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NRP Octobre 2013, n°18

« LE PATRIMOINE ALGERIEN :

VIVRE OU MOURIR ? »

Droit

SociétéLe sport spectacle embrigadement

EconomieL’Algérie franchit la ligne rouge

Projet de loi pour la greffe d’organeKarima.H

Belkacem Lalaoui

Houcine Lamriben

Culture/Médias

Editeurs et libraires en AlgériePierre Daum

Sommaire

La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.

[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février 1977]

Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :

Ont collaboré à ce numéro

Riadh CHIKHI, Boucif AOUMEUR, Bernard JANICOT, Hizia LAKEDJA, Fayçal SAHBI, Leila

TENNCI, Fatima-Zohra ABDELLILAH,Lamia TENNCI, Sid Ahmed ABED, Mokhtar MEFTAH

CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

3, rue Kadiri Sid Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 • Courriel: [email protected]

Site web: www.cdesoran.org

EconomieL’Algérie franchit la ligne rouge

Houcine Lamriben, P.9

Le FCE durcit le ton et dénonce un climat des affaires hostile

Hadjer Guenanfa, p.10

SociétéLe mariage consanguin

Yazid Haddar, p.11

Le sport spectacle embrigadementBelkacem Lalaoui, p.12

DroitProjet de loi pour la greffe d’organe

Karima.H , p.13

A quoi va servir la loi sur l’audiovisuel en Algérie?Amira Soltane, p.14

Culture/MédiasCamus et l’Algérie

Renaud de Rochebrune p.15-16

Editeurs et libraires en Algérie

Pierre Daum, p.16

HommageScience et politique, Djamel Guerid , p.17

Bibliographie, p.18

Dossier

« Le patrimoine algérien :Vivre ou mourir ? »

Restauration de la basilique saint-Augustin

Nabil Chaoui, p.4

•Le jeu de la bouqala

Kaddou M’hamsadji, p.4-5

La lente agonie de la figue en Kabylie

Kamel Boudjaji, p.6

Manuscrits du Touat-Gourara , p.7

Petite histoire de la Rue TangerRachid Lordjane , P 8

[email protected]

N° 18, Octobre 2013

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NRP, Octobre 2013, n°18

Le 26 aout 2013 nous a quitté MrDjamel Guerid, ami du CDES depuis delongues années le texte de la derniére

page est un hommage que nous

voulons lui rendre

Editorial

«LE PATRIMOINE ALGERIEN :VIVRE OU MOURIR ?»

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Leïla TENNCI

Quand on reçoit quelque chose de précieux, on

doit non seulement dire merci mais aussi le préserver.

Ce fait prouve le respect qu’on peut avoir vis-à-vis de la

personne qui nous a offert ce cadeau. Cet acte n’est pas réservé seulement aux individus mais

il s’exerce entre générations et à travers différents temps et espaces. On appelle cela la trans-

mission. Pour que cette dernière reste en mouvement, il faut appliquer un certain nombre de

conditions. Tout d’abord avoir conscience de la valeur de ce passage à travers l’histoire d’un

patrimoine qui devrait rester intact comme l’on t voulu les ancêtres. Faire preuve de partage.

Pouvoir partager ce qui ne nous appartient pas est toujours difficile. On est dans une situa-

tion paradoxale. On reçoit un patrimoine qui est censé nous appartenir mais en même temps

il appartient à toute l’humanité. Henri Bergson a essayé de résoudre ce dilemme en ayant

l’idée d’étendre la notion de patrimoine en participant en 1921 à la naissance de la commission

internationale de la coopération intellectuelle, ancêtre de l’UNESCO. En 1945, cette dernière

est créée à Paris. Cette mondialisation du patrimoine a inclut l’héritage humain immergé,

depuis plusieurs décennies, dans les océans ou tous les environnements subaquatiques. Cette

conception du patrimoine a bien évolué maintenant. En 1992, on parle même de la mémoire

de l’humanité. En 1997, la notion de patrimoine oral et immatériel du monde est bien définie.

En Algérie, où on est-on de tout cela. Parler de la préservation du patrimoine algérien comme

priorité sociale et politique est de l’ordre de l’utopie. Aussi pessimiste que cela pourrait paraî-

tre, cette thèse est malheureusement la réalité. Tout d’abord, la représentation qu’ont les

algériens de leur propre patrimoine est-elle vivante ou pas ? L’algérien d’aujourd’hui est-il

conscient que pour échapper à la déperdition, il doit regarder chaque matin le reflet de son

passé et de son identité. On n’arrête pas de se poser la question : qui sommes-nous ? Pour y

répondre, on devrait se pencher sur ce qu’est notre patrimoine matériel et immatériel car

aujourd’hui il n’est plus question de monuments en pierre qu’on inaugure avec des personna-

lités publiques pour montrer une bonne foi et qu’il faut nettoyer parce que des sacs ou des

bouteilles en plastiques les envahissent après le départ de tout le monde mais il s’agit

aujourd’hui en Algérie d’un patrimoine qu’on ne touche pas, qu’on ne voit pas mais qu’on

peut écouter à travers une musique qui fait pleurer sans qu’on sache pourquoi. Le patri-

moine, c’est une odeur de jasmin, de café, de coriandre, de galette qu’on pourrait sentir au

coin d’une rue mythique, à la montée d’un escalier d’une casbah ; c’est aussi une recette de

cuisine qu’on reçoit de sa grand-mère, qu’on veut à tout pris transmettre aux autres ; c’est un

vêtement qui même modernisé ne perd jamais son authenticité ; c’est un jeu qu’on pourrait

jouer sur des terrasses ou dans des courettes durant des soirées fraiches pour exprimer une

solidarité, une amitié, une convivialité ; c’est toutes les fêtes qu’on a aujourd’hui oublié ; c’est

un fruit ancestral, un arbre fragile qu’on massacre au nom d’une technologie; c’est un conte,

une légende, une langue et la liste pourrait être bien plus longue.

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20 Octobre 2013

Nabil Chaoui

Restauration de la basilique saint-Augustin

Inauguration en grande pompe

Après 32 mois de pénibles travaux de restauration de labasilique Saint-A nt à la rénovation de cet édif icereligieux, au même titre que plusieurs diocèses de Franceet différents partenaires publics et privés et institutionsgouvernementales nationales et étrangères. Etaientégalement présents à cette rencontre des chrétiens dedifférentes nationalités, étudiants, expatriés etrésidents, qui ont fait le déplacement depuis très loinpour certains, rien que pour assister à l’inaugurationsolennelle des travaux de restauration. Une occasionaussi pour ces fidèles de visiter le site de «Lalla Bouna»,comme aiment l’appeler les Annabis, comprendre labasilique Saint Augustin, et les ruines de l’antique citéd’Hippone et d’admirer la beauté des matériaux choisiset la qualité d’exécution des dômes, des vitraux et deshauts reliefs restaurés. Quelques-uns d’entre ceux-ci ontaccepté de livrer leurs impressions sur ce qui s’est faitpour la préservation de ce riche patrimoine de lachrétienté et sur la disponibilité des officiels algériens

pour sa restauration en terre d’Islam. Nosinterlocuteurs du moment ont tous été unanimesà répondre que c’est justement grâce à l’Etatalgérien et à la contribution de mécènes algériens,de grandes entreprises nationales et de généreuxdonateurs, discrets pour la plupart que ces travauxont été rendus possibles. Pour cela, ils ne tarirontpas d’éloges à l’endroit de la population de la villed’Annaba, qui a su protéger les lieux et ainsipermettre la pratique en toute quiétude de leurculte aux chrétiens habitant la région et ceux enpèlerinage sur les lieux où a vécu saint Augustin. Ilfaut surtout signaler que la population annabie atoujours voué un profond respect pour les chrétiensoccupant la basilique Saint Augustin. Aussi, lapopulation de la Coquette a toujours survenu endenrées alimentaires, couverture, finances auxsœurs de la basilique. Depuis l’Indépendance dupays, la basilique Saint Augustin a été toujoursprotégé par la population d’Annaba, et même aumoment sanglant de la période terroriste,personne n’a attenté à cet endroit de cultechrétien. Selon des observateurs locaux investispar la politique internationale, le choix d’inaugureractuellement la Cathédrale Saint Augustin répondà un souci de la montée de l’islamophobie enEurope, particulièrement en France. Par cettedémonstration de réhabiliter un lieu de cultechrétien, l’Algérie vient de montrer au mondeentier son respect pour le «choix de l’autre».

