UNE AUTRE R,D.A.Klaus Rudolph, iûstallé en Chine. y avait fail

connaître les méthodes de son pavs et les résultats ne s'étaient pas fait attendre : ,, On peut yoir

92

les mêmes symptômes qu'autefois en R,D,A.émerger en Chine, conitaHallq av Chicago Tri-bune. Acné, poils sur le visage, musculature surdé-veloppée >.Rletow de Chine, I'entraîneur de nata-tion du Racing Club de France. StépbaneBârdoux parlait en 1993 de symptômes < d'lneabsorption sbllsive de stércrdes et d an/tbolisants ".Le Dr Allen Richardson, président du Comitémédical de la Fédération intemationale de nata-tion amateu (FINA). déclarait: < Now avons uneautre R.D.A. sur les bras ".

Mais la FINA, ligotée par des considérationspolitiques. fit une nouvelle fois la sourde oreille.Les nageuses chinoises amassèrent les médaillesaux Jeux olympiques de Barcelone (1992) et ac-célérèrent le mouvement aux championnats dumonde de Rome (1994) où elles enlevèrent 12des 16 tilres mis en jeu. Une nouvelle fois. les la-boratoires restèrent impuissants à démonlrer latricherie. I-es contrôles étaient négatifs. Furieux,décidés à ne plus se laisser bemer comme, pen-dant près de vingt ans par la R.D.A., les entraî-neurs réunis dans la World Swimming CoachesAssociation sermonnèrent la FINA et laissèrentplaner des rnenaces de sécession si le problème dudopage n'était pas réglé.

Par une éûange coihcidence à la fin novembre1994. onze concurrents chbois aux Jeux asiatiquesd'Hiroshima furent pincés : sept nageurs, deuxcanoéistes, un athlète. un cycliste. Iæurs analvsesrévélèrent un tarl\ élevé de testostérone et la pré-sence d'anabolisants

Les autodtés sportives chinoises, humiliées.affirmèrent qu'il s'agissait d'une pratique cir-conscrite à un niveau régional. D'après Jizhong

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Wolfg.ng Foppe,rnalgÉ une

" cotonnevertéimte de

\4êi, secrétaire du Comité olympique chinois.tout cela avait été provoqué pal une concurrencetéroce entre les 21 provinces qui se trouvaientetr compétition aux championtrats nâtionaux.Pour les responsables sponifs locaux. gagner si-gnifiait être reconnu au niveau national. Leshauts dirigeants affirmèrent une volonté sincèrcde régler le problème et distribuèrent quelquespunirions. En 199ô. leurs résulrars olympiquestout en étant excellents, affichaient une netterégression. Mais, à la fin de 1997, aux Jeuxasiatiques. leurs résultats en natation ex-plosaient à nouveau : recordsmondiaux. doublés systéma-tiques dans Ia plupart desépreuves féminines. Enjanvier 1998, lors deschampionnats du mon-de qui se tenaient à Per-th, en Aùstralie. une na-geuse du club del'armée de Canton. YuanYuan, lut prise par ladouane australienneavec assez d'hormonede croissance dans sesbagages pour dopertoute l'équipe chinoisependant la durée descharnpionnats. Son en-traîneur et complice,

des traces de triamterene, un diurétique, lors ducontrôle de quatre nageurs de Shanghai : troisjeunes îilles, Wang Luna, Cal Huijue et Yi Zhanget un garçon, wang wei.

t-es Chiloises brillaient également en atblétis-me oii les performances de leurs coureuses dedemi-fond, entraînées par un certain Ma Junren.éveillèrent de graves soupçons. Wang Junxiaécrasa le record du monde du 10 000 m de Kris-tiansen le faisant passer de 30'13" 74 à 29'31" 78.Là encore. les Chinois fuent incapables d'obte-nir le moindre résultat équivalent chez leurssportifs mâles

Aujourd'hui. si les preuves formelles d'un do-pâge d'Etat en Chine ne sont pas réunies. lenombre et I'imporlânce des ( ba\,'ùres ) peut fai-re croire à un dopage sauvage. pratiqué à la base :

cela pourrait expliquer certaines défaillances.Pourtant. en février 1994, un technicien du labo-ratoire de Pékin - accrédité par le C.I.O - ayantobtenu l asile politique au Canada a accusé sonpays d'avoir fait du dopage ,. une institaio , pro-tégëe et couverte par 1eJ auton?éi >. Selon c€ tech-nicien, le lâboratoire couvrant ces activités n'estautre que celui que le C.I.O accrédite pour sescontrôles ofliciels. tout comme à Kreischa. ert

R.D.A. En Chine,le sport est au service de- la poliûque.Iæs autorités utilisent tous

les mo_vens pour obtenir de meilleunresultats pour exciler le patriotis-mc... L usage de srimulants est plani-fié et organisé sul orùe des autoritéset donc confidenliel. I-a version de ce

techdcien. resté datrS l'anonlmat pourdes raisons de sécurité. a été offi-

cieusement appuyée par la direc-tion du laboratoire de Pointe-

Claire, qui patronnait lelaboratoire de Pékin. Si laChine garde son secret. il adésormais lout I'air d'unsecret de polichinelle. -

Les Chinoisesépinglées...Dès 1992, lcr Chinoli€r

amasr€nt à leur tour letmédalllet. Mab, cette fol9.le iyrtème de dopagerévèle de5 détalllancer. YlZh.ng ert l'une der trol3nagêurer à être cont.ôléepo.ltlvc lorr de3

Lessoldats dubobsleighTaDt q{€ L. r.lèYCn'était par prête,lêr mêlll€ùrrâv.lent obllg.tlonde reJter dânt lr<our*. lcbobdclgh à deuxr'êat alnrllongtemptrttâclÉ lerrarvl<€a dê

É

s

-

s

t Zhou Zhewen. fut! banni pour quinze! ans. Quelques jours: plus tard. on trouva I ahâmplonnât! du mordê

d'AuJtrôlle, ên 199t.

93

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Page 94: Dossier Du Dopage
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ntre 650 000 et trois millions de sportifs ama-teuÎs françâis awaient actuellement recoursà des produits dopants 0\.

" Le dopage ama-teur c'est le feu qui couve sous les brdses ,, pré-vient Christophe Atry professeur d'éducationphysique à la faculté des sports d'Orléans et char-gé de mission à la direction tecbnique de la Fedé-ration hançaise de tiathlon. " Les médias focalïsmt sur la poignée de prclessbnneb qui se dapentpour de I'argent, mais I'appù du gain est loin d'êtrela seuk motivation. On relativise ainsi le phenomè-ne du dopage chez ks amateurs sous prétexte qu'ilssont cens6 faire du sport pour s'arru$er Mais c'estoublier que pour cenains d'entre eux, le "spon dudimanche" est la seule chose qui leur apporte unpeu de reconnaissunce sociale. Certqins encruquent simplement pour êlre les preruiers du clubet pour voir leur nom en bonne place dans lejoumal local. >

Preuve que le mal est profond. sur les 221contrôles positifs comptabilisés en 1997 par leComité national obmpique et sportif ftançâis, 194

concemaient des sportifs amateurs évoluant au ni-veau départemental ou régional I Comme l'in-dique le professeur Jean-Paul Escande, respon-sable du service de dermatologie de I'hôpitalCochil à Paris ; " Eeaucoup d,e gerc ne s'accep-tent pas teb qu'ib sont, ils veulent vivre au-desuude leurc moyens physi4ues. Ils fritissent 120P à unecomphition, la saison suivanæ ils veulznt ête 119quitte à mettre leur santé en péril. Alon ils se do-pent pour tenir pendant la course, pour nÊ pqs s'eT-

fondrer sous le regard des autres Le dopage ama-lew c'est ln peur de craquet " La.premi&e étary

, ven le dopage consiste d'ailleurs à masquer layl douleur. lorsqu'elle devient insupportable. à coup'

ld'antalgiques et d'anti-inflammatoires. . Dârt qu'on éteim ce signtl d'alene on entre psycholo$-quement dans Ie dopag€ ", souligne le docteur

Perres, responsable du service de mé-decine du sport à Ia Pitié Salpêtrière.Et puis il y a l'effet Astérix. . Nous vivons dans un pays imprégné par lemythe de la potion nwgique. De nom-breux sponifs n'imaginent plus pouvoirfaire tme murse, disputer tme compéti-tion ou un match sans avoir pris unesubstance dopante ", raconte le Dr Fré-déric Nordman:r, fondateur de SportForm. uoe association de préventioDconlre le dopage. Même si I'efficacitén'est pas démontrée, l'essentiel es!d'avoir dans son sac de sport le produitmiracle. Il n'est pas rare, le dimanche

fsoir. de découwir ainsi dans le parc de

I Longchamp des ampoules d anaboli-\sants laissées par lesjoggeurs\ Il est wd que pour s'approvisionneren produits interditg le spodif amateurn'a que l'embarras du choix. Il existeen e{fet uûe multitude de petites fi-lière$ à commencer par cefiaines bou-tiques parisiennes officiellement spé-cialisées dans la diététique sportive.Sur les rayons. entre les revues spécia-lisées au nom évocateur comme Le

. Monde du Muscle,les boîtes de com-! pléments alimentaires côtoient des fla-I cons dont la posologie indique la pré-f; sence de o mabuang..le nom chiDoisËlde l'éohédrine. une subEtance interdi-!t1 | - Paurk laurc, n Mèdecins tàénlrt€s et dopege spor-

* ùI, connâirences et elrtùd€s )r, Sdré pblL?ue. I nl n" 1

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LE VERDICT DES CHIFFRESI ln soortif amateurfl suidix utiliserait enFrance des produitsinterdits ! C'est ce qu'aT-firme une enquête épi-démiologique Éaliséepar le Dr Patrick Laure àpartir d'un échantillonde 2 000 sportifslornins. Deux millerportifs amateurs, élec-$onnés au hasard parmiles licencies de la régionOors culturisme), â9ésde quinze ans et plus,pratiquant leur sport aumoins deux heures parsemaine, et qui ont bienvoulu Épondre à unquestionnaire anonyne.

" Pomi eut 9,5 % ontaffirmé ovoir ufil:tsé desproduits dorynts - c'esl-àdire figurant sur la lis-te offcielle du CIO - oucows des douze demieîsmoiJ ", précise PatrickLaure. Publiée en 1998dansle loumol of Perfot-monce Enhoncing Drug,son enquête liwe pourla première fois un étatdes lieux chiffré du do-page chez les amateurset tord le cou au pasa-ge à bien des stérâ)-types. Première surpri-se : les femmes se

dop€raient autant queles hommes. " /e m'ottenddis à trower beou"coup plus d'hommes,avoue Patrick Laure. Otpormi les rcnsoûmoteu6de ptûuits dorynts,21 % étoient desfenmes, et 79 % deshommes, un résuftot trèspræ.he de la répottitionhommes-femmes deI'échontilbn initio! ".Deuxième surprise : onne se dope pas forcêment pour gagnerParmi les peBonnes quiavouent s'être doy'ees,89 % font de la comÉtition, mais ll % sontdes sportifs de " loisir )'.

Rapporté à l'ensemblede l'échantillon inter-rogé, ils repnésentent5 % des sportils qui nefont pas de comÉti-tion. En rwanche, l'en-guête confirme que latentation du dopageaugmente lorsque le ni-veau de comFÉtitions'élève:10%d'ama-teuB dopés au niveaudépartemental ourégional, et l5 % parmiceùx qui disputent de5comtÉtftions natjo-

dement da résukots. "Au palmarès des pro-duits les plus utilisés, lapremière plac€ revientaux stimulants (45 %) :

caféine. éphédrine etfenozolone. Suivent desiâEtliëiet stupe-fianti (225 %). Lecannabis bien sûr, maisaussi la cocaihe ou l'hé-roihe. Les corticosté-roiides, iîterdits enFrance jusqu'en avril1998 et soumis depuis àcertainei rcstrictions,

si, les stimulants pardis-sent plus utilirés par les40-44 ans, les cortico-stéroi'des par les 15- 19ant et les stéroides ana-bolisants par les 2O.29ans. Le q/pe d'activitéenùe aussi en ieu. En ef-feÇ seuls les athlèles decomÉtition consom-meraient des corticosté-roides ou des stéroiidesanabolisang 5ans différence de sexe ou deniveau de comÉtition.Des produits achetéssous le manteau?Mëme pas. " Pomi eux,61 % ont été obtenusovæ une ordonnoncemédicole ', souligne P.

Laure, qui ajoute :

" ploboblement à I'insudu médecin, qui n'o engénérol, aucune connois-sance des prcduitsdoponts ". Le marchénoir ne concemerait(que) 20 % des pro-duits consommés,l'entourâge (enûaîneur,famille, co€quipiers) enfoumissant 15 .

Cette enquête, lapremière réalisée sur lesujet et qui s'âppuie surun échantillon plutôtresùeint, doit être inter-prÉté€ ave€ prudence.Les Ésultats qu'elle livresurprennent néanmoinsnombre de sportifsamateurs. lntenog8par ailleun, ca.rx<ijurent leurs grandsdieux n'avoir jamais euconnaissance de telletprdtiques dans leur dis-cipline. lls sont pourtantprès de 40 % à avoiradmis dans ce question-naire anonyme qu'ilsconnaissaient un cGequipier utilisant de telsproduits. ll est vrai quel'anonymat a toujourseu des effets miraculeuxsur la mémoire...

E. M.

nales. Y a-t-il un â9epour se doper? Les

chiffres montrent deuxpics de consommation.(un ûÈs élevÇ concer-ne les 2G29 ans, t'auûeles 35-39 ans. " le do-

Wg des 35-39 anspouîoit s'expliquer N ledésh de limiter lo fuissede leu'l Nfomonces,due à l'âge ou oumonque d'entraînement,suppose Patrick Laure. l/.pounoit s'ogir oussi de Ipersonna qui redémor- |rent une octivité et qui Isouhaitent obtenh ropi. I

occupent la troisièmemarche du podium(11,6 %). Mennentensuite pêlemêle lerstéroide5 anabolisants(3 %) comme la testGstérone ou la nandrolcne, puis les diurétiquetles alcools..- tâconsommation ne se

limitant pas toujouB àun seul produit : 18 %des amateuF doÉavouent en utiliser plu-sieun en même temps.Tout le monde neprend pas non plus lesmêmes substances- Ain-

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Page 97: Dossier Du Dopage

te. Et si l'acheteur est < recommandé > il se verraproposer. à condition d'y mettre le prix. des pro-duits beaucoup plus pointus comrne de l'homronede croissance ou des capsules de lg-Norandroste-nedione. un précurseur de la nandrolone, Maisau marché noir des produits dopants, c€ sont lcssalles de musculation qui se taillent la pait du lion.En novembre 1997. les douanes ftatrçaises ontainsi démantelé un réseau qui approvision-nait enanabolisants des salles de culturisme de la régionparisienne. Les produits illicites étaient obtenusauprès d'officines belges espagnoles et italiennes,grâce à des ordonnances de complaisance ou fal-sifiées. Daniel, 32 ans. employé de banque à Pa-ds. s'entraîne cinq fois par semaine dans une pe-tite salle de musculation de la caprtale. " A forcede fréquenter ce milie4 on finit par savoir que tel-le personne peut fournir en testosrétone et telleautre en "dia". Personnellement, je connais sept fi-/ières " A 60 ou 80 francs Ia " douille ". soit I'am-poule de 25 milligrarnmes les anabolisaots et lesstéroides sont les produits qui circulent le plussous le manteau. Stars du genre : le Primobolanqui se consomme mélangé à de l'Eptilate de tes-

roslérone (ô00 francs la cure d une sem",".r. t.lDeca-Durabolin. le Wirstrol et surtout le Diana- Ibol. ou " dia " pour les initiés qui. lui. se oégocie Ienviron 2m francs la boîte de 100 comprimés. ks Irevendeurs s'approvisionnent dans des pavs à la Ilégislation conciliant€ comme l'Espagne. l'lralie. Ila Belgique. la Thailande ou les Ëtats-Unis - Cer- |Mins choisisse mème leur lieu de vacances en Ifonction des substances qu'ils sont xscepribles de Iraporrier ! " explique Daniel. La plupan trouvenr Iainsi de quoi fuancer leur propre cure de produis Idopants. Mais le troc est aussi de mise . - On te Ipropose por exemple du Winsrrol à l N lrancs I in- |jecrion conrre une ompoule de Pimobolan. -

I

UNE PLAQUE TOURNANTEEn fait. les salles de musculation jouent le rôle

de plaque tournante du dopage pour une foulede sportl puisque, en deho$ des culturistes. ungrand nombre d'atblètes, quelle que soit leur dis-cipline, vieunent y compléter leur entraîDement.o Mon premier contact avec le dopage s'est pro-duit dans une salle de musculation, j'avais 19 ans ,racolte Nicolas 30 ans. sprinter amateur dans unclub d'athlétisme en Savoie. o J'qi sympahisé avecdeux sportifs qui m'ont donné les contacts poltrm'approvisionner. Deux semaines plus tard, j'aicommencé une cure de nand.rolone à raison de sixcachets par jour.

" Nicolas enchaîne avec des in-jections de Deca-Dtrrabolin" n Mes performancesau cent mètrcs ont décollé. Ie suis passé de 11" 40à 10" 67. J'étais sur un ruuge C'est grisant d'allertoujours plus loin, on se sent plus fon, plus beau.Au club tout le monde était épaté et je kur expli-quais que c'était grâce à la muscul.ation, Dès qu'on

I sort un peu du lot. les gens vont vers vow. Je me' suk fait des amis, j avais besoin de cefte reconnais-

ssnce... Et puis un jour, mes analyses de sang ontcommencé à être mauvakes Alon j'ai eu peur, j'aitout stoppé. " Pendant trois mois. ses perfor-mances se maintiement ava de reyedr à leur ni-veau initial. " J ai /ai.ssé tomber la compétitioa Au-jourd'hui. sur le stade, je vois d'autres othlètes dontles performances ont évollÉ irès rapidement et quise son! trorcformes phvstquement, mais personnene parle de dopage, Je vqis bientôt avoir 30 ans, jesais qrc ie ne ferai jamais une carrière sportive pro-fessionnelle, mais de nouvelles substances sont sor-ties et il y a cette fameuse barre des 10" 50. Si j'énkceftain de l'qtieindre avec des produits, je crois queje replongerais. La dope c'est comme la drogue.Dès que la saison recommmce la tenmtion est là ,

Dans le peloton de tête des disciplines gangre-nées par le dopage figure. bien entendu, le cyclis-

FAIRE SON MARCHÉSUR INTERNET

I I uni d'rn numérolVl de catte buncuir",l'amateur en quête deprcduits peut s'appro-visionner sur une ving-taine de sites lntemet.Ces demien, améri-cains pour la plupart,proposent surcatalogue toutes lessrbstances, des plusexotiques comme lefoie de bæuf argentin,en passant par la céati-ne jusqu'aux stéroilCes.Une fois la commandepasée, le sportif récep-tionne la marchandise

Par Poste restante,dans un délai d'unesemaine. Quant auxrecettes pour doser etassocier de manièreoptimale les produiqelles circulent dans cer-tains forums de discus.sion consacrés au sport.De même en se

connectânt 5ur le siteThe Sterod Bible, I' inleïnaute peut profiter dusavoir-faire de sportifsqui racontent leurex6Érience avec desproduiti dopants.Chaque moit lemeilleur témoignageest publié en ligne etson auteur gratifié de100 dollars. Mais le sitele plus surprenant estsans conteste Phoms-sio qui, logos de firmespharmâceutiques àl'appui, propos€ à lavente Winstrol, Diana-bol ou Primobolan. Etce, avec une mise €ngarde contre lesimitationt tout enindiquant: r Notre butest de rmdrc accessiAeù des athlètes desproduits sûrs et 100 %pertomants. o

c. L& o. R.

98

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me. Au-delà du Tour de France. tous les c tériums{ amateun sont concemés. L€s cyclistes en mal deI pcrformances consomment notamrnent . la flé-

chette '. un nélange injectable à base de corti-coides. " E1le est rewonsuble de malaises chez lesjeunes ccturcurs qu on r.où se pitluer dans les hcts-

quets arant le dépata ". s'indigne Ravmond Cloa-rec. Conmissaire régional à la Fédération françai-se de c,vclisme. Lautre produil à succès est le "

potbelge o. un cocktail de caféine. d amphétamines.de cocaine. d antalgiques parfois coulÉs avec des

yqlodilatateqlt La fiole d'un millilitre dont onretire le contenu avec une seringue coûte entre500 et 2 500 F. " Dons [e jargon cl'cllste : "Se nrettre

t00

Héros d'un jour(er être5 d'etaeptlon onttoulollr' f].ppé l'lmâglnalreGollectlf. Le - tport dudlmanche o eJt, Itoulaertâlnr, l'unlque volc de lôre<onralaran<e, ri éphémètêroit-êlh, qlltt€ à y nettrêle prlx. Le <Jrdlrmc rerteparmi lcr dis(ipllner ler plurtou<héer par lê dopage.

un nilLion ' signifie prendre ladose etûière. , Une fois encoreI'enjeu n est pas financier. Ain-si. les courses baptisécs . lesgentlemen ". qui se déroulentau début de la saison cyclistesur la côte d'Azur. font concou-rir des tandems étranges consti-tués d'un profcssionnel et d'unamateur vétéran. Ce dernierpaie le professionnel (800 F en-vLon) et " se charge "

pour êtreà la hauteur. Quelle que soit ladiscipline, il n est pas rare quedes sportifs de 50 ans et plusprennent ainsi des substancesdopantes simplement pourn rester dans lâ cou15g ". . l-edopage tles vétérans s expliquepar le fait que la per.formancerégresse ovec l'ôge et que cer-taittes personnes ne l'acceptentpas. IIs refusent t<tttt sinplententle foit de vieillir. Le dopage leurdonne le senritnent de continuetà progresser ,, explique le DrPerres.