LE JEU DE LA BOÛQÂLA :

À la recherche du Fâ’l ezzîne: Présage et augure

…Je voudrais ébaucher une brève évocation qu’on n’apas coutume de penser ensemble pour comprendre unjeu de société, appelé «el boûqâla» et dont le caractère,à l’origine féminin puis plus tard mixte, repose surtoutsur les circonstances historiques de sa création. En ef-fet, les poésies improvisées toujours en arabe parlé etrécitées par les femmes au cours de cette séance deréconfort moral mutuel sont inspirées d’un pan,aujourd’hui oublié, de la guerre de course en Méditerra-née (XVIe-XVIIe siècle). Ces femmes avaient un mari, unfils, un fiancé, un frère, un oncle, parti en mer pour pro-téger nos côtes…Longtemps, à cette poésie orale, épi-que et populaire, se sont intéressés des ethnologuesfrançais (Doutté, en 1909, Desparmet, en 1913) et deschercheurs algériens (Youssef Oulid Aïssa, en 1947, Mo-hammed Benhadji Serradj, en 1951, SaadeddineBencheneb, en 1956). Ils ont publié des articles de cir-

constance sur notre patrimoine culturelimmatériel…Au cours des soirées du mois sacré deRamadhâne, il est fréquent que dans les vieilles fa-milles de l’Algérois ainsi que dans celles de certai-nes villes portuaires (Dellys, Béjaïa, Cherchell,Ténès,...) et de l’intérieur (Blida, Koléa, Miliana, Mé-déa,...), on tient des séances récréatives de laboûqâla. Au cours de ces séances très conviviales,dans les soirées fraîches, par exemple, sur les ter-rasses de la Casbah, toute baignée de clair de lune,on organise «une bouîqla» , un diminutif familierchez les Algérois avertis pour écouter, entre fem-mes, de merveilleuses poésies, recueillies et trans-mises oralement d’une génération à la suivante, trèscourtes et pleines d’espérance qui libèrent l’espriten lui procurant le plaisir infini de pouvoir trouverbientôt une solution à ses difficultés ou de réaliser

Kaddour M’hamsadji

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ses vœux, car, en ces temps de danger constant de nom-breux jeunes gens des villes du pays allaient dans lesports s’engager dans la marine militaire algérienne. Dupoème récité, on tirait un fâ’l (un bon présage). Dans ce«jeu», qui n’est qu’un jeu, la boûqâla est un récipientréfrigérant en terre cuite, très apprécié, autrefois, parles citadins pour boire de l’eau fraîche en été. Le courtpoème récité spécialement dans le jeu en question est,par métonymie, «une boûqâla», - à noter que le pluriel«bouâqal» de «boûqâla» désigne plutôt les ustensiles,les pots en terre, chez le fakhârdji, le potier... Mais envérité, de nos jours, peu, parmi nos jeunes et moins jeu-nes, savent ce qu’il en est exactement des origines his-toriques de «La boûqâla» en tant que poésie orale etbeaucoup se hasardent à inventer des poèmes dits «nou-veaux» qui n’ont aucun lien avec le contexte historiqueque je viens d’évoquer. Je reconnais que la structure del’authentique boûqâla, son rythme, sa rime, sa vivacité,son humour, son humeur, la délicatesse et la subtilitédes pensées véhiculées sont souvent assez justes. Maisnous savons qu’en toute beauté apparente, toujours lefond transparaît et exige sa vérité première: être authen-tique ou être apocryphe. Il n’est de poème dit «boûqâla»que celui qui se rapporte à la guerre de course, aussi vraique l’on puisse dire des poèmes de combat, ceux de laRévolution, écrits durant la guerre d’Algérie. Des fem-mes professeurs d’Université m’ont proposé d’écouterdes «boûqâlâte» (!) qualifiées de «nouvelles» sur des thè-mes de la vie moderne. Elles «parlent» de marché, delégumes, des querelles de voisinage, des rencontresentre filles et garçons... et que sais-je encore? C’est enquelque sorte du copié-collé sans aucune nuance d’in-

telligence ou de talent…Aussi, depuis plus de cin-quante ans d’indépendance, constatons-nous, enconséquence, lors des fêtes la distribution de pe-tits billets «surprises» roulés dans lesquels sont écri-tes des bouâqal dont la plupart n’en sont pas dutout. De même, assistons-nous quelquefois à la té-lévision et à la radio, à des spectacles qui affaiblis-sent souvent la valeur de ce jeu de société et déna-turent ses éléments en particulier les pièces oralesqui lui sont propres et qui développent un engoue-ment incessant chez les jeunes et une vive nostal-gie chez les personnes les plus âgées. Ainsi donc,la boûqâla, qui n’est jamais chantée dans le jeu,qui, par sa forme et son contenu, rappelle le «hawfî»de Tlemcen, le «mouwâl», mélodie d’Orient et le«mouwachchah», autrefois et aujourd’hui, est-elleconsidérée comme un divertissement intellectuelen chanteur. Elle procure du plaisir et éveille l’es-prit. Elle est reconnue, par les chercheurs étran-gers beaucoup plus que par nos concitoyens,comme une création authentique populaire algé-rienne, unique dans les littératures populaires an-ciennes ou modernes. La Boûqâla, exerce la fonc-tion d’une littérature orale comme miroir, car il y ade la culture, de l’histoire, de la civilisation, un dis-cours d’une société ancienne inquiète de son des-tin, courageuse et pleine d’espérance. Le fond dechaque poème-boûqâla résonne d’une page d’his-toire nationale importante (El qarçana, la guerrede Course en Méditerranée, XVIe-XVIIe siècle), laforme est manœuvrée par un métalangage dont ilfaut réinventer le lexique social de l’époque, d’oùles plusieurs niveaux possibles de l’analyse qui ex-citent l’esprit de celui qui se prête à ce jeu caracté-ristique d’une époque historique de l’Algérie quidevait combattre en mer pour se protéger des en-vahisseurs étrangers dont les visées déclarées con-sistaient à occuper les ports pour organiser leuréconomie extérieure et contrôler le commerce in-ternational en Méditerranée en ouvrant des comp-toirs dans nos villes côtières et si nécessaire en pé-nétrant loin dans nos terres pour s’yinstaller…Précisons que dans les bouâqal, des thè-mes très divers sont traités dont les trois grandsthèmes: Celui de la vie populaire quotidienne etdes événements historiques. Celui de l’amour soustoutes ses formes et de ses conséquences. Celuidu genre poétique andalou et de l’influence de lanature. Maintenant, j’offre de grand cœur aux gensune boûqâla qui, traduite en français, ne prétendpas donner la fine saveur de l’originale en arabeparlé algérois. La voici: « Cette Coupole à Bâb el-Ouâd, regardez-la bien, mes amis. À qui appartient-elle? Elle est à celui qui possède un lustre d’or et unchapelet de cristal. Dieu de Monseigneur Sîdî Abdar-Rahmân a le pouvoir d’exaucer mes vœux et derendre mon cœur joyeux. »

13 Juillet 2013

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VIEILLISSEMENT DES VERGERS, MANQUE DE MAIN-D’OEUVRE

Kamel Boudjaji

28 Aout 2013

Aujourd’hui, cet arbuste fragilesubit, parallèlement aux aléas dela nature, des dégradations indui-tes par l’être humain. Beaucoupde facteurs sont évoqués pourexpliquer le retard pris dans lapériode de maturation de la figue.Chaque partie y va de son hypo-thèse. Les vieux incombent ce re-tard au manque d’entretien de lafigueraie kabyle alors que les agri-culteurs les imputent au vieillisse-ment des arbres. Tous ces fac-teurs participent en effet à la dé-gradation de ce fruit emblémati-que de la région au même titreque l’olive… Certaines voix,ayant observé les effets de ce phé-nomène dans tous les domaines,préconisent de tirer la sonnetted’alarme. Ce n’est pas unique-ment la figue, mais c’est toutel’agriculture en Algérie qui subirales effets néfastes du réchauffe-ment climatique. Au sujet de la fi-gue justement, les plus pessimis-tes prévoient même la disparitionde cet arbre dans quelques dé-cennies. Fragile, le figuier ne ré-sistera pas à la chaleur supplé-mentaire induite par le réchauffe-ment de la planète. Pourtant, lefiguier était le fruit du pauvre.Chaque maison possédait devantson entrée un figuier. Lesfigueraies situées un peu plus loindes habitations constituaientune source de rente financière à

côté de l’olivier. Jadis, en Kabylie,il était quasiment impossible detrouver des figues fraîches envente. Une fois séchées, elles sontproposées à la vente sur les mar-chés fréquentés par les commer-çants des autres régions du pays.Les figues sèches, riches en calo-ries, étaient tronquées contre desproduits que la Kabylie ne produi-sait pas. De nos jours, ce fruit nese vend encore pas tout à fait mûrisur les bords des routes. Les prixpratiqués par les vendeurs sontahurissants. Le kilo est cédé à pasmoins de 400 dinars. La figue sè-che, elle, devient de plus en plusrare. Les gens n’ont pas la quan-tité nécessaire ni même le tempsde l’exposer pendant des jours ausoleil pour qu’elle sèche. En effet,la tendance vers l’agriculture demasse élimine tous les créneauxmoins porteurs. Les agriculteurs,prisonniers de l’obligation de ren-tabilité immédiate, abandonnentla figue qui nécessite beaucoupde délicatesse. Toutefois, des ini-tiatives louables tentent de main-tenir en vie cet arbre séculaire.Dans le village Lemsella, situédans la daïra de Bouzeguène, à 60km au Nord-est de Tizi Ouzou, unfestival est consacré chaque an-née à la figue. En l’espace de quel-ques jours, la culture de ce fruitest revisitée et remise au goût dujour grâce à la volonté des

villageois. Cette année, laFête de la figue de Lemsellaa débuté le 29 août, permet-tant ainsi aux visiteurs defaire connaissance du figuierqui était l’un des f idèlescompagnons du Kabyle pen-dant les disettes. Ces mani-festations participent en ef-fet à la sensibilisation sur lafragilité de cet arbre et sonrôle dans la vie de nos ancê-tres. Ce genre de fête peutencore jouer le même rôle.Maintenir cette culture envie, en formant les agricul-teurs pour participer à la dy-namique de la relance del’agriculture demontagne…Une fois cetteactivité remise au goût dujour, elle pourra jouer ungrand rôle dans le secteur dutourisme. Enfin, pour met-tre en évidence la déchéancede ce fruit, une tournée à tra-vers les routes principales dela wilaya de Tizi Ouzou estnécessaire. En effet, sur lesbords, des vendeurs instal-lent des baraques de fortuneen y exposant les figues dansdes paniers en oseille. Deuxcréneaux qui se clochardi-sent sur les routes alors queleur place est dans les cir-cuits légaux. Les paniers, purproduit des vanniers locaux,auraient pu être vendusdans des maisons de l’artisa-nat à des touristes et les fi-gues exportées versd’autres contrées. Cette dé-chéance finira par emporterce fruit ancestral et avec luiune partie du patrimoine ka-byle. Une partie qui tomberacomme la figue trop mûre.Sans une main pour lacueillir, elle dépérit et meurtensevelie sous les lopins dela terre.

La lente agonie de la figue en Kabylie

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Cachées dans le dédale des vieuxksour du Touat, jalousement gardéespar les cheikhs de zaouïa, lesKhizanas, ces armoires-bibliothè-ques traditionnelles, continuent d’at-tirer étudiants et chercheurs enquête d’un savoir consigné dans desmanuscrits anciens, aujourd’hui me-nacés par les aléas du temps et la fra-gilité de l’environnement…De lathéologie aux mathématiques enpassant par l’astronomie, la méde-cine, les lettres arabes et la poésie,ce sont autant de disciplines que trai-tent les manuscrits, parfois millénai-res, du Touat et du Gourara, préser-vés dans ces bibliothèques et dontdes familles de «Kaïms» (gérants)s’occupent génération après géné-ration. Dans le ksar de Tamentit (sudd’Adrar), la Khizana El Bekrya, l’unedes plus anciennes et des plus richesd’Algérie, reçoit régulièrement desdoctorants et des chercheurs quiviennent consulter des écrits vieuxde plusieurs siècles, jaunis et fragili-sés par le temps. Le gérant de cetteKhizana, située dans un Ksar bâti enbéton, vieille de plus de six siècles(625 ans) et qui renferme plus de4000 manuscrits originaux, s’in-quiète des dégâts occasionnés parla manipulation des documents,«évitable, s’ils avaient été numéri-sés». Abdelhamid Bekri, s’est vuobligé, de «retirer de la consultationpublique, plusieurs manuscrits fragi-lisés». En l’absence de scannersadaptés et face au coût élevé desproduits de conservation, ce gérants’escrime à préserver ses manuscritspar le recours à des procédés rudi-mentaires. «Des herbesasceptisantes, du tissu et des armoi-res en verre. C’est tout ce qu’unekhizana peut s’offrir», se lamente cekaïm. Plus loin dans la localité d’ElMterfa (80 km au nord d’Adrar), uneautre khizana, s’entête, comme pournarguer le temps, à offrir à la consul-tation sa modeste «collection» -quel-ques centaines de manuscrits, dontcertains en lambeaux, enrichis de li-vres imprimés- dans un ksar en ruine,complètement isolé de «lacivilisation»...Fondé au 17e siècle parMohamed el Aalem Benabdelkebir ElMetarfi, cette bibliothèque, géréeaujourd’hui par la famille

Manuscrits du Touat-Gourara

Un inestimable patrimoine menacé de disparition

28 Avril 2013

Benabdelkebir, a contribué à la sou-tenance d’une vingtaine de thèses,a indiqué son Kaïm. Se limitant à lais-ser le manuscrit dans sa bâtisse ori-ginelle en terre qui offre de meilleu-res conditions climatiques pour lapréservation, pense-t-elle, cette fa-mille, n’en déplore pas moins laperte de plusieurs manuscrits lors del’effondrement d’une de ces bâtis-ses. El Mterfa a bien bénéficié d’unepetite bibliothèque- unique initia-tive, assure-t-on, pour les manuscritsde cette localité, érigée en bordurede la route- mais qui reste inexploi-tée, parce que l’espace est jugé«inapproprié» par les Benabdelkebir.La famille Benabdelkebir dit, par

ailleurs, avoir eu «plusieurs promes-ses» de prise en charge par des ins-titutions dont la Bibliothèque Natio-nale, restées «sans suites». Elle de-meure, cependant, «ouverte à touteproposition à condition de conser-ver les manuscrits et de ne pasdélocaliser la Khizana». De fait, lechef-lieu de la wilaya d’Adrar s’estdoté d’un Centre national des ma-nuscrits, crée en 2006 et qui, à cejour, «peine à établir des relationsde confiance avec les propriétaires»,avoue sa directrice Saliha Laadjali. Lecentre dont la maigre collectioncomporte une cinquantaine de do-cuments à peine, provenant dedons ou d’achats, est installé dansdes locaux «inadéquats» et manqued’équipements et de matériaux né-cessaires à la restauration. Pour

l’heure, Il ne propose qu’une«conservation préventive», etune numérisation des docu-ments sans pouvoir offrir uneprotection légale ou un espaced’exposition ou de consulta-tion, se désole sa directrice.L’enclavement de la région, ladétérioration du bâti tradition-nel, lui-même, dans cette par-tie du sud-ouest algérien, ajou-tés au manque de moyens depréservation, de restauration etde numérisation menacent sé-rieusement le manuscrit duTouat, de l’aveu de tous. Alorsmême que ce patrimoine,formé de manuscrits témoins

de l’histoire de toute une régionet écrits de la main d’éruditscomme Aberrahmane Ethaalbiou son disciple Abdelkrim elMaghili, grande figure de la ré-gion du Touat, est quasimenttombé en déshérence, il sem-ble exposé à la convoitise deconnaisseurs venus d’ailleurs.Plusieurs familles de propriétai-res de khizanas affirment, ainsi,avoir reçu des offres alléchan-tes de collectionneurs étran-gers cherchant à acquérir frau-duleusement des manuscrits duTouat-Gourara dont le volumetotal serait estimé entre 15.000et 18.000 manuscrits, selon cer-taines sources.

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En d’autres lieux, la rue Tanger auraitété classée «Patrimoine national».Exagéré ? Qu’on en juge par sonpassé fastueux et son incroyable car-net d’adresses : Charlie Chaplin, lastar mondiale du cinéma en 1931,Jean Gabin et MohamedIguerbouchène en 1937, Karl Marxen 1887, Sarah Bernhardt et SaintExupéry. Le défilé continue avec lecosmonaute qui a marché sur laLune, l’Américain Buzz Aldrin en1970, et aussi Albert Camus, AndréGide, Kateb Yacine et le poète JeanSénac; ajoutons toutes les célébritésde la presse. La rue Tanger, de labelle époque à nos jours, a fasciné.Au départ, la rue Tanger était uneconcentration d’imprimeurs. L’en-semble des immeubles a vu le joursur l’espace d’un cimetière algéroisdétruit au cours de la première dé-cennie de la colonisation. Dans cer-tains commerces, on foule du pieddes tombes enfouies sous  le revê-tement et le carrelage. Au début dusiècle dernier, on comptait au moinscinq imprimeries dans cette rue siétroite. Nous retenons Léon Marcelet Jourdain. L’industriel de la photoEastman, qui est à l’origine de la dia-positive en couleur, avait installé sesateliers sur cette artère de dévelop-pement derrière l’hôtel d’Angleterreréduit en vulgaire parking à cielouvert. Le mensuel Paris Alger avaitélu domicile dans cette rue. Il fut l’an-cêtre des magazines de mode Elleet Femme Actuelle. Les imprimeursont toujours été des durs à la tâcheet portés sur la convivialité. Les res-taurants et débits de boissons ontflairé l’affaire avec la cohue de bou-ches à nourrir. Aussi, la vocation derestauration est venue d’elle-même.Le consulat général d’Autriche étaitlogé à la rue Tanger. A cette époque,Hydra n’était qu’une zone inconnueau milieu d’une nature sauvage. Lejournal Le Moniteur, dans son éditionde 1882, rapporte cet événement in-croyable : «A Hydra, une lionne, quia surgi des bois, s’est emparée d’unbébé couché dans son landau enpleine nature. La maman, une jeuneAlsacienne, faisait sa lessive au borddu ruisseau.» Oralement, la rue Tan-ger s’agrippe  à son ancienne iden-tité. Pour l’écrit, elle se nommeAhmed Chaïb.  Ce long couloir étroit,parallèle à la rue Ben M’hidi, subju-gue les passants. C’est le lieu du

mouvement perpétuel. La rue attirequotidiennement des dizaines demilliers de visiteurs avec un pic im-portant vers midi. Cette magie nedate pas d’hier. Déjà, en 1930, un ar-rêté préfectoral interdisait la circula-tion automobile et les charrettes de10h à 12h30 et de 16h à 20h. Danscette rue qui tombe en ruine, la viepersiste avec beaucoup de ténacité.A toute heure, il est possible de seprocurer une panoplie de produits.C’est ici que se trouve le fleuron dela pâtisserie algéroise chez El Hadj,sans doute le doyen mondial de la pâ-tisserie du haut de ses 86 ans.Hyperactif, El Hadj est le premiercommerçant à ouvrir boutique tousles matins. Juste en  face, chezLamri, c’est la musique. C’est danscette petite boutique, profession-nels et amateurs mélomanes quevous trouverez l’instrument quevous cherchez. L’un des plus célè-bres restaurants sélects de la rue Tan-ger est sans doute le Bosphore. Il aété durant des années l’annexe of-ficieuse du quotidien El Moudjahidet Algérie Actualité pour avoir étéfréquenté par une cohorte de jour-nalistes. Nombreux ne sont plus dece monde, tels que Halim Mokdad,Abdelaziz Hassani, Omar Boudia,Mansouri, Othmane Oudina, TaharDjaout, Rabah Afredj, OmarZeghnoun, Maloufi de la rotative, ouSaci Haddad le photographe. C’étaitle lieu de rencontres et d’échangesparfois bruyants. On y rencontraitdes auteurs, des artistes ou les pa-trons de la médecine légale et de lapsychiatrie. Ce petit patrimoine na-tional, d’à-peine une trentaine demètres carrés, a accueilli autrefoisd’autres célébrités mondialementconnues parmi lesquelles Jean Gabinet son metteur en scène Julien Du-vivier. C’était en 1937 au cours dutournage de Pépé le Moko. Gabinétait accompagné du musicologueMohamed Iguerbouchène, auteurde la musique du film qui avait pourdécor la Casbah. Notre compositeuravait subjugué le public de Vienneavec ses rapsodies. Avant sa dispari-tion en 1965, il habitait au 3, rue Blan-chard, actuellement Seddik BenAbdelaziz, perpendiculaire à la rueTanger. Parmi les grandes célébritésvenues au Bosphore, on citera maî-tre Vergès, le boxeur Cherif Hamia,Larbi Benbarek, Kermali et de nom-