LE ( DOPAGEDU PAUVRE .

i De façon générale l'amateur. quel que soit sonâge. est un boulimique d entraînement ct qg_plo-

.duits Pris dans une lutte sans fin pour améliorer'sa perfomance il s accroche à l illusion de l'effetdose. c est-à-dire l impression que plus il augrnen-te la dose. plus il l aura d'effets. " Ot ot1 sqil très

bien qu'il existe une dose optitnale cr au-delà des

risques de toxtcité ", remarque le docteur Perres.Avec dcs effets d autant plus dévastateurs pour1a santé que l amateur s'administre des cocktailsde substances dopantes en l'absence de tout suivimedical. Ce sont des mélanges de sorcrers concoc-tés à pa ir de recettes glanées ici et là. Loin du

6

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DES VITAMINES À LA CRÉAÏNE : I.A ZONE GRISE DU DOPAGEI e uenois de lo

11 | ciatine a dacKlcles omnes (omîp onprend de I'aspinne >, reconnaft Nicolas, jeunecadre commercial et an.cien loueur de hocteysû glace- C'éioit I'un des

iC|JeuT qui, un jou, enwoit amené. Le kiné dudub a estimé qu'il fattoiten d:Ettibuer èr tout lemonde. ll se fwmismitdiræternent dons hs lo-bototoi rcs. Cette créoti rEn'âoit ps destinée àornélioru ks Frfor-nonces, mais elle o lqit àÉalpéret pendont 16 pé-riodes de comqÉtitiùts in-tensives. le ne me l/.rb jo.nais demondé si c'étoitdu dopge... ', ftce n'enétait pas, au regard duÈlement sportif,puisque la céatine nefaii pas parti€ def prG

duits interditr par le CG duiB interdits. " te dopGmité national olympique ge, c'est un conditionne.ou par les fédérations mmt qui commence ovecsportives. Pourtant, ce les vitanines qu'on prcnd< complément alimen - ownt le mûdt >, sou-taire , s'entoure d'une ligne ainsi OlMer Midd-Éputation iulfureuse et leton, medecin généra-les gnndes quantités in- liste à Mllepinteguryité€sinquiètentles (5ein+Saint-Denis).llmédecins. cite le cas d'un poussin,Nicolas, comme beau- âgé de moins de onzecoup de sportifs, prcnait ans, qui prenait dgà de5aussi quehues compri- boissons survitaminéesm6 de vitamine C avant avant ses comfÉtitionsle matô. Rien de bien d'escrime. Des boissonsmédant, ni de trà effi- dites énergisante5, etcace d'ailleu6. PourtanL présentées comme desil admet qu'il aurait pu boissons de l'effort enfnnchir la ligne. " 5i dépit de leur teneur enj'ovais w lo posnbilité de sucre trop élwê, qui lesne dory, sion m'wait rend au contrairefounile prdui, je Fnse conke-indiquées avantque je fsunis foit > un€ compétition. QuandCest pourquoi de nom- ce n'est pæ leul taux debrzux médecins préfè caféing souvent très au-rent pader de conduite I dessus du s€uil autoriÉdopante et non de prG

^l de 150 mg/l pour une

boisson sans alcool, oula présence de sub-stances pourtant inter-dites par h lqlislat on.Ainsi, une récente en-quête de la Direction gênémle de la Épressiondes fraudes a rûélé quesur 32 boissons éneroi-gles anab'sé€s, l7n'étaient pas conformesà la réglementation. lesservices de Épressiond€s fraudes s'inquiètênt,par ailleurs, de la prolifération d'extrdits deplantes exotjques donton connalt peu dechosei et constatent leretour de la L{amitine,une substance à ba5€d'acides aminés, à lamode ily a cirq ou sixans. Autânt de produiBqui viennent flirter avecdes pratiques interdites.

E. M.

dopage " scientifique " à base d'EPO et d'hor-mone de croissance pratiqué par les profession-nelq ce < dopage du pauwe > mêle la plupan dutemp's amphétamines, corticoides ou anabolisantsà la qualité pafois douteuse. Su out lorsqu'ils'âgit de substances fabriquées dans les labora-toires clandestins des pays de l'Est...

Pour échapper aux dopaîts frelatéi beaucoupde sportifs se rabattent sur les produits vétéri-naires. D'autant qu'en province, il est facile de seprocurer des substances à usage vétérinaire sansordonnance dans la plupart des pharmacies.

" C'est une pratique courante, explique Lali.el.tBocher culturiste amateur, aujourd'hui respon-sable de l'association ABCD qui milite conlre le _dopage(2t. Personnettement, j ai ptis de t'EuphorLr )qui est de la rwndrolone pour chiers er chaq que jediluais dans du jus d orange. et du Boldone. un )produit urilisé pour les chevàLa de course. En une 'semaine, j'ai pris ce qu'on donne généralement àun cheval en un mois et demi. ) D'autres encorese dopent à t'élorphine. un puissant analgésique !surnommé < jus d'éléphant " parce que utilisépour immobiliser les grands mammifères, mais

2 - A5sociâdon ASCD : 06 62 14 l2 81.

qui, à très faible dose. agit comme un stimulant.Aujourd'hui. la grande mode dans les salles demusculation est de posséder un Pit-Bull afin depouvoir commander en pharmacie des anaboli-sanb vétérinaires sans éveiller les souf4ons. " Uade mes qmis ctrlturistes a récupéré un vieur chienà la SPA pour leqwl il achète des substances foni-fiantes qui servent en fait à son wage personnel ",raconte Daniel. Le problème esi que I'utilisationde ces produits vétérinaires par des athlètes ama-teuIs s'accompagne souvent d'erreu6 de dosâge.o A panir d'une dose destinée à tel type d'animal,il faut recalculer l'équivalent homme, expliqlueLâuent Bocher. Un jour, suite à un calcul erroné,je me suis injecté une dose équivalente à trois che-raax. " Résultat : en arrivant chez lui après l'en-traînemeat, Laurent Bocher s'est écroulé. " Mesreins étaient au bord de I'implosion. Lorsque jesuis sorti de l'hôpita\ je me suis juré de ne plus ja-mais toucher atu prodaits "

Loin des feur de la rampe, le dopage amateurqui cumule tous les dangen puisqu'il mêle sub-stances douteuses et absence de suivi médical-demeure malheureusement la partie imnergée del'iceberg. d'autant qu'il est impossible de mettreun gendarme dcrrière chaque licencié... -

10t

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K B'::,,:::,1::::::,;::sonne à qui parler du dopage desjeunes, je pense cepentlant quevow en trouverez. I'aurais préfé-ré le contmire ,. affirrnait le pto-fesseur Jacques Rodineau, ré-éducateur fonctionnel. Tïoispetites phrases et tout était dit.Ou presque.

L'exercice allait sans doute.sûrement. relever de la ga-geure. Le dopage desjeunes. onen avâit peu entendu parler ou.pour ainsi dire. pas du lout.Quelques déclarations, quel-ques cas glanés dans la presserégionale ou spécialisée, lais-saient. bien sûr. planer le douteet peser la suspicion. * Quand jevois des jettnes, des juniors,déclare Laurent Lagier. cham-pion du Limousin du contre-la-montre 98. qui me pqrlent dephosphate, de créatine, parcequ'un coureur leur aurait dit Etecels permettait de prendre de lamasse musculaire, là je disdanger ! o lr)

La gymoastique 1éminine,parce qu'elle met en scène des

enfants dont on voudraitqu'elles soient déjà des femmes.

semblait une proie facile auqu'en-dira-t-on. Or n'y parlaitpas de dopage. mais d'entraîne-I t€ tuÈrlole du Gntë, 18 no\€mhE 1998.

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DURES SORTIESD'ENFANCECe sont des enfants. lls ont entre 8 et 15 ans. Cene sont pas tout à fait des champions, du moins,pas encore. Certains affirment vouloir le devenir,à tout prix; d'autres suivent la voie que leurtracent leurs aînés...

PAR ALICE ROLLAND

ment sportifintensii De frac-tures de fatigue et de responsa-bilité collective. La FrançaiseElodie Lussac. blessée à I'en-traînement lors d'un exercicede routine. ou l'AméricaineKerry Strug. victime d'une en-torse de la cheville aux Jeuxolympiques d'Atlanta en 1996.et surlout. au prix de la mé-daille de bronze par équipe, endemeurâient les témoins lesplus probants et les plus média-tiques. D'aucuns avaient alorsassocié le surentraînement à

une forme de dopage. confortésdans leurs soupçons par unequestion lancinante : commentces bouts de choux avaient-ilspu tedr le coup?

ôn connaissait aussi le do-page d'État. avéré celui-ci, etabondamment pratiqué par lespâys de l'Est et l'ex-RépubliqueDémocratique d'Allemagne.lci, écoles de sport et centresd'entraînement rivalisaientd'ingéniosité dâns la produc-tion irnplacable de championsen herbe. On s'est pourtantémerveillé des records des na-geuses est-allemandes. imbat-tables, puissântes. trop puis-santes de toute évidence.

Alors on s'en est inquiété.,, Ces quinze dernières snnées,écrit Patrick Laure. quelques

É

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103

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rarcs disciplines sporlives ontété qccusées de doper leursjeunes prctiquants, en particu-lier la gymnastique soviétique-C'est ainsi qu'un médecin belgeq décrit des "traitements crimi-nels" destinés à limiter la crois-sance staturale des fi ettes lesplus douéeg pour en faire " défi-nitivement des nsines", et à dé-velopper leur masse musculqire.Le tout, grôce à I'injection decorticoïdes, d'androgènes et debloqueurs de I'hormone decroissance "

lz).Mrais,là encore,pas de preuve tangible.

De ces affaires qui, régulière-ment aujourd'hui. secouent etempoisonnent le sport de hautniveau, il n'y avait donc point.Le fléau ne touche que l'élite,pensait-on, à tort. Les chilfrescommencent à sortir (voir I'en-cadré\. " Une étude internatio-nale, publiée en 1997, révèle queprès de 5 7. des enfants sportilsreconnaissent user de protluitsdopanrs. poursuit PatrickLaure. Aux Etats-Unis, l'âgemoyen de la première pise destéroïdes anabolisants est de Ians. En France, entre 12 et 14ans. C'était le cas en Amériquedu Nord il y a quelques années,

la moyenne s'est donc considé-rablement rajeunie, Lq prise dedopants s'est awsi féminisée , .

Bien sûr, le phénomène n'apas I'ampleur que semblentconnaître les milieux profes-sionnels. Il n'en est pas moinsinqùiétaît. plus pernicieux. Ledopage desjeunes c'est. selonl'expression de Patrick Laure.

" l'âge des caverneJ ). D'unepa , trop peu d'études ont étémenées à cejour. Quels en{antsse dopent ? Quelles sont leslranches d'âge les plus affec-tées? Ouelles sont les disci-plines les plus touchées ? Quelssont les produils les plus utili-sés ? Autatrt de questions aux-quelles, pour I'heure, il semble

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impossible d'apporter des ré-ponses précises

D'autre pa!t, interroger desenfants ou des adolescents se

révèle relatiYement délicaÎ. Levocabulaire semble poser pro-blème. Stéroïdes anabolisants.amphétamines et hormone decroissance n'évoquent, pour laplupart des enfants interrogés,que leur seule consonance bar-bare. Dès lors, commenl défilirleurs réponses : mensongeéhonté. volonté délibérée demasquer une pratique répré-hensible, ou pure ignorance ?

Pour d'autres. ou les mêmespeut-être, pilules bleues. gélulesvertes et autres cachets blancss'intègrent ( natureuemenl > auprogramme d'entraîDement.

" Les jeunes qui en viennent àparler du dopage expliquentavoir subi des pressions de lapatt de leurs parents, d'aînés, ausein du club, ou de médecins etprésidents de structurcs spot-rives ". déclare Gilbert Peres.cbef du service de médecine dusport à la Pitié Salpêtrière ir).o D'une manière générale, lesenfans ne peuvent pas se doperseuls. Ils n'ont pas les clés de laphannacie, et ils n'ont pas, nonplw, les moyens financiers de le

faire ", rcnchéril Marie-CarolParuit. pédiatre en médecinedu sport au CHU Hôtei-Dieude Nantes. Là, on atteint.semble-t-il, le cceur du pro-blème : ce petit noyau d'adulteset de camarades qui gravite au-lour d'ex-futurs petits prodiges.

Les copains et les coéquipiersd'abord. qui à 60 %. selon uneenquête du C/inicdl Journal ofSports Medicine. publiée en1995. constituent la principalesource d'approvisioonement enstéroides anabolisants et hor-mone de croissance. Parce quesi I'un en prend. I'autre veut encroquer aussi. Parce qu'il fautfaire partie de la bande, du clan.

Un clan autonome où le traficde substances s'apparente par-fois à celui de la drogue - envi-ron 30 o/o des produits transi-tent par le marché noir. Parceque ces jeunes ont le goût durisque et de la transgression desrègles sociales établies. Parceque leur parler d:une ostéopo-rose à 55 ans ne les émeut pas.Parce qu'ils veulent se sentirbien dans leur peau; changerune apparence physique quileur déplaît: se dépass€r, setranscender. dit la formuleconsacrée. Enfin. écrit HenriSérandour, président duCNOSF. parce qu'" il était illu-soire de croire, que le sportéchappe aux phénomènes de so-ciété, t!-pe drogue ou surcon-sommation de médicaments. Lesport est victime de son succès,avec pour conséquence, un cultedu résultat à tout prix. Il fautdonc donner les clefs aw jeunes,

aux entraîneurq aux dirigeantsafin qu'ils soient mieux arméspour se défendre o$).

Les entraîneurs ensuite, qui,toujours selon cette enqûête,entrent pour 30 7o dans la caté-gorie des pourvoyeurs. Dansl'ordre de leurs aspirations :

une poignée de performances.une pincée de sélections. unemeswe de records. une dose detitres, un zeste de gloire. sau-poudré de quelques éloges etimbibé d'argent, comptant.Brel rien que de très bânal.

Les médecins, soigneurs etpharmaciens. fournisseurs àhauteur de 15 % envirou. Maisau-delà de quelques espècessonnantes et trébuchantes.qu'oat-ils à y gagner?

Les parents enin. qu'inmimi-nent 8 7" des enfants i.terro-gés. Des parents qui. pourtant,

2 - Pâtrid burê, ( Junkes en heôe ), stsn etYrê n' 19.

1 - tturtunhâ 17ll U 1cfr8.

1 - Éoff..ro n' 31, novçîbre l9tg.

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QUE CONSOMMENTLES JEUNES SPORTIFS?

uc.aîad425.Yo anabofisants,des I l-13 ans

utilirent de lacaféine, 3 % desstimulants, 1 % desnéroiiCe anaboli-sants,2%desbêta-bloquanti ou desdiuéthue$, ADeryer (Cobrado)..f % des garçons et1,3 % des fill€s pren-nent d€s stéroiil€sanabolisants, dontcertains depub l'âgede E ans. Au N€braJ-ka, a,5 % des lycéensont consommé c6hormones au coursd€s 30 demiers iours.Dam fArkarMs, surI 881 élàes fu6 de14 à 16 ans, 45 %des garçons et 1,9 %des fll€s ar'oæntFendre des stfuid€s

notamment par voieiniectable. Un tiersd€nùe eux y arecouru plus de 20foia Dans le Massa-drusetts, Z9 % desenfants â96 de I Iam utillsent ce!hormon€s, surlouten basket et ennabtion. A Chicago,5 % des garçonsâ96 de l7 et lE ansYiniectent de l'hor-mone de €rdssance,dont la moitié plusd'une iob par mois,et 25 % connaiarentqudqdun qui enutillse.En tnnce, l'âgemoy€n de la premiè-re p.ise de dopanBse situe autour de 10à I 5 ans, va.iable se-

lon la naujre du pro-duit : cortkoiilet stêroiides anabolisan6stimulants ou autts.En Midi-flrenées,7,7 des12-18 aîsdeùrent utiliser d€sdopants en comÉti-tions de niveaunational a5 % auni\Æau régio.nl oulocal et 1,8 % sansfaire de comSÉtition.En Cnnde8retagne,10 % des culturistesusagers de stéro'idesanabolisanti ontenlre l6 et 19 ans. AFalkenberg (Su&!e),sur 1 383 adobc€nbâ96 de 14 à 19 ans,6 % d6 garçons etI % des filles recon-naissent usêr de ceshormones.

Patrid Laure

s'offusquent parfois descontrôles antidopage dont leursprogénitures ne sont pasexemptées. la loi et les règlesétant les mêmes pour tous. Despalents pour lesquels on parlede transfert, de report de désirsinassouvis. Le cliché. facile. de-meure. Ou'il s'agisse d'insufflerla victoire sur le bord du court.de choisir les tenues de gala oude gérer les comptes. lesexemples de parents

" investis "dans la carrière de leurs eDfantssont légion. " l'ai vu un pèrefondre en larmes lorsque j'aiconseillé à sa fille, qui souffraitdu genou, de mettre sa carrièretennistique entte parenthèsespour Ie reste de la saison ". :.ap-porte Jacques Rodineau.

Mais il v a aussi des enfantsqui savent. qui connaissent lesproduits. Ceux pour lesquels.explique Michel Rieu, profes-seur de physiologie à l'hôpitalCochin-Port Royal. le dopage

" apparaît comme le point de

passage obligé pour aller vers lehaut niveau.lparce qu'on les alpersuadés que hors de la provi-dence p harmac olo gique, pointde sqlut. Même si les médica-tions trouvées dans les veslioiresdes jeunes sont aussi inelfrcqcesqu'inoffensives, il n'en demeurepas moins que le principe du re-cours à I'artificiel est profontlé-ment ancré dans I'esprit desjeunes athlètes ,15).

En outre. écrit Patrick Laure.

" il ne fatrdrait pas s'imaginerque les jeunes sportiTs sont tousdopés contre leur gré. Car biendes mineurs y sont franchementfavorables. Selon une étude de/'-INSEP [parue dans la revueSTAPSI, effectuée auprès de1465 Franciliens ôgés de 8 à 18uns,6,9 o/o approuvent le do-page, en particulier les garçonset ceux qui souhaitent devenirchampions plus tard ", Or. otn'est pas charnpion à 12 ans.

Depuis plusieurs mois déjà.le ministère de la Jeuûesse et

des Spons et le Comité nationalolvmpique et sportif français.relayés par les directions régio-nales, les fédérations. les ligueset les clubs. ont pris le problèmeà bras-le-corps. lnformation etprévention doivetrt désormaissortir du cadre strictementsPortii < Noas corn aissons tousles panneaux surchargés dessalles sportives ou des clubs oltse côtoient annonces de pro-chaines compétitions, fê tes declubs, règlements... Ces docu-ments finissent par ne plus êtrelus par la majotité desmembres ,. soulisre Marie-Carol Paruit (6).

Alors on compte sur les en-seignants. les éducateuls. les en-traîneurs. Ies pârents. pour dé-celer les cas " à risque ".préYent la fatigue et le désinté-rêt. On attend aussi Ie concou$des médecins qui. en retour, es-pèrent plus de moyeBs etquelques mesures. La rnédecinesportive n'étant actuellementpas remboursée. peu de sponifsconsultent de leurpropre initia-tive. Les visites sont ainsi lâis-sées à l'appréciation des ligues.des clubs... Or. une consulta-tion avecépreuve d'effort coûte204 francs I un dépistage...1 500 francs.

La surmédiatisation des évé-nements sportifs. et des sponifseux-mêmes, l'étalage, indécentpadois, des montants asttono-miques dei transf eiiiëiiutrèicontrats publicitaires ne sontcertainement pas étrangers àI'image de réussite financière etmédiatique qu'incarne au-jourd'hui le sport. Or. tous neseront pas logés à la même en-seigne. " Ze rappoft enfdnt-sport doit êtrc un rapport en-fant-sport de masse et nonenfantsport d'élùe ". conclut leprofesseur Rodineau. ,5 -Gazeûe o€d,cole, 1985,92,n" l.6 - on€iirofie, mâiJuin, iuiller,âoût 1998.

I0s

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de fournisseursLes réseaux

I a bombe Festina- oar la-

I quelle le dopage a é'té pro-L jeté violemment à la unede I'actualité 1'été demier. ac-crédite I'idée que les produitsdopaats proviennent d'abord del'étranger. De fait, I'irnponationconstitue une source importantede substances illicites En réalité,les filières sont aussi vadées que

la natwe et le pdx des dopantimédicaments de confort ou re-mèdes prescrits. produits véÎéri-naires. molécules rares, stupé-fiants... Elles diffèrent également selon que leconsommateu esl un atblète de haul niveau suivide près par un médecin ou un amateur isolé.

Le 8 juillet 1998. à Neuville-en-Ferrain dans leNord. les douaniers français arêtaient Ia Fiat deWilly Voet, barriolée aux couleurs de 1'équipeFestina du Tour de France. Le soigneur transpor-tait 460 flacons et ampoules d'amphétamines.d'anabolisants et d'autres médicaments à effet dGpaot. La direction générale des douanes affirmequ'il s'agissait d'un contrôle mobile de routine.,, ssns insmntion préalable d aucune nnture ,, .

Un voyageur dépourvu d'ordonnance a parfai-tement le droit d'entrer sur le territoire nationalavec une quantité de médicaments équivalant à

trois mois de consommation personnelle sur labase de la posologie matimale. S'il présente uneordomance lui permettant une utilisation p!o-longée de son traitement, les douanieN ne pour-ront rien contre lui. Ces règles s'appliquent mêmesi le médicament en cause n'a pas reçu d'autori-sation de mise sur le marché eB France. indiquela direction des douanes. L équipe Festina, avecun peu plus d'organisation, aurait pu aisémentpasser entre les mailles du filet douanier si le soi-gneur, au lieu de convoyer une quantité suspecte.avait partagé la cargaison avec des conplices...

t06

Les.. filières " de ladope sont variées,selon les produitset les clientèles,

mais l'ensemble del'activité reste

encore artisanal.

PaR RTCHARD BuxY

Le cas de Willy Voet n'est pasisolé. Au 1cr septembre 1998(derniers chiffres centralisésfournis par les douales), 21 h-fractions avaient été relevéesdans l'année portaat sur 27700conditionnements. Un Britan-nique a par exemple été contrô-1é Gare du Nord à Paris rans-portant 17 boîtes d'anabolisantsà base de testostérone. Un agentde la sécurité sociale a été arrê-té en possession de 1 100 am-poules d'hormone de croissance

provenant de Lituanie, qu'il utilisait pour partiepersonnellement et qu'il revendait aussi dans lemilieu culturiste grenoblois. Un autre adepte de lamusculation a été appréhendé par les douanes en1998 alors qu'il Ûansportait 10000 comprimésd'anabolisants destiaés à la revente. Ces produitsvenaient de Thaïlande. En 1997, 61 infraclionsavaient é1é relevées. ponanl sur 105280 compri-més. gélules et ampoules injectables 83 % du bu-tin annuel des douanien provenaient d'une seulesaisie. Les dopants coniisqués en 1997 prove-ûaient d'Espagne. de Suisse. de Belgique et deThailande.

Cette allnée-là. un réseau a été démantelé. < 1/était orchestré par un petit trafiquant qui utilissitdes ordonnances falsifiées ou de complaisancepour se procurer des anabolisants auprès d'offi-cines belget espagnoles ou italiennes, irûiqueîtlesdouanes. Ces proda its étaient imponés en Francepar voie postale ,. En quelques mois. ce réseauavâit écoulé poul 170 000 F de produits.

On le sait. les pourvoyeurs de dope tùent pro-fit de I'absence d'harmonisation des législationsnationales En lta.lie, ur médecin généraliste peutprescrire une seringue d'EPO pour 500 F. Four-nie par un cancerologue ou un néphrologue, ellesera même remboursée par la sécurité sociale ita-

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lienne. En France, seuls les médecins spécialistesdélivrent ce médicament destiné essentiellementaux canéreux dont la fomule sanguine est désé-quilibrée par la chimiothérapie. Et seules les phar-macies hospilalières sont en droit de le distribuer.Selon I' Equipe Magdzir?e (19 Septembre 1998).3 000 malades ont besoin d'éq'thropoiétine en Ita-lie alors qu'il en est vendu de quoi soigner...40000 personnes

À rrsT, Lrs LlaosL importation de produits dopants ne repose

pas seulement,loin s'en faut. sur des ordonnancesfalsifiées ou de complaisance. Les enquêteurs del'affaire TVM évoquent l'existence de labora-toires de fabrication d'EPO et d'autres substancesdans les pays de l'Est. Fait interessant qui a orien-té la police sû cette piste. I'un des médecins del'équipe cycliste T\4!{. mis en examen le 27 juillet1998. s'appelle Aadrei Mikhailov Un Russe. Il estde notoriété publique que la quasi-totalité dessportifs de haut niveau des pays de I'ancien blocsoviétique se dopaient. encadrés par des médecinsqui recevaient une formation au spo de cinq ans.