breux joueurs de l’équipe his-torique du FLN, Roger Hanin etAlbert Camus, Issiakhem. KatebYacine se réfugiait le plus sou-vent au Coco Bar, ainsi nommépour la tendance gauche de sesclients. La rue Tanger était l’undes endroits préférés du célè-bre sculpteur algérois, Paul Bel-mondo, décédé à Paris en 1982,père de l’acteur populaire JeanPaul Belmondo. Plusieursœuvres de Paul Belmondo trô-nent au Musée national desbeaux-arts. Les artistes de labelle époque se retrouvaientsouvent au bistrot de MmeLaure Fass au 13, rue Tanger. Aun°14, c’était l’adresse d’unepension complète à «160 francspar mois, vin compris». Le plusmystérieux, un établissementde cette rue bruyante et char-mante était sans doute cettemaison située au n°9 consa-crée, dans les années 1920, àl’empaillage d’animaux et lavente de plumes d’autruches.L’obscurité et les odeurs de pu-tréfaction des animaux don-naient à cette maison un aspectmoins attirant. Deux ans aprèsavoir marcher sur la Lune, BuzzAldrin a marché sur la rue Tan-ger en compagnie de CherifGuellal, du MALG. C’était en1970. Le cosmonaute améri-cain, en visite en Algérie, avaitété reçu en audience par le pré-sident Houari Boumediène envue d’une intervention de l’Al-gérie auprès des Vietnamienspour la libération de pilotes deB52. De nombreux immeublesse sont écroulés ces dernièresannées par manque d’entre-tien. L’effondrement survenuen 2007 au n°11 a fait deux mortset 3 blessés graves. Juste enface, l’ancienne Maison Reinedes années 1920  menace des’affaisser à tout moment. C’estune redoutable catastrophe quis’annonce. Ainsi, la rue Tangerfascine un peu moins de nosjours en raison du vieillissementprématuré d’un capital immo-bilier victime de mauvaise ges-tion…

Petite histoire de la Rue Tanger :

une rue, une légendeRachid Lordjane

03 Octobre 2013

NRP, Octobre 2013, n°18

[ECONOMIE]

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Houcine Lamriben

L’Algérie arrive depuis quelques années à dégagerun excédent de la balance commerciale, fortementtributaire des revenus provenant de la vente dupétrole et du gaz qui constituent à eux seuls plus de97% du volume global des exportations. En 2012, lepays avait réalisé un excédent commercial de 27,18milliards de dollars contre 26,24 milliards de dollarsen 2011, en hausse de 3,6%. Les exportationsbénéficiaient alors de la bonne tenue des cours dubrut. Mais la balance commerciale ne cesse de sedégrader début 2013 en raison d’une baisse descours de pétrole nettement inférieurs à ceux de lamême période de l’année dernière. Ils ont d’ailleursrégressé de moitié au premier semestre de l’annéeen cours en passant de 14 milliards de dollars en 2012à 7 milliards de dollars. Cela a d’ailleurs suffi poursemer l’inquiétude parmi les dirigeants. La premièrealerte est venue du ministre des Finances. En maidernier, Karim Djoudi avait mis en garde contre leseffets de la baisse des prix du pétrole, dont dépendlargement l’économie algérienne, expliquant quecette perspective «devrait inciter à la prudence dansla gestion du budget de fonctionnement».

Un mois plus tard c’était au tour du gouverneur dela Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, de constaterun fléchissement des prix du pétrole de 5,70% aucours du premier trimestre 2013, en plus d’un reculdes quantités d’hydrocarbures exportées (-8,86%).Résultat : cette baisse des prix du brut asensiblement réduit les recettes tirées deshydrocarbures de l’Algérie de plus de 3 milliards dedollars rienque pour le premier trimestre 2013 oùelle se sont chiffrées à 17,53 milliards de dollarscontre 20,37 milliards de dollars durant la mêmepériode de 2012, soit une contraction de 13,9%, selonles mêmes chiffres de la Banque d’Algérie.

Autre indicateur alarmant : la baisse en quantité eten valeur des exporta­tions pétrolières qui a impacténéga­tivement la balance commerciale du pays, alorsque les importations ont poursuivi leur tendance àla hausse. «Cette situation n’est pas soutenabled’autant qu’elle présente une vul­nérabilité pour labalance des paie­ments», avait prévenu legouverneur de la Banque d’Algérie. Si la balancecommerciale a été sauvée grâce à un rebond dupétrole depuis le mois de juillet, pour atteindre 111dollars – frôlant son plus haut depuis deux ans – lasituation reste cependant des plus précaires au vude la volatilité des prix des matières premières.

Avec une facture des importations qui devraitatteindre 60 milliards de dollars à fin 2013, une

première dans les annales, les choses vont secompli­quer davantage.

En gros, le mal réside dans la nature même del’économie nationale, à faibles performances, dontles fi­nances dépendent essentiellement desrecettes d’hydrocarbures. Tout événement quiviendrait ébranler la demande internationale ouengendrer une faiblesse durable des prix dupé­trole se traduirait par un fort amenui­sement desrecettes à l’exportation et aurait des conséquencesdramatiques sur l’économie algérienne.

60 milliards de dollars d’importations fin 2013

L’Algérie franchit la ligne rouge

25 Septembre 2013

NRP, Octobre 2013, n°18

[ECONOMIE]

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Le Forum des chefs d’entreprises (FCE) durcit le ton àl’égard du gouvernement. Dans un document d’unevingtaine de pages, diffusé ce jeudi 10 octobre, àl’occasion de la Tripartite, la plus importante organisationpatronale du pays se positionne contre larenationalisation des entreprises publiques, commeArcelorMittal Annaba dont l’État vient de reprendre lecontrôle.

« La finalité d’une telle démarche, telle qu’observée dansles secteurs de la sidérurgie et de la téléphonie, nouséchappe s’agissant d’entreprises de droit algérien,rentables et se trouvant dans le champ concurrentiel,donc n’assumant aucun service public de monopole »,écrit le FCE. Outre son coût, le FCE estime que larenationalisation « envoie un mauvais signal auxinvestisseurs étrangers potentiels en remettant en causeun engagement solennel de l’État en faveur du respectde la propriété privée ».

L’investissement n’est pas libre

L’association patronale critique aussi la multiplication, cesdernières années, des lois de finances complémentaires« prises à la hâte » et « érigées en instruments de gestionde l’économie ». Ces lois ont fait de l’État « l’ordonnateuréconomique unique et a mis en place un système decontrôle formel, rigide, défavorable à l’entreprise »,affirme le FCE qui déplore que l’investissement n’est plus« tout à fait libre » et que les subventions accordées sansdiscernement « peuvent, si nous n’y prenons pas garde,mettre en péril la sécurité nationale ». 

Ces subventions devraient être transférées vers leproducteur « comme cela se fait actuellement pour lelait ». « Les entreprises publiques détentrices de certainsservices publics (eau, électricité, carburants,notamment) subissent de grands préjudices du fait dublocage quasi-permanent de leurs prix de vente ensupportant, seules, les subventions implicites, même si

l’État intervient, en dernier ressort, pour indemniser enpartie l’entreprise avec beaucoup de retard et dansl’opacité », critique l’association qui qualif ie enfin leclimat des affaires d’« hostile » et de « contraignant ».

Libéraliser l’acte d’investir

Dans le même chapitre, le FCE recommande d’assurer laliberté de l’acte d’investir qui ne doit être soumis à aucuneautorisation ou agrément. Pour lui, les avantagesaccordés à l’investissement doivent être octroyésdirectement par la loi. « L’égalité de traitement devraitêtre la règle, qu’il s’agisse de l’accès aux financements,de l’accès au foncier ou à toutes formes de soutien del’État », explique-t-il. En matière de foncier, il estpréconisé d’ouvrir au secteur privé la possibilité deréaliser et de gérer des zones industrielles », assure-t-elle. En attendant la réalisation de ces nouvelles zones,l’État devrait prendre des mesures urgentes «permettant d’accroître l’offre et mettre en place un

système opérationnel de gestiondes zones industrielles », selon elle. 

Dépense publique 

Concernant les marchés publics, leFCE estime qu’il est « vital » deprocéder à une étude d’impactavant de lancer des investissementspublics, afin de pouvoir mesurer « lesretombées sur le taux de croissance,sur le développement desentreprises locales et sur la créationd’emplois ». « La dépense publiquene doit être engagée que si ellestimule l’activité des entreprisesalgériennes et l’emploi local »,souligne l’association qui préconiseaussi de favoriser les entreprises dedroit algérien pour la « commandepublique » qui devrait être limitée ou

constituer une exception auprès des entreprisesétrangères.

Dans son document, le FCE revient sur la nécessité dedépénaliser l’acte de gestion et fait état de son souhaitde rétablir le crédit à la consommation quand il s’agitd’acquisition de biens et de services produits localement,et ce, dans le cadre de la promotion et la protection de laproduction nationale. Il suggère également une refontedu système des subventions et de soutien des prix.

Enf in, le FCE appelle à « institutionnaliser » et «pérenniser » le dialogue économique et la concertationentre les autorités publiques et les représentants dusecteur privé, notamment en organisant des rencontrespériodiques (trimestrielles).

Il s’oppose aux renationalisations

Le FCE durcit le ton et dénonce un climat des affaires hostileHadjer Guenanfa

10 Octobre 2013

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NRP, Octobre 2013, n°18

[SOCIÉTÉ]

Yazid Haddar

27 Juin 2013

«La plupart des maladiesneurogénétiques en Algérie sontgénérées par les mariagesconsanguins1 », a aff irmé le Pr.Meriem Tazir, directrice dulaboratoire neurosciences del’université d’Alger. Plus de 80% despathologies neurologiques, telles lamyopathie, la neuropathie,l’épilepsie, l’ataxie et la maladie deParkinson et d’autres affections sontprovoquées par des gèneshéréditaires. 

L’investissement dans le créneau dela neuroscience et de développer larecherche sur les maladies d’originegénétique et/ou neurogénétiquessont devenus nécessaire, pourmieux prendre en charge cespatients qui attendent souvent desmiracles qui n’arrive pas ! Une étudesur le mariage consanguin en Algériepubliée en septembre 20072 par laForem (la Fondation nationale pourla promotion de la santé et ledéveloppement de la recherche) aidentifié des malformations et desanomalies génétiques chez lesenfants de parents consanguinsdeux à trois plus fréquentes que lanormale. Il s’agit entre autres du becde lièvre, de la maladie de Duchene,de l’hémophilie, des cardiopathies,de l’agénésie des membres, de latrisomie 21 et des mucoviscidoses.Les chercheurs ont montré quel’Algérie compte l’un des plus fortstaux de consanguinité au monde,

avec un Algérien sur quatre mariés àsa cousine. Cette étude a montréque le taux en Algérie est biensupérieur à celui que l’on trouve auMaroc ou en Espagne. Il restenéanmoins inférieur à celuienregistré dans plusieurs pays arabescomme Bahreïn (39,40 %), l’ArabieSaoudite (50 %), le Koweït (54 %) oula Jordanie (55 %). 

Cette étude, la première de ce typeen Algérie, a été conduite dans 21communes réparties dans 12 wilayas– trois dans le sud (El Oued, Biskra etGhardaïa), quatre dans le centre(Alger, Boumderdès, Bouira etBejaïa), trois dans l’est (Bordj BouArreridj, Tébessa et Annaba) et deuxdans l’ouest (Oran et Ain Defla) –pour montrer l’étendue duphénomène. Les chercheurs ontmontré que les régions danslesquelles on enregistre les plus fortstaux de consanguinité sontgénéralement réputées pour leurconservatisme. Les résultatsmontrent qu’avec 88 %, la wilaya deTébessa (en particulier la communede Bir El Ater), dans l’est du pays,enregistre le taux le plus élevé demariages consanguins, et que le tauxle plus bas (18,5 %) revient à Oran.d’où la nécessité de mobilisationaccrue de la communauté médicaleet de la société civile pour mener descampagnes de sensibilisation sur lesrisques l iés aux mariagesconsanguins. 

Le résultat de cette études devraientdéclencher un signale d’alarme, caril s’agit bel est bien de la santépublique en Algérie, cependant à cejour rien n’est fait ! On devrait incluredans les manuels scolaires des leçonsqui abordent cette question et sesrisques. De plus, il faut sensibiliser àforte raison les zones les plustouchées de ce phénomène et de lanécessité d’inscrire une loi quiinterdit le mariage consanguin afind’éviter des situationsmédicalement et humainementingérable. 

En outre, cette étude révèle deuxpoints lourds au niveau l’héritageculture ou traditionnelle et l’héritagereligieux. Concernant, le culturelc’est-à-dire le mariage consanguindans certain région fut un temps unmoyen pour préservé le territoire des’assimiler avec « l’ennemieextérieur », ce fut le cas en Kabylie,qui refusait le mariage endors ducercle villageois et ceci pour desraisons stratégique, par exemplepour freiner la puissance du Day, àl’époque Otman, d’y pénétrer enKabylie. Cette culture est préservéedans certain région en Algérie, où lemariage entre cousin est assezprésent, par conservatisme. Laquestion de l’héritage, selon lespréceptes religieux renforce lemariage entre les cousins proche oulointain afin de préserve la manne oul’héritage financier ou foncier dansla même famille. Cette pratique, enoccurrence le mariage consanguin,devrait être abolit et il faut qu’ellesoit inscrite comme une causenationale pour la santé publique, caril s’agit de l’avenir de la nation. 

1-)http://www.algerie-focus.com/blog/2012/09/12/le-mariage-entre-les-membres-dune-meme-famille-favorise-les-maladies-eurogenetiques/ 

2-) http://magharebia.com/fr/articles/awi/features/2007/11/14/feature-03

Le mariage consanguin :

c’est de la santé publique !

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NRP, Octobre 2013, n°18

[SOCIÉTÉ]

En Algérie, le sport dans sespratiques réelles se distribuesocialement sur un éventail, qui vadu sport-spectacle footballprofessionnel pratiqué par desathlètes amateurs et de la fête quasianarchique jusqu’au sportpoussiéreux des quartierspopulaires, cantonné dans desterrains de banlieue inadaptés etdestinés à calmer les ardeurs d’unejeunesse errante, agitée et bruyante.Entre ces deux extrêmes depratique, on constate l’absencetotale du sport éducatif et du sportparticipatif, c’est-à-dire les deuxformes d’organisation concrète de lapratique sportive, qui concourent àl’apprentissage de la règle morale dusport. Etonnamment, c’est cesystème sportif baséessentiellement sur un «sport-spectacle-embrigadement» f igé,avec ses mécanismes de dominationsymbolique, de reproduction socialedans son organisation et sonfonctionnement, reposant sur desorganes sans compétencesspécifiques, incapables de penser etd’organiser le social et de réguler leséchanges entre individus qui aproduit, au sein de la populationjuvénile et masculine, une forme desupportérisme violent dans le sportet plus précisément dans la disciplinefootball. Un système sportif del’exclusion et de l’illusion, qui n’a passu implanter la pratique associativesportive scolaire et universitaire aucentre d’un réseau de fonctionssociales, pour en faire un facteurd’intégration et de socialisation, unfoyer d’ouverture à autrui, dedialogue, de tolérance et de respect,un espace de découverte et derencontre sportive où on s’initie àdes modèles de comportement, unlieu pour faire vivre le corps soustoutes ses formes et forger lesqualités essentielles nécessaires à lagrandeur d’une nation sportivepermettant ainsi un véritablechangement social et culturel.Malheureusement, le législateur n’apas jugé nécessaire de procéder àune réforme sportivesubstantielle, pour réorganiser lesport en tant que facteurd’éducation et de moralisation de lasociété. Face aux tares du sportnational, le décideur politique secontente uniquement de jouer lerôle de dépanneur f inancier (enpuisant dans la bourse des

contribuables) au profit des clubs defootball professionnel, qu’il a pourmission de spécialiser, pour desraisons hautement politiques, dans«l’achat des victoires à crédit» (M.Platini) ! Il ne s’intéresse pas auxconditions réelles dans lesquelles lesport national évolue, et ne croitmême plus que le sport soit unélément important des programmesd’éducation et de santé, voire unfacteur essentiel à l’avancée de laculture de la démocratie dans lemouvement sportif national. Par lerefus d’enclencher un processusd’aménagement général du sport auprofit de toutes les couches de lasociété, il a contribué à marginaliserl’ensemble de la jeunesse de lapratique sportive éducative etl’ensemble de la population desloisirs valorisants. En dehors dustade, où les jeunes viennentgénéralement pour accéder au«vertige» et exprimer une raged’être, point de sport, en Algérie …

L’absence de l’esprit de jeu dans laculture algérienne

 … La culture de la possession, enAlgérie, a contribué à fabriquer unemultitude d’hommes nécessiteux :«L’homme nécessiteux ne marchepas comme un autre ; il saute, ilrampe, il se tortille, il se traîne ; ilpasse sa vie à prendre et à exécuterdes positions…, celles des flatteurs,des courtisans, des valets et desgueux.» (P. Goubert) A chacune desactivités qu’il entame dans lequotidien, l’homme nécessiteux sedéguise, change de personnalité etobserve les charmes magiques desrègles arbitraires.Aujourd’hui, l’Algérie est fortementpeuplée de ces gens, un peubizarres, un peu voyous, un peucorrompus, un peu escrocs, un peuviolents; le tout à la fois avec uneinégale proportion selon lesindividus. Ce qui donne une sociétésans règles, sans repères sûrs,solides, fixes, sur lesquels on peuts’appuyer pour agir en fonction del’analyse rationnelle des choses.Autant dire que le «sport-spectacle-embrigadement», issu de cetteculture, avance lui aussimasqué avec des responsables, quiont pour seul mobile: l’appétit del’argent et du pouvoir. C’est unsport-spectacle illusoire, qui n’estanimé par aucune fin sociale et par

aucune valeur morale. Les jeunes nesont pas dupes et le savent fort bien.Ils ne viennent, d’ailleurs, pas pourvoir le spectacle : ils viennent pourentendre leur corps vibrer, pourrechercher les sensations de la transecollective, de l’extase, du spasme etdu vertige moral ; pour vivre des étatsmentaux à caractère confusionnel,et ce, afin d’oublier leur conditionsociale et leur statut d’en bas.  Et sijamais, par chance, leur équipegagne, «ça sera comme s’ils avaienttrouvé du travail». En définitive, telqu’il est conçu actuellement, le«sport-spectacle-embrigadement»,et singulièrement le football, met enœuvre les mécanismes del’identif ication superf icielle, del’idolâtrie et de la possession ;  ilanesthésie le corps beaucoup plusqu’il ne le fortif ie. Il le rendgrotesque, carnavalesque. Ilparticipe à son morcellement, en letransformant en «un habitd’Arlequin», avec des piècesbigarrées, des couleurs qui nes’accordent pas et des coutures quirésistent mal au moindreeffort. Conçu pour embrigader,instrumentaliser, étiqueter etinfantiliser, le «sport-spectacle-embrigadement» contribue àengourdir la conscience et àproduire «un code de conduitesportif» provocateur et violent. Ilpropage, tout simplement, lesvaleurs de ceux qui gouvernent, etdont «le code de conduite» secaractérise par des préjugéscourants : le cynisme, la perversité,la tricherie, la force brutale et lanégation de toute norme. Le «sport-spectacle-embrigadement» algérien,permet de révéler la structure d’unesociété où «code de conduitepolitique» et «code de conduitesportif» semblent ainsi étroitementassociés. Ce qui corrompt le sport-spectacle, ce n’est donc pas leprofessionnalisme ou la compétition,mais bien la désintégration desnormes; des conventions ou desrègles, qui s’y rapportent ; autrement dit, c’est l’absence del’esprit de jeu en tant que ressortprincipal dans le développement detoute culture …