De nombreuses fédérations à ltavers le mondeont embauché entraîneun et médecins venus del'Est. Pologne. République tchèque. pays baltes.

La main dans le sacLê 8lulllêt 1998, lcr dou.nl€rr fiânçâ13dé<ouvrent d.nr le véhlcule de l'équlp€ aettlnadcux ra<r lrothermg, r€mpll3 dê <entalner dêdorcr d'.mphét mher, d'anâbollr.ntr, d'EPOet autrs dopantr.

Hongrie. Ukraine. Bielorussie et Russie sont sur-tout des lieux de production de substances de s}'Il-thèse. Les chimistes compétents désargentés nemanquent pas dans ces Etats où l'absence decontrôle permet des détoumements de produils.80 % des dérivés d'amphétamines proviennent dePologne et des Pays-Bas. affirme Gilles Aubry,directeur adjoint de l'office c€Btral pour la répres-sion du trafic illicite des stupéfianls. C'esl de Po-logne que provenaient des c€ntaines de flacons dufameux " pot belge " (cocktail d'amphétamines.de cocaine. d héroine) découverts. l'année der-nière. par la gendarmerie poitevine chez ClaudeDescamps. ancien dirigeant du club cycliste VCVendôme. et chez le vétéran Jacques Guillandou.

En novembre 1998. la police ma$eillaise arrêtequatre haûquants en possession de quatre mille pi-lules d'anabolisants emballées dans desboîtes por-tant des inscriptions en russe, Les quatre délin-quants dont l'un se présentait comme un chimiste

107

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ukrainien. écoulaient leur marchandise dans les

salles de sport de la cité phocéenne. Selon le com-

missaire Deluc (Frarc€'Soir, 18 novembre 1998),< nous avons eu plusieurs offaires de ce lype ces der-

ùen mois. A chaque fois, des ressonissanr da pays

de I'Est sont impliqués, une vérinble mafia "

.

Le mot est lâché. Pourtant. ce policier du nordde la France. enquêtant sur des affaies du Tour de

France ne partage pas les vues de son collèguemaneillais : " L'approvisionnement relève du sys-

tème D, il est un pett anarchique ',. " Dans le cas

de Festinq et Ll'autres équipes professionnelles.nuance un autre enqvète]'Jf,, certsins groupes ontvoulu rstionaliser le système D ". Une certitude,< on ne retrouve pas les voyous des Ûafics de

stup ". constate le commissaire des stups, GillesAubry

u Pour qu'existent des flières organisées. utalysePatrick Laure. enseignant à l'univenité de Narcyet chercheur au centre de sociophârmacologie de

Saint-Max (Meur-the-et-Moselle), /roÀconditions sont né-cessaires : 1) le pro-duit doit être difficileà obtenir et chet ; 2) ilfaut une demande : 3 )I'organisation deI apptovisio nementdoit être rentable ".Or. précise PatrickLaure. la plupârt desdopants sont des mé-dicaments: ils nesont donc pas diffi'ciles à obtenir dèsIors que l'on est ini-tié. Cependant. cer-tains stéroiles ana-bolisants rapportentet il n'est pâs exclu que des filières soit les mêmesque pour les stupéfiants. rapporte le chercheurnancéen. en évoquant une affaire remontant " dcinq ou sLr ans

'>. Les douanes avaient alors saisi

un lot de stéroiides cônditionnés de la même façonqu'un colis d'héroiîe précédemment découvert.Les services des stups n'ont en toul cas pas enco-re saisi de cargaisoDs mêlant ecstasy et amphéta-mines consommées par les sportifs. < A parrrr dtrmoment où I'on achète 2000 ou 3000 doses

d'EPO. tranche pour sa part le Dr Alain Duvallet.de la direction régionale Ile-de-France Jeunesse etSWfir ça fonctbnne comme Ie trafic de drogue ,, .

Autre atralogie avec les stupéfiants, il existe des

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laboratoires clandestina selon le Dr Duvallet. Iæfait est certain pour les stéroïdes anabolisants(voir f interview de P Laure dans ce numéro) et ila de bonnes chances de l'être âussi pour I'EPOqui peut être produite avec une étuve à dioxydede carbone à 15000 F << Les recettes sont publiéesdans les revues scientifiq4a5 ". ajoute Alain Duval-

I let. Iæ plus difficile pour la fabrication est d'obte-ll nir les bomes souches de bactéries ouwièresI Cependant pourquoi produire. lorsque l on

peut se procurer les médicaments à la source. chezle fabricanl ? " Plus le prix d'un médicqruent est

bas, plus il sera facile de le détoumer chez Ie fabri-cdnr - qui exercera une surveillance proponion-nelle à la valeur de son produit, confie un méde-cin. comaisseur du dossj'et. " Pour les hormones,la pene entre k laboratoie et le distribuleur est de10 à20 "k, avance Alain Duvallet. Des cày'lresqui n'inquiètent pas le fabicant, ils rentrent darc lamarge bris el conîôle qwlité

". Du iaûczrt àl'o1-ficine. en passant parles grossistes. il y a

des fuites à chaquemaillon.

Bien que leschiffres soient diffi-ciles à obtenir. lecoulage. terme dési-gnant les pertesentre la pharma-ciehospitalière et le ma-lade. est estimé entre3 et 5 %. Le pointfaible des pharma-cies centrales. selonPatiich Laure. sontles médicaments pé-rimér Leur suivi jus-qu'à I'incinérationn'esl pas sans faille.

En décembre 1998.1e centre hospitalier d'Aix-en-Provence a porté plainte après la découvertede la disparition de onze flamns contenant 50000unités d'EPO (Neocormon). Après recoupementdes inventaires. I'hôpital a conslaté que plus de500 000 doses de cette substance avait étésubtilisées de sa pharmacie au cours des moisprécédetus.

Toutes ces fuites alimentent le marché noir. Or.pour Ie consommateur. une aure filière. celle del'ordonnance. présente un avantage double surdes produits d'origine douteuse : le produit estbien conditionné, donc de qualité. et il est rem-bouné par la collectivité. Selon une enquête réali-

E

*

Une grânde partle dêJ produltr dopântr provlennentde l'étr.ng€r. Au lÛ r.ptembre dernlet le. douô-nlerr fr'ônç.b ort dérFmbré tur l'ânnéê t99t. 2llnfractlons port.nt rur 27 70O <ondltlonneûentt,

Rien à déclarer ?

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ée en 1997 par Patrick I-âure auprès de 2 000 ath-lètes français amateus, hommes et femmes âgésde 17 ans et plus (1), 61 % des sportifs avouant sedoper se sont approvisionnés auprès de méde-cins Généralenent médecin généralist€. il a pres-crit en connaissance de cause. lon d'une consul-tation de routine. Dans six cas, les spoftifs ontprétexté une maladie ou une blessure que le mé-decin n'a apparemment pâs cherché à vérifier defaçon approfondie. 20 o/o des sujets obtiennentleus produits dopants au marché no4 essentiel-lement lorsqu'il s'agit de stupéfiants. tels que lecannabis ou la cocaine. 15 o/o des athlètes sontpoun'lrs par leur entourage. entraîneun, coéqui-piers, parents ou amis

" RESPTONSA8/,ES AU PREMTER f.ANG .Les nédecins sont d'autant plus impliqués que

< I'automédication n'est pas envisageable pour lesproduits les plus sophistiqués >,remarqtse-t-on à ladirection générale des douanes. Les médecins< sont responsables au premier rang. Ih savent cequ ik font [...] Ce sont les ordonnances qui per-melknt de réaliser le tdtc ", dénonc€, de son côté.le prince Alexandre de Mérode, président de lacommissiqu médicale du Comité intemationalolympique (CIO) (te F,garo du 17 aoûr 1998). En1979 déjà, lonque le coureur Joop Zoetemelk estcontrôlé positif à la nandrolone lors du Tour deFrance, il expiique que la substance prohibée luia été presoite par son médecin.

Les médecins sponifs, dont la dépendance fi-nancière à l'égard des clubs a été dénoncée parI'Ordre national et sera combattue dans le câdrede la loi Buffet. ne sont pas les seuls en cause. I1est facile poul un patient, relève Patrick Laure,de simuler un mal banal et de se faire prescrirequelques comprimés Où commence la complai-sance. s'inlerroge un pédiatre de province.conftonté à des pare \ts qvi < ftclament des vita-mines pour que le gamin récupère mieux aprèsI'entraînement "2 Et que faire face aux menaces Id'un sportif rendu agressif par le manque d'ana- |bolisant. cosrme en a renconhé Alain Duvallet 1 I

La complicité des médecins est souvent rétros-tpective. raconte un praticien qui a travaillé pour leministère des Sports < Dans des compétitbns tégio-nales, il arrive qu'un sponif contrôlé positif obtien-ne de son médecin compréhensif un cenificat antida-té. J'oi v4 au ministère, un ceniftcat dont ls. rédactionampouEe montrsit qu'il était Étospectif >.

L Ordre â déjà saîctionné des médecins quiavaient prescrit des ânabolisants. Avec certainesI - &ttblrJd/,'0, of hr6 il,{.dkin . 197, rct 3I, pp25&259.

Linites < Nous ze pouvons mener d'investigationsur certaiw agissemenx quz s'il y a une plainte por-tée contre un médecin, venant soit du patient, soitd'une tierce personne >, explique Bernard Glo-rion, président de I'Ordre national des médecinsEn 1996, plusieus médecius ont été condamnés àdes peines de prison ferme. Dâns les dix demièresannées, des praticiens de Lyon, Reims ou Stras-bourg ont été sanctionnés

Entre le médecin et le sportif, s,insère unmaillon indispensable : le pharmacien. Abusé parure fausse ordotrnance ou une prescdption decomplaisance. il peut être parfois complice. ( Z ur?des soigneurs de l'équipe Ia Française des Jeux s'ap-provisiowntit chez un pharmacim de Veynes, d.ansles Hautes-Alpes qui le foumissait en corticoides et

SOUS LE

A;:Llii:tf,rien si on ne sait pascomment Yen servir.Le bouche à orcillepermet, dans bien descas, d'en apprendrebeaucoup. Mais ceuxqui veulent perfection-ner leurs connais-sancei utilisent deslivres, en vente sur lemarché parallèle et vêritables bibles de l'usa-ç détoumé des médi-caments. AprÈs unemise en garde sibyllinedu genre : * Nous nesoutenons nullem tI'usoç de ces poduitshors de leur contextemédîcol ,, c6 owragf5détaillent aræc préci-sion le mode d'emploides dopanb. Dans Sté.Kides onahlisonts(1996) les auteurs evo-quent tour à tour latestostéroflg la nan-drolone et autres an-drogènes, en compa-rânt leur efficacitérespective. lls foumiesent les noms de com-mercialisation à l'étran-ger, pour les sportif:en déplacemenç indi-quent les doses opti-males, les mélanges àelfectuer, les effets in-désirables et les sub-

MANTEAUstances à consommerpour les prévenir. Onpeut y lire : . tei ité.rciida sont considéré;ouiourd'hui ûcore,comme le moym le plusetficace pour améliorerles peÉommnces spor-t vei ,. Un autre livre,The UnderEMnd Ste.toid Handtuk (1982)explique notammentl'usâge de l'hormonede coissance, dontl'auteur - anonyme -dilt " Les utilinteuTFwent esçÉrer un qoinde l5 ù 20 kihs en dkseînins si, toutefoi, ilspewent ingércr l0 000coloies pat iouî Qwtrefroles p/iennent ervircnà 600-E00 dolhn ".Dans un auùe registre,lhe Sbroid bible(1994 fait la promo-tion de noLrveaux pro.duis comme l'lcF-1.Fort de son succès, celivre en est à sa Foisème édition. On ùouveégalement des ou-wages spécialis6,comme Clenbutérol, leprduit de favmir(1996) o! StéKiideoftemotive (1997). Dequoi occuper leslongues rciréesd'hiver- - -

Patrick Laure

t09

Page 109: Dossier Du Dopage

en amphétamines >. rappelle un enquêteur duTour de France. Jean Arnault. président duConseil régional Nord-Pas-de-Calais de I'ordredes phamacien! chargé du dossier dopage, admetqu'il y a eu des détournements de dérivés d'am-phétaminer vendus en fait comme anoreigènes

" Il est diffi.cile pour l'Ordre de repérer les dénur-nements à paft pour les stupéfrants qui sont comp-tsbilisés sur des carnets à souche spéciita ,, Ce:.tains anabolisants. prescrits pour des traitementscontre la stérilité. ne sont pas chers, poursuit JeanAmault. Davantage que l'appât du gain. c'est plu-tôt la proximité avec le client. par exemple fré-quenté dans une salle de sport. qui va ( piéger /ephnrmacien ou le médecin >. Lordre des pharma-ciens, alerté par les inspecteurs de la sécurilé so-ciale. a néanmoins sanctionné plusieurs officinesL'efficacité de ces inspections est toutefois limitée : < Il n'y a que deux. pharmaciens inspecteurs enIle-de-France

'> . se nalre Alain Duvallet.

Producteurs étrangets, entraîneun, médecins.pharmaciens. lous ces maillons ne doivent pasfaire oublier que. dans de nombreux caq le pour-voyeur, c'est d'abord le sportif lui-même. " Unsoir, j'oi invité à dîner des médecins passi.onnés devélo en compagnie d'un cycliste professionnel,raconte le dirigeant d'un laboratoire pharmaceu-tique. Noas érions sidérés, le cycliste connaissaitpar cæur le Vid.al ", le dictionnaire desmédicaments

FOURT{ISSEURS MALGRÉ EUXYvan Cali. cvcliste anateur du Cercle olym-

pique Chamaliérois connaissait sans doute aussison Vidal. Il a été arrêté en août 1996 alors qu'iltentait de se procurer dans une pharmacie deRiom des produits dopants grâce à une ordon-nance falsifiée. La police a découven à son dorni-cile un stock d'hormone de croissance et d'EPOdérobé dans quatre pharmacies d'hôpitaux de larégion. deux de Clermont-Ferrand. celui d'Anno-nay (Ardèche). et celui de Riom. En féwier 1998.comparaissant devant le tribunal correctionnelde Riom(La Montogne du 26 féwier 198). YvanCali déclarait : o "/e connaissais bien les hôpitauxpour y être aLlé sotwent. C'est comme ça que j'sicommmcé à cambrioler ". Il semble. à en retenirles propos de l'audience, que le jeune cyclisten'était pas une " tête de réseau > et n'avait venduqu'une seule fois à un ami.

Il exisle pounanl des moyens beaucoup moilsdsqués pour faire son marché de produits do-pants. Saus parler de rer.ues même pas venduessous le manteau. mais sur des salons publics com-

110

me le " Fitness > à Villepinte. Internet s'imposecomme une ôlière d'impunité.

L androsténédione par exemple. coosomméepar le champion américain de base-batl MarkMcGwire, est classée aux Etats-Unis. par la FDA(Food and Drug Administratioo) comme simplecomplément nutritiomel Rien de plus facile qued'en commander via Internet. C est aussi un jeud'enfant pour la fféatine de synthèse. substanceinterdite par cenaines fëdérations françaises er envente dans n importe quel drugstore américain.Le cybernaute n'a guère besoin d'être introduitdans des milieux de dopés pour trouver des pro-duils sur le réseau mondial. Les versions électro-niques d,e Muscle Mag Intemational ot MuscleMed.ia 2000 sont d,es catalogues de vente d'hor-mone de croissance. Une simple demande sur unmoleur de recherche. les index d'Internet. entraî-ne sans peine le surfetr vesla Steroid Bible etâutres sites sur lesquels, moyennant la saisie deson numéro de cafie de crédit. on peut passetcommande d'anabolisants les plus variés.

,< Ce qui est inquiétan r, analyse un policier del'esl de la France. c est que certains médicamentsnouveaux très spécialisés sont déjà détoumês Ona I'impression que des gms se tiennent à I'affit deloutes les nouveauÉs pharmaceutiques ce qui sup-pose des connaissances très poinnrcs et des com-plicités actives ou passives de pharmacologues dehaut niveau. > Ainsi, l'interleukine 3 et les PFC(perfluorocarbones, substitut d'hémoglobine) cir-culent déjà chez les sportifs. En fait. ce phénomè-ue n'est pas nouveau. déplore le Dr Duvallet.

" Les premiers anabolisants que j'ai connw, c'étaitpar des sportifa avanl leur mise sur le marché . . . lly a quinze ans, je recevais déjô des PFC en vracpour des expériences sur /es rar ". pounuit AlainDuvallet, désabusé. Rien de plus facile. selon lui.de commander au fabricant un produit avec unpapier à en-têt€ d'un laboratoire de recherches.

(Le fabricânt n est pas regardan!. ce n est pas son

lrôle. " On sait dans quelle universitë l'athlète lohn

lS^nh ua v procurer des prodtir.r .. dénonce par

I exemple Jacques Piasenta. entraineur de la sprin-

I teuse Cbristine Arron {Le Figoro du l9 Sep,I tembre 1998).

Il est difficile par natue de faire la part des dif-férentes filières Mais devalt une telle profusionde moyens de se procurer des substances dopantescouper toutes les têtes de I'hydre relève de I'utopie.Même s'il s'annonce de longue haleine. le combatpow étouffer ce marché tres dispersé dewa se por-ter au moins autant contre la denande - par lasanction ea l'éducation - que conûe I'offre. -J

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ous I'g

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nse des sens

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e dopage dénonce une transgression, un au-delà du " naturel ". Ce phénomène est asso-

cié à la recherche, pâr l'être humain. de laperformance psychomotrice dâns le cadre de lacompétition sportive. telle qu'elle exisle dans nossociétés. La concernant. le corps social a de forteseKigences. Constarnment en forme et dlnamique.le sportiJ de haut niveau. ainsi que nous le répè-tent les messages publicitaires, esl porteur deI'illusion d'une éternelle jeunesse. Son équilibrecorporel et psychologique constitue le modèleconstruit de I'adaptation optimale à notrc système

culturel en mutation, si ce n'est en crise. Cetteimage-performance produite par nos champions,nous permet de repérer l'âspect immobile d'unimaginaAe social - le nôtre - ébloui par lui-mêmedans un instant < hon-temps ') totalement maîtri-sé et anticipé : le record. Elle témoigne de notrelascination pour des références culturelles orga-nisées autour de la tôute-puissance des créationshurnaines dont I'homme est à la fois auteur etinterprète.

Ces points se retrouvent dans l'évolution de larelation au savoir médical. lui aussi devenu sup-port d'images-performance, Il n'est plus tant il]-terpellé dans le domaine du soin devant une souf-france. que dans celui de I'amélioration descomÉtences humaioes. Dans une redéfinition dunaturel et de l'artifitiel. l'éthique médicale est au-tant concernée par des recherches sur, parexemple, la grossesse chez la femme ménopauséeou le clonage que par le sport de haut niveau...Dans c€ dernier domaine. elle I'est d'autant plusque la mise à jour. le dévoilement objectif. d'uneconduite illégale ne s'appuie que sur des donnéesbiologiques Passenl ainsi entre les mailles du filettout ce qui est irdosable selon ces méthodes etalussi tout procédé - chirurgical. physiologique.psychologique - non réductible à une approchemesurable. Pensons par exemple à ce que nouspromettetrt les concepteun d'organes artificielsdans le domaine de la restitution ou du maintiende la performance.

Il n'est toutefois pas de notre propos de discuterici du contexte de notre forctionnemeot en cetteiin de millénaire. dans les sociéÎés économique-ment fortes. A partir de dix ans de pratique cli-nique auprès de sportifs de haut niveau. nousnous attacherons plutôt à repérer, davaûage dansun but préventil que curatii les déterminantsamenant un acteur sportif à d'abord rechercherun artifice dopant puis à se l'appliquer à lui-même.

n4

I,OB'ECTIF DE LA HAUTEPCRFORMANCE sPORTIVE

L'objectif de la haute performance sportivejoue sur la linite entre extrême et excès. Par là,el.le devient en elle-méme une mise en situationde déséquilibre physique er psychique d'un indivi-du donné dans le moment exceptionnel et extTa-ordinaire qu'est le spectacle de la compétition.Les modèles mathématiques montre cependant

j que. d'un point de vue corporelll'. les perfor-I mances de la " machine humaine ' dans les disci-

fplines olympiques stagnent. surrout chez les

I hommes. Ce constat n'est pas sans conséquence. IlI conduit à accroitre la mise en scène de la compé-

tition selon deux modalités : d'une part. en densi-fiant les calendriers sponifs et en multipliant lesdisciplines (le triatblon mod€me a dix ans et ms-semble trois disciplines déjà connues ; natation.cyclisme, athlétisme): d'autre part. en préférart.à résultats équivalerts, Ia précocité : les adoles-cents sont ainsi de plus en plus concemés par cet-te course à I'excellence.

Parallèlement. les mesures d'évaluation du ges-

te peformant connaissent d'imponants progrèstechniquer I-a performance réalisée devient doncautant celle de I'acteur sportif humain que celle dela configuration du plateau technique qui l'a,d'une part, autorisée et. d'autre palt. reconnue.Ce demier aspect soulève de difÉciles questionsd'arbirage. telle, par exernple, celle que pose latragile limite entre la préparation biologique et ledopage. La première s'arrête en fail à la préci-sion technique du dépistage du second. En parti-culier, la marge est étroite entre ce qui est consi

I déré comme un dopage endocrinien et unercompensation endocrinienne dotrt les buts se-

raient d'améliorer la compétence en réparant lesdéficits hormonaux provoqués par l'effort répété(au risque de masquer tous les s)'mptômes du sur-entraînement). Lengagement dans cette voie fe-rait qu il n y aurait plus de dopés mais unique-ment des sportifs en compensation de déficitsendocriniens (2).

Ce défi d'un " au-delà " humain est lancé à I'in-dividu enfermé dans son cocon géniteur de per-lbrmance à un moment - celui de l'épreuve - oiril se trouve soùmis à des tensions contrâdictoiresEn fait, un moment. pour le sujet. d'inquiétanteétrangeté. Il hri faut en effet dépasser les repèrescomlruits par sa mémoire du geste et de la dou-leur. pour accéder à un au-delà de ce qu'il connaîtde lui-meme, Dans ce conflit entre tension de sur-vie et aûgoisse de mort. seule la pensée magiqueest à même d'apporter l'iilusoire maîtrise de I'au-

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La maréedes " hommes de fer "La pcr.formance sportlve appro<he der llmlterhumôlner, Un aonitat qûl Gondult à a<<roître lamlie en rrène de l. <ompétltlon, en tutoy.nt l.llûite êntre l'extrême ct l'ex<èr. C'ett alnjlqu'eJt né le trlôthlon, dont or volt lcl la plu.terrlble verrion : l'ironmo, (4 km de natation,l80 km à vélo, un mârathon pou. fini.!),

delà inconnu. à travers la solution d'ute molécu-le chimique (l). au mieux placebo. au pire dopan-te. Et cela particulièrement lorsque l individu estfragilisé par une blessure impliquant un reposiporti[. ou qu ils< situ< en prerctrait<.portircimposée.