Le sport spectacle embrigadement

Une déperdition de l’esprit de jeuBelkacem Lalaoui

17 Octobre 2013

NRP, Octobre 2013, n°18

[DROIT]

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Karima .H

Se trouvant actuellement au niveau dugouvernement, ce projet de loi «contribuera sansnul doute à la généralisation de la greffe d’organes,dont les reins et la cornée, au profit de personnesmalades», a affirmé, dimanche dernier, le ministrede la Santé, de la Population et de la Réformehospitalière Djamel Ould Abbès, lors d’une visited’inspection à Alger. La naissance de ce projet a ététrès douloureuse, d’autant plus que ce thème a faitl’objet de débats très mitigés entre les hommes dereligion et ceux de sciences, notamment sur l’aspectjurisprudentiel islamique, autrement dit hallal(permis par l’Islam) ou non. A travers ce nouveauprojet qui s’inscrit en faveur des 15 000 maladesatteints d’insuffisance rénale à travers le pays, ledon du rein s’élargira au-delà des membres de lamême famille pour atteindre des donneurs décédés.Le consentement des personnes concernées avantle décès ou celui de ses proches, est un élémentprimordial dans ce processus. Djamel Ould Abbès arelevé, dans le même contexte, le succès desopérations de greffe de reins dans plusieurshôpitaux algériens. «Des efforts sont déployés envue de renforcer les moyens matériels et humainspour la prise en charge des diabétiques, desinsuffisants rénaux et des personnes atteintes demaladies incurables», a-t-il déclaré. Le premierresponsable du secteur a précisé que la conventionde partenariat et de coopération avec Cuba a étésignée en vue de renforcer les hôpitaux algérienspar 354 médecins spécialistes cubains. En ce sens,d’autres services d’ophtalmologie au niveau deshôpitaux de Tlemcen, de Ouargla et de Becharseront dotés de médecins spécialistes cubains.D’ailleurs, l’hôpital de Djelfa est dirigé actuellementpar des médecins cubains, alors que l’unité detraitement du pied diabétique à l’hôpital de Bab El-Oued a été également renforcée par trois médecinsspécialistes cubains. Le membre du gouvernementa mis l’accent sur la nécessité de développerdavantage les greffes d’organes en Algérie pouratteindre le niveau de pays comme le Brésil et laRussie tout en se félicitant du niveau descompétences nationales, qui ont réussi à éviterl’amputation de 189 pieds diabétiques. Au terme dela visite qu’il a conduit de la visite d’inspection auxservices de néphrologie et de diabétologie del’hôpital de Bab El-Oued, Mohamed LamineDebaghine, le ministre de la Santé a promis laconstruction d’une nouvelle unité disposant de«tous les moyens nécessaires pour améliorer la prise

LA TRANSPLANTATION D’ORGANE D’UN DONNEUR MORT VERS UN MALADE, MÉTHODE LARGEMENTPRATIQUÉE À TRAVERS LE MONDE, SERA PROCHAINEMENT EN ALGÉRIE. APRÈS LA JORDANIE, PREMIER

PAYS ARABE À L’AVOIR INCLUSE DANS SON PROTOCOLE CHIRURGICAL, C’EST AU TOUR DE NOTRE PAYS DEL’ADOPTER À TRAVERS UN PROJET DE LOI, DONT L’ANNONCE EST PROGRAMMÉE POUR SEPTEMBRE

PROCHAIN.

en charge des malades», tout en affichant sasatisfaction quant à la qualité des prestationsmédicales et l’hygiène au niveau des servicesdiabétologie et néphrologie.

Projet de loi pour la greffe d’organe

30 Octobre 2013

NRP, Octobre 2013, n°18

[DROIT]

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Alors que le ministre de la Communication,Mohamed Saïd, a finalisé la loi sur l’audiovisuel etattend juste son passage au Conseil des ministres,les Algériens continuent de créer leur propre chaînede télévision. Cette semaine, une nouvelle chaîneprivée algérienne a été lancée sur Nil Sat: Cirta TV.Cela porte à 11 le nombre de télévisions privéesalgériennes émettant toutes de l’étranger.(Echourouk TV, Ennahar TV,

El djazaïria TV, Al Atlas TV, Hogar TV, Numidia news,l’Index, Samira TV, Djurdjura TV et Dzair TV) et leporterait même à 12 télévisions si on comptait AlMagharibia TV, une télévision politique émettant deLondres et qui diffuse de nombreuses informationssur l’Algérie. Mais ces télévisions qui envahissentles foyers algériens chaque mois avec desprogrammes parfois attrayants, sont-elles agréées?

Officiellement, seules trois télévisions privéesémettant de l’étranger possèdent des autorisationsofficielles du ministère de la Communication:Ennahar TV, Echourouk TV et El djazaïria TV. Lors duSalon de l’information organisé à la Foireinternationale, le ministre de la Communication,Mohamed Saïd, avait déclaré que les télévisions AlAtlas et Dzair TV, n’avaient pas d’accréditation etqu’elles devront attendre que la loi sur l’audiovisuelsoit adoptée à l’Assemblée pour obtenir le fameuxsésame. Si ces télévisions privées n’ont pascommuniqué pour donner leur version des faits,certaines télévisions comme l’Index TV ont annoncé,dans un bandeau sur leur écran, qu’elles ont

A quoi va servir la loi sur l’audiovisuel en Algérie?

«Comment le roman de papier peut-il rivaliser avec l’audiovisuel dans un monde où l’homme occidentalpasse trois heures par jour en moyenne devant son téléviseur?»

officiellement obtenu leur autorisation. Pareil pourla télévision Hogar TV. Cette floraison de télévisionsprivées algériennes coïncide avec l’avalanche depublicité qui est déversée sur les écrans. Certainestélévisions ont tellement d’espaces publicitairesqu’elles prennent le soin d’introduire plusieurscoupures dans une même série. C’est le casd’Echourouk TV qui a introduit des coupures entrele générique et la série Hadj Lakhdar. A quoi va servirdonc la loi sur l’audiovisuel si ce n’est pour donnerdes autorisations et créer une autorité audiovisuelleafin de gérer l’anarchie qui règne dans le paysageaudiovisuel algérien. La Tunisie qui vient de vivre unerévolution arabe n’a pas présenté une loi surl’audiovisuel devant le Parlement. C’est le présidenttunisien Marzouki qui a donné son accord pour lacréation de la Haute autorité indépendante de lacommunication audiovisuelle (Haica). Celle-ci étaitmême à l’oeuvre puisqu’elle a réagi avec énergiecette semaine pour dénoncer la violence surcertaines caméras cachées présentées sur destélévisions privées tunisiennes. Au regard de lamutation du paysage audiovisuel algérien etsurtout arabe, il devient presque inutile de présenterune loi sur l’audiovisuel au moment où la télévisions’est démocratisée à une vitesse éclair.

Amira SOLTANE

Frédéric Beigbeder

24 Juillet 2013

NRP, Octobre 2013, n°18

[CULTURE/MÉDIAS]

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Le film, terminé, devait être exploitédans les salles en 2010, l’année ducinquantenaire de la mort d’AlbertCamus. F inalement, en raison dedésaccords entre lesproducteurs,…cette l ibreadaptation du Premier Homme,l’ouvrage posthume et inachevé del’écrivain… sorti le 27 mars, àquelques mois du centenaire de sanaissance à Mondovi dans l’Estconstantinois,…dans Le PremierHomme, le Prix Nobel de littératureévoque le retour d’un écrivain sur saterre natale en août 1957. Venuvisiter sa mère à Alger, il se remémorealors des épisodes de sa petiteenfance, de son adolescence et desa vie de jeune adulte dans l’Algéried’avant-guerre. Le film, où le rôle dudouble de Camus adulte est…interprété par Jacques Gamblin, estplutôt réussi malgré une tentative dereconstitution historique minutieuseet un récit très chronologique. Il nedevrait pas laisser indifférent,… enraison du rapport controversé del’auteur de L’Étranger à l’Algérie et àsa population « indigène » qui necesse aujourd’hui encore de susciterdes passions.