Individuellement. la recherche d'une référencemagiquc rassure. Elle maintient dans unc sortcJe c,rherence leç rdees de toute-puissance si ne-cessaires pour aborder la performance. Cela es1

particulièrement bien exprimé par ce champion :

- Juqrr'à prësent. ieuis o nrcn nL\inu d je gagnais, nais à cetk cotnpétirion je savais q[il fallaitque j aille ardelà... alors pendant les dix joursprcttlrntt 1 ai tn,tttge le plrt.t e rittmites p,':-sible... pour pouvoir doruter le ,. plus " qu'il fal-1oi|... ,. Ces réflcxions témoignent à la fois de Iaperception et de l'estimation d'une limite à dépas-ser et d'une anticipation de ce débordement. Eneffct. le < plus > apporté par les litamines. addi-

tionné à la mémoire du " maximum " déjà connu.pourrait magiquement permettre de maîtriserl'excursion dans l'inconnu nécessaire à la perfor-mance réussie.

Tout l'ârt du fuiur champion sera donc de ris-quer cet < extrême de lui-même " sans se laisserdéborder par l'an-uoisse de mofi. ce qui le feraitbasculer dans 1'excès Là apparaît toute la subtili-té de la question du dopage. Ce " plus " alors in-lerdit ' appuie \ur une sensibilite à la penree ma-grque. non seulcment incvrtablc. mai' encor<stimulée : avant leur participation aux Jeux olym-piqueq une enquête effectuée par Dugal sur 196sportils de haul niveau montre que 60% d'entreeux étaient prêts à utiliser un produit " miracle u

dans l unique but d obtenir la consécration su-prême. quelles qu en soicnt les conséquences surleur santé. y compris le décès dans les cinq ans 14).

Ce qui se donne à voir là est donc une disponibilité à la dér'iance. Par l excès qu'elle rend visible.ellc atteste souveni d un débordement dans la

I C. Carrier. ( L€ 'musculai.e , produitdu tràyaild€ âdolescent spoftifde haut nwe.au r, Adolescence. 1996, 14, 2, 153.167.

2 - ( &hique €t spo( compenr on de déiciE hormonâux chez les spor.tifs de hâLrr niveaLr r, l1édec neiscien.e I 993, 9, 822-3.3 Nous n|pelons deux ioùons essendelles : la même molécuJe a deseqeE dferercs rLir?rr es rpoaris, auc/e -rolecuh re p€urèrre. !adr.ne ) dopante à I 00 %, ien dlre qle sof lneflicacllé, envirof 60 9,; des câs,

dédÊnche lâlgrneirnrion des doses er par là. liduit un componemerr

,l . R ouFl. Nor o"' ro o,eur dope\. Lâct-alt€. 1985

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maîtrise de la préparâtion tânt biologique quephysiologique ou psychologique. Le contrôle deI'anticipation apportée par la mémoire et la penséemagique û'esl plus perçu comme suflisammentefficâce. et le dopage vient rétablir la situation.

Celâ met l'accent sur l'intérêt d'une sensibilisa-tion en amont tant au niveau institutionnel élargique dùectement sportif, cadres puis actews eux-mêmes. S'il est indéniable qu'rin fze la responsa-bilité de leurs actes, volontaires pour l'essentiel.revient aux acteur$ il serait h'?ocrite de ne pasconstater qu'eux-mêmes occup€nt souvent la pla-ce d'ultimes maillons d'une chaîne de déresponsa-bilisation et cachent une forêt de systèmes d'in-fluences et d'intérêts contradictoires sur lesquelsils n'ont plus aucune prise. " J'ai été tnhie >,1é-

moigne P Girard (s) , médaillée de bronze aux J.O.

de 1996 sur 100m haies, contrôlée positive âuxanabolisants (mars 1990) pris sur les conseils deson entraîneur : < J'ai pris ces vitamines qu'il ap-pelait Euleuthocoque comme si c'était ma mamanqui me les donnait ".

DE LA BONN,E AI'HÉsION DU SU'ET ÀCE QUE NEPRESENTE LA ?ENFORMAN(ESPORTIVE AU PA5SAGE A TACTC AVEC

PRISE D'UN ARTIFICE DOPAI{TNous évoquerons pour commerlcer les tech-

niques par lesquelles un athlète accède à la maî-trise d'un état excité.

Risquer I'ioconnu de la performance mobilise lesystème de régulation de l'anxiété. C'est sur laviolence dcs mouvements anxieux que s'appuiele sujet pour provoquer sa mémoire et ses réac-tions < de sécurité ", et dépasser ses limites : enclair, ce qu'il connaîÎ de lui-même. Pour y parve-nir, il faut s'être éduqué à percevoir des sensationset s'être habitué à un vécu corporel ( en alerte " et< excité > par le mouvemenl, la faim, l'attente. . -

Pour cette raison, I'investissement sportif dehaut niveau se déroule dans une ambiance où lâréactivité de l'acteur sportif est constamment sol-licitée. C'est ainsi qu'il parviendra à < sa " tensiond'excitation efficace. non seulement au momentdu débul de l'instant compétitif mais encore du-rânt le temps de I'afftontement lui-même.

L'acquisition de cette aptitude à la réactivitépasse par deux yoies : le maintien d'une tensiond'insatisfaction et le renforcement de l'espace dessensations

Comment maintenir une tension d'insatis-

{ faction ? La consigne de base d'un sportif de haut

' niveau esl de ne jamais d se reposer sur ses lau-jriers'. Enrre le - jamais assez. et le - toujours

t16

plus >, I'individu estconslamment interpellédans une tension d'effortsans relâche : il faut confir-mer sa première place etfuir de sa deuxième, tou-jours insatisfaisante. Unmanque est donc posé apriori aùtour duquel ils'agit de se structurer. Cet-te attitude sert de base àune sorte de révélationd'un sentiment de solitudede type existentiel, du faitde I'exacerbation des ten-sions de rivalité.

C-omrnent renf orcer I'es-pace des sensations ? Lapratique sponive intensivevisant la haute performan-ce encourage la recherchedes sensations de toutes les

- manières possibles. Déjà,I'exercice musculaire lui-même et les déplacementslocomoteurs qu'il en-gendre exaltent la sensibili-té proprioceptive (6). et ce,d'autant plus qu'ils sonlproduits quotidiennement.La succession de ceséprouvés constamment stimulés et entretenuscontribue à lâ construction de la mémoire dumouvement, elle-même nuançant et complexi-fiant ces éprouvés < seDsationnels D.

Le système de la douleur est spécifiquementsoumis à la question. Le seuil d'intégration de lastimulation douloureuse et les paramètres de laplainte qui I'accompagne sont redéfinis Un en-traînement qui ne fait pas mal n'est pas valable. Il

.' faut en effet aller jusqu à la limite physiologique

/ de la douleur pour construire le néo-corps sponifj performant à partir de la destruction des schèmes

\ Psychomoteurs naturels\ Dans ce processus de produdion et affinage desensations,la diététique remplit une fonction cen-trale. Juslifiée par la nécessité d'un apport éner-gélique contrôlé. correspondant à un poids et àune esthétique corporels qu'imposent les règlesde la compétition ou que I'athlète s'impose à lui-mème. elle place les irgestions alirnentaires com-me les boissons au-delà d'un simple besoin. Pour

6 - Sensibalitê proprê à I'appâreil musculaire.

5 -tE4u'ipe.0&01/98.

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=

notre sportil la diététique va s organiser autourde deux préoccupations : boire sans soil. "

jo_uer "al9ç,!3-!9!!êll!d@Aucun sponif nc peut se permettre d'attendre

d'avoir soif pour boire. La sensation de soif nesun'ient en effet qu'à un stade de forte déshldra-tation extracellulaire. et s'il tallait l attendre.I'effi-cacité motrice serait compromise. Il s ensuit quepour effectuer ce geste quotidien et vital - boire

lc sponif dc haut nircau nc pcuL plus r'rppuvcrsur le plaisir associé au besoin naturel d'étanchersa soitl Les sources de satisfaction qu il va retrou-ver sont celles qu il connaissait lorsqu'il était petit cntànt : un plaisir lié à l'cxcitation de lâ boucheet de la zorc péri-buccale. indépendant du plaisiralimentaire.

La sensation de faim. quant à elle. est classi-quement associée à i agressivité. Tout au long deses cnl13rncmcnt\. l(:parlri \a ainsi cunrlruircun dialogue avec cet état d'allamé et détournerIc' rcactions normrlcr. c,:llc: qu il avait arant -.face à ce besoin physiologique et ses valeurs so-ciales, [] va. entre autres. favoriser des comporte-

ments âilleurs réprimandés : grilnoter ou u mâ-chouiller " du chewing-gum. Cela permet d avoirla bouche pleine. I'estomac juste assez rempli. etde repousser à la limite de la consciencc les sen-rationr tlc faim. au pr,'fil Je.culcr suncatirrn.otales.

orcelg!&rçqqq!1-dg-]!!pgsg-ds! is!s-n est pas sans eftèt. Le risque est en effet de nepi":ltgI I.j9!!.94 d'!=:jgrC!_?ll3yg$llstS'adaplcr à unc vic sans scnsation dc\icndra dèslors impossible. Leur manque poussera à recher-cher deq \ilualions (moli()nnËlle\ e\trd-.norti\ e\par tous les moyens. en particulier le dopage oula toxicomanie.

Une autre caractéristique du cont€xte suscep-tiblc de conduirc à la prise d un a ifice dopant esrla place qubccupe 1a communication non verbaledans Je quotidien d un .ponif Jc haut nileau.

Alors que les €ntraînements se focalisent surdes points objectifs - le développement muscu-lairc ct la motricité -. la perlbmrancc elle-mêmcet les modalités de transmission et d évaluation dusavoir-faire appartiennent- elles. de manière pri-

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L'angoisse du videLa pratlquc rportlve lntenilvc renforcê l'êrpaceder renrôtionr <orporêllês, Le rliquê êtt d'ôvoirle 5€atlment de nc plui e{aterqu'à tÉverrêller... Et d'être.mené à en <hercher denouvellei partour ler moyent, y compafuchlmlquer.

vilégiée. au champ subjectif des émotions et dessensations.

Le " haut niveau " sportif signifie une tensionpermanente vers un ertrême non seulemert phy-sique. mais psychique. L'ex1rême que constitue lerecord, parce qu'il est le produit de l'équilibreinstantané d'une infinité de variables. se situeponctuellement dans un charnp hors du langage,ho$ de la conscience. hors du temps pensé. Entémoigne, de façon directe. la communication qui,à ce moment préciE se met en place entre l'athlè-te et le stade. Tout s'y joue dans l'échange de re-gards sur l'image de l'acte pedormant, donc nonaccessible aulangage. II s'agit ici d'une fascinationréciproque : au silence de la foule. qui précèdeses clameurs répond le < vide de pensée > dans lalête du champion. Sorte de point aveugle. de mo-ment suspendu dans Ia réalité de I'histoire deI'atblète. ce moment extrême est essentiellement< sensationnel ). totalitaire. Ainsi en est-il de lacroyance en I'imocuité sur la santé et I'efficacitésur la performance des artifices dopants

118

S'agissant de I'entraînement. le code de com-munication entre I'entraîneur-supposé savoir etl'athlète est lui aussi largement extra-verbal- Unepreuve indirecte pourait en être l'enregistrementsonore d'une séance d'entraînement : son écoutedifférée ne permettrait en aucun cas de la recons-tituer. On n'y entendrait, en effet, que des ono-matopées, des phrases incornplètes, des injonc-tions d'imitation ou de modificationspositionnelles, des cris d'encouragement ou dereproche. voire des silences. Ce contexte crée uneintimité relationnelle de t]?e initiatique entre lesdifférents partenaires d'entraînement et I'entrai-neur. Sans les bomes de lâ relation parlée, toutesles moda[tés relationnelles de type fusionnel(7)sont observées. Bien évidemment.la limite est trèssubtile entre le conseil, l'imitation. l'emprise. lasoumission... Au risque de voir se développerchez l acteur spodif une passivité faisant le lit del'accepration de toule proposition ddvianle.

Ce fonctionnement privilégie les codes de com-munication sensoriels. en particulier visuels. Le

" faire comme > de l'imitation est la réaction ins-tantaDée, avant mêrne que le spo(if n'aitconscience de léventualité d une alternative oude Ia discussion d'un choix. Cela met à distancela problématique de la pensée qui. d'ailleurq " faitperdre du temps " au profit d'uae adhésion taciteapparemment soumise. Là. se fonde une disponi-

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bilité à une identité collective risquant de mettreen danger l'autonomie du sujet. La recherched'un artifice dopant témoigne alors de I'apparte-nance sportive.

LE (OT{TEXTE DE LA PLAINTELe psychiatre est interpellé de diverses façons

par la question du dopage.Comme à ses conftères, médecins du sport ou

généralistes (8) , il lui arive d'abord que lesiportifs

demandent de contrôler une prise de produits in-lerdits d'ores et déjà instaurée. C-€ câs de ngure eslrarement directement exprimé. C'est plutôt audécoun de la consultation que la question est sug-g&ée devant certains slmptômes (essentiellementagressils) évoquant des effets secondakes

Dans la plupart des ca$ au mie[x le sportif de-mande une in{ormation et termine par " pourquoipas moi? >. Le praticien doit alors surtout com-prendre que le sujet, confronté à la complexitéde sa position actuelle. est sur le point de céder àla tentation. S'agissant de la psychiatrie. les at-tentes. d'uD point de rue chimiotbérapique. cor-respondent à des prescriptions d'aotalgiques eu-lphorisaffs si possible. (opiacés en particulier) ou Ide psychostimulants (amphétamines). D'utr point Ide \'rre p,sychologique. elles portent sur le renfor- |

c€ment de la préparation du mental pour accéderà cet état performant de < tête > non plus < vide ,,actuellement impossible. mais " vidée . au risqued'une soumission au préparateur devenu alorsgourou,

Les circonstances de ces demandes Lrdirectespeuvent se regrouper autour de différents axes

Premier axe : lorsque la relation d'interdépen-dance normdement adnise entre le sportif et sonstaff a céd.é la place à une emprise de I'uu surl'âutre. Mode]é par l'athlète, conçu et organisédans les valeurs de la société sportive, le néo-corpssportif met à distanc€ les crilères identilaires < nâ-tuels ) au profit des nouveaux reÈres acquis toutau long des entraînements. Ceux-ci interpellentla sensibilité profonde (proprioceptive en pani-culier) donc les assises du sentiment d'idenlité.Cette redéfinition des repères identitaires estd'autant plus marquée qu'investissement sportifet adolescence sollicilent l'individu en mêmelemps Au plan du psychisme, l'un et l'auûe de cesprocessus reposent en effel sut uue transforma-

7 - Pâr c€ terme. les FychÊirEi dknvent un proc€ssus v€fiJ d€ rËp€n-dance à I'auûe Èl que celui qui car.ctèrise le raladon de I'enfar( à râîÈre, aârt qu'il a(cede au bryâge et au sênimeit de sà propre adeûritê.I - d les tnyLx de P l-ruæ.9 - C. Gnier ( Lê dopage e0 quesdon ) Esrrit, Ocobr€ I 998 n' 38fi,pi{è 315 -123.

tion corporelle : pour l'un, mâîtrise et program-mation du néo-corps par la pratique sponive in-tensive: pour I'autre. inconnu du développementpubertaire inéluctable. Pour le jeune soumis à lesvivre. ils peuvent au mieux s'intriquer: au pire.I'un éteint l'autre. Cette dernière situation s'ob-serve principalement lorsque I'adaptation auxcontrailtes de la lensioo d'effon envahit toute laconscience, et donc inhibe le recul critique néces-saire à une < bonne > prise de risque. Iæ hors-li-mil€ s'installe alors au quotidien et peut s'€xpri-mer en par:ticulier par une conduite de quête d'unproduit dopant.

En cas de dépendance, apparaissent desconduites addiciives plurielles (y compris la toxi-comanie exogène) s'exprimant plus particulière-mentpard@taire (anorexie. boulimieI ou une addiclion à la \,)seffitfi?u d-épiâced;i )\

Deuxième axe : la peur de sastûer. Cefte tensioninattendue fail recbercher l'artifice dopanrafin d'agit une per{otmance par procuration :

" C'est pas moi, c'est le produit en nloi ! ,. A tra-vers celâ s'expdm€nt des ângoisses de solitude(seul en descendant du podium. absence d'objec- itif...), de séparation ou d'abandon de l'équipeencadratte. de rivalités complexes (sportives oufamiliales) etc.

ïioisième axe : I'anticipâtion impossible. Lescauses en sont multiples : manque de temps pourla récupération. pour se réentraîner au letourd'une blessure, pour s'adapter à la densificationdes calendriers compétirils. pour organiser sa re-conversion tout en négociant sa fin de carrière.. _

ou manque de moyens énergétiques, pas assez deforce. pas assez de nutiwteûts (< de Tet pow fairemon geste sportif) . . .

En guise de conclusion, la complexité du pro-blème de la < bonne > tension comme de la < bon-ne > distance à respecter tout au long d'une car-rière sportive (e) i-pliqrr" d'organiser laprévention sur un mode pluriel et global ; social.médical, psychologique. éducatil Et peut-être, de-vant l'hétérogénéité des politique$ devrait-elleaussi avoir ses relais intelnationaux. La préven-tion concerne l'ensemble de la population, de-puis l'éducation sur le sens de la prise de médica-menls (surtout, en Franc€, après les résultats durapport Zarifian) jusqu'à l'accompagnement deDos retraités sponifs (d autanr plus que mineurset/ou pratiquant des disciplines à matudté précGce) en passant par la recherche. a prlori.d'altematives au dopage plutôt qu€ de substitutsautorisés .

119

Page 119: Dossier Du Dopage

une décisionsans

pÉcédentRecordman de France de l'heure, le cyclistePierre-Henri Menthéour avoue s'être dopé.ll veut rendre son titre et vient d'en aviser

par écrit la Fédération. Récit d'unengrenage infernal.

PaR CHRrsropHE LaBBÉ ET Olrvra REcasENs

e 12 octobre 19 . il est 13h55 au vélodrome de Bordeaux lorsque Pierre-Henri Menthéour s'élalce sur la piste. En une heure il va avaler 52,543kilomètres et ce faisant, pulvériser le record de France qu'il avair lui-

même établi I'aonée préédente. Tiois ans plus tard. Pierre-Heûi Menthéouravoue s'être dopé pour réaliser ses deux exploits, et dans utre lettre adressée le15 janvier dernier à la Fédération française de cvclisrne, il demande que luisoit retiré son titre. Pour ce hors-série de Science & Vie,le champion bretondécrit l'engeûage infemal qui I'a poussé à prendre cette décision.

" J'ai battu nxon premier record grâce à une cure d'EPO, explique-t-il. .Ie

récepionnais les flncons par colis directement en provenance d'Inlie. Durant lemois qu'à duré ma préparstion, je me faisais ùois injections par semoine quej'ai complétées par une hormone de croissance quinze jours avant Ie jour J. Iene crois pas qu'un homme puisse rouler à 50 km.4t à I'eau. Quand tu I'as faitune fois, tu sais que ce n'est pas possible. 1l faut rcster à 172 puhatiorls pendantune heure et siùrne regardes pos mn palseur pendant dix. secondet tu redescends

de trois pulses tout de suite. Mais, malgré Le dopage, la souffrance est terrible.I'ai rcrminé dans wr état pitoyable. I'étais d.émoli. En fait, je n'avais pas su com-ment uiliser correctement I'EPO et l'hormone de croissance. "

Aussi, l'année suivante, Pierre-Heûi Menthéour décide de recourir aux ser-vices d'un médecin italien. professionnel du dopage, pour bénéficier d'une vé-dtable ( préparation biologique ". " "/s 2g l'ai jam"ais renconîé, précise Pierre-Henri Menthéour. J'ai payé 15000 francs et il m'a fLxé la liste des produits avecles heures précises auxquelles les prendre jour après jour Du mercredi 11 sep-

120

:!ff

é

Page 120: Dossier Du Dopage
Page 121: Dossier Du Dopage

tembre au lundi 8 octobre, j'ai pris de l'EPO enintaveineuse, de l'homtone de croissance par voie

I intramusculaire et inïocutanëe. des conkoi:des des

I produits pour soigner le foie. de I'acide foliqur. du

lfer... et deux gros ftacow d albumine humaine à

s'injecter sous perfusion la veille et I'avant-veillede la course. ) 1,e to',J.t avec son cortège d'effets se-

condaires. " J'avais I'impression pqr momentsd'avoir des ballons à la place des rcins. mais je nevoulais pas envisager les conséquences sur ma san-É. Parfois je me dkais : qu'est-ce que tu es en ttainde faire? Mais je contiruuis en essayant de ne pas ypenser Il n'était pas question de faire msrche ar-riire et puis je me disais que j'étais jeune et qlt'entant que .oureur cycliste j'allais ëliminer très viteces foutus produirs. A aucun moment je n'ai eu lesentiment de tricher, parce que c'était la règLe dujeu. D'ailleurs lors de mon deuxième record, j'aisubi un contrôle antidopage et je suis possé au tra-ver& Dans ma tête, j'étais "nfukel". " Une anecdo-te qui interpelle sur la fiabilité des contrôles ânti-dopage mis en culre par la Fédération françaisede cyclisme lorsqu'elle homologue un record.

Il est wai que dès ses premiers pas dans le cy-clisme. Pierre-Henri Menthéour a lout de suiteété confronté à la < culture du dopage >. o En1978, je suis parti à Munich pour les champion-nats du monde J'avais moins de 17 ans. Avant la fi-naLe individuelle par points sur piste, Ie médecinde l'équipe de Frcnce de l'époque m'a fait ma pre-mière injeaion intraveineLlse. C'était juste de la vi-tamine C nnis k pas ém franchi. La première foi5ce qui fair peur c'est I'aiguille. Après, Eund tu aspris l'habinde de te pi4uer tout seul, ce n'est pasplus diffrcik que de se lever le matin, et changer leproduit dans la seringue n'est pas un problème. 't

Ne par se falre plncerLannée suivante, Pierre-Henri. présélectiomé

pour les Jeux oll,rnpiques de Moscou, passe auxcarticn\des. " J'ai commencé tès prudemment. Je

faisais Eutre à cinq jours avec une seule ampouled'un millilitre. A 19 ans, j'ai essayé les anaboli-sants avec des injections de Durabolin. Puis j'ai tes-

të les smphétamines, Mais c'était encore très ponc-tuel. le me réfrénaig sachant qu'après avoir enftléle maillot professionnel, je serais obligé d'ypasser... ,

C'est ce qui ardve en 1980, année à paftir delaquelle il s'arlaque au Tour d'Espagne puis auTour de France comme coéquipier de I-awent Fi-gnoL " Au bout de tois semaines, avec des étapes

de 200 kilomètrcs, on atteint nos dernières limitesphysiqua Comme tout le monde, je prenais le dé-

122

paft du Tour avec wE mallette qui contenait tou! cequ'il fallait. On étûit comme des chsudières Para-doxalemenl, les rares qui n'en croquaient pas ontpayé de leur santé. "

A cette époque, le seul souci de Pierre-HenriMenthéour est de ne pas se faire pincer. " Pat'oisj'ai dûL ruser pour passer entre les mailles du flet.Un jour grâce à un tour de passe-passe que je pré-

fère ne pas dévoiler, j'ai dupé un contrôle snido-page inopiné, avoue-t-il non sans flelté. C'est àpanir de 1985 que je me suis mis à "mper dons les

boîtes", c'est-à-dire à abuser de cermins produitsMêrne quand je ne m'entaînais pas je continuais àm'injeaer des amphétamines Now avions des mi-deciru qui now foumissaient très facilement. Sinonje m'approvisionnais en Belgique ou au PortugaLle prerwis une ampoule de Tenedron et dc Pewim,je mélangeais les deut et celo me durait une jour-née " Sur sa lanég le jeune cycliste breton gotteaussi au ( pot belge ", ce mélange d'amphéta-mines, de cocaïne. d'antalgiques, de caféine etd'héroine. " Comme disent les couteurs, c'est "unproduit qui t'appellc". Quand tu vetn que I'effetdure vès longremps. tu te "flèches" gy;gyygy1g_née et si ru veut un flash c'est une infiaveineuse.Très vite tu ne sens même plus la piqûre. C'est lemême processus que la drogue. Des cyclistesalloient jusqu'à se flécher en course, D'autes,quand ils n'avaient plus rien sow la main, se fai-saient des injections d'eau distillée ! A cette époqueje suis devenu complètement accroc des amphéta-mines. Mais je n'en parlais à penonne. J'étais darsla position de l'alcooli4ue qui cache aux autes sadépendance ,

A la suite d'une commotion cerébrale consécu-tive à une chute lors du Ibur du Vaucluse en 1986et de problèmes à répétition aux genoux. Pierre-Heûi doit quitter l'équipe belge de Miko Carloso Cela a marqué I'arrêt de ma caftière profession-nelle. Mais j'ai continui le vélo en tant qu'amateurde haut niveau. Ie faisais une course sur deux com-plètement allumé par les arnphétamines. En 1988,j'ai senti qu'il fallait que je m'arrête. La corde étaittendue. I'ai stoppé net ma consommation d'sm-phétamines et ronxpu avec les hqbitudes d'un mi-lieu où tous les excès émient permis. ,

En 199, après ses deux records de I'heure, Pier-re-Henri Menthéour range délinitivement sonvélo pour devenir dkecteur sportif d'ute équiped'amateurs de haut niyeau, " Le problème estqu'en planifiant des programmes d'entaînement

I a r2!_S2l_h"!!S!-p *_t9y4t n s a i I tr è s b i c n q u ?