En 2010, une initiative soutenue parle Centre culturel algérien de Pariset son directeur, Yasmina Khadra,avait créé la polémique. Une« caravane littéraire itinérante »proposant un documentaire surCamus et des lectures de sesœuvres… Ce projet avaitimmédiatement suscité une levée deboucliers de la part d’intellectuelsalgériens dénonçant une tentativede « réhabilitation du discours del’Algérie française » à traversl’hommage qu’on entendait rendre

à cet « écrivaincolonialiste » opposé àl’indépendance. Ilsaccusaient même leCamus journaliste enAlgérie à la f in desannées 1930 de n’avoircessé d’« appeler à desmesures de charitépour couper l’herbesous le pied auxnationalistes ». Et celuiinstallé ensuite enFrance de s’« être tu en1945 » lors des

massacres de Sétif et Guelma (ce quiest faux puisque Camus a écrit denombreux articles à ce sujet dans lequotidien Combat). Les étapesalgériennes de la caravane furentannulées, même si divers écrivainsont regretté ce rejet d’un projet plusculturel que politique et n’interdisantpas le débat…

Humaniste

Au-delà de l’aspect excessif de cettepolémique,… il reste que, si enFrance on révère volontiers lamémoire du Prix Nobel comme celled’une sorte de saint laïque, d’unhumaniste…et d’un amoureuxinconditionnel de la l iberté,nombreux sont les écrivains etuniversitaires qui se sont interrogéssur le véritable rapport de Camus àson pays natal. Nul n’a jamaiscontesté qu’il ait toujours aimél’Algérie plus que tout. Mais ne l’a-t-il pas aimée comme, selon les motsde Mouloud Mammeri, « un pied-noir » et un « fils de petit Blanc » qui,« si grand que soit l’effort intellectuelet idéologique qu’il faisait », n’ajamais pu « dépasser ce que cettecondition avait d’astreignant » ? Dès1951, évoquant sa lecture de La Peste,l ’instituteur écrivain MouloudFaraoun regrettait dans une lettre àCamus, qui restera cependanttoujours son ami, que « parmi tous[les] personnages, il n’y eut aucunindigène, et qu’Oran ne fut à [ses]yeux qu’une banale préfecturefrançaise ». Un point de vue partagépar l’intellectuel… Edward Saïd, quiévoquera l’« inconscient colonial »de Camus. Quant à Kateb Yacine, selivrant à une comparaison entre cesécrivains…que sont Camus et

Faulkner, il n’a pas hésité à écrire :« Je préfère un écrivain commeFaulkner qui est parfois raciste, maisdont l’un des héros est un Noir, à unCamus qui aff iche des opinionsanticolonialistes alors que lesAlgériens sont absents de sonœuvre et que pour lui, l’Algérie, c’estTipaza, un paysage. »

Certes, le Camus journaliste engagé,issu d’une famille très pauvre, quirédige à la fin des années 1930 dansAlger Républicain sa célèbre séried’articles sur la misère en Kabylie sepréoccupe du sort des plusdéshérités des « indigènes ». Maismême ce « geste » courageux …peut être lu comme une approcheessentiellement économique etsociale autant que morale, par unintellectuel alors proche descommunistes, d’un problèmepourtant lié directement à l’Histoireet aux effets du colonialisme,comme le remarque l’universitairealgéro-française Christiane Chaulet-Achour, spécialiste de Camus et dela question algérienne. Le principalsujet de polémique… ne concernepas directement ses œuvreslittéraires ou ses écritsjournalistiques, mais plutôt saposition vis-à-vis de la guerred’indépendance. Peut-être a-t-ontrop commenté, en la sortant de soncontexte, sa célèbre réplique à unétudiant algérien, Saïd Kessal, aprèsla remise du prix Nobel en 1957 àStockholm où il déclara, quelque peuénervé par cette interpellation lesommant de se prononcer sur la justerevendication de l’indépendance :« Je crois à la justice, mais jedéfendrai ma mère avant la justice. »Car il n’est nul besoin de s’y référerpour observer que Camus, sedéclarant maintes fois partisan d’une« solution fédérale » qui aurait permisque « Français et Arabes s’associentlibrement », donc d’une solution oùl’on aurait rétabli l’égalité entre lescitoyens mais sans rupture avec laFrance, n’a jamais envisagé commeacceptable l’ idée même del’indépendance, l’existence d’unenation algérienne au sein de laquelleles Européens auraient eu le statutd’une minorité. Et surtout pas sousl’égide du FLN, qu’il considéraitdepuis le 1er novembre 1954, au nom

Camus et l’Algérie : je t’aime moi non plus

Cette année, on célébrera les 100 ans de la naissance du Prix Nobel. L’occasion de revenir sur les relations ambiguës quel’auteur de L’Étranger a entretenues avec son pays natal.

NRP, Octobre 2013, n°18

[CULTURE/MÉDIAS]de son refus de la violence et encoreplus des attentats contre des civils,comme une bande deterroristes…Comme le remarquel’historien Benjamin Stora, que leréalisateur Gianni Amelio a choisicomme conseiller historique, Camusétait surtout hanté par la crainte devoir disparaître l’Algérie de sesjeunes années. Et c’est peut-êtrepour cela qu’il a écrit Le PremierHomme, « pour ne pas voirdisparaître ce monde ».

Poète

Alors Camus,… ne fut-il pour lesAlgériens qu’un « compatriote àtemps partiel », selon la formule du

sociologue et anthropologueAbdelkader Djeghloul qui remarquaitque ce « poète sensuel etdionysiaque » et ce « romancierpuissant à la recherche d’un sens àhauteur d’homme » a refusé « lamain tendue de la citoyennetépartagée » ? S’il ne fut sans doutehanté que par une certaine Algérie,celle d’avant 1954, il estcertain…qu’il hante…plus quejamais l’Algérie d’aujourd’hui. Tousles écrivains algérienscontemporains, de Maïssa Bey àBoualem Sansal, s’yréfèrent…Quand ils ne luiconsacrent pas un livre entier,comme récemment Hamid Grine (Unparfum d’absinthe). Et comme

s’apprête à le faire dans unouvrage…Salah Guemriche…Onévoque par exemple la préparationd’un colloque à Guelma sur Camus ennovembre prochain. Et quand MalekChebel publie tout récemment sonDictionnaire amoureux de l’Algérie, ilconsacre un article fondateur àl’« enfant rebelle » de son pays natal.Quant à ceux qui le critiquent sansnuances, l’ampleur même de leurrejet mesure l’importance qu’ils luiaccordent. Camus et l’Algérie : uncouple inséparable, une histoire sans

fin.

En Algérie, la chaîne du livre a subide profonds bouleversements.Avant 1985, le secteur étaitentièrement dominé par l’Etat.Seules deux structures avaient ledroit d’éditer (et de censurer) unmanuscrit : l’Entreprise nationale dulivre et l’Off ice des publicationsuniversitaires. L’ENAL disposait duseul réseau de librairies à travers lepays, fort de quatre-vingt-quinzeétablissements, soit deux par wilaya(préfecture). Une année avant lespremières fissures d’octobre 1988,les émeutes populaires quimarquèrent le début du pluralismepolitique et idéologique, deuxfrancs-tireurs osèrent briser lemonopole public : M. AhmedBouneb (éditions Laphomic,arrêtées cinq ans plus tard) etM. Abderrahmane Bouchène(éditions Bouchène, exilées enFrance en 1996). En 1988,l’ouverture démocratique du paysprovoque un premierbouleversement, avec la création deplusieurs maisons d’édition et denombreux journaux.

Les premiers récits hors censured’anciens hauts dirigeants du Frontde libération nationale et de l’Arméede libération nationale commencentà être publiés. L’année suivante,M. Smail Ameziane,… lance leséditions Casbah, aujourd’huil’entreprise de publication la pluspuissante du pays. D’autres suivent :Chihab, Dahlab, Dar Al-Hikma, Dar Al-Kitab, etc. Des vingt-cinq maisonscréées…, seules six ont survécu à la

décennie noire des années 1990…Depuis dix ans, on assiste à unnouveau phénomène : lamultiplication vertigineuse desmaisons d’édition (entre trois centset quatre cents actuellement)…Parmi elles, quelques belles réussitesapportent un nouveau souffle ausecteur : Barzakh, Apic, Media Plus,etc. La raison de ce nombreexponentiel ? « L’Etat, via lesministères de la culture et desMoudjahidine, subventionne sur descrédits exceptionnels des dizaines demaisons d’édition », expliqueM. Kamel Cherit, fondateur deséditions Alger-Livres. Chaque grandévénement culturel (2003, année del’Algérie en France ; 2007, Algercapitale de la culture arabe ; 2009,festival panafricain ; 2011, Tlemcencapitale de la culture islamique ; 2012,cinquantenaire de l’indépendance,etc.) provoque l’ouverture d’unnouveau guichet,… certains secréant uniquement pour l’occasion.L’aide s’effectue sous forme d’achatd’exemplaires au prix public. SelonM. Mustapha Madi, responsableéditorial chez Casbah, « pour lecinquantenaire de l’indépendance, leministère des moudjahidine… a aidésix cent vingt titres, dont 90 % enarabe, en achetant à chaque fois milleexemplaires ». Même politique auministère de la culture, mais avecdavantage de livres en français, etl’achat de deux mille exemplaires partitre. Autre aide importante del’Etat : l’organisation de plusieurssalons qui dynamisentconsidérablement le secteur, le très

important Salon international dulivre d’Alger (SILA).

Côté librairies, la situation est moinsréjouissante. En 1997, les quatre-vingt-quinze librairies de l’ENAL ontété privatisées, souvent cédées àleurs salariés. Un grand nombre,…n’ont pas résisté. Aujourd’hui, lepays compte moins d’une trentainede vraies librairies : une dizaine àAlger, une demi-douzaine à Tizi-Ouzou, deux à Constantine, Oran etBejaïa, quelques-unes ici ou là... Et,pour chaque livre publié, combiend’exemplaires vendus ? M. TaharDahmar, ancien comptable à l’ENAL,a repris l’une des librairies étatiquesde Tizi Ouzou : « Trois milleexemplaires, c’est déjà un succès. Laplupart des livres tirent à mille oumille cinq cents, qui sont parfoisdifficiles à écouler. » Avec vingt-cinqmille exemplaires vendus, lesMémoires du président ChadliBendjedid, vendues 1 000 dinars,font figure d’extraordinaire succès.Fait étonnant : les essais historiquesse vendent mieux que la littérature.« C’est vrai que nous vendonsbeaucoup de livres d’histoire — plusque de romans, conf irmeM. Dahmar. Mais ce qui nous faitvraiment vivre, c’est le parascolaire.Là-dessus, les parents ne regardentpas à la dépense. Et les manuels

scolaires sont d’une telle pauvreté ! ».

Editeurs et libraires en AlgériePierre Daum

Août 2013

28 Mars2013

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Renaud de Rochebrune

NRP, Octobre 2013, n°18

Le samedi 5 Mai 2012, M. Hamid Temmar,alors Ministre de la prospective et desstatistiques, anime à l’IDRH d’Oran uneconférence-débat sur son ouvrage ‘’Latransition de l’économie émergente,références théoriques, stratégies etpolitiques’’… Ce qui frappe l’auteur deces lignes c’est que l’auditoire et M.Temmar lui-même parlentindifféremment du conférencier commele Professeur et comme le ministre c’est-à-dire comme homme de science etcomme homme  politique. Cette confusion est politiquement rentablemais scientifiquement inacceptable.  Onpeut être savant puis politique mais onne peut pas l’être simultanément …Penser autrement ce n’est ni plus nimoins que de faire de la politique. 