\le cyclkte vo avoir besoin d'ad.juvanrs. J'ai prismoïmême des produits el j'en assume les consé-

Page 122: Dossier Du Dopage

ALERTEI 'annonce a fait l'effet d'uneLUorU". Fin ianvier, lequotidien lr'bérotibn évélait lespremieF ésultats du " suivibiologique longitudinal ) descoureun d'élite (incluant leséquipes professionnelles), débu-té en novembre. Les chifftes -qui auraient dû rester conliden-tiels - sont alarmants. sur 200cyclistes testét 60 montrentd6 " pettwbations biologiquesJérreuses ". Pour 90 d'entreeux, le bilan indique une in-quiétante surcharge en fer. Lestaux sanguins de feniùne, bonreflet de fétat des no€ks, attei-gnent tusqu'à 2000 nglml. soitplus de vingt fois la normale...

" est dah, ù quelques excep.tions prèt que ces onomoliessont dues à Io pdse de ptduitsmédicomenteux ,, assurcArmand MegreÇ médecin de laFâiéntion française de cyclis-me. Une preuve flagmnte dudopage dans le peloton? Leraisonnement est tentant. Toutsemble trahir la prise d'EPO, undes dopants les plus puissantsdu moment. Pour être effcace,I'EPO doit être couplée à desiniections de fer. Tout simplement parce que ce dopant faitgrimper le nombre de globulesouges, donc la guantitéd'hémoglobine qui nécessite dufer pour sa fabrication... " Onest allé peut-être un peu vite enattibuant ces toux de fenitineélevés à la prise d'EPO ,,temFÈre Michel Audrân, de lafaculté de pharmacie de Mont-

AU FER DANS LE PELOTONpellier. De fait les sportifs sontcoutumiers des injections d'ol!gcéléments ou de vitamines.EPO ou pas, rien ne leur interditde s'iniecter du fer dans le5veines ou en intramusculaire...Reste que cette anomalie estpour le moins prârcupantepour la santé des cyclistes. Unemaladie génétique, l'hémGchromatose, permet de se faireune idée des dangers encourus.A long terme, le fer en excèsforme des dépôts dans le foie,le pancréas, les poumons, lecæur,.. Est{e le même tableauqui attend les coureurs? " Noussommes conftontés à un vérftd eproblème de médecine expéri-mentole ", observe l'hémato-logue Gérard Dine, qui mène lesuivi longitudinal. " Commentvoulez-wus que je vous dise cequ'il vd se Wsser dans cinq oudix ans pour læ personnesconcemées ? Probdblement, ilfaudro les prendre en chorge... "Pour l'instant, les cyclistes ayantun taux de feïitine anormalsont libres de couir. " l/s onfsubi les tests d'eîfott hobituels,qui n'ont Ws révélé, à chdud, decontre-indication ou spoft ",précise Armand Megrel Face àl'ampleur du problème, la fedêration a décidé de cré€r unseNice mÉlical centnl, où desspécialistes d'hépatologiepounont cogiter sur lesanomalies retrouvês.fexcès de fer n'est qu'un desdangers guettant le peloton.Pour deux coureurs, le profil

biologique a fait appamître uneinsuffisance des glandes suné-nales, complication posible dela prise massive de stéroiides.Leur état a été iugé suffisam-ment sévère pour motiver lereûait de leur licence. Lasoixantâine de paramètreshématologiques, biochimiques,métaboliques relwés lors dusuM - à raison d'un bilan partrimestre - dewait permettre dedétecter d'autres désordres.Comme, peut-être, ceux liés àla prise d'hormone de croissàn-ce. " ll laut nous laisser le tempsde volider les données, expliqueGérard Dine. Nos prcmies résul-tats commenceront ù softir oudeuxième semestre de 1999. ,lloccasion de voir si d'autresdisciplines sont aussi touchées.Plusieurs fédérations - athlétis-me, triathlon, pentathlon. escri-me, badminton, natation - ontdéjà entamé le suivi biologiquede leun sportifs de haut niveau.D'auûes - aviron, rugby, ski,basket - s'apprêtent à lesreioindre. Les cyclistes profeesionnels devraien! eux, en êtreà leur ûoisième bilan au départdu Tour de France. Peutêtrecemera-t-on alors un p€umieux les conÉquences de lasurcharge en fer. ,( Lo questionest de savoit si, dans le cos oùtoute monirylation est orrètée,I'anomalie est révenible, estimeArmand Mégret. a Si cela nebaisse pog ob'J I'avenir serodssez inquiétont... "

Laure Schalchli

quences mais je ne pouNûis pûs coninuer à lermerles yeux sur c?t ptatrqÙes eI nte senlit un jourresponsable des pépins de santé d'un de mescoureufs ,

Les événemens du demier Tour de France et Iarécenle conlession de son jeune frere Erwam. quia été I'un des preniers à ré\'éler l'importance dudopage au sein du peloton. ont précipité leschoses. Aujourd'hui. à -18 ans. Pierre-HenriMenthéour tourne la paee. - J ai décid.é de re-joindre l'Associttion de lune contre le dopage créée

par le coureur cycliste Alain Djouqd-Guibeft. ,lecrois qu'il est lemps d'instiater une pratique sainedu cyclisme. avec des sponsors qui financeraientdes éEdpes propres sans imposer une obligation derésultats. On ferait 25e ou 3(f mais on véhiculeraitune image positive du sport. Mai.s svant d'enramerce combat je veux pouvoir me regarder dcns uneglace. On reproche toujours aur sportifs leursaveur tardifs, m.ais comment pourrait-il en être au-trement? Pour avouer une faute, il faut déjà I'avoircommise..., J

12i

Page 123: Dossier Du Dopage

<Pi'":':::;Y,:;i:i2';peut pos l'aider à bien joue\ c'estchercher à luir, c'est lait pow rê-ver. Elle n'a pas pour fonctiond'améliorer les performances decelui qui en prend... > Ce juge-ment, émis par un joueur detennis françâis dâns les années80, visait à clouer le bec de ceuxqui soupçonnaient la cocained'aYoir des adeptes dans le mi-lieu. tout consommateur de ceque I'on appelle cornmunémentles drogues - cocarre, amphéta-mineq morphine, héroihe, can-nabis, etc. - ayant nécessaire-ment le profil d'un toxicomanedélabré.

Lâ déjà longue hisloùe du do-page dément largement ces pro-pos simplistes. La cocai'ne s'estrapidement révélée un puissantstimulant. Dans le monde dusport, les premiers compétiteursà la consommer pour doperleurs performances sont... deschevaux de course. Dès 1903, ondétecte des traces de cocai'ne -mais aussi de morphine et d'hé-roihe - chez des équidés

Cenains vétérinaires acquiè-rent une réelle maîtrise desdosages. au point qu'on les re-t ouve âutour des vélodromes-où se déroulent des compéti-tions dites " de 6 joun o : 6 jounà tourner sans relâche plus de 14

heures parjour, à coup d'injec-tions détonantes de cocaïne etde morphine.

Aux Étab-Unis, dans certainssports,la coke â, jusque récem-ment. servi de détonateur à{'agressiyité, ingrédiefi sine quanor du spectacle. Al, alcienjoueur de football américain vi-

124

I Entre dopage ettoxicomanie, la

f rontière est parfoismince. Dures ou

douces, les drogues nesont pas absentes des

milieux sportifs.

PAR PATRTCK PrRo

vant aujourd'hui en France,évoque ses snifs d'avant match,pow êîe < comme une pile élec-trique, pendant deux heures ".Dale Berra. qui a connu sonheure de gloire dans le base-balldes années 80. raconte son eu-phorie et sa sensation d'invinci-bilité quand il se n chargeait ),o une clé de contact pour lematch. " Eî 1985 . on estimait à40 o/o le nombre de profession-nels du base-ball et du basket-ball usagen de cocaine.

La cocaitre a aussi séduit parses effets anti-douleur- Out.e les

coureurs cyclistes avant les an-nées 40, " les boxeurs, jusquedans les qnnées 60. écrit Jean-Pierre de Mondenard, s'appli-quaient des baumes à base de co-caïne sur le thorax pout ne passentir les coups " Au tennis ouen escrime, la cocâine s'infiltredans le coude. pour en calmerles douleurs Autre attrait de lacocaihe : coupe-fain, elle a aidédes boxeun à .apidement " fâi-re le juste poids ) avânt unecompétition.

Meilleurs excitants que la co-caine, parce que leurs effets sontplus durables. les amphétaminessont aussi d'excellents coupe-fa-tigue. Avec un inconvéniert ma-jeur : elles n'effacent pas magi-

quement la lâssitude, elles se

contentent d'en annihiler lesmadfestations Privé de signauxd'alarmes, le sportif a l'illusionde pouvoir prolonger son effort,alors que son organisme est

" dans le rouge >. L'abus d'am-phétamines a ainsi alimenté unenécrologie dont le plus illustredécédé est le cycliste anglaisTom Simp6on, pris d'un malaiseen pleine ascension du MontVentoux, âu cours du Tour deFrance 1967. Jean-Pierre deMondenard a recensé lenombre de disciplines sportivesoù des cas de dopage aux am-phétamines ont é1é avérés : unetrentaine. " Jusqu'au rugby àXV, comme cela m'a été confir-mé par un grand internationalfrançais des années 80... >, etmême la voile, sport réputé< propre >. En effet, les spécia-listes restent perplexes devantles €xploits des Darins lors descounes au large : comment lien-nent-ils le coup en plein effort,en ne dormant que quelquespoignées de minutes parjour?Amphétâmines, répond-on ré-galièrement. < On semble cepen-dant kur p r éfé r eylglg1lgfu llun autre stimulant du systèmenerveux central, , indique Pa-trick Laure, chercheur nanéiendans le domaine du dopage etdes drogues

Aujourd'hui, la plupart desprofessionnels ont plus oumoins laissé tomber la< poudre " et les < amphéts' " -que I'on sait tacilement détecterdans les urines - pour des pro-duits plus performants. C'estprincipalement dans les rangsdes amateurs que les drogues

SPORT ET STUPEFIANTS

'lll

Page 124: Dossier Du Dopage

dopartes poursuivent leur car-rière. En mai dernier. un cou-reur poitevin. Fabrice. se plaintà son médecin de tach)'cardie etde grosses fièvres. Les analysesrévèlent que le cocktail peu ba-nal qu'il s'injecte associe cocai-ne. amphétamines. caféine. hé-roine et artalgiques ! Aprèsenquête. cette d)'namite. dé-nommée " pot belge u dans les

pelotons, s'est révélée être unclâssique des murses régionalesd'amateurs. A quelque 1000francs le " pot

". la mixture restenteilleur marché qu une cured'EPO ou d'anabolisants.

On peut s'intcrroger sur laprésence d'héroïne dans la re-cette. Comme tous les opiacés -opium, morphine. héroTne elleur dérivés -. I'héroine est ré-

putée pour son effet dépresseur.Injectée seule en intraveineuse,elle ne présente en effet guèred intérêt {l). En revanche. asso-ciée à la cocaïne. elle permetd'e n contrôler I'effet pafoistrop explosil pouvant mener àdes pertes de contrôle. " Pqrfoitj'étais tellement rcnnnté que je

| - En sous'cuanee, cependanr.là morphineo! h coderne sôfl ds dcntns

t25

Page 125: Dossier Du Dopage

<-.'€È-

me faisais un shoot d'héroïnepour me cqlmer > ildique Al, lejoueur de football américain.Les toxicomanes appellentspeed-ball ce mélange d'héroine et de cocame, réputé amortirI'angoissante .. descente "consécutive à la disparition deseffets de cette dernière.

Antalgiques. les opiacés ai-dent aussi à gérer la douleur,

126

mais au prix de dangers simi-laires à ceux des amphétamines :

< Ils mettent hots circuit les dé-

fenses naturelles qui poussent às'arrêter quand le corps est ensu rclmuffe, explique Jean-PolTassin. directeur de rechercheen neuropharmacologie à I'In-se'JJl'. C'est la porte ouvene à degraves accidents. " En 1960, lecycliste Roger Rivière dégringo-

le une pente. dans le Tour deFrance, quand il rate un virage.Une chute lerrible de 15 mètresmet fin à sa carière. donl la cau-se sera révélée plus tard ; le pal-fium, un puissant dérivé de mor-phine. que le coureur absorbaitrégulièrement.

Dans la galerie des drogues àusage dopant, reste le cas, régu-lièrement controversé. du can-

Page 126: Dossier Du Dopage

nabis En 1995, 78 sportils ftan-çais y ont été signalés positifs.dans 27 sports différents. En198, farce aux Jeux olympiquesd'hiver de Nagano : le canadienRoss Rebagliâti, positif au can-nabis, doit rendre sa médailled'or de snowboard, avant de larécupérer. profitant d'uneconfusion de règlement et ar-guatrt que c'était la fumée desautres qu'il avait inhalée aucoun d'une soirée !

Consommation récréativehors des stades ou intention dé-libérée de dopage ? La banali-sâtion de l'usage du cannabis.doublée d'une rémanence deplusieurs jours de ses métâbo-lites dans I'organisme, rend laréponse malaisée. Uétude quePatrick Laure vient de réaliserauprès de 2 000 adultes sportifsamateurs de toutes disciplinesapporte cepetrdant lm éclairage.I1 constate - c'est une première- que 9.5 % d'entre eux se do.pent I et que 27,5 o/o des produitsutilisés sont des stupéfiants -le cannabis. très majoritaire-ment. deyant la cocàir,e. << Pourson effa déstessant, déclare unsportif- On conteste souvent I'in-térêt dopant d.u cannabis, car ilaugmente la fréquence car-diaqu.e, la seruatùn de soif et les

temps de récupération. Mais parI I'effet de relâchemem au il oro-|, cure il peut permeme d'aborder! une compétition dans de

i meilleures conditiong malgrë ses

t inconvénients. L'alcool agit de

' même, d'ailleurs. " Le cannabisest également soupçonné d'êtreabrorbé pour masquer, dans lestests, d'autres dopants beaucoupmoins anodins, comme les sté-roïdes anabolisants. < Mqis lesbiochimistes restent tès divisés

- sur cette hypothèse ", indiqueT Patrick l-aure.

$ Étudiant depuis plusieurs an-

i nées les pratiques sportives. de

{ consommaton (drogues et pro-

duits dopants). et à risque (toxi-comanie), William Lowenstein,dùecteur du c€ntre Monte Cris-to (hôpital Laënnec, Paris) dis-titrgue trois profils de spoftifsusagers de produits : ceux quirecherchent déliErément uD ef-fet dopant; ceux qui abusent( accidentellement ) d'unedrogue en société, et qui ne peu-vent plus s'en passer en compé-tition, sous peine de voir leursperformances diminuer - ( i/s ne \se droguent pas pour gagnen )mais pour ne pas perdre " -: ettenfin, les professionnels ayantrecours à des produits commela cocaïne, hors du stade, maisdans le but de tenir le rlthr:re ef-fréné des compétitions. " EnFrance, 75 o/" des jeunes de 10 à25 ans pratiquent un sport.. Pa-rallèlement, kur consommationde psychotropes est en corcaneaugme n t atio n, fait rerrarquerWilliam Lowenstein. Il faudrabien un jour que I'on se préoc-cupe des interactions existantentre ces deux cohones... ")

t*gItÀ;

Itcnngrycru:- bd( tan, b d4qF, R,t Èrb, 1995.

- hn+t m d. tlond.î.rd, Drlit.r .td+qtc qrC CdD6 Èrb, l$t; erqê drjar ofin1*pa j ld rrlti d(omfsts{.,And'c'À hri, 1996

127

Page 127: Dossier Du Dopage

Les duretésde la carrière

sportive(organisation des carrières sportives encourage-t-elle

la prise de produits dopants? Certainement

i!

I

i

pas. Mais, par ses archaïsmes, elle necontribue pas non plus à faire du

sportif un obstacle au dopage.

PAR DIDIER PRIMÂULÎ

La solitudede la soullranceEmploii pré<airer, <arrlèret

couat6, bl€r5nlr5, la vlê desrportlfr de haut nlvê.u €3t

frÉquernmcnt lalonnéede <dtcr. qu'll l.ùl

- faut, l€ glus rouv€nt,lfftonter 3eùls-

Page 128: Dossier Du Dopage

I u sport de l'arisrccra e.lère contem-

<<Il!,î:#'^,";:::";t::i::,';;;;?::Ti;mage en forme de sélection nantrelle, voire artifi-cielle, à travers mwes les couches sociales et les cinqcontinents f...1 L'ampleur mondiale de la besognesponive, les resporuabilités et les prestiges anachésau champion, les terribles astreintes quotidiennesqu'implique I'accomplissmrent de sa vocation, fontqu'il ne peu en aller autrement : le professionnelest un hontme qui fait du spon pour gagner de I'ar-gent; I'amateur est un hommc à qui I'on donne tleI'argent pour qu'il fasse du spon. ) Antoine Blon-din. avec le talent qu'on lui connaît, a décrit avecpertinence la condition de " l'élite du sport ) à la-quelle nous allons nous inléresser ici.

Cette élite constitue un rnodèle de performancepour la socié1é e1. à ce tite. un objet et un sujetde communication, qui en fait un métier moder-ne parfois même précu$eur. Pourtant. cette pro-fession voit subsister de nombreur archaÈmes Enfail le sportif est écanelé enûe de[x réalités : c'estun individu en décalage et à la situatioû précaûe.

tE SPORTIF DE MÉTIERCette condition d'aristocrate du sport, le spor-

tif professionnel la tire d'une passion initiale etd'une formation appropriée sewie par un mélaa-ge de qualités physiques. techniques. mentales.

Ces dernières prennent une place privilégiéechez les plus talentueux. ceux qui sont ca-pables d'exprimer leur art lors desgrands événements. læ sport. en ef-fet, a ses propres rythmes et sestemps fort$ imposés par les calen-driers. C'est sa capacité à se

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concentrer, à mobiliser toute son énergie lors deces événements, qui fait un champion d'exception.Ce talent hors norme impose une cedainemarginalité.

I-e sportif est, par conséquent. un individu so-cialement at)?ique. comme I'est son activité quiémerge du secteur des loisirs non marchands. Lesport impose ses rtthmes. décalés par rapport aumonde du travail. ks sponifs professiomels s'en-traînent et jouent (donc travaillent) en fin dejour-née. en soirée - quald la majorité des actifs se re-pose - et disposent au contraire de temps libredans la journée.

L organisation des études impose cette margina-lité au sportif très tôt dans sa carrière. En Francepafticulièrement, l€s études et le spon de haut ni-veau sont considérés comme incompatibles. Et ilest wai que notre système scolaire ne facilite pasles chosæ Iæs jeunes sportifs se trouvent donc trèstôt soustraits à la vie sociale commune. articuléeautour du collège, puis du lycée. Soit ils bifurquentven des cycles courts. soit ils sont regroupés dansdes filières spécifiques oùr ils ne côtoient plus quedes sportifs. Dans les deux cas, ils renoncent. defait, à une partie de leu.rs ambitions dans d'autresdomaines. Peu irnporte, puisque l'objectif est dansla réussite sportive. Mais- ce faisant, on oublie unecaractéristique inhérente à cette activité particu-lière : la brièveté de la carrière.

En football. les centres de formation datrs lesannées 70 et 80 ont à cet égard fait beaucoup

de mal. jusqu'à ce que les parents(entendus par la LNF) impo-

sent plus de rigueur. enrefusant de confier

leurs enfants à

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des précepleun si peu regardants. Le basket n'ena. semble-t-il. tiré aucune leçon. Le sportif pro-fessionnel se trouve encore bien souvent dans unesituation totalement archaïque. ln différellce estici importante avec l organisation et la culture duspon au\ Erâ15-Unis. Les filièrc\ d acces5ion auprofessionnalisme _v passent par l école etl Université. posant ainsi pour le sportif. au mohs

NIVÊAU SCOLAIRÉ DCs FOOTBALLEURSPROIESSIONNELS EN I 979lI9EO

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dans une ceItaine mesure. une exigence sur leterrain de la formation exlra sportive.

Un autre trait distincrif du sportif est la possibi-lité de réussites financière et médiatique très pré-cocer La reconnaissance médiatique ne concemepas seulement la star mondialement reconnue.mais également (à un degré moindre) le joueur deniveau national qui. dans sa ville ou sa région. faitl objet de l'attention des médias locaux. lln jeuneadulte mal préparé à cette situation peut facile-ment y perdre ses repères.

Enfin. la famille subit toutes les contraintes im-posées par la carrière (éloiprrement de la famille.des amis. difficultés pour le conjoint pour pour,suiwe une carrière professionnelle ou des études.changements d'école fréquents pour les en-fants....). Un ensemble d éléments qui engendreune certaine précarité.

D'une certaine manière. le sponif préfigure ain-si le travailleur précaire de cette fil de siècle. enrupture avec 1a situatiotr considérée comme nor-male jusqu'à Ia fin des années 70;mobilité géo-graphique et professionnelle. contrat à durée dé-terminée. retraite précoce. pression de 1a

performance. temps de travail réduit... A cet

t30

égard. il est un précuneur. La mobilité est inscri-te comme une donnée inhérente à l activité. no-tamment depuis I avènement du contrat à duréedéterminée. La refuser peut rapidement condui-re à une exclusion du marché. soit sous forme dedéqualification (descenle dans une division inÎé-rieure ) soit sous forme de chômage. Les difficultéssont encore plus grandes pour les sponifs indivi-duels. Ces dernier: ne bénéficient en effet ni del infrastructure du club ni de la protcction d'uncontrat. fut.il de courte durée (roir en ce sens à

propos du tennisman P Pech : Vingt-cinq ans.31" français. 9 0{)0Flmois ", L'Equipe du i Ma'S1995). Les sportifs professionnels ont en quelquesorte étrenné les contrats à durée déterminée.lesquels ont. depuis. enrahi le monde du travail.