Entre les deux fonctions, la différenceest de nature et elle est énorme. Danstous les domaines à commencer par lestemporalités. L’homme politique estl’homme du temps court, des résultatsconcrets, immédiats et il ignore leprincipe de non contradiction : il peutaffirmer  aujourd’hui ce  qu’il peut nierdemain. C’est aussi l’homme qui prenddes libertés avec la morale mais ce n’estpas de l’immoralité, dirait-il, mais del’amoralité et ça s’appelle réalisme oumême intelligence politique. Il est aussil’homme des apparences, du spectacle,de la visibilité à tout prix, d’où chez nousl’importance des ‘’visites d’inspection etde travail’’ telles qu’elles sont rapportéespar l’Unique… 

Il ne fait pas de doute qu’il y a chez lescientifique une croyance bien ancréequi considère que le savoir doit exercerle pouvoir…

Il existe entre le politique et lescientifique une animosité certaine. Elleest forte lorsque les deux appartiennentà des camps différents mais elle est làégalement lorsqu’ils sont du même bordparce que le politique a le plus grand malà accepter l’indépendance d’esprit duscientifique. La tarte à la crème, ‘’latrahison des clercs’’, est alors vitebrandie… Pour celui qui dispose dusavoir,  l ’homme politique est unpersonnage ignare, grossier, sans finesseni scrupule. Il n’arrive, d’ailleurs pas, àcomprendre qu’il soit arrivé si haut. C’estsimple, il ne sait même pas parler. Quantà réfléchir… Son explication est que lemonde est mal fait. Pour celui qui a lepouvoir, l’homme de science est un douxrêveur, un ‘’bouniyya’’, coupé de la vieréelle, un idéaliste. Il a du mal à imaginerson utilité sur terre. Et ce temps fou qu’ilgaspille à lire des livres et surtout à enécrire… Il rationalise sonincompréhension : après tout, il faut detout pour faire un monde. Mais en sonfor intérieur, le politique est moinstranchant et il lui arrive même d’envier

‘’l’autre’’ puis, de nouveau, c’est larationalisation: on ne peut pas tout avoir.

EN ALGERIE

Le désir de politique est énorme et lesuniversitaires sont les premiers sur lesrangs. Il suffit de voir le nombre decandidatures d’universitaires auxélections nationales et régionales. Toutse passe comme si ‘’arriver’’ socialementparlant c’est accéder à un postepolitique, l’université étant pour eux unesolution d’attente. Les  ‘’demandeurs’’viennent indifféremment des sciencesexactes et des sciences sociales mêmesi les politiques, dans leur proverbialesuffisance, préfèrent ceux des sciencesexactes parce que ça fait plus scientifiqueet donc plus sérieux. Quant à ceux dessciences sociales, ils vivent toujours dansla croyance qu’il leur appartient à eux deguider la cité. Le sociologue considèreque puisque la société c’est son objet, ilest mieux armé et mieux placé quequiconque pour réussir sa gestion etéventuellement sa transformation.Passer de la posture connaissance à laposture action ne semble poser, pour lui,aucun problème. L’économiste, lui, sepose en expert de ce qui  fait lefondement de la société, l’économie, Puisque c’est l’économie qui déterminele tout social, celui qui a la haute mainsur l’économie commande la société.C’est ce qui explique le nombreimportant d’économistes qui ont exercéle pouvoir directement comme ministresou indirectement comme conseillers duprince…

Mais en devenant  politique, l’homme  descience s’aperçoit qu’il a peu de prise surles hommes et les choses parce que luimanque quelque chose d’essentiel : le‘’poids’’. Ce n’est pas un ‘’historique’’, iln‘a pas été officier de l’ALN ou l’ANP, iln’est pas de la famille du Président, iln’est pas d’une tribu ou d’une zaouïainfluente et crainte, bref, il n’y a aucuneforce derrière lui et il ne représente quesa propre personne. Il est là de par lagrâce de l’instance ou du groupe qui l’anommé et il est tenu de faire sapolitique. Que son groupe tombe endisgrâce ou tombe tout court et ses jourssont comptés. Du fait de cette grandeprécarité, ne rien faire c’est la sagessemême et entreprendre quoi que ce soit,c’est la porte ouverte à l’aventure…

  L’état de la science, dans notre pays,n’est pas enviable et la raison n’est passcientifique mais politique. Il faut serendre à l’évidence : le pouvoir politiquen’a pas besoin de savoir. Le grandavantage du pétrole est qu’il setransforme facilement en dollars et lesdollars permettent de tout acheter ycompris le savoir. Le recours à l’assistanceétrangère est, alors, la solution la plus

économique, politiquement parlant, etla plus commode. On comprendégalement pourquoi il est faitfréquemment appel aux bureauxd’étude et d’expertise européens etnord-américains.

 Dans le rapport à la science, il y a deuxniveaux différents, voire opposées.  Le niveau de l’explicite, du formel et del’officiel se distingue par une célébrationsouvent bruyante du savoir. Au savoir, estdédiée, par exemple, une journée diteJournée de la science (le 16 Avril). Lesversets coraniques, les hadith, lespoèmes, les dictons et proverbes enfaveur de la science sont fréquemmentrappelés et abondamment  commentés.Cela, c’est le spectacle. Dans la réalitédes choses, ni la science et savoir ni leurs porteurs ne jouissent d’un statut ou d’unprestige particuliers. Bien plus, ce quis’observe c’est la généralisation d’uneattitude de mépris et les porteurs descience et de savoir ne sont pas loind’apparaître comme de pauvres types,des ratés. On met face à face longueurdes études et modicité des revenus. Latentation est donc grande de passer dela science à la politique et les politiqueseux-mêmes sont là pour l’encourager.Mais tel le papillon qui se brûle les aileset tombe  pour s’être trop approché dela lumière, le scientifique qui fait le sauts’aperçoit vite qu’il n’est plus rien, nisavant ni politique. 

Socialement dévalorisés la science, lesavoir et leurs porteurs sontpolitiquement objet  de défiance. C’estque le savant est perçu commeconcurrent. On se méf ie descompétences parce qu’elles disposent deleur propre légitimité et n’attendent pasdu pouvoir qu’il la leur accorde. C’est ainsique les responsables aux postes deresponsabilités dans la recherche etl’enseignement supérieur, par exemple,ne sont pas désignés par leurs pairs maispar des instances politiques ou plusprécisément par les maîtres du momentde ces instances et ces désignations sefont généralement non sur la base de lacompétence mais sur des critèressubjectifs. L’élément  docilité est, ici,centrale : ‘’je te fais ‘’roi’’ bien que tu nedisposes pas des qualités requises. Enéchange, tu fais ‘’ma’’ politique’’. Cettemanière de voir est présente partoutmais elle est particulièrementdestructrice  dans ce domaine,aujourd’hui, si sensible et si déterminantqu’est le savoir.

Science et politiqueLe 26 aout 2013 nous a quitté Mr Djamel Guerid, ami du CDES depuis de longues

années le texte qui suit est un hommage que nous voulons lui rendre

9 Janvier 2013

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Djamel Guerid

[BIBLIOGRAPHIE]

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CameleonRechany ,2012

Les anges meurent de nos blessures

Editions Julliard/ Casbah 2013

Il avait pour lui une candeur déconcertante et undirect du gauche foudroyant. Il connut la misère etla gloire, mais seul l'amour des femmes parvint àcombler sa soif d'absolu. De l'ascension à la chute,le destin hors du commun d'un jeune prodige adulépar les foules, poussé au crime par un malentendu.

Troisième Tome des mémoires

Un dessein inabouti

Ahmed Taleb-Ibrahimi

Editions Casbah, Alger, 2013

Ahmed Taleb-Ibrahimi raconte, dans le troisième tome de sesmémoires Un dessein inabouti, qui sera publié prochainementaux éditions Casbah, la bataille autour de la succession deBoumediène menée entre le fringant ministre des Affairesétrangères, Abdelaziz Bouteflika, et le secrétaire général duFLN, Mohamed Salah Yahiaoui.

[MUSIC]

[PARUTION]

Albert Camus, c’est l’histoired’une revanche. Malmené par sescontemporains, l’auteur del’Etranger et de la Peste est entrain de devenir une icône de laliberté et de la révolte.Cent ans après sa naissance, cenouvel opus de la collection LesMaîtres Penseurs du Pointdécrypte le mythe Camus.Pourquoi cette résurrection ?Que sait-on vraiment de lui ? Ets’il était moins vertueux qu’on nele dit ?

Les maîtres penseurs

ALBERT CAMUS

Oct.-Nov. 2013

Camus au Panthéon

Discours imaginaire

Henri GUAINO

Editions Plon ,2013

Un discours imaginaire rêvépar Henri Guaino qui rendhommage avec brio à AlbertCamus et à son sens de l'enga-gement.« Lecteur qui ouvrez ce livre,sachez que vous n'y rencontre-rez pas le Camus le plus vrai, leplus authentique mais seule-ment celui que j'aime. Car jel'aime comme chacun de nousaime, c'est-à-dire à ma façonqui est une façon forcémentparticulière.

[BIBLIOGRAPHIE]

Le groupe Caméléon c'est une fusion d'influence, le toutenveloppé dans des rythmes et des couleurs musicalesalgériennes, et qui a pour objectif d’imposer sa propre

musique. Une musique qui s’affranchit de tout type d’apparte-nance de style, de forme de jeu, de famille musicale, de règles

à respecter.