LE MÉTIER DE SPORTIFA cela s'ajoute une pression constante. Chaque

semaine. lc travail est évalué à l'occasion desmatches. Il faut relativiser la qualité des instru-ments de mesure (les stâtistiques le jugement dupublic et des médias) et rappeler que la fonctionde production de I'équipe est inséparable i il est.en conséquence. Îrès difficile d'isoler l'apport dechacun.

Lâ confrontâtion ph],sique entre des aihlètes enpleine possession de leurs moyens. soumis à lat)'rannie des résultats et des enjeux financierscroissants. entraîne d'importants risques deblessure- Pour archaïque que soit aujourd'hui unetelle exposition au risque phvsique. le pourcenta-g.e de joueurs touchés par unc blesrure au moins

(HôMAGE ET DÉQUALIFICATIoNDANI I.I BASKET

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chaque année est très significatif (52 % pour lesfootballeurs en 79180). Dans le basket. dont lesrègles et l'arbitrage exposent a priorl moins lejoueur. le risque est identique. Une étude menéesur la saison 95/96 sur 226joueurs de basket avantparticipé âux rencontres du championnat de ProA. relève les chiflres de 212 blessures pour 116joueurs concernés. Les joueurs blessés 1'ont été

chacun en mo;'enne près de 2 fois. Dans certainscas extrêmes. mais non rares. les joueurs doiventmettre fin à leur ca.rière en pleine force de l âge.

lvloins lisibles. les séquelles importantes quitouchent de nombreux joueurs dans l'incapacitéde pratiquer le moinclre sport à l'issue de leurcarrière. Citons le cas d'un joueur de basket qui.en fin de carrière. s cst retrouvé avec de tels

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problèmes aux chevilles qu'il devait, chaquematin, descendre les escaliers à reculons !

L€s clubs extemalisent trà largement ce risque(le cott est payé par la collectivité ou par I'assu-ranc€), surtout en basket du fait d'une culture du< changement

'> des joueurs étrangers Cette pos-

sibilité nuit à d'éventuelles politiques de préven-tion, et favorise la déresponsabilisation des clubs

La carrière est marquée dès l'origine par sabrièyeté. Cette fugacité est liée aux limites phy-siques de I'individu. De plus! la dulée de la car-rière moyenne se réduit d'année en année : 10ans pow un footballeur en 1970, 7 ans en 1980,6,06 ans en 1991 - avec une forte inégalité desjoueu$ devânt ce phénomène : en 1991, la durée

L'après-carrièred'un grand championQuhtuple valnquqr du lour d. frlncc,AnqrCtll t dt gércr, rcul, rr trconvcrrl,on.Unc rc<onde vle, <crt6 plur lorgra quc hprcmlèrc, m.k p fob phlr doulourcurc (cn1958, !.E lùnpe .ur lnfrarougcr apakc rarroltttrrme3 à l'éprulc et .u <oudc.)

moyenne de la cârrière d'un footballeur de divi-sion 1 est de 82 ans et de 4,96 pour unjoueur dedivision 2. A cela plusieurs râisong qui, en Frarce,tiennent pour l'essentiel au fonctionnement de cemarché du travail :

- la concurrence des joueu$ issus des c€ntres deformation, moins chers que leurs aînéE et, phé-

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nomène particulier au basket. celle des joueursanéricains naturaiisés :

- la concurrence des autres joueurs européensparticulièrement depuis l'aûêt Bosman permet-tant la libre circulation des sportifs profession-nels ressortissants de la Communauté (Cour deJustice des communautés européennes. 15

décembre 95):

- une longéviÎé réduite par un métier de plus enplus exigeant : accroissement du nombre dematches. de leur intensité. des chargesd entraînement..-

Le métier n'est pas seulement marqué par lacompétition sévère que se livrent Ies joueurs.entre adve$aires sur le terlaiD. Il l'est aussi parcelle qui intervient entre coéquipiers pour gagnersa place. ou pour obtenir un prochain contral.Cette compétition inteme au club ne demeure pastoujou$ un échange à fleuret moucheté. même siles clubs préserveDt le seq€t sur les afftontemeotsparfois violents qui opposent des partenaire! Ilstraduisent bien la tension qui fait le quotidien dessportifs professionnels

DEs RELATIONS CONFLICTUELLESDans ce milieu dont la culture professionnelle

est assez réduite. les relations sociales demeurent

.lrès archaïques. Les dirigeaots ) soDt plurôrI consen ateurs voire palernalisles : des caractêrisItiques quidecoulerai;nr. d un manque de matu-rité et de politique du milieu sportif ". Ce constatdéjà ancien ne semble pas totalemeot dépassé.Les conséquences sont observables sur le teraindes relations individuelles. comme sur celui desrelations collectives. La structuration récente duprofessionnalisme. particulièrement en France.explique en partie ce retard. Facteur supplémen-taire : I'organisation du marché oir les présidentsde clubs sont également les ( garants > de la dé-fense de I'intérêt général dans la mesure où ilssont majoritaires dans les imtances de décisionsdes ligues

l-es relations avec les cadres (les entraîneurs)sont, quant à elles. très ambivalentes et souventconflictuelles. La nécessité de maintenir lesjoueurs sous presiion pour en lâTre des gag ii

en témoignent les codérences données actuelle-ment par Aimé Jacquet, elles paraissent poutantshgulièremenr désuètes

Lc joueur €nlrelient des relations sourent ami-cales voire complices avec le corps rnédical (mé-decins. kinésithérapeutes. ostéopathes) dévelop-pées dans des relations quotidiennes. Mais. àI'occasion de blessures. la relation devient beau-coup moùrs sereine, voire ambiguë. alors que lejoueur est fragilisé, déstabilisé. Le club. lorsqu'ila autorisé le joueur à s'arlêter, attend son retourrapide sur les terrains. Le rôle du médecin exigede faire passer l'intérêt du patient (et finalementde l'équipe à moyen terme) avant ceux du club àcourt terme. Cette déontologie implique. dans cer-tains cas de résister à la pression des dirigeants oude l'entraîneur. Mais le médecin.le kinésithéra-peute sont aussi rémunérés par le club e!. de ce

LES MOMEMTS D|FF|(|LEs POUR LES

'OUIURS

DE Dl

fait. dans une situation difficile à gérer. Elle estd'autant plus délicate que le joueur lui-mêmepousse à une repdse trop rapide. Les consé-qucnces se mesurent en termes dc rechutes fté-quentes (voir le tableau < chômag€ et déqualifi-cation dans Ie basket ").

Aux yeux des dirigeants et du club. le sportif!'edste qu'en tant que sportii Le club. au rnoinsen Europe, ne vise que la maximisation des résu!tats. Il ne poursuit pas un objectif social de reclas-sement de sponifs professionnels. On ne sauraillui en faire griel Sauf à entendre ses diriseantstenir un autre discours lolsqu'il s'âgit de renégo-cier un contrat dans des conditions avantageuses.Les promesses en ce domaine n'engagent que

poutr" à l'utilir"t@onpeutconstater, par exemple, le fréquent recours. ausein du groupe. lors des enrraînements.4lulecfi-4Llque dg bolç é.4issaire pour assurer la cohésionde I'dquipe.Bien que les méthodes de manage-ment des hommes dans le sport fasse référencedans le monde de la gestion d'entreprise. corrune

133

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ceux qui les écoutent et les joueurs - par nalvetéou peul-é(r€ inconscience - veulenl souvenl croi-re ce discours qu'on leur sert. Il en résulte de tou-te façon une grande peul de l'inconnu et un enviroo-nement qui ne facilite pas cette transition vers

la seconde carrière.La fia de la carrière est donc toujours vécue

comme une coupure très douloureuse. La recon-version est avant tout une affaire de deuil. Les

D'UNE FAçON GÉNÉMLE VOUS PENSEZ QUEVOTRE RE(ONVENSION VA 5E FAIRC :

sportiô professionnels sont pleinement conscientsde cette issue inéluctable. Face à eUe. ils ne man-quent pas d'atqqllqpour aborder une autre vieprofessionnelle : leur capacité à se concentre! surq!_Sbi€!{f, lç!L_bC!!!udq_ge la gestion du stressdu travail en équipe, des relations avec les mé-dias... Mais ils ont aussi des handicaps:ils ontvécu dans un milieu clor de façon très dépendan-te. n'ont pas de formation récente et adaptée à

leurs nouvelles conditions. Après avoir pu combi-ner passion et métier assortis d'une gmnde valo-risation (médiatique. financière éventuellement),il leur est très difficile de retrouver rapidementun contexte aussi favorable et motivant.

Du fait de cette peur du lendemain, les sportifsprofessionnels cherchent en priorité à transférerleur compétence sur un autre métier dans lemême secteur du sport professiomel (commerced'articles de sport hier, directeur sportif ou agentde joueur auiourd'hui). læs difficulrés de mise enceu\Te naissent du manque fréquent de prépara-ton, de précision et d'accompagnemetu du projet.Sa préparation devrait par exemple passer par unbilan de compétence! par l'élaboration d'un pro-

1i4

jet de formation adapté à l'objectil pounuivi. Au-tant de démarches qu'il est préférable d'initieravant la fin de carrière à un moment où le sportifbénélicie encore d'un formidable cametd'adresses et donc de grandes facilités de pro-mouvoir son dessein.

Dans cette situation, le joueur trouve cependapeu de soutien du côté de son agent, de son club,de la ligue ou de la fédération. et ne peut guèrecompter que sur lui-même. Quand sor étoile pâiit.le sportif professionnel voit petil à petit s'évanouirdans la nature toutes les personnes bien inten-tionnées qui se proposaient de l'aider.

Par la force même des choses, le sportif profes-sionnel esl donc con&onté à une certaine précari-té. Il affronte en outre des situatioas de crises encours de carrière (la blessure grave. le risqued'éviction) et en fir de carrière (la perspective dela reconversion). Ce sont là autant d'occasionsd'être tenté par I'ulilisation de moyens artificielsd'augmenter s€s capacités Pour autanl. un tel do-page. qui relèverait de décisions individuelles, nesemble pas de nature à donner au phénomènel'arnpleur qu'on lui découvre. Sa généralisationrelève plus vraisemblablement de stratégies beau-coup plus fires érigées en système bien au-delà deI'athlète lui-même.

Toutefois, la trop gande dépendance du spor-tif par rappon à l'ensemble du système. la forma-tion telle qu'€lle est encore trop souvent conçue.ôtent la possibilité de laire de I'athlète un véri-table obstacle éthique au dopage. J

EN CE QUI (ONCERNE LES AIDES EXTÉRIEUREJP1OUR LA PREPANATPN DE VOTRE RECON.

VERSION, VOUs AVEZ LlMPRESSION D'ÊTRE :

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le dér()ulement du scénario et le résultal. Unspectacle sportif a donc ceci de particulier qu ilest à la fois unique et construil autour de l incer-titudc. Orccrtc dcrnièrc. qui donnc au sport tou-ls.u È1.'rr< cl l,rul .r)n Jttrait.l<ul au\\i \L lrrn.formcr cn iacteur de " lrichc ' : dopage. de lapart des sporlifs. ou corruption. de ia pari desorganisatcurs.

Que le clopage traduise unc volonté de rédui-re l'aléa rclèr e. en lout état dc causc. de l'é\ i-dence. El c'esl d'ai11eurs parce que cette loion-lé dénature la compétition en la ramenant à

l état d unc sinplc rcpréseltation ou d unc cxhi-bilion rcncontre de catch ou match de boxetruquel que'lc dopagc csl interdil diins le sport.ll dénue en effet de loulL'crédibilité la perfor-

UN MARCHE DU TRAVAILTRÈs SEGMENTÉ

Lc marché du tra|ail du speli spectacle est for-I(n,cnt JuatrsL: : lc. r c\ r n us. prl\ ou prirn( \ l\'rçu\par les sponili. sont extrêmement différenciés. Enfait. )es gains sont soumis à de tels écarts que lemarché s en trouve segnentélrr. La tralche supé-rieure esl constituée d un petit nombre de spor-tifs qui perçoivent des rémunérations particulièrc-ment éle\ée\. A l opposé. la tranche inférieurerassemble une quantilé très importante d'indiri-dus aux faibles rer enus.

ll n est pas \'éritablemellt surprenant que ccllcsegmentation sa rttroulc sur l ensemble des disci-plincs sportirr's. Ou on songe- par exemple. à

l écarl du potentiel de rémunération entre un

mancù sporti\'ù ù1 h\pothèquc. dc cc fait. la rc-pl ésentalion sporti!e elle-mème.

Toutelois- si la \ olonté de réduire l aléa - pourla beaulé du speclaclc ou parce qu on rcdoule-rail la contre performance ou 1a concurrencepcut sc traduire par le dopage. clle ne suflii pas

f,.undnt. ir (ll(.(ul(. r (\FIjqu(r cctlL nraliqucl:n aulre lacleur interrient désormais. lié au\re!enus escomplés par des periormances spor-tj\ es supéricures.

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f()otballcur qt un lullcur dc gréco romainc. Linlcl écart ticrl. bien srlr. à la différence d intérê1quc lcur porlent les médias ct donc d é\entuei\partenairc:,,.'n11,,n1 jquç.. Il r\lliqu( iiu\ri qu(prnnr lri trenlc \poItrl. Irancarr lc. nrierrr lare.en 1q97. s.ul.s cinq discjplincs soient représentécs (\oir lc tableau ci-dcssus). Tout cela est

| - vor l€an-Franco s Bourg. ( D ualisme et Êppon sa arLâl dâfs e sponp.olessonnel). in Aaohe e.oromraue dr sporr coil. Pmques lopore es.

PUÊ 1998. pp 19- 78.

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connu. Mais. fait plus intéressant. cette segmen-tation se retrouve au sein d'une discipline et. plusprécisément. à I'intérieur d un championnar.

A titre d'illustration. reprenons les résultatsd'une enquère reahsee par Ie magazinc Bosket-Hebdo 'r' et porlant sur les salaires perçus. aucoun de la saison 1997/1998, par les joueun avantparticipé au championnat de France de BasketPro A. Une simple lecture des données montrç àquel point le terme de segmentation est approprié.Entre le plus bas et le plus haut salaLe. le rapportest de 1 à 30. Par exemple. alors qu,ils étaient en-gagés dans le même championnat, Medhi Labey-rie. de Bcsançon. n a perçu que 8J 000 F et Delâ-ney Rudd. de Mlleurbanne.2 550 ff)O F En réalité.les 18 joueurs les mieux payés, soit 10 % de l.et-fectif total du championnat, percevâient 27 % del'ensemble des rémunérations venées. A l'opposé,les 18 demierl également 10 % de I'effectii ioral.ne s'en partageaient que 2 %. Plus globalernent.la moitié du montant total des rémunérations n'aété perçue que par seulement le quart desjoueufi.Enfin, l'enquête ne tenait pas compre des diffé-rentes primes qui viennent s'ajouter à la rémuné-ration d'un joueur en fonction des résultats spor-tifs ce qui. à n'en pas douter. n'aurait tait querenforcer la segmentation dejà observée.

Cette caractéristique du marché du travail dusport spectacle ne se limite pas au cas du basketet du championnat français. Au contraire. toutesdisciplines concemées. la segmentation des reve-nus des sportifs est encore plus marquée en inter-nationalisant l'analyse. Un exemple : les quatre

I - EGtd+,eùdo n'5 50 er 51, d€r 19 er 26 novembr€ t99l! - le Mode, 4 jùilier I 998.

footballeurs les mieux pavés de Ia planète. tousBresiliens'J' (Ronaldo. Denilson, R. Carlos erRivaldo). auraienr accumulé 727 millions defrancs sur la saison 1997/1998. Dans le mêmetemps. 54 % des 7 013 joueurs professionnels res-tés au pa!'s ne gagnaient pas plus du salaire mini-mum. soit environ 700 F par mois. Une aubaine

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La proie pour I'ombrePulrtant vccteur de commurl<atlon, lerpectacle rpottlt .ttlre médl.t et ent.eptl5etqul p.lent, tÈ. Gher, leur rlmple pÉrence. En4ll âns, 1e3 droltt de rctr.nimlr3lon dct ,eurolymplqog d'été ont été inultlpllé. par I qxr.

quand 27.8 % de la population brésilieme, soitplus de 45 millions de perso.o:rer vivent avecmoins de 1 dollar parjour(4).

Cette très disparate répa ition des gains dessportifs met en lumière la natue des rendementsd'échelle de la performance sul les rémunérationsDes rendements qui. sur le marché du travail dusport spectacle, sorlt toujoun croissants ; unefaible variation du niveau sportif induil uneaugmentation plus que proportionnelle des reve-nus. Un tlpe de situation qui n'est sans doute passans conséquences sur le componement des spor-tils quart au recours éventuel à I'utilisation deproduits dopants.

Même si. suivant l'expression qui veut que< l'on ne fasse pas d'un cheval de trait un chevalde course ". lc dopage n induit. pour certains.

4 - Rappon mondbl $r h développ€ment humajn, PNUU protnmrn€ des

Nalons Unies pour le d€v€lo?æmenti E(oromko, ParÈ, 1998.

qu'un accroissement marginal de la performance.il peut néanmoins permettre de passer à un seg-ment supérieur du marché du travail. D'une autremanière. larhlète plus mercanlile. mais aussimoins respectueux que ses congénères des règlesde la compétition, se verra gratiiié par I'usage deproduits dopants, tatrt du point de we des résul-tats sportifs que linanciers. De même. compteiênr1 de l'âEeæ de la concrrrrence qui règne à ceniveau. un tel comportement antisponif sera éga-lement récompensé pour celui qui craint de s'ex-poser au risque d'être relégué dans les segmentsinlérieurs du marché. Que les dieux d'Olympie.garants s'il en est de l'intégrité sportire, nous gar-dent d'encourager le dopage à traven cet argu-mentaire. mais force est de constater que. lo$quel'enjeu économique auefnenle. les règles sportivesélémentaires sont mises à mal.

ENrEU ÉCONOrUrguE Er RÈcLEsSPORTIVES ELEMENTAIRE'

Médias et entreprises se sont très vite intéres-sés au spectacle sportif au regard du formidablevecteur de cornmunication qu'il pouvait repré-senter. Avec des droits de retransmission multi-pliés par 1 000 sur 40 ans. les Jeux olympiques

141

Page 140: Dossier Du Dopage

AloÉ qu€ <ertaln6dlrclpllnêr ont âdapté lerrÙler du lcu .ur âttentesde lcurr pârtenalrcr - ti.-br€dl ru tennlt, ml-tempt

plur longue en rugby -d'autrer, Gomme le

footbrll amérl(.in, ontdepuls longtcmps établl

un lien indl$od.blechtre rport et ipêcta<le.

dans ce cas. Il en va de même despratiques de dopage dans lechampionnat italien de football.un championnat donl le chiffred'affaires est presque deux fois su-périeur à notre championnat depremière division ; 3.66 milliards

5 . Voil lhrticl€ de Charl€s Dudotnon dàns ce

6 - Lei retlemen6 de l'Unioô cyclisÈe inrematiom-le sort âpplicables xu Tour de france pourant or-8eni5é pàr une sociére privee, la Sociéte du lour d€France, filhle du group€ d€ presse Amory.

Le cliché I

de l'Amérique I

sont une illustration criante de cet intérêt. Defait, le mouvement sponif a très vite été confton-té à la gestion de flux financiers considérableset a dû répondre aux attentes de ses nouveaulipartenaires Dans certaines disciplineg les règlesdu jeu ont été adaptées à ces nouvellescontraintes I-€s exemples ne manquent pas : in-troduction du /ie-ôreak en tennis, mi-temps pluslongue en rugby lonque les matchs sont diffusés.suppression de certaines épreuves d'athlétismedu programme des compétitions. rnodificationdes horaires des rencontres. comptabilisation detous les points gagnants dans les scores desmatches de volley-ball à partir de 1999.

Pour autant. c€ tlpe de conces-sions est de peu de poids compa-ré à la corrélation qui semble ap-parâître entre l'utilisation deproduits dopants et l enjeu écono-mique des compétitions Plus pré-cisément, l'inquiétude est impor-tante lorsque les règles sportivess'effac€nt trop rapidement devantdes considérations uniquement fi-nancières. Deux cas de figure sedistinguent selon la plus ou moinsgrande implication des

partenaires privés dans l'organisation desmanifestations sponives

Le premier cas regroupe les spectacles spor-ti{s dont le déroulement est encore régi par lesrègles des fédérations internationales. Parce queces organisations ont en charge le développe-ment et la promotion de leur discipline dans sonensemble, et pas seulement la partie qui se domeen spectacle, on peut penser qu'elles font de lâlutte contre le dopage une préoccupation de pre-mier ptan (s). Cela n'empêche pas bien sûr quecette volonté de préserver 1'éthique sportivepuisse se trouver contrâdée par 1'enjeu écono-mique. Le Tour de France (6) n'est pas le seul

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de francs-contre 2'03 sur la saison A chacun même produit est interdit à la fois199798 (7). Le rusby < moderne > éà;';ËË par le ôomité internad;;;i;iË:de l'hémisphère Sud est égale- ...^,-_:;-::: :: pique et par la convention dument dans la " tOUyt"n,a ,, O" tU AvetE to ntDme'ntna àtà".t ^créatinedepuisquen"p"nù"._ lgl:î*:*r:.,* ;iiilidfi:Ji;'ï#,ï::1"-*-doch, de la News corporation, a -drn. t.-pr qu. auiiia I-a t'igilancà en matière de dopa-investi, en 1995, 550 mitlions de 9,':l1qù-€ j:r:ff:tjc:. ge ge doitlonc être d" ,igr"u, iâ".dollars sur dix ans pour diffuser te .ïjffï:it;,:ii:.#11.u àux mutations qu,a coni'u.,

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Super 12 et le Tii nations prendre n'eri par conrl- conoaîtra encôre le sport splc-Dans le second cas. le spectacle â:;J;;;;5;;;. tacte. Sauf à considérei que ôtt"

sportif. coupé du sport de masse. ra llgue de barà-ber'... Iune ne fasse plus I'objet des pré-ne relève plus que de la compéten- occupations du mouvement spor-ce du secteur marchard. Ainsi en est-it des ligues ti{ ce sera à ses panénaires d'enprendre consâen-professionnelles nord-américaines, où les réfé- ce, comme l'ont fait, à l'autornne dernier. lesrences au dopage sont minces et relèye davan- sponsors du cyclisme. à travers la signature â'untâge d'une lutte contre Ia toxicomanie tradition- code de boflle conduite pour lutteriontre le do-nelle (marijuana. cocaine. hérofne). un record page. Rappelons simplement que. la même année.vieux de 37 ans vient de tomber- Avec 70 home ie. àésormâis feu, prô1et de crêation d'une Super-rrns' Marck McGwire a effacé des tablettes du ligue (8) ne faisait àucune mention préventivà oubase-ball Roger Maris. qui n'en avait fait que 61. répressive à propos de ce même fléâu. JMcGwire a reconnu utiliser un stéroide anaboli-sant androgène. l'androstènedione, que la ligue 7^-lapport Delortte & Touche, funus] R.view ofFooûoll Finonce, Aoûr

américaine de base-ball (MajorBase-batl tæague ) ilT. p.oF,, p.**,e p,'. ra sociéré f!édiaspartnere, vkah à cré€r unne considère pas comme dopant. En revanche. ce Àrrû;;;Â;; d-.'6.ôal s,r inviation. d,ar* b mJ* an cain.

143

Page 142: Dossier Du Dopage

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LE TOUR DE FRANCEEsT-IL TROP DUR?I L'idée est répandue dans l'opinion et tend àfaire du dopage une fatalité. Or, selon l'auteur, leproblème se situerait ailleu rs...

PAR JEAN-PIERRE D€ MoNDENARD

cours des stimulants. Il faudraitêtre naif ou hypocrite pour ré-pandre cene idée que le Tour deFrance, un Bordeaux-Paris, uncritérium clu Dauphiné peuventse négocier simplement à l'eauminérale... Tous les coureursPrennent quelque chose , {2}.

Certains médecins. afin dejustilier leur présence dans l'en-cadrement des équipes. adop-tent lâ même défense. On trou-ve parmi eux le célèbre médecinbelge de Festina, le docteur ÉricRyckaert : < Si l,otlJ prenez uneétape de montagne, les coureurs

lbrtrleru I'èquivalenr olorique de

ldet* marathons. Si les coureurs'font

ça quatre jours de suite, ilfaut comprendre que c'est extrê-mement dur et que ça nécessite

LES NOUVEAUX

" FORÇATS DE LA ROUTE "La difticulté der épreuves résldemoin5, auiourd'hui. dans la lon-gueur des paKou15 que dans lerythme imposé par ler plus forts.Ci-desius, le vainqueur du Tour1998, Marco Pantani.

L'AVIS DU MÉDECINDE FESTINALe Dr Éri( Ryckaert (i<i, à la lortiedu (ommiJsariat de Cholet aprèsavoir été entendu, en juillet1998, dans le cadre de l'affaireFeJtina) est de (eux quidénoncent l'extrême duretéde l'épreuve.

A fir d'exoliouer la fatalite duAaopage ctre z tes géanrs dela route. certail)s affirment : " lefait de courir le Tour de Franceest anormal même pour un orga-nisme entraîné. , Face à ce dis-coun récurlent et recueillant unlarge consensus dans I'opinionpublique, les experts comrne les

afficionados de la chose cyclistese divisent en deux groupes auxavis extrêmes

Les premiers appartiennentau peloton des consommateursde pilules d énergie qui. pourjustifier leur recours auxdrogues de la pedonnance. es-timerjJ " qu'il est impossible de

faire un Tour de France à I'eauminérale, Ere cela ne s'est jamais

ïsit et qu'on ne le fera jamais ! ,Parmi les tenants de cette

< obligation >. on trouve en têteJacques Anquetil, Louison Bo-bet. Joseph Bruyère. FreddvMaertens. Ce dernier. parexemple. explique : < Qu'onn'achève pas le Tour de Franceen se contentant d'un biJieckquotidien. Celui qui prétend quec'est possible avec des moyensnaturels est un mentetr t \1).

Vingt ans auparavant. JacquesAnquetil. quintuple vainqueurdu Tour de France- abondaitdans le même sens : o Il n'est pospossible à un homme, fîtùl tèsdoué pour le sport, de courirpresque journellement satu le se-

144

I

à

Page 143: Dossier Du Dopage

peut-être des substances derenforcetnent. , 6)

L'OBLIGAIIONDE SE STIMULER

Avec la même réponse affir-mative. mais pas pour lesmêmes raisons, dans le mêmecamp, on recrute aussi des spor-tifs de haut niveau appartenantà d'autres spécialités telles quele football. le tennis, le rugby

| - ( Ce guej'aivécu ) (propos r€cueillh pâr

Menu Adriaene), Bruxell€s, éd. R. llelherbe,I 988 - 222 e. b. 63).

I - Fnnçois Teôeen, Les gltna d! cydbne. ed.

Del Duca Pri'. | 969. - 332 p. (p. 29 I ).3 - L. Porisren. 2l Octobre 1998.

etc.. qui. à I'occasion d'une ren-contre amicale entle collègues,se sont affrontés sur une bicY-clette et, effectivement peu Pré-parés à ce genre d'exercice, se

sont lout de suite cru à même deporter un jugement définitif sur

ll'extraordinaire diffi culté du cy-[clisme et sur l'oblisation de se

f stimuter. Dans le mlme registre.'arr moment de l'affâire Festina.une chroniqueuse politique de-vant faire son sujet sur le dopa-ge dans le Tour de France.m'avait expliqué qu'elle-même,lorsqu'elle faisait occasionnelle-ment du vélo le dimanche. ne

/ dépassait pas tes 47 krn/h en des-lcente. alors que les fringants

coursiers du Tour. dans cer-taines étapes et sw 200 km. ar-rivaient à rouler à 47 km/h demoyenne. Conclusion simptistede Ia spécialiste des meetingspolitiques : pour faire cela. ilsdoivent oblielaloirement < se

charger "! Cette charma_ntejournaliste oubliait un peu vitequ'il n y a pas de commune me-sure entre sa pratique occasion-nelle le dimanche et les35 000 km annuels des routiersde la Grande Boucle et qu'unesimple côte qu'un néophlte as-

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Page 144: Dossier Du Dopage

similera à un col serâ tout justeperçue comne un bânal < couPde cul

" pour le professionnel de

la p€tite reine.D'autres, faisant référence à

la boxe et au marathon, sportsdans lesquels le programme desépreuves n'impoee pas aux com-pétiteurs des rencontres quotidiennes sur trois semaines com-me dans le Tour de France.estiment que les n routiers dejuillet > en raison de cette r4É-lilion d'efforts, doivent obliga-toirement carburer aux remon-tants Comparons ce qui peut semesurer.

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Dans la boxe, on prend descoups de I'adversaire, dans lacoune de fond, les pieds martè-lent le sol des myriades de foiset à chaque foulég le choc plan-

. taire est équivalent en moyetrlle

| à quatre fois le poids du corps.

.soit pour 42.195 km plusieurs

lmillions de tomes A vélo, I'ap-pui sur chaque pedale ne dépas-se pas un cinquième du poids ducorps. Au plan des contraintesmécaniques, le ryclisme se situeparmi les sports portés (nata-tion, aviron) qui sont les moinstraumatisants pour les muscles,alors que lâ boxe et le marathon

émargent en haut de l'échelledes specialités les plus exposéesDans ces deux sports, il n'est paspossible de récupérer d'unecomÉtilion en quelques heuresSur une année. un boxeur n'aque quelques combats à sonprogramme, de mêrne le mara-thonien de haut niveau ne pâr-ticipe qu'à deux ou trois coursesDe plus, dans les étapes de plai-ne moyennement vallonnées,I'homme au sein d'un pelotonqui roule à 40 km/h épargne 33pour cent de son énergie pârrapport à celui qui mène letrain. Cela démontre que, bienabrité, un cycliste même infé-rieur de 30 pour cent par rap-port à son adversâire, peutnéanmoins le bafie à I'arrivée sisa pointe de vitesse est de quali-té. En course à pied, en raisond'une vitesse de course nette-ment inférieure de 50 pour c€ntà celle des < Forçats de la Rou-te " I'avantage de I'abri est loind'etre aussi déterminant.

LE I$LOMÉTNAGE:UN FAUX PNOBTÈME

A I'opposé, d'autres erperts?toul aussi compétents que lespremiers répondent catégori-quement par la négative à l'in-terrogation : le Tour de Franceest-il trop dur?

Ainsi, Bemard Hinault -quintuple vainqueur du Tour, unhomme du bâtiment s'il en est -évacue les diffcultés de l'épreu-ve en précisant : " Ce sont lescoureurs qui font la couÆe, nonle parcours ".(\ Son ex-mentor,Cyrille Guimard, abonde dansle même sers et estime qu€ lecalendrier n'est pas trop chargé :

" Non, non. C'est de la litlératu-re, dans les années cinquante etjusqu'à mon époque, on couraitplus [... ] Il n'y a qu'à faire leTour de France avec des étapesde 100 bornes et sans bosses etmon concierge va croire qu'il

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Page 145: Dossier Du Dopage

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pouûa I'emporter! Grotesque !Le Tour sersit mon après un seulexercice > (5) Dernème, LaurentFignon, double vainqueur duTour et ancien Lieutenaût de Hi-nault, milite pour que le Tour deFrance ne soit pâs dévd\ê : " Lekibmétrage est un faux problè-me. De mon temps, les étapesétaient plus longues qu,au-jourd'hui, nwis c'était phts cool.On se permettait tacitement derouler pépère à 36,137 kmlh.Aujourd'hui moins longues lesépreuves n'en sont devenuzs queplus rapides Il ne faut pss que lecyclisme devienne moins dur.

C'est un sport d'excès Le publicaimt le Tour parce qu'on y voitdes hommes qui accomplissentI'impossible et d'sutres ouidéfaillent...,t6)

58(x) KM E]{ t926Pour éclairer les différents

protagonistes, rappelons qu'en1926, le Tour faisait 5 800 km(aujourd'hui 3 800), le vain-queur restait près de 239 heuressur sa selle (en 199S;;;toli;fail9lbggles pour Marco Pan-tani), les vélos pesaient plus de10 kg et que les routes, notam-ment en montagne, étaient ra-

rement goudronnées De plus, àl'époque, les substances do-pantes efficaces (EPq hormonede croissance, corticoides, âm-phétanines) étaient inexis-tântes Four la petite histohe, si-gnalons que le vainqueur decette édition marathon, le Bel-ge Lucien Buysse, détient, à cejour, le record de longévité deslauréats de la Grande Boucleavec 87 âIts 114 jours ! Faire 200kn tous les jours pendant trois

{ - b Rilt' 25 juil.t l9r&5 - Cr&ne ,nænaimd, l9t& n. t55.ryGhùfq È 1L6 - b Ât't 25 iilk! I 998.

147

Page 146: Dossier Du Dopage

semâines avec six étapeS de mlsn'a rien d'exceptionnel. Etr €f-fet, il faut savoir qu'en 1937,deux cyclistes, I'un Français,René Menziès alors âgé de 49alls, et I'autre Austlalien OssieNicholson - qui a participé au

. TDF 1931 - ont dépassé les...I tm offt t- d"* *Ë année. Ni-I cholson s'est octrové le record

en arrivant à I'effaiant totâl de

^ 101 133 b!lom,È!:es parcourus duler janvier au 31 décembre 1937,

soit une moyenne de 2'17 kmg( quotidien !

Autle compamison signifi cati-ve : jusqu'à la Seconde Guerrenondiale, la moyenne annuelledu kilométrage parcouru à I'en-traînement et en compétitiondes coursiers du Tour de Francevariait de 15 à 25 Off) km- Au-jourd'hui, elle dépasse facile-ment 30 000 km, et pour les plusboulimiques peut atteindre40 000 kE.

SUIVRE LE RYTËMEEn réalité, ce qui crée la diffi-

culté dans le sport, et notam-ment dans le Yélo, ce n'est pasde faire plusieurs étapes demontagne consécutives maissurtout d'essaver de suivre len'tbme des Dlus forts C-ette ana-l',se est confirmée par Jean-Ma-rie Leblaag patron de l'écheloncoune du Tour de Franc€ et an-cien coureur ayart participé àcette même épreuve

" " Le cy-

clisme est un spon de valeur rela-tive et rcn un sport de valeur ab-sohn On ne se bat pss contre un

se bat contre les

En réalité, lorsqu'on est bienentraîné comme un profession-nel doit l'être. monter quatrecols n'est pas d'une exigenceatblétique extrême ni. bien sûr,surhumaine.

Par exemple, le grouppetto(en français l'autobus) désigne,principalement dans les étapes

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ment les contraintes physiolo-giques. Les homnes acceptantleurs limites sont peu nom-

de montagne, un peloton d'unetrentaine de coureurs faibtes es-caladeurs, non concemés par lavictoire d'étape et la plupart desclassemen$ distinctifs, qui rou-lent ersemble, se relayant régu-lièrenent à un rythme suffisam-ment soutenu afin de frnir dansles délais qui varient, suivant lavitesse des leaders de la course.entre 10 et 15 %. Ils terminenten moyenne à une bonne deni-heure du vainqueur sans semettre dans le rouge el si le len-demain l'étape, beaucoup moinsvallonnée, rentre plus dâns leurscordes, ils se(ont présents pourdisputer I'emballage final. Enrevanche. pgpggS{9gp!9.doués, notamment les meilleursgrimpeurs, modifie complète-

breux. De même, finir toujoursdansles ex ceteraa'z rien de mo-tiYant, d'autant plus que la dé-faite s'apparente à une mortsportiYe. A pârtir de là, onprend des pilules d'énagie pourne pas décrocher ce qui conduitles meilleurs à piocher, elx aus-si, dans I'armoire à pharmaciepour reprendre leur avantage.Ainsi, le dopage des uns en-gendre le dopage des autres etc'est bien str le dopage lui-même et non le calendrier quiest la vraie source du dopage.Afin de bien montrer que c'estla conîlontation des hommes etnon la ditficùlté de l'épreuve quiengendre le dopage, rappelonsque Ben Johnson, l'athlète dopéle plus comu de la planète,consommait des anabolisantspour courir tout juste 100mètres et que, tout récemment,un joueur de billard japonaiss'est fait prendre avec un pro-duit d'usage courant chez lesgros bras alors que I'effort de-mandé est voisin de celui dujoueur de fléchette.

UNE EPIDEMIT,DË TNAGE DE ÙIAILLOT'

On peut dresser un parallèleavec lâ demière Coupe du mon-de de football où l'on a pu en-registrer une épidémie de tirages de maillots Cette tactiquen'a qu'un seul but : entraver lesmeilleurs. C'est bien str tou-jours la différence de qualité etd'aptitude entre les hommes quigénère la tricherie des moinsbons et, ensuite, avec la banali-sation, tout le monde s'y met.Au total, c€ n'est pas en ajoutantune journée de repos à lédition99 de la Grande Boucle que I'onva changer les meûtalites du mi-lieu rycliste, la seule façon derendre la coune cycliste proprepasse par ur contrôle antidopa-ge performant. En effet, lessportifs daas leur majorité, sontpour les contrôles à conditiond'être certains que ceux qui se

dopent soieût pris à coup sûr.A.H. Payne, somnité en halié-rophilie de I'université de Bir-mirrgham, affirme à ce sujet :

" La presque totalité des sthlùesaux.quek j'ai parlé accueilleraitavec joie les examens antiàoping,s'ils étaient ce ains qu'aucunmédicament n'y échtpperuit. >

Malheureusement, et l'affaireFestina du Tour de France 1998I'a bien montré - des contrôlesurinaires tous négatifs et desconlrôles de valises souvent po-sitifs - cette certitude réclaméepar les sportifs et les enfiaîneursn'est loujou$ pas envisageabledans un avenir proche. Espé-rons qu'un jour. le dopage seravraiment marginalisé, que tousles compétileurs se mettront àI'ordinaire et non au super, lahiérarchie sera alors Raturelle-mert respectée, la course plusvraie, plus belle car étalonnéesur la valeur réelle des hommes

record, onautres , A

artificiels l7 - Lo

^'lodr du Siè<b, kame 3, l8 nor. 1998.

Page 147: Dossier Du Dopage

,r\yelrtr

LoiLes implications et leslimites du nouveautexte de loi françaisrelatif au dopage.

p. 150

Course folleFreiner le recours au dopage passeranécessairement par une clarification du rôle

p. 156des médecins du sport.

Et oussi .' une harmonisation difficile. (p. 152)

Page 148: Dossier Du Dopage

Questions_autour d'une loi 1

Rôle et obligations dumédecin soignanféchelle des peinesencourues par le

la nouvelle loi relative< à la protection de lasanté des sportifs et àla lutte contre ledopage "?

PAR JEAN.PIERRE KARAQUILLo

I'usage de drogues). Quaat aux pourvoyeurs dedopants, ( la dissuasion pénale " se fait à leurégard pressante et intense avec. notanment. desaggravations de peines daos certaines circons-laDces. des interdictions d'exercice précisées. etdes extensions de peines aux personnes morales.

INTERROGATIONSD'évidence. les dispositifs législatifs. régle-

mentaires ou contractuels inventés afin d'éradi-quer le dopage ne sont crédibles et opérants ques'ils ont une portée générale et s'ils ne conduisentpas. en raison d'automaticités aveugles, à des is-sues excessives.

La difficulté première tient à I'absence denormes internationales, élaborées par une com-munauté d'Etats, ainsi qu'à la présence de règlesissues des instances sportives internationales.auxquelles doivent se soumettre les fédérâtionssportives nationales qui leur sont affiliées.

Pour I'heure. les tricheurs ne sont pas. ici ouailleurs. traités de la même manière par les États.

De ce fait. mnvaincre le Mouvement spodif in-ternational et l'aider à faire æuvre de rigueurdans la lutte contre le dopage est uî devoir. C'est

I a loifrancaise en nré-I nararion.'relative'àlaE protection de la santedes sportifs et à la luttecontre le dopage (qui de-wait être promulguée mi-1999), n'entend abandon-ner aucune des finalitésinscrites dals la loin' 89.432 du 28 juin 1989.Il y est toujours question.à la fois. de prévention etde répression. Mais dansun souci de réâlisme etd'efficacité. le volet pré-ventif a été repensé et levolet répressif redessiné.

Pour faire court. on ob-

portunément. Qu'en dé-coule-t-il. en clair, pour lesportif dopé ? Il se voit in-fliger. dans de brefs délais,une sanction disciplinaireou administrâtive par la fé-dération à laquelle il est li-cencié ou par le Conseil dela préYention et de la lullecontre le dopage. Mais ladépénalisation, que per-sonne ne conteste sérieuse-ment, est maintenue (au re-gard des expériences quiont suivi 1'application de laloi du lerjuin 1965 et desdifférents textes nationâuxconcernant la répression de

servera que les pouvoirs publics sans désaccordmajeur du Mouvement sportif (Comiié nationalolympique et sportif ftançais et fédérations spor-tives nationales), opterûpour " une relance de lalutte contre le dopage ,. Et cela par la mise enplace d'une part. de mecanismes originaux. oupeu utilisés. d'information et de prévention etd'autre part. d'un système de sanction renforéet d'application simplifiée.

Sans entrer dans le déÎail. releyons plusieursirmovations sur le volet préventif: l'ilstaurationd une procédure . d'alerte tbérapeutique - asso-

ciée à une surveillance médicale minutieusementdéfinie (voir I'encadré n Iæs médecins refusent ladélation ") I la création d'une autorité adminis-trative indépendante. le Conseil de la préventionet de la lutte contre le dopage. muni de pouvoirsd'information et de recommandation (voir l'en-cadré < Vers un conseil indépendant "): la miseen place d'une agence nationale de préventioncontre le dopage au sein du Comité Dationalolvmpique et spoflif français. avec une missionde sensibilisation et d'éducation.

Sur le volet répressif. le législateur affiche uneferme volonté de répdmer sans failles. mâis op-

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dopé : que va changer

Page 149: Dossier Du Dopage

=:

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ntrôleurs-rs

L.ne Ève

lol ântldopôgelaambloulté du

loue le: contrôlcret€n to[te

plus un rclc de Iucidite quc ric Iaiblcssc lorsqucaucune légisiation 11 Etat n a étc promuisuée. E1quand bren mênle lirutorité luhlique cst. iil exemple de la Frlnce. inlerr cnue cil réglcmcn-tant sur cc point. il est primorclial de co,lrclonncrla loi dc l F,tat ar cc lcs tlispositions doparc duComrté international olvmpiquc et cies lécléra-llons interlational!'r. S \ rcfuser. cn s enlerrnânld ln( nr tj (nfi'd inn In tq gllslg L r.n(( (t cnclrn(; rgnur.r ..,-1.r_.nt:rtr.'n. int.rn.rtinnales. c est placcr lc\ orvancs drsciplinarres des ié-dérations nationale.lace l der situations souvent

inextricahies et comirromeltrc l cllicacité dcrtextes législatils. C est pourquoi il laut se féljciterde La déclaration commune des ministres desSporl. d, 1: o.r\( J\'i L-n un (uropù. nnu. r(uni.lc lSjanrier 1999 à llad Godesberg (Allemagne).l-n décrdant d irstaurc. un svstùme dc sanctions.:quirrlcn'c. "pplicrr\lc. r I <;hclun rntcrn:rt.,'oal. les aulorité: publiques sportircs nationalesattestent de leur intention de ne pts sc ltmiter à

dcs réglcmcntations d Etat dc portéc limitéc.ll iaut. en second lieu. être afient]i à ce que la

sanclion di5ciplinaire érentuelle soir personnali

t5t

Page 150: Dossier Du Dopage

sée. Dans cet esprit, une échelle des peires est st-rement préférable à une peine automatique im-muable. De même que serait préférable une as-sociation entre une responsabilité objective(conduisant nécessairement à une sanction dès

qu'un dopâge est avéré) et une responsabilitésubjective (permettant d'apprécier la faute deI'athlète dopé), tele que préconisée par les déci-sions les plus récertes du Tiibunal arbitral dusport de Lausanne. J

LES MEDECINSREFUSENT LA DELATION

I a nouvelle loi antidooaoe deLMarie-George Buffei, piutôtbien accueillie par les milieuxsportifs, a fait aux médecinsl'effet d'une douche froide. lnter-rogé sur le texte adopté en se-conde lecture par l'Assembléenationale, Jean Langlois, prési-dent de la section santé et do-page du Conseil national del'OrdrÊ des médecins, n'a pascaché sa déception I a Cette loi,telle qu'elle a été adoptée. est co-tostrophique pour lo sonté desspottifs.I...l Elle vo en sens inversedu but recherché. " A l'origine deson désanoi, l'obligation faite aumédecin, lors de l'examen d'unsportif, de transmettre aux fu-tures antennes médicales de lutlecontre le dopage tout soupçonde dopage. Cette di5potition,prévue dans le texte initial, avaitété annulée par le sénat puis ré-tablie en deuxième lecture parl'Assemblée nationale. Et toutporte à croire qu'elle restera dansle texte final. Or ce devoir de dêlation paraît difficilement com-patible avec le respect du secretmédical. Celui-ci, rappelle JeanLanglois, reste " ure obligationobiolue ' qu'imposent le Codepénal et le code de déontologie.

" Seules quelques dérogotions lé-gdles permettent de le briser. Cedispositit d'olerte peut êùe I'une deces conditions si le législoteur leptévoit. Or dons ce cds précis unetelle dérogotion n'a pas été pté-vue. " Conséquence pour le mé-decin : s'il dénonce 5on patient, ilpeut être accusé d'avoir violé lesecret pofesionnel, s'il ne le dênonce pas, il encourt une sanc-ùon disciplinaire pour n'avoir pasrespecté l'obligation d'alerte. Unchoix cornélien que les sportits

pourraient bien résoudre eux-mêmes en allant désormais sefaire soigner... à l'étranger. Ouchez d'obscurs rebouteux, auxcompétences plus incertainesmais qûi sauront tenir leurlangue.

" Nous sommes très déçus que ladiffércnce n'oit pos été foite entreune médecine d'optitude ou spottet une médecine de soins oux spot-tifs )ù, souligne lean Langlois,pour qui un sportif malade doitpouvoir être soigné commen'importe quel autre patient etbénéficier, en particulier, desmêmes garanties de confidentia-lité. Cela implique d€ dissocier lafonction administrative que peutavoir un médecin lorsqu'il dé-livre un certjficaL et la fonctionde soin face à un malade. LeConseil de l'O4re, qui avait saisile secrétariat d'Etat à la Santé, leministère de la Jeunesse et desSports et l'Assemblée nationalepour que cette distinction soitfaite, n'a donc pas été entendusur ce point.Reste à définir sur quels critèresreposera la suspicio.t. < Person-nellement, je ne sois pos repéM undopé ', prévient ainsi Hervé Pru-vot, médecin du sport à l'hôpitalFoch de Suresnes. Par ailteurs, ilne voit pas très bien commenton prouven qu'un médecin avaitbien tous les éléments permet-tant de soupçonnerun cas de do.page. Matthieu Rousseau, méde-cin fédéral, est égalementsceptique devant une mesure quirisque, selon lui, d'accroître les fi-lières. Ce texte de loi, rédigé pourque soit enfin brisée la loi du si-lence, pourrait donc l'ensevelirau contraire sous une chape deplomb. EmmanuelMonnler

VERSUN CONSEIL

INDÉPENDANTlnstaurée oar la loi de 1989. laICommissibn nationale de luttecontre le dopage (CNDL) cèdedésormais sa place au Conseil deprévention et de lutte contre ledopage (CPLD). Simple coquet-terie de vocabulaire? Pas vrai-ment Car à la différence de sonprédécesseur, qui dépendait dir€ctement du ministère de laleunesse et des sports, ce conseilnouvel[e formule devrait êtreune autorité admini5trative in-dépendante, quece soit du pou-voir politique (aucun ministre netigurera dans le5 instances de d6signation de ses mêmbres) oudu powoir sportif. De plus, il di5-posera d'un véritable pouvoir desanction.L'article E de la loi guffet luidonne pour mission de protégerla santé d€s sponift dinformerles pratici€ns et les sportifs, et deréguler les actions de luttecontre le dopage. Pour cela, ilsera informé des contrôles anti-dopage effectués, des faits dedopage communiqués à l'administration ou aux fédérationssportives, et des sanctions prisespar ces fédérations. Ce conseildevrait comporter par ailleursune cellule scientifique, qui assu-rera une veille sanitairesur le do-page, et qui coordonnera la re-cherche médicale dans ce

Page 151: Dossier Du Dopage

UNE HARMONISATION DIFFICILEL. S. : Avec cette nouvelle loi,

la France ne risque-t-elle pas dese retrouver isolée ?

Jean Poczobul : Cette loi n'ade sens que s'il existe un pro-longement au niveau internatio-nal. En prenier lieu parc€ quele trafic est international. Lâcréatine, par exemple, n'existepas légalement en France. Iln'empêche qu'on la tsouve par-tout, car elle est légale dans lespays qui ûous entourent, D'oùla nécessité d'harmoniser. Iln'est pas question que les légis-lations deviennent unif ormes,mais un certain nombre de dis-positions de lutte contre le do-page doivent être communes àI'ensemble des pa)ls

Au-delà de la premièreconvention bilatérale, signéeavec son homologue italienne,Marie-George Buffet â eu descontacts avec plusieurs milrisûesdes Sporls de l'Union européen-ne. Ces contacts ont été suiYisd'une réunion des ministres desSports européeni en janvierdernier, pour élaborer des pro-positions communes pour le sé-minaire mondial du CIO de fé-vrier. Parallèlement. noustravaillons avec le Conseil deI'Europe, qui est depuis 1lX5 surle front de la lutte antidopage.

Tous les Etats de l'Union eu-ropéenne sont d'accord avecnotre démarche. qui va vers untravail en commun au dveau dela recherche scientifique et dela lutte contre les pourvoyeurs,une harmonisation des procé-dures disciplhaires et des sanc-tions qui s'y râttacheDt.

Il est, en revancbe. quâsimentimpossible d'barmoniser les lé-gislations de tous les payi carles thèmes diffèreDt. Dans lespays nordiques pâr exemple- laloi antidopage est ratrachée à

La nouvelle loi contrele dopage place laFrance dans uneposition singulière parrapport au mouvementsportif international.Questions à JeanPoczobut conseillertechnique auprès deMarie-George Buffe!ministre de la leunesseet des Sports.

Propos recueillispar Laure Schalchli

celle contre la toxicomaoie-c'est-àdire que I'usage est péna-lisé. En Espagne, modifier la lé-gislation contre le dopage signi-fie revoir toute la loi du sport,qui est générale, et les rapportsavec les provinces, qui ont cha-cune leur autonomie...

L.S. : Comment Yous siluez-vous par rapport au mouvemetrtsportif intemational?

Jeân Poczobut : Jusqu'à pré-

sent, le dopage était une affairede la famille du sport - hornisen France, en Belgique et dansune ou deux autres nations depar le monde. Partout, y com-pris dans les pays dotés d'uneloi, le gouvernement donnaitdélégaton aux fédérations spor-tives pow lutter conte le dopa-ge. En Itâlie, il n'existait aucuneloi, si ce n'est que l'ensembledes activités sportives étaientplaées sous le contrôle du Co-mité national olympique italien.Dans les pays nordiques, la loicontre le dopage a été très peuutilisée pour les sanctions pé-nales Tout comme d'ailleus enFrance, lonque la loi pénâlisaitI'usage des produits dopants. trn'y a alon jamais eu de condam-né, palce qu'il fallait s'êrre dopévolontairement - ce que, bienstr, tout le monde niâit.

[-e mouvement sportif inter-national ne peut pas, seul. lunercontre le dopage. Il I'a prouvé,puisque le dopage ne régressepas. au contraire, il augmente.[æs Etats non plus ne peuventlutter seuls contre le dopage. I-aministre I'a déjà dit à de mul-tiples reprises : rien ne peut êtrefait sans l'adhésion du mouve-ment sportif.. On pourrait ima-giner que l'Etat gère tout. lescontrôles, les procédures disci-plinaires. cela ne servirait pas àgrand chose. I-a loi de 1965, quin'était qu'une loi péoale, une loid'Etat. n'a donné aucun résul-tat, ni contre les pourvoyeus, nicon5e les utilisateûs

L.S. : Pourquoi un tel échecdu mouvement sportif face audopage?

Jeân Poczobùt : Le mouve-ment sportif n'â pas en charge laprorcdion de_ la sanlé. qui relèvedu rôle de l'Etar. Il ne peut rietr

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SEULE L'UNIONFERA LA FORCEMême rl ler lob dlffèrent d'unpâyi à l'âutrê, s€lrler detdlrpo3ltlons communer delutte coDtre les pourvoyeursp€rmettront de lanltetle traflc lntematlonal d€tp?odultr dop.nts.

non plus con{re les pourvoyeurs.n'ayant pas la possibilité demettre lui-même des policiers,des doualien pour lutter contreles trafics..

On peut imaginer, et celaexiste. que les contrôles antido-pag€ soient menés par les fédé-rations. La Fédération ilterna-tionale d'athlétisme fait ainsiappel à un organisme privé. quiprocède à tous les contrôles in-opinés dans le monde. Mais sielle peut prendre des sanctionsdeffière. ses décisions peuvenlêtre cassées par les tdbunaux

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administratifs des Étâts Et c'estce qui se pase.

Beaucoup de décisions prisespar la Fédération internationa-le d'athlétisme. l'une de cellesqui ont essayé de lutter le plusefficacement contre le dopage.ont été cassées par la justice.Notammertt dans l'affaire deButch ReEoldg qui avait battule record du monde du 400 met qui a été convaincu de dopa-ge au meeting de Monaco. Il aécopé à l'époque de deux ansde suspension. Mais la décisionâ été cassée par la justice âméri-caine. Dennis Mitchell. mé-daillé d'or aux Jeux olym-piques. vient d'être suspendudeux ans par la Fédération in-ternationale. Mais la Fédéra-tion américaine n'a pas suivicette décision. si bien que Mit-chell peut à I'heure actuellecourir aux Etats-I lnis-.

L. S. : Ne craignez-vous pasque la nouvelle loi ftançaise nefasse fuir les sponifs étrangers?

Jcan Poczobut : Cela fait par-tie d'rm risque pris sciemment. Ilne faut pas oublier que I'an der-nier. au moment de I'affaire duTour de France. quelques spor-tifs engagés au Meeting d'athlé-tisme de Paris. entre autres. sesont blessés deux jou$ âvânÎ...ils n'avaient waisemblablementpas du tout envie que I'oncontrôle leurs bagages à l'ârrivée en France, C'est vrai aussique le Tour d'Espagne a suppri-mé 1es deux étapes qui devaientavoir [eu en Fra.nce.

Mais je suis persuâdé que cesaffaires ont aussi participé à laprise de conscience des autresgouvemements. Ils ont comprisqu'il était nécessaire et utile defaire quelque chose en commursur le sujet. ..t

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LOI DU SPORT CONTRE JUSTICE DES ETATS :

UAFFAIRE BUTCH REYNOLDS

Llll,ii.?,îlixi;i!déclare positif l'Améri-cain Butch Reynolds, re-cordman du monde du400 m, nul ne soup-çonne encore l'ampleurdu combal juridique guiopposera pendant plu-sieurs années le sprinterà la Fédération interna-tionale d'athlétisme(lMF), pour finir devantla Cour suprême desEtats-Unis. A l'origine deses ennuis, quelquescentilitres d'urine, préle-vés lors d'un meeting àMonaco en aoûi 1990.Urine dans laquelle le la-boratoire f rançais, accÉ-dité, par le CIO détecteun métabolite de la nan-drolone. Le verdict del'IAAF tombe : ButchReynolds est susp€ndudeux ans, Le bras de fercommence.fathlète invoque un vicede forme, I'IAAF ne pou-vant fournir la preuveque personne n'a pu ma-nipuler l'échantillonentre le prélèvement etl'analyse. En iuin 1991, ildemande l'arbitrage ex-ceptionnel du Comiténational olympique américain. Cecomité reconnaît que la sécuritéentourant le prélèvement del'échantillon et les scellés apposésest insuffisante. ll lève de façonprovisoire la suspension, permet-tant ainsi au coureur de partici-per au championnat national, quiqualifie les athlètes pour leschampionnats du monde deTokyo. Trois mois plus tard, lacommission de discipline de la fé-dération américaine reconnaît àson tour le bien-fondé des argu-mentJ de Butch Reynolds et décide d'annuler la suspension,< C'est contrc cette décision que

I'IMF décide de pofter le différenddevant le Tribunol internationold'arbitroge de la fédérotion ", ex-plique alors Gabriel Dollé, respon-sable actuel du département an-tidopage de la Fédérationinternationale d'athlétisme. Unarbitrage qui donne raison, cettefois-ci, à l'lAAF. La Fédération in-ternationale interdit à Reynoldsde se présenter aux leux olym-piques de Barcelone de 1992, etprolonge la suspension - qui de-vait expirer au mois d'août - jus-qu'à la frn de l'année. Le coup estdur pour Butch Reynoldl qui por-te l'affaire devant une cour de jus-

tice de l'Ohio, obtenantgain de cause. D'appel enappel, le dossier finit à laCour suprême des Etats-Unis, qui donne à sontour raison au sportif.flAAF ne veut pas en res-ter là et menace d'appli-quer la " loi de contami-nation":toutcoureurqui pa.ticipera à unecompétition avec ButchReynolds sera disqualifié.La Cour suprême ne cUepas et ordonne à l'lAAFde laisser courir ButchReynolds sur le territoireaméricain. Lon des com-pétitions, il est escortépar des représentants dela police fédérale. ll sequalifie pour les l.O. deBarcelone dans l'équipeaméricaine du relais 4 x400 m mais ne se présen-tera pas aux jeux.faffaire aurait pu en res-ter là. Mais Butch Rey-nolds estime le manqueà gagner pour ses deuxans de suspension à 27,4

: millions de dollars. UneË somme faramineuse que3 lui accorde une courË d'appel fédérale en dé-5 cembre 1992. L'lMF deI son côté nie aujourd'hui

avoir reçu la moindre injonctionde verser de quelconques dom-mages et intérêts. Quoi qu'il ensoit, Butch Reynolds ne verra ja-mais la couleur de cet argent.UIAAF refuse de payer et menaceEutch Reynolds de sanctions sup-plémentaires. Elle obtient gain decause en mai 1994 auprès d'uneautre cour d'appel fédérale. Cinqmois plus tard, lorsque la Coursu-prême refuse d'entendre son der-nier appel, Butch Reynolds, lecceur lourd, jette l'éponge; < /leittemps pour moi de tourner lo

Nge."Emnanuel Monnier

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rdâffiventr

Pour arrêtet

lly a urgence à ce que lesmédecins définissent trèsclairement leur déontologieet leurs moyens d'actionface au dopage. Faute dequoi, ils pourraient biens'en mordre les doigts.

PaR JEAN-PauL Esca DE

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coarse folle

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e titre d'un diplôme d'unive$ité résume bier I'actuelle et absurde positiondes médecins vis-à-vis du dopage. Ce titre est ( Le dopage dans le spon, laresponsabilité médicale. Rôle du médecin prescripteur, rôle du nrédecin

préleveur "Tout est dit. Quelles sont les deux fonctions attribuées à la médecine pour ce

qui concerne le dopage ? C'est claù : 1) prescrire des médicaments dopants: 2)prélever des urines pour examiner si d'aventure il n'y aurait pas des produitsdopânts solubilises en elles

Oir retrouve-t-on mentionnée l'action anti-dopante du médecin? Nulle part.C'est parce que pendant longtemps la lutle antidopage a é!é du pur domaine

des analystes que l'état dans lequel nous nous trouvons a perduré.On en était, il est vrai, au temps du ( dopage de papa >. Un dopage certes

déjà dangereur par les anabolisants, les amphétamines ou la cortisone. mais undopage qui n'avait rien à voir quant à sa gravité à court. moyen el long termes,avec ce qu'est devenu le dopage moderne : celui des facteurs de cloissance :

hormone de ffoissance. ér]'thropoiétine etc.Aujourd'hui, les modilications physiques, biologiques et comportementales

induites par ces produits sont tellement évidentes à l'observateur médical que laréduction prolongée de la lutte antidopage à des anallses d'urines complétées aubesoin d'analvses de cheveux et de salive, relèverait à la fois d'une démission mé-dicale devant le problème du dopage et. pourraiton dire, d'une volonté de nui-re à la médecine qui, dans ces circonstances-là. est mise au piquet, enfermée dansun placard. condamnée à I'inaction, alon qu'elle pourrait tant et tant faire.

Posons le problème clairement : dans le monde sporti( le médecin estconsidéré trop souvent comme plus utile lorsqu'il dope que lorsqu'il s,opposeau dopage.

Toute I'ambiguité vient de ce que le rôle du médecin du sport dans ce que I'onnomme l'aide à la performance. n'est pas clairement établi. I est certain que lemédecin d'équipe ou le médecin particulier d'un athlète doit viser. en deho$ dela réparation des traumatismes ou des efiets néfastes de I'entraînement. à amé-liorer la santé de son att{ète en we de la performarce. Mais il doit pour cela selimiter à donner à l'entraîneur physique des conseils de préparatioD et à l'atblè-te des conseils diététiques

S'il met le petit doigt dans I'engrenage des médicaments ou des techniquesmises en æuvre pour améliorer la performance, il devient rapidemenl, qu'il leveuille ou non. prisonnier de sa propre efficacité, et on lui demalde à lui aussiet bientôt : toujoun plus vite, toujours plus haut, toujours plus fort.

Comment pourrait-il en être âutrement? S'il est \Tai que la majorité des mé-decins qui s'occupent du sport sont restés du bon côté de la barrière (du moins onpeut I'espérer), il n'en reste pas moins évident que, sous couvert du seset pro-fessionnel. beaucoup ont choisi. un peu trop commodément sans doute, de ier-mer les yeux sur c€ qui se fait autour d'eux et à quoi, à I'occasion, ils particip€ntsans tlop de répugnance.

L attitude d'un certain nombre de médechs r.is-à-vis du projet de loi récem-ment voté par I'Assemblée nationale peut se résumer à rrle expresion sirnple :

" PourEtoi ne pas nous autoriser à continaer de fermer les veur sur ce qu'il vautmieux que nous ne voyiorc pas? ,

C€tte conduite est évidenment suicidate. Un haut dignitaire de la fonction pu-blique parlait récemment ùt " sukide collectiT des medecins >. L: atlitt de de cer-tains médecins du sport lelle qu'elle s'étale aujourd'hui dans les colonnes denombreux journaux participe de ce suicide mllectif.

Que le respect du secret professionnel soit essenriel à la pratique médicale.c'est évident. Mais à une Ériode oir l'on ne jure que par la santé publique et les

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L'hommesurnaturé

" On repa<Ilc a'flaou tpott de t ouEcoûryéd'lon d'êtÊ

etùêt rem.J/,t donge-

'€at pour Ia tonaé.

Que ktleit-tt otorstortq.te t'othlàte,

g'ûce ù t'tuoge dênÉtlrod8 et produtbdo4-lonÈ, 6t copoble

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données chifftée$ à une époque aussi oùr les médecins ne se monffentjamais re-gardants pour déliwer un certificat médical à celui qui espère un prêt d'un orga-nisme bancaire, les médecins du sport doivent comprendre que d'ici quelques an-nées, si la pratique déraisonnable du dopage tourne au désastre - et elle ytoumera - c'est à eux et à la médecine que I'on demanderâ des comptes Les ( ha-biletés > d'aujourd'hui ne seront plus alors d'aucune utilité.

Le médecin du spon doit acc€pter d'etle un médecin d'alerte pour ce problè-me de santé publique qu'est le dopage.

Orjustement. ce qui ayait été imaginé dans le cadre de la loi votée par le Par-lement proposait un dispositif respectant scrupuleusement la confidentialité in-termédicale et évitait au médecin d'avoi! à dénoncer au juge et à la justice les ath-lètes dopés. MaiE pour certains médecins aujourd'hui. assez étrangemeni, faireleur devoir leur apparaît moins important qu'obéir à ceux qui les ont engagéspour améliorer la performance.

On peut le comprendre. Pas d'hypocrisie : ceux qui ont franchi le Rubicon etqui. directement ou indirectement, aident au dopage, ont peur et pour eux etpour leur situation. Ils craignent, s'ils ne laissent plus fafe. que les performancesbaissenl el qu'on les congédie.

\I ous sommes humains troo humains paraît-il. Dans ces conditionç on voit ef-N tèctivement s épanouir lJ - pbénomène humaiu ,.

Mais si les médecins du sport ne font pas leur travail, le phénomène du dopa-ge ne potura que prendre de I'arnpleur et I'on verra alors passer la jusdce avecune délicatesse de char d'assaut dans un magasin de porcelaine. A ce moment-là, il sera ûop tard pour pleurer.

Est-ce waiment beaucoup demander au médecin du spon, qu'au moment del'établissement de la licence ou des examens prévus dans le cadre des règle-ments par le suivi médical, il refuse à un atblète, à l'évidence dopé, de déliwerun certiicat de non contre-indication à la pratique du sport ? Tout se joue là.

A la suite du professeur Michel Rieu le goupe de travail interministériel surla place du spon dans la médecine antidopage a décidé que les manifestationsdu dopage sont des contre-indications à la pratique sportive.

On a pu s'étonner de ces dispositions et une très remarquable collaboratrice duSénat disait . " Mais peut-on parler de contre-indicotion à la pratique du sportlorsque l'on voit des athlètes dopés se monter au contraire parfaitement in-

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gambes? , Latépo'nse est claire : ces athlètes parfaitement ingamb€s sont daBs

une situation qui les rend propres à dépasser ce que lâ mécanique hurnaine peut

. suppo(er à moyen ou à long termes.

ll Tout est là. Iæs effets du dopage sur le moment peuvent parallre bénéfiques à

lla santé. Lérythopoiétine. I'hormone de ooissance et les antidépresseurs peu-

lvent même donner un étât d'euphorie qui confine à ce que l'on p€ut appelerI rrne sumaturation. Mais cette surnaturation est mortifère.' extrêmement dange-

reux pour la santé. Que devient alors ce sport de compétition lorsque I'athlète.grâce à I'usage de méthodes ou de produits dopants est capable dr <..1i1919_sa mécanique à 20, 30 ou 50 % de plus qu'il ne le faisait d'ordinaire lorsqu'ilétait au maximum de son effort.

Poser cette question, c'est y répondre. Oui, les effets des produits dopantsconstituent une contre-indication médicale à la pratique du sport.

lFl ue l'on regarde bien la situation en face. I-e sport est actuellement à un câr-

{refour deianr décider de son avent. S'il choisit de s'engager dans le sport-speCtacle et d'abandonner le statut de sport-compétition, il n'y a rien à dire. [æpublic ne demande en effet pas aux vedettes du spectacle ce qu'il exige des ve-dettes du sport.

Les médecins du show-bL peuvent etre tranquilles : ils peuvent prescrire ce

qu'ils veulent. Mais le sport évolue dans ur tout âutre contexle socio-psycholo-gique. S'il n'est pâs mis par les médecins eux-mêmes un terme à la situation mé-dicale intolérable que crée le dopage, on parlera bientôt d'< affaire du sportcontaminé >.

Du médecin antidopeu. on atte[d encore qu'il ouvre la possibilité de mettreen ceuvre une prévention par l'inlormation.

De quoi dispocent en effet aujourd'hui les antidopeurs pour fonder leur com-bat ? Essentiellement de rumeurs, de colportageq d'informations de secondernain. Que I'on ne fasse pas rire : aucune prévention sérieuse ne peut etre fon-dée sur de telles données

En revanche, des médecins d'alerte, capableE avec leurs confrères, dans lecadre de la plus grande conûdentialité, d'évaluer la place et le retentissement dudopage dans le milieu sportif et sur les athlètes : voilà qui permetfia, enfin, d'in-clure la lutte antidopage dans le cadre des opérations de santé publique. Si I'onne pase pas par là, tout sera littératwe; et la lutte antidopage continuera de vé-géter et de barbots dans un marigot où pullulent les bouteillons C'est, d'ailleurstrès précisément, ce que souhaitent les dévots du dopage.

Il va de soi qu'un tel projet de santé publique demande à ce que la médecineantidopage se prerne en main et se mnstitue en tant que puissance. ll faut, dans

ces condition$ envisager la création d'un Institut de médecine sportive et de lut-te antidopage.

Réunir seulement de temp6 à autre des médecins affiliés à des sttuctures où lavolonté de dopage est clairement sous-jacente et les fâire débattre deI'antidopage a quelque chose d'offensant pour I'espril et de ridiculisant pour lamédecine.

Il faut que la médecine sportive cesse d'etre une cargaison désarrimée ballot-tée dans les cales d'un cargot secoué par la tempête. Il faut que la médecinesportive assume son rôle âu sein de la nation. L.es pouvoirs publics lui ont donnécette possibi.lité. Si elle ne s'en saisit pas, on comprendra que la médecine sponive, comme le sport, se préparent de mauvais jours Ils ne seront ni surprenanls,ai injustifiés

Hélas... ! Mais le pire n'est pas toujours certain. J

